MISTER BABADOOK - Les Cinémas du Grütli · 2019-07-27 · MISTER BABADOOK Australie - 2014 -...

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Précédé d’une rumeur favorable et auréolé de nombreux prix en festival depuis sa présentation à Sundance, Mister Babadook nous parvient avec la réputation déjà acquise de “chef- d’œuvre”. C’est peut-être légèrement exagéré, mais c’est également un bon indicateur de la santé générale du genre dans lequel il s’inscrit : au milieu du flot d’indigentes productions bis américaines qui trustent le marché, ce premier long métrage de l’Australienne Jennifer Kent fait figure d’outsider surprenant et, pourquoi pas, de promesse d’un nouveau souffle dans le paysage horrifique. Romain Blondeau, Les Inrokuptibles Le monstre de The Babadook n’est ni Freddy, ni Jason. Il a le nom d’une comptine enfantine, et il est une peur archétypale cachée sous le lit. Que faire de ses démons ? On les combat, on les apprivoise aussi (voire surtout), et ce n’est pas la seule surprise (et la seule finesse) du traitement réservé par Kent. Car on entend déjà d’ici les reproches faits avec une moue pincée, les mêmes qu’on a pu entendre à la sortie de Conjuring (film qui, globalement, à la louche, à peu près, a été aimé par la planète entière) : ça n’invente rien. Mais un film qui parle de sujets aussi complexes que le deuil, la maternité ou l’amour d’une mère pour son enfant (et réciproquement) peut se permettre quelques ficelles de portes qui claquent et de chuchotement dans les escaliers sans avoir peur de la redite. Il y a de quoi creuser, il y a autre chose derrière. Et tant pis pour les pisse-froid qui n’y verront rien. Jennifer Kent, avec une constante humilité, parvient à faire un film qui fait peur (assez, et la réalisatrice maîtrise à merveille les codes du genre), qui fait rire (un peu, car le film est spectaculairement très généreux) et surtout qui parvient à émouvoir. A ceux qui lui reprocheront d’être trop classique, on pourra demander quel est le dernier film qui est parvenu à susciter ces trois émotions en même temps. Lors d’un moment dont on ne dévoilera pas les détails, le garçonnet (joué le jeune Noah Wiseman, une petite merveille) s’échine à caresser le visage de sa mère. La scène est bouleversante car elle est juste, puissante, et qu’elle ne va pas dans la facilité, le traitement attendu. Parfois, comme dans un tour de magie, le surnaturel s’installe, tapageur comme un pétard lancé par terre. Parfois, une mère et son fils peuvent ne pas être comme les autres, et c’est très bien comme ça. Nicolas Bardot, Film de Culte 2015 - n°43 MISTER BABADOOK Australie - 2014 - Couleurs - vo st - 94’ Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu’elle n’arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé ‘Mister Babadook’ se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le ‘Babadook’ est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations... Réalisation Jennifer Kent Scénario Jennifer Kent Image Radoslaw Ladczuk Musique Jed Kurzel Avec Essie Davis Noah Wiseman Daniel Henshall Hayley McElhinney Salle associée de la © 2015 Les Cinémas du Grütli Rue du Général Dufour 16 | 1204 Genève tél. +41 22 320 78 78 | www.cinemas-du-grutli.ch MISTER BABADOOK De Jennifer Kent Première dès le 11 juin 2015 www.cinemas-du-grutli.ch

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Précédé d’une rumeur favorable et auréolé de nombreux prix en festival depuis sa présentation à Sundance, Mister Babadook nous parvient avec la réputation déjà acquise de “chef-d’œuvre”. C’est peut-être légèrement exagéré, mais c’est également un bon indicateur de la santé générale du genre dans lequel il s’inscrit : au milieu du flot d’indigentes productions bis américaines qui trustent le marché, ce premier long métrage de l’Australienne Jennifer Kent fait figure d’outsider surprenant et, pourquoi pas, de promesse d’un nouveau souffle dans le paysage horrifique.

Romain Blondeau, Les Inrokuptibles

Le monstre de The Babadook n’est ni Freddy, ni Jason. Il a le nom d’une comptine enfantine, et il est une peur archétypale cachée sous le lit. Que faire de ses démons ? On les combat, on les apprivoise aussi (voire surtout), et ce n’est

pas la seule surprise (et la seule finesse) du traitement réservé par Kent. Car on entend déjà d’ici les reproches faits avec une moue pincée, les mêmes qu’on a pu entendre à la sortie de Conjuring (film qui, globalement, à la louche, à peu près, a été aimé par la planète entière) : ça n’invente rien. Mais un film qui parle de sujets aussi complexes que le deuil, la maternité ou l’amour d’une mère pour son enfant (et réciproquement) peut se permettre quelques ficelles de portes qui claquent et de chuchotement dans les escaliers sans avoir peur de la redite. Il y a de quoi creuser, il y a autre chose derrière. Et tant pis pour les pisse-froid qui n’y verront rien.

Jennifer Kent, avec une constante humilité, parvient à faire un film qui fait peur (assez, et la réalisatrice maîtrise à merveille les codes du genre), qui fait rire (un peu, car le film est spectaculairement très généreux) et surtout qui parvient à

émouvoir. A ceux qui lui reprocheront d’être trop classique, on pourra demander quel est le dernier film qui est parvenu à susciter ces trois émotions en même temps. Lors d’un moment dont on ne dévoilera pas les détails, le garçonnet (joué le jeune Noah Wiseman, une petite merveille) s’échine à caresser le visage de sa mère. La scène est bouleversante car elle est juste, puissante, et qu’elle ne va pas dans la facilité, le traitement attendu. Parfois, comme dans un tour de magie, le surnaturel s’installe, tapageur comme un pétard lancé par terre. Parfois, une mère et son fils peuvent ne pas être comme les autres, et c’est très bien comme ça.

Nicolas Bardot, Film de Culte

2015 - n°43

MISTER BABADOOKAustralie - 2014 - Couleurs - vo st - 94’

Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu’elle n’arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé ‘Mister Babadook’ se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le ‘Babadook’ est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations...

Réalisation Jennifer KentScénario Jennifer KentImage Radoslaw LadczukMusique Jed KurzelAvec Essie Davis Noah Wiseman Daniel Henshall Hayley McElhinney

Salle associée de laSalle associée de la

© 2015 Les Cinémas du GrütliRue du Général Dufour 16 | 1204 Genèvetél. +41 22 320 78 78 | www.cinemas-du-grutli.ch

MISTER BABADOOKDe Jennifer Kent

Première dès le 11 juin 2015

www.cinemas-du-grutli.ch