Michel DUFOUR Le Puzzle de la Performance Le Puzzle de la ...

L'auteur

Michel Dufour est enseignant etpréparateur physique de football. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont “les diamants neuromusculaires”.

Niveau : Intermédiaire à confirmé

ISBN : 978-2-9522069-8-3 29 €

Le Puzzle de la Performance

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Michel DUFOUR

Le Puzzle de la PerformanceLES QUALITÉS PHYSIQUESTOME IV : Planification, Périodisation et Régulation de la charge d’entraînement.

Formalisé à la fin des années 1950 par Matveiev, le modèle de la périodisation de l'entraînement s'est très vite diffusé aux quatre coins de la planète sportive. Coureur kenyan ou scandinave, dribbleur brésilienou allemand, gymnaste chinoise ou américaine, expert ou initié, impossibled'échapper à l'empreinte du modèle. Le succès est tel que tous les techniciens du sport sont influencés par les pères de la périodisation.

Et pourtant, le modèle de la périodisation est un mythe ; un édifice élevé sur des connaissances profondément transformées depuis un demi-siècle.

Les savoirs sont aujourd'hui suffisamment matures pour proposer unedémarche plus régulatrice, plus intégrative et plus individualisée de l'organisation de la charge d'entraînement. Le temps est venu de passer de la planification à la stratégie de développement des qualités de performance.

puzzle-bleu-marron:puzzle 03/05/2011 15:06

Table

Introduction ..................................................................................................... 7

Chapitre 1 : Physiologie comparative .................................................................. 11

Chapitre 2 : La charge d’entraînement ................................................................ 17

Chapitre 3 : La charge, vecteur de dépassement................................................... 33

Chapitre 4 : Charge et récupération ..................................................................... 53

Chapitre 5 : La périodisation traditionnelle .......................................................... 61

Chapitre 6 : Critique du modèle traditionnel ........................................................ 73

Chapitre 7 : Critique étendue du modèle traditionnel ........................................... 113

Chapitre 8 : Dépassement critique et propositions ............................................... 123

Chapitre 9 : Les oscillations de charge : Notions de cycles ................................... 127

Chapitre 10 : Principes de planification de la charge ........................................... 145

Chapitre 11 : Planification en sports collectifs .................................................... 161

Chapitre 12 : Les tests de l’adaptation ............................................................... 175

Conclusion ....................................................................................................... 197

Table

puzzle-chap00-:puzzle 03/05/2011 21:41 Page 5

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Introduction

Nous nous sommes tous un jour essayés à la reconstitution d’un puzzle. Jeu de patience oùde nombreuses pièces désordonnées attendent d’être liées les unes aux autres, emboitées,pour, au fur et à mesure, laisser émerger la complétude de l’image finale. Face au désordre,nous avons regroupé, rassemblé en catégories : les angles, les bordures, les couleurs…Parfois nous avons pioché au hasard, observé, tourné autour de l’élément pour mieux ima-giner des relations possibles avec d’autres éléments déjà installés. Quelques principes assezsimples associés à l’observation et à l’intuition ont fini par avoir raison du désordre.

Planifier la charge d’entraînement consiste à construire l’image de la performance. Les élé-ments sont les exercices avec leurs propriétés spécifiques (nature, intensité) ; les emboi-tements, les liaisons représentent les différentes échelles de cycles organisés sous fondd’effets cumulés et d’ondulations d’intensité et de volume.

Les éléments ont été étudiés de longue date. La série de force maximale en développé-couché, l’explosivité des jumps, l’accélération en sprint ou l’enchaînement de distances frac-tionnées ont été minutieusement examinés par une multitude d’entraîneurs et de chercheurs.Les publications sont nombreuses, les exercices sont connus. L’expert est rarement un Vascode Gama de l’exercice ; les secrets d’exercice sont rares. Quand en 1800, le temps estimépour retrouver une information était de l’ordre de deux mois, aujourd’hui une seconde suffit.Avec un peu de patience, tout entraîneur peut accéder aux exercices réalisés par les joueursde football de Barcelone ou les séries de sprints d’Usain Bolt. Dès qu’une nouvelle figure estinventée en gymnastique ou en patin à glace, sa diffusion est immédiate. L’originalité del’exercice n’est pas le principal lieu de l’expertise. Que faire ? A quel moment ? A quelle inten-sité ? Pendant combien de temps ? Avec quel athlète et dans quelles conditions ? Autant dequestions qui renvoient au pourquoi, c'est-à-dire aux valeurs et aux conceptions du dévelop-pement de la performance, bref à l'essentiel de l'expertise.

Introduction


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Le liant qui agrège les charges en microcycles, mésocycles ou macrocycles, repose sur lesprincipes d’organisation de la charge d’entraînement. Même choisis avec minutie par lesplus grandes toques, les ingrédients versés dans la marmite sont en fin de compte accessi-bles à tous. Les dosages, les mélanges, le temps de cuisson, les sauces, les vins et la pré-sentation du plat forment les "principes de la saveur". Les livres de recettes, tout comme lesmanuels d’entraînement, livrent quelques principes de causalité : quand vous organisez lescharges de manière X, votre athlète progresse de Y. A l’aide de ces lois d’entraînement, l’en-traîneur planifie, maîtrise le futur avec une certaine sécurité. Il contrôle le progrès et saitréitérer le succès.

Demandez à un jeune entraîneur ou à un chercheur en sciences de l’entraînement de citerquelques principes de développement de la performance et à coup sûr, les notions de pro-grammation de la charge ainsi que la sacro-sainte périodisation seront présentées commeincontournables. Difficile d’échapper à l’un des mythes fondateurs de l’entraînement spor-tif. Une fois l’objectif de performance précisé, il suffit de placer les charges au sein descycles, de faire onduler de manière opposée les variables volume et intensité. Alors, leseffets de surcompensation se cumuleront et la performance s’améliorera (CQFD). Le pland’entraînement scelle les charges aux différents moments de la saison. L’athlète n’a plusqu’à suivre le plan. Posez la question à un entraîneur ayant longtemps goûté aux joies de lavictoire et aux tristesses des échecs et la réponse sera peut-être plus nébuleuse : "Hum…Difficile de répondre… Les notions d’effort, de dépassement de soi sont importantes… Disonsque ça dépend de l’athlète… C’est complexe voyez-vous". Heureusement, les manuels d’en-traînement effaceront vite le doute. La périodisation, c’est du solide. Depuis sa formalisationà la fin des années 1950 par Matveiev et sa diffusion très rapide aux quatre coins de la pla-nète sportive, les athlètes sont périodisés à l’unisson.

L’objectif de ce livre n’est pas d’effacer le doute mais au contraire de questionner les métho-des d’entraînement ; de lutter contre les idées reçues colportées parfois par les noms lesplus célèbres du moment. Depuis une bonne dizaine d’années, les principes de la périodi-sation traditionnelle font l’objet de nombreuses critiques. Le manque de consistance théo-rique et un certain anachronisme sont relevés.

La stabilité du modèle peut en effet surprendre. Il a été développé en ex-URSS dans uncontexte historique et politique très particulier. Il repose sur des bases de connaissancesprofondément transformées depuis un demi-siècle. Pourtant le modèle a peu évolué. Il estet demeure globalement le même. Les égos athlétiques de 1960 et 2010 sont périodisés àl’identique. Malgré un contexte socioculturel d’un autre temps, des calendriers sportifsbeaucoup plus denses, des bases de connaissances physiologiques beaucoup plus vasteset précises, une naturalisation soutenue du domaine mental (ex : la chimie des émotions)et l’avènement assez récent des sciences de la complexité, les belles courbes de périodisa-tion demeurent le modèle à suivre. Un modèle hautement universel : coureur scandinaveou des hauts plateaux africains, dribbleur brésilien ou allemand, gymnaste chinoise ou amé-ricaine, expert ou initié, nageur ou lanceur de poids, adolescent ou trentenaire, impossible


d’échapper au déterminisme de la programmation de la charge. Le succès du modèleest tel qu’il est très difficile de ne pas être influencé – voir guidé – par les pères de lapériodisation.

Les phares de la pensée planificatrice sont-ils encore aujourd’hui les bons jalons pour quinavigue sur les mers du développement de la performance sportive ? L’analyse des critiquesconduit vers différents domaines. Les bases théoriques de la périodisation traditionnelle nesont pas scientifiques. Ce n’est pas en soi un réel problème. Il existe d’autres vérités quecelles émises par la science. Les théories de l’Art existent sans être scientifiques. On peutnéanmoins interroger la valeur des propositions. Les rythmes antagonistes imposés aux cur-seurs volume et intensité décrivent-ils un principe fiable ? Les entraîneurs appliquent-ilsencore avec rigidité les principes du modèle traditionnel ? L’activité régulatrice n’est-elle pasen fin de compte l’élément essentiel de l’organisation de la charge d’entraînement ?

Plus généralement, la volonté de programmer la charge, de déterminer à l’avance et endétail les contenus d’entraînement ne révèle-t-elle pas une certaine arrogance épistémique ;un manque d’honnêteté vis-à-vis des limites de nos connaissances ? Est-il pertinent et utile,de laisser un logiciel élaborer les charges d’entraînement qu’un athlète devra réaliser danssix mois ? Lorsque les grands entraîneurs s’épanchent sur leur parcours, ils évoquent peules notions de périodisation ou de programmation de la charge d’entraînement. Leurs motsparlent d’émotions, de relations, de dépassement de soi. Le modèle traditionnel oublie cesnotions. Les fibres musculaires, l’hémoglobine et les enzymes sont périodisées mais quid duréseau de neurones sur lequel s’inscrivent les valeurs, les représentations et les désirs del’athlète ? Peut-être les savoirs sont-ils aujourd'hui, suffisamment matures pour tenter deproposer une démarche à la fois plus régulatrice, plus intégrative et plus individualisée del’organisation de la charge d’entraînement. Le temps est peut-être venu de passer de la pla-nification du développement des qualités physiques à la stratégie de développement desqualités de performance.

Dans ce livre, nous commencerons par détailler les attributs de la charge d’entraînement.Nous verrons comment elle impacte sur l’organisme de l’athlète. La progression des perfor-mances résulte d’une adaptation ; un processus à la fois général à l’ensemble des Êtresvivants mais également spécifique à chaque athlète. L’inconfort d’entraînement, le mal dela charge sont souvent les outils de déstabilisation de l’homéostasie physiologique. S'ilconvient de pousser l'athlète à se dépasser, nous poserons la question de savoir jusqu'où etcomment. Le chapitre suivant s’attachera aux liants de la charge d’entraînement. Les diffé-rentes critiques du modèle traditionnel serviront de point de départ pour déboucher sur uneautre stratégie d’organisation de la charge d’entraînement. Le puzzle se terminera avec cequi, pour vous et moi, constitue l’essence de l’entraînement : le réel. Les principes d’orga-nisation de la charge seront détaillés et suivis de propositions de tests pour préciser com-ment notre athlète s’accommode et vit sa charge d’entraînement. Entre temps, nous auronsfait un petit détour vers les sports collectifs pour découvrir ce que le caractère collectif del’activité impose à l’application des principes évoqués.

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Introduction


Si nous savions, ce livre n’aurait pas d’autre intérêt que celui d’actualiser les savoirs et offrirdes références plus récentes. Mais nous ne savons pas ! L’organisation de la charge d’en-traînement reste un casse tête, une sorte de puzzle qui, à peine terminé, est à recomman-cer. D’objectif en objectif, de saison en saison. Poser ce que nous savons ou croyons savoir,ce que l’on pourrait savoir et ce que l’on ne sait pas, partir des pratiques pour interroger lemodèle, voilà ce que nous aimerions offrir au lecteur passionné de performance.

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Chapitre 1

Lorsqu’on cherche à comprendre et expliquer des notions ou des concepts, on a tout intérêtau départ à bien délimiter son “objet d’étude”. La définition pose les limites. Nous sommesen général impatients à trouver en deux ou trois lignes de texte un éclairage net et précis :“la planification de la charge d’entraînement renvoie à l’établissement de charges déterminéesà l’avance et posées dans le temps pour atteindre un objectif de performance et optimiser lesréponses d’entraînement”. Ou encore : “la programmation de la charge consiste en l’élabora-tion de l’agenda où sont disposés à l’avance les détails des modalités d’exercice devant êtreentrepris par l’athlète pour réaliser une performance future lors d’une compétition donnée”.Ce type de définition satisfait avant tout l’activité de définition ! Les mots de Samuel Butlerviennent à point : “Une définition est l’enfermement d’un océan d’idées dans un mur demots”.

Prenons un autre chemin pour éclairer nos idées. Dans le domaine de l’entraînement, laprogrammation et la planification sont davantage des notions que des concepts. La notionest plus floue que le concept et correspond mieux à la nébuleuse entourant ces termes. Sil’objectif de la planification ou de la programmation de la charge est la réalisation desmeilleures performances lors de compétitions cibles, le flou inhérent à la notion s’accorde àson efficacité modérée. Le tableau I (Bartonieiz et Borostrom 1995) décrit pour différentesactivités athlétiques le nombre d’athlètes ayant été capables de réaliser leur meilleure per-formance au moment de la compétition cible de l’année (en l’occurrence les championnatsdu monde d’athlétisme à Göteborg en 1995). Sur l’échantillon d’athlètes observés, un quartdes meilleures performances est réalisé à l’instant t prévu par la planification de la charge.

Chapitre 1

Physiologie comparative

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Zatsiorsky (1995) propose de juger l’efficacité de la planification à l’aide d’un coefficient éta-bli pour chaque coach, calculé par le ratio du nombre d’athlètes réussissant leur meilleureperformance aux moments des compétitions cibles, sur le nombre total d’athlètes entraînés.Une valeur de ratio élevée est un véritable challenge dans le sport de haute performance :85% est considéré comme excellent, 75% acceptable et 65% convenable pour des entraî-neurs de lancers athlétiques. Le rendement des programmations en informatique ou dansles activités de management parait bien supérieur. Dans ces domaines l’utilisation du termede “concept” est cohérente. Appliquée au domaine biologique et à un athlète fait de cons-cience (et d’inconscience), se produisant dans un contexte aux pesanteurs adverses etmédiatiques élevées, la “planification – programmation” de la charge possède le flou d’unenotion. Autrement dit, il s’agit d’un concept assez nébuleux qui permet de désigner avecune remarquable imprécision.

La problématique de la recherche de performance tient moins dans la définition des termes –tout le monde a une idée des notions induites par la programmation et la planification – quedans la diversité des contenus planifiés ou programmés. Le flou est approprié quand ils’applique à un paysage large et diversifié. En général, les entraîneurs déterminent à l’avancel’objectif à atteindre. La nature de cet objectif diffère selon le système de valeurs, l’athlèteentraîné, la discipline pratiquée. L’objectif peut être de gagner, monter sur le podium,réaliser une performance minimale, faire de son mieux, progresser… Il est parfois trèsprécis quand il s’agit de réaliser un temps minima pour participer à une compétitionprestigieuse. Prenons l’exemple d’une qualification aux Jeux Olympiques pour un coureurde 1500m. Les minima sont actuellement proches de 3 min 35 sec. Si la planification portesur l’année, cet objectif de temps peut organiser la disposition des charges pendant lasaison. Deux ou trois compétitions cibles sont pointées pour réaliser ce temps. En périodede précompétition, des combinaisons approchantes sont anticipées (ex : réaliser 3 * 500men tel temps avec telle récupération). En hiver, des cibles temporelles sur 5000m ou 3000m

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Epreuves Nombre d'athlètes

Saut en hauteur

Triple saut

110m et 100m haies

Lancers46

36

33

35

43

32

47

32

Performances aux championnats du monde supérieures

au record personnel% d'athlètes ayant réalisé leur meilleure performance

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Tableau I : Pourcentage d’athlètes ayant réalisé leur meilleure performance lors des championnats du monded’athlétisme de Göteborg en 1995 (adapté de Bartonieiz et Borostrom 1995).


peuvent jalonner la planification... En sports collectifs, la planification est moins précise. Lescharges sont planifiées durant la période de préparation mais ensuite – lorsque lechampionnat est lancé – les jalons sont disposés chaque week-end au moment des matchs.Dans ce cas, l’objectif est peut-être de finir champion ou d’être dans les cinq premiers, maisl’organisation des charges d’entraînement n’est pas déterminée à l’avance (figure 1.1). Lemême qualificatif s’applique à l’organisation de la charge du joueur et de l’athlète. Lorsquechaque semaine, le joueur perd ou gagne, les émotions qu’il exprime ne sont quel’expression de surface de processus chimiques sous-jacents. La résignation ou la tristessedu perdant ont une signature moléculaire. La cellule musculaire ou la cellule transporteused’oxygène baignent dans un bain chimique marqué par la performance. Divers messagerschimiques renseignent les cellules et modifient leur expression génique. D’où une plani-fication de la charge différente après une défaite ou une victoire. Or, à moins d’être un oracledu championnat, il parait difficile d’envisager une planification précise de la charge sur lemoyen terme en période de championnat.

Revenons à notre coureur de 1500m. Sa planification s’élabore autour d’une démarcheparticulière reliant une vision de l’entraînement à la réalisation d’une performance. Lesystème de valeur pose son empreinte sur le sens accordé à la planification de la charge.Si le coach est fiancé de l’approche scientifique, épris de technologie, persuadé du pouvoirde contrôle sur les évènements futurs, peut-être aura-t-il recours à des logiciels pourdéterminer plusieurs mois à l’avance les détails de chaque séance. Les séances de contrôledes performances seront anticipées, les relevés de données analysés à l’aide d’outils trèssophistiqués. La planification que l’on pourra qualifier de programmation de la charged’entraînement, sera alors une activité d’organisation, d’anticipation et de contrôle. Le planse déroulera comme prévu. Si l’approche de la planification est davantage organisée autourdu ressenti de l’athlète, de la richesse des feedacks, de l’émergence des effets de chargeen fonction des contingences, de l’histoire physiologique et psychologique des chargesprécédentes, la planification se limitera à une version très dépouillée du plan. Le coach aura

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Chapitre 1

Figure 1.1 : La structure du calendrier de compétition impose des contraintes à la planification de la charged’entraînement.


en tête l’objectif cible. Il possédera un réseau de connaissances d’entraînement etprogrammera les séances sur le court terme. En fonction des réactions de l’athlète, lesajustements seront l’essence de l’activité de planification. La régulation dominera laprogrammation de la charge d’entraînement.

Ces deux profils de coach figurent les extrémités d’un continuum de valeurs (figure 1.2).Nous signifions les extrêmes afin de contraster les approches. La réalité est moins tranchée.Les entraîneurs fondent leurs interventions sur un mixte plus ou moins équilibré entre lesextrêmes. Le partisan du déterminisme (le programmeur) utilisera aussi les feedbacks pourajuster ; le compagnon du feeling (le régulateur) aura en tête les jalons planchers à attein-dre pour réaliser la performance cible. On pourra néanmoins distinguer des profils plus pro-grammeurs et d’autres plus régulateurs. Pour les premiers, le détail est intégré dans le pro-gramme. Les connaissances scientifiques, les principes d’entraînement sont appelés pourconnaitre précisément le futur. Les charges sont élaborées sur la base d’une quantité impor-tante d’informations connues au départ. Le régulateur sera à l’affût du détail dans l’obser-vation des effets de charge. Un indice, un repère (l’humeur de l’athlète, sa concentration…)accompagneront les principes d’entraînement dans la constitution de la séance suivante.

Dans la suite de l’exposé, les termes programmation et régulation seront utilisés pour signi-fier d’un côté une planification très complète et précise des charges (intensité, volume,récupération) constituant les micro-, méso- et macrocycles d’entraînement et de l’autre uneplanification à minima où les ajustements dominent et où les charges s’élaborent sur la basedes effets obtenus suite aux séances précédentes.

Programmée ou régulée, la charge d’entraînement est le résultat d’un choix. La planificationrésulte de ce choix. Les procédés de développement de la performance sont nombreux.Chaque procédure est consommatrice de temps et demande une certaine constance pourdévelopper une adaptation. Dans le domaine de l’entraînement de l’explosivité - puissance,nous avons évoqué les nombreuses voies possibles (Dufour 2009a). Face aux modalités dejump, aux différentes conjugaisons de la pliométrie, aux effets bénéfiques du travail en forcemaximale, aux côtés attrayants de l’électrostimulation et des vibrations mécaniques, deschoix s’imposent pour qui souhaite obtenir des effets sur le front de montée de force. Telleprocédure réalisée à telle période de l’année, forme une étape de la planification. Chaqueétape est un choix donc une responsabilité.

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Figure 1.2 : Programmation et régulation bornent les extrémités d’un continuum.


La périodisation de la charge est un calque supplémentaire posé sur le canevas de la pla-nification. Le terme est spécifique au domaine de la performance sportive. En tapant leterme anglais “periodization” sur un moteur de recherche comme Google, les premièresréférences renvoient à la périodisation de l’entraînement sportif. Cette notion tire son essencedu terme “période”. Elle correspond à la variation du programme de charge dans le temps,dans le but d’obtenir des gains de développement optimaux. L’année est divisée en pério-des, en phases successives. Les variations sont observées sur différentes échelles tempo-relles au niveau des micro-, méso-, macrocycles, du plan de carrière ou – si l’on utilise uneautre segmentation – au niveau des variations hebdomadaires, mensuelles, annuelles etpluriannuelles. La distribution temporelle porte en général sur l’intensité, le volume, la den-sité et la nature des charges d’entraînement. Les effets de charge sont meilleurs en mani-pulant et en combinant ces paramètres de charge dans des séquences appropriées qu’envariant la quantité générale de travail (Plisk et Stone 2003). L’exploitation des effets dechaque paramètre sur certains cycles bornés dans le temps, permettrait d’obtenir des effetsprécis sur certaines cibles physiologiques. Dans la formalisation initiale proposée parMatveyev (1972), l’intensité et le volume sont les variations majeures, manipulées en oppo-sition. Lorsque l’intensité est élevée, le volume de charge est réduit (figure 1.3). Fatigue -forme, spécifique - général sont d’autres couples antagonistes sculptant les ondulations decharge.

Souvent la périodisation annuelle suit la dynamique suivante : de moins en moins de volu-me, de plus en plus d’intensité et de plus en plus de charge spécifique. La figure 1.4 décritune périodisation de la charge d’entraînement où sont distinguées deux phases de transi-tion, une phase de préparation et une phase de compétition. Les variations d’intensité, devolume et de spécificité de la charge sont bornées par ces différentes phases et produisentdes effets à court, moyen et long terme. La périodisation s’appuie également sur le fait qu’unathlète ne peut supporter des charges d’entraînement très intenses durant toute l’année. Le volume important pendant la phase de préparation ou encore l’intensité très élevée enpériode de pré-compétition, doivent être limités dans le temps pour être assimilés.

Les éléments de définition présentés ont défriché le paysage en surface. Les chapitres sui-vants viennent préciser les éléments évoqués.

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Chapitre 1

Figure 1.3 : Les paramètres volumeet intensité sont réglés enopposition. Des niveaux d’intensité et de volume de chargesimultanément élevés, créentrapidement les conditions d’undépassement des capacitésd’adaptation.


Les termes planification, programmation et périodisation sont chargés historiquement. Ilssont souvent accolés à des conceptions du développement de la performance apparuesdans les années 1950 – 1960. L’anachronisme inhérent à leur utilisation dans d’autrescontextes sera discuté. Nous reviendrons sur l’opposition “programmation – régulation” etsur les débats actuels qui agitent la sphère de l’entraînement sportif. Nous découvrironsdans cette opposition, des conceptions contradictoires du développement de la performance.Les principes d’organisation de la charge seront présentés.

Ce n’est qu’à la fin de l’ouvrage que notre travail de définition sera terminé. Nous venons denous positionner dans les starting-blocks bien loin de la ligne d’arrivée. Le starter se prépare :“A vos marques, prêts… partez !” Nous partons de l’arrivée, à savoir la charge. Elle est l’abou-tissement de la planification, la dépositaire des effets attendus, l’élément manipulé.L’architecture prend sens lorsque les propriétés des matériaux sont connues. La maîtrisedes effets de charge d’entraînement constitue le fondement. Elle est antérieure à la dispo-sition des charges dans le temps.

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Figure 1.4 : Périodisationtraditionnelle orientée autour d’une

seule période de compétition. Le paramètre technique suit une

évolution similaire à l’intensité.


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