Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et...

82
Stratégies de planification et d’anticipation pour la gestion opérationnelle des inondations L’exemple de la gestion des crises inondation dans le département du Gard Sous l’encadrement de : MM. F. VINET et F. LEONE -- Enseignants-chercheurs, Co-directeurs du Master GCRN Cdt. O. GUILLAUME -- Adjoint au chef de groupement Prévision-Opérations - SDIS30 Rapport de stage Effectué au sein du Service Prévision-Opérations du Service Départemental d’Incendie et de Secours du Gard (30) Université Paul Valéry - Montpellier III Jean-Guy Audéoud - Soutenu le 18 Septembre 2012 Département de Géographie Filière GCRN - Gestion des Catastrophes et des Risques Naturels Mémoire de Master 2

description

Stratégies de planification et d'anticipation pour la gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - Jean-Guy Audéoud - Mémoire M2 GCRN (2012), Université Paul Valéry, Montpellier III - Méthodes de création de 9 Plans de Prévision de Crues sur les principaux cours d'eaux du Gard, documents de planification opérationnelle spécifiques aux sapeurs-pompiers- Développement d'un outil d'anticipation des crues sur le Gard (SECTOP) pour pré-positionnement des moyens sapeurs-pompiers sur le département du Gard.

Transcript of Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et...

Page 1: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

Stratégies de planification et d’anticipation pour la gestion opérationnelle des inondations

L’exemple de la gestion des crises inondation dans le

département du Gard

Sous l’encadrement de :

MM. F. VINET et F. LEONE -- Enseignants-chercheurs, Co-directeurs du Master GCRNCdt. O. GUILLAUME -- Adjoint au chef de groupement Prévision-Opérations - SDIS30

Rapport de stage Effectué au sein du Service Prévision-Opérations du Service

Départemental d’Incendie et de Secours du Gard (30)

Université Paul Valéry - Montpellier III

Jean-Guy Audéoud - Soutenu le 18 Septembre 2012

Département de GéographieFilière GCRN - Gestion des Catastrophes et des Risques Naturels

Mémoire de Master 2

Page 2: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

2

REMERCIEMENTS

En terminant ce mémoire de Master 2, mes plus sincères remerciements s’adressent à tous

ceux ayant contribué à la réalisation de ce travail, et particulièrement :

Au Cdt. Olivier Guillaume, mon tuteur de stage ; pour m’avoir accordé sa confiance

dans le cadre de ces missions au SDIS30 et pour ses conseils et ses encouragements

constants, tout au long de ces six mois.

A MM. Vinet et Leone, co-directeurs du Master 2 GCRN de l’Université Paul Valéry

(Montpellier III), pour m’avoir permis d’intégrer cette formation.

A toute l’équipe du groupement Prévision-Opérations dirigée par le Lt-Col. BOURELY,

pour son soutien et sa sympathie pendant le stage, et spécialement à Patrice Moulin,

Responsable Cartographie au groupement Prévision-Opérations, pour son aide technique

régulière et ses conseils très appréciés.

A mes parents, pour leur soutien constant, qui seul a permis le prolongement pratique

du stage au SDIS au cours des mois d’août et septembre.

A tous ceux qui m’ont aidé et encouragé au cours de ces six mois, et notamment à

Vincent, mon collègue stagiaire, pour son aide régulière sur les trajets ; à Yann Visserot pour

ses réponses éclair à mes SOS-Qgis, au Gremlin pour ses coups de pouce sur les ondes, à

Dalon et mes camarades de GCRN côtoyés tout au long de l’été.

To the USA, you know why. :)

Et finalement,

A la SNCF, pour les challenges réguliers aimablement proposés sur les trajets quotidiens entre

Montpellier et Nîmes, ne doutant pas qu’ils visaient à améliorer de nécessaires qualités

d’organisation, de patience et de course à pied.

Page 3: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

3

SOMMAIRE

Page de garde ................................................................................................................ 1

Remerciements ............................................................................................................... 2

Sommaire ....................................................................................................................... 3

Introduction Générale ..................................................................................................... 4

1. Partie Académique .................................................................................................. 6

1.1. Les composantes du risque : vers une approche globale ................................ 6

1.2. Acteurs et échelles de la gestion opérationnelle de crise : le défi de la

coordination ............................................................................................................... 12

1.3. Les échelles spatiales et temporelles comme clés de gestion opérationnelle :

l’exemple des crises inondation ................................................................................ 18

2. Stage 2012 : Développement d’outils de planification et d’anticipation

opérationnels pour le SDIS30 (Gard) ........................................................................... 24

2.1. Chronogramme général ................................................................................. 24

2.2. Présentation du terrain d’étude ...................................................................... 24

2.3. Mission 1 : mise à jour des Plans de Prévision de Crues, outils d’anticipation

des crues ................................................................................................................... 37

2.4. Mission 2 : la Sectorisation Opérationnelle comme application de l’anticipation

de la gestion de crise inondation ............................................................................... 46

2.5. Bilan du stage SDIS30 ................................................................................... 58

Conclusion Générale .................................................................................................... 62

Annexes ........................................................................................................................ 64

Glossaire ....................................................................................................................... 73

Références Bibliographiques ........................................................................................ 74

Lste des Figures ........................................................................................................... 77

Liste des Tableaux ........................................................................................................ 78

Table des Matières ....................................................................................................... 79

Page 4: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

4

INTRODUCTION GENERALE

Si les manifestations des risques naturels ne sont plus considérées comme des

interventions divines par les sociétés humaines du XXIe siècle, elles conservent

néanmoins une dimension et une ampleur qui dépassent rapidement, même dans leurs

manifestations les plus ordinaires, les capacités de gestion des individus. Ce simple

constat rend immédiatement évidente la raison pour laquelle ces phénomènes

aboutissent à des situations de crise, et la nécessité d’une gestion dédiée à celles-ci.

Les inondations en constituent une des meilleures illustrations. Risque naturel le plus

fréquent en Europe, elle frappe avec une intensité et une fréquence particulière le

pourtour méditerranéen.

Or, de l’intervention locale à la coordination globale, la dimension multi-échelles et

multi-acteurs de la gestion des risques, et plus spécifiquement des crises, est

désormais un concept communément admis. A mesure que les enjeux humains se

complexifient, le concept même du cette gestion évolue. Au risque vu comme

phénomène ponctuel, local, essentiellement centré sur l’aléa et concernant une échelle

spatiale délimitée, se substitue peu à peu le risque considéré comme système.

Concernant l’inondation dans le Sud de la France, les inondations de 1988 et de 2002

dans le Gard constituent une illustration remarquable de cette évolution.

Toutefois, quelque soit son intérêt, cet approfondissement des connaissances et des

méthodes utilisées pour la gestion de crise ne doit jamais faire oublier que l’objectif de

toute politique de gestion de crise est premièrement pratique et concret. Idéalement,

toute méthode ou démarche tend à un objectif simple : minimiser au maximum les

victimes humaines et les pertes matérielles qui sont conséquences directes ou

indirectes des catastrophes. Sur la base de ce postulat, un domaine prend alors un

relief tout particulier dans la gestion des risques : il s’agit de la gestion de crise, et tout

particulièrement de son volet opérationnel. Il est représenté principalement en France

par les Sapeurs-Pompiers, et par leur structure d’encadrement principale, le Service

Départemental d’Incendie et de secours. Son intérêt principal est d’être simultanément

en contact avec l’origine et l’aboutissement de toute approche de gestion des risques,

à savoir l’aléa lui-même et les enjeux impactés par celui-ci, qu’ils soient humains ou

matériels.

Fer de lance de la gestion des risques, les opérations de secours et de sauvegarde

constituent donc une excellente illustration du rôle de catalyseur joué par la crise. De

Page 5: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

5

manière plus prononcée que de nombreux autres aspects, elle constitue un véritable

test pour toute politique de protection des populations, quelque soient les ressorts et

les méthodes sur lesquelles celles-ci s’appliquent.

Ainsi, sans jamais perdre de vue que la réalité pratique du terrain doit toujours

constituer la première référence en amont, et la première priorité en aval de toute

démarche opérationnelle, il est possible de trouver dans celles-ci de nombreuses

problématiques présentant un intérêt tout particulier pour la géographie. On

s’intéressera ici tout particulièrement à ses rapports aux échelles temporelles et

spatiales, en se penchant sur l’exemple de la gestion d’évènements de crues dans le

département du Gard. Quelles échelles sont-elles actuellement utilisées pour la

gestion opérationnelle en temps de crise? Comment ce rapport est-il transcrit

sous formes d’outils concrets à l’usage des services de secours? Quelles sont

les évolutions appelées à modifier à court et moyen terme les échelles spatiales

et les temporalités utilisés pour la gestion d’évènement inondation dans le

département du Gard?

Il a été possible de mener cette réflexion dans le cadre d’un stage réalisé entre mars et

septembre 2012 pour le compte du Service départemental d’Incendie et de Secours du

Gard (SDIS30). Celui-ci comportait deux missions à forte dimension opérationnelle.

Bien que liées en de nombreux points (méthodologie, interlocuteurs, outils techniques,

thématique générale de l’inondation), elles sont néanmoins très distinctes, et la

nécessité d’une approche indépendante pour chacune d’entre elle a été soulignée très

tôt au cours du stage par la hiérarchie du SDIS30.

La première d’entre elles consistait en la remise à jour et la restructuration

l’ensemble des Plans de Prévision des Crues, outils opérationnels créés par le

SDIS30 pour améliorer l’efficacité de la réponse en situation de crue sur le

département du Gard. La seconde, s’inscrivant partiellement dans la continuité de la

première, correspondait à participer au développement d’une Sectorisation

Opérationnelle spécifique à l’inondation, à l’usage des personnels Sapeurs-

Pompiers amenés à intervenir sur le département pendant une crise majeure.

Page 6: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

6

1. PARTIE ACADEMIQUE

1.1. Les composantes du risque : vers une approche globale

1.1.1. Le concept de risque entre précision et évanescence

Pour pouvoir être utilisé de manière pertinente, le concept de risque doit pouvoir

répondre à une définition unique, ou tout au moins consensuelle. Bien qu’il en existe

de nombreuses définitions, plus ou moins compatibles, aucune n’a aujourd’hui valeur

de référence unique. Sa dimension pluridisciplinaire et la fréquence même de son

usage en fait un terme courant auquel il est difficile d’attribuer une définition

universelle. Dans le contexte de cette étude, la définition la plus usuellement utilisée

est celle définie par le secrétariat de l’ISDR (International Strategy for Disaster

Reduction) :

(Risque) = (Enjeux) x (Aléa)

soit le risque comme résultante de du croisement entre

Figure 1 - Illustration du triptyque aléa-enjeux-risque (Sism'Oleron, 2009)

Cette simplification a l’avantage de s’adapter aux besoins de définition pour une

situation donnée, mais il est nécessaire de la formuler de manière plus précise pour

une application réelle à une analyse scientifique. Plusieurs tentatives de définition ont

été proposées, orientées vers une conception soit qualitative, soit quantitative. En

2009, J-F. BRILHAC par exemple, définit le risque comme « une mesure de la situation

dangereuse qui résulte de la confrontation de l’aléa et des enjeux, qu’il est possible

d’exprimer en termes de gravité et de probabilité ». Toutefois, ces définitions

successives ne prennent pas en compte le concept de vulnérabilité. Plus exactement,

ce concept est considéré comme un qualificatif intégré au concept d’enjeux. Or, les

Page 7: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

7

travaux récents (Ruin, 2007 ; Vinet, 2008 ; Veyret, 2004 ; Jousse, 2009) tendent à

identifier celle-ci comme un élément distinct, participant à part entière et à égale

importance à la définition du risque. Avant d’adopter une définition ou une autre du

risque dans son ensemble, il est nécessaire de procéder à une revue rapide des

définitions de ses composantes :

L’aléa désigne la possibilité d’occurrence d’un phénomène (ou processus) naturel

provoquant des bouleversements physiques d’intensité variable, potentiellement

dangereux ou générateur de risque. Il est caractérisé par une intensité, une extension

spatiale et une probabilité d’occurrence. Les enjeux sont directement liés à la

présence humaine, sous toutes ses formes pouvant être exposées au danger

(personnes, habitations, infrastructures, activités économiques, sociétés, etc…).

La vulnérabilité est distincte pour chaque forme de présence humaine et pour chaque

type d’aléa concerné. Complexe à définir et à quantifier avec précision, la vulnérabilité

a fait l’objet d’une évolution de sa définition. Depuis une dizaine d’années, on ne la

définit plus seulement comme un simple état des lieux des enjeux exposés, mais

comme la capacité à surmonter la crise provoquée par l’aléa (Dauphine, 2001, dans

Brilhac, 2009). Vinet (2009) fait remarquer que la vulnérabilité est elle-même multiple

et non simple : on peut différencier vulnérabilité structurelle (ou physique, matérielle),

humaine, et enfin sociale et institutionnelle. Elle est également directement liée aux

concepts de résistance (capacité d’un individu, d’une infrastructure, d’une société ou

plus géénralement de tout type de système à subir un phénomène sans dommages,

capacité d’une société à subir un évènement sans perturbation majeure), de résilience

(capacité à absorber des dommages ou à minimiser les dommages d’un traumatisme)

et de régénération (capacité à retrouver un équilibre ou revenir à un état initial, après

un traumatisme ou des dommages). Ces trois capacités sont dépendantes les unes

des autres : une capacité de résistance, résilience ou régénération faible tendra à

définir une vulnérabilité élevée.

Au final, on en retiendra la définition évoquée par Ruin (2007), fruit du travail d’un

groupe interdisciplinaire, qui précise et affine la définition de l’ISDR selon le principe

suivant :

(Risque) = f (A, E, V, I t:s)

Avec E comme l’élément soumis à l’impact d’un évènement, V la vulnérabilité et I la

résilience de l’élément, et A l’évènement lui-même, cousant des dommages dans une

sphère spatiale (s) et temporelle (t). A défaut de constituer avec certitude la meilleure

Page 8: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

8

définition possible du risque, elle est certainement l’une des plus adaptée à l’approche

géographique, grâce à sa prise en compte des variables de temps et d’espace.

Evènement et Situation de crise

L’évènement est la réalisation de ce qui n’était jusque-là qu’une éventualité, c’est-à-

dire l’occurrence du phénomène (ou de la conjonction de phénomènes). Le terme

évènement extrême découle d’une très forte intensité de l’agent naturel en cause.

Selon le contexte d’utilisation et le type d’aléa en jeu, on peut rencontrer deux sens de

ce terme. L’évènement peut soit désigner uniquement le phénomène naturel à l’origine

de la perturbation, soit s’appliquer à l’ensemble du laps de temps écoulé entre le début

du phénomène et le retour à la normale.

On peut remarquer que l’évènement, bien qu’utilisé ici comme un concept homogène,

est en réalité la traduction ponctuelle d’évènements complexes, déclenchés non par

une raison précise mais par une série de causes inter-reliées. Les principes de

l’intrication systémique s’y appliquent donc (Jousse, 2009). C’est aussi le cas pour les

enjeux humains considérés comme des systèmes – sociétés, infrastructures, réseaux

– et leur réaction vis-à-vis d’un évènement. Bien que ce ne soit pas le sujet principal de

cette étude, il est nécessaire de conserver ce principe de complexité à l’esprit, dans

l’étude et la mise en place de plans de gestion de crise. Ces dispositifs étant destinés à

fournir aux acteurs de la gestion des risques des outils d’aide à la décision, ils tendent

naturellement à être schématiques, mais doivent cependant éviter toute simplification à

outrance.

On parle de crise en cas de situation non maîtrisable par les moyens habituels et

nécessitant des prises de décision rapides pour limiter les dommages. Il est également

à noter qu’un évènement (naturel ou non) ne suppose pas obligatoirement une

situation de crise, celle-ci n’existe en effet que si l’évènement n’est plus maîtrisable

techniquement, économiquement ou socialement, c’est-à-dire à partir du moment où

les capacités de gestion de l’entité concernée par la crise1 sont dépassée.

La gravité d’une situation de crise peut lui valoir différentes qualifications. Dans l’ordre,

on parlera d’incident, d’accident de gravité variable, de catastrophe ou catastrophe

majeure dans le cas de risques naturels. L’utilisation de termes gradués pose alors la

question des critères utilisés pour définir la gravité d’une situation. Son intérêt n’est pas

1 Soit dans la mesure où cette entité (individu, structure, société, système anthropique) subit la crise, soit

dans la mesure où elle est appelée à la gérer sans forcément avoir subi les dommages.

Page 9: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

9

seulement sémantique : la définition d’un état de catastrophe naturelle, par exemple,

aura des conséquences directes sur la gestion post-crise (régime d’assurance,

indemnisations de l’Etat, etc.)

Une définition quantitative est possible, comme l’échelle de gravité utilisée par le

Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement

(MEDDTL, sur portail gouvernemental Prim.net). Reproduite en Tableau 1 - Echelle de

gravité d'un évènement (MEDDTL, 2008), elle regroupe risques naturels et

technologiques sur une seule échelle, en utilisant des mesures quantitatives de

dommages humains et matériels.

Tableau 1 - Echelle de gravité d'un évènement (MEDDTL, 2008)

Code Classe Dommages humains Dommages matériels

0 Incident Aucun blessé Moins de 0,3 M€

1 Accident 1 ou plusieurs blessés Entre 0,3 M€ et 3 M€

2 Accident grave 1 à 9 morts Entre 3 M€ et 30 M€

3 Accident très grave 10 à 99 morts Entre 30 M€ et 300 M€

4 Catastrophe 100 à 999 morts Entre 300 M€ et 3 000 M€

5 Catastrophe majeure 1 000 morts ou plus 3 000 M€ ou plus

D’autres systèmes de définition existent cependant. La Croix-Rouge, par exemple,

préfère utiliser une méthode plus qualitative, en définissant un état de catastrophe sur

des critères à la fois fonctionnels et matériels. Elle le définit comme un « événement

brutal, d'origine naturelle ou humaine, grave interruption du fonctionnement d’une

société causant des pertes matérielles, humaines ou environnementales, situation

désastreuse exigeant une intervention d’urgence extraordinaire pour sauver ou

préserver des vies humaines et/ou l’environnement » (Grunewald, 2005).

Enfin, il est possible de définir la catastrophe sur une base uniquement fonctionnelle,

comme la définition de l’Organisation des Nations Unies : « grave interruption de

fonctionnement d’une société causant des pertes matérielles, humaines et

environnementales que la société affectée ne peut affronter avec ses ressources

propres » (Laborde, 2009).

Ces définitions ne s’excluent pas mutuellement. Elles correspondent à des besoins

différents : plus un acteur ou une institution doit juger rapidement de l’état d’une

situation de crise, plus les définitions utilisées sont schématiques et se basent sur des

indicateurs chiffrés.

Page 10: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

10

1.1.2. Maîtrise du risque, maîtrise des risques

Si le risque découle de la confrontation des aléas et des enjeux, il est donc possible de

porter une action sur l’un ou l’autre de ces deux facteurs.

Agir directement sur l’aléa signifie prendre des mesures pour réduire la fréquence et

l’intensité des évènements. Ce mode d’action suppose de tenir compte des possibilités

techniques de la société actuelle. Force est de reconnaître que la majorité des risques

naturels relèvent de processus naturels qui se situent actuellement hors des

possibilités d’intervention humaine. En revanche, il est possible d’agir sur l’aléa dans le

cas des risques technologiques, en maximisant les mesures visant à diminuer la

fréquence et l’intensité des accidents technologiques. Dans tous les cas, une

connaissance de l’aléa aussi complète que possible doit y être recherchée.

L’acquisition des savoirs théoriques (recherche fondamentale), ainsi que l’acquisition et

la mise à jour des informations (données d’évènements) demeurent indispensables à

toute tentative d’action. Par ailleurs, la nécessité de prendre en compte les chaînes

causales à l’œuvre dans ces processus a conduit à appliquer de nombreux principes

de l’approche systémique à leur étude.

Agir sur les enjeux, en revanche, vise à réduire la vulnérabilité des personnes, biens

ou structures humaines menacées. Les possibilités d’action y sont plus larges, car plus

proches des possibilités techniques actuelles. Leur mise en application n’est

cependant pas moins complexe. En effet, si toute forme de présence, d’organisation ou

d’activité humaine exposée à un aléa constitue un enjeu en soi, cela suppose de

considérer les sociétés humaines comme des ensembles. En conséquence, même si

les mesures d’actions prises sur les enjeux peuvent être ponctuelles, elles doivent être

replacées dans un contexte plus large, qui tient compte des conséquences à plusieurs

degrés sur les différents domaines de l’activité anthropique.

Contrairement à une définition souvent donnée, c’est la prise en compte de

d’interdépendance de ces deux composantes du risque (et de leurs mécanismes

respectifs) qui donne son sens et sa raison d’être au terme d’approche globale pour la

maîtrise des risques, et non simplement le fait d’agir simultanément sur les enjeux et

sur les aléas.

Page 11: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

11

En France, cette gestion se décline en quatre axes majeurs : prévision, protection,

prévention et gestion de crise. Plusieurs propositions one été réalisées pour tenter de

décliner ces axes en principes pratiques. Celle proposée par la DDRM Maine-et-Loire

en 2008 en constitue un excellent exemple, en ce qu’il place la crise comme point de

départ de l’ensemble (Figure 2 - Principes de la gestion des risques en France : la

crise comme catalyseur (DDRM49, 2008)). On ne s’étendra pas ici sur les variations

des politiques de gestion des risques en France.

Figure 2 - Principes de la gestion des risques en France : la crise comme catalyseur (DDRM49, 2008)

On se penchera plus spécifiquement au cours de cette étude sur la dimension

opérationnelle de la gestion de crise. Parfois désignée sous le terme de réponse, elle

regroupe deux démarches complémentaires et l’ensemble des moyens de coordination

nécessaire pour permettre à toutes deux de remplir leur objectif premier de protection

des populations.

La démarche de secours : le secours relève d’une intervention directe sur les

enjeux (victimes, biens vitaux) afin de mettre fin à une situation de crise. En cas

Page 12: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

12

d’impossibilité technique de stopper la crise, elle doit permettre d’en atteindre la

fin sans dégâts supplémentaires. Ce rôle est réservé à des acteurs formés et

équipés pour intervenir en situation dangereuse, le plus souvent des services

de secours institutionnalisés (SMUR, SDIS, voire renforts d’armée en situation

extrême) ou des acteurs de la protection civile.

La démarche de sauvegarde : la démarche de sauvegarde n’a commencé à

exister en tant que démarche indépendante qu’assez récemment. Elle se place

en appui de la démarche de secours, en déchargeant celle-ci de toutes les

tâches qui peuvent être effectuées par des personnes sans formation ni

équipement. La démarche de sauvegarde n’inclut donc pas (en principe)

d’intervention qui exposerait directement ses acteurs au danger.

Lorsqu’elles sont évoquées pour décrire les missions d’un acteur ou d’’une institution,

on parle alors de compétence de sauvegarde ou de secours (voir Figure 3 -

Complémentarité des compétences de sauvegarde et de secours (IRMA, 2011)).

Figure 3 - Complémentarité des compétences de sauvegarde et de secours (IRMA, 2011)

Page 13: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

13

1.2. Acteurs et échelles de la gestion opérationnelle de crise : le défi de

la coordination

1.2.1. La Sécurité Civile : principes et fondements

La gestion de crise – et tout spécialement lorsqu’on considère son volet opérationnel –

tend à un double objectif. En premier lieu, elle vise à minimiser, et si possible

supprimer, les dommages humains et matériels subis lors de l’évènement. En second

lieu, elle vise à organiser les moyens disponibles pour retarder, et si possible éviter

que la situation ne dépasse à nouveau les capacités de gestion des acteurs en place.

Devant cette double mission, il n’existe pas un acteur unique, simultanément pour des

raisons de compétences et de moyens d’une part, et parce que tout élément humain

englobé dans les sphères spatiales et temporelles du risque devient de fait un acteur

de la gestion de crise d’autre part2. Dautun (2004) identifie six types d’acteurs divisés

en trois catégories complémentaires. Parmi elles, on se penchera plus spécifiquement

pour cette étude sur les acteurs de la Sécurité Civile (Figure 4 - La sécurité civile

parmi les acteurs de la gestion de crise (d’après Dautun, 2004)).

Figure 4 - La sécurité civile parmi les acteurs de la gestion de crise (d’après Dautun, 2004)

Avant d’aborder plus en avant les problématiques de la gestion de crise opérationnelle

par la Sécurité Civile, il est nécessaire de bien la distinguer de la Protection Civile. La

première désigne uniquement la mission régalienne de l’Etat et les organes

administratifs chargés de son maintien, la DGSCGC (Direction Générale de la Sécurité

2 Ce postulat en admettant qu’excepté de rares cas d’impossibilité mentale ou physique, aucun individu impliqué dans

une crise n’est totalement passif, agissant au minimum pour sa propre sauvegarde (d’après Ruin, 2007).

Page 14: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

14

Civile et de la Gestion des Crises) et le CNSC (Conseil National de la Sécurité Civile),

alors que le terme de « protection civile » peut désigner :

- La fonction régalienne elle-même,

- Les services remplissant les missions d’application de la politique de sécurité

civile à l’échelon départemental: le SIDPC (Service interministériel de défense

et protection civile) ou, plus récemment, le SIACEDPC, (Service Interministériel

des Affaires Civiles et Economiques de Défense et de Protection Civile),

- Tout type d’acteur participant à des missions contribuant au maintien de la

sécurité civile, mais à condition d’avoir été reconnue d’utilité publique et agréée

Sécurité Civile par un représentant de l’Etat au vu des critères formulés par la

loi du 13 août 2004 (il s’agit essentiellement d’associations civiles, la plus

importante d’entre elle étant d’ailleurs simplement désignée comme la «

Protection Civile »).

Le texte législatif lui-même signale explicitement que la Sécurité Civile « diffère

également de la défense civile, qui est constituée de l'ensemble des mesures tendant

à l'ordre public, à la protection matérielle et morale des personnes et à la « sauvegarde

des installations et ressources d'intérêt général, et de la sécurité intérieure, tout en

étant liée à ces dernières. » (Sénat Français, Projet de Loi de Modernisation de la

Sécurité Civile, Rapport Introductif à la Loi n°2004-809 du 13 août 2004).

Les principes fondamentaux de la Sécurité Civile en tant que structure étatique sont se

trouve dans une série de texte législatifs. La Constitution Française du 4 octobre 1958,

texte fondateur de la Ve République, définit les droits inaliénables de tout citoyen

français, incluant celui à la sûreté de sa personne et de ses biens, et les fonctions

régaliennes de l’Etat, au nombre desquelles figure le maintien de la sécurité civile. La

loi n°87-565 du 22 juillet 1987 relative à l'organisation de la sécurité civile, à la

protection de la forêt contre l'incendie et à la prévention des risques majeurs, fixe les

modalités d’intervention des services publics d’assistance et de secours et les premiers

documents de planification (ORSEC, Plan Rouge). Le Code Général des Collectivités

Territoriales (CGCT) et ses mises à jour successives (loi numéro 96-142 du 21 février

1996) définissant le rôle et les missions des collectivités territoriales, entre autres

celles en rapport avec la protection des populations et, in extenso, leur participation au

financement des structures chargées de cette protection. La Loi n°96-369 du 3 mai

1996 relative aux services d'incendie et de secours a participé à fixer le cadre et les

missions des SDIS. Enfin, la loi n°2004-809 du 13 août 2004 relative à la

Page 15: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

15

modernisation de la Sécurité Civile, qui actualise et remplace la loi n°87-565, renforce

l’organisation de la gestion de crise.

1.2.2. Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours comme fer de

lance de la Sécurité Civile

Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) constituent la

manifestation physique la plus concrète des actions de la Sécurité Civile. Il regroupe

l’ensemble des Sapeurs-Pompiers d’un département. Parmi eux, le Bataillon de

Marins-Pompiers de Marseille et de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, corps

de pompiers militaires sont rattachés respectivement à la Marine Nationale et à

l’Armée de Terre. Les SDIS sont chargés du volet opérationnel de la gestion de crise,

c’est-à-dire l’intervention physique et directe sur le théâtre des évènements, pour une

série de missions parmi lesquelles vient en tout premier lieu le secours aux personnes.

Comme l’indique leur nom, les SDIS, sont à l’origine chargés de la prévention, de la

protection et de la lutte contre les incendies, mais leurs missions sont en réalité plus

larges (SDIS30, 2010, in DOS SANTOS, 2012):

- Prévention et évaluation des risques de sécurité civile

- Préparation des mesures de sauvegarde et organisation des moyens de

secours,

- Protection des personnes, des biens et de l’environnement,

- Secours d’urgence et évacuation des personnes victimes d’accidents, de

sinistres ou de catastrophes

Tableau 2 - Part des différentes catégories d'interventions SDS (SDIS30, 2010)

INTERVENTIONS PART

Secours à victimes: (accidents domestiques, malaises, etc) 59%

Incendies 10%

Accidents de la circulation 10%

Autres (luttes contre les pollutions, inondations, etc) 21%

Total 100%

Total d’environ 3 500 000 interventions/an

Les effectifs de la globalité des SDIS français s’élèvent à environ 255 000 pompiers

civils et militaires, dont 95% (244 000) sont des civils. Sur cette part, environ 80% sont

des volontaires, la part restante correspondant à des pompiers civils mais exerçant

Page 16: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

16

cette activité de manière professionnelle. Cette part de volontariat très importante

constitue une spécificité française. Une autre des particularités des SDIS est d’être

placés sous une double autorité, l’une administrative (le Président du Conseil

d’Administration, lié au Conseil Général, principal financeur du SDIS), et l’autre

opérationnelle (Préfet de Zone, Préfets ou Maires dans le cas d’interventions

communales). Cette « double commande » n’est d’ailleurs pas sans poser certains

défis en termes de cohérence des politiques de gestion et de direction.

D’un point de vue organisationnel et spatial, s’intègrent à la structure de la Sécurité

Civile, selon une logique hiérarchique très prononcée, similaire à l’organisation militaire

par sa recherche première de l’efficacité. Elle suit un ensemble d’échelons

hiérarchiques défini en fonction de l’échelon spatial, telle qu’exposé ci-

dessous (Tableau 3 - Echelons principaux de la Sécurité Civile (Ministère de la

Défense, 2008)). On y distinguera le Directeur des Opérations de Secours (DOS)

chargé de la direction générale des Opérations de Secours, et le Commandant des

Opérations de Secours (COS) chargé de la mise en œuvre des décisions

correspondantes sur le terrain. Au contraire du DOS, qui ne fait pas partie du

personnel SP, le COS est obligatoirement un gradé sapeur-pompier disposant de la

formation nécessaire à ce type de tâche.

Tableau 3 - Echelons principaux de la Sécurité Civile (Ministère de la Défense, 2008)

ECHELON RESPONSABLE (DOS) STRUCTURE DE COMMANDEMENT

National Ministère de l’Intérieur COGIC

Zonal Préfet de Zone COZ

Départemental Préfet de département COD

Communal Maire PCC

Intervention Officiers SP PC Terrain

On s’attardera principalement ici sur l’échelon départemental, qui constitue l’organe de

coordination principal de l’activité opérationnelle des SDIS. Actif 24/24, informé en

permanence de la totalité des opérations en cours de déroulement, il coordonne et

organise les actions des sapeurs-pompiers sur le terrain et les relations avec toutes les

autorités et organismes de secours amenées à interagir avec ces derniers. Le SDIS

est également le nœud opérationnel chargé de recevoir et de traiter l’alerte, via le CTA

Page 17: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

17

(Centre de Traitement de l’Alerte), vers lequel sont redirigés notamment les numéros

d’appels d’urgence français et européen (18 et 112).

Pendant une opération terrain, le commandement est assuré à la base par le chef de

bord du premier véhicule engagé, appelé Chef d’Agrès. Lorsque deux à quatre

véhicules sont engagés sur une même intervention, on parle alors de Groupe, la

coordination et le commandement de ces moyens étant effectués par l’officier de garde

local, appelé Chef de Groupe (du grade de major ou lieutenant, exceptionnellement

capitaine par défaut). Quand une intervention nécessite l’engagement de plusieurs

groupes, on parle alors de Colonne (deux à quatre groupes). Un officier de

permanence de groupement du niveau de Chef de Colonne prend alors le

commandement, du grade de capitaine ou commandant au minimum. Dans ce cas, un

Poste de Commandement (PC Colonne) est activé sur le terrain, sous la forme d’un

lieu fixe ou d’un véhicule spécifique. Il a pour fonctions principales de permettre au

Commandant des Opérations de Secours (COS) de gérer l’intervention et les moyens

sur place, en mettant en place les structures d’aide à la décision et de raisonnement

tactique, et de rester en liaison directe avec le CODIS. Enfin, au-delà de deux

Colonnes engagées simultanément, le PC Colonne évolue en PC Site, et le

commandement est transféré à un officier supérieur, qui prend alors le statut de Chef

de Site (voir Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Les moyens engagés, en

termes physiques, sont fournis par les Centre d’Incendie et de Secours (casernes de

pompiers), divisés en Centre de Secours et Centres de Secours Principaux, qui

assurent la couverture permanente du département (SDIS30, 2010).

Enfin, dans le cas où des interventions réclament des compétences particulières, la

plupart des services départementaux d’incendie et de secours disposent d’Unités

Spécialisées formées de sapeurs-pompiers spécialement formés et pouvant être

engagés en cas de besoin. On peut citer pour exemple les groupes d’intervention

subaquatique, la CMIC (Cellule Mobile d’intervention Chimique), les unités RAD

(spécialisées en intervention en milieu radiologique), les équipe cynotechniques, etc.

Concernant l’inondation dans le Gard, par exemple, les GIS (Groupes Inondation

Sauvetage) rassemblent des personnes des unités spécialisées GRIMP (Groupe de

Recherche et d’Intervention en Milieu Périlleux) et SEV (Sauvetages en Eaux Vives).

Ils sont complétés par les Groupes d’Intervention Inondation, formées de personnels

classiques mais spécialement équipés pour intervenir en environnement de crue. Les

missions des GII incluent la mise en sécurité des personnes, les sauvetages ou

Page 18: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

18

évacuations des victimes isolées, le ravitaillement, la sauvegarde des biens inondés

(opérations d’assèchement, de pompage ou de nettoyage). Les GIS interviennent sur

des problématiques plus techniques, quand les conditions sont trop périlleuses pour

engager un GII : reconnaissance des zones d’habitations isolées, sauvetages et mises

en sécurité par hélitreuillage, interventions au sol en eaux vives, et sécurisation des

équipes de sapeurs-pompiers traditionnelles (SDIS30, 2010, in DOS SANTOS, 2010).

1.3. Les échelles spatiales et temporelles comme clés de gestion

opérationnelle : l’exemple des crises inondation

1.3.1. L’échelle temporelle : l’anticipation comme enjeu opérationnel principal

En considérant à nouveau l’objectif principal de l’action des Sapeurs-Pompiers, à

savoir minimiser les dommages humains et matériels d’une crise inondation, il apparaît

comme évident que plus tôt les services de secours peuvent être informés d’une

situation sensible, plus grandes sera la marge de manœuvre disponible pour une

intervention, et par conséquent, meilleure sera la qualité de la réponse.

Gestion des temporalités pendant l’évènement

Dans la perspective de réduire au maximum tout délai entre l’évènement et

l’intervention elle-même, les SDIS ont mis en place un système visant à une efficacité

de déploiement maximale. Lorsqu’un appel d’urgence est transmis au CTA, l’opérateur

y renseigne la localisation et la nature du besoin de secours. Un système informatique

automatisé, maintenu informé en permanence des moyens disponibles, suggère alors

à l’organe de commandement la structure technique et organisationnelle des moyens

adaptés pour répondre à ce besoin. Concrètement, ces moyens sont « puisés » dans

les différents Centres de Secours qui maillent le territoire départemental. Ces centres

sont contactés par ordre de proximité à l’accident et par ordre de priorité selon les

différents secteurs de premier appel couvrant la zone de l’évènement (voir Figure 9 -

Cours d’eaux principaux, aperçu du relief et de l’organisation spatiale des Centres

d’Incendie et de Secours du Gard). En effet, si le centre le plus proche est indisponible,

ses moyens étant d’ores et déjà engagés, le second centre le plus rapproché sera

contacté à son tour, et ainsi de suite.

Une fois la décision validée par l’officier en charge, l’opération est engagée, les

personnels et les véhicules se mettant immédiatement en route. Le premier gradé

arrivé sur les lieux devient Commandant des Opérations de Secours, statut qui sera

Page 19: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

19

transmis au fur et à mesure de l’arrivée d’officiers plus gradés. Ce relai de la

compétence de commandement permet de réduire pratiquement à zéro le délai

d’intervention, exception faite du résidu temporel incompressible que constitue le

temps de transfert physique (trajet) pour arriver sur les lieux de l’intervention. Pour

réduire celui-ci, plusieurs moyens sont alors possibles :

- Faire évoluer le maillage territorial vers un niveau plus resserré (en d’autres

termes, augmenter le nombre de Centre de Secours, mais une telle pratique est

difficilement compatible avec les capacités pratiques et financières du SDIS)

- En remplaçant les astreintes par des gardes lorsque la situation laisse prévoir

une probabilité d’interventions plus nombreuses (afin d’éliminer le temps de

trajet domicile-CIS des personnels) ; c’est le principe du renforcement de la

Chaîne de commandement, existante pour la période feux de forets dans le

Gard et appliquée depuis 2012 à l’inondation pendant la période des crues.

- Améliorer le traitement des alertes par le biais d’opérateurs mieux formés ou

d’outils informatiques plus performants,

- Renforcer la présence des moyens SP sur le terrain afin de diminuer le temps

résiduel incompressible.

En cas d’inondation, notamment, les conditions météorologiques peuvent rendre les

déplacements plus difficiles, et donc faire augmenter exponentiellement les délais

d’intervention. Cette dernière possibilité de pré-positionnement des moyens a fait

l’objet d’une étude, au cours de la seconde mission de stage au SDIS (voir partie 2.4).

Anticipation

Toutes les méthodes et outils mis en œuvre pour accélérer l’intervention ne trouvent

réellement leur sens que si elles sont complétées d’une démarche dont l’origine se

trouve, non lors de l’alerte uniquement, mais également – et surtout – en amont de

l’évènement lui-même. On regroupe sous le nom d’anticipation deux approches

complémentaires : la prévision et la planification.

La prévision, telle que définie par l’Académie Française (2012), peut être considérée

comme « l’étude générale d'une situation donnée, dont on peut, par déduction, calcul

et mesure scientifique, connaître par avance l'évolution ». Appliquée au risque et aux

évènements (les crues, dans le cas d’exemple choisi pour cette étude), il s’agit de la

mise en capacité des services de secours à savoir à l’avance et de manière aussi

précise que possible, la localisation, le moment de déclenchement et les particularités

Page 20: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

20

d’un phénomène de crue. La prévision telle que pratiquée dans les SDIS dépend

essentiellement des systèmes météorologiques et hydrologiques :

MétéoFrance, qui fournit l’information sur les conditions météorologiques plusieurs

heures, ou jours, à l’avance (depuis 1999, on en retiendra la mise en place de la

procédure « vigilance météo » et l’édition quotidienne de cartes de vigilance nationales

par département à 6h et 16h). Ces cartes sont à l’usage des services de secours, mais

également du public, par le biais de diffusion des consignes de sécurité.

Cette information est complétée par la démarche de prévision spécifique aux crues

opérée par l’ex-Service d’Annonce des Crues (SAC), aujourd’hui connu sous le nom de

SPC (Service de Prévision de Crues) chargés d’entretenir une vigilance inondation

permanente sur les bassins des cours d’eau surveillés par l’Etat. Les SPc disposent

d’un réseau dense d’appareils de mesure équipant ces cours d’eau, et de la capacité à

traiter les données récoltées sous la forme de modèles hydrologiques de prévision des

crues, couplés à un ensemble d’informations météorologiques. Sur la base de mesures

de débits, le SPC est en mesure de placer certains cours d’eau (ou tronçons de cours

d’eau ) en état de vigilance spécifique inondations. Cet état de vigilance est ensuite

transmis via le SCHAPI (Service Central Hydrométéorologique d’Appui à la Prévision

des Inondations), sous la forme de cartes accessibles sur internet (voir Figure 5 -

Exemple de carte de vigilance SPC (SPC/SCHAPI, septembre 2012)) et mises à jour

toutes les 24h, et de bulletins détaillés fournis à intervalles réguliers. Les SPC

disposent de quatre niveaux de vigilance, ordonnés de vert (pas de risque de crue) à

rouge (risque de crue majeure, menace directe et généralisée des personnes et des

biens). Les hauteurs d’eau et les mesures de précipitations sont en outre publiées en

ligne et en direct, à un rythme de mise à jour d’environ 15m, afin de permettre

d’accéder à une information plus détaillée.

De nombreux autres systèmes de prévisions viennent compléter l’action de ces deux

entités, de manière plus ou moins régulière dans le Gard, où le besoin d’une

information temporelle plus précise se fait cruellement sentir (notamment en raison du

caractère brutal des crues-éclair qui accompagnent régulièrement les épisodes

cévenols). On peut citer, dans l’ordre :

- Le système d’alarme intégré ALTHAIR (Alarme Hydrologique Territoriale

Automatisée par Indicateurs de Risque), développé par la DDE30.

Page 21: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

21

- Le développement de nombreux modèles plus performants, comme les modèle

ISBA et AIGA (Adaptation d’Information Géographique pour l’Alerte de Crue),

développés par le Cemagref et MétéoFrance.

Figure 5 - Exemple de carte de vigilance SPC (SPC/SCHAPI, septembre 2012)

Planification

La planification est une forme de l’anticipation qui diffère de la prévision. Selon

GRUNEWALD (2005), elle correspond à la conception et à l’application de schémas

prédéfinis guidant les acteurs dans la réalisation des actions secours et de

sauvegarde, tout en leur fournissant à un instant T une information aussi précise que

possible sur l’état global de la situation sur laquelle ils sont appelés à intervenir.

Ce second volet de l’anticipation se décline en deux types d’approche : la planification

des secours et la planification opérationnelle. La planification des secours est partie

intégrante du rôle de l’Etat, garant des droits citoyens à la protection des personnes et

bien et par conséquent autorité supérieure à tous les services amenés à intervenir sur

ce thème. Le rôle de chaque acteur, selon ses compétences et ses moyens, est défini

par un certain nombre de plans globaux, appliqués par les Préfets en tant que

représentants locaux de l’Etat. On peut parler citer notamment le « Plan ORSEC »

(Organisation de la Réponse de la SEcurité Civile), qui remplace les anciens plans

d’urgence depuis la loi de modernisation de la Sécurité Civile du 13 août 2004.

Page 22: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

22

La planification opérationnelle, en revanche, est a priori interne à chacun des acteurs

(bien qu’elle puisse faire l’objet d’actions de coopération et de coordination). Elle vise à

améliorer la préparation des moyens humains, matériels et d’encadrement à faire face

à la crise. Le Service Départemental d’Incendie et de Secours du Gard a notamment

mis en place un système de planification opérationnelle pour faire face à des

évènements de crue de grande ampleur : l’Ordre d’Opérations Inondation. Celui-ci, mis

à jour annuellement, est composé de nombreux éléments structurant la réponse

opérationnelle selon des structures pré-établies. On reviendra sur deux de ses aspects

en particulier dans la partie 2 :

- Les Plans de Prévision de Crues, outils d’information et de guidage

opérationnels à l’échelle d’un bassin versant.

- La Sectorisation Opérationnelle, qui planifie le pré-positionnement des moyens

à l’échelle du département.

1.3.2. Echelles spatiales de la gestion de crise, entre recherche d’un optimum spatial

et approche multi-scalaire

L’échelle spatiale constitue en soi un défi à gérer chaque jour dans la réalité pour les

sapeurs-pompiers : on l’a vu, l’une des priorités de la gestion des temporalités des

secours consistait à gérer les délais précisément générés par la distance à l’opération.

Toutefois, cette prise en compte de l’échelle spatiale, non plus de fait, mais comme un

élément défini et tangible, trouve sa source dans la départementalisation des services

de secours telle que définie par la loi n°96369 du 3 mai 1996 (Viret J. & Queyla J-L.,

2008). Lorsqu’elle impose le transfert aux départements de cette compétence de

secours et de sauvegarde, elle a par la même occasion officialisé des échelles

spatiales qui n’étaient jusque là que, selon DOS SANTOS (20120), une « organisation

territoriale de la protection des personnes » à valeur informelle.

Or il n’est pas possible de gérer à l’échelle d’un département l’ensemble des

interventions locales physiquement délimitées dans l’espace, sans envisager une

sous-sectorisation de celui-ci sur la base d’un maillage territorial spécifique au risque.

Ce maillage territorial a correspondu de fait au découpage en Groupements

Territoriaux puis en Secteurs de Premier Appel, chacun gérés au niveau local par un

Centre d’Incendie et de Secours et coordonnés par le CODIS au niveau global. Pour

assurer une couverture à une échelle plus rapprochée, des Postes Avancés peuvent

également être déployés sur un site ou un autre, réduisant l’échelon de maillage. A

Page 23: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

23

l’inverse, dans le cas d’évènements de grande ampleur ou de secteurs difficiles

d’accès, des renforts sapeurs-pompiers peuvent intervenir depuis l’extérieur du

département, élargissant ainsi l’échelle spatiale de gestion (Deschamps S., 2009).

Mais ces clivages spatiaux existant de fait, de nombreuses approches sont

actuellement à l’étude pour mettre en place une politique volontariste de gestion

spatiale des interventions de secours. On peut citer comme exemple, parmi les

SDACR (Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risques), celui mis

en place par le SDIS38 sur le département de l’Isère (Dos Santos L., 2010 et SDIS38,

2009). Celui-si utilise le découpage départemental en « bassins de vie » tel que défini

par l’INSEE (25 bassins par département environ) après une phase d’analyse et de

diagnostic territorial prenant en compte la vulnérabilité des communes concernées.

Toutefois, la finesse de cette approche constitue en soi les limites de son application à

une catastrophe majeure, cette sectorisation étant spécifiquement définie pour des

interventions fines, sur des accidents ou des désastres de petite ampleur.

On peut également citer, bien qu’il ne s’agisse pas d’une sectorisation opérationnelle

des services de secours, la récente évolution du découpage administratif

commune/département vers des entités de type bassin versant (syndicats de cours

d’eau comme celui du Vidourle, EPTB, etc). Ces nouveau découpages tendent à une

approche globale et intégrée de l’eau (et donc du risque inondation), et dénotent une

évolution d’une vision des cours d’eau ponctuelle et statique vers une vision

dynamique et linéaire (Vinet, 2007). Toutefois, leur définition se fait exclusivement sur

des critères hydrologique, ce qui a valu à ces nouveaux découpage une remise en

question de leur cohérence, notamment en ce qui concerne les stratégies d’acteurs

(Vinet, 2007, et Veyret, 2004, principalement).

En 2012, le Département du Gard va mettre en place l’une des premières

Sectorisations Opérationnelles spécifiquement liées à l’inondation, clivée en SOI

(Secteurs Opérationnels Inondation). Ceux-ci sont définis sur la base de critères à la

fois hydrologiques, puisqu’inspirés de la sectorisation par bassins versants utilisée par

le Service de Prévision des Crues Grand Delta, mais également de critères

opérationnels, en intégrant dans leur définition la conservation des accès routiers,

l’isolation des secteurs les uns par rapport aux autres, la prise en compte de possibles

crues concomitantes, etc. C’est également la première sectorisation de ce type en

France qui soit doublée d’une chaîne de commandement sapeurs-pompiers spécifique

à l’inondation et définie en fonction de ce nouvel échelon spatial.

Page 24: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

24

2. STAGE 2012 : DEVELOPPEMENT D’OUTILS DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION

OPERATIONNELS POUR LE SDIS30 (GARD)

2.1. Chronogramme général

REMARQUE : Pour des raisons de lisibilité, le Chronogramme

général du stage peut être consulté en Annexe 1.

Ce chronogramme retrace les principales phases des missions de stage. Pour la

bonne compréhension de l’ensemble, il est nécessaire de préciser ici que la convention

a fait l’objet d’une prolongation pendant le mois d’août. Le stage se prolongera par une

période de volontariat fin septembre après la fin du Master, portant la durée totale des

missions à six mois et demi.

Bien qu’assez proche de la réalité, il ne la retrace pas exactement. En effet, les deux

missions de stage (PPC et SECTOP) se sont partiellement déroulées en même temps

pendant les mois de juillet et août. Par ailleurs, plus que le planning fixé en début de

stage, ce sont les disponibilités des interlocuteurs sapeurs-pompiers et extérieurs qui

ont fixé les différentes phases du projet, particulièrement pendant les périodes d’été,

en raison des congés et d’un rythme d’opérations feux de forêts plus intense au

SDIS30. La présentation sous cette forme permettra également de se servir du

diagramme de Gantt comme support pour expliciter certaines des difficultés

rencontrées au cours du stage (voir partie 2.5.2)

2.2. Présentation du terrain d’étude

2.2.1. Généralités : le Gard comme type du département méditerranéen

Maillon du découpage territorial français depuis 1789, composante de la région du

Languedoc-Roussillon, le département du Gard regroupe 353 communes et 46

cantons, organisés autour de la préfecture de Nîmes et des sous-préfectures d’Alès et

Le Vigan. D’une superficie de 5800 km² environ, il abrite une population estimée à 704

000 habitants en 2011. (Conseil Général du Gard, 2012 et INSEE, 2011)

Le département du Gard compte trois grands ensembles géographiques : le massif des

Cévennes recouvrant l’ensemble du quart Nord-Ouest ; les plaines de la Cèze, du

Gardon et du Vidourle/Vistre alternant avec des zones de plateaux sur toute la partie

Page 25: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

25

centrale ; et la vallée du Rhône comportant notamment une partie de la Camargue à

son embouchure, située à l’extrême sud du département.

Figure 6 - Limites principales du département du Gard

Le relief du Gard culmine à 1567m (Mont Aigoual, Cévennes) et son point le plus bas

se trouve à 0m, à l’embouchure du Rhône. Les risques naturels principaux présents

sur le département sont, dans l’ordre, l’inondation (sept cours d’eau principaux

susceptibles d’inondations régulières3, problématiques de ruissellement intense et

particularités météorologiques cévenoles), et les feux de forêts, avec 48% environ du

département recouvert de végétation (Corine Land Cover, 2010).

2.2.2. Conditions climatiques

La totalité du département, exception faite de quelques zones d’altitude dans les

Cévennes, connaît un climat de type méditerranéen à tendances continentales sur les

Cévennes et le Nord du département.

3 Voir Figure 2 : Cours d’eaux principaux, relief et organisation spatiale des Centres d’Incendie et de

Secours du Gard.

Page 26: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

26

Ce type de climat est caractérisé par un ensoleillement annuel élevé (supérieur à 2 600

heures par an pour le Gard), et par des étés de chauds à très chauds. Pour indication,

le record de température français, s’élevant à 44.10°C, a été enregistré le 12 août 2003

sur la commune de Conqueyrac (Gard), et les températures moyennes estivales

gardoises oscillent entre 30 et 31°C pendant les mois de juillet et août sur la période

1971-2000 (Rapport MétéoFrance, 2000). Les étés y sont particulièrement arides en

comparaison de la moyenne française, les précipitations y descendant jusqu’à une

moyenne légèrement inférieure à 25mm/mois en juillet sur la même période. Les

sécheresses d’été peuvent également être aggravées par le vent, le Gard étant y

exposé jusqu’à 250 jours par an, simultanément au mistral (Nord/Nord-ouest) et à la

tramontane (Ouest-Nord-Ouest).

En revanche, les hivers y sont particulièrement doux, les températures minimales y

descendant rarement sous -5°C, et on y enregistre seulement 24 jours de gel sur la

période 1960-2005 (Servaire, 2007). Janvier est le mois le plus froid, principalement en

raison des masses d’air froides déplacées par les vents continentaux.

On relève en moyenne de 640 à 850 mm de précipitations par an sur le département,

même en tenant compte de la zone cévenole, beaucoup plus arrosée (MétéoFrance,

2012). La moyenne interannuelle des précipitations atteint 800 mm/an à Nîmes et

608,5 mm/an à Aigues-Mortes. Les précipitations y sont donc peu abondantes et

concentrées sur un nombre de jours de pluie relativement restreint, de 60 à 70 environ

selon la localisation.

Outre ces caractéristiques quantitatives générales, il est nécessaire de souligner la

grande variabilité des précipitations gardoises, qui s’exprime sous plusieurs formes. En

effet, la variation interannuelle des précipitations peut y être de très forte amplitude,

avec un minimum de 390 mm en 1967 et un maximum de 1191 mm en 1972 sur la

période 1960-2005 (Servaire, 2007).

Le régime pluviométrique présente en outre des variations saisonnières et spatiales.

Les précipitations sont particulièrement abondantes en automne, particulièrement sur

les mois de septembre et d’octobre, s’opposant à une période sèche s’étendant

généralement de mai à août. En termes spatiaux, la pluviométrie varie également,

puisque le Mont Aigoual, situé dans le département du Gard, compte parmi les lieux

les plus arrosés de France, avec un record de 4015 mm annuels en 1930

(MétéoFrance, Observatoire Météorologique du Mont Aigoual, 2011).

Page 27: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

27

Le climat du département du Gard comporte par ailleurs une spécificité bien connue,

sous le nom d’épisodes cévenols, type particulier d’épisodes méditerranéens. On

entend par ce dernier terme, selon E. Wesolek et P. Mahieu (2010), des « périodes de

plusieurs jours durant lesquels des précipitations abondantes (supérieures à 100 mm

sur la période considérée, mais parfois plus de 500 mm sur des étendues spatiales

réduites) s'abattent sur une grande partie des régions qui bordent la mer

Méditerranée ».

Figure 7 - Représentation simplifiée des conditions climatiques générales lors d'un épisode

cévenol (MEDD, 2009)

Les épisodes cévenols se produisent le plus souvent lors d’un début d’automne,

particulièrement si un refroidissement brutal a suivi un été particulièrement chaud. Le

modèle météorologique précis et les détails de développement de tels phénomènes

sont complexes et demeurent partiellement connus, mais en revanche, son principe

peut être résumé à trois conditions principales apparaissant sur la figure ci-dessus. On

y observe trois phénomènes concordants :

Un centre dépressionnaire se forme sur l’Atlantique, à proximité des côtes

franco-britanniques.

La circulation de dépression d’altitudes secondaires autour du centre

dépressionnaire principal entraîne la création d’un flux d’air froid Sud / Sud-

ouest en haute altitude sur les régions méditerranéennes.

Page 28: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

28

La température de la Mer Méditerranée est élevée après la période estivale,

entraînant une évaporation intense et la formation d’entrées maritimes (vents

marins en direction de la côte, dans les basses couches de l’atmosphère, de

0m à 300m).

Cette configuration météorologique générale, volontairement simplifiée, aboutit à une

advection d’air chaud et humide à basse altitude, circulant en direction du Nord. En

raison de la présence de relief sur la région des Cévennes, massif montagneux

relativement élevé (plusieurs ensembles supérieurs à 1500m), il se crée un puissant

effet orographique. Les masses d’air, butant sur le relief cévenol, entrent en

ascendance et se heurtent aux courants d’altitude, plus froids. Il en découle une

condensation rapide des masses d’air et le déclenchement de précipitations intenses

(voir Figure 8 - Coupe simplifiée d'un épisode cévenol sur le département du Gard)

Le phénomène peut également se trouver aggravé en cas de remontées de masses

d’air froides et humides en flux Nord/Nord-est en provenance de l’Auvergne : bien que

la majorité des précipitations qu’elles entraînent s’abatte sur les versants nord des

Cévennes, elles contribuent à augmenter l’intensité de l’épisode cévenol,

particulièrement sur le Gard (Martin, 2004).

Figure 8 - Coupe simplifiée d'un épisode cévenol sur le département du Gard

On remarquera enfin que les épisodes cévenols provoqués par les phénomènes

décrits ci-dessus peuvent être divisés en deux types (Wesolek et Mahieu, 2010) :

- Les épisodes diluviens par forçage orographique direct, ont comme cause

principale la présence du relief des Cévennes. Les précipitations y sont

relativement peu orageuses (convections peu profondes), modérées à fortes

sur un à plusieurs jours, continues et d’une intensité croissante, avec des

Page 29: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

29

cumuls de 400mm en 24h mais des intensités horaires rarement supérieures à

50mm, et une disparité spatiale relativement faible.

- Les épisodes diluviens par structures convectives à régénération arrière n’ont

pas uniquement le relief comme cause. Même si celui-ci y participe, ils sont

caractérisés par des formations météorologiques particulières entraînant une

reformation continue des systèmes de précipitations sur les Cévennes

(systèmes convectifs stationnaires ou à déplacement lent, caractéristiques

multicellulaires, phénomènes de régénération arrière). On en retiendra

simplement les conséquences : présence d’orages violents, forte disparité

spatiale des précipitations, cumul pluviométrique de plusieurs centaines de mm

et intensités horaires pouvant largement dépasser les 100mm.

L’un comme l’autre de ces deux types d’épisodes cévenols peuvent être très rapides

(quelques heures), mais également connaître des manifestations plus longues, qui

entraînent alors des pluies torrentielles et prolongées, particulièrement s’ils se

combinent. Ces deux dynamiques peuvent en effet cohabiter sur des étendues

spatiales et temporelles limitées.

La situation peut alors rapidement évoluer de manière catastrophique sur le plan

hydrologique, déclenchant des crues torrentielles sur les bassins versants des

Cévennes exposés au sud, connues sous le nom de crues cévenoles. Cette

configuration a été à l’origine des évènements de crues dévastatrices de septembre

2002 dans le Gard (687mm en 24h).

On notera enfin que l’usage du terme d’épisode cévenol s’est généralisé, s’étendant de

plus en plus souvent à tout type de précipitations intenses (particulièrement lorsqu’elles

orageuses) frappant les côtes méditerranéennes à proximité des Cévennes, même si

ces reliefs n’ont pas directement été à l’origine du phénomène.

2.2.3. Hydrologie

Le réseau hydrographique très développé qui caractérise le département du Gard

compte plus de 5000 km de cours d’eau (DDE 30, in. DOS SANTOS, 2010). Leur rôle

d’irrigation et de fertilisation des terres alluviales qu’ils arrosent constituent l’une des

raisons historiques de l’occupation humaine sur le département du Gard depuis le XIIIe

siècle avant JC environ.

Page 30: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

30

Figure 9 - Cours d’eaux principaux, aperçu du relief et de l’organisation spatiale des Centres d’Incendie et de Secours du Gard

La Figure 9 - Cours d’eaux principaux, aperçu du relief et de l’organisation spatiale des

Centres d’Incendie et de Secours du Gard présente de manière simplifiée les cours

d’eau principaux du Rhône, mis en relation avec le relief et la distribution spatiale des

CIS (Centres de Secours) du Gard. Ce réseau hydrographique peut y être décomposé

en sept cours d’eau principaux et deux catégories. La première concerne les affluents

du Rhône :

Le Gardon, affluent rhodanien, présente le bassin versant le plus étendu sur le

Gard (exception faite du Rhône), d’environ 2000km². Il se décompose en

plusieurs affluents dans sa partie amont, conservant la dénomination

« Gardons » mais qualifiés selon les villes principales traversées (Gardon

d’Alès, Gardon d’Anduze, Gardon du Miallet).

La Cèze, au nord du département, s’étend sur 128,4km (SANDRE, 2012) avant

sa confluence avec le Rhône.

Page 31: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

31

L’Ardèche longe le Gard sur 24 kilomètres à proximité de Pont-Saint-Esprit et

rejoint le Rhône au terme de ce parcours.

D’autres cours d’eau s’organisent selon des logiques légèrement différentes :

Le fleuve Vidourle, long de 90km environ, prend sa source dans le massif de

l’Aigoual s’étend vers l’aval en direction sud-est, et se jette dans la

Méditerranée à proximité de la commune du Grau Du Roi, à la frontière entre

l’Hérault et le Gard.

L’Hérault et l’Arre (affluent amont principal du précédent) constituent un cas à

part. Ils s’étendent sur la partie extrême ouest du département, et

correspondent à un bassin versant entièrement indépendant de celui du Rhône.

L’Hérault quitte le département du Gard après 42km de parcours et continue

sur le département du même nom.

Le Vistre, affluent du Canal du Rhône à Sète.

Enfin, le Rhône constitue un cas à part. Prenant sa source à l’extérieur du

département, qu’il rejoint aux environs de Rochegude, à proximité d’Orange, il en

constitue grossièrement l’ensemble de la limite est. Il longe le département sur environ

120km, et englobe la majorité du territoire gardois dans son bassin versant.

Figure 10 - Profil en long de la Cèze (d’après SOGREAH, 2008)

Exception faite du Rhône, de l’Hérault et du Vistre, ces cours d’eau partagent des

caractéristiques de structure hydrologique assez similaires, notamment des bassins

Page 32: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

32

versants orientés N-O/S-E. Ils partagent également des profils en long assez

reconnaissables (voir Figure 10 - Profil en long de la Cèze (d’après SOGREAH,

2008)) : un quart à un cinquième du tracé en dénivelé important, situé dans les massifs

montagneux où ces cours d’eau prennent leur source (Cévennes principalement) ; puis

un tronçon de longueur supérieure à 50% de l’ensemble du profil, comprise entre

0,09% et 0,4% en pente moyenne ; et une dernière partie où les valeurs de pentes

diminuent brutalement dans la plaine alluviale, juste avant les confluence ou les

embouchures. Le cours de la Cèze, rivière la plus au nord du département, constitue

un exemple remarquablement proche du profil-type du département des cours d’eau

du département.

En termes de régime, la majorité des cours d’eau4 présentent un type hydrologique

pluvial méditerranéen, caractérisés par une amplitude particulièrement forte des débits

entre les périodes sèches et pluvieuses. Ils sont également singularisés par des temps

de réponse particulièrement courts, liés à la structure du cours d’eau et du bassin

versant, mais également aux particularités météorologiques du département (voir

partie 2.2.3). Les débits d'étiage y sont de faibles à très faibles : les tarissements

complets et prolongés n’y sont pas rares, en témoigne l’épisode du 17 juillet au 6

septembre 2010 sur le Gardon de Saint-Jean. En effet, les rivières gardoises sont très

peu réalimentés par les nappes, et leurs caractéristiques souvent karstiques sur leurs

parties centrales (plateaux calcaires) ont comme conséquence des pertes régulières.

REGIME PLUVIAL CEVENOL Description :

Alimentés par les eaux des massifs de l’Aigoual, Lozère

et de la Montagne Noire, ces cours d’eaux situés sur le

versant méditerranéen dévalent de fortes pentes dans

leur partie supérieure. Après de hautes eaux hivernales

d’origine pluviale, les pluies de printemps et la fonte des

neiges certaines années viennent alimenter les fleuves

et rivières jusqu’aux parties les plus aval. Les fortes

pluies cévenoles d’automne entraînent une hausse

subite des débits après la sécheresse estivale

méditerranéenne.

Module moyen : 28 l/s/km2 soit 880 mm

Débit journalier de crue biennale : 570 l/s/km2

Coefficients de variation saisonnière : 58 %

Inter annuelle : 41 %

Ensemble géographique : Massif de l’Aigoual,

Cévennes (Gard), Uzégeois, Vallée de l’Hérault,

Vallée de l’Orb et du Jaur Biterrois, Lodévois.

Altitude moyenne : 610 mètres

Pente moyenne : 13 degrés

4 Le Rhône, ici encore, doit être regardé comme relevant d’un fonctionnement entièrement différent.

Page 33: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

33

Ech

elle

en

co

effi

cien

ts

men

suel

s d

e d

ébit

, en

pro

po

rtio

n (

V -

Q)

du

mo

du

le.

Régime Hydrologique

Type

Des cours d’eau

cévenols

Figure 11 – Caractérisation du régime pluvial cévenol par la DREAL (RDD, 2000)

Cas particuliers parmi les cours d’eau méditerranéen, les cours d’eau du Gard, et

principalement ceux descendant des Cévennes, présentent des caractéristiques

suffisamment prononcées pour avoir reçu une identification propre, afin de mieux

désigner leur fonctionnement affecté par les épisodes cévenols évoqués en partie

2.2.2. On parle à leur sujet de régime cévenol. Il est caractérisé par une série de

critères repris comme référence par la DREAL (2000), visibles en Figure 11 –

Caractérisation du régime pluvial cévenol par la DREAL (RDD, 2000).

Si les précipitations cévenoles sont l’explication première de la plupart des

phénomènes de crues spectaculaires observables sur le territoire gardois, il serait

erroné de négliger la part qu’y prennent les caractéristiques des bassins versants eux-

mêmes. Les rivières cévenoles, et parmi elles celles du Gard, sont en effet le théâtre

de phénomène hydrologiques particuliers, donc un grand nombre tendent vers le

même résultat : la formations d’ondes de crues à réponse très rapide.

On citera, à titre d’exemple, les observations de Martin, Cosandey et Didon-Lescot

(1999, 2003, 2004) sur les bassins versants d’altitude des deux massifs dominés par le

Mont Lozère et le Mont Aigoual. Cosandey en particulier note que lors de crues suivant

une période de sécheresse, où les nappes d’eau sont drainées par les cours d’eau les

traversant, une saturation des sols s’y produit du haut vers le bas des versants (voir

Tableau 4 - Zones actives et zones contributives de Cosandey), entraînant un

phénomène de ruissellement inhabituellement élevé. En conséquence, l’ensemble du

bassin versant devient surface contributive pendant un bref laps de temps, entraînant

un pic de crue particulièrement marqué.

Page 34: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

34

Tableau 4 - Zones actives et zones contributives de Cosandey

Lorsqu'il ne pleut pas, la nappe de fond de vallon est drainée par le cours d'eau qu'elle alimente.

Une faible quantité de pluie peut suffire à faire affleurer la nappe en fond de vallon: l'écoulement rapide se forme à partir des précipitations sur cette surface saturée.

Si la pluie continue, des volumes saturés apparaissent là où les sols sont les plus minces, en haut de versant. Mais l'eau qui y ruisselle s'infiltre immédiatement en aval; si elle contribue à l'alimentation de la nappe et à l'extension des surfaces saturées, elle ne contribue pas à l'écoulement rapide, et les débits demeurent très faibles.

Si la pluie continue encore, la saturation de haut de versant gagne rapidement vers l'aval et finit par rejoindre les zones saturées de fond de vallon. À partir de ce moment, il n'y a plus de zone tampon et le ruissellement se produit sur l'ensemble du versant et rejoint le cours d'eau. La montée de crue est rapide et importante.

Ce mécanisme n’est pas directement applicable à l’ensemble des bassins versants du

Gard, car les cours d’eau de plus grande taille connaissant des processus de

saturation moins rapides. Le phénomène d’extension de la surface contributive à tout

le bassin versant pendant un bref laps de temps ne s’y produit donc pas. Toutefois, en

considérant que les petits bassins d’altitude communiquent généralement au niveau de

l’exutoire avec des cours d’eau de plus grande taille, les ondes de crues brutales

identifiées par Cosandey continuent donc vers les parties aval du réseau

hydrographique, contribuant à expliquer la soudaineté et l’intensité des crues se

produisant en aval du massif cévenol.

Premier risque naturel du département en termes de pertes humaines et matérielles,

l’inondation est connue comme régulière dans le Gard. On trouve des traces précises

de crues intenses dans les archives historiques remontant jusqu’en 1225, soit 500

Page 35: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

35

crues en 800 ans environ (ORIG, 2008). Des mentions plus vagues relatent de

violentes crues jusqu’au Haut Moyen Âge, et l’on notera, sans s’y attarder, que les

crues gardoises (bien que de manière plus nuancée que les crues du Nil par exemple),

font régulièrement l’objet d’une dualité de perception, entre phénomènes dévastateurs

et fertilisants des terres cultivées (DOS SANTOS, 2010). Toujours selon l’ORIG, le

Rhône totalise 42% des crues enregistrées sur la période 1225-2001. Les Gardons

tiennent la seconde place (34%), puis le Vidourle (32%), la Cèze (25%), le Vistre -

Rhony (18%). Les autres cours d’eau (Hérault, Ardèche et le bassin du Tarn – Dourbie)

totalisent environ 15% du total5.

Figure 12 – Comparaison d’épisodes de

crue de la Cèze ; de haut en bas, sur le

cours amont (photo Parc National des

Cévennes, 2002), à mi-parcours au pont

submersible de Saint-Ambroix (photo

Edouard Chaulet, 2011), et à Codolet, à

proximité de la confluence avec le Rhône

(photo BLOT, 2002).

Les cours d’eau du Gard sont

régulièrement le théâtre d’évènements

de crue spectaculaires. Le 29

septembre 1900, tandis que 950mm

sont enregistrés en 10 heures à

Valleraugue (Nagy, 2001). En automne

1958 (29 septembre au 4 octobre), une

inondation d’une rare violence cause

36 morts et plus de 5 milliards de

francs de dégâts (MétéoFrance, 2012).

Le 3 octobre 1988, Nîmes est

violemment touchée par une vague de

précipitations intense (plus de 420mm)

qui cause 10 victimes.

Depuis les années 2000, on compte

plusieurs évènements d’ampleur

exceptionnelle : 8-9 septembre 2002

5 Le total calculé par l’ORIG prend en compte les crues s’étant produites sur plusieurs bassins, ce qui

explique une valeur supérieure à 100%.

Page 36: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

36

(sur l’ensemble du Gard), 2-3 décembre 2003 (sur l’ensemble du Gard), 6-7 septembre

2005 (Hérault et Gard). 2002 et 2005 sont souvent pris en référence en ce qui

concerne les crues gardoises. La première a en effet enregistré des valeurs de

précipitations exceptionnellement élevée, même parmi la série d’épisodes cités ci-

dessus (543 mm en un jour à Saint-Christol-Les-Alès, vaste zone de précipitations

maximales supérieures à 500mm, 24 victimes et 419 communes sinistrées selon les

statistiques Pluies Extrêmes de MétéoFrance). L’épisode de 2005, bien que moins

intense, a entraînés des dégâts particulièrement lourds en conséquence de la

survenue de deux épisodes de

crues très rapprochés (6-7 et 8-9 septembre 2005),

qui ont mis en évidence les effets cumulatifs dus à

la saturation des sols et l’augmentation

exceptionnelle de la vulnérabilité humaine après

une première inondation (Ruin, 2007). Bien que

moins violents en termes de dégâts, les épisodes

plus récents de novembre 2010 et 2011 sont

également à classer parmi les crues d’intensité rare.

Les zones inondables du Gard sont estimées à

environ 1226 km² par la l’Observatoire du Risque

Inondation dans le Gard (2009), soit environ 21% de

la surface départementale, où le Rhône, le Gardon

et le Vistre-Rhôny tiennent la première place en

totalisant 90% environ des surfaces en Zone

Inondable (voir tableau ci-dessous).

Tableau 5 - Zones Inondables du Gard (ORIG, 2011)

BASSIN VERSANT (BV)

SUPERFICIE DU

BASSIN VERSANT

SUPERFICIE

TOTALE EN ZI (HA)

% SUPERFICIE ZI/ SUPERFICIE BV

Gardons 167 088 20 322 12,16%

Figure 13 - Crues de 2002 sur le département du Gard, de

bas en haut : surverse du barrage écréteur de crues de

Rouvières (CG30, 2002) ; le Pont du Gard sous les eaux

(banque d'images DREAL30, 2002), Sommières

entièrement inondé (photo D.Quet, Midi Libre, 2002)

Page 37: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

37

Cèze 114 332 9 096 7,96%

Rhône 90 360 62 515 69,18%

Ardèche 12 322 1 356 11,00%

Vistre - Rhony 76 816 28 048 36,51%

Hérault 56 220 1 912 3,40%

Tarn- Dourbie 22 170 561 2,53%

Vidourle géographique

67 183 16 994 25,29%

Vidourle inondation 61 983 8 527 13,76%

GARD 586 400 122 667 20,92% Sources : L.WATEAU, B.SEGALA, Observatoire du Risque Inondation dans le Gard, mai 2011. Etude CG30 sur Atlas Hydro-géomorphologique du Gard 2010 et Zone Inondable de la DREAL

LR 2008.

2.3. Mission 1 : mise à jour des Plans de Prévision de Crues, outils

d’anticipation des crues

2.3.1. Les PPC : état de fait et objectifs de la mission

Les Plans de Prévision des Crues dont dispose le SDIS30 ont été créés pour répondre

à un besoin spécifique lié à la fréquence particulièrement élevée des crises

d’inondations de grande ampleur sur le département du Gard. Ils visent à exploiter les

informations acquises par les personnels sapeurs-pompiers lors de crises inondation

passées. Cette accumulation d’expériences chez les personnels, entre autres les

gradés d’encadrement (chaîne de commandement SP), constitue en effet un fonds

d’information précieux, dont la bonne utilisation a un effet positif immédiatement

perceptible sur les performances des services de secours. En revanche, la

transmission de cette expérience de terrain, informelle de par sa nature même, s’avère

particulièrement malaisée en cas de renouvellement des personnels ou d’intervention

de renforts extérieurs au département.

De 2005 à 2010, le SDIS30 et plus particulièrement le groupement Prévision-

Opérations, ont fourni un effort constant pour capitaliser cette expérience. Plusieurs

stagiaires successifs6 ont mené un travail de fond pour recueillir auprès des personnels

sapeurs-pompiers les informations rassemblées lors des crues gardoises en général,

et particulièrement lors des évènements de grande ampleur comme octobre 1988,

septembre 2002, décembre 2003 et septembre 2005. A l’époque, cette démarche

s’inscrivait à la fois dans le cadre de REX opérationnels (Retours d’Expériences)

6 Entre autres Sébastien DESCHAMPS et Lucile DOS SANTOS, ex-étudiants du Master GCRN, respectivement en

2009 et en 2010).

Page 38: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

38

rendus obligatoires par les Ordres d’Opérations Inondations du SDIS30, mais

également dans celui de fixer les résultats de ces retours sous une forme directement

exploitable, non seulement sous la forme de recommandations pré-crises, mais

également sous la forme d’outils de gestion de crise.

Menée sur le long terme, cette approche impliquait de passer par des phases

successives de rassemblement, de tri, de vérification et de traduction de l’information

fournie. Une fois ce premier traitement effectué, celle-ci a pu être spatialisée et jointe à

des repères spatiaux simplifiés, afin de produire un support connu sous le nom de

cartographie opérationnelle au sein des services du SDIS30. La synthèse des

informations ainsi traitées aboutit à la création des Plans de Prévisions des Crues.

Ils se présentent sous la forme de documents papier et numériques de 60 à 100

pages, chacun centrés sur un ou deux cours d’eau formant un ensemble opérationnel

cohérent. Ils sont au nombre de neuf : Cèze, Rhône, Petit Rhône, Gardon, Arre-

Hérault, Vidourle, Vistre-Rhôny, Uzès et Nîmes.

Figure 14 - Aperçu du contenu des anciens Plans de Prévision de Crues, exemple tirés du PPC Rhône (SDIS30, 2005)

Comme on peut le remarquer en Figure 14, ces plans sont conçus selon une structure

très simple. Chaque cours d’eau est divisé en sites particuliers touchés par

l’inondation, le plus souvent en isolant une commune ou un ensemble de communes. A

chacun de ces sites a été attribuée une fiche opérationnelle répertoriant les

informations acquises au cours des évènements de crue de référence : seuils de

vigilance et d’alerte, recommandations opérationnelles sur les actions à entreprendre,

historique des moyens engagés précédemment, observations sur les coupures

d’accès, etc. Cette fiche est couplée à une cartographie vouée à localiser toutes les

indications opérationnelles, tout en les complétant d’un fond-repère et d’un ensemble

Page 39: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

39

d’indications cartographiques choisies en fonction de leur pertinence au regard des

nécessités locales.

* * *

La particularité la plus importante de ces Plans de Prévisions de Crues est sans doute

la hiérarchisation des informations qui les composent. Alors que la plupart des études

techniques traitant de l’inondation prennent comme point de départ soit le volet

hydrologique (et ses déclinaisons hydro-géomorphologiques, météorologiques, etc)

soit le volet des enjeux impactés par l’évènement (victimes, dégâts matériels, etc), les

PPC ont adopté lors de leur réalisation une base entièrement différente, spécifique aux

services de la Sécurité Civile.

L’importance des informations y est catégorisée directement selon leur intérêt

opérationnel direct, évalué de manière empirique par les personnels l’ayant constaté

directement sur le terrain. Il ne s’agit pas simplement ici d’une nuance de définition,

mais d’une ligne de conduite qui affecte directement les contenus de ces plans, autant

en termes de fond (choix des données incluses dans le document et des traitements

qui leur sont appliqués), ou en termes de forme et de présentation (choix des échelles

spatiales utilisées, présentation des informations textuelles, présentation graphique,

etc).

L’intérêt d’une telle démarche est évident dans le cadre des opérations des pompiers.

Elle permet de recenser et d’identifier directement les nécessités d’informations

opérationnelles lors des interventions, et d’y répondre de manière aussi précise et

exhaustive que possible, sans l’action d’un quelconque intermédiaire. Leur pertinence

s’est également fait sentir d’un point de vue relationnel et humain, en ce que leur

dimension participative contribue à tendre vers une vision commune de la situation de

crise et minimise les risques d’erreurs de communication. Il est à noter que les Plans

de Prévision de Crues, comme leur nom l’indique, servent uniquement de support pour

l’aide à la décision. Ils mentionnent explicitement ne pas prétendre retracer avec

exactitude une réalité qui évolue d’un évènement à l’autre, mais constituer une

référence historique commune permettant d’évaluer la situation de crise.

Il a rapidement été constaté que cette réalisation individuelle de chaque Plan (à rythme

d’environ un par an) et leur extrême individualisation comportait également des

faiblesses. Le fait que chacun d’entre eux vise à s’adapter de manière aussi souple

que possible aux nécessités de chaque cours d’eau concerné a abouti à un manque de

Page 40: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

40

cohérence entre les différents plans. Les repères et références utilisées diffèrent en

effet d’un cours d’eau à l’autre, et les priorités opérationnelles selon les sensibilités

individuelles des personnels ayant contribué à leur réalisation.

Après quelques années, il est également apparu qu’une mise à jour régulière de ces

plans posait des difficultés en l’absence de méthodologie commune clairement établie.

Dans le même temps, la nécessité de remise à jour de l’information de fond se faisait

plus pressante, qu’il s’agisse d’informations ponctuelles (numéros de contacts

obsolètes, modifications des ouvrages de protection, accès routiers, extension des

enjeux, etc) ou de modifications des rôles des différents acteurs amenés à intervenir

durant une situation de crise inondation (modification des moyens SP, du rôle des

communes via notamment les PCS et les RCSC, etc). En ce qui concerne la

cartographie, les SIG ayant servi de support à la création des différents plans avaient

été conçus de manière totalement indépendante, et malgré un premier regroupement

effectué par L. DOS SANTOS en 2010, une restructuration en profondeur s’imposait.

Suite à ces constats, la décision a été prise à la Direction Départementale du SDIS

d’opérer une remise à jour globale des plans de prévision de crues, dans le cadre d’un

stage de M2 se déroulant entre mars et août 2012. Les objectifs de cette mission, tels

que définis en accord avec le tuteur au cours du mois de mars 2012, s’édictent ainsi :

GROUPEMENT

PREVISION

OPERATIONS

DETAIL DES

OBJECTIFS DE LA

MISSION PPC

•Remettre à jour les informations contenues au départ dans les PPC, qu’elles soient cartographiques ou qualitatives.

1

•Répondre aux demandes d’améliorations des PPC formulées par les Chefs de Centre dans chaque CIS du Gard.

2

•Les rendre entièrement compatibles avec le système d’alerte des crues du SCHAPI (Vigicrues/SPC).

3

•Y intégrer les informations sur les actions civiles liées à la sauvegarde des personnes (principalement les PCS)

4

•Développer une méthodologie d’actualisation des PPC, réutilisable pour de futures remises à jour.

5

Page 41: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

41

Figure 15 - Objectifs minimum de la mission PPC tels que définis en début de stage (Source : SDIS30, 2012)

2.3.2. Démarche générale

Sur la base de ces objectifs, le choix des méthodes et des phases de travail a été

laissé à la libre appréciation du stagiaire. De même, il a été spécifié que la liste des

objectifs n’était pas exhaustive et qu’une première phase de travail consisterait

également à identifier tout autre amélioration possible des Plans de Prévisions de

Crues et à proposer une méthode pour les y intégrer.

Dans la pratique, ces améliorations ont été identifiées soit spontanément, soit au cours

d’entretiens avec les Chefs de Centre. Au fur et à mesure, elles ont été intégrées au

processus de remise à jour des plans, en revenant si nécessaire sur les plans déjà

édités. Le tableau ci-dessous résume la démarche adoptée pour la mise à jour de ces

plans (voir également le chronogramme général pour un meilleur aperçu de

l’organisation successive des tâches).

Tableau 6 - Démarche de mise à jour des PPC

Indications Opérationnelles

qualitatives Données Cartographiques

Outil opérationnel

(aide à la décision)

Mise à jour simple et compléments

- Phénomènes manifestés (aléa) - Enjeux et Enjeux prioritaires - Descriptions des difficultés de terrain exprimées sur évènements de référence - Consignes et Recommandations Opérationnelles - Contacts téléphoniques

Totalité des couches SIG sauf: - Accès Coupés - Dispositif Opérationnel SP - Informations spécifiques Rhône - Cartographie spécifique "Cadereaux de Nîmes"

Adaptation aux nouveaux

documents PPC (liens)

Graphique

Adaptation de l'information

Dispositifs d'observation et de mesure, seuils d'alerte (mise en compatibilité SPC)

Carroyages Aucune

(Structure conservée)

Ajouts - Extraction d'informations des plans ETARE vers les recommandations PPC - Synthèse des informations PCS

Plan ETARES, STEPs, Axes d'intervention PCS, Cellules Municipales de Crise (partiellement),

Hyperliens cartographiques

pour version numérique

TEMPS

Page 42: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

42

2.3.3. Cartographie et SIG

En considérant la nature même des outils PPC et les documentations laissées lors de

leurs créations successives, la cartographie s’est d’elle-même imposée comme l’une

des nécessités de mise à jour les plus urgentes. En effet, neuf supports SIG distincts

avaient été édifiés pour la création des plans. Aucune démarche de cohérence n’ayant

été établie, et très peu de métadonnées ayant été jointes à la documentation de

chaque PPC, leurs contenus étaient difficilement exploitables de manière commune,

en raison des problèmes suivants :

- Données obsolètes suite à l’évolution rapide des données de référence au fil

des années.

- Contradictions entre les différentes versions

- Doublons, les cartographies ayant souvent été réalisées à l’échelle du

département puis exportées uniquement sur une petite zone).

- Données absentes en raisons de besoins identifiés récemment, comme la

nécessité de spatialiser les actions communales (PPC) sur les cartographies

opérationnelles.

En 2010, une première tentative de standardisation avait consisté à regrouper 8 des

SIG supports (exception faite de Nîmes, voir tableau ci-dessous) sous la forme d’un

seul fichier Géoconcept. Cette opération a eu l’avantage de simplifier le stockage des

données, mais sans mise en cohérence de l’information spatiale. De plus, au cours de

l’opération, certaines données furent écrasées ou corrompues, rendant les SIG

supports des PPC Vidourle et Vistre-Rhôny en grande partie inutilisables.

Tableau 7 – Etat des supports SIG construits pour la création des PPC de 2005 à 2009 (SDIS30, 2012)

PPC SUPPORTS SIG

Arre-Hérault, Cèze, Rhône, Uzès, Petit Rhône, Gardons

Information à remettre à jour, doublons

Vistre-Rhôny, Vidourle Majoritairement incomplets, information à reconstituer et remettre à jour.

Nîmes Support à jour, conservé tel quel

Une exception est à noter dans ce tableau : le SIG support au PPC Nîmes, réalisé

assez récemment (2009), répondait pleinement aux critères de qualité exigés pour la

mise à jour des Plans. Sa seule mise à jour réellement pertinente aurait été d’y intégrer

Page 43: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

43

les modifications opérationnelles liées aux travaux réalisés sur les Cadereaux de

Nîmes suite aux inondations catastrophiques de septembre 2002. Toutefois, tant

qu’une crise similaire ne s’est pas produite sur Nîmes, ces modifications auraient

relevé, au mieux, de la supposition. En accord avec le Chef du Centre de Secours

Principal de Nîmes (Lt-Col. JOSEPH) et avec les encadrants du stage, il a donc été

choisi de conserver la cartographie du PPC Nîmes telle quelle.

Après examen des huit autres SIG, il a été choisi de les refondre entièrement sous la

forme d’un SIG commun. La procédure de mise à jour s’est déroulée sur environ

quatre mois, en huit étapes décrites ci-dessous :

I. Définition de la structure de données commune

II. Extraction des couches depuis les SIG 2005-2009

III. Vérification et tri des données, suppression des doublons et des

incohérences

IV. Reconstitution des données endommagées (saisie manuelle depuis les

anciennes cartographies)

V. Mise à jour des données et compléments manuels sur les couches

traduisant les informations opérationnelles au fil des entretiens avec les

chefs de centres de secours

VI. Ajout de nouvelles couches de données (données SDIS et DDTM7)

VII. Redéfinition des symbologies en cohérence avec la charte graphique

nationale SDIS.

VIII. Redéfinition des carroyages d’export

Afin de donner un aperçu du résultat de la restructuration finale du Système

d’Information Géographique PPC, il a été choisi d’utiliser une représentation sous la

forme de carte heuristique, réalisée sous le logiciel libre FreeMind® (voir Figure 16 -

Adaptation de la structure du SIG PPC (carte heuristique)). A l’origine, ce type

d’illustration était destiné à un tout autre usage, mais il est rapidement apparu qu’en y

important les icônes de Géoconcept® et en choisissant un mode de représentation

sobre, il était possible d’obtenir un rendu visuel simple et efficace. Il a été testé avec

succès lors de plusieurs réunions (DDTM, SPC, encadrement de stage SDIS30, Chefs

7 La collaboration entre les services SDIS et DDTM du Gard, notamment depuis la prise en charge de la

compétence inondation par le DDTM en 2012, a en effet permis d’accéder à de nombreux ensembles de données récentes.

Page 44: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

44

de Centre) et a permis d’exprimer efficacement les nécessités d’alimentation d’un

système d’information géographique, même auprès d’interlocuteurs non spécialistes.

La démarche de restructuration complète du support SIG s’est opérée en tenant

compte de deux priorités d’égale importance. La première a été de tendre vers une

base de données spatiale aussi cohérente et actualisée que matériellement possible,

la seconde de toujours conserver comme critère de décision principal l’intérêt

opérationnel de la cartographie obtenue à l’export et destinée à être intégrée aux

versions papier et numériques des Plans de Prévisions de Crues.

L’équilibre entre ces deux nécessités a parfois supposé de déroger aux règles

classiques de la cartographie. On citera ici l’exemple de la cartographie des zones

inondables (ZI) : pour des raisons soit d’existence des données, soit de sa pertinence

en termes d’opérations terrain, les ZI diffèrent d’un cours d’eau à l’autre : la Cèze

utilise par exemple des zonages de type hydrologique strict (lit majeur, lit mineur), alors

que le Vidourle se base sur l’enveloppe de crue classique de septembre 2002, et le

Rhône sur une Zone Inondable Opérationnelle distinguant de préférence des zones

inondées supérieures ou inférieures à deux mètres en 2002.

Page 45: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

45

Carte du Système d’Information Géographique PPC (2012)

SDIS30

Légende

Conception : JG.Audéoud, 2012 (via Freemind®)

Figure 16 - Adaptation de la structure du SIG PPC (carte heuristique)

Le nombre important de couches SIG est lié à la diversité des nécessités

opérationnelles. Il a été réduit autant que possible (de 150 à 110 couches de données)

en fusionnant les couches aux thématiques très proches (Ecoles, Collèges et Lycées

ont par exemple été regroupés sous la thématique Etablissements Scolaires), mais le

nombre d’objets demeure très élevé, supérieur à 240 000 objets sur l’ensemble des

Page 46: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

46

couches, afin de répondre aux besoin des différentes cartographies, selon leurs

échelles et leurs vocations opérationnelles distinctes.

Figure 17 - Aperçu des sommaires cartographiques du PPC Uzès (SDIS, 2012)

Les produits cartographiques finaux intégrés dans les Plans de Prévisions de Crues

ont été également prévus pour s’intégrer à la structure du document lui-même,

particulièrement dans leurs versions numériques. Il a par exemple été possible de

gagner en simplicité en regroupant les légendes au début du document, et en

développant un système d’hyperliens reliant d’un clic la légende générale, les tableaux

d’assemblage, les vues générales des secteurs et sous-secteurs et les planches

cartographiques elles-mêmes. On trouvera en annexe un aperçu des cartes utilisées

en sortie, directement telles qu’intégrées dans l’outil opérationnel PPC.

L’ensemble des cartes a été mis en page sous Géoconcept puis retouché sous

Illustrator et Photoshop en conservant celles-ci au format vectoriel chaque fois que

possible. On note sur certaines planches (voir Figure 17 - Aperçu des sommaires

cartographiques du PPC Uzès (SDIS, 2012)) la présence de mentions de pages

précédées du symbole « », signe de la présence d’un hyperlien cliquable

permettant d’accéder directement aux planches cartographiques concernées. Les liens

dynamiques dans la version finale ont été ajoutés après l’export cartographique, lors

de la mise en page.

Page 47: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

47

2.4. Mission 2 : la Sectorisation Opérationnelle comme application de

l’anticipation de la gestion de crise inondation

2.4.1. Présentation du projet

Parallèlement à la mission de réactualisation des Plans de Prévision de Crue, la

seconde mission fixée par le SDIS30 au cours du stage 2012 s’intègre directement

dans la problématique de la gestion opérationnelle de crise.

Au travers des Ordres d’Opérations Inondations (OOI) successivement éditées au fil

des années, le SDIS30, et plus particulièrement le groupement fonctionnel Prévisions-

Opérations, poursuit une démarche de recherche et d’applications de méthodes

permettant de maximiser l’efficacité et la rapidité de la réponse opérationnelle face aux

situations de crises inondation majeures. En termes d’opérations, les crues

(particulièrement les crues cévenoles, dont l’occurrence est fréquente sur le

département) posent en effet une problématique triple :

- Des nécessités d’intervention, urgentes et nombreuses, impliquant directement

des enjeux humains (mises en sécurité et sauvetages), et supposant par

conséquent de pouvoir mobiliser rapidement des moyens d’intervention

classiques et spécifiques à l’inondation.

- Un fonds d’interventions « classiques » incompressible (accidents, incendies,

incidents technologiques ou de santé) pendant qui ne diminue pas pendant la

crise, mais qui au contraire se trouve renforcé et amplifié par la contrainte

supplémentaire supportée par l’ensemble des enjeux.

- La nécessité de mener de front les deux objectifs précédents en situation où les

accès routiers sont fréquemment ralentis ou coupés, isolant de larges portions

du territoire des moyens de secours.

Afin de répondre à ce défi organisationnel et technique, le SDIS s’est doté de plusieurs

organes et outils spécifiques au cours des années 2000 (Ordre d’Opérations

Inondation, SDIS30, 2011). On notera entre autres :

- La mise en place d’officiers spécialisés inondations intervenant en conseil au

CODIS, nœud de coordination des opérations,

- La création des Plans de Prévisions de Crue et la prise en compte des

problématiques inondation dans les plans ETARES,

Page 48: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

48

- En termes de moyens opérationnels, le renforcement des groupes

d’intervention inondation (GII) classiques par des unités à compétences

spécifiques, notamment les unités SEV (Sauvetages en Eaux Vives).

Enfin, des avancées récentes ont été réalisées pour une meilleure coopération et

coordination entre les différents services de l’Etat pour la gestion de crise (Equipement,

DDTM, SPC, etc) ; ainsi que pour la coordination avec les communes dans le cadre

des actions civiles. Sur ce thème, l’intégration des Plans Communaux de Sauvegarde

et des systèmes de surveillance et d’alerte civils (ESPADA à Nîmes par exemple) dans

les tactiques d’intervention sapeurs-pompiers en constituent les manifestations les plus

récentes.

Toutefois, les retours d’expériences sur les événements de crue au cours des dix

dernières années (SDIS30, REX inondations 2005 et 2002) ont permis de cerner un

besoin pressant de développer une organisation opérationnelle permettant de mieux

répondre aux trois objectifs pré-cités, et particulièrement de mieux gérer les

problématiques d’accès coupés et d’isolement (clusterisation) du territoire gardois. En

effet, les inondations 2002 ont particulièrement mis en évidence qu’un important gain

d’efficacité pouvait être obtenu en anticipant le déploiement sur les zones susceptibles

d’être isolées de manière plus ou moins prolongée, et ce aussi tôt que possible avant

l’entrée en crise. D‘autre part, une seconde nécessité concerne

Cette réflexion a été menée en tirant profit des expériences réalisées sur le thème de

la gestion de feux de forêts dans le Gard, où de telles pratiques sont en usage depuis

plusieurs années (Ordre d’Opérations Feux de Forêt, SDIS30, 2011). Une première

analyse a permis d’identifier deux axes prioritaires de travail :

Le développement d’une stratégie de pré-positionnement des moyens sapeurs-

pompiers sur le terrain avant la coupure des accès par la crue.

La mise en place d’une chaîne de commandement renforcée spécifique à

l’inondation, à l’image de celle spécifique aux feux de forêts, actuellement en

activité pendant les deux mois d’été.

Ce travail, à l’origine d’ordre prospectif, avait été entamé en 2010 par le Commandant

Guillaume (adjoint au Chef de Groupement Prévision-Opérations) et Lucile DOS

SANTOS, à l’époque stagiaire au SDIS30. Il s’était traduit par l’identification de

secteurs hydrologiques cohérents pouvant servir de base à une réflexion ultérieure, et

une première évaluation des localisations de Postes de Commande et de Points de

Page 49: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

49

Rassemblement des Moyens utilisables en cas d’inondation. Il a été décidé de confier

à un stagiaire les objectifs suivants au cours des mois d’été 2012.

GROUPEMENT PREVISION

OPERATIONS

DETAIL DES OBJECTIFS

DE LA MISSION SECTOP

2.4.2. Démarche et méthode employée

Après discussion avec le Cdt Guillaume, il a été décidé de réaliser la mission en six

étapes de travail successives permettant de répondre aussi pleinement que possible

aux objectifs fixés. Avant d’aborder dans le détail l’ordre de ces étapes de travail, il est

bon de rappeler l’approche choisie. Tout comme la remise à jour des plans de

prévision de crue, cette définition d’une Sectorisation Opérationnelle a été pensée

comme devant tout particulièrement se pencher sur la réalité du terrain lors

d’opérations d’intervention, et toujours placer les problématiques pratiques, concrètes,

comme priorités d’organisation.

Etape n°1 : Analyse et validation des travaux préparatoires 2010

La première phase de ce travail a consisté à s’imprégner de la documentation

opérationnelle du SDIS30, plus spécifiquement liée aux moyens d’intervention et à la

structure de la chaîne de commandement : Ordres d’Opérations Inondations et Feux

de Forêt, REX 2002, fiches synthèses et comptes rendus d’opérations, etc. En effet,

une prise en main de ces concepts peu familiers aux personnels extérieurs à la

hiérarchie sapeurs-pompiers étant nécessaire avant d’envisager un contact efficace

•Proposer et valider une présectorisation opérationnelle du Gard avec les référents inondation (personnel SP terrain)

1

•Etablir avec les référents une sous-sectorisation des SOI (4 à 5 sous-secteurs par ensemble) 2

•Définir avec les encadrants les nécessités d'encadrement et les points potentiels de positionnement des moyens (PRM)

3

•Evaluer les moyens minimums d'intervention nécessaires pour chaque sous-secteur 4

•Editer les informations sous forme d'un SIG, de cartes et d'un rapport intégrable à l'Ordre d'Opérations Inondation 2012

5

Page 50: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

50

avec les référents de terrain. Cette phase, commencée début juillet, a également

donné lieu à une analyse du travail exploratoire mené par L. DOS SANTOS en 2010.

Figure 18 – Pré-Sectorisation en 14 secteurs sur le département (DOS SANTOS, 2010)

Ces travaux avaient en effet eu un double but :

- Identifier des secteurs territoriaux cohérents (strictement en termes

hydrologique dans un premier temps) permettant de disposer d’une « grille

d’alerte » pertinente pouvant servir de base à une réflexion ultérieure plus axée

sur les problématiques opérationnelles.

- Réaliser une première évaluation des localisations potentielles de Postes de

Commande (Colonne ou Site) et de Points de Rassemblement des Moyens

utilisables en cas d’inondation.

Au terme de ces travaux, il avait été défini 14 secteurs préparatoires listés ci-dessus

(Figure 18 – Pré-Sectorisation en 14 secteurs sur le département (DOS SANTOS,

2010)), ainsi que 32 PC et 34 PRM possibles, basés sur les Centre de Secours du

Gard et les Postes Avancés prévus à l’époque en cas de situation inondation

(Valleraugue et Bagnols-sur-Cèze principalement).

Etape n°2 : Création de la structure SIG et de la proposition de sectorisation

générale

Page 51: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

51

Une fois cette prise en main effectuée, une seconde étape a consisté à créer une

proposition de sectorisation opérationnelle destinée à se calquer sur la première grille

et à être proposée auprès du personnel de terrain. Afin de répondre à cet objectif, il a

été nécessaire de reprendre la cartographie 2010 et de lui apporter quelques

modifications mineures (reprise des limites exactes, examen de la raison d’être des

secteurs urbains et notamment de la possibilité de création d’un sous-secteur Uzès,

finalement considéré comme non pertinent).

Cette étape fut également celle de la création du SIG spécifique Sectorisation

Inondation et de la documentation jointe (utilisable non seulement pour les productions

cartographiques propres à la mission de stage, mais destiné à être réutilisable

ultérieurement). Tout comme pour le SIG PPC, le SIG SECTOP dispose d’une

structure prévue pour fournir une information à la fois synthétique et pertinente pour

l’aide à la décision concernant toute future mise à jour de la Sectorisation

Opérationnelle. Cette structure est détaillée en Figure 19 - Structure du SIG SECTOP

(JG Audéoud, 2012) :

Figure 19 - Structure du SIG SECTOP (JG Audéoud, 2012)

Etape n°3 : Entretiens avec référents, validation des SOI et sous-sectorisation

Afin de rester en cohérence avec l’approche définie au début de la mission, l’étape

suivante a consisté en un contact direct avec le personnel sapeur-pompier de terrain,

sur la base d’une liste de référents primaires et secondaires pour chaque secteur

opérationnel proposé. Les critères retenus dans les choix des référents ont été la

connaissance des secteurs (particulièrement pour la gestion de crise inondation) et un

grade minimum pour bénéficier de leur part de l’expérience des nécessités liées à la

Chaîne de Commandement. Ces contacts ont également été complétés par des

rencontres avec un personnel plus spécialisé (unités SEV et GRIMP notamment).

Page 52: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

52

Les entretiens se sont déroulés soit au SDIS30, soit directement sur les secteurs

concernés (Centres de Secours ou Groupements Fonctionnels/Territoriaux). Ils avaient

pour objectif d’obtenir des référents :

- La validation des limites générales du S.O.I. et de la raison d’être du secteur

(éventuellement l’étude des possibilités de division ou de fusion des secteurs).

- L’adaptation de ces limites à des repères visuels sur terrain plutôt qu’aux limites

communales utilisées dans la sectorisation 2010.

- La définition précise de 3 à 5 sous-secteurs opérationnels, avec comme critère

principal la conservation de l’accès routier à la totalité de chaque sous-secteur

depuis un ou plusieurs points centraux (PRM, PC).

- Toute remarque ou suggestion constructive pouvant contribuer à améliorer la

démarche elle-même (la nécessité de la conservation de la communication a

radio, par exemple, a été intégrée à cette étape).

On notera que dans deux cas au moins, ces entretiens ont conduit à réviser

complètement la proposition de SOI faite au départ. C’est par exemple le cas pour les

secteurs Alès-Ville et Gardon d’Alès, fusionnés en un seul secteur « Gardon d’Alès »

pour mieux répondre aux problématiques d’accès sur ce secteur en cas de crue ou de

rupture de barrage, en s’appuyant sur une sectorisation inspirée du Plan Particulier

d’Intervention du barrage de Sainte-Cécile. Ce fut également le cas pour les secteurs

Rhône Amont et Cèze Aval (zone de Pont Saint-Esprit), où une réunion commune

entre les chefs de centre et référents locaux a permis de redéfinir et sous-sectoriser les

deux secteurs en un seul.

REMARQUE : Un exemple de Secteur Opérationnel Inondation

peut être consulté en Annexe 5.

Etape n°4 : Spatialisation du pré-positionnement et de la structure

d’encadrement

L’étape suivante, objet d’un contact supplémentaire avec les référents, a consisté à

fixer les points de rassemblement des moyens ou PRM. Concrètement, un PRM

désigne un lieu précisément défini, répondant à un certain nombre de critères

précisément définis, où il est possible de pré-positionner des moyens sapeurs

pompiers avant le début de la crise, afin d’anticiper les coupures d’accès sur les

secteurs d’intervention. La liste de critères suivants a donc été communiquée aux

référents (Tableau 8 - Critères de définition des PRM et PC (SDIS30, 2012)) :

Page 53: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

53

Tableau 8 - Critères de définition des PRM et PC (SDIS30, 2012)

CRITERE DESCRIPTION

Conservation des accès

Le PRM doit conserver un accès routier à l’ensemble du sous-secteur, utilisable même en cas de précipitations intenses et pour un nombre de moyens conséquent.

Accès Radio

En cas de nécessité de recourir à la RDS (Radio Derniers Secours), points conservant des conditions de communication radio correcte. Une localisation des points où le déploiement de relais radio est nécessaire a également été réalisée.

Hors d’eau PRM connu comme à l’abri d’une submersion, situé en dehors des zones inondables officielles (sauf raison justifiant une absence de risque).

Parking PRM avec capacité de stocker de manière prolongée et sécurisée un nombre de véhicules correspondant aux moyens prévus pour un positionnement prévento-curatif.

Structure d’abri

PRM en capacité d’abriter de manière prolongée (jusqu’à 24h) les personnels correspondant aux moyens prévus pour un positionnement en prévento-curatif par conditions météorologiques hostiles (structure bâtie « en dur », possibilité de restauration ou d’accès par l’unité logistique de cantine, suffisamment spacieuse, concernée par un accord au moins informel avec l’organisme propriétaire, et possédant si possible des moyens d’hébergement).

Alimentation en énergie

Alimentation en énergie électrique si possible indépendante du réseau EDF (groupe électrogènes)

Non-perturbation des capacités du CIS

En cas de positionnement du PRM dans un CIS, ce critère confirme que le centre a la capacité non seulement d’accueillir le PRM, mais également de le faire sans remettre en case sa propre capacité opérationnelle à répondre aux besoins d’intervention courants.

Pour les PC, qu’ils soient de niveau Site ou Colonne, les critères sont similaires, à ceci

près que les besoins en espace et en capacités de personnes sont plus limités. Au

final des deux mois d’entretiens avec les référents (pour la plupart des Chefs de

Centres ou des personnels SP de la hiérarchie du SDIS30), il a été possible de

cartographier 12 Secteurs Opérationnels Inondation, ainsi que leurs PRM et PC

correspondants (voir Figure 20 - Structure globale de la Sectorisation Opérationnelle

Inondation (JG.Audéoud, SDIS30, 2012)).

Page 54: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

54

Figure 20 - Structure globale de la Sectorisation Opérationnelle Inondation (JG.Audéoud, SDIS30, 2012)

Etape n°4 : Estimation des moyens nécessaires pour déploiement prévento-

curatif

La quatrième étape, toujours menée avec les référents inondation, s’est portée sur une

démarche d’évaluation visant à identifier les quantités de moyens nécessaires sur les

sous-secteurs en cas d’intervention. Il est très vite apparu que ce premier objectif

n’était pas réalisable, en raison de d’incertitudes liées au phénomène d’inondation lui-

même (forte disparité spatiale des précipitations, inondations possibles sur un seul

affluent d’un bassin, variation de la vulnérabilité humaine face à l’inondation, dimension

aléatoire des nécessités d’intervention suite à des accidents).

Plutôt que de quantifier exactement les besoins nécessaires au sous-secteur en cas

d’inondation, une autre démarche a été choisie en accord avec les référents. A chaque

sous-secteur identifié a été associée une estimation d’un Minimum Opérationnel,

variable selon les problématiques et les localisations dans le Gard. Ce minimum est

défini en prenant comme base un scénario d’inondation généralisée isolant totalement

le secteur considéré. Il évalue les moyens minimum en personnel, véhicules et

matériels à déployer sur le secteur en cas d’inondation pour faire face aux

interventions en cas de crue, en constituant un « socle opérationnel » complété a

Page 55: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

55

posteriori en cas de besoin. Il se décompose en un déploiement prévento-curatif et un

déploiement curatif complémentaire.

Figure 21 - Détails de structuration d'un SOI : l’exemple du secteur Vidourle Amont (SDIS30, 2012)

Les moyens déployés s’expriment généralement en utilisant les « briques »

opérationnelles déjà existantes, notamment les unités spécialisées, GIS (Groupes

Inondation Sauvetage) et GII (Groupes d’Intervention Inondation). Ceux-ci peuvent être

complétés par des remarques spécifiques (les secteurs cévenols signalent notamment

qu’ils n’auront pas l’usage des embarcations faisant habituellement partie intégrante

des GII) ou des nécessités particulières (demande d’attribution prioritaire d’hélicoptères

sur les SOI Alès et Vidourle Amont par exemple). La Figure 21 - Détails de

structuration d'un SOI : l’exemple du secteur Vidourle Amont (SDIS30, 2012) propose

un aperçu de cette répartition des moyens sur le secteur Vidourle Amont.

2.4.3. Résultats et perspectives de la Sectorisation Opérationnelle

Intégration de la Sectorisation Opérationnelle à l’Ordre d’Opération Inondation

2012

Page 56: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

56

A la fin du stage, en septembre 2012, la structuration de la sectorisation opérationnelle

a pu être intégrée à l’Ordre d’Opérations Inondation 2012. Sur cette base, une

traduction de cette structuration en termes d’encadrement et de commandement a pu

être développée par le Cdt. Guillaume, aboutissant à la création d’une Chaîne de

Commandement spécifique Inondation. Sa mise en application est déclenchée par les

niveaux de réponse globaux définis par l’OOI sur le département, et elle inclut, entre

autres :

- Les actions immédiates à effectuer au CODIS (mise en place d’officiers

spécialisés inondation en salle de crise en fonction du niveau de réponse, par

exemple).

- Le renforcement progressif de la chaîne de commandement classique sur

l’ensemble du département (augmentation du personnel encadrant d’astreinte

et de garde notamment)

REMARQUE : Voir Annexe 3, Chaîne de Commandement

Inondation telle que définie lors de la production de l’OOI 2012.

Exploration d’indices de vigilance SOI possibles

Parallèlement à ces réalisations, un travail exploratoire a été réalisé en vue de

développer des indices capables de faire varier le niveau de vigilance des SOI

identifiés, afin d’y anticiper le déclenchement de la réponse opérationnelle. Il est bon

de rappeler ici que les secteurs Opérationnels Inondation ne peuvent pas être activés

sur la base de niveaux d’alerte instantanés, basés une montée du niveau des eaux,

comme le sont la majorité des actions prévues dans le cadre des Plans de Prévision

de Crues. En effet, plus encore que ces derniers, la sectorisation opérationnelle

s’inscrit dans un contexte d’anticipation du phénomène de crue avant sa manifestation,

pour préparer sapeurs-pompiers à répondre instantanément et efficacement, en pré-

positionnant à l’avance les moyens et les structures de commandement nécessaires.

L’objectif de ce travail a été d’identifier un ensemble d’indices pouvant définir un niveau

de vigilance attribué à chaque SOI, tout en tenant compte des nécessités suivantes :

- cohérence sur l’ensemble des secteurs8

8 L’information SPC, notamment, est ici insuffisante à elle seule, car elle ne couvre pas de manière

pertinente la totalité des secteurs. Elle demeure cependant une source d’information à ne pas négliger.

Page 57: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

57

- prise en compte de l’ensemble des problématiques inondations (y compris une

rupture de barrage accidentelle ou provoquée, et donc sans lien direct avec les

informations de précipitation)

- simplicité suffisante pour être intégrée aux outils inondations sans leur faire

perdre leur vocation d’opérationnalité

Sur cette base, 4 indicatifs ont été suggérés pour définir le niveau de vigilance de

chaque secteur inondation et la réponse opérationnelle qui en découlera: SPC,

PLUVIO, SPEC, CONC et ANTICIP (voir Tableau 9 - Indicateurs de vigilance SOI

(JG.Audéoud, SDIS30, 2012)).

Tableau 9 - Indicateurs de vigilance SOI (JG.Audéoud, SDIS30, 2012)

Indicatif SPC

Niveau de vigilance globale Vigicrues pour le tronçon principal du

secteur.

Exprimé en 4 niveaux : vert, jaune, orange, rouge

Indicatif PLUVIO

Mesure (SP, MétéoFrance) ou estimation du cumul pluviométrique sur

un secteur. Cf PPC Uzès ou Vidourle pour des exemples de cet

indicateur

Exprimé en Xmm en Xheures.

Indicatif SPEC

Permet de prendre en compte, pour un secteur donné, la présence d’un

risque hydrologique intense et spécifique (rupture de barrage à Sainte-

Cécile concernant les SOI Gardons d’Alès, Gardons Réunis et Alès ;

information d’une rupture de digue, etc.).

Indicatif CONC

Evalue la possibilité, sur certains secteurs, d’un scénario de crue

concomitante avec le cours d’eau d’un secteur voisin. CONC varie donc

pour tenant compte du niveau de vigilance des SOI voisins.

Indicateur ANTICIP

Anticipe l’évolution de la situation météorologique de manière simplifiée

(source : MétéoFrance).

(stable / en cours d’aggravation / en cours d’amélioration).

Il est rare que les 5 indicateurs soient disponibles sur un même secteur. Certains ne

sont pas mesurables sur certains secteurs (indicateur SPC sur secteur Uzès par

exemple), d’autres peuvent être fusionnés dans certains cas. En réalité, la majorité des

secteurs disposeront en permanence de 3 à 4 indicateurs. Selon sa disponibilité sur le

secteur, sa précision, et sa pertinence pour évaluer le risque de crue, chacun se verra

attribuer une pondération, cette pondération étant variable entre chaque secteur.

- Indicateurs absolus : à caractère officiel ou ayant trait à une source de danger

spécifique et intense, le niveau d’alerte global pour le secteur est

obligatoirement aligné au minimum sur leur niveau.

Page 58: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

58

- Indicateurs standards : à caractère général, ils constituent une évaluation

globale du niveau de vigilance inondation pour chaque secteur.

- Indicateurs secondaires : sur certains secteurs, la pertinence relative d’un des

indicateurs peut faire passer celui-ci au point de vue d’indicateur secondaire.

Dans ce cas, il participe à nuancer et détailler une situation, mais sans

participer directement à faire varier le niveau de vigilance général.

Figure 22 - Principe de fonctionnement final de la sectorisation Organisationnelle (JG.Audéoud, SDIS30, 2012)

Pour doter le système de sectorisation d’un organe d’activation simplifié mais

opérationnel dès 2012, ce travail a été réalisé en supplément des objectifs fixés pour la

mission de stage, sous la forme d’un travail prospectif. A cette phase du travail, il ne

s’agit pas à proprement parler d’indices, mais plutôt d’indicateurs simplifiés. Son

évolution en système prévisionnel effectif est prévue pour 2013 (quantification des

indices et des seuils de vigilance, modalité de collecte de l’information, construction

d’un applicatif informatique destiné à équiper le CODIS en période de crise). Pour

l’année 2012, l’activation des SOI se fera sur intervention d’un opérateur humain,

généralement un officier de la Chaîne de Commandement doté de l’expérience des

Page 59: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

59

inondations gardoises, qui se guidera sur les indices suggérés ci-dessus pour faire

évoluer le dispositif prévento-curatif comme illustré en Figure 22 - Principe de

fonctionnement final de la sectorisation Organisationnelle (JG.Audéoud, SDIS30,

2012).

2.5. Bilan du stage SDIS30

2.5.1. Apports personnels

Ce stage de six mois au SDIS30 a été extrêmement profitable sur un plan personnel.

Son implication directe dans les problématiques de gestion de crise inondation, au

cœur d’une structure directement impliquée à part égale dans les plusieurs volets

complémentaires de la gestion des risques (prévention, prévision, gestion de crise) a

permis de se familiariser directement sur terrain avec les défis que posent la gestion

des crues.

Il a également permis d’acquérir une connaissance de la structure générale des SDIS

et d’y observer directement sur place les outils professionnels de gestion de crise. Ces

travaux ont également amené à prendre contact avec plusieurs acteurs privés et

publics de la gestion du risque inondation : le bureau d’étude Predict Services, le

service SCHAPI-SPC Grand Delta, la DDTM du Gard et les communes ont constitué

des interlocuteurs à part entière et des partenaires d’échange très constructifs.

Une mention particulière peut être faire au sujet de la DDTM30, fortement impliquée

dans la gestion depuis sa récente prise de compétence de référent inondation auprès

du Préfet. En effet, durant le printemps de 2012, une volonté de coopération entre le

SDIS et la DDTM du Gard ont conduit à la création d’un Groupe de Contact Inondation,

initié par M.Marty (DDTM30) et le Cdt. Guillaume (Groupement Prévi-Ops), dont les

services respectifs ont composés le noyau de ce groupe de contact voué à rassembler

un nombre de service de l’Etat aussi large que possible et à faciliter les échanges

d’information entre eux. Dans le cadre de cette démarche, il a été possible de

participer directement aux réunions de mise en place de cette structure inter-services.

Sur un plan plus technique, le stage a nécessité un usage très intense du logiciel de

système d’information géographique Géoconcept, tout en disposant d’un. La présence

d’un spécialiste de ce logiciel dans le service même a permis une formation

exceptionnellement rapide et efficace. Un mois environ a été nécessaire pour atteindre

un niveau d’autonomie, deux mois pour une maîtrise plus complète du logiciel, incluant

Page 60: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

60

les fonctions avancées spécifiques à Géoconcept: synchronisation des modes de

visualisation, gestion des symboles par échelles, gestion des données dynamiques sur

serveur notamment.

Le stage et le mémoire ont également fourni, pour des nécessités de licence et

d’efficacité, l’occasion de se former à l’utilisation de logiciels libres en compléments de

Géoconcept : parmi eux, la solution SIG libre QuantumGIS, les logiciels de conception

de cartes heuristiques Freemind et de planification de projet GanttProject ont fait partie

des plus couramment utilisés. Enfin, les compétences d’utilisation de la suite Adobe

(Illustrator et Photoshop) ont également bénéficié de cette expérience.

2.5.2. Difficultés techniques et scientifiques rencontrées

Lors de l’exposé du déroulement d’un projet, on oppose habituellement les difficultés

scientifiques (difficultés de fond traitant entre autres des limites de la démarche) et

fonctionnelles (de forme ou d’organisation, plus liées à des contraintes d’ordre

organisationnel et humain). Toutefois, dans le cadre de la mission de stage SDIS30

2012, cette opposition est moins nette. En effet, en considérant la très forte dimension

opérationnelle des objectifs à atteindre, il ne serait pas justifié de lui donner un

caractère scientifique au sens strict. Même si l’organisation utilisée suppose une

certaine similarité dans les méthodes et les réflexes, le stage ne s’est pas déroulé

selon les critères du questionnement scientifique (fonctionnement en hypothèses-

vérifications et linéarité de la démarche). A plusieurs reprises, il a été jugé plus

pertinent d’admettre des dérogations à la méthodologie de départ utilisée, s’il devenait

évident que la rigueur de cette démarche ne contribuait plus à obtenir un résultat

optimal, mais au contraire l’éloignait de la réalité du terrain.

Un excellent exemple concret en est le processus de définition précise des limites de

secteurs opérationnels. A l’origine, la méthodologie prévue avait été de fixer les limites

de secteurs sur les limites communales et les talwegs de cours d’eau, afin de

conserver une cohérence dans les critères de définition, dans le but de produire une

méthodologie de mise à jour réutilisable automatiquement.

Or, au fur et à mesure des entretiens avec les référents inondation, il est apparu

régulièrement que des tracés routiers ou de chemin de fer, des lignes électriques, etc.

constituaient des repères spatiaux plus visibles, et donc plus pertinents en termes

opérationnels, que les limites fixées a priori. Au fil du temps, ces modifications de

tracés sont devenues la règle plutôt que l’exception (rappelons que la référence

Page 61: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

61

principale utilisée a toujours été les expériences opérationnelles sapeurs-pompiers

précédemment enregistrées). Le résultat final propose donc des tracés à fort potentiel

opérationnels, compréhensibles et utilisables rapidement par le personnel de terrain ;

mais en revanche, cette définition par l’expérience ne permet conserver l’unicité qui

permettait une mise à jour rapide et automatisée. En d’autres termes, toute redéfinition

des limites des secteurs devra passer par les mêmes phases de consultation du

personnel de terrain.

On peut donc considérer qu’en soit, l’une des principales difficultés de ces missions a

été rendre les méthodes utilisées simultanément rigoureuses et suffisamment souples

pour s’adapter à la première nécessité de toute approche sapeur-pompier : considérer

la réalité de terrain comme critère premier, même si cela implique de réviser la totalité

d’une démarche.

Sur le plan technique, les difficultés rencontrées ont été principalement liées à la

complexité de la gestion des Systèmes d’Information Géographiques fonctionnant

comme support aux outils opérationnels que sont les Plans de Prévision de Crues et le

projet SECTOP. En effet, les huit SIG présentaient des structures difficiles à

synchroniser et un nombre de données important (total de 240 000 objets environ). Ils

comptaient également de nombreux problèmes structurels sous-jacents : les conflits

de géométrie et les doublons en ont constitué la part le plus importante.

La résolution de ces problèmes faisait partie des objectifs principaux de la mission, et

une solution à la majorité d’entre eux a pu être trouvée à court ou moyen terme

pendant le stage, à l’exception notable des carroyages, où il s’est avéré impossible de

faire coïncider les nécessités de s’adapter aux carroyages officiels SDIS et DFCI sans

multiplier le nombre de planches au-delà des limites du raisonnable pour des plans

opérationnels.

Par ailleurs, le planning réalisé en début de stage a très largement sous-estimé le coût

en temps de la refonte complète en un seul ensemble (voir figure XX, Chronogramme

en diagramme de Gantt). Au final, cinq des six mois de stage ont été nécessaires pour

terminer la refonte complète des SIG et l’harmonisation des bases de données.

2.5.3. Suggestions et perspectives

Les perspectives sur lesquelles s’achève ce stage se portent principalement sur les

aspects de la Sectorisation Opérationnelle (les PPC venant d’être mis à jour, une

Page 62: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

62

modification à court terme n’est pas a priori à l’ordre du jour, sauf manifestation d’un

besoin spécifique).

Si le projet SECTOP est d’ores et déjà opérationnel et intégré aux directives de l’Ordre

d’Opérations 2012, il demeure néanmoins perfectible (certains PRM et emplacements

de PC restent en effet à vérifier ou assurer ultérieurement). D’une part, la définition des

indicateurs hydrologiques, météorologiques et pratiques qui déclencheront l’activation

des SOI doivent à présent être complétés et développés sous la forme d’un modèle

décisionnel. D’autre part

A ce sujet que, l’essentiel de la dimension opérationnelle ayant été traité, on peut

suggérer de donner au prochain stage une thématique portée de manière plus

approfondie sur le lien entre mécanismes hydrologiques et réponses opérationnelles.

En effet, à plusieurs reprises, lors des entretiens avec les référents, il a été pris note

d’une demande concernant une connaissance plus précises des mécanismes de crue,

et notamment une estimation temporelle de la durée de la crue et des temps de

transfert. Ces éléments comptant certes parmi les plus difficiles à quantifier, mais ils

présentent un intérêt opérationnel de tout premier plan.

Page 63: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

63

CONCLUSION GENERALE

Variée et complète, l’expérience de stage au SDIS30 s’est révélée extrêmement

bénéfique, à la fois d’un point de vue personnel et scientifique. Le travail sur un

ensemble d’outils pré-existants a permis de pousser plus loin que la moyenne la

réflexion liée à la pertinence de la donnée géographique, spatialisée, dans la gestion

opérationnelle de crise. Il a été possible d’affiner cette approche sur les Plans de

Prévision de Crues en y modifiant l’échelle d’approche, et plus encore de l’utiliser pour

participer à la construction d’un système opérationnel départemental innovant et

concret (projet SECTOP).

Sur le plan technique, outre la familiarisation avec plusieurs nouveaux logiciels,

l’expérience d’une refonte complète d’un Système d’Information Géographique

complexe a également été très profitable. La redéfinition de sa structure, la recherche

des données, leur manipulation, leur validation et leur transformation sous une mise en

forme exploitable selon des critères opérationnels précis, constitue une expérience de

géomatique très utile et d’un intérêt personnel certain.

Bien que les outils constituent une part non négligeable des compétences acquises

pendant ce stage, l’expérience du choix des données en fonction de leur potentiel

opérationnel a également été fortement bénéfique. Enfin, sur le plan humain, la

dimension opérationnelle très forte qui caractérisait ce stage (Offre de stage 2012,

SDIS30) a été profitable en ce qu’elle s’inscrivant pleinement dans une démarche de

complémentarité avec les connaissances et compétences acquises au cours du Master

2 GCRN. L’organisation et la rigueur indispensables pour la bonne réalisation de ce

travail, la capacité d’adaptation à des interlocuteurs très différents (personnel terrain,

services de l’Etat) ont contribué à construire et nourrir le profil polyvalent qui compte

parmi les atouts principaux de la formation en Gestion des Catastrophes et des

Risques Naturels de l’Université Montpellier III.

D’un point de vue plus général, ce stage a également permis de disposer d’un exemple

de l’évolution progressive de conception des échelles spatiales au sein des structures

et des acteurs de gestion des risques en France. Cette évolution vers une pratique de

gestion de l’espace plus souple, plus individualisée, se heurte encore à la spécificité

française d’une gestion encore cloisonnée, même à l’échelle locale, et majoritairement

centrée sur l’aléa. En effet, la définition d’un territoire directement lié au risque devra

Page 64: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

64

obligatoirement passer, à terme, par la prise en compte de la répartition spatiale des

enjeux et des acteurs du risque, et non seulement des aléas.

Toutefois, cette innovation pourrait être l’une des premières formes d’une future

intégration améliorée des différentes échelles spatiales et fonctionnelles dans

lesquelles s’inscrivent les enjeux, les aléas et les mécanismes de gestion. Si cette

tendance se confirme, la concrétisation d’un véritable « territoire du risque »

deviendrait alors possible, illustration d’une nouvelle évolution des pratiques de gestion

spatiales en France.

Page 65: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

65

ANNEXES

Liste des Annexes

Annexe 1 : Chronogramme détaillé du stage (Diagramme de Gantt) ....................... 65

Annexe 2 : Organigramme fonctionnel général du SDIS30 ...................................... 66

Annexe 3 : Aperçus des planches principales des PPC 2012 : l’exemple du PPC

Arre-Hérault. .............................................................................................................. 67

Annexe 4 : Légende des PPC 2012 : l’exemple du PPC Uzès (SDIS30) ................. 70

Annexe 5 : Exemple de Secteur Opérationnel Inondation tel qu’intégré à l’O.O.I.

2012 (SDIS30, 2012) ................................................................................................ 71

Annexe 6 : Chaîne de Commandement Spécifique Inondation pour mise en œuvre

de la Sectorisation Opérationnelle (O.O.I., SDIS2012) ............................................. 72

Page 66: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

66

Annexe 1 : Chronogramme détaillé du stage (Diagramme de Gantt)

Page 67: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

67

Annexe 2 : Organigramme fonctionnel général du SDIS30

Page 68: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

68

Annexe 3 : Aperçus des planches principales des PPC 2012 : l’exemple du

PPC Arre-Hérault.

Page 69: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

69

Page 70: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

70

Page 71: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

71

Annexe 4 : Légende des PPC 2012 : l’exemple du PPC Uzès (SDIS30)

Page 72: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

72

Annexe 5 : Exemple de Secteur Opérationnel Inondation tel qu’intégré à

l’O.O.I. 2012 (SDIS30, 2012)

Page 73: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

73

Annexe 6 : Chaîne de Commandement Spécifique Inondation pour mise

en œuvre de la Sectorisation Opérationnelle (O.O.I., SDIS2012)

Page 74: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

74

GLOSSAIRE

BD : Base de données

BP : Bulletin de Précipitations

CCF : Camion Citerne Feu de forêt

CDSP : Corps Départemental des Sapeurs-Pompiers

COD: Centre Opérationel Départemental

CODIS : Centre Opérationnel Départemental d’Incendie et de Secours

COGIC : Centre Opérationnel de Gestion Interministérielle des Crises

COS : Commandant des Opérations de Secours

COZ : Centre Opérationnel de Zone

CRM : Centre de Rassemblement des Moyens

CSP : Centre de Secours Principal

CTAU : Centre de Traitement de l’Alerte Unique

DOS : Directeur des Opérations de Secours

DSC : Direction de la Sécurité Civile

EMZ : Etat-Major de Zone

ERP : Etablissement recevant du Public

ESPADA : Evaluation et Suivi des Pluies en Agglomération pour Devancer l’Alerte

GII : Groupe d’Intervention Inondation

GIS : Groupe Inondation Sauvetage

IG : Information Géographique

ISDR : International Strategy for Disaster Reduction

OOI : Ordre d’Opérations Inondation :

ORSEC : Organisation de la Réponse de Sécurité Civile

PCC : Poste de Commandement de Colonne (aussi noté PC COL)

PCS : Plan Communal de Sauvegarde

PPRi : Plan de Prévention des Risques Inondation

PPC : Plan de Prévision des Crues

PRM : Point de Rassemblement des Moyens

PRV : Point de Rassemblement des Victimes

SDACR : Schéma Départemental d’Analyse et de Couverture des Risquees

SDGR : Sous Direction de Gestion des Risques

SDIS : Service Départemental d’Incendie et de Secours

SIG : Système d’Information Géographique

SPC GD : Service de Prévision des Crues Grand Delta

SPC MO : Service de Prévision des Crues Méditerranée Ouest

VLHR : Véhicule Léger Hors Route

VTU : Véhicule Toute Utilité

Page 75: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

75

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

AYRAL P-A, SAUVAGNARGUES-LESSAGES S., DUSERRE G. (2005) - L’étude des

Risques Naturels à travers un outil commun : le SIG. - Ecole des Mines d’Alès. 12 p.

BOUSSAGEON J. (2008) - Les mesures d’anticipation et de gestion des situations de

crise liées aux crues rapides à Nîmes ; enseignement de la catastrophe de 1988,

mesures actuelles et perspectives. - SDIS 30, Mémoire de M2, UJF, 136p.

BRILHAC J-F., FAVRO K. (2009) - Planifier le risque industriel. Editions Victoires,

Collection Environnement, 177p.

CLAUDET R, BOUCIER C. (2005). - Outils de Prévision des crues rapides, le besoin

d’alerte et de suivi en temps réel. La Houille Blanche, n°1-2005, pp.36-41.

DDE30 (2005). - Dossier Départemental des Risques Majeurs, pp.12-13.

DESCHAMPS S. (2009) - Optimisation de la Gestion des Crues rapides des

Cadereaux de Nîmes à l’aide d’Outils de Planification et d’Anticipation opérationnels. -

SDIS30, mémoire de Master 2, Université Paul Valéry - Montpellier III, 143 p.

DAUTUN C. (2004) - Organisation de la Gestion de Crise, les secours face à une crise

de grande ampleur. - Thèse professionnelle, Ecole des Mines d’Alès, 80p.

DIREN 30 (2000) – Les régimes hydrologiques des cours d’eau en Languedoc-

Roussillon. – 8p.

DOS SANTOS C. (2010) - Gestion de Crise : Comment Gérer un évènement de

grande ampleur. Aide à l’organisation des moyens de secours du SDIS30 dans le cas

d’une inondation de type 2002. - SDIS30, Université Paul Valéry Montpellier III.

Mémoire de M2. 119p.

JOUSSE G. (2009) - Traité de Riscologie : la science du Risque, Imestra Sarl Editions,

601p (version ebook).

MARTIN M., DIDON-LESCOT J-F., COSANDEY C. (2003) - Fonctionnement

hydrologique des petits bassins versants granitiques du Mont Lozère : influence du

couvert végétal sur les crues et les étiages. Etudes de Géographie Physique, 2003,

25p.

Page 76: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

76

MARTIN M., DIDON-LESCOT J-F (2004) - Les crues de type cévenol sur le versant

sud du Mont-Lozère. Etudes de Gégraphie Physique, 2004, 25p.

RUIN I. (2007) - Conduite à contre-courant - les pratiques de mobilité dans le Gard :

facteurs de vulnérabilité aux crues rapides. Thèse de Doctorat, Université Joseph

Fourier (Grenoble I), 362 p.

SERVAIRE M. (2007) - Etude de la faisabilité de la mise en place d’agroforesterie sur

la plaine du Vistre. – ENESAD, Mémoire de fin d’étude. 49p.

SOGREAH & Syndicat AB Cèze (2008) - Etude hydromorphologique du transport et de

la gestion des sédiments de la Cèze. Rapport n° 4240794 R2 VC. Note de Diagnostic,

28p.

VEYRET Y. (2004) - Géographie des Risques Naturels en France : de l’aléa à la

gestion. Editions Hatier, Collection Initial, 251p.

VINET F. (2007) - Approche institutionnelle et contraintes locales de la gestion du

risque. Recherches sur le risque inondation en Languedoc-Roussillon. Mémoire

d’habilitation à diriger des recherches, Université Montpellier III, 270 p.

VINET F., LEONE F. (2010) - Aléas Naturels et Gestion des Risques, PUF.

Documents n’ayant pas fait l’objet d’une publication ou ressources

bibliographiques de format particulier :

GRUNEWALD F., Le cycle de gestion de la réponse aux désastres, quelques repères

et concepts acceptés par le Haut Conseil de la Coopération Internationale et la Croix

Rouge, Diplomatie 13, Mars-Avril 2005, p.56.

LABORDE G., Président d’AGERCA (Alliance pour la Gestion des Risques et la

Continuité des Activités) Conférence de presse, Montana, 25 Mars 2009.

C.LUTOFF, D.MAZET-BRACHET, G.FERRY, 2010. Notes et supports de cours de

l’UE « Gestion des risques, vulnérabilité et résilience des territoires » (M2 EGEPM

2010-2011).

Page 77: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

77

JM.TACNET, R.BRUNET, 2007. « Risques Naturels – Organisation de la gestion et de

la Prévention en France », Eléments de Synthèse du projet PRINAT, InterReg III,

Cemagref (ETNA).

Cdt. O. GUILLAUME, 2012. Notes et supports de cours de l’UE « Gestion

Opérationnelle du Risque : les Services Départementaux d’incendie et de Secours.

Master II GCRN 2011-2012, Université Montpellier-III.

SDIS 30, 2002. Inondations du 8 au 9 septembre 2002. Plan ORSEC du 9 septembre

au 25 septembre. Rapport du SDIS du Gard, 94 p.

SDIS 30, 2003. Compte rendu inondation secteur PSE, du lundi 01 décembre au jeudi

04 décembre 2003. Non publié. 3p.

SDIS 30, 2005. Inondation du 6 et du 8 septembre 2005. Département du Gard. 22

diapositive, PowerPoint.

SDIS30, 2011. Ordre d’Opérations Feux de Forêt, 79p.

SDIS30, 2011. Ordre d’Opérations Inondation, 83p.

SDIS30, 2012. Ordre d’Opérations Inondation, Document de Travail.

Bibliographie Internet

Site de l’ANENA - http://www.anena.org

Page Thésaurus – lettre D – « Le Dossier Communal Synthétique »

http://www.anena.org/jurisque/thesaurus/texte/DCS.htm

Site de sismologie amateur de l’île d’Oléron - http://sismoleron.e-monsite.com/

Page « Le Risque Sismique sur l’ïle d’Oléron »

http://sismoleron.e-monsite.com/livredor.html

Portail gouvernemental des Risques Majeurs - http://www.risquesmajeurs.fr

Page « Définition Générale du Risque Majeur »

http://www.risquesmajeurs.fr/definition-generale-du-risque-majeur

Site de la DRASS et des DDASS de la région PACA - http://www.paca.sante.gouv.fr

Page « Définition du Risque Majeur »

http://www.paca.sante.gouv.fr/pow/idcplg?IdcService=SS_GET_PAGE&nodeId=534

Page 78: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

78

Site de supports de cours numériques de l’UVED - http://www.uved.fr

Page « Historique de la gestion des risques technologiques et naturels » (J-F.

BRILHAC)

http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module3/risques/index.html

Site de supports de cours de la fondation UNIT (Université Numérique Thématique en

Sciences de l’Ingénieur et Technologie) - http://www.unit.eu/fr

Page « Typologie des Risques ».

http://www.unit.eu/cours/cyberrisques/etage_2/co/Module_Etage_2_7.html

LSTE DES FIGURES

Figure 1 - Illustration du triptyque aléa-enjeux-risque (Sism'Oleron, 2009) .................... 6

Figure 2 - Principes de la gestion des risques en France : la crise comme catalyseur

(DDRM49, 2008) ........................................................................................................... 11

Figure 3 - Complémentarité des compétences de sauvegarde et de secours (IRMA,

2011)............................................................................................................................. 12

Figure 4 - La sécurité civile parmi les acteurs de la gestion de crise (d’après Dautun,

2004)............................................................................................................................. 13

Figure 5 - Exemple de chaîne de commandement terrain (SDIS90, 2010) ........ Erreur !

Signet non défini.

Figure 6 - Exemple de carte de vigilance SPC (SPC/SCHAPI, septembre 2012) ........ 21

Figure 7 - Limites principales du département du Gard ................................................ 25

Figure 8 - Représentation simplifiée des conditions climatiques générales lors d'un

épisode cévenol (MEDD, 2009) .................................................................................... 27

Figure 9 - Coupe simplifiée d'un épisode cévenol sur le département du Gard ........... 28

Figure 10 - Cours d’eaux principaux, aperçu du relief et de l’organisation spatiale des

Centres d’Incendie et de Secours du Gard ................................................................... 30

Figure 11 - Profil en long de la Cèze (d’après SOGREAH, 2008) ................................ 31

Figure 12 – Caractérisation du régime pluvial cévenol par la DREAL (RDD, 2000) ..... 32

Figure 13 – Comparaison d’épisodes de crue de la Cèze ; de haut en bas, sur le cours

amont (photo Parc National des Cévennes, 2002), à mi-parcours au pont submersible

de Saint-Ambroix (photo Edouard Chaulet, 2011), et à Codolet, à proximité de la

confluence avec le Rhône (photo BLOT, 2002). ........................................................... 35

Figure 14 - Crues de 2002 sur le département du Gard, de bas en haut : surverse du

barrage écréteur de crues de Rouvières (CG30, 2002) ; le Pont du Gard sous les eaux

Page 79: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

79

(banque d'images DREAL30, 2002), Sommières entièrement inondé (photo D.Quet,

Midi Libre, 2002) ........................................................................................................... 36

Figure 15 - Aperçu du contenu des anciens Plans de Prévision de Crues, exemple tirés

du PPC Rhône (SDIS30, 2005) .................................................................................... 38

Figure 16 - Objectifs minimum de la mission PPC tels que définis en début de stage

(Source : SDIS30, 2012) ............................................................................................... 40

Figure 17 - Adaptation de la structure du SIG PPC (carte heuristique) ........................ 44

Figure 18 - Aperçu des sommaires cartographiques du PPC Uzès (SDIS, 2012) ...... 45

Figure 20 – Pré-Sectorisation en 14 secteurs sur le département (DOS SANTOS,

2010)............................................................................................................................. 49

Figure 21 - Structure du SIG SECTOP (JG Audéoud, 2012) ....................................... 50

Figure 22 - Structure globale de la Sectorisation Opérationnelle Inondation

(JG.Audéoud, SDIS30, 2012) ....................................................................................... 53

Figure 23 - Détails de structuration d'un SOI : l’exemple du secteur Vidourle Amont

(SDIS30, 2012) ............................................................................................................. 54

Figure 24 - Principe de fonctionnement final de la sectorisation Organisationnelle

(JG.Audéoud, SDIS30, 2012) ....................................................................................... 57

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 - Echelle de gravité d'un évènement (MEDDTL, 2008) ................................ 9

Tableau 2 - Part des différentes catégories d'interventions SDS (SDIS30, 2010) ........ 15

Tableau 3 - Echelons principaux de la Chaîne de Commandement des Secours

(Ministère de la Défense, 2008) .................................................................................... 16

Tableau 4 - Zones actives et zones contributives de Cosandey .................................. 33

Tableau 5 - Zones Inondables du Gard (ORIG, 2011) ................................................. 36

Tableau 6 - Démarche de mise à jour des PPC ........................................................... 41

Tableau 7 – Etat des supports SIG construits pour la création des PPC de 2005 à 2009

(SDIS30, 2012) ............................................................................................................. 42

Tableau 8 - Critères de définition des PRM et PC (SDIS30, 2012) .............................. 52

Tableau 9 - Indicateurs de vigilance SOI (JG.Audéoud, SDIS30, 2012) ...................... 56

Page 80: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

80

TABLE DES MATIERES

Page de garde ................................................................................................................ 1

Remerciements ............................................................................................................... 2

Sommaire ....................................................................................................................... 3

Introduction Générale ..................................................................................................... 4

1. Partie Académique .................................................................................................. 6

1.1. Les composantes du risque : vers une approche globale ................................ 6

1.1.1. Le concept de risque entre précision et évanescence .............................. 6

1.1.2. Maîtrise du risque, maîtrise des risques ................................................. 10

1.2. Acteurs et échelles de la gestion opérationnelle de crise : le défi de la

coordination ............................................................................................................... 12

1.2.1. La Sécurité Civile : principes et fondements ........................................... 12

1.2.2. Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours comme fer de

lance de la Sécurité Civile ..................................................................................... 14

1.3. Les échelles spatiales et temporelles comme clés de gestion opérationnelle :

l’exemple des crises inondation ................................................................................ 18

1.3.1. L’échelle temporelle : l’anticipation comme enjeu opérationnel principal 18

1.3.2. Echelles spatiales de la gestion de crise, entre recherche d’un optimum

spatial et approche multi-scalaire .......................................................................... 22

2. Stage 2012 : Développement d’outils de planification et d’anticipation

opérationnels pour le SDIS30 (Gard) ........................................................................... 24

2.1. Chronogramme général ................................................................................. 24

2.2. Présentation du terrain d’étude ...................................................................... 24

2.2.1. Généralités : le Gard comme type du département méditerranéen ........ 24

2.2.2. Conditions climatiques ............................................................................ 25

2.2.3. Hydrologie ............................................................................................... 29

2.3. Mission 1 : mise à jour des Plans de Prévision de Crues, outils d’anticipation

des crues ................................................................................................................... 37

Page 81: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

81

2.3.1. Les PPC : état de fait et objectifs de la mission ...................................... 37

2.3.2. Démarche générale ................................................................................. 40

2.3.3. Cartographie et SIG ................................................................................ 41

2.4. Mission 2 : la Sectorisation Opérationnelle comme application de l’anticipation

de la gestion de crise inondation ............................................................................... 46

2.4.1. Présentation du projet ............................................................................. 46

2.4.2. Démarche et méthode employée ............................................................ 48

2.4.3. Résultats et perspectives de la Sectorisation Opérationnelle ................. 54

2.5. Bilan du stage SDIS30 ................................................................................... 58

2.5.1. Apports personnels ................................................................................. 58

2.5.2. Difficultés techniques et scientifiques rencontrées ................................. 59

2.5.3. Suggestions et perspectives ................................................................... 60

Conclusion Générale .................................................................................................... 62

Annexes ........................................................................................................................ 64

Liste des Annexes ..................................................................................................... 64

Annexe 1 : Chronogramme détaillé du stage (Diagramme de Gantt) ....................... 65

Annexe 2 : Organigramme fonctionnel général du SDIS30 ...................................... 66

Annexe 3 : Aperçus des planches principales des PPC 2012 : l’exemple du PPC

Arre-Hérault. .............................................................................................................. 67

Annexe 4 : Légende des PPC 2012 : l’exemple du PPC Uzès (SDIS30) ................. 70

Annexe 5 : Exemple de Secteur Opérationnel Inondation tel qu’intégré à l’O.O.I.

2012 (SDIS30, 2012) ................................................................................................ 71

Annexe 6 : Chaîne de Commandement Spécifique Inondation pour mise en œuvre

de la Sectorisation Opérationnelle (O.O.I., SDIS2012) ............................................. 72

Glossaire ....................................................................................................................... 73

Références Bibliographiques ........................................................................................ 74

Lste des Figures ........................................................................................................... 77

Liste des Tableaux ........................................................................................................ 78

Table des Matières ....................................................................................................... 79

Page 82: Mémoire - Gestion opérationnelle des inondations dans le Gard - stratégies de planification et d'anticipation

STRATEGIES DE PLANIFICATION ET D’ANTICIPATION POUR LA GESTION OPERATIONNELLE DES INONDATIONS

82