Mise en place d’un îlot d’automation, le Pathfinder 900, au laboratoire Biosèvres à Bressuire

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8 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013 - N° 455 Mise en place d’un îlot d’automation, le Pathfinder 900, au laboratoire Biosèvres à Bressuire Interview du Dr Frédéric Guillot RFL : pouvez-vous nous présenter votre laboratoire en quelques mots ? Frédéric Guillot (FG) : nous travaillons sur deux sites, l’un situé à Bressuire, plateau technique, et le second à Thouars (79100), distant de 30 km (30 min) sur lequel sont réalisés (également) les examens d’hé- mostase, et l’auto-immunité (principale- ment). Nous sommes cinq biologistes et traitons en moyenne 600 dossiers/jour (jusqu’à 750). RFL : comment utilisez-vous votre îlot Pathfinder 900 ? FG : nous ne passons pour le moment sur le Pathfinder 900 que les tubes secs en pré-analytique, et la totalité des tubes en post-analytique (sauf EDTA et citrate). En pré-analytique, les tubes primaires sont contrôlés (lecture codes-à-barres), triés, débouchés, et acheminés vers les automates. Le Pathfinder 900 prépare des aliquotes selon les analyses et leur desti- nation : sont aliquotés les tubes contenant des analyses à conserver ou à transmettre (à un laboratoire sous-traitant ou à notre second site), ainsi que les analyses à gar- der en sérothèque ; nous aliquotons éga- lement les tubes contenant les analyses à réaliser sur les paillasses annexes (Vidas, sérologies manuelles) ou sur les deux automates ci8200. Ces tubes secondaires sont positionnés en sortie sur des por- toirs. Les différents portoirs sont ensuite simplement dispatchés selon les besoins. En ce qui concerne la sérothèque, les échantillons sont scellés puis scannés : un programme sur le middleware Byg qui pilote le Pathfinder 900 permet de gérer leur position dans nos boîtes de congélation. Une fois que les analyses sont réalisées, les portoirs comportant tubes secs, tubes héparinés, tubes fluorés et urines sont repris des automates. Ils sont directement replacés sur le Pathfinder 900 qui les trie, les rebouche d’un film d’aluminium et les dispose sur des portoirs de 50 posi- tions qui sont ensuite simplement à placer au réfrigérateur pendant la période que nous avons définie (3 jours), pour éventuel contrôle, ajout d’analyse… RFL : pouvez-vous nous donner plus de détails : combien traitez-vous de tubes par jour ? Recevez-vous des tubes de l’extérieur ? À quel moment a lieu le pic d’activité ? Combien de demandes par tube en moyenne ? Quel volume d’ali- quotage ? FG : le nombre de tubes que nous trai- tons a été réduit grâce au Pathfinder 900 : actuellement sont traités environ 400 tubes primaires. À ce jour, nous ne passons que des tubes secs en pré-analy- tique. Deux pics d’activité sont observés, le premier vers 11 h (activité de Bressuire, arrivée du premier passage de Thouars, et tubes apportés par des infirmières) ; le 2 e entre 13 et 15 h (correspondant aux tournées de ramassage dans les vil- lages environnants et aux navettes entre Thouars et Bressuire, les dossiers étant enregistrés en continu entre midi et 14 h). À partir de nos 400 tubes primaires, nous réalisons environ 100 000 tests d’immu- noanalyses et 500 000 tests de chimie par an, avec en moyenne 3 tests par tube. En termes d’aliquotage, environ 40 aliquotes sont préparées pour les Architect, 40 pour les autres paillasses et 90 pour la séro- thèque, chaque jour. En post-analytique, environ 800 tubes sont repassés pour archivage sur le Pathfinder 900 (secs, héparinés, fluorés, urines, aliquotes). RFL : vous avez décidé de changer votre organisation il y a quelques mois, pour quelle raison ? FG : tout d’abord parce que notre cadence était insuffisante (nous étions équipés d’automates Architect ci8200 et i1000SR). En outre, nous avons subi un incendie sur le site de Thouars qui a fait que le site de Bressuire s’est transformé « du jour au lendemain » en plateau technique. Par ailleurs, nous souhaitions depuis quelques années, pour des raisons d’amélioration de la qualité, limiter au maximum le nombre de tubes prélevés, toute manipulation de ces tubes et toute activité d’aliquotage. RFL : vous avez opté pour l’îlot d’auto- mation Pathfinder 900 et les automates Architect, quels étaient les critères prin- cipaux ayant guidé votre choix ? FG : nous étions satisfaits de nos auto- mates Architect. Nous avons donc rem- placé notre ci8200 par deux ci8200 neufs et ajouté le Pathfinder 900 pour alimenter et gérer le pré-analytique, ce qui devenait primordial à partir du moment où les deux automates fonctionnaient en miroir (pour une grande partie de la chimie). RFL : comment la société Abbott vous a-t-elle aidé dans la mise en place de cette nouvelle organisation ? FG : Abbott nous a aidés pour la partie analytique, par la présence d’un ingénieur d’application pendant 3 semaines sur site (installation, configuration des automates, aide à la réalisation des tests de validation de méthode…). Pour le Pathfinder 900, un ingénieur australien (car il s’agissait de la première installation en France) assisté d’ingénieurs du Service clients Abbott sont restés sur place pendant 3 semaines pour le montage et la mise en route du système. Un informaticien de Byg Informa- tique était présent pendant 15 jours pour développer les connexions informatiques sur site ; enfin, un ingénieur d’application, spécialiste automation chez Abbott, est venu compléter l’équipe. Le laboratoire de biologie médicale (LBM) Biosèvres, à Bressuire (79300), est le premier LBM à avoir installé le Pathfinder 900 en France, îlot pré et post-analytique proposé par Abbott. Nous avons interviewé le Dr Frédéric Guillot, biologiste ; il nous a expliqué son choix et fait part de son expérience. Le Dr Frédéric Guillot. DR

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8 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2013 - N° 455

Mise en place d’un îlot d’automation, le Pathfinder 900, au laboratoire Biosèvres à BressuireInterview du Dr Frédéric Guillot

RFL : pouvez-vous nous présenter votre laboratoire en quelques mots ?Frédéric Guillot (FG) : nous travaillons sur deux sites, l’un situé à Bressuire, plateau technique, et le second à Thouars (79100), distant de 30 km (30 min) sur lequel sont réalisés (également) les examens d’hé-mostase, et l’auto-immunité (principale-ment). Nous sommes cinq biologistes et traitons en moyenne 600 dossiers/jour (jusqu’à 750).

RFL : comment utilisez-vous votre îlot Pathfinder 900 ?FG : nous ne passons pour le moment sur le Pathfinder 900 que les tubes secs en pré-analytique, et la totalité des tubes en post-analytique (sauf EDTA et citrate). En pré-analytique, les tubes primaires sont contrôlés (lecture codes-à-barres), triés, débouchés, et acheminés vers les automates. Le Pathfinder 900 prépare des aliquotes selon les analyses et leur desti-nation : sont aliquotés les tubes contenant des analyses à conserver ou à transmettre (à un laboratoire sous-traitant ou à notre second site), ainsi que les analyses à gar-der en sérothèque ; nous aliquotons éga-lement les tubes contenant les analyses à réaliser sur les paillasses annexes (Vidas, sérologies manuelles) ou sur les deux automates ci8200. Ces tubes secondaires sont positionnés en sortie sur des por-toirs. Les différents portoirs sont ensuite simplement dispatchés selon les besoins. En ce qui concerne la sérothèque, les échantillons sont scellés puis scannés : un programme sur le middleware Byg qui pilote le Pathfinder 900 permet de gérer leur position dans nos boîtes de congélation.Une fois que les analyses sont réalisées, les portoirs comportant tubes secs, tubes héparinés, tubes fluorés et urines sont repris des automates. Ils sont directement replacés sur le Pathfinder 900 qui les trie, les rebouche d’un film d’aluminium et les dispose sur des portoirs de 50 posi-

tions qui sont ensuite simplement à placer au réfrigérateur pendant la période que nous avons définie (3 jours), pour éventuel contrôle, ajout d’analyse…

RFL : pouvez-vous nous donner plus de détails : combien traitez-vous de tubes par jour ? Recevez-vous des tubes de l’extérieur ? À quel moment a lieu le pic d’activité ? Combien de demandes par tube en moyenne ? Quel volume d’ali-quotage ?FG : le nombre de tubes que nous trai-tons a été réduit grâce au Pathfinder 900 : actuellement sont traités environ 400 tubes primaires. À ce jour, nous ne passons que des tubes secs en pré-analy-tique. Deux pics d’activité sont observés, le premier vers 11 h (activité de Bressuire, arrivée du premier passage de Thouars, et tubes apportés par des infirmières) ; le 2e entre 13 et 15 h (correspondant aux tournées de ramassage dans les vil-lages environnants et aux navettes entre Thouars et Bressuire, les dossiers étant enregistrés en continu entre midi et 14 h).À partir de nos 400 tubes primaires, nous réalisons environ 100 000 tests d’immu-noanalyses et 500 000 tests de chimie par an, avec en moyenne 3 tests par tube. En termes d’aliquotage, environ 40 aliquotes sont préparées pour les Architect, 40 pour les autres paillasses et 90 pour la séro-thèque, chaque jour. En post-analytique, environ 800 tubes sont repassés pour archivage sur le Pathfinder 900 (secs, héparinés, fluorés, urines, aliquotes).

RFL : vous avez décidé de changer votre organisation il y a quelques mois, pour quelle raison ?FG : tout d’abord parce que notre cadence était insuffisante (nous étions équipés d’automates Architect ci8200 et i1000SR). En outre, nous avons subi un incendie sur le site de Thouars qui a fait que le site de Bressuire s’est transformé « du jour au lendemain » en plateau technique.

Par ailleurs, nous souhaitions depuis quelques années, pour des raisons d’amélioration de la qualité, limiter au maximum le nombre de tubes prélevés, toute manipulation de ces tubes et toute activité d’aliquotage.

RFL : vous avez opté pour l’îlot d’auto-mation Pathfinder 900 et les automates Architect, quels étaient les critères prin-cipaux ayant guidé votre choix ?FG : nous étions satisfaits de nos auto-mates Architect. Nous avons donc rem-placé notre ci8200 par deux ci8200 neufs et ajouté le Pathfinder 900 pour alimenter et gérer le pré-analytique, ce qui devenait primordial à partir du moment où les deux automates fonctionnaient en miroir (pour une grande partie de la chimie).

RFL : comment la société Abbott vous a-t-elle aidé dans la mise en place de cette nouvelle organisation ?FG : Abbott nous a aidés pour la partie analytique, par la présence d’un ingénieur d’application pendant 3 semaines sur site (installation, configuration des automates, aide à la réalisation des tests de validation de méthode…). Pour le Pathfinder 900, un ingénieur australien (car il s’agissait de la première installation en France) assisté d’ingénieurs du Service clients Abbott sont restés sur place pendant 3 semaines pour le montage et la mise en route du système. Un informaticien de Byg Informa-tique était présent pendant 15 jours pour développer les connexions informatiques sur site ; enfin, un ingénieur d’application, spécialiste automation chez Abbott, est venu compléter l’équipe.

Le laboratoire de biologie médicale (LBM) Biosèvres, à Bressuire (79300), est le premier LBM à avoir installé le Pathfinder 900 en France, îlot pré et post-analytique proposé par Abbott. Nous avons interviewé le Dr Frédéric Guillot, biologiste ; il nous a expliqué son choix et fait part de son expérience.

Le Dr Frédéric Guillot.

DR

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publi-infosp

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ABBOTT

RFL : l’installation est récente, êtes-vous satisfaits de votre nouvelle organisation ? Et les techniciens qui travaillent sur le Path-finder 900 ? Que diriez-vous de la fiabilité du Pathfinder 900 ?FG : le Pathfinder 900 a été livré début mars et est opérationnel depuis le 26 mars 2013. L’installation et la mise en route ont été efficaces et la fiabilité du Pathfinder 900 est très bonne ; nous n’avons eu pour le moment aucune panne bloquante. L’appa-reil est simple d’utilisation. Les techniciens l’apprécient particulièrement car ils mani-pulent beaucoup moins les tubes, ce qui améliore notablement leur sécurité et leur confort de travail. Leur formation, simple et rapide, a été assurée par l’ingénieur d’appli-cation spécialiste automation d’Abbott.

RFL : quels sont pour vous les avantages les plus marquants ?FG : les principaux avantages sont la diminution du nombre de tubes à pré-lever et étiqueter grâce à la possibilité d’aliquoter automatiquement, ce qui repré-sente un gain en rapidité, simplicité et en termes financiers (coût des tubes) ; nous avons également gagné en sécurisation au niveau de l’aliquotage et de la mise en place en sérothèque (plus d’aliquo-tage manuel), diminué les manipulations

des tubes et donc les risques associés (AES). Nous avons amélioré la rapidité de rendu de nos résultats : la routine est terminée plus tôt et plus sereinement. Enfin, bien entendu, l’appareil est fiable.

RFL : quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées pour rendre votre organisation opérationnelle ?FG : le seul point à signaler est que nous avons dû changer nos habitudes de prélè-vement et utiliser des tubes secs de 7 ml au lieu de ceux de 5 ml que nous utilisions auparavant. En effet, il peut être nécessaire de réaliser plusieurs aliquotes, d’où la néces-sité de prélever un volume plus important (mais un tube suffit le plus souvent).

RFL : combien de personnes travaillent sur le Pathfinder 900 ?FG : il n’y a pas de personne dédiée sur le Pathfinder 900. La maintenance quotidienne prend 10 min et consiste essentiellement à remettre des consommables. Les charge-ments-déchargements sont assurés par les techniciens des différents secteurs. En cas de problème (code-à-barres non lu, tube mal rempli…), le tube est placé sur un portoir d’exception (environ une dizaine par jour) ; ces tubes sont traités par les techniciennes du poste Architect.

RFL : combien de temps faut-il pour que les tubes soient prêts pour être analysés sur les Architect ?FG : en moins de 5 min, les tubes sont disposés sur les portoirs Architect. Il y a également la possibilité de placer un tube en position « urgence » : le Pathfinder 900 va le chercher immédiatement et le traite en moins de 2 minutes.

RFL : votre activité doit-elle augmenter et si c’est le cas, votre organisation peut-elle absorber cette augmentation ?FG : il n’est pas prévu pour le moment que notre activité augmente ; toutefois, nous pourrions, avec cette configuration, traiter le double de notre activité actuelle au moins.

RFL : quelle est votre démarche qualité au laboratoire ?FG : nous sommes qualifiés Bioqualité depuis 2008 et sommes entrés dans la démarche d’accréditation par la voie B, tout en suivant des formations spécifiques (DU qualité,…). En termes de qualité, le Pathfinder 900 n’effectuant aucune analyse, la procédure de qualification est réduite. Il suffit de véri-fier les spécifications électriques, d’hygro-métrie et de concordance d’identité des différentes aliquotes qu’il réalise à partir du tube primaire (aucun problème relevé).

RFL : quel conseil donneriez-vous à un biologiste concernant la mise en place d’un Pathfinder 900 dans son laboratoire ?FG : de bien réfléchir à l’organisation de ses flux de tubes et au paramétrage : combien de tubes prélever, quel volume, combien d’étiquettes… ? Actuellement, nous pré-levons un seul tube sec pour toutes nos analyses réalisées sur le plateau technique (incluant la sérothèque) et un second si un envoi est nécessaire (sur notre second plateau technique ou au laboratoire sous-traitant).

RFL : envisagez-vous des évolutions/amé-liorations de votre organisation actuelle ?FG : nous réfléchissons à faire passer nos tubes EDTA sur le Pathfinder 900 (nous dis-posons des portoirs ad hoc) ainsi qu’éven-tuellement, nos tubes d’hémostase, mais il s’agit plutôt pour nous d’une réflexion globale sur notre organisation. Nous pour-rions également optimiser la gestion des aliquotes en fonction des analyses, de manière plus fine.

Carole Emile, biologiste.

L : l’installation est récente, êtes-voussatisfaits de votre nouvelle organisation?

des t(AES

RFLL: l

DR

Le Dr Guillot et Mme Sabine Martin, technicienne, devant le Pathfinder, îlot permettant l’automatisation complète

des phases pré et post-analytiques du laboratoire.