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10 rue du Hohwald 67000 Strasbourg Tél. : 03 88 35 76 10 ou 06 65 31 36 51 Mail : [email protected] Retrouvez toutes les informations de la Compagnie sur www.lamesnieh.com

Dossier pédagogique

« Le Médecin malgré lui » de Molière

Mise en scène : Jacques Bachelier

Co-réalisation : Centre culturel Le PréO d’Oberhausbergen

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« Le Médecin malgré lui » de Molière

Mise en scène : Jacques Bachelier Décors et costumes : Véronique Galland Lumière et régie générale : Xavier Martayan Son : Jean-François Felter Construction : Yves Spinner Régisseurs : Sophie Moreau et Raphaël Siefert Distribution : SGANARELLE, mari de Martine Jacques Bachelier MARTINE, femme de Sganarelle Jannick Voirin M. ROBERT, voisin de Sganarelle Alexandre Cantini VALÈRE, domestique de Géronte Frédéric Schalck LUCAS, mari de Jacqueline Marc Schweyer GÉRONTE, père de Lucinde Yvon Wust JACQUELINE, nourrice chez Géronte et femme de Lucas Céline d’Aboukir LUCINDE, fille de Géronte Juliette Biry LÉANDRE, amant de Lucinde Jules Pan Thibaut, père de Perrin Alexandre Cantini PERRIN, fils de Thibaut, paysan Juliette Biry

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Introduction : Le Médecin malgré lui est une comédie en trois actes représentée la première fois à Paris au Théâtre du Palais Royal, le 6 août 1666, par la Troupe du Roi. A la différence de L'Amour médecin, Le Médecin malgré lui ne répond pas à une commande royale, ce qui est rare depuis que Molière est devenu comédien du Roi Il est simplement désireux de mettre à son répertoire une petite pièce drôle, au succès assuré, susceptible de «réveiller» le public en cette période estivale de 1666, et de compléter le programme des représentations : cette savoureuse comédie accompagne ainsi les œuvres de certains confrères — La Mère coquette de Donneau de Visé, et Le Favori de M lle Desjardins —, puis elle contribue à prolonger la carrière du Misanthrope, car ce chef-d'œuvre donne en septembre des signes d'essoufflement. Le poète se contente ici d'un réemploi, ce qu'il fait souvent, à partir de l'une des farces qu'il a au répertoire depuis plusieurs années, Le Fagotier ou le Médecin par force. Cette farce est elle-même tirée du fabliau du Vilain mire, qui n'est pas imprimé au XVIIe siècle, mais qui appartient au folklore européen: en témoignent les 10e et 30e Sérées de Guillaume Bouchet, une des Facéties de Pogge, ou la Mensa philosophica de l'Irlandais Théobald Anguilbert. Dans tous ces récits, une femme de paysan, pour se venger de son mari qui la bat, assure qu'il est un merveilleux médecin, mais qu'il n'en convient que lorsqu'on l'a copieusement rossé. À cette source principale, Molière ajoute des éléments empruntés à son Amour médecin, tels que la feinte de la maladie, ou le nom même de l’héroïne; enfin il trouve dans le chapitre XXXIV du Tiers Livre de Rabelais, la plaisante proposition de Sganarelle de rendre Géronte sourd, faute de pouvoir faire taire Lucinde. Les moqueries contre les médecins font écho à celles de L'Amour médecin, sans être pour autant aussi virulentes; Sganarelle, en effet, devient rapidement un habile praticien au cours de ces trois petits actes, en adoptant purement et simplement la ligne de conduite des Tomès et autres Des Fonandrès ; s'il n'a pas leur cynisme — il n'est que médecin occasionnel —, il manifeste le même charlatanisme, la même vénalité et la même indifférence pour la vie des malades: Je trouve que c'est le métier le meilleur de tous; car, soit qu'on fasse bien ou soit qu'on fasse mal, on est toujours payé de même sorte: la méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos; et nous taillons, comme il nous plaît, sur l'étoffe où nous travaillons. Un cordonnier, en faisant des souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir qu'il n'en paye les pots cassés; mais ici l'on peut gâter un homme sans qu'il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous; et c'est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin le bon de cette profession est qu'il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde: jamais on n'en voit se plaindre du médecin qui l'a tué. (III,1) Mais à la différence de ses sinistres «confrères», il amuse par la façon dont il s'adapte à sa nouvelle fonction et cherche à jouer un rôle qu'il n'a pas choisi. Ces trois actes doivent tout d'abord beaucoup à la tradition de la farce. Outre le comique de gestes, constamment présent sans être gratuit, dans lequel Molière, excellent acteur, devait briller, c'est la fantaisie verbale qui apparaît ici sous les formes les plus traditionnelles qu'elle revêt depuis le Moyen Age : jargon paysan de

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Thibault, latin de cuisine de Sganarelle, savoureux discours sans suite de Sganarelle, sur la question de savoir si les femmes sont plus faciles à guérir que les hommes, plus un lazzi (séquences fixes de jeu gestuelles ou verbales liées à un personnage) du refus, clôturée par un effet comique efficace car inattendu: GÉRONTE — Mais… LUCINDE — Il n'est puissance paternelle qui me puisse obliger à me marier malgré moi. GÉRONTE.— J'ai… LUCINDE.— Vous avez beau faire tous vos efforts. GÉRONTE.— Il… LUCINDE.— Mon cœur ne saurait se soumettre à cette tyrannie. GÉRONTE.— La… LUCINDE.— Et je me jetterai plutôt dans un convent que d'épouser un homme que je n'aime point. GÉRONTE.— Mais… LUCINDE, parlant d'un ton de voix à étourdir.— Non. En aucune façon. Point d'affaires. Vous perdez le temps. Je n'en ferai rien. Cela est résolu. GÉRONTE.— Ah! Quelle impétuosité de paroles! Il n'y a pas moyen d'y résister. Monsieur, je vous prie de la faire redevenir muette. SGANARELLE.— C'est une chose qui m'est impossible. Tout ce que je puis faire pour votre service, est de vous rendre sourd, si vous voulez. (III, 6) Enfin, on y découvre une belle énumération d'injures croisée avec une succession de menaces, issues tout droit de la farce du Moyen Age (I, 1). Cette couleur médiévale du Médecin malgré lui tient aussi à des personnages, tels Martine, M. Robert, Géronte et Lucinde, que leur simplicité et leur robustesse distingue des personnages italiens. Et il n'est pas jusqu'à l'ordonnance du dénouement (« une prise de fuite purgative, que vous mêlerez avec deux drachmes de matrimonium en pilules ») qui ne rappelle la verdeur des farces du XVe siècle. Mais Le Médecin malgré lui est aussi le lieu d'une synthèse. Fidèle à son habitude, le poète fond ces éléments farcesques avec d'autres issus de la commedia dell'arte, et cela aussi bien pour ce qui concerne l'intrigue, certains autres personnages (Géronte, Léandre et Lucinde) ou certains lazzi et ballets de paroles, comme ceux des scènes 1 et 2 de l'acte I. Cette œuvre pleine de vie a toujours gêné doctes, théoriciens et critiques qui, à la suite de Boileau, puis de Voltaire, répugnent à voir dans le Molière philosophe, auteur du Misanthrope, l'amuseur du parterre, un farceur, avec tout ce que le mot comporte de mépris au XVIIe siècle. Et il est vrai que la structure de cette pièce se résume à la juxtaposition de numéros d'acteur déjà rodés, et parfois gratuits: en quoi la scène de M. Robert (I, 2), ou la consultation que Sganarelle donne aux paysans (III, 2) sont-elles nécessaires à l'action? Si cette action n'est pas régie par les principes aristotéliciens, c'est que ceux-ci ne sont guère pertinents pour le genre comique qui jouit d'un système des faits et d'une poétique propres. De surcroît, écrit Jacques Copeau, « La farce n'est pas un genre littéraire ». Le seul critère pertinent est au théâtre celui de l'efficacité; et Le Médecin malgré lui, œuvre sans prétention mais très bien faite, est une pièce qui « porte », et ne manque jamais de susciter le rire du public. Donnée pour la première fois au Palais-Royal le 6 août 1666, cette comédie connaît un vif succès, puisqu'elle est représentée 32 fois durant l'année de sa création,

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surtout à la suite des Fâcheux et du Misanthrope, et elle est imprimée dès la fin de 1666. Dans La Muse de cour du 2- août, Subligny écrit ceci : Rien au monde n'est si plaisant Ni si propre à vous faire rire […] Molière, dit-on, ne l'appelle Qu'une petite bagatelle; Mais cette bagatelle est d'un esprit si fin Que, s'il faut que je vous le die, L'estime qu'on en fait est une maladie Qui fait que, dans Paris, tout court au Médecin. Elle sera jouée 59 fois du vivant de son auteur et 282 fois jusqu'à la mort de Louis XIV. C'est, avec Le Tartuffe, l'œuvre de Molière qui a été le plus souvent représentée.

Résumé de la pièce

Le Médecin malgré lui Genre : farce Forme : Dialogue en prose Structure : 3 actes qui correspondent à 3 thèmes : la querelle de ménage, la satire de la médecin, l’intrigue amoureuse. Le premier acte débute par une scène de ménage entre Sganarelle, un bûcheron et son épouse Martine, qui lui reproche de trop boire et de délaisser sa famille. La querelle dégénère : Sganarelle bat sa femme à coups de bâton. Celle-ci pour se venger décide de tendre un piège à son mari. Le hasard lui fait rencontrer deux valets au service d’un bourgeois, dont la fille qu’il voulait marier de force à un riche, est devenue subitement muette. Aucun médecin n’arrive à la soigner. Martine saisit alors l’occasion pour se venger de son époux : elle insinue que son mari est l’homme qu’il faut, car il s’agit justement d’un médecin très adroit. Cependant Sganarelle préfère feindre de ne pas exercer ce métier et ne l’avouera que sous les coups de bâtons. Les deux hommes se trouvent dans la forêt et vérifient les dires de Martine. Par la force, Sganarelle finit par leur donner raison et suit les deux hommes au chevet de la malade, qui se prénomme Lucinde. Dans le deuxième acte, après avoir revêtu une tenue de médecin, Sganarelle est présenté dans un premier temps au père de la muette, Géronte, qu’il finit par convaincre de son talent. On apprend alors de la bouche de la nourrice qu’en réalité le mal dont souffre la jeune fille est lié au fait qu’elle est amoureuse d’un homme, Léandre. Le père qui souhaite pour sa fille une situation financière confortable refuse qu’elle épouse Léandre car il est pauvre et voudrait lui faire épouser un autre. Sganarelle rencontre la jeune fille en présence de Géronte, et en des termes savants, décrit sa maladie et lui prescrit un remède à base de pain et de vin. Apparaît ensuite Léandre, l’amoureux de Lucinde, qui demande à Sganarelle son aide pour approcher la jeune fille. Au troisième acte, Sganarelle rencontre Perrin et Thibaut, un vieux paysan ; ils sont venus lui demander de l’aide pour soigner la femme de ce dernier en train de mourir. Sans vergogne, Sganarelle leur soutire tout leur argent avant de leur proposer un remède

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incongru. Léandre se déguise en apothicaire. Il est présenté à la famille des nobles comme l’assistant de Sganarelle. Celui-ci réussit à éloigner Géronte pour que les deux amants puissent se rencontrer. Lucinde retrouve la parole et signifie à son père qu’elle désire épouser Léandre. Géronte ne démord pas. Sganarelle lui propose d’administrer un nouveau médicament à sa fille pour lui faire entendre raison. Pendant ce temps, les deux amants s’enfuient. Lucas dénonce à Géronte les machinations de Sganarelle. Martine retrouve son mari Sganarelle, croyant qu’il va être pendu pour son mensonge. C’est alors qu’un retournement de situation se produit : les deux amants reviennent au domicile de Lucinde car Léandre vient d’hériter de son oncle. Il demande à géronte la main de sa fille, qui accepte. Dans la dernière scène, Martine et Sganarelle se réconcilient. Les grands thèmes La satire de la médecine Depuis l’Antiquité, la médecine a été la cible de nombreuses comédies. Dans leurs textes, les auteurs soulignent les défauts des médecins : ignorance, cupidité, prétention. Avec Le Médecin malgré lui, Molière s’inscrit dans cette tradition littéraire et compose une féroce satire de la profession médicale. Sganarelle, un bûcheron dans les habits d’un médecin Pour se moquer des médecins, Molière donne leurs habits à un personnage de farce : Sganarelle. Ses défauts (il boit et bat sa femme) aussi bien que ses qualités (sa ruse et son inventivité) en font un personnage haut en couleur qui donne toute sa dimension comique à la caricature de Molière. Les vrais médecins n’ont plus qu’à s’incliner devant ce faiseur de fagots qui connaît quelques mots de latin. Molière semble bien vouloir nous dire par là qu’au pays des médecins les bouffons sont rois. Un médecin farfelu Pour jouer le rôle d’un authentique médecin, Sganarelle a bien compris qu’il devait en avoir l’allure et le langage. Au début de l’acte II, il entre sur scène vêtu de la traditionnelle robe et du chapeau pointu des médecins. Dans ce même acte, il s’attache également à imiter la manière de parler des médecins. Pour impressionner Géronte, Sganarelle caricature le langage médical en employant un vocabulaire compliqué en citant les grands auteurs antiques et en parlant latin. Molière tourne aussi en ridicule les pratiques et remèdes des médecins. On pensait au XVIIe siècle que l’on évacuait le mal en vidant le corps grâce à de nombreux lavements e saignées ; Sganarelle prend le contre-pied de ce dogme et prescrit à ses patients des remèdes aussi drôles qu’invraisemblables : du pain et du vin pour que Lucinde retrouve la parole (Acte II, 4,), un fromage composé de précieux ingrédients pour la femme de Thibaut (Acte III, 2) Une féroce dénonciation. Sganarelle se conforte autant plus dans son nouveau rôle de médecin que c’est un métier qui lui permet de gagner de l’argent facilement. Son appât du gain ne fait que croître au fil de la pièce et devient même un réflexe : il refuse hypocritement l’argent que Géronte veut lui donner (Acte II, 4) et n’accepte de prescrire un remède pour guérir la femme de Thibaut qu’à partir du moment où Perrin lui a donné deux écus (Acte III,2). La satire de l’immoralité des médecins atteint son comble lorsque Sganarelle devenu médecin imaginaire exprime son mépris pour la vie humaine : il n’hésite pas à déclarer à

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Léandre, dans une comparaison grossière avec le métier de cordonnier, qu’un médecin « peut gâter un homme sans qu’il en coûte rien » (Acte III,1). Dans ce discours, les paroles de Sganarelle ne sont plus simplement comiques, elles tendent de plus en plus vers l’humour noir. Le farceur goguenard des premiers actes est devenu un imposteur bien inquiétant. La vengeance Au Moyen Âge, le fabliau intitulé Le Paysan médecin raconte l’histoire d’une femme, qui pour se venger des coups de bâton de son mari, le fait passer pour un grand médecin qui ne consent à soigner ses patients si on le bat. Molière s’est inspiré du canevas de ce texte médiéval pour Le Médecin malgré lui. Il a choisi de mettre le thème de la vengeance au cœur de l’intrigue de la pièce, thème traditionnel de la farce. La vengeance, source de l’intrigue C’est la vengeance de Martine qui est à l’origine de l’intrigue du Médecin malgré lui. La pièce s’ouvre sur une dispute aussi drôle que violente entre les époux Martine et Sganarelle. La femme reproche au mari de ne rien faire à la maison, de dépenser tout l’argent et de s’enivrer constamment. Sganarelle agacé par les reproches de sa femme, lui donne des coups de bâton pour la faire taire. Martine veut se venger des coups de bâton de son mari. Elle rêve d’ « une vengeance qui se fasse un peu mieux sentir » (Acte I, 3) Le cercle vicieux des vengeances A partir du moment où il est devenu médecin, Sganarelle est pris dans un jeu qu’il ne contrôle plus. Il doit assumer son nouveau rôle s’il ne veut pas être battu. Très vite, il se rend compte de la facilité avec laquelle, il parvient à faire semblant d’être médecin et des multiples avantages que son rôle lui donne. Au fil des scènes, le bouffon n’hésite pas à tromper différents personnages qui cherchent ensuite à se venger de ce médecin sans scrupule. Sganarelle joue avec le feu en multipliant les avances auprès de Jacqueline que son mari, Lucas, surveille étroitement. Plus Sganarelle essaie de séduire la nourrice, plus il provoque la colère et la jalousie de Lucas. Ce dernier n’hésite pas à se venger de Sganarelle et dénonce la supercherie du farceur à Géronte. Cette vengeance en appelle aussitôt une autre : Géronte qui fulmine de s’être fait trahir par un imposteur, exige la punition de Sganarelle (Acte III,8) La vengeance de Martine, leçon du Médecin malgré lui La vengeance est un plat qui se mange froid. Martine serait bien placée pour énoncer ce dicton au moment où elle retrouve un Sganarelle dépité qui attend d’être pendu (Acte III,9). Les quelques coups de bâton que Sganarelle a reçu de Valère et de Lucas n’étaient rien en comparaison du terrible châtiment que la justice lui réserve. La vengeance de Martine est donc une vengeance à retardement qui a guidé le sort de Sganarelle tout au long de la pièce. Mais nous sommes dans une comédie et grâce à un dernier coup de théâtre, tout est bien qui finit bien. Cependant la vengeance de Martine résonne encore à la fin de la pièce comme une bonne leçon donné à l’apprenti médecin, et une manière de mettre en garde tous les imposteurs.

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Les personnages Sganarelle :

Il s’agit du personnage principal. Il apparaît dans plusieurs pièces de Molière : Le Médecin volant (valet de Valère), Le Cocu imaginaire (bourgeois de Paris), L’Ecole des Maris (tuteur d’Isabelle), Dom Juan (valet de Dom Juan), L’Amour médecin (bourgeois, père de Lucinde) et dans Le Médecin malgré lui. Il est en quelques sorte un mélange entre l’Arlequin, le Scaramouche et le médecin de la Commedia dell’arte. Comme le personnage d’Arlequin, Le Sganarelle du Médecin malgré lui tient le rôle du confident des amoureux et fait

en sorte de les réunir. Molière le présente dans cette pièce comme un homme de basse condition, un bûcheron, un buveur, un père de famille irresponsable, marié à une femme qu’il bat. Il a un caractère fourbe, tordu, avare, égoïste, fou et plutôt bon vivant. Cependant, il est très habite car malgré le pièce tendu par sa femme, il réussit à sortir son épingle du jeu. Il représente le bouffon qui dénonce les inepties de l’époque tout en faisant le pitre pour que le message soit interprété non pas dans l’amertume mais avec le sourire. Plus il est ridicule et grossier, plus cet homme humble permet à Molière d’exprimer un message dérangeant pour l’époque : se moquer de la médecine et de la crédulité de ses personnages bourgeois. Dans ses pièces, Molière jouait souvent le personnage de Sganarelle. Martine :

C’est la femme de Sganarelle. C’est une paysanne maligne et à la langue bien pendue. Le stratagème qu’elle imagine pour se venger des coups que lui donne don mari réussit au-delà de ce qu’elle imaginait.

Géronte :

Il est veuf et plutôt avare, comme fréquemment dans les pièces de Molière. Il doit choisir ce qu’il estime le meilleur parti pour sa fille unique. Il voudrait lui trouver une situation plutôt confortable du point de vue économique au détriment des sentiments amoureux de sa fille et de ses envies. Il est en quelque sorte le personnage de Pantalon dans la Commedia dell’arte. Un Vieillard avare. Il se fait toujours exploiter apr quelqu’un. Ici en l’occurrence par Sganarelle.

La nourrice :

Elle symbolise la figure maternelle. Elle est la seule à avoir compris le sens de la maladie de sa protégée, à défendre l’amour plutôt que le mariage arrangé. Elle est représentée comme une femme du peuple, en témoigne son langage, qui n’est pas forcément très bien considérée, si on se réfère à l’attitude de Sganarelle à son égard, mais elle sait se défendre. Elle dit la vérité, même si elle dérange. Molière en fait un personnage intelligent et courageux.

Lucinde et Léandre :

Voici encore un personnage que l’on retrouve dans plusieurs pièces de Molière, à savoir une fille orpheline de mère, élevée par son père et une nourrice. Au demeurant obéissante et charmante, elle se rebelle cependant quand son père cherche à la marier à un homme de bonne

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situation alors qu’elle en aime un autre, sans le sou. Elle se rebelle contre son père au nom de l’amour et souvent fui avec son amant. Dans la Commedia dell’arte, on retrouve ce personnage appelée Isabelle et son amant Lélio. Ici Léandre, est l’amant dont les amours sont contrariées par les plan du père. Sans être les personnages principaux de la pièce, ils constituent un des éléments central autour duquel se déroule l’intrigue. Valère et Lucas :

Domestiques de Géronte. Valère est cultivé et instruit, Lucas grossier et niais. Géronte les envoie à la recherche d’un médecin. Guidés par Martine, ils ramènent Sganarelle.

M. Robert :

Prototype du voisin curieux, il intervient dans la dispute de Martine et Sganarelle.

Thibaut et Perrin :

Paysans qui viennent demander des soins, attirés par la réputation de Sganarelle.

Propos du metteur en scène : Jacques Bachelier Ivrogne patenté, roublard grandiloquent, intéressé et lubrique, Sganarelle n’a de sympathique que son nom, la patte de Molière... et ses illusions. C’est un rêveur impénitent. Forcé de revêtir malgré lui l’habit de médecin, il ne tarde pas à s’identifier à sa robe. Consultations burlesques, abus de pouvoir, délires scatologiques, il ne nous épargnera rien. Jusqu’à ce que sa folie le conduise, tel Scapin, à l’ombre du gibet... Le Médecin malgré lui est une plaisanterie énorme, pleine d’imbroglios, de pots de chambre qu’on hume et de coups de bâton. Émule de Tabarin, Molière déploie dans ses farces la grande tradition du Pont-Neuf. C’est aussi une rêverie immense, toute empreinte de ce je-ne-sais quoi d’élégance trouble qui, en sus des lazzi, fait le charme de la comédie italienne. Nous avons pensé à Fellini. Nous avons choisi de lui emprunter musiques, ambiances et costumes. Il y a chez le Maestro, comme d’ailleurs chez Chaplin, ce mélange de réalisme et de poésie, de burlesque et d’équivoque, qui, du Barbouillé à Scapin, nous interpelle tant chez Molière. Au-delà des rires gras qu’ils suscitent, des ordures dans lesquels ils pataugent, des lazzi et autres tabarinades, leurs clowns, derrière le masque, ont les yeux grand ouverts. Grand ouverts sur le rêve... Pour notre plus grand bonheur, et nous l’espérons pour le vôtre, le ciel, si vous

voulez bien, le ciel s’habillera ce soir en Scaramouche… Scaramouche, Maurice Sand

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Quelques suggestions sur le travail en classe Travaux sur l’aspect historique 1. Faites une documentation sur la vie et l’œuvre de Molière (consulter une encyclopédie, une histoire de la littérature française ,etc…)

2. La vie sociale à l’époque de Molière paraît avoir été tout autre que la nôtre. Cherchez des exemples dans un livre d’histoire, le texte du Médecin malgré lui, un autre texte de Molière ou de son époque.

3. Le théâtre miroir d’une époque ou bien le théâtre reflète ce qui vit dans une société. Est-ce que cela vaut aussi pour Le Médecin malgré lui ? Trouvez des arguments pour et contre cette thèse.

Travaux sur l’ensemble de la pièce Les personnages : 1) Quel est le métier de Sganarelle ? Fagotier Médecin Cordonnier 2) Le principal reproche que Martine fait à Sganarelle est d’être : Ivrogne Infidèle Inculte 3) Sganarelle autrefois a appris des rudiments de Latin Droit Médecine 4) Combien Sganarelle et Martine ont-ils d’enfants ? Deux Trois Quatre 5) Parmi ces quatre adjectifs, lequel ne convient pas pour caractériser Sganarelle ? Paillard Insouciant Bouffon Mélancolique 6) Parmi ces quatre adjectifs, lequel ne convient pas pour Martine ? Intelligente Soumise Vive Rusée 7) Qui est M. Robert ? Le frère de Martine Le père de Perrin Un voisin de Sganarelle et Martine 8) Quel est le personnage qui n’apparaît pas dans le premier acte ? Léandre Martine Sganarelle 9) Qui, dans cette liste n’est pas le serviteur de Géronte Thibaut Valère Lucas 10) Le mari de Jacqueline s’appelle ? M. Robert Lucas Perrin

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11) L’amoureux de Lucinde s’appelle ? Léandre Valère Lucas 12) Lucinde souffre : De migraine De douleurs de ventre De mutisme 13) Pour impressionner son auditoire lors de la scène de la consultation, Sganarelle parle : Chinois Latin Allemand 14) Jacqueline est Femme de chambre Cuisinière Nourrice 15) Remettez ces personnages dans l’ordre de leur apparition Géronte M. Robert Sganarelle 16) Plusieurs personnages de la pièce vont par deux. Indiquez quels sont ces différents couples en précisant le lien qui les unit ? 17) Quelle rôle joue Martine ? Comparez-la avec Jacqueline. Quels sont leurs points commun et leurs différences ? 18) Sur quelle opposition repose le duo Valère-Lucas ? Appuyez-vous sur leur langage, leur manière d’être pour répondre. 19) Cherchez une scène et un citation précises pour illustrer ces caractéristiques

Caractéristiques Scène Citation Brutalité Ivrognerie Cupidité Ruse Grossierté 20) En quoi Lucinde, Léandre et Géronte sont-ils des personnages « typiques » de la comédie ? L’intrigue de la pièce 1) Complétez ce tableau, en indiquant chaque fois que nécessaire la scène et l’acte ou au contraire ce qui se passe, sous la forme d’une phrase résumant la scène.

Ce qui se passe Acte et scène

I,1 Réconciliation des époux I,3 et I,4 Sganarelle devinant médecin II,2 Sganarelle examine Lucinde II,5 Léandre grimé en apothicaire s’entretient avec Lucinde qui retrouve la parole. Ils s’enfuient

III,8 Sganarelle est condamné à être pendu comme complice. Martine arrive III,11

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2) Quelles sont les deux intrigues du Médecin malgré lui ? Décrivez brièvement ces deux intrigues en indiquant leurs principales étapes (situation initiale, péripéties, situation finale) ?

3) La scène 2 de l’acte I est-elle une péripétie ou un coup de théâtre ?

4) Quel coup de théâtre survient à la scène 6 de l’acte III. En quoi fait-il évoluer l’action ?

5) Quel coup de théâtre apporte une solution à la situation de Lucinde et Léandre ? Pouvait-on le prévoir ?

6) Le coup de théâtre à la fin de l’acte II nous apprend : Lucinde est une fausse malade Jacqueline est une fausse nourrice Lucas est un bourgeois déguisé en valet

7) Quelles ont pour les personnages principaux, les différences entre la situation finale et la situation initiale ?

La satire de la médecine 1) Le thème de la médecine est des médecins est omniprésent dans la pièce. Récapitulez ses apparitions en complétant le tableau.

Thème Scène

Récits des guérisons miraculeuses par Martine

Allusion au costume du médecin Consultation de Lucinde Fausse consultation de Léandre Léandre déguisé en apothicaire Consultation de Thibaut et Perrin Invention d’un remède farfelu pour guérir Lucinde

2) Quel personnage se déguise en médecin dans la pièce ?

3) Relisez la scène 5 de l’acte I. Qu’est-ce qui décide Sganarelle à devenir médecin ? La peur des coups l’argent le désir de Martine

4) Trouvez deux autres scène où apparaît la même motivation. Qu’est-ce qu’elle nous apprend sur les médecins ?

5) Sganarelle cite Hippocrate (II,2) et Aristote (II,4). Qui sont ces deux personnages et pourquoi ces citations ?

6) Lorsque Sganarelle est en face de Jacqueline, pourquoi utilise-t-il la médecine ?

7) Expliquez pourquoi Molière a choisi un bûcheron ivrogne pour le déguiser en médecin ?

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8) Quel usage Sganarelle fait-il du latin ? Répondez en vous appuyant sur une citation précise.

9) A votre avis, pourquoi Sganarelle et Léandre peuvent-ils se faire passer aussi facilement pour médecin et apothicaire ?

10) Quels défauts des médecins la pièce de Molière dénonce-t-elle ?

11) Quelles armes Molière utilise-t-il contre les médecins ? Donnez plusieurs exemples

12) Que sont les médecins pour Molière : De vrais savants Des charlatans

13) A la manière de Sganarelle (III,6), imaginez un traitement médical pour faire face à une situation de la vie courante (un élève qui a une mauvaise note, un enfant qui veut échapper à une punition…)

14) Un homme du XVIIe siècle est transporté à notre époque, Rédigez la lettre qu’il écrit à un de ses amis de son époque pour lui décrire la médecine moderne.

Etude de la scène d’exposition (Acte I,1) 1) Où se situe l’action ?Qu’est-ce qui permet de la dire ? 2) Les deux personnages sont Voisins Amis Mari de femme 3) Quel est le métier de Sganarelle Philosophe Bûcheron Médecin Relevez la phrase qui permet de l’identifier. 4) Pour quelles raisons Martine et Sganarelle se disputent Martine reproche à Sganarelle de battre leurs enfants Sganarelle reproche à Martine de lui répondre de façon insolente Martine reproche à Sganarelle de mal se conduire et de ne rien faire à la maison 5) Que fait Sganarelle à la fin de la scène ? Pourquoi ? 6) en analysant la première didascalie et les deux premières répliques, montrez que la dispute des personnages a commencé avant le début de la scène. 7) Relevez quelques phrases exclamatives. Pour quelle raison sont-elles si nombreuses ? Quel rythme cela donne à la scène ? 8) Qu’apprend-on sur Sganarelle ? Complétez le tableau

Métier Expérience antérieure Défaut principal Caractère

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9) Quel défaut de Martine la scène fait-elle apparaître ? que lui reproche exactement Sganarelle ? 10) Retrouvez de quel type de comique relèvent les éléments cités : comique de répétition , comique de caractère, comique de mots, comique de situation, comique de geste. Type de comique Elément de scène La scène représente un scène de ménage Sganarelle est un ivrogne brutal et paresseux Sganarelle menace à plusieurs reprises Martine de la battre. Martine

insulte plusieurs fois Sganarelle Sganarelle – Il prend le bâton et lui en donne – Ah ! vous en voulez

donc ? « Mets-les à terre » - « Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin,

pendard, gueux, fripon, maraud, voleur… ! » 12) Parmi les injures employées par Martine, relevez-en deux qui sont encore en usage aujourd’hui et deux qui ne le sont plus. Trouvez le sens dans un dictionnaire. 13) Explique pourquoi cette scène nous introduit dans un univers de farce (situation, personnages rythme…) 14) Le Médecin malgré lui est une farce. Cherchez la définition de ce genre.

Travaux pratiques

4. Inventez un décor, des costumes. De quels accessoires a-t-on besoin ? Pour jouer toute la pièce dans le même décor il faut de la fantaisie ? Où ?

5. Classez les rôles à partir du plus important Sganarelle. Motivez cet ordre. Y-a-t-il

plusieurs possibilités ?

6. Quel rôle aimeriez-vous jouer dans cette pièce ? Pourquoi ? De quelle façon ? Montrez un fragment de votre interprétation.

7. Essayez de jouer quelques scènes. Faites d’abord une mise en scène, discutez, le

ton du fragment.

8. Si vous étiez le metteur en scène du Médecin malgré lui, de quelle façon devraient jouer la scène de la dispute en Sganarelle et Martine ? Comment jouer de la consultation ?

9. Si on voulait habiller les acteurs à la mode 2011, comment imaginez-vous leurs

costumes ? Dessinez les bien en rapport avec leurs caractères.

10. Ecrivez vous-même une scène comique et jouez-la ! Bonne chance !

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Biographie de Molière 1622-1643 : L'éducation bourgeoise.

Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris dans une famille de bourgeois aisés. La date précise de sa naissance n’est pas connue mais son baptême eut lieu le 15 janvier 1622. Il est le fils de Marie Cressé et Jean Poquelin, tapissier ordinaire du roi, qui s'occupait du mobilier royal. Lorsqu’il a dix ans, Jean-Baptiste Poquelin perd sa mère. Son père se remarie mais perd également sa seconde épouse quelques années plus tard. Jean Poquelin fit donner à son fils une solide instruction au collège de Clermont (devenu aujourd’hui le lycée Louis-le-Grand), dirigé par les Jésuites. Latin et philosophie, mathématiques et physique, mais aussi danse et escrime : l’éducation du futur Molière est soignée, et elle débouchera sur la licence en droit, obtenue en 1642 à l'Université d'Orléans.

1643 : Fondation de l'Illustre Théâtre.

Le jeune Poquelin aurait pu succéder à son père, mais la vocation du théâtre l'emporta sur les attraits d'une vie bourgeoise, et les préjugés de l'époque. Au XVIIe siècle, en effet, la religion condamnait les acteurs, qui pouvaient être excommuniés. On fait souvent remonter cette passion aux premiers spectacles que l'enfant aurait pu voir : parades de bateleurs sur le Pont-Neuf, comédie italienne où triomphait l'acteur Scaramouche. Quoi qu'il en soit, à l'âge de 21 ans, le jeune homme fonde, avec l'actrice Madeleine Béjart, la troupe de l'Illustre Théâtre, composée de dix acteurs. Acteur et directeur, celui qui a pris le pseudonyme de Molière tente la fortune à Paris, en jouant des tragédies. Il ne peut lutter contre la concurrence des deux théâtres permanents, l'Hôtel de Bourgogne et le Théâtre du Marais. En 1645, l'Illustre Théâtre fait faillite, et Molière connaît même la prison pour dettes.

1643-1659 : L'apprentissage en province.

Avec les Béjart, Molière parcourt le Midi et l'Ouest. Il joue à Toulouse, Albi, Carcassonne, puis à Nantes, à Agen. On retrouve sa trace à Pézenas et à Montpellier. Il écrit alors ses premières farces, de courtes bouffonneries inspirées par la commedia dell'arte italienne. En 1650, Molière prend la direction de la troupe, qui est protégée par le prince de Conti, devenu gouverneur de Guyenne. Quand ce dernier, devenu janséniste, prit en horreur le théâtre, il supprima la pension qu'il versait jusque là aux comédiens. Ces années en province sont fructueuses : Molière a mûri, il a pu entrer en contact, au cours de ses pérégrinations, avec les milieux les plus variés, qu'il a su observer : grands seigneurs, bourgeois de province, paysans parlant patois, tous font partie d'une galerie de personnages où celui que Boileau surnommera "le contemplateur" pourra désormais puiser - en attendant de découvrir le monde de la Cour. En outre, Molière s'est exercé à écrire des comédies, et il a dû surmonter toutes les difficultés qui assaillent un directeur de troupe.

1659 : Premier succès à Paris.

Molière, dont la troupe s'est illustrée en province, rentre à Paris en 1658. Le 24 octobre, au Louvre, en présence du roi, de la cour, et même des acteurs de l'Hôtel de Bourgogne, il joue Nicomède, une tragédie de Corneille, qui fut médiocrement appréciée, et une de ses farces, Le Docteur amoureux, qui obtient un triomphe. Il reçoit alors l'autorisation de jouer alternativement avec les Italiens dans la salle de Petit-Bourbon, et sa troupe prend le titre de "troupe de Monsieur" - on appelait "Monsieur", sans autre précision, le frère du roi. Le

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premier grand succès fut remporté en novembre 1659 avec Les Précieuses ridicules, qui inaugurent en France la comédie de mœurs.

1659-1664 : Les premières luttes.

Plusieurs pièces confirment le talent de Molière : L'Ecole des Maris, Les Fâcheux, L'Ecole des Femmes. En 1663, Le roi Louis XIV porte Molière sur la liste des pensions en qualité d' "excellent comédien". Au milieu de ces succès, le 20 février 1662, Molière épouse, à quarante ans, Armande Béjart, âgée de dix-neuf ans, la sœur de Madeleine. Cependant, les ennemis de Molière deviennent nombreux et puissants : comédiens jaloux de l'Hôtel de Bourgogne, précieuses vexées d'être caricaturées, "petits marquis" tournés en ridicules, dévots alarmés de l'audace de Molière, vite accusé d'impiété. Par exemple, on peut interpréter L'Ecole des Femmes comme une critique du mariage. Le monarque soutient cependant le "fournisseur des divertissements royaux", et accepte même d'être le parrain de son premier fils, en 1664.

1664 : Le grand combat.

En 1664, une comédie, Tartuffe, dénonce l'hypocrisie d'un faux dévot qui s'est introduit dans une famille bourgeoise, où il sème le désordre et le malheur, tout en cherchant à faire fortune aux dépens du malheureux père de famille, aveuglé par "l'imposteur". Influencé par l'archevêque de Paris, le roi interdit de jouer la pièce en public, et un curé demande même le bûcher pour l'auteur. La "cabale des dévots" est la plus forte, Molière remaniera sa pièce, qui ne sera jouée dans sa version définitive qu'en 1669.

Dom Juan (1665) et Le Misanthrope (1666) sont des exemples de ces "grandes comédies" qui traitent ce que nous appellerions des "problèmes de société". Les ennemis de Molière ne désarment pas, mais, dans l'été de 1665, Molière devient chef de la Troupe du Roi.

L'année 1667 est critique : Tartuffe est à nouveau interdit, et Molière tombe malade - il commence à cracher du sang. Cette période est également assombrie par sa brouille avec Racine. Paradoxalement, c'est au milieu de tous ces ennuis, et dans la dernière période de sa vie, que Molière donne une farce, qui semble renouer avec la verve de ses débuts : il s'agit du Médecin malgré lui (6 août 1666).

1669-1673 : La consécration.

Intendant des spectacles royaux, Molière va exploiter les ressources de la comédie-ballet, notamment avec Le Bourgeois Gentilhomme (1670). Les pièces marquantes des dernières années sont Les Fourberies de Scapin, Les Femmes Savantes et Le Malade Imaginaire.

La fin de sa vie fut assombrie par la maladie, la perte de son fils, puis de sa vieille amie Madeleine Béjart, et par des difficultés matérielles. Louis XIV semble lui avoir préféré la musicien Lully, à qui il accorda le monopole de la musique et des ballets.

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1673 : Mort à Paris.

Au cours de la quatrième représentation du Malade Imaginaire, le 10 février 1673, Molière, qui tient le rôle d'Argan, est pris d'une convulsion. Il meurt quelques heures plus tard. Armande dut faire intervenir Louis XIV pour obtenir de l'archevêque de Paris des funérailles nocturnes et une sépulture chrétienne.

Liste des pièces

1646 1647 1655 1656 1659 1660 1661 1661 1661 1662 1663 1663 1664 1664 1664 1665 1665 1666 1666 1666 1667 1667 1668 1668 1668 1669 1670 1670 1671 1671 1671 1672 1673

La Jalousie du Barbouillé Le Médecin volant L'Etourdi ou les contretemps Dépit amoureux Les Précieuses ridicules Sganarelle, ou le Cocu imaginaire Dom Garcie de Navarre, ou le Prince jaloux L'Ecole des maris Les Fâcheux L'Ecole des femmes La Critique de l'école des femmes L'Impromptu de Versailles Le Mariage forcé La Princesse d'Elide Le Tartuffe ou l'imposteur Dom Juan, ou le festin de pierre L'Amour médecin Le Misanthrope Le Médecin malgré lui Mélicerte Pastorale comique Le Sicilien, ou l'Amour peintre Amphitryon George Dandin, ou le Mari confondu L'Avare Monsieur de Pourceaugnac Les Amants magnifiques Le Bourgeois gentilhomme Psyché Les Fourberies de Scapin La Comtesse d'Escarbagnas Les Femmes savantes Le Malade imaginaire