mémoir gestion actif passif

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1 MEMOIRE DE FIN DETUDES En vue de l’obtention du : DIPLÔME SUPERIEUR D’ÉTUDES BANCAIRES (DSEB) ThLme : LA GESTION ACTIF-PASSIF Présenté par : Encadré par : HADIBY Kais Berkane Salim 12 ème promotion

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MEMOIRE DE FIN D’ETUDES

En vue de l’obtention du :

DIPLÔME SUPERIEUR D’ÉTUDES BANCAIRES (DSEB)

ThŁme :

LA GESTION ACTIF-PASSIF

Présenté par : Encadré par :

HADIBY Kais Berkane Salim 12ème promotion

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Dédicaces

A mes Parents,

A ma sœur et à mes frères,

A toute ma famille,

A tout mes amis,

Je dédie ce travail.

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Nous tenons à adresser nos vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué à l’élaboration

du présent mémoire et au bon déroulement de notre stage pratique.

Nos remerciements sont adressés tout particulièrement à notre tuteur de stage

Mr. BOUIDER Lokmane pour sa disponibilité, sa très grande aide et ses conseils, ainsi que le

personnel de la direction des risques de BNP Paribas

Nous tenons à remercier également notre encadreur Mr BERKANE Salim pour ses lectures et

ses conseils.

Nous n’oublions pas de remercier tous ceux qui m’ont aidé à l’élaboration de ce mémoire,

Ryad, Khalida, Noureddine, muss, Zinedine et Nacyma, ainsi que toute la D12 et la D14.

Enfin, nous voudrions exprimer notre gratitude à tout le personnel de l’Ecole Supérieure de

Banque, en particulier Mme HAMDI. Mr TALEB et à Mme. ASSNAMI.

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SOMMAIRE

INTRODUCTIOIN GENERALE……………………………………………………………………… .1 PARTIE THEORIQUE : CHAPITRE PRÉLIMINAIRE : NOTIONS FONDAMENTALES………………………………3 SECTION I : La banque et son fonctionnement…………………………………………………………………...4 SECTION II : Les risques bancaires……………………………………………………………………………………….7 SECTION III : La réglementation bancaire……………………………………………………………………………11 CHAPITRE I : LA GESTION DES RISQUES PAR LA FONCTION ALM…………………20 SECTION I : La gestion actif-passif……………………………………………………………………………………….22 SECTION II : La gestion des marges…………………………………………………………………………………..27 SECTION III : L’allocation des fonds propres……………………………………………………………………..33 CHAPITRE II : L’EVALUATION DES RISQUES FINANCIERS……………………………39 SECTION I : Risque de liquidité………………………………………………………………………………………….41 SECTION II : Risque de taux d’intérêt………………………………………………………………………………..52 SECTION III : Risque de change………………………………………………………………………………………...66 SECTION IV : Les limites de risque…………………………………………………………………………………….71 SECTION V : La couverture des risques……………………………………………………………………………..76 PARTIE PRATIQUE :

CHAPITRE IV : ETUDE DE CAS………………………………………………………………… ...83

SECTION I : Présentation de la structure d ’accueil…………………………………………………84 SECTION II : L’analyse de la position de liquidité de la BNP……………………………………………….88 SECTION III : Résultats et Recommandations………………………………………………………………….101 CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………………………105

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INTRODUCTIOIN GENERALE Au cours des deux dernières décennies, plusieurs bouleversements sont apparus changeant ainsi la sphère bancaire internationale. L’avancement technologique, l’internationalisation des flux financiers et la forte déréglementation ont engendré donc un éclatement de l’innovation financière, créant de nouvelles opportunités pour les banques et autres entités financières, et en même temps une flambée concurrentielle plus forte. Cette vague d’innovation et de concurrence accrue n’a pas été sans conséquence sur le profil de rentabilité et de risque des établissements bancaires. Ceux-ci, voulant préserver à tout prix leur part de marché, ont recouru à la réduction de leurs marges bénéficiaires en proposant des financements à bas prix. Aussi, la dépendance de plus en plus croissante aux marchés financiers a eu pour résultats l’apparition de nouveaux risques et l'aggravation de ceux déjà existant. Les établissements bancaires se sont donc retrouvés victimes d’un « effet de ciseau », Au même moment où la montée de la concurrence entraînait une diminution des marges bancaires, les risques encourus augmentaient fortement. De plus, la corrélation entre les différents types de risque, que ce soit au niveau d’une banque en particulier ou au niveau du système bancaire, s’est accrue et est devenue plus compliqué. L’internationalisation et la déréglementation ont élevé les possibilités de contamination comme on l’a constaté, à la fin des années quatre-vingt-dix, par la propagation des crises financières depuis la Thaïlande vers le reste de l’Asie du Sud, l’Extrême -Orient, l’Europe de l’Est et l’Amérique du Sud et leur effet sur les systèmes bancaires du reste du monde. Dans ces conditions, les établissements bancaires se sont vus dans l’obligation de mettre en place de nouvelles méthodes leur permettant de mieux gérer et contrôler leurs risques. Ainsi, plusieurs innovations managériales ont vu le jour afin de répondre à ce besoin. Le développement de la gestion de bilan ou gestion actif-passif (Assets and Liabilities Management « ALM ») s’est donc effectué parallèlement au développement des techniques de gestion des risques et devient par la suite l’une des méthodes les plus adoptés dans les banques de renommé international. La diffusion rapide de l’approche ALM au sein de la sphère bancaire ainsi que ses apports et son efficacité dans la gestion des risques financiers qu’encours les banques dans leurs activités quotidiennes étaient des éléments parmi d’autres qui ont mis ce concept au cœur d’un long débat sur son utilité, son application et ses limites. Le présent mémoire s’inscrit dans ce cadre et a pour principal objectif de mettre en lumière

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les aspects théoriques et pratiques de cette méthode et de s’interroger sur son adéquation avec le contexte national, en adoptant une démarche qui vise à répondre aux préoccupations suivantes :

• Qu’est ce que la gestion actif-passif ?

• A quoi sert cette méthode ?

• Quelles sont les contraintes d’utilisation de cette méthode (internationales puis domestique) ?

• Quels sont les risques couverts par cette méthode ?

• Quels sont les outils de mesure des risques qu’elle utilise ?

• Quel est l’avantage de l’utilisation de cette méthode ?

Et pour terminer nous tenterons de répondre à une question des plus pertinentes, à savoir :

• Comment appliquer la méthode ALM en Algérie (cas de la BNP Paribas) ? Pour répondre à ces interrogations, nous avons adopté la méthodologie suivante : Le premier chapitre, présente tout d’abord la banque, son rôle, ses activités. Ensuite, seront précisés les différents risques financiers auxquels est exposée une banque. Enfin, nous exposerons les différentes contraintes réglementaires et prudentielles auxquelles les banques sont assujetties. Dans le deuxième chapitre, nous présenterons la gestion actif passif, sa démarche et son domaine, ainsi que les outils que l’ALM utilise pour la gestion du bilan, notamment la tarification et la l’allocation des fonds propres. Dans le troisième chapitre, consacré à la gestion des risques, nous tenterons d’identifier les différents risques de liquidité, de taux d’intérêt et de change. Ensuite nous passerons en revu les différentes techniques de leur mesure et le principe de base sur le respect des limites de risques. Enfin, nous présenterons les méthodes de leur couverture. Le dernier chapitre sera dédié à notre cas pratique. Ainsi, nous tenterons d’analyser la position de liquidité de la BNP Paribas El-Djazair à l’aide des techniques de la gestion actif passif.

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CHAPITRE PRELIMINAIRE

NOTIONS FONDAMENTALES

La banque comme toute autre entreprise a pour objectif principal la maximisation de son

profit et celui de ses actionnaires. Cet objectif pourrait être atteint à travers son rôle

classique d’intermédiaire financier entre demandeurs et détenteurs de fonds mais aussi par

le biais des divers produits qu’elle met en place au profit de sa clientèle.

Toutefois, la rude compétitivité dans le secteur bancaire ainsi que la forte pression de la

clientèle et des investisseurs et le contrôle de plus en plus sévère des autorités monétaires,

obligent les établissements bancaires à veiller à une gestion efficace du bilan et de la

maîtrise des risques encourus.

L’objectif de ce premier chapitre sera de présenter la banque et ses activités, d’exposer les

différents risques financiers auxquels sont confrontés les établissements de crédit ainsi que

le rôle de la réglementation bancaire prudentielle dans la régularisation de l’activité

bancaire.

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SECTION 1 : LA BANQUE ET SON FONCTIONNEMENT

Banque et Finance sont aujourd'hui indissociables, autant dans leur exercice que dans les institutions qui les exercent. Ceux que l'on appelle les établissements financiers ou services financiers regroupent à la fois les activités bancaires et les activités boursières (valeurs mobilières, marchés financiers).

Le modèle de la banque universelle, qui se livre à des activités bancaires au sans strict (notamment opérations de crédit à la consommation ou aux entreprises, gestion des comptes-client,…etc.), ainsi qu'à toutes les opérations sur les marchés financiers (notamment gestion de portefeuille, gestion du patrimoine,…etc.), tend à se répandre, sur le plan international et national.

1.1 Définition de la banque :

La banque est une entreprise à caractère spécifique et qui appartient à un secteur réglementé. Cette réglementation qui s’applique à tous les intervenants du secteur bancaire ne fait pas obstacle aux conditions d’une vive concurrence qui s’imposent. En effet, la concurrence et la réglementation sont deux caractéristiques majeures du secteur bancaire.

La banque en tant qu’entreprise ne connaît pas de cycle de production à l’instar des entreprises industrielles et son activité ne peut se qualifier de saisonnière. Donc on peut présenter la banque comme une entreprise de services à fonctions, statuts et activités fort différents.

Juridiquement parlant, « les banques sont des personnes morales qui effectuent à titre de profession habituelle et principalement les opérations de banque ; c’est-à-dire la réception de fonds du public, les opérations de crédit et la mise à disposition de la clientèle des moyens de paiements et la gestion de ceux-ci. »1. Economiquement parlant, la banque est le financier de l’économie par ses deux (02) modes d’intervention :

• Elle se place comme intermédiaire entre offreurs et demandeurs de capitaux, c’est l’intermédiation bancaire ;

• Les offreurs et les demandeurs de capitaux entrent directement en relation en se présentant sur un marché de capitaux (marché financier, marché monétaire…etc.), c’est la désintermédiation.

1 Ordonnance n° 03-11 du 26 août 2003 relative à la monnaie et au crédit (articles 66 à 70).

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1.2 Les opérations de banque : A. Les formes d’activité :

La réglementation bancaire précise et détaille les opérations et activités bancaires et activités connexes.

1. Les opérations de banques :

Les opérations de banque sont considérées par l’article 2 du code de commerce comme acte de commerce et elles sont:

- La réception de fonds du public : c’est les fonds recueillis des tiers, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais avec obligation de les restituer 2;

- Les opérations de crédits : Ce sont les actes par lesquels une personne met ou promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre (elles englobent les prêts, les découverts, l’ouverture de crédit et les crédits par signature)3 ;

- La mise à la disposition de la clientèle des moyens de paiement et leur gestion : « tout instrument permettant à toute personne de transférer des fonds et ce, quelque soit le support ou le procédé technique utilisé »4.

La loi bancaire établit le monopole des établissements de crédit en matière de banque.

2. Les activités connexes 5 :

Ce sont les activités qui prolongent les opérations de banque, elles sont énumérées comme suit dans la réglementation bancaire :

• Opérations de change ; • Opérations sur or, métaux précieux et pièces ; • Placements, souscriptions, achats, gestion, garde et vente de valeurs mobilières et

de tout produit financier ; • Conseil, gestion et ingénierie financières et, d’une manière générale tous services

destinés à faciliter la création et le développement d’entreprises ou d’équipements en respectant les dispositions légales en la matière.

Avec toutes les précisions que donne l’ordonnance sur les opérations de banque, cette dernière dispose de l’ensemble des moyens lui permettant d’exercer son rôle principal et sa fonction économique qui est l’intermédiation financière.

2 Ordonnance n°03-11 du 26 Août 2003 relative à la monnaie et au crédit article 67. 3 Idem article 68 4 Idem article 69 5 Idem article 72

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B. La banque intermédiaire financier :

Le rôle d’intermédiaire financier est joué directement ou indirectement par la banque car cette dernière cherche à satisfaire les besoins des agents économiques qu’ils soient des besoins de capitaux ou de services (qui est une activité qui sort de l’intermédiation).

Certains agents, tels les ménages, ne consomment pas l’intégralité de leur revenu et dégagent une épargne qu’ils cherchent à placer. D’autres agents, au contraire, dépensent d’avantage que leur revenu, ils ont donc un besoin de financement.

La banque intervient entre ces deux catégories d’agents par deux procédés et les met en relation par :

• La désintermédiation financière : Ce procédé rentre dans le cadre de la finance directe ou d’économie de marché des capitaux, où les agents à besoin de financement émettent des titres sur le marché de capitaux pour que les agents à capacité de financement les achètent, donc le préteur et l’emprunteur se mettent en contact directement.

• L’intermédiation financière : Ce procédé est lié à la finance indirecte ou à l’économie d’endettement, où un intermédiaire financier vient s’intercaler entre les agents à capacité et à besoin de financement. Cet intermédiaire collecte les fonds sous forme de dépôts et les prête à ceux qui en ont besoin.

Figure 1. Finance directe et finance indirecte6.

6 DE COUSSERGUES, S.,‘’Gestion de la banque’’ du diagnostique à la stratégie, Dunod, 3ème édition, Paris, 2002, Page 2.

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Les besoins des agents ne se limitent pas aux capitaux mais ils peuvent porter aussi sur les services.

Les besoins de services : Parmi les services que le banquier offre à son client (individu ou entreprise), on peut distinguer les services matériels et les services immatériels

- Les services matériels : les services de caisse, la location des coffres-forts…etc. ;

- Les services immatériels : les conseils en ingénierie financière, la gestion de portefeuilles…etc.

Une banque est un intermédiaire financier qui participe au processus de finance directe d’une économie en collectant et redistribuant des capitaux après leur avoir fait subir une transformation d’échéances et de risque. Initialement, avec l’intermédiation de bilan, cette fonction a pris la forme de dépôts et de crédits bancaires ; elle s’est étendue avec le développement des marchés de capitaux aux opérations de marché, d’où l’intermédiation de marché.

SECTION 2 : LES RISQUES BANCAIRES

De par son activité d’intermédiation, l’établissement de crédit se trouve régulièrement assujetti à de nombreux risques, qui entravent son activité, affectent sa performance et risquent même de mettre en péril sa pérennité.

La prise de risques est au cœur de l’activité bancaire, elle est inévitable et justifie l’existence même des établissements de crédit. Le banquier est de plus en plus sollicité pour en assurer la mesure, l’analyse et le suivi.

Dans la présente section nous tenterons d’exposer les différents risques auxquels les établissements de crédit sont susceptibles d’être exposés.

2.1 Définition du risque :

Il est très difficile de définir de façon générale la notion de risque. Le risque est lié à la survenance d’un événement que l’on ne peut prévoir, qui a des conséquences importantes sur le bilan de la banque. Il faut donc distinguer le caractère aléatoire et imprévisible (qui est l’origine du risque) de l’enjeu (conséquence finale).

Définition 1 : Le risque peut se définir comme un danger éventuel qui menace l’existence d’un établissement plus ou moins prévisible. La caractéristique principale du risque est l’incertitude temporelle d’un événement ayant une probabilité de survenir et de mettre en difficulté la banque.

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Définition 2 : Le risque désigne l’incertitude qui pèse sur les résultats et les pertes susceptibles de survenir lorsque les évolutions de l’environnement sont adverses7.

2.2 Classification des risques :

Les risques bancaires peuvent être subdivisés en deux catégories :

A. Les risques non financiers :

Cette catégorie regroupe principalement :

1. Le risque stratégique :

Ce risque se matérialise en cas de modification de :

• La fonction de demande de la clientèle ;

• Le comportement de la concurrence ;

• La réglementation.

Ce risque est donc principalement lié aux décisions prises par les responsables (politique commerciale, stratégie de développement)

2. Le risque opérationnel :

Ce risque résulte d’une défaillance attribuée aux procédures, à la fraude, au facteur humain ou au système. Il peut également découler de causes externes telles que le vol, le risque comptable, le risque juridique.

B. Les risques financiers :

Ils proviennent surtout de la modification de certaines variables financières et affectent directement la rentabilité de la banque. Parmi ces risques on distingue :

1. Le risque de contrepartie :

Il apparaît lorsque les débiteurs d’un établissement n’honorent pas, totalement ou partiellement leurs engagements

7 Bessis. J, Gestion des risques et gestion actif-passif des banques, Dalloz, Paris, 1995, page 2.

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Ce risque revêt trois formes :

• Risque sur l’emprunteur : Lié aux créances détenues sur la clientèle (commerciales) ou sur les concours directs accordés aux autres établissements (placements sur les marchés financiers) ;

• Risque sur le prêteur : Lié aux garanties potentielles de financements accordés aux autres établissements (pour assurer le financement de l’activité en cas de difficultés d’approvisionnement sur le marché). On peut citer comme exemple les lignes stand-by.

• Risque de contrepartie pure : Il s’agit du risque sur les produits dérivés. Ces derniers sont définis comme étant les instruments de couverture contre le risque de taux et de change.

Ce genre de risque n’existe pas sur les marchés organisés du fait que la chambre de compensation assure la bonne fin des opérations. En revanche, ce risque peut apparaître en cas de négociation sur le marché de gré à gré.

2. Le risque d’illiquidité :

Ce risque est inhérent à l’activité d’intermédiation traditionnelle d’un établissement bancaire. Il représente l’éventualité de ne pas pouvoir faire face, à un instant donné, à ses engagements où à ses échéances même par la mobilisation de ses actifs8.

Ce risque est expliqué par trois facteurs :

• Le risque intrinsèque du bilan : Il est lié à la notion de transformation ;

• Une crise de confiance : Elle engendre un retrait massif de dépôts de la clientèle (deposits run) ;

• Une crise de liquidité générale du marché générée par une crise économique ou une décision des autorités.

3. Le risque de taux d’intérêt :

« Le risque de taux d’intérêt est le risque de voir les résultats affectés défavorablement par les mouvements des taux d’intérêt »9

Il se manifeste par deux voies :

• Par un effet prix : En raison de la relation inverse entre le taux d’intérêt et le cours d’un actif de type obligation détenu dans le portefeuille titres de la banque ;

8 On entend par la mobilisation des actifs leur cession ou encore leur réalisation. 9 Bessis. J, Gestion des risques et gestion actif-passif des banques, Dalloz, Paris, 1995, page 17

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• Par un effet revenu : Si le coût des ressources augmente avec les taux alors que le rendement des emplois est fixe.

Le risque de taux est présent dans la plupart des postes du bilan, car la quasi-totalité de leurs encours engendrent des revenus et des charges qui sont indexés sur des taux de marché.

La volatilité des taux affecte directement le résultat de l’établissement.

4. Le risque de change :

Il résulte d’une évolution défavorable du cours d’une devise dans laquelle la banque détient des créances et des dettes. Ce risque caractérise les établissements de crédits dont les bilans comportent des opérations libellées en monnaie étrangère.

5. Le risque de marché :

Il est défini comme étant l’éventualité de variation défavorable de la valeur de marché des positions prises pendant l’horizon d’investissement. Ce risque englobe le risque de liquidité, de taux d’intérêt, de change et de contrepartie, ce qui rend sa gestion très complexe.

6. Le risque d’insolvabilité :

Il est présenté en dernier lieu car il est en général la conséquence de la manifestation d’un ou plusieurs risques que la banque n’a pas pu prévenir. Il se matérialise au départ par l’apparition d’une crise de liquidité au sein d’un établissement ne pouvant pas se refinancer auprès des marchés.

Remarque :

Parmi les risques qui découlent de l’activité commerciale, il existe le risque lié aux Options cachées : Il s’agit des options intégrées aux produits et cédées à la clientèle pour une valeur nulle ou sous tarifée. Exemple : Option de remboursement anticipé sur un prêt.

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SECTION 3 : LA REGLEMENTATION BANCAIRE

Les nombreuses dérives et faillites bancaires vécus durant ces dernières décennies ont fortement ébranlé le système bancaire international jusqu’à, dans certain cas, le mettre en péril.

Aussi, le monde de la banque a entamé un processus de réflexion et de normalisation visant à assurer une plus grande transparence et un meilleur contrôle des risques dans une optique de stabilisation. Une réglementation prudentielle est ainsi apparue visant à se protéger en contrôlant, évaluant et gérant un large éventail de risques, encourus par les établissements de crédit.

Afin de mieux contrôler ces établissements, les autorités de tutelle, ont mis en place des dispositifs prudentiels pour assurer le bon fonctionnement du système bancaire en même temps que la sécurité des déposants.

Ce dispositif constitue principalement des mesures à respecter, notamment :

• Le capital minimum ; • Le ratio de solvabilité (Cooke / Mc Donough) ; • Le ratio de liquidité ; • Le coefficient des fonds propres et des ressources permanentes ; • La division des risques ; • Les réserves obligatoires ; • Les fonds propres ; • Le niveau des engagements extérieurs ; • Le niveau des découverts ; • Le classement et provisionnement des créances.

3.1 Le capital minimum10 :

Il constitue la première caution de solvabilité de la banque et la garantie principale des déposants. En Algérie, le capital minimum est fixé à 10.000.000.000 DA pour les banques et 3 500.000.000 DA pour les établissements financiers.

10 Référence : Règlement de la Banque d’Algérie n° 08-04 du 23/12/2008 (article 02) relatif au capital minimum des banques et établissements financiers.

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3.2 Le ratio de solvabilité (Cooke / Mc Donough11)12:

Le ratio Cooke est une norme établie par le comité de Bâle13 dans les accords de 1988. Il prévoit que les banques détiennent au moins des fonds propres à hauteur de 8% par rapport aux engagements pondérés en fonction des risques.

Sa formule peut être donnée comme suit :

Fonds propres netsRatio Cooke = 8%Montant des engagements pondérés par le risque

En effet, les actifs sont classés en suivant la nature de la contrepartie et les garanties attachées aux opérations. Les coefficients de pondération qui leur sont attribués sont :

- 0% pour les créances sur Etat et assimilés ; - 20% pour les créances sur les établissements de crédit ; - 50% pour les prêts hypothécaires ; - 100% pour les autres crédits à la clientèle. Pour ce qui est de la réglementation Algérienne14 : - 0% pour les créances sur l’Etat ou assimilées et dépôts à la Banque d'Algérie ; -5% pour les créances sur les banques et établissements financiers installés en Algérie ; -20 %pour les établissements de crédits installés à l'étranger ; -100% pour les autres crédit a la clientèle ainsi que les immobilisation.

Cependant, ce ratio comporte certaines limites notamment :

11 William Mc Donough est le président du comité de Bâle et de la Fédéral Reserve Bank de New York. 12 Référence : L’article 02 du règlement 91-09 et l’article 03 de l’instruction n° 74-94. 13 Du Groupe des Dix, rassemble les autorités de contrôle des banques. Il est composé de hauts représentants des autorités de contrôle bancaire et des banques centrales d’Allemagne, de Belgique, des Etats-Unis, de France, d’Italie, du Japon, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de Suède et de Suisse. Ses réunions ont généralement pour cadre la Banque des Règlements Internationaux, à Bâle, siège de son secrétariat permanent. 14 Référence : Règlement BA n°91-09 du 14 Août 1991 fixant les règles prudentielles de gestion des banques et établissements financiers article 2 ; Instruction BA n°74-94 du 29 novembre 1994 relative à la fixation des règles prudentielles de gestion des banques et établissements financiers article 3, 11 et annexe ; Instruction BA n°04-99 du 12 août 1999 portant modèle de déclaration par les banques et établissements financiers des ratios de couverture et de division des risques annexe 2, 3 et 4.

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- Ce ratio comporte une exigence des fonds propres forfaitaire pour chacune des grandes catégories de risque de crédit. En effet le calcul ne tient pas compte de la nature du portefeuille de la banque, de la signature (rating) de la contrepartie, de la réduction du risque induite par la diversification du portefeuille;

- Ce ratio ne prend pas en considération certains risques notamment le risque de marché et le risque opérationnel.

Le ratio de Mc Donough se base sur le calcul des capitaux réglementaires non plus de manière forfaitaire, mais contrepartie par contrepartie.

La mesure du risque de chaque contrepartie pourra provenir soit de notations externes, soit des modèles internes des banques permettant d’estimer la probabilité de défaut des pertes probables en cas de défaut.

Mais puisque le mode d’agrégation des risques individuels varie aussi d’une banque à une autre, l’utilisation des modèles internes, prévue par l’accord de Bâle II, sera soumise à des conditions précises fixées par les autorités de tutelle (les critères quantitatifs tels que : Le niveau de confiance retenu, l’horizon de calcul des pertes potentielles, la période d’observation etc., et les critères qualitatifs tels que : L’existence d’une unité de contrôle des risques, le système de mesure des risques etc.)

Pour le calcul de ce ratio et concernant le calcul du numérateur, l’exigence sera inchangée par rapport à la règle actuelle. Le ratio des capitaux propres rapporté aux risques de la banque devra toujours être supérieur ou égal à 8%.

Si le numérateur reste calculé de la même manière, la norme Bâle II sur le dénominateur sera très nouvelle par rapport aux pondérations forfaitaires des actifs du ratio Cooke. Les banques auront le choix entre plusieurs approches adaptées à la situation de leurs propres organisations en matière de décision et de suivi des risques :

L’approche standard qui repose sur des pondérations déterminées par les régulateurs et qui tient compte des éventuelles notations données par les agences de rating ;

L’approche qui tient compte des systèmes de notation internes de la banque.

La mise en application du ratio Mc Donough est entrée en vigueur à partir de l’année 2007.

Remarque : Le calcul des fonds propres réglementaires s’effectue comme suit :

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La structure du nouvel accord du comité de Bâle repose sur trois piliers :

Pilier I : exigences minimales en fonds propres pour couvrir les actifs pondérés en fonction du risque :

• des normes renouvelées pour mieux tenir compte des risques mais sans modification du niveau global des fonds propres (8% en moyenne) ;

• une meilleure prise en compte des techniques de réduction des risques ; • une prise en compte des risques opérationnels.

Pilier II : Contrôle accru par le régulateur, avec possibilité d’un examen individualisé des établissements :

• L’analyse du profil global de risque des établissements par les régulateurs ; • Le contrôle des procédures et de la méthode interne d’affectation des fonds propres • La possibilité de fixer des exigences individuelles supérieures au minimal

réglementaire.

Pilier III : Une plus grande discipline de marché, visant à promouvoir une communication financière efficace, avec l’obligation de publication périodique des informations permettant une appréhension de la structure des fonds propres et de l'exposition de l'établissement aux risques.

3.3 Le ratio de liquidité :

Il contraint les banques à détenir des montants nominaux d’actifs liquides qui leur permettent de faire face à leurs engagements à très court terme. Ce ratio est donné par la formule suivante :

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3.4 Le coefficient des fonds propres et des ressources permanentes15 :

Ce ratio se traduit par un rapport entre les fonds propres et les ressources permanentes d’une durée supérieure à cinq ans (numérateur) et des emplois immobilisés d’une durée résiduelle de cinq ans (dénominateur).

Il permet de limiter le risque de transformation d’échéances des banques par le plafonnement de leurs capacités à financer des prêts à long terme par des ressources à court terme.

Ce rapport doit être supérieur à 60% :

CP : Capitaux permanents d’une durée résiduelle de plus de 5ans.

EDR : Emplois d’une durée résiduelle de plus de 5 ans.

COEFFICIENT = FONDS PROPRES + CP ≥ 60% EDR

3.5 La division des risques16 :

La principale règle de division des risques consiste à éviter une très forte concentration des risques sur une seule contre partie qui, en cas de défaillance, cela risquerait de causer la faillite de l’établissement. Ce qui oblige les banques à diversifier leurs portefeuilles.

Cette règle est fondée sur une double contrainte :

• Le montant des risques encourus sur un client ne doit pas dépasser 25% des fonds propres nets. Par client, on entend toute personne physique, morale ou groupe.

• Le montant total des risques encourus sur un groupe de bénéficiaires dont les risques sont compris entre 15 et 25% des fonds propres nets, ne doit pas dépasser 10 fois les fonds propres nets17.

15 Référence : Règlement de la Banque d’Algérie n° 04-04 du 19/07/2004 fixant le rapport dit “coefficient de fonds propres et de ressources permanentes”. 16 Référence : Règlement de la Banque d’Algérie n° 91-09 du 14/08/1991 fixant les règles prudentielles de gestion des banques et des établissements financiers, modifié et complété par le règlement 95-04 du 20/05/1995. 17 La notion de fonds propres nets est définie dans le règlement n° 95-04 du 20 avril 1995.

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3.6 Les réserves obligatoires 18 :

Cet instrument est plutôt un moyen de pilotage de la politique monétaire. Les réserves obligatoires sont le montant d’espèces ou d’actifs que doit conserver la banque auprès de la banque centrale.

Plus la liquidité des établissements augmente, plus le taux des réserves obligatoires est important.

3.7 Les fonds propres 19 :

Les fonds propres constituent le pivot de la réglementation prudentielle puisqu’ils assurent la sécurité des déposants en dernier recours en cas de difficulté de l’établissement.

Par les fonds propres, il faut entendre la somme des fonds propres de base et les fonds propres complémentaires.

Les fonds propres de base comprennent :

- Le capital social ;

- Les réserves autres que les réserves de réévaluation ;

- Le report à nouveau s’il est créditeur ;

- Les fonds pour risques bancaires généraux20 ;

- Le bénéfice arrêté à des dates intermédiaires ;

Des fonds propres de base ainsi définis, il faut déduire :

- La part non libérée du capital social ;

18 Référence : Règlement de la Banque d’Algérie n° 95-04 du 20/04/1995. 19 Référence : Règlement de la Banque d’Algérie n° 95-04 du 20/04/1995. 20 Le FRBG est la partie du résultat (après impôt) qui est destinée à faire face à des aléas non déterminés (ce qui la distingue des provisions, constituées pour couvrir des risques probables et réels, exemple : provisions pour dépréciation des actifs).

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- Les actions propres détenues directement ou indirectement ;

- Le report à nouveau s’il est débiteur ;

- Les immobilisations incorporelles y compris les frais d’établissement ;

- Le cas échéant, les résultats négatifs arrêtés à des dates intermédiaires.

Les fonds propres complémentaires, comprennent les éléments suivants :

- Les réserves de réévaluation ;

- Les dotations prévues par la législation en vigueur ;

- Les emprunts subordonnés.

3.8 Le niveau des engagements extérieurs 21:

Il s’agit des tous les engagements de l’établissement vis-à-vis de l’extérieur comme celles des opérations d’importation.

Leur niveau ne doit pas dépasser quatre fois les fonds propres de l’établissement.

3.9 Le niveau des découverts 22:

Les banques doivent limiter les découverts accordés à un niveau équivalant à 15 jours du chiffre d’affaires du bénéficiaire.

3.10 Classement et provisionnement des créances23 :

Chaque créance comporte un certain degré de risque, cela met les banques en obligation de distinguer les créances selon le critère du risque encouru :

Les créances courantes :

Ce sont les créances dont le recouvrement parait sûr à échéance. Ces créances doivent être provisionnées à un niveau allant de 1% jusqu’à 3%. Naturellement ces provisions font partie des fonds propres.

21 Référence : Instruction de la Banque d’Algérie n° 08-02 du 26/12/2002 fixant le niveau des engagements extérieurs des banques 22 Référence : Instruction de la Banque d’Algérie n° 74/94 du 29/11/1994 fixant les règles prudentielles de gestion des banques et des établissements financiers. 23 Référence : Instruction de la banque d’Algérie n° 74/94 du 29/11/1994 fixant les modalités de classement et de provisionnement des créances.

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Les créances classées :

Elles peuvent être réparties en trois catégories :

- Les créances à problème potentiel : Ce sont les créances dont le recouvrement parait sûr mais avec un retard qui est entre 3 et 6 mois. Elles sont provisionnées à hauteur de 30%.

- Les créances très risquées : Ce sont les créances dont le retard de paiement peut atteindre jusqu’à un an. Leur recouvrement parait de ce fait incertain. Elles sont provisionnées à hauteur de 50%.

- Les créances compromises : Ce sont les créances dont le recouvrement est impossible après utilisation de la banque de tous les recours. Elles sont provisionnées à hauteur de 100%.

On constate que le suivi prudentiel répond à des logiques différentes dans la banque.

La réglementation bancaire couvre les risques de liquidité, de change, de contrepartie, mais pas le risque de taux sur l’activité de banque commerciale.

Il faut noter que les autorités de tutelle et le gestionnaire n’ont pas les mêmes priorités ; Les autorités de tutelle cherchent la stabilité des marchés financiers par le biais de la fiabilité des contre parties, elles visent donc en tout premier lieu à contrôler la liquidité des établissements et à créer un matelas de sécurité que sont les fonds propres réglementaires. Le gestionnaire, pour sa part, vise l’optimisation de la gestion financière de l’établissement. Il s’attache donc à contrôler tous les risques sans les hiérarchiser nécessairement sur les mêmes bases que la réglementation.

L’obligation de constitution de fonds propres est une sécurité pour les établissements puisqu’elle les protège de la faillite, cette obligation de sécurité va constituer, du fait de l’exigence de rentabilité, un coût de production au même titre que les frais généraux.

Le gestionnaire devra prendre en compte les contraintes réglementaires. Il est ensuite libre, pour des raisons de gestion propres à la situation de son établissement (exigence des créanciers et des actionnaires, aversion au risque et ambition du management), d’aller au-delà de la réglementation.

En définitive, Bâle II constitue une réforme profonde de la réglementation bancaire; en effet la préoccupation d’une meilleure maîtrise des risques a été confortée par le constat que le contrôle externe pouvait être insuffisant et qu’il devait nécessairement trouver un relais au sein même des établissements, en pratiquant le gouvernement d’entreprise et en développant un contrôle interne performant.

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Conclusion :

La banque d'aujourd'hui ne se comporte plus uniquement comme une administration qui cherche à rendre service à l'économie et aux agents économiques. Désormais, c'est le marché qui sanctionne la qualité des choix de la banque et de ses stratégies. Aujourd'hui, le métier de banquier consiste à exploiter les activités rentables et à rationaliser la prise de risque.

De par son activité d’intermédiation, l’établissement de crédit s’expose constamment à une multitude de risques qui entravent son activité, affectent sa performance et risquent même de mettre en péril sa pérennité ainsi que la stabilité de tout le système bancaire.

En raison du rôle principal que jouent les banques dans l'économie, et de la prise de risques inhérente à leur activité. Elles doivent être assujetties à une réglementation prudentielle spécifique et à une surveillance accrue de part les autorités de contrôle.

Enfin, la montée des pressions concurrentielles, le développement du rôle du marché, l’accroissement des contraintes réglementaires et la complication des risques poussant les banques à faire des efforts supplémentaires en matière de rationalisation de leurs activités et de recherche de rentabilité. Les banques se sont donc tournées depuis quelques années vers une démarche active de gestion des risques et des équilibres bilanciels, appelée « Gestion Actif Passif ».

Dans le chapitre qui suit, nous essayerons de présenter la Gestion Actif Passif et les outils qu’elle utilise pour la gestion du bilan.

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PREMIER CHAPITRE

LA GESTION DES RISQUES PAR LA FONCTION ALM

La Gestion Actif-Passif (ou ALM, Asset and Liability Management) est apparue dans le

monde bancaire aux Etats-Unis dans les années 80 en raison de la déréglementation et de

l’accroissement de la volatilité des taux d’intérêt.

Devons faire face à la rude concurrence et à la forte diminution des dépôts non rémunérés,

les banques, les plus dépendantes des marchés, ont cherché à mieux maîtriser les risques

liés à ces derniers.

En effet, dans les années 70, les taux d’intérêt ont largement dépassé le taux régulier de

rémunération des dépôts ; puis, dès 1980, la déréglementation a libéré les contraintes et

augmenté les risques. Les difficultés auxquelles les banques américaines ont alors dû faire

face les ont incitées donc, à mieux gérer leurs résultats futurs et les écarts de maturité entre

l’actif et le passif.

La gestion Actif-Passif veille à l'équilibre et à la cohérence du développement du bilan de

l'établissement, en optimisant le couple risque-rentabilité.

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L’objectif de ce deuxième chapitre est d’appréhender la notion de Gestion Actif Passif et

d’exposer les outils qu’elle utilise pour la gestion du bilan. Pour ce faire, nous avons

subdivisé ce chapitre en trois sections.

• L’historique, la définition, la démarche et le domaine de l’ALM feront l’objet de la

première section.

• La deuxième section traitera de la tarification des services bancaires à travers

notamment les taux de cession interne.

• La troisième section s’attachera à présenter les fonds propres et à identifier les

différentes méthodes de leur allocation.

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SECTION 1 : LA GESTION ACTIF PASSIF

La Gestion Actif Passif ou Asset Liability Management (ALM) initialement technique proche de l’actuariat et des pratiques d’adossement, réservée à quelques spécialistes des banques, s’impose désormais comme un cadre conceptuel de la gestion financière.

Le développement de la gestion actif passif s’est donc effectué parallèlement au développement des techniques de gestion des risques lorsque les banques se sont vues dans l’obligation de mettre en place de véritables outils de gestion de ces risques.

En effet, de nouvelles contraintes leur ont été imposées par la pression concurrentielle et par la réglementation prudentielle développée par les autorités de tutelle.

1.1 Définition et origines de l’ALM : A. Historique :

La gestion actif-passif est née dans la deuxième partie du siècle dernier au sein des cellules de gestion de trésorerie des banques afin d’identifier et de combler les gaps de trésorerie. Ces derniers se traduisent par des risques de liquidité et des risques de taux systémiques.

Elle a été développée par des chercheurs en finance qui se sont appuyés sur des mathématiques appliquées pour optimiser la gestion de ces écarts de trésorerie dans le but de préserver le surplus représentant la richesse de l’actionnaire.

L’origine de l’apparition de la GAP se traduit par des raisons anciennes, en effet les années 70 ont été caractérisées par :

- L’accroissement de la volatilité des taux d’intérêt et de change ;

- La croissance des volumes des crédits ;

- La déréglementation et l’ouverture des marchés ;

- L’apparition de nouveaux produits financiers.

Mais, la mise en application de la GAP n’est commencée que dans les années 80 aux Etats- Unis.

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B. Définition de l’ALM :

La gestion actif-passif permet essentiellement d’évaluer et de maitriser les risques de manière systématique et efficace.

Selon DUBERNET.M24 :

" La gestion actif-passif a pour fonction de gérer les risques financiers : les risques de taux, de liquidité, de change et de contrepartie sur la sphère financière.

Elle participe aussi à la gestion des fonds propres de l’établissement en contribuant à définir les objectifs de niveau et de rentabilité de ceux-ci. C’est donc la gestion de l’équilibre global du bilan”.

SEVIN .J, ancien président de l’AFGAP25, propose quant à lui, la définition suivante : « La gestion actif-passif est une gestion globale et coordonnée sous contraintes, internes ou externes, des résultats et des risques associés aux activités de l’établissement».

Pour compléter ces définitions, BESSIS.J fait ressortir la différence entre la gestion actif-passif et la gestion des risques. En effet, la première consiste à définir les grands équilibres du bilan en fonction des contraintes prudentielles, des limites globales des risques et des objectifs de performance. Il s’agit donc d’une gestion globale. La deuxième définition complète la définition précédente en y ajoutant une dimension interne propre à l’entreprise en prenant en compte la gestion et la politique commerciale spécifiques à chaque établissement.

Comme le montrent ces deux définitions, le domaine de l’application de la gestion actif-passif n’est pas clairement défini.

C. Les facteurs liés à l’origine de l’ALM :

Ils peuvent être résumés en quatre éléments principaux :

1. La complexité et la diversité accrue des métiers bancaires :

- Les risques qu’engendre l’activité bancaire ne peuvent être évalués par des outils simples.

- L’interdépendance entre les activités notamment celles d’intermédiation et de marché.

24 Dubernet .M, Gestion actif-passif et tarification des services bancaires, Economica, page 291 25 L’AFGAP, Association Française des Gestionnaires actif-passif, est une association créée en 1990.

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2. La montée des risques bancaires :

La survenance des risques de perte (risque de crédit et risque de prix) a constitué l’une des causes majeures de la dégradation de la rentabilité des banques.

3. L’intensification de la concurrence :

Les établissements bancaires doivent mettre en place une gestion efficiente qui permet de réaliser une rentabilité maximale tout en sauvegardant leur part de marché par la maitrise des coûts.

4. L’instauration de la réglementation prudentielle :

Les exigences en termes de fonds propres et de liquidité permettent de garantir la solvabilité des établissements bancaires.

D. Les objectifs de l’ALM :

Les objectifs de l’ALM sont :

• Identifier les risques de marché et leur méthode d’évaluation ;

• Immuniser le bilan des différents risques de marché en mettant en place d’une

politique de couverture et de financement adaptée ;

• Améliorer, voire maximiser le résultat de la banque ;

• Préserver le capital de la banque;

• Facturer un taux client en cohérence avec le coût des ressources et le taux de

rentabilité attendu par l’établissement.

Cependant, les visions de certains auteurs divergent, notamment en ce qui concerne le but final de la GAP. Pour BESSIS.J26 et DARMON.J27, les objectifs de l’ALM sont plus prudents. Ils sont fondés sur le côté sécurité plutôt que sur le côté rentabilité, ce qui assure la stabilité et la pérennité de l’établissement par la planification de son développement et de son financement. Pour DUBERNET.M 28 « La GAP vise à cantonner dans des limites consciemment déterminées les conséquences négatives éventuelles des risques financiers, principalement risque de liquidité, risque de taux et risque de change. Elle cherche à atteindre cet objectif

26 Bessis. J, Gestion des risques et gestion actif-passif des banques, Dalloz, Paris, 1995. 27 Darmon. J, Stratégies bancaires et gestion de bilan, Economica, Paris, 1998 28 Dubernet. M, Gestion actif-passif et tarification des services bancaires, Economica, Paris, 2000

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dans les meilleures conditions de rentabilité. Pour ce faire, elle passe par la mesure et l’analyse des risques financiers et débouche sur des préconisations d’action ».

E. Les missions de l’ALM : La gestion actif-passif consiste à optimiser le couple risque/ rentabilité, plus précisément :

• La fonction d’utilité de chaque banque reflète ses préférences en matière de couple rendement / risque ;

• Les combinaisons d’actifs et de passifs que détient chaque établissement bancaire génèrent un certain niveau de rendement et de risque ;

• Parmi ces combinaisons, la banque choisit celle qui correspond à ses préférences (aversion au risque, neutralité vis-à-vis du risque, préférence pour le risque);

• La gestion actif-passif représente l’outil qui permet d’atteindre une structure de bilan conforme aux exigences de la banque en la matière.

En pratique, il s’agit d’un ensemble de méthodes de prévision, d’outils d’analyse des risques et de techniques de gestion orientées vers la maîtrise des risques financiers. Par conséquent, la notion de gestion actif-passif comporte : - Un processus d’évaluation permanant des risques financiers ; - Un processus de décision permettant de faire face à ces risques.

F. La démarche de l’ALM :

1. Une démarche globale :

Puisque les décisions destinées à atteindre la structure optimale concernent le bilan et le hors-bilan, la GAP suit une démarche globale. Elle ne doit pas être confondue avec la gestion de trésorerie qui gère pour compte propre ou pour compte de tiers des positions de liquidité, taux ou change, mais doit être une structure autonome des relations étroites avec les différentes structures de la banque.

2. Une démarche prévisionnelle :

La GAP s’inscrit dans une démarche prévisionnelle qui peut être figurée ainsi:

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Figure 2. La GAP, une démarche prévisionnelle 29

Etape 1 : L’identification et la mesure des risques La mesure de l’exposition de la banque aux différents risques s’effectue à partir des expositions de liquidité, de taux et de change. Cette mesure s’applique à un horizon temporel qui couvre au minimum trois mois et qui peut atteindre jusqu'à un an.

Etape 2 : Les prévisions de taux d’intérêt et de change Plusieurs hypothèses surviennent sur les évolutions futures des taux d’intérêt et de change. Elles prennent en compte les opinions les plus répandues des conjoncturistes et économistes de la banque. Elles peuvent reposer sur des hypothèses d’évolution très défavorables dans le but de tester la fragilité de la banque (stress testing).

Etape3 : Les simulations Les positions et les prix étant déterminés, la marge d’intérêt prévisionnelle est calculée selon les différentes hypothèses envisagées. Dans le cas du scénario opposé, le montant estimé des pertes est comparé aux fonds propres de la banque. Ainsi, l’organe délibérant peut juger si le montant des risques assumés est acceptable compte tenu des préférences manifestées par les actionnaires.

29 De Coussergues. S, Gestion de la banque du diagnostic à la stratégie, Dunod, Paris, 2002, page 184

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Etape 4 : Les décisions Il s’agit de choisir parmi les différentes simulations la plus réaliste mais aussi celle qui engendrera une rentabilité maximale pour un niveau de risque donné. Ce, au regard des options stratégiques de la banque pour que les décisions puissent être suivies d’effets. La gestion actif-passif est un outil d’orientation des décisions. Elle permet d’optimiser la rentabilité des fonds propres sans mettre l’existence de la banque ou l’équilibre général des systèmes financiers en danger. Cependant la GAP intègre certains outils de management, notamment le taux de cession interne et l’allocation des fonds propres. Ils seront développés dans les prochaines sections.

SECTION 2 : LA GESTION DES MARGES La politique tarifaire des produits proposés à la clientèle est un des leviers d’action des gestionnaires de bilan : quelle que soit la motivation d’un réseau, il lui sera impossible de développer certaines activités ou la vente de certains produits, s’il ne peut offrir à ses clients une tarification compétitive par rapport à la concurrence. De ce fait, pour un pilotage efficace, la gestion des marges apparaît comme l’instrument d’orientation des productions nouvelles le plus puissant. Dans cette démarche de gestion des marges au service de la gestion de bilan, nous serons amenés à fixer des taux de cession interne, distinguer marge commerciale et marge de transformation pour aboutir à une tarification des produits.

2.1 Les taux de cession interne :

A. Définition : Les taux de cession interne (TCI) sont les taux d’intérêt auxquels les unités commerciales placent leurs ressources et refinancent leurs emplois auprès d’une unité centralisée (direction financière, département gestion de bilan etc…) Ils doivent refléter les prix de marché, c’est -à-dire les taux que l’unité commerciale devrait payer si, au lieu de s’adresser à l’unité interne en charge de la gestion de bilan, elle devait s’adosser directement sur les marchés. Ils sont établis selon une méthodologie identique

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sur les crédits et sur les dépôts et sont référencés par rapport à des taux de marché en fonction de la maturité des opérations. Les TCI peuvent être calculés opération par opération pour tous les éléments de bilan «contractuels» en fonction de la devise, de la génération, de la durée, de la nature des taux et des options éventuellement attachées. Pour les opérations à échéance, ce taux correspond au taux de swap, augmenté du coût de liquidité (ce dernier « coût de funding » peut représenter quelques points de base supplémentaires). Pour les autres éléments de bilan, dits « à vue », l’échéancier de chaque produit est modélisé et le TCI traduit l’adossement flux par flux de ces encours30.

B. Rôle des taux de cession interne : Les objectifs principaux d’un système de taux de cession interne sont les suivants : - Centraliser au département de gestion de bilan le risque de taux et de liquidité : grâce à cette centralisation, le gestionnaire de bilan peut consolider toutes les positions de taux de la banque pour obtenir une position nette et se retourner vers les marchés financiers afin de couvrir partiellement ou totalement ces positions. Une telle centralisation permet aux unités commerciales de ne pas s’occuper du problème de la gestion des risques de bilan. - Influencer la stratégie commerciale de l’établissement. En effet, en modifiant le taux de cession interne, le centre ALM rend une activité plus ou moins profitable et incite par conséquent les unités commerciales à développer les activités devenues plus rentables et à freiner celles qui le sont moins.

C. L’organisation interne : La mise en place de la gestion actif-passif passe donc par une séparation des responsabilités entre services opérationnels (centre de profit, collecte et crédit) et fonctionnels (centre ALM) dans la gestion de la marge d’intermédiation. Il s’agit de l’éclatement notionnel du bilan en sous-entreprises constituées en centres de profit ou de responsabilité. Dans ce modèle d’organisation, le département de gestion de bilan joue le rôle de «banque interne» dont les clients sont les unités commerciales : il centralise tous les dépôts collectés par les unités commerciales et met à la disposition de ces mêmes unités les fonds nécessaires à leur activité d’octroi de crédit. Le mécanisme permettant de mettre en place un prêt auprès d’un client de la banque peut être schématisé ainsi :

30 De fait, pour les produits non échéancés, il n’existe pas de référence objective ; les taux de cession interne reflètent les règles de management interne.

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Figure 3. Transferts entre les différentes entités d’un établissement de crédit

2.2 Marge commerciale et marge de transformation L’organisation mise en place dans de nombreuses banques vise, en se servant d’un système de cession interne des fonds, à séparer la part de la marge générée par la commercialisation des produits et celle provenant de la transformation financière. La marge commerciale est calculée par différence entre le taux client et le taux d’adossement notionnel, appelé aussi taux de cession interne. Rappelons que ce dernier correspond aux conditions de marché de l’argent au moment où la production est engagée. Cet adossement doit assurer une immunisation contre les risques financiers de taux, de change et de liquidité. La marge commerciale se subdivise en deux marges : - marge commerciale active : c’est l’écart entre le rendement d’un crédit et le prix d’adossement notionnel des ressources nécessaires à son financement. - marge commerciale passive : c’est l’écart entre le coût d’une ressource et son prix d’adossement notionnel. La marge commerciale sert à rémunérer trois composantes que sont le coût des risques (risque de crédit, options cachées), les frais de gestion et de structure et la marge nette (profit).

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Cette dernière est destinée à rémunérer les fonds propres. Avec un objectif de rentabilité des fonds propres et une connaissance analytique des différentes catégories des coûts, il est alors possible de déterminer un objectif sur la marge commerciale ou sur la marge nette. La marge de transformation est la marge dégagée par le département de gestion de bilan. Elle est égale à la différence entre les deux prix de cession interne. Par conséquent, elle dépend totalement et uniquement des mouvements de taux d’intérêt sur les marchés. Le graphique ci-dessous permet de visualiser les parts respectives des commerciaux et des financiers dans les marges dégagées.

Figure 4. Décomposition de la marge d’intérêt

2.3 La tarification des produits :

A. Tarification des crédits : La méthodologie de tarification optimale doit reposer sur le principe général selon lequel le taux minimum d’un crédit doit couvrir le coût de son refinancement, les coûts de gestion, le prix des options cachées qu’il comporte, le coût lié au risque de défaillance de l’emprunteur et une marge nette destinée à rémunérer les fonds propres.

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1. Coût de refinancement :

La première fonction des produits perçus sur les crédits est la rémunération des ressources mobilisées par la banque. C’est pourquoi le taux d’intérêt facturé au client doit tenir compte du coût de la ressource utilisée. Comme nous l’avons déjà énoncé, le financement à prendre en compte est le financement notionnel qui adosse chaque flux du financement au flux du prêt. Le coût du refinancement est donc le taux de cession interne.

2. Coût du risque crédit :

Dans ce cadre, les banques sont obligées d’adapter une approche quantitative de ce risque en vue de prévenir, avec le plus de certitude possible, les pertes que pourrait engendrer la détention d’un certain portefeuille d’encours crédit. La mesure du risque de contrepartie permet, en outre, de construire une politique de prix ressortant d’une tarification adaptée au risque du débiteur à travers l’intégration du coût du risque (pertes attendues) dans la facturation des crédits bancaires.

3. Coût des options cachées :

Les options cachées d’un crédit sont les options de remboursement anticipé. Elles peuvent être évaluées à partir du prix des floors ou collars nécessaires à leur couverture.

4. Coût de fonctionnement :

La tarification de tout crédit doit également prendre en compte le coût de fonctionnement c’est -à-dire les frais généraux consommés par les agences lors du processus d’octroi des concours bancaires. Ils regroupent les divers coûts de gestion et de fonctionnement dont l’établissement doit disposer pour assurer sa fonction d’intermédiaire. Sans engager ces frais le banquier ne peut octroyer des crédits. C’est pourquoi, la direction générale par le biais de sa direction du contrôle de gestion alloue annuellement des budgets destinés à couvrir ces charges.

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5. Coût des fonds propres :

Le prix du crédit doit nécessairement intégrer une marge qui servira à rémunérer les fonds propres prudentiels (ou économiques) alloués pour absorber les pertes inattendues. Le coût des fonds propres est déterminé en interne (par les actionnaires).

B. La tarification des dépôts : De façon symétrique à la tarification des crédits, le taux minimum d’une ressource doit correspondre au taux de son réemploi sur le marché, diminué des frais de gestion, du coût des options cachées, de la rémunération des fonds propres mobilisés pour couvrir le risque opérationnel et d’une marge d’intérêt. Il faut noter que le risque de contrepartie est parfois ajouté, partant du principe que si l’entité était une filiale, elle replacerait ses dépôts sur le marché interbancaire avec un risque de contrepartie. On voit bien qu’en effectuant une analyse des marges de chaque activité, de chaque produit, de chaque marché, l’établissement donne à son réseau les bonnes incitations, celles qui lui permettent de développer son activité dans des conditions cohérentes avec les exigences des créanciers et des actionnaires. Dans cette optique, il est intéressant que la transformation financière corrige certaines distorsions de répartition du résultat commercial pur. Et cette intervention se fait par le biais des taux de cession interne. En conclusion, nous pouvons dire que, outre le fait qu’il so it un outil d’analyse des marges, le TCI est en effet un instrument de partage des résultats entre les centres de profit.

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SECTION 3 : L ’ALLOCATION DES FONDS PROPRES31

Quelles que soient les mesures prises, il subsistera toujours des risques qui se traduiront, directement ou indirectement, par des pertes. Ces pertes, dites « attendues » doivent normalement être absorbées par le bénéfice courant de l’activité. Mais ce bénéfice peut s’avérer insuffisant pour couvrir des pertes anormales ou dites « inattendues » .C’est donc le rôle des fonds propres, avoirs des actionnaires, de les absorber afin d’éviter la défaillance de l’établissement.

La question cruciale est alors d’estimer le montant des fonds propres aptes à absorber toutes les pertes potentielles qui risquent de survenir avec une probabilité donnée.

Le niveau de ces fonds propres peut être imposé par la réglementation, ou déterminé par la banque elle-même en fonction de ses propres estimations.

Il convient ensuite d’allouer ces fonds propres de manière rationnelle entre les différentes activités en fonction d’objectifs clairement formulés : rentabilité immédiate, investissement a long termes, croissance, présence sur un marché déterminé, rôle social ou politique, etc.

Cette démarche implique des outils de gestions : un système d’allocation des fonds propres, la tarification de produits et un système de cession interne des capitaux

La gestion de ces outils est souvent cellule à la cellule ALM (gestion actif-passif).

3.1 L’allocation Economique des fonds propres :

Les fonds propres sont constitués principalement de trois classes selon les accords de Bâle I (1988):

- Les fonds propres de base (tiers 1): Appelés aussi le « noyau dur », ils comprennent : Le capital social ou assimilé32, les réserves et le report à nouveau. -Les fonds propres complémentaires (tiers 2): Sont composés des fonds de garantie, des provisions, des réserves latentes, des titres et des emprunts subordonnés supérieure à 5 ans. -Les fonds propres sur-complémentaires (tiers 3): Comprennent les emprunts subordonnés dotés d’une maturité supérieure à 2 ans ainsi que les bénéfices intermédiaires du portefeuille de négociation à deux ans.

31 Source : Antoine Sardi, management des risques bancaires, Afges, Paris,2002. 32 Il englobe : actions, certificats d’investissement, actions à dividendes prioritaires etc.

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Tableau 1. Classement des fonds propres

A. Le niveau des fonds propres :

Le niveau des fonds propres est délicat à déterminer et soumis à des intérêts contradictoires.

• Pour les autorités de contrôle bancaires le minimum est de 8% par rapport au risque pondéré. Mais comme son nom l’indique, ce n’est qu’un minimum, ne serait-ce que pour procurer un volant de sécurité, il doit être supérieur.

• Pour les marches financiers guidés par les agences de rating, le niveau élevé des fonds propres est un élément de sécurité c’est un facteur important pour le coup de refinancement puisque meilleur est l’appréciation des marchés, plus faible sera le cout il pousse donc à leur hausse.

• Pour les actionnaires très sensibles à la rémunération de leur avoir, il est clair que, par un effet mécanique, plus faible sont les fonds propres meilleur est la rentabilité pour un même bénéfice. Il poussera donc à la baisse si c’était le seul facteur à prendre. Mais le facteur sécurité pousse à l’augmentation des fonds propres pour améliorer la solvabilité et l’accès financier. B. La protection des fonds propres :

1. du provisionnement ex-post au provisionnement ex-ant :

Les pertes « attendues », c’est-à-dire probable est mesurables, devraient être provisionnées et inclues dans la tarification. Les fonds propres ont pour objet de faire face aux pertes dites « inattendues » : pertes potentielles maximum encourues avec un degré de probabilité donné. La première protection des fonds propres est donc un système saint de provisionnement de toutes les pertes attendues.

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Lors de l’octroi de nouveaux crédits, une banque sait qu’il existe un risque, donc une probabilité de perte. Si ce crédit est rattaché à une catégorie suffisamment vaste, avec un historique consistant, elle peut alors, avec une probabilité forte, savoir quel sera le montant de la perte. Alors pourquoi attendre que cette perte se produise ? Ce qui est le système traditionnel de provisionnement ex-post : la provision constatée lorsqu’elle est avérée.

De plus en plus de banques, est notamment anglo-saxonnes, continentes de cette réalité économique, pratiquent le provisionnement ex-ant dit aussi « a la production ».

Des qu’un crédit est accorde, une provision est constatée pour le montant estimée de la perte. Ce qui permet de s’assurer que les produits constatés aujourd’hui hui et les dividendes distribués, ne seront pas remis en question demain par les pertes prédictibles.

Ce qui permet également d’inclure, de manière explicite cette perte dans la tarification. Cette méthode découle implicitement du nouveau ratio de solvabilité.

2. le placement des fonds propres :

Les fonds propres peuvent faire l’objet d une gestion spécifique : placement dans l’outil de production, dans des titres a long terme ou l’immobilier. Dans les économies

Inflation il est courant d’investir une partie des fonds propres dans une monnaie forte pour protéger le ratio de solvabilité.

C. Les fonds propres réglementaires, les fonds propres économiques :

Les fonds propres réglementaires sont définis par les autorités de contrôle bancaires. Ils comprennent les fonds propres de base, ou tiers 1 (essentiellement le capital et les réserves), et les fonds propres réglementaires, ou tiers 2 (essentiellement les emprunts subordonnées et autres fonds disponibles pour absorber les pertes).

Les fonds propres économiques peuvent comprendre, outre les fonds propres réglementaires, d’autres fonds qui ne sont pas reconnus par les autorités mais que la banque estime disponibles pour absorber les pertes. A titre d’exemple, les plus values sur des titres rapidement réalisables ou certaines dettes subordonnées qui ne remplissent pas les critères d’éligibilité réglementaires peuvent être inclus dans cette catégorie.

Le ratio de solvabilité sera le rapport entre les fonds propres au numérateur et les risque pondérés au dénominateur d’allocation des interne est spécifique a chaque banque en fonction des ses objectifs et doit être égal au moins a 8%.

D. Les différents systèmes possibles :

Dans un système d’allocation interne, la banque affectera ses fonds propres aux différentes activités en fonction des besoins exprimés (le souhaitable) et des disponibilités (le possible).

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D’où parfois des arbitrages délicats qui devraient se faire en fonction de deux critères : la rentabilité de l’activité et les objectifs stratégique.

Le processus d’allocation des interne est spécifique à chaque banque en fonction des ses objectifs et de son degré de sophistication.

1- dans le système le plus simple, la banque adoptera la définition des fonds propres et la pondération des risques réglementaires. Ainsi, un client, quelle que soit sa qualité, sera pondéré à 100% et une banque à 20%.

2- mais la banque peut estimer, à juste raison, que cette mesure forfaitaire est grossière. Elle estime disposer d’une mesure plus fine qui différencie mieux les risques et lui permet d’attribuer un taux de pondération de 20% à un client d’une grande qualité et un taux de 100% à une banque de mauvaise qualité. Elle peut également prendre en comptes des risques qui sont ignorés dans le ratio de solvabilité actuel tels le risque opérationnel ou le risque de taux d’intérêt dans le portefeuille bancaire.

3 - enfin, elle peut inclure dans le numérateur des fonds qui ne sont pas reconnus dans le ratio solvabilité mais qu’elle estime disponibles économiquement pour couvrir les pertes.

Ces deux derniers systèmes sont une allocation économique des fonds propres et serviront à calculer la rentabilité de chaque secteur d’activité et calculer le ratio de solvabilité économique. Il conviendra bien entendu, de continuer en parallèle de calculer le ratio de solvabilité réglementaire.

E. Un exemple d’allocation des fonds propres : Dans cet exemple, la banque est divisée en 6 centres de profit. La consommation des fonds propres est égale aux risques pondérés de chaque activité multipliés par 8%. Ces risques pondérés peuvent être les taux réglementaires ou les taux internes.

Les résultats de ce cas d’école peuvent être diversement interprétés :

1- excellent résultat de la salle de marche et de la gestion des fonds mais ils sont volatiles car dépendants des conditions de marché.

2-la monétique est déficitaire mais il est impossible de la supprimer ; actions à faire : réduction des coûts par une mécanisation accrue, tarification plus élevée des services.

3-les performances de la banque de détail sont médiocres ; il convient d’en rechercher la cause : mauvaise tarification, concurrence agressive, provisions trop élevées ; et de rechercher également les remèdes.

L’intérêt de ce système est de comparer les différentes performances à partir d’un critère commun qui est celui des fonds propres consommés.

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41

F. Les avantages d’un système d’allocation des fonds propres : L’existence de ce système procure des avantages :

• Stratégiques : Ce système permet une vision interne des risques contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité et de la rentabilité du portefeuille.

Permet de comparer la rentabilité des différentes activités tenant compte des risques. Permet les arbitrages entre les activités : développer, conserver, arrêter.

• Opérationnels : Tarification qui permet d’optimiser la rentabilité des fonds propres par rapport aux risques. Indicateur efficace de suivi des performances et de consommation des fonds propres.

C’est un élément déterminant dans l’appréciation que les agences de rating et les investisseurs portent sur l’établissement ; ils y voient un élément de sécurité.

• Réglementaires : L’évaluation interne des fonds propres sera une obligation réglementaire dans le ratio de solvabilité (plier 2). Le système interne permettra le dialogue avec l’autorité de contrôle.

G. Les différentes formes d’allocation : Les fonds propres peuvent être alloués de manière réelle ou notionnelle :

a- allocation sous forme de titre dans des filiales. b- allocation notionnelle, affectation des fonds propres aux activités en fonction du

niveau de risque.

H. La rémunération des fonds propres : Le taux de rémunération des fonds propres est déterminé par chaque banque en fonction de ses objectifs et de la volonté des actionnaires. Il est clair que ce taux doit être supérieur à celui des obligations du Trésor à long terme. Il est fixe avant ou après impôts.

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Conclusion :

La Gestion Actif-Passif consiste en une philosophie de gestion tenant compte simultanément des caractéristiques des actifs et des passifs bancaire. C’est une démarche structurée, consistant à optimiser la rentabilité et les risques engendrés par les opérations du bilan et du hors-bilan, en vue de réaliser des objectifs clairement identifiés dans un environnement réglementé, complexe et rendu incertain sous l’effet des différents risques.

La tarification est l'outil principal d’orientation et déploiement de la stratégie commerciale d’un établissement de crédit, sa mise en place à travers notamment les taux de cession interne, passe par la séparation des responsabilités entre services opérationnels (centre de collecte et crédit) et fonctionnels (centre ALM).

Le taux de cession interne est le taux de transfert des liquidités d'un centre de collecte à un centre de crédit. Ce taux doit être celui auquel la banque fait face lorsqu’elle doit se refinancer sur les marchés.

Les fonds propres sont une ressource rare qu’il convient de bien gérer. Toutes les activités de la banque ont besoin de cette ressource, mais dans des proportions différentes selon leurs niveaux de risque. Donc, il faut allouer à chaque activité de la banque, une partie des fonds propres en fonction du risque.

Une allocation optimale des fonds propres permet à l’établissement d’absorber les pertes conjoncturelles qui n’auraient pas été prises en compte dans les tarifications successives. Il se protège ainsi de sa propre faillite, c’est en cela qu’elle constitue une garantie pour les créanciers.

Toutefois, la gestion actif passif doit être en mesure d'identifier tous les risques d'un côté, et d'avoir des outils à la fois exacts et rapides pour les mesurer. Tel sera l’objectif du chapitre suivant.

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DEUXIEME CHAPITRE

L’EVALUATION DES RISQUES FINANCIERS

Au cours de la dernière décennie, la gestion des risques financiers dans les banques, a

connu une évolution sans précédent suite à l’accroissement de l’instabilité des marchés qui

a contribué à augmenter la volatilité des résultats bancaires.

D’abord la notion de risque elle-même s’est élargie, englobant désormais une grande

variété d’éléments qui auparavant n’était pas considéré. De plus, les pressions

grandissantes des institutions réglementaires et des investisseurs, ont fait apparaître la

nécessité du suivi et de la gestion de ces risques par les banques.

La Gestion Actif-Passif (ALM) s’est vu donc, confier la mission de maîtriser dans des limites

consciemment déterminées les conséquences négatives éventuelles des risques financiers,

principalement le risque de liquidité, de taux et de change, par l’utilisation d’une approche

méthodique consistant dans un premier temps, à identifier les différents facteurs et sources

des risques ; ensuite en utilisant des méthodes et des techniques permettant à des degrés

divers, de mesurer ces risques et enfin de mettre en place les actions de couverture

adéquates, destinées à ramener les risques en question dans des limites supportables au vu

des contraintes réglementaires ( contraintes externes ) et de celles propres à la stratégie de

l’établissement ( contraintes internes ).

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Aussi, ce troisième chapitre traitera de ces notions à travers quatre sections, c’est ainsi

que :

• Les trois premières sections, après avoir identifié les risques de liquidité de taux

d’intérêt et de change dérouleront les différentes méthodes et techniques utilisées

pour les mesurer.

• La quatrième section, présentera les diverses techniques de couverture de ces

derniers.

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SECTION 1 : RISQUE DE LIQUIDITE Le risque de liquidité, ou plutôt d’illiquidité, représente pour une banque « l’impossibilité de pouvoir faire face, à un instant donné, à ses engagements ou à ses échéances, par la mobilisation de ses actifs »33. Il s’agit d’un risque issu de la transformation opérée par la banque et se manifeste lorsque la durée des ressources disponibles est globalement plus courte que celle des emplois qui en sont faits. Or la transformation d’échéances est inhérente à l’activité bancaire. L’ajustement exact des actifs et des passifs ne peut donc être établi. Il est alors nécessaire de déterminer les besoins de financement et d’évaluer, en combien de temps et à quel prix la banque pourra respecter ses engagements et éviter le manque de liquidité, équivalant à la cessation de paiement.

1.1 L’importance de la liquidité : La liquidité d’une banque est considérée comme la capacité de celle -ci à financer ses actifs et à rembourser ses engagements (i.e. le passif) au moment où ces financements et ces remboursements apparaissent. Elle revêt une importance non négligeable aussi bien sur le plan micro-économique que sur le plan macro-économique. Sur le plan micro-économique, une banque ne peut pas survivre sans liquidité. En effet, la banque a besoin d'argent pour couvrir toutes ses obligations à temps. Sur le plan macro-économique, la liquidité est cruciale pour le système bancaire dans son ensemble. Si une banque devient illiquide, cela signifie qu'elle est incapable de financer ses emprunteurs et de rembourser ses créanciers. Par conséquent, ils seront incapables, à leur tour, de remplir leurs obligations envers d'autres créditeurs ; condition suffisante pour provoquer un « effet domino »34

dans le système financier du pays.

1.2 L’enjeu du risque de liquidité : La liquidité joue un rôle majeur dans la gestion d'un établissement de crédit. En premier lieu, les banques sont soumises à une réglementation prudentielle qui leur impose de détenir un minimum d’actifs liquides pour, à la fois, constituer les réserves obligatoires et respect er le ratio de liquidité. Mais outre ces obligations réglementaires, elles doivent

33 AUGROS J-C. et QUERUEL M., Risque de taux d’intérêt et gestion bancaire, Economica, Paris, 2000, page 15. 34 Réaction en chaîne provoquant une série de catastrophes.

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également détenir des liquidités suffisantes pour faire face aux demandes de retrait de la part des déposants et de crédit de la part des clients emprunteurs. La crise de liquidité est la manifestation du risque de liquidité. Autrement dit, c’est une situation où la banque devient illiquide, c’est-à-dire incapable de faire face à une demande massive et imprévue de retraits de fonds émanant de sa clientèle ou d’autres établissements de crédit. Cette situation est exceptionnelle mais doit rester constamment dans l'esprit du banquier. Pour être en mesure de faire face à ses obligations en matière de liquidité, une banque doit détenir des actifs liquides pouvant être convertis en monnaie rapidement et sans pertes excessives en capital. Les actifs liquides étant moins rémunérateurs que les actifs à maturité plus longue, la gestion du risque de liquidité consiste à trouver un équilibre entre le respect des engagements réglementaires ainsi que vis-à-vis de la clientèle et l'objectif de maximisation de la marge d’intérêts.

1.3 Mesure du risque de liquidité : La modélisation de la liquidité suppose d’étudier en détail chaque poste du bilan afin de déterminer son degré de liquidité pour les actifs et d’exigibilité pour les passifs. Les actifs peuvent être classés grossièrement en quatre catégories selon leur plus ou moins grande liquidité35

: - les plus liquides sont composés du cash et des titres d’état ; - viennent ensuite les actifs pour lesquelles il existe un marché organisé, tels que les titres d’action et les emprunts interbancaires ; - les crédits à la clientèle qui, selon les pays et selon le type de crédit, peuvent être directement vendus, avec plus ou moins de facilité, sur un marché ou via des opérations de titrisation ; - les participations et tous les emplois difficiles à céder. Les passifs, quant à eux, sont classés selon leur degré d’exigibilité : - les refinancements auprès de la Banque Centrale (refinancements qui dépendent donc de la politique monétaire); - les refinancements interbancaires ; - les dépôts de la clientèle ; - les lignes de refinancement, les emprunts à long terme et le capital de la banque. 35 Le terme « liquidité » est pris au sens de « marché », il exprime la possibilité de vendre un actif sur un marché, rapidement et sans perte en capital.

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Les facteurs influençant la liquidité des actifs et l’exigibilité des passifs pour une banque sont d’origines diverses. Certains dépendent de la banque, tels que la politique commerciale et tarifaire, la solidité financière… etc. D’autres sont exogènes et incluent la conjoncture économique, la liquidité des marchés de capitaux, le comportement des clients… etc. Le hors-bilan comprend des engagements conditionnels tels que les garanties financières. Ces engagements sont liés au contexte économique via le taux de défaut des clients à qui ces garanties ont été accordées. On trouve également dans le hors-bilan des instruments financiers (swaps, options,…) : ces produits peuvent faire l’objet d’appel de marge, de fin anticipée et donc avoir un impact significatif sur la liquidité de la banque. La mesure du risque de liquidité se fait par différentes techniques, la plus importante étant celle des impasses ; celle-ci sert à évaluer les besoins de liquidité futurs ou, au contraire, les excédents de liquidité à venir. Quant aux autres techniques, elles viennent compléter et améliorer l’information fournie par la première à travers des indicateurs comme l’indice de transformation et le surplus de base.

A. Les impasses en liquidité : L’impasse en liquidité représente la différence entre les encours de passifs et d’actifs pour toutes les dates futures, telles qu’on peut les projeter aujourd’hui. On parle, dans ce cas, d’impasse « en stocks ». Une impasse positive représente un excédent de ressources et une impasse négative représente un déficit.

Impasse en stocks = encours passif – encours actif On peut aussi déterminer l’impasse par la différence entre les variations des passifs et actifs pendant une période donnée. C’est une impasse dite « en flux ».

Impasse en flux = tombées actifs – tombées passifs Les impasses en stocks sont nécessairement identiques en valeur absolue aux impasses en flux cumulées depuis l’origine. Pour calculer l’impasse, on doit établir un profil d’échéance sous forme de tableau qui classe les actifs et passifs selon leur durée restant à courir, tout en veillant à ce que les classes d’échéances soient plus fines (étroites) pour les maturités proches, car c’est le risque de liquidité immédiate qui doit être mesuré. Les tableaux ci-dessous illustrent ces définitions avec des données simples.

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Période D Passifs Actifs Impasses en stocks

Aujourd'hui 31500 31500

1jour ≤ D < 1 semaine 26700 27300 -600

8jours ≤ D < 1 mois 20300 22300 -2000

1mois ≤ D < 3 mois 11700 16900 -5200

3mois ≤ D < 6 mois 5900 12700 -6800

6mois ≤ D < 1 an 3900 10300 -6400

1an ≤ D < 2 ans 2900 6900 -4000

2ans ≤ D < 5 ans 1500 4000 -2500

Plus de 5 ans 0 0 0

Tableau 2. Profil d’échéances et calcul d’impasses en stocks

Période D Tombées passifs Tombées actifs Impasses en flux Impasse cumulée

Aujourd'hui

1jour ≤ D < 1 semaine 4800 4200 -600 -600

8jours ≤ D < 1 mois 6400 5000 -1400 2000

1mois ≤ D < 3 mois 8600 5400 -3200 5200

3mois ≤ D < 6 mois 5800 4200 -1600 6800

6mois ≤ D < 1 an 2000 2400 400 6400

1an ≤ D < 2 ans 1000 3400 2400 4000

2ans ≤ D < 5 ans 1400 2900 1500 2500

Plus de 5 ans 1500 4000 2500 0

TOTAL 31500 31500

Tableau 3. Profil d’échéances et calcul d’impasses en flux L’ampleur des décalages donne, sur toute la période couverte par le profil des impasses, une image synthétique de la situation globale de liquidité du bilan, c’est-à-dire de son degré de « consolidation ». Divers cas de figure sont possibles :

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• Le bilan est « consolidé » si les actifs et passifs s’amortissent au même rythme c’est-à-dire si le bilan est équilibré en liquidité. • Le bilan est « sur-consolidé » si les actifs s’amortissent plus vite que les ressources. Un excédent de ressources est alors dégagé et disponible pour le financement des nouveaux emplois. • Le bilan est « sous-consolidé » si les actifs s’amortissent plus lentement que les ressources. Dans ce cas, des financements nouveaux sont requis pour combler l’écart avec les actifs en place en sus des financements des actifs nouveaux. Ces différentes situations sont résumées dans les schémas ci-dessous, qui représentent des échéanciers d’évolution des emplois et des ressources dans une hypothèse de « fonte » du bilan, c'est-à-dire sans incorporation des productions nouvelles.

Figure 5. La consolidation du bilan36

B. La méthode des nombres (l’indice de transformation) : Cette technique vise à mesurer l’ampleur de la transformation opérée par la banque. Elle consiste à pondérer les actifs et passifs par la durée moyenne de chaque classe, puis à calculer un indice de transformation (ou de liquidité) égal à :

∑ des passifs pondérés / ∑ des actifs pondérés Un indice supérieur à 1 signifie que la banque emprunte plus long qu’elle ne prête et plus l’indice est faible, plus la banque transforme des passifs courts en actifs longs. Un indice égal à 1 indique que les passifs et les actifs concordent.

36 BESSIS J., Op. Cit., page 103.

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Période D

Tombées Passifs

Tombées Actifs

Pondération (en durée annuelle)

Passifs pondérés

Actifs pondérés

1jour≤ D < 1 semaine 8jours ≤ D < 1 mois 1mois ≤ D < 3 mois 3mois ≤ D < 6 mois 6mois ≤ D < 1 an 1an ≤ D < 2 ans 2ans ≤ D < 5 ans Plus de 5 ans

4800 6400 8600 5800 2000 1000 1400 1500

4200 5000 5400 4200 2400 3400 2900 4000

0,01 0,05 0,16 0,37 0,75 1,5 3,5

7,5(1)

48 320

1376 2146 1500 1500 4900

11250

42 250 864

1554 1800 5100

10150 30000

TOTAL 31500 31500 23040 49760

(1) : Durée forfaitaire des échéances supérieures à 5 ans : 7 ans et demi.

Tableau 4. Calcul de l’indice de transformation

Indice de liquidité = 23040 / 49760 ≅ 0,46 Cette approche par indice synthétique donne une indication du risque de transformation des établissements. Notons, toutefois, que l’observation de cet indice est probablement plus utile en tendance qu’en valeur absolue.

C. Le surplus de base :

Le surplus de base mesure le coussin de liquidité constitué par les actifs liquides pour couvrir les besoins de financement journaliers. Il est égal à l’actif liquide duquel on déduit le passif exigible (ou journalier).

Surplus de base = Actif liquide – Passif exigible L’actif liquide comprend tous les actifs ayant une échéance imminente ou pouvant être transformés en cash sans générer des moins-values intolérables. On peut citer comme exemple : Les encaisses, le solde du compte Banque Centrale, les instruments du marché monétaire venant à échéance dans moins d’un mois, les excédents de réserve… Le passif exigible ou journalier comprend les dettes à très court terme, telles que : les emprunts à 24 heures, les mises en pension, les emprunts à la Banque Centrale et les dépôts à échéance inférieure à un mois.

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Un surplus de base positif signifie qu’une partie des actifs liquides est financée par des ressources à plus long terme. La banque dispose donc d’un surplus de liquidité. Un surplus de base négatif signifie que la banque finance une partie de ses actifs à terme par des passifs courts. Le surplus de base est un instrument de gestion de liquidité journalière. Il est maintenu à un minimum positif selon la taille de la banque et selon son appréhension des problèmes de liquidité. Un surplus positif va permettre à la banque de faire face aux variations de liquidité journalière Actifs liquides Montant

Encaisses et solde auprès des banques étrangères Solde à la Banque Centrale net des réserves Titres du gouvernement et de ses agences (placements) Position du département de commerce des titres gouvernementaux Avances aux branches à l’étranger (1) Avances aux filiales (1) Avances à court terme (1) Prêts aux courtiers en valeurs mobilières Excédents de réserves vendus à long terme

300 700

8.000 2.000 400 500

6.000 7.000 2.000

Total (A) 26.900

Passifs exigibles

Banque Centrale Excédents de réserves achetées (moins la portion fixe) Conventions de rachats Dépôts à terme (non compris les dépôts d’épargne) (1) Excédents de réserves achetées à long terme (1) Dépôts des branches au siège social

100 13.000 7.000 400

2.000 2000

Total (B) 24.500

Surplus de base 2400 (1) : venant à échéance dans moins d’un mois

Tableau 5. Exemple de calcul du surplus de base37

37 GOUSLISTY H. « Gestion des liquidités dans les banques », Revue Banque, n° 533, page 64.

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1.4 Les problèmes spécifiques de construction des impasses Le calcul des impasses pose un certain nombre de problèmes pratiques concernant le traitement de certains postes. La construction de l’impasse suppose que tous les actifs et passifs ont une maturité bien connue. Certes la plupart des encours ont une échéance contractuelle mais il reste que certains d’entre eux sont sans échéance, et d’autres ont une échéance incertaine. Dans de tels cas, il convient d’adopter des conventions, émettre des hypothèses, ou baser le choix des maturités sur des analyses statistiques. Il s’agit notamment des dépôts à vue, des comptes d’épargne, des engagements de hors-bilan, des encours à échéance incertaine (découvert….), des fonds propres et des flux d’intérêts. A cela s’ajoute la problématique des productions nouvelles. Faut-il intégrer l’activité nouvelle dans le calcul de l’impasse et adopter, par conséquent, l’hypothèse de poursuite d’activité ou suffit-il de se contenter des actifs et passifs existants pour obtenir des impasses statiques qui donneront une image de la situation sous l’hypothèse de cessation d’activité ?

A. Les ressources à vue : Les ressources à vue tels les comptes chèques, les comptes courants, les comptes sur livrets, les plans d’épargne logement, sont des comptes sans stipulation de terme et leur traitement est un problème récurrent en gestion ALM, en raison d’un manque de consensus sur ce sujet. Il existe en gros deux conceptions : - une vision « prudente » qui met l’accent sur l’absence de maturité contractuelle de ces comptes et qui les rend intrinsèquement volatils. Immédiatement exigibles, il serait imprudent de les considérer comme des ressources longues. On pourrait donc considérer a priori que leur échéance est immédiate. - une vision « réaliste » qui prend pour argument la loi des grands nombres pour dire que, une fois les comptes individuels agrégés, l’encours global des DAV et des autres comptes à vue fait preuve d’une grande stabilité, ce qui permet de considérer ces ressources comme longues.

B. Les encours à échéance incertaine : Certains crédits comme les découverts ont une maturité courte mais, étant régulièrement renouvelés, ils engagent la banque autant que des crédits à long terme. D’autres crédits, et bien qu’ils aient une échéance contractuelle, comportent des clauses de remboursement anticipé, ce qui rend leur échéance effective incertaine. L’exemple typique est celui des crédits immobiliers.

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C. Les engagements hors-bilan :

Les engagements conditionnels, à l’exemple des lettres de crédit et des garanties financières, représentent des sorties de trésorerie potentiellement importantes, et ce dans la limite des plafonds d’autorisation pour chaque contrepartie. Les engagements donnés sont contractuels, mais les tirages s’effectuent sur l’initiative du débiteur, ce qui pose problème quant à la date et le montant des utilisations. La banque peut être en mesure de déterminer un niveau «normal» de sorties à partir d’estimations sur la base des constatations passées, et voir ensuite dans quelle proportion ces flux pourraient augmenter en période de tension.

D. Les fonds propres : Les fonds propres sont supposés rester indéfiniment dans le bilan et n’ont donc pas de maturité définie. Ils soulèvent une autre complication, relative à l’estimation de leur montant. En effet, les fonds propres de la banque sont assujettis à la réglementation prudentielle, ce qui crée des besoins en capitaux supplémentaires si le bilan est en croissance. Il est donc nécessaire de prévoir ces besoins et de faire varier les fonds propres en conséquence.

E. Les flux d’intérêt : Les intérêts posent une difficulté technique de calcul des montants et de positionnement dans le temps des flux de liquidité correspondants (différents des flux comptables d’intérêts courus). En effet, l’équilibrage du bilan suppose que les flux d’intérêts et les résultats mis en réserve soient anticipés. Le problème est que les intérêts courus ne coïncident pas avec les encaissements ou les décaissements.

F. L’incorporation des productions nouvelles : Le profil d’échéances peut être déterminé soit dans l’hypothèse de « cessation d’activité », c'est-à-dire à l’exclusion de tout encours ou emprunt nouveaux, soit dans une hypothèse tenant compte des productions nouvelles estimées. Le profil d’échéances obtenu en incorporant les productions nouvelles (appelé échéancier dynamique) diffère de celui traité dans l’hypothèse de fonte de bilan (échéancier statique). En effet, la projection des productions nouvelles est nécessaire pour évaluer la totalité des besoins de liquidité prévisionnels. Cependant, il serait souhaitable de ne pas les intégrer dès le départ dans les impasses car les encours et les emprunts nouveaux sont incertains (prévisions) alors que ceux existants sont plus exacts. Les projections globales (encours existants et productions nouvelles) sont réalisées dans des buts de simulation

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1.5 Coût de la liquidité : Pour éviter le risque d’illiquidité, une banque a intérêt à évaluer ses besoins en liquidité. Pour cela, elle doit prévoir la demande des prêts et le volume des dépôts en tenant compte du changement éventuel dans le comportement des emprunteurs et des déposants. Les besoins de liquidité devant être comblés, la banque doit aussi prévoir les taux d’intérêt futurs car le taux à payer pour se refinancer est aujourd’hui incertain. En fait, le coût des financements ne dépend pas uniquement des taux futurs -représentés par une courbe de taux38-. Il dépend également du coût de la liquidité qui, quant à lui, est fonction de la qualité de signature de la banque. Généralement, le coût de la liquidité est représenté sous la forme d’une prime positive par rapport à la courbe des taux et qui croît avec l’échéance. En théorie, la prime de liquidité correspond au surcoût qu’engendre le risque de défaut. Elle est donc égale à la perte moyenne imputable au défaut de la contrepartie, cette perte moyenne étant le produit de la probabilité de défaut par le montant emprunté. Comme la probabilité de défaut croît avec la durée du prêt, cette prime s’élève avec l’échéance. On en déduit l’allure de la prime de liquidité et son positionnement par rapport à la courbe des taux « sans risque ».

Figure 6. Courbe des taux et prime de liquidité

Le coût des financements pour la banque est égal donc au taux du marché « sans risque » augmenté de cette prime, ou coût de la liquidité. En fonction de son degré d’aversion au risque, la banque pourra décider de payer le plein prix et éviter ainsi entièrement le risque

38 La courbe des taux est une représentation graphique avec en ordonnées les taux et en abscisses les échéances. Elle représente la structure par échéances des taux courants. Elle permet, sous des hypothèses bien identifiées, d’inférer les anticipations sur les taux futurs et de mesurer les taux d’actualisation.

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ou, dans le cas où elle a des préférences pour le risque (cela dépend des actionnaires !), elle choisira d’en assumer une partie et payer moins.

Il faut noter que l’illiquidité engendre divers dommages pour la banque :

- manquer l’occasion d’acheter des actifs profitables ;

- être obligée de vendre des actifs à perte ;

- être dans l’impossibilité de respecter ses engagements de prêter ;

- être incapable de renouveler à l’échéance les fonds qu’elle a empruntés si le marché est au courant de ses problèmes de liquidité ;

- être obligée d’avoir recours à la banque centrale ;

- payer des taux d’intérêt élevés pour reconstituer la liquidité.

La reconstitution de la liquidité comporte aussi un risque de taux d’intérêt. Pour expliquer, supposons qu’un établissement réalise une opération de transformation « placement long – emprunt court ». Outre le risque de liquidité, cette opération comporte un risque de taux d’intérêt car les emprunts à court terme doivent être renouvelés à des taux incertains. Un moyen d’éliminer ce risque est de swapper le taux court des passifs pour servir au passif un taux fixe.

Cette opération neutralise le risque de taux global. Son coût est la marge à payer pour mettre en place le swap de taux. Le coût de la liquidité peut être assimilé donc au coût des swaps augmenté de la prime de risque relative à la qualité de la signature de la banque. Comme des swaps peuvent être réalisés sur plusieurs échéances, il est possible de construire à partir des swaps la structure par terme des coûts de la liquidité bancaire.

De même qu’une liquidité insuffisante, une abondance de liquidité a aussi un coût «caché». Une surliquidité équivaut à un manque à gagner dans la mesure où une partie importante des ressources -le plus souvent rémunérées- finance des emplois non ou peu rémunérateurs - car investis à court terme-.

1.6 Mesure de sensibilité : Une position excédentaire en liquidité expose la banque à un risque de baisse du coût de la liquidité. Inversement, un déficit de ressources l’expose à une hausse de ce coût. Pour éliminer ce risque, la banque doit se consolider, c'est-à-dire clôturer ses positions.

La mesure de sensibilité consiste à apprécier les effets, sur les résultats courants de la banque, de la couverture de son risque de liquidité. Pour cela, des hypothèses peuvent être faites quant à l’évolution du coût de la liquidité.

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SECTION 2 : RISQUE DE TAUX D’INTERET

Le risque de taux d'intérêt réside dans la vulnérabilité de la situation financière d'une banque à une évolution défavorable des taux d'intérêt. Accepter ce risque est quelque chose d'inhérent à l'activité bancaire et peut constituer une source importante de rentabilité et de valorisation du capital-actions. Cependant, un risque excessif peut représenter une menace substantielle pour les bénéfices et les fonds propres d'une banque.

Aussi, nous allons au cours de cette section, identifier les principales formes du risque de taux d'intérêt auxquelles les banques sont généralement exposées et présenter certaines méthodes utilisées pour sa mesure.

2.1 Identification du risque de taux d'intérêt :

Le comité de Bâle, dans son document consultatif « Principles for the Management and Supervision of Interest Rate Risk » de Janvier 2001, considère les 4 types de risque de taux suivants :

A. Risque de révision de taux ( Repricing risk ) :

En tant qu'intermédiaires financiers, les banques sont exposées de plusieurs manières au risque de taux d'intérêt. La première, résulte de différences de concordance dans l'échéance (pour les taux fixes) et le renouvellement des conditions (pour les taux variables) des positions de l'actif, du passif et du hors-bilan d'une banque. Si de tels décalages dans les révisions de taux constituent l'un des aspects essentiels de l'activité bancaire, ils peuvent cependant soumettre la situation patrimoniale et le résultat de la banque à des variations imprévues lors des modifications de taux. Il se matérialise essentiellement lorsque les actifs et les passifs ne sont pas parfaitement adossés.

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B. Risque de déformation de la courbe des taux ( Yield curve risk ) :

Les décalages dans les révisions de taux peuvent également exposer une banque à des modifications de la pente et de la configuration de la courbe des taux. Ce risque se produit lorsque des variations non anticipées de la courbe ont des effets défavorables sur la situation patrimoniale et le résultat de l'établissement.

C. Risque de base ( Basis risk ) :

Ce risque apparaît lorsque les taux reçus ou payés par la banque ne s’ajustent pas de la même façon sur les taux de marché. Pour une même maturité, les taux d’un actif et d’un passif bancaire peuvent en effet ne pas subir des impacts de même amplitude suite à un choc sur les taux de marché, puisqu’ils peuvent être indexés sur le même taux d’intérêt sans pour autant que les corrélations de ces deux taux de rémunération avec l’index de référence ne soient les mêmes.

D. Risque de clauses optionnelles ( Optionality ) :

Une source additionnelle, de plus en plus importante, de risque de taux d'intérêt est liée aux options dont sont assortis nombre de créances, dettes et portefeuilles du hors-bilan des banques. Il s’agit d’options implicites liées à certains produits bancaires qui sont généralement exercées au bénéfice du client et au détriment de la banque. Parmi ces options, on trouve : l’option de remboursement d’un crédit par anticipation et l’arbitrage entre comptes courants et comptes rémunérés en ayant la possibilité de retirer les dépôts à vue à tout moment et gratuitement, choix qui sera sûrement influencé par le niveau des taux de marché.

2.2 Mesure du risque de taux :

La mesure du risque de taux s’effectue à l’aide de plusieurs outils : les gaps de taux, le EAR, la valeur actuelle, la sensibilité, la duration, la VaR…etc.

A. Les impasses de taux ou gap de taux :

Considérée comme une méthode classique et intuitive pour mesurer l’exposition au risque de taux, la méthode du gap consiste à analyser les fluctuations de la marge d’intérêt résultant de la différence entre le rendement des emplois et le coût des ressources. Il existe trois méthodes différentes de gaps : le gap comptable, le gap taux fixe et les gaps par index.

La méthode la plus utilisée et la plus simple est le gap comptable qu’on abordera dans la présente section.

• La méthode de gap comptable ou gap instantané :

Le gap comptable ou impasse en taux est la différence algébrique entre les emplois à taux variable et les ressources à taux variable. Elle permet donc, de relier les variations de la marge d’intérêt aux fluctuations des taux d’intérêt

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58

Le gap est nécessairement défini sur une période de référence, car la distinction entre taux fixe et taux variable est totalement tributaire de la période envisagée. Un taux est « fixe » sur une certaine période si son niveau n’est pas affecté par les mouvements de marché sur cette période. Un actif ou un passif sont à taux fixe jusqu’à échéance ; au-delà, ils sont variable car ils vont être renouvelés à des conditions inconnues aujourd’hui. De même, un taux révisable périodiquement est variable mais entre deux dates de révision il est fixe pour la période.

L’impasse en taux est généralement calculée sur le bilan équilibré par différence entre les encours à taux variable de l’actif et au passif. Elle est aussi égale en valeur algébrique, à la différence entre le passif à taux fixe et l’actif à taux fixe.

- Un gap taux variable positif signifie qu’une partie des emplois à taux variable est financée par des ressources à taux fixe. Cette situation indique une exposition défavorable à la baisse des taux. En effet, si les taux d’intérêt baissent, le rendement des actifs diminue alors que le coût des ressources qui les financent reste inchangé, ce qui implique une perte.

- Un gap taux variable négatif indique qu’une partie des emplois à taux fixes est financée par des ressources à taux variables. Dans ce cas, le bilan est exposé défavorablement à une hausse de taux. En effet, si les taux augmentent, le rendement des actifs reste fixe et le coût des ressources s’élève. - Un gap nul indique que la marge est insensible aux variations de taux d’intérêt.

Exemple : la banque dispose du portefeuille suivant :

Les ressources :

- dépôt de 20 M à 6 mois à un taux fixe de 3% ;

- dépôt de 30 M à 2 mois à un taux de 4% révisable, chaque mois ;

- dépôt de 10 M à 3 mois à taux variable;

- dépôt de 40 M à 6 mois à taux variable.

Les emplois :

- prêt de 50 M à 4 mois à taux variable ;

- prêt de 50 M à 6 mois à un taux fixe de 6 %.

varaiblestauxàpassifsvariablestauxàactifsGAP −=

fixestauxàactifsfixestauxàpassifsGAP −=

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Hypothèse :

- les taux variables changent en début du mois. - Les dépôts et les crédits sont renouvelés à échéance.

Encours

initial

1 mois 2 mois 3 mois 4 mois 5 mois 6 mois 7 mois

Actif variable 100 50 50 50 50 50 50 100

Passif variable 100 50 80 80 80 80 80 100

Cap A-P 0 0 -30 -30 -30 -30 -30 0

Gap cumulé 0 0 -30 -60 -90 -120 -150 -150

Encours

initial

1 mois 2mois 3 mois 4mois 5mois 6 mois 7 mois

Actif fixe 100 50 50 50 50 50 50 0

Passif fixe 100 50 20 20 20 20 20 0

Cap P-A 0 0 -30 -30 -30 -30 -30 0

Gap cumulé 0 0 -30 -60 -90 -120 -150 -150

Pour le premier mois, la banque ne court aucun risque de variation des taux (gap nul) à la hausse ou à la baisse et sa marge est figée car les taux sont connus jusqu’à la fin de celui-ci.

A partir du deuxième mois, les gaps sont négatifs ce qui signifie qu’une partie des actifs à taux fixes est financée par des passifs à taux variables ce qui implique que la banque court un risque de variation des taux à la hausse.

Le gap devient de plus en plus profond pour atteindre un montant de 150 (gap cumulé) millions, ce qui signifie qu’en cas de hausse des taux d’intérêt la banque aura à supporter une perte égale au gap cumulé multiplié par la variation des taux.

B. La valeur actuelle :

La valeur de marché des instruments financiers présents dans le bilan est sensible aux variations des taux d’intérêt.

La valeur actuelle d’un actif financier est la somme actualisée de tous les flux futurs qu'il génère pendant sa durée de vie.

( )∑= +

=n

1t tti1

tF VA

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60

VA : la valeur actualisée de l'actif financier.

: Le flux généré par cet actif à la période t.

: Le taux d'intérêt de la période t.

t : indiquant la période allant de 1 à n.

Il ressort de cette formule que la valeur de l’actif varie en sens inverse à la variation du taux d’actualisation, c’est-à-dire une hausse de ce taux entraîne une baisse de la valeur de cet actif et vice versa.

Exemple :

Soient une obligation A de valeur nominale de 1000, de taux d'intérêt nominal de 10% et de maturité 5 ans.

La structure des taux au comptant est donnée par le tableau suivant :

Date 1 2 3 4 5

Taux (%) 2 3.5 4 5.2 6

La valeur actualisée des flux générés par l'obligation (sa valeur réelle) est égale :

( ) ( ) ( ) ( ) ( ) 5 0.0611100

4 0.0521100

3 0.041100

2 0.0351100

1 0.021100 A deVA

++

++

++

++

+=

VA de A = 1183,92031

Supposons maintenant que la structure des taux se déplace parallèlement vers le haut de 1%. La valeur de l’obligation devient :

( ) ( ) ( ) ( ) ( ) 5 0.0711100

4 0.0621100

3 0.051100

2 0.0451100

1 0.031100 A deVA

++

++

++

++

+=

VA de A = 1137,9433

tF

ti

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61

Alors, cet exemple confirme qu'en cas de hausse des taux (de un 1% dans notre exemple), l'actif se déprécie (de 45,97701 soit de plus de 3,8 %).

Après avoir identifier la valeur actuelle d’un actif financier, il convient de signaler que la valeur actuelle nette ( VAN ) d’un bilan bancaire, représente la valeur financière de l’établissement et qu’elle est obtenue par différence entre l’actif et le passif évaluée aux conditions de marché par une approche Mark To Market. Dans ce cas on considère que la valeur de marché de la banque dépend de la valeur du portefeuille d’actifs et du coût de la dette.

Lorsqu’il s’agit des actifs, une hausse des taux est à craindre car celle-ci se traduit par un appauvrissement. Dans le cas des passifs, c’est au contraire une baisse des taux qui est redoutée, car elle croît la valeur des dettes vis-à-vis de l’extérieur.

C. La duration :

En 1938, après avoir constater les limites de certaines mesures d’actifs financiers, tel que la durée de vie ou la durée de vie moyenne qui ne permettaient pas entre autres de comparer des obligations, de durée de vie et d’amortissements différents, l’économiste Frédéric Macaulay a introduit le concept de duration, en la définissant dans un premier temps comme « l’essence de l’élément temps d’un prêt »39 .

La duration est la moyenne des flux engendrés aux différentes dates futures, actualisés et pondérés par leurs échéances, à la valeur actuelle totale de l’actif, ou du passif, concerné. En d’autres termes, la duration est une durée de vie moyenne où chaque période comprise entre l'instant présent et la date de tombée d'un flux est pondérée par la valeur actualisée de ce flux.

0V

n

1iir)(1

iFit

D

∑=

+=

Fi le flux tombant à l’échéance ti.

V0 : la valeur actuelle du titre (VA).

ti : la maturité de chaque flux.

r : le taux de rendement actuariel du titre.

Donc, la duration est une indication de la durée de vie d’un actif à revenu fixe. Elle indique le laps de temps nécessaire pour que le prix d’un actif apprécié à sa valeur actuelle soit récupéré.

39 AUGROS J, QUÉREL M, op. cit. p84.

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62

Exemple :

Soit un crédit à 5 ans de 100, au taux d’intérêt de 10 % (fixe) et dont les intérêts sont payés chaque année. Les résultats sont donnés par le tableau suivant :

Année N Flux d’intérêt F Valeur actuelle de F

au taux de 10 %

Valeur actuelle de F

pondérée par N

1 10 9,09 9,09

2 10 8,26 16,52

3 10 7,51 22,53

4 10 6,83 27,32

5 110 68,31 341,55

Total 150 100 417,01

années17,410001,417Duration == , ce qui signifie que compte tenu des intérêts perçus, la

banque récupère sa mise de fonds au bout de 4,17 années au lieu des 5 années prévues.

Nous pouvons dès lors calculer la duration du portefeuille d’actifs et du portefeuille du passif et calculer une duration totale égale à totale Actif PassifD D D= − :

Si Actif PassifD D> , la duration totale est positive et la banque fait face à un risque de hausse

des taux d’intérêt.

Si Actif PassifD D< , la banque fait face à un risque de baisse des taux d’intérêt.

Si passifActif DD = , la banque est immunisée contre le risque de taux d’intérêt.

La duration est également un indicateur de la sensibilité du prix d’un actif, aux variations des taux d’intérêt et constitue donc, un outil d’estimation du risque de taux.

La sensibilité40 est donnée par la formule suivante :

40 La sensibilité traduit la réaction du prix d'un actif à un mouvement des taux d'intérêt, et elle représente le rapport entre la variation relative du prix de l'instrument et la variation absolue du taux

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63

r1D

drV

dV0

0

S +−==

Par conséquent, on peut calculer la sensibilité d’un bilan41 comme la moyenne pondérée des sensibilités des actifs et des passifs qui le composent (la sensibilité moyenne est la moyenne des sensibilités).

Lorsque la moyenne pondérée des sensibilités des actifs et des passifs qui composent un bilan est positive, sa valeur actuelle est exposée défavorablement à une hausse des taux.

Dans ce cas en effet, la sensibilité moyenne des actifs est supérieure à la sensibilité moyenne des passifs. Si les taux augmentent, la valeur des actifs diminue d’un montant supérieur à celle des passifs. En revanche, lorsque la sensibilité moyenne pondérée est négative, il existe un risque de perte en cas de baisse des taux. Enfin, si la sensibilité est nulle, le bilan est protégé contre les déplacements parallèles de la gamme des taux.

D. Le Earning At Risk (EAR)

La méthode du EAR est utilisée pour mesurer l’impact d’un mouvement parallèle défavorable de la courbe des taux sur les gains espérés d’un portefeuille d’accumulation42.

Le EAR constitue donc une mesure de risque de taux qui se matérialise lorsque les options cachées (remboursement par anticipation, retrait massif des dépôts…) que comportent certains actifs et passifs sont exercées ou lorsque ces derniers, arrivant à échéance sont renégociés.

Le EAR se calcule comme suit:

260/défaisancedepériodegapσ2EAR ××=

Le montant du EAR est fonction des éléments suivants :

- La période de défaisance : c’est le temps nécessaire pour éliminer le risque (fermer la position de gap) qui est fonction de la nature des actifs et des passifs et des caractéristiques de marché (disponibilité des solutions de couverture adéquates).

- La volatilité des taux pendant cette période (la variation des taux), dont le calcul est basé sur une analyse historique des fluctuations des taux. Ces dernières sont supposées suivre une loi normale N (μ, σ).

41 Cette propriété est valable uniquement lorsque la gamme des taux subit un déplacement parallèle. 42 Le portefeuille d’accumulation consiste en tous les éléments de bilan et de hors bilan, sujets au traitement comptable en intérêt courus ; il inclut l’activité de refinancement, l’activité d’acquisition ou d’émission de titres, l’activité traditionnelle de prêt et emprunt, et les dérivés de taux utilisés pour couvrir ces portefeuilles. En d’autres termes, c’est un portefeuille destiné à être conservé jusqu’à son terme.

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[ ][ ] 0,95452δ μ , 2δ- μT p =+∈

[ ] 0,97725δ2 μTP =+≤

C'est-à-dire il y a 97.725% que les fluctuations de taux soient contenues dans l’intervalle ]-2σ, +2σ[.

Le facteur de neutralisation la fluctuation probable des taux d'intérêt, à la hausse ou à la baisse jusqu'à rendre les gaps fermés, dans 97,725% des cas. Il est égal à :

260N2σ FN =

N : la période de défaisance.

260 : le nombre de jours ouvrables dans une année.

EXEMPLE :

- Un prêt de 200 millions de DA sur 1 ans au taux de 11 % . - Un placement effectué 100 millions à 4 mois au taux de 10%. - Un dépôt stable pendant 6 mois de 100 millions rémunérés à un taux de 9 %. - Un emprunt de 200 millions sur le marché interbancaire de 2 mois au taux de7 %.

Hypothèses :

- La période de défaisance est supposée de 30 jours (1 mois) ; c’est le temps nécessaire pour trouver une solution de couverture adéquate.

- Le facteur de défaisance est supposé constant sur toute la période.

- Prenons σ = 0.8 % (soit 80 points de base.), par conséquent on aura un FN = 54 pb.

2.275% 2.275%

95.45%

-2 δ µ +2 δ

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Actif Passif

Gaps de

taux

Facteur de

neutralisation43 EAR

Encours initial 300 300 0 54 pb 0

1 mois 300 300 0 54 pb 0

2 mois 300 300 0 54 pb 0

3 mois 300 100 -200 54 pb -0 ,090

4 mois 300 100 -200 54 pb -0 ,090

5 mois 200 100 -100 54 pb -0 ,045

6 mois 200 100 -100 54 pb -0 ,045

7 mois 200 0 -200 54 pb -0 ,090

8 mois 200 0 -200 54 pb -0 ,090

9 mois 200 0 -200 54 pb -0 ,090

10 mois 200 0 -200 54 pb -0 ,090

11 mois 200 0 -200 54 pb -0 ,090

12 mois 200 0 -200 54 pb -0 ,090

EAR à 12 mois -0 ,810

Comme le EAR sert à mesurer uniquement la sensibilité des gains à un décalage parallèle de la structure des taux et ne tient pas compte de la sensibilité liée au différentiel des taux d’intérêt entre deux instruments de même maturité. Aussi, le portefeuille d’accumulation doit être testé pour des écarts larges et réduits entre quelques index de taux.

E. Le Cost To Close ( CTC ) :

La marge d’intérêt d’un portefeuille est figée jusqu’à l’échéance ou à la renégociation des actifs et des passifs. Cependant, les positions ouvertes entraînent une exposition de la banque au risque de taux.

Le Cost To Close (ou coût de clôture) mesure la valeur d'un portefeuille d'investissement s’il devrait être clôturé aux taux actuels du marché (mark to market).

Cette valeur du portefeuille, est obtenu par marquage au marché, c‘est-à-dire par la clôture de toutes les positions de taux (gaps de taux) à partir de l’échéance la plus lointaine vers la plus proche, aux conditions du marché actuelles. Cette la méthode a le mérite d’inclure les frais de fermeture des gaps, chose qui est négligée par la méthode des gaps comptables.

Le Cost to Close permet ainsi de mesurer la valeur du portefeuille en additionnant la marge figée du bilan aux intérêts reçus ou payé correspondant aux placements ou les emprunts appropriés.

43 C’est la fluctuation probable des taux d’intérêt jusqu’à la fermeture des gaps avec 97.725 % de chance

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Par ailleurs, il est nécessaire de calculer la sensibilité de la valeur d’un portefeuille aux variations des taux d’intérêts suite au déplacement parallèle de la courbe des taux (une variation unitaire adverse).

En plus, des calculs de sensibilité qui sont fait en situation normale, d’autres calculs doivent être effectués en situation de crise supposant des variations extrêmes des taux d’intérêts et établir des limites en CTC sur ces variations.

Exemple :

Prenons les mêmes données utilisé dans l’exemple précèdent du EAR (cf. supra) et essayant de lui calculé son CTC.

Pour fermer tous les gaps, on doit réaliser les opérations suivantes aux taux actuels du marché :

• Emprunt de 200 sur 1 an au taux de 10%. • Placement de 100 sur 6 mois au taux de 8% . • Emprunt de 100 sur 4 mois au taux de 7% . • Placement de 200 sur 2 mois au taux 6% .

1 mois 2 mois 3 mois 4 mois 5 mois 6 mois 7 mois 8 mois 9 mois 10 mois 11 mois 12 mois

Actif 300 300 300 300 200 200 200 200 200 200 200 200

Taux moyen pondéré 10,67% 10,67% 10,67% 10,67% 11% 11% 11% 11% 11% 11% 11% 11%

Passif 300 300 100 100 100 100 0 0 0 0 0 0

Taux moyen pondéré 7,67% 7,67% 9% 9% 9% 9% 9% 9% 9% 9% 9% 9%

Gap ( passif - actif ) 0 0 -200 -200 -100 -100 -200 -200 -200 -200 -200 -200

intérêts fixes 0,75 0,75 1,92 1,92 1,08 1,08 1,83 1,83 1,83 1,83 1,83 1,83

Emprunt de 200 à 1an 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200 200

nouveau Gap 200 200 0 0 100 100 0 0 0 0 0 0 intérêts de clôture au taux 10%

-1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67

Placement 100 à 6 mois -100 -100 -100 -100 -100 -100 0 0 0 0 0 0

nouveau Gap 100 100 -100 -100 0 0 0 0 0 0 0 0

intérêts de clôture au taux 8% 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0,67 0 0 0 0 0 0

Emprunt de 100 à 4 mois 100 100 100 100 0 0 0 0 0 0 0 0

nouveau Gap 200 200 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

intérêts de clôture au taux 7% -0,58 -0,58 -0,58 -0,58 0 0 0 0 0 0 0 0

Placement 200 à 2 mois -200 -200 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

nouveau Gap 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

intérêts de clôture au taux 6% 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

total intérêts de clôture -0,58 -0,58 -1,58 -1,58 -1 -1 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67 -1,67

total intérêts ( fixes + de clôture) 0,17 0,17 0,33 0,33 0,08 0,08 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17 0,17

Cumul des revenus 0,17 0,33 0,67 1 1,09 1,17 1,34 1,5 1,67 1,84 2 2,17

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F. La Value at Risk ( VaR ): La Value-at-Risk est apparue le jour où le Président de la J.P. Morgan Bank (banque américaine fondée en 1828), Denis Weatherstone, a demandé un rapport journalier résumant l’exposition de la banque aux facteurs de marché et estimant la perte maximale potentielle dans les prochaines 24 heures.

Toutefois, c’est la J.P.Morgan Bank qui a eu le mérite d’être la première à introduire la VaR techniquement (c’est-à-dire méthode de calcul et interprétation),en octobre 1994.

1. La définition de la VaR :

« La Value-at-Risk est une estimation de la perte potentielle (exprimée dans une unité monétaire) qui peut résulter de la détention d’un portefeuille de produits financiers sur une période donnée (un jour, une semaine, etc.), avec un niveau de confiance choisi à priori (95%, 99%, etc.) dans des conditions défavorables de fluctuation des marchés ».44

Si l’on note x le seuil de confiance choisi, la VaR correspond au montant de perte potentielle sur une période de temps fixée qui ne sera dépassée que dans x% des cas. Le seuil 1-x est donc égal à la probabilité que le montant de pertes ne dépasse pas la VaR en valeur absolue. Ainsi, la VaR vérifie l’équation : Prob (perte >VaR ) = x

Exemple :45

Pour un portefeuille de 500000 dinars, la VaR nous permet par exemple de dire qu’en l’absence d’événements défavorables exceptionnels (worst case scenarios), il y a 95% de chances que le portefeuille reparte à la hausse ou qu’il perde 40000 dinars ou moins d’ici la fin du mois.

L’horizon de calcul et la probabilité associée sont des paramètres qui conditionnent le résultat.

• le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire recommande un horizon de 10 jours et une probabilité n’excédant pas 1%.

• l’outil RiskmetrixTM de JP. Morgan utilise des paramètres respectifs de 1 jour et 5%.

L’horizon correspond à la durée nécessaire pour déboucler la position. Il dépend notamment du domaine d’activité, de la nature du portefeuille et des données générales du marché (liquidité, importance du marché financier, etc.).

La probabilité dépend de l’aversion au risque du propriétaire du portefeuille Plus la probabilité utilisée est faible, plus la VaR sera élevée.

44 GAUSSEL, N., LEGRAS, J., LONGIN, F., RABEMANANJARA, R., Au-delà de la VaR, Quants n° 37, Recherche et Innovation, CCF. 45 Cet exemple est inspiré de la revue : Les cahiers de la finance, Akimou Ossé, Mai 2002.

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2. Les méthodes de calcul de la VAR

- Le modèle paramétrique :

Cette approche est la plus communément employée car simple conceptuellement et dans sa mise en œuvre, elle se base sur la matrice de variances-covariances des facteurs de risque ainsi que sur les vecteurs de sensibilité des actifs composant le portefeuille par rapport à ces facteurs de risque.

La méthode paramétrique d’estimation de la VaR s’appuie sur les hypothèses suivantes :

- Les variations des prix et des taux du marché, et par conséquent, la valeur du portefeuille, sont distribués selon la loi normale d’écart type σ. - Le portefeuille est une combinaison linéaire des facteurs gaussiens et donc les P & L (profits and losts) est une combinaison linéaire des variations de ces facteurs.

Le calcul de la VaR passe par l’estimation de la moyenne m et de la volatilité des rendements futurs du portefeuille σ (à partir de données historiques) :

)Zm(EncoursVaR σq+−×= , où Zq est le coefficient correspondant au niveau de

confiance choisi. Ce coefficient est égal par exemple à 2 pour un niveau de confiance de 97.725 % ou à 1.65 si le niveau de confiance est de 95%46.

- Le modèle historique :

Dans cette approche, la distribution des variations futures des facteurs de risque est assimilée à celle observée sur une période passée47. En effet, on utiliser la distribution passée réelle des facteurs de risque auxquels le portefeuille est soumis et on applique les mouvements dans les prix et taux passés à la composition actuelle du portefeuille.

La VaR est ensuite obtenue en lisant le quantile approprié sur l’histogramme des P&L simulés du portefeuille. Ainsi, sur une série de 500 P&L quotidiens, la VaR à un jour à 99% est égale à la sixième plus grande perte observée sur l’histogramme.

- La simulation de Monté Carlo :

Cette méthode consiste à choisir une distribution pour les variations des facteurs de risque, simulée à travers une modélisation mathématique dans l’approche stochastique, après avoir pris soin de valider ces choix par des tests statistiques adéquats. À partir du modèle choisi, on simule un grand nombre de scénarii futurs avec un ordinateur. Les résultats de l’application de ces différentes simulations à la composition actuelle du portefeuille, sont ensuite utilisés pour 46 Ces chiffres résultent directement des tables de la loi normale. 47 On émet l’hypothèse que la distribution des rendements observée à partir des données historiques se reproduira à l’avenir « Tomorrow may be like one of your yesterdays ».

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estimer la distribution des P&L hypothétiques du dit portefeuille, enfin la VaR est déterminée à partir de cet échantillon simulé.

Toutefois, la VaR doit être complétée par la simulation de crise (stress testing) qui analyse les répercussions d’événements exceptionnels sur le portefeuille. Aussi, la validité de cette méthode suppose qu’elle est capable d’expliquer les résultats passés. Pour cela on doit faire des testes sur les données passées (backtesting), en comparant ex-post les variations effectives de la valeur du portefeuille et de la VaR et d’en dégager les fréquences de dépassement. Ces dernières seront comparées avec les fréquences données par l’intervalle de confiance choisi.

Par ailleurs, la VaR doit faire l’objet d’une utilisation particulière en gestion actif passif, du fait que l’horizon temporel de la gestion du bilan n’est pas du tout comparable à celui à très court terme correspondant à la gestion d’un portefeuille de négociation ; et que contrairement aux éléments financiers, les actifs et passifs bancaires ne sont pas arbitrables entre eux, puisqu’ils dépendent le plus souvent de facteurs comportementaux de la clientèle et non d’options qui seraient entre les mains du banquier.

Bien que la VaR puisse en théorie être utilisée pour la quantification des risques de marché, des risques de crédit, des risques de liquidité et des risques opérationnels, seule son application au risque de marché est aujourd’hui réellement opérationnelle.

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SECTON 3 : RISQUE DE CHANGE Le risque de change est lié à la mondialisation des marchés. Au cours des deux dernières décennies, l’utilisation d’opérations financières libellées en devises s’est notamment développée et diversifiée dans les banques et les sociétés financières. Le risque de change se définit, dans ce cas, comme un risque associé à toute transaction financière sensible aux fluctuations de change. Le règlement de ces opérations marque le dénouement du risque et se traduit soit par un profit soit par une perte de change. Parmi ces opérations, l’on peut citer pour l’exemple : - les prêts/emprunts de devises donnant lieu au paiement d’intérêts en devises ; - les achats/ventes de titres libellés en devises pour des placements ; - les distributions ou réceptions de dividendes en devises pour des participations multinationales ; - la consolidation des comptes de filiales étrangères.

3.1 Sources du risque de change : Plusieurs facteurs48, généralement macroéconomiques, peuvent être à l'origine du risque de change : - les variations des cours aussi bien sur le marché domestique qu'à l'étranger ; - le volume et le sens des flux de marchandises et de capitaux dans un pays ; - les évènements politiques prévisibles et imprévisibles ; - les anticipations des agents et les opérations spéculatives sur les devises ; Tous ces facteurs affectent les cours des devises et exposent de ce fait la banque à un risque de change lequel peut revêtir trois formes : il peut s'agir d'un risque de transaction, de traduction ou de consolidation49. Généralement, on parle de risque de :

• transaction, quand il y a une modification de la rentabilité des opérations libellées en devises du fait des fluctuations des taux de change

• traduction, lorsqu'il s'agit pour un établissement de convertir, par exemple en dinars

algériens (devise d'expression), ses résultats libellés en Euro (devise d'origine). Il s'agit dans ce cas pour l'établissement de ramener dans les comptes sociaux les résultats générés par une activité en devise.

48 VAN GREUNING H. et BRAJOVIC BRATANOVIC S., Analyse et gestion du risque bancaire, ESKA, Paris, 2004, page 262. 49 Dubernet M., Op. Cit., pages 93-94.

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• consolidation, lors de la consolidation des comptes d'un groupe ayant des filiales à l'étranger: le résultat consolidé d’un groupe peut être moindre si les résultats des filiales étrangères sont positifs (resp. négatifs) et les devises d’activité de ces filiales dévaluées (resp. réévaluées) par rapport à la monnaie de consolidation.

Van Greuning et Bratanovic50 regroupent les risques de traduction et de consolidation en risque de réévaluation ou de conversion. Ils distinguent également une autre catégorie de risque appelée risque économique ou risque d'activité qui tient compte de l’impact de l'évolution adverse des taux de change sur la position concurrentielle, par exemple, de la banque.

3.2 Mesure du risque de change : la position de change :

Le risque de change peut se définir comme l’incidence, sur le patrimoine et les résultats, de la variation des cours des monnaies étrangères. Techniquement, ce risque est mesuré par la position de change.

A. Définition : La position de change nette PCN (ou Net Exchange Position) constitue l’assiette du risque, c’est-à-dire, la base sur laquelle sera mesurée l’exposition de la banque au risque de change. Elle est égale à la différence entre les actifs (opérations d’achat au comptant et contrats d’achats à terme compris) et les passifs (opérations de vente au comptant et contrats de vente à terme compris) libellés en devises étrangères enregistrés au bilan et en hors-bilan.

Position de change nette = actif (bilan et hors bilan) dans une devise – passif (bilan et hors bilan) dans la même devise

Cette position peut être :

• Ouverte : si les flux à recevoir et à livrer ne s'équilibrent pas dans la même devise et sur la même échéance. Une position ouverte est soit longue, soit courte.

- Elle est longue ou positive si les avoirs sont supérieurs aux engagements réalisés dans la même devise. - Elle est courte ou négative si les avoirs libellés en une devise sont inférieurs aux engagements réalisés dans la même devise.

• Fermée : lorsque les avoirs et les engagements libellés dans une même devise s'équilibrent, sur une échéance donnée.

50 VAN GREUNING H. et BRAJOVIC BRATANOVIC S., Op. Cit., page 263.

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• De mismatching : si les avoirs et les engagements s'équilibrent mais leurs échéances respectives ne sont pas les mêmes. Ces différentes positions ne sont pas sans conséquences sur les résultats de la banque. En effet:

- Si la banque a une position de change longue dans une devise et que cette devise s’apprécie, la banque réalise un profit. Dans le cas inverse, elle subit une perte. Si elle a une position courte dans une devise et que cette devise s’apprécie, elle subit une perte. En revanche, si la devise se déprécie, la banque réalise un profit. Le tableau suivant résume ces différentes situations :

Position longue Position courte Position fermée

Hausse du cours Gain Perte Rien Baisse du cours Perte Gain Rien

Tableau 6. Impact des évolutions des cours de change sur les résultats

La stratégie de la banque consiste à établir des positions avantageuses, en fonction des estimations faites sur les cours futurs, et ce dans un but de maximiser les gains de l’établissement. Exemple : En prenant un exemple simplifié de la devise « euro » (EUR), un établissement, à un instant t, peut avoir la position suivante :

Actifs USD Passifs USD

Actifs 6 000 EUR Achat à terme 1 000 EUR _____________

7 000 EUR

Passifs 4 500 EUR Vente à terme 1 500 EUR _____________

6 000 EUR PCN = 7 000 – 6 000 = 1 000 EUR (position dite longue, car les actifs sont supérieurs aux passifs). Avec un cours de référence de 1 EUR = 90 DZD, et pour une variation de 10 nous aurons :

Cours Montant Contre-valeur Ecart

1 EUR = 100 DZD 1 EUR = 90 DZD 1 EUR = 80 DZD

1000 EUR 1000 EUR 1000 EUR

100 000 DZD (1 000 x 100) 90 000 DZD (1 000 x 90) 80 000 DZD (1 000 x 80)

+ 10 000 (100 000 – 90 000) 0

- 10 000 (80 000 – 90 000)

Une variation de 10 du cours de la devise aura une incidence sur le résultat : - un gain en cas de hausse de l’euro (baisse du dinar) ; - une perte en cas de baisse de l’euro (hausse de du dinar).

B. Tableau de position de change : La position de change nette doit être calculée devise par devise et échéance par échéance car les actifs et les passifs d’une banque (même pour la même devise) n’ont pas toujours les mêmes échéances, pour cela un tableau de position de change est établi sur la base des flux

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d’encaissement et/ou de décaissement prévisionnels. En calculant la position de change, courte ou longue, sur chaque devise puis la position de change totale, cette mesure donne une idée sur l'assiette du risque de change de la banque comme illustré dans le tableau ci-après :

Fin de mois USD GPB CHF EUR JPY Total51

Total des actifs immobilisés

Total des dettes à long terme

Position nette au comptant

Engagement à terme décalé

Filiales étrangères/opérations

Position nette sur produits dérivés

Position nette ouverte effective après couverture

Position nette ouverte maximale au cours du mois

Tableau 7. Les positions ouvertes en devises étrangères52

Les éléments listés dans ce tableau traduisent une démarche pour calculer la position nette ouverte sur les devises d'intervention d'une banque sur une période d'un mois par exemple, en tenant compte à la fois des éléments de bilan et de hors-bilan. En additionnant leurs valeurs absolues, on obtient la position nette ouverte totale. De fait, la manière de totaliser les positions nettes ouvertes des différentes devises dépend de l’attitude de la banque en matière de gestion des risques. Une banque prudente procèdera par l’addition des valeurs absolues des positions ouvertes, ce qui signifie que les taux de change de toutes les devises sont censés évoluer de telle manière que toutes les positions entraîneront des pertes de façon simultanée. Une banque moins prudente prendra comme position nette ouverte globale la plus grande valeur entre la somme des positions nettes courtes et la somme des positions nettes longues. Cette dernière méthode est aussi appelée « short hand method », et elle a été admise aussi bien par le Comité de Bâle que par l’Union Européenne. Le tableau de position est un moyen très important en matière de gestion de risque de change. Cependant, son établissement nécessite un système d’information performant afin d’assurer la circulation de l’information entre les différentes entités de l’établissement.

C. Le cours de valorisation : Le cours de la position de change nette n'est qu'une moyenne pondérée des cours des différents éléments constitutifs de la position. 51 Le total devra être exprimé dans une devise de référence 52 VAN GREUNING H. et BRAJOVIC BRATANOVIC S., Op. Cit., page277.

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Exemple : Position financière longue : 875 M€ à 1.45 (cours EUR/CHF) Position commerciale courte : 546 M€ à 1.44. La position nette globale : 329 M€ à 1,4665

1,4665= (��� ∗ �, �� – ��� ∗ �, ��)(��� – ���)

La banque est longue de 329 M€ à 1,4665. La hausse du cours s'explique par la vente des euros à un cours moins élevé 1,44 par rapport au cours d'achat qui est de 1,45. Le calcul de chaque position de change doit être mis à jour instantanément car les cours de change fluctuent et le montant des éléments de la position de change varie aussi.

3.3 Fonds propres et risque de change : Tout comme le risque de taux d'intérêt, le risque de change entame les fonds propres de la banque. C'est pourquoi, pour être en conformité avec les exigences réglementaires en vigueur, la banque doit toujours déterminer l'exposition de ses fonds propres au risque de change dans le souci d'une meilleure gestion de ce risque. Elle peut à ce titre exprimer sa position nette ouverte globale en pourcentage de ses fonds propres éligibles et confronter ces valeurs au ratio des fonds propres en vigueur dans son environnement (exemple : 8% pour le ratio de Cooke). Des actions de redressement s'imposeront alors en cas de non respect de la norme en vigueur. « La position nette ouverte globale est la plus grande valeur entre la somme des positions nettes courtes et la somme des positions nettes longues, plus la position nette (courte ou longue) en or, sans considération de signe »53 comme l'illustre la figure ci-dessous :

Figure 7. L'exposition au risque de change en % des fonds propres éligibles

D'après cette figure, on a : - somme des positions nettes ouvertes courtes = -12% (USD) -2% (JPY) = -14% - somme des positions nettes ouvertes longues = 9% (GBP) + 5% (EUR) + 3% (Autres) = 17%

53 VAN GREUNING H. et BRAJOVIC BRATANOVIC S., Op. Cit., page277.

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- plus grande valeur entre les 2 précédentes = somme des positions nettes ouvertes longues=17% - position nette ouverte globale = 17% + |-4%| (Or) = 21%. Le risque de change représente alors 21% des fonds propres éligibles, ce qui est largement au-delà de la norme réglementaire et doit être corrigé. L’autre méthode possible pour calculer l’impact des variations des cours de change sur les fonds propres est la Value-at-Risk que nous avons déjà présentée dans la section précédente. Elle permet de mesurer les pertes exceptionnelles devant être absorbées par les fonds propres.

SECTION 4 : LES LIMITES DE RISQUES Afin d’aboutir à une bonne gestion des risques on doit procéder à une fixation de limites que l’établissement ne doit pas franchir. En effet, à partir des objectifs de gestion que se donne l’établissement (limites de risques notamment), le gestionnaire ALM décide des actions destinées à ramener les risques en question dans des limites supportables au vu des contraintes réglementaires (contraintes externes) et de celles propres à la stratégie de l’établissement (contraintes internes traduisant notamment les exigences des actionnaires d’une part, des investisseurs qui le refinancent d’autre part).

4.1 Limites pour le risque de liquidité : Le risque de liquidité peut être fatal pour la banque. En effet, en cas d'impossibilité prolongée de régler ses dettes, celle-ci peut être déclarée en cessation de paiement. Il lui est primordial donc de se fixer des limites visant à prévenir ce risque. Ces limites sont dites d'impasses de liquidité, qui fixent un niveau maximum de besoin de fonds (gap négatif cumulé) en fonction de la durée à courir. Réduire le risque de liquidité revient donc à limiter la transformation. Transformer les dépôts à court terme en crédits à plus long terme est, certes, une mission traditionnelle et fondamentale des banques. Mais cette transformation doit être limitée et contrôlée à un niveau acceptable. Les impasses doivent être modérées et une limite doit être fixée par la direction générale en termes d’impasses par période et d’impasses cumulées. Des limites particulières peuvent aussi être fixées aux différents intervenants qui encadrent l’action quotidienne des services décentralisés. Ces limites doivent ensuite être gérées et respectées. La fixation de ces limites dépend principalement de la capacité de l'établissement à trouver des fonds sur le marché. Cette capacité dépend de :

1. L'image de la banque c'est-à-dire sa notoriété, sa taille, sa rentabilité et sa solvabilité

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(rating) : la notation attribuée par les agences de rating joue un rôle essentiel aussi bien pour définir la capacité d’accès au refinancement que son coût.

§ La structure du marché et de la liquidité générale (la nature structurellement prêteuse ou emprunteuse des contreparties auxquelles il peut avoir recours).

§ La santé financière du pays, mesurable par le taux de l'épargne et les besoins d'investissement qui donne aussi des indications utiles sur la liquidité disponible de même que la politique monétaire de la banque centrale désireuse ou non de maintenir des taux d'intérêt élevés.

§ Le nombre de contreparties bancaires susceptibles de prêter de l'argent à la banque. § Le degré d'aversion au risque des actionnaires.

C’est pour toutes ces raisons que certains établissements se fixent a priori des règles de financement, et l’on constate que d’une banque à une autre, les règles d’adossement et les limites internes peuvent être très significativement différentes : Une banque commerciale tire sa liquidité essentiellement de la qualité de ses dépôts clientèle. Les dépôts à vue peuvent statistiquement être considérés comme relativement stables, et ce à deux conditions : que la réputation de la banque ne soit pas mise en cause et que le nombre de titulaires de comptes soit élevé pour assurer une division importante des risques. Plus le nombre de comptes est élevé et le montant moyen faible, plus les dépôts sont stables. La banque doit donc diversifier ses ressources et éviter les concentrations. Pour cela, au même titre que les crédits, aucun déposant individuel ne doit représenter une proportion importante des dépôts. Par ailleurs, un établissement financier trouve sa liquidité dans la faiblesse de ses exigibilités à court terme (pas de dépôts) et dans la disposition de ressources longues (fonds propres, emprunts obligataires..).

4.2 Limites pour le risque de taux d’intérêt : Une fois le risque de taux d’intérêt mesuré, il convient de fixer des limites ou un seuil maximum de pertes. Ces limites sont fixées par la direction générale sous le contrôle du conseil d’administration et fréquemment gérées par une cellule ALM. Ces seuils peuvent concerner des éléments tels que la marge d'intérêt, les fonds propres, l'assiette du risque, le volume des encours ou encore les provisions stop-loss qui sont des provisions destinées à couvrir les excédents de pertes. L’idée est que la banque fixe des limites à l’impact qu’elle se prépare à subir sur ses profits et à la valeur économique de ses capitaux propres en cas de fluctuations des taux d’intérêt sur le marché. La forme de ces limites doit être fonction de la dimension et de la complexité des positions de la banque. Pour les banques qui se consacrent aux activités bancaires traditionnelles et qui ne sont pas détentrices d’instruments dérivés ni d’instruments intégrants des options, des limites simples

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tels les limites « en gap » ou « en duration » suffisent. Pour les banques dont les activités sont complexes et diversifiées, un système de limites élaboré peut être nécessaire, afin que soient prises en compte toutes les sources possibles du risque de taux d’intérêt. Un tel système doit aussi prendre en compte des scénarii spécifiques de mouvements des taux d’intérêt et l’historique de la volatilité des taux.

A. Limites en gap : Fixer des limites de risque pour la marge d’intérêt consiste à décider quelle est la baisse maximale acceptable. Etant donnée la variation maximale du taux de marché, il existe une valeur du gap telle que la marge ne peut pas franchir la limite fixée.

Gap limite = variation limite de la marge / variation maximale des taux d’intérêt

La limite de la marge peut être exprimée en pourcentage du PNB, elle est réévaluée périodiquement en fonction des marges financières réellement dégagées et du PNB projeté. Cette limite est complétée par deux indicateurs qui traduisent les contraintes de temps et de modification de l’environnement : - Le coût immédiat de fermeture (Cost to Close) ; - Le Earning-at-Risk des gaps calculés par une simulation des taux selon la variation du taux de référence, en mettant la situation la plus pénalisante pour la banque en fonction du sens dominant des gaps.

B. Le stop-loss de position54 : Par cette limite, au-delà d’une certaine perte, le gestionnaire est prié de clôturer ses positions et d’« accepter sa perte » en les soldant à quelque prix que ce soit. Cette pratique vise à protéger la banque contre l’aggravation des pertes et d’éviter par exemple que le gestionnaire, essayant de se « refaire » quand il se rend compte que ses positions sont perdantes, joue son va-tout et prenne des risques encore plus grands en espérant, par un gain important, revenir dans une situation plus confortable. En général, ce genre de limites ne s’applique qu’aux positions extrêmement liquides, principalement pour les opérations de marché, pour pouvoir être soldées quasi-instantanément et à tout moment, sinon la notion de stop-loss n’a plus de sens55.

54 Cette limite est spécifique aux établissements orientés dans l’activité de marché caractérisée par une liquidité forte. Cependant, elle peut être utilisée pour des directions qui gèrent les portefeuilles de titres ; par exemple, la direction de gestion des valeurs mobilières 55 Sur les marchés qui sont volatils ou peu liquides, la limite stop-loss peut ne pas être pleinement efficace, et il se peut que le marché dépasse un seuil de déclenchement du stop-loss avant que l’on ait pu fermer une position ouverte.

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C. Limite de position exprimée en Value-at-Risk : La Value-at-Risk est la perte maximale que peut subir un portefeuille sur une période donnée à une certaine probabilité. La Value-at-Risk est une limite de perte potentielle, contrairement au stop-loss qui est une limite de perte effective, c’est -à-dire déjà constatée. Lorsqu’un stop -loss est atteint, la position détenue se révèle perdante à hauteur de la limite fixée et doit être soldée. Dans la Value-at-Risk, on ne mesure que la perte qui pourrait survenir dans le cas d’une évolution défavorable des paramètres encore à venir. Il s’agit donc d’une projection hypothétique dans le futur et non de la constatation d’une perte réelle56. Dans le but de prévenir des pertes importantes, la Value-at-Risk s’impose comme un indicateur « directeur » ou structurant duquel peuvent dériver toutes les limites de gestion fixées (limites en delta, gamma…).

D. Limites en sensibilité (limites en delta et/ou en gamma) : Rappelons que la sensibilité représente la variation de la valeur économique suite à une variation d’un paramètre de marché. Limiter la sensibilité des positions est une manière pratique de limiter les risques, car les opérateurs disposent en temps réel ou presque de leur sensibilité et peuvent s’assurer en permanence qu’ils respectent leur limite. En cas de dépassement d e cette limite, ils ont les moyens de revenir dans leur limite par la prise de positions leur procurant une réduction de leur sensibilité. La sensibilité peut être mesurée à l’ordre 1 (delta: dérivée du prix par rapport au paramètre), à l’ordre 2 (on parle dans ce cas de convexité57 –gamma-), voire au-delà. Des limites en delta et/ou gamma peuvent donc utilement être fixées.

4.3 Limites pour le risque de change : La recommandation de Bâle, concernant la supervision et la gestion, est de faire en sorte qu’une banque mette en place des limites appropriées et qu’elle applique les contrôles internes qui conviennent pour ses activités sur le marché des changes. Les procédures de gestion des risques doivent permettre d’assurer la couverture de l’exposition aux devises étrangères que la banque se prépare à assumer, et elles doivent au moins comprendre des limites ponctuelles, journalières et à terme pour les devises dans lesquelles la banque est autorisée à s’exposer : aussi bien pour les devises prises une à une que pour toutes les devises ensemble. Il s’agit de déterminer aussi les limites de stop-loss et les limites de règlement. 56 On peut avoir une position très perdante (perte constatée) avec une Value-at-Risk ne dépassant pas la limite de perte potentielle fixée, et réciproquement une position gagnante avec une Value-at-Risk au-delà de la limite autorisée. 57 La convexité mesure la rapidité avec laquelle la duration change en fonction d’une variation très faible des taux d’intérêt. En coordonnant convexité et duration des éléments de l’actif et du passif, le risk manager peut mesurer avec plus de précision son risque de taux d’intérêt.

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A. La limite de la position nette ouverte: C’est une limite globale de l’exposition au risque de change pour une banque. Normalement exprimée sous forme d’un pourcentage des fonds propres de la banque, elle peut aussi apparaître sous forme d’un rapport à l’actif total ou à une autre référence. Logiquement, la limite de la position nette ouverte représente un indicateur de la perte maximale que la banque risque de subir en raison du risque de change. La position nette ouverte ne doit pas dépasser une valeur prédéterminée.

B. Les limites de la position en devise : Une banque bien gérée doit aussi garder un ensemble de limites spécifiques pour son exposition au risque dans certaines devises. En d’autres termes, elle doit fixer des limites sur les positions ouvertes dans chaque devise. Ces limites peuvent être ajustées au cas par cas en fonction des prévisions de la banque concernant l’évolution des taux de change entre la monnaie nationale et les devises étrangères.

C. Les provisions stop-loss : Le contrôle nécessite aussi une limite établie pour alerter les opérateurs des pertes actuelles réalisées sur diverses positions et/ou devises. Au-delà de cette perte maximale autorisée, la position doit être obligatoirement clôturée. C’est le système de stop-loss.

D. Les limites agrégées sur les contrats : Ces limites donnent les montants maximaux et les échéances maximales autorisées pour chaque produit négocié et par contrepartie. La valeur de marché d’un contrat libellé en devise étrangère est normalement sensible à la fois à l’échéance du contrat et aux taux de change entre les devises concernées. Une forte concentration est toujours facteur de risque. C’est pourquoi une banque doit fixer des limites à la valeur nominale maximale d’un contrat dans une devise particulière et/ou sur la valeur nominale totalisée de l’ensemble des contrats.

E. Les limites en VAR: Elles concernent la perte maximale que peut subir un établissement dans un intervalle de confiance donné.

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SECTION 5 : LA COUVERTURE DES RISQUES La couverture ou le hedging est destinée aux banques ayant des positions exposées aux risques et veulent se prémunir contre les évolutions défavorables de ceux-ci. Cette couverture a pour objectif la suppression pure et simple des risques. Ces derniers, émanant généralement de l’existence d’une position (gap non nul). L’annulation ou la réduction de ces risques consiste en la suppression du gap soit par soit la recomposition du bilan, soit par le recours au marché des produits dérivés.

5.1. La recomposition du bilan : La recomposition du bilan est une technique de couverture contre les risques de liquidité et de taux (d’intérêts et de change), consistant à modifier la structure du bilan en intervenant sur les opérations qui composent le bilan ainsi que leurs horizons.

A. L’adossement : L’adossement est une pratique ancienne qui vise à préserver l’équilibre du bilan. Il constitue une référence de base en matière de couverture en liquidité et en taux.

1. Définition et avantages :

« L’adossement est réalisé lorsque les profils d’amortissement des emplois et des ressources sont similaires et lorsque les taux de référence sont les mêmes »58

. L’usage est de dissocier l’adossement en liquidité qui consiste à répliquer à l’actif et au passif les montants et les profils d’amortissement des emplois et des ressources, de l’adossement en taux qui consiste à choisir les mêmes taux de référence fixes ou variables dans les deux cotés. L’adossement offre un double avantage : en liquidité, le financement des emplois par des ressources de profil d’échéance comparable minimise les besoins de liquidité présents et futurs. En outre, si les taux sont de même nature -fixes sur un horizon ou variables avec indexation sur la même référence- la marge de l’opération est bloquée car le client paie le coût de refinancement augmenté de la marge en pourcentage.

2. La réalisation de l’adossement global :

Pour réaliser l’adossement global du bilan il suffit d’annuler les impasses en stock futures à toutes les dates. Toutes les impasses en flux, donc tous les besoins de financements prévisionnels, s’annulent. Cet adossement n’assure pas l’annulation de la position de taux car la marge est sensible aux variations des taux tant que les masses des actifs et des passifs à taux variable ne sont pas 58 BESSIS. J, Op Cit, page 100.

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identiques. Le risque de taux est neutralisé lorsque les structures des actifs et des passifs par taux de référence sont identiques sur toute la période. L’adossement spécifique consiste à définir un adossement exact à tout nouvel emploi par une opération financière adaptée. Cela revient à refinancer chaque actif du bilan par une ressource de mêmes caractéristiques financières : montant originel, profil d’amortissement, nature de taux (fixé, indexé), caractéristiques optionnelles (remboursements anticipés par exemple)59. Ainsi, si toutes les nouvelles opérations sont adossées exactement, l’adossement global est aussi réalisé sur le bilan clientèle et se pérennise au fur et à mesure que les opérations nouvelles adossées sont réalisées. Les adossements en liquidité globaux sont donc mis en place sur des positions nettes, c’est-à-dire en partant des profils d’impasses résultant des engagements existants. Le schéma d’adossement spécifique est généralement suivi pour les opérations clientèle de montants importants. Les adossements sont inévitablement approximatifs. La sécurité qui semble résulter de ce « face à face » des passifs et des actifs est, pour une part, illusoire. Tout changement dans la structure du bilan rend périmé l’équilibre antérieur60.

B. Les stratégies de financement : La couverture en liquidité consiste à mettre progressivement en place les financements requis pour rééquilibrer le bilan. La question est de savoir le montant et la structure par échéance de ces financements. Les profils des impasses donnent les positions de liquidité mais ne déterminent pas la solution de financement. Rééquilibrer le bilan à chaque date, fixe seulement le montant de financement à lever. Il reste donc à choisir leur profil d’amortissement en fonction des objectifs de liquidité et de taux. Le choix des financements dépend des considérations sur les taux parce que les coûts de financements sont différenciés selon les échéances. Dans les exemples ci-dessous, l’objectif est d’adosser exactement le bilan en liquidité. Cela revient à prendre le profil des actifs comme profil «cible » pour les ressources. Le choix de l’horizon est d’abord nécessaire. Ensuite, le choix s’effectue entre le financement à court terme qui implique des renouvellements futurs à brève échéance au moment où ces financements tombent, et les financements à long terme qui couvrent les besoins sur un horizon plus éloigné. La solution à court terme consiste à contracter des financements courts de période en période, c’est-à-dire en strates verticales. Seule la première strate est mise en place au taux courant, les autres le seront plus tard au fur et à mesure des besoins. 59 Cette approche est valable pour le risque de change : les positions de change susceptibles d’engendrer des pertes trop élevées sont neutralisées par la recherche d’adossements. Ainsi la banque en position courte à 1 mois sur le dollar et qui redoute une hausse du cours peut acheter des titres calés sur cette échéance et libellés en dollars. 60 DARMON. J, Op Cit, page 322.

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Figure 8. Financement à court terme des impasses en flux

Dans ce cas, le bilan est constamment sous-consolidé. Cette solution est favorable si on anticipe une baisse ultérieure des taux, les tranches différées seront financées à des taux plus faibles. Mais, si cette anticipation est incorrecte, ces tranches risquent de devenir plus coûteuses qu’un financement immédiat à long terme. Pour fixer les taux dès aujourd’hui, il est possible de mettre en place un financement à long terme couvrant la totalité des impasses. La durée maximale des financements est fixée en fonction de l'amortissement des actifs pour ne pas engendrer d’excédents futurs.

Figure 9. Financement à long terme des impasses en flux

Ainsi, on obtient un financement en strates horizontales partant de l’origine. La première strate est mise en place jusqu’à l’horizon final. La deuxième tombe avant la première, et la troisième est encore plus courte. Dans ce cas l’adossement est effectué en totalité avec les taux courants. Cette solution est favorable si on anticipe une hausse des taux : vaut mieux bloquer les taux et donc la marge dés maintenant. Mais une telle stratégie d’adossement est plus dangereuse qu’il n’y paraît car elle risque de se traduire par une sur consolidation très importante. En effet, les ressources qui apparaissent à court terme dans le profil des impasses (dépôts clientèle, prêts interbancaires…) ont des chances sérieuses d’être à nouveau disponibles dans deux ou cinq ans. Couvrir à l’avance ces impasses sans en tenir compte ferait apparaître un surfinancement très important.

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C. La titrisation : La titrisation consiste, pour une banque, à se défaire d’un crédit auprès de tiers. Elle permet de normer certains risques comme par exemple le risque de remboursement par anticipation, le risque de contrepartie, le risque de taux et le risque de liquidité, en les transférant partiellement ou totalement, moyennant rémunération aux investisseurs. Le risque de taux d’intérêt est généré par un adossement imparfait entre les emplois et les ressources. Tout d’abord, la déconsolidation d’actifs permet aux établissements de crédit de transférer sur les fonds communs de créances les risques liés à une immobilisation de créances, risques qui sont a priori supportés par les fonds propres. Dans le même temps, l’établissement de crédit échappe à la gestion du risque de taux (ceci grâce à la mutualisation des risques) pour laquelle, il n’existe pas réellement de couverture appropriée, si ce ne sont que par des techniques qui s’inscrivent en hors-bilan (swaps et FRA…). Dans le cas présent, est substituée une marge aléatoire à une rémunération certaine. Il faut ensuite, indiquer que le transfert des créances qui se réalise en pleine propriété, fait intervenir des cédants sélectionnés et les risques transférés sont ainsi limités. Enfin, la cession totale des actifs soustraits au risque de remboursement anticipé de ces prêts. Ce transfert comporte un coût : Le prêteur revend le prêt à un taux inférieur à celui consenti au créancier. Si l’établissement de crédit ne transfère pas la collecte des mensualités en même temps que le prêt, il conserve le revenu direct associé à la signature du prêt. Ainsi, le gestionnaire peut à tout moment faire sortir de son bilan, des titres représentatifs de créances selon ses anticipations sur l’évolution des taux. Cette technique peut donc servir d’outil de gestion du risque de liquidité et de taux de bilan.

D. L’immunisation en duration :

La duration permet de mesurer le risque de taux d’intérêt sur les différents éléments du bilan. Les écarts de duration établis nous renseignent sur la sensibilité du bilan bancaire aux variations de taux et nous offre ainsi un moyen d’appréciation du risque de taux. L’immunisation en duration consiste donc, à parvenir à un écart de duration nul entre les emplois et les ressources, c’est-à-dire à égaliser la duration de l’actif à celle du passif. Il s’agit donc de rendre la sensibilité des actifs égale à celle des passifs. L’immunisation consiste donc, à ajuster ces écarts selon le niveau du risque souhaité et selon les anticipations de taux faites par les gestionnaires.

5.2 L’utilisation des produits dérivés : La volatilité des taux d’intérêt et de change a conduit, les financiers à s’interroger sur les instruments capables d’apporter une protection efficace pour annuler ou atténuer ces risques. Pour répondre à ce besoin de gestion, ont été inventés au début des années 80 une gamme de

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84

produits négociés sur les marchés, efficaces pour gérer les risque de taux, offrant par la même, la possibilité de profiter des mouvements favorables de taux, tels : Les forwards, les swaps et les options. Cependant, seuls les swaps et FRA restent les instruments les plus utilisés dans la gestion des gaps du fait de leur intégration facile dans l’échéancier.

A. Les swaps :

Le swap de taux (Interest Rate Swap) est un contrat aux termes duquel deux parties contractantes s’engagent à échanger deux échéanciers de flux financiers liés à leur endettement respectif de même nominal et dans la même devise mais sur des références de taux différentes. Le montant nominal d’un swap ne consiste qu’une base pour le calcul des intérêts. Le swap de taux est principalement utilisé pour transformer une position à taux fixe en position à taux variables et vice versa, ou bien échanger deux positions à taux variable reposant sur des références différentes. Le swap de change est un contrat de gré à gré, négocié entre deux contre parties, portant sur l’échange de flux d’intérêts libellés et référencés dans deux devises différentes, suivant un échéancier préétabli. Les swaps de devises (Curency Rate Swap) donnent lieu à l’échange de notionnels en devises en début et fin de période de swap permettant de fixer un cours au comptant et un cours à terme.

B. Le forward rate argument (FRA) : Le FRA est un contrat bilatéral hors-bilan par lequel une banque et une entreprise ou deux banques se mettent d’accord le jour de conclusion du contrat sur un taux d’intérêt applicable à un emprunt ou un placement futur d’un montant notionnel déterminé pour une période future fixée. Le FRA permet donc de garantir immédiatement le taux d’intérêt d’un emprunt ou d’un placement futur quelle que soit l’évolution observée des taux; il permet aussi de se prémunir pour une période future contre une variation défavorable du taux d’intérêt. La couverture des risques pour les banques consiste à prendre sur le marché une position inverse à celle détenue. Cette position vient ainsi compenser et annuler celle détenue auparavant. Pour ce faire le gestionnaire peut avoir recours soit à la recomposition du bilan ou bien faire appel aux produits dérivés. La recomposition du bilan tente de modifier la structure du bilan en intervenant sur les opérations qui le composent ainsi que sur leurs horizons, pour ce faire le gestionnaire dispose

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85

de différentes techniques à savoir l’adossement, les stratégies de financement, la titrisation et l’immunisation en duration. Cependant, la recomposition du bilan comporte certaines difficultés qui limitent la liberté de gestionnaire dans le choix des transactions à opérer. Certains actifs ne sont pas cessibles, d’autres ne sont pas liquides, en outre, la levée des fonds sur le marché n’est pas chose facile et le processus de titrisation est long et complexe à mettre en place. C’est pourquoi les gestionnaires ont le plus souvent recours aux produits dérivés tel que les swaps et FRA qui posent moins de difficultés

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86

Conclusion :

La qualité de la gestion des risques repose avant tout sur une bonne appréciation de l’exposition de l’établissement bancaire aux différents risques. C’est ainsi que, la Gestion Actif-Passif (ALM) dispose, pour évaluer l’exposition de la banque aux risques de liquidité, taux d’intérêts et de change, de plusieurs méthodes traditionnelles et modernes, destinées à réaliser un meilleur niveau de rentabilité pour assurer la pérennité de la banque. Pour le risque de liquidité, sa mesure consiste en un premier lieu, à mettre en évidence sous la forme d’un profil temporel dit impasses, les décalages entre les ressources et les emplois du bilan ; et en un second lieu à calculer les indices synthétiques de transformation à savoir le surplus de base et l’indice de transformation. En ce qui concerne le risque de taux (intérêts et change), sa gestion de base consiste à identifier ses sources et à l’évaluer à travers une panoplie d'outils de mesure complémentaires les unes des autres. Dans un premier temps, les techniques traditionnelles de mesure à savoir : les gaps et la duration, qui permettent de lier la sensibilité de la marge aux mouvements des taux d’intérêt, cependant ces méthode ne sont pas sans présentées des limites. C’est pourquoi les gestionnaires Actif-Passif se sont massivement tournés ces dernières années vers les techniques de gestion des risques de marché à la pointe de la recherche, qui tiennent compte de la nature d’évolution des taux en se basant sur des calculs probabilistes, comme le EAR, le CTC et la VaR. Toutefois, ces différentes méthodes sont généralement combinées pour attendre une gestion efficace et complète des risques. Aussi la préoccupation de base est le respect des limites. En effet, compte tenu du niveau de risque total qu’elle est disposée à assumer (niveau déterminé par les actionnaires), et les fonds propres dont elle est dotée, une banque fixe une limite maximale de risque qu’elle s’interdira de franchir. Enfin, une gestion efficace des risques passe par la mise en place des couvertures adéquates, reposant sur le principe de prendre sur le marché une position inverse à celle détenue, pour l’annuler. Pour ce faire le gestionnaire peut avoir recours soit à la recomposition du bilan à travers les techniques d’adossement (appariement de flux présentant les mêmes caractéristiques de maturité, taux, et devise), de titrisation et les stratégies de financement ; ou bien faire appel aux produits dérivés.

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87

TROISIEME CHAPITRE

ETUDE DE CAS

Tout au long des chapitres précédents, nous avons présenté le rôle et les techniques de la

gestion et la mesure des risques en ALM, ainsi que les différents outils utilisés. Cependant, une

telle présentation, aussi détaillée soit-elle, ne sera jamais complète si elle ne comporte pas un

appui pratique aux différentes notions présentées dans la théorie.

Nous essayerons donc dans le présent chapitre de donner une application chiffrée de

l’utilisation des techniques ALM en matière de gestion du risque de liquidité.

L’objectif de ce chapitre n’étant pas de faire une analyse complète des risques financiers

auxquels est exposé le bilan de la BNP Paribas, nous allons seulement montrer la démarche à

suivre.

Ainsi, dans la première section, nous présenterons la banque dans laquelle nous avons effectué

notre stage à savoir la Direction ALM/Trésorerie.

La deuxième section donnera une analyse de la position de liquidité de la BNP Paribas, à travers

l’élaboration du profil d’échéances et le calcul des impasses en liquidité.

Enfin, la troisieme section comprendra une analyse des résultats trouvés et quelques

recommandations proposées de notre part.

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SECTION 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE

D’ACCUEIL

1. LE GROUPE BNP PARIBAS

Créé en 2000 suite à la fusion des deux groupes BNP et Paribas, le groupe BNP Paribas est aujourd’hui un leader européen des services bancaires et financiers, avec une présence significative et en croissance aux États-Unis et des positions fortes en Asie. Le Groupe possède l’un des plus grands réseaux internationaux, avec une présence dans plus de 85 pays et plus de 162 000 collaborateurs, dont plus de 126 000 en Europe. BNP Paribas détient des positions clés dans ses trois domaines d’activité :

Ø La Banque de Détail, regroupant trois pôles : • Banque de Détail en France (BDDF),

• Banque de Détail en Italie : BNL Banca Commerciale (BNL BC), • Services Financiers et Banque de Détail à l’International (SFDI) ;

Ø Le pôle Asset Management & Services (AMS) ; Ø Le pôle Banque de Financement et d’Investissement (BFI).

BNP Paribas SA est la maison mère du groupe BNP Paribas.

2. BNP PARIBAS EL~DJAZAIR

BNP Paribas E l Djazaïr est une filiale à 100% de BNP Paribas, créée en 2002. La banque est devenue en moins de 8 ans une des toutes premières banques privées sur le territoire algérien avec des fonds propres avoisinant les 14 milliards de DZD. Forte de ces succès, BNP Paribas E l Djazaïr s’est engagée dans un programme très ambitieux de construction de plusieurs agences qui couvrent progressivement l’ensemble du pays, en partant d’une base déjà très solide à Alger et ses environs. Le réseau compte actuellement 56 agences. La banque bénéficie aujourd’hui d’un solide partenariat avec Cetelem, filiale du groupe BNP Paribas, dans le domaine des crédits à la consommation. Sa filiale Cardif, dont l’activité est liée au secteur des assurances a quant à elle débuté son activité dès 2006. Enfin, l’activité Leasing, a depuis quelques mois rejoint les différents métiers présents au sein de la Banque en Algérie.

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89

3. L’ORGANISATION DE LA STRUCTURE ALM Trésorerie

ALM Trésorerie est une entité qui a pour mission de gérer la liquidité de la banque et piloter les trésoreries des filiales du groupe, gérer le risque de change opérationnel et structurel, gérer les risques de taux du bilan et organiser l’ALCO mensuel Activités principales : Gérer la liquidité de la banque et piloter les trésoreries des filiales du groupe :

Ø Responsabilités de gestion opérationnelle :

• Maintenir l’équilibre global de la liquidité de la banque

• Assurer les montages des financements des filiales spécialisées du groupe

• Piloter les trésoreries des filiales du groupe

• Gérer les coûts des financements

• Optimiser la rentabilité du métier en tant que centre de profit

• Piloter les émissions obligataires à moyen et long terme

• Utiliser les actifs clientèle comme collatéral dans les opérations de financement.

Ø Responsabilités prudentielles :

• Veiller au respect des réglementations locales notamment en ce qui concerne la déclaration des différents ratios (réserve obligatoire, liquidité,...)

• Gérer les relations avec les régulateurs et notamment en ce qui concerne l’adéquation de la stratégie mise en place avec les besoins de l’activité

• Anticiper et gérer les situations de crise par la définition des scénarios et l’élaboration des stress tests.

Gérer le risque de change opérationnel et structurel : Ø Gérer le risque de change structurel sur les investissements financés par achat de

devises Ø Gérer le risque de change opérationnel, sur les résultats locaux et rapatriés.

Gérer les risques de taux du bilan : Ø Gérer le risque de transformation lié à l’activité de la banque commerciale par

l’analyse de l’adéquation des taux des dépôts et des crédits. Ø Gérer la corrélation entre les taux de marché et les taux servis à la clientèle.

Page 90: mémoir gestion actif passif

90

Ø Gérer les risques spécifiques et notamment ceux liés au changement de la réglementation entraînant une modification de la structure du passif.

Ø Gérer les risques découlant du comportement de la clientèle. Ø Gérer l’ensemble du portefeuille titres et justifier les couvertures de taux et de

change. Responsabilités concernant les systèmes : Ø Participer à l’élaboration des systèmes d’information concourant à réunir les

données nécessaires à la gestion Actif-Passif. Ø Participer au choix et à la mise en œuvre des systèmes à même d’améliorer la gestion

et la rentabilité du métier.

Organisation :

Figure 10. Organigramme de ALM/Trésorerie

Responsable ALM/Trésoreri

e

Responsable salle de marchés

Resp.ALM

ALM

Resp. Desk Monétaire et Financier

Resp. Desk Change Interbancaire et Stratégie

Resp. Desk Ventes et Relations

Gestionnaire actif/ passif

Tenue de comptes et

Conservation de titres

Trader Marché

Monétaire

Trader Change Trader Commercial

Middle Office (rattaché aux Risques)

Page 91: mémoir gestion actif passif

91

Rattachement hiérarchique et fonctionnel :

L’ALM Trésorerie est hiérarchiquement rattachée au Directeur Général. L’ALM Trésorerie est fonctionnellement rattachée à l’ALM Trésorerie du groupe (spécifiquement au responsable International Networks de la Trésorerie groupe et au responsable ALM groupe).

Page 92: mémoir gestion actif passif

92

SECTION 2 : L’ANALYSE DE LA POSITION DE LIQUIDITE DE LA

BNP

L’élaboration du profil d’échéances s’avère particulièrement difficile dans la mesure où les rubriques du bilan englobent le plus souvent des capitaux de nature hétérogènes.

Cela nécessite au préalable l’adoption d’hypothèses concernant les échéances de certains éléments du bilan qui demandent un traitement particulier.

Notre travail part de la photographie du bilan de la BNP Paribas à la date du 31/12/2009, et la projette sur un horizon temporel couvrant des échéances de très court terme (moins de 7 jours), jusqu’au moyen terme (plus de 3 ans), et ceci dans une pure hypothèse de cessation d’activité, sans tenir compte des nouvelles productions, car celles-ci impliquent des hypothèses plus élaborées concernant leurs entrées en bilan et sur leurs profils d’amortissements.

1. L’élaboration du profil d’échéances : A. L’analyse des postes de l’Actif :

1. Caisse, banque centrale et centre des chèques postaux :

Ce poste qui regroupe l’ensemble des détentions d’encaisses (billets et monnaie) de la BNP Paribas Algérie en compte banque centrale, comptes courants postaux, ou dans ses propres caisses.

Ces avoirs sont très liquides, auxquels la banque peut faire appel à tout moment ou pour lesquels une durée de préavis de 24 heures est suffisante pour en disposer.

Logiquement, les avoirs dans ce compte sont attribués à la classe d’échéance de moins de 7 jours.

2. Créances sur les institutions financières :

Ce poste recouvre les créances à vue ou à terme, détenues au titre des opérations interbancaires.

Ces créances comprennent également les valeurs reçues en pension lorsqu’elles sont effectuées avec des institutions financières et ce quel que soit leur support.

Les opérations de ce poste sont caractérisées par un montant unitaire important, et ne comportent pas d’options cachées tels que les remboursements par anticipation. Le remboursement se fait in fine (à l’échéance de l’opération).

Page 93: mémoir gestion actif passif

93

Les créances sur les institutions financières seront classées en fonction de leurs échéances contractuelles.

3. Les créances sur la clientèle

Avant de procéder au classement des créances de la clientèle dans le profil d’échéances, il convient de distinguer entre les crédits à court et les crédits à moyen et long terme.

- Les crédits à court terme

Ce poste du bilan a été scindé en deux :

a) Crédits et avances :

Il est constitué que de découverts et facilités de caisse :

Ce sont des crédits plafonnés, accordés aux entreprises sur des périodes courtes et déterminées, ces type de crédits présentent des fluctuations dans le temps, mais étant régulièrement renouvelables, ils engagent la banque autant que des crédits à maturités plus longues.

Donc on va extraire la partie fixe a l’aide d’une méthode statistique, qui applique le théorème central limite et elle consiste à rapprocher la répartition d’une série de données égalent à 12 observations à celle d’une loi normale de moyenne et d’écart type équivalents à ceux de la série initiale.

Elle permet par la suite de déterminer un intervalle de confiance qui contienne le montant da la série à un seuil de confiance choisi au préalable.

Dans notre cas nous avons obtenu les résultats suivant :

Dates Montants

31/01/2009 23 308 699 080,38

28/02/2009 24 303 982 964,38

31/03/2009 25 584 741 265,72

30/04/2009 25 747 364 975,71

31/05/2009 26 140 425 889,98

30/06/2009 23 549 604 070,06

31/07/2009 26 857 446 091,72

31/08/2009 23 949 512 965,65

30/09/2009 26 142 013 408,44

31/10/2009 23 610 134 253,45

30/11/2009 29 775 919 102,49

31/12/2009 27 992 441 865,99

Moyenne 25 580 190 494,50 Ecart-type 1 980 905 319,22 Plancher (95%) 22 321 601 244,38

Page 94: mémoir gestion actif passif

94

Le graphique de l’évolution des encours des crédits et avances tout au long de l’année 2009, montre qu’une fraction assez importante de ces encours fait preuve d’une certaine stabilité sur la période considérée.

Et répartir la partie variable suivant des normes appliquées en France 61:

- 2% remboursements à moins de 7 jours ; - 3% remboursements entre 7 jours et 1 mois ; - 5% remboursements entre 1mois et 3 mois ; - 15% remboursements entre 3 mois et 6 mois ; - 20% remboursements entre 6 mois et 1 an ; - 55% remboursements entre 1 an et 3 ans

b) Portefeuille d’effets :

Ce poste comprend essentiellement l’escompte de traites acceptées ou de billets à ordre commerciaux protégés par le droit cambiaire ou encore des financements de stock (avance sur marchandises).

Ces crédits permettent à la banque de reconstituer sa trésorerie en réescomptant ces effets auprès de la Banque Centrale ou sur le marché monétaire.

Ces effets seront repris dans le profil d’échéances selon leurs échéances contractuelles.

- Les crédits à moyen et long terme :

61 Ce sont des normes proposées par la Commission Bancaire au x banques françaises.

0

5E+09

1E+10

1.5E+10

2E+10

2.5E+10

3E+10

3.5E+1031

/01/

2009

28/0

2/20

09

31/0

3/20

09

30/0

4/20

09

31/0

5/20

09

30/0

6/20

09

31/0

7/20

09

31/0

8/20

09

30/0

9/20

09

31/1

0/20

09

30/1

1/20

09

31/1

2/20

09

Somme de Partie volatile

Somme de Partie fixe

Page 95: mémoir gestion actif passif

95

Du fait de l’importance de la durée et du montant mis en jeu, la banque cherche toujours un moyen pour mobiliser ces crédits.

L’échéance de ces crédits est stipulée dans les termes du contrat. Toutefois, le client a la faculté de procéder à un remboursement par anticipation. Cette option fait peser une incertitude sur les flux futurs perçus par la banque.

Il existe de multiples modèles consacrés à la prévision des taux de remboursement par anticipation en fonction des caractéristiques démographiques et de l’évolution des taux.

Nous retiendrons l’hypothèse qui exclut l’éventualité de remboursement anticipé, faute de données historiques suffisantes requises par ces modèles de prévisions. Cette hypothèse est objective car les banques, n’ont pas particulièrement constaté des remboursements anticipés malgré la baisse des taux.

Ces crédits seront repris dans le profil d’échéances selon leurs échéances contractuelles

4. Portefeuille titres :

Ce poste englobe notamment :

- Les obligations et autres titres a revenu fixe détenues par la banque et non encore échus. Ces obligations seront classées en fonction de leurs échéances contractuelles.

- Les actions et autres titres à revenu variable, quelle que soit leur nature que l’on classera à plus de 3 ans car elles dépendent de la stratégie de la banque (de la volonté des actionnaires entre autres).

5. Immobilisations :

Le poste « Immobilisations » est considéré dans son ensemble comme réalisable à plus de trois ans.

6. Opération crédit-bail :

Ce poste regroupe les opérations sur crédit bail mobilier et immobilier

Ils sont considérées comme stables donc leur montant figurera dans la classe d’échéance de plus de 3 ans.

B. L’analyse des postes du passif :

1. Les dépôts à vue :

Cette ligne est constituée essentiellement des avoirs en comptes chèques et en comptes courants.

Page 96: mémoir gestion actif passif

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Ces ressources ne sont pas rémunérées ou faiblement rémunérées. De plus, ils n’ont pas d’échéance certaine et leur encours fluctue d’une manière importante en fonction des taux d’intérêt.

Un problème se pose : comment va-t-on les amortir sur le tableau d’amortissement ?

Il convient donc de définir une méthode fiable permettant de séparer la partie stable des dépôts à vue de celle volatile. Les dépôts volatiles seront classés comme les crédit a court terme en fonction des ratios appliqués dans les banques françaises et nous ne retiendrons que les dépôts stables ou « noyau dur » seront amortis sur une période de 5 ans (à raison de 20 % l’an).

Le tableau ci-dessous calcule la volatilité des dépôts à vue sur un historique des 12 mois passés. Avec un seuil de confiance de 95 %, les dépôts stables, ou noyau dur, sont de 41 268 945 014,87 DA.

Le graphique de l’évolution des encours des DAV tout au long de l’année 2009, montre qu’une fraction assez importante de ces encours fait preuve d’une certaine stabilité sur la période considérée.

Dates Montants 31/01/2009 43 850 672 023,45 28/02/2009 45 076 923 756,14

31/03/2009 41 950 236 099,67

30/04/2009 47 384 093 743,34 31/05/2009 50 836 740 273,83

30/06/2009 54 873 934 027,09

31/07/2009 57 030 255 922,89 31/08/2009 59 339 511 919,36

30/09/2009 64 013 465 041,94 31/10/2009 60 982 013 875,19

30/11/2009 57 725 934 097,26

31/12/2009 60 008 067 432,51

Moyenne 53 589 320 684,39 Ecart-type 7 489 590 072,66 Plancher (95%) 41 268 945 014,87

Page 97: mémoir gestion actif passif

97

2. Compte livrets d’épargnes :

Les passifs constitués des livrets d’épargne sont considérés comme exigibles à vue, toutefois ces ressources ont un caractère d’économies et de réserves pour les déposants.

Aussi ils seront repris de la même méthode que les dépôts à vue afin d’extraire leur partie volatile.

Le tableau suivant montre le calcul de la volatilité dans dépôts d’épargnes sur une période d’une année.

Le graphique suivant montre l’évolution de l’encours des livrets épargne :

0

1E+10

2E+10

3E+10

4E+10

5E+10

6E+10

7E+10

Somme de Partie volatile

Somme de Partie fixe

Dates Montants 31/01/2009 5 219 896 054,60 28/02/2009 5 482 076 242,90 31/03/2009 6 026 558 566,79 30/04/2009 6 696 261 750,36 31/05/2009 7 114 428 212,24 30/06/2009 7 622 323 096,30 31/07/2009 7 939 643 150,87 31/08/2009 8 292 927 881,94 30/09/2009 8 852 317 950,51 31/10/2009 9 313 957 243,00 30/11/2009 9 717 951 460,63 31/12/2009 10 213 301 000,00

Moyenne 7 707 636 884,18 Ecart-type 1 650 254 063,11 Plancher (95%) 4 992 968 950,37

Page 98: mémoir gestion actif passif

98

3. Les ressources à terme :

Il s’agit des ressources à échéances contractuelles souscrits par la clientèle, dont les bons de caisse, et les comptes à terme. Les montants sont agencés selon leurs échéances contractuelles

4. Provisions sur crédit documentaire et garanties :

Pour les provisions sur crédit documentaire et dépôt de garanties clientèles on va appliquer toujours la même méthode pour séparé le montant total en partie fixe et partie variable.

Pour les crédits documentaires, on suppose que la partie variable s’écoulera dans un délai maximal de 3 mois donc on va classer le montant de façon égale sur cette période.

Pour les dépôts de garanties clientèle, on suppose que la partie variable s’amortira sur un axe maximal d’une année et on les classera aussi de façon égale sur cette période.

Pour la partie fixe, on suppose que c’est une ressource à plus de 3 ans.

5. Les Fonds propres :

Les éléments qui constituent les fonds propres sont considérés comme stables dans le temps et sont de ce fait repris à plus de 3 ans. Il s’agit du capital social, des réserves facultatives et statutaires, des provisions, du report à nouveau et du résultat de l’exercice.

C. Autres postes de l’actif et du passif :

1. Autres actifs :

Cette rubrique comprend les stocks et les créances sur les tiers qui ne figurent pas dans les autres postes de l’actif (avances diverses, TVA à recevoir, créances sur le Trésor, …etc).

0

2E+09

4E+09

6E+09

8E+09

1E+10

1.2E+10

Somme de Partie volatile

Somme de Partie fixe

Page 99: mémoir gestion actif passif

99

2. Autres passifs :

Ce poste comprend principalement les dettes a l’égard des tiers qui ne figurent pas dans les autres postes du passif.

3. Compte de régularisation :

Ce poste recouvre la contrepartie des produits constatés au compte de résultat relatifs a des opérations de hors-bilan et a des engagements sur devises, les charges à repartir et les charges constatées d’avance.

Il ressort de l’analyse de ces postes que leurs soldes sont relativement bien corrélés avec le total du bilan.

Ces postes seront repris à plus de 3 ans en raison de leur caractère évolutif.

« Le prochain tableau représente le profil d’échéances élaboré à la lumière des considérations et hypothèses précédentes. »

Page 101: mémoir gestion actif passif

101

A partir de ce profil, il est possible de déterminer les échéanciers des actifs et passifs. Ceux-ci sont obtenus en retranchant des encours d’aujourd’hui les amortissements prévisionnels des actifs et passifs. Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau suivant.

Profils d'amortissement des actifs et des passifs

Amortissement actif Amortissement passif

Moins 7 j 133 793 602 382,86 133 793 602 382,86 7 j - 1 mois 71 366 634 960,43 128 319 087 109,76

1 - 3 mois 60 429 290 925,95 122 991 309 951,80

3 - 6 mois 59 760 503 671,12 109 701 575 029,96

6 mois - 1 an 56 091 800 946,22 97 692 730 042,77

1 - 3 ans 53 915 246 334,83 84 200 426 873,71

plus de 3ans 45 990 148 923,72 51 238 157 754,78

TOTAL 0,00 0,00

Tableau 8. Profil d’amortissement des actifs et passifs

Le profil d’amortissement des actifs et passifs montre deux phases :

• Une phase de sur-consolidation du bilan :

A partir de la date d’aujourd’hui jusqu’à trois ans, les emplois s’amortissent plus rapidement que

les ressources, et donc un excédent de ressources se dégage.

• Une phase de consolidation du bilan :

Au-delà de l’horizon de trois ans, les actifs et passifs s’amortissent presque au même rythme,

même si les passifs vont un peu plus vite que les actifs, et dégagent ainsi des besoins.

Le profil d’échéances et les échéanciers des actifs et des passifs permettent de calculer les indicateurs de transformation, à savoir : les impasses en flux et en stock et l’indice de liquidité.

2. L’analyse des indicateurs de transformation :

L’analyse des profils des impasses en flux et en stock permet de déterminer le besoin ou l’excédent de liquidité de la banque.

A. Les impasses en flux :

Les impasses en flux sont la différence entre les entrées et les sorties de fonds sur l’horizon de chaque période.

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Les impasses en flux Tombée des actifs Tombée des passifs Impasse en flux

Moins 7 j 62 426 967 422,43 5 474 515 273,11 56 952 452 149,33 7 j - 1 mois 10 937 344 034,48 5 327 777 157,96 5 609 566 876,52 1 - 3 mois 668 787 254,83 13 289 734 921,84 -12 620 947 667,01 3 - 6 mois 3 668 702 724,90 12 008 844 987,19 -8 340 142 262,28 6 mois - 1 an 2 176 554 611,39 13 492 303 169,07 -11 315 748 557,68 1 - 3 ans 7 925 097 411,12 32 962 269 118,93 -25 037 171 707,81 plus de 3ans 45 990 148 923,72 51 238 157 754,78 -5 248 008 831,06

Tableau 9. Les impasses en flux

La première période est caractérisée par une importante entrée de fonds qui correspond à la tombée des fonds liquides (avoirs en Caisse, en compte Banque Centrale et la tombée d’échéance de presque 75% des dettes envers les institutions financières).

La deuxième période est aussi représentée par une entrée de fonds mais qui est minime par rapport à la première. Elle représente globalement le reste des dettes envers les institutions financières.

A partir de la troisième période, les impasses en flux deviennent toutes négatives, ces sorties de fonds traduisent des besoins nets de liquidité ayant pour origines les tombées d’échéance des dépôts à terme, et les demandes quotidiennes de retraits des dépôts à vue.

La BNP Paribas sera appelée à faire face à une sortie nette de fonds maximale de 25 037 171 707,81 DA, et ceci a partir du premier mois.

B. Les impasses en stock :

Les impasses en stock se calculent par différence, pour chaque période entre les encours respectifs des passifs et des actifs.

Les impasses en stocks Actifs Passifs Impasse en stocks

Encours 133 793 602 382,86 133 793 602 382,86 0,00

moins de 7 jours 71 366 634 960,43 128 319 087 109,76 56 952 452 149,33

moins de 1 mois 60 429 290 925,95 122 991 309 951,80 62 562 019 025,85

moins de 3 mois 59 760 503 671,12 109 701 575 029,96 49 941 071 358,84

moins de 6 mois 56 091 800 946,22 97 692 730 042,77 41 600 929 096,55

moins de 1 an 53 915 246 334,83 84 200 426 873,71 30 285 180 538,87

moins de 3 ans 45 990 148 923,72 51 238 157 754,78 5 248 008 831,07

Tableau 10. Les impasses en stocks

Sur tout l’horizon, Il ressort des impasses cumulées toutes positives, même si la plupart des impasses en flux sur cet horizon sont négatives.

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Cela s’explique par le fait que l’excédent remarqué sur la première période soit très important, à hauteur de couvrir le cumul des déficits des périodes suivantes.

La première impasse est bien évidemment nulle, l’équilibre en liquidité du bilan étant nécessairement réalisé en permanence.

La banque pendant toutes les périodes n’a pas de besoin de financement, bien au contraire, elle doit trouver des placements pour ces excédents. Dans ce cas, le bilan est exposé favorablement à la hausse des taux.

C. Impact d’une hausse des taux d’intérêt :

Les impasses positives sont exposées favorablement à une hausse des taux d’intérêt, suivant la formule :

Si l’on suppose une hausse des taux de 1%, cela se traduit par :

Période Impasses En Stock Gain/Perte

1 56 952 452 149,33 11 074 087,92

2 62 562 019 025,85 52 135 015,85

3 49 941 071 358,84 124 852 678,40

4 41 600 929 096,55 208 004 645,48

5 30 285 180 538,87 302 851 805,39

6 5 248 008 831,07 157 440 264,93

Gain 856 358 497,97

Tableau 11. Variation de la marge

La BNP Paribas réalisera ainsi un gain total de 856 358 497,97 DA. A l’inverse, si les taux baissent de 1 %, ce même montant serait une perte.

D. L’indice de liquidité :

L’indice de liquidité pondère les actifs et les passifs de chaque classe d’échéances par le nombre moyen de jours de cette classe. Il est donné par le rapport :

Variation de la marge = impasse en flux * variation du taux * durée

∑ Passifs pondérés

∑ Actifs pondérés

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Tableau 12. Calcul de l’indice de liquidité

L’indice de liquidité est supérieur à 1. Cela signifie que la banque ne transforme pas, puisqu’elle a davantage de ressources pondérées que d’emplois pondérés.

Actifs Passifs Coefficients Actifs pondérés Passifs pondérés

1 62 426 967 422,43 5 474 515 273,11 0,01 624 269 674,22 54 745 152,73

2 10 937 344 034,48 5 327 777 157,96 0,05 546 867 201,72 266 388 857,90

3 668 787 254,83 13 289 734 921,84 0,16 107 005 960,77 2 126 357 587,49

4 3 668 702 724,90 12 008 844 987,19 0,37 1 357 420 008,21 4 443 272 645,26

5 2 176 554 611,39 13 492 303 169,07 0,75 1 632 415 958,54 10 119 227 376,80

6 7 925 097 411,12 32 962 269 118,93 1,50 11 887 646 116,68 49 443 403 678,39

7 45 990 148 923,72 51 238 157 754,78 7,50 344 926 116 927,89 384 286 183 160,86

TOTAL 133 793 602 382,86 133 793 602 382,86 308 952 736 373,01 397 280 377 261,69

Indice de liquidité 1,2858937

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SECTION 3 : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS.

1. Résultats de l’analyse :

L’analyse de la position de liquidité de la BNP Paribas fait apparaitre une seule phase et c’est une phase d’aisance en liquidité, elle commence à la date d’aujourd’hui, et dure à plus de trois ans (donc toute le période).

Le bilan de la BNP Paribas est structurellement liquide, même si la banque enregistre d’importantes sorties nettes de fonds sur cette période.

Par ailleurs, l’indice de liquidité est de 1.28, supérieur à 1, ce qui traduit un excès des ressources pondérées sur les emplois pondérés. La BNP Paribas ne transforme donc pas ses ressources courtes en emplois longs.

Les impasses en stock dégagés sur cette période sont toutes positives, ce qui signifie que les emplois s’épuisent plus rapidement que les ressources. Le bilan se trouve en situation de sur-consolidation.

Tous ces résultats, concluent sur une situation de surliquidité du bilan de la BNP Paribas.

Ceci, est essentiellement dû au renflouement du compte Caisse et avoirs en compte courant. En effet, ces encaisses sont la résultante de plusieurs aspects :

• L’envolée des prix du pétrole qui a permis à l’Algérie de constituer des réserves de change qui ont dépassé les 100 milliards de dollars en 2008; et donc l’Etat émet moins de bons, et/ou les rémunère à un taux inférieur qu’auparavant, en effet, en 2008, le Trésor a émis des BTC 13 et 26 semaines à seulement 0,8 %, lorsque les reprises de liquidité à 7 jours étaient à 1,75 %.

• Par ailleurs, le marché financier n’offre pas beaucoup d’opportunités de placement, qui permettraient à la banque de faire fructifier ses liquidités. Cette situation est due essentiellement au nombre insignifiant de titres cotés sur ce marché.

• L’intervention des autorités monétaires n’arrive pas à éponger toutes les liquidités du système bancaire, la banque d’Algérie a introduit un instrument lui permettant d’éponger cette liquidité sous forme de reprises de liquidité à 7 jours, 14 jours, 1 mois, et 3 mois ; à des taux jugés de très faibles.

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2. Exemple de décision :

Nous savons que l’excédent de liquidité dégagé sur toute cette période est une marge de sécurité, mais il engendre inévitablement un coût. Dans une optique d’optimisation de la trésorerie, il est préférable de réemployer cette liquidité que d’en supporter le coût.

Pour réaliser cet objectif, deux choix peuvent se présenter pour la BNP Paribas : celui de placer ses excédents de trésorerie sur le marché de capitaux ou, celui de les réemployer dans l’expansion de son activité de crédit.

Au 31/12/2009, la BNP Paribas dégagera sur l’horizon d’une semaine un montant estimé à 57 milliards DA, en couvrant les besoins de liquidité qui apparaissent sur l’horizon d’un mois et recevant les nouvelles entrées de fonds, cet excédent augmentera à 62 Milliards DA, et dans un horizon de trois mois, il ne baissera qu’à 50 milliards DA.

Nous proposons dès le 01/01/2010, de placer 50 milliards DA en reprise de liquidité à 3 mois au taux de 1,25. En agissant de la sorte, l’excédent de liquidité sur un une semaine ne demeure que de 7 milliards DA.

Elle pourra encore placer 5 milliards DA en reprise de liquidité à 7 jours au taux de 0,75 %, tandis qu’elle pourra conserver les 7 milliards restants comme coussin de sécurité, pour faire face à la survenance d’évènements inattendus tels les retraits massifs de dépôts, et qu’elle peut toujours fructifier dans des placements inter-journaliers, sur des reprises de liquidité à 24 heures dont les taux sont de 0,30 %.62

Par ailleurs, cette solution peut être difficile à mettre en œuvre, vue la surliquidité générale que connait le marché monétaire algérien, en effet, les alternatives de placement à long terme des excédents de trésorerie sur le marché monétaire se trouvent restreintes car la banque d’Algérie ces derniers temps ne prends en considérations que 40% en moyenne des offres de placement des banques.

Les seules opérations de placements sont effectuées avec la Banque Centrale qui, intervient pour éponger la liquidité du marché par les reprises de liquidités à 7 jours, 15 jours, un mois ou trois mois, à des taux très faibles.

Il ne reste pour la banque que la deuxième alternative qui consiste à réemployer le surplus de liquidité dans l’expansion de son activité de crédit.

Toutefois, celle-ci ne peut pas se permettre d’aller au-delà d’une année dans les échéances des nouveaux crédits à envisager, car ses excédents ne sont pas éternels (sur une année). Elle pourrait opter pour des crédits à court terme tels les crédits par caisse, sous toutes ses formes (les avances garanties, les découverts, …etc).

Sur ce point, la banque doit respecter la contrainte d’adéquation des risques encourus avec son niveau des fonds propres, et augmenter sa vigilance sur leur qualité: ils doivent faire l’objet d’analyse de viabilité et de rentabilité, car un portefeuille d’actifs non remboursés à échéance nuit à la liquidité avant de nuire à la rentabilité. 62 Les taux proviennent de la situation bimestrielle du marché monétaire juillet/aout 2010(Publié par la BA)

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3. Recommandations :

Les trois points nécessaires à retenir pour une bonne gestion des risques de liquidité dans le cadre de la méthode ALM sont :

• A. La définition d’une politique de liquidité :

La situation de liquidité, qui était jusqu’ici, considérée comme résultante de la politique générale de la banque doit aujourd’hui retrouver sa place d’élément stratégique de cette politique.

Cette politique arrête les limites des écarts entre les actifs et les passifs. Elle arrête en outre une stratégie qui vise à optimiser la structure des ressources et des emplois de la banque.

• B. Le développement du système d’information :

Le développement d’un système d’information performant permettra d’avoir les montants en temps réel, ou du moins avec le minimum de décalage, des emplois et des ressources et surtout leurs échéances. Grâce à ce système il sera possible de faire des prévisions sur les besoins futurs de financement. Ces prévisions seront complétées par des études du comportement de la clientèle ;

• C. La coordination entre les différentes unités de la banque :

Chaque banque devra développer un réseau informatique qui ouvrira une communication rapide entre ses unités commerciales et sa Trésorerie centrale d’une part, et entre ses différents départements (contrôle de gestion, risques…etc) d’autre part, ceci lui permettra de connaitre au préalable les conséquences sur la liquidité de la banque de ses choix, et surtout de voire si ces résultats sont compatibles avec ses possibilités de collecte de ressources.

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Conclusion :

A travers cette étude de cas nous avons tenté d’analyser la situation de liquidité de la BNP Paribas El-Djazair, en élaborant un profil d’échéance des éléments constitutifs de son bilan. Le classement élément par élément dans ce profil est réalisé selon l’échéance résiduelle de chacun d’eux.

Le dressement d’un profil d’échéances des éléments de l’actif et du passif a fait ressortir une situation de sur-consolidation du bilan de la banque, tout au long des trois premières années, se qui traduit donc un excédent de ressources sur emplois le long de cette période, mais à partir de plus de trois ans, le bilan change d’allure et devient cette fois-ci consolidé.

Par la suite, le tableau des impasses réplique les mêmes résultats, par des impasses en stock, toutes positives sur toute la période, même si les impasses en flux correspondantes, elles, sont négatives.

Pour mesurer le degré de transformation, nous avons calculé l’indice de liquidité que nous avons trouvé en dessus de l’unité, ce qui signifie que la BNP Paribas ne transforme pas, puisqu’elle a davantage de ressources pondérées que d’emplois pondérés.

Ces résultats nous amène à tirer des conclusions sur la situation de la BNP Paribas fin décembre 2009, celle-ci peut entamer sa nouvelle année avec une pleine assurance sur sa capacité à faire face aux demandes de sortie de fonds.

La rentabilisation de ces excédents est une nécessité afin de minimiser leurs coûts, à travers des placements sur le marché monétaire, qui lui, aussi étant sur-liquide, il ne permet pas de meilleurs placements.

La possibilité de réemployer ces excédents dans l’octroi de nouveaux crédits semble une bonne alternative, qui exige au même temps une attention particulière sur la qualité des crédits distribués et la surveillance de l’adéquation des fonds propres de la banque avec les engagements de crédit.

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CONCLUSION GENERALE :

L’application d’une approche ALM en plus qu’elle permet à la banque d’avoir une image plus claire des risques encourus celle-ci apporte de nombreuses solutions aux préoccupations quotidiennes du gestionnaire notamment l’optimisation de la structure du bilan et l’appréciation des conséquences des évolutions du marché.

Une gestion dynamique comme l’ALM s’est avéré par le temps indispensable pour les banques et les établissements financiers visant une gestion financière performante. Plusieurs banques de renommée internationale ont témoigné de son efficacité et de son apport en matière d’optimisation du couple risque/rentabilité. Toutefois, l’adoption d’une telle approche suppose que l’établissement doit rester éveillé par rapport aux contraintes techniques, humaines et environnementales qui peuvent être à l’origine d’une mauvaise application de la méthode. Elle suppose également que la banque soit contrainte au respect des limites imposées par le régulateur. En dehors des dispositions relatives à leur mise en place les techniques ALM doivent être considérées comme un outil supplémentaire d’aide à la prise de décisions. Les résultats retournés ne doivent en aucun cas se substituer à l’appréciation du gestionnaire. En définitif l’efficacité et la pertinence des résultats du dispositif ALM et de toute autre méthode similaire dépondent de la manière dont ils seront utilisés. Pour en venir au contexte national ; bien que la réglementation en matière de contrôle interne impose aux banques de mettre en place des systèmes de mesure et de gestion de leurs risques (règlement 02-03 du 14 novembre 2002), rien de concret n’existe encore. Dans ce contexte les banques algériennes sont tenues tout d’abord de mettre en place un système d’information performant. Celui-ci nous semble en effet être la clé de voute de l’ALM. Il faut ensuite créer une cellule ALM rattachée directement a la direction générale de la banque. De plus, l’existence d’un grand marché des capitaux est indispensable pour permettre une gestion dynamique des actifs et passifs. Mais cela ne peut être concrétisé sans qu’il y ait une véritable implication des hautes instances de direction de la banque. Enfin, le rôle des autorités de supervision est très important dans ce cadre, celle-ci sont tenues de suivre en continue les changements qui peuvent affecter l’environnement économique national et international. Elles doivent également faciliter et assurer une intégration progressive des nouvelles méthodes de gestion des risques dans le système bancaire algérien. Le fruit de la prise de telles mesures sera l’instauration d’une base solide d’une gestion active des risques qui permettra la mise en place de toute innovation managériale capable d’apporté du nouveau au risque management.

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BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages :

1- J, Gestion des risques et gestion actif-passif des banques, Dalloz, Paris, 1995 2- Darmon. J, Stratégies bancaires et gestion de bilan, Economica, Paris, 1998 3- Dubernet. M, Gestion actif-passif et tarification des services bancaires, Economica,

Paris, 2000 4- De Coussergues. S, Gestion de la banque du diagnostic à la stratégie, Dunod, Paris,

2002 5- Antoine Sardi, management des risques bancaires, Afges, Paris,2002. 6- Desmicht.F, Pratique de l’activité banquaire,Dunod,2004 7- AUGROS J-C. et QUERUEL M., Risque de taux d’intérêt et gestion bancaire,

Economica, Paris, 2000 8- VAN GREUNING H. et BRAJOVIC BRATANOVIC S., Analyse et gestion du risque

bancaire, ESKA, Paris, 2004

Articles et Revues :

1- GOUSLISTY H. « Gestion des liquidités dans les banques », Revue Banque, n° 533 2- GAUSSEL, N., LEGRAS, J., LONGIN, F., RABEMANANJARA, R., Au-delà de la VaR,

Quants n° 37, Recherche et Innovation, CCF.

3- Les cahiers de la finance, Akimou Ossé, Mai 2002.

Textes réglementaires:

1- Ordonnance 03-11 du 26/08/03 relative à la monnaie et au crédit.

2- Règlement 04-01 du 14/03/2004 relatif au capital minimum des banques et

établissements financiers.

3- Règlement 04-04 du 19/07/2004 fixant le rapport dit “coefficient de fonds propres et

de ressources permanentes

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4- Règlement 02-03 du 14/11/2002 portant sur le contrôle interne des banques et

établissements financiers.

5- Règlement 91-09 du 14/08/1991 relatif à la fixation des règles prudentielles des

banques et établissements financiers.

6- Instruction 74-94 du 29/11/1994 fixant les règles prudentielles de gestion des

banques et des établissements financiers.

7- Instruction 08-02 du 26/12/2002 relative à la déclaration des banques et

établissements financiers des niveaux de leurs engagements extérieurs.

8- Instruction 74 -94 du 29/11/1994 fixant les règles prudentielles de gestion des

banques et des établissements financiers.

Mémoires :

1- MANSOURI. R., « La gestion de trésorerie, Diplôme Supérieur des Etudes Bancaires »,

Ecole Supérieure de Banque, 2003

2- BOUKHORS. A, «Gestion du risque de liquidité dans les banques», Ecole Supérieure

de Banque ,2002.

3- DJERROUMI. A, « ALM Techniques et enjeux dans la banque», Ecole Supérieure de

Banque, 2006

4- Djeha. W, « La gestion Actif-Passif dans les banques », Ecole Supérieure de Banque,

2005

5- Aziez. Z, « GESTION DES RISQUES BANCAIRES PAR LA GAP », Ecole Supérieure de

Banque, 2009

Sites internet :

- www.bank-of-algeria.dz

- www.bnp paribas.com

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LISTE DES TABLEAUX :

Tableau n°1: Classement des fonds propres………………………………………………………………………..34

Tableau n°2 : PROFILE D’ECHEANCES et calcul d’impasses en stocks……………………………………44

Tableau n°3 : PROFILE D’ECHEANCES et calcul d’impasses en flux……………………………………….44

Tableau n°4: Calcul de l’indice de transformation……………………………………………………………….46

Tableau n°5 : Exemple de calcul du surplus de base…………………………………………………………….47

Tableau N°6 : impact des évolutions des cours de change sur les résultats…………………………68

Tableau n°7 : Les positions ouvertes en devises étrangères………………………………………………..69

Tableau n°8 : Profil d’amortissement des actifs et passifs……………………………………………………97

Tableau n°9 : Les impasses en flux……………………………………………………………………………………….98

Tableau n°10 : Les impasses en stocks…………………………………………………………………………………98

Tableau n°11 : Variation de la marge…………………………………………………………………………………..99

Tableau n°12 : Calcul de l’indice de liquidité……………………………………………………………………..100

LISTE DES FIGURES :

Figure n°1 : Finance directe et finance indirecte……………………………………………………………………6

Figure n°2 : La GAP, une démarche prévisionnelle………………………………………………………………26

Figure n°3 : Transferts entre les différentes entités d’un établissement de crédit……………….29

Figure n°4 : Décomposition de la marge d’intérêt……………………………………………………………….30

Figure n°5 : La consolidation du bilan………………………………………………………………………………….45

Figure n°6 : Courbe des taux et prime de liquidité……………………………………………………………….50

Figure n°7 : L'exposition au risque de change en % des fonds propres éligibles…………………..70

Figure n°8 : Financement à court terme des impasses en flux…………………………………………….78

Figure n°9 : Financement à long terme des impasses en flux………………………………………………78

Figure n°10 : Organigramme de ALM/Trésorerie…………………………………………………………………86

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Table des matières :

INTRODUCTIOIN GENERALE …………………………………………………………………………………… …..1 CHAPITRE PRELIMINAIRENOTIONS FONDAMENTALES…………………………….……………… ……3 SECTION 1 : LA BANQUE ET SON FONCTIONNEMENT………………………………………………… …..4

1.1Définition de la banque :------------------------------------------------------------------------- ----4 1.2Les opérations de banque :---------------------------------------------------------------------- ----5

A. Les formes d’activité--------------------------------------------------------------------------- ----5 1. Les opérations de banques-------------------------------------------------------------- ----5 2. Les activités connexes-------------------------------------------------------------------- ----5

B. La banque intermédiaire financier--------------------------------------------------------- ----6

SECTION 2 : LES RISQUES …..7 2.1Définition du risque : ------------------------------------------------------------------------------ ----7 2.2Classification des risques : ---------------------------- ------------------------------------------- ----8

A. Les risques non financiers : ------------------------------------------------------------------- ----8 1. Le risque stratégique : --------------------------------------------------------------- ----8 2. Le risque opérationnel : ------------------------------------------------------------- ----8

B. Les risques financiers : ------------------------------------------------------------------------- ----8 1. Le risque de contrepartie : ---------------------------------------------------------- - --8 2. Le risque d’illiquidité : ---------------------------------------------------- 8 3. Le risque de taux d’intérêt : --------------------------------------------------------- - --9 4. Le risque de change-------------------------------------------------------------------- - 10 5. Le risque de marché------------------------------------------------------------------- --10 6. Le risque d’insolvabilité--------------------------------------------------------------- --10

SECTION 3 : LA REGLEMENTATION BANCAIRE……………………………………………………………… …11 3.1Le capital minimum : ------------------------------------------------------------------------------------11

3.2Le ratio de solvabilité (Cooke / Mc Donough):-------------------------------------------------- --12 3.3Le ratio de liquidité : ---------------------------------------------------------------------------------- --14 3.4Le coefficient des fonds propres et des ressources permanente -------------------------- --15 3.5La division des risques : 15 3.6Les réserves obligatoires : 16 3.7Les fonds propres : 16 3.8Le niveau des engagements extérieurs : 17 3.9Le niveau des découverts : 17 3.10Classement et provisionnement des créances : 17

CHAPITRE I : LA GESTION DES RISQUES PAR LA FONCTION ALM………………………………… …20

SECTION 1 : LA GESTION ACTIF PASSIF…………………………………………………………………….…… …22

1.1Définition et origines de l’ALM : ----------------------------------------------------------------------22 A. Historique : --------------------------------------------------------------------------------------------22 B. Définition de l’ALM : --------------------------------------------------------------------------------23 C. Les facteurs liés à l’origine de l’ALM : ----------------------------------------------------------23

1. La complexité et la diversité accrue des métiers bancaires-------------------- --23 2. La montée des risques bancaires------------------------------------------------------- --24

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3. L’intensification de la concurrence---------------------------------------------------- --24 4. L’instauration de la réglementation prudentielle---------------------------------- --24

D. Les objectifs de l’ALM--------------------------------------------------------------------------------24 E. Les missions de l’ALM--------------------------------------------------------------------------------25 F. La démarche de l’ALM : -----------------------------------------------------------------------------25

1. Une démarche globale : ------------------------------------------------------------------ --25 2. Une démarche prévisionnelle : ------------------------------------------------------- --25

SECTION 2 : LA GESTION DES MARGES………… …………………………………………………………………27

2.1 Les taux de cession interne : ---------------------------------------------------------------------- --27 A. Définition----------------------------------------------------------------------------------------- --27 B. Rôle des taux de cession interne------------------------------------------------------------ --28 C. L’organisation interne------------------------------------------------------------------------- --28

2.2 Marge commerciale et marge de transformation----------------------------------------------29 2.3 La tarification des produits : -------------------------------------------------------------------------30

A. Tarification des crédits----------------------------------------------------------------------- --30 1. Coût de refinancement------------------------------------------------------------- --31 2. Coût du risque crédit---------------------------------------------------------------- --31 3. Coût des options cachées---------------------------------------------------------- --31 4. Coût de fonctionnement----------------------------------------------------------- --31 5. Coût des fonds propres------------------------------------------------------------- --32

B. La tarification des dépôts-------------------------------------------------------------------- --32

SECTION 3 : L ’ALLOCATION DES FONDS PROPRES……………………………………………………… ….33 3.1 L’allocation Economique des fonds propres : ------------------------------------------------ ---33

A. Le niveau des fonds propres---------------------------------------------------------------- ---34 B. La protection des fonds propres----------------------------------------------------------- ---34

1. du provisionnement ex-post au provisionnement ex-ant----------------------- ---34 2. le placement des fonds propres------------------------------------------------------- ---35

C. Les fonds propres réglementaires, les fonds propres économiques----------- ---35 D. Les différents systèmes possibles-------------------------------------------------------- ---35 E. Un exemple d’allocation des fonds propres------------------------------------------- ---36 F. Les avantages d’un système d’allocation des fonds propres---------------------- ---37 G. Les différentes formes d’allocation----------------------------------------------------- ---37

H. La rémunération des fonds propres---------------------------------------------------- ---37

CHAPITRE II : L’EVALUATION DES RISQUES FINANCIERS………………………………………………….38

SECTION 1 : RISQUE DE LIQUIDITE……………………………………………………………………………… ….41 1.1 L’importance de la liquidité : ---------------------------------------------------------------------- ---41 1.2 L’enjeu du risque de liquidité : -----------------------------------------------------------------------42 1.3 Mesure du risque de liquidité : ----------------------------------------------------------------------42

A. Les impasses en liquidité-------------------------------------------------------------------------43 B. La méthode des nombres (l’indice de transformation) ------------------------------- ---45 C. Le surplus de base----------------------------------------------------------------------------------46

1.4 Les problèmes spécifiques de construction des impasses--------------------------------- ---48 A. Les ressources à vue-------------------------------------------------------------------------------48

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B. Les encours à échéance incertaine------------------------------------------------------------48 C. Les engagements hors-bilan----------------------------------------------------------------------49 D. Les fonds propres-----------------------------------------------------------------------------------49

E. Les flux d’intérêt--------------------------------- ---------------------------------------------------49 F. L’incorporation des productions nouvelles---------------------------------------------------49

1.5 Coût de la liquidité : - -50 1.6 Mesure de sensibilité : - -52

SECTION 2 : RISQUE DE TAUX D’INTERET…………………………………………………………………… .53

2.1 Identification du risque de taux d'intérêt : ------------------------------------------------------53 A. Risque de révision de taux ( Repricing risk))---------------------------------------------- --53 B. Risque de déformation de la courbe des taux ( Yield curve risk) -------------------- --54 C. Risque de base ( Basis risk) --------------------------------------------------- ---------------- 54 D. Risque de clauses optionnelles ( Optionality)----------------------------------------------- 54

2.2 Mesure du risque de taux : 54 A. Les impasses de taux ou gap de taux-----------------------------------------------------------54 B. La valeur actuelle------------------------------------------------------------------------------------55 C. La duration--------------------------------------------------------------------------------------------57 D. Le Earning At Risk (EAR)---------------------------------------------------------------------------59 E. Le Cost To Close ( CTC))----------------------------------------------------------------------------61 F. La Value at Risk ( VaR))-----------------------------------------------------------------------------63

1. La définition de la VaR-------------------------------------------------------------------------63 2. Les méthodes de calcul de la VAR----------------------------------------------------------64

SECTON 3 : RISQUE DE CHANGE……………………………………………………………………………………. 66

3.1 Sources du risque de change :---------------------------------------------------------------------- 66 3.2 la position de change :-------------------------------------------------------------------------------- 67

A. Définition------------------------------------------------------------------------------------------- 67 B. Tableau de position de change---------------------------------------------------------------- 68 C. Le cours de valorisation------------------------------------------------------------------------ 69

3.3 Fonds propres et risque de change :-------------------------------------------------------------- 70

SECTION 4 : LES LIMITES DE RISQUES…………………………………………………………………………… 71 4.1 Limites pour le risque de liquidité :--------------------------------------------------------------- 71 4.2 Limites pour le risque de taux d’intérêt :-------------------------------------------------------- 72

A. Limites en gap------------------------------------------------------------------------------------- 73 B. Le stop-loss de position- ------------------------------------------------------------------------- 73 C. Limite de position exprimée en Value-at-Risk---- ------------------------------------------74 D. Limites en sensibilité (limites en delta et/ou en gamma) --- ----------------------------74

4.3 Limites pour le risque de change : 74 A. La limite de la position nette ouverte------------------------------------------------------ ---75 B. Les limites de la position en devise--------------------------------------------------------- ---75

C. Les provisions stop-loss---------------------------------------- ------------------------------ - --75 D. Les limites agrégées sur les contrats------------------------------------------------------- --75 E. Les limites en VAR------------------------- ---------------------- ----------------------------------75

SECTION 5 : LA COUVERTURE DES RISQUES… ………………………………………………………………….76

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5.1. La recomposition du bilan :---------------- ----------------------------------------------------------76 A. L’adossement---------------------------- ----------------------------------------------------------76

1. Définition et avantages-------------------------------------------------------------------------76 2. La réalisation de l’adossement global---- --------------------------------------------------76

B. Les stratégies de financement--------------- --------------------------------------------------77 C. La titrisation-------------------------------------- ---------------------------------------------------79 D. L’immunisation en duration----------------- ---------------- ----------------------------------79

5.2 L’utilisation des produits dérivés : 79 A. Les swaps-------------------------------------------------------------------------------------------- 80 B. Le forward rate argument (FRA) -------------------------------------------------------------- 80

CHAPITRE IV : ETUDE DE CAS…………………………………………………………………………………………. 83

SECTION 1 : Présentation de la structure d’accueil…………………………… ………………… 84

1. LE GROUPE BNP PARIBAS 84 2. BNP PARIBAS EL~DJAZAIR 84 3. L’ORGANISATION DE LA STRUCTURE ALM Trésorerie 85

SECTION 2 : L’ANALYSE DE LA POSITION DE LIQUIDITE DE LA BNP Paribas …… ……………..88 1. L’élaboration du profil d’échéance--------------------------------------------------------------------88 A. L’analyse des postes de l’Actif-- ----------------------------------------------------------------88

1. Caisse, banque centrale et centre des chèques postaux--------------------------------88 2. Créances sur les institutions financières------------------- --------------------------------88 3. Les créances sur la clientèle----------------------------------- ---------- ---------------------89 4. Portefeuille titres------------------------------------------------- - -------- ---------------------91 5. Immobilisations---------------------------------------------- ------ ------------------------------91 6. Opération crédit-bail-----------------------------------------------------------------------------91

B. L’analyse des postes du passif------------------------------------------- ---------------------91 1. Les dépôts à vue-----------------------------------------------------------------------------------91 2. Compte livrets d’épargnes----------------------------------------------------------------------93 3. Les ressources à terme---------------------------------------------------------------------------94

4. Provisions sur crédit documentaire et garanties--------------------- ---------------------94 5. Les Fonds propres------------------------------------------------------------ ---------------------94

C. Autres postes de l’actif et du passif------------------------------------- ---------------------94 1. Autres actifs-----------------------------------------------------------------------------------------94 2. Autres passifs---------------------------------------------------------------------------------------95 3. Compte de régularisation-------------------------------------------------- ---------------------95

2. L’analyse des indicateurs de transformation 97 A. Les impasses en flux---------------------------- ----------- ---------------------------------------97

B. Les impasses en stock-- ------------------------------- ----------------------------- -----98 C. Impact d’une hausse des taux d’intérêt---------------- ---------------------------------------99

D. L’indice de liquidité------------------------------------------ ------------------- --------------------99 SECTION 3 : Résultats et Recommandations----------------------------- ------------------------------101

a. Résultats de l’analyse : -101 b. Exemple de décision : -102 c. Recommandations : -103

CONCLUSION GENERALE………………………………………………………………… ……………………………105