Métaphores du corpsSantarpia et al. 2006

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Mémoire La catégorisation des métaphores conceptuelles du corps Categorization of conceptual metaphors of the body A. Santarpia a,1, *, A. Blanchet a,2 , R. Venturini b , M. Cavallo c , S. Raynaud d a Équipe de recherche en psychologie clinique (EAD 2027), université Paris-VIII, 2, rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis cedex, France b Professeur de psychophysiologie clinique, cattedra di psicofisiologia clinica, facoltà di psicologia, università degli studi La sapienza di Roma, via dei Marsi 78, 00185, Roma, Italie c Professeur de psychologie et de psychothérapie théâtrale, facoltà di scienze dello spettacolo, università degli studi La sapienza di Roma, Piazzale Aldo Moro 5, 00185 Roma, Italie d Orthophoniste, chargée de cours, service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU de Clermont-Ferrand, UFR de psychologie, université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, France Reçu le 10 décembre 2004 ; accepté le 13 janvier 2005 Disponible sur internet le 25 août 2005 Résumé Dans le domaine de la psychopathologie clinique et des techniques de psychothérapie, les énoncés des patients et des thérapeutes compor- tent fréquemment des métaphores linguistiques du corps. En effet, une métaphore n’est pas seulement une figure de style, mais également le support d’une conceptualisation de l’expérience. Dans un premier temps, notre étude a pour objectif de repérer les différents types de concep- tualisation du corps qui s’expriment dans la pratique psychanalytique, la pratique psychiatrique, et dans des ouvrages poétiques sélectionnés pour leur centration sur ce thème. Dans un second temps, notre objectif consiste à organiser ces conceptualisations en catégories de métapho- res conceptuelles selon un modèle inspiré des recherches de Lakoff et Johnson. L’analyse des traités de psychiatrie, des traités de psychana- lyse et des ouvrages poétiques montre que l’usage des métaphores conceptuelles dans ces discours respectifs est différent. Dans les traités de psychiatrie, la conceptualisation du corps est centrée sur l’idée d’un CORPS-CONTENANT, sans images mentales stéréotypées ni images mentales spécifiques sur des organes corporels. Dans la psychanalyse, les métaphores linguistiques du corps sont centrées sur les termes suivants : « organes génitaux », « bouche », « utérus », « pénis », « phallus », « anus », « vagin », « orifice corporel ». Les métaphores linguistiques du corps dans les ouvrages poétiques sélectionnés s’appliquent davantage à conceptualiser le corps comme un système intégré d’expériences. Ces métaphores portent sur différents organes et substances corporels : « cœur », « sang », « poitrine », « le/les bras », « œil/yeux », « sein/s », « visage », « tête », « chair », « peau », « main/s », « langue ». On constate ainsi que ces catégorisations psycholo- giques et littéraires évitent toute description anatomique du corps pour centrer leur discours sur un domaine particulier que nous allons appeler « Construction perceptive-littéraire du corps ». © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract In the field of clinical psychology and psychotherapeutic techniques, patient and therapist utterances frequently include linguistic meta- phors of the body. A metaphor is not only a stylistic device but also a tool for conceptualizing one’s experience. In Freud’s view, for example, the notion of the body as a “container” or “source” is one of the basic concepts of his psychodynamic theory: “According to a childhood belief, babies come from men urinating into a woman’s body” or “It is undeniable that the libido has somatic sources”. More specifically, the following can be observed in psychotherapy: a) Variable-induction relaxation is based on therapeutic suggestions concerning sensations and images. Patients are often surprised by these words and images because they had not succeeded in giving voice to their suffering and, as a result, were confronted with an excess of sensations and feelings: “I feel sick at heart and full of bitterness”, “I feel like my head’s in a vise”, * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (A. Santarpia). 1 Psychologue clinicien, assistant 2 Professeur de psychologie clinique Annales Médico Psychologiques 164 (2006) 476–485 http://france.elsevier.com/direct/AMEPSY/ 0003-4487/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.amp.2005.01.008

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Mémoire

La catégorisation des métaphores conceptuelles du corps

Categorization of conceptual metaphors of the body

A. Santarpia a,1,*, A. Blanchet a,2, R. Venturini b, M. Cavallo c, S. Raynaud d

a Équipe de recherche en psychologie clinique (EAD 2027), université Paris-VIII, 2, rue de la Liberté, 93526 Saint-Denis cedex, Franceb Professeur de psychophysiologie clinique, cattedra di psicofisiologia clinica, facoltà di psicologia, università degli studi La sapienza di Roma,

via dei Marsi 78, 00185, Roma, Italiec Professeur de psychologie et de psychothérapie théâtrale, facoltà di scienze dello spettacolo, università degli studi La sapienza di Roma,

Piazzale Aldo Moro 5, 00185 Roma, Italied Orthophoniste, chargée de cours, service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, CHU de Clermont-Ferrand, UFR de psychologie,

université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, France

Reçu le 10 décembre 2004 ; accepté le 13 janvier 2005

Disponible sur internet le 25 août 2005

Résumé

Dans le domaine de la psychopathologie clinique et des techniques de psychothérapie, les énoncés des patients et des thérapeutes compor-tent fréquemment des métaphores linguistiques du corps. En effet, une métaphore n’est pas seulement une figure de style, mais également lesupport d’une conceptualisation de l’expérience. Dans un premier temps, notre étude a pour objectif de repérer les différents types de concep-tualisation du corps qui s’expriment dans la pratique psychanalytique, la pratique psychiatrique, et dans des ouvrages poétiques sélectionnéspour leur centration sur ce thème. Dans un second temps, notre objectif consiste à organiser ces conceptualisations en catégories de métapho-res conceptuelles selon un modèle inspiré des recherches de Lakoff et Johnson. L’analyse des traités de psychiatrie, des traités de psychana-lyse et des ouvrages poétiques montre que l’usage des métaphores conceptuelles dans ces discours respectifs est différent. Dans les traités depsychiatrie, la conceptualisation du corps est centrée sur l’idée d’un CORPS-CONTENANT, sans images mentales stéréotypées ni imagesmentales spécifiques sur des organes corporels. Dans la psychanalyse, les métaphores linguistiques du corps sont centrées sur les termessuivants : « organes génitaux », « bouche », « utérus », « pénis », « phallus », « anus », « vagin », « orifice corporel ». Les métaphoreslinguistiques du corps dans les ouvrages poétiques sélectionnés s’appliquent davantage à conceptualiser le corps comme un système intégréd’expériences. Ces métaphores portent sur différents organes et substances corporels : « cœur », « sang », « poitrine », « le/les bras »,« œil/yeux », « sein/s », « visage », « tête », « chair », « peau », « main/s », « langue ». On constate ainsi que ces catégorisations psycholo-giques et littéraires évitent toute description anatomique du corps pour centrer leur discours sur un domaine particulier que nous allons appeler« Construction perceptive-littéraire du corps ».© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

In the field of clinical psychology and psychotherapeutic techniques, patient and therapist utterances frequently include linguistic meta-phors of the body. A metaphor is not only a stylistic device but also a tool for conceptualizing one’s experience. In Freud’s view, for example,the notion of the body as a “container” or “source” is one of the basic concepts of his psychodynamic theory: “According to a childhood belief,babies come from men urinating into a woman’s body” or “It is undeniable that the libido has somatic sources”. More specifically, thefollowing can be observed in psychotherapy: a) Variable-induction relaxation is based on therapeutic suggestions concerning sensations andimages. Patients are often surprised by these words and images because they had not succeeded in giving voice to their suffering and, as aresult, were confronted with an excess of sensations and feelings: “I feel sick at heart and full of bitterness”, “I feel like my head’s in a vise”,

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (A. Santarpia).

1 Psychologue clinicien, assistant2 Professeur de psychologie clinique

Annales Médico Psychologiques 164 (2006) 476–485

http://france.elsevier.com/direct/AMEPSY/

0003-4487/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.amp.2005.01.008

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“my body had disappeared”; b) La Décentration is based on figurative utterances about the body. During initial instructions the therapist willsay, “Imagine that, starting at your toes, imagine that you are a small bubble and that you’re going to slowly move up inside your body; whenyou arrive at the tips of your fingers, stay there, waiting; you’re going to feel little hearts that beat at the tips of your fingers; you’re waiting,open to everything happening in your body”; c) Ericksonian hypnosis, developed by Milton Erickson, is characterized in part by the use ofindirect suggestions based on linguistic metaphors of the body: “You can wake up as a person... but you don’t have to wake up as a body”;“You can wake up when your body wakes up, but you won’t recognize your body”. Also: “Now, of course, the first step toward dissolving yourlegs... and... dissolving your hands”. The importance of linguistic metaphors of the body in clinical psychopathology led us to view suchmetaphors as “indicators of conceptual metaphors of the body”. That is why the fields of psychiatry, psychoanalysis and psychotherapy werea necessary point of departure for our research. In addition, we wanted to extend our investigation to poetic literature because of its largenumber of highly creative figurative expressions. Firstly, the objective of our study was to identify different types of body conceptualizationsexpressed in psychoanalytic and psychiatric practise and in poetic works selected for their focus on this theme.

Secondly, our objective was to organize these conceptualizations into categories of conceptual metaphors based on a model inspired by theresearch of Lakoff and Johnson. The analysis of psychiatric and psychoanalytic manuals and works of poetic literature showed differences inthe use of conceptual metaphors in these respective discourses. In psychiatric manuals, the conceptualization of the body centers on the ideaof the BODY AS CONTAINER, with no stereotyped mental images or specific mental images about body organs. In psychoanalysis, linguis-tic metaphors of the body focus on the following terms: “genital organs”, “mouth”, “uterus”, “penis”, “phallus”, “anus”, “vagina”, and “bodyorifice”. Linguistic metaphors of the body in the selected works of poetic literature tended to conceptualize the body as an integrated systemof experiences. These metaphors focussed on various organs and bodily substances, such as “heart”, “blood”, “chest”, “arm(s)”, “eye(s)”,“breast(s)”, “face”, “head”, “flesh”, “skin”, “hand(s)” and “tongue”. Poetry offers us the opportunity to create, deepen and reconstruct emo-tional experiences through the richness of metaphorical thought. With the growth of the neurosciences, poetic thought could serve as animportant resource for the conceptualization of the body. Concerning methodology: • we searched for 178 words and their occurrence inmanuals and poetic works regarding the concept of corporality and the symbolic parts of the body; • the research corpus for poetry includednine poets (each poet representing a century); overall, we searched for nine works of Italian poetry (579, 469 words) from the 12th to the 20thcentury using LIZ 3.0 software with textual analysis capabilities; • the research corpus for psychoanalysis included sections entitled “anorexianervosa”, or “eating disorders” in the most recent manual of Italian psychoanalysis schools (8, 640 words); a traditional French psychoana-lytic glossary (195, 320 words); and a single French thematic index (760, 480 words) of Freud’s Works; • the research corpus for psychiatryincluded a well-known Italian manual of psychiatry and psychotherapy; sections entitled “anorexia nervosa” or “eating disorders” in fivepsychiatric manuals (60, 779 words); and the entire corpus (563, 953 words) of DSM-IV. Our categorization provided an alternative to theanatomical description of the body; we called this alternative a perceptive-literary construction of the body. It is characterized by a bodilynarrative based on figurative utterances concerning anatomical and physiological features and conceptual metaphors of reference.© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Catégorisation des perceptions corporelles ; Construction perceptive-littéraire du corps ; Métaphores conceptuelles du corps ; Métaphores linguis-tiques du corps ; Psychosomatique ; Représentation du corps

Keywords: Categorization of bodily perceptions; Perceptive-literary construction of the body; Conceptual metaphors of the body; Linguistic metaphors of thebody; Psychosomatics; Representation of the body

1. Introduction

La cognition peut être définie comme le fruit de la rencon-tre du corps avec le monde. Les recherches sur la théoriecontemporaine de la signification [21,22,23] montrent à quelpoint il est important de considérer la compréhension humainecomme « incarnée ». En particulier, ces recherches souli-gnent l’importance de l’expérience corporelle dans la cons-truction des représentations et de la cognition de la personne.

Ainsi, les sujets ont tendance à accorder une pertinenceoptimale [42] à des niveaux d’abstraction fondés sur les expé-riences corporelles (niveau de base) [38]. Par exemple, lessujets expérimentaux attribuent davantage de propriétés à« une chaise » au sens générique qu’à une « chaise de bureau »,car pour une chaise générique les sujets ont eu davantaged’expériences mettant en jeu leur corps en action. De même,les sujets semblent donner plus facilement du sens à descontextes dans lesquels le corps peut interagir réellement [20]ou symboliquement [4] avec l’environnement, qu’à des

contextes dans lesquels le corps n’est pas directement unacteur invocable.

Ainsi, dans son modèle neurologique de la conscience,Damasio [7,8] montre, au cours d’une expérience par TEP,que les régions cérébrales activées (Insula, S2, Cortex cingu-laire antérieur), à l’occasion des sentiments de joie et de tris-tesse, sont associées à la température, la rougeur, les déman-geaisons, les chatouilles, les frissons, les sensations viscéraleset génitales, à l’état des muscles lisses dans les vaisseaux san-guins et les autres viscères. En outre, Damasio montre égale-ment que les régions endommagées (Cortex S1, Insula) dansles états d’absence de conscience sont connectées à des sen-sations corporelles. Conscience et émotions semblent « incar-nées ». Ces résultats soutiennent un point de vue théoriqueque l’on a nommé « Cognition incarnée » [21]. Par ailleurs,dans le domaine de la psychopathologie clinique, nous cons-tatons souvent que les acteurs (patients et thérapeutes) fontun usage massif de figures rhétoriques portant sur le corps ouses parties (métaphores, analogies, allégories, hyperboles,etc.). Chez Freud, par exemple, le scénario du corps comme

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« contenant » ou « source » est l’un des éléments fondateursdu concept « dynamique » de sa théorie [11] : « Selon unecroyance infantile, les enfants viennent de ce que l’hommeurine dans le corps de la femme » ou « Il est indéniable que lalibido a des sources somatiques » [11]. Chez Klein, on trouvele scénario du corps comme « contenant des objets en lutte »,« Mauvais sein persécuteur, bon sein rassurant, attaque... luttedes bons et des mauvais objets à l’intérieur du corps » [50].Dans les traités de psychiatrie ou les traités de psychanalyse,ces métaphorisations corporelles construisent une certaineconception du corps. Ainsi, le corps peut être considérécomme un objet sacré : « Dans le rapport pervers, le corpsdevient un fétiche sacré offert à autrui pour nier les lois de lanature » [47], ou encore « Le corps idéal a la valeur d’unfétiche » [44]. On peut supposer que ces conceptualisationsdu corps influencent directement ou indirectement l’action« thérapeutique ». La linguistique cognitive contemporaine amodélisé le rapport entre pensée métaphorique et langage etcorps, sous la notion de « métaphore conceptuelle ». Lakoffet Johnson [27] ont présenté un certain nombre de donnéeslinguistiques montrant que les métaphores ne sont pas le fruitdu hasard, mais, au contraire, qu’elles forment des systèmescohérents en fonction desquels nous conceptualisons notreexpérience. Des expressions comme « vos affirmations sontindéfendables » 3, « il a attaqué chaque point faible de monargumentation », et « je n’ai jamais gagné sur un point aveclui » serait une sorte de « metaphorical scenario » [28] quiconduirait à une métaphore basique [26] dans le systèmeconceptuel : LA DISCUSSION EST LA GUERRE. La sys-tématicité des « métaphores conceptuelles » dans la vie quo-tidienne [27] est pour ces auteurs la preuve linguistique quenotre système conceptuel ordinaire, qui nous sert à penser età agir, est de nature fondamentalement métaphorique. Cesmétaphores conceptuelles sont « implicites » dans le sens oùelles organisent inconsciemment et automatiquement notrecompréhension ordinaire du monde [30]. La littérature poé-tique en a fourni un terrain d’étude [19,30]. En effet, les méta-phores poétiques plongent leurs racines dans différentes méta-phores conceptuelles. Dans L’Enfer de Dante [10, 1.1], laphrase suivante « Au milieu du chemin de notre vie/je metrouvai par une selve obscure/et vis perdue la droiturière voie »amène à la métaphore conceptuelle LA VIE EST UNVOYAGE. Le vers « Médite plutôt sur cette certitude : tu doismourir, tu ne rêveras plus » [17] amène au noyau conceptuelLA MORT EST UN DÉPART. L’ensemble de ces métapho-res conceptuelles complexes trouverait son origine dans desmétaphores primaires [29], enracinées dans l’expérience per-ceptive du corps, et articulées avec des embodied–schémata 4

[24,25]. Par exemple : LA VIE EST UN VOYAGE est for-mée par les schèmes des métaphores primaires LES AC-

TIONS SONT DES MOUVEMENTS et LES BUTS SONTDES DESTINATIONS [29]. Pour un certain nombre d’auteurs[19,24,25,30], le corps et la métaphore conceptuelle sont lesbases de la cognition humaine.

2. Les métaphores linguistiques du corps enpsychopathologie clinique et psychothérapie

L’ensemble de ces affirmations issues de la linguistiquecognitive, de la psychologie cognitive et de la neurologiecontemporaine nous ont poussé à entreprendre une réflexionsur le lien entre langage, pensée métaphorique et corps dansla psychopathologie clinique et dans la psychothérapie. Plusspécifiquement, dans les techniques psychothérapeutiques, onremarque que :• la Relaxation à Inductions Variables [41] est fondée sur

des propositions du thérapeute qui concernent des sensa-tions et des images. Ces propositions font fréquemmentappel à la perception des limites du corps et des contactsavec le monde extérieur. Ces mots et images suscitent trèssouvent la surprise chez des patients qui ne parvenaientpas à mettre des mots sur leur souffrance et se trouvaient,de ce fait, confrontés à un trop-plein de sensations et desentiments : « J’ai le cœur serré, plein d’amertume... j’avaisla tête comme dans un étau... mon corps s’était envolé »[6] ;

• la Décentration [18,48,49] est fondée sur des énoncés figu-rés corporels. Dans la consigne de départ, le thérapeutedit : « Vous imaginez que vous êtes au bout de vos pieds,dans vos orteils... Vous imaginez que vous êtes une petitebulle et, à partir de vos orteils, vous allez remonter lente-ment à l’intérieur de votre corps... Quand vous arrivez aubout de vos doigts, vous restez là, en attente... Vous allezsentir comme des petits cœurs qui battent au bout desdoigts... Vous êtes en attente, disponible à tout ce qui vavenir de votre corps » [49]. Les verbalisations des patients,en réponse aux propositions du thérapeute, sont aussi desmétaphores linguistiques associées et liées à des parties« périphériques » 5 du corps. Par exemple, on trouve cespropositions dans des extraits discursifs issus de séancesde décentration : « Mes mains se mettent à gonfler, mesmains sont palmées... Je sens mes pieds soudés... Mes brasse couvrent de duvet, de plumes... Je sens l’attache desailes sur mes épaules. » Verbaliser les métaphores linguis-tiques du corps en agissant par épreuves successives per-met d’agir sur un réseau conflictuel refoulé pour en favo-riser l’émergence et la figuration [49] ;

• l’Hypnose Ericksonienne, pratique issue des travaux deM. Erickson, se caractérise, entre autres choses, parl’emploi de suggestions indirectes fondées sur les méta-phores linguistiques du corps : « Tu peux te réveiller entant que personne... mais il n’est pas nécessaire que tu te3 Tous les articles qui décrivent ce modèle théorique utilisent le caractère

italique et les guillemets pour les phrases métaphoriques, les majusculespour les métaphores conceptuelles.

4 Un schème récurrent, dynamique, qui organise notre expérience selon unniveau général et abstrait à partir de nos perceptions et de notre motricité.

5 Perception du corps, concernant les jambes, les bras, le ventre, les viscè-res, la peau, etc.

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réveilles en tant que corps », « Tu peux te réveiller quandton corps se réveille... mais sans que tu reconnaisses toncorps » [15]. On trouve encore « Maintenant, naturelle-ment, le premier pas à fondre les jambes... et... à fondre lesmains » [16]. Cette importance des métaphores linguisti-ques du corps dans la psychopathologie clinique nous inciteà voir la métaphore linguistique du corps comme un « Indi-cateur des métaphores conceptuelles du corps ». Étudierles métaphores linguistiques du corps servira alors à repé-rer des « Catégories du corps » qui faciliteront la compré-hension des modèles du corps dans les contextes psycho-pathologiques (psychiatrie, psychanalyse, psychothérapie),et orienteront les professionnels dans l’approfondisse-ment de l’évaluation de « La Relaxation à InductionsVaria-bles » [41], de la « Décentration » [48,49], et de « l’Hyp-nose Ericksonienne » [15,16]. Or, une telle catégorisationn’existe pas à ce jour. C’est pourquoi les domaines de lapsychiatrie, de la psychanalyse et de la psychothérapieconstituent un point de départ nécessaire pour notre recher-che. Nous avons, par ailleurs, voulu élargir notre réflexionà la littérature poétique, dans la mesure où les expressionsfigurées y sont très abondantes et très créatives. Notre caté-gorisation s’oriente vers une alternative à la descriptionanatomique du corps, que nous allons appeler « Construc-tion perceptive-littéraire du corps ». Il s’agit d’une narra-tion du corps fondée sur les énoncés figurés, concernantles parties anatomiques et physiologiques, et sur les méta-phores conceptuelles de référence.

3. Objectif et hypothèses

Cette étude a pour objectif de décrire et d’organiser lesmétaphores linguistiques du corps, en catégories et sous-catégories de « métaphores conceptuelles du corps », selon lemodèle proposé par Lakoff [28] :• le modèle biomédical, fondateur des catégories psychia-

triques du DSM-IV, focalise son attention sur le corps vucomme objet « naturel » [51]. C’est pourquoi nous posonsl’hypothèse que les métaphores linguistiques du corps, cen-trées sur les organes, sont rares dans les textes psychiatri-ques, et que les images mentales y sont peu fréquentes.Nous pensons que ces textes se concentrent sur la méta-phore ontologique du corps, vu comme un contenant [27] ;

• étant donné le rôle fondamental que la sexualité joue dansle modèle psychanalytique, nous supposons que les méta-phores linguistiques du corps seront essentiellement cen-trées sur les organes génitaux et négligeront les autres orga-nes ou parties du corps ;

• la poésie, domaine « ontologique » de la métaphore, devraitcomporter davantage de métaphores linguistiques du corps,centrées sur l’ensemble du corps et sur les parties du corpsrevêtant des fonctions symboliques, comme par exemple« le cœur » ou « les yeux ».

4. Méthodologie

4.1. Le niveau d’interprétation des métaphores :le modèle de Lakoff

Nous avons choisi, pour cette étude, un niveau d’interpré-tation compatible avec le modèle de Lakoff [28]. Pour Lakoff,la métaphore est avant tout conceptuelle et non linguistique.Elle peut être comprise comme une projection 6 implicite d’un« domaine d’origine » 7 (concept physique ou concept abs-trait), dans un « domaine d’objet » 8. Dans l’exemple, LADISCUSSION EST LA GUERRE, le domaine d’origine estla guerre, le domaine d’objet est la discussion. En appliquantce modèle à notre recherche, nous avons construit des méta-phores conceptuelles du corps à partir des métaphores lin-guistiques du corps trouvées dans les traités ou dans les ouvra-ges de poésie. Une métaphore linguistique du corps estconsidérée comme avérée, à partir du moment où le mot« corps » 9 ou « les mots » de ses parties perceptibles (tête,sein, bras, sang, organes, membres, etc.) sont associés à desobjets, à des formes biologiques, à des fonctions du corps parvoie métonymique (le corps qui parle, le corps qui écoute,par exemple), à des notions abstraites, à des adjectifs. Parexemple, les métaphores linguistiques du corps comme « Moncorps est une prison » [1, 3.85] ou « Le corps est perçu commehabité par un mauvais objet d’introjection maternelle » [37]renvoient à la métaphore conceptuelle LE CORPS EST UNCONTENANT et à la sub-catégorie Le Corps Est Un ObjetArchitectonique. Pour les métaphores conceptuelles, nous uti-liserons les majuscules avec un trait, par exemple : CORPS-CONTENANT, pour les sous-catégories, nous écrirons seu-lement les premières lettres en majuscules: Corps-Architectonique, Corps-Spatialité, etc.

4.2. Matériel et méthode

Sur le plan méthodologique, pour les ouvrages de poésie,nous avons utilisé l’analyse informatisée des données textuel-les, qui vise à découvrir l’information essentielle contenuedans un texte. Elle ne prend pas le sens en compte et ne peutpas, bien évidemment, départager les contextes dans lesquelsune forme est utilisée au sens propre de ceux dans lesquelselle prend un sens métaphorique. C’est pourquoi les signifi-cations des métaphores dérivent de l’analyse sémantique destextes. Nous avons choisi la littérature poétique italienne, oùle corps est très représenté. Pour avoir un échantillon repré-sentatif, nous avons choisi des poètes d’anthologie de diffé-rentes périodes historiques. Pour avoir une représentativitédans la psychopathologie clinique, nous avons pris en comptedes traités institutionnels ou des œuvres classiques (italienset français). En détail :

6 En anglais, mapping.7 En anglais, source domain.8 En anglais, target domain.9 Le mot « corps », mais aussi ses synonymes (substantifs ou adjectifs):

somatique/s, organique/s, organisme/s, etc.

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• dans les traités et dans les ouvrages poétiques, nous avonscherché 178 mots et leur occurrence 10, concernant l’idéede corporalité et les parties du corps symboliques : le corps,les corps, corporel/le/s/es, corporal/aux, membre/s, chair/s,incorporation, somatique/s, vaginale/aux, oral/es/aux,génitale/s, le pénis, les pénis, phallus, clitoris, vagin/s, uté-rus, organe/s, organique/s, organisme/s, physique/s,conversion/s, excitation/s, le/s anus, anal/e/aux, vaisseau/x,capillaire/s, artère/s, libido, libidinale/s/aux, musculature/s,peau/x, bouche/s, buccal/ale/aux, sang, sanguin/e/s/es,tête/s, visage/s, pied/s, cœur/s, main/s, oreille/s, cheveu/x,poil/s, mamelon/s, lèvre/s, labial/e/aux, chevelure/s, œil,yeux, excrément/s, fèces, matières fécales, urine/s, salive/s,sperme/s, orifice/s, larme/s, le/s nez, veine/s, front/s,soupir/s, langue/s, cil/s, ventre/s, dent/s, doigt/s, ongle/s,sein/s, cou/s, le bras, les bras, squelette/s, poitrine/s,gorge/s, le/s foie, joue/s, épaule/s, barbe/s, genou/x,jambe/s, flanc/s, rein/s, poumon/s, le/s dos, le intestin/s,intestinal/ale/aux, mollet/s, jarret/s, cheville/s, regard/s,abdomen/s. On a cherché aussi les verbes « incorporer »,« incarner » et ses formes ;

• le « corpus » de recherche pour la poésie : neuf poètes (unpoète représentatif pour chaque centenaire), dans l’ensem-ble, nous avons neuf ouvrages (579 469 mots) de poésieitalienne de 1200 à 2000 sur un logiciel LIZ 3.0 équipédes techniques d’analyse textuelle [31] ;

• le « corpus » de recherche pour la psychanalyse : les rubri-ques « anorexie mentale » ou « troubles de la conduitealimentaire » 11 du traité italien de psychanalyse le plusrécent, très utilisé dans les écoles italiennes de psychana-lyse (8640 mots) [46,47], un vocabulaire français classi-que (195 320 mots) de psychanalyse [50], un index thé-matique français (760 480 mots) de l’œuvre freudienne[11] ;

• le « corpus » de recherche pour la psychiatrie : un traitéitalien de psychiatrie/psychothérapie très connus [32] etcinq traités de psychiatrie (60 779 mots) [13,14,37,44,45]concernant les rubriques « anorexie mentale » ou « trou-bles de la conduite alimentaire ». Le corpus entier(563 953 mots) du traité institutionnel DSM-IV [12].

4.3. L’organisation des catégories et des sous-catégories

L’organisation des catégories et sous-catégories s’est ins-pirée de la hiérarchie intercatégorielle de la théorie des pro-totypes [38], et de la terminologie aristotélicienne [3]. SelonRosch [38], il y a trois niveaux de catégorisation, par exem-ple « animal » est le niveau super-ordonné, « chien » le niveaude base, et « fox-terrier » le niveau subordonné. Au niveausuper-ordonné, les propriétés figuratives sont rares.Au niveau

de base, les traits figuratifs renvoient à des propriétés géné-rales, au niveau subordonné, ils renvoient à des propriétésspécifiques. Le niveau de base est donc privilégié en ce quiconcerne les traits figuratifs. Le prototype (niveau de base)est le meilleur exemplaire de la catégorie, il n’est plus unobjet dans le monde (meilleur exemplaire de la catégorie),mais une image mentale (stéréotype) associée à la catégorie[38].

Dans notre recherche, nous allons associer « la catégoriegénérale » qui inclut tous les attributs et les images mentalesdes objets « au corps », ou à ses parties, par exemple : CORPS-CONTENANT. Elle sera une sorte « d’étiquette ». Nousaurons des « sous-catégories simples », caractérisées par desmétaphores qui ne renvoient pas à des images mentales sté-réotypées ou spécifiques [38], par exemple : Corps-Spatialité.« Il y a toujours trop de graisse sur le corps et dans le corps »[44].

Nous aurons des « sous-catégories complexes », caracté-risées par la disponibilité des attributs, d’images mentales sté-réotypées (niveau de base) ou images mentales spécifiques(niveau subordonné) [38]. Ces sous-catégories complexes sontarticulées en « sous-catégories attributives », quand les méta-phores ont des attributs ou des verbes qui renvoient à unenotion indéfinie de la sous-catégorie complexe, par exem-ple : « De même que cette douce écorce jolie/qui recouvraitles membres graciles, /où aujourd’hui demeure l’âme noble »[36, 127.35] ; ou dans un traité de psychiatrie psychodyna-mique : « Le corps est perçu comme habité par un mauvaisobjet d’introjection maternelle » [37]. Ces énoncés évoquentle corps-habité, ils nous renvoient à l’architecture mais d’unefaçon allusive, il n’y a pas d’images mentales stéréotypéesou spécifiques.

Nous aurons une « sous-catégorie complexe de 1er degré »quand le corps est associé à une image mentale stéréotypée[38], par exemple : « Dans mon corps je tiens prisonnier unlion » [1, 3.85].

Nous aurons une « sous-catégorie complexe de 2e degré »quand une métaphore linguistique du corps renvoie à uneimage mentale (niveau subordonné) plus spécifique [38].Exemples de métaphores linguistiques du corps de 2e degré :« La flamme est toujours un organe génital masculin » [11].Le pénis-flamme 12 a des propriétés figuratives plus spécifi-ques qu’un pénis-feu. On trouve encore corps-pavot, corps-rouvre, corps-hêtre.

4.3.1. La catégorie et les sous-catégoriesdu CORPS-CONTENANT

Il nous semble important de détailler les catégories et lessous-catégories de métaphores conceptuelles que nous avonstrouvées :

CORPS-CONTENANT ; le corps ou ses parties entendusselon des attributs ou des objets qui renvoient aux fonctions10 Toutes les fois qu’un élément linguistique figure dans un texte, on parle

d’occurrence. L’apparition du terme corps dans un texte analysé du point devue linguistique sera une occurrence du mot corps.

11 Cette catégorie psychiatrique, caractérisée par un rapport difficile entrele corps et ses besoins primaires, peut évoquer différentes métaphores lin-guistiques du corps.

12 On utilisera les lettres minuscules avec un trait pour les métaphores lin-guistiques du corps de 1er, et les lettres minuscules en italique pour les méta-phores linguistiques de 2e degré.

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Page 6: Métaphores du corpsSantarpia et al. 2006

de contenant. Cette catégorie générale est divisée en deuxsous-catégories simples, et une sous-catégorie complexe.

Corps-Spatialité (sous-catégorie simple) ; le corps ou sesparties sont vus dans la dimension dedans–dehors, fermé–ouvert, dessus–dessous, par exemple dans le vers « Quecelui-ci avait déjà laissé un diable à sa place/dans son corps,et de même un de ses parents » [10, 33.146], « Se perdre dansson corps » [7,33]. Le domaine de la psychiatrie nous offred’autres exemples : « Des pulsions destructrices des objetssur le corps » [13], dans le DSM-IV « Une substance concen-trée dans le sang » [12]. Dans la psychanalyse, « Le repré-sentant psychique des excitations qui proviennent de l’inté-rieur du corps et atteignent l’âme » [50], « La pulsion sexuelleavait un objet sexuel au-dehors du corps propre » [50].

Métaphores d’objet avec fonction de contenant (sous-catégorie complexe) : le corps ou ses parties sont associés àdes attributs, à des images mentales stéréotypées ou spécifi-ques [38] des objets qui contiennent l’âme, par exemple, voirle corps comme une corde qui forme un nœud qui contientl’âme. Dans la « sous-catégorie attributive », en poésie,« Pourtant, avant de délier ton âme, /Ouvre donc l’huis à toustes prisonniers » [2, 4.36]. Dans la sous-catégorie de 1er degré« l’esprit désenlacé de ces membres jolis, /et qui si rarementpour d’autres veut s’ouvrir ! » [36, 300.7].

Corps-Architectonique (sous-catégorie complexe), le corpsou ses parties sont associés à des attributs, à des images men-tales stéréotypées ou spécifiques [38] de structures architec-toniques qui contiennent l’âme. Dans la « sous-catégorie attri-butive », on aura, par exemple, « Noble esprit qui dirige cesmembres, /dedans lesquels demeure, pérégrin, /un seigneurvaleureux » [36, 53.1]. Dans la psychanalyse, « Singulièrepulsion que celle qui s’occupe de la destruction de sa propredemeure organique » [11]. Ici on souligne l’idée d’un corps-habité.

Dans la sous-catégorie de 1er degré « Mon corps est uneprison » [1, 3.85], « Qui est enseveli dans le corps, ne peutpas apercevoir le monde » [5, 86.191] ou « Le corps estl’hébergement de l’âme » [43, 13.8]. Ici nous avons l’idéed’un corps-prison, d’un corps-tombe et d’un corps-hébergement.

4.3.2. La catégorie et les sous-catégoriesdu CORPS-SUBSTANTIEL

Le corps ou ses parties sont associés à des attributs et/ou àdes images mentales stéréotypées [38] de substances diffé-rentes, d’objets manufacturés. Cette catégorie comprend troissous-catégories complexes :• Corps-Élément (sous-catégorie complexe) ; le corps ou ses

parties sont associés à des attributs, à des images mentalesstéréotypées ou spécifiques [38], concernant les élémentsnaturels à l’état pur, les éléments naturels composés parréactions physique/chimiques naturelles, les éléments sym-boliques (air, eau, feu, terre). Dans la « sous-catégorie attri-butive », en poésie, « Mon corps onduleux – moi, putain

de la nuit, adolescente de la lumière, allait sans amour »[31] ou « Dont a brûlé le cœur » [36, 315.3]. Ici nous avonsl’idée d’un corps qui renvoie allusivement à la lumière ouà une substance combustible. Dans un traité de psychia-trie, « Le refus de la nourriture signifie rendre le corpsévanescent, ce qui signifie la négation de l’identification àla mère » [32]. Dans la sous-catégorie de 1er degré « Car,et quoique je sois corps mortel et de terre, /mon désir obs-tiné me vient droit des étoiles » [36, 22.23], « Son corpstremblé de lait » [43, 1.74] ou « Qu’il eut apitoyé un cœurde marbre » [36, 135.71]. Dans la psychanalyse [11], nousavons les métaphores « Eau-utérus », « Organes génitaux-paysages », « Pénis-montagne », « Pénis-rocher », « Excré-ment-or ». Dans la sous-catégorie de 2e degré, chez Freud,« La flamme évoque dans sa forme et ses mouvements lephallus en action » [11] ;

• Corps-Objet (sous-catégorie complexe) ; le corps ou sesparties sont associés à des images mentales stéréotypéesou spécifiques [38] des objets, des substances manufactu-rées. Dans la « sous-catégorie attributive » en poésie, « Carsur l’esprit il y a trace corporelle d’hier » [2,33], « Ici deses beaux yeux elle perça mon cœur » [36, 112.11] ou« Amour écrivit dans mon cœur » [36, 5.2]. Ici nous avonsl’idée vague d’un corps sur lequel on peut lire et écrire ouun cœur-pénétrable. Dans un traité de psychiatrie, « Lecorps lui permettrait de ressembler à la mère, il devientl’objet vers lequel elle exerce son agressivité » [32], « Lecorps, utilisé comme un outil pour gagner la bataille indi-viduelle » [47], « Le corps a la valeur de fétiche » [47].Dans la psychanalyse [50], « choix de l’appareil corporelsur lequel s’opère la conversion » ou « le pied et la cheve-lure sont des objets qui dégagent une forte odeur, et quisont élevés au rang de fétiche » [11]. Dans la sous-catégorie de 1er degré, dans les ouvrages poétiques,« Quelle est la plaie à donner aux membres blancs, develours ? » [34, 27.28] ou « Ces yeux, clef de mon cœur »[36, 29.56]. Dans la psychanalyse, « Le fétichisme du pied-chaussure » [11] ou « La représentation du pénis commearme, couteau tranchant, poignard... se trouve à la base denombreuses phobies » [11]. D’autres exemples encore :« Pénis-argent », « Aiguière-pénis », « Vagin-bouton »,« Vagin-serrure ». Dans la sous-catégorie de 2e degré, nousaurons des images mentales spécifiques [38], par exemplechez Freud, « Vagin-soulier » ;

• Corps-Vêtement (sous-catégorie complexe), le corps ouses parties sont associés à des images mentales stéréoty-pées ou spécifiques [38] d’un vêtement crée par la nature.Dans la « sous-catégorie attributive », en psychanalyse,« Le processus d’incorporation se rapporte explicitementà cette enveloppe corporelle » [50]. Dans la sous-catégoriede 1er degré, en poésie, « non plus ne peux ce jour quitermine la vie/prévoir, en raison de mon voile charnel [36,264.114], « dans le théâtre du monde, les âmes sont mas-quées par des corps » [5, 14.2] ou « où les membres àl’âme font un voile » [36, 77.11].

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Page 7: Métaphores du corpsSantarpia et al. 2006

4.3.3. La catégorie et les sous-catégoriesdu CORPS-BIOLOGIQUE

Les métaphores qui représentent le corps ou ses partiessous forme de systèmes biologiques (monde animal ou mondevégétal).

Corps-Animal (sous-catégorie complexe) ; le corps ou sesparties sont associés à des attributs, à des images mentalesstéréotypées ou spécifiques [38] d’animaux. Dans la « sous-catégorie attributive », chez Freud, « Pénis-reptile » [11]. Dansla sous-catégorie de 1er degré, « Cette fauve soumise, cœurde tigre ou bien d’ours » [36, 152.1], en psychanalyse, « Pénis-oiseau », « Pénis-serpent », « Vagin-escargot », « Vagin-coquillage » [11].

Corps-Végétal (sous-catégorie complexe) ; le corps ou sesparties sont associés à des attributs, à des images mentalesstéréotypées ou spécifiques [38] du monde végétal. Dans la« sous-catégorie attributive » : « Mes membres ne sont pasrestés là-bas/ni verts ni murs, ils sont là, avec moi, /avec leursang et avec leurs jointures » [9, 26.56]. Dans la sous-catégorie de 1er degré, nous aurons « le corps tombe glacé,privé de flamme. /Comme une pourprée fleur languissantmeurt » [2, 18.152]. Dans la psychanalyse, « Pénis-arbre »,« Sein-fruit », « Pénis-champignon », «Vagin-fleur », «Vagin-jardin », « Poils pubiens-forêt ». Dans la sous-catégorie de2ème degré, en poésie, « Ses membres de rouvre et de hêtre »[34, 3.27] ou « le corps tombe comme le pavot, chargé detrop d’humeur » [2, 18.153].

4.3.4. La catégorie du CORPS-METONYMIQUELe corps ou ses parties sont associés (pour voie métony-

mique) à des fonctions spécifiques comme l’ouïe, la vue, etc.ou à des parties du corps ; « Ici, dans la dernière lumière de lavie, ton corps respire encore » [35, 15.3], « Pleurez mes yeux ;accompagnez mon cœur » [36, 84.1], « ma langue a des effetsopposés à mon cœur » [36, 325.2], ou « Dans les yeux oùmon cœur avait fait sa demeure » [36, 331.37]. Dans la psy-chanalyse, « Le fétichisme du pied se rapporte au pénis introu-vable de la femme » [11] ou « Les concepts d’excréments...et de pénis sont facilement échangés » [11].

4.3.5. La catégorie du CORPS-METAMORPHIQUELe corps ou ses parties sont pris dans une transformation

objective. Dans la psychanalyse, cette catégorie organiserades phrases concernant métamorphoses corporelles vécuesmais non objectivables, qui renvoient à la notion freudiennede fantasme conscient ou rêves diurnes [50], elle se caracté-rise par des « scènes, épisodes, roman, fictions que le sujetforge et se raconte à l’état de veille » [50]. Cette même caté-gorie peut nous rapprocher de la notion de « Moi CorporelImaginaire », fondamentale dans la technique de décentra-tion [18,48,49]. Dans « la sous-catégorie attributive », nousaurons des métamorphoses du corps indéfini, mélangé, de dif-ficiles catégorisations, par exemple dans les ouvrages poéti-ques : «Toi, esprit vagabond, nu de la chair, regarde ses lar-mes et jouis » [43, 1.141]. Chez Freud, « Il pense que lesdeux sexes ont le même organe génital, l’organe mâle » [11],

« Incorporation, processus par lequel le sujet fait pénétrer etgarde un objet à l’intérieur de son corps, sur un mode plus oumoins fantasmatique » [50]. Dans les traités de psychiatrie,probablement influencés par le modèle psychanalytique, « lafantasmatique de l’incorporation » [13], « la patiente bouli-mique détruit et incorpore symboliquement les personnes »[37]. Dans la sous-catégorie de 1er degré, en poésie : « Mem-bre d’or avait quand, il était un oiseau » [9, 29.113], « VoisTirésias qui, remuant semblance, /de mâle qu’il était devintfemelle, /et dut changer tants et quants tous ses membres »[2, 20.40].

4.3.6. La catégorie et les sous-catégoriesdu CORPS-DIVIN

Le corps ou ses parties sont associés aux attributs ou auxobjets divins, surnaturels, sacrés. Cette catégorie comprenddeux sous-catégories complexes :• Corps-Surnaturel (sous-catégorie complexe) ; le corps ou

ses parties sont associés à des attributs, à des images men-tales stéréotypées ou spécifiques [38] des créaturessurnaturelles/divines (anges, dieux, créatures diaboliques,animaux mythologiques). Dans la « sous-catégorie attri-butive », en psychiatrie, apparaît : « Les anorexiquesdemandent un corps subtil, sans la chair » [45] ou dans untraité de Psychanalyse [47], on repère « Son corps immor-tel », « Le corps idéal », « le corps sans la chair ». Dans lasous-catégorie de 1er degré, « Vraiment, tel un Ange dansun corps humain » [1, 2.20] ou « Que vainque votre cœur,dans son si grand triomphe, /ange inouï [36, 326.12]. Dansla sous-catégorie de 2e degré, « Elle fit voir, qui, dans toutesa grâce, /Ressemblait au dieu Mars, hors pour la face »[2, 26.80] ;

• Corps-Objet sacré (sous-catégorie complexe) ; le corps ouses parties sont associés aux attributs, aux images menta-les stéréotypées ou spécifiques [38] des objets sacrés, sur-naturels. Dans la « sous-catégorie attributive » du Corps-Objet dans un traité de psychiatrie, « Dans le rapportpervers le corps devient un fétiche sacré offert à autrui pournier les lois de la nature » [45]. Dans la sous-catégorie de1er degré, « Ta chair est pain, ton sang c’est le vin » [34,27.26].

4.3.7. La catégorie du CORPS-ABSTRAITLe corps est associé aux notions abstraites, caractérisées

par l’absence de propriétés relatives aux éléments naturelsou biologiques, et par l’absence d’images mentales stéréoty-pées ou spécifiques [38]. Ces métaphores impliquent uneinterprétation détaillée par exemple : « Je t’ai offert mon corpscomme mouvement d’heureuse tristesse » [33,1], « Se renou-velle la liberté/et la chair est son pur » [35, 1.68], « Et vaincmon cœur » [36, 127.48], ou « Le ciel auquel ton cœur aspire »[36, 269.69]. Dans les traités de psychiatrie, on repère le corps-lieu « Les relations du sujet à son propre corps... le lieu pri-vilégié de conflits » [13]. Dans la psychanalyse, on trouveaussi l’idée d’un corps-source ou d’un corps-zone, par exem-ple, « Dans l’anorexie, la négation de la représentation du

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corps source de plaisir » [46] ou « Toute partie du corps peutdevenir une zone érogène » [11].

5. Résultats

Voir tableaux joints.

6. Discussion

Dans le Tableau 1, on peut souligner le manque de méta-phores linguistiques du corps en psychiatrie. Sur624 732 mots, on trouve une fréquence de 53 métaphores dontau moins 40 sont dans la catégorie CORPS-CONTENANT.Nous devons signaler que dans le DSM-IV sur un corpus de563 953 mots, nous avons trouvé 14 métaphores du Corps-Spatialité, dont six concentrées sur sept lignes (88 occurren-ces) pour l’explication de la catégorie trouble délirant, typesomatique. Nous n’avons pas remarqué de métaphores lin-guistiques du corps dans les catégories psychiatriques cen-

trées sur les symptômes physiques « troubles de la conduitealimentaire » et « troubles somatoformes ». Les métaphoresde la catégorie CORPS-BIOLOGIQUE, domaine proche dumodèle biomédical [51] sont absentes, ainsi que les métapho-res des catégories CORPS-MÉTONIMIQUE, CORPS-MÉTAMORPHIQUE. Nous avons repéré une métaphore avecune image mentale stéréotypée [38], le « corps-feu ». Lesmétaphores (f 8 ; 5 typ) de la catégorie CORPS-ABSTRAITsont de dérivation psychanalytique « corps-lieu », « corps-source », « corps-fantôme archaïque de la mère », « corps-persécuteur », « corps-langage ». Dans le Tableau 2, nouspouvons souligner, en psychanalyse, les métaphores linguis-tiques du corps (ayant fréquence ≥ 10) qui sont centrées surdes parties du corps. On peut remarquer que les métaphoressont centrées sur les organes (de la sexualité, de la reproduc-tion, de l’alimentation, de la défécation) : « organes géni-taux », « bouche », « utérus », « pénis », « phallus », « anus »,« vagin », « orifice corporel ». Dans les ouvrages poétiques,on ne trouve pas de métaphores centrées sur ces organes, saufsur la « bouche » (f 27 ; 3 typ) : « dans la bouche » [2] relatifau CORPS-CONTENANT, « bouche-fauve » [36] relatif au

Tableau 1Fréquences et Typologies des métaphores pour chaque catégorie

C- C- C- C- C- C- C- TotalContenant Substantiel Biologique Métonymique Métamorphique Divin Abstrait

Psychan f 81 ; 23 typ f 123 ; 76 typ f 29 ; 14 typ f 37 ; 10 typ f 58 ; 11 typ f 7 ; 7 typ f 190 ; 67 typ f 525 ; 208 typ(12a, 11b) (12a, 60b, 4c) (1a, 13b) (10a) (7a, 4b) (7a) (67 a) 116a, 88b, 4c

Psy f 40 ; 10 typ f 3 ; 2 typ 0 0 0 f 2 ; 1 typ f 8 ; 5 typ f 53 ; 18 typ(10a) (1a, 1b) (1a) (5a) 17 a, 1b

Poésie f 384 ; 31 typ f 121 ; 95 typ f 28 ; 25 typ f 35 ; 16 typ f 40, 29 typ f 10 ; 9 typ f 80 ; 65 typ f 698 ; 270 typ(25a, 6b) (51a, 44b) (6a, 12b, 7c (16a) (6a, 18b, 5c) (4a, 4b, 1c) (65a) 173a, 84b, 13c

Tableau 2Fréquences et Typologies des métaphores concernant des parties du corps

Corpsgénérique

Vagin Organesgénitaux

Bouche Orificecorporel

Utérus Pénis Phallus Anus

Psychan f 188 ; 79 typ(59a, 20 b)

f 62 ; 31 typ(7a, 23b, 1c)

f 26 ; 11 typ(6a, 5b)

f 39 ; 10 typ(10a)

f 11 ; 8 typ(6a, 2b)

f 10 ; 4 typ(4b)

f 91 ; 43 typ(16a, 24b, 3c)

f 23 ; 6 typ(5a, 1b)

f 38 ; 7 typ(7a)

Psy f 52, 10 typ(9a, 1b)

0 0 0 0 0 0 0 0

Poésie f 176 ; 55 typ(22 a, 30 b,3 c)

0 0 f 27 ; 3 typ(2a, 1b)

0 0 0 0 0

Tableau 3Fréquences et Typologies des métaphores concernant des parties du corps (suite)

Sang Poitrine Le/s bras Œil/yeux Sein/s Visage Tête Cœur Peau Chair Langue Main/sPsychan 0 0 0 0 f 1 ;

1 typ(1a)

0 0 0 0 0 0 f 1 ;1 typ(1a)

Psy 0 0 0 0 0 0 f 1 ;1 typ(1 a)

0 0 0 0 0

Poésie f 19 ; f 21 ; f 12 ; f 39 ; f 14 ; f 47 ; f 16 ; f 158 ; f 11 ; f 21 ; f 15 ; f 87 ;10 typ 5 typ 7 typ 25 typ 5 typ 7 typ 4 typ 58 typ 8 typ 14 typ 14 typ 5 typ(7 a, 3b) (4a, 1b) (5a, 2b) (13a, 12b) (5a) (3a,

3b,1c)(2a, 2b) (41a, 14b,

3c)(6a, 1b,1c)

(9a, 5b) (14a) (4a, 1b)

typ = types de métaphores avec les propriétés figuratives (a = métaphores attributives ; b = métaphores de 1er degré ; c = métaphores de 2e degré). organesgénitaux = organes génitaux non spécifiques dans les textes. corps générique = métaphores dans lesquelles on n’a pas de parties du corps détaillées. f = fréquencesdes métaphores. C- = CORPS. Psychan = Psychanalyse, Psy = Psychiatrie.

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CORPS-BIOLOGIQUE, et « bouche-ange » [10] relative auCORPS-DIVIN. Dans le Tableau 3, nous avons pris en compteles métaphores linguistiques du corps (ayant fréquence ≥ 10)qui sont centrées sur d’autres parties du corps. On peut remar-quer que les métaphores, dans les ouvrages poétiques, sontcentrées sur différents organes et liquides : « cœur », « sang »,« poitrine », « le/s bras », « œil/yeux », « sein/s », « visage »,« tête », « chair », « peau », « main/s », « langue ». Dans lestextes de psychanalyse analysés, on ne trouve pas de méta-phores centrées sur ces organes ; sauf le « sein-fruit » [11]relatif à la catégorie CORPS-BIOLOGIQUE.

7. Conclusion

Notre recherche montre que la conceptualisation du corpsen psychiatrie est centrée essentiellement sur l’idée d’unCORPS-CONTENANT (f 40 ; 10 typ).

Elle manque de métaphores linguistiques et d’images men-tales dans les autres catégories. Les huit métaphores de déri-vation psychanalytique dans la catégorie CORPS-ABSTRAITattestent l’influence exercée par le modèle psychanalytique.En psychanalyse, la conceptualisation du corps est riche, avecbeaucoup de métaphores et d’images mentales stéréotypées(f 525 ; 208 typ = 166a, 88b, 4c). Mais les métaphores lin-guistiques du corps sont concentrées sur des organes spécifi-ques, et négligent les autres parties du corps. Ce déséquilibrepeut évoquer l’idée d’une corporalité relativement éloignéede celle des neurosciences, qui semblent davantage s’orien-ter vers une « théorie de la cognition incarnée » [4,21,23] et« un fonctionnement mental intégré » [7,8]. La richesse et lesvariétés des métaphores du corps dans les ouvrages poéti-ques nous invitent à élargir nos conceptions des corps possi-bles en psychopathologie clinique. La poésie nous offre lapossibilité de créer, approfondir, reconstruire des vécus émo-tionnels à travers la richesse de la pensée métaphorique. Avecle développement des neurosciences, la pensée poétique pour-rait constituer une ressource de premier ordre dans la concep-tualisation du corps. L’articulation entre les métaphoresconceptuelles du corps et les énoncés figuratifs linguistiquessur le corps dans le langage oral et écrit, fondent la notion de« Construction perceptive-littéraire du corps ». Elle constitueun pont entre la cognition, le corps et les figures rhétoriques.Les perspectives actuelles de ces études sont : de construiredes protocoles expérimentaux mesurant l’effet des variablesphysiologiques dans un état de relaxation ou de vigilancebasse, au cours de séances fondées sur une métaphore concep-tuelle du corps et sur une correspondance métaphore linguis-tique du corps de 1er ou 2e degré. Les protocoles seront enre-gistrés par un acteur français sur Cd-rom [39,40].

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