Mihai Eminescu

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Mihai Eminescu Le lac Les nénuphars jaunes emplissent Le lac des forêts comme argent Il fait se balancer la barque Et tressaille en cercles blancs. Je passe tout au long des rives zet je m'attends à chaque pas Qu`elle surgisse des roseaux Et qu'elle tombe dans mes bras. Nous sauterons dans notre barque Par la voix des eaux enivrés, J'abandonnerai le timon. Laissant les rames m'échapper; Nous flotterons saisis du charme Sous cette lune rayonnante -- Le vent bercera les roseaux Les eaux chanteront ondoyantes ! Mais elle ne vient pas... Tout seul Je soupire, je souffre en vain, Les yeux perdus sur mon lac bleu, Qui de Iourds nénuphars est plein. Fleur bleue - Tu replonges dans les étoiles, Les nuages, les cieux infinis? O âme de toute ma vie. Eloigne de l'oubli le voile.

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Poezii in limba franceza

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Page 1: Mihai Eminescu

Mihai Eminescu

Le lac 

Les nénuphars jaunes emplissentLe lac des forêts comme argentIl fait se balancer la barqueEt tressaille en cercles blancs.

Je passe tout au long des riveszet je m'attends à chaque pasQu`elle surgisse des roseauxEt qu'elle tombe dans mes bras.

Nous sauterons dans notre barquePar la voix des eaux enivrés,J'abandonnerai le timon.Laissant les rames m'échapper;

Nous flotterons saisis du charmeSous cette lune rayonnante --Le vent bercera les roseauxLes eaux chanteront ondoyantes !

Mais elle ne vient pas... Tout seulJe soupire, je souffre en vain,Les yeux perdus sur mon lac bleu,Qui de Iourds nénuphars est plein.

Fleur bleue 

- Tu replonges dans les étoiles,Les nuages, les cieux infinis?O âme de toute ma vie.Eloigne de l'oubli le voile.

En vain des rivières solairesDans ta pesée tu réunis,Les Iarges plaines d'Assyrie,Même la ténébreuse mer;

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Les pyramides au grand jourElèvent leur sommet hautain --Ne cherche pas dans le lointainLe grand bonheur, ô mon amour!

La mignonne me dit ainsi,Tout en caressant mes cheveux,Ah, dirent vrai ses mots heureux,Et moi j'ai ri, je n'ai rien dit.

- Viens au bois plein de délices,Où sources pleurent dans les vaux,Où Ie rocher se penche tropVers le grandiose précipice,

Sous les arbres au doux murmure,Près du roseau qui nous écouteEt de l'étang qui nous envoûteParmi Ies feuilles et les mûres.

Tu me diras contes de féesMentant de ta bouche gertilleAlons qun brin de camomilleDira si ton amour est vrai.

Je serai alors toute rougeSous le soleil qui brille fort,Je défairai mes cheveux d'orPour te remplir ainsi la bouche.

Si tu me donnes un baiserPersonne au monde ne saura,Car mon chapeau le cachera --Cela ne peut les concerner!

Lorsque la lune tout d'un coup

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Dans notre nuit aura surgiTes bras me lèveront ainsi,Mes bras entoureront ton cou.

Sur le sentier sous le feuillageVers le village descendant,Nous cueillirons embrassementsDoux comme fleurs qui se cachent.

Et arrivant devant la porteNous parlerons sous le soir dout:Qui peut donc se soucier de nous,De cet amour que je te porte?

Un baiser, elle part sous l'houre ...J'etais un pilier sous lune molle!O combien belle, combien folleEst ma fleur bleue, ma douce fleur!

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Et tu t'en fus, douce merveille,En est mort notre amour fougueux --Douce fleur bleue, douce fleur bleue !...C'est bien triste sous le soleil.

O reste 

«0 reste, reste pres de moiPuisque je t'aime tellement !Moi seule je sais ecouterTes nostalgies, desirs ardents;

Dans l'obscurite de mes ombres

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A un prince je te compare,Qui regarde aux trefonds des eauxAvec ses yeux sages et noirs:

Et par les vagues qui mugissent,Par les ondes de l'herbe antiereJe te fais entendre en secretLa marche des troupeaux de cerfs;

Je te voi ravi par le charmeMurmurer de ta douce voix,Pendant que tu tends le pied nuDans l'eau limpide au pur eclat

Et regardant sous clair de IuneVers le lac aux ardents rayons,Tes anees semblent des instants,Les instants siecles sembleront.»

Ainsi dit la calme foret,Sa voutes sur moi balançant;Mais je sifflais a son appelEt je sortis au champ en riant.

Aujourd'hui si j'y revenaisJe ne la comprendrais plus guere...Ah, mais où at-tu mon enfance,Avec ta foret, ton mystere?

Au long des peupliers 

Au long des peupliers en vainJe suis souvent passé,Me connaissaient tous les voisins-Mais tu m'as ignoré.

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Vers ta fenêtre qui brillaitJe regardais éprisQuand tout un monde comprenait-Tu ne m'as pas compris.

Combien de fois, mon grand amourRéponse a attendu!Si tu m'avais donné un jour,Heureux m'aurais rendu;

Si l'on avait été amisDans notre tendre ardeurEn écoutant ta bouche ainsi,Une heure et que je moure.

Si tes yeux m'avaient donnéRien qu'un seul rayon,Une autre étoile aurait brûléDevant les horizons.

Tn eusses vécu à jamaisAu long des temps, des viesAvec tes bras prenant l'aspectDu marbre froid exquis;

Image toujours adorée,N'ayant plus de pareillesLes fées qui viennent des contréesOù naissent les merveilles.

Aux yeux païens je t'aimais tantAux yeux si lourds de peineQue me laissèrent les parents,Ma race très ancienne.

Aujourd'hui je ne regrette

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Que moins souvent j'y passe,Qu'en vain se pencbe encor la têtePour me revoir, hélas !

Car tu ressembles maintenantAux autres dans ton port,Je te regarde indifférentDe l'oeil glacé de mort.

Mais tu devais t'abandonnerA ce profond mystère,Et sous l'icône rallumerBougie d'amour sur terre