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SAM Paper Senes 13 (2002) Systèmes Agraires de Montagne Mise au point d'une interface entre scientifiques et éleveurs pour la diffusion de systèmes innovants d'alimentation des grands ruminants: un modèle spatial compartimenté. Yann Eguienta a,b, Jean-Christophe Castella -, Tran Trong Hieu b a CentreNationald'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC), and Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) Av. Agropolis, 34398 Montpellier Cedex 5, France. b SAMProgram, Vietnam Agricultural Science Institute (V ASl), Thanh Tri, Harroi. Vietnam C Institut de Recherche pour le Développement (!RD), 213 rue Lafayette, 75480 Paris Cedex 10, France. and International Rice ResearchInstitute (IRR!), P.O. Box 3127, Makati Central Post Office, 121 Makati City, The Philippines. Résumé La mutation rapide des systèmes de productions agricole en zone de montagne au Nord Vietnam au cours des dix dernières années a été notamment marquée par un retour aux pratiques ancestrales d'abattis-brûlis. De telles pratiques, dans un paysage aujourd'hui fermé, mettent en péril l'équilibre des écosystèmes de montagne soumis alors à des risques importants de déforestation et d'érosion. De plus, le diagnostic des systèmes d'élevage montre que les systèmes d'alimentation des grands ruminants dépendent essentiellement des ressources naturelles et périodiquement des résidus de récolte, aujourd'hui en déficit chronique. Cependant, peu de stratégies collectives ou individuelles de gestion des ressources fourragères sont développées. Le projet «Systèmes Agraires de Montagne» a mis au point des systèmes de culture sur couvert végétal pouvant constituer une source potentielle de fourrages, option intéressante pour favoriser l'intégration de l'élevage et de l'agriculture. Il s'agit alors de susciter et d'accompagner un changement global des systèmes de culture et d'élevage. Cela passe par une démarche d'échange et de communication entre chercheurs et agri-éleveurs sur une base commune de connaissance. Nous avons développé une démarche participative faisant appel aux outils de représentation graphique aboutissant à un modèle spatial compartimenté. Ce modèle a permis Ci) de partager les connaissances sur les alternatives proposées, (ii) d'analyser dans leur dimension spatiale les interactions entre agriculture - forêt - élevage, (iii) de simuler avec les agri-éleveurs différents scénarios d'adoption des innovations techniques proposées et d'engager sur cette base une véritable discussion critique sur ces alternatives aux systèmes d'alimentation extensifs traditionnels. Mots dés : Intégration agriculture-élevage, grands ruminants, alimentation, modèle, communication, diffusion, couverture végétale. 1. Introduction Les diagnostics menés dans le district de Cho Don (province de Bac Kan, Vietnam) à l'échelle de l'exploitation agricole, des systèmes de culture et des systèmes d'élevage (fran Quoc Hoa, 1999; Husson O. et al., 2001; Eguienta, 2000), révèlent une situation de saturation foncière peu propice à l'équilibre des relations agriculture- élevage- forêts. A Phieng Lieng, un des villages du district, pour un peu plus de 10 habitants/km" en 1962, on atteint aujourd'hui près de 70 habitants/km" La densité de population

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SAM Paper Senes 13 (2002)

SystèmesAgraires deMontagne

Mise au point d'une interface entre scientifiques et éleveurs pour ladiffusion de systèmes innovants d'alimentation des grands ruminants:

un modèle spatial compartimenté.

Yann Eguienta a,b, Jean-Christophe Castella -, Tran Trong Hieu b

a Centre National d'Etudes Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC), and

Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD)

Av. Agropolis, 34398 Montpellier Cedex 5, France.

b SAMProgram, Vietnam Agricultural Science Institute (VASl), Thanh Tri, Harroi. Vietnam

C Institut de Recherche pour le Développement (!RD), 213 rue Lafayette, 75480 Paris Cedex 10, France. andInternational Rice Research Institute (IRR!), P.O. Box 3127, Makati Central Post Office, 121Makati City, The Philippines.

Résumé

La mutation rapide des systèmes de productions agricole en zone de montagne au Nord Vietnamau cours des dix dernières années a été notamment marquée par un retour aux pratiques ancestralesd'abattis-brûlis. De telles pratiques, dans un paysage aujourd'hui fermé, mettent en périll'équilibre des écosystèmes de montagne soumis alors à des risques importants de déforestation etd'érosion. De plus, le diagnostic des systèmes d'élevage montre que les systèmes d'alimentationdes grands ruminants dépendent essentiellement des ressources naturelles et périodiquement desrésidus de récolte, aujourd'hui en déficit chronique. Cependant, peu de stratégies collectives ouindividuelles de gestion des ressources fourragères sont développées. Le projet «SystèmesAgraires de Montagne» a mis au point des systèmes de culture sur couvert végétal pouvantconstituer une source potentielle de fourrages, option intéressante pour favoriser l'intégration del'élevage et de l'agriculture. Il s'agit alors de susciter et d'accompagner un changement global dessystèmes de culture et d'élevage. Cela passe par une démarche d'échange et de communicationentre chercheurs et agri-éleveurs sur une base commune de connaissance. Nous avons développéune démarche participative faisant appel aux outils de représentation graphique aboutissant à unmodèle spatial compartimenté. Ce modèle a permis Ci) de partager les connaissances sur lesalternatives proposées, (ii) d'analyser dans leur dimension spatiale les interactions entreagriculture - forêt - élevage, (iii) de simuler avec les agri-éleveurs différents scénarios d'adoptiondes innovations techniques proposées et d'engager sur cette base une véritable discussion critiquesur ces alternatives aux systèmes d'alimentation extensifs traditionnels.

Mots dés : Intégration agriculture-élevage, grands ruminants, alimentation, modèle, communication, diffusion,couverture végétale.

1. Introduction

Les diagnostics menés dans le district de ChoDon (province de Bac Kan, Vietnam) àl'échelle de l'exploitation agricole, dessystèmes de culture et des systèmes d'élevage(fran Quoc Hoa, 1999; Husson O. et al.,

2001; Eguienta, 2000), révèlent une situationde saturation foncière peu propice àl'équilibre des relations agriculture- élevage­forêts. A Phieng Lieng, un des villages dudistrict, pour un peu plus de 10 habitants/km"en 1962, on atteint aujourd'hui près de 70habitants/km" La densité de population

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augmente ainsi, de façon exponentielle,depuis le début des années 60, remettant sanscesse en question la viabilité des pratiquesd'abattis-brûlis sur les pentes. Leraccourcissement des temps de jachère limitela régénération des forêts et donc lareconstitution de la fertilité des sols. Unedégradation rapide des sols cultivés et desphénomènes d'érosion sont ainsi observésdans ces systèmes d'abattis-brûlis sur lespentes.

La pratique courante de divagation desgrands ruminants est un élément aggravant dela dégradation du milieu et des relationssociales de par la pression des animaux surl'écosystème forestier et les dégâtsoccasionnés sur les cultures. En effet, lessystèmes d'alimentation du bétail dépendentessentiellement des ressources naturelles etpériodiquement des résidus de récolte.L'absence de stratégies collectives ouindividuelles de gestion de cette ressourceinduit un envahissement des parcours par desespèces peu appétées voire toxiques pour lesgrands ruminants (Imperata cy/indrica,Chromo/ma odorata). Au delà de l'impactsur le milieu, le manque de fourrage entramede plus un taux de mortalité important desbufflons avant sevrage (25%) et des femellesallaitantes à l'hiver, période critique(Eguienta, 2000).

En alternative, aux pratiques culturales et auxpratiques d'élevage actuelles, les travaux duprojet Systèmes Agraires de Montagne(SAM) visent à proposer des itinérairesculturaux techniquement et économiquementdurables. Axés sur le semis direct surcouverture végétale, les systèmes proposéspermettent (i) une protection des sols contrel'érosion (ii) une régénération des sols avecun effet positif sur les rendements de laculture, (iii) une réduction des besoins enmain d'œuvre (par la suppression du labour)et en intrants, et ne requièrent qu'un niveaude technicité relativement limité. Lesgraminées et légumineuses utilisées commeplante de couverture sont par ailleurssusceptibles de constituer une ressourcepotentielle en fourrages de qualité. Lessystèmes innovants mis au point par le projetdepuis 1999, en situation contrôlée, sontaujourd'hui en phase de transfert en milieupaysan. Cependant, le niveau d'adoption parles agri-éleveurs demeure faible et beaucoupd'entre eux semblent ne s'être pas encoreapproprié les enjeux qui pèsent sur leur

territoire. Les processus de changements nerelèvent effectivement pas d'une simplemécanique épidémiologique. Pour lasociologie, l'engagement individueld'adoption est un processus actif, noninstantané. C'est le terme d'une démarchecomportant une phase de décision/action enrapport avec la connaissance d'uneinnovation, son évaluation, une décisiond'adoption/rejet et, enfIn, la confirmation ounon de ce choix. Il convient dès lors deconsidérer le changement comme une formerenégociée des alternatives techniques ouorganisationnelles proposées au départ. Lamise en place d'une démarche dialoguéenécessite des outils de négociation adaptéss'appuyant sur des éléments de représentationcommuns aux chercheurs et aux acteurslocaux. Il s'agit donc d'initier ce changementen fournissant aux éleveurs d'une part, lesmoyens de compréhension et de lecture deleur situation d'autre part, des éléments d'aideà la décision pour le choix d'alternatives.

Les travaux menés au cours des 3 dernièresannées par le projet SAM ont permis laconstitution de référentiels techniques etthéoriques sur des thématiques (systèmes deculture, systèmes d'élevage, écosystèmesforestiers, utilisation de l'espace, logiquesd'acteurs... ) et des niveaux d'échellesdivers: parcelle, exploitation agricole, bassinversant, village, etc. Il s'agit à présent demobiliser ces différents savoirs pour engagerles acteurs locaux dans une concertationfondée sur une vision partagée des enjeux dudéveloppement. Un modèle participatif dediagnostic et de simulation a été mis au pointcomme support de discussion entre paysans,chercheurs et cadres du développement. Lesétapes de construction et d'utilisation del'outil de modélisation spatiale sont iciillustrées par le cas du village de PhiengLieng, commune de Ngoc Phai, district deChoDon.

2. La démarche de recherche­action

La démarche de Recherche-Action s'est miseen place sur la base d'un processus interactifchercheurs - acteurs locaux engagé depuisplusieurs années, associant approche externeet approche participative (Figure 1). Lestravaux de recherche ont d'abord porté surl'analyse des dynamiques agraires et desmodes de mise en valeur du milieu et se sont

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Expérimentations

Essais divers ITI< SCVsituation contrôlée

Diagnostic exteme

Modèle spatial compartimenté

Démarche participative

Figure 1: Démarche de recherche-action

ensuite orientés vers les interactionsagriculture - élevage - forêt qui ont étéidentifiées comme un des pointsd'intervention à privilégier. L'action consisteà accompagner les acteurs locaux dans lestransformations de leurs systèmes deproduction afin de les adapter aux réformesfoncières et économiques engagées à la findes années 1980 avec la décollectivisation del'agricultureLes exploitations agricoles familiales desmontagnes au nord du Vietnam constituentdes systèmes complexes associant cultures,arboriculture, élevage et prélèvements sur lemilieu naturel. Les systèmes sur couverturevégétale, proposés comme alternatives, sontdes systèmes tout aussI complexessusceptibles d'engendrer des changementssur l'ensemble des composantes del'exploitation. L'intégration de tellesinnovations aux systèmes actuels amènentnécessairement à la conception d'uneapproche holistique faisant appel à des outilspluridisciplaires. L'entrée dans ces systèmespar l'animal, mobile dans l'espace, permet demettre en lumière l'importance desinteractions agriculture - forêt - élevage au­delà de la place centrale occupée par de lariziculture irriguée.

On se place ainsi dans un processus oùchaque étape correspond à un niveau dequestionnement. Chaque ruveau dequestionnement nécessite l'utilisation d'unoutil spécifique qui correspond aussi à unniveau d'abstraction spécifique (Figure 1).« SAMBA », par exemple, est un jeu de rôlebasé sur les systèmes multi-agents mis aupoint par le volet Régional du projet SAM. Ilplace les acteurs en situation de décision surleurs modes de gestion de l'espace. Laméthode permet de faire émerger les pointsde conflits liés aux pratiques individuelles età leurs conséquences sur l'évolution despaysages (Castella et al., 2001). Le niveaud'abstraction élevé, une situation de jeu dansun village imaginaire, a permis aux acteurs deprendre position sur des questions foncièresen dépersonnalisant le débat et en favorisantainsi la discussion En revanche, ce niveaud'abstraction est mal adapté à un passage àl'action. Il s'agit donc de trouver uncomprorrus entre différents ruveauxd'abstraction (qui donnent un cadre à ladécision) et leurs relations aux réalités locales(qui donnent un cadre à l'action). Un langagegraphique a pu être élaboré sur la base dusavoir local et a fourni une premièrerepresentation spatiale du village Tay dePhieng Lieng (Castella et al, 2002). Avec le

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4 Un modèle spatial compartimenté

modèle spatial compartimenté, présenté ici,on s'affranchit de la représentation réelle duvillage et de la distribution spatiale de sesressources pour évoluer vers uneformalisation plus neutre (générale) tout enmaintenant les repères pour un retour au réel.Le langage graphique est mobilisé pour laconstruction de cette plate-forme decommunication destinée à favoriser ladiffusion des innovations fourragères. Dansce mode de représentation à fort contenuinformationnel, la simplicité de lareprésentation fmale et du support dediscussion est le résultat d'un compromisentre la prise en compte de paramètresindispensables au suivi ainsi qu'àl'accompagnement des dynamiques spatialeset à la simplicité requise pour lacompréhension des acteurs impliqués.

3. De la représentation spatiale àla modélisation dynamique

3.J. Représentation spatiale du village:le modèle compartimenté

Compartimentation. Dans ce milieu demontagne et de hautes collines, le relief estun élément fort de structuration de l'espace etdes activités des villageois (Raunet, 1999).Mellac (2000) montre déjà unecompartimentation nette des villages demontagne en 4 principales unités de paysage:bas-fond, hautes terrasses et premièrespentes, forêts et broussailles sur les pentesplus éloignées, correspondant à 3 usages biendistincts, respectivement: riziculture irriguée,habitations et jardins, cultures pluviales etplantations/divagation des animaux. Eguienta(2000) évoque une partition du territoirevillageois Tày en 3 espaces agraires: l'espaced'élevage, l'espace de rizière et l'espace decultures de pente. La rencontre de ces espacesd'activités est source de conflit d'usage (parexemple dégâts aux cultures par lesanimaux). Tirant parti de la configurationnaturelle du territoire ou par desaménagements ponctuels (clôtures, fosses,couloirs de contingence... ), les paysanstentent de maintenir ou de renforcer laséparation nette entre ces espaces d'activités.Un diagnostic spatial réalisé précédemment àl'aide d'une maquette (modèle 3-D) duvillage de Phieng Lieng a permis de saisir lesreprésentations que se font les villageois deleur propre espace (Castella et al., 2002). Laformalisation de ces représentations confIrme

la structure compartimentée du territoire etdes pratiques mises en œuvre sur cet espaceavec: (i) une zone officielle de pâturage et deforêt constituée essentiellement depeuplements à chromolena odorata, d'unepetite surface de prairies naturelles, de recrûsligneux, de forêts secondaires et de quelquescultures de mais et de manioc, (ü) une zonede terres de pente et de terrasses hautesoccupée par les cultures de mais, de manioc,les jardins, vergers et les habitations, (iii) lefond de vallée occupé par les rizièresirriguées. La zone officielle de pâturage et deforêt est séparée de la zone de culture par uneligne de crêtes, le village étant lui-mêmedélimité par les barrières naturelles forméespar les sommets de karst. Le passage desanimaux de la zone d'habitation à la zoned'élevage se fait à travers un couloir decontingence naturel et complété par desfosses et des clôtures.

Elaboration du modèle spatial. Les limitesadministratives suivent généralement leslimites naturelles formées par les lignes decrêtes. Il est possible de considérer le villagecomme une superposition de 3 compartimentscorrespondant chacun aux zones décritesprécédemment (Figure 2). Dans lareprésentation, la position relative des unitésde paysage est maintenue comme repèrevisuel pour les utilisateurs. Les proportionsdes compartiments et des unités de ressourcesqu'ils englobent sont conservées en rapport àleurs surfaces respectives. Le nombre et laproportion des compartiments peuvent varierd'un village à l'autre. Chacun de cescompartiments est plus ou moins perméableet cette perméabilité dépend des points depassage réellement accessible dans le villageconsidéré. Ce mode de représentation permetalors de s'affranchir des contours réels, doncd'être transposable et fournit un niveaud'abstraction suffisant pour dépassionner ledébat. Le modèle de village sera nommé icimodèle cadre. Ce modèle cadre sert alors desupport à plusieurs utilisations.Les dynamiques d'exploitation du territoirepar l'élevage, et les scénarios d'évolution dessystèmes d'élevage à l'échelle du villagepeuvent y être représentés à l'aide desymboles graphiques simples (flèches, lignes,symboles... ) repris du langage graphiquecommun élaboré dans une première étape(Castella et al, 2002). Pour un scénariodonné, le modèle devient un support desimulation de l'adoption potentielle del'innovation à l'échelle de l'exploitation

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limites etreliefs _____.. zonage

...--.....- .. 3

position relativedes unités depaysage et de

ressource

proportionsdes unités depaysage et de

ressource

Figure 2 .' démarche de construction du modèle

agricole. Chaque famille peut représenter sespropres surfaces sur le modèle villageois. IIne s'agit plus alors de décrire l'occupation duterritoire malS de visualiser de façonpédagogique dans l'espace et dans le tempsplusieurs combinaisons de ressourcesfourragères sur une exploitation agricole enfonction des surfaces dont elle dispose, avecen sortie le niveau de couverture des besoinsen fourrage du troupeau familiaL

3.2. Vers un modèle de simulationopérationnel et participatif

Il s'agit de placer les éleveurs en situation dedécision. Face à des enjeux dedéveloppement local bien identifiés etcompris, une série d'options techniques et/ouorganisationnelles sont proposées. Cesinnovations peuvent être mobilisées par lesparticipants à travers un processus d'adoption

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rejet pour répondre à leurs problèmesspécifiques.

Choix des entrées et des sorties de lasimulation. L'utilisateur introduit dans sonsystème un type d'innovation sur une surfacequ'il fixe lui-même et il obtient en sortie lenombre de bumes qu'il peut nourrir sur cetteressource en période d'hiver et en périoded'été.Les entrées du modèle de simulation sontainsi réduites au minimum. Il pourrait êtreintéressant par la suite d'intégrer la maind'œuvre et la trésorerie comme entrées. Danscette première étape de construction dumodèle, ces informations sont discutées enfonction des choix opérés par l'utilisateur. Ladémarche permet de mettre en lumière lesquestions éventuelles des utilisateurs, lescontraintes perçues par l'éleveur sur unchangement dans son système et surtout lafaçon dont il hiérarchise l'une ou l'autre deces contraintes. Concrètement, l'acteur peutchoisir d'agir sur 2 variables :

• la surface sur laquelle est développéel'innovation: l'unité de base est fixée à 2bungs (soit 2000m2), le bung est l'unité desurface locale et 2 bung la surface moyenned'une parcelle.

• la production réalisée sur cette surface : àchaque type de production correspond unrendement et une période de production (étéou hiver) où la ressource est disponible.

Exprimer les apports d'une innovationuniquement en terme de quantités de fourragene suffit pas pour alimenter un raisonnementrationnel chez l'éleveur. L'objectif premier duchangement de système d'alimentation est lasatisfaction de la demande animale qui setraduit pour un éleveur en nombre de bumesalimentés sur une ressource donnée. Nouschoisissons donc une sortie unique, expriméeen nombre « d'équivalent bume» (nequ.bu) par unité de surface. Nousconsidérons qu'un buffle moyen pèse 300 kget que ses besoins d'entretien journaliers sontde 2,5 kg de matière sèche pour 100 kg depoids vif, et qu'un bovin vaut 2/3 d'equ.bu etune chèvre 1110 d'equ.bu.

Choix des paramètres. Les paramètres dumodèle opérationnel constituent unecomposante du modèle sur laquelle un niveaud'information élevé est tolérable à conditionde conserver des entrées et des sortiessimples et porteuses de sens pour l'utilisateur.

En effet, les calculs n'apparaissent pas, ce quien autorise la complexité.Le modèle fonctionne sur 4 paramètres :

• Le rendement potentiel en kg! ha (RDT)

• La période de production en jours (NJprod)

• Le taux de consommation du fourragedonné (varie de 0 a 1) (TC)

• Les besoins théoriques journaliersd'entretien pour 1 equ.bu en kg!equ.buljour(BE)

Pour une innovation et pour une surfaceunitaire de 2 bungs, on a :

n equ.bu= RDT*TC 1(NJprod*BE)

Seuls les besoins d'entretien exprimés enquantité de matière sèche sont ici pris encompte. Peu d'éleveurs sont dans une logiqued'embouche, il s'agit plus ici de maintenir letroupeau et en tout état de cause de limiter lespertes d'animaux en hiver. L'information surles valeurs fourragères est apportée encommentaire en distinguant fourragesprotéiques et énergétiques. De plus, lesqualités agronomiques des différentsmatériaux végétaux sont expliquées:propriétés restructurantes et protectrices desBrachiaria sur les sols, apport d'azote permispar les légumineuses, etc.

Les rendements théoriques sont estimés àpartir des résultats expérimentaux obtenus parle projet SAM entre 1999 et 2000 et desvaleurs disponibles dans la littérature. Lesordres de grandeur utilisés ici correspondentà des valeurs minimales obtenues pour unfaible niveau d'intrant, sur terrains dégradésafm d'éviter les surestimations et de faireapparaître les contraintes.

De nombreux systèmes innovants ne sont pasencore validés en milieu paysan sur degrandes surfaces. C'est pourquoi dansl'exemple ci-après nous avons choisi delimiter le panel de propositions à 7innovations. Chacune est caractéristique,dans le sens où elle concerne spécifIquementune unité de paysage, un type d'espècevégétale, et un niveau de transformation dusystème plus ou moins élevé.

• Brachiaria rozlZlensis (graminéefourragère) sur 3 ans en rotation avec mais(BRM)

• Brachiaria roziziensis en association (eninterlignes) avec mais (BAM)

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• Arachis pintai (légumineuse fourragère)sous verger (ASV)

• Stylosanthes guyanensis Oégumineusefourragère) sous verger (SSM)

• Paille de maïs traitée à l'urée (CMT)

• Paille de riz traitée à l'urée (PRT)

• Avoine d'hiver sur rizière de bas-fond (AH)

Les innovations sont présentées dans untableau qui donne pour chacune les sortiesexprimées en equ.bu pour deux bungs sur lapériode de production, le calendrier deproduction, les remarques éventuelles (tempsd'installation, besoins en urèe, force detravail élevée, etc.).

Fonnalisation du modèle. Le modèle desimulation complet se compose du modèlecadre villageois, du tableau des irmovations etd'une grille de sortie figurant le troupeaufamilial (Figure 3).

Les surfaces composant l'exploitationagricole sont représentées sur le modèle cadreà l'aide de carrés en carton de couleur (1 partype de production de base : mais, manioc,riz, plantation ou forêt) représentant chacun 2bung. Une seconde série de carrés de cartonspermet de représenter ensuite chacune desirmovations proposées, chaque carréreprésentant aussi une surface de deux bungs.La grille de sortie représente chaque buffle dutroupeau. A chaque buffle correspond unecase pour l'hiver et une case pour l'été.L'utilisateur rempli la case en fonction desressources qu'il produit. Il peut répartir saressource sur tous les animaux ou aucontraire les concentrer sur certains pourlesquels les enjeux sont plus importants(femelles gestantes, allaitantes, buffles detrait en période de travail). Le résultat final dela simulation est présenté en illustration(Figure 4) pour deux exploitationscontrastées.

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notes

2

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_+-~~1 year 10 seltle1. 5 years 10 seilleneed 5kg of urea for 100 kg of slrawno water loggingreed 5kg of urea for 100 kg of slraw2

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Figure 3 : modèle de simulation complet

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Un modèle spatial compartimenté

5

2

3

2

3

Figure 4 : Deux exemples contrastés de feuille de jeu remplie par des agriculteurs participants

4. Application au village dePhieng Lieng

L'application de la démarche au village dePhieng Lieng permet d'en illustrer lefonctionnement et les résultats que l'on peuten attendre. Une séance de simulation a étéeffectuée avec un groupe de villageois enoctobre 2001 Il s'agissait d'une part devalider les éléments de représentation et lescapacités de communication du modèle,d'autre part, d'engager le processus dediffusion de l'innovation. Les séquences de larencontre sont décrites dans l'encadré 1 et demanière plus détaillée dans Martin et al.(2002).

4.1. Choix des participants

Seize villageois ont été sélectionnés pourcette première rencontre en s'appuyant sur lestTavaux de caractérisation des systèmesd'élevage (Eguienta, 2000) et d'analyse desrelations de pouVOIT et réseaux decommunication au sein du village (HoangLan Anh et al., 2002). Les critères suivantsont guidé la sélection des participants:

(i) mise en regard de situations contrastées(parmi les types d'éleveurs identifiés,participation de non-éleveurs) ;

(ii) prise en compte des modes de diffusionde l'information et des sphèresdécisiOlll1elles existantes, formelles ounon (représentant paysan, responsablede l'élevage, chef de village, éleveur citécomme référence par les autres ... ).Certains d'entre eux doivent bénéficierd'une certaine légitimité vis à vis duvillage pour jouer le rôle de mèdiateursentre les chercheurs, développeurs et lacommunauté villageoise à l'issue de laséance de simulation participative(Martin et al., 2002) ;

(iii) prise en compte des capacités decommunication (recherche d'unéquilibre entre "réactifs" et "suiveurs /passifs" pour harmoniser les échanges).

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Encadré 1 : Les étapes dans l'utilisation du modèle

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Etape 1 : Présentation du modèleDiscussion 1 : sur les représentations choisies, calage des participants sur une compréhension commune àl'échelle du village.

Etape 2 : Présentation de la situation et des points de blocage avec le modèleDiscussion 2: sur la perception des problèmes, percevons nous les mêmes qu'eux? Où Y voient-ils lesorigines? Quelles possibilités d'évolution peuvent ils proposer? (Représentation sur le modèle)

Etape 3 : représenter sa propre exploitation sur le modèle cadreDiscussion 3 : sur les représentations choisies, calage des participants sur une compréhension commune àl'échelle de l'exploitation agricole.Etape 4 : présentation des innovations proposéesDiscussion 4: à chaud sur les premières contraintes qu'ils y voient, sur les précisions qu'ils désirent, sur leurperception générale de ces innovations.

Etape 5: Simulation des systèmes d'alimentation innovantsLes participants construisent leurs nouveaux systèmes d'alimentation sur le modèle cadre parmi le paneld'innovations présentés. Leurs propres surfaces constituent leur limite au cas où l'extension de surface n'estpas possible.Discussion 5: individuelle ou par petits groupes. Quels choix soot opérés pour leur propre exploitation ?Quand des blocages apparaissent (surface insuffisante, production insuffisante) quels autres choix font ils?Quelles propositions sont rejetées systématiquement, pourquoi? Où choisissent ils d'appliquer tel ou telsystème (compartiment, unité de paysage)

Etape 6: Présentation à l'ensemble du groupe de cas contrastésDiscussion 6: les aspects organisationnels sont abordés sur la base des cas présentés. N'y a-t-il pas unecollaboration possible entre exploitation de configurations différentes ou une associatioo de foyers ayant lesmêmes objectifs sur un territoire commun?

4.2. Représentation spatiale d'unesituation de conflit et de scénariosde déblocage

L'estimation des ressources naturellesdisponibles sur le village à partir des mesuresde biomasse effectuées sur les sites d'essaismontre que seuls deux tiers du cheptelvillageois peuvent être alimentés de façondurable à partir de ces ressources. Un tiers dece cheptel s'alimenterait donc sur desressources extérieures au village ou sur lesjachères (parfois aussi les cultures) et la forêt.La représentation de cette situation sur lemodèle cadre (Figure 5, schéma A) est bienassimilée par les participants dans la mesureoù ils nomment spontanément la voie desortie par son nom toponymique.

Les entretiens individuels ont pernnsd'identifier le village voisin vers lequels'opèrent les fuites d'animaux. Le schéma Bde la figure 5 représente les 2 villages. Lesentretiens individuels ont permis d'identifierle village voisin vers lequel s'opèrent les« fuites» d'animaux: le village X présentedes surfaces de rizières réduites compenséespar des surfaces de pente cultivée importantes

et donc une présence de prairies favorisée parles larges surfaces en jachére et une chargeanimale réduite. Les participants identifient levillage représenté au village voisin, d'ethnieDao. Ils expliquent que les passagesd'animaux entre les 2 villages s'opèrentprincipalement dans le sens de Phieng Liengvers le village X où les animaux occasionnentdes dégâts aux cultures. La réaction desparticipants face à l'estimation des fluxd'animaux vers le village voisin montrequ'ils sous-estimaient ces flux. Ils se référentessentiellement à la taille de leur propretroupeau et n'ont qu'une perceptionfragmentaire de l'impact du cheptel villageoissur les ressources fourragères.

Plusieurs voies de déblocage sont discutées etreprésentées à partir du schéma C. Les lignesrouges matérialisent une fermeture d'accès,une interdiction. Cette fermeture peut être lefait d'une barrière physique, d'un contrôledes animaux par le gardiennage, etc. Lesparticipants expliquent alors que la fermeturephysique de la voie de communication entreles deux villages est techniquementimpossible et que la surveillance des animauxau pâturage n'est pas envisageable compte

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10 Un modèle spatial compartimenté

tenu du manque de main d' œuvre. Lapremière réaction des villageois est lalimitation du cheptel, option déjà mise enoeuvre avec une forte diminution du nombred'animaux depuis 1999 (Eguienta 2000).Celle que nous proposons est uneaugmentation de la ressource fourragèrepermettant de conserver les animaux dans leslimites du village.

Cette augmentation de l'apport fourrager peutse faire sous plusieurs scénarios. Nous enprésentons trois ci-dessous:

Scénario 1 : la voie collective (Schéma D)Il s'agit de re-coloniser la zone de pâturagecollectif en augmentant la surface de prairie àtravers une production intensifiée. Ce capitalfourrager serait alors géré de façon collective.Face à ce scénario, aucun des participants,chef de village compris, n'ose intervenir surune question touchant au collectif. Cela tientd'une part au traumatisme post-collectiviste(toute forme d'organisation rappelant lacoopérative est rejetée par les villageoisvietnamiens) mais aussi à l'absence destructure de médiation ou de coordinationd'une telle entreprise. D'autre part, leschangements fonciers en cours concemantcette zone de pâturage collectif et les rumeursde projets concernant son exploitation pour laproduction de bois à papier interfèrent dansles discussions possibles sur cette partie duterritoire.

Scénario 2: la voie individuelle avecextension des surfaces fourragères (SchémaE)Compte tenu des réticences face à une gestioncollective de la ressource fourragère, lescénario suivant concerne la délimitation deparcelles individuelles en prairie améliorée.Face à la représentation graphique de cescénario, les participants réagissent enidentifiant la parcelle à une parcelle d'essaimise en place par le projet quelques moisauparavant. Cet essai fourrager a du êtrearrêté suite à une interdiction des autoritéslocales justifiée au départ par l'intentiond'utiliser un herbicide (glyphosate) sur laparcelle. Il a été constaté ensuite que cetteinterdiction était à relier avec leschangements fonciers en cours déjà évoqués.Cette méprise entre la représentation d'uneparcelle individuelle et la parcelle d'essai amontré que les participants reconnaissent leurvillage dans le modèle malgré le niveaud'abstraction. Cela a de plus permis d'obtenir

des explications complémentaires quant auxvraies motivations de l'interdiction et quantaux possibilités d'évolution vers une voie degestion collective et d'exploitation dupâturage collectif officiel.Jusqu'alors chaque villageois avait lapossibilité d'ouvrir une parcelle de culturesur la zone de pâturage, à condition que cetteculture soit de cycle court et quel'exploitation de la parcelle ne dépasse pas 3ans. La mise en jachère de la parcellepermettait alors un redémarrage de la prairie.Depuis l'annonce des changements fonciersen cours, l'extension des surfacesindividuelles sur les espaces collectifs nesemble plus envisageable selon les dires desparticipants.

Scénario 3: la voie individuelle sansextension de surface (Schéma F)Le seul scénario envisageable semble alorscelui d'une production fourragère dans leslimites des surfaces individuelles actuelles.Cela limite donc les possibilitésd'introduction de fourrages aux terres déjà enculture (en rotation ou en association) et auxterres en plantations d'arbres fruitiers oud'essences industrielles. Si cela constitue unecontrainte en terme de couverture des besoinsdu cheptel villageois, cela fournit par contreun contexte favorable à l'introduction et àl'adoption de systèmes sur couverturevégétale.

La séance aura révélé qu'une issue collectiveaux problèmes posés par les systèmesd'alimentation des grands ruminants n'est pasdirectement envisageable. Il s'agit plusd'accompagner des stratégies individuellespour un objectif commun de diminution de lapression animale sur les cultures et les forêtset de résolution des conflits avec les villagesfrontaliers. L'organisation des villageois pourune gestion collective de la ressource est àaborder par paliers. Certaines familles,particulièrement des familles jeunespratiquant l'élevage de plusieurs espèces deruminants, montrent déjà des ébauchesd'organisation par l'entraide ou des conduitessolidaires de gardiennage. D'autres exploitentune même parcelle et partagent alors lesmoyens de production et les revenus de laculture. Ces types d'organisation solidairerestent cependant limités à des cercles derelations familiales ou de voisinage, les deuxse superposant généralement. Ledéveloppement de ces stratégies solidairespourrait aboutir plus tard à une stratégie

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Village X

B

.......-_ - .

......................._--_ ...

43 Y'

A

+

o E F

Fi'IJUre 5 : Représentation des scénarios

collective qui constituerait alors une dernièreétape dans les modes de gestion desressources. Pour que les systèmes actuelsévoluent dans cette voie, il faudrait que lesintéressés développent une perceptionpositive des résultats de leur coopération avecun collectif de gestion qui n'a pas encoreémergé (ou des résultats négatifs de leur non-

coopération). La coopération ne serait alorsplus valorisée pour eUe-même mais pour lesrésultats concrets qu'elle pennettraild'obtenir (Friedberg, 1992).

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Les choix s'opèrent de façon progressive enfonction de la couverture des besoins dutroupeau familial L'alimentation du bétailsur des ressources autres que celles fourniespar le milieu naturel ou les résidus de culturesn'est pas une pratique culturellement ettraditionnellement assimilée.

Quant aux choix effectués lors de lasimulation d'adoption (Tableau 1), 94% desfamilles choisissent le Brachiaria enassociation au maïs. Près de la moitié desfoyers choisissent de valoriser la paille de rizpar le traitement à l'urée. Lorsque cetteoption ne suffit pas aux besoins du troupeau,ils choisissent alors d'implanter de l'avorned'hiver (25%) ou de l'Arachis pour ceux quipossèdent des plantations de fruitiers. Tousoptent pour au moins un fourrage d'été et unfourrage d'hiver. Les 2 familles possédant lesplus gros troupeaux adoptent jusqu'à quatretypes d' irrnova tions.

4.3. Simulation d'adoption d'innovationa l'échelle du foyer d'éleveur sur labase du scénario 3

Le scénario 3 est choisi comme contexte auniveau du village pour la simulationd'adoption au niveau des exploitationsagricoles Chaque participant travaille doncsur un support individuel Les participantsplacent aisément leurs parcelles sur le modèleen respectant les surfaces et les positionsrelatives. Le mode de représentationgraphique choisi comme support desimulation est ainsi validé.

Déroulement de la simulation. Face auxpropositions d'innovations, les participantss'intéressent dans un premier temps auxpropriétés d'amélioration et de protection dusol des plantes de couverture. Le conceptd'un tel usage des plantes constituent unenouveauté. Les questions s'oriententrapidement sur des éléments précis del'itinéraire technique (à quel stade de laplantation peut-on implanter la couverturevégétale? doit on fertiliser? etc.). Lecomportement des trois paysans ne possédantpas de bumes est riche d'enseignements: Ilsse sont malgré tout intéressés aux mnovatIOnsproposées pour trois raisons différentes:

(i) le premier s'intéresse aux propriétés deprotection et de fixation de l'azote d'unelégumineuse pour la mise en place d'unverger.

(ii)

(iii)

le second cherche à évaluer les systèmesà mettre avant d'acquérir un buffle.

le dernier, déjà commerçant, pense àvaloriser au mieux sa surface et vendreéventuellement ses produits à vocationfourragère à ses voisins dont il a pu voirqu'ils ne disposaient pas de ressourcessuffisantes.

Tableau 1 : Résultats de la simulation d'adoption des innovations par les participants

Innovations % d'adoption sur les 16 familles

AMI (BrachiariafMais associés en zone 1) 19% 94%~B::AM2~~":(B~'!.-ra~c~h;i~a::'n:::·a~lM~a~i~s':::a'::::ss::o:'::c~ic~·s::..-·e::':n:':":::z:'::0':':n':'e~2~)---T-----;:;7~5°O::yo~--

1 6% 25%

19%

6%

13% 19%

19% 19%

25% 25%

44% 44%

13% 31%

19%

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La transfonnation des systèmes de productionévolue donc par paliers successifs au cours dela simulation. Par exemple, l'un desparticipants a d'abord choisi de produire duBrachiaria en association avec le maïs pourl'été et l'utilisation des pailles de riz pourl'hiver. Dans un cas comme dans l'autre, ilréalise qu'il ne produit pas assez de fourragepour répondre aux besoins de tous sesanimaux, et décide alors d'introduire del'avoine en bas-fond pour l'hiver et del'Arachis pintoi pour l'été. L'offre fourragèrene répondant toujours pas aux besoins de toutle troupeau, l'éleveur se rend compte qu'ildoit faire un choix des animaux qu'ilalimentera en priorité (femelles allaitantes,mâles au travail ou partant à la vente) en étéet en hiver.Les participants effectuent eux-mêmes leurcalcul, combinent différentes solutions àpartir de leurs surfaces cultivables, ce àl'échelle de leur exploitation et non paratelier. Diverses réactions sont observées:certains se prenant au jeu et essayantdifférentes stratégies, reprenant les calculs etéchangeant avec les voisins, d'autressollicitant l'aide des animateurs sur lesmoyens d'augmenter leurs ressources au-delàde ce à quoi ils parviennent avec lescombinaisons choisies. Tous participent à laréflexion et à la discussion, les plus à l'aises'expriment lors de la discussion en groupe,les plus discrets lors des discussions avec lesanimateurs sur les cas individuels.

Résultats de la simulation Les choix desagri-éleveurs se portent en priorité sur lesinnovations mobilisant le moins de surfacedurant la saison de culture (associationmaïs/Brachiaria rnziziensis, traitement despailles de riz à l'urée). Peu des villageois sontprêts à libérer une surface cultivable pourune production exclusive de fourrage. Lapression foncière, les faibles niveaux derendements de la région et l'absence de touteforme traditionnelle de production fourragèresont des éléments explicatifs des choixopérés. Dans les travaux à venir un accentparticulier devra être mis sur les associationsculturales puis, plus tard, sur des rotationsentre cultures et plantes fourragères sur lesmêmes parcelles.

Le succès des pailles de riz traitées, lors de lasimulation, a conduit à la mise en placed'essais en milieu paysan. Si des travaux dela FAOIUNDP réalisés en 1996 montraientque l'opération n'étaient pas économi-

quement viable au Vietnam, les changementséconomiques importants opérés depuis dansle pays et les travaux plus récents sur cettetechnique dans le cadre de la productionlaitière (Wanapat, 1999) fournissent deséléments encourageants pour ledéveloppement de cette technique.

L'intérêt semble également être assez marquépour l'avoine d 'hiver dans les rizières de bas­fond. Cette option est d'autant plusintéressante que le gouvernement octroie uneprime à l'intensification des rizières irriguées.L'avoine peut ensuite être utilisée commepaillage dans les rizières mal irriguées pourune culture à plat de riz pluvial en semisdirect (riz aérobie). Une série d'essais enmilieu paysan ont été réalisés suite à laséance de simulation décrite ci-dessus. Lesagri-éleveurs intéressés ont été mobiliséspour mettre en place ces expérimentations surleurs propres parcelles, concrétisationimmédiate des choix opérés au cours de lasimulation. Les chercheurs ont effectué unesélection des participants à contacter enfonction leurs intérêts exprimés sur la feuillede simulation. Ce retour chez les paysansconstitue une forme d'évaluation de l'impactdu modèle (Martin et al., 2002).

A l'issue de la simulation, peu de famillescouvrent les besoins alimentaires de leurbétail, en particulier les « gros» troupeaux.Plusieurs solutions sont alors discutées: lalimitation du cheptel, l'utilisation defourrages améliorés pour satisfaire lesbesoins des animaux pendant les périodescritiques, la sélection des animaux alimentéssur ces ressources, ou encore uneintensification plus forte de la productionfourragère. Si les villageois ont dt3à procédéà une limitation du cheptel, il n'en reste pasmoins qu'un minimum d'animaux doit êtreconservé pour les besoins en traction(Eguienta, 2000). Les innovations sontproposées à des niveaux de fertilisationminimum (couverture des exportations). Unefertilisation plus importante n'est de toutefaçon pas envisagée par les villageois dans lamesure où la fertilisation du riz irriguéconstitue déjà une contrainte pour cessystèmes. Il apparaÎt donc que l'apport defourrage permis par les innovationsproposées constituerait un complément auxressources naturelles disponibles aupâturage. Ainsi, la première étape derationalisation de l'alimentation des grandsrnminants serait le choix des animaux à

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14 Un modèle spatial compartimenté

complémenter. Cela nous amènerait àraisonner le modèle de simulation de façonplus complexe en paramétrant les apportsénergétiques et protéiques des fowTages et lesbesoins des grandes catégories d'animauxGeunes en croissance, femelles allaitantes,animaux de trait, etc.).

5. Discussion: limites du modèleet perspectives d'amélioration.

La simulation participative a permis demettre les innovations techniques à l'épreuvede leurs futurs usagers et de renvoyer desquestions très pertinentes aux chercheurs surles systèmes de culture proposés. Mais au­delà de la simulation, le modèle fournit unsupport de communication et de réflexion quis'avère efficace. Les problèmes et lesdifférentes voies de résolution sontformalisés, fournissant une base à partir delaquelle chacun peut cibler ses questions. Atravers les questions posées par lesparticipants au cours de la simulation ilapparaît clairement que notre argumentair~ enfaveur des systèmes innovants mis au pointpar le projet SAM souffre encore del'absence de données nécessaires auparamétrage du modèle. Les essais devrontalimenter le modèle en références techniqueslocales fiables grâce à l'introduction demesures technico-économiques mieuxciblées: suivi dynamique des biomasses etdes valeurs fourragères, suivi barymétriquedes animaux et évaluation des besoinsévaluation des besoins en main d'œuvre e~trésorerie, etc.. Les besoins spécifique; enfourrages (quantitativement etqualitativement) des différents animauxdevraient également être pris en compte, lemodèle étant actuellement limité aux besoinsd'entretien exprimés en matière sèche.Cependant, l'amélioration du paramétrage nedoit rien concéder à la simplicité d'utilisationdu modèle. Dans la construction de cesupport de discussion à fort contenuinformationnel la simplicité de lareprésentation [male est le résultat d'uncompromis entre (i) la prise en compte deparamètres indispensables au suivi ainsi qu'àl'accompagnement des dynamiques spatialeset (ii) la simplicité requise pour lacompréhension par les acteurs impliqués.

Force est de reconnaître que le succès de lasimulation est en partie dû au fait que laplupart des villageois sont alphabétisés et

bénéficient d'une base scolaire autorisant uncertain niveau d'abstraction et de calcul (fmde primaire, voire secondaire). D'autre part,certains des participants ont été mis àcontribution dès les premières étapes de ladémarche (lors des diagnostics puis del'élaboration du langage graphique commun àpartir du modèle 3D participatif; Castella etal., 2002) et sont arrivés à la séance desimulation déjà sensibilisés à uneformalisation graphique. Pour valider cemodèle et son mode de représentation, ilfaudra le tester sur d'autres villages.

Le modèle s'appuie principalement sur laforte structuration de l'espace par le relief. Ilest donc pertinent sur cette zone de montagneet de hautes collines où le découpageadministratif exploite les éléments forts dupaysage. Il faudra vérifier cette pertinencedans le cas de zones au relief moins marqué,par exemple sur les zones de basses etmoyennes collines.

La démarche de diffusion telle qu'elle estpratiquée au Vietnam est souvent verticale,de type «top-down ». Les capacités despaysans, a fortiori s'ils appartiennent auxethnies minoritaires, sont encore souventsous-estimées par les cadres dudéveloppement et de la recherche. Les actionssont la plupart du temps sectorielles et peu decadres sont familiarisés à l'approchesystémique. Une telle simulation a permisaux cadres locaux d'aborder l'exploitationdans son ensemble à travers uneformalisation spatiale synthétique. Observeret participer à une réflexion commune avecdes paysans autour de l'innovation constituepour ces cadres une occasion jusqu'alorsrare de les considérer comme desinterlocuteurs capables et nécessaires àl'action de développement.

6. Conclusions

Le modèle spatial compartimenté auquel onaboutit ici est le fruit de la rencontre depersonnes et de compétences diverses àtravers une approche pluridisciplinaire demobilisation des connaissances ce dans unsouci d'opérationnalité. Un langagegraphique a été développé puis mobilisé pourla construction d'une plate-forme decommunication destinée à favoriser ladiffusion des innovations fourragères. Lapremière séance d'utilisation de ce modèle

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visait à la fois à tester les représentationsgraphiques auprès des acteurs locaux dudéveloppement et à évaluer le pouvoir decommunication de l'outil élaboré. Il s'avèreque les participants ont reconnu lareprésentation qui est faite de leur village etles enjeux sur la ressource ont pu êtreformalisés dans un langage commun auxvillageois et aux scientifiques. La discussiona pu être engagée autour des innovationsproposées, et des choix opérés lors de lasimulation. Au-delà de cet exercice collectif,plusieurs participants ont déjà testé sur leurspropres parcelles certaines des innovationsqu'ils avaient adoptées virtuellement. Leschoix d'innovations effectués et lesmotivations qui s'y rattachent fournissent desdirections pour les prochains essais du projet,notamment sur les associations de cultures etle traitement des pailles de riz à l'urée. Unetelle approche, concrète, d'échange et departicipation des acteurs locaux et des cadresdu développement dans une réflexioncommune est en soi une innovation. Lasimplicité du modèle, sa facilité d'utilisationet de transport (support papier) en font unoutil de terrain efficace. A tenne, ce supportde discussion devrait évoluer vers un modèled'aide à la décision, utilisable en groupe ouindividuellement. Une autre évolution del'outil serait la prise en compte de ladimension organisationnelle des changementsde systèmes d'alimentation de grandsruminants afm de favoriser un passageprogressif de logiques individuelles à deslogiques solidaires puis collectives. Lesupport de simulation deviendrait le supportd'un jeu de rôle où les acteurs peuvent êtreplacés en interaction sur un espace villageoislimité. Les acteurs placés en situation de prisede décision powTaient alors jouer et adapterleurs stratégies selon les configurationsrencontrées (conflits pour les ressources,saturation de l'espace, etc.). Au-delà dudiagnostic, cet outil permettrait alorsd'accompagner l'introduction des innovationstechniques et les transformations en cours dessystèmes d'élevage. Lorsqu'on fait travaillerles gens sur des problèmes concrets, ils semobilisent, réfléchissent, décrivent etanalysent la situation qu'ils vivent et ne secontentent pas de formuler des revendicationsou des appréciations générales (Friedberg,1992). Il s'est agit donc d'impliquer lesacteurs, de faire apparaître les oppositions,les problèmes réels et de créer les conditionsd'un dialogue. L'utilisation de ce modèlespatial compartimenté comme support de

discussion a permis un prernier pas dans cettedirection, il reste aujourd'hui à nourrir cetoutil et à pérenniser les échanges avec lesacteurs locaux pour une recherche-action plusproche des préoccupations de ces derniers.

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grands ruminants : un modèle spatial compartimenté

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