Mémoire agates

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Ecole des Gemmes 1 Agathe, la pierre qui parle lapidaire AGATE, LA PIERRE QUI PARLE LAPIDAIRE Héloïse COLLIN-RANDOUX N° étudiant 811983 « De tout temps, on a recherché non seulement les pierres précieuses, mais aussi les pierres curieuses, celles qui attirent l’attention par quelque anomalie de leur forme ou par quelque bizarrerie significative de dessin ou de couleur. Presque toujours, il s’agit d’une ressemblance inattendue, improbable et pourtant naturelle, qui produit la fascination. De toute façon, les pierres possèdent on ne sait quoi de grave, de fixe et d’extrême, d’impérissable ou de déjà péri. Elles séduisent par une beauté propre, infaillible, immédiate, qui ne doit de compte à personne ». Roger Caillois, L’écriture des pierres, p.243. L’agate fait indiscutablement partie de ces pierres curieuses plutôt que précieuses. La fascination qu’elle exerce remonte à des temps reculés. Son caractère commun cache une richesse et une histoire séculaires : elle apparaît comme l’une des pierres les plus anciennement utilisées depuis l’Antiquité et ce dans toutes les cultures. De fait, ses utilisations sont extrêmement larges et dépassent ses simples qualités esthétiques. Des références au travail de l’agate sont faites dès l’Antiquité. Elle était déjà sculptée en objet décoratif et utilitaire (coupe, vase) par les égyptiens et les sumériens au III ème millénaire avant JC. Son utilisation remonte très certainement à l’âge de pierre. L’agate est un paradoxe. On la trouve en abondance sur Terre, sur les cinq continents. Comme le souligne très justement Robert Proctor, c’est une pierre que l’on trouve, non que l’on paye, et la « chasse aux agates » a fait éclore bien des passions d’enfants pour le monde minéral et la carrière de lapidaire ou de gemmologue. Sa valeur n’a d’égal que son prix très peu élevé en comparaison d’autres gemmes plus rares ou plus nobles. Elle reste aux yeux de la plupart des gens une gemme commune et sans grand intérêt. Il n’est cependant pas étonnant qu’elle constitue un matériau de choix pour le lapidaire. Nous nous intéresserons ici au travail actuel de cette pierre et à sa taille, ainsi qu’aux raisons qui expliquent le succès jamais démenti de cette gemme auprès des lapidaires. Dans un premier temps, il convient de rappeler les causes de cette popularité. Les différentes étapes de la taille en elle-même seront ensuite développées.

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Ecole des Gemmes

1 Agathe, la pierre qui parle lapidaire

AGATE, LA PIERRE QUI PARLE LAPIDAIRE

Héloïse COLLIN-RANDOUX N° étudiant 811983

« De tout temps, on a recherché non seulement les pierres précieuses, mais aussi les pierres curieuses, celles qui attirent l’attention par quelque anomalie de leur forme ou par quelque bizarrerie significative de dessin ou de couleur. Presque toujours, il s’agit d’une ressemblance inattendue, improbable et pourtant naturelle, qui produit la fascination. De toute façon, les pierres possèdent on ne sait quoi de grave, de fixe et d’extrême, d’impérissable ou de déjà péri. Elles séduisent par une beauté propre, infaillible, immédiate, qui ne doit de compte à personne ».

Roger Caillois, L’écriture des pierres, p.243.

L’agate fait indiscutablement partie de ces pierres curieuses plutôt que précieuses. La fascination qu’elle exerce remonte à des temps reculés. Son caractère commun cache une richesse et une histoire séculaires : elle apparaît comme l’une des pierres les plus anciennement utilisées depuis l’Antiquité et ce dans toutes les cultures. De fait, ses utilisations sont extrêmement larges et dépassent ses simples qualités esthétiques.

Des références au travail de l’agate sont faites dès l’Antiquité. Elle était déjà sculptée en objet décoratif et utilitaire (coupe, vase) par les égyptiens et les sumériens au IIIème millénaire avant JC. Son utilisation remonte très certainement à l’âge de pierre.

L’agate est un paradoxe. On la trouve en abondance sur Terre, sur les cinq continents. Comme le souligne très justement Robert Proctor, c’est une pierre que l’on trouve, non que l’on paye, et la « chasse aux agates » a fait éclore bien des passions d’enfants pour le monde minéral et la carrière de lapidaire ou de

gemmologue. Sa valeur n’a d’égal que son prix très peu élevé en comparaison d’autres gemmes plus rares ou plus nobles. Elle reste aux yeux de la plupart des gens une gemme commune et sans grand intérêt.

Il n’est cependant pas étonnant qu’elle constitue un matériau de choix pour le lapidaire.

Nous nous intéresserons ici au travail actuel de cette pierre et à sa taille, ainsi qu’aux raisons qui expliquent le succès jamais démenti de cette gemme auprès des lapidaires. Dans un premier temps, il convient de rappeler les causes de cette popularité. Les différentes étapes de la taille en elle-même seront ensuite développées.

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I. « Unique and very durable » (B. Bridgestock, lapidaire, Arizona)

L’agate est une variété de calcédoine translucide rubanée. Ses fascinants motifs et couleurs sont causés par l’action de l’eau lors de la formation, combinée à la présence d’inclusions minérales et d’impuretés sous la forme d’ions métalliques tels que ceux du fer, du chrome, du cuivre, du nickel, du cobalt ou du manganèse.

Beauté

La beauté est la principale raison qui fait de l’agate un matériau tant apprécié des lapidaires. Comme le dit Barry Bridgestock, lapidaire à Yuma (Arizona) et dirigeant de la société Artistic Colored Stone : « I love the varieties of the patterns and colors in agates. Cutting open an agate is always exciting because the outer ‘rind’ can hide the beauty of the interior ».

Nodule

d’agate

(Oregon)

« Les nodules d’agate sont boulets gris et rugueux, franchement

rébarbatifs. »

Roger Caillois

Pierres, p.145

Agate

brésilienne aux

tons gris et

délavés

« Il faut les rompre pour connaître les spectacles qu’il arrive qu’ils recèlent : rien,

le plus souvent, qu’une morne matière peu translucide, à peine différente de celle du premier silex venu » (id.)

La majorité des agates ont des tonalités pâles et désaturées. Des nuances variées et multiples cohabitent souvent dans une même pièce, en fonction de la présence du ou des ions métalliques colorants et/ou des inclusions (cf. annexe).

Les couleurs des agates sont celles des calcédoines constituantes : blanc, gris bleuté, gris vert, jaune brun, brun, brun rouge, noir.

Il est bon de rappeler que souvent, des couleurs trop vives peuvent être le signe d’un traitement.

« Mais parfois, des tracés capricieux ; des veines parallèles (…), des festons minéraux, des points de dentelle (…), des pyrotechnies immobiles dans une nuit pétrifiée, (…), des draperies d’aurore boréale » (Roger Caillois, Pierres, p.145).

Il peut arriver que l’on trouve des couleurs naturelles plus soutenues et agréables à l’œil, du bleu foncé, du violet, du rose, de l’orange. La rareté de telles tonalités aura un impact direct sur la valeur et sur le prix du matériau.

Agate rose, Cabochon

5x1,9 cm

www.samsilverhawk.com

Agate Coyamito

(Chihuahua, Mexique)

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Le petit poisson, 14x29x4 cm

Collection R. Caillois

« Démence graphique » :

Le petit Fantôme, 19x16x1 cm

Collection R. Caillois

L’agate est la pierre à motifs par excellence, et c’est ce qui la rend unique et si belle. Le but ici n’est pas de tous les recenser, mais d’en donner quelques exemples significatifs pour illustrer leur grande variété.

Exemples de quelques motifs parmi des centaines d’autres :

Agate sage : appellation américaine (Amethyst sage Agate) d’une variété violette dendritique provenant du Nevada.

Agate sage, 4,6x1,8 cm

www.samsilverhawk.com

Agate Condor : variété rubanée dans les tons de gris, orange et rouge trouvée en Argentine.

Nodule d’agate Condor, 10 x 9 x 7 cm

San Rafael District, Mendoza Province, Argentine

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4 Agathe, la pierre qui parle lapidaire

L’agate peut également présenter des phénomènes optiques.

L’agate de feu contient de très minces films de minéraux ferreux entre les diverses couches de calcédoine qui la composent. Lorsqu’elle est bien taillée, des interférences lumineuses se produisent sur ces strates minces et provoquent un jeu de couleurs iridescentes.

Un brut d’agate de feu poli en surface et un cabochon

L’agate Iris présente quant à elle des couleurs spectrales dues à un phénomène de diffraction provoqué par des fibres de quartz enroulées.

Cet effet se voit d’autant mieux que la pierre est taillée en tranches minces et observée en lumière transmise.

Agate iris ou arc-en-ciel

L’univers de l’agate est tout en souplesse et les angles sont, sinon bannis, du moins accidentels.

L’image, souvent, est presque abstraite : « Elle tient ses meilleurs pouvoirs d’une géométrie élémentaire : celle du cercle » (Roger Caillois, L’écriture des pierres, p. 309).

Agate, Monocle et Binocle, 15x13x2 cm

Collection R. Caillois

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Versatilité/diversité

L’agate est communément taillée, gravée, sculptée ou intaillée depuis des millénaires, autant pour les besoins de la bijouterie que des arts décoratifs (ornementation, mobilier, sceaux), ou de l’utilitaire (vases, coupes, socles, boîtes, manches de couverts, plats, bols, dessous de verre, cendriers, fioles…). C’est une gemme exceptionnelle de par la variété très étendue de ses utilisations.

Durabilité

L’agate possède une excellente durabilité, due à sa structure en grains très serrés. Sa ténacité, sa résistance à l’abrasion et aux produits chimiques sont telles qu’on l’utilise pour fabriquer des mortiers de pharmacie et de laboratoire ou des billes de broyage dans les domaines de la chimie et des céramiques, mais aussi dans le travail de l’or pour le brunissage en dorure. Elle sert également de pierre à polir dans les métiers du cuir et du papier.

Capacité à prendre un beau poli

L’agate a une dureté de 6,5 à 7 sur l’échelle de Moh’s et est considérée comme une pierre dure. Le polissage confère aux pierres un éclat intense et durable et révèle au regard les détails de leur texture.

L’agate présente ainsi un grand nombre de qualités esthétiques et techniques, qui suffiraient déjà en elles-mêmes à en faire une gemme intéressante. Il est un autre facteur qui la rend, paradoxalement peut-être, désirable : sa grande abondance sur Terre, et souvent à même le sol.

L’agate possède en effet cet avantage d’être disponible partout et accessible au plus grand nombre. Souvent, les lapidaires passionnés par les agates les ont collectionnées dès l’enfance.

« I began collecting agates at the age of nine » nous raconte Barry Bridgestock. « Agates are what got me interested in all of this stuff in the first place », ajoute-t-il.

La chasse aux agates est une activité physique et exigeante. Il faut être de bonne constitution et n’avoir peur ni des kilomètres, ni du soleil, ni du poids des pierres !

Non sans humour, Barry Bridgestock l’évoque ainsi : « I have three cabs I’ll never part with because I literally hauled a hundred pounds of agates home from Montana and sawed them for days just to get these cabs. I don’t want the diamond people telling me how hard it is to get diamonds ! ».

Sur le terrain : la « chasse »

Coupure de journal. On trouve ces encadrés dans beaucoup de magazines américains spécialisés en minéraux et fossiles

Collecting agates and jaspers of America, Patti Polk

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6 Agathe, la pierre qui parle lapidaire

II. Comment. La taille

Forme du brut

L’agate est un agrégat microcristallisé le plus souvent massif, globulaire, nodulaire, sphéroïdal ou botryoïdal, parfois sous forme de galets roulés par les eaux.

Habitus massif (Chine)

Habitus nodulaire (Brésil)

Habitus sphéroïdal (Maroc)

Habitus botryoïdal (Ellensburg, USA)

Sciage/Préformage

De nos jours, les gros blocs d’agate ne sont pratiquement plus, comme c’était l’habitude autrefois, débités au marteau et au ciseau selon leurs diaclases ou repères tracés au préalable sur la pierre, mais généralement sciés à la scie circulaire endiamantée.

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7 Agathe, la pierre qui parle lapidaire

Sciage d’une agate

http://footage.framepool.com/en/shot/867848320-

agate-mill-grinding-wheel-grinder-sawing

L’orientation de la pierre lors du sciage peut être primordiale, si le lapidaire veut mettre en valeur certains motifs, comme par exemple l’œil d’une agate cyclope.

Couler du plâtre sur l’agate dans un moule fabriqué à partir d’une brique en carton (de lait ou de jus d’orange) permet de scier la gemme selon l’angle désiré.

Agates dans un bloc de plâtre avant sciage

http://gemstone.smfforfree4.com/index.php?topic=44.0

Tranche d’agate et plâtre après sciage

http://gemstone.smfforfree4.com/index.php?topic=44.0

La scie endiamantée représente un gain de temps conséquent et sert également à éliminer les parties inutiles et à ébaucher la matière. Le lapidaire utilise des gabarits pour choisir la forme qui mettra le mieux en valeur les motifs de la pierre.

Un exemple de gabarit

http://www.hgms.org/lapidary/

Les agates sont dures et tenaces. Il peut être utile d’aiguiser la lame endiamantée avant de scier la matière, pour un maximum d’efficacité. A aucun moment la lame ne doit forcer son chemin dans la pierre, sous peine d’être endommagée.

« La sensation n’est pas la même lorsque l’on scie les agates. Elles produisent un son plus aigu. Si vous allez trop vite, la lame de la scie produira des étincelles, ce qui n’est pas bon signe et veut dire qu’elle est en train de s’abîmer.

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8 Agathe, la pierre qui parle lapidaire

D’après mon expérience, les agates les plus dures sont les agates du Montana à effet Girasol [diffusion de Rayleigh ou Diffusion de Mie sur des inclusions ou défauts provoquant un aspect laiteux ou brumeux de la matière] ; elles sont presque transparentes car leurs molécules sont très serrées et rapprochées les unes des autres. On peut voir sans problème au travers de tranches fines de 0,6mm. Je travaille beaucoup avec ces matériaux plus durs et c’est ce que je préfère. Ils se polissent plus progressivement et j’ai moins à m’inquiéter d’éventuelles erreurs (creux ou méplats en surface, par exemple) au cours du polissage du dôme. Il faut faire pivoter les cabochons de gemmes moins dures plus rapidement sous les meules lors de la taille et leur dôme doit être façonné avec plus de délicatesse et moins de pression. Il y a plus d’ajustements à faire au cours de la taille d’une opale ou d’un lapis-lazuli, par exemple, que lors de celle d’une agate » (Barry Bridgestock, traduction libre).

Meulage/ébauchage

L’agate est ensuite meulée au moyen d’une meule en carborundum (carbure de silicium) jusqu’à obtention de la forme et de la taille choisies. La meule est refroidie à l’eau courante.

Elle est ensuite placée sur un dop en bois ou en métal. On utilise des meules de grès à grain fin et une poudre abrasive de plus en plus fine pour bomber le cabochon et lui donner sa forme de dôme.

Différentes meules pour l’ébauchage des pierres Sidcup Lapidary & Mineral Society

« The biggest difficulty in grinding the dome is to avoid flat spots and eliminating scratches. If there is a 180 grit scratch that did not get sanded out on 220, it will show up when the cab is finished. It will NOT be eliminated on the 400 grit disk » (Barry Bridgestock).

Le lapidaire est assis sur un tabouret comportant un appui pour le ventre et la poitrine. La surface de travail de la meule comporte des bourrelets et des rainures permettant aussi la taille en cabochon.

A ce stade, la pierre est semi-polie et présente un éclat terne.

Polissage

La phase ultime du travail est le polissage, qui s’effectue sur des cylindres ou des meules de matériaux divers tels que bois, plomb, feutre, cuir, étain, matières artificielles, tournant avec lenteur. Les poudres à polir utilisées sont l’alumine, l’oxyde de cérium, l’oxyde de chrome, le tripoli, la silice et des pâtes spéciales.

Comme peu ou pratiquement aucun liquide de refroidissement n’est utilisé lors de cette phase du travail, il faut veiller à ne pas endommager la gemme par la chaleur dégagée par le frottement.

Une meule avec un disque en feutre pour le polissage final

Sidcup Lapidary & Mineral Society

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Les agates, comme bien d’autres pierres, ne connaissent d’outils que ceux qui servent à les révéler : « le marteau à cliver [ou la scie] pour manifester leur géométrie latente, la meule à polir pour montrer leur grain ou pour réveiller leurs couleurs éteintes » (Roger Caillois, Pierres, p. 91). Elles ont cependant cette belle particularité de souvent devoir être rompues pour révéler des motifs dissimulés en leurs intérieurs depuis toujours.

Il est question ici de dessins et d’imaginaire tout autant que de minéralogie et de gemmologie, et c’est ce qui rend cette gemme si unique. Elle se prête complaisamment à la lithothérapie, à la métaphysique, c’est une pierre de vie et on lui attribue mille vertus.

On comprend dès lors la fascination d’un poète tel Roger Caillois pour les agates et autres pierres curieuses. « L’homme leur envie la durée, la dureté, l’intransigeance et l’éclat, d’être lisses et impénétrables, et entières, même brisées. Elles sont le feu et l’eau dans la même transparence immortelle, visitées parfois de l’iris et parfois d’une buée. Elles lui apportent, qui tiennent dans sa paume, la pureté, le froid et la distance des astres, plusieurs sérénités » (Pierres, p. 91).

Le poète d’un côté, le lapidaire de l’autre. Deux points de vue finalement moins antagonistes qu’on pourrait le penser.

Barry Bridgestock résume ainsi parfaitement et simplement le sentiment du lapidaire devant l’agate :

« There is an enormous amount of satisfaction to be had from creating an agate gem, especially if it is from a rock you have found. Each step of the process becomes rewarding in itself and achieving the final goal of creating a beautiful gem that is unique is the biggest reward of all ».

2220 mots.

SOURCES

Livres

Callois Roger, La lecture des pierres (Pierres – L’écriture des pierres – Agates paradoxales), Museum National d’histoire naturelle, Ed. Xavier Barral

Encyclopaedia Universalis, Thesaurus I, entrée « Agate », p.83

Pabian Roger, Agates, Treasures of the Earth, Ed. Natural History Museum, London

Polk Patti, Collecting agates and jaspers of North America, Krause Publications

Schumann Walter, Guide des pierres précieuses, Les guides du naturaliste, Ed. Delachaux et Niestlé

Articles :

O. Martin Richard, Fire Agate : a cutter’s guide, Copyright September, 1998

N. Proctor Robert, Anti-Agate: The Great Diamond Hoax and the Semiprecious Stone Scam

Configurations, Volume 9, Number 3, Fall 2001, pp. 381-412 (Article)

Sites Internet

http://www.geminterest.com/

http://www.gemmo.eu/fr/

http://www.agatenodule.com

http://www.fireagateartstudio.com/cuttingguide.html

http://www.minerals.net/mineral/agate.aspx

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Annexes

Compte-rendu des données gemmologiques

Description générale

Nom(s) : Agate (variété de calcédoine): Sardoine, Onyx, Sardonyx, Agate flamme, Agate mousse, Agate dendritique, Agate paysage, Bois pétrifié, etc.

Étymologie : Agate: Du nom du fleuve Achates, dans le sud de la Sicile.

Groupe, Famille : Famille des Quartz (Microcristallin/Cryptocristallin) | Famille des Calcédoines

Type : Naturel

Couleur : Multicolore: Nombreuses couleurs et motifs | Rubanés, Rayés, Zonés: Incolore, Blanc, Gris, Jaune foncé, Orange (Sardoine), Rouge-brun, Brun, Noir (Onyx et Sardonyx), Parfois nuances de Bleus: Bleu clair à Bleu foncé, Bleu-mauve | Parfois Iridescence (Agate flamme / Agate de feu) | Arborescences Noires (Agate dendritique) | Motifs en paysages (Agate paysage) | Motifs du bois (troncs de bois pétrifiés/silicifiés) | Aspect mousse: Vert clair à Vert foncé (Agate mousse) | etc.

Lustre : Vitreux, Résineux, Gras

Genèse : Postvolcanique, Croûte d’altération, Sédimentaire, etc.

Origine : Allemagne, République Tchèque, Italie, Russie, Mongolie, Uruguay, Brésil, Madagascar, Mexique (Agate de feu), etc.

Système cristallin : Trigonal 296 / Microcristallin | Pseudomorphes possibles (p.e. Agate après Calcite)

Composition chimique : SiO2 | Coloration: Inclusions microscopiques, etc.

Transparence : Translucide à Opaque

Propriétés optiques

Doublage : Nul

Caractère optique : Uniaxe positif, Microcristallisé

Polariscope : Anisotrope, Microcristallisé: Rétablit constamment

Indice de réfraction : Lecture difficile vers 1.53 à 1.54

Biréfringence : +0.004 à +0.009 (difficilement lisible)

Dispersion : Nulle

Pléochroïsme : Nul

Spectre d’absorption : Non observable / Non diagnostique

Luminescence : Variable: Nulle à Faible: Blanche, Bleue, Jaune ou Verte suivant couleur de l’agate

Réaction au filtre Chelsea : Généralement Inerte

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Propriétés physiques

Densité : Généralement 2.58 à 2.65, parfois jusqu’à 2.91

Dureté : 6 à 7

Clivage : Nul

Cassure : Irrégulière

Couleur du trait : Blanc

Résistance au choc : Bonne

Résistance à la chaleur : Probablement Variable suivant couleur

Observations, remarques

Inclusions : Zones concentriques, superposées ou alternantes de différentes couleurs | Inclusions: probablement Hématite (Agate flamme img1), Chlorite (Agate mousse img2), Oxydes (Agate dendritique img3), etc.

Cristaux : Nodules, Masses, etc. | Pseudomorphes (p.e. Agate après Calcite)

Confusions possibles avec : Agates teintées/traitées, Verres, etc.

Taille(s) : Cabochons, Cachets, Tranches, Objets, etc.

Informations trouvées sur le site www.geminterest.com

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Causes de couleurs dans l’agate

Couleur causée par les ions métalliques…

… ou bien par les inclusions minérales

beige, jaune Fe3+, Cr6+, Ni2+, V3+

akaganéite, chalcopyrite, goethite, lépidocrocite, marcassite, pyrite, rutile, sphalérite

bleu Fe3+/Fe2+, Co2+, Cu2+

chrysocolle

brun Fe2+, Fe3+

akaganéite, birnessite, feroxyhyte, ferrihydrite, hématite, maghémite, magnétite, monazite, rancieite, rutile, todorokite

gris à noir Mn4+

beidellite, birnessite, cryptomelane, galène, graphite, hématite, hollandite, magnétite, manganite, plomb, pyrolusite, ramsdellite, rancieite, stibnite, todorokite

orange à rouge Fe3+, Mn2+, Mn3+

cuivre natif, cuprite, feroxyhyte, ferrihydrite, goethite, hématite, maghémite, réalgar, rhodochrosite

rose Mn2+, Mn3+, Co2+

rhodochrosite

vert, vert-bleu, vert-jaune Fe3+/Fe2+, Cr3+, V3+, Ni2+

céladonite, chlorite, chrysocolle, épidote, glauconite, malachite, nontronite, serpentine

Informations trouvées dans le livre de Johann Zenz, Agates, Ed. Bode

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Entretien avec M. Barry Bridgestock, lapidaire (Yuma, Arizona)

1. Please introduce yourself in a few words

My name is Barry Bridgestock. I am a gem cutter and the owner of Artistic Colored Stones.

2. How did you become a stone cutter ?

I began collecting agates at the age of nine and visits to the Field Museum Hall of Gems in Chicago inspired me to do lapidary work. I started cutting cabs in 1972 and became fascinated with faceting after watching a faceter cut a sapphire I had found in Montana. I bought a faceting machine in 1976 and started faceting, using the manufacturer’s instruction manual.

3. Why a Gemology Diploma ?

I’ve always wanted to pursue a gemology diploma to fill in the gaps in my knowledge of gems and taking over Artistic Colored Stones provided the impetus to do that. I have to feel confident when it comes to identifying gemstones.

4. Why do you like agates ?

I love the varieties of the patterns and colors in agates. Cutting open an agate is always exciting because the outer ‘rind’ can hide the beauty of the interior. Planning the best way to use the pattern is enjoyable and rewarding because it gives me a chance to be somewhat artistic. Agates are also both unique and very durable.

5. When did you start cutting agates ?

I sawed open my first agate in 1971 and cut my first cab in 1972.

6. The hunt : where do you go (or did you go) to find agates ?

I’ve collected agates in Minnesota, Upper Michigan, Iowa and Wisconsin. Most of my agates came from a ranch near Pompey’s Pillar, Montana.

They came from ancient gravel deposits laid down by the Yellowstone River. This ranch also had bloodstone and baculite fossils. The variety of the agates on this ranch was astounding and included Lake Superior type agates like I’d collected in the Midwest. I’ve also found Sweetwater agates in Wyoming and agates in gravels just about everywhere I’ve checked in Utah.

7. How do you spot them ?

Agates are translucent and quite often you can see into them a short distance. They also show concoidal fracture, which you just will not see in other rounded rocks. I believe it is the rounded shape that draws my attention first. The most difficult agates to spot are the best ones, unfortunately. They are the complete agates which are totally covered with a ‘rind’ and they offer the best cutting areas for size and are quite often free of fractures. Spotting them requires looking at the shape, the outer texture (smooth vs. a sandpaper look) and any signs of translucency. Getting some samples of the type of agates and putting them in gravel to ‘find’ them is always a good way to practice agate hunting skills. Also, while collecting, it is best to walk facing into the sun and shading your eyes. That way the sunlight can show which rocks are translucent.

8. Do you choose them ?

It is often necessary to NOT collect agates that are so fractured that they would not be useful. These agates weigh as much as good agates and take up space in your collecting bag.

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9. What are your criteria, if you choose them ?

The two main criteria for keeping an agate are being free of major fractures and having a nice pattern. For example, if you find a Montana agate that has no dendrites at all, it will not make much of a gem.

10. Cutting The first step in cutting agates is sawing them into slabs.

Agates are hard and tough. Before I start to saw them, I sharpen my diamond blade because I want it to be going through the agate with maximum efficiency. I have a saw with an automatic feed and if the diamond blade doesn’t keep up with the automatic feed and forces the rock through the cutting process, it will damage or ruin the blade.

I also use the best, but nastiest, smelliest coolant you can buy. It’s the best for keeping the blades cool and cutting efficiently, BUT it smells awful and the only thing I’ve ever found that will wash it off my skin is Selsen Blue dandruff shampoo---which ought to tell you what that stuff can do to your scalp ! When I do the sawing--and I don’t admit this to most people-- I wear a loincloth like Tarzan that will be thrown away and, well==that’s it. No shoes, socks, etc.

Then templates are used to lay out cabochon shapes and sizes which make the most of the beautiful patterns.

The slabs are then trimmed close to the desired shape using a trim saw with a diamond blade. The piece is then ground to the exact size and shape desired.

It is then dopped onto a wooden dowel or metal rod and domed, using grind wheels and finer and finer sanding disks or wheels.

Final polishing is accomplished using tin oxide on a hard felt disk for agates. A superior polish allows the patterns or dendritic inclusions to be more visible.

The biggest difficulty in grinding the dome is to avoid flat spots and eliminating scratches. If there is a 180 grit scratch that did not get sanded out on 220, it will show up when the cab is finished. It will NOT be eliminated on the 400 grit disk(trust me on that one).

When an agate with fortifications(the tight lines like you see in Lake Superior agates) you must cut the agate in a direction that will give you the best bull’s eye pattern. This might mean

setting the agate in a plaster of Paris block to get the right angle for the sawing operation. I use the bottom part of milk cartons to set the agate in the plaster. That way you have a nice square plaster mold to put in the vice that holds the agate.

With dendritic agates, you can go for a nice pattern of wavey small dendritic patterns or you can go for the most desireable agate inclusions---the ones that make a picture of look like a tree or plant. To do this, I use a very bright Cole-Palmer lab light to see what is inside the agate and I also make very thin cuts on outside of the agates to see how the dendrities are running. This can be very important because if you do this

incorrectly, you can waste a rare and unique agate. This takes a lot of practice and is especially important for the agates which have a lot of dendrites inside.

11. Do you like cutting those stones ? Why ?

There is an enormous amount of satisfaction to be had from creating an agate gem, especially if it is from a rock you have found. Each step of the process becomes rewarding in itself and achieving the final goal of creating a beautiful gem that is unique is the biggest reward of all.

12. What is/are your favorite pattern(s) ?

Without a doubt, my favorite patterns are found in Montana agates. I’ve seen agates (the Pederson Collection) that were just stunning. People actually make thin slabs and use them as slides in a slide projector ! I like fortification agates, like the Brazilian, Laguna and Lake Superior, but the Montana agates provide the most mystery and excitement of all.