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Hebdomadaire gratuit du Web diffusé par courriel à 105.000 adresses Web-hebdo géopolitique Hebdomadaire gratuit - 11 avril 2016 - N° 6 - nouvelle série - [email protected] - 06 62 66 82 48 Géo L’organe géopolitique de L’OGB (Lys noir) réagit chaque semaine à l’actualité militaro-sécuritaire Birobidjan Yiddishland en phase terminale Retour de l’option territorialiste Un Etat juif à Monaco ? Routiers belges comme au Chili.. Vadim Rabinovich (à gauche) et Joël Rubinfeld (en arrière-plan) Co-présidents du Parlement Juif Européen rêvent d’un foyer juif «européen mais sécurisé» à Monaco. 3€ Caucase : L’OTAN passe à l’offensive Arsenal

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Hebdomadaire gratuit du Web diffusé par courriel à 105.000 adresses

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Hebdomadaire gratuit - 11 avril 2016 - N° 6 - nouvelle série - [email protected] - 06 62 66 82 48

GéoL’organe géopolitique de L’OGB (Lys noir) réagit chaque semaine à l’actualité militaro-sécuritaire

Birobidjan Yiddishlanden phase terminale

Retour de l’option territorialiste

Un Etat juif à Monaco ?

Routiers belgescomme au Chili..

Vadim Rabinovich(à gauche) et Joël Rubinfeld (en arrière-plan)Co-présidents duParlement Juif Européen rêvent d’un foyer juif «européen mais sécurisé»à Monaco.

3€

Caucase :L’OTAN passe à l’offensive

Arsenal

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2 ActualitéEditorial

Les juifs préfèrent les antisémites aux antisionistes... Au moinsles premiers ne leurs contestent que rarement le droit à une terre...Au XIXème siècle qui croyait beaucoup à la «conscience natio-nale», les nationalismes antisémites, comme dans le cas polonais,étaient souvent des alliés objectifs de la recherche d’une terrejuive, d’un foyer national, ailleurs, qui leur aurait soi-disant rendu«la dignité», etc....

En revanche, l’antisionisme antijuif (mais pas antisémite aufond) qui se développe aujourd’hui en France dans des propor-tions réellement massives, lui, voudrait que le juif soit non seu-lement ramené à une réalité basse mais qu’en plus, il ne puissese poser nulle part, sous prétexte «qu’il fout le bordel partout»,comme dit Alain Soral...

Juif rebus, Juif homme de trop, juif errant éternel... Beaucoupde juifs ont affirmé que «le peuple élu» aurait néanmoins beau-coup d’intérêts à se faire oublier dans un coin tranquille, ce quin’est évidemment pas le cas en Israël, à cheval sur la fracture duchoc des civilisations... ni même aux Etats-Unis, d’un certainemanière...

C’est pourquoi le Birobidjan intéresse quelques esprits qui n’yont jamais mis les pieds... Parce que si cela leur était arrivé, ilsse seraient pendu dans la salle d’attente de la gare..

En effet, pour réussir la transportation d'une population quelquepart où elle n’était pas prévue, il faut y mettre les moyens. Le Bi-robidjan ne fut en revanche jamais habité par une majorité dejuifs, ceux-ci ne s'approprièrent donc jamais l'Oblast autonome.De même, aucune discrimination en faveur des juifs ne fut miseen place, pour favoriser leur prise de pouvoir hégémonique dansleur république, même si le gouverneur fut toujours juif...

Pour réussir un Etat juif autonome, il aurait fallu y transporterbeaucoup plus de juifs et leur accorder une autonomie totale – ycompris religieuse – sur ce territoire.

En tout cas, à l'heure où les minorités inassimilables sont enpleine croissance en Europe et pour lesquelles aucun espoir deretour au pays ou de remigration n'existe réellement, il est grandtemps de retenir les leçons du Birobidjan : pour divorcer d'unepopulation dans son propre pays -puisqu’il est entendu que le par-tage du territoire, de la maison commune ravagée par la dispute-vaudra toujours mieux que l’expulsion-persécution avec ses cor-tèges de violences inter-ethniques, quoi de mieux que de leur ac-corder un territoire autonome, voire souverain... mais alors de lesy amener, vraiment !

La théorie du Birobidjan

L’organisation juive territoriale, fondée en1905 à Londres par Israël Zangwill avait

imaginé plusieurs endroits pour l’établisse-ment d’un foyer national juif..

L a Mésopotamie... La Cyrénaïque.. le pla-teau de Benguella, en Angola, et même le

Texas...

Seul projet territorial en dehors de la Pales-tine sérieusement envisagé dans les milieux

sionistes, la proposition d’une installation desJuifs sur le plateau de Guas Ngishu,

actuellement au Kenya, fut soumise au 6ème Congrès sioniste. Le

projet sera âprement discuté. Theodor Herzllui-même le soutient en considérant qu’ils’agit d’une étape – la première vraiment

concrète – dans la réalisation du projet sio-niste, tout en étant conscient des limites de la

proposition : « l’Ouganda n’est pas Sion etelle ne sera jamais Sion », déclare-t-il. MaxNordau, autre grande figure du sionisme de

l’époque, parle quant à lui d’un « asile denuit » pour le peuple juif en attendant mieux.

Après un vote du Congrès, un petit comitéd’étude est envoyé sur place afin de détermi-ner si le projet est viable. C’est apparemment

le cas, même si les envoyés mentionnent ladangerosité de la faune locale et la présenced’une population locale qui n’est pas forcé-ment enthousiaste (les Masaïs, ainsi que les

colons britanniques).

Envisagé en 1937 par le gouvernement po-lonais comme solution à « la question juive »,

le projet d’une installation forcée des Juifseuropéens à Madagascar sera repris par lesnazis dès 1938. Alors colonie d’une France

battue militairement, Madagascar aurait ététransformée selon ce plan en un territoire

mandataire allemand où les Juifs se seraientadministrés eux-mêmes. Le transfert de cettepopulation, estimée à plus de quatre millions

de personnes, aurait été financé par la confis-cation des biens des Juifs en Europe, et les

colons français auraient été indemnisés de lamême façon. Une note du ministère allemanddes Affaires étrangères de 1940 précise que ceprojet pouvait empêcher « la possible mise enplace par les Juifs en Palestine d’un État duVatican à leur manière ». La même note ex-

plique aussi que le contrôle allemand exercésur ce nouveau territoire devait permettre à

l’Allemagne nazie de garder les Juifs sous lamain comme « gage d’un bon comportement

futur des membres de leur race aux États-Unis ». Ce plan Madagascar – de toute façonirréalisable techniquement – devint vite obso-lète pour les nazis, lancés dans la guerre tous

azimuts et l’extermination des Juifs d’Europe.

Amputé Après els AttentAts debruxelles, il fAit son AllyAh

Comme le rapporte le sited'informations juives, JSS-News,Walter était à l'aéroport de Bruxelles le22 mars dernier. Il devait prendre l'avionpour aller en Israël pour voir sa filleavant que celle-ci ne s'engage dansTsahal.

« Je pensais que j’allais mourir. Ladeuxième explosion m’a blessé auxjambes. J’ai perdu beaucoup de sang etje ne dois ma vie qu’à un militaire del’armée belge que je tiens à remercier.

Il est venu vers moi et m’a pris dans sesbras. Il m’a serré très fort. Il m’a dit“parle-moi, regarde-moi, t’endors pas”.Il m’a donné des claques. Il a sorti untissu de sa poche et m’a fait un garrot…».

Emporté à l'hôpital, Walter a étéamputé d'une jambe et ne sait toujourspas s'il pourra garder son autre jamble.Sa seule certitude ? Quitter la Belgique,terrorisée par les islamistes. Sa décisionest prise. À sa sortie de l'hôpital, ilprépare sa valise et ira rejoindre sa filleen Israël...

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L’objectif principal des sionistes étaient de donner au peuple juif une sorte d’Etat ordinaire,banal,,à l’abri du ressentiment des autres nations.. le moins que l’on puisse dire est que c’est raté...

3Idées

Retour en force du«territorialisme juif»

Non le sionisme n’est pas seul...Chez les juifs européen dudébut du XXème siècle, la né-cessité d’échapper à l’antisé-mitisme allemand en Europe

Centrale, leur faisait souvent préférer la réa-lité d’un Etat bien à eux, immédiatement,et donc pas forcément en Palestine alors oc-cupée par l’Empire Ottoman dont seule ladéfaite de 1918 autorisa possible le rêved’Israël.

Plus réaliste, plus prosaïque, plus national,le sionisme territorialiste est un courant ini-tialement lié au sionisme mais qui envisa-geait la création d'un État juif en dehors dela Palestine. Son principal chef de file futl'écrivain britannique Israel Zangwill quiquitte l'Organisation sioniste mondiale etcrée l'« Organisation juive territorialiste »(OJT) en 1905.

L’option « territorialiste » est évidem-ment basée sur l’idée que les Juifs doiventavoir un « territoire » quelconque, sans queles frontières ou le lieu soient très impor-tants. C’est sa grande différence avec lafixation du sionisme sur Israël, même quandil fut manifeste que les Palestiniens ne par-tiraient pas et qu’ils s’accrocheraient...

Certes, depuis les débuts du sionisme(Moise Hess, le rav Kalisher, les Hoveveizion), la Palestine était au centre du projetd’un état juif. Mais, répétons-le, l’hypothèsepalestinienne avait une grosse faiblesse : laPalestine faisait partie de l'Empire ottoman,et celui-ci n’avait aucun intérêt à « donner »la Palestine aux juifs.

C’est sans doute la raison pour laquelle lelivre Auto-émancipation de Léo Pinsker (undes fondateurs du sionisme, au début des an-nées 1880) ne précisait pas l’emplacementde l’État juif souhaité. Les congrès sionistes(le premier se tient en 1897) n’avaient pasnon plus officiellement tranché cette ques-tion. Theodor Herzl lui-même, le premierdirigeant de l'Organisation sioniste mondialeétait assez souple sur le sujet. Les contactsentre Theodor Herzl puisque le sultann’avaient rien donné à espérer.

La grande personnalité du territorialismefut sans conteste Maurice Von Hirsch. Petit-fils d'un banquier juif bavarois anobli en1818 par le roi de Bavière, le jeune Mauricede Hirsch entre dans le monde des affairesdès l'âge de 17 ans en jouant son argent depoche à la Bourse des matières premières.

Il épouse en 1855 la fille du banquier Jo-nathan-Raphaël Bischoffsheim, Clara Bi-schoffsheim (1833-1899). À Bruxelles,Maurice de Hirsch est le cofondateur avec

son beau-frère Ferdinand Bischoffsheim, dela Banque Bischoffsheim de Hirsch, qui, ab-sorbée en 1870 par la Banque de crédit et dedépôt des Pays-Bas, donne naissance en1872, après fusion avec la Banque de Paris,à la Banque de Paris et des Pays-Bas. En1873, après le krach de la Bourse de Vienne,il investit avec succès en Autriche. En 1869,il obtient la concession de la Porte ottomanepour la construction du chemin de fer reliantIstanbul au reste de l'Europe. Il fonde alorsla Compagnie des Chemins de fer d'Orient.

Ses affaires troubles lui valent toutefoisl'inimitié de Bismarck, mais également celledes banquiers catholiques qui lui prêtent unrôle de première main dans le krach del'Union générale en 1882.

Compromis dans l'aventure boulangisteaux côtés des royalistes français qu’il sou-tient, il ne s'intéresse cependant guère à lapolitique mais se mobilise pour les Juifs deTurquie, finançant des écoles et des dispen-saires, puis surtout pour ceux de Russie,soumis depuis l'assassinat du tsar AlexandreII de Russie en 1881 à une vague de po-groms. Il consacre une partie de sa fortuneà organiser leur émigration vers l'Amérique,essentiellement l'Argentine, où il donne unesomme de 50 millions de francs. Le succèsn'est pas à la hauteur des espérances et l'en-treprise est combattue par Theodor Herzl,fondateur du sionisme. Les deux hommess'expliquent en tête à tête en 1895, un an

avant la mort de Hirsch mais la discussiontourne court. À la mort de Hirsch, la JewishColonization Association, créée en 1891,possédait en Argentine plus de 100 000 hec-tares, sur lesquels vivront un millier de fa-milles.

La mort de Hirsch en 1896 explique engrande partie l'échec de cette entreprise, quiaura tout de même permis l'installation de35 000 individus dans le pays. Il n'empêcheque Herzl mentionnera encore en 1897 dansson Judenstaat l'option argentine face à l'op-tion palestinienne comme des éventualitéscomparables... L’Argentine aura cependantcrédibilisé l’idée de l’établissement des Juifsen masse dans un pays « vierge », en dehorsde la Palestine.

En 1936, le gouvernement polonais in-dique qu'il souhaite le départ des Juifs dePologne. Le territorialisme est à nouveauune option... Les Britanniques n'étant pasdisposés à offrir suffisamment de visas pourles immigrants juifs en Palestine, les Polo-nais cherchent d'autres solutions, commeMadagascar. La France opposera elle aussiune fin de non recevoir...

Peu après la Nuit de cristal, le Secrétairede l'Intérieur américain Harold Ickes se pro-posa de faire de l'Alaska dépeuplé une terrede refuge pour les Juifs allemands soumisaux persécutions nazies. Ce fut, avant sonrenouveau contemporain, la dernière mani-festation du «territorialisme juif»...

Israël Zangwill Maurice Von Hirsch

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Deux oligarques juifs ukrainiens, défenseurs de l’option territorialiste juive mais en Europe, cher-chent à établir discrètement les conditions futures d’un Foyer national juif à Monaco...

Dans quelques années, ce ne seraplus qu’un secret de polichinelle,mais Arsenal est probablement lepremier média a révéler toute l’af-faire : les oligarques juifs ukrai-

niens qui animent et financent le Parlement juifeuropéen, Igor Kolomoïsky et Vadim Rabino-vich, ont repris à leur compte l’ancienne optionterritorialiste de Von Hirsch et Israel Zangwill .les deux associés cherchent à établir un nouveaufoyer national juif mais en Europe...

Et cet Etat, ils l’ont même trouvé : il s’agitde Monaco...

Même si peu de juifs (principalement desashkénazes de France) résidaient à Monacoavant la Seconde Guerre mondiale. Après laguerre, quelques retraités pratiquant le ju-daïsme se sont installés, provenant principale-ment de France ou du Royaume-Uni, maiségalement d’Afrique du Nord et de Turquie. Lacommunauté juive de Monaco a été fondée en1948 avec l’Association Cultuelle Israélite deMonaco (ACIM) et la population juive est es-timée à 5,7 %.

Aujourd’hui, l'Association Culturelle Israé-lite de Monaco, créé en 1948, est reconnuecomme l'organisme officiel représentant les2.000 juifs de la principauté (sur 35.000 rési-dents). La communauté entretient une syna-gogue dans une maison convertie à cette fin.Un rabbin de la communauté est employé quisupervise aussi de Monte-Carlo un magasind'alimentation casher, et enseigne à l'école hé-braïque de la communauté.

A Monaco, B'nai B'rith, la WIZO, et plu-sieurs autres organismes sont actifs.

A Monaco, les juifs bénéficient d’une grandeconsidération. La famille princièrecomporte même désormais unebranche juive depuis la naissance deRaphael Casiraghi, fils la princesseCharlotte, nièce du prince souverain,et du performer Gad El Maleh.

Sous l’occupation, le gouverne-ment de Monaco avait protégé descitoyens juifs en falsifiant des docu-ments qui auraient révélé leur iden-tité juive. Dans l'après-guerre, lesfamilles juives sont venus s'installerà Monte-Carlo comme retraités pro-venant de France et du Royaume-Uni. Plus tard, au début des années1960, des juifs pieds-noirs ont re-joint la communauté.

C’est dans ces conditions extrêmement favo-rables que les oligarques juifs tenants de la doc-trine «territorialiste» hostile au sionisme ontdécidé de négliger les avances de Poutine lesengageant à étoffer la petite région autonomedu Birobidjan, en Sibérie orientale.

Un temps intéressés par la Bucovine, seulmorceau d’Europe où les juifs et leur langue fu-rent jamais majoritaires (avant la guerre de1914), les oligarques ont semble-t-il renoncé enraison de la forte population ukrainienne quihabite désormais l’Oblast de Czernovitz où ilne reste malheureusement que 3.000 juifs aprèsque l’holocauste ait fait disparaître 99% de lacommunauté Yiddish qui habitait la régionavant la seconde guerre mondiale.

déjà 6% de lA populAtion à monAco...Dans le grand Monaco, en revanche, la com-

munauté compte aujourd’hui 6.500 juifs, soitprès de 5%... (2000 à Monaco où ils représen-tent 5,9% de la population, et 3500 répartis ac-tuellement entre Menton, Roquebrune,Beausoleil et Cap d’Ail..). 

Ajoutons également que près de 10.000 juifsauraient déjà une résidence secondaire dans leslimites historiques du Grand Monaco...

Cette implantation en douceur bénéficieraitévidemment de l’attrait connu des juifs pour laRiviéra française ainsi que pour le positionne-ment de la principauté et de son «Grand Mo-naco» au bord de la Méditerranée, ce qui donneun accès maritime direct vers Israël en cas dedéfaite militaire des Israëliens.

D’après nos informations, les premières dé-marches discrètes et les premières approchesauprès du gouvernement français ont déjà euelieu.

Gérard parmentier

Des oligarques juifs veulent s’implanterdans un big Monaco

Les oligarques juifsukrainiens qui financent

le Parlement Juif euro-péen n’ont rien contre le

prince Albert II de Mo-naco, bien au contraire !

Ils lui ont proposé del’aider pour obtenir de la

France, sinon l’achat(puisque c’est impossible)mais la location des terri-

toires monégasques an-nexés par la France en

1861.

En rendant ainsi l’Etatmonégasque à ses fron-

tières historiques, le projetconsisterait à regrouper à

Monaco la plus grossepartie des juifs européens,sachant que beaucoup hé-

sitent à rejoindre Israëlpour de compréhensibles

raisons de sécurité...

Naturellement, les oli-garques juifs conserve-

raient la dynastiemonégasque (où il y a

déjà une branche juive de-puis le mariage de la prin-cesse Charlotte avec l’isra

ëlite Gad el Maleh). En effet, les juifs instal-lés à Monaco se satisfe-

raient du poste depremier-ministre que leur

donnerait automatique-ment leur nombre.

Pour les oligarquesukrainiens qui animent

toute l’opération, Monacoprésente l’avantage d’unhaut niveau de vie, d’unereconnaissance interna-

tionale déjà établie, etd’une quasi absence demusulmans, contraire-

ment à Israël où ceux-cisont déjà 22% de la popu-

lation de l’Etat sioniste.

France

Le prince souverain AlbertII et les représentants de lacommunauté juive

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Dans un grand Monaco urbanisé aujourd’hui pour accueillir un maximum de 600.000 habitants, onpourrait déjà faire tenir la presque totalité de la communauté juive française visée par le terrorisme...

France

Des oligarques juifs veulent s’implanterdans un big Monaco Acquise en 1346 par Charles Gri-

maldi de Monaco, Menton restasous la suzeraineté des princes

monégasques pendant cinq siècles,jusqu’en 1848, époque où elle se pro-clama Ville Libre avec sa voisine Roque-brune, en se plaçant sous la protection duroi de Sardaigne. Menton n’a jamais faitpartie du comté de Nice historique.

La principauté de Monaco fut recons-tituée en 1814, mais passa en 1815 sousle protectorat des rois de Sardaigne et lesprinces durent rendre l’hommage féodalpour Menton à ces rois.

En 1848, Menton (tout comme Roque-brune) fit «sécession» de la principautéde Monaco avec sa voisine. Il est vraique le prince Florestan Ier de Monacos’obstinait alors à percevoir une taxe surl'exportation des citrons, principale res-source de la ville.

En 1861, à la faveur d’un plébisciteclairement pilotée par les Français et parla Maison de Savoie, Menton se pro-nonça massivement en faveur du ratta-chement à la France. Aussi, Napoléon IIIpaya un dédommagement d’un montantde 4 millions de francs au prince CharlesIII de Monaco pour le préjudice territo-rial causé à la principauté...

Le Grand Monaco «irrédent» couvre envi-ron cent kilomètres carrés, il est aujourd’huipeuplé de 130.000 habitants, l’hiver. 

L’été, on mesure un taux d’occupation quipeut aller jusqu’à 600.000 personnes.

Sa densité de population est actuellement de1.400 habitants au kilomètres carré.

Cependant, comme la limite de densité dansune région «alpo-maritime» ne peut certaine-ment dépasser 17.000 habitants au kilomètrecarré -saturation déjà atteinte par la princi-pauté actuelle sur son «rocher»-, il est doncpossible, dans l’absolu, de faire vivre 1,7 mil-lion de personnes sur le «grand-Monaco»dans des conditions similaires à celles quisont celles du petit Monaco actuel.

Monaco-Ville

Le grandMonaco

en chiffres

Roquebrune

Menton

La Turbie

Principauté de Monaco-MentonDans ses limites historiques

Lancés à la recherche d’un Etat européen pouvant volontairement abriter une majorité de juifs sur un territoire riche, à l’abri de frontières sûres, et bénéfi-ciant d’une présence musulmane insignifiante, IgorKolomoïsky et Vadim Rabinovich ont jeté leur dévolusur la principauté de Monaco à laquelle il ne manqueque de pouvoir louer à la France les territoires an-nexés en 1861 -à la faveur d’un plebiscite truqué- et qui vivent déjà dans son orbite économique..

Igor Kolomoïskydont la fortune estestimée à 3 milliardsde Dollars.

Vadim Rabinovich

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Il y a aujourd’hui en-core 540.000 juifs enFrance. II y en a 30.000en Belgique, là où leursécurité n’est manifes-

tement plus assurée devantle terrorisme musulman an-tisioniste.

Si, au lieu d’émigrer enmasse vers Israël et l’Amé-rique du Nord, ces quelques570.000 Juifs francophonesrejoignaient finalement leterritoire «grand moné-gasque» pour s’y mettre àl’abri du terrorisme aveuglequi les touche en priorité, ilsconstitueraient de fait unemajorité de 80% dans lunezone que l’on devrait alorsregarder comme un Etat ter-ritorialiste juif...

Le scénario territorialisteimaginé par Igor Kolomoïskyet Vadim Rabinovich est d’au-tant plus plausible que laconurbation Monaco-Men-ton n’est pas loin de pouvoirétendre immédiatement sacapacité de logement à

700.00 habitants, grâce à sesinfrastructure touristiques(hôtels, locations saison-nières..)

Ainsi, dans le pays réputéle plus sûr du monde, dansle pays le plus filmé dans sesrues, dans le pays qui abriteun réseau bancaire flam-boyant, dans le pays qui dis-pose de toutes les boutiquesde luxe nécessaires, les juifsfrancophones persécutés parle «nazislamisme» trouve-raient à Monaco un refugeidéal, non dépaysant, etmême reposant puisque lesJuifs, à Monaco, disposeraitévidemment du poids dunombre et pourraient ainsiconduire la poursuite deleurs intérêts nationaux àleur guise, sous un vrai dra-peau, sous une véritablesouveraineté....

Ce serait même l’honneurde la République Françaisequi ne peut plus les protégerque de céder à la demande

de location imaginée par lesdeux oligarques Igor Kolo-moïsky et Vadim Rabinovich,eux-mêmes en délicatesse enUkraine où les persécutions àleur endroit se son traduites ré-cemment par la démission for-cée de Kolomoïsky de ladirection de l’oblast (région)de Dniépropétrovsk.

Pour tous les juifs franco-phones qui ne veulent pas quit-ter la France mais, dans lemême temps ne supportentplus l’antisémitisme ambiantqui se déchaine contre eux, lasolution de repli dans le GrandMonaco serait évidemment lemeilleur compromis...

D’ailleurs dans une propor-tion moindre, certes, le replijuif à Monaco fut déjà pratiquéune fois, en 1940, lorsque denombreux israélites de Francecherchèrent refuge à Monaco.

lA frAnce leur doit biencelA..

Si la France n’en est qu’audébut de sa guerre intérieureavec ses masses musulmanes ,le repli juif sous la protectionmonégasque sera peut-êtremême bientôt la seule solution. 

Et si La France, pour accom-pagner ce repli, devait céderMenton et Roquebrune en lo-cation à Monaco -qui a déjàétendu son influence écono-mique sur les deux villes enquestion-, ce ne serait que jus-tice et élégance minimale au-près d’une communauté juiveque la République, depuis lacrise algérienne, ne cesse d’ex-poser à la guerre aveugle deses musulmans..

Gaétan pomarede

Monaco zone de sécuritépour les juifs français ?

Dans un contexte de nazislamisme, et de déchainement de l’antisémitisme des banlieues musul-manes, il faudra bien que la France offre à sa minorité juive menacée un abri enfin sécurisé....

le Gouvernement espAGnol veut supprimer lAsieste

C'est le premier ministre espagnol qui l'a annoncé.L'Espagne devrait caler ses horaires de travail surcelles de ses partenaires européens. A l'heure ac-tuelle, les Espagnols font de longues pauses à midi,et reprennent le travail jusque tard dans la soirée.Cela serait à l'origine d'une faible productivité etcompliquerait le travail avec les partenaires étran-gers. Le gouvernement souhaiterait donc en finiravec la tradition espagnole de la sieste après le repaset se caler sur les horaires en vigueur dans le restede l'Union européenne. Au programme également,la fin de l'heure "Franco" basée sur l'heure alle-mande, et le passage au fuseau horaire britannique.

Ou comment la diversité culturelle européenne estsacrifiée sur l'autel de la productivité.

on A retrouvé l’homme Au chApeAu..Après l'arrestation de Mohamed Abrini et de cinqautres personnes, impliquées dans les attentats du 22mars à Bruxelles, et suite à l'inculpation de quatred'entre elles, Mohamed Abrini est passé aux aveuxet a reconnu être le fameux homme au chapeau dela photo qui a fait le tour du monde, aux côtés desdeux autres terroristes. Abrini serait également im-pliqué dans les attentats de Paris. La coopérationfranco-belge islamiste n'a jamais aussi bien fonc-tionné.

bernie sAnders pour l’honneurLe Sénateur du Vermont et candidat à l'investiture

démocrate à la présidentielle américaine Bernie San-ders a remporté le caucus du Wyoming. Le Wyomingest l'Etat qui livre le moins de délégués aux USA.Cette victoire permet au sénateur sympa de réduireà la marge l'écart avec sa rivale Hilary Clinton.

en islAnde çA déménAGeAprès des manifestations massives (rapportées à

la population totale du pays) dans la capitale Rey-kavik, les Islandais ont obtenu la démission de leurpremier ministre, candidat anti-corruption, mais quiavait été sali dans l'affaire des Panama papers, pourla création d'une société offshore. Le nouveau pre-mier ministre néanmoins ne suscite pas l'adhésionnon plus. Lui aussi serait concerné par une affaired'optimisation fiscale. Une nouvelle manifestationa ainsi eu lieu samedi dernier, réclamant des élec-tions législatives anticipées, dans le but de mettrefin à la classe politique corrompue... ce n'est pas lapremière fois que les Islandais envoient à la poubelleleurs citoyens-politiciens et le système bancaire...Apparemment toujours plus de démocratie, toujoursplus de transparence ne suffit pas pour éviter les pro-blèmes... mais l’Islande démontre en tout cas quedans les petites communautés politiques, lorsque lecontrôle physique des élus est possible, le reverse-ment du gouvernement est plus facile

France

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60 milliards d’euros... C’est ce que les oligarques juifs seraient près à récolterpour décider le prochain président français en s’appuyant sur l’opinion publiqueallèchée par la perspective d’un chèque de 1000 euros à chaque français...

7France

c’est un fonctionnaire monégasque quiveut rester anonyme. c’est lui qui nous acontacté pour nous informer de toutel’affaire des oligarques juifs à monaco...

selon lui, il risque beaucoup... mais il s’enfiche, dit-il... il dit aussi savoir que legouvernement monégasque l’identifiera àcoup sûr mais il veut juste pouvoir nier.Alors il nous a fait parvenir cette photomasquée dont nous ne sommes même pascertains qu’elle est authentique où quandelle a été prise (Apparemment en Asie).

en revanche, celui qui se veut «lanceurd’alerte» semble bien connaître l’intérieurde l’adminsitraton monégasque comme nousl’avons testé lors d’un long entretientéléphonique dont cette interview est unrésumé ne portant que sur l’affaire desoligarques. sommes-nous manipulés par lesoligarques eux-mêmes, parce qu’ils seraientsoucieux de «tester» leur doctrine ? ouimais alors pourquoi notre jeune revue ?  peuimporte... il se passe enfin quelque chose àmonaco... ce fonctionnaire interviewé, nousl’appelerons ici «incognito».

Arsenal : pour quelles raisons nousfaites-vous part de cette «affaire» ?...

incognito : Attention ! Je ne suis pasantisémite.. Ni même «nationalistemonégasque»... Cela n’aurait pas de sens..Il n’y a plus de «peuple monégasque» àproprement parler, sinon pour quelquescentaines de familles habitant sur le rocherdans une ambiance de village gênois... Mamotivation est purement écologique car ceplan dont je ne veux contester aucunaspect politique, correspondra à unedestruction écologique définitive de laRiviéra française et même au-delà,puisque le plan de Kolomoïsky et Rabino-vich suppose à terme la multiplication dela population de la Riviéra par six... Ce quisaturerait évidemment l’équilibre écolo-gique précaire de ce qui reste après le bé-tonnage massif du littoral...

Arsenal : selon vous, depuis quanddate cette affaire ?

incognito : Là c’est intéressant, car celaremonte au déjeuner qui fut organisél’année dernière au Palais princier lors dela commémoration de l’arrestation d’unequarantaine de juifs le 27 août 1942..

Arsenal : le prince Albert est-ilconcerné ?...

incognito : Oui bien sûr... Il faut savoirque la récupération de Menton etRoquebrune est un sujet dont on parlesouvent au palais, la plupart du temps enmanière de plaisanterie ; mais ce qui estégalement quotidien c’est que chaque fois

que nous avons à régler un problème, notreprincipal écueil c’est l’exiguïté duterritoire monégasque... Regardez le golfou le tennis club, ils sont côté français..Même le prince réside à Roc Agel côtéfrançais... Et je peux vous dire que chaquefois qu’il passe devant le palais Carnolès,demeure princière des Grimaldi à Menton,il a un pincement au coeur !L’irrédentismemonégasque à propos de Menton s’esttransmis à chaque génération chez lesprinces... Quant à l’imbrication de lacommune française de Beausoleil dans laprincipauté elle constitue également unproblème sécuritaire lancinant..

Arsenal : c’est donc un projetprincier, selon vous...

incognito : L’agrandissement duterritoire est une obsession de notre dynastiequi, après Fonvielle, ne peut plus construiresur la mer. De ce côté, c’est bloqué... Et puisAlbert est fasciné par l’idée de donnerrefuge à tous les juifs menacés de France...

Arsenal : l’annexion sur la france, dementon, roquebrune et beausoleil, celasemble un peu gros..

incognito : Il ne s’agit pas d’uneannexion, évidemment, mais d’unelocation pour 99 ans, comme les Anglaisavaient obtenu de la vieille Chine à HongKong... De toute façon l’achat estimpossible car la Constitution françaisede1958 stipule bien qu’aucune partie duterritoire français n’est cessible..

Arsenal : et puis la population dementon ou roquebrune ne serait pasforcément d’accord.....

incognito : Détrompez vous, il existe àMenton un parti politique intitulé «Mentond’Abord» qui est favorable aurattachement à Monaco, ils sont trèsorganisés avec un grand local, rue Boyer,je crois... Et puis tous ceux qui voudraientrester français, resteraient français, il mesemble... Dans la situation économiqueactuelle, quel Français de la Riviéra nerêverait pas de devenir monégasque ?

Arsenal : le projet en est où ?incognito : Tout est suspendu à la

réponse de la France... Immédiatementaprès les présidentielles, Kolomoïsky etRabinovich -qui ne sont pas seuls et quipeuvent compter sur une forte diasporajuive russe depuis Nice jusqu’à Menton-ont prévu de faire une offre au nouveauprésident, le genre d’offre qui ne se refusepas... Il est question de récolter 60 mil-liards d’euros, ce sont des banques juivesqui se porteraient garantes... Avec 60 mil-liards d’euros, un gouvernement françaisquel qu’il soit peut se lancer dans des plansde grande ampleur, ou lâcher un chèque de1000 euros à chaque Français... De toutefaçon, le grand Monaco aurait un budgetannuel de 3 milliards d’euros, 12 milliardsavec les juifs qui s’installeraient... Enconsacrant un quart de ce budget au rem-boursement de l’opération, c’est épongéavec les intérêts en 25 ans ! C’est cela leprojet. D’après eux, Israël soutient à fond.Cela lui ferait une base de repli au cas oùcela tournait mal en Palestine... Et puisvous ne savez pas comme les oligarquesjuifs de l’ex URSS fantasment sur Mo-naco... ils s’y sentent totalement chez eux,en fait. C’est pas la Sibérie, ici !

Dans le projetdes Oligarques,

470.000 juifs fran-çais et belges,

soit 90% de cescommunautés,

seraient installésà Monaco avec

300.000 juifsrusso-ukrainiens

à très haut pouvoir d’achat...

Après cela leschrétiens locauxreprésenteraient

encore 15% de lapopulation...

Entretien avec un lanceur d’alerte monégasque

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Belgique expériencede blocus général

Europe

Mercredi dernier, un routierfrançais, pressé dereprendre son travail, brisale blocus des routiersbelges, manifestant contre

une nouvelle loi concernant le péage descamions en Belgique et qui durait déjàdepuis le vendredi précédent. En raison dela violence de la manoeuvre du routierfrançais et des réactions des routiersmanifestants belges, la police belge en pritprétexte pour démanteler tous les points deblocus mis en place par les grévistes.

Le prétexte tombait à point nommé, carla grève des camioneurs commençaitsérieusement à inquiéter le pouvoir belge.Et à juste raison ! En effet, déjà, les grandessurfaces commençaient à sentir desdifficultés à assurer leurapprovisionnement, et ce après seulementquelques jours de grève. De même, lesstations essence du royaumecommençaient-elles aussi à rencontrer desproblèmes de réserves de carburant. LaBelgique n'est pas passée loin de l'asphyxie.

En bloquant les points névralgiques desroutes et autoroutes, les routiers ont frappéjuste. Comme jadis la « révolution »chilienne, entamée grâce au blocus desroutes du pays par les routiers payés par lesopposants au régime d'Allende, lescamioneurs belges ont durant une semainetenu le pays en haleine, l'ont pour ainsi diretenu dans leurs mains.

La grève tournante des routiers permit dedonner du fil à retordre aux forces de l'ordrepour contrôler le mouvement, qui resta – ilfaut bien le dire – jusqu'à l'intervention demercredi, totalement hors de contrôle de laforce publique. Ainsi, par exemple, lafermeture de l'A 27, axe majeur pour letransport de marchandises mais aussi pourle passage des citoyens lambda, causad'importants dégâts économiques etemmerda sacrément les automobilistes, etpartant le pouvoir en place.

Non content de bloquer le pays, la grèveeut également des répercussions auxfrontières de la Belgique. Ainsi, les accèsaller et retour de Belgique depuisl'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourget la France (depuis la Champagne et depuisle Nord) sema un beau bazar routier enplein coeur de l'Europe. Deux desprincipaux centres de l'Union européenne,Bruxelles (à peine remis des attentats deux

semaines plus tôt) et Luxembourg ont ainsivécu durant une courte semaine au ralenti.Et la grève des routiers dura à peine cinqjours !!!

Imaginer ce qu'aurait été une grève pluslongue, c'est se mettre à rêver, tant lespossibilités de déstablisation d'un pays parun blocus autoroutier sont grandioses.Pratiquement tous les approvisionnementsd'un pays se font par la route (le fret ne faitque transporter d'une gare à l'autre dans laplupart des cas ; des camions demeurentnécessaires pour acheminer lesmarchandises, et le train demeure peuutilisé pour les biens périssables) :nourriture, gaz, carburant, bois, produitsagricoles, etc sont transportés par les poids-lourds.

La facilité d'une telle opération estd'autant plus palpable dans un paysrelativement petit comme la Belgique. Ausoir du premier jour, l'on rigole ou l'on seplaint si l'on a été dans les bouchons soi-même, au soir du quatrième jour, l'oncommence à s'inquiéter, au bout d'unesemaine, on fait des stocks de frites, debières et de clopes.

À partir de deux semaines de blocage, lepays commence à s’asphyxier, et au fur età mesure de l'avancée des difficultésd'approvisionnement, le gouvernement sentsa position faiblir et n'a plus qu'une solutionpour éviter le chaos et la révolutionsubséquente : donner raison aux grévistes,en l'occurrence abandonner la taxe sur lespoids-lourds. Ou bien, le gouvernement ne

cède pas, et là...l'abcès crève, et le doux jeude la révolution peut débuter.

Pour l'heure, la grève belge a pris fin. Lataxe poids-lourds tant contestée demeurecependant. Si des ajustements sont dans lesbacs, il n'est pas certain que ceux-cisuffiront pour apaiser la colère des routiersbelges, qui n'ont par ailleurs pas du toutapprécié la manière dont les points deblocage autoroutiers ont été démantelésmercredi dernier. L'avenir dira si les routiersbelges sauront reprendre ce qu'ils ontcommencé. Le gouvernement risque fort dene pas reprendre le risque d'un blocagegénéralisé et ne laissera probablement pasde nouveaux blocages se mettre en place.

À tout le moins, les camioneurs belgesauront rappelé à tous les amateurs du coupde force, que le blocus de quelques pointsroutiers et autoroutiers névralgiques peutfaire vaciller le pouvoir. Considérable.

vincent lefebvre

Pour tous les amateurs de coup de force, les événements de la semaine en Belgique ont démontréque que la paralysie du territoire par les camioneurs restent un grand classique...

La récente grève des routiers belge rappelletrait pour trait l'exemple du Chili, qui en 1973vécut un coup d'état, qui eut pour point de dé-part une grève massive de la confédérationchilienne des transports. Le syndicat se mo-bilisa pour protester contre l'inflation galo-pante qui sévissait au Chili depuis la haussedu salaire minimum de 40% décidée par lenouveau gouvernement de Salvador Allende.Déjà en août 1972, plus de 150 000 de petitscommerçants avaient manifesté dans les ruesde la capitale Santiago contre l'inflation. Etdès le mois d'octobre, 1972 la confédérationchilienne des transports, regroupant notam-ment les routiers, avaient entamé un blocusdes routes du pays.

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Une discrète initiatibve référendaire lancée par des citoyens néerlandais vient démentir la signatureunanime des 27 états qui eurent la sagese de ne pas recourir à la démocratie..

Europe

Après le « Non » clairement ex-primé dans les urnes néerlan-daises mercredi dernier contrel'accord entre l'Union euro-péenne et l'Ukraine, des euro-

sceptiques locaux tels que Geert Wilders yont vu une nouvelle opportunité politique.Le gouvernement de son côté ne veut dés-ormais plus « simplement ratifier » l'accord,après son échec au referundum.

Le « Non » exprimé par les Néerlandaisrisque fort de ne pas rester sans consé-quences : le gouvernement ne souhaite plusratifier l'accord tel quel, comme l'a annoncéle Premier ministre hollandais Mark Rutte.En effet, bien que la participation n'ait pasété élevée (environ un tiers des électeurs sesont rendus aux urnes), aller à l'encontred'une décision populaire serait un pari risquépour le gouvernement, à un an des pro-chaines élections législatives. En outre, im-poser un accord européen contre l'avis dupeuple renforcerait le sentiment de déficitdémocratique de l'Union européenne, et cedans un pays qui en 2005 avait – comme laFrance – rejeté par referundum le projet deTraité constitutionnel européen.

Lors du referundum de mercredi dernier,61,1% des électeurs qui se sont exprimésont voté contre l'accord de coopération entrel'Union européenne et l'Ukraine, et 38,1%ont voté pour. La participation s'élevait à32,2%. Ainsi le minimum légal pour la va-lidité d'une consultation populaire aux Pays-Bas, fixé à 30% a été atteint. Le referundumest donc valide. La consultation n'était ce-pendant que consultative et le résultat n'estdonc pas formellement contraignant pour lepouvoir néerlandais. Tous les hommes po-litiques d'importance du pays ont néan-moins considéré qu'il fallait respecter lavolonté populaire.

Les vingt-sept autres Etats membres del'Union européenne ont déjà ratifié l'accordde coopération avec l'Ukraine depuis long-temps. Le Premier ministre néerlandais seretrouve désormais dans une situation diffi-cile face à Bruxelles. Il devra expliquer à laCommission européenne et aux vingt-septautres Etats membres, comment le proces-sus de ratification est maintenant censé évo-luer. Mark Rutte proposera certainementune renégociation du traité bilatéral. Cetteproposition – la seule possible du point devue néerlandais – risque fort d'être mal ac-cueillie par les chefs d'Etat et de gouverne-ment européens, qui ont déjà fait ratifierl'accord dans leurs pays respectifs. Une mo-dification du traité impliquerait de recom-mencer le processus de ratification dans lesvingt-huit Etats membres...

Le Président ukrainien Petro Poro-schenko, s'est lui permis des mots très dursà l'encontre du peuple néerlandais. Alorsqu'il était en visite d'Etat au Japon, Poro-schenko a déclaré que le vote n'avait pas étédirigé contre l'accord de coopération entrel'Ukraine et l'Union européenne mais étaitune attaque contre l'Europe. Le Présidentukrainien a également rappelé le caractèreconsultatif du referundum et a insisté sur lefait que le processus de rapprochement entreKiev et Bruxelles continuerait sur sa lancéemalgré tout.

Aux Pays-Bas le résultat du referundumde mercredi est vu comme une victoire nettedes eurosceptiques. Le populiste Geert Wil-ders – qui n'appartient par ailleurs pas auxinitiateurs de l'initiative citoyenne à l'originedu referundum – s'est réjoui sur Twitter enécrivant : « C'est le début de la fin de l'UE.C'est un coup porté à l'élite de l'Union eu-ropéenne ». Plus à l'est, à Moscou, le résultatdu referundum a également été source de ré-jouissances. La Russie, en effet, avait vive-ment critiqué l'accord de coopérationUE/Ukraine.

De l'accord de coopération devait décou-ler une collaboration politique, économiqueet militaire accrue entre Kiev et les vingt-huit Etats membres de l'UE.

Les opposants à cet accord ont donné parleur victoire un signe fort. Ils s'opposent àla dite élite de l'Union européenne, qui pré-tend défendre la démocratie, mais qui estsystématiquement rejetée lorsque les gou-vernants soumettent une question euro-péenne à referundum.

Aux Pays-Bas, la cartouche suivante seprépare. Sur le même modèle du referun-dum de mercredi, une nouvelle propositiond'initiative populaire se prépare sur la sortiede l'euro. Pour organiser une telle consulta-tion, les initiateurs du projet doivent réunir300 000 signatures dans un délai de six se-maines.

Une sortie des Pays-Bas de l'Union euro-péenne (« Nexit » : Netherlands – exit)pourrait elle aussi devenir le sujet d'un futurreferundum. Les Néerlandais prendraientainsi exemple sur le Royaume-Uni dont lereferundum sur le Brexit se fait de plus enplus proche. En cas de victoire du clan de lasortie de la Grande-Bretagne, les Pays-Baspourraient rapidement suivre le modèleanglo-saxon.

Il y a dix ans les Néerlandais enterraientle traité constitutionnel européen qui venaitd'être tué par le vote des Français. Demain,ils pourraient donner le coup de grâce à uneUnion européenne, qui aurait été déstabili-sée par la sortie du Royaume-Uni.

Alors que la déstabilisation de l'UE parles crises grecque et espagnole s'est soldéepar un échec : Alexis Tsipras a ainsi renié lereferundum anti-UE qu'il avait pourtant lui-même organisé ; l'Union bruxelloise pour-rait bien éclater « par le haut ». Les paysriches (Royaume-Uni, Pays-Bas) pourraientbien faire imploser la structure technocra-tique, sur fond de libéral-populisme et decrise des migrants.

vincent lefebvre

Encore les Hollandais !

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Le conflit entre l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh, considéré comme gelé depuis la si-

gnature d’un cessez-le-feu en 1994, s’estdangereusement réchauffé dans la nuit de

vendredi à samedi, quand des combats d’unerare intensité ont éclaté entre les forces ar-

mées arméniennes et azerbaïdjanaises. Selonles Arméniens, l’Azerbaïdjan a lancé ven-

dredi soir une attaque massive à la frontièredu Haut-Karabakh avec chars, artillerie et

hélicoptères. Les forces karabakhties ont an-noncé avoir abattu deux hélicoptères et un

drone, détruit trois tanks, et infligé des pertesimportantes à l’ennemi.

Bakou a immédiatement démenti être àl’origine de l’offensive, assurant que ses

forces n’avaient fait que riposter à une at-taque d’artillerie et de gros calibres de l’Ar-ménie. Officiellement, 35 soldats arméniensont été blessés et 18 tués, contre 12 tués côté

azerbaïdjanais. Et de part et d’autre, des vic-times civiles, dont des enfants. «Ce n’est plus

vraiment la guerre, mais ce n’est pas la paixnon plus», soupire Stella Balaïan, une petite

femme de 60 ans qui a perdu son fils aîné, tuépar un sniper sur la frontière entre le Haut-

Karabakh et l’Azerbaïdjan en mai 2014. C’estla phrase que l’on pouvait entendre le plus

souvent dans le coin, jusqu’à vendredi.

Alors que les combats se sont poursuivistout le week-end dernier malgré un «cessez-

le-feu unilatéral» annoncé par Bakou di-manche et démenti par Erevan, on parle à

Stepanakert «d’intenses combats». Mais tou-jours pas de «guerre». Le Haut-Karabakh,

une région montagneuse, a proclamé son in-dépendance en 1991, en s’arrachant à l’Azer-baïdjan, au prix d’une guerre sanglante qui a

fait près de 30 000 morts et chassé de chez euxdes centaines de milliers de réfugiés, surtout

des Azéris. Le cessez-le-feu de 1994, encore envigueur aujourd’hui, n’a pas résolu le conflit

entre Bakou et Erevan qui ne parviennent pasà se mettre d’accord sur le statut de la région.

D’autant plus que les Arméniens du Kara-bakh, au moment de leur victoire, ont occupé

cinq provinces limitrophes, en créant unezone tampon qui relie le Karabakh à l’Armé-

nie, privant ainsi l’Azerbaïdjan de 20% deson territoire d’avant-guerre.

Alors que depuis vingt ans les Russses contrôlent les deux pays en guerre dans le haut Karabagh,l’Otan vient de s’immiscer dans ce jeu subtil. Conséquence, l’Azerbaïdajn vient d’attaquer !.

Dans la partie d’échecque livre l’OTAN à laRussie aux marges del’ancien empire decelle-ci, le sort des po-

pulations civiles n’a pas beaucoupd’importance... et les proximité d ci-vilisations non plus...

C’est ainsi que dans le Cuacase,l’OTAN  vient de renverser ouverte-ment ses alliances en autoriant lesAzéris, qui réarmaient impunémentdepuis six ans, de passer à l’offen-sive sans encourr d’autres menacsqu’un «processus de conciliation».

Selon le site de l’OTAN en date du10 mars 2016 l’Arménie en seraitune base par la mise en place de par-tenariats. L’OTAN aurait, donc,tenté de soutenir l’Arménie dans savolonté de garder pour elle le Haut-Karabagh et pour infiltrer les lignesde la diplomatie russe ? L’OTAN a,en tout cas, la volonté d’ouvrir unnouveau front contre la Russie carselon l’article de Azernews en dateaussi du 10 mars 2016, comme celuidu site de l’OTAN, nous voyonsclairement les tentatives de l’OTANd’obtenir des accords avec l’Armé-nie et l’Azerbaïdjan pour encerclerla Russie. L’Azerbaïdjan, qui tentedepuis plusieurs années de prendreses distances avec la Russie, auraitfinalement accepté de devenir labase de l’OTAN contre l’Arméniedepuis le 10 mars 2016. L’Azerbaïd-jan, comme alliée à la Turquie no-tamment sur la question du génocidearménien et donc comme partenairede l’OTAN, attaquerait l’Arméniepour blesser un allié à la Russie quiaurait refusé de soutenir à 100%l’OTAN ?

Quoi qu’il en soit la guerre entrel’OTAN et la Russie reprend auHaut-Karabagh pendant quel’OTAN menace la Russie enUkraine et dans les pays baltes. De-puis 2014 de forts mouvements detroupes de l’OTAN sont observés enEurope centrale. Des convois mili-taires de l’OTAN sont vus par leshabitants en Allemagne, en Lettonie,en Estonie, en Pologne, la nuit. En2017 l’OTAN doit consolider sestroupes dans les pays de l’Union eu-ropéenne frontaliers avec la Russie.Avec les nouveaux combats dans leHaut-Karabagh la menace d’une

Troisième guerre mondiale se faitplus proche et les plans de l’OTANpour encercler la Russie se confir-ment. Le président russe, commetoujours, appelle à l’arrêt des com-bats !

l’otAn en médiAtriceLa Russie, qui fait partie, avec la

France et l’Allemagne, du groupe deMinsk de l’Organisation pour la sé-curité et la coopération en Europe(OSCE) en charge du dossier pour larésolution du conflit du Haut-Kara-bakh, a ses intérêts propres dans larégion. L’Arménie et, partant, sonpupille le Haut-Karabakh, en sonttrès dépendants, aussi bien sur leplan économique que militaire.Après avoir flirté avec l’Union eu-ropéenne pour un accord de libre-échange, Erevan choisit finalementde rejoindre l’Union douanière eura-siatique dominée par la Russie, auxcôtés de la Biélorussie et du Ka-zakhstan. Moscou est également leprincipal fournisseur en armes aussibien de l’Azerbaïdjan que de l’Ar-ménie, qui accueille sur son terri-toire des bases militaires russes.Pour certains observateurs, le statuquo du Karabakh est garanti engrande partie par le Kremlin.

Face à la Russie, la Turquie jouele «pan-ouranisme», la solidarité to-tale avec les Azéris. En effet, Le pré-sident turc, Recep Tayyip Erdogan,vient récemment d’exprimer dans undiscours à l’académie militaireturque l’espace que son gouverne-ment considérait comme devantconstituer sa zone d’influence di-recte :

«Nous n’avons pas le droit d’êtreindifférents aux géographies aveclesquelles nous avons des liens af-fectifs. Par exemple, nous ne pou-vons pas détourner le regard desBalkans, du Moyen-Orient, del’Afrique du Nord et du Caucase.Nous ne pouvons pas négliger nosfrères et sœurs d’Asie Centrale, quiest notre patrie, tout commed’Afrique et d’Asie du Sud-Est, dontles cœurs battent avec les nôtres.Nous, ensemble, devrions être à lahauteur de cette responsabilité, quel’histoire nous confie.”

(Suite page suivante)

Asie10

L’OTAN passe à l’offensive dans le Caucase

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Dans leur stratégie de «containement» de la Russie, les Occidentaux ont décidé de donner quartierlibre aux Azeris... Pourvu qu’un chaos salvateur s’installe au Caucase et mette la Russie en difficulté.

Asie 11

L’OTAN passe à l’offensive dans le Caucase

Cette déclaration, adressée à l’arméeturque, signifie que l’approche militaireest désormais privilégiée par Ankara pourremplir ce que Recep Tayyip Erdoganqualifie de “mission historique”.

L’activisme turc agit dans toutes les di-rections, sur différents plans. Ankara aainsi noué un partenariat sécuritaire avecKiev, tourné contre la Russie. Dans lemême temps, la Turquie tente de se fairele porte-parole des Tatars de Crimée afind’en faire un levier contre la présencerusse.

En Roumanie, jadis occupée les Turcs,le gouvernement islamiste ente de faireconstruire une gigantesque mosquée dansla capitale, Bucarest. Il s’agit, ni plus ni

moins, que de revendiquer formellementla suzeraineté sur ce pays.

Plus récemment, ce sont cependant lesplans expansionnistes turcs en Syrie quiont attiré l’attention. Il s’agissait pour laTurquie de réviser à son avantage la cartedu Moyen-Orient en détruisant le résultatdes accords franco-britanniques deSykes-Picot. Ceux-ci avaient abouti à lacréation d’états nouveaux dans la régionsur les ruines des provinces de l’empireottoman.

Ne pouvant plus, dans l’immédiat,bousculer la Russie ni l’Iran chiite enSyrie, il semble que la Turquie ait décidéd’agir militairement dans le Sud du Cau-case, une zone sur laquelle Ankara reven-

dique une influence directe comme l’aréaffirmé récemment Erdogan.

Depuis samedi, des heurts violents ontéclaté entre les troupes arméniennes etazerbaïjanaises, faisant des dizaines demorts de part et d’autres.

La réaction officielle du gouvernementturc est sans ambiguïté.

Le président turc Recep Tayyip Erdo-gan a appelé samedi son homologue azer-baïdjanais, Ilham Aliyev, pour luiprésenter ses condoléances pour les sol-dats morts en martyrs contre les forces ar-méniennes le long de la frontière.

fabrice duchesnes

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Les experts russes sont convain-cus que l’escalade du conflitest l’œuvre de l’Azerbaïdjan.Avec le ralentissement écono-mique, le pouvoir local

cherche à dévier l’attention de la popula-tion et de la souder sur des bases patrio-tiques en désignant un ennemi extérieur.Par ailleurs, les analystes estiment querien dans la politique intérieure de l’Ar-ménie ne pourrait pousser Erevan versl’escalade du conflit.

Parmi les acteurs étrangers, la Turquiepourrait profiter du dégel du conflit duHaut-Karabakh. Alexandre Skakov, colla-borateur de l’Institut d’études orientalesde l’Académie russe des sciences estimeque la Turquie aurait pu jouer le rôle dedéclencheur afin de souligner, une fois deplus, sont importance dans la région. Ce-

pendant, le ministre russe des Affairesétrangères Sergueï Lavrov a déclaré quela Russie n’accusait pas Ankara d’avoirattisé les tensions dans le Haut-Karabakh.

Les tensions actuelles placent Moscoudans une position difficile, car la Russieaimerait conserver de bonnes relationstant avec l’Azerbaïdjan qu’avec l’Armé-nie. La Russie est alliée à l’Arménie etl’expansion du conflit pourrait contraindreMoscou à soutenir ouvertement Erevan.Pourtant, cela mettrait immédiatement enquestion les « relations spéciales » queMoscou s’efforce de construire avecBakou, indique Skakov.

Parmi les manifestations de ces rela-tions spéciales – les contacts actifs entreles deux pays en matière de vented’armes. Selon les informations publiéesdans la presse, la Russie a vendu des

armes pour 4 milliards de dollars à l’Azer-baïdjan. Skakov estime que la vented’armes à Bakou par Moscou était une er-reur qui a profité à ceux qui soutiennentl’escalade actuelle. Cependant, VladimirEvseïev, collaborateur de l’Institut despays de la CEI, a souligné dans un entre-tien avec RBTH que la Russie était loind’être le seul fournisseur d’armes pourl’Azerbaïdjan.

Pour le moment, la Russie utilise des le-viers diplomatiques avec les parties auconflit. Vladimir Poutine a appelé les pré-sidents des deux pays à cesser les hostili-tés et à se mettre à la table desnégociations. Le ministre russe de la Dé-fense Sergueï Choïgou a mené des pour-parlers avec ses homologues des deuxpays afin d’obtenir une désescalade duconflit.

richard béranger

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Un conflit qui ne gêne que les Russes...

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La crise dans le Haut Karabaghà été le «sujet numéro 1» d’uneconversation téléphoniquelundi entre le secrétaire d’Etataméricain John Kerry et son

homologue russe Sergueï Lavrov, selon ledépartement d’Etat. «Nous exhortons lesdeux camps à cesser immédiatementl’usage de la force et à éviter toute formed’escalade», a dénoncé son porte-paroleMark Toner, qualifiant de «lamentable» lenombre «élevé» de victimes.

Les deux ministres «ont condamné lestentatives de «parties extérieures» auconflit pour aggraver la confrontation», arapporté de son côté du ministère russe dela Défense, semblant dénoncer les proposdu président turc.

A la veille de la réunion à Vienne demembres de l’Organisation pour la sécu-rité et la coopération en Europe (OSCE),le président turc Recep Tayyip Erdogan,allié de Bakou, avait en effet semblé atti-ser les tensions. Multipliant les messagesde soutien à Bakou, M. Erdogan a assuré

que «le Karabakh retournera un jour, sansaucun doute, à son propriétaire originel»,l’Azerbaïdjan, renouvelant ses «condo-léances» aux proches des «martyrs» azer-baïdjanais.

Au moins 40 militaires des deux campset six civils ont été tués depuis la reprisedes hostilités vendredi, les plus meur-trières depuis le cessez-le-feu instauréentre Erevan et Bakou en 1994. Plus de200 militaires et civils ont été blessés.

Ce conflit, dont les sources remontent àplusieurs siècles mais qui s’est cristalliséà l’époque soviétique lorsque Moscou aattribué ce territoire majoritairement ar-ménien à la république socialiste sovié-tique d’Azerbaïdjan, intervient dans unerégion du Caucase stratégique pour letransport des hydrocarbures, près del’Iran, de la Turquie et du Proche-Orient.

L’escalade militaire survient au momentoù la Russie, qui a de bonnes relationsavec l’Arménie, et la Turquie, alliée tra-ditionnel de l’Azerbaïdjan, traversent une

grave crise diplomatique sur fond deguerre en Syrie.

Mais le plus garve est que sous prétextede réagir à la crise, l’OTAN s’est évidem-ment manifesté. Mardi, une une réunions’est tenue à Vienne (Autriche) sur le Na-gorny-Karabakh, quatre jours après la re-prise des hostilités entre forcesarméniennes et azerbaïdjanaises danscette région contestée qui ont fait une qua-rantaine de morts.

Co-présidé par la France, les Etats-Uniset la Russie, le groupe de Minsk sur leHaut-Karabakh au sein de l’OSCE, chargéde trouver une issue à ce «conflit gelé»depuis plus de 20 ans, évoquera la reprisedes hostilités militaires dans ce territoireque se disputent l’Azerbaïdjan et l’Armé-nie.

Bref, les Américains et l’OTA sont en-trés dans le jeu et ce sont encore une foisles inocnetes popualtions vivles qui paie-ront le prix de leur stratégie du chaos..

pierre Andrieu

13

L’OTAN attisele conflit

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14 RussieC’est entendu, Kadyrov est un salopard, un corrompu.. mais il estpossible que les amateurs de paix civile auront peut-être à la re-mercier pour «services rendus»....

Le mandat du Président de laRépublique de Tchétchénie,Ramzan Kadyrov, vientd'arriver – le 5 avril dernier – àexpiration. Dès le 25 mars, le

Président de la Fédération de Russie lenommait Président par intérim, dansl'attente de nouvelles élections, Kadyrovn'ayant pas encore annoncé s'il souhaitaitou non se réprésenter. Celui qui est à latête de la Tchétchénie depuis bientôt 10ans a réussi à apaiser une région, où lesterroristes islamistes sont nombreux. Celuiqui se revendique musulman est parvenuà maintenir dans la Fédération de Russieun territoire où les séparatistes ont eu uneinfluence majeure après la chute del'Union soviétique en 1991. L'exempletchétchène montre la flexibilité et donc laforce de l'Etat fédéral russe.

La Russie est une fédération composéede vingt-deux républiques autonomesfondées sur un peuple ethnique, dequarante-six oblasts et 9 kraïs, quicorrespondent à des régionshistoriquement russes (dans le sensethnique), et qui disposent d'uneautonomie plus limitée, de 4 districtsautonomes, fondés eux-aussi sur uneréalité ethnique, et enfin 3 villes fédérales(Moscou, Saint-Petersbourg etSébastopol).

Les origines de ce système fédéral setrouvent dans deux réalités. Tout d'abordune réalité historico-géographique. Eneffet, la Russie s'est historiquement forgéeautour d'un centre ethniquement russe, quise situe aux marches de l'Europe. Ce coeurhistorique du pays s'est étendu et a annexéun territoire immense, se prolongeantjusqu'à l'océan pacifique. Sur le chemin decette conquête se trouvaient des peuplesmultiples, que la Russie intégra dans sonempire, le Tsar les laissant vivre selonleurs coutumes. Ensuite, une réalitéhistorique contemporaine. L'Union desRépubliques Socialistes et Soviétiques sefondait sur une fédération de républiquespopulaires « libres », dans la mesure oùcelles-ci demeuraient inféodées àl'idéologie communiste soviétique et àMoscou.

La Fédération de Russie, à partir de1991, sur un territoire plus restreint quecelui de l'URSS, continua l'oeuvrefédérative de façon plus apaisée et pluslibérée. En effet, alors que l'URSSempêchait l'épanouissement culturel etreligieux des différents peuples de Russie,en réprimant les traditions au nom durationalisme, la Russie de VladimirPoutine a su remettre au goût du jour lestraditions de ses peuples.

Si l'on connait bien en Europeoccidentale, la défense par le Président dela Fédération de Russie, de la traditionorthodoxe russe et le retour de la religionchrétienne en Russie, à grands coups dereconstructions d'églises, de fêtesorthodoxes décomplexées, on connaitmoins la protection des autres folklores etcoutumes du reste du pays.

La Fédération de Russie est un paysmulti-national et pluri-ethnique. C'est ence sens qu'il faut comprendre la protectionpar le pouvoir des musulmans de Russie :notamment les tatars, dont l'islam aculturéest modéré et ne pose aucun problème qu'ilsoit culturel ou politique. Si une grandemajorité de la population est chrétienneorthodoxe (près de 70% de la populationrusse se déclare orthodoxe), la minoritémusulamne compose 7% de la population.Les musulmans représentent ainsi 10 à 12millions d'habitants, mais sont descitoyens russes à part entière et la minoritéimmigrée parmi les musulmans provientdes anciennes républiques de l'URSS. Le

pays compte également en certainsendroits (essentiellement à l'Est du pays),d'importantes minorités bouddhistes etchamaniques. Le gouvernement laïquedéfend au même titre les traditions detoutes les régions, dont font partie lesmusulmans, les bouddhistes, les juifs, leschamanistes, etc.

Le Président Vladimir Poutine, s'il seréclame à titre personnel de ses racineschrétiennes orthodoxes, défend égalementles traditions asiatiques de la Fédération.En effet, cela permet de renfocer les liensde la Russie avec l'Asie, avec laquelle lepouvoir russe tente de se rapprocher, alorsque l'Europe occidentale n'a de cessed'ostraciser la Russie. L'affirmation de lapluralité des traditions « russes » s'intègreainsi parfaitement au concept géopolitiqued'eurasisme, qui a aujourd'hui la cote enRussie.

En faisant la promotion des cultures del'Est de la Fédération de Russie, Poutinefait balancer le centre de gravité du paysvers l'Asie, dans un souci de se rapprocherde ses nouveaux alliés et de s'éloigner decette Europe qui lui veut tant de mal. Lespeuples multiples de la Fédération deRussie ont donc un avenir radieux devanteux. Le pouvoir central a désormais toutintérêt, non pas à les assimiler à la partieeuropéenne et « occidentale » du pays,mais à laisser s'épanouir les cultures et lesdizaines de nationalités qui composent cepays, qui vit en partition organisée etapaisée.

vincent lefebvre

Merci Kadyrov ?

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15Russie

Le 19 janvier dernier,Poutine déclarait auxjuifs à l'occasion de la

visite Président du Congrèsjuif européen à Moscou :«Venez chez nous !». Cettephrase n'a étonnement pas sus-cité de vagues dans le milieuconspirationniste trollien anti-Poutine (représenté de façonpseudo-universitaire par PierreHillard), qui cherche pourtantà l'affût de toutes citations duPrésident russe favorable soitaux juifs soit aux musulmans.Cette fois-là, le morceau étaittrop gros à digérer pour les an-tisémites du web : ils n'ontmême pas tenté d'avaler lemorceau.

Le lendemain de cette décla-ration, le gouverneur del'Oblast autonome juif,Alexandre Levinthal invitaitlui aussi les juifs d'Europe àvenir en Russie, et à s'installerau Birobidjan, havre de paix

pour les juifs. Dans le contextetendu en Europe pour les juifs,marqué par les attentats aumusée juif de Bruxelles, à Tou-louse, dans l'Hyper-casher deParis..., quoi de mieux qu'unedatcha en pleine Sibérie pourse ressourcer sur une terre ac-cueillante, et officiellementjuive ?!

Le Birobidjan offre ainsi unealternative crédible à l'Allyahvers Israël, beaucoup plusconnue et appréciée, maisaussi bien plus dangereuse. Eneffet, si la France et l'Europevoient déferler une vague isla-miste anti-juive, aller en Israël,c'est plonger en pleine pou-drière moyen-orientale, oùl'Etat juif est entouré de paysqui lui veulent plus ou moinsdu mal, où à tout le moins depays à l'antisémitisme profon-dément enraciné.

De plus, l'allyah demeureune émigration et quoiqu'endise la propagande sioniste un

déracinement pour les juifsd'Europe. Ces derniers ontvécu en Europe depuis dix-neuf siècles. S'ils ne se sont pasassimilés à l'Europe, ils y ontnéanmoins développé une cul-ture propre, représentée no-tamment la culture yiddish enEurope centrale et orientale.

À ce titre, l'Oblast autonomejuif est LE paradis pour lesjuifs européens : la culturejuive européenne y est officiel-lement établie (symboles juifsomniprésents, langue yiddishcomme langue officielle...) etl'antisémitisme en est totale-ment absent. Géographique-ment, le Birobidjan est loin detoutes zones d'antisémitismemajeur. Economiquement, ilbénéficie de la proximité de laChine, ce qui lui permet de dis-poser de matières premières etmanufacturées à bas coût, touten profitant des débouchés del'immense territoire russe, et desa porte ouverte vers l'Europe.

Face à la peur légitime desjuifs européens dans leur pays,émigrer dans une républiqueautonome juive, qui com-mence doucement à opérer unretour à ses racines historiquesyiddish relève du défi et del'esprit pionnier, qui anima parailleurs durant toute leur his-toire le peuple d'Israël. Lesjuifs ne sont plus en sécurité enEurope, la Russie et le Prési-dent de la Fédération VladimirPoutine leur ouvrent leurs bras(à noter, comme le relèveCourrier International, quel'antisémitisme est pour la pre-mière fois plus élevé en Francequ'en Russie!).

L'allyah sécuritaire actuelledes juifs pourrait volontierslaisser place à une émigrationdes juifs en Russie, et à la re-construction de l'Oblast auto-nome juif, vers un véritableEtat yiddish ! La structure estdéjà là, les conditions cultu-

Poutine t’invite au Birobidjan

Vladimir Poutine aimerait que les juifs du monde ‘aide à lancer une troisième expérience de coloni-sation du Birobidjan... Mais à part quelques orthodoxes qui cela peut-il intéresser ?

en espAGne, podemos Accusé d’être venduA en croire divers médias, dont elconfiden-

cial.com (qui s’est spécialisé dans la révélationde scandales mais dont les sources peuvent êrede nature policière ou américaines), les diri-geantsde Podémos auraient reçu au moins 6 mil-lions d’euros de la part du gouvernementvénézuélien de Hugo Chávez, «afin de faireavancer la cause bolivarienne» en Europe.

Ces versements se seraient produits entre2003 et 2011 et auraient notamment bénéficié à

Pablo Iglesias, l’actuel secrétaire général et lea-der de Podemos ; ils auraient alimenté les caissesdu Centre d’études politiques et sociales(CEPS), une fondation qui, à partir de janvier2014, allait donner naissance au parti Podemos(«Nous pouvons») proprement dit, fruit de la co-lère citoyenne depuis la crise économique et lespolitiques d’austérité imposées dans la foulée.

«Tout ceci n’est qu’un tissu de mensonges,s’est défendu avec véhémence Pablo Iglesias.Que ceux qui ont des preuves se rendent devant

les tribunaux et vérifient ainsi qu’ils se trom-pent.» A trois reprises depuis 2015, le Tribunalsuprême a classé sans suite des plaintes pour «fi-nancement illégal» contre Podemos. Mais l’af-faire risque de ne pas en rester là. L’Udef, l’unitépolicière spécialisée dans la lutte conte la délin-quance économique, aurait – d’après le ministèrede l’Intérieur – épluché les comptes de la jeuneformation et découvert «plusieurs irrégularités».Parmi celles-ci, des apports d’argent en prove-nance du Venezuela et d’Iran.

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16 Extrême-Orient

Birobidjan Yiddishland en phase terminale

LPeu après l’établissement du régime soviétique le gou-vernement encouragea la création de districts nationauxjuifs, notamment en Ukraine et en Russie. L’entrepriseétait modeste et se heurtait d’ailleurs à l’opposition despaysans slaves, qui reprochaient aux juifs de prendre

leurs terres. Alors, le 28 mars 1928, un décret prévoyait qu’une ré-gion de la province de Khabarovsk, en Extrême-Orient, serait ré-servée à la colonie juive. Ainsi naquit le Birobidjan, ce pays qui tireson nom de deux affluents du fleuve Amour et qui s’étend sur 36000 kilomètres carrés. Le climat y est rude et les colonisateurs de-vaient vaincre une nature hostile

L’oblast du Birobidjan fut définitivement créé par Joseph Stalineen 1934, pour accueillir en son sein les juifs de l'Union soviétique.En effet, dans le cadre de l'organisation de l'URSS, chaque minoriténationale devait disposer d'un territoire autonome, dans le butd'amoindrir l'hégémonie « impérialiste » de l'ethnie russe et pourmieux respecter les nombreuses patries populaires présentes sur leterritoire de l'Union.

Les juifs, néanmoins, bien que minorité importante (notammentà l'Ouest de l'URSS, en Ukraine, sur les territoires polonais...),n'avaient jamais disposé de territoire, sur lequel ils auraient été ma-joritaires.

Aussi, avec le Birobidjan, les juifs, ces « hommes accrochés auvent », disposaient enfin d’une terre ce qui souleva un immense es-poir.

Surtout, pour la première fois depuis la dispersion des juifs d'Is-raël 2000 ans auparavant, les juifs disposaient d'un Etat autonome,rien qu'à eux ! À côté du russe, le yiddish fut déclaré langue offi-cielle (l'hebreu n'étant qu'une langue liturgique et l'hebreu modernequ'une reconstruction sioniste de cette langue religieuse). En outre,une politique incitative fut mise en place, pour encourager tous lesjuifs d'Union soviétique à rejoindre la terre promise... en Sibérie :des avantages financiers avec des primes à l'installation, le voyagegratuit pour les personnes et les biens...

Les 650 colons juifs qui s’installent en 1928 déchantent très vite.Rien n’est prévu pour les aider à démarrer leurs activités de paysanou d’artisan. Ils sont pourtant rejoints par d’autres, attirés par lemirage. Déclaré « unité autonomie juive » en 1931, le Birobidjanest promu en 1934 « région autonomie juive ». Mais la populationjuive culmine à 18 000 habitants en 1939, soit seulement 10% dela population totale. Toute l’affaire n’est en fait qu’un leurre.

On estime à trois cents le nombre de familles françaises qui yémigrèrent

Bien sûr, cette politique permettait au pouvoir soviétique de lutterégalement efficacement contre le sionisme, contre lequel il se bat-

tait, pour des raisons idéologiques, considérant ce dernier commeun nationalisme bourgeois. Puisque les juifs ne devaient pas alleren Palestine, ils étaient encouragés à rester en Union soviétique,mais à 6000km de Moscou.

Les débuts de l'Oblast autonome juif furent modestes. Géogra-phiquement, la région se trouve à l'extrême opposé des lieux de ré-sidence traditionnels des juifs dans l'Union soviétique (Europe del'Est). Le climat y est glacial en hiver, et désagréable en été. Denombreux marécages rendent les cultures compliquées... Mais ra-pidement, les événéments historiques allaient intensifier l'immigra-tion juive au Birobidjan. Ainsi, la montée du nazisme en Allemagne,et le risque de contagion et d'invasion de celui-ci vers l'Europe del'Est encouragea les juifs à fuir l'Europe, celle-ci risquant d'être en-vahie par le IIIème Reich, dont le sort qu'il réservait aux juifs nefaisait pas envie. De même, les épurations et les grandes purgesopérées par Staline, touchèrent de très nombreux juifs, accusésd'être soit des bourgeois, soit des trotskystes, ou bien encore des ré-volutionnaires peu fiables. Là aussi, cela incita la population israë-lite à émigrer vers le Birobidjan.

En 1948, l'Oblast autonome juif comptait plus de 30 000 juifs,représentant environ un peu moins d'un quart de la population duterritoire. Cependant, la création de l'Etat d'Israël en 1948 brisa latendance positive du Birobidjan. Désormais, l'émigration juive sefit essentiellement au profit d'Israël. À partir de cette date, le nombrede juifs dans l'Oblast autonome juif ne cessa de diminuer. En 1959,les juifs ne représentaient déjà plus que 9% de la population et en1970, plus que 7%. Le déclin se précipita encore plus gravementaprès la chute de l'Union soviétique en 1991. La crise économiqueeut pour conséquence des départs massifs de la population en gé-néral et des juifs en particulier vers Israël, l'Europe et les Etats-Unis.Les tentatives d'aide financière de Gorbatchov n'y firent rien, et labaisse démographique continua.

De nos jours, les juifs ne représentent plus que 1% à 2% de la po-pulation du Birobidjan, et le nombre de baptêmes annuel dansl'Eglise chrétienne orthodoxe russe dépasse parfois le nombre totalde juifs habitant dans l'Oblast ! Néanmoins, la judéité du territoiredemeure et se renforce.

En effet, alors que cette région juive était uniquement culturelle-ment et politiquement juive, à l'exclusion de toute inspiration reli-gieuse (athéisme d'Etat oblige), la religion juive a fait son retour(ou plutôt son arrivée) depuis quelques années : arrivée d'un rabbinvenu d'Israël, construction d'une synagogue dans la capitale, etc.De plus, le yiddish demure langue officielle, ce qui implique la tra-duction de tous les documents officiels de cette région autonomeen yiddish.

Birobidjan

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17Extrême-Orient

lA presse en yiddish est mAlAde...Le Birobidjan ne fait pas exception à la règle générale : la presse

écrite vit l'une des heures les plus sombres de son histoire. Au Biro-bidjan, deux journaux historiques ont longtemps maintenu la tradi-tion soviétique de l'Oblast autonome juif : le Birobidjaner Stern etle Birobidjanskaja Zvezda. La presse représente un pan importantde la judéité de l'oblast. En effet, ces deux journaux écrits pour partieen russe, pour l'autre en yiddish, forment un pan survivant de la cul-ture du Birobidjan : les théâtres juifs du temps soviétique ont depuislongtemps fermé leurs portes, la population juive est peu nombreuseet la part religieuse du judaïsme commence seulement à émergerdans l'Oblast autonome.

Alors que le yiddish demeure peu parlé dans l'Oblast (malgré desinitiatives récentes, visant à donner plus de cours de langue yiddishdans les écoles) et que les juifs sont très minoritaires, les journauxBirobidjaner Stern et le Birobidjanskaja Zvezda se retrouvent logi-quement en grande difficlté, du fait de ce contexte peu propice. Heu-reusement, les dirigeants de la région ont décidé un plan desauvetage de la presse traditionnelle du Birobidjan, dans le cadreplus global du renouveau juif de l'Oblast.

Comme le rapporte le Birobidjaner Stern, dans son édition du 30mars dernier, le 25 mars, le gournerneur de l'Oblast, Alexandre Le-vinthal, a annoncé un plan important pour réduire les dettes colos-sales dont sont débiteurs les journaux de l'Oblast. De même, uncollectif, dénommé Izdatelskii dom Birobidjan a été mis en place,afin de réduire la dette restante (celle qui ne sera pas payée par legouvernement régional), ainsi que pour restructurer la mise en pageet le format des journaux, qui devraient prochainement pouvoir serenouveler. De même, la structure commune devrait coordonner lesactivités des deux journaux, pour leur permettre une meilleure com-plémentarité. Gageons que dans le cadre du renouveau culturel juifau Birobidjan, la presse juive saura y prospérer. Ce serait bien le seulendroit au monde où les journalistes juifs ne prospèrent pas !

Birobidjan Yiddishland en phase terminale

Depuis maintenant environ cinq ans, la population de la région acessé de décroître, et le nombre des immigrants a dépassé celui desémigrants. Il faut dire, que la région bénéficie du renouveau de l'éco-nomie russe et profite notamment de sa frontière directe avec la Chine: le Birobidjan peut importer des matières premières bon marché, et ceavec des coûts de transport plus faibles, ainsi que faire travailler dessalariés chinois, faisant ainsi encore chuter le coût de fabrication desproduits.

Si l'Oblast autonome juif bénéficie aujourd'hui d'un léger regain éco-nomique et dans une moindre mesure culturel, la constitution d'un vé-ritable Etat juif autonome a, quant à elle, complètement échoué. Leprojet avant-gardiste de Staline d'un Etat juif – rêve partagé par les juifset par les antisémites – n'a jamais fonctionné pour plusieurs raisons,certaines endogènes, d'autres exogènes.

Tout d'abord, l'athéisme d'Etat en vigueur dans l'Union soviétiqueempêcha l'enracinement culturello-religieux de cet oblast juif, qui neput jamais se démarquer de ses origines soviétiques artificielles. Lafrange religieuse des juifs bouda toujours le Birobidjan. De même, lapolitique antisémite de Staline ainsi que ses nombreuses déportationsn'éncouragèrent pas à une « déportation » volontaire vers la Sibérie...C'est donc en partie l'idéologie athée du communisme qui empêchal'enracinement des déportés et des immigrés juifs au Birobidjan, en neleur permettant pas de fonder un véritable Etat juif, réellement juif.

Mais c'est aussi et surtout la création de l'Etat d'Israël qui précipitale déclin de l'Oblast autonome juif de Russie. Le retour des juifs surleur terre promise fut créateur d'un espoir autrement plus attirant qu'unerégion laïque communiste au fin fond de la Sibérie... L'Alya ne laissaalors plus aucune chance au Birobidjan, le condamnant pour toujoursà l'échec.

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ABirobidjan, tout le monderoule dans des véhicules co-réens, le volant à droite. Ici, laCorée est toute proche, tandisque l’Europe, à 10 000 kilo-

mètres, disparaît dans le brouillard.A l’origine, le « Birobidjaner Stern » («

L’Etoile de Birobidjan ») était un quotidien,intégralement publié en yiddish. Au-jourd’hui, c’est un hebdomadaire en russe,avec seulement quatre pages en yiddish. Sadirectrice n’est pas juive.

En ville, il y a deux synagogues. La pre-mière, la grande, est vaste, accolée à unautre bâtiment qui abrite un centre culturelet une association de bienfaisance.

Il fait souvent froid... Le Birobidjan est unpays farce , un pays accordé par un typequi se riait dans ses moustaches, un type quise foutait de la gueule du peuple qui lui fai-sait peur...

Combien de juifs sont restés à Birobidjan,dans cette ville de 77 000 habitants ? Per-sonne ne le sait. Officiellement, 8 000. Enréaklité beaucoup moins.. Cela dépend si onon compte cux qui sont nés de pionniersjuifs ou ceux qui sont restés juifs, ce quin’est pas pareil. Sur place, les juifs se conso-lent en se disant qu’ un habitant sur deux aune arrière-grand-mère ou un arrière-grand-oncle juif, y compris les nombreux Coréenset Chinois...

Quoi qu’il en soit le Birobidjan est néd’un e mauvaise farce commise par un saletype.. cela restera toujours cela... Pourtant,lorsque la révolution bolchevique éclate, lesJuifs sont près de 5 millions dans l’empiredes tsars. Ils auraient pu connaître un meil-leur sort que cet exil au bout du monde au-

quel il rechignèrent d’ailleurs en masse...Alors parqués dans des zones de rési-

dence, interdits au sein de l’administrationet dans les écoles,les juifs russes s’organi-sent néanmoins. Ils créent leurs propresécoles et leurs syndicats, mais ils restent lespauvres des pauvres. Le jour où des com-missaires bolcheviques les appellent « ca-marades » en yiddish, ils se sentent enfinreconnus et rejoignent en masse la révolu-tion. Dès les années 1920-1930, on les re-trouve dans toutes les instances de lanouvelle Russie, la politique, les journaux,la littérature et le cinéma, le théâtre et lesarts plastiques. Les plus grands se nommentSergueï Eisenstein, Isaac Babel, BorisPasternak, Marc Chagall, Vassili Grossman,David Oïstrakh, Emil Gilels…

Staline commence à trouver ses «cama-rades» juifs trop voyants. Et trop remuants.Le président du Soviet suprême, le vieux Mikhaïl Kalinine, a une idée faussementgénéreuse. Pourquoi ne pas donner aux Juifsune république, une région autonomecomme à tous les peuples de l’Union sovié-tique ? Cela établirait leurs droits et permet-trait au pouvoir, sans être taxéd’antisémitisme, de les évincer des nom-breux postes à responsabilité. Les Juifs se réjouissent du projet. Ils espèrent le Caucasedont ils sont originaires bin plus que de Pa-lestine..., ils reçevront un morceau de la Si-bérie, ce Birobidjan.

Au début avant que Staline ne s’en prenneà la communauté, des Juifs venaient dumonde entier pour construire leur propreversion d’un paradis des travailleurs et par-tager le Yiddish, la langue mixte AllemandHébreu qui utilise les caractères hébreux envoie de disparition, et qui a été autrefois par-lée par des millions de juifs européens.

Aujourd'hui, à Birobidjan, capitale del’oblast ; il existe encore une synagogue, desécriteaux en yiddish, une école juive et di-verses associations juives, des monumentscomme ce chandeler géant à la sortie de lagare centrale....

A première vue Birobidzhan ressemble àn’importe quelle autre ville de Sibérie, avecses statues massives de Lenine, son monu-ment commémorant la II Guerre Mondiale,et des blocks d’appartements vétustes del’époque soviétique. Puis on note des sym-boles juifs partout, de l’énorme Ménorah(chandelier dominant la place principale aupanneau en yiddish à la gare souhaitant labienvenue au « Biribidzhan » aux voya-geurs.

Ces symboles rappellent que ce territoiresibérien en bordure de Manchourie et situé

à l’est de Moscou est une République juive.La Région Autonome Juive a été créée il ya 75 ans par Staline comme alternative auprojet sioniste en Israël. Au moins 18 000Juifs sont venus s’y installer. D’abord flo-rissante avec ses théâtres yiddish, ses écoles,et ses journaux partout, Staline s’est em-pressé d’éliminer ses élites. Ceux qui pou-vaient s’enfuir l’ont fait. La dernièresynagogue de Birobidzhan a brûlé dans lesannées 50 et aujourd’hui, seulement 6000des 200 000 résidents dans la région s’iden-tifient comme Juifs.

Mais le rêve juif en Sibérie n’est pas toutà fait mort et on assiste actuellement dans larégion à un petit renouveau grâce à des Juifsarrivant d’Israël, ou plus exactement reve-nant d’Israël om l’acclimation des juifsrusse ne peut pas être total... Roman Leder,le chef de la communauté déclarait derniè-rement à un journaliste occidental que 80 fa-milles éyainet parties en 2014 mais que 120étaient arrivées.. A vérifier... mais pourquoipas ?

En tout cas, il y a quelques années les au-torités ont construit un resplendissant com-plexe communautaire juif qui comprend unesynagogue c

L’optimisme est aussi alimenté par uneagriculture en plein essor et des exportationsde matériaux bruts à la Chine voisine. Maisla renaissance juive reste fragile.

Au Birobidjan, les juis sont désormaisgâtés par les autorités russes. Le gouverneurcomme le voice-gouverneu sont juifs.

Actuellement le Yiddish est la langued’enseignement dans l’une des 14 écolespubliques seulement bien que la culturejuive et la littérature soient étudiées partout.En Septembre dernier deux écoles représen-tant un quart des élèves de la ville ont com-mencé des cours obligatoires de Yiddishpour les enfants âgés de 6 et 10 ans.

Il existe un maternelle juive, l’école Me-nora mais elle est obligée d’accueillir ac-cueille à la fois des élèves juifs et non juifssous couverts d’ouverture aux uns et aux au-tres..

A Birobidjan, le rabin s’appelle DovKaufman. Lui aussi revient d’Israel où il n’apas pu s’y faire...

Il y a certes un frémissement mais il n’yaura pas de renouveau... Le temps des kom-zomols et des drapeaux rouges est englouti,il sent désormais la vieille ferraille rouillée..les peuples n’en veulent plus...

Le renouveau ? Il y en a déjà eu un detoute façon, et celui-ci aussi avait échoué..

(Suite page ci-contre)

Extrême-Orient

Le Birobidjan peut-il revivre ?

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Au Birobidjan,l’expoériennce du Yiddishland est maintenue à bout de bras.. mais elle se termineinéxorablemnt faute de juifs sur place... Après ces derniers, il ne restera que les Sibériens russes...

Extrême-Orient

l’échec de lA seconde vAGueEn 1946 et 1948, grâce à une nouvelle

vague de propagande lancée par la Comitéantifasciste, quelques milliers de Juifs s’ylaissent attirer une nouvelle fois attirer,quelques centaines d ejuifs de France, no-tamment... Mais la terrible vague d’antisé-mitisme de la fin du régime stalinien etl'émigration vers le nouvel État d'Israëlportent au Birobidjan un coup fatal.. Ladernière école yiddish y est fermée en1946.

Les autorités s'efforcèrent alors de sti-muler l'immigration vers la RAJ (RégionAutonome Juive) en proposant la gratuitédu voyage, en organisant des plans desti-nés au développement de la région ou eninstallant des entreprises industrielles.Entre 1946 et 1948, des milliers de Juifssoviétiques s'installèrent au Birobidjan. Ala fin de 1948, la population juive de la

RAJ s'élevait à 30.000 âmes. Ces initia-tives s'accompagnèrent d'un renouveau dela culture yiddish : après la fermeture desécoles yiddish lors des purges des années30, la langue yiddish redevint obligatoiredans les écoles, les tirages du journal yid-dish, le Birobidjan Shtern, augmentèrentet une maison d'édition yiddish vit le jour.

Ce second souffle de la vie de la RAJ nefut cependant que de courte durée. La pé-nurie de main-d'œuvre qualifiée, le retardde la reconstruction économique et lesconditions de vie pitoyables des nouveauxvenus poussèrent un grand nombre d'im-migrés à repartir s'installer ailleurs enURSS. De plus, les habitants du Birobid-jan prirent conscience qu'un enseignementexclusivement en yiddish n'avait guère desens, quand l'enseignement supérieur et lesdifférents emplois exigeaient la maîtrisedu russe.

La renaissance de la Région AutonomeJuive fut comme étouffée dans l'œuf dès lafin de 1948, année de la création de l'Etatd'Israël.

En 1958, Nikita Khrouchtchev déclaramême que "la tentative d'établir une répu-blique juive avait échoué sous prétexte queles Juifs étaient "indisciplinés" et rétifs autravail coopératif". Pire que la répression,la réfutation de la spécificité ethnique d'unterritoire ? Dès lors que le chef du Parti fitcette déclaration, que restait-il de la crédi-bilité d'une région qui se prétendait typi-quement juive ?

En 1959, la population juive du Birobid-jan n'était plus que de 9%, en 1970 elleétait de 7%. Les autorités étouffèrent toutfrémissement de la culture juive en inten-sifiant le processus de russification.

Le Birobidjan peut-il revivre ?

Aujourd’hui, l’avenir du Birobidjance sont eux.. les gentils enfantsrusses de Sibérie orientale..

Page 20: Mise en page 1 - lelysnoir · 2016. 4. 25. · Vadim Rabinovich (à gauche) et Joël Rubinfeld (en arrière-plan) Co-présidents du Parlement Juif Européen rêvent d’un foyer juif

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Le yiddish a connu une tragédieau 20ème siècle. La Shoah aanéanti entre deux et six mil-lions de juifs dont beaucoup deyiddishophones. De son côté, le

génocide culturel stalinien a éradiqué touteune culture revendiquée par deux millionsde Juifs. La création de l’Etat d’Israël en1948 en privilégiant l’hébreu a considéra-blement affaibli le yiddish.

Enfin, l’assimilation est un facteur d’éro-sion car toute langue diasporique est parti-culièrement vulnérable.

En 1939, sur seize millions et demi dejuifs dans le monde, onze millions environparlaient le yiddish. Il n’en est plus du toutde même aujourd’hui. Actuellement, iln’est pas même certain qu’il y ait plus d’unmillion de locuteurs du yiddish. Le yid-dishland tel qu’il existait aux quatre coinsdu monde n’existe plus.

Tout au plus, subsistent quelques îlotsdans certaines cités comme New York,Paris ou Tel-Aviv. Les grands centres, lesshtetle’h, ces bourgades juives d’Europeorientale ont disparus. Tout le tissu culturelet social, ce que l’on appelle la yiddishkeitcomposé à parts inégales de religion, detraditions, de culture, de vie en commun,d’un quant-à-soi, de cuisine...., cette yid-dishkeit n’a plus la même vivacité qu’avantla guerre.

Claude Hagège qui vient d’écrire "Halteà la mort des langues", rappelle opportu-nément que le monde exprimé par le yid-dish est “quasiment mythique”. S’il luireconnaît “une sorte de re-naissance”, ilpoursuit en disant “mais toutes ces languessont moribondes”. Et plus loin, il affirmecependant “Le yiddish que l’on dit en gravedanger, semble vouloir prendre beaucoupde temps pour organiser sa mort”.

Contradiction ? voire ! Et Hagège re-prend cette réflexion de Fishman qui noteavec humour : «Dans l’album des man-chettes que l’on peut imaginer pour l’an-née 2050, le journal Jérusalem Post inclutl’annonce suivante: "Yiddish toujours mo-ribond !»

On pense inévitablement à Isaac Bashé-vis Singer. Il écrit que sa langue maternellecomportait plus de vitamines qu’aucuneautre car elle faisait parler les esprits.

Et il prolonge son propos : «Une langueà l’agonie est tout à fait appropriée pourcela. Plus elle est moribonde, plus vivantest le démon... Je suis sûr qu’un jour, desmillions de cadavres parlant yiddish se lè-veront de leur tombe, et la première ques-tion qu’ils poseront, ce sera "quel est ledernier livre publié en yiddish ?».

L’écrivain yiddish Yakub Glatstein ai-mait raconter l’anecdote suivante : «Avantla seconde guerre mondiale, alors qu’enapparence, le yiddish semblait florissant,des médecins très compétents se pen-chaient sur le yiddish. L’un prenait lepouls, l’autre se penchait sur son cœur, untroisième écoutait sa respiration. Et ils ho-chaient la tête, tous disant “Holà ça vamal, holà, c’est terrible, ce n’est pas bondu tout !” Et ils discutaient gravement deschances de survie du mamè lochen. Seule-ment, voilà … les bons médecins mouraientavant».

Dans ces deux cas, il s’agit de boutadessinon de pirouettes qui masquent un rééldésespoir.

Il existe ici ou là, des instituts, des cen-tres communautaires, des centres culturels,des bibliothèques yiddish. Dans quelquesécoles où le yiddish est optionnel commeen Israël (Université de Jérusalem ainsi quecinq autres universités dans le pays), descercles d’études, des milieux religieux

(Williams-burgh à New York ou Mea Shea-rim à Jérusalem), parlent le yiddish. Pourla plupart des organismes qui viennentd’être cités, le yiddish est devenu unelangue d’études.

Jean Baumgarten affirme dans son livre"Le yiddish" paru au PUF, il y a une di-zaine d’années, collection Que sais-je ? quele yiddish est “la langue vivante de l’ultra-orthodoxie à travers le monde”. Bien. Maisces locuteurs font-ils preuve de créativité?Ecrivent-ils des livres, poèmes ou romansou sont-ils uniquement des utilisateurs dela langue se consacrant plutôt à l’hébreudans l’étude des textes saints ?

Un peu partout existent des équipes detraducteurs du yiddish en français ou dansdes langues non juives. Il faut louer ce tra-vail qui permet aux lecteurs de la langued’accueil de se familiariser avec toute unecivilisation. Mais l’inverse ? On ne traduitpresque pas en yiddish les œuvres majeuresécrites en français ou en anglais. Exceptéle regretté Morde’hai Litvine qui avait tra-duit en yiddish une Anthologie de la poésiefrançaise de Louise Labé à Saint JohnPerse. ou récemment, Shlomo Schweizer,un vigoureux nonagénaire qui a traduit denom-breuses fables de La Fontaine, Florianou Krylov.

Où en est le Yiddish ?