MissShady

Mestroisfrèresetlui

Tome2Roman

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,descomportementsdepersonnesoudeslieuxréelsseraitutiliséedefaçonfictive.Lesautresnoms,personnages,lieuxetévénementssontissusdel’imaginationdel’auteur,ettouteressemblanceavecdespersonnagesvivantsouayantexisté

seraittotalementfortuite.ÉDITION:LeCodefrançaisdelapropriétéintellectuelleinterditlescopiesoureproductionsdestinéesàuneutilisationcollective.Toutereprésentationoureproductionintégraleoupartiellefaiteparquelqueprocédéquecesoit,sansleconsentementdel’auteuroudesesayantsdroitouayantcause,estillicite(alinéa1erdel’articleL.122-4)etconstitueunecontrefaçonsanctionnéeparlesarticlesL.425et

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CouverturephotoCopyright:Premièreédition:février2016

ISBN:9782375761960Copyright©2016/Dépôtlégal:janvier2016

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MissShady

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

Àtoutescellesquiontdéjàmorflépourun…mec.

Etbienévidemmentàmeslecteurs…cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

1.

CoraliealiasKiki

Uneseconde,uneminute,uneheure…unjour,puisdeux…unesemaine,puistrois…letemps…onditque le temps guérit les souffrances, les douleurs… Le temps passe, les souvenirs s’estompent, lessentimentschangent…

DepuiscetteterriblejournéependantlaquelleAlexalâché,avecdifficulté,mamainpourdisparaîtredemavie,ce tempsdéfile…mais lasouffranceestencore là…Moncœurblesséabesoindeplusdetempspouracceptercequemonespritsaitdéjà…Ilneferajamaispartiedemavieetresteratoujoursmonfantasme.C’estainsi.

Quelqu’un pourrait guérir cette douleur.Ce quelqu’un pourrait remplirmon cœur de son amour. Jepourraisoublieretaimerànouveau.

Maiscen’estpas…lui!Ilseratoujoursancrédansmoncœur,mêmedansunpetitcoin.Notrefusionétait tropfortepouroubliercespetitsmomentsavec lui.Etpuis,c’est l’hommequim’afaitdécouvrirl’amour.Lepremier…

*

Nousdéjeunons tous lesdeux tranquillementdans leparcsituéderrière la fac. Il faitbon,autantenprofiter,lesderniersbeauxjoursvontbientôtdisparaître.Novembrearriveàgrandspasetjeréalisequejenel’aipasrevudepuispresqueunmoismaintenant.Jenesaispascequ’ildevient,lesfranginsévitentdel’inviteràlamaisonetdeparlerdeluienmaprésence.Lorsqu’ilyaunmatchdefootàlatélé,ilspassentlasoiréechezlui,commeaubonvieuxtemps.Maiscelanem’empêchepasdel’avoirtoujoursdansmonesprit.Iln’adéfinitivementpasdisparudemoncœur.Jen’yarrivepas.

Alice n’est pas restée avec nous. Tenir la chandelle, ce n’est pas son genre. Elle n’aime pas seretrouveravecuncouplealorsqu’elleestseuleàsemorfondresursonsortdepauvrefillecélibataire.Etapparemment, elle avait un truc important à faire. Je la trouve distante ces derniers jours, sûrement àcausedeRomainquiaprisbeaucoupdeplaceentrenousdeuxdepuisquenoussommesensemble.C’estassezdifficilede satisfaire sameilleureamieet sonpetit amienmême temps.Lesdeuxme réclament

d’une façon différente,mais je ne peux pasme couper en deux, c’est impossible. Et je dois admettrequ’êtreavecRomainmeplaîtbeaucoup.Jerattrape le tempsperdudecesdernièresannéessansavoirconnulajoied’êtreencouple.Avantlaquestionneseposaitpas,jen’avaispaslechoix!

Certes,j’aurailargementpréféréresteravecAlex,maisledestinenadécidéautrement.Ilneveutpasmevoiravecluietjeledéteste!!Satanédestin!

J’ail’impressionquequelqu’unrecherchemaprésence.Uneombremecachelesoleiletmetiredemapetite paresse digestive. Je sors demon demi-sommeil et demes pensées fantasmatiques, c’est-à-direAlex.JesuisavachiesurleplaidtoutmochedeRomain,latêtesursescuisses,àprofiterdecetinstantdeplénitude.J’ouvreunœiletdécouvre,au-dessusdematête,ceregardgristénébreux,cachéenpartiepar une mèche rebelle lui descendant sur le front. Il m’observe attentivement tout en caressantdélicatementmajoue.

Ilmerendmonsourireetjenepeuxm’empêcherd’enfoncermondoigtdanscettefossetteterriblementsexyquimenarguechaquefoisqu’elleapparaît.J’aienfinpassélecapdelatimidité.Jesais,mieuxvauttardquejamais.C’estarrivébêtement,unaprès-midisurlaplage.Oncherchaitnospetitsdéfautsennouslesmontrantetc’estàcemoment-làqu’ilaattrapémesdeuxindexpourlesenfoncerdanssesfossettesàchaque joue. Sans le faire exprès, un petit gémissement de plaisir s’est échappé de mes lèvresentrouvertes.Ilenaconcluquepourmoicen’étaitpasundéfaut,maisunsacréavantagepourmefairefondreetobtenirtoutcequ’ilveutdemoi.Enfinenpartie.

—Jolicœur…jepensaisàuntruc.Çafaittroissemainesqu’onsevoittoujoursencompagniedetesfrèresoualorsonseréfugieici…j’aienviedepasserunpetitmomentavectoientêteàtête,murmure-t-illascivementenmecaressantlescheveux.

—Moiaussij’enaienvieetjepensequ’ilsvontbientôtcraquer.Jelesaientendusparlerentreeuxhieret…

Ilme coupe la parole en collant ses lèvres auxmiennes pourm’embrasser langoureusement puis ilplongesonregarddanslemienpourm’hypnotiseretm’emmenerlàoùilveutquejesois.J’aibeaucoupdemalàluirésister,sonregardestundangerpourmalibido.

—Onsèchelescoursetonvacheztoi,susurre-t-ilcontremeslèvresavantdeseredresser.

—Euh…mesfrèrestravaillenttouslestrois,çapeutsefaire,etpuisonnemanqueraqu’uneheuredecourscetaprès-midi.

Sonsourires’agranditainsiquelemienpuisnotrebaiserreprendlentement.

—Prête!Onyva?souffle-t-ilenmefixantdanslesyeux.

Pour toute réponse, je me redresse et m’assieds sur lui à califourchon. Ses mains ne peuvents’empêcherdemecaresserpartout,maisvraimentpartout.Commes’il devait profiterunmaximumdemoncorpsaprèsl’annoncedelafindumondeimminente.C’estasseztroublantetperturbantlorsqu’ilfait

ça.Surtoutenpublic!

Ilmerendfolleàchaquefois.Depuisquenoussommesensemble, ila respectémonchoix.Yallerdoucement.Etjenepeuxquel’aimerd’êtreaussipatient.Maisjecroisqu’aujourd’huiiltentevraimentsachanceetespèregagner.Lepauvrecommenceàperdrepatience,jeleressensdanssesgestesdeplusenpluscoquins.

Oui,OK,jenel’aimepasencore,c’esttroptôtpuisqu’Alexremplitencoremoncœur.Onverradansquelquessemaines.Pourl’instant,j’aimesacompagnie,cequiestdéjàpasmal.

J’encerclemesbrasautourdesoncouetlescruteuninstant.Ilmesourittendrement.

— Et tu veux faire quoi, une fois chez moi ? murmuré-je, en caressant le haut de sa nuque à lanaissancedesescheveux.

Ilseraclelégèrementlagorge,unpeugêné.

—Jene saispas…me fairevisiter lespiècesde tademeure…jen’ai jamaisvu tachambre…onpourraitsecâliner,profiterd’êtreseulspendantuneheureoudeux,dit-ilenremontantsesmainslelongdemescuissessousmarobe.

Àcettepériodedel’année,jeneportequedesrobesetc’estainsidepuistoutepetite.Seulement,jemerendscomptequelorsquel’onfréquentelesexeopposé,lesrobessontunsupplicepourleursmainsbaladeuses.

Bon!Jepensequ’ilesttempspournotrerelationdepasseràlavitessesupérieureetj’enaitrèsenviemoiaussi.Ceseraitl’occasionidéaledeseretrouvertouslesdeuxàlamaisonsanslesfrangins.

—Sic’estencoretroptôtpourtoi…

Je le coupe en plaquant mes lèvres sur les siennes. Je me rends compte au même moment qu’ilattendaituneréponsealorsquej’étaispartiedansmespensées.

—Non,jesuisprête,Romain.J’enaitrèsenvie.

—Parcontre,cen’étaitpasprévuet…commentdire…jen’airiensurmoi.Ilfautquejepasseàlapharmacieavant.

Jesecouelatêteenriantdoucement.Ilneconnaîtpasencorelesmâlesdelamaison!

—Crois-moi,ilyacequ’ilfautchezmoi.Danstouslestiroirsdesbuffetsetdestablesdenuit.Tupeuxfairetescoursesàtonaise.N’oubliepasquej’aitroisfrèresaccrosausexe.

Iléclatederireàgorgedéployée.

—Ouaisetc’estpourcetteraisonquejenecomprendraisjamaisleurfaçond’agiravectoi.Ilsfontcequ’ilsveulentalorsquetoitudoisêtresurveillée.

—Jesais,commejetel’aidit,jen’aipaslechoixetilsprennentsoindeleurpetitesœurchérie.Çaleurpassera,ilscommencentàlâcherprisetoutdoucement,jelesens.

—Hum…j’espèrepournousdeuxentoutcas.

Moncorpsseraidit.Qu’est-cequ’ilveutdirepar«j’espèrepournousdeux»?Fautqu’iléclairemalanterne, jenegèrepasencoreparfaitement le langagemasculin.Cesêtresvirilssontencoretrèsflouspourmonpeud’expérience.Leurcerveauestdifficileàdéchiffrerquandmême!

—J’aiditquelquechosequ’ilnefallaitpas?T’asl’airtendued’uncoup!

—Euh…disonsque…

Jesoufflefort,j’enaimarred’êtreunepauvrecoincéequin’oseriendiredevantunmec.

Çamesaouuule!!Allez,lance-toiCoco!

—Pourquoidis-tu: j’espèrepournousdeux?Tun’espassûrderesteravecmois’ilscontinuentànoussurveiller?

Voyantsonexpression,jecroisqu’ilserendcomptequesaphrasevientdecreuserunfosséénormeentrenous.

— Non ! Bien sûr que non ! Enfin, c’est quand même super frustrant, mais j’aime ta compagnie.J’espèrejustequ’ilslâcherontvitel’affaireaussibienpourtoiquepourmoi.

—Ah!D’accord.Bon,onyvaalors?

Sonsourireilluminesonbeauvisagepuisilseredressepourmesouleverenmêmetempsquelui.

—C’estparti!

*

Jen’aipasletempsderentrerdanslecouloirdel’entréequ’ilsejettesurmoi,sesmainssebaladantpartoutsurmapeaudevenuesensibleàsescaressesappuyées.Soncorpscontre lemienmepousseenarrièretandisquesonpiedrefermevivementlaportederrièrelui.

MonDieu!

Il est excité comme jamais. J’essaie dem’éloigner de son emprise pour lui dire qu’il ne faut pasoubliercefameuxpréservatif.

Oupeut-êtredeux!Àl’allureoùilestparti…

—Romain…ilfaut…penserau…

— Je sais… mais tu me rends fou. Et je sais que c’est ta première fois, je ne vais pas te fairel’amour…là…contrecemur,susurre-t-ilentredeuxbaisersfous.

Euh…

—Tuvaslechercher,jet’attendspourmonterdanstachambre.

—OK,murmuré-je,enm’éloignantdesonétreinte.

Jetournelestalonsenlaissantdecôtécepetitsecretenfouidansmonesprit.Jen’osepasluiavouer…

ouplutôt,j’aipeurdesaréaction.Commentva-t-illeprendre?Jeneluiairienditdepuisunmois.Deplus, je le laissemiroiter depuis quelques jours alors que je ne suis plus vierge.Et quemapremièreexpérienceétait…commentdire…Fantasmatique!

Toutenessayantdechassercesimagesquimefontencoredel’effet,j’ouvreletiroirdubuffet,celuidanslequelsetrouveletrésordesfrangins.Ilestremplidepetitssachetsentoutgenre.Desargentés,desdorés,desfluo,despetits,des…grands!Avecdesdessinsdecertainespositionsinscritsdessus…

Jelèveunsourcilenpenchantlégèrementlatêtesurlecôtépouressayerdecomprendrelaposition.

Gne!

Commentarrive-t-onàfaire…ça!

Jebalayeleregardversladroitedutiroir.C’estdingue,ilenestrempli.J’aisuqu’ilsenachetaientrégulièrementpouravoirunstockpermanent.EtavecleurréputationdeDonJuan,leurscherscollèguesnepeuvents’empêcherdefairedebonnesblaguesauposteaveccespetitssachets.Onnelesreferapasceux-là…

Romain,sûrementparcuriosité,arrivederrièremoienencerclantmataillepourmeserrercontrelui.Jeprendslepremiersachet,au-dessusdelapile,etconstateenleretournantentremesdoigtsqu’ilestécritengrand«XXLgoûtbanane».Jedéglutis.Pourquoileplastiquea-t-ilbesoind’avoirunesaveur?

—Ah,ouais,quandmême!s’exclameRomain.

Merde!Enplus, ilyaune tailleàce truc?Qu’est-cequec’estcompliqué! Iln’apas l’aird’êtreconvaincupar lagrosseurdesonengin. Il lui fautpeut-êtrepluspetit.Jereste interditedevantcepetitcarréargenté,nesachantquoifaire.

—Jenevaispasjouerleprétentieux,jolicœur.Unetaillestandardçaira,susurre-t-ilàmonoreilleenleprenantdélicatementdemesmains.

Illereposeetenpiocheunautre.Çava,lapêcheestbonne,c’estsataille.Illeglissedanssapochedejean,poussemescheveuxsurlecôtédemonépauleetm’embrassedanslecreuxdemoncouavecunelenteurincroyable.Sonsoufflechaudcontremapeaumedonnedesfrissons.

—Ànousdeux,ma jolie…chuchote-t-il àmonoreille. Jeveuxqu’onpasseunbonmoment, toietmoi.Endouceur.

Samainagrippelamiennepuisilmefaitfaireundemi-toursurmoi-mêmepourêtrefaceàlui.Sonregardténébreuxs’estenflammé.Lemienjenesaispas,maisalorsilnedoitpasêtreloind’unemontéevolcanique.

Jemesens…j’aichaud!

Unesensationquejenesauraisdécrire,maisquin’estpasaussiintensequelorsquej’étaisavecmonfantasme,moncaprice,mondésir,monrêve…Unleurredetouteévidence!

—Dirige-moiverstachambre,dit-ilenmeportant.

Dansunpetitcridesurprise,j’encerclemesjambesautourdesataillepourtenirl’équilibre.

—Hmm…j’aimecesonexcitant!

J’aiunpetitrirefrustré.Ilmaîtriseunmaxlasituationcomparéàmoi.Àsafaçond’agir,jemedoutequ’iladûenvoirpasserdesnanasdanssonlit.

— Il faut d’abordmonter les escaliers.C’est à l’étage. Tu devraisme reposer à terre, c’est assezcasse-gueule.

—Tuplaisantes!Jenetelâcheplus,jolicœur.

Onvaseramasserunebellegamelle,jelesens.C’esthyperétroitetraide.Moitouteseule,j’aidéjàbeaucoupdemal,alorsàdeuxscotchésl’uncontrel’autre,çavaêtreuncarnage!

—OK.Jet’auraiprévenu.

Ilme sourit, se sentant le dieu tout puissant qui n’a peur de rien, puis il se dirige vers ce périplesuicidaire.

Devant lapremièremarche, il lève la têteet son sourire s’efface, laissantplaceà… jene saispastrop.Unmélangedepeur,deconsciencesoudainequesionmontedanscetteposition,onestmorts!

Ilmeregardeenfaisantunegrimace.

—Bon,t’aspeut-êtreraison.J’aitropenviedetoi.Cen’estpaslemomentdesecasserlecou.

Mespiedstouchentlesolpuissesmainsagrippantmataillemefontfaireundemi-toursurmoi-même.Encore.Vautmieuxpasêtrebourréensaprésence!

—Vas-y,jetesuis,murmure-t-ilsanslâchermoncorpsqu’ilcaressedoucementpendantquej’essaiedemonterlesmarchesconvenablement.

Lorsquenousarrivonsenfindansmachambre, jenepeuxm’empêcherd’avoirencorecettepeurenmoi.CommelapremièrefoisavecAlex.Est-cenormal?Jepensequeoui.C’estcommesijerenouvelaisunepremièreexpériencepuisquecen’estpaslemêmehomme.

—Wouah!Ilestextratonlit!Tunetesenspasperduelà-dedans?

Ilmefaitrire.C’estvraiqu’ilfaitimmensedansmachambre.

—Non,jesuisbien.Mesparentsm’ontdonnéleleuravantdepartir.J’aifaitdespiedsetdesmainspourlerécupéreravantlestriplés.Enfait,c’étaitplutôtfacile,commeilssebattaienttouslestroisetqueçan’enfinissaitplus,monpèreatranché.Etjel’aieu.

Ilsauteetplongesoncorpsenarrièrepours’étendredessus.

—Onpeutenfairedeschosestorridessurcelit.Ilyadelaplace!

Je le regarde, un petit sourire aux lèvres. J’ai envie de grimper sur lui et de faire la grossedévergondéequin’apeurderien,mais…cen’estpasmoi.Meconnaissant,jerisquedetrébucheretde

m’étalerdetoutmonlongparterre.

—Arrêtede réfléchir et viens,m’invite-t-il en tendant ses brasdevant lui sans se redresser nimeregarder.

Jemesensseuled’uncoup.

—Jen’aipasbeaucoupd’expérience,tusais.Jenesaismêmepascommentgrimpersurtoi!

Et je le fais rire.Pourm’inciterà le rejoindre, il relève la tête,mefixedans lesyeuxetbougesesmainspourmefairecomprendrequejen’aipasàavoirpeur.

—Viens…chuchote-t-ild’unevoixdouce.

Jem’approchelentementetsansperdreuneseconde,ilseredressejusteassezpourattrapermesmainsetnousrenverserenarrière.Jemeretrouvesubitementsurlui,meslèvresfrôlantlessiennes.

—Alors, cen’estpas si terrible ? susurre-t-il enplongeant sa têtedans le creuxdemoncoupourm’embrassertendrement.

Jeme laisseguiderdanscemomentexcitantetcommenceàprendrede l’assurance.Ledésiret sesgestescertainsprennentledessussurlatimidité.

Pendantqu’ildévoremabouche,moncouetmondécolleté,jeretiremeschaussuresàl’aidedemespiedsetjecroiscomprendrequ’ilfaitlamêmechosepuisquejelesentendstomberuneàune.Puissansperdre une minute, il nous redresse, prenant une position assise. Ses mains envieuses caressent mescuissesetremontentlentementsousmarobepourlaretirer.Ensous-vêtements,ilmeregardealorsquesesmainsdécouvrentmoncorps. Il lesglissedansmondoset retire l’agrafedemonsoutien-gorge.Jel’aideàl’enleveretsabouchen’attendpas,elleprendpossessiondemesseinsdevenussensibles.

—Dis-le-moisijevaistropvite.D’accord?

Situsavaisbeaugosse!Alexm’afaitdécouvrirdeschosesquejepensaisirréelles.

Sesbrasencerclentmatailleetmevoilàsouslui,sesbrasdechaquecôtédematêtepoursesoutenir.

—Déshabille-moi,susurre-t-ilenmefixantdesonregardgristénébreux.

Avecdesgestesmaladroits,jeretiresontee-shirtetm’attaqueàsonjeanetsonboxerenmêmetemps.Ilm’aideàl’enleverenjouantdeshanchescontrelebasdemonventre,cequim’exciteterriblement.Ill’aremarqué.

Unefoistouslesdeuxdébarrassésdecepointgênant,ildescenddoucementlelongdemoncorpstoutenl’embrassantavecardeur.MonDieu,ilsaityfaire.

—T’essublime…Coralie.

Maisd’uncoup,laporteclaquecontrelemuretnousfaitsursauter.

— Oh ! Putain de merde ! râle Alan figé à l’entrée de ma chambre, les yeux ronds comme dessoucoupesetlevisagedéforméparlacolère.

Oooh!Misère!Onest…MAL!

JecriecommeunetruieetmecouvredumieuxquejepeuxtandisqueRomainserelèved’unbond.Ilal’aircomplètementpaumé,nesachantquoifairenioùregarder.

—Alan,sorsd’ici!C’estmachambrebonsang!

Satêtesepenchesurlecôtétoutennousobservant,pasdutoutmalàl’aisefaceàlasituationplusqu’embarrassantepourRomainetmoi.

—Euh…non, dit-il tout simplement en croisant nonchalamment les bras. Je peux savoir pourquoivousêtes icienpleineaprès-midialorsque t’ascours?Etmec,si tu tiensà taqueue,vire-lademonchampdevision…etelleestoùtacapote,là?

Lahonte!

—Euh…désolé,bredouilleRomainenplaquantsamainsursonenginpourlecacher.L’habitudeaveclefoot…tusaisdanslesvestiaires…enfin…

—C’estbon,j’aicompris,pasbesoind’undessin,soupire-t-ilenlevantlesyeuxauciel.

—OK.Merci.Je…

—Tagueuletêted’ampoule.Tuviensdedescendredemonestime,là?T’allaismettretontrucsansplastiquedansmaKiki,putain!Tuméritesdesbaffes.

—Alanarrête!Tuluifaispeur,onn’arienfaitdemal,onall…

—C’estuneblague!BordelKiki!mecoupe-t-il,furax.

C’estfou,jen’aimêmepasletempsdem’expliquer.EtRomainrestefigé,àpoil,enpleinmilieudelachambre.Cecidit,ilasacréfessierenlevoyantdedos.

Jemeressaisislorsqu’ilreprendtoutpenaud:

—J’allaislamettre,mais…commentdire…t’esarrivéunpeutroptôt,onétaitauxpréliminairesenfait.JevoulaisprendremontempsavecCoralie.C’estsapremièrefois.

JegrimacederrièreledosdeRomainlorsqueAlanmefixe,unsourcilrelevé.J’admets,j’auraipeut-êtredûenparleravantdepasseràl’acte.

— Sors maintenant. Ça devient ultra gênant de voir Romain à poil devant toi. Laisse-nous del’intimité,onvaserhabilleretdescendre.

—Hum…vousallezdescendreetilvatranquillementprendrelaporte.Magnez-vous,jevousattendsenbas.

Quelleplaie!

—Ouipapa…grimacé-je.

—Cen’estpasçaKikiet je te l’aidéjàdit. Ilvientdeprofiterde toi là ! Il savaitqu’onétait auboulot.

—Ouietd’ailleursqu’est-cequetufaisici?

—Euh…j’aimeraisbienpouvoirmerhabillertranquillement.Désolé…

Oh,monDieu,c’estvrai.JediscuteavecAlanalorsqueRomainattendaveclamaindevantsonengin.

—Ondiscuteraenbas,Alan.Sorsmaintenant!

—Jepassaisdevantlamaisonpourfairemarondeetj’aivutavoituregaréesurletrottoir.N’oubliepasqu’onestflics,Kiki!finit-ilavecunsouriresansjoie.

Jelèvelesyeuxaucieltandisqu’iltournelestalonspoursortirdelachambreetenfinnouslaisserdel’intimité,maisRomainsemetàpoufferderireenseretournantversmoi.Erreur.SurtoutavecAlan,ilahorreurd’entendrequelqu’unsefoutredeluilorsqu’ilaledostourné.

—Jevaisfairecommesi jen’avaisrienentendu.Mais t’aspas intérêtàmontrer ta têtedetrouducdanslesalon.Tudéguerpisillico,lance-t-ilsèchementensedirigeantverslecouloir.

Laporteclaquebruyammentderrièrelui,etnousvoilàtouslesdeuxfigésaubeaumilieudelapièce,ànousregardercommedesgaminsayantfaitunebêtiseetvenantdesefaireréprimander.

—Bon, je crois que notre petite intimité s’arrête là. Super lemoment intime,marmonne-t-il en serhabillant.

Il esthyperdéçuetneprendaucunepincettepourme lemontrer !Est-cequ’ilva rompre?Tout àl’heureilavaitfaitallusionàcettesituationembarrassantepourlui.Ceseraitmesquin…

Jemerhabille,moiaussi,dansunsilencetroublant.L’ambiancedevientlourde,malsaine.Ilvientdeplombermabonnehumeuraveccettephrase.

Pfff…J’ai l’impressionquedèsque je commenceà comprendreunmec, il changede réaction.Çadevientpénible!

Contrariée,jemedirigeverslaporteetl’attends,monépauleprenantappuicontrelechambranle.

—Onauraitpeut-êtredûallercheztoi.

—Hum…pasfaux,dit-ilenmerejoignant.

Ilsefigedevantmoietmefixedanslesyeux,samaincaressantmajoue.

—Excuse-moi.Jenevoulais tefairedepeine,mais j’aimerais tellementqu’onseretrouvetous lesdeuxcommebonnoussemble.Nepassecachernimêmeavoirdesbouletsderrièrenous.

Jepincemeslèvres,blaséetoutcommeluifaceàcettesituation.

—Jesais.

—C’estrien.Laprochainefois,onvachezmoi.

Ilm’embrasselangoureusementenmeserrantdanssesbraspuisnousdescendonsrejoindreunAlanhorsdelui.Soitillevireàcoupsdepied,soitilestbienlunéetsecontenterademefairelamoralepouravoir séché les cours juste pour unmec. Je le vois déjàmedire :Kiki, ton avenir est plus important

qu’unepartiedejambeenl’air!Lesétudesc’estmaintenant,pasdanscinqansoù,là,tupourrasfairecequetuveuxavectonmec.

J’inspireprofondémentetnousentronsdanslesalonàpasdevelours.

—Ah!Quandmême!

—Alan,c’estmafaute.C’estmoiquiaiproposédeveniricietsécherlescours.

—C’est bon,vous avezpassé l’âgedevous faire réprimander commedesgosses.N’empêchequec’estimportantlesétudes,Kiki.

Etvoilà!J’admetsqu’Alanestlepluscooldestrois.CeseraitFreddevantnous,ilauraitjetéRomaindehorssansperdreuneminute.

—Jen’ailoupéqu’uneheuredecoursetçadevientpénibledevousavoirconstammentsurledos.Onnepeutmêmepasavoiruneminuted’intimité!

—Justementaveclesfrangins,onenparlait.Onendiscuteracesoirenmangeant.

Jesouriscommeunegamine.Jevaisenfinavoirmonintimité.Cen’estpastroptôttoutdemême!

—Ravaletonsourireprincesse.J’aiditdiscuterpourl’instant.

Putain!

Malgrémonamourinconditionnelpoureux,j’enaimaclaquedecespapasflicsetj’aibesoindevidermonsac.Ilsvontm’entendrecesoir…

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

2

CoraliealiasKiki

Lesfranginsviennentderentreretjenousaipréparéunbonpetitplatpourcesoir.Lasagnes!Depuisquenousavonsemménagéici,j’adoreleurcuisinerdebonneschoses.Etjecroisqu’ilsvontmeregretterlorsquejeprendraimonindépendanceleplusvitepossible.Enfin,dèsquejetrouveraiunboulotpuisquepourl’instantjevisàleurscrochetsetquejen’aiquecinqcentseurossurmoncompteépargne.Jen’iraipasbienloinavecça.

Parhabitude,nousmangeonsdans lesalonlorsqu’ils terminentassez tard.Àvingtetuneheures,onpréfèresedétendredevantunbonfilmdanssoncanapé,lescouvertsdéposéssurlapetitetabledusalon.

Pendantqu’ilssechangentpourêtreplusàl’aisequedansununiformedeflic,jedéposelesassiettesdéjàgarniespuisjechercheunfilmàregarder.

—Hmmm,çasentvachementbon!

TandisqueJulesentredanslapièce,vêtud’unsurvêtnoirencotonetd’untee-shirtblanc,jegardeunvisageimpassibleetjenedisrien,leregardfigéverslatéléàzapperleschaînes.Cesoir,jecomptebienfaire péter les vannes. Ils veulent discuter ? Alors on va discuter. Ça va chauffer dans leurs petitescervellesdefrèresautoritaires.JesuisfatiguéedelesavoirconstammentsurledosquandjesuisavecRomain.

—Disdonc,t’enfaisunetête!T’asgoûtéàtonplatavantdenousservir?

—Ah,ah…jesuismortederire.

Ilpouffe,visiblementtrèscontentdesablague.

—Ilyauntrucbienàlatélécesoir?

—Non.

Unsilence.Long.Cequisembleétrangevenantdesfrangins.

Pour vérifier, je tournediscrètement la tête et le vois assis auborddu canapé à piquer unegrossefourchettedansl’assiettedeFred.Ilestgonflé!

—Çava?lancé-je,enhaussantlavoix.

Surprisparmavoix,ilsursauteenlaissanttombersafourchettesurlatable.

—J’aifaiiim!Etc’estsuperbon!Tum’épatesàchaquefois.

Fredarriveensurvêt,luiaussi.

—Bonsang,j’aifaim!Qu’est-cequ’onmange?

—Lasagnes.

Toujourspasenviedemontrermabonnehumeur.

—Wouah,l’ambianceKiki!Top.

—Mademoiselle tientànousfairepartdesonmécontentement.Elleveutson intimitéabsolueavecRomain.N’est-cepasprincesse?lanceAlanenentrantdanslapièce.

—Hum.

—Ettucroisnousconvaincreenfaisantcettetêtededéterrée?C’estplutôtmalparti.

Je tourne la tête,afficheunénormesourireetme jettedans le fauteuilensoufflant. Je laveuxcetteintimitéavecRomain.Maisjelavoulaisd’autantplusavecAlex.

Romain…

Jen’aipasl’impressionqu’ilsepassegrand-choseaveclui.Onestbienensemble,c’estsympa.Ons’entendàmerveille.

Sympa…

—Bon,onvapasserunebonnesoirée,jecrois.

JefixeJulesuninstantsuiteàsaremarque.Puislesautres.

—SijevousdisqueRomainetmoi…enfin…non,c’estnul.Laisseztomber.

—Balance.Qu’est-cequisepasseavecRomain?

—Non,c’est justequequandjesuisaveclui, jemesensbien,maisc’estquebienetpastrèsbiencommeavecAlex.Voircarrémenthypermégabien.

Jelesembrouillegrave…

—Donct’esbien…conclutFredenhaussantunsourcil.

—Oui,jesuisbien…

—Ilfaut tesortirAlexdela tête,sinontunepourras jamaisavancer.Romainc’est leprésentet lefutur,Alexc’estjustelepassé,faitremarquerFred.

Leplusphilosophedestrois.

—Jen’yarrivepas,lesgarçons.Dumoins,paspourl’instant.

—Allez,onvouslaisseprofiter,Romainettoi.Faitescequevousvoulez.Onvouslâchelagrappe.

Jedevraismeréjouir, sauterauplafondrireauxéclats…rien.Je resteaffaléeau fondducanapéàréfléchir. Je réfléchis au sens que prend ma vie amoureuse.Maintenant que je suis détachée de mesboulets,jevaisencoreplusmal.Pourquoi?

—MangeKiki.Çavaêtrefroid.

Jerelèvelatête.Ilsserégalenttouslestrois.Heureusementqu’ilssontlà.Jemesensmoinsseuleetilsm’offrentdebonsmomentsdeplaisir.

—Ouais.J’aifaimenplus.

Jemeredresse,attrapemescouvertstandisqueFredpressemamainquelquessecondesdanslasienneenmefaisantunpetitclind’œil.

Jeluirendssonsourireetmeressaisisgrâceàl’amourfraternelqu’ilm’envoieetquiremplaceceluidesparentsabsents.

—J’aienviederegarderDesperateHousewives.Jen’aipasvuledernierépisodeenregistré.

Les trois râlent et soufflent fort. J’adore quand ils font ça. Je sais qu’ils nem’en empêcheront paspuisquej’aiunchagrind’amouràsurmonter.C’est leurfaçonàeuxdememontrerque jesuischiante,maisqu’ilsnepeuventpasmedirenon.

—Nonsérieux!

—Pasencore,pitié!

—TusaoulesgraveKiki.

JemelèvetoutsourireetallumelelecteurDVD.

—Merci,lesfrangins,chaquejourjevousaimedavantage,aujourd’huiplusqu’hieretbienmoinsquedemain.

—Ouais,moiaussiplusquedemain.

—Ouaismoinsqu’hierjet’aime.

—Moilesdeux.

Ilsn’ontriencompris!

—Vousêtesàchier,grogné-je,enreprenantmaplacedanslefauteuil.

Voilàqu’ilsmefixenttouslestroisenhaussantlessourcils.

—Chut.Çacommence.Mangez!cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

3.

Alex

Noussortonsducabinet,lecœurbourrédesensationsfortes.

Unbébé!

Jen’enrevienstoujourspas.JeregrettequecesoitavecRebecca,maisc’estlemienetjemedoisdel’éduqueretdesubveniràsesbesoins.Jedoisêtrelàpourelleaussi,jeseraisunsacrésalaudsijelalaissais seule pendant la grossesse, et mes parents ne me pardonneraient jamais d’être irrespectueuxenverselle.Enrevanche,jereferaimavielorsqu’ellepourras’enoccuperseule.Jenetermineraipasmavieàsescôtés,jenel’aimeplus.Lepetitvivradansdeuxfoyersdifférentsenalternance,maisilseraenâgedecomprendre,lejouroùçaarrivera.

— Je dois passer aux toilettes avant de partir, il a appuyé comme un fou surmon ventre et jemeretiens depuis tout à l’heure. Et dire que je vais devoir squatter la cuvette plus souvent maintenant,soupire-t-elleexagérémentcommesisavieendépendait.

Rebeccamesortdemespensées.Jerelèvelatêteetlaregardeuninstantsansriendiretandisqu’ellecherche un truc dans son sac. Je pousse un soupir discret face àma frustration. La supporter devientextrêmementdifficile.Comment font lesgensqui restent en couple et quine s’aimentplus ?Commentpeut-onvivreuneviequel’onneveutpasvivre?Elleesttellementcourtepourlagâcher!Quoiqu’ilensoit,ilmefautleurrecettemiraclejusteletempsdesubvenirauxbesoinsdubébéetdeRebecca.

—OK.Jet’attendsdevantl’ascenseur.Vas-y.

Elle tourne les talons d’une démarche hautaine et disparaît dans le couloir. Je me tourne versl’ascenseur pour appuyer sur le bouton d’appel. Je veux juste sortir d’ici, la ramener à l’appart etdéguerpirauplusviteauboulot.J’espèrequ’ellenevapasmettreuneplombecommeàsonhabitude.

C’estfou,dansmonlitquandleréveilsonneàsixheuresetquejefermelesyeuxcinqminutes,ilestsix heures trente.Avec elle, ici, sur l’horloge au-dessus des portes de l’ascenseur il est treize heurestrente et quand je ferme les yeux cinqminutes pour essayer d’évacuermon stress, il est treize heurestrenteetune!Dingue!

Ellemegonfle!Etjem’emmerde!

Jesensquelesjoursàvenirvontsacrémentm’agacer.Bonsang,lesclonesontraison,cequ’ellepeutêtre chiante comme nana. Toujours à se plaindre pour pas grand-chose. Avant ça me faisait rire detoujoursl’entendrerâleretdelavoirsecomportercommeunmecpouressayerdeporterlaculottedansnotrecouple.Nousavionscepetitdéfiquirallumaitl’étincelledenotrerelation,jeluiprouvaisavecmescaressesetmesgestesquel’hommedelamaisonc’étaitmoietelleabdiquaitsanssefaireprier.Maismaintenantçanemefaitplusriredutout,aucontraire,çamegonfle.

Ça faitmaintenant cinq bonnesminutes que j’observe toutes ces futuresmamans avec leurs ventresénormes. Elles attendent sagement leur tour dans la salle d’attente. Et dire que ma chère fiancée varessembleràunebouledebowlingpendantplusieursmois.Ellevapéterunsteak,ellequiprendsoindeson corps avec minutie, ça va lui faire tout drôle. En revanche, je ne m’inquiète même pas de nosrelations sexuelles vu que je ne la baise plus. Je l’ai promis à Coralie et je tiendrai ma promesse.Rebeccaveutpeut-êtremegarderprèsd’elle,maismoncorpsnetoucherapluslesien.Jeleréservepourmadouce.

Lapetite sonnettede l’ascenseur retentitpourmepréciserque lesportesvont s’ouvrir et ellen’esttoujourspaslà.

Faischier!

Onvadevoirattendreleprochainalorsqu’ilmetuneplombeàarriverenplus.

Je m’éloigne du passage pour éviter les bousculades et mon cœur s’affole lorsqu’elles s’ouvrentlentementdevantmapetitepuce.J’ai l’impressionderêver.Çafait troissemainesque je l’observedeloinàlasortiedelafac,cachédansmavoiture,etaujourd’hui,j’ail’occasiondeluiparleretpeut-êtremêmedelatoucher.

Putain,cequ’elleestbelle!

Elleavancelentement,danssarobelégèrebleuazur,lacouleurdesesbeauxyeuxquej’aitoujoursàl’esprit.Sonregardestfigéverslesolpuisnosregardssecroisentaumomentoùellelèvelatêtepoursortirdel’ascenseur.Sespiedsmarquentunarrêtàquelquescentimètresdesmiens.Elleenalesoufflecoupé.Toutcommemoi,ellenes’attendaitpasàmevoirici.Pourquoiest-ellelàd’ailleurs?

Jetenteunsouriretendrealorsqu’ellen’atoujourspasbougé,complètementsubmergéeparl’émotion.

— Hey ! Salut ma puce, tenté-je en faisant un petit signe de la main. T’es… t’accompagnesquelqu’un?

Ellelèveunsourcil,surpriseparmaquestion.Jenem’attendaispasdutoutàlavoirdanscecouloir,alorssortirunephrasecohérentemeparaîtimpossible.Moi-mêmejenecomprendspasmaquestion.

Tudélires,mec!

—Oui,bonneblague.Jelaretiendraicelle-là.Non,jesuisvenuevoirmongynéco.Lapiluleetles

visitesrégulièress’avèrentnécessairesquandonfréquentedeshommessanscervelle.Etjenesuispastapuce,Alex.

Etmerde!C’estvrai.

—Excuse-moi.C’estcomplètementconcequejeviensdedire.Çavatoidepuis…

Jemetaisentournantmalanguecentfoisdansmabouchelorsquejemerendscomptedemaconnerie.Enplus,jeluidemandesiellevabien.Sérieux!Biensûrqu’ellenevapasbien,jel’ailaisséetomberdujouraulendemaincommeunabruti.

J’ai un léger sursaut lorsqueRebeccaglisse sonbras sous lemienpourm’attirer à elle. Je l’avaisoubliée,tiens!

—Alexchéri,j’aifini,onpeutyaller,miaule-t-elleensecollantunpeuplusàmoietenregardantCoralied’unœilmauvais.

—Hum.Jedoisyalleraussi,onm’attend.Salut ! lancemadouce touten s’éloignantvers la salled’attentesansseretourner.

Putain!

Impossiblededétachermonregarddesoncorps.C’estseulementquandRebeccaattrapemonmentonpourfairevirevoltermonvisageverslesienquejereprendsmesespritstroublésparcettepetitepoupéequej’aienviedeserrerdansmesbras.

Ellem’apresquebroyélecoucettefolle!

—Tufaisquoilà?Tuveuxuncoupdemain?

Ohnon!Jen’aipasbesoindetoipourenflammercettemagnifiquecréatureetm’envoyerdesimagesdenosderniersmomentsintenses.

Je souffle fort, retire vivement mon menton de son emprise et avance d’un pas pour appelerl’ascenseur.

—Merci,çaira,murmuré-je.

Voyantmondétachement,elleattrapemamainetlaposesursonventrecommesilatensionquirègneautourdenouspouvaits’effacerparcegeste.

—Dansquelquessemaines,tulesentirasbouger,moncœur,dit-elleungrandsourirebéat.

—Hum…dansquelquessemaines,dis-jeenretirantmamain.Pourl’instant,jen’aipasbesoindetetoucher,ilpassesontempsàseformerpournousressembler.

Ellelèvelesyeuxaucielavantdereprendred’unairhautain:

—Pourvuqu’iln’aitpastoncaractère!Letienmesuffitamplement!

Jetournelentementlatêteenassimilantsesparolesetenlevantunsourcil.

—Moncaractère !?Siçane teconvientpas,princesse, jepeuxprendremes jambesàmoncouet

disparaîtredetonchampdevision.

— Alex chéri, miaule-t-elle en caressant ma joue, n’oublie pas que tu as des obligations, tu nevoudraispasfairehonteàtesparents,auxmiensetàtonfilstoutdemême?braille-t-elleenpointantsondoigtverssonventre.

—Tunesaismêmepassic’estungarçonouunefille.

Sonfauxsouriredenazes’afficheànouveau.J’admetsquec’estunetrèsbellefille,maisplusjelaregarde,plusellemedégoûte.Jenel’aimetoutsimplementpluscettenana.

—C’estungarçonetjelesais.Jenevoulaispastelediretoutdesuite,maisj’aieulaconfirmationparlegynécolorsquet’essortiducabinetcommeunetornade.Jeluiaidemandédeneriendirependantlavisite.

Ungarçon…cool!Aumoinsunebonnenouvelle!

L’ascenseur arrive enfin. Les portes à peine ouvertes que jeme faufile à l’intérieur. Il faut que jem’éloigne d’elle, j’ai besoin de respirer. Si ça ne tenait qu’à moi, je la raccompagnerais illico etreviendraisicipourêtreauxcôtésdeCoralie.Lavoir,mêmecinqminutes,m’acomplètementchamboulé.

*

J’arriveenfinauposte,j’aimedeplusenpluscetendroitdepuisquelquessemaines.Jecommenceàmesentirmieuxdanscetespacelugubrequedansmonproprechezmoi.

Pathétique!

Lepetitgroupe,Julien,FredetWill,estréuniautourdelatabledanslasallederepos.Ilsterminentleurjournée,prêtsàêtreremplacésparl’équipedenuitdontjefaispartie.D’ailleurs,jesuislepremierarrivé.J’aipureprendrelesrondesdepuistroisjours,monplâtreaenfindisparu.Etquelsoulagement!Jen’enpouvaisplusd’enfonceruncouteauàl’intérieurpourmegratter.

Je les rejoins et me sers un café dans la foulée. La nuit, les interventions délicates s’enchaînentfacilement,ilmefautmadosedecaféinepourtenirlechoc.Lesdrôlesdespécimenschoisissentlanuitpoursortir.Enmêmetemps,ilsfonttellementflipperqu’ilsontraisond’agirdelasorte.

Unefoisservi,j’attrapeunechaiseetm’installeautourdelatableoùtoutlemondeestassis.

—Salut!Alorsqu’est-cequeçaditpourcesoir?Descinglésenvueouilsdormentencore?

—Assez calme pour l’instant,mais ça ne saurait tarder,me répond Fred, la tête plongée dans unmagazinedefemmesàpoil.

—SérieuxFred, t’asquel âge ! Je regardais ces conneries àquinze ans.Et t’en aspas assez avectouteslesnanasquevousramenezchezvous?

—Désolé,maisjetrouvelecorpsd’unefemmemagnifique.Pourmoi,c’estlaplusbellechosequeDieuacréée.Jepourraislesregarderjouretnuitcommeuneœuvred’artdansunmusée…

Je l’attrape rapidement et me dirige jusqu’à la poubelle pleine d’ordures pour le jeter. Surtout lenarguer.Jeletendsau-dessusdecelle-citoutenjouantdessourcils.

—Jelefais,jelefaispas…murmuré-jeensurvolantvaguementlespagesetjedoisadmettrequ’iln’apastort.C’estdesbombes!

—Arrête tesconneries !Donne-moicemagazine toutdesuiteou t’esmort.N’oubliepasqu’onesttrois,j’aidurenfortavecmoi.

Bordel,c’estvrai!Lorsqu’ilssontàtrois,c’estlecarnageassuré.

—OK!Detoutefaçon,jenefaispaslepoidsavectesclones.Tiens,gamin!

Toutsourire,ils’extasieànouveauensifflotantpendantquejem’assiedsfaceàlui.

—Obsédé!

Ilrelèvelatête,ungrandsourireespièglesurlatronche.Jem’attendsàunebellevannedesapart.

—T’enfaispas,jeteleprêteraiquandtachieuseressembleraauBonhommeMichelin.

Jelèvelesyeuxauciel.C’étaitàdouter.

—Tagueule,enfoiré ! râlé-jeenbalançantsurson livredecul legrosbouquinduCodepénalquitraînaitsurlatable.

Iléclated’unrirefrancetbruyantenreplongeantsonregarddessusaprèss’êtredébarrassédupavé.Çanem’étonnemêmepas.

—Faisgaffe!Undecesquatre,tuvastemangerunebellegamelleàfaireça.Etbonsang,jel’attendscemoment!dit-ilens’extasiantdevantlesphotosdeporno.

Parhabitude, jenem’étaispas renducompteque jemebalançais sur lesdeuxpiedsarrièredemachaise.Unesalemaniequiestrestéeaveclesannéesdelycée.

—Tupeuxtoujoursattendrepourquejetombe!Cen’estjamaisarrivé!

—Alors, elle est enceinte de combien ? Elle accouche à quelle date ? Et la première écho c’estquand?medemandeWillquiestdéjàpapad’unpetitgarçondetroisans.

—Onvoitquet’esdéjàpasséparlà!

—Hum.Etjen’aipasforcémentenviederecommencertoutdesuite,tuvois!

—D’aprèslegynéco,elleestenceintedetroismois.Lanaissanceestprévueversmai.

Il a un léger recul tout en fronçant les sourcils puis ilm’observe, dans sespensées.Aprèsun longsilence,ilouvrelabouchepourlarefermeraussitôt.Jeleconnais,ilaquelquechoseentête,maisonluirabâche sans cesse qu’il a une trop grande gueule et qu’il devrait tourner sa langue cent fois dans saboucheavantdesortirunmot.Etàvoirsatêtedemerlanfrit,ilréfléchitsérieusement.Jesensqueçavafairemal.

—Euh…mongrand,jeneveuxpast’affoler,mais…enfin,netevexepasounet’énervepas…c’est

justeque…

—C’estbonWill,accouche!

—Bah…onétaitenformationsécuritéàcemoment-là.Fautquetum’expliquescommenttufaisdesgossespartélépathie!T’esvachementbalaise!

Mamainquiagrippelecoindelatableetquiestcenséemetenirenéquilibremefaituncoupfoireux.Jesuistellementahuriparcetterévélationquejenecontrôleplusrien.Monespritm’aquittéquelquessecondespoursefocalisersurcesmotsetmoncorpsenaprofitépourfairedesconneriesenselaissantlourdement tomber en arrière. Je me retrouve les pieds en l’air et la tête éclatée sur le sol dans unbrouhahaphénoménal. J’ai rien compris !Will n’amêmepas eu le tempsde lever le petit doigt pourm’aideràmeredresser.

Putain!

—Aïe…

Unesecondeplustard,latêtedeFredapparaîtdevantmesyeux,au-dessusdematête.Sesjouessontgonflées,prêtesàexploserderire.P’titcon,ilavaitraison.Jevaisenprendrepleinlatronchependantunlongmoment.

—Çava, grand?T’as fait unde cesvolsplanés !Etbordel, je l’ai eu cepetitmoment jouissif !s’esclaffe-t-ilcommeuncon,enapplaudissantd’unemanièreexagérée.

Jedéglutisdifficilement,làtoutdesuite,jeneretienspasmasupergamellehilarante,maislesmotsquevientdeprononcermonchercollèguedevenuaussipâlequemoi.Ilvientdeserendrecomptequ’ilauraitpeut-êtredûfermersonmoulinàparoles.Aufond,ilnelesaitpasencore,maisilméritequejel’embrassesurlabouche.Sanslevouloir,ilmesauvelavie.

Jerestequandmêmeabattufaceàcettenouvelle.Jen’enrevienspasqu’elleaitosémefaireunplanaussidiabolique.Etpourquoijenemesouviensplusdecetteformation?Çaauraitdûfairetiltdansmatêted’abruti!

—Hé grand ! Tout va bien ?T’es tout pâle.Allez, relève-toi, finit-il enme tendant samain pourm’aideràmeredresser.

—C’estpasmonbébé…jevaispasêtrepère…Elles’estfoutuedemagueulelagarce…

Ilfaitunesalegrimace,toujourslamaintendue.Jen’arrivepasàfaireungeste,moncorpsestcommeparalysé,monespritanalysedoucementetavecdifficultélesfaits.

—Bah…ouais!Jet’avaisditqu’elleétaitchianteetspécialecommenana.Jetel’avaisdit!

—J’aiquittéCoraliepourcettegarce…j’aiquittélafillequej’aimecommeunfoupourcettepouf…jel’aiquittéeparrespect,pourl’aideràéduquernotrebébéetpasfairel’enfoiré…maisc’estpasmonbébé…

—Ouais,enfincen’estpaspourçaquetupourrasrevoirKiki,vieux.N’ypensemêmepas!Allez,relève-toi,bonsang !T’esunhomme,unvrai. Il fautque tu te ressaisisses, tu ressemblesàune loquehumaine.

Jefermetrèsfortlesyeuxunesecondeetattrapesamainpourmerelever.

—Çatebrancheunpetitjoggingpourtedéfouler?T’asl’aird’enavoirbesoin.Jeterminedansdixminutes.

—Non,jenepeuxpas,jeprendsmonpostedenuit.

—Vas-y,jepeuxrester,rétorqueJulienenmedonnantunetapesurl’épaule.Personnenem’attend,jemefaischiertoutseulchezmoi.Ett’enasbesoin.Tupeuxdirequetunetesenspasbien,quet’asbesoinde tonchiotte toutes lesdix secondes.Crois-moi, le chef temettradehors à coupdepied.Dèsque tuprononces«gastro»,ilflippeàmort.

Jeprendsunegrandeinspiration.Ilaraison,j’aibesoindem’évaderunpeuetdeprendredurecul.

—Ouais…Tumesauveslà.J’enaibesoinavantdel’affronter.Mesaffairesdesportsontici,c’estparfait…

JemetourneversFredquiattenduneréponse.

—…Jevaisprévenirlà-hautetjeterejoinscheztoi?

—Çamarche.Bon,àtoutàl’heu…

Ilaunlégerreculetsefigeuninstanttoutenmescrutant.OK!J’aicompris.IlsedemandesiCoralieserachezeux.Ilregardesamontre.Jesaisqu’elleneserapaslàavantdix-huitheures.Dèsquejepeux,jesurveillelasortiedelafacpourlaregarderquelquesminutes.C’estdevenuunenécessité,c’estplusfort quemoi. J’ai besoin de cette dose pour tenir le coup. Je ne sais si cette situation durera dans letemps,maispourl’instantjenepeuxpasm’enpasser.

—Alansera làaussi, jecrois.Àmoinsquesonrencardsoitconfirmé,sinononsera tous lesdeux.Julesterminesarondeàvingtheures.

—C’estbon,unclonepourcompagniemesuffitpourmedéfouler.Siçasetrouve,jeneferaimêmepasattentionàtoietjeseraideuxcentsmètresplusloinàm’éclaterlesmuscles.

Iléclatederire.

—Oh,mec!C’estmoi,Fred.T’asoubliéavecquituvascourir?

Iln’apastort,ilestbalaisececon.C’estunevraiemachine.

—Ouais,maissûrementpasaujourd’hui,tuverras,jevaistoutdéfoncer.

—OK!Alorssijesuisàlatraîneetquet’esloindevantmoi,jet’offreunverrejusteaprès.

—Çamarche. Bon, j’y vais avant que les autres arrivent, lancé-je en tournant les talons pourmedirigerverslebureauduchef.

Jetapeàlaporteetentre.Monpèreestsûrementlà.Bingo!

—Alex!Bonjour,mongrand,s’exclamemonpère,visiblementcontentdemevoir.

Ilestseuletçam’arrange,jen’auraipasàmejustifieravecunmensongedébile.

—Salutp'pa,marmonné-jed’untonnonchalant.

Jemesensvraimentdansunétatseconddepuisquej’aiappriscettenouvelle.

—Cen’estpaslagrandeforme,dis-moi!Tufaislepostedenuit?

—Ouais,normalement,maisjevaisrentrer,jenesuispasbien.Julienvameremplacer,j’aidéjàvuaveclui.Jesuisvenuprévenirlechef.

—Tucouvesquelquechosepourêtreaussimal?Tuvasallervoirlemédecin?

J’inspireprofondémentetmejettesur lapremièrechaisequejevois.Danscespiècesauxcouleurstristesiln’yaqueça.Unbureauetdeschaisesenpleinmilieu.Riend’autre,aucuneâme,aucunevie,quedumétal.

Je n’aime pas la tournure que prennent les choses.Ma vie est devenue un vrai bordel depuis queCoralie est entréedans ce commissariat.Ledestin peut être terrible parfois.Ça endevient risible. Jepaye peut-être mes conneries. Les tromperies que j’ai pu lui infliger au début de notre relation. Jen’auraispeut-êtrepasdûcontinuermaliaisonavecelle.Etdirequ’onallaitsefiancer!Incroyable!

—Alex?

Monpèremesortdemarêveriegrotesque.Jerelèvelatêteetleregarde.Jemedemandes’ilm’aposéunequestion,ilal’aird’attendreuneréponseàquelquechose.

—Hum?Merde!Jen’enrevienspas,papa.Rebeccan’estpasenceintedemoi.Ellem’amenti.

Ilsefige,l’airtotalementsurpris.

—Ellet’aavouéçaquand?Elleaoséfaireunechosepareille?

—Ellen’arienditencore!Etellecomptaitbiengarderlesecretpourelle.C’estWillquim’aouvertlesyeux.Onétaitenformationsécuritéilyatroismoiset…elleestenceintedetroismois!

Ilvientderecevoirunedéchargeélectrique.Ilesttellementstupéfaitqu’ilestobligédes’asseoirsurlachaisederrièrelebureauduchef,faceàmoi.

—Bah,çaalors…

—Ouais!J’aieu lamêmeréactionque toiet j’ensuis tombédemachaise.Jemesuis fracassé lecrâne,d’ailleurs.

—Ettucomptesfairequoi?Tuvasluienparlerquandmême?Jeneveuxpasprendrelecontrôledetavie, tu lesaisfils,maissi tamèreavaitosémefaireunechosepareille,crois-moi,elleauraitsentipassermacolère!Cen’estpastonenfant,bonsang!C’estinadmissibledecacherunetellechose!Nomdenom!

Sessourcilsépaisetgrisonnantsnemententpas.Ilestfuraxcontreelle.Etlorsqu’ilvaleraconteràmamère,ceserapire!Ellevafairedesbondsdedixmètresdehaut.

—J’ensuisconscient,papa,etjenelaisseraipaspassercemensonge.C’estterminéavecRebecca.Et… je pensais…enfin, je compte avoir une longuediscussion avec elle ce soir etmettre fin à notrerelation.Est-cequetuaccepteraistonfilsànouveaucheztoi?Letempsdemetrouverunappart.

—Nedis pas debêtise, allons !C’est encore chez toi à lamaison.Tu reviens quand tu veux et àn’importe quel moment. La porte sera toujours grande ouverte. Ne t’en fais pas pour ça, gère tesproblèmesavecRebeccaetmoi jevaisprévenir tamèrequ’elle risqued’avoir ànouveauunenfant àgérer.

Ilmefaitunclind’œilsuivid’unregard tendreetpaternelpuisonrigoledeboncœurmalgrémonenviedetoutdétruiresurmonpassage.

—Bon,j’yvais.Tupasseraslebonjouràmaman.J’arriveraisûrementavecmavalised’iciunjouroudeux.

—Trèsbien, faisattentionà toi, répond-ilense levantpourmeserrerdanssesbrasavecune tapedansledos.

—Ouais…Mercip'pa.Mercid’êtrelà.Jevousaime,toietmaman,vousêtesgéniaux.

—C’estnormal,mongrand.Allez,file!

Après cette accolade, je prends la sortie etme dirige vers les vestiaires pourme changer et allerévacuertoutcestressmerdique.

*

Je sonneet attendsqu’uncloneviennem’ouvrir.C’est complètementbarré,mais je rêvedevoir levisageangéliquedeCoralieouvrircetteporteetluisauterdessussansplusjamaislalâcher.

—Entre!C’estouvert,criel’und’eux.

Jeregardeautourdemoi,surprisd’entendrelavoixd’undestripléssansenvoirunseul.

—Enhaut,trouduc!

Jerelèvelatêtepourapercevoir…

Etmerde!

Tantpis,jevaisdireFred.Ilestàpoilavecseulementunepetiteserviettedebaindanssamainpourcachersonmissile,toutjustecequ’ilfautpournepasvoirleprincipal.Lafenêtregrandeouverte,onnevoitquelui.

—T’esàpoil,mec!Bonsang!

Ilm’adresseunsouriredepetitmerdeuxenjouantdessourcils.Aucunepudeur,c’estbienlestriplésça.

Desbarges!

—T’esjalouxdemoncorps,hein!Avoue.

Puisils’éloignedelafenêtretoutenlevantlesbrasetenjouantdeshanchespourbalancersonmachindegaucheàdroite.

C’estungrandmalade!

Jesecouelatêtetandisqu’ildisparaîtàl’intérieuretj’entreenrefermantlaportederrièremoi.J’aiunpetitmomentdedéprime.Justecequ’ilfautpouravoirlecœurdouloureux.

Faischier!

Ellen’estpas là.Lamaisonsemblevideet jecroisqu’Alanestpartià lachasseaugibierpour lerameneretledégustercesoirentreclones.Ilsfontpitié.

—J’arrive!Jem’habillemonbichon,onestquetouslesdeuxàcourir,Alanaunrencardavecunepetiteblondeetl’enfoirénerentremêmepascesoir.Jesenslecoupfourré.Ilveutselagarderpourluitoutseul.Çadoitêtreunpetitdiamantsionnepeutpaslavoir,braille-t-ilduhautdel’escaliertoutensepréparant.

—C’estça,magne-toi!Jetienspluslà,j’aibesoindemeviderl’esprit.

Jemedirigeverslesalonetmejettedanslecanapéenlaissanttombermatêteenarrièreetenfermantlesyeux.

Lagarce!Putain!

Elleabienjouésonjeu, jen’airienvuvenir.J’admetsl’avoir trompéeplusd’unefoisaudébutdenotre relation,maisde lààme fairepasserpour levraipèrede sonenfant, c’estdément !C’est justeinimaginable!Vivreaveccesecretàmescôtésetpendantdesannées,elleauraitétésacrémentgonflée…

Bonsang!

Je baille à m’en décrocher la mâchoire. Ces derniers jours m’ont littéralement secoué. Et s’il nes’amènepasdanscinqminutes,jevaism’endormircommeunbébé…

—Alex!Maisqu’est-cequetufichesici?

Dansunpetitsursaut,jerelèvebrusquementlatête,desyeuxrondscommedesbilles.Cen’étaitpasunrêve,j’aibienentendusavoix.Soitditenpassant,moinsdoucequed’habitude!

Unsilencesefaitpendantlequelj’essaied’analyserlasituation.Elle,moi,seuls…

—Jet’aiposéunequestion,Alex!

Ellem’aposéunequestion…J’étaistellementplongédansmespenséesquejen’airienentendu.

Je me frotte brièvement le visage et la fixe encore. Pour être exact, je la dévore des yeux et medemandesic’estunrêveousic’estbienréelparcequ’ellenebougepas,sonregardfigésurmabouche.Ellemedésireencoreautantquejeladésire.Etcen’estpascommeàlaclinique,l’ambianceestplus

intimeici.Jesuisdanssonantre,làoùjel’aiembrasséeplusd’unefois.Làoùnousavonsdessouvenirsintensestouslesdeux.

OK!Jeprendsmesrêvespourdesréalités.Ellerelèvevivementlesyeuxensecouantlégèrementsatête,lessourcilsméchammentfroncés.Disonsqu’elleestplutôtfuraxdemevoirchezelleetattenduneexplication.

—Salut!murmuré-jeenluifaisantunpetitsignedelamain.

Franchementminable,abruti!

—Pourquoi t’es dansmon salon, affalé dansmon canapé, grogne-t-elle en croisant fermement lesbras.

Sijeneconnaissaispassoncaractèresensibleetfragile,elleferaitpresquepeur.

—J’attendsFred,onvacourir.J’aibesoind’undéfouloiravantderentrerchezmoi.Figure-toiqueReb…

—C’estbonjolicœur,onpeutyaller,lancelavoixd’unmecàtraverslecouloirdel’entrée.

Ellesursauteetseressaisitenaffichantunpetitsouriredevengeancequejen’aijamaisvu.Ondiraitunepetitediablesse.

Putain!

Elledoitsavoirquejenesuispaslepèredubébé.Jedoisluidireauplusvite.Jeveuxlaretrouver,repartirdezéroavecelle.Jesaisqu’ellem’enveutàmort,maisjen’aifaitquemondevoiràcemoment-là.Subvenirauxbesoinsdemonenfant.Enfin,avantdesavoirquecespermatozoïden’étaitpaslemien.Pauvregosse,iln’estmêmepasencorenéqu’onluimentdéjà!

—EntreRomain.Jenesuispasencoreprête.

Sansme laisser le temps de parler, elle casse brusquement notre rencontre improvisée.Ça fait unmois!Unmoisquejenel’aipasvueetellecassecemomenttantattendu.Elledoits’attendreàmevoirlui sauterdessuspour l’embrasser jusqu’à l’enflammeretm’enflammerpar lamêmeoccasion. Jedoisadmettrequelatentationétaittellementfortequandj’étaisfaceàellequejenepouvaismeretenirdelagoûter,delatoucher…

EllesouritàceRomainquilaprenddanssesbraspourl’embrassertendrement.Moncœurmanqueunbattementlorsqu’elleagrippesoncouetapprofonditlebaiser.Elleestentraindeledévorer,maisjesaisqu’ellelefaitexprès.

Bordel!

Jesuismal,jenemesenspasbiend’uncoup.JedevienspossessifetsiFrednedescendpasdanslescinqminutesàvenir,cepetitconrisquedes’enmangerune.

— Putain, lâche-la petit merdeux, craché-je sans prendre conscience de la bombe que je viens

d’enclencheravecFreddanslamaison.

Ilmeregarde,surpris,tandisqueCoralies’éloignedeluietmefixedesonregardbleuglacial.

—T’esjaloux,mec?

—Jenesuispasjaloux,elleestàmoi,c’esttout.

—Alex,tudevraisattendreFreddehors.Jeluidiraiquet’essortietque…

—Désolé,jenebougeraipasd’ici.J’aideschosesàtedire,ilfautquetum’écoutes,lasupplié-jeenm’approchant d’elle pour la prendre dans mes bras ou je ne sais quoi pour l’avoir tout contre moi.Beaucoupdechosesquipourraientchangerladonnepournousdeuxet…

—Tufaisquoilà,mec?rétorquecepetitpuceauenglissantsamainentrenousdeuxpouréviterànoscorpsdesetoucher.Coralieestmapetiteamie,tunet’approchespasd’ellecommeça,tutecroisoù?

—Oh!oh!Qu’est-cequisepasseici?

Merde!Jen’aimêmepasentenduFredarriver.

—Rien.J’allaissortirpourt’attendredehors.

—Biensûr!IlchercheCoralie,ondiraitunpsychopathecetype!

—Romain!C’estlemeilleuramidemesfrèresetilvientsouventici.

—Alex,ons’enva.Etjeneveuxpastevoirluiparlerdequoiquesoit,ons’estcompris?

Quoi?

Ilneveutpasquejeluienparle?Maispourquoi?

—Mais…Fred…çachang…

—Ferme-la,grogne-t-ilenmetirantparlebraspoursortirdelamaison.Àtoutàl’heureKiki!Jereviensdansuneheure.

Ilrefermelaportederrièrenousetneperdpasuneminutepourpointersondoigtdevantmoipourmemenacer.

—Jet’aiditaupostequ’iln’étaitpasquestionqueturetournesavecelle.Dumoinspasdesitôt.T’asbeaucoupdechosesàréglerdetoncôtéavantdepouvoirluireparler.C’estclair?

—Peut-être, si tu veux,mais elle sera àmoi que tu le veuilles ou non. Je la veux, Fred ! Je suismaladedelavoiraveccemec.Depuis lapremièrefoisqueje l’aiembrassée, jesuismaladedecettefille.

Jefaisundemi-toursurmoimêmetoutenm’arrachantlescheveux,jen’enpeuxplusdecettesituation.

—Merde!ÇafaitmalFred.Jesuismal,putain…

Ilsoupirelonguementd’unaircompréhensif.

—Je sais.En fait, on le sait, les franginsetmoi.Onvoitque tu restes accrochéàKiki et…on te

laisseralarevoir,maispascommeça.Pasavectesmerdesquet’asdumalàgérerencemoment.Elleavraimentsouffertquandtul’asquittée,onnetientpasàlarevoirdanscetétat.Alors,soiscleandetoncôté,avecRebecca,avectoutcefoutoirdanstavieetonverra,dit-ilenmedonnantunetapesurl’épaulepourmefaireavanceravecluiverslaplage.

—Tumedisçaalorsquevousl’avezjetéedanslesbrasdecepetitpuceau.Ellevas’accrocheràluisijenefaisrienavant.

Il s’arrêteenpleinmilieude laplage,dans le sable,puis ilme regardeun instantet secoue la têtecommesicequ’ilallaitmerévélerétaituneévidence.

—Onl’observedepuisqu’elleestaveclui.Crois-moi,ellen’estpasprêteàt’oublier!C’estévidentqu’ellet’aimeratoujours.

—Parfois,jesuisétonnédevoiràquelpointnousdeux,c’estpuissant,quandonseretrouvedanslamêmepièce.Jen’aijamaisressenticegenredechoseavecunefilleetçamerenddingue.

—Nous aussi on est étonnés.Ça a été du rapide, vous deux.On l’a gardée bien au chaud le pluslongtempspossible,loindetoi,aprèsavoirvutoncomportementenversellequandonétaitjeunes.

Ilsl’avaientremarqué!

—Oh!

—C’étaitflagrantAlex!T’étaistoutniaisdevantelle.Jusqu’àlaportercommeuneprincesseparcequ’elleavaitunepetiteérafluresursongenou.

Çamefaitrire.Ilaraisoncetrouduc.Etmaintenant,jecomprends.

—Enfait,c’estdepuiscejour-làqu’onsevoyaitdemoinsenmoins.

—Hum.Àdix-septans,ondéconnaitdéjàaveclesnanas.Tutesouviens?Ilfallaitsefaireleplusdefillespossiblepournotretableaudechasseetlesrendreaccros.

—Biensûrquejem’ensouviens!C’estAlanquil’emportaithautlamain.

—NotrefoutuRocco!Ilatoujoursétéfortencequiconcernelagentféminine…touscessouvenirspourtedirequ’onconnaîttonpasséetqu’onévitaitçajustementavecKiki.Etilestévidentqu’enunerencontre imprévue t’as craqué.Elle aussi.Aupoint d’annuler tes fiançailles, et onn’en revenait pas,mec!

—Moinonplus,Fred.Jenemereconnaisplusencemoment.C’estcommesitoutavaitunautresensdansmavie.Queledestinavoulus’enmêleroum’aideràprendreunebonnedécision.CelledenepasmefianceravecRebecca.DemedonnerlachancederetrouverCoralie,cellequim’attirevraimentetquimerenddingue!

— Ouais, c’est bizarre la vie, comme tu dis. Quoi qu’il en soit, on ne pourra pas éternellementl’éloignerdetoi.Toutcequ’onveutc’estqu’ellenesouffrepasànouveau.Onnesupportepasdelavoir

tristeetencoremoinsdelavoirpleurer.

— Je sais.Mais sache que siRebecca n’était pas enceinte,Coralie etmoi c’était pour de bon, jecomptaisfairemavieavecelle.Etjepeuxtegarantirquejeferaistoutpourlarécupérer.Jusqu’aubout.

Ilritdoucement

—Jen’endoutepas,enfoiré!Règletesproblèmesavant,d’accord?Allez,onvasedéfoulerunmax,t’enasbesoinavantd’affronterCruellaaa!

J’éclatederireetnousavançonsverslesabledur,prèsdel’eau,pourentamerunecourseeffrénée.

Aprèsundémarrageenflèche,jemepositionnedevantlui,leregardepar-dessusmonépauleetcrie:

—Ledernierarrivépayeuncoupàl’autre.Ciao!

Et je pars dans de grandes foulées, l’air pur et sain de lamerme procurant unmoment de détenteabsolue.

Jevaisladémonterenrentrant…cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

4.

CoralieAliasKiki

L’avoirvuavecelledanscettecliniquem’afoutuuneclaquegigantesqueetjen’airienvuvenir.Mongynécoamêmedû reporternotre rendez-vous, j’ai craquécommeunepetite filledans soncabinet.Lepauvre,ilessayaitd’interprétermesmotstoutensegrattantlatêted’unairtoutpenaud,maisjepleuraistellement que pour comprendremes plaintes il fallait inventer un dictionnaire spécial chouineur.Mesphrasesneressemblaientàriendutout!

—Vousêtesautoplesgars!Bonsang!cettesoiréevamefoutreuncoupdepep's.J’aihâtedevousrevoir,vousmemanquez,c’estterrible.

Romainestautéléphoneavecundesesvieuxcopainsd’école.Ilorganiseunesoiréechezsonpèrepuisquecelui-ciestpartitoutleweek-endpourserendreàunséminaire.IlainvitétoussesamisdeParisàpasserdeuxjourschezlui.Jesensqueceweek-endvaêtreunbordelden’importequoi!

Noussommessurnotrepetitecriqueàprofiterdenotreaprès-midi.C’estdimancheetilfaitbeau.Lesoleilnousgâteaujourd’hui,c’estkiffant!Bon,misàpartlesquelquesvisitesdesfranginsdetempsentemps,onpasseunbonmoment.

Ilraccrocheungrandsourireauxlèvres.

—Alorstoutestprogrammé,çayest?

—Ouais!Çavaêtregéant,tuverras.Jevaisteprésenteràmespotes,ilsvontt’adorer.

Touslesdeuxassisentailleurfaceàlamer,ilmefixedesonregardténébreuxetmeprenddanssesbras.

—Parcontresil’und’euxtefaitdesavances,tumeledistoutdesuite,d’accord?

Ilmefaitrire.

—OK.Maisjenerisquepasdemeretrouverseule.Aliceseralàetjecompteresterprèsdetoi.

—J’espèrebien!Onvasebaigner?Tesfranginsnerisquentpasdenoussurprendredansl’eausijetecâlined’unpeutropprès,murmure-t-ilenglissantsamainentremesjambes.

Ilestvraimentenmanque!

—Pourquoipas.Ellemeplaîttonidée.

Ilm’inviteàmelever,maisavecmagrandechance,Alice,touteguillerette,faitapparitionaumêmemoment.

—Coucou,lesamoureux!Vousmemanquez,jem’ennuietouteseule.

Romain,dépité,selaisselourdementtombersursaservietteensoufflantfort.

—Génial!

Décidément,onnepourrajamaissauterlepasluietmoi.Çameferaitpresquerire.

Ma meilleure amie délurée, toute pimpante comme à son habitude, aperçoit la tête de Romain etgrimaceenfronçantsonnez.

—Oups,jetombemal?

—Oh, non… j’ai juste envie de passer unmoment intime avecma petite amie, mais visiblementpersonnen’estd’accord.Àcroirequec’estfaitexprès.

Ellesemordlesjouespournepaséclaterderirefaceàlasituationexaspérante.Jenesaispasquoidire.Etd’ailleurs,quefait-elleici?

—Commentas-tusuqu’onétaitlà?Jenet’airiendit.

Elleseraidit,commepriseenflagrantdélit.

—Euh…ton…tesfrères.Jesuisalléecheztoietilsm’ontditquetuétaisici.

—Mesfrères?Iln’yaqu’Alanàlamaison.Lesautressontenpatrouilleetviennentseulementfaireuncoucouicichacunleurtour.

—Oui,bah,jevoulaisdireAlan!Bon,onvasebaigner?tente-t-ellepourpasseràautrechose.

—Hum…Mecacherais-tuquelquechose,DuckyDuck?

—Arrêteçatoutdesuite,Kiki!

—DuckyDuck.

—Jevaistefaireavalertonstring,Kiki!

—Qu’est-cequetucaches?Dis-moioujet’appellecommeçadorénavant.

Jemerappelledecesurnom.Ellerigolaitcommeuncanardquandelleétaitplusjeune.Ducoup,lesfrangins la surnommaient comme ça. Depuis lorsqu’elle rit, elle se retient un maximum pour ne pasressembleràuncanard.Elledétestecesurnom.

—Riendutout.

—Bon,moijevaismebaignerletempsquevousvouscrêpezlechignon.Vousêteshilarantesvousdeux!Onnes’ennuiepasenvotrecompagnie.

Iltournelestalonstandisquenousleregardonsentrerdansl’eauavecunedémarcheterriblementsexy.

—Il est vachementbien foutu en fait ! Jene savaispasqu’il avait des tatouages.Ça fait rebelle !miaule-t-elled’unevoixsensuelle.

Nosregardssecroisentànouveau.

—Pastouche.

Elleéclatederireetsecouelatête.

—TumeconnaisCoco,onne touchepas à lamarchandisede sameilleure amie.Même si je suiscertainequecen’estpasceluiqu’iltefaut.Bon,onyvaaussioutucomptesmefairelamoralependantdesheures?

Elleaussiestpersuadéequ’Alexest l’hommedemavie.C’est tellementévident !Mais il fautêtredeux pour former un couple heureux. Il a décidé de ne pas en faire partie. La vie continue. Et pourl’instant,c’estDuckyDuckquim’intrigue.

—Est-cequeturevoisAlandepuisvotrenuittorride?

—Quoi!?Non…

—Cen’estpasbeaudementir!

—Coco,Alanestunvraipiègeàfille.Tucroisqu’ilvas’embêteravecmoi?Ah,non!Jenecroispas.Alors,arrêtetondélirepsychotique.

J’aiundoute.Untrèsgrosdoute,maiselleavujuste.Roccoestincapabledeserangeravecuneseulefille.

—OK,t’asgagné.Onyva.

Ellesouffle,soulagéedeterminercetteconversationquinemèneàrien.

—Enfin…marmonne-t-elleensedéshabillant.

Maismonregardsefigesurtroisgrossuçonsquimarquentsapoitrine.

—NomdeDieu!C’estquoiça?Tut’esfaitattaquerparunesangsuegéante!

—Non,justeunmecavecquij’aipassélasoiréehier.Ilétaitfoudemapoitrine.

SacréeAlice!Ellemesurprendratoujours!

JesecouelatêteetnouspartonsrejoindreRomain.

*

CelafaitdeuxbonnesheuresquenoussommesentourésdesamisdeRomainetjedoisdirequ’ilssontassezspéciaux.Cesontdesgrungesàl’alluretropspace.Lesnanasontlescheveuxdetouteslescouleursarc-en-cieletlesmecsontdestatouagesetdesbouclesd’oreillespartout.Ilyenamêmeunquin’apasdûcomprendrelafaçond’enmettreuneparcequ’ilacarrémentmislaboucledansletrou.Étrange…

Romain, lui, estdans sonélément. Il s’éclate.Unpeu tropd’ailleurs. Il enchaînebière surbière etd’autresalcoolsaussi.J’aibeaucoupdemalàmefaireàceRomain-là.Àl’évidence,cen’estpasceluiquejeconnais.Soit!J’aiuneenviepressante.

—Alice,jereviens,jevaisauxtoilettes.

Ellefaitdegrosyeuxpourmefairecomprendredenepasl’abandonnerdanscettejunglecoloréeetahurissante.

—Jeviensavectoi.

—C’estuntoiletteuneplace,mabiche.Jenetienspasàavoirtatêteentremesjambes.Situvoiscequejeveuxdire.

—OK,t’asraison.Alors,magne-toi,jenebougepasd’uncil.Tureviensiciillico.

—Relax!Ilsnevontpastemanger.Ilsontunstyledifférent,c’esttout.

—Hum…jesais,maisjen’aimepasl’ambiancedecettefête.Cen’estpasmongenre,c’esttout.

Jesouris,amusée,ettournelestalonspourfairecequej’aiàfaire.

Aprèsunénormesoulagement,jerejoinsAlicequin’avisiblementpasbougéd’uncil.Jelaretrouvecommejel’ailaissée.Raidecommeunpiquet.Ellemefaitrire.JechercheparlamêmeoccasionRomainquisembleavoirdisparudelacirculationdepuisunebonnedemi-heuremaintenant.Ildevaitparleràundesesmeilleursamis,etplusriendepuis.

—Alice,tun’aspasvuRomain?Jelecherchepartout,maisils’estvolatilisédepuistoutàl’heure.

—Hmm…non.D’ailleurs, jecommenceàme faire légèrementchier ici.Onneconnaîtpersonneàcettefête.T’aspasenviederentrertoi?

—Je sais, seulementdis-toiqu’ilvientd’arriverdanscettevilleetqu’il lui fautdu tempspour sefairedesamis.Onresteencoreunepetiteheureeton…

Jesuisinterrompuparl’expressiondesonvisage.Ondiraitqu’elleavuunfantôme.

—Quoi?Qu’est-cequej’aiditde…

—Coco,jecroisquetuvasmorflersituteretournes,dit-elleenagrippantmesbrasetensemordantlalèvreinférieure.Ohlàlà!Ilsorttoutdroitd’unmagazinepeoplecemec.Cetuniforme…Pfiou!

Jene l’écoutepluset regardepar-dessusmonépaule. J’inspecte les lieuxquelquessecondesenmedemandant ce qu’elle a bien pu voir et en un millième de seconde je suis figée devant ce policierterriblementsexy.

Alex!

Jenepeuxm’empêcherdeleregarderavecenvie.Alicearaison,ilestcraquantdanssonuniformedepolicier.Ilparaîtsiviriletintouchable.Presquecommeunhérosavecquionaimeraitsesentirprotégée.Etsonregard…d’unbleusiintense…

Merde!

Ilmeregarde.Ilm’avue.Jedétournerapidementlatêteetavancevers…jenesaispasencore,maisj’avance.

—Coralie?

Alicequimesuitcommeuntoutouattrapemamainàlavoléeetlatireenarrièrepourmestoppernetdansmafrénésie.

—Coralie!Arrête!Tuvasoùcommeça?

—Loin!Jeneveuxpaslevoir.C’esttroptôt.Je…jenepeuxpas.Déjààlaclinique,j’aicrumourirsurplace.

Mais c’est trop tard, il nous a suivies aussi. Nos regards se croisent et me voilà dans un état dedécompositiontotale.Mesjambesflageolent,moncœurtambourinedetoutessesforcespourmedire:ALERTE!!tun’ensortiraspasindemne.

—Coralie!?Maisqu’est-cequetufaislà?Àcettefête?Ettesfrères,ilssontaucourant?

Çayest,iljoueencoresonnuméro.J’essaiedeprendrel’allured’unenanapasdutoutintéresséeparlefantasmequihantesesnuitsetl’amourqu’elleluiporteenmeredressantetenbalançantmescheveuxenarrièred’unemain.Commeleferaitunebellepétasse,fautledire!

—OnestchezRomain,monpetitami.Etj’aiétéinvitée,cequisemblenormal.

Ilinspirebrièvementenfronçantlessourcils.Ilsembledéchiréparcesmots.

—Etilestoùdanscecastonpetitami.Lesvoisinsduquartierseplaignentdubruit.Onestlàpourprévenirlepropriétairequ’ildoitcesseravantd’êtreemmenéaupostepourplainte.

—J’aitrouvélepropriétairedeslieux,Alex!

Touslesregardssetournentverscettevoixapparuedenullepart.

—Onm’aguidé jusqu’à lui. Il était enbonne compagnie et à poil dansune chambre.Désolépourl’attente,j’aidûattendrequ’ilsserhabillent,sacopineetlui,pourentreretl’amenerici,s’expliquelecollègued’AlexentenantRomainparlebrasquiadumalàresterdebouttoutseul.

Alex me regarde, mal à l’aise, mais pas autant que moi. En voyant Romain, il vient de faire lerapprochemententrelepropriétairedeslieuxetmaphrasedetoutàl’heure.

Enfait,jenesaispasquoidire.Jenesaispascommentréagir,jenem’yattendaispasdutout.Bonsang,lesmecssont-ilstousaussidérangés?Cen’estpasleurcerveauquiagitchezeux,c’estleurqueuequialepouvoirsurleurcorps,c’estpaspossible!

—Coralie, jecomprendspas.J’aibeaucoup tropbu, jesaisplusceque je fais, jemesouviensderien.

—Ouais,enfint’avaisl’airdesavoircequetufaisaissurelle.Tumaîtrisaisquandmême!Moijedis

ça,jedisrien!rétorqueleflicquiessaiedeletenirenplace.

Jeleregardecomplètementperdue.

—Pourquoitumefaisça,Romain?Onétaitbientouslesdeux,non?Jet’aiprésentéàmesfrèreset…

Oh,bordel!Ilvas’enmangerunebelle!Non,troisbellesdroitesdanssatêted’enfoiré.Oui,c’estunbelenfoiré.Levoilàqu’ilfrottefort–enfin,ilessaye–sonvisagedesdeuxmainspuisilmefixedesesyeuxglobuleuxetpasnets.

—Merde,jolicœur!Lapremièrefoisqu’onallaitpasseràl’acte…

Ilmarqueunepause.Apparemment,ilabesoindes’humidifierlegosierenavalantsasalive.Enfinlepeuqu’ila,carilparled’unevoixpâteuseetécœurante.Çayest,ilouvrelentementlabouchetoutenposantsamainsursonentrejambe.Ilserrevigoureusementsonpaquet…

Jemesurprendsmêmeàbloqueràcetendroitetàmedemanderpourquoijeviensdedireunechosepareille.

Sonpaquet!?C’estquoicedélire!

Ilestcomplètement,radicalement…ivre.

—…Tonfrèrenousasurprisalorsquej’avaisunetriqued’enferet jemesuisretrouvéavectroismecsidentiquessurledos…

Ah ! Il lui faut encore un temps d’arrêt pour déglutir affreusement. Tout le monde commence às’impatienter.Moiplusquelesautres,etjecroisquejevaispéteruncâble…

—MAISBORDEL,ESPÈCEDEPETITEMPAFFÉDEMESFESSES,TUVASACCOUCHEROUIOUMERDE!

Lavaaaache!

J’ailesoreillesquibrûlent.C’estmoiquiaihurlécommeunehystérique?Bonsang,cequec’estbondesedéfoulercommeça!Lepetitcerclequis’estforméautourdenous:Alex,sesdeuxcollèguesquil’accompagnentetAlicemedévisagent,lesyeuxrondscommedesbillesetlaboucheentrouverte.Luiparcontre,ilessaiederetenirsatêtequipartdanstouslessens.J’aienvied’enremettreunecouche.

—ESPÈCEDEPETITENCUFFFFFMMMOMWA…

—Houla!MapetiteCocosedévergonde!lanceAliceenplaquantsamaincontremabouche.

Jelaretirevivementetneperdspasunesecondepourlegifler.Mais,attention!paslapetitegifledegamine,non!

Lamégagifle!

Aprèscetteclaquedutonnerrelaissantderrièreelleunbruiteffrayantetl’empreintedemesdoigtssursajouerouge,ilsrestenttoussilencieuxetjereparsdeplusbelle:

—MAINTENANT,PARLE!

Enfait,jem’éclate!MonvisagedoitsedéformerenceluideCruellalorsquejehurledecettefaçonetildoitêtrerougeécrevisse,maisfinalement,jem’enfous.LapetiteCoraliealiasKiki,toutesensibleetfragile,vafairesesvalises.Attention,voilàTHE…bon,jenesaispasencore,jetrouveraibienunmot,maisellearriveetvafairedesravages.Finidesefoutredematronche.Hum!

—Jolicœur…

—DANSTONCUL,JOLICŒUR!ABRÈGE!

Oh,mazette!J’yvaispeut-êtreunpeufort,non?

—…Mescouillesvontexploser,voilà!Jevoulaispasledirecommeça,maiscomprends-moi,jesuisunmec,j’enaibesoinetelleétaitlààfrottersonbeaupetitculbienrondcontremaqu…

Pétard!

Iln’apasletempsdefinirsaphrasequ’Alexluibalanceunebonnedroitedanslenez.Soncorpssansvievoleenarrière.Il tomberaidecommeunpiquetetsatêteéclatesurlecarrelage,nouslaissantunevibrationsouslespieds.

Je fixeAlex qui semble encore sous l’effet de la colère. Il pourrait se faire virer si quelqu’un ledénonce.Ilafaitçapourmoi?

Iltournelatêteetplongesonregarddanslemienenfronçantsonnezd’unemanièresexy.Enfinmoijetrouve ça sexy, une autre nana trouverait ce geste complètement con. Qu’est-ce que je l’aime monfantasme!

—Danstoncul…?!?Empaffédemesfesses…?!?murmure-t-il,totalementsurprisdemonlangage.

Jepouffecommeunegamineetonterminetouslesdeuxdansunéclatderire.Alicenousimitedanslafoulée.

—Euh…Alex…bafouille son collègue enpointant dudoigt la sallederrièrenous.Tout lemondenousregardeetlamusiqueestarrêtée.Tuveuxtefairevirerouonl’embarquevitefaitensortantlegrandjeu ?Avecmenottes et tout et tout, pour faire genre. Je pourrais peut-être aussi sortir le flingue et lepointerdanssondostoutensortant,commedeshéros,tusaiscommedanslefilm…

—STOP!Maist’esungrandmalade,Julien!T’espasdansunfilmici,nomdeDieu!

—Ouais,t’aspeut-êtreraisonfinalement.Justelesmenottes,c’estbien.

—Toncollègueaeusaplaquedansunepochettesurpriseou,rassure-moi,illefaitexprès!

Alex,carrémentahurietdépassé,secouelatêteenfermantbrièvementlesyeux.

— Non, mais je reviens d’une formation commando et je crois que je suis encore plongé dansl’ambiance.Çapassera,mademoiselle.

Tiens!J’enauraisbienbesoinaussipouraméliorerlamienne.

—Oh!Tupeuxm’appelerAlice,beaubrun.

Non,maisjerêve!

Jeme tourneversAlicepour la réprimander,mais l’empafféécroulésur lesolgémitet finitparseréveiller.

—Alex,vousdevriezpartir,jeneveuxpasquetutefassesvirerpourmoi,dis-jeenlefixantdanslesyeux.

Il a un petit sourire tendre. Son regardm’envoie plein d’amour et je craque. Littéralement. Puis ilavanced’undemi-pastoutenplongeantsamaindanssescheveux.

—Coralie…je…j’aibesoindete…

Iln’apas le tempsde finir saphrasequeRomainse retrouveentrenousdeux,menottéet traînédeforceparsescollègues.Ilslepoussentverslasortie.

—Onestprêts,Alex!

IlseressaisitetsetourneversJulien:

—C’estbon,onyva!Lesjeunes,ilvafalloirquitterl’endroit,lafêteestterminée,crie-t-ilàtraverslapièce.Lepropriétairedeslieuxn’estplusenétatdevousrecevoir.Jevaisdoncfermercettemaisonderrièrevousetvousreprendreztranquillementlaroutepourrentrerchezvous.Allez!Etdanslesilence,s’ilvousplaît.Àcetteheure-ci,lesvoisinsdorment.

Wouah!

Ilfaitsérieuxd’uncoup.C’estàcemomentquejeréalisequenousnesommespasdumêmemonde.Sapétassearaison,ilesttropvieuxpourmoi.Jenesuisqu’unepauvregaminesansexpérienceetencoreàlafac…

—Houhou!Coralie!Çava?

Alex me sort de cette contemplation. Encore. Chaque fois qu’il se trouve face à moi, je ne peuxm’empêcherdel’admirer.D’enprendrepleinlesyeux.Cen’estpasbon,jenepeuxplusfaireça,jenepeuxplusrienespérerpournousdeux.Ilnefaitpaspartiedemonfutur.

—Coralie!T’essûrequeçava?

Jeserretrèsfortlesyeux,unmillièmedeseconde,justeletempsd’enfouirlevisaged’Alexauplusprofonddemonesprit.Làoùjenepourraiplusjamaisyavoiraccès.

Finalement, je constate quema vie amoureuse est une immense patinoire sur laquelle jeme cassefacilementlagueule.Jefaispitié!

—Heu…oui.Ons’enva,bafouillé-je,encherchantmameilleureamiedesyeux.OùestAlice?Jesuisvenueenvoitureavecelle.

—Elleestdéjàsortie.Ellevoulaitvoirle…beaubrunenactionetjouerlehéros.D’ailleurs,toutle

mondeestdéjàparti.

—Ah!Bon…jevaisallerlaretrouver.

Jemereprends,meredresseettentedemedirigerverslasortie,maisilmeretientparlebras.Nosregardssecroisentetsemélangentdansuntourbillond’émotionsvives.

—Coralie…jesuisdésolépour…

—Jem’enfous,Alex…soufflé-jed’untonblasé.

Maréactionlesurprend,ilhausseunsourcil.

— Oui, je m’en fous… en fait, Romain et toi, vous m’avez ouvert les yeux. Mes deux seulesexpériencesamoureusesontétéunfiascototalet jeneveuxplusêtre lafillesensibleetfragile.Çavachanger.

—Maismoij’aimetoncô…

—NonAlex.Jet’aime,jet’aimeaupointdeneplusendormirlanuit,denepenserqu’àtoi,mêmedanslesbrasd’unautre,maistun’espaspourmoi.Jedoisavancerett’oublier.Excuse-moi…murmuré-jeenlecontournant,leregardbaissé.

Lechagrind’amourest l’unedesplusduresblessures,car il faut lacombattreseuleetdans leplusgrand silence. Mais c’est décidé, ici, maintenant, je prends la sortie pour une nouvelle moi. Ça vachanger.

THE…jevaistrouver,hein!Cenomparfait,jevaisletrouver!cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

5.

Alex

Avecmesheuresdedinguesetlessiennes,jen’aipasencoreeuletempsdemettreleschosesauclair.Enrentrantdufooting,ellen’étaitpaslàetj’étaistellementmortquejemesuisendormisurlecanapéaprèsunebonnedouchebouillantesurmesmusclesendoloris.Fredmel’aoffert,ceverre,etj’enétaisfier.

Cesoir,c’estlemoment.Depuistoutàl’heure,j’attendsqu’ellesortedesadouchepourattaquercesujetsensible.Jeneveuxpasfairedurertoutcecirquepluslongtemps.

Jesuisavachiaufondducanapéàessayerdemecontrôlerpournepaslablesser.Moncorpscontientunetelleragequejesuiscapabledupire.Lorsqu’elleapparaîtenfindansnotrepetitsalonpours’asseoirsur le fauteuil faceàmoi, jemeredresseenposantmescoudessurmesgenoux, lesdoigtscroisés.Levisage impassible, je la fixe un instant. Concentrée sur la télé, tout semble parfait pour elle, rien nechangedansseshabitudes,sesmanières.

Putain!Jen’enrevienspas!

ZenAlex,souffle…

—Qu’est-cequetuveuxmanger,moncœur?Jet’avoueraiquejen’aipastrèsfaim.Lesnauséessontdeplusenplusfréquentes.

—T’embêtepas, je n’ai pas faimnonplus. J’ai commeune enviedegerbermoi aussi, pensé-je àdemi-voix.

—Quoi ? Tu commences à ronchonner, dis-moi ! Parle plus fort si tu veux discuter. Je n’ai rienentendu,réplique-t-elle,leregardtoujoursfigédevantl’écran.

—Laisse tomber,uneconnerie…Dis-moi, jepensaisà ladatede l’accouchement…onn’enapasvraimentparlé,on l’a survolédepuisque j’ai appris lanouvelle.Là, t’esbienenceintede troismois,c’estça?Etladatenepeutpasêtrefaussée,c’estdusûr?

Ellesefigeuninstant,sesyeuxvirevoltantdanstouslessenspourévitermonregarddevenuféroce.

—Oui,pourquoi?répond-elled’untonpersuasif.

Trèsbonnecomédienne,toutdemême!

—Disonsquejerefaislescalculsdansmatêtedepuisunmomentetjen’arrivepasàmesouvenirdumomentpasséensemble.Tusais,notrepartiedejambesenl’airpendantlaquellejet’aimiseenceinte,l’informé-jed’untonsecpourluifaireentendrequejesaistout.

Ellevientdecomprendrequesonmensongeserefermedoucementsurellecommeunentonnoir.

—C’estuncalculassezspécial,tusais!Mêmemoijem’yperds.

Ellenemeregardetoujourspas.Enfait,elleflippeàmort!

—Uncalcul?Moiçameparaîtplutôtsimple.Onfait l’amouret lerestesefait toutseul.C’estcejour-làquicompteleplusetquienclenchelagrossesse,non?

—Maisnon,tunesaispascompteretçanesecomptepascommeça.Tuvois,tuasles…

Jemepincel’arêtedunezensoufflantbruyamment,puis:

—Rebecca!Arrête.Tut’enfoncesettumeprendspouruncon.

Jenel’entendsplus.Aprèsunelonguesecondedesilenceeffrayant,jerelèvelatêteetlafixedanslesyeux.

—Jure-moiquejesuislepèredecebébé.Jure-lesursatête.

—M…maisAlex…qu’est-cequiteprend?bafouille-t-elle,leslarmesauxyeux.

—Jure-moiquecebébéestlemien!dis-jeenhaussantlavoix.

—Ou…oui,souffle-t-elle.

—Jure-lesursatête.

—Alex…

—JURE-LE!

Elleéclateensanglots.

—Merde!Non!Cen’estpastoilepère,sanglote-t-elle.

Mesmainsarrachentmescheveuxpendantquejefaislescentpasdanstoutelapièce,jen’enrevienspas.

—Putain demerde !Mais t’es tarée comme nana. Tu viens de gâcherma vie, là. T’as détruitmarelationavecCoraliealorsquecen’estpasmoilepère.Bordeldemerde!

—Alex,onpeutreprendreàzéroet…

—Ferme-la,putain !craché-jeenm’approchantd’elleeten la fixantdans lesyeux. Je suis revenuvivre avec toi pour te soutenir, ne pas te laisser te débrouiller seule alors que beaucoup d’hommest’auraientlaissétombercommeunemerde,ettoitumesorsça!J’aiarrêtédevivrepourmeconsacreraubébéquin’estpaslemien.J’aiarrêtédevoirCoraliealorsquej’encrèveettoi…tumesorsça!

—Enmêmetemps,cettegaminen’estpasfaitepourtoi.Elleesttouteniaiseet…

—TAIS-TOI!Jet’interdisdeparlerd’elledecettefaçon.Tunelaconnaispas.Etpeut-êtrequ’elleest toute fragileetunpeupaumée,maisputain, si tusavaiscomme j’aimeça ! J’aimesapersonnalité,j’aimesasensibilité,j’aimesoninnocencequilarendterriblementattirante.Jel’aimecommeuntaréett’astoutgâché…

—Tut’entendsAlex?Ellen’aquevingtansetàcausedesesfrèreselleneconnaîtrienàlavie.Ellen’estmêmepas intéressante.Nous,onest faits l’unpour l’autre.Écoute, jesaisque tum’as trompéaudébutdenotrerelationetjevoulaismevenger,d’unecertainemanière.Quandt’espartienstage,jesuissortieavecdescopineset…

—Quiestlepère?Jeleconnais?lacoupé-jesèchement.

Ellepeutmeracontercequ’elleveutdecemoment,jem’enficheroyalement.

—Non,tuneleconnaispas.C’estlefrèred’uneamie.Cen’estarrivéqu’unefoisetj’avaisbu,luiaussi.Onnesavaitpluscequel’onfaisaitetj’airepenséàtoutescesfillesavecquit’ascouchéderrièremondos.JenesuispasconneAlex,jel’aitoutdesuitesu.

—Alorspourquoit’esrestée?

—Parcequejet’aime.Toutsimplement.

—C’est terminé.Nousdeux,c’est terminé, jene t’aimepluset jen’acceptepasceque tuviensdefaire.OK,jet’aitrompée,jel’airegrettéetjemesuispasmalfaitpardonnerpendanttoutescesannées.Maisça,non.Jepeuxpas.Jevaisfairemavaliseetretournerchezmesparents.Àpartirdemaintenant,n’essayemêmeplusd’entrerencontactavecmoi.Tun’existesplusàmesyeux,Rebecca.Jetesouhaiteunevieheureuseaveccetype,s’ilreconnaîtlebébé.Etsurtoutducourages’ilneveutpasenentendreparler.

Sanslaregarder,jetournelestalonsetmedirigedanslachambrepourfairemavalise.

—Alex,attends…moncœur…dit-elled’unevoixmielleuseenmesuivant.

—Non.Iln’yaplusdemoncœur,jeviensdeteledire.

J’ouvreledressing,sorsmonsacdevoyageetlebourredemesfringuescommeunfurieux.

—S’ilteplaît.Onpeutsedonnerunedernièrechance,murmure-t-elleenposantsamainsurmonbras.

Jebouillonne.Jenesupporteplussesmainssurmoi.Etsansm’enrendrecompte,danslacolère,jelapousseviolemmentenarrière.Heureusement,elletombesurlelit.Ellerestesilencieuseetmefixedesesgrosyeuxahuris.

— Ne me touche pas, tu n’es plus rien pour moi. Je ne supporte plus ta présence, je te détesteRebecca.Allez,ciao!

J’embarquemonsacetquitterapidementl’appartementavecungrospoidsenmoinssurlesépaules.

Bonsang,cequec’estbonderevivre!cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

6

CoralieAliasKiki

Deuxsemaines.Deuxmisérables semaines sansavoir lespenséesempliesdu regardd’Alexenversmoi.C’estunevraie torturedepuis lasoiréechezRomain.Mêmeenfréquentantd’autres typesquemeprésenteAlice,jen’yarrivepas.

Romain,lui,n’oseplusm’approcheràlafac.Lestripléssontdevenusfousàlierlorsqu’ilsontsucequ’ilavaitfait.Etsescollègues,principalementAlex,enontrajoutéunecouche.Ilsneveulentriendire,maisjesuiscertainequ’ilsl’ontchopéeteffrayé.

D’aprèsAlice, il regrette amèrement cette soiréeet tentede recoller lesmorceaux. Il peut toujoursrêver,c’estgratuit!LanouvelleCocoadébarquéetellefaitdesravages.Jenesuispascertained’êtreencoreàmonaisedanscettenouvellepeau,mais il lefaut.Jeneseraipas,unefoisdeplus, le joujoud’un pauvre mec. C’est à moi de jouer avec eux et leurs sentiments à présent. Plus personne ne metoucherajusqu’àcequejeledécideetc’estmoiquiinventerailesrègles.

—Kiki?Tupeuxvenirdanslesaloncinqminutes?Onvoudraitteparler,lanceAlanenouvrantlaportedemachambre.

Jeprofitedemonsamediaprès-midipourrattraperquelquescours.Lesoleiln’estpasaurendez-vousaujourd’hui.Autantenprofiterpours’enfermeretbûcher.

—Alan,j’aiduboulotàrattraper,j’aiprisbeaucouptropderetarddepuisquelquetemps.

—Seulementcinqminutes,c’esthyperimportant,jet’assure.

Jegrognemonmécontentementenmelevantdemachaise,lecorpstoutmouetlesbrasballants,alorsqu’ilaunsourirejusqu’auxoreilles.Puisilm’attrapelebraspourmefaireavancerplusvitejusqu’auxescaliers.Maisjem’arrêteaumilieuducouloirenpensantàunechosequipourraitmerendrefolledejoie.

—Lesparents!Ilssontlà,c’estça?

—MerdeKiki,c’étaitunesurprise,râle-t-ilenrelâchantsesépaules.

Touteguillerette,jelelaisseenplan,dévalelesmarches,sautillejusqu’ausalonetlà,sansavoirle

temps d’entrer dans la pièce, jeme retrouve écrasée dans les bras demonpère.Monquatrièmegrosnounours.

—Machérie…MaKiki!Cequetum’asmanqué,monbébé.

Ildesserresonétreinteenmescrutantdelatêteauxpiedspuisilfroncelessourcils.

—Àpeinedeuxmoisaveclestriplésquejeteretrouvedansunétatpareil.

Ohpunaise!Connaissantmonvraipapaflic,jesensqu’ilsvontmorflerlesfrangins.Qu’est-cequejesuiscontentedelerevoir!Maisilaunplâtreaubras?

—Maisqu’est-cequet’asfaitàtonbras?Etoùestmaman?

—Oh!Elleestaux…

Il est coupé par un gros claquement de porte qui résonne dans tout le couloir. C’est elle ! MissCatastrophe.Jel’entendsarriveravecsestalonsquiclaquentsurlecarrelage.

—Oh là là, lesgarçons !C’estunemaisonenkitquevousavez louée !Toutà l’air si fragile ici,lance-t-elleenarrivantverslesalonetenagitantlapoignéedelaportedanssamain.

Jenepeuxm’empêcherdepoufferderireetneperdspasunesecondepourmejeterdanssesbrasencriant:

—Aaaah!Maman,cequejesuiscontentedetevoir.

Sesbrasmeserrentàenavoirmalpuisellem’embrassetoutlevisagedeseslèvresrougevif.Bon,ça, ce n’était peut-être pas nécessaire… je dois ressembler àBozo le clownmaintenant avec tout cerougesurlafigure.

—Oh,monpetitbébé…

—Maisqu’est-cequevousfaitesici,aufait?Vousenavezmarredejouerlesados?

Ilséclatenttousderire.

—Tuplaisantes,moncœur!s’exclamemamère.Pourrienaumonde,jenelâcheraiscebacàsableenpleinmilieude l’eaubleu turquoise.Onestvenusdèsque tes frèresnousontappelésavec lavoixtremblanteetinquiète.C’étaitlasonnetted’alarme.

—Oh!C’estjustepourmoietmeschagrinsd’amour,alors?

Ellemecaresselajoueavecdouceur.Cettedouceur,qui,jedoisl’admettre,m’aterriblementmanqué.

—Unemèredoitêtrelàlorsquesonbébénevapasbien…surtoutpourdemauvaisgarçons!Ilvam’entendrecetAle…

—Chérie!râlemonpère.Jesaiscequ’estunbongarsetn’oubliepasquesonpèreestmonmeilleuramidepuistoujours.Jesuiscertainqu’ilyauneexplicationàtoutça.

—Oui,enfinpourl’instantilabrisélecœurdemaKiki.

—Mamaaaaan…etc’estCoraliiiiie…sifflé-jeentremesdents,l’airblasé.

Elleattrapemonvisagedesesdeuxmains,meredresseetmefixeuninstant.Ellepinceseslèvres.

—Hum.Quoiqu’ilensoit,toietmoionvaavoirunelonguediscussionàproposdeshommes.

Les triplés pouffent de rire et elle ne prêtemême pas attention àma remarque, commed’habitude.Tiens!Lesvoilàderetourd’ailleurs.Jesaisqu’ilsn’osentpasbroncherdevantpapa.C’estexaltantdelesvoirtoutniaisdepuisqu’ilssontlà.Silesparentssavaientcequ’ilsfontici,ilsseraienttouslestroisenfermés dans une cellule et papa serait de l’autre côté des barreaux en train de les réprimander.Ceseraitvraimentdrôleàvoir!

Jejubile!

—Maman, tuconnaisquoideshommes,s’teplaît !Tu t’esmariéeavecpapaàquinzeans,balanceAlan.

Mamèreprendunairsûrd’ellecommeellesaitsibienlefaire.Jesensqu’ilvaenprendrepleinsapipe.

—Alan,monbébé,n’oubliepasquetatêteestpasséeentremescuissesetquetumedoislerespect.Surtoutaprèsavoirsouffertdix-septheuresnon-stoppourvoussortirdelà,finit-elleenpointantdudoigtsonentrejambe.

Hmmm!Dégoûtant!

Mon père éclate d’un rire à gorge déployée. Je me demande même si tout le quartier ne l’a pasentendu.Savoixestgrossièrementgrave,ilferaitpeuràn’importequi.JeregardeAlanpar-dessusmonépauleenconstatantsabellegrimacequiluidéformetoutlevisage.

—Quel est le pourquoi de cette grimace ? rétorquemamère d’un ton faussement hautain pour lenarguer.

—Bah,tescuisses…matête…enfin…voilàquoi.Enteregardant,j’imaginelascènecommeuncon.

Puisilsefrottevivementlevisagepourseremettrelesidéesenplaceeteffacercettevisiond’horreurdesonesprit.C’enesttroppourlui.Jevoisquemamèreessaiedegardersonsérieux,maisçanemarchepastrèslongtempslorsqueJulesetFredenpleinespenséesdoiventeuxaussis’imaginerlascène.Puiselle etmoi éclatons de rire en voyant leur grimace apparaître enmême temps. J’adore cemoment deretrouvaillespendantlequeltoutsembleredevenircommeavant.Enfamillesanstoutecetteexplosionden’importequoiaveclaviemouvementéedestriplés.

—Bon, lesgarçons, jepensequel’heureestvenuepourvousderetournerbosser.Allez!Aupas!Nous,onvasefaireunpetitgueuletonbientranquilleavecnotreKiki,s’extasiepapaenfrottantvivementsonventrebienrond.

Jesuismêmecertainequ’ilaprisdupoids.Forcément,lescocktailsetcompagnienesontpasdutoutamisaveclemot«régime».

—Ettunem’aspasrépondu.Qu’est-cequit’esarrivéaubras?

Mamèreseraclefortlagorgeetprendlaparoleàsaplace:

—Figure-toique toncherpèreavoulufaireunpetit showsexyensortantde lapiscine. Ilavoulujouer une scène d’un vieux film que tu ne connais pas et il s’est étalé de tout son long en retombantlourdement sur son poignet.Et hop, cassé ! Je trouvais ça vraiment chouette, attirant, sexy… jusqu’aumomentoùils’estretrouvélesfessesenl’air,sonsliplaissantapparaîtreRaymond.

Raymond!C’estquicelui-là?

Jedoisavoirunedrôledetêteparcequ’ellesecouelatêteenpinçantseslèvres.

—Lafente,chérie!Onavulafentedesesfessesetpourcouronnerletout,blanchescommeuncachetd’aspirine!

—Oh!Eneffet,quelspectacle!murmuré-jel’airhébété.

J’airiencompris…

—TuvasquandmêmepasservoirLéoaupostecetaprès-midi?demandeFredàmonpère.

—Quejeveux,oui!Jevaismevanterdemonbeaubronzageetdematenuedevacancier.Illuirestesixmoisàteniravantlaretraite,ilvaêtrefou!s’éclate-t-ilcommeungosse.

C’estclairqu’avecsachemisehawaïennejaunepoussin,sonshortbleuturquoiseetsestongspasdutoutassorties,ilatoutl’aird’untouristeenvacances.Parcontre,unechosem’interpelle.

—Heu…Tuvasyallercomment,là-bas,silesfranginspartenttravailler?Jesupposequetunepeuxpasconduiredanscetétat.

Ilregardemamèred’unairassezbizarreaccompagnéd’unsourireniais.Jesaisqu’illacraintcommeles frangins lecraignent.C’estvraimentmarrantdevoirmonpère flippercommeça. Jecomprendssaphrasedetoutàl’heure,ellevam’apprendreàmaterlesmecs.

Moiçameva.C’estquandelleveut!

Puis il me regarde et se redresse en inspirant brièvement comme si ce qu’il allait dire pourraitdéclencherunebombe.

—Mapetitechérievam’accompagner,hein!Tun’asriendeprévudanslesdeuxheuresàvenir?dit-ild’unevoixmielleuse.

—Mais,enfin,loulou!Tusaistrèsbienquecepetitprétentieuxd’Alextravaillelà-bas!Etsiellelecroise?Tun’asvraimentpaslalogiquedeschoses!

Jelèvelesyeuxauciel.Pitié!Arrêtezmecouver.Pourleurprouverquejenesuispasunepetitefilletoutefragile,hébienjevaisyaller,etlatêtehaute.

—Pas de problème, papa. Je t’accompagne et comme ça je pourrai revoir Léo, ça fait longtempsaprèstout.

Tout lemondemetoise,dans l’attented’uneautreréactiondemapart.Quejecraqueetque je leurdise que finalement ce n’est pas une bonne idée. Je remarque aussi l’expressiondes frangins, ils sontnerveux à l’idée de me voir débarquer au commissariat. Pourquoi sont-ils si anxieux ? J’ai commel’impressionqu’ilsmecachentquelquechose.Maisquoi?Aveceux,ilfauts’attendreàtout.

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

7.

Alex

Ça fait déjà une heure qu’on poirote sur ce rond-point, à chercher la moindre infraction d’unconducteuretleurdonnerunebelleamende.Enfin,demonpointdevue,jepréfèreavertirplutôtquededonnerdescontraventionspourdesqueuesdepoire.Laviecoûteassezcheretpayeruneamendeparcequ’onaoubliédemettre sonclignotantpour tourner, c’est légèrementabusé.Si lechefm’entendait, ilseraitfou!

Bon. Rien. Que dalle. Aujourd’hui, ils ont tous décidé à se comporter en citoyens honnêtes et çam’emmerde.JesuisobligédepenseràCoralie,jen’airiend’autreàfaireetc’estcommeunvidequifaitperdreàlavietoutsonsens.Jen’aijamaisressenticedésespoiravecRebecca.Jel’aimêmetrompéeplusieursfoisavecdesnanascanonquiauraientpuaussimeplaire.Ellesavaientl’airmoinschiantesquemonex-fiancée. Jemedemandeencorepourquoi je suis restéavecelle.Finalement, c’estCoraliequej’auraisdûgarderprèsdemoi.Resterencontactavecelledepuisnotreenfance.Onseraitensembleencemomentetmesfiançaillesseraientavecelle.

—Àquoitupenses,grand?T’asl’airdanslesnuages.

Jeregardemoncollèguequiadoreselajouerplay-boyavecseslunettesdesoleilRay-Banetsoncôtébeaugosse.

—Àelle…etlesautres.

—Elle,jesupposequec’estcellequiterendcommeça,maisquisontlesautres?

—Cellesquinesontpaselle…

—OK!Çanem’avanceàrien, jen’aipascompris,maissi tutecomprends,c’est leprincipal!Ilnousrestevingtbonnesminutesavantderentrerauposte.Onchangedecôté?medemandeJulien.

Êtred’uncôtéoud’unautre,çanechangerapasmonproblème.Cesdernierstemps,jesuisenmodeautomatique.

—Situveux.Onverral’autrecôtédupaysage.C’estcool!

—Benmonvieux!Jenet’aijamaisvuaussidéprimant.Tucrains.C’estlapremièrefoisquejete

voissipeuconcentrédanstontravail.Habituellement,t’esunflicexemplaire,maislà…t’esplutôtnaze.C’estencorecettehistoiredebébé?

—Hum…elleagâchémavie.

—Àcepoint?

Jelefixeuninstant.J’aienviedeparler,jeressenslebesoindemeconfieràquelqu’unaujourd’hui.Jemesenstellementmal!

—Si je te confie des choses, tu les garderas pour toi ? J’ai besoin de parler en cemoment pourévacuertoutcestress.

—Alex…onestunefamillenoustouslesflics.Tulesais.Allez,raconte,vide-toil’esprit,grand,dit-ilenfinissantsaphraseavecunetapesurl’épaule.

— J’étais avec Coralie avant de connaître la nouvelle. Cette fameuse grossesse. J’ai rompu mesfiançaillesetj’aiquittéRebeccapourelle.Çaaduréunpeuplusd’unesemaineetc’étaitgéant.Jemesentaiscommeungosse,maisjeluiaibrisélecœurenretournantavecRebecca.Justepourlebébé!T’ycroisàça?Jesuisqu’unemerde.

—Coralie!?Lasœurdesdégénérés?Ilsétaientaucourant?Etilsn’ontriendit!?

—Ohsi!Ilsm’empêchentdelavoir.Jesaisqu’onneseconnaîtpasréellement.Enfinsi,quandonétaitjeunesonsemarraitbientousensemble,lestriplés,elleetmoi.Onétaitdebonsamisgrâceànosparents respectifs.À cette période, je la trouvais déjà àmongoût, ellemeplaisait énormément.Maisavecsesfrèresetnotredifférenced’âge,ons’estperdusdevuepetitàpetit…jesaisquec’estelle.Jelaveux.Jelaveuxdepuisquej’aicroisésonregardauposte.Ellemehante,mec.C’esttellementsoudaincetteconnerie!

—Uneconnerie?!T’esjusteamoureux,çaarriveàcertainespersonnesdetempsentemps…uncoupdefoudreetBam!Tudeviensunelopettedevantunefillequivatefairechierpourlesannéesàvenir.Tunepourrasplusregarderlefootparcequ’ellevoudraregarderSissieImpératrice,lasuitedelasemaineprécédente qu’elle ne peut surtout pas louper. Tu ne pourras plus boire une bière tranquille dans toncanapé…Bref, tu finis par te demander si c’était une bonne idée tout compte fait.Mais je dois direqu’elleestvraimentjolie.Unepetitepoupée!

Jereconnaisbiensoncôtécélibataireendurci.

—C’est clair ! Et les clones le savent aussi. Ils font des pieds et desmains pour la protéger, laconservercommeunbijouprécieuxquinepeutpassortirdesonécrinsansêtrebrisé.

—Yadequoi.Tuvasfairequoialors?

—L’épouser.

Iléclatederire.

—Non,sérieux?

— Tout ce qu’il a de plus sérieux. Je ne l’épouserai pas demain, mais elle sera ma femme d’iciquelquesannées.Etjeferaitoutpour.

—T’esvraimentaccro,hein?

—C’estplusqueça.Jen’arriveraipasàvivresanselle.QuandjesuisrepartiavecRebecca,justepourlebébé,jepensaisquemavieétaitgâchée.Quejevivraisdansl’ombrependantquelquesannéesetquejefiniraispeut-êtreparl’oublier.Maismaintenantquej’ailapossibilitédelaretrouveretdevivreuntrucfortavecelle,jen’hésiteraipasàécraserceluiquim’enempêchera.Lestriplésnepourrontrienyfaire.J’yarriverai.

Ilsifflelonguement,d’unairsurpris.

—Etsic’estellequineveutpas?Tul’aslâchéecommeunconnard,admets-le!

Putain!

Jesoufflefortenmepinçantl’arêtedunez.J’encrèvededevoirl’admettre.

—Jesais.Maisj’avaisdesresponsabilitésderrière.Onessayaitd’avoirunenfantetilafalluqu’elletombeenceinteaumomentoùjesuistombéamoureuxdeCoralie.Ledestinestbizarre,parfois.

—Jenecroispas,non.Ledestinsaitfairedebelleschoses.Grâceàlui,t’astrouvélegrandamour.

Jeleregardeenhaussantlessourcils.Julienquimesortunephrasepareille!

—Désoléemec,maisRebeccaet toi,c’étaitvouéà l’échec.Unjouroul’autre,votrecoupleauraitéclaté.Tul’astrompéeplusd’unefoisaudébutdevotrerelationettulatrouvaischianteàt’arracherlescheveux.

—Tumarquesunpoint.Jecroisquejemesuislaissévivreàsescôtés.Jesuisrentrédansuneroutineengardantlesyeuxfermés.Entremonboulotdedingueetlesien,onnesevoyaitpassouvent.

—Jenel’auraispasfait.

—Quoi?

—Retourneravecunefilleparcequ’elleestenceintedemoi.T’esunmecbien,Alex.Ettuméritesd’avoirunesupernanaàtescôtés.Nelâcherien,ignorelestriplés.Sielleveutvraimentêtreavectoi,ilsnepourrontrienfairecontresavolonté.

—Oh,non!Jenelâcheraipasl’affaire,tupeuxmecroire.Lestriplésenauronttellementmarrequ’ilsnouslaisseronttranquilles,fais-moiconfiance.

Ilritdeboncœur.

—Desbargescestrois-là,maisilssonttop.

—Ilssontplusqueça.Ilssontlafamille.

Ilmesouritamicalementtoutenmedonnantunetapesurl’épaulepourapprouvermesmots.

—Bon!Ondécolle?

—Merci,Julien.Çafaitdubiendeparler.

—Lafamille,c’estfaitpourça.Allez,majournéeestfinieetj’aiunrencardcesoir.

—Tucomptesterangerunjour?T’asquandmêmevingt-sixans,monvieux!

Ilregardepar-dessussonépauleetmefixeànouveau.

—C’estàmoiquetuparles?

Jepouffederire.Quelcon!

—C’estbon,j’aicompris.Allez,go!cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

8.

CoralieAliasKiki

Pendantletrajetjusqu’aupostedepolice,j’aieudroitàuninterrogatoiredelapartdemonpapaflic.

Est-cequetesfrèresprennentsoindetoi,maKiki?Est-cequetuastoutcequ’iltefaut,monbébé?Ettavoiture,toutvabienavectavoiture?Pasdesouci?Sinonont’entrouverauneplusrécente,tusais!Etj’enpasse…

Matêtevaexploser!

Nousentronsdans legrandhall ducommissariat. J’ai encoredumal avec cet endroit qui transpirel’autoritéetlesexisme.

—Disdonc!Çamefaittoutdrôledereveniricialorsquejesuisàlaretraite.

—Tunevaspasteplaindrequandmême!

—Ohnon!J’aiassezd’annéesdeservicederrièremoi.

Alorsquenousavançonsversl’accueil,jesuissurprisedelevoirsefigeretmetenirlebraspourluifaireface.

—Kiki,monbébé.Est-cequ’ilt’afaitbeaucoupdemal,Alex?Est-cequejedoisluiremonterlesbretelles?Dis-moi,n’aiepaspeursurtout.

Jeluifaisunpetitsourireensecouantlatête.

—Toutvabien,papa.Ilgalèredéjàaveclesfrangins.Jecroisqu’ilacompris.

Ilacquiesced’unhochementdetête.

—Bien!Situnetesenspasàl’aiseiciparcequ’ilestlàousitun’aimespascetendroit,onrepartquandtuveux.D’accord?

—Papa…grogné-je.J’aivingtans,pluscinqans.Arrêtedet’inquiéterpourmoi.Jevaisbien.

Ilpousseunsoupirenpinçantseslèvres.

—T’asraison,maismaprioritéc’estquetutesentesbien.Quetusoisheureuse.Etsitunesupportespasdenoussavoirsiloin,tamèreetmoi,onreviendra.Tulesaisqu’onestprêtsàrevenirpourtoi.Un

motetjerevendslamaisonàUghluisorickoskavichpourenracheteruneici.D’accord?

—Est-cequec’estmoiquigèremalvotreabsenceouc’esttoi?Etcommenttufaispourprononceràmerveillelenomdecetteîleinconnue?C’estdément!

Ilritàgorgedéployéecommeàsonhabitudepuisilmeserredanssesbrasprotecteursenm’envoyanttoutsonamourpaternel.

—Jet’aimemapetiteprincesse,nel’oubliejamais.

—Moiaussijet’aime,papa.Etçafaitdubiendel’entendre.

—Rodolphe!Tevoilàenfin!lanceunevoixgravedevantnous.

Jem’éloignedesonétreinteetnousregardonsLéon,lepèred’Alex,s’approcherdenous.

—Bonsang!Regardez-moice…

Illescrutedehautenbasenfronçantlessourcils.C’estmarrant,j’aieulamêmeréaction,lorsquej’airevumonpèredanslesalonàlamaison.Çamefaitlégèrementsourire.

—…vacancier.C’estquoicesfringues!C’esthorriblemonvieux.

—Quoi?T’esjalouxdematenuederetraitéenvacances?

—Pasvraiment,non…

Il tourne la tête puis plonge son regard dans lemien. J’ai un léger recul. J’ai l’impression d’êtreplongéedanslesyeuxbleuslagond’Alex.Jedétourneleregard,maisilmeprenddanssesbraspourmefairelabise.

—BonjourKiki.Tu vas bien ?Ça fait un bail, dis-moi ?La dernière fois que je t’aie vu, t’avaisquoi?Treize,quatorzeans?

—Çadoitêtreça.Aveclesfrangins,jenepeuxpasveniricietàcetâge-là,onpréfèreresteravecdescopinesplutôtquedes’ennuyerchezlesamisdesparents…

Jegrimacelorsqu’ilritdeboncœur.

—…Désolée.

—Oh!Soispasdésolée,j’avaislemêmeàlamaison.Allez,venez!Onvasemettredanslapiècedufondpourêtretranquille.

Mon sourire s’efface lorsqu’il parle d’Alex. Et s’il est justement là-bas, dans cette pièce ? Je n’yarriveraipas.Jenepourraipaslevoirdevantmoi.Mespenséesfolassesmepousseraientàmejetersurluisansmodération…

—Kiki?

Jerelèvelesyeux,réalisantquej’étaispartieloin,trèsloindansmespensées.

—Oui?Quoi?Biensûr…jevoussuis,onyva!

—Non, je tedisaissimplementque tuesdevenueunebelle jeunefemmeetque tunedoispasêtregâtéeaveccesquatremachosautourdetoi,dit-ilendésignantmonpèredelamain.

Oh!Ilparledeshommesdelafamille.

—C’estclair!m’exclamé-jevivement.

Iléclatederireentournantlestalonsetnouslesuivons.

Iln’estpaslà,c’estdésert.Ouf!

Tandisqu’ilsdiscutentcommes’ilsnes’étaientpasvusdepuisunsiècle,jeparsaufonddelapiècem’asseoirderrièreunbureauetjelesécoutesechamailler.Ilssontplutôtmarrants,c’estassezenfantin.Entournantlégèrementlatête,j’aperçoisunebouteilledechampagneetdescoupes.Monpèren’aencorerienvuetjecroisqu’ilsvontfêtersavenueetunedeuxièmefoissondépartenretraite.

Je souris tendrement à leur grande amitié, mais je ravale aussitôt mon sourire lorsque je le voisavancerdanslecouloirfaceàmoi.Ilsechamailleavecundesescollèguesquejeneconnaispas.

Jemeressaisisrapidementetnepensequ’àmecacher,êtreinvisiblependantaumoins…jusqu’àcequejepuissel’oublierdéfinitivementetneplusrienressentirquandjel’aienfacedemoi.

Sans réfléchir, jeme baisse pour disparaître derrière ce bureau,mais comme je ne fais jamais leschosesàmoitié,lepoidsdemoncorpsfaitvalserlesroulettesdusiègequimetransporteassezloindemacachette.

C’estpire!

Jeme retrouveenpleinmilieude lapièceàessayeravecmespiedsde retourneràmaplace, sanssuccès.

Lamégahonte!

Mon père, qui remarque mon petit manège, me suis du regard en levant un sourcil. Il essaie decomprendre pourquoi je remue comme un pingouin sur ma chaise. Je lui fais un sourire crispé etmaintenantilgrimace.

Levoilà,ilentreenscène.Heureusement,masituationn’estplusàdéplorer,aprèsuneultimeprouesseathlétiquedemesjambes, jesuisrevenueaupointdedépart.Bon,OK!Sansavoireule tempsdemecacher.Tantpis…

Son regard à moitié tourné, il parle encore à son collègue derrière lui tout en avançant, mais aumomentoùilpivotelatête,sespiedssefigentsurlesol,sonregards’accrocheaumienetsamâchoireinférieureretombelourdement.

Buggénéral!

Soncollègue,lui,faitunbondenarrièreettombesurlesfesses,n’ayantpasvuAlexs’arrêter.OnsecroiraitdansunsketchdeLaureletHardy,saufquecen’estpasdutouthilarant.

—Bonsang!Qu’est-cequetufous,morveux!râle-t-ilenserelevantetenlecontournantpourentrerdanslapièce.

Ilnebougetoujourspas.

—Désolé…murmure-t-ilsansmequitterdesyeux.

L’ambiancedevientultragênante,toutlemondenousregarde,sedemandantquivaparleroufaireungestelepremier.Laseulesolutionestquejesorted’ici.Cen’estpasmaplace,maislasienne.Etsijenesorspasd’icidanslaseconde,jevais…jevais…luisauterdessusetl’embrassercommeunesauvageenmanquecrueldesaboucheetdesoncorps.Ilesttellementattirant,c’estunsupplicepourlesyeuxetmaconsciencedévergondée.Oui,cepetitcôtébestialnaissantdepuisquej’aicroiséceregardbleulagondecefantasme.

Misère!Jedébloquecomplètement!

JedétournelesyeuxversmonpèrequifixeAlex,surprisdelevoirdansunétatcomplètementniais,etmelèved’unbondpourreprendredelacontenance.Jenedoispasmemontrerfaiblefaceàlui,c’estfinitoutça,ilnem’auraplus.

—Papa,jevaisallerfaireunpetittour.Jereviensdansvingtminutes,çasuffira?

Ildécroched’Alexetcettefoisc’estmoiqu’ilfixe.Puisilseraclelagorge.Ilrestesansvoixjusqu’àcequejem’avanceversluipourluifaireunbisousurlajoue.

Misère!

—Papa!Jerevienstoutàl’heure.OK?

IlhochelatêteetregardeànouveauversAlex.Jesensqu’ilvapasseràl’interrogatoirequandjeseraisortiedecettepièce.

MonDieu!Moncœurmanqueunbattementlorsquejepasseàcôtédeluipourm’enfuird’ici.Loindelui.Jevoudraistellementmesentiraiméedetoutsonêtre,danssesbrasterriblementattirants.Leslamesmemontentauxyeux,ilm’atellementfaitsouffrir.C’estdurd’aimer!

Jesorsducommissariatetavanced’unpashésitantversmavoiture.Jenesaismêmepasoùaller!Jevoulaisseulementévitersonregard,cettesouffrancedenepasêtreàlui,pourlui…

—Coralie,attends!S’ilteplaît!

Surprised’entendresavoix,jeregardepar-dessusmonépaulesansm’arrêter.

—Laisse-moiAlex.Net’approchepas.

Unefoisarrivéeàmavoiture,jem’empressed’ouvrirmaportièrepourl’éviter,maisilestbeaucoupplus rapide. Il attrape mon bras et me fait faire un demi-tour sur moi-même. Sentant mon corps luirésister,ilfinitparmecoincerentreluietlavoiture,sesmainsposéessurletoitdechaquecôtédemoncorps. Il est tellement proche que je peux sentir son cœur tambouriner contrema poitrine. Il fixema

boucheuninstantetjesaiscequ’ilvasepasser.Iln’yarriverapas.Avantqu’ilprennelesdevants,jeposeleboutdemesdoigtssurseslèvres,avecregret.

—Non,Alex. Laisse-moi. C’est du passé, je suis passée à autre chose depuis longtemps. Fais-enautantetarrêtedem’ennuyer.Çadevientlassantàforce.

Il serremamaindans la sienne, l’embrasse tendrementpourymarquer sonodeur, sonenviede luiapparteniretlaretiredélicatementdeseslèvres.

—Jenetecroispasmapuce,nousdeuxc’est…

—Alex,mongrand.Tudevrais l’écouter.Ellen’apasenviede teparler,alors respectesonchoix.Allez,viens!OnvaboireUNverre,t’esquandmêmeenservice,entrehommes.D’ac?

Sansmequitterdesyeux, ilpinceses lèvres touten inspirantprofondémentpuissonregardse jettedansceluidemonpère.Ilseredresseetsedirigeverslui.

—Ouais… t’as raison, j’ai besoin d’un truc pourmedétendre, content que tu sois là, dit-il en luidonnantunetapesurl’épaule.

Il tournelestalonsentirantnerveusementsacrinièreetentapantcommeunfurieuxdansuncaillou.Lorsquelaporteserefermederrièrelui,jenepeuxm’empêcherd’avoirleslarmesauxyeux.

—Monpetitbébédevientgrand.Jenesupportepasdevoirtonpetitcœurblessé.Jen’aimepastevoircommeça,meconsolemonpèreenmeprenantdanssesbrasetenmefrottantdoucementledos.

—C’estcompliquédegrandir,d’êtreunefemme.

—Jesais.L’amournesecontrôlepas,tusais.Tudevraislaisserparlertoncœur.

—Moncœurestensouffranceencemoment.Àcausede lui.Jeneveuxpassouffrirdavantage, jeveuxlaisserfaireletemps.L’oublieretavancer.

—Bien.C’esttoiquivois,monbébé.Est-cequetuveuxquejeluiparlepourqu’ilnet’embêteplus?

—Non.Ilesttempspourmoidegérermavie…Jet’aimepapa.

—Moi aussi je t’aime princesse.Allez, je vais retourner boire un verre et on s’en va d’ici. T’escertainequeçanetedérangepas?

Jemeredressepourlefixerdanslesyeux.

—Non!J’aiacceptédet’accompagneralorstuvasboireceverreavectonmeilleurami.

—Oui,chef!

*

Unebonnedemi-heureplustardjeretourneaupostepourcherchermonpère.J’aipassémontempsàécouterdelamusiqueetàéchangerdestextoshilarantsavecAlicedansuncoinpaumépastrèsloinducommissariat.Elleestmapiluledudélireetdelabonnehumeurcettefille.Jel’adore.

Enapprochantdubureauoùjemetrouvaistoutàl’heure,j’entendslavoixgravedemonpèreetcelle

d’undesfranginsentraindesechamailler.Monpèreprononcemonnometçamesurprend.Ilsparlentdemoi?Jemefigedans lecouloir justeàcôtéde laporteet l’oreille tendue, le regard figévers lesol,j’écouteattentivementlaconversationdesmâlesdelafamille.

—Oh!Maisc’estàcausedenotrepèrequ’onestcommeçaavecKiki.Ilnousacontaminés!Illaprendpourunêtreunique,précieuxet…jen’aimêmepaslesmotspourledécrire.Ellen’apasintérêtàsecasserlepetitdoigt,ilseraitenpaniquetotale.

—T’exagèresFred.Elleestmaseulefille,jefaisattentionàelle,c’esttout.

—Admettezquandmêmequevousneluifacilitezpaslavie.Vousêtestoujourssursondoslapauvrepetite,rétorquelepèred’Alex.

—Jemedemandeencorecommentilarriveàgérerladistancesanspouvoirveillersurelletouteslescinqminutes.

—Pourêtrehonnête,jenedorspaslanuitetjenedemandequ’àrevenirici.Jem’interrogesanscessesurcequ’ellepeutfaire,sisesfréquentationsnesontpasmauvaisesetsuruntasd’autreschoses,maistamèreavaitbesoindes’évader,ilétaittemps.Etvousm’avezfaitunepromesse,lesgarçons.Jecomptesurvous,vousêtesmafiertéaussi,vouslesavez.Pasunmotàvotremèrependantnotreséjourchezvous,ellerisquedenepasappréciercecomplot.

Léonéclatederire.

—Voussurveillezsesfaitsetgestescommedesespions?

—T’astoutcompris!Obligationduchefdelamaison.Savoitureestmêmeéquipéed’unGPSpourlalocaliser.C’estdire!

Jesuissansvoix…

D’uncoup,montéléphonevibredansmonfourre-toutetmefait légèrementsursauter.Enrelevant latête,jeperçoisuneprésencedanslecouloir,commesiquelqu’unm’espionnait.Jen’oseplusbouger,jeviensdemefaireprendreenflagrantdélitd’espionnage.J’aitoujourslechicpourmeretrouverdansdessituationscomplètementhonteuses.J’ail’airconnequandmême!

Piquéeparlacuriosité,jeroulediscrètementlesyeuxversmadroite…

Etmerde!

Ilestfaceàmoi,ledosappuyécontrelemur,lesmainsdanslespochesdesonuniforme,àm’observerdesonregardbrillant.Jefermelesyeuxuninstant,meredresseetmetourneversluienprenantlamêmeposition.Heureusementque le couloir estdésert.Nos regards se croisent etdans le silencenousnousdévisageonsuneminute.

—Arrête…soufflé-jelecœurserré.

L’arrièredesatêteseposecontrelemuretillasecouetoutdoucement.

—Jepeuxpas,susurre-t-il,leregardemplid’amour.

—Je-Ne-T’aime-pas,Alex,chuchoté-jeenappuyantsurchaquemot.

Maboucheaprononcécesmots,maismoncœurn’estpasdutoutenaccordavecmaconscience.Jenesaisplusoù j’ensuis,c’estunvraibordelden’importequoidansmatête.Confusion totaleavecmoi-même,c’estflippant!

Sansperdreuneminute,jeroulemoncorpssurlecôtéetentredanslapièce.

—Merevoilà!T’esprêt?m’exclamé-jepouressayerdereprendredel’aplomb.

Alexentreaumêmemoment,mecaressantdiscrètementlamainaupassage.Jedevinequ’iln’apaspus’enempêcher,c’estplusfortquelui.M’enflammeravantdedisparaître.

—Onyva,machérie.Letempsdedireaurevoiràtoutlemonde.

Il ne me quitte pas des yeux, cette situation est frustrante et tout le monde ressent à nouveaul’électricitéquivientdeseformerautourdenous.

—Àquoivousjoueztouslesdeux,là?Qu’est-cequisepasseaujuste?demandelepèred’Alex,satêtejouantàlaballedeping-pongentreluietmoi.

Voilàquesonpères’ymetaussi.Cettefois,jenevaispasensortirindemne.

—Àtonavis,Léon.Çasevoitcommelenezaumilieudelafigure.TonfilsestraidedinguedenotreKiki,heinmonpetitAlex?rétorqueAlanquivientd’arriver.

La têtebaisséeversdespapiersposéssurunbureau, ilécritquelquechosesansprêterattentionaumondequil’entourepuisilseredresse,contournelebureau,unefeuillepliéeenquatredanslamainets’approchedemoi,toujoursdanssabulle.Dansnotrebullemaintenant.Ilm’yainvitéeaumomentoùsonregards’estancrédanslemienlorsqu’ilarelevélatête.Ilal’airsisérieuxetsi…triste!

—Alex?l’interrogesonpère,limiteinquietdelevoirsidistant.

—Hum…

—Çava,mongrand?Alanplaisantait,tusais!

—Toutvabien.

Ilsepencheàmonoreilleenposantsamainsurmanuquepourmetenirprèsdelui.

—Sijenepeuxpasteparlertranquillement,liscemot.Jet’aime,chuchote-t-ilenglissantlafeuilledansmonfourre-toutquejetiensàmonbras.

J’enprofitepourrespirersonodeur,sonparfumenvoûtant…sachairfrôlantlapeaudemonvisagemeprocuredesfrissons.Ilmemanque.Cecourantintenseentrenousmefaitpeur.Illeressentaussipuisqu’ilresteuninstantcommeça,sansbouger,puisilterminenotrecontactparunbaisertendreaucoindemeslèvres.

—Faisattentionàtoi,murmure-t-ilens’éloignant,sonregardemplid’unetelleémotionquemoncœur

sesoulèvedansuneinspirationbrève.

Ildisparaîtde lapièce sansunmot, sansun regard.Seuls leshommesautourdemoime fixent. Ilsattendent.Ilsattendentquoiaujuste?Quejeleurcrieàlafigurequejel’aimecommeunefolle?Quejesensencoresesmainsmecaresser,lorsdenotrepremièrerelationchezmoi,dansmonlit,maisquejeneveuxplusêtrelaKikitouteniaise?Quej’aienviedem’éclaterpourl’oublier?Oublierqu’ilm’afaiténormémentmaletqu’ilrecommenceradèsqu’unévénementarriverasanscriergare?

Pfff…Jenepeuxpassortirçadevantmonpère,c’esttropgênant!

—Bon!Jet’attendsdanslavoiture.

Jemedirigeverslaporte,maisLéonattrapemonbrasaumomentoùjepasseàcôtédelui.

—Coralie, c’est un bon garçon. Je ne suis pas là pourm’immiscer dans votre relation, ça nemeregardepas,mais…

—Léon,iln’yapasderelation.Iln’yarienentrenous.Onestamis,c’esttout.

Et je tourneles talonspourm’échapperdecetendroitremplidetestostéroneenpuissance.C’enestmêmeeffrayant.

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

9.

CoralieAliasKiki

JeprofitedemapremièresemainedevacancespouroublierRomainetavoirlachancedenepaslecroiserdanslescouloirsdelafac.D’aprèscequej’aientendu,ilsouhaiterepartirsurParis.Iliraitvivrechezsesgrands-parentsquiviventlà-bas.LaRochelleneluiconvientpas,apparemment.Moijedis,bondébarras!

Je veux surtout profiter de ma mère qui repart bientôt. Elle a tenu à ce que cette journée soituniquementpournousdeuxetjetrouvecetteidéegéniale.

Ilestunpeuplusdequatorzeheuresetnoussommestranquillementallongéestoutes lesdeuxsur lesablefin–maplacepréférée–àprofiterdusoleiltoutendiscutant.

—Ah!Jenet’aipasdit.J’essaiedetrouveruncabinetcomptablepourfaireunstage.J’aienviedevoircequedonnelemondedutravail.JepenselefairependantlesvacancesdePâques.

—Bonne initiative,ma chérie. Dis-toi que dans la vie, deuxmots t’ouvriront des portes pour tonavenir.«Pousser»et«Tirer»!

Jetournelentementlatêteetlafixeuninstant.J’auraispulasortiraussicelle-là!

—Maman,ellessonttoujoursaussinullestesblagues!

Puisellepouffederireenvoyantmonexpression.Jedoisavoirunetêtebizarre.

—OK!Cen’étaitpasterrible.

—Préviens-moilaprochainefoissituveuxfaireuneblague.

Elleseredresseetsetourneversmoienprenantappuisursoncoude.Sonexpressiondevientsérieused’uncoup.

—Bon,ma chérie, ce jour est spécial. C’est notre journée femme. Donc d’ici ce soir, je peux tegarantirqueleshommestebaiserontlespieds.

Jepouffederire.

—Jen’endemandepasautant.

—Aveceux, iln’yapasde limite, sache-le.Premierpoint :Nemontrepasàunhommeque tu ledésiresplusquetout.Ilnedemandequeçaetilenprofitera.Ilsesentirairrésistibleàtesyeuxetcrois-moi,ilsadorentça!

—OK,situledis.

—Deuxième point : Les hommes, au début, te considèrent comme leur petite princesse. T’es auxanges, lavieestbelle, tu tesensprotégéepar tonbeauchevalier,patati,patata…Non,Kiki.Méfianceavec ces êtres diaboliques… La vie d’une femme se résume totalement à un conte de fées. Fais leménage, fais la vaisselle, fais àmanger, fais le linge et si tu ne dis rien et que tu te laisses faire, ilsfinissentpartedire,faispaschier!

J’éclatederireetellemesuitdansmonélan.Impossibledenousarrêterpendantdelonguessecondes.PuisjereprendsmonsouffleetpenseàAlex.Àcettelettre.

—Ilm’adonnéunelettreauposte,maisjenel’aipasencorelue.Jenesaispassijepeuxlaliresanssouffrir.

—Jepeuxregarderavantsituveux!

Jelafixeuninstant.C’estunebonneidée…Euh…maissic’estintimecommemessage,c’estassezgênant!Ouilmesouhaitesimplementlebonheurdevivreheureusesanslui…

—Donne-moicettelettre,chérie!Turuminestroppourungarçon.

Jesoufflefortetattrapemonsacpourlarécupéreretlaluidonner.Ellelaprenddansungestetendre,sonregardestemplid’amourmaterneletellel’ouvre.

Unsilence…troplongàmongoût.Jen’auraispeut-êtrepasdûluienparlerfinalement.

—T’asfaituntestdegrossesse?Qu’est-cequec’estqueça?

Oh,merde!Jemesuistrompéedefeuille.Cesontlesrésultatsdelaprisedesangquej’aioubliéderanger,dejeterplutôt.Jesuismal.

—Euh…oui?

Voilàquejerépondsparunequestion!Jenesaispasquoiluidire.

—Tu n’es plus vierge ?Et tu ne t’es pas protégée ?Les garçons n’ont rien dit et ça va barder…chuchote-t-ellepourelle-même.

—Maman,mêmes’ilssontaucourant,jenevoispascequ’ilsviennentfairedanslaconversation.

Ellemescruteuninstantpuissourit.

—T’asraison.Jenesaispaspourquoijedisça.Est-cequec’est…Alex?

Jehoche la tête, pourquoimentir ?Elle l’a deviné enmoinsd’une seconde. Je sens les larmesmemonterauxyeux.Etdirequejeluiaioffertmavirginitéetquequinzejoursaprèsiladisparudemaviepourallerretrouversafiancéeenceinte.

Elleessuieunelarmeavecsonpoucepuismeserredanssesbrasquelquesminutes.

—Jeprendslapilulemaintenant.Alicem’aaccompagnéecejour-là.J’avaispeurettun’étaispaslà.C’estdifficiled’enparleraux triplés, ilsnecomprennentpas. Jesaisqu’ilsveulentmeprotéger,maisleurparlerdetestdegrossesseetdepilule,çacraint!

— Je suis désolée,ma chérie. J’ai été trop égoïste à vouloir vivre sur une île paradisiaque. T’asencorebesoindenous.

—Non,maman.Cesdernièressemainesontétéunfiasco,c’estvrai,maisj’aiapprisplusqu’envingtansdemavie.Vousm’aveztropprotégée,enfinsurtoutpapaetlestriplés,etjen’aijamaisconnuqu’uneviesansembûches.Finalement,votredépartestpositifpourmoi.Jem’affirmeetçameplaît.

Ellemecaresselescheveuxetnousrestonssilencieusesquelquesminutesàcontemplerlamer.

—Tuveuxtoujoursquejelisecettelettre?

—Hum.Jesuiscertainequeçavafairemal.

Elletendlamainetjelarécupèredansmonsacpourlaluidonner.Unsilencesefaitpendantlequelellefixelepapierpuisellelèvelessourcils,affichantunsouriretendre.

—Hébien…

—Nedisriensitupensesquejevaissouffrirencoreplus.

—Tunepeuxpasignorercemessage,machérie.Ilestévidentqu’ilestfouamoureuxdetoi,dit-elleenmetendantlalettre.Allez,regarde!

Jeluiprendsdesmainsetlalis…

Unlongsilencesefaitpendantlequelmesyeuxrestentfigéssurcesmotsremplissantentièrementlafeuille.C’estécritengrandetenmajusculescommepourleurdonnerunetrèsgrandeimportance.

JET’AIME,JET’AIMEDETOUTMONÊTRE

JENEDORSPLUSLANUIT

MESJOURNÉESSONTUNCAUCHEMAR

FAIS-MOICONFIANCE

ILFAUTQU’ONPARLE

RÉBECCAETMOIC’ESTTERMINÉ

POURDEBON

TUESMONAVENIR,MONAMOURNAISSANTETJETIENSÉNORMÉMENTÀTOI.

JET’ENPRIEREVIENS-MOI.

JESOUFFRE,TUSOUFFRESCEN’ESTPASJUSTE

REPARTONSÀZÉROTOIETMOI.

Jenepeuxm’empêcherdefondreenlarmesenlisantpourladixièmefoiscemessagequimetoucheenplein cœur. Le souci est quemaintenant lesmots sont illisibles avec ces larmoiements. La feuille estmarquéepardegrossestachesd’encrediluéesparmessanglots.

Quelleconne!

Jevoulaislagarderprèsdemoietlareliredèsquej’enauraislebesoin.Jefrottecommeunefolleetm’énerveenmêmetemps.Jefaispirequemieux,jelesais,maisjesuisenragecontrelui.Enragecontretoutça.Enragede…d’êtrealléeàcecommissariatcejour-là.

—Chérie!Tuvasl’arracher!Calme-toi,jet’enprie,s’inquiètemamèreenreprenantlafeuilleavecdélicatesse.

—Pourquoiçafaitsimal?

Elleinspireprofondémentenpinçantseslèvres.

—La vie n’est qu’une succession de choix,ma chérie. Tu aimes ou tu détestes. Tu assumes ou tut’enfuis.C’est à toi de les prendre.Alex a fait les siens pour de bonnes raisons et je ne peux que leféliciterd’agirdelasorte.Denosjours,unhommeneréagitcommeill’afait.C’estexemplaire,mêmesiçaneteplaîtpas.

—Ilm’acertifiéqu’ilreviendraitversmoi.Ilm’ademandédel’attendre,maisjesaisqu’ilaprofitédemoi.Demesfaiblesses.

—Jenesaispasréellementcequis’estpassédoncjenepeuxpasémettredejugement.Laissefaireletempstoutsimplement.Tuverrasoùtemèneledestin.D’accord?

Jeluisouristendrement.

—Hum.Laissonsfaireledestin,alors!cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

10.

Alex

—Aaaah !Mon bon vieux collègue ! Ça fait plaisir de te revoir ici à lamaison.Nos apérosmemanquent,tusais!

Mamèrelesembrasseàsontour.

—Dis-moi,ilssontenretarddevingtansaveclamode,là-bas.C’estvraimentaffreuxcescouleurs!

LamèredeCoralieéclatederire.

—Heureusementqu’il traîne souvent enmaillotdebain,quoiqu’ilsne sontpasmieuxnonplus. Jecroisqu’illefaitexprèspourmetaquiner,dit-elleenledévorantdesyeux.

C’est évident qu’ils sont heureux tous les deux. J’ai l’impression d’entendre Coralie, elles ont lemêmetimbredevoix.Ellemeregardeenlevantlessourcils,surprisedemevoirici.Mêmelestraitssontidentiquesetbonsang,ellememanque!C’estunetorture.

—Alex!T’esenvadrouille,mongrand?m’interroge-t-elleens’approchantdemoipourmefairelabise.

—Non…jevisicimaintenant…enfinletempsdetrouverunappart.

—Oh!Tafiancéeesticialors?Tuvasnouslaprésenter.

Jedevinedanssonregardetàsafaçondemeparlerqu’ellem’enveutdem’êtrecomportécommeunsalaudavecsaseulefille.Jelacomprendsaprèstout.

—Euh…enfait,je…jenesuisplusfiancé.Rebeccaetmoic’estterminé.Jel’aiquittée.

Ellefroncelessourcils,évidemment.Jemesuismalexpriméetmaintenantellevacroirequejesuisunsalaudavectouteslesnanas,quiplusest,avecunefemmeenceinte.

—Cen’estpasmoilepère!

Quelcon!Elleme fout les jetons en fait. Jen’arriveplus àm’exprimercorrectement, tellement laressemblanceavecCoralieestfrappante.Jesuistroublé.Etenmanqued’elle.Çava,ellesourit,amusée,aprèsunelongueseconded’unsilenceterrifiant.

—Net’enfaispas,Alex.Jenet’enveuxpas.Détends-toi,tufaispeuràvoir,tusais!Etj’ensaisbienplus que tu ne le penses. Allez ! dit-elle enme prenant par le bras. On va prendre un petit apéro etdiscutertousensemble.D’accord?

Jerelâchemesépaulesetpousseunsoupir:

—Ouais…

—Etuncostaud!rétorque-t-elleenmefaisantunclind’œil,lesourireauxlèvres.

Aprèsquelquesdiscussions sur leur déménagement et leur vie sur une île paradisiaque, jeme sensseul.Jen’arrêtepasdepenseràtoutcemerdier,àCoralie.J’aitellementenvied’êtreavecelle.Passermesweek-ends etmes soirées avec elle. Comme aujourd’hui. J’aimerais savoir ce qu’elle fait en cemomentmême.Enfin,j’aimapetiteidée.Elledoitêtresurlaplageàsefairedorerlapilule,commeelledit.J’aiunlégersouriretoutenbloquantsurlevisagedesamèrefaceàmoi.

C’estunesacréepipelette!Ellen’arrêtepasdeparlerdepuisqu’ilssontarrivés.Jenepeuxpasrestericiàmetorturerlesméninges.Ilfautquejepenseàautrechose.

Jemelèved’unbond,biendécidéàmechangerlesidées.

—Jevouslaisse,jevaisfaireuntour.Jereviensdansunepetiteheure,jeserailàpourmanger…maisnem’attendezpassivousavezfaim.

Sansattendre,jetournelestalonsetmedirige,d’unpasnonchalant,verslepetitportaildeservicesurlecôtédelamaison.

—Alex,mongrand?

Je regardemon père par-dessusmon épaule. Il est inquiet, il nem’a jamais vu dans un tel état dedécomposition.

—Çavap'pa,t’enfaispas.J’aibesoin…d’êtreseulunmoment.Àtoutàl’heure.

Ilpinceleslèvres,suivid’unhochementdetête.

—Àtoutàl’heure.Faisattentionàtoi.

Jeluifaisunpetitsourire,contournelamaisonetempoignelapoignéeduportailpourl’ouvrirlorsquelamèredeCoralieapparaît.

—Alex!

—Oui?

Sansunmot,elleglissesesbrassouslesmiensetmeserredanssesbras,commeelleleferaitavecsesfils,puiselleseredresseenmefixantdanslesyeux.

—T’es unbongarçon et je sais que tu seras tôt ou tardmonbeau-fils.À ses yeux, tu es son seulamour, mais laisse-lui le temps de soigner son petit cœur. Tu étais le premier et elle en a beaucoupsouffert,finit-elleenposantsamainsurlamienne.

— Je sais, je n’ai pas été bon pour elle ces dernières semaines.Mais je pensais bien faire avecRebecca.Jepensaisquepourêtreunhommebien,ilfallaitassumersesactes,mêmesicen’estpaslavierêvée.En fait, j’ai l’impressiond’être complètement à côté de la plaque, je negère plus rien, je suispaumé.J’aiéténuletjenesaispascommentmerattraperavecCoralie.Enplus,lestriplésm’empêchentdelavoir,cesontdestyrans!

Ellecaressemajoued’ungestematernelenmesourianttendrement.

—Aaah,lestriplés!Quevais-jebienpouvoirfairedecestrois-là?Jesuisaucourantdeleurpetitmanègeavecleurpère,jesaistout.Jevoisclair,tusais!

—Ettuneladéfendspas?

Elleritdoucement.

—Tuconnaissonpère,c’estsaplusgrandefierté. Ilenestgaga,desafille.Et lesgarçonsfont lamêmechoseparcequ’ilsensontfousaussi.Elleestnotrepetiteprincesseàlamaison,çaatoujoursétéainsi.Jenepeuxpasleurenleverça.Ilsseraientmalheureux,tucomprends?

—Hum…dit comme ça, c’est plus clair. Je suis fils unique, je nem’en rends pas compte. Je neconnaispaslesrelationsentrefrèresetsœurs.

—Certainsnesesupportentpas,d’autres,notammentKikietlestriplés,sonttrèsunis.

—Merci. T’es géniale Christine. Le problème c’est que je n’ai pas la patience de l’attendre, jel’aime,c’estarrivésansprévenir,sansm’enrendrecompteet…çafaitflipper!

Jelafaisrireetnepeuxm’empêcherdesourire.

—Lecoupdefoudre,mongrand!Çapeutarriveràn’importequi!Jel’aibieneuàquatorzeansavecleurpère!Jesaiscequeturessens.

—Çanetedérangepasnotredifférenced’âge?J’aiquandmêmevingt-cinqans,jesuisvieuxcomp…

—Alex!Tumevexes,là!Situesvieuxàvingt-cinqans,jesuisquoi,moi?Unemomie?

Onrigoledeboncœur.Ellemefaitdubien.

—T’esbienconservéepourunemomie!Non,trêvedeplaisanterie,çamefaitdubiendeparleravectoi.Tumeremonteslemoral,j’enavaisbesoin.

—C’estnormal,Alex.Mêmesionnesevoyaitpassouvent,jet’aivugrandir,t’escommeunfilspourmoi.Etbientôtmonbeau-fils,j’enrestepersuadée.Bon!Jevaistelaisser…dis-moi,tunecomptespasfairedebêtises,n’est-cepas?

Àpartallerpicolerdansunbarpourespérerlacroiseretmefairepardonnersansrelâche,non.

—Non!Jevaismebaladerprèsdela…faireuntour.

Elleacompris.Sonregardetsonpetitsourirecachénetrompentpas.Ellemefaitunclind’œil.

—Tu as raison.Quand on veut vraiment quelque chose, il faut se battre pour l’obtenir. Si elle te

manque,montre-le-lui.Situl’aimes,prouve-le-luietelles’enrendracompte.Avecdutempscertes,maisellenepourrapaslenier.C’estmafille,jesaiscommentellefonctionne.Surtout,n’arrêtepas.Allez,àlaprochaine,mongrand.

Ellem’embrassesurlajoueettournelestalonspourrejoindrelesautressurlaterrasse,aprèsm’avoirfaitunpetitsignedelamainavecungrandsourirecompliceauxlèvres.

Jefixeencoreunpointdevantmoi,dansmespensées.Enrepassantenbouclecesparoleséchangées,jesouriscommeuncon.Ellem’aime.Elles’estjusteconstruitunecarapacepourneplussouffrir.Jemehaistellementdeluiavoirfaitaussimal!

Je relâchemes épaules etme ressaisis en ouvrant le portail pour aller la retrouver.Lui parler,memettreàgenouxs’illefaut,lasupplier…

Elleestmonaveniretriennepourral’enempêcher.cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

11.

CoralieAliasKiki

LesparentsétantchezlemeilleuramidemonpèreetAliceinscriteauxabonnésabsents,jesuisalléesur la plage pourme faire dorer la pilule et écouter de la bonnemusique dansmes écouteurs tout enpensant à mon fantasme. Je me suis même réveillée en sursaut et essoufflée, tellement c’était…gigantesque!

De retour à lamaison, jeme fige à l’entrée lorsque j’entends des petits rires.Un des frangins estencore avec une fille, j’en ai marre. Les parents sont absents quelques heures et les revoilà à fairen’importequoi.

—Alice, tume rends dingue. J’ai envie de plus. Nous deux… je veux pouvoir te voir sans nouscacher.

—JeneveuxpasAlan.Tunepeuxpasmerendreamoureusedetoi,situnecomptespasm’aimerparlasuite.Je saisque tume feras souffrir.T’aimes les femmeset tune supporteraspasd’êtreavecmoiseule.Ons’amusebientouslesdeux,non?

—Ouais,mais…Depuisque tum’as sautédessusdansmachambre, jen’ai couchéavecpersonned’autre.J’aiessayé,aveclesfranginsc’estfaciledeseretrouveravecunenanadifférentetouslessoirs,maisjen’yarrivepas.Jepenseàtoiàcemoment-làetjebloque.

Bahmerdealors!

AliceetAlan.Quil’auraitcru,surtoutdeRocco!Jelesentendss’embrasserchaudement.Jenepeuxpasrestericiàlesécoutersefairedessaloperies.Jepenseàunechose,commentfont-ilspoursevoirendouce?Jedoisabsolumentdépatouillercetruclouche.Alicen’ajamaiseudesecretspourmoi,cen’estpasnormal.

J’aiuneidée!

Jeressorsleplusdiscrètementpossibledelamaisonetrefermelaportederrièremoi.J’attendsunepetiteminuteavantd’entreretdemefaireentendre.Enfixantlaporte,mamainagrippéesurlapoignée,je souris. Je suis encore stupéfaite par ce que je découvre. Jeme doutais qu’elleme cachait quelque

chose,mapetiteAlice.Jelaconnaisparcœur.Allez,j’yvais.Jesuiscurieused’avoirleurversiondesfaits,tiens!

J’ouvrebruyammentlaportejusqu’àlafaireclaquercontrelemuretcrie:

—SALUT!C’estmoi!

Jelarefermevivementetmedirigedirectementverslesalon.J’ail’impressiond’êtredixpersonnesàlafoisavectoutcebrouhaha.Jesais,c’estidiotdefaireça,maisjeneveuxpasfroissermameilleureamie,jesaiscequeçafaitd’aimerunepersonneinaccessible.C’estdouloureux.

Jen’aipasletempsd’arriverjusqu’auseuildelaporteduséjourqu’Alanserueversmoietmeprenddanssesbrasenlevantmespiedsdusol.

—SalutmaKiki!Jesuiscontentdetevoir.Fais-moiungrospoutou.

Doncc’estça,sastratégie?Mecollercommeunesangsue,letempsqu’Alicesecache.

NOMDEDIEU!

—Salut.T’estoutseul?

Ilmereposeetm’emmèneverslacuisinesansmêmerépondreàmaquestion.Dingue!

—Regarde,j’aifaitlescoursespourcesoir.Onvasefaireunbarbecueaveclesparents.TudevraisinviterAlicepourmangeravecnous.

ExcellentAlan!T’enloupespasune!

—Jenesuispassûrequ’ellesoitdispo,tusais.Elleavaitunrencardavecunbeaubrun,cesoir.

Soncorpsseraidit,toutcommelestraitsdesonbeauvisage.Maparole,ilestjaloux!Jememordslesjouespournepasrireàcepetitdélire.

—Maisjepeuxl’appeler.Ellevapeut-êtreannulersijeluidemandedevenir.

—Bonneidée.Faisça.Enattendant,jevaisprendreunedouche.

Unedouche,àquatreheuresdel’après-midi?

—Unedouche?!

—Euh…oui.Jereviensd’unfooting.J’aitoutdonné,j’enpeuxplus.Çavafairedubienauxmuscles.Allez,jefile!

Jen’aipasletempsdebougerlepetitdoigtqu’iladisparudelapièce.OK!

J’attrape mon téléphone, saute sur le plan de travail pour m’asseoir, attrape une pomme dans lesaladieretappellemameilleureamiequijouel’agent007dansmamaison.Ellemerépondàlapremièresonnerie,miracle!

—OuiCoco?Tuvasbien,lance-t-elled’untonpresqueinnocent.

Jecroquedansmapommetoutenbalançantmespiedsdanslevide.

—Hum…toutvabien,agent007.L’ennemiesthorsd’atteinte.Vouspouvezévacuerleslieux.

Unsilence.Troplong.Ducoup,jecroqueunautremorceauenattendant.

—Alice?

—Ouiiii…

Jepouffe,c’estplusfortquemoi.

—Bah,jet’entendsplus!

—Non,jesuislàààà…

Maintenant,j’éclatederire.Allez,j’arrête.Jel’auraiautournantcesoir.

—Que dirais-tu de venir à la maison, encore une fois, pour un barbecue avec les parents et lesfrangins,etsurtoutAlaaan?

Elleseraclelagorge,aucunementdécidéeàcracherlemorceau.Commesijeparlaisdanslevide.

—Pourquoipas!Jeserailàversdix-neufheures,tupeuxcomptersurmoi.

— OK. Le temps de prendre une bonne douche pour détendre tes muscles après un après-midiéprouvantengalipettes?Çamarche,alorsjetedisàtoutàl’heure.

Elleaunrirecrispé.

—C’estçalesrencardsavecdebeauxmâles.

—Biensûrmabiche…

*

Lesparentsetlesfranginssontassisautourdelatableàdiscuteretàsurveillerlebarbecuedetempsentemps.SaufAliceetmoiquisquattonslabalancellepournousdétendreunpeu.

—Alice,jevousaientendus,Alanettoi,toutàl’heure.J’étaisdanslamaison.

Ellegrimaceenfermanttrèsfortlesyeux.

—Jesais.Tondélireautéléphonem’acoupélesjambes.J’aifaillitombercommeunemerdesurletrottoir.

—Maintenant,jecomprendstesrendez-voussecretsdepuisquelquesjours.Jecomprendspourquoionnesevoitplusaussisouvent.

—Jevoulaist’enparlerCoco,mais…pfffj’ensaisrien.J’aipeurdetomberdehautavectonfrère.Ilatoujoursaimélesfemmesetjemedisquecen’estpasmoi,unepetitenanaquelconque,quiarriveraàlegarderprèsdemoi.

—Attends!T’estrèsloind’êtreunenanaquelconque,crois-moi!

Je regarde en direction des frangins et le doute s’efface aussitôt. Il la dévore des yeux tout enretournantlaviandeposéesurlebarbecue.Àl’évidence,ilsepassequelquechosedenouveaudanssa

petitetêtedeséducteurinvétéré.

—Jeteconfirme,ilestaccroDuckyDuck!Jenesaispasquelsorttuluiasjetécettenuit-là,maisavecAlançadevaitêtrepuissant!

—Nedisrienàpersonne,d’accord?

—Maispourquoi?Sivousêtesbienensemble,iln’yapasderaison.

— Je veux laisser un peu de temps à notre nouvelle relation.Être sûre de ses sentiments avant dem’engagerpourdebon.EtFredetJulesvonttellementlecharrierquej’aipeurdelevoirretournersaveste.

— Ils vont le charrier un moment parce qu’ils l’ont toujours connu comme ça. C’est l’incroyableRoccopoureux,maisilsnedétruirontjamaisvotrerelation,bienaucontraire.

Ellemesourit.

—Onverra,onadutempsdevantnous.Pourl’instant,onestbiencommeça.

—Situledis.Maiscequej’aientendudesaproprebouchetoutàl’heuredisaitlecontraire.Iltientàtoi,j’ensuispersuadée.

—Ettoi,çava?C’estvraimentungrosconnardceRomainquandmême.Ilabiencachésonjeu!

—Çava.Jevaisbien.Jecomptem’amusercommetoietprofiter.

—Lesfilles,àtable!

NousdétournonsleregardenmêmetempsversAlan.IltientleplatdeviandeetfixetoujoursAliced’unaircomplètementniais.

—Accro,leRocco,jeteledis!

—Dingue!pouffe-t-elleenselevant.Jecroisquejel’aimecetenfoiré.

—Parfait!

Ellehausseunsourcilinterrogateur.

—Jenepouvaispasmieuxrêvercommebelle-sœur.cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

12.

Alex

J’entredanslasalledereposetdécouvreFredetAlanenpleinediscussionassezagitée.

—Maisnon!Ellevatrouverçaàchiercommecadeaux.Vousêtesnazesérieux!

—Moijesuissûrqu’ellevaaimer.Elleenadéjàparlé.

—Ouaispourdirequec’étaitnul.

—Salut,lesgars!

Leursregardssetournentbrièvementversmoipuisilsreprennentleurgranddiscours.

—Euh…SALUT,lesgars!

—Salut.

—Salut.

OK!Mêmepasunregard,niunsourire,niunhochementdetête.Qu’est-cequej’aiencorefait?

—Attends,tuvoisKikisuruneplancheàvoile,toi!Arrêtededélirer.

—Bah,elleadorelaplage,c’estl’occasionrêvée.Enplus,onhabitejusteenface.Onl’aideraàenfaire.

—N’im-por-tequoi!

—VouscherchezuncadeaupourCoralie?

—Hum.

—Ouais,maiscen’estfranchementpasgagnéaveccestrouducs.Uneplancheàvoile!?TuvoisKikilà-dessustoi?

—Alanaraison.Cen’estpastropsongenre.

—Alan!?

Ilmeregardecommesijevenaisdesortirlaconneriedusiècle.

—Surtonbadge.C’estécritA-lan.Jevoisencoreclair.

—Oh,putain,merde!Non,j’aiprissaplace,ilavaituntrucurgentàfaire.

—T’escon,Fred.Onvasefaireremarqueravectacervelledemoineau.

—Jesais,j’aidéconné.Maisilnousembrouillececon,iln’arrêtepasderefilersonbadgepouruneheureoudeuxdansl’après-midiencemoment.Jesaisquejeluiendoispasmal,maisc’estsoûlant.

—Moiaussijeletrouvelouchedepuisquelquesjours.Ilnouscachequelquechose.

—Ilapeut-êtreunepetitecopine!

Lesclonespouffentderire.OK!C’étaitnul.

—C’estdeRoccoqu’onparle.

—Oualors,ilapleindepetitescopines.Fautlesgéreraprès!riposteJules.

Pendantqu’ilss’embrouillentausujetd’Alan,jechercheuncadeaupourmadouceetj’aiuneidée.

—J’aipeut-êtreuneidéepourCoralie.

Ilsmefixenttouslesdeux,d’unairpasdutoutconvaincu.

—Balancetoujours,marmonneFred.

—Etpourquoipasunesortedecoffretbien-être?Elleesthypercoquette,jesuiscertainqueçaluiplairait.Imaginez-lasefairedorlotertouteunejournée!Ça,c’estKiki.

Ilsmefixentuninstantdansunsilenceplombantpuisilsseregardentenlevantlessourcils.

—Jen’aimepasquandiltrouvedesbonnesidéespourKiki.

—Moinonplus.Maisc’estunesuperidée.C’estunbeaucadeau.

—J’ailedroitdeveniràsonanniversairealors?

—NON!balancent-ilsenmêmetemps.

Faitchier…

—Etdetoutefaçon,onlefêteaveclesparentsauresto.

—Onavaitparléd’unefêteaussidèsquelesparentsseraientrepartis.C’estuneoccasiondefaireunebonnesoirée.

—OK,mais elle ne connaît même pas nos amis ! Faire une fête pour son anniv alors qu’elle neconnaîtpersonne,cen’estpasterrible.

—Hum…disonsqueçapeutêtresympapourelle.Sefairedenouveauxamis.

—Pasfaux.

—Etsefairedraguertoutelasoiréeparvosamishyperlouches…balancé-jeenmelevantpourallerchercherunebouteilled’eaudanslefrigo.

Unsilence.Long.Sansmeretourner,jeboislentementetleslaissesetorturerl’esprit.Ilsvontcraquer,jelesens.

—Putain!Tufaischier,Alex!Merde!

Çayest !L’idéede lafêtepoursonanniversaireva tomberà l’eau.Jene tienspasàcequ’ellesefasseaccosteralorsquejeneseraispaslàpourlevoiretladéfendre.Horsdequestion!

—Enmêmetemps,onesttrois.Onpeutlasurveillerchacunnotretour.

Etmerde!

Bon.JedoisattaquerleplanB.

—Jevouslaisse,jedoisvoirmonpèreavantleservice.

Sans attendre, je quitte la pièce et pars m’isoler dans un bureau vide. J’attrape mon téléphone etappelleAlice.Parchance,j’airéussiàl’accosteràlasortiedelafacpouravoirsonnuméro.Çaaétédifficile,ellecroyaitquejeladraguaisouvertement,maisjeluiaibienfaitcomprendrequec’étaitpourrécupérerCoralie.J’aigaléré,maisj’airéussi.

—SalutAlex.

—Alice!Bon,j’aibesoindetoi.

—Jet’écoute,maisavantjeveuxteprévenird’unechose.

—OK!

—Tulafaissouffrir,t’esmooortetjetecoupelaqueue.C’estbienclairdanstapetitetête?

—Euh…oui.Pasdeproblème.

—Vas-y.

Elleesttoutemignonne,maisalorsellemefaitflippercettenana.C’estunebarge!RienàvoiravecCoralie.Elleiraitbienavecundesclones,tiens!

—Alors,voilà…cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

13.

CoralieAliasKiki

Ledépartdesparentscematinétaitatroceencoreunefois.J’aipleurétoutesleslarmesdemoncorps.Mais les deux dernières soirées en famille, la soirée barbecue et le restaurant chic pour monanniversaire,étaientgéniales.Lecadeaudesfranginsm’aunpeusurprisparcontre.Habituellement,leurscadeauxsontnazes,voirecomplètementdélirants,maislà,ilsm’ontépatée.J’adore!

Depuis tout à l’heure, j’attends quatorze heures trente pour appeler l’institut de beauté et prendrerendez-vous.J’aihâtedem’yrendreetmefairedorloter.J’aipurattraperquelquescourspourrepartiràniveaudanscinqjours.Lareprisedescours,beurk!

Jesorsdemachambreetmedirigeverslesescalierspourappelerdutéléphonefixe,maisenpassantdevant la chambre d’Alan, j’entends un bruit de fond. Je ne l’ai pas entendu rentrer du boulot, çam’étonne!Àtouslescoups,ilasesécouteursauxoreillesetpratiquesesabdosquotidiens.Commeàsonhabitude.Jeneprendspaslapeinedefrapper,iln’entendrarien.J’ouvrevivementlaporteenm’élançantcommeunesauvagedanssachambreetmefigenetdevantcespectacleplusqu’hallucinant.

Nomdedieu!

Mameilleureamieest sous…Alan!Et cettepositionme rappelle… le sachetdoré avec ledessinidentiqueàleurposture…

Pendantunedemi-seconde, jepenche la tête sur le côté…elle estvachement souplequandmême !Puisjemeressaisislorsqu’ilsserelèventtouslesdeuxtotalementgênésparlasituation.Alantentedecachersonengincommeilpeut.

—Oooh!PitiéAlan!Dis-moiquejesuisentrainderêver,quecen’estpasAliceavectoi.Quevousn’êtespaslà,nusdevantmoietquemonimaginationmejouedestours.

Alicefaitunpasdecôtépoursemettredevantlui.

—TudevraissortirmaCoco.Jem’habilleetj’arrive.

Tiens, ça me rappelle de mauvais souvenirs ! Je croise les bras et regarde Alan avec un air devengeance.

—Euh…non.Jeveuxsavoircequevousfaiteslà,enpleinaprès-midialorsquetum’asclairementlâchéparcequesoi-disanttamèreavaitbesoindetoi?

—C’estbon,j’aicomprisKiki.Tutevenges,c’estça?Écoute,jesuisdésolépourl’autrefois,maiscetrouducprofitaitdetoietj’aivurouge.ETj’aieuraisondememéfier.

—Pasfaux.Jepeuxsavoirdepuis…

JemetaisquandAlicefaitdegrandsgestesavecsesbras.

—Oh!Lafamille!Onestàpoilquandmême,là!Kiki,dégage,bonsang!crie-t-elleenmejetantuncoussinenpleinefigure.

Puisundeuxièmeque jeprendsenpleine face lorsque jemeredresseaprèsavoirévité lepremier.Alanéclatederire,évidemment.

—OK!OK!Jesors.Jevousattendsdanslesalon.

*

Onesttouslestroisaffaléssurlesfauteuilsànousregarderdanslesyeux.

—Alors…c’est vraiment sérieux, vous deux ? J’ai beau essayer dem’imaginerRocco amoureux,maisjen’yarrivepas.T’eslepiredestrois,Alan,ett’eslepremieràt’accrocheràunefille.Avecmameilleureamiequetuconnaisdepuistoutpetit!Admettezquec’estcomplètement,mégadingue,non?

—Hum.Ilasuffiqu’Alices’empalesurmoipourmefairecraquer,répondAlanl’airpensif.

Mameilleureamiequivisiblementn’apasappréciécetteremarque,lefrapped’ungroscoupdecoudedansleventre.Ilenalesoufflecoupé.

—N’empêcheque t’étaisauxangesce soir-là,beaugosse.Et t’en redemandais ! lance-t-elleen lefixantdanslesyeux.

Il luisortsonpetitsourireespièglequifaitcraquertouteslesfillespuisil laserredanssesbrasetl’embrassetendrementenluifaisantdepetitespapouillescommeunvieuxcouple.

OK!

—Sérieux,vouscraignezunmax!Ondiraitunvieuxcouple.

—Coco,jepeuxt’assurerqu’aulitonn’ariend’unvieuxcouple.Hein,beaugosse?

—C’estclair…d’ailleurs,j’aienvied’yretourner,onyva?Viens,onn’apasterminénotrepetiteséancecoquine…miaule-t-iltoutenl’embrassant.

J’ai soudainement un léger sursaut, lorsque la porte d’entrée claque. Sûrement un des frangins quirentredesajournéedeboulot.Enunclind’œil,lesexcitésdudimanchesesontéloignésl’undel’autre.Onesttousdebout,complètementàl’ouest.Nesachantoùaller.

—Salut!lanceFredenentrantdanslesalon.

Personnen’osebougertandisqu’ilplongeaufonddufauteuilensoufflant.

—OK!Qu’est-cequisepasse,encore?

—Rien!

—Riendutout!

—Quedalle.

Nous avons parlé enmême tempsAlice,Alan etmoi.Ce qui veut dire qu’aux yeux de Fred, et jel’entendsdéjàleprononceravantdelevoirouvrirlabouche:Moncul,ouais!

Ilnousfixeenlevantlessourcilsetreprend:

—C’estquoivotredélire?Kiki,accouche.Qu’est-cequisepasse?

Jerêve!

— Ah ! Parce que c’est toujours moi le centre des emmerdes ? Je suis un boulet pour toi, têted’ampoule?

Alicepouffederirealorsquelesfranginssontfigésetahurisparmonlangage.

—Depuisquandtujouesàlarebelle?DésoléKiki,maisc’esttellementpastoiquet’asl’aird’unepimbêche.

—Lapimbêche,ellesecasse.Ellearendez-vousavecdesamiespoursefairedorerlapilule.Depuisquelques jours, je me retrouve sans ma meilleure amie puisqu’elle préfère s’empaler à longueur dejournéesurAlan!

Wouah!

Dément!

Troistêtesauregardchoquémefixentd’uncoup.EtjeviensdemerendrecomptequeFredn’estpasaucourantpourAliceetAlanlorsquecelui-cihausselessourcils.

Oh,merde!Oooooh,merde!

Jeparletropvite,àchaquefois,toutletemps,c’estplusfortquemoi,jesuisunevraiepipelette,ilfautquej’arrêteçatoutdesuite,etlà,jemeprendslatêtetouteseulecommeunetaréeet…

Arrgh!Jem’agace!

Jenepensejamaisauxconséquencesetcettefoisjevaisenprendrepleinlapipe.Lesregardsd’Aliceetd’Alanmefontpeurd’uncoup.EtalorsceluideFredmedonneenvied’éclaterderire.

Jenepeuxm’empêcherdefairelesdeux.J’éclated’unrirecrispé,toutenayantpeur.Sacrémélange!çadoit fairebizarrecommeexpression.Puis jeregardemamontreetsansrelever la tête, jemedirigeverslaported’entréepourm’enfuirencourantetleplusloinpossible:

—Ohlàlà…jesuishyperenretardmoi!Fautquej’yaille.Àplus!

—Kiki,ramènetonculici.Magne-toi,grogneFred.

Jesuisdanslamerde.Jefaismarchearrièreenfaisantdetoutpetitspasetlepluslentementpossiblepourretourneràmaplaceetjeregardeunpeupartoutsauflestroisquiattendentuneparoleouungestedemapart.

—Maintenant,vousallezmedirecequisepasse.

Je ne dis rien et hausse les épaules.Après tout, ce n’est pas àmoi d’en parler. Ce n’est pasmonproblème.

—D’accord…râleAliceenlevantlesyeuxauciel.Jenevoulaispasenparlerparcequejenesuispassûredenotrerelation.Alannonplus,parcequ’ilsavaitqu’ilallaitsefairecharrierparsescopiés-collés.Onsortensembledepuisquelquesjours.

Fredlesobserveunlongmomentencillant,complètementsouslechoc,puisAlandécidedesejeterluiaussidansl’autrefauteuilensoufflant.

—Vas-y,marre-toi.Fais-moilamoraledupauvremecauxcouillespleines.MaisjepeuxtedirequemêmesijesuisavecAlice,c’estchaudentrenous,frangin.J’aimebienêtreavecelle,jemesensbienàsescôtés.

—Couillemolle.

—Tagueule.

—Petitebi…

—Laferme,vousdeux!Vousmelesbrisezàvouscomportercommedesmâlestoutpuissants.Alan,j’enaiassez.Soitt’assumesnotrerelation,soitc’estterminé,onoubliecequis’estpasséentrenousetonreprendnotrevienormalechacundenotrecôté.Tutedécidesetmaintenant.Fredsitul’ouvresencoreunefois,jetefousmonpoingdanstabellepetitegueule.

Disdonc!

Jesuissurlecul.Alanselèveets’immobilisedevantelle.

—Dis-moicequetuveux,toi.

—Nous.Jenousveuxnous,Alan.Jet’aime.

Ilattrapesonvisageetl’embrassetendrementtandisqueFredetmoisommessubjuguésparcequisepassedevantnous.

—Jet’aimeaussimonpetitsucred’orge.J’aienviedetecroquer…toutletemps,partout…

Là,c’estplusfortquenous,onéclatederire.

—LAFERME!

Ilsonthurléenmêmetemps,decefaitnouslabouclonsillico.

Pendantqu’ilscontinuentleurléchagedelangue,Fred,derrièreAlan,meregarde,affichantunebellegrimaceetenchuchotant:

—Sucred’orge?!C’estquoicedélire?

Jehausselesépaulesenlevantlessourcilsetenétirantmeslèvresverslebas.Puisilenfoncedeuxdoigtsdanssaboucheetimiteunegerbeimminente.Pourdélirer,jefaispareil!

Onpouffede rirecommedes idiotsetvisiblementçaneplaîtpasànotre sucette sucréequi fronceméchammentlessourcils.

—Viens,Alan.Onseramieuxdanstachambre.Tupourrasmecroqueravecenviesansêtregênépardesjaloux!

—Alorslà,jenepeuxpasrefuser!Salutvousdeux!Àplustardpeut-être…oupeut-êtrepas.Onatellementàfairenousdeux…

Ilsdisparaissentdans lecouloir tandisquenous restonsplantésdans le saloncommedeuxpauvrescons.

—T’étaisaucourantdepuislongtemps,toi?

—Euh…unpetitpeu!

—Pfffff…dingue!AlanetAlice,sérieux!Jen’enrevienspasdemonpetitRocco,ilabiencachésonjeutoutdemême.

Etilsontl’airdes’éclatercommedesfouslà-haut.Jepréfèredéguerpird’icietrejoindrelesamiesdelafacsurlaplage.Çamechangeralesidées.

—Bon!Jenesaispascequet’asprévu,maismoijevaisrejoindredesamiessurlaplage.Onvafairebronzette.Situmecherches,tusaisoùmetrouver.

Surtout,nemecherchepas!Pitié…

—Jesuiscrevédemajournée.Jevaisresterdevantunbonfilmtranquille.

—Çamarche.Salutfrangin,lancé-jeenmedirigeantverslasortie.

J’attrapemonsacdeplageetdirectionfarnientesurlesablefin…

*

Jeprofitedusoleilquiréchauffemapeaulorsquedesvoixserapprochentdenous.Jerelèvelatêteenouvrantunœil.Jessicaestassiseentailleuretparleàdesmecs.Troismecs.

—Unverreavecnousaubarducoin,çavoustente,lesfilles?proposel’und’eux,enmescrutantdelatêteauxpieds.

Puissonregards’accrocheaumienet ilmefaitsonplusbeausourireravageur.Je lèvelesyeuxaucieletlaisselourdementretombermatête.

Queltrouduc!

Jesenslecorpsdemonamies’approcherdemoi.Elleestintéresséevisiblement.

—Coco!Onyva?Çapeutêtresympa,murmureJessicaàmonoreille.

—Non,çanemeditrien,maistupeuxyalleravecMathildeetJulie.Jevaisresterencoreunpeupuisjerentrerai,t’enfaispaspourmoi.

—Dis-moi…encemomenttuessaiesd’oublierunconnardoujemetrompe?C’estl’occasionrêvéedepenseràautrechose,tunecroispas?Lebeaubrunteregardedepuistoutàl’heure.Tuluiastapédansl’œil,Coco!

Jepousseunlongsoupir.Ellearaison.Jesuisunenovicepourtoutça.Jedevraispeut-êtrel’écouter,elleenaeubeaucoup,elle,deschagrinsd’amour,lapauvre.Elleconnaîtleremèdemieuxquemoi,j’enrestepersuadée.

—OK,jeviensavecvous.

—Génial!

Tandis que les filles se lèvent, je me redresse avec nonchalance. Avec mon allure de je-m’en-foutisme,jenevoispasquelgarçonseraitintéressé.Jen’aipasl’airtrèssociableaupremierabord.

Alorsque je tentegrossièrementdeme relever,unemain inattenduese tenddevantmoi. Je lèveunsourciletrestefigéedevantcelle-ci.Unriremesurprendetjerelèvelatête.

—Uncoupdemain?T’asl’airendifficulté.

Ondiraitunsurferavecsontee-shirtpleindedessins,sonshortlargeetsesbijoux.Jeconfirme,c’estunsurfer.Sonpendentifestuneplanchedesurf.Ilestbaraqué,c’estincroyable!Plutôtbeaugosse…

—Promis,jenemordspas.

—Euh…çava,jesaismerelevertouteseule.

Je joins le geste à la parole en ignorant samain.Une fois debout face à lui, il ne l’a toujours pasretirée.Jesuiscenséefairequoiaujuste?Queveut-ilcemec?

—Parfait.Jevoulaisjusterendreservice.Moi,c’estAntoine.Enchanté…

D’unregard,ilmedemandemonprénom.

—Coralie.

Sijen’étaispasmoi,jemedétesterais.Montonsecetglacialn’invitepasdutoutàlaconversation.Deplus,jezappetotalementsamainetrangemesaffairesenluitournantledos.

—D’accordpetitediablesse.Jesaisàquoim’attendreavectoi.Maisjesuissûrquet’esunefilleenor.

Jemeretourneensoufflant,complètementblasée.

— Écoute. De toute ma vie je n’ai eu que deux mecs. Deux ! Le premier m’a brisé le cœur enretournantavecsapétasseenceinteetledeuxièmeaétéretrouvéàpoilsurunenanapendantunesoirée.Donc, excuse-moi si j’ai l’air d’une connasse, mais vous me les brisez menu avec vos couilles en

ébullition!Jetemetsauparfumtoutdesuite,cen’estpasavecmoiquetuvasvidanger,t’esprévenu.

Aprèscesmots,jeréalisequemavieestuneroseéclatée,dontchaquepétaleestunrêveetchaqueépineuneréalité.Alexm’apiquéeàvifetenpleincœur,Romainm’apiquéepourmeréveilleretmeressaisir.Larosesefaneavecmesrêvesetlaviecontinue.Jedoisavancer.

—Hébien,commeçaonestdeux.Maseulepetiteamiem’atrompéauboutdequatreansderelation.Çafaitmal, jesaiscequec’est.Et jenecherchepasdequoimevidanger.Justefaireconnaissanceetpourquoipas,deveniramis.Selamentersurnotresortenbuvantunverreparexemple.

Unmecpeuttesortirtouslesmotsdouxquetuveuxpourtemettredanssonlit…

Bienjoué,lesfrangins!

—C’estça,etmoijesuislaSainteVierge.

—Écoute,jenesuispasdugenre:baissetaculotte,c’estmoiquipilote,tuvois!Jepréfèreconnaîtrelapersonneavant.M’intéresseràelle.

—C’estbon,j’aicompris.T’esunmeccooletrespectueux.Hébien,onvavoirça!Allonsleboire,ceverre!

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

14.

Alex

Ellen’amêmepasremarquémaprésenceetal’airattiréparcemecquilacolledepuistoutàl’heure.Ça faitdéjàdeuxbonnesheuresque je l’observedemon tabouret,affalésur lecomptoir loinderrièreelle.

Elleselèveenfinetdéposeunbaisersurlajouedecepauvretype.Moncœurs’arrachelorsquejel’entendsluidire«àtoutdesuite».Ellecomptelerevoir,j’encrève,putain!

Jemeredresseetmedirigeverslasortiepourlasuivre.Jeveuxluiparler,laserrerdansmesbras,l’embrasser…

Onarrivedevantchezelle.Alorsqu’ellejoueaveclesclésetlaserruredelaportepourl’ouvrir,jenepeuxpasfaireautrement,jesuisobligédelatoucher.

Mamainglissedoucementsursahanchepourluisignalerquejesuisderrièreelle.Maisjen’aipasletempsdedireunmotqu’elleseretournevivementpourmesauteraucouetm’embrassersauvagement.

Booordel!

D’habitude, c’estmoi qui fais ce genre de chose. Jem’apprête à la serrer dansmes bras,mais aumomentoùelleouvrelesyeux,sentantunmalaise,salanguesefigedansmabouchetandisquesoncorpsseraidit.

Enunclind’œil,seslèvresquittentlesmiennesetsoncorpsfaitunbondenarrière.Danscelapsdetemps,jenevoissesbraspartirdanstouslessenspouressayerdegarderl’équilibre,maissontalonseprenddansleseuildelaported’entréeetjen’aipasletempsdelaretenirqu’elletombelourdementsurledos,dansl’entrée.Silaporten’étaitpasdéjàouverte,elleauraitpusereteniràcelle-ci,maiscen’estpaslecas.

Merde!

Àentendrelebruitsourddesachuteetsongémissementplaintif,elleadûsefairemal.

—Coralie?Çava?

Aucuneréponse.Complètementangoissé,jem’accroupisàcôtéd’elleenapprochantmonvisageau-

dessusdusien.

—Mapuce?Parle,dis-moiquetuvasbien.

Ellesecouelentementlatêteenfermantlesyeux,puisunlongsilenceterriblementgênants’installe.Jenesaispasquoidire.Lasituationestplutôtcritique.Elledoitsedemanderpourquoijesuisicietdoitmeprendrepourunpsychopathequilasuitpartout.Jeladésiretellement.

—ÇadevaitêtreAntoine,pastoi…pastoi,Alex!Pastoi…

Ellefondenlarmes.Degrosseslarmes.Jelesessuiedélicatementavecmonpouce.Elleesttellementsensiblequemoncœurcraquepourcettepetitechosetoutefragile.

—Jesuisdésolé,nepleurepass’ilteplaît.J’avaisbesoindetevoiret…

—Va-t’en.J’attendsquelqu’un,ilnedevraitpastarderàarriver.

—Antoine,c’estça?Ceminablequitecollaitcommedelagludansce…

Je n’ai pas le temps de finirma phrase que je suis projeté en arrière et qu’unmec assez baraqués’assiedlourdementàcalifourchonsurmonventre,samainempoignantfermementlecoldemontee-shirt.Sonpoingselèvetandisquesonregardsurmoiseveutmeurtrier.

—Coralieappellelesflics,jelemaîtrise,crie-t-ilalorsquej’aiuneénormeenviedeluidiredevirersesfessesavantdeluipasserlesmenottespourlecalmerdanssesardeurs.

J’aperçoislamaindeCoralieenveloppersonpoingprêtàmebroyerlevisage.

—Antoine,pasbesoindeflics,c’est…unami,murmure-t-elleenbaissant lesyeux.Enplus, ilestflic.

Cemot«ami»larendtriste.Jelevois,ellem’aimetoujours.Samèrearaison.Enmêmetemps,c’estsamère,forcémentqu’ellelesait.

—T’essûre?Alorspourquoiilétaitpresquesurtoiàterre?répond-ilenserelevant.

Jepousseunlongsoupir.Pourquoimavieest-elleaussimerdique?Jenedemandequ’àêtreavecelle,leplussimplementdumonde,maisilyatoujoursquelquechoseouquelqu’unpourmebarrerlaroute.

—Désolé,jepensaisqueCoralieétaitendanger,jen’aipashésitéuneseconde,s’excuse-t-ilenmetendantlamainpourm’aideràmerelever.

Jel’attrapeetmeredressesurmespiedstoutenplongeantmonregarddanscebleumagnétique,maiselledétournerapidementsonregardversAntoine.Jeleregardemoiaussi.

—C’estbon,toutvabien.Disonsquet’asbienfait,t’asdebonsréflexes,çaauraitpuêtren’importequi.

Jedoisadmettrequecepetitmerdeuxabienagipoursasécurité.Certainsneleferaientpas.

—Tudoispartirmaintenant,Alex.Antoineestvenumechercherpouralleràlaplage.

Non!Pitié!Nemefaispasça.Nemerejettepas.

—Coralie,jedoisteparler,jet’enprie,écoute-moiaumoinscinqminutes!

—OK!Jet’écoute,lance-t-elleencroisantlesbras.

Çavapas!Jenevaispasparlerdecesujetsensibledevantunmec.Çaneconcernequenousdeux,etseulementnousdeux.

—Jenepeuxpas,mapuce.Jeveuxêtreseulavectoietpouvoirdiscutertranquillement,nousposer.

Jem’approchedoucementpourlaprendredansmesbras.Elleneditrien,sarespirations’accélère,jesensqu’ellevacraquer,qu’ellevamelaisserfaire…jeneveuxpaslabrusquer,j’aitropjouéaulâcheàvouloir l’embrasser, laposséder sans luidemandersonavispour l’abandonnerdeuxminutesaprès. Jecomprendsqu’elleseméfie.

—Oh!Vousfaitesquoi,là?Vousêtesjusteamisoujesuisdetrop.Coralie,tum’expliques?

Putain!

J’yétaispresque.Elleseressaisitetseraclelagorge.

—C’estmon…presque…ex!dit-elleengrimaçant.

Jenepeuxempêcherundemi-sourire.Ellemefaitrirealorsquemavieestunvraibordel.Jel’aimecettepetitechosefragile.

—OK!Bon,écoute.Situveuxtoujoursveniràlaplageavecmoi,onyva.Situpréfèresresteravectonpresque-ex,jevouslaissetranquille.Tumeplaisbeaucoup,maisjeneveuxpasmeretrouveravecunenanaquipenseàunautrelorsquejeseraiau-dessusd’elle.Tuvoiscequejeveuxdire?

Ellelescruteuninstant,lesyeuxrondscommedessoucoupes,puisellepouffeetpartdansunéclatderire.

Bizarrecommeambiance…

—Jetesuis,maisn’espèrepasêtreau-dessusdemoiavantdeteconnaîtreassez.

Jerêve!Peut-êtreplussifragilequeça,finalement.

Biensûr,ilalabanane.Ilesthyperravialorsquemoncerveaufulmine.

—C’estquoicedélire?Merde,Coralie,t’espasasseznaïvepoursuivrecemec?Ilvaprofiterdetoiett’oublierdèsqu’ilauraeucequ’ilvoulait!

Ellemefixe,unsourcilrelevé.Jesais,c’estcomplètementcon,j’aifaitlamêmechose.Maisjeveuxmerattraperjustement.

—Jel’aibienétéquandtumelaissaisenplanaprèstesbaisersdévastateurs.

L’autresoufflefort,l’airfranchementagacéparcettescènequinemènenullepart.

—Vousêtesvraimentétrange,vousdeux.C’estflagrantqu’ilsepasseuntrucfortenvousregardant.Etvousfaitesflipper!

Elle ferme les yeux tout en prenant une grande inspiration. Je suis certain qu’elle essaie de secontrôler.Ellecontrôlesesparolesquipourraientmerendreheureuxetquipourraient tout remettreenordre.Maisnon,elleseretient.Elleestvraimentbrisée.Enmiettes.

—Antoine,onyva.

Ellemeregardependantquel’autresortdelamaison.

—Jedoisfermerlaporte.IlfautquetusortesAlex,s’ilteplaît.

Jeserreleslèvresenhochantlatête,seulementunetoutautreidéemeviententête.Est-cecorrect?Jenepensepasettrèssincèrement,jem’encontrefous.

J’avanced’unpas,maisaulieudesortir,jerefermevivementlaporteetlaplaquecontrecelle-ci,moncorpscolléetenappuicontrelesien.Jesenssoncœurbattresifortquejepeuxlesentirenmoi.

Sansperdreuneseconde,j’appuiemesmainsdechaquecôtédesatêteetposemonfrontcontrelesienenfermantlesyeuxuninstant.

—Putain,jet’aime.Tum’aimes.Laisse-nousunechance.Jet’aifaitmal,j’ensuisconscient,maisjetesuppliedetoutmonêtre:donne-moiunechancederéparercedésastre.

Deslarmesapparaissentlorsqu’ellefermelesyeux.

—T’abusesdemoncœur,Alex.

—Non,jeveuxsavourerchaqueinstantavectoiàprésent…Unbaiser…Donne-moijusteunbaiser.Laisse-moit’embrasser…susurré-jeenfrôlantseslèvres.

Jeneferaipluslamêmeerreur.Mêmesij’encrèvedenepaspouvoirl’embrasseretlaposséder.Jeneferairiensanssapermission.

—Coralie…jevaispartir.Règletesproblèmesavecton…presque-exetonserevoitplustard.Oupeut-êtrepas.Allez,àplus.

Nosfrontstoujourscollésl’unàl’autre,elleneditrien.Jen’entendsquesarespirationsaccadée.

—Embrasse-m…

Avantdepouvoirfinirmaphrase,ellesejetteàmeslèvresdansunmouvementterriblementexcitant.Notrebaiserestintense,enflammé.

Bonsang,cequ’ellem’amanqué!

Malheureusement,danscemomentdejoieeffrénée,montéléphonesemetàsonner.Elles’éloigned’uncouppourreprendresesesprits.

—Vas-y,tupeuxrépondre.

—Non,c’estsûrementmamèrepourmedemandersijemangeaveceux.

Sans attendre, elle prendmon téléphone dans la poche dema veste etme le tend en jetant unœildiscret sur l’écran.Elle seméfie.Bien évidemment, le visagedeMiss emmerdeuse apparaît engrand

avecsaboucheenculdepouleetsonregarddebraise.J’aicomplètementoubliédel’effaceravectoutceremue-ménagedecesderniersjours.Etpourquoim’appelle-t-ellecettegarce?

Etmerde!

—Ah!Jepensequec’esttafiancéequisedemandesituvasmangeravecelle!

Jesecouelatêteenfaisantdegrosyeux.Pitié,necroispasça!

—Non!Non!Coralie.Jenesuisplusavecelle.Onarompu.Jen’aiplusrienàvoiraveccettefille,fais-moiconfiance.

Elleritjaune.J’aidécidémentperdusaconfiance,maispuissancedix.

—Jenetefaisplusconfiance,Alex,c’estfinitoutça.Allez,valarejoindrepourt’occuperd’elleetdesagrossesse,dit-elleenmerepoussantetenouvrantlaported’entrée.

Je reste planté devant elle. Ça me fait mal de devoir la laisser alors qu’on était partis pour seréconcilier,voireplus.J’encrève,putain!

—Coralie…lasupplié-je.

Sansmeregarder,elleattrapesontéléphonesurlepetitmeuble,composeunnuméroetmefixedroitdanslesyeux.

—Situnesorspasd’ici,j’appelleFredtoutdesuite.Tuvois,j’avaisjusteenviedetournerlapageett’oublier,maislà,envoyant,encore, tonpetitnuméropourmefairecraqueretavoircequetuveuxdemoi,j’aicarrémentenviedechangerdelivre!Fiche-moilapaixmaintenant!

Bordel!

—C’estbon,çava.T’enfaispas,jem’envais…

J’attrapesanuqueetl’attireàmoipourundernierbaiservolé.

—…Jenetelâcheraipasmapuce.Jeteveuxetjet’aurai…susurré-jecontreseslèvres.

Puis je sors de lamaison sans la regarder etme dirige versma voiture, le cœur enmiettes et letéléphonequiseremetàsonner.J’aienviedelebalanceràtraverstoutpourpassermesnerfs.C’estàcausedecettefoutuesonneriequ’elles’estrefermée.Jesuiscertainqu’onauraitpuendiscuteretrepartirsurdebonnesbases.Êtredenouveauensembleetprofiterl’undel’autre.

Jeregardel’écrandemontéléphonelorsqu’ilsonnepourlatroisièmefois.C’estencoreRebeccaavecsafacedegarce.Jedétestecettephotoàprésent.Jepensequ’ilvautmieuxdécrocheretluiremettrelespendulesàl’heure.Ellenedoitplusmetéléphoner,jamais.

—Quoi?

—Alex…souffle-t-elle,lavoixtoutetremblante.

Ellepleure!

—Queveux-tuRebecca?Jet’aiditqu’onn’avaitplusrienàsediretouslesdeux.

—J’ai…j’aifaitunefaussecouche…j’aiperdumonbébé.

Mespiedssefigentsur le trottoir.Mêmesi jene l’aimeplus,qu’ellem’amentietqu’ellecomptaitcacherlevraipèredubébé,ellesouffre.Moncœurseserrelorsquejel’entendséclaterensanglots.

—ÉcouteRebecca,jenepeuxplusrienpourtoi,tudevraisallervoirtamèreetendiscuteravecelle.D’accord?

—Jepensaisàtoietj’avaisbesoind’entendretavoix…tumemanques,Alex.Notrevieensemblememanque.Jen’yarrivepassanstoi.

Jesoufflefortetreprendslamarchejusqu’àmavoiture.

—Jenet’aimeplus,ilfauttefaireuneraison.Passeàautrechose.Bon,jevais…

—Alex ! Jeme suis dit qu’on pourrait recommencer à zéro tous les deux puisque je ne suis plusenceinte.Onpourraitessayerànouveauderefaireunbébé.Notrebébé.

Elledisjonctecomplètement!

—NonRebecca,jetel’ai…

Lavache!Jesuisobligéd’éloignerletéléphonedemonoreille.Elleéclateensanglotstoutenparlantfort.Etjenecomprendsrien!Ellemesortdesmotsinintelligibles!

—Rebecca ! Rebecca ! Écoute-moi. Appelle tamère tout de suite et parle-lui. Tu dois en parlerautourdetoi,nerestespasseule.T’esoùd’ailleurs?Àl’appart?

Jegrimaceaprèsavoirentenduungrosreniflementdecochon.Pasdutoutsexy!

—Jesuisàlaplage.J’avaisbesoindeprendrel’air.

Jem’arrête,totalementfigé,l’airahuri.Ellenem’espionnepas,j’espère!

—Alors,vavoirtesparents.Jevaistelaissermaintenant.Jedoisallertravailler.

—Jesaisquetun’espasloin.J’aimeraistevoircinqminutes.Çameferaitunbienfoudeterevoir.Tusaismerassurerquandjenevaispasbien.

—Cen’estpasunebonneidée.Jenepréfèrepas.

—S’ilteplaît…Jenemesenspasbiendutout…Jemesensseule…braille-t-ellelavoixcassée.

—Pfffff…OK.Cinqminutes,pasplus.T’esoù,exactement?

—MerciAlex.Pasloindecheztescopains…etdetacopine.

Jemepince l’arêtedunez touten fermant lesyeux.Macopine…Si seulementc’était le cas ! J’enrêve!

—J’arrive.Àtoutdesuite.

Jeraccrocheetfaisdemi-tourpourallerlarejoindresurlaplage.

*

—Salut.

Elleseretourneetselèved’unbond.Sesyeuxsontrouges,elleaunesaletête.Àl’évidence,elleestmal.

—Salut,répond-elleavecunpetitsourire.

Unsilencependant lequelnos regards separlent, se rappellentnosmomentsvécusensemble. Jenepeuxpasdéfinitivementlarayerdemavie.Elleenafaitpartiependantquelquesannées.Toutcequejepeuxfaire,c’estlaconsolerentantqu’ami.Unsimpleami.

—Allez,viens,luimurmuré-jeenouvrantmesbraspourlaréconforter.

Enunclind’œil,sesbrasencerclentmatailleetsoncorpssecolleaumiendetoutesesforces.Ellefondenlarmes.

—Qu’est-cequinousarrive,Alex?Onétaittellementbientouslesdeux.Onétaitheureux,onallaitsemarieretonavaitpleindeprojetsentête.

C’estvrai.Maisc’étaitavantdetombersurCoralieetdel’embrassercommeunsauvage.Jen’aipaspumeretenircesoir-là.C’étaitpuissant.

—JesuistombéamoureuxdeCoralie,c’estarrivésanslevouloir.C’estcommeça.Ettuportaislebébédequelqu’und’autre,jenel’auraisjamaisaccepté,tusais!

—Jesais.C’étaitunebelleconnerie.

—Tafaussecoucheestdueàquoialors?

—Tropdesurmenage.J’étaisàlalimitedeladépressionlorsquet’esparti…Enfait,jesuistombéedu haut de l’escalier de l’immeuble quand j’ai voulu te rattraper. Tu ne m’as pas vue. J’ai perduconnaissanceetunhommem’aemmenéeàl’hôpital.Depuis,jenefaisquepleurer,hurlerderageetunsoir,j’aiperdubeaucoupdesang.J’aitoutdesuitecompris.

—Jesuisdésolé.Jem’enveuxd’êtreparticommeunfurieux.

Elleredresselatêteetplongesonregarddanslemien,samaincaressantmajoue.

—C’estfait,onnepeutplusrevenirenarrière.Çamefaitdubiend’êtredanstesbras.

Elle semblesi fragiled’uncoup.Si sensibleque jenepeuxempêchernosbouchesdes’approcher.Lentement.

—Alex…jet’aime…souffle-t-elleenfrôlantmeslèvres.

J’inspireprofondémentetposemonfrontcontre le sien,nosbouches toujours trèsproches l’unedel’autre.

—Jenepeuxplusfairesemblant.T’aurastoujoursuneplacedansmoncœur,c’estévidentpuisqu’onavécudebonsmoments,mais…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que sa bouche prend possession de la mienne dans un

gémissement.Cegémissementquimefaisaituneffet incroyable.Avant.Je la laissemenernotrebaiserdevenulangoureuxetlaserreplusfortcontremoi.

Aprèscetteminuteagréable,jemetsfinàcebaiseretmeredressepourlaregarderdanslesyeux.

—C’étaitunbaiserd’adieu,Rebecca.Unbaiserquiclôtnotrerelationdecinqbellesannées.Jenereviendraiplustevoir.Jevaiseffacertonnuméroet tuvasfairepareil.NoscheminsvontprendreunedirectiondifférenteàpartirdemaintenantparcequejevaisépouserCoraliedèsqu’elleseraprête.C’estlafemmedemavie,iln’yaqu’ellequicompteàprésent.

Deslarmescoulentlelongdesesjouespuisellehochedoucementlatête.

—Jecomprends.Jel’aisentidanstonbaiser,cen’étaitpascommed’habitude.Jen’aipasressentilapassionquetumettaisauparavantpourmerendrefolledetoi.

Ellesouritetseredresse,soncorpssedétachantdumien.

—Alorsc’estladernièrefoisqu’onsevoit.Prendssoindetoietsoisheureux.

—Toiaussi,tulemérites.cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

15.

CoraliealiasKiki

Non,maisquelleidée,sérieux!

Faireunefêtepourmonanniversairealorsquejeneconnaispersonne.LesfranginssonttousoccupésdeleurcôtéetmoijemeretrouveseuleenattendantAlice,commetoujours.

Du coup, je m’occupe des petits fours et autres dès qu’il en manque. En gros, je me fais chier.Quelquesmecsontessayéuneapprochepourfaireconnaissance.Maiscommeparmagie,undestriplésapparaîtaumêmemomentpourlesrembarrervitefaitbienfait.

J’emportedesplatsremplisdebonneschosesetmefrayeuncheminentrelespetitsgroupespourlesdéposersurlatableservantdebuffet.Aumêmemoment,j’entendsmontéléphonesonnerdanslapochedemongilet.C’esttoujourscommeça.Etencoreunefois!

—Deuxminutes,nomdedieu!

Jedéposelesplatsetconsultel’écran.Merde!C’estAlice.Ellem’aenvoyéuntextoenplus.

«Kikijesuisdevantlaporte,maispersonnenevientm’ouvrir,HELP!Oujecasselaporteàcoupsdepied»

Elle me fait rire. Par contre, je suis étonnée de voir qu’elle n’appelle pas Alan pour lui ouvrir.Étrange!

Jemedirigeverslaported’entréepourabrégersatortureetentournantlaclédanslaserrure,jemerendscomptequ’ellen’estpasfermée.Alicenefrappejamaisquandellevientici.

C’estquoicedélire!

J’ouvrevivement laportepour lasurprendre,mais finalementc’estmoiquisuisétonnée.Unemainpuissanteattrapelamienneetmetired’uncoupversl’extérieur.Tellementsurpriseparcegesteinattenduque ma tête vole en arrière et mes pieds jouent la polka entre eux. Je prends une seconde pour meredresseret reprendremesesprits,mais jesuis furaxdeme trouverdevantAlexqui ferme laporteenpassantsonbrasderrièremoi.

—Alex!?Mais…

Son doigt se pose surma bouche pourme faire taire puis ilme serre tendrement dans ses bras endéposantundouxbaiserà lacommissuredemes lèvres.MonDieu! Ilsentdivinementbonet ilest…canondanssachemisebleumarineetsonjeanbrut.L’hommedanstoutesasplendeur.

—Bonanniversairemapuce,murmure-t-ildesavoixgraveetsensuelleenfrôlantseslèvrescontremajoue.Jetekidnappeuneheureoudeux.Ondoitdiscuter,toietmoi.

Quandjevoisceque jevois,puisque j’entendsceque j’entends…j’ai raisondepenserceque jepense.Mavieestunebelleblague!

—Ettucroisquelesfranginsnevontpasremarquermonabsence?Tudélires!

—Alices’enoccupe.Net’inquiètepas.

Quoi?Mameilleureamieencomplotavecmonfantasme!Non,maisjerêve!

—Écoute,jenetomberaiplusdanslepanneau,désoléejenepartiraipasd’ici.

—Kiki,cen’estpasuneinvitation,jetekidnappepourdebon!Tun’asrienàdire.

Jelèveunsourcil,carrémentstupéfaitequ’ilm’appelleparmonsurnom.

—Etdepuisquandtum’appellescommeça?Çavapas!

Je le fais rire et j’aime son regard pétillant, brillant, amoureux… Je suis effrayée à l’idée d’êtrekidnappé un jour ou l’autre,maismon fantasme peutme faire tout ce qu’il veut lorsqu’ilme regardecommeça.

Et sans pouvoir réagir, mon esprit étant parti loin, très loin dans un monde terriblement chaudbouillant,enunclind’œilsesbrasencerclentmesjambespourmeportersursonépaule.Enfait,c’estcarrémentexcitant!Maisc’esttropfacile.Ilnedoitabsolumentpassavoircequisepassedansmapetiteculotteencemomentmême.

—Repose-moitoutdesuiteoujecrie.Jetejurequejelefais.

—Vas-y, petit cul, dit-il enme donnant une belle claque sur la fesse. Lamusique résonne jusquedehors,jedoutequequelqu’unentendetesgémissements.Etavouequeçat’excited’êtrepriseenotage.

Ouiiiii!Etre-ouiiiiiiiii!!

—Noon!C’estcomplètementnaze.C’estd’unedébilitéprofonde,râlé-je,alorsqu’ilavancejusqu’àsavoiture.

Lorsque le bip de la fermeture centralisée s’enclenche, je relève la tête et ne peuxm’empêcher deconstaterqu’ilaplutôtdesgoûtsdeluxe.SaBMWsportcomparéeàma205blouge–portièresetcapotbleus,leresterouge–,jefaispitié.

Sansmereposer,ilouvrelaportièreetmejettedélicatementaufonddusiège.Tandisquemonregardessaiedele tueravecdesballesàblanc–non, jeneveuxpasqu’ilmeure,c’est justepourlefun–ilbouclemaceinturedesécuritéenlaserrantbiencontremoi.

—Netesauvepas,surtout,dit-ilenmefixantdanslesyeux.

—Jenevoudraispastevexer,maistonintelligencenesautepasauxyeux.Tuvasdevoircontournertavoiture.Jepeuxouvrirlaportièreetm’enfuir,tusais!

—Hum…situledis…

Sonregardd’hommesûrdeluiancrédanslemien, ilapprochesonvisaged’unemanièresensuelle,tandisquesamainglissesurmanuquepourm’attireràluicommes’ilallaitm’embrassersauvagementetavecenvie–là,moncœurs’arrêteetenbasçachatouilleàmort–puissajouefrôlelamienne.

Merde…

—… Je vais te confier un petit secret princesse. Je suis flic ! Ça me connaît les interventionsdélicates,chuchote-t-ilàmonoreille.

—Danstavoituredeflicpeut-être,maislà,c’est la tienne,rétorqué-jedansunmurmureexcitéparsonapprochesexuellementsexy.

Ilsourittoutensortantdesmenottesdelaboîteàgant.

Desmenottes!

Jefaisdegrosyeuxenlesfixant.Desvraiesmenottesdeflic!Pétard!Là,jeflippevraiment.

—Pasfaux!Maislesaccessoiressetransportentdansn’importequellevoiture.

—Alex,tucomptesfairequoiavecça?

Ilnerépondpasetd’ungestecertainilsedépêchedecoincermonpoignetdanslapremièremenotte.Puislasecondeemprisonnelaceinturedesécurité.

Jesuisfaitecommeunrat!

Et ce métal froid et dur c’est… waouh ! Le bas de mon ventre m’envoie de manière brutale unélectrochocdemillemégawatts,quejesuisobligéederemuersurmoi-mêmepourcalmermesardeurs.Jedoismêmeavoirlesjouesrouges.Bienévidemment,illeremarqueetneseprivepasd’unpetitsourireencoindiablementsexy.

—Maintenant,t’esàmoi.Etjevaiscontournermavoiturebiensagement,sansprécipitation,toutentedévorantdesyeux.

—Enfoiré!

Je l’aichoqué. Il lève lessourcilsen faisantdegrosyeux.Puis il se retientde rireenmordantsesjoues.

—Pasdanscettemagnifiquebouche,çaneteressemblepas,s’offusque-t-ilencaressantmeslèvresdesonpouce.

—N’empêchequet’esunbelenfoiré,approuvé-jeeninclinantmatêtesurlecôté.

—Moiaussijet’aimecommeundinguemapuce,répond-ilavecunmagnifiquesourireetunpetitclin

d’œil.

Commentluienvouloir?

Ilrefermelaportièreetpourmontrersafermeintentiondeprendretoutsontempspourentrerdanslavoiture,ilmarchelentementensifflotantetenbalançantlesclésdanssamain.Sonregardnemequittepascommes’ilprenaitunmalinplaisiràmefoutreenrogne.

Jevaisletuer!cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

16.

Alex

Une bonne chose. J’ai réussi à la faire entrer dans le resto sansme battre avec elle,malgré notreconversationhouleusedanslavoiture.Jeretienségalement,dansuncoindematête,sapetiteexcitationlorsquejeluiaimislesmenottesaupoignet,c’estbonàsavoirpourunfuturpetitjeuintime.Elleavaitl’air d’apprécier.Non, elle était littéralement excitée. Elle se trémoussait commeune coquine.Àmoiaussi,d’ailleurs,çam’afaitdel’effet.

Nousvoilàtranquillementassisdansuncoincalmedelasalledepuisunebonneheure.J’aichoisiunlieuassezclasse,ellelemériteetc’estsonanniversaire.Etaussiparcequ’ellen’oserapasfairedescènedansunendroitpareil.Elleestbeaucouptropréservée,cequimedonnel’avantage.Saufquedepuistoutàl’heurejememangedesclaques.Elleestdurecesoir!

—Non,Alex.Jenetecroisplus.J’aichangé.J’aimûri,mamèrem’afaitcomprendrebeaucoupdechosesetjeneveuxpasm’engagerpourl’instant.Jeveuxprofiterunmaximum.Riennemeferachangerd’avis.C’estterminé.

—Jenesuispaslepère,Coralie!Jeteveux,jeteveuxdepuisledébutetjenelaisserairienm’enempêcher.Laisse-moiunechance,jet’enprie.

—Non!Nonetnon.Jenetecroisplus.C’estencoreunmensongepourmedétruireunefoisdeplus.

Jemeplaqueaufonddemachaiseetpassemamaindansmescheveuxcommeunfurieux.

—Pourquoi?

—Sijeteledis,çavatefairemaletjen’aipasdutoutenviedevoirunmecchialer.

Jenelareconnaisplus,cen’estpluselle.

—N’essayepasdejouerunautrerôlepourtevengermapuce.Cen’estpastoi,ça.

—Oh,si,c’estbienmoi!Enchairetenos!Tupeuxtoucherleboutdemondoigt.Ça,t’asledroit,dit-elleenlevantlebrasdevantmoi.

Jesoufflefort.Reviensmadouce,redevienslafilleangéliqueetpaumée.

—Bon!Lerepasétaitsympa.Onyva,tumeraccompagnes,j’aiunesoiréededingueprévuecesoir.Alicem’attend,jevaispouvoirm’éclaterpourmesvingtetunans,çasefêteaprèstout.D’aprèsAlice,lesmecssontàtomberdanscessoiréesétudiantes…

Ellemarqueunepauseetmescrute.

—…Parcontre,t’asbesoindet’aérertoi…T’asprisundecescoupsdevieux!pouffe-t-elle.

Demieuxenmieux!

Etellen’estpascenséeêtrechezelleàfêtersonanniversaire?Jenecomprendsrien.

—T’asvraimentunesoiréeouc’estpourmejeterplusfacilement?Jesuisvenutecherchercheztoiettun’avaispasl’airdedevoirpartir.

—OK!T’asraison.Maisçanechangepasgrand-chose,lesbeauxmecs,cen’estpascequimanqueàlamaison.

Bon!Ilfautquejetenteletoutpourletout.

—Quedirais-tuqu’onsevoieunpeuplusenfaisantdessorties,toietmoi?Sebalader,sefaireunciné,alleraurestoplussouvent…

—Rentreràdixheures,enfilerlescharentaisesdepapy,sefaireunpetitbécotavantdesedirebonnenuitetentendreronfler,bla-bla-blaetbla-bla-bla…

Jesuisscotché.Jenesaispasquoiluirépondre.

Ellemesouritfièrement,j’enpeuxplus.Jenesupportepassonpetitmanège.OK!Elleveutjouer,onvajouer.

— Très bien, j’ai compris. Je laisse tomber, je te raccompagne pour aller à cette fête, pas deproblème.

Àmasurprise, ellepousseun longsoupirde soulagement.Tiens-toibienmadéesse, tune saispasencorecequit’attend.

*

Installée confortablement, lesyeux rivés sur l’écrande son téléphone, ellen’imaginepasune seulesecondecequisepréparedansmapetitetêtedemalin.Jemerabâchesanscessequejeferaitoutpourlarécupéreretjenecomptepasm’arrêteràcerefus.

Je roule lentement et tranquillement sur une route dépeuplée pour ne gêner personne et pouvoir lagarderprèsdemoilepluslongtempspossible.Saprésence,mêmeabsente,mefaitdubien.Jenesauraisdirepourquoi,maisj’ail’impressionquetoutestnaturelentrenous.Quejelaconnaisdepuistoujours!Qu’elleestmamoitiépouravancerdanslavie,toutsimplement.

Elle est tellement prise par sa conversation de texto qu’elle ne remarque rien. Je roule comme unescargot!Jen’aijamaisrouléaussilentementdetoutemavie.Mêmepasenpatrouille.Hallucinant,le

comportementquejepeuxavoirquandelleestavecmoi.

Jecomptel’emmenerdansuncoinpauméàcentmètresdelaplage.Lecoinestdésert,surtoutàcetteheure-ci.Aprèsune journée intensedeboulot, jecoursde tempsen temps là-baspouravoir lesilencecompletquelquesheures.L’endroitestparfaitpourluimontrerquemoiaussijesaism’éclateretquejesuiscapabledelarendrefolle.

Moi,descharentaisesdepapy!Moi,ronfler!

Jel’aimecommeundinguecettemagnifiquepetitechose,maiscesoirelleadépassélesbornes.Jeveux la retrouvercommeelleétaitavant.Sensible, fragile,pauméeet innocente.Toutça,c’estelle,sapersonnalitéetsesdéfautsquej’aime.

Jetournesurmadroite, traverseunpetitchemindecaillouxetgarelavoituresur lecôté.D’ici,onpeutvoir lameret lapleinelune.Excellent,ellenousserviradelumièretamisée!Et jesuispersuadéqu’ellevaadorerlepaysage.

—Onestarrivés?dit-elleenrelevantlatêtepourlapremièrefoisdepuisquenoussommesdanslavoiture.

Bonsang!Dèsqu’ellecomprendquenousnesommespasdutoutdevantchezelle,elleseredresse,s’affoleetmedévisageenfronçantlessourcils.

—Tumefaisquoi,là?Ramène-moitoutdesuiteouj’appellelesfrang…

Sansréfléchir,j’attrapesontéléphoneaumomentoùelleallaitcomposerlenuméro.

—Jesuisjusteenpanne.Laisse-moivoircequinevapasetonrepart.Détends-toi,OK?

Siellecroitàcemensongedébile,jesuisunsuperacteur!

—Tumeprendspourunecruche?

Finalement,jesuisàchier.Jevaisresterflic.

—Non…

—Démarrelavoiture.

—Jepeuxpas.

—Alex,tufaischier!

—Elleestenpanneetjedoisallervoirsouslecapot.Attends-moilà,j’arrive.

Elleregardeautourdenouspuissonregardsetournerapidementversmoi.Ellelèvelessourcils.

—Onestoù?Tucomptesme fairequoi?Tumekidnappesvraiment, tuvasm’enfermerdansunecabaneetonmeretrouveraplus?Toutçaparcequejeneveuxplusêtreavectoi?Tuvasmedécouperenrondellesetmejeteràlamer?Tuvas…

Jeparsdansunéclatderiretoutenl’observantretirerlaceinturedesécurité,lesmainstremblantes.Ellen’estpascroyable!

—Mapuce,calme-toi.Etarrêtederéfléchirautant,tuvastefairemal.

—Arrêtedem’appelermapuce,bordel!Jenesuispastapuce!

—OK!Bon,j’arrive,machérie.J’enaipourdeuxsecondes.

Puisjesorsdelavoitureenrianttandisqu’ellerâleencore.Maintenant,ilfautallervite.Ellerisqued’enclencherlafermeturecentraliséedesportessiellemevoitarriververselle.

Jefaisdegrandspasetouvrerapidementsaportièretoutenattrapantfermementsonpoignetpourlafairesortir.

Jeneperdspasuneminutepour laplaquercontre lacarrosserie,moncorpsenappuicontre lesienpourlabloquer.Jeposeunemainsurletoittandisquel’autrecaresseetremontelentementleflancdesacuissedénudé,puisjeposemonfrontcontrelesien.Nossoufflessemélangent,s’accélèrent,s’invitentpour un baiser intense. Je frôle sa bouche, glisse délicatementma langue sur sa lèvre inférieure et lamordilledansungestesensuel.L’ambiancen’estplusàlarigolade.Elleestdevenuecharnelle,intensededésir.Dansnotrebulle.

—Jeneferairiensitun’enaspasenvie.Àtoidedécider,situveuxprofiterunmax,c’estlemomentdet’éclateravecmoi.Justet’éclatersic’estcequetuveux.

Sa respiration s’accélère un peu plus encore, elle ne tiendra pas, son corpsme réclame, il est enmanque,toutcommelemien.

—Alex…gémit-ellelesyeuxfermés.

—Jet’aime…jet’aimecommeundingue,susurré-jecontreseslèvres.

—J’aipeurdetoi.

Moncœurmanqueunbattement.Elleapeurdemoi?

—Pourquoi?Dequoi?

—Parcequejet’aime.Parcequetupeuxdonnerunsensàmaviecommetupeuxladétruire.Etpourl’instant,tun’asfaitquemedétruire.

—Alors,laisse-moiréparermeserreurs.Moiaussij’aipeur.Peurdeteperdre.Tum’asenvoûtéavecunetelleviolencedèsnotrepremierbaiserqu’iln’yapasuneseulesecondesansquejepenseàtoi.

Jeposedoucementmeslèvrescontrelessiennes,espérantqu’ellerépondeàmonbaiser.

Laseconded’après,sabouchedévorelamiennetandisquesesbrasencerclentmoncoupoursecollerfortementàmoi.

Merde!

Cequec’estbonde la consumerànouveau ! Jepourraispresque lui fairemal tellement j’ai envied’elle.Nefaireplusqu’unavecsoncorps.

Sansquitterseslèvres,jemebaisselégèrementpourattraperl’arrièredesesgenouxetlaporter.Elle

neperdpasunesecondepourlierseschevillesderrièremondos.

—J’aienviedetoi…j’aitellementenviedetoi,susurré-jeentredeuxbaisersfougueux.

—Nedisrien…Tais-toi,oujerisquedeleregretter.

Notre baiser s’enflamme tandis que je nousmènevers l’avant de la voiture pour la déposer sur lecapotencorechaud.Sesbrasautourdemoncou,seschevillesencerclantmataille,jelapousseavecmontorsepourl’allongersousmoncorpsterriblementexcité.Jevaisluimontrercomments’amusersic’estcequ’elleveut.

Je lui enlève son gilet, glissemesmains sous sa robe et frôle du bout des doigts ses cuisses, seshanches, son ventre jusqu’à remonter le tissu et lui enlever complètement. Nos bouches se rejoignentaussitôt après avoir passé la robe au-dessus de sa tête. Je constate qu’elle ne porte qu’uneminusculeculotte en fine dentelle lorsquemesmains caressent son dos pour redescendre vers ses reins qu’ellecambresouslapressiondemesdoigtsinsistantssursapeaufrémissante.

—T’estellementbelle…

Etputain!Hyper,incroyablement,bandante!

Jesuisétonnéqu’elleneprotestepas.Elleestnueenpleinairsur lecapotd’unevoiture.Étrange!Elle a vraiment changé. J’ai conscience de l’avoir emmenée dans un coin paumé, mais c’est asseztroublant.

Jemeredressepourlaregarder,l’admireretcaressersesseinsparfaitspourmesmains,soncorpsendemande,puisdescendsjusqu’àcetissufinetdélicatquej’empoignedechaquecôtédeseshanches.

J’attendsunesecondepuisladéchired’unmouvementvif.Surprise,ellegémitforttoutenmordantsalèvreinférieure.

Putain!

Mabraguettevaexplosersijenelibèrepasmaqueueenpleineébullitiondesacage.

—Onvas’éclatertouslesdeux,tuvasvoir…t’enredemanderasmapuce,encoreetencore…

Mesdoigtsagrippentfermementseshanchespourappuyersadélicaterosecontremonsexe.

—Tuvastesouvenirdecemoment,jetelegarantis.Çaseralameilleuresoiréedeta…

Jen’aipasletempsdefinirmaphrase,qu’elleseredresseetplaqueseslèvrescontrelesmiennes.Sesmainsenvieusesdébouclentmaceinturepuiss’occupentdel’ouverturedemonjean.

—Jet’aiditdelafermer.Fais-moijouircommeunemalade,maiss’ilteplaîttais-toi,murmure-t-elleenfrôlantmeslèvres.

Wôw!

…Wôw!

Maisquies-tu,bonsang?

Entoutcas,enbas,elleenredemande!Ellefrétilleàchacunedesesparoles,àchacundesesgestessauvages.Elleveutêtreauchaudenelleleplusvitepossibleetlafairejouircommejamais.

Nossoufflessaccadés,noscorpsfrémissants,notreenviel’undel’autre…cesoir,toutvasedécider.Ellevam’appartenirànouveau.Onvaenfinpouvoirs’aimer.

J’enlève mon polo d’un geste rapide et colle à nouveau mon corps contre le sien. Mes mainsredécouvrentsesformesmagnifiques,mabouchegoûtelasienneencoreetencore, lachairdesoncou,sesseins,sestétonsquejemordille.Puissansattendre,j’attrapelaseulecapotequej’aiapportéeavecmoidanslapochedemonjeanetlebaissed’ungesterapideenmêmetempsquemonboxer.

Toujoursmeslèvressursapeau, jedescendsjusqu’àsonintimitépour l’emmenerauparadis tandisquejedéroulelepréservatifsurmoi.

Ellegémitfortlorsquejeladévoresansrépit.Elleesttellementdélicieuse.Maisjenetiensplus,jeveuxêtreenelle,toutdesuite.

Jemeredresse,empoignefermementseshanchesetl’attirevivementjusqu’àmoi,faisantglissersondossurlecapot.Etsansattendre,jelapénètrelentement,toutendouceur,pourprofiterdechaqueinstantmagique.

Putain…c’estbon.

En revanche, soncorpsn’estpaspatient, ses talonsappuient fortement surmes fessespour la fairejouircommeunemalade.

—Alex…Allez…Vas-y…

Jemepenchesurelletoutenpartantdansunva-et-vientintense,déchirant.Jeveuxlavoirs’éclateravec moi. Uniquement avec moi. Ses gémissements excitants me rendent fou. Je ne vais pas tenirlongtemps,jelesens.

—Alors,dis-moi.C’estassezintensepourtoi?C’estcequetuveuxvivreintensément?

—Oui…souffle-t-elleleregardavide.

—Moncorpst’attendait.Ilesttoutàtoimaintenant…rienqu’àtoi.

Jeparsdansd’intensescoupsdereinsetm’arrêted’uncoup.

Pasmaintenant!

—Net’arrêtepas!

Etmerde ! Je n’arrive pas àme contrôler. Ilme faut uneminute sans être en elle. Jeme retire, lasoulèveducapot.

—Alex,tunepeuxpast’arrêtercommeça…

Unefoissespiedsposéssurlaterreferme,jelaretournevivementetlaplaqueenavantenlevantsesmainsleplushautpossibleau-dessusdesatête,soncorpsécraséentrelacarrosserieetlemien.

—Jen’enaipasfiniavectoi,soufflé-jeàsonoreille.

Jemeredressetoutenquittantsesmainseteneffleurantsesbras,sesépaules,sondos…découvrantunebellevuesursesfesses.

Quelleconnerie!

C’estencorepirelorsquej’enfoncemesdoigtsdanslachairfermedeseshanchespourlapénétrerànouveau.Puisjeglissemamainsurlecôtédesonventrejusqu’àsonintimitépourcaressersonclitoris.

—MonDieu!gémit-elle.C’estencoremeilleur…

Coralie,arrête,c’estunesouffrancedenepaspouvoirseretenir…Tantpis,jedonnetoutjusqu’àcequenoscorpsn’enpuissentplus…

Aprèsquelquesminutesintenses,jemelaissetombersursondospourreprendremonsouffle.

Bonsang!

C’était…terrible!Jemeredressedoucementenlaprenantdansmesbras.Elleseretourneetseblottitcontremoncorpsnepouvantm’empêcherdelaserreretdel’embrasserpartoutsurlevisageetdanssescheveux.

—Çava?

—Hum.Jevaismerhabiller,j’aifroid.

Jenelesenspasd’uncoup.Elles’éloignetropvitedemoi.Elleneparlepasetnemeregardepas.Tandisqu’elleserhabille,j’enfilemonpolo,retirelacapote,lajetteversmaportièrepourlaramasseraprèsetremontemonjean.

C’estplusfortquemoi,jen’aimepaslavoirdanscetétat.Surtoutaprèsunmomentaussiintense.Jerelèvesonmentonpourlaforceràmeregarder.

—Hey!Parle-moi.Dis-moiquetoutvabien.

—C’étaitbien.Maintenant,ilfautquetumeraccompagnes.Ilyaunesoiréepourmoiàlamaison,jedoisyêtre.EtAlicevam’attendre,lance-t-elleenregardantsamontre.

C’était…bien!Bordel!Onnemel’ajamaissortiecelle-là.

—Coralie…jet’enprie.Onlesaittouslesdeuxqu’ilsepassequelquechosedefortentrenous.

—Peut-être,maisfallaitteréveilleravant.Jeneveuxplusêtretonjouet,mongaillard.Écoute,j’aicraquéunpeutropviteetjem’enveux.Çanesereproduiraplus,fais-moiconfiance.

—Mais,merde!hurlé-jeentapantdupoingsurlecapotdelavoiture.Tumenscommeturespires,t’es…

Sondoigtmenaçantpointéversmoietsonvisagemeurtrimecoupedetoutesparoles.

—NON!Tum’asbrisée,Alex!BRISÉE!T’entends?J’aibeaucoupdemalàm’enremettre.Oui,jet’aime et je pense sans cesse à toi,mais je n’ai pas le courage de recommencer avec toi. Pas après

m’avoir jetée comme unemerde. Il n’y aura rien entre nous. Rien… jamais, parce que je sais que turetournerasavecelledèscesoir.Tum’asfaitlecouptropsouvent.

—Absolumentrien?Tuneveuxplusdutoutdemoi?Alorspourquoi toncorpsmedemande?Cen’était pas « bien »,Coralie.C’était géant, nous deux sur cette voiture !Et pour temettre au parfum,j’habitechezmesparentsencemoment.

—D’accord,admettons.Maistul’astrompéeplusd’unefois,tul’asquittéeett’esretournéfacilementavecelle.Quimeditquetuneferaspaslagirouetteentrenousdeuxdèsquel’occasionseprésentera,hein?

Jenesaisplusquoifairenidirepourlarassurer.Etlesclonesnem’aidentpasdutout,aucontraire!

—Coralie,t’escommeuneévidencedansmavie,commeunbesoinirrésistible.Jenepeuxplusmepasserdetoi.Jenesaispascequetum’asfait,maisc’estpuissant!Iln’yaquetoi…

—Moi,jesaiscequetum’asfaitetjeneveuxpaslerevivre.Çafaittropmal.

Ellefermelesyeux,baisselatêteetinspirelonguement.

—Situveuxtoutsavoir,jesuisàdeuxdoigtsdecraquer,Alex.J’aitellementenviedetoidansmavie,situsavaisàquelpointj’aienviedetoi…denousdeux…

Sarespirationsecoupeetellepartensanglots.Sansattendre,jelaprendsdansmesbrasetlaserrefortcontremoi.Mapetitepuce…

—Arrête,jet’enprie.Nepleurepas.

Jeprendssonvisageencoupeetembrassedélicatementsonfront,sesjoues,leboutdesonnez,sesyeuxpleinsdelarmesetsabouche.

Monfrontseposecontrelesien,nossoufflessemélangent,noussommesànouveaudansnotrebulle.Nousdeux,simplementnousdeux.

—Jevaistelaisserdutemps.Unpeu,seulement,pourteprouverquejet’attendraietquejesuisentraindereconstruiremavieseuldemoncôté.Maissoiscertained’unechose.Jeseraitoujoursderrièretoipourterappelerquejeteveuxetquejet’aurai.

—D’accord.Prouve-le-moi…souffle-t-elledansunsanglot.J’aibesoindeçapourtefaireànouveauconfiance.Besoindetemps.Besoindesûreté.Besoindesavoirquetuserasuniquementàmoi.

Jeplacemamainderrière sa tête et lapose contremon torsepour la rassurer, la consoler.Puis jeplongel’autredanslapochedemonjeanpourensortirsoncadeau.

Jemeredresseunpeu,attrapesamaindroiteetglisselafinebagueenargentformantlesymboledel’infiniàsonannulaire.Jedéposeunbaisersurcelle-ci.

—Bonanniversairemapuce.Cen’estpasgrand-chose,maisçareprésentebeaucouppourmoi.Notreamournaissant.Unamourquisoigne,quiguérit,quisoulage,quiapaiseetquisoutientl’autredanslavie

detouslesjours.

Ellelacaresseduboutdesdoigtsetlafixeunlongmoment.

—Elleestjolie…

Ellerelèvelatêteetsonregardbleuazurhypnotiselemien.

—…Non,elleestmagnifique,merci.C’estuntrèsbeaucadeauetjenesaispassijepeuxl’accepter.Dumoins,pasavantdevoirsituvastenirtaparole.Jenesaispasquoifai…

—Tudoislagarder,c’estuncadeaucommeunautre.Cen’estpasunedemandeenmariage,Coralie.C’estseulementpourtemontreràquelpointjetiensàtoi.Etquedepuisquejet’aiembrassée,àgenouxdanstacuisine,tufaispartiedemoi.Pourl’infini.

Jesenssesdoigtsdélicatsremontersurmajouepourlacaresser.Satendressemefaitunbienfou.Puisseslèvresfrôlentlesmiennes,lescaressentdansungestetrèslent,justecequ’ilfautpourmerendrefou,etfinissentparydéposerunbaiserlégercommeuneplume.

—Onvamarcherunpeusurlesable?Pourterminercemomentenbeauté?

J’acquiesceavecplaisir.Toutcequ’ellevoudrasijepeuxêtreavecelle.

—Tuveuxuneveste?J’enaiunedanslavoiture.Ilfaitplusfraisprèsdel’eau.

Ellesourit.Unpetitsourireespièglequejecommenceàreconnaître.Visiblement,ellevamieux.Cecadeaularendheureuse.

— Non, il fait bon ce soir. Il fait même très bon pour faire une chose insolite et complètementdélirante.Tumesuis?

—Quoi!?

—Est-cequetumesuis?Est-cequetuveuxfinircettesoiréeenbeauté?Est-cequetuveuxvivreunmomentinoubliableavecmoiqu’onseremémorera…dansunavenirproche,si…tutiensparole?

—J’aijusteunequestionavantdetesuivredanstonpetitdélirequimeplaîténormément.

—Vas-y,jet’écoute.

—Est-ceque tes frèressont laseulechosequinousempêched’êtreensemble?Cesonteuxqui teconfirmentquejeseraitoujoursavecelle,n’est-cepas?

Ellehochelatête.

—Ilsensontpersuadés.Ilsnetefontpasconfianceetmeconseillentdelaisserfaireletemps.Voircequel’avenirmeréserve.Etilsmerépètentsanscessequ’unhommesesertdesmotsdouxpourmettreunefilledanssonlitetfairecequ’ilveutd’elle.

OK!Jelesavais.Ilsnelâcherontpasl’affairetantquetoutneserapasréglodansmaputaindevie.Fredm’abourrélecrânependantlefooting,etilsontunesacréeparoleencequilaconcerne.

—Cen’estrien.J’yarriverai.J’arriveraiàteretrouver,tuverras!Bon,jetesuis,allonsmarcherun

peu.Etonadelachance,c’estlapleinelune.

Ellesouritenmeprenant lamainpuisnousnousdirigeonsvers lesableoùellem’attiredeplusenplusversl’eausansmeregarder.

—Coralie?Cen’estpascequejecrois?C’estuneblague.

Jel’entendsrire.

—Jechange,Alex.JenesuispluslaKikitoutecoincée,c’estterminé,lance-t-elleensetournantversmoi.

Jemefigetandisqu’ellemefaitface,leregardbrillant.

—Capoupascap?

Elleretiresarobedansungestesensueletlalaissetomberàsespieds.Elleest…nue…devanttoutlemonde.Ici,nousnesommespascommedanslepetitcoinisolédetoutàl’heure.Onestsurlaplage.

—Nomdedieu!Remetstarobe!Onpeuttevoir!grogné-jeenlaramassantpourluiremettre.

Etlorsquejemeredresse,jepouffequandjelavoiscouriretquej’entendssonéclatderires’éloignerverslamer.Elleestfolle!

Comme un idiot, je regarde autour de moi. À cette heure-ci, dans le noir et dans ce coin paumé,personnenepeutnousvoir.Merde…c’estcarrémentexcitant!Jen’aijamaisfaitçaavecpersonne.Jedois vraiment avoir l’esprit d’un vieux con. Ou alors c’est Rebecca la grosse coincée aux manièresraffinées et littéralement gerbantes. C’est ça. J’ai perdu cinq ans de ma vie avec elle, ne pouvantexploitermajoiedevivre.

—Turéfléchistropmonvieux!Crie-t-elle,lecorpsimmergédansl’eau.

Pfff…allez,montre-luicequetuvaux.Fais-larêver,mec!

Jecommenceàdéboutonnermonjean,ledescendsjusqu’àmeschevillesetnepeuxéviterunsouriredepauvremecquiperdtoussesmoyensdevantunenana.

Putain!Jesuisheureux!

Je suis heureux d’être là, prêt à plonger dans lamer glaciale àme geler les couilles,mais je suisheureux.Commequoi,ilnefautpasgrand-chose…

—C’esttroplong,jem’ennuietouteseule,jevaissortir!

Sa voix résonne dans la nuit et je souris encore plus jusqu’à avoir des crampes à lamâchoire. Jel’adorecettepetitechosefragileetsensibleaucomportementcomplètementdélurécesoir.

—J’arrive,nebougesurtoutpas!

Jemedéshabilleenquatrièmevitesseetmedirigejusqu’àl’eau.

—Ah,non!STOP!

Jemefige.Quoi?Qu’est-cequej’aifait?

—Àpoil!C’estpaséquitable,dépêche-toi.

Oh,putain!

C’estbizarredeseretrouverlaqueueàl’airaubeaumilieudelaplage.

—OK!Troplong,jesors,dit-elleenrevenantversmoi.

—C’estbon!Jel’enlève,regarde!

Joignantlegesteàlaparole, jelebaissed’uncoupàmespieds.Voilà, jesuisàpoil,nucommeunver…

—Alex!

Jerelèvelatêteaprèsavoirbuggéuneminutesurmoncorpsnu.Enplus,jevaisbandercommeuntarédansmoinsd’uneminutesiellerestecommeçadevantmoi.

—Hum…

Jemesensniaisd’uncoup.

—Allez,viens…murmure-t-elleenmetendantsamain.

Jelaserredanslamienneetleclimatchangesubitement.Commeprojetédansunvortexhallucinogèneoùnoussommesprisaupiège,elleetmoi.Elleauntoutpetitsourireencoin.

—Jepensequel’eaufroideteferadubien.

Bordel!

Jebandecommeunours.

—T’essûredetoi?Jerisquedenepasréussiràmecontrôler.

—Aveclatempératuredel’eau,certaine.

Jepeuxpas.Soncorpsm’appelle,moncorps…maqueue…elledevientbarge!

Sansréfléchir,jetired’uncouppourl’attirercontremoietlarenverseenarrièrepourmeretrouversurelle,nosvêtementsnousprotégeantdusable.

NomdeDieu,elleestgelée!Maisçanem’empêchepasdebanderpourautant.

—Qu’est-cequetufais?gémit-elle,surprise.

—J’aienviedetoi,ici,toutdesuite.Tumerendsfou.

Je ladévoredepartoutcommeun furieux.Avecmaboucheenvieuse,ma langueetmesdentsen lamordillant.Elleest…putain,elleestsalée,jevaisdevoirboireunlitred’eauenrentrant,maisjem’enfous.Soncorpsderêveeffacetoutcequipeutgênerdanscemomentparfaitementparfait.Lecadreestidéaletrendlemomentinoubliable.

— On n’est pas censés… faire ça… Hmmm… Alex, arrête… arrête, susurre-t-elle entre deux

gémissements.

Etlà,noscorpssefigentlorsquesonportablesemetàvibrersoussesfesses.Maboucheétaitpresquearrivée à destination pour la faire monter au septième ciel. La faire vibrer, elle, et pas son satanéportable!

—Sic’estundesfrangins,t’esmort.Tulesais?

Jedéposeundernierbaisersurlapeaudoucedesonventreetredresselatête.Jegrimaceenréalisantqu’elleavujuste.Ilsvontmetortureretmetuer.

—Alicedevaits’occuperd’euxpendanttonabsence.

Letéléphonevibreunenouvellefoisetlebipdesamessagerieretentitenmêmetemps.

—C’estpeut-êtreellequim’appellealors,fait-elleremarquerenseredressantpourlerécupérerdanslapochedesongilet.

Elle consulte l’écran pendant que je profite encore de son corps. Je veux en profiter jusqu’à ladernièresecondeparcequejesaisqu’ellevamedemanderdelaraccompagner.

—C’estelle.Lesfranginsmecherchentpartoutetilssontentraindeflipper,jedoisrentrer.

Jefermelesyeuxuninstanttoutenpressantsoncorpscontrelemienetenrespirantprofondémentsapeau.Jeveuxavoirsonodeursurmoi.

—Alex…fautyaller…s’ilteplaît.

Jenedis rien et remonte endéposantune lignedepetits baisers jusqu’à saboucheque j’embrasseavecpassion.

—Laisse-moitefairel’amourunedernièrefois…soufflé-jecontresaboucheencaressantavidementsonentrejambe,prêtàm’accueillir.

Elleenatoutautantenviequemoi.Soncorpsnemerepoussepasalorsjeprendsleschosesenmainetla pénètre lentement et profondément. Nous gémissons à l’unisson tandis que nos corps s’unissent ànouveauetnefontplusqu’undansdesgestespassionnels.Moi,surtout.

—Reviens-moi…resteavecmoimapuce,chuchoté-jeàsonoreille.

Jeluioffremesmeilleurscoupsdereins,jedonnetout.Toutcequejepeuxluioffrir.

—Alex…c’esttellementbon…gémit-elle.

Sa tête se penche en arrière, les yeux fermés pour savourer chaque seconde. Elleme rend dingue,accro.

Àpeinequelquesminutesenellequejevaisbientôtjouircommeundieutoutpuissant.Ellearaison,c’est tellementbon!Jedonnemesderniersassautsplusprofonds,plus intenseset l’emporteavecmoidansuneeuphorieextrême.

Essoufflé, je me repose sur elle et écoute son cœur battre à rythme soutenu. Je suis bien, je

m’endormiraispresque.

—Alex?

Savoixdouceetbassemedonneraitpresquel’impressionderêver.

—Hum?

—C’étaitladernièrefois.

Quoi ? J’ouvre rapidement les yeux et me redresse. Nos regards se croisent et semêlent dans unouragansombre.Non!Jeviensdelaperdre.

—Quoi?Nefaispasça, tum’asdemandéd’êtrepatientet teprouverquet’eslaseulequicomptepourmoiet…

—Tais-toi!Cequejeveuxdirec’est…c’estquelaprochainefoisquetumeferasl’amour,tuaurasrécupérémaconfianceetqu’on seradenouveauensemble.Laisse-moi le tempsqu’il faudrapour êtresûrequetunejouesplusavecmoi.Avecmessentimentsdéjàbienpiétinés.

Jerelâchetoutl’airbloquédemespoumonsetmelaissetombersurelle.

—Merde!J’aieupeur.Jerespiremieuxd’uncoup.

Ellesemetàrire.

—Cen’estpasencoregagné!T’asducheminàfairepourmeretrouver.

—Netesouciepasdecedétail,tuserasàmoidanstrèspeudetemps.

Sesmainsdélicatesattrapentmonvisagepourmeregarder.

—Jeneplaisantepas.Mêmesicesoirj’aicraquéalorsquejen’auraipasdû,dutempss’écouleraavantderevenirverstoi.Desjours,voiredessemaines.Jeveuxêtrecertaineetneplusfairelesmêmeserreurs,tucomprends?J’aitropsouffert.

Mapoitrinem’oppresseenentendantcesmots.

Dessemaines!

Jenepourrai jamaisattendreaussi longtemps.Çafaitmal.Etelleaeumal. Jevais réparer toutcefoutoir,mabelle,tuleméritesamplement.

Jecaressesajouedemonpouceetluisouristendrement.

—Pourtoi,jeseraipatient.Jet’offriraicequ’ilyademieuxdansunevie.Jet’aime…cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

17.

CoralieAliasKiki

Ilestunpeuplusdemidi,etmevoilàplusvieilled’unan.Etlamaisonestungrosbordel.Jen’osemêmepasallervoirdansleséjourenvoyantdéjàledésastredanslacuisine.

Après m’être fait raccompagner, avec difficulté, par Alex hier soir, je ne cesse de toucher et decontemplersabague.Jenem’yattendaispasdutoutetc’estleplusbeaucadeauqu’onm’aitjamaisfait.Enmêmetemps,jen’aijamaisvraimenteudepetitami!

Leregardfigédansmonboldecéréales, je réfléchisànousdeux.Cequenousallonsdeveniretsinousallonsvraimentnousretrouver.Jenepeuxempêchermonespritdepenseràuneseulechose.Aprèsmonkidnapping,ilestretournéàsescôtéscommesiderienn’était.Commeill’adéjàfait.

L’appeld’Aliceétaitunefaussealerte.Ellevoulaitêtrecertainequetoutsepassaitbienpourmoi.Lesfranginsétaienttellementprisdansleursoiréequ’ilsn’yontvuquedufeu.Enfin,mameilleureamieesttrèsforteàcepetitjeuduchatetlasouris.Ellelesaendormissansdifficultéenleurprécisantquej’étaispartiemecouchersuiteàunmaldecrânephénoménaletqu’ilsnedevaientabsolumentpasmedérangerpendantmonsommeil.

Lesfrangins,encoreencaleçon,entrentdanslapièceetmesortentdemarêverie.IlssontKO.

—Ehbien!Cen’estpaslagrandeforme!

—Mmmm…marmonneAlan.J’aioubliématêtesousl’oreillercematin.

—Moij’ail’impressiond’avoirfaituneoverdosedecamomille!Délire!grogneFred.

— Bon sang, j’ai les yeux qui se croisent ! Ça tourne toujours autant. Je vous vois en saccadé,murmureJulesd’unevoixpâteuse.

OK!

—Bon,ilfautrangerlamaisonaujourd’hui.C’estlefoutoirlesgarçons,alorsvousallezmedonneruncoupdemain.

Lestroissemettentàsoufflerbruyamment.Visiblement,jelesdérangedansleurmondeendormi.

—Moijedisqu’iln’yaquedansHarryPotterquel’onverradesmecsseservird’unbalai.Paspourmoi,Kiki.Jedéserte,j’aiunrencardavecunebelleblonde.

Venantd’Alan,jenesuispassurprise.

—Lesfrangins,jenesuispasvotreprincessequisecroitdansuncontedefées.Faislavaisselle,faislalessive,faisceci,faiscela…lemondeenchantéadisparudepuisunmomentchezmoi,alorsfaitespaschier!J’aidit,vousallezmedonneruncoupdemainalors…vousallezmedonneruncoupdemain.

—Disdonc!Mamant’aretournélecerveau.Elleestquandmêmeforte.J’admets!

—Etàpartirdemaintenant,toutdesuite,jeveuxrécupérerlaclédemachambre,dis-jecalmemententendantmamain.

—MaisKi…

—Freeed!J’aidit…toutdesuite.

—OK!OK!Jeteladonneraitoutàl’heure.

Jetapedupoingtoutenlesfixantunàun.

—MACLÉ!

Ils se regardent tous les trois, cherchant à comprendre. Essayer de trouver lesmots pourme fairemiroiterjenesaisquoi.

—Jules?Jenetrouvepastonshampoing!crieunevoixféminineenhautdesescaliers.

Tout lemondese fige.Personnen’a l’airdesavoirquiestcette fille.Fredet Julesse regardentenfaisantdegrosyeux.

—Putain,c’estqui?J’étaisseuldansmonlitquandjemesuislevé.

—Jules?

—Euh…ouimabichej’arrive,luirépond-ilenhaussantlavoix.

Mabiche…cequec’estringard!

Envoyantmagrimace,illèvelesmainsaucielenhaussantlessourcils,commepourdire:jesuisprisdecourt,là!C’estlapremièrechosequiavoulusortir.

Etaumêmemoment,unebruneentee-shirt-culotteapparaîtdanslacuisineensefrottantlesyeux.Elleal’airdesortird’unemachineàlaverfinissantàpeinel’essorage.

— Jules… t’as pas un cachet pour la tête ? J’ai beaucoup trop bu hier soir, j’ai un de cesmal decrâne!

Hébien…JepouffederireenvoyantladécompositiondeJules.

—Fred!Occupe-toid’elle,jem’occupedelà-haut.

—Oh,oui!Avecplaisir.Elleestcanon.

Julesdisparaîtàl’étagetandisqueFredessaiedesedépatouilleraveclabrune.

—Écoutemajolie,onvaallerserecoucheretçairamieuxaprèsunboncâlin.D’accord?

—Toutcequetuveux,monchou.

Puisill’emmèneavecluiàl’étagepourfairejenesaisquoi.

Incroyable!

—Bon,jevaischercherAlice.Onvarestericitranquillement.Seremettredelasoiréedevantunbonfilm.

—Jevaisresteravecvous.Jen’airienàfaireàpartleménage.

—T’enfaispas,onvat’aider.Laisse-moiletempsd’allerlachercheretons’ymet.

—Cool!Dis-moiAlan,tunevaspaslafairesouffrir,n’est-cepas?Elletientàtoi,tusais!

Ilmesourittendrement.

—Ellem’alittéralement…

Illèvelesépaules.

—Foutrement…

Il relâche sesépauleset jecommenceàm’impatienter. Ilnegèrepascegenredechose.C’est toutnouveaupourluitouscessentiments.

—Bonsang…jesuisamoureux,Kiki.Jel’aime.

Jesautedanssesbrasetluifaisungrosbisou.

—Génial!Jesuishypercontentepourvousdeux.

Nousrionsdeboncœur.

—Tuleserasbientôtaussi,toi.Jetelegarantis.

—Jem’ensortiraiavecletemps.T’enfaispaspourmoi.cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

18.

Alex

Brisée!Jel’aibriséecommeunpauvrecon.Ilvafalloirdutempspourlaconvaincre.Unesemainevientdepasseretjen’aiplusdenouvellesd’elle.Commesiellen’existaitplus.Jesaisqu’elleareprisles cours,mais j’aimerais aumoins lui parler au téléphone. Elle ne répondmême pas àmes appels.Seulementauxtextospourmedire«jevaisbien.Merci»,c’esttoutcequej’ai.Saréactionestlégitime,jeleconçois.

Pouroublier,jesuisrevenuici,danscebarmiteuxfaceàlaplage.Laseulechosequejesuiscapabledefaireencemoment.Etçacraint!Àcerythme, jevaisdevenirunsale typetraînantdanslesbarsàn’importequelleheurede la journéeet rentrer ivrechezmoi.Enfin…chezmesparents. Jen’aimêmeplusdechezmoi,c’estdire!

Jeluiaipromis.Jeluiaifaitunepromesse,alorsdemainjemebougelecul.Trouverunappartestuneprioritéetjedoisluimontrercechangementcrucial.J’aitellementpeurdenepasréussiràlarécupérer.Chaquefoisquenousfaisonsunpasl’unversl’autre,sesfrèresnouséloignentàvitessegrandV.

—Salut!

Surprisparunevoixsensuelle,jetournematêteversladroiteetaperçoisunebelleblondeassiseàcôtédemoi.Elleaunmagnifiquesourireetbonsang,c’estunepoupée!Qu’est-cequ’ellefaitdanscebarminable?Elledénotecomplètementdanscelieu.

—Chagrind’amour?

Jebloqueunmomentdevantsonregardaguicheuravantdemerendrecomptequ’ellemeparle,àmoi!

—Euh…

Jelafaisrireetj’ail’aird’unabrutiàcherchermesmots.Qu’est-cequeçapeutluifoutrequej’aiunchagrind’amour?

—Jesupposequeceliquideambréquisetrouvedanstonverreettadégained’unGainsbourgauborddunaufragerépondàmaquestion,dit-elleenpointantdudoigt.

Jebaisselatêteetregardemadégaine,maiselleseraclelagorgeetreprend:

—Jeparlaisde ta tête.Tescheveuxsontenpétardcequiveutdirequetu te tortures lecrânepourquelque choseouquelqu’unet tesyeux sont rouges, cequiveutdireque tun’en espas à tonpremierverre.

Jefroncelessourcilstandisquecettejolieblondelèvelessiens.Ellem’emmerde.

—T’asunelangueout’esjustetimide?miaule-t-elleenserapprochant.

Jeregardeànouveaumonverrequejefaistournerentremesmains.Timide…çamefaitdoucementrire!Avantd’enpincerpourCoraliejemeseraisjetésurcettefillepourlaramenerchezelleetlabaisersansrelâche.Jen’enaimêmepasenvie!JeveuxCoralie,jeveuxsoncorps,jeveuxlaserrerdansmesbras, l’entendre rire, même la voir pleurer pour la réconforter. Ma douce… elle m’a littéralementensorcelé.

—J’aiaumoinsunsourire…Etvraimentcharmant…susurre-t-elleenposantsamainsurlamienne.

Elleyvafrancoentoutcas!

Jemeredresseetpourvirersamaindelamienne,jeportemonverreàmabouchepourengloutirunegrosse gorgée avant de le claquer sur le comptoir. Puismon regard se dirige vers le barmanpour luidemanderderemplirmonverre.Ilbavesurlanana,cegrosporc!

—Unautre,chef!

—Tunem’offrespasunverre?

Maintenant,j’aidroitausuperdécolletédevantmesyeux.Pfff…

—Écoute,j’aijustepasenviedeparler,j’aijustepasenviedetebaiseretj’aipasenviedet’offrirunverre,non.

—OK!çaalemérited’êtreclair,aumoins!

—Hum…

—Elledoitêtregénialecommefille.

Ellenelâchepasl’affaire,c’estdingue!Jereprendsunegrossegorgéeettourneànouveaumonverreentremesmains,dansmespensées.

—Ellel’est.J’aimetoutchezelle.Soninnocencedelavie,sonpetitcôtéfragile…j’aienviedelaprendresousmonaileetlarendreheureuse…

Jericane.Larendreheureuse!C’estplutôtratépourl’instant.Jen’aifaitquelafairesouffrir.

—Bon,jevaismecommanderunverrealorsetmemorfondreavectoi.Tuveuxbienêtremonpotedebeuverie?J’enaibesoinaussi.

—Jet’aiditquejenevoulaispaspar…

—Relax!Onpeutdiscuteretboiretoutsimplement!

Jepivotematêteetlafixedanslesyeux.Elleestvraimentcanon!Etj’ail’impressiondel’avoirdéjà

vuequelquepart.

—Onnes’estpasdéjàrencontrés?J’ail’impressiondet’avoirdéjàcroisée.

Elleseraiditd’uncoupetsonsourires’efface.

—Non,jenet’aijamaisvu,ons’enseraitsouvenus,toietmoi,tupeuxmecroire!

J’hallucine!ellearriveàmefairerire.

—Ladeuxièmefoisquejepeuxvoirtonsourire!Jenedésespèrepas,j’arriveraiàtedétendre,beaugosse.

C’estça,comptelà-dessusetboisdel’eau.T’enesloinmapetite.

—OK, je t’offreunverreparceque j’enreprendsunaussietparceque t’asréussiàmefairerire.Maisonenrestelà.

—Marchéconclu!répond-elleentendantsamaindevantelle.

Jebloquesursamain.Décidémentcesoirjesuisàl’ouest.Moncerveaufonctionneauralenti.

—Quandonfaitunmarché,onseserrelamain!murmure-t-elleencherchantmonregard.

Jeluifaisunpetitsourireencoinetluiserrelamaincommesijeleferaisàn’importequi.Maisellelaretientunpeupluslongtempsetmelibèredansunelentecaressesensuellejusqu’auboutdesdoigts,leregardcoquinancrédanslemien.

Jem’endoutais!Elleessayelagarce!

—Unwhiskyetungin-tonicpourmademoiselle!nousinterromptleserveur,derrièresoncomptoir.

Jemeressaisisenattrapantmonverrepourleporteràmabouche.Jenel’aipasentenduecommanderlesverres.JesuisKO.

—Hé!Ondoittrinqueravant!

Putain!

Jelèvediscrètementlesyeuxaucieletdirigemonverreverslesiend’ungestenonchalant.Ellepassesonbrasautourdumien,cequirapprochenoscorpsl’undel’autrepuiselleboitenmefaisantunpetitclind’œil.

Jepousseunlongsoupiretretiremonbrasdesonemprise.

—Tudevraispartir,cen’étaitpasunebonneidéefinalement.T’escanon,t’estoutàfaitmongenre,d’ailleurson serait déjà chez toi pourunmoment torride,mais… tume faismêmepasbander ! Jeneressensrien.Cellequejeveuxneveutplusdemoiparcequej’aijouéauconetjeferain’importequoipourréparermeserreurs.Désolé,l’amournesecontrôlepas.

—Etsijetedisqu’unmomentavecmoiteferaoubliercettefillequiterendmalheureux?Onpeuts’amusertouslesdeux,justes’amuser.Tumeplaisetjesensquetusaisyfaireaveclesfilles.T’asunsex-appealredoutable.

Jemepincel’arêtedunez.Lasituationdevientpénible.Commeellenecomprendpas,jevaisdevoiremployerlesgrandsmoyens.

—Jeparlechinoisout’esunevraieblonde?Tusaiscequeveutdirelemot:non!N.O.N!fiche-moilapaix,OK!Tumegaves,là!Etsit’asbesoind’unboncoupdebite,jepeuxtegarantirqu’ilseraitravideterendreceservice,grogné-jeendésignantlebarman.

Sans la regarder, jeme lèveenprenantmonverre,medirigevers le fondde lapièceetm’enfoncedansunebanquette,dosaubar.Jeveuxpouvoirpenseràmapucetranquillement,merde!

Jefinismonverred’unetraiteetcommenceàressentir l’effetdel’alcooldansmonsang.Lemondevacilleautourdemoialorsjepenchematêteenarrièrecontrelahautebanquette.Jefermelesyeux.Jesuismal,jenesaismêmepascommentrentrer,jesuiscomplètementbourré.Horsdequestiond’appelerlestriplésetencoremoinsmonpère!Tantpis,jevaisallerm’allongersurlaplageletempsdecuveretpouvoirrepartirenvoituredansunétatplusserein.Jepeuxfaireça…

*

—Non,Kiki…puce…reviens…besoindetoi.

—Alex!RÉVEILLE-TOI!

Jefaisunbondetm’étaledetoutmonlongsurlesolglacéquejereconnais.Lacellule.Encore.Jenemesouviensderien.Commentj’aipuatterririci,alorsquej’étaisdansunbariln’yapassilongtemps?Monespritestcomplètementperturbé,jedivaguetotalement.

C’estfracassant!

—Putain…laisse-moi.Jesuismort.

Pour en rajouter une couche, un des collègues me martyrise les yeux avec sa lampe de poche. Ils’amusecommeungaminàl’allumeretàl’éteindrerapidementensoulevantmespaupières.Jemesensencore plusmal. Je grogne et enfoncemonvisage entremes bras repliés pourme cacher de ce rayonlumineux,maisjen’ailetempsdesoufflerquedeuxmainspuissantesattrapentlaceinturedemonjeandans lecreuxdemes reinspourmesouleverdusol. Jeme retrouve les fessesen l’air.Puisuneautremain,pasdutoutpatiente,empoignemonpulldanslehautdemondos.J’ail’impressiondevoleràrasdusol.Drôledesensationavecdel’alcooldanslesang!

—Allez,onl’emmènedanslasallederepos.Leschefsvontarriver,sonpèrenedoitpasleretrouverdanslacellule.Iln’apasbesoindevoirsonfilstransforméenloquehumainepourunefille.

—C’estpasunefille.C’estmadouce.Mapetitepucefragile…et…meeerde…jesuisamoureux,lesgars.Jel’aime…elleestbeeelle…

Jelesentendspoufferderire tandisqu’ilsme traînentcommeuneserpillière.Ledosdemesmainscaresse le sol, n’arrivant pas les retenir. À chaque vibration de leurs grosses chaussures de sécuritéclaquantsurlesoletàrasdematête,moncœursesoulève.Jecroisquejevaisvomir.

—Toilettes…lesgars…jesuismal…jevais…

—Tufaischier,Alex!Fredmagne-toi,jenetienspasàramassersamerde.

J’entendsdesportesclaquer,desvoixquiviennentdepartoutetenclind’œilmevoilàau-dessusdelacuvettedes toilettes.Sansmeposerdequestions, je laisse sortir toutcemal-êtrequime rongedepuisquelquesjours.

Unemainmaladroiteme frotte le dos etmême si c’est unmec, ça fait du bien. Ce petit gestemesoulage.

—Çava,grand?

—Hum…c’estqui?

—Jules.EtFredestlàaussi.Lesautressurveillentl’entrée,tonpèrevaarriveravecl’équipedenuit,vautmieuxéviterqu’iltevoiedanscetétat.

—Merde…jevaispasbienJules.Jedéconnedeplusenplus,pasvrai?

Il pousse un long soupir tout en passant ses bras autour demon torse puis il pose son front contrel’arrièredematête.Ilveutmeréconfortercommeleferaitunfrère,maisc’estCoraliequejeveuxcontremoi.

—Ouais,maisonestlà,Alex.Çavaaller,tuverras.

—CommentçapeutallersansCoralie?Commentçapeutalleralorsquej’aifailligâchermavieetquej’aiquittélafillequej’aime?Elleveutplusdemoi.

— Je sais, c’était plutôt merdique ces derniers jours, mais tout va rentrer dans l’ordre, je te lepromets.

—Mamèrem’atoujoursdit:celuiquitrouveunami,trouveuntrésor…Bah,jesuisrichelesgars!Vousêtesplusquedesamispourmoi.Vousêtesmesfrères,jevousaime.

—Nousaussiont’aimefrangin,répond-ilenébouriffantmescheveux.

—Maisj’aimeCoralieplusquevous.

Jelefaisrire.

— Là, t’es vache ! Allez, relève-toi. On va se poser dans un bureau tranquille. Ils vont tous seretrouverdanslasallederéunionpourpréparerlaronde.Viens!Onafininotrejournée.

Jemeredressedifficilementetmelèveentitubant.Ilsonttoutjusteletempsdemesouteniravantdevoirmoncrânesefracassercontrelacuvettedeschiottes.

—C’estbon,ontetient.Onyvadoucement,OK?

—Jesuisunevraieloque…j’aiplusgoûtàriendepuisquejesuisretournéaveccettegarce.Ellem’abieneu,hein?Jesuisunecouillemolle,allez,dites-le!

—Non,t’espirequeça,mec!Etonn’estpasmieuxnonplus,jeterassure.

—Ahbon!

Nousvoilàdanslapièceetenunclind’œiljesuisassissurchaise,lefrontposésurlatableetlesbrasballantsdechaquecôtédemoncorps.Matêteestencoreimbibée,c’estatroce.

—Alex,fautqu’onparle.Ontedoitdesexplications.

—Hum…

—Alex!Allez,grand,redresse-toi!

Impossible ! Je ne sens plusmon corps. J’ai l’impression quemon cerveau et mon corps sont enguerre.Ilsnecommuniquentplusdutoutensemble.

L’und’euxperdpatience etme lancedespetites claques sur le sommetdemoncrâne.Ducoup, jeroulemonfrontsurlecôtéetlesregarded’unœil.

Lestripléssontassisfaceàmoi,leregardinquiettandisquej’aperçoisWillquinoussertuncafé.Jesuistellementmalquejen’arrivepasàmeredresser.Ilssecontenterontdemaposture.C’estdéjàpasmal!

—Bon!L’heureestgrave,monpetitgars,ditFredpourromprelesilencequirègnedanslapièce.

Unblanc.Jen’aipasenviedeparlerpourl’instant.

—Ouais!L’heureestgrave,ajouteJules.

Unblanc.Toujourspasenvie.

—Jeconfirme,làc’estgra…

—Bordel !Arrêtez vos conneries !Vous faites chier, sérieux, râlé-je en levant la tête d’un demi-centimètre,lessourcilsfroncés.

Justecequ’ilfautpourmontrermondeuxièmeœil.

—Non,maisfranchement,Alex!Moijedis,ilesttemps,l’heureestvenuedetebougerlecul.

SiWills’ymetaussi,çadevientflippant.

—JemebougeraileculquandCoralieseraàmoi.J’aibesoind’ellepouravancer,pourmerelever.Sivouspouvezfaireçapourmoi,iln’yauraplusdesouci…dis-jeenroulantànouveaumonfrontpourfairedisparaîtremonregardglobuleux.

—OK.

Jeme redresse vivement, ahuri et avec unmal de crâne épouvantable. Je dois même attendre dixsecondespourvoirnet.J’airêvéouiladit:OK?

Tellementsurprisparcetteréponse,qu’iléclatederireenvoyantl’expressionsurmonvisage.Jen’enrevienspas.Jesuislittéralementscotché.Impossibledeprononcerunmot.

—Remets-toi!J’aijusteréponduàtademande.

—C’étaituneblague?

—Non,toutcequ’iladeplussérieux.T’escleanpournotreKiki!Vousêtesfaitsl’unpourl’autreettu ne lâches pas l’affaire.T’as rembarré la nana au bar alors que c’était un avion de chasse, on n’enrevenait pas ! Elle non plus d’ailleurs, elle était légèrement vexée. On a dû lui prouver qu’elle étaitparfaite,etaprèstoutonl’apayée!Enplus,tutedétruisàpetitfeuetonn’aimepastevoircommeça…

J’ycroispas,ilsl’ontbaiséecesprofiteurs!

—Alorsc’étaitvous!Vousvouliezmetester,c’estça?

—Hum. C’est ça. On a fait appel à une pute de luxe. J’ai vu son numéro et sa photo dans monmagazinedecul.Tu sais, celuique t’asvoulu jeter à lapoubelleaprès t’être rincé l’œil surquelquespages!

Maisoui!C’estlàquejel’aivue.Touts’explique.

—Vousl’avezbaisée?Murmuré-je,l’aircomplètementahuri.

Ilsaffichentleurssouriresdiaboliquesetidentiques.Jecroishalluciner.

—Bah…elle était vraimentmal !Tu l’as envoyée chier bien comme il faut quandmême !On l’ainvitéeàboireunverreàlamaisonet…bref,onnevapastefaireundessin.

—Hum…Vousêtesdesvraisbargesmaparole!C’estdingue!

IlséclatentderirepuisFredreprend:

—Bon!Onluiapasmalmentiaussipourlagarderloindetoi.Letempsderégler tesproblèmes.Donc,dis-nouscequ’onpeutfairepourtoi,maintenant?PourquenotreKikitetombedanslesbras.

—Luidirelavérité.Moi,ellenemecroitpas.Jeluiaifaitlecouptropsouvent.J’aicomplètementperdusaconfianceetjem’enveuxàmort.

—J’aiuneidée.Ontâteleterrainpendantquelquesjoursettuviensàlamaisonpourendiscutertousensemble.Onluidiratoutdevanttoi.Ettupeuxt’attendreàcequ’elletesautedanslesbras,frérot.Ellen’attendqueça,êtreavectoi.

Monsourires’élargitfranchement.J’ailabananejusqu’auxoreilles.Jesuisheureuxcommeungamin,jevaisenfinlaretrouver.Maisjeleravaleaussitôtlorsquelesdeuxs’avancentfranchementversmoi,lessourcilsméchammentfroncés.

Ambianceglauque,d’uncoup…

—Maisonteprévient.Tufaisundemi-pasdetravers,t’esmort.Onestbienclairs?grogneFredentapantsondoigtbientenducontremapoitrine.

—Jediraismême,unquartdepasdetravers,t’esmort.C’estbienclair?rétorqueJulesenmartelantmonfrontavecsondoigt.

J’ail’impressiond’avoircommisundélitetdepasseruninterrogatoirecommedanslesfilms.Ilsfont

flipperd’uncoup!

—Etmoijetefaisavalertescouilles!Têtedegland,hurleAlanàmonoreillequivientd’arriverderrièremoienencerclantmoncou,pourmebloquercontrelui.

Jemeretrouvecoincéentrelestroismasosdeservice.Silàjen’aipascompris,jepeuxmetireruneballeavantqu’ilsmeretrouvent.Çam’éviteradepassersouslatorture!Maisjenedéconneraipasavecmapetitepuce.J’aigalérépourlaretrouver,cen’estpaspourtoutfoutreenl’airavecunplantordu.Jevaislachérirjusqu’àmamortcettepetitechosefragileet…têtue!

—C’estbon lesgars. Jeseraiun typeexemplaire,vouspouvezenêtresûr. Jeneseraipascommevousàfoutremonengindanstoutcequibouge.

—EttunedisrienàKikipourlaputedeluxe,hein?Ellen’estpasaucourant.Onvasefairedémolirsiellevenaitàl’apprendre.

Maintenant,c’estmoiquiéclatederire.

—Alorsj’aidequoivousfairechanterlesgars!C’estbonça!lesnargué-jeencroisantmesdoigtsderrièrematête.

Erreur!

Nejamaisjoueraveclestroisclonesenmêmetemps.Jedevraislesavoirdepuisletemps.

Toutcequejepeuxsentir,cesontdesmainsvolerdanstouslessenssurmatête.Jesuisobligédemecachersouslatablepouréviterlescoups.

—Jeplaisantais!Oh!Arrêtez,çafaitmal,nomdeDieu!

—Jepeuxsavoirpourquoivousmartyrisezmonfilscommeça?

Merde!Leschefs!

Onestmal.Jen’osemêmepasreleverlatêteetjen’entendsplusbroncherlestriplés.

—Alex?

Jemeredressepourleurfaireface.

—Ouais?

Ses yeux deviennent ronds comme des billes. Je dois avoir une drôle de tête visiblement. Puis ilpouffederire,suividesclones.

—Quoi?Qu’est-cequivousfaitmarrer?

—Disonsqu’onnet’apasloupé.T’aslatracedenosmainsett’estoutrouge.Ett’aslacouped’unpunkqu’onretrouvelanuitpourlemettreencellule.

— Quoi qu’il en soit, si vous avez terminé votre journée, je ne veux plus vous voir traîner ici.L’équipedenuitestlàetelleabesoindelasalle,faitremarquerlegrandchefd’unairsérieux.

Jeregardeducoindel’œilmonpèrequin’apasperdusonpetitsouriremoqueur.Commejesuisfilsunique,onal’avantaged’êtreprochestouslesdeux.Etj’aimevoirqu’ilestfierdemoi.

cindylecomte<lecomtecindy05@gmail.com>

19.

CoralieAliasKiki

Noussommestranquillementinstallésdanslesalonlesfrangins,Aliceetmoi.Frednousaproposédefaireunesoiréecochonneriesbourréesdetrucschimiquesenregardantdesfilms.Detoutefaçon,jen’airienàfairedemontempscesderniersjours!Leweek-endestpirequetout.Jem’ennuieàmourirsanspetitcopainàl’horizon.J’aiabandonnéceprojetdepuisledébutdelasemaine.Alexmehanteencorel’esprit,mêmeenleplaçantducôtédesoubliettes.

—Aufait!Alexnousaprésentésanouvellepetiteamie,elleestchouette!Etcanon!

Quoi ?Une petite amie ?Non !Non, non, non ! Je ne veux pas ! PasmonAlex, personne ne doittoucheràmonfantasme.

—ÇavaKiki ?T’es blanche.Nemedis pas que tu couves quelque chose ? Je n’ai pas envie detombermalade.

JeregardeFredsansvraimentleregarder.

—Euh…çava…non…jesuis…jevaisbien.

Non,jenevaispasbien!ArrêtedetevoilerlafaceCoco.Bonsang,jesuispaumée!

— Elle s’appelle Charlotte, je crois. Une belle petite brune aux yeux bleus. D’ailleurs, elle teressembleunpeu,jetrouve.

Etilenrajouteunecouche.

—Àmonaviscommetunevoulaisplusdelui,ils’estfaituneraisonetilachoisiunenanaquiteressemble,sœurette.

Maintenant,c’estautourd’Alan.

—Aumoins,t’estranquilleaveclui,rajouteAlice.Ilnet’embêteraplus.Enfinunebonnenouvelle!

—C’estclair!lanceJulespourclôturerletout.

Jerestefigéedansmabulle,leregarddanslevide,tandisqu’ilsdiscutentenfixantlatélécommesitoutétaitnormaldans leurspetites têtes.Seulement, ilsviennentd’enclencherunemégabombedans lamienne.Jevaisexploserdansdeuxminutes.

—Aufait!J’aioubliédeteledire.Normalement,elleseralààlasoiréesamediprochain.Ilveutlaprésenteràtoutlemondeetmontrersanouvellechérie,ilal’airaccrocepetitcon.

—Ahbah,jepourrailaconnaîtreunpeuplus,c’estbien.Ilaeuunebonneidée!Jesuiscertainedebienm’entend…

Alicen’apasletempsdefinirsaphrasequejeparsdansungrossanglot.Çayest,jepèteunplomb.

—Kiki…s’inquièteFredquidevienttoutpâle.

—JeveuxAleeex…jel’aime,maisjesuiscertainequ’ilvaretourneravecRebeccaunjouroul’autreàcausedubébéoujenesaisquoi.Ilvaencoremefairesouffriretjeneveuxpas.Jenelesupporteraipas.

—Danscecas,laisse-leaveccettefille!lâcheAliceenhaussantlesépaules.

—Ouais,iln’envautpaslapeineàmonavis.

—Jesuisentièrementd’accord!

—Moiaussi!

—MAISVOUSÊTESARCHINULSCOMMEFAMILLE!MERDE!

Lesquatrepersonnagesexaspérantssursautentd’uncoup.

—Jeveuxqu’ilsoitavecmoi,maisjeneveuxpas.Parcesi jeleveuxetqu’ilvamefairedumalalorsjeneleveuxpas.

Fredsegrattelatêted’unairtoutpenaud.J’admetsquejem’yperdsaussi.

—C’esttoujoursdifficiledetecomprendre,Kiki.

—Moij’aicompris,maKiki,rétorqueAlan.Vousêtesfaitsl’unpourl’autre,maisildoitregagnertaconfiance.Iladéconnéunmax,illesait.Seulementtoi,tuneconnaispastoutelavéritéetonvat’aideràretrouvercetteconfiance.

—Moiaussij’avaiscompris.

—Moiaussi.

—Etmoiaussi.

Ilsmeregardenttousavecdesyeuxdemerlansfrits.

—Vousl’avezfaitexprès,c’estça?

—En fait, sanouvelle copine…c’est toi. Il neveutque toi et toi seule. Il dérapedeplus enplusdepuisquelquesjours.Ilestmalenpoint.

—Oh!

— On n’arrête pas de le ramasser complètement ivre dans les bars du coin. On dirait une loquehumaine,ilfaitpitié…pourunenana!

—Ferme-la,Jules!C’estKiki,pasn’importequellenanaducoin,OK?Etl’amour,çanesecontrôlepas,çatetombedessussanspréveniretc’estfracassantquandtunet’yattendspas.

Alanestl’opposédeRoccodepuisqu’ilestamoureux.C’estchoquant!

—Ditceluiqu’onsurnommeRocco!Excusefrangin,maisçasonneplutôtfauxvenantdetoi.

—Roccoc’estfini,trouduc.J’aimonAlicemaintenant.

—Bon!s’exclameAliceenselevant.KikietmoionvapréparerlesplateauxtélédanslaCUISINE,

letempsquevouschoisissiezunfilm.Etavecvoustroisdanslamêmepièce,onaletempsdeconcocterunfestin!

*

Enfait,c’estplutôtrapide.Onaprévudespizzasetdescochonneriesàdéposersurlesplateaux.

—Jevaisdéposercesdeux-là,j’arrivepourprendrelereste.

—OK!Jeterminelesautresenattendant.

Jesorsdelacuisineenmarchearrièrepouréviterdelesfairetomberencognantlaporte.

—Voilàdéjàdeuxplateaux!Chauddevant!crié-jeenmeretournant.

Maisjerestefigéesurplace.Mesyeuxmefontunefarcequin’estpasdrôledutout.Jesuisbloquéesansaucunmotnevoulantsortirdemabouche.

—Salut,Coralie,medit-ilavecunpetitsourire.

Monhommeredevenu fantasmedepuisquelque tempsestdevantmoi,plusbeauque jamais. Je suistellement interloquée qu’Alan récupère les plateauxpour les poser sur la table etmepousse en avantavecsamaindansmondos.Jen’arrivetoujourspasàavancerparcequejenesaispass’ilestlàpourmoioujustepourvenirboireunverrechezsescollègues.Etçalefaitrire.

—Kiki, ce que tu peux être coincée parfois ! lance Fred qui est assis dans son fauteuil en traind’admirerlespectacle.

Ilavancedoucementversmoietmecaresselajoue.

—Tum’asmanqué.Mespenséesn’étaientquepourtoi.

—Maisqu’est-cequetufaisici?

Jeregardebrièvementlestriplés,éberluée.

—Qu’est-cequisepasse,lesfrangins?

—On tedoitdes explications. Il t’adit lavéritédepuis ledébut,Kiki.Onvoulaitqu’il soit cleanavantdelevoirrevenirverstoi.Cettefois,c’estsérieux,ilfautquet’arrêtesdelerepousser.Vousêtesfaitspourêtreensemblealorslâcheprise,maprincesse,etaimez-vousleplusfortpossible.

—Toutcequejet’airacontéestvrai.J’aitrouvéunappartàmoietjemesuisreconstruittoutseulpourtoi.

— Je ne te croyais pas, vraiment ! J’ai cru à de belles paroles pourm’amadouer.Les franginsmerépètentsanscessequeleshommessortentdebeauxbobardspourattirerunefilledanssonlit.

Ilséclatenttousderire.Puisjefixemestêtesdemules.

—Ill’avraimentquittée,alors?Pourdebon?Ellenereviendrapasfairesapétassedevantmoipourlerécupérer?Ilhabitaitvraimentcheztesparents?Ilaunappart,seul?

Lestroishochentlatêteenmêmetempstoutenriant.

—Jevousdétesteàlafolielesfrangins!

—Hein?!grimaceAlanenfronçantlessourcils.

—Jevousdétesteautantquejevousaimeàlafolieparcequejesaisquevousavezfaittoutcecinémapourmeprotéger.Alors jevousdétestedem’avoirmentietcachédeschoses,mais jevousaimeà lafolieparcequejenepeuxpasfaireautrement!

—OKKiki!Onn’ariencompris,d’ailleursonnecomprendrajamaistespensées,maisleprincipalc’estquetunousaimes!Onestheureuxdel’entendre.

Après cette révélation, je ne perds pas de temps et saute dans les bras de mon fantasme enl’embrassantlangoureusement.

—Plushauttesmains,Alex!

—Fred!Laferme!grogneAlicequinousarejointsdanslesalon.

—OK!C’estbon,j’arrête.

Jelèvelesyeuxaucieletrisenmêmetemps.Ellesaitlesgérer,c’estdingue!

—Ilestbienobligédeposersesmainssurmesfessespourmesoutenir!Etvousn’avezplusrienàdire,lesfrangins.C’estclair?

Maisenbongentleman,ilrelèvesesmainspourlesposerdanslebasdemondos.

—Jet’aimeàenmourir,chuchote-t-ilàmonoreille.

—Jet’aimetellementAlex.Nemequitteplusjamais.

—Promis.

Quelquessecondesplustard, jedesserremonétreinte,prendssamainet le tireavecmoipournouscloîtrerdansmachambreetavoirdel’intimité.

—Tufaisquoilà,Kiki?Onallaitmanger!

Sanslequitterdesyeux,jerépondsàJules:

—Pasfaim.J’aimieuxàfaire.

Puissansattendre,nousmontonstouslesdeuxpournousretrouver.Unefoislaportefermée,ilneperdpasunesecondepourmeserrerde toutessesforcesdanssesbras.Nousnousembrassons longuement,tendrement. Je savoure cet instant de bonheur.Cet instant qui va se transformer en de longues années.Aveclui.

—Moncœur,ilfautquetuviennesvivreavecmoi,jenesupporteraipascestroiscingléslongtemps.Crois-moi.

—Euh…ouais alors ça, c’est une autre histoire à gérer parce que tu te confrontes à unemuraille

triplée,là.

—Avecletemps,ilsfinirontbienparcédersionnefaitques’embrasser…

Ilm’embrasse.

—Secaresser…

Ilmecaressetoutlecorps.

—Fairel’amour…

Ilmepousseenarrièretoutenm’embrassantfrénétiquementjusqu’aulit.

—T’aspeut-être…raison…faisonsça,dis-jeentredeuxbaisers.

Ilenlèvemontee-shirt,majupe,faitglissermaculottejusqu’àmespiedspendantquejeledéshabilleàmontour.

—Ilsvontenavoirmarre…oualorsilsvontruinertesjournéesaupostepoursevenger.

Ilmeregardeengrimaçant.

—Alorsjevaist’épouserettuserasobligéedevenirvivreavecmoi.

—M’épouser?

Jeresteinterdite.Épousermonfantasme.Monrêve.

—T’épouserettefairedesenfants.

Oui,enfin,lesenfantsonaletemps.

—Oui,jeleveux…

—Mapuce,ça,ilfautledirelejouroùjetefaismademande.

—Ah,d’accord…Tuvaslafairequaaand?

Jesenssonsourirecontrelapeaudemoncoupuisils’abaisseetsemetàgenouxdevantmoi.

—Veux-tum’épouseretvivreavecmoijusqu’àlafindenosjours?

J’ailabananeetdescrampesquimefontterriblementmalauxjoues.Jen’arriveplusàarticulerunmot.

—Là,tupeuxlediresituveux,marmonne-t-ilentresesdents,unsourireencoin.

Cemêmesourirequelorsdenotrepremièrerencontre,cemomentpendant lequel j’enprenaispleinlesyeux.Etc’estexactementcequejefais.Jesavourecetinstant.

—Encoreuneseconde…Redis-le-moi.

Jelefaisdoucementrire.

—Moncœur,lafemmedemavie…

jegloussecommeunegamine.J’adore!

—…Veux-tum’épouseretêtreàmescôtésjusqu’àlafindemesjours.

—OUI,JELEVEEEEUX…

FIN

3ANSPLUSTARD…

Aprèsnotremagnifiquemariageilyaunandéjà,jeluiaioffert,pasplustardqu’hier,sonplusbeaucadeau.

Anaïs.

Parcontre,jesuisdéjààlaplaindreàcausedesfrangins.Ilssontentraindelasurprotégermalgrésonpapaqui les remet à leurplace trop souvent à leurgoût.Cen’est quebataillede testostéronedans lachambredelamaternité.

Lapauvre!

Ellen’aquedeux jourset ilne l’aprisequ’une foisdanssesbras.En fait le jourdesanaissance,parcequelestriplésn’étaientpasdanslasalled’accouchementavecnous.

—T’asraison,trouduc.C’estàmoidelaprendre.Tul’aseuetoutàl’heureetpendantpresqueuneheure!Uneheure!Alors,dégage.

VoilàqueFredmeregardeavecsonairdechienbattu.

—Kiki!Dis-luibonsang!Cen’estpasmoi,c’estAlanquil’avaittoutàl’heure!Jen’aipasencoretouchésapeautoutedoucedepuiscematin!

Ilsmefontrire.Maisd’uncoup,jefaisdegrosyeuxenvoyantAlanrécupérerAnaïsdanssonberceau

derrièreledosdeFredetJulesquisechamaillent.Etlorsqu’ellearrêtedepleurer,ilsontunblocageetunsilencesefaitdanslachambre.

MonDieu!Cequeçafaitdubien!

Ilsontcomprisqu’ilsvenaient,encoreunefois,desefaireavoirparcepetitmalicieux,affichantunpetitsourirevictorieux

—Maisjelesaisquec’estmoitontontonpréféré!Hein,mapetitecaillequialapeautoutedouceetqu’aucungarçonnetouchera?murmure-t-ilenregardantFredpourlenarguer.

Dèsqu’elleseréveille,commemaintenant,pourréclamerlebiberon,undestroisveutlaprendredanssesbras.

C’estdire!

—L’affaireestréglée,lesfrangins!Maintenant,laissez-moimereposerletempsqu’Alanluidonneàmanger.

—Etjesuisbiencontent,tiens!semoqueAlexenpouffantderireetm’attrapantparlataillepourmeprendredanssesbrasetmedorloter.Çavamapuce?Pastropfatiguée?

Jepensequ’ilneditrienparcequ’ilsaitqu’unefoisrentrésàlamaisonnousneseronsplusquetouslestroisetlàilenprofiteraunmax.

Jeplongematêtedanslecreuxdesonépauleetmelaissechouchouterparl’hommedemavie.

—Un peu fatiguée,mais ça va. Et je dois avoir une tête horrible. Je n’ai pas eu le temps dememaquillerpouraumoinsressembleràquelquechoseaujourd’hui.

— Ton sourire est le meilleur maquillage que tu puisses porter, ma belle. Je t’aime comme undingue… Non, je vous aime comme un dingue, chuchote-t-il à mon oreille tout en me caressant lescheveux.Lesdeuxfemmesdemavie.

Jesourisdebéatitudetandisqu’onfrappeàlaporteetquetoutlemondeentredanslachambre.

Lescopinesdesfrangins,mameilleureamieAlice,mesparentsetlessiens.Ilsparlenttousenmêmetemps,sechamaillententreeuxetfontdedrôlesdetrucsdevantlevisaged’Anaïs.Heureusementqu’ellen’aquedeuxjourssinonellesesauveraitencourant.Bref,unbrouhahagénéralsefaitet…

C’estlegrosbordel!

—Puce…T’esobligéederestericiencoretroisjours?Jenevaisjamaisteniravectouscescinglésquisquattentdumatinausoir.Onestjamaisseulsdepuisquet’asaccouché!

—Hum…jesais,çacraint…PourquoitamèrefaitcettetêteetparlebizarrementenregardantAnaïs?

—Bah,regardelatienne!Ellesedéformecomplètement!

—Tiens,nospèress’ymettentaussi…

—C’estassezflippantquandmême!

Jemetournelégèrementetplongemonregarddanslesien.

—Regardeleboncôtédeschoses.Personnenefaitattentionànous.Onesttranquillepourpouvoirsecâlinerets’embrassersansgênerquiquecesoit.

Son regard brille pendant qu’il me caresse la joue de son pouce. Puis il m’embrasse le plustendrementpossiblependantdelonguesminutes…

Ehbien,jesuisinfinimentheureuse,carjenefinispasvieillefillecontrairementàcequejecroyais.Quiplusestavecl’hommedemesfantasmes.L’hommedemavie.Mêmelestriplésonttrouvéchaussureàleurpied.D’ailleurslejouroùFrednousaprésentésanouvellecopine,JulesetAlanontéclatéderire.C’étaitàprévoir.Ilspensaientàunebonneblague,maisenfaitnon.Cetteputedeluxe,dontj’aiconnul’existencelongtempsaprès,étaitàsescôtésetnesouriaitpasdutout.

Quellestupéfaction!

Ilssonttouslestroispartisdelacolocpoursemettreenménagechacundeleurcôté.Ducoup,Alexetmoiavonsgardé lamaisonde laplage. Ilssavaientquecelameferait leplusgrandplaisird’yrester.Enfin,jepartageleplusbelendroitàmesyeuxqu’estlameretsonsablefin,aveclesdeuxamoursdemavie…

Faites-enautant,aimezceuxquivousaiment,votretempsestlimité.Nelegâchezpasenmenantuneviequin’estpaslavôtre.

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