Médiathèque André Malraux Octobre 2011

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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Quelles sont les origines de l’engouement populaire pour l’occultisme ? En quoi la littérature reflète-t-elle cette fascination de l’occulte ? Pourquoi les romans de J.K. Rowling (Harry Potter) ou de Stephenie Meyer (Twilight), bien que débarrassés de toute trace sulfureuse (ou presque) sont-ils un héritage de la littérature de l’occulte ? Petit retour en arrière, dans notre proche passé européen.

Stefan Zweig, dans son essai biographique La guérison par l’esprit, résume bien le phénomène d’engouement qui a saisi le monde de l’aristocratie européenne puis la société mondaine du 18e siècle, peu avant la Révolution française.

« En extirpant la foi religieuse de la société du XVIIIe par leur ironie et leur scepticisme agressifs, Voltaire et les encyclopédistes n’avaient pas tué en l’homme le besoin de croire, éternel et indestructible ; ils n’avaient réussi qu’à le détourner sur des voies mystiques et cachées. Jamais Paris ne fut plus superstitieux et plus avide de nouveautés qu’au début du « Siècle des lumières ». Depuis que l’on ne croit plus aux légendes des saints bibliques, on cherche soi-même des saints nouveaux et étranges et on les découvre en la personne des charlatans, alchimistes, philalèthes, Rose-croix, qui affluent à Paris ; tout ce qui est invraisemblable, tout ce qui s’oppose effrontément à la science classique officielle trouve un accueil enthousiaste dans le grand monde parisien, blasé et entiché de philosophie. La passion des sciences occultes, de la magie blanche et noire, pénètre dans les meilleurs milieux. […] Les personnages les plus considérables de France frémissent de vénération quand le légendaire comte de Saint-Germain, commettant un lapsus volontaire, parle à table de Mahomet ou de Jésus-Christ comme de connaissances personnelles. A la même époque, les aubergistes et les hôteliers de Strasbourg se réjouissent de voir leurs maisons bondées parce que le prince de Rohan héberge dans un des plus beaux palais le fameux charlatan sicilien Balsamo, qui se donne le titre de comte de Cagliostro… » N.B Le lecteur du 21e siècle sera peut-être surpris de la présence dans cette biblio de romans dont l’élément « occulte » semble anecdotique. Il ne faut pas oublier qu’à notre époque, tout est littéralement dit, et avec force détails. Le château d’Otrante d’Horace Walpole, LE modèle du roman gothique, parait donc bien gentillet pour un lecteur déjà habitué à l’épouvante façon Stephen King ou Maxime Chattam. Voici un conseil qui reste applicable à tous les écrits antérieurs à notre époque ou étrangers à notre culture : dans la mesure du possible, lisons en gardant à l’esprit le contexte dans laquelle est née une œuvre (l’époque et la société, la vie de l’auteur), ce qui nous permettra d’apprécier comme inédites ou audacieuses des idées ou mouvements qui sont depuis devenues banals pour nous.

SOMMAIRE

3 Fantômes, esprits, lieux hantés et Cie : le roman gothique 10 Le Diable et ses envoûtés 15 Le Doppelgänger et le Golem : figure du double maléfique et de la créature artificielle 19 Le folklore, les mythes et légendes européens revisités par le romantisme 23 Vampires, morts-vivants: une éternelle jeunesse...littéraire 29 La fascination de l’occulte des Décadents : l’Europe fin de siècle 33 L’époque et les personnalités de l’occulte…en romans et bande dessinée d’aujourd’hui 36 Héritage et renouveau : du Cavalier bleu de l’expressionisme au roman ésotérique 42 Sources documentaires 45 Lexique

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Fantômes, esprits, lieux hantés & Cie : le roman dit gothique, dit romantique, dit noir, di t d'épouvante, dit terrifiant, dit fantastique, dit...

Le roman d'épouvante est un terme générique qui désigne le roman noir gothique (daté et localisé de 1764-1820, Europe ; Royaume-Uni en particulier) : la terreur, le morbide et l’érotisme, le goût des extrêmes (violence, perversions sexuelles), le monde des esprits, les lieux désolés, les ruines, les cimetières, le mystère en sont les thèmes de prédilection. Dans le roman gothique, on trouve les prémices du roman policier (Thomas De Quincey) de la science-fiction (Mary Wollstonecraft Shelley). Leur point commun : le mystère, une inquiétante étrangeté qui trouve une explication rationnelle (roman d’énigme, roman policier), scientifique (roman d’anticipation, science-fiction)…ou pas ! (roman fantastique). Horace Walpole 1717-1797

Le château d’Otrante : histoire gothique (1764) J. Corti (Collection Romantique), 1989 “Le château d’Otrante est un drame plastique, la forme la plus amère, la plus rugueuse, mais aussi la mieux taillée du malheur en amour. Seuls immortels, les désirs vont leur chemin, malgré d’extraordinaires obstacles, malgré les rideaux du sang et les miroirs vides, la nature exclue, l’existence approximative, la vue inutile, les

ancêtres vomis par l’Enfer, malgré la peur, l’héroïsme, la férocité, malgré le marbre des tombeaux et les squelettes, les désirs sans cesse au fil de la mort, cherchent à briser avec l’imaginaire. Horace Walpole a été le précurseur du Roman noir : de Maturin (pour la mise en scène), de Lewis (pour la précipitation passionnée des événements), d’Ann Radcliffe (pour l’atmosphère et le droit à l’absurde) et même d’Achim d’Arnim (pour la froideur dans le bizarre). Et quelques-uns des grands pans d’ombre du Château d’Otrante alimentent le terrible feu qu’allumèrent Sade, Poe et Lautréamont pour échapper au néant. Comme il n’y a qu’une grandeur, cela assure à jamais la gloire d’Horace Walpole.” Paul Éluard. William Beckford 1760-1844

Vathek (1786) J. Corti (Domaine Romantique), 2003 Atroce et infernal selon certains, avatar d’un 18ème finissant et catastrophique selon d’autres, quintessence du préromantisme et du solipsisme en version gothique selon d’autres encore, Vathek, s’il a reçu les hommages des plus grands de la littérature mondiale depuis sa publication à Paris, est avant tout l’un des classiques de la

littérature romantique noire les moins bien établis. Depuis 1787, en effet, on ne lit qu’une version remaniée, souvent abrégée, de l’histoire du Calife Vathek. C’est le but de la présente édition que de pallier cette manipulation génétique curieuse. L’édition de Didier Girard revient aux premiers états non seulement du texte de Vathek (l’édition de base proposée est celle de l’édition de Lausanne en 1786, jamais republiée depuis, et le lecteur pourra trouver un appareil critique complet avec les variantes par rapport aux éditions ultérieures). Au-delà d’un retour au texte « premier », cette édition veut faire goûter au lecteur la prose si singulière et si convaincante de William Beckford que Stéphane Mallarmé rangea définitivement parmi les auteurs de littérature française, non pas par convention linguistique, mais au vu d’un style forgé aux exigences du cœur : « rien n’absout l’impéritie apportée au maniement des attaches de la phrase (où celle-ci se dissémine en l’ombre et le vague) ; mais que de conquêtes sur ces deux jumeaux néfastes, oui ! ». Dans cette édition fidèle aux hésitations de la plume, se dessine plus justement peut-être la poésie Beckford. Ann Radcliffe 1764-1823

Les mystères d’Udolphe (1794) Gallimard (Folio), 2001 Ann Radcliffe publie en 1794 The Mysteries of Udolpho. Les romantiques anglais, et les Victoriens, lui ont voué un culte. En France, Balzac, Hugo, Nodier, Féval, Sue, se souvinrent d'elle. On ignore ce qui a pu pousser cette petite bourgeoise à la vie ordinaire à raconter des histoires terrifiantes, qu'on appelle « gothiques » en Angleterre

et « noires » en France parce qu'elles cherchent à provoquer la crainte chez les lecteurs. Émilie explore le château mystérieux, chandelle à la main, à minuit. La menace (surnaturelle?) est partout

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présente. Les séquestrations, les tortures ne sont pas loin. Quel est le dessein du maître des lieux? Quels sentiments éprouve la jeune fille pour son tuteur et geôlier? Qui épousera-t-elle, après cette quête de soi à travers les corridors du château, qui ressemblent à ceux de l'inconscient? Ce n'est pas pour rien qu'un chapitre porte en épigraphe ces mots de Shakespeare: « Je pourrais te dire une histoire dont le moindre mot te déchirerait le cœur. »

Thomas de Quincey 1785-1859 Klosterheim (1832) J. Corti (Collection Romantique), 1997 Tous les ingrédients d'un roman gothique : atmosphère de suspicion, troubles, menaces, lettres d'intimidation, méprise sur les personnes, meurtres, à l'époque de la Guerre de Trente ans dans les provinces de Bavière et de Souabe. L'action met en scène un usurpateur en la personne du Landgrave, l'authentique successeur au trône,

Maximilien et la jeune et innocente comtesse Paulina. Charles Robert Maturin 1782-1824

Melmoth ou l’homme errant (1820) Phébus (Libretto), 1998

Un roman noir publié pour la première fois en 1820, en Irlande, qui brosse la vie d'un héros possédé par le mal, pour qui le temps n'existe pas.

A propos : des parodies du roman gothique britanniq ue

Louis-François Marie Bellin de La Liborlière 1774-1 847 La nuit anglaise (1799) Anacharsis, 2006 Le bon citoyen Dabaud, parvenu de la Révolution désormais apaisée, s'ennuie dans sa nouvelle fortune à lire des romans à l'ancienne mode. Lorsqu'il découvre le roman anglais ou roman gothique, il plonge avec délectation dans les angoisses que lui procurent ces nouvelles lectures. Après une soirée étrange, il se réveille dans une crypte

humide et inquiétante... Pastiche bouffon paru en 1799. Jane Austen 1775-1817

Northanger Abbey (1818) Archipoche, 2011 La jeune Catherine Morland visite pour la première fois la ville de Bath, en Angleterre. Elle y rencontre son amie Isabella Thorpe et son frère, mais également le captivant Henri Tilney. Ce dernier l'invite à séjourner à l'Abbaye de Northanger, propriété de son père, lieu que Catherine s'imagine à tort mystérieux et effrayant, tout droit sorti des

Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe. Roman d'apprentissage, Northanger Abbey offre un tableau ironique des mœurs de la gentry de Bath. Thomas Love Peacock 1785-1866

L’abbaye du cauchemar J. Corti (Collection Romantique), 1993 Au moment où le Romantisme, en ce début du XIXe siècle, semble atteindre une manière de consécration, à travers l’Europe tout entière, un écrivain anglais, qui n’est dépourvu ni d’esprit ni d’humour, vient tout à coup en révéler les excès : son nom ? Thomas Love Peacock. Ce que Peacock vomit dans le Romantisme triomphant c’est la

facilité des hommes à se laisser appeler par le “lugubre”, le “mystère” et tout ce qui berne grossièrement la conscience. En plein enthousiasme pour le Romantisme, Peacock prend donc du recul, un recul édifiant, pour saisir toute la portée et les limites de cette nouvelle vague : ses romans prennent la forme d’une “comedy of speech” (comédie des échanges), genre dans lequel il fut le premier à briller et dont on peut lui accorder la paternité. Dans le cas de L’Abbaye du cauchemar, Peacock met en scène le deuil du Romantisme. Autour de la figure d’un nommé Scythrop, dont les traits ne sont pas sans évoquer le poète Shelley, il brosse une galerie de personnages plus singuliers les uns que les autres, authentique et mordante parodie de poètes romantiques parmi les plus célèbres de son temps.

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Jan (Jean) Potocki 1761-1815 Le manuscrit trouvé à Saragosse (1804) J. Corti, 2002

Commencé avant 1794, réécrit pendant près de vingt ans jusqu'au suicide de son auteur, le Manuscrit trouvé à Saragosse, d'abord baroque, foisonnant et libertin (version de 1804), fut par la suite entièrement remanié et achevé sous une forme plus sérieuse et

encyclopédique (version de 1810). Le double chef-d'œuvre de Potocki, près de deux siècles plus tard, peut enfin être lu. Arrivé en Espagne pour devenir capitaine des Gardes wallonnes, le jeune Alphonse Van Worden est entraîné dans une étrange aventure, qui prendra l’allure d’une épreuve initiatique. Pendant les deux mois qu’il passe dans la chaîne des Alpujarras, plusieurs personnes lui racontent l’histoire de leur vie, où interviennent les narrations que leur ont faites d’autres personnes qui relatent à leur tour les récits qu’elles ont entendus… et ainsi de suite jusqu’à une quintuple mise en abîme. Mais le Manuscrit trouvé à Saragosse n’est pas seulement l’exemple classique du "roman à tiroirs", véritable labyrinthe ou kaléidoscope où les histoires et les destinées se reflètent les unes dans les autres : c’est aussi une somme romanesque de tous les genres : roman picaresque, histoire de brigands, roman noir, conte fantastique, roman libertin, conte philosophique, histoire d’amour, toutes ces formes s’entrelacent en un ballet féerique parfaitement réglé. Cette complexité n’est pas gratuite : le texte devient le miroir d’un univers à perspectives multiples, où coexistent des systèmes de valeurs, des conceptions religieuses et philosophiques, des sentiments de l’honneur apparemment incompatible. Joseph Sheridan Le Fanu 1814-1873

Le dernier héritier de Castle Connor Ombres (Petite bibliothèque), 1994

Une nouvelle où se mêlent, dans une lumière fuligineuse, la démonologie, les spectres, l'assassinat, les amours contrariées, la sorcellerie, le folklore irlandais, la théosophie et les parents terribles.

Lord Dunsany 1878-1956

Le livre des merveilles ou Chronique de petites ave ntures au bord du monde : nouvelles Terre de Brume (Terres fantastiques), 2002

"Venez avec moi, ladies et gentlemen, vous qui êtes plus ou moins fatigués de Londres, venez avec moi ; et vous tous aussi qui êtes las de tout, dans ce monde que nous

connaissons, car nous avons ici de nouveaux mondes." Voilà la profession de foi qui inaugure Le Livre des Merveilles. Alors, venez vous immerger, sous la plume magique de Lord Dunsany, dans un univers étrange, tout empreint de féerie, de mystère et de légende, de gouffres sans fond, de cités disparues, de dieux étranges, de fées, gnomes et autres dragons tout droit sortis de nos plus fantastiques rêves — ou peut-être cauchemars — d’enfants. On comprendra mieux, à la lecture de ce livre, pourquoi H. P. Lovecraft considérait Lord Dunsany comme l’un de ses maîtres. Ce Livre des Merveilles, malicieusement sous-titré « Chroniques de petites aventures au Bord du Monde », reste l’une des œuvres majeures de Lord Dunsany, œuvre où il a su exprimer le mieux les fantasmagories qui, tous, nous habitent. En flânant au bord du monde, prenez garde tout de même de ne pas faire le pas fatal… "Vraiment, Dunsany m’a influencé plus que tout autre, hormis Poe. Sa langue riche, son point de vue cosmique, ce monde de rêve enfoui en lui et son sens exquis du fantastique me fascinent plus que ce que toute la littérature moderne a produit d’autre." H. P. Lovecraft Richard Marsh 1857-1915

Le scarabée (1897) J. Losfeld (Arcanes.Noir), 2006

À Londres, à la fin du XIXe siècle, une créature mystérieuse venue du fond de l'Égypte antique apporte l'épouvante et la mort. Quelle horrible vengeance poursuit-elle pour assouvir sa haine meurtrière ? Paul Lessingham, jeune politicien de talent, semble bien

être au cœur de l'énigme. Rattrapé brutalement par son passé, il entraîne ses proches à son insu dans un cauchemar hors du temps. Construit en forme de roman policier avant l'heure, Le scarabée invite le lecteur à assembler les éléments d'un puzzle démentiel où s'affrontent malédiction d'un autre âge et rationalité moderne. Le scarabée est l'œuvre la plus célèbre de l'auteur anglais Richard Marsh. Ce roman connut en son temps le même remarquable succès populaire que Dracula de Bram Stoker, paru lui aussi en 1897.

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Henry James -1843-1916 Le Tour d’écrou Flammarion, 1999

La veille de Noël, un homme lit l'histoire étrange racontée par l'un des témoins des faits rapportés, une gouvernante chargée de garder deux enfants que viennent hanter des fantômes dépravés qui se jouent de leur innocence.

A la manière du Tour d’écrou :

L’indésirable / Sarah Waters (1966-….) Denoël (Et d’ailleurs), 2010

A l'occasion d'un remplacement, le docteur Faraday revient à Hundreds Hall, demeure des Ayres, membres de la gentry ayant subi des revers de fortune. Au fil de ses visites

dans ce lieu qu'il admirait enfant, des événements étranges et des accidents se produisent. Une critique de l'Angleterre de l'après-guerre et une histoire de fantômes.

Dans ce roman à tiroirs, Sarah Waters revisite les codes des classiques du roman noir et gothique, d'Henry James (le tour d'écrou) à Edgar Allan Poe.

Violet Hunt 1862-1942

La nuit des saisons mortes : et quatre autres nouve lles de malaise J. Corti (Domaine romantique), 2008

Jacques Finné, spécialiste notamment des écrivains victoriennes a choisi de réunir ici ses meilleures nouvelles fantastiques sous le titre de La nuit des saisons mortes et cinq autres nouvelles de malaise issues de deux recueils (Tales of the Uneasy,1911 ; More

Tales of the Uneasy, 1925).Toutes ses nouvelles témoignent de son originalité dans le traitement du fantastique et toutes ont une thématique commune : l’ironie du destin, la fragilité des choses humaines et les relations entre la vie et la mort. Après ce premier livre de Violet Hunt, Jacques Finné proposera un roman court (une novella) Les sœurs corses, centré sur une impitoyable vendetta, qui permettra de mesurer l’ampleur de cette écrivaine injustement oubliée. Tous les théoriciens du fantastique anglo-saxon la tiennent en haute estime : son fantastique débouche sur des considérations bien plus vastes que le fantastique traditionnel. Violet Hunt (1862-1942) fréquentait les salons littéraires anglais et tenait même le sien où se rencontraient Joseph Conrad, Henry James ou D. H. Lawrence. Elle connut la célébrité avec son roman The wife of Rossetti. Arthur Machen 1863-1947

Les trois imposteurs ou les transmutations Terre de Brume (Terres fantastiques), 2002

En 1995, un groupe d’auteurs et de critiques britanniques décida de décerner un "Booker Prize" (l’équivalent du Goncourt) au meilleur roman de l’année 1895. Les Trois Imposteurs, d’Arthur Machen, figurait sur la liste. Le jury s’accorda sur un point : cent

ans après sa parution, c’était toujours un livre "répugnant". Et Les Trois Imposteurs — la Société des amis d’Arthur Machen en rit encore — repartit bredouille. Plus d’un siècle après sa publication, Les Trois Imposteurs n’a en effet rien perdu de son potentiel d’inquiétude, d’effroi et d’ironie. Hommage avoué de l’auteur gallois au Dynamiteur de l’Écossais Robert Louis Stevenson, Les Trois Imposteurs se déroule dans le Londres désert et nocturne des ruelles et des arrière-cours. Deux Londoniens oisifs, les pompeux Dyson et Phillipps, se trouvent malgré eux mêlés à de mystérieux événements, et trois inconnus malicieux — deux hommes et une jeune femme — leur racontent de très étranges histoires (assassinats, disparitions, transmutations effroyables), à seule fin de retrouver un énigmatique et criminel jeune homme à lunettes. Le dernier chapitre de ce curieux objet littéraire, mi-roman, mi-recueil de nouvelles, donnera à la comédie des couleurs cruelles et tragiques…Des Trois Imposteurs, on connaissait en France trois des récits absurdes : La Poudre blanche, Le Sceau noir et la Vierge de Fer. Plus de cent ans après sa scandaleuse apparition dans les librairies britanniques (les critiques de l’époque le jugèrent souvent avec autant de répulsion que ceux d’aujourd’hui), le public français peut enfin découvrir dans son intégralité cette œuvre maîtresse de la littérature fantastique.

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William Butler Yeats 1865-1939 La rose secrète suivie de Les histoires de Hanrahan le Roux et de Rosa alchemica, Les tables de la loi et L'adoration des mages (1897) J. Corti (Domaine romantique), 1995

Avec cette Rose secrète, bien davantage qu’avec Trois Nôs irlandais (José Corti, 1994), nous sommes au cœur de la veine romantique de Yeats. Parue en 1897, l’œuvre contient

Les Histoires d’Hanrahan le Roux, Rosa alchemica ainsi que le récit donnant son titre au recueil, l’ensemble étant puisé dans ce fonds celtique si riche en mystères et enchantements. Laissons à Pierre Leyris le soin de présenter ce qui pour lui en fait le prix : “William Butler Yeats : l’un des grands poètes qui ont racheté notre siècle en prouvant, dans le sillage de Blake, que l’Imagination humaine est divine quand elle se souvient d’où elle procède. Les Grecs avaient pour cela le beau mot d’anamnèse. Nourri du patrimoine universel, mais particulièrement des mythes immémoriaux et des contes populaires de l’Irlande, pour lesquels il avait autant de respect que d’amour, Yeats s’en est fait le continuateur inspiré en créant ces récits proprement merveilleux. Sont-ce des allégories ? Non : les allégories se ferment. Au lieu que les récits symboliques s’ouvrent à jamais”. Alexandre Dumas 1802-1870

Les mille et un fantômes (1849) Gallimard (Folio), 2006

Dans La Femme au collier de velours et dans les nouvelles qui composent Les Mille et Un Fantômes, Dumas présente un tour d'horizon du fantastique, du plus traditionnel au plus surprenant : fantômes, visions et vampires sont mobilisés, mais aussi les obsessions morbides de la génération postrévolutionnaire. Les têtes coupées parlent,

les corps suppliciés se redressent et témoignent de l'abdication de la raison devant une histoire chaotique et proprement infernale. Algernon Blackwood 1869-1951

John silence : nouvelles (1908) Payot Rivages, 1993

Réunit : La Némésis du feu ; Une invasion psychique; Culte secret Une vengeance flamboyante de l'ancienne Egypte, une invasion psychique, un monastère hanté par des adeptes de Satan… John Silence, détective de l'occulte,

"Sherlock Holmes du surnaturel", combat les forces démoniaques qui menacent notre monde par des moyens naturels. Chef d’œuvre de l'énigme et du fantastique, John Silence fut publié pour la première fois en 1908. Honoré de Balzac 1799-1850

Seraphîta L’Harmattan (Les introuvables), 1995

Dans un village de Norvège, perdu au milieu des glaces et des neiges, Minna, la fille du pasteur, éprouve une étrange attirance pour Séraphîtüs. De son côté, Wilfrid, un étranger retenu pendant l'hiver à Jardis, tombe sous le charme de Séraphîta. En réalité Séraphîtüs

et Séraphîta ne forment qu'un seul être, synthèse de l'être terrestre et de l'être immortel, qui doit convaincre les hommes d'abandonner leurs désirs et leurs aspirations terrestres afin d'atteindre le monde céleste. Ce curieux récit d'Honoré de Balzac prend appui sur les visions occultes du mystique suédois Swedenborg. Il offre une occasion unique de découvrir les idées gnostiques de Balzac sur la vie dans l'au-delà. William Blake 1757-1827

Le mariage du ciel et de l'enfer précédé de Le livre de Thel et suivi de L'Évangile éternel Arfuyen, 2004

Graveur et imprimeur, Blake eut l’occasion de travailler sur La sagesse des anges du philosophe mystique suédois Emanuel Swedenborg. Il adhère brièvement à la société

swedenborgienne des Londres. Publié en 1793, Le mariage du ciel et de l’enfer ( texte en prose) est fortement inspiré des versets bibliques lus par Blake (1757-1827) et se veut une contrepartie à La sagesse des anges de Swedenborg. Le livre de Thel date de 1789. Quant au dernier texte, il a été publié en 1818.

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Charles Nodier 1780-1844 La Fée aux miettes précédé de Smarra Gallimard (Folio), 2002

Membre de la société des Jacobins à douze ans, directeur de journal en Dalmatie sous l'Empire, Charles Nodier ne fut pas seulement le bibliothécaire de l'Arsenal, l'hôte charmant, assisté d'une fille non moins charmante, autour duquel se réunit le premier

Cénacle. Ouvert à tout ce qui est populaire et primitif, ami du lutin, de la sorcière et de la fée, il a étendu le champ de l'imaginaire romantique, exploré le monde des rêves, dit l'importance du cauchemar et des " phénomènes du sommeil " qui seuls rendent supportable la vie sociale et la vie tout court : qu'ils soient écossais ou illyriens, les contes de Nodier sont un hommage à la douceur consolante de la déraison.

Trilby, le lutin d'Argail : conte écossais Terre de Brume, 1998

Aux romantiques l'honneur d'inaugurer le XIXe siècle littéraire. Charles Nodier (1780-1844) est l'un d'entre eux et non des moindres. Auteur de contes parmi les plus célèbres de la littérature française, il montrera un penchant pour le mystère et l'horreur. Trilby, le lutin d'Argail, une histoire d'amour, belle et tragique, reste l'un de ses plus beaux textes.

Guy de Maupassant 1850-1893

Les horlas Actes sud (Bouquins), 1995

Publié en 1887, cette nouvelle restitue, sous la forme d'un journal intime, deux sentiments qui occupent une place prédominante dans la vie de Maupassant : la peur et la folie. Ce conte est publié ici avec ses deux versions.

Gaston Leroux 1868-1927

Les assassins fantômes R. Laffont (Bouquins), 2010

Des assassins introuvables, incroyables, indiscernables, comme doués d'invisibilité et d'ubiquité. Tels semblent être les génies malfaisants de ces quatre romans.

Le Fauteuil hanté, ou la tragédie burlesque de l'immortalité bafouée quand passent de vie à trépas les candidats successifs à un fauteuil de l'Académie française désespérément vacant. La Colonne infernale, vaillante armée des ombres dont le chef poursuit à travers l'envahisseur une espionne infâme qu'il ferait mieux de ne pas démasquer. L'aubergiste Tullamore est-il l'abominable et mystérieux Tue-la-Mort ou l'innocente victime d'une fâcheuse ressemblance ?... À moins que... La passion du jeu entraîne le héros du Sept de trèfle dans des aventures tragiques, mais ne l'empêchera pas de rencontrer dans la vie le fantôme charmant d'une adolescente que Botticelli fixa sur une toile accrochée au mur d'un musée de Florence.

Le fauteuil hanté LGF, 2010

L'Académie française est le théâtre de drames répétés. Un à un, les candidats à la succession de Mgr d'Abbeville s'écroulent, morts, en prononçant leur discours de réception. Les Immortels ne le sont plus ! Il en reste trente-neuf. Un refoulé de

l'Académie aurait-il le pouvoir de jeter un mauvais sort ? Monsieur le Secrétaire perpétuel, Hippolyte Patard, et Monsieur Gaspard Lalouette, marchand d'antiquités, mènent leur enquête en tremblant de peur... et en nous faisant bien rire. Le quarantième fauteuil sera quand même occupé... Dans Le Fauteuil hanté, Gaston Leroux, le père de Rouletabille, se moque de l'illustre Académie et, après bien des aventures, nous révèle un mystère incroyable.

Gaston Leroux continue d’inspirer…en 2011

Le fantôme du fauteuil 32 : roman / Nathalie Rheims L.Scheer, 2011

Le fauteuil 32 de l'Académie française semble lié à une malédiction, sujet à l'origine du roman Le fauteuil hanté de Gaston Leroux. Maurice Rheims a reçu le manuscrit de

cette œuvre, qui semble contenir les clefs de l'énigme. Au moment de mourir, il le transmet à sa fille, lui demandant de faire en sorte que personne ne prenne place sur ce fauteuil...

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Anthologies littéraires

Romans terrifiants / Présentation par Francis Lacassin R. Laffont (Bouquins), 2001

De cette masse de prodiges et méfaits entretenus par le fol engouement du public, émerge l’inspiration de quatre maitres incontestés. Horace Walpole, initiateur du genre avec Le château d’Otrante (1764), Ann Radcliffe, spécialiste du surnaturel expliqué. Avec Le moine (1795) de Matthew Lewis, l’intervention directe du diable porte le

surnaturel à l’incandescence et l’amour jusqu’au blasphème. Le roman de la terreur a cédé la place au roman du Mal. Un Mal qui, dans Melmoth ou l’homme errant (1820) de C.R. Maturin, va quitter les lieux de l’inspiration gothique pour écraser des hommes sous leur destin aux quatre coins de monde. Parmi les nombreux écrivains que le Roman Noir terrifiant a fascinés à l’aube du Romantisme, de Balzac à Baudelaire en passant par Charles Nodier, Victor Hugo et Georges Sand, on retiendra l’auteur des célèbres Contes. Les élixirs du diable (1816) d’Hoffmann continue l’hommage du romantisme à un genre qu’on jugera frénétique et mal famé.

Les maîtres de l'étrange et de la peur : de l'abbé Prévost à Guillaume Apollinaire / Anthologie de Francis Lacassin R. Laffont (Bouquins), 2000

« Depuis des siècles, depuis les cyclopes, magiciens et sirènes d'Homère, en passant par les prodiges des Mille et Une Nuits, les enchanteurs des chevaliers de la Table

ronde et les ogres des contes de fées, les hommes aiment à se donner le frisson en jouant avec leur peur. Longtemps confinées aux auditoires des veillées les histoires à ne pas lire la nuit ont connu en France un extraordinaire succès lorsqu'elles sont entrées dans l'espace littéraire au XIXe siècle. Tous les grands écrivains : Nodier, Balzac, Hugo, Gautier, Nerval, Mérimée se sont amusés à semer l'effroi dans la raison des lecteurs. Les meilleurs de leurs contes fantastiques dispersés aux quatre coins de leurs œuvres sont réunis ici aux côtés des grands précurseurs (l'abbé Prévost, le marquis de Sade, Cazotte), de petits maîtres inconnus, et d'illustres " amateurs " : tels le paléontologue Boucher de Perthes, le dessinateur Gavarni, l'académicien Philarète Chasles, l'inattendu Eugène Sue. Ils ont fait lever une vague d'ombres inquiétantes aux méfaits sans cesse renouvelés par leur imagination : revenants, vampires, monstres et démons de toute sorte, sans oublier le maître des maîtres : le Diable. » Francis Lacassin.

Les fantômes des Victoriens / anthologie de Jean-Pierre Krémer J. Corti (Domaine romantique), 2000

Textes d’Arthur Conan Doyle, Wilkie Collins, Charles Dickens, Patrick Kennedy, Vincent O’Sullivan, Bernard Capes, Arthur Quiller-Couch, George Moore, E.M. Forster. Les fantômes des Victoriennes / une anthologie de Jacques Finné J. Corti (Domaine romantique), 2000

Parmi les écrivains victoriens (1837-1901) qui se sont frottés au surnaturel, la majorité sont des victoriennes. Un extrême suscitant souvent son contraire, l’obligation de neutralité, de presque indifférence expliquera le gout des Anglais(es) pour le dramatique, l’horrible, le sanglant, l’atroce, sous tous ces aspects. Ce volume contient

des récits d’Elizabeth Gaskell, Mary Braddon, Amelia Edwards, Roda Broughton, Elizabeth Lynn Linton, J.H. Riddell, Vernon Lee, Edith Nesbit, Clemence Housman, Violet Hunt, Margaret Oliphant.

French Gothic Manitoba-Les belles lettres, 2004

Réunit un choix de textes gothiques d'auteurs français des XIXe et XXe siècles : Flaubert, Dumas, P. Féval, L. Bloy, A. Daudet, M. Schwob, J. Lorrain, L. Silhol, M. Baumier, C. Manier, ainsi que de l’écrivain ésotérique « Sâr » Joséphin Péladan.

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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Le diable et ses envoûtés : une autre caractéristique du roman noir Satan, héros romantique

Il était permis de croire qu'après l'éclat de rire de Piron, des Philosophes et de Voltaire, qui le regardait comme le fruit d’ « imaginations dégoûtantes, affreuses, absurdes », le mythe de Satan s'évanouirait pour toujours dans l'esprit des hommes. C'était compter sans la passion des foules pour le merveilleux et l'insolite, que traduisit le rapide succès emportés par les « romans noirs » et le retour aux sources médiévales, notamment promu par Goethe, Hoffmann et Charles Nodier, qui s’efforcèrent de rendre son auréole maléfique à un personnage dont ils admettaient la réalité. Par ailleurs, l'anglomanie, de règle au début du siècle dernier, entraînait la lecture sous un jour nouveau du Paradis perdu, de John Milton qui, à l'inverse des mystères médiévaux, assurait que dans son exil, Satan n'avait rien perdu de sa primitive beauté. Ce que Lord Byron s'empressait de confirmer en s'exclamant : « O ciel ! Sauf celui qui l'avait créé, quelle beauté et quelle puissance fut jamais comparable à celle de Satan ?» (Ciel et Terre). Il est, surenchérit George Sand, « le plus beau des immortels après Dieu, le plus triste après Jésus, le plus fier après les fiers » (Consuello). [...]

Si, dans leur immense majorité les auteurs romantiques s'accordaient pour redorer le blason du Beau Ténébreux, singulièrement terni par les Encyclopédistes, leurs conceptions différaient quant à son comportement. Les uns le qualifiaient d'insurgé héroïque, de révolté blasphémateur ; les autres l'assimilaient à un être misérable cherchant à se gagner le cœur des humains ; certains enfin n'hésitaient pas à assurer qu'un jour Dieu lui pardonnerait ses terribles méfaits. Dictionnaire des mythes littéraires, Pierre Brunel . Ed. Du rocher, 2003.

A propos :

Le diable dans la littérature française : de Cazott e à Baudelaire 1772-1861 / Max Milner J. Corti, 2007 Une étude parue pour la première fois en 1971, et qui s'attache à analyser les problèmes d'esthétique, du merveilleux, du fantastique et de la magie de la symbolique du diable dans la littérature, notamment dans le domaine de la poésie.

Jacques Cazotte 1719-1792

Le Diable amoureux suivi de La Prophétie de Cazotte rapportée par La Harpe, de ses Révélations, d'extraits de sa correspondance ainsi que d'Ollivier et de l'Histoire de Maugraby (1770) Gallimard, 2003.

Jugement du Courrier du Midi sur Cazotte, 2 septembre 1792 (Cazotte sera guillotiné le 25 septembre) :

M. Cazotte, celui à qui les Colonies de Saint-Domingue et de la Martinique doivent leurs malheurs, est aujourd’hui soumis aux jurés d’accusation ; il écrivait à la Martinique : «Foudroyez les patriotes; brûlez la ville de Saint-Pierre, s’il le faut, pour réduire les rebelles ». Ce Cazotte, dont on a trouvé plusieurs lettres dans les papiers de M. Laporte, est l’auteur d’Olivier, joli poème, du Diable amoureux, de Richardet, et de plusieurs contes et pièces fugitives, dans lesquels on remarque toujours de l’esprit, et quelquefois de la raison. Depuis quelque temps sa tête était dérangée par le système des illuminés , [Mouvement Illuministe de Saint Martin qui a fait le tour des cours européennes et leurs aristocraties] qu’il avait embrassé dans les transports d’une imag ination exaltée. Il est facile dans ses lettres de reconnaî tre un martiniste ; il cite souvent l’apocalypse, et il n’emploie que les expressions s ymboliques qui forment la langue des amateurs de la science occulte ; il n’est pas étonnant que de pareils hommes ne rêvent que folie, ils habitent un monde idéal, il leur est facile de le changer au gré de leurs espérances et de leurs systèmes.

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Matthew Gregory Lewis 1773-1817

Le moine J. Corti (Collection Romantique), 2005

Un texte gothique qui raconte le combat d'une sainteté qui se défait contre les puissances des ténèbres. Des scènes d'une grande cruauté qui déchainèrent de nombreuses réactions à la première édition. Autour de l'histoire se développent des contes fantastiques quasi autonomes. Un chef-d’œuvre du roman gothique salué par

Sade, Breton et Artaud, adapté au cinéma par Dominik Moll avec Vincent Cassel dans le rôle titre (2011).

Le moine (Lewis) raconté par Antonin Artaud Gallimard (Folio), 2008

Fasciné par cette œuvre « je continuerais à tenir pour une œuvre essentielle le moine, qui bouscule cette réalité à pleins bras, qui traine devant moi des sorciers des apparitions et des larves, avec le naturel le plus parfait, et qui fait enfin du surnaturel une réalité comme les autres », Artaud en fait en 1931 une « sorte de copie en français

du texte anglais original » en comparent sa démarche à celle d’un « peintre qui copierait le chef d’œuvre d’un maitre ancien ». Il élague, résume ou au contraire ajoute, remplace tel dialogue par une narration, bouleverse par moments l’ordre du récit, réinvente même certains passages. (Commentaires, p.439) Ernst Theodor Amadeus Hoffmann 1776-1822

Les élixirs du diable : papiers laissés à sa mort par le frère Médard, ca pucin Phébus, 2005

Le moine Médard, écartelé entre le Ciel et l’Enfer, aspirant à la fois au salut de son âme et aux plaisirs charnels, en est le héros. Après avoir vécu dans la prière et l’abstinence, il cède au Tentateur et absorbe un élixir qui lui permet de satisfaire tous ses désirs de débauche, de

violence et de sacrilège. En proie au démon, il se livre à une série de meurtres et d’actes abominables dont il ne prend conscience qu’après coup. Commence alors une lutte contre lui-même, contre la folie et contre le destin… Aux côtés du Moine de Lewis (1795) et du Melmoth de Maturin (1820) Les Elixirs du Diable (1816) figurent parmi les chefs-d'œuvre absolus du " roman noir " de la période romantique. Pour Hoffmann, ce récit de toutes les indécences et de tous les excès n'était rien de moins que le pivot secret autour duquel devait s'orienter toute son œuvre de conteur. Freud note qu'on y retrouve, dans une sorte de symphonie frénétique, l'ensemble des thèmes chers au grand " fantastiqueur ", et d'abord celui du Double, « dans toutes ses nuances, tous ses développements ». Texte déconcertant à coup sûr, où viennent se fondre comme en un creuset les plus hautes intuitions du Romantisme allemand. Adelbert von Chamisso 1781-1838

L'étrange histoire de Peter Schlemihl (1813) Gallimard (Folio 2 euros), 2011

Est-il si important d'avoir une ombre ? Le jeune Peter Schlemihl, désargenté, n'hésite pas à vendre la sienne à un singulier personnage en habit gris en échange d'une bourse magique inépuisable. Tout à son nouveau statut d'homme fortuné, l'ingénu ne tarde pas à

se rendre compte qu'il a scellé un pacte avec le Diable. Vendre son âme au Diable... un des thèmes fondateurs du romantisme allemand, à découvrir dans ce texte pétillant d'une étonnante modernité. Jacques-Antoine de Révéroni Saint-Cyr 1767-1829

Pauliska ou la perversité moderne (1798) Rivages (Rivages poche), 2001

Ce roman (1798) s'inscrit dans cette fièvre littéraire du noir et de l'effroyable visant à conjurer les obsédants souvenirs des violences politiques. Comme le couvent, la château interdit, la forêt, la secte est depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle une des

grandes réserves du fantastique occidental. Pauliska en parcourt le cycle entier : associations politiques, clubs de libertins, bandes de brigands ou de faux-monnayeurs, compagnonnages d’escrocs ou de mystiques de la science, sociétés orgiaques de femmes sans hommes, sbires du Sacré-Collège, enfin, comme il se doit dans tous les romans de terreur, l’ordre à la fois le plus secret et le plus éclatant, l’indéfini complot, le Saint-Office. En ce monde souterrain, les malheurs perdent leur chronologie et rejoignent les plus vieilles cruautés du monde.

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A propos :

Antoine de Baecque, dans sa préface de Pauliska de Révéroni Saint-Cyr (Rivages, 2001) donne le contexte historique et littéraire dans laquelle s’inscrit cette œuvre (et on peut également y inclure le Marquis de Sade, qui fit publier une première version Justine ou les malheurs de la vertu en 1795) :

En 1798, un militaire de trente et un ans, Jacques-Antoine de Révéroni Saint-Cyr, fait paraitre son second roman, Pauliska, qu’il a sous-titré « ou la perversité moderne ». Le roman, son titre et son titre s’inscrivent dans un gout pour l’exotisme et le sulfureux, mais surtout une fièvre littéraire du noir et de l’effroyable visant à conjurer les obsédants souvenirs de la pire des violences politiques : La Terreur. A la fin de la Révolution, sous le Directoire, se multiplient ces « romans noirs » directement inspirés des succès des « romans gothiques » anglais, tel Le château d’Otrante d’Ann Radcliffe. [sic]

Les événements révolutionnaires ont donné une actualité à cette nouvelle tradition romanesque : ces histoires sont lues comme des échos fictionnels, non moins directs, d’une scène politique où chaque décision a pu dialoguer intimement avec la mort. Cette épreuve accapare les récits, les représentations, les images, les modes. Le roman de mort-vivant, le goût du morbide, l‘érotisme macabre, l’anecdote funèbre, la poésie des tombeaux, des grottes et des sombres châteaux, toutes ces lectures proposent à l’imaginaire collectif une configuration de roman noir. C’est avec ce type de récit en tête que les Français ont vécu la Terreur, moment qui donne à voir de vrais cadavres à des esprits qui les ont multipliés en imagination. La Révolution s’apparente à l’expérimentation politique des situations macabres qui habitent les constructions fictionnelles des Lumières.[…]Il s’agit de comprendre comment, à l’occasion d’une telle crise politique, le roman noir resurgit sous le Directoire comme point sensible du discours de la société sur elle-même. L’homme, d’un coup, a besoin de cet effroi pour se comprendre, pour prendre la (dé)mesure des bouleversements qu’il engendre. Sans doute, car, si ses défenses contre la nature (et sa propre nature) se sont peu à peu renforcées, faites plus hautes, sa part secrète, s’est, quant à elle, ensauvagée. Le roman noir est précisément cette forme littéraire qui dit, à la fois, la maîtrise de l’homme et son ensauvagement : il est le lieu d’une possible rationalisation, comme mis a distance par les règles, les conventions, les références d’une sorte de « mécanique des sentiments », mais il figure aussi la possibilité d’une écriture de la démesure et de la folie, incarne l’image d’un monde en proie à la peur et aux dérèglements. Cet astre noir, même a priori dévolu au règne de la science, est aussi celui d’un mauvais cauchemar, sans cesse menacé par les monstres, les êtres échappés des souterrains ou des échafauds, et ceux réveillés par les expériences qui tournent mal. Jacques-Antoine Révéroni Saint-Cyr campe sur cet astre noir. Donatien Alphonse François de Sade 1740-1814

Justine ou les malheurs de la vertu (1795) Gallimard, 2003

« Avec Justine, un homme du XVIIIe siècle parle, un prisonnier vitupère, un philosophe argumente, tous ensemble, dans une symphonie agressive que notre oreille douillette, accoutumée à de trop douces harmonies peut-être, reçoit comme un coup de poing. C'est précisément dans ce choc que la vérité de Sade doit se trouver, dans

l'hématome, la boursouflure, le filet de sang qui suinte de la plaie. "Vous avez imaginé faire merveille (écrit-il à ses censeurs) en me réduisant à une abstinence atroce sur le péché de chair ; eh bien vous vous êtes trompés : vous avez échauffé ma tête, vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise." Les menaces de Sade vont se concrétiser et les "fantômes", nés de son cerveau incendié par l'injustice, se mettre en marche, pour ne plus s'arrêter. Sade a 50 ans lorsqu'il écrit Justine ou les malheurs de la vertu, il ne sait pas encore qu'il est un écrivain. Il l'apprendra dans l'enfermement, ce qu'il appelle lui-même le "pressurage" de son isolement. » Victor Hugo (1802-1885)

La fin de Satan Gallimard (Poésie), 1984

En 1857, Victor Hugo signalait dans " La légende des Siècles ", le lien qui, dans sa pensée, rattachait son poème à deux autres poèmes presque alors achevés, qui en étaient l'un de dénouement, l'autre le commencement, " La Fin de Satan ". Notamment il ajoutait lui-même : " L'auteur ne voit aucune difficulté à

faire entrevoir dès à présent, qu'il a esquissé dans la solitude une sorte de poème d'une certaine étendue où se réverbère, à son sens, le problème unique, l'Etre, sous sa triple face : l'Humanité, le Mal, l'Infini ; le progressif, le relatif, l'absolu ; en ce qu'on pourrait appeler trois chants : La Légende des Siècles, la Fin de Satan, Dieu ".

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Honoré de Balzac 1799-1850

La comédie du Diable Lume, 2005

Farce burlesque qui s'ouvre avec la description d'un gigantesque banquet. Une fête réunissant 32. 000 damnés (parmi lesquels Adam, Cléopâtre, Socrate, Voltaire, etc.) est organisée aux enfers mais comme le diable s'y ennuie, il décide de construire un théâtre

afin d'y faire jouer la comédie. Melmoth réconcilié Climats, 1994

En quête d'âmes à vendre, Satan a jeté son dévolu sur l'Anglais Melmoth. Il lui a conféré des pouvoirs surnaturels grâce auxquels ce personnage glacial et rigide devient le détenteur patenté du mal sur la terre.

La comédie des ténèbres Omnibus, 2007

Cette édition réunit 30 romans, contes et nouvelles spécifiquement consacrés au thème du fantastique et toutes ses représentations : l'occultisme, les revenants, le diable et ses créatures, etc.

Joseph Sheridan Le Fanu 1814-1873

Le mystérieux locataire et autres histoires d'espri ts forts J. Corti (domaine romantique), 1999

L’abîme qui sépare un auteur de son œuvre est parfois d’une profondeur vertigineuse. Rabelais ne présente pas grand-chose de commun avec ses créations gigantesques. Sade n’a pas accompli un pour cent des aberrations sexuelles qu’il décrit dans ses romans. De

même, entre Joseph Sheridan Le Fanu et certaines parties de son œuvre, la contradiction est flagrante. Pourquoi un homme, indéniablement religieux, a-t-il pu aborder si souvent le thème du défi à Dieu, voire de la tentation athée ? Comment est-il si bien parvenu à créer tant de personnages qui bafouent ouvertement la religion en passant un pacte avec le diable ou au contraire embrassant un scepticisme bien éloigné de toute croyance. Les six nouvelles présentes ici témoignent de l’étonnante qu’a Le Fanu de nous faire sentir le souffle du mal avant même l’apparition du diable. La nouvelle-titre est un concentré de scènes et d’images puissantes : le malin et son envoyé sur terre vont peu à peu prendre possession des habitants d’une maison. Chaque apparition du locataire avec son abominable masque respiratoire est ponctuée par le franchissement d’un nouveau degré d’horreur. Le narrateur, maladivement sceptique, ne peut faire appel aux forces du bien auxquelles il ne croit pas. L’épouse, elle-même, ne parvient plus à prier, et pourtant elle sait que le mal va s’attaquer à ses enfants. Johann Wolfgang von Goethe 1749-1832

Faust Gallimard (Folio bilingue), 2007

Le docteur Faust découvre amèrement qu'il a brûlé les plus belles années de sa vie à la recherche du savoir. Tenté par le suicide, il voit apparaître le diable en la personne de Méphistophélès. Celui-ci lui propose un pacte : son âme en échange de la jeunesse et de

tous les plaisirs. Faust accepte. Prosper Mérimée 1803-1870

Les âmes du purgatoire : ou l'histoire de don Juan de Marana, "le pire homme qui fût au monde" Autrement dit, 2005 (Texte lu par Alexa Parr)

" Il y avait dans l'oratoire de la comtesse de Marafia un tableau qui représentait les tourments du purgatoire. Tous les genres de supplices dont le peintre avait pu

s'aviser s'y trouvaient représentés avec tant d'exactitude que le tortionnaire de l'inquisition n'y aurait rien trouvé à reprendre..." Le petit Juan, toutes les fois qu'il entrait chez sa mère, demeurait longtemps immobile en contemplation devant ce tableau qui l'effrayait et le captivait à la fois. Surtout, il ne pouvait détacher ses yeux d'un homme dont un serpent paraissait ronger les entrailles pendant qu'il était suspendu au-dessus d'un brasier ardent au moyen d'hameçons de fer qui l'accrochaient par les côtes...

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Frédéric Soulié 1800-1847 Les mémoires du Diable R. Laffont, 2003

Tout comme Faust, le baron François-Armand de Luizzi vend son âme au diable contre la satisfaction de tous ses désirs, il n'échappera à la damnation qu'à la condition de connaître le bonheur et de se le prouver. F. Soulié, grand feuilletoniste du XIXe siècle,

multiplie les épisodes où se succèdent toutes les laideurs humaines : enlèvement, viol, adultère, inceste... Gustave Flaubert 1821-1880

La tentation de saint Antoine Gallimard (Folio), 1983

Née de la rencontre avec un tableau de Bruegel et du souvenir des spectacles forains de la foire Saint-Romain à Rouen, La Tentation de saint Antoine résume la diablerie romantique, ses monstres, ses obsessions, ses ténèbres. " Œuvre de toute ma vie ", disait Flaubert, elle est aussi " le cabinet secret de son esprit " selon Baudelaire qui

voulait surtout attirer l'attention du lecteur sur cette faculté souffrante, souterraine et révoltée, qui traverse toute l'œuvre, ce filon ténébreux qui illumine et qui sert de guide à travers ce capharnaüm pandémoniaque de la solitude "

A propos : Antoine (le Saint) et Gustave (le Flaube rt) A l’aube du christianisme, en Egypte, Antoine est un solitaire dans le désert. Il cherche Dieu

dans l’absolu renoncement au monde. Mais le monde ne le lâche pas, « l’Adversaire » le persécute, il envoie des démons pour l’attaquer et des visions pour le séduire. Antoine subit victorieusement l’assaut des tentations depuis l’âge de vingt ans jusqu’à sa mort vers cent cinq ans (en 356). Très vite –dans les dix ans qui suivent qui suivent sans doute- cette histoire est écrite. La Vie d’Antoine a pour auteur un anonyme qui a connu l’ermite. Rien ne prouve l’attribution traditionnelle à l’archevêque d’Alexandrie, Athanase. Cent soixante manuscrits nous sont parvenus rien qu’en grec, d’autres en latin, copte, arménien, syriaque, arabe, éthiopien, géorgien : c’est dire le succès de l’œuvre.[…] Le mythe littéraire commence avec Flaubert.[…]

C’est en intégrant à son approche la modernité scientifique du XIXe siècle que Flaubert transforme le mythe pour produire un objet littéraire fascinant. D’abord le personnage de Saint Antoine est intériorisé, retouché par la psychologie. En lui prêtant son vécu psychosomatique, l’auteur a fait de lui, dans sa troisième version surtout, le grand halluciné dans lequel se reconnaitra une fin de siècle obsédée par la névrose. Plus que jamais, le visionnaire est dépassé par les visions. Pour reprendre un commentaire de Michel Foucault : « Dans l’espace de cette nuit d’Egypte que hante le passé de l’orient, c’est toute la culture qui se déploie : le Moyen Age avec sa théologie, la Renaissance avec son érudition, l’âge moderne avec sa science du monde et du vivant.» et c’est le Diable, en Archange romantique, qui sert de coryphée au savoir occidental » !

Dictionnaire des mythes littéraires, Pierre Brunel. Ed du rocher, 2003. Ethel Mannin 1900-1984

Lucifer et l'enfant Terre de Brume (Terres fantastiques), 2004

Dans l’Angleterre miséreuse des années trente, une fillette solitaire et sauvage rencontre, au hasard d’une sortie en forêt avec son école, un homme cornu qui montrera à l’enfant quelques-uns des simples mystères des sous-bois…

Ainsi commence Lucifer et l’Enfant, rare et précieux exercice de voltige dont est proposée pour la première fois la traduction intégrale. À la fois critique acerbe d’une société sans espoir ni lumière où les oppressés se torturent entre eux, description d’un pays disparate qui marche à grands pas vers sa destruction, roman d’initiation amoureuse et conte fantastique, Lucifer et l’Enfant est l’un des grands textes oubliés de l’entre-deux-guerres britannique. Ses somptueuses ambiguïtés, sa délicatesse narrative et psychologique séduiront le lecteur, sans parler de la force unique de ses personnages : avant tout l’enfant, Jenny Flower, âme avide et perdue que se disputent les anges et les démons ; Ivy et Joe, ses parents adoptifs, avilis par la disparition du désir ; la vieille Mrs Beadle, sorcière des quais de la Tamise ; la frivole et tragique Nell Flower, la vraie mère de Jenny ; l’intellectuelle et sensible Marian Drew et son enfer personnel pavé de bonnes intentions ; enfin, baigné dans la pénombre éternelle de l’évocation, d’où il s’efforce de gagner les cœurs de Jenny et de Marian, le Sombre Étranger, marin énigmatique qui est — ou qui n’est pas — le Diable…

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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Döppelganger, Golem, la figure du double maléfique et de la créature artificielle « Döppelganger » est employé pour la première fois en littérature par Jean-Paul Richter (Johannes Paul Richter) dans son roman Siebenkas, (épuisé en dans sa traduction en français) paru en 1797. Le mot est employé dans le sens de sosie, double à l’apparence réelle.. Mary Wollstonecraft Shelley 1797-1851

Frankenstein ou le mythe de Prométhée (1818) Gallimard (Folio), 2000

Le roman est le récit d'une tentative d'exploration polaire par Robert Walton. La majeure partie de ce récit est constituée par l'histoire de la vie de Victor Frankenstein que Walton a recueilli sur la banquise. Ce récit tourne lui même autour de la narration à Frankenstein, par le monstre auquel il a donné vie, des tourments de celui-ci, qui

justifient la haine qu'il lui porte. Frankenstein ou Le Prométhée moderne est un roman gothique et considéré a posteriori comme le précurseur de la science-fiction, publié en 1818 par la jeune britannique Mary Shelley , maîtresse et future épouse du poète Percy Bysshe Shelley .

Les enfants de Frankenstein : Les nombreuses vies de Frankenstein / André François Ruaud

Les moutons électriques (Bibliothèque rouge), 2008

Le Monstre, la Créature : il n’a pas de nom et a désormais emprunté celui de son créateur, le docteur Frankenstein ! Né dans les premiers soubresauts des expériences

électriques, des rêves vitalistes d’un savant qui croyait pouvoir donner la vie à une construction de chair morte, le monstre de Frankenstein c’est le mythe prométhéen renouvelé alors

que débute à peine la révolution industrielle. Entre perruques poudrées et premiers engins à vapeur, coups de foudre et peurs primordiales, la créature de Victor Frankenstein s’est frayé un chemin dans l’inconscient collectif, jusqu’à devenir une des figures les plus reconnaissables de l’horreur moderne — mais c’est aussi un être de chair et de sang, au destin passionnant. D’une

iconographie très fournie et originale, ce volume propose une biographie détaillée de la créature du docteur Victor Frankenstein, mais aussi de la romancière Mary Shelley, du poète Percy Bysshe

Shelley, de lord Byron et de leur entourage, avec des liens avec monsieur de la Mettrie, Erasmus Darwin, les Illuminati et le docteur Moreau. C’est tout l’imaginaire d’une fin de XVIIIe siècle

marquée à la fois par l’esprit gothique, le romantisme et les débuts de la révolution industrielle qui se déploie ici, flamboyant, sur fond d’anatomie fantastique, de conspirations Illuminati et de

troubles bonapartistes. Un des premiers mythes de la science-fiction, et l’aube de l’ère des savants fous.

À propos : l’homme et sa créature

Robots & Avatars : le rêve de Pygmalion /Jean-Claude Heudin Odile Jacob, 2009

Depuis l'aube de l'humanité, l'homme tente de reproduite le vivant. Parmi les légendes qui ont influencé cette quête, le mythe de Pygmalion tient une place particulière. Aidé par Vénus dans la genèse d'une beauté artificielle, le roi antique succomba à son

irrésistible charme. Depuis, les descendantes de Galatée ont pris de multiples formes : des statues vivantes aux automates, des robots aux cyborgs et aux clones, des intelligences artificielles aux avatars, jusqu'aux fantômes qui hantent la mémoire de nos ordinateurs. Ce livre rassemble une collection d'images spectaculaires qui illustrent l'évolution des robots et des avatars. Il nous révèle les tendances d'un avenir symbiotique où le créateur et sa créature, la science et l'imaginaire se mêlent. Jean-Claude Heudin est directeur du laboratoire de recherche de l'Institut international du multimédia-Léonard-de-Vinci. Il est l'auteur de nombreux articles scientifiques au niveau international ainsi que de plusieurs ouvrages dans le domaine des sciences de la complexité et de la vie artificielle, dont Les Créatures artificielles.

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Théophile Gautier 1811-1872

Avatar Les éd. du Sonneur, 2010 Cette longue nouvelle (ou roman court) à tonalité fantastique fut publiée pour la première fois en 1856. L’auteur du Capitaine Fracasse et du Roman de la momie y développe, non sans humour, plusieurs thèmes qui nourriront plus tard la littérature fantastique de la fin

du XIXe siècle : le mythe du savant fou, celui du double ou encore de la femme inaccessible. Le jeune poète Octave de Saville se meurt d’amour pour la Comtesse Labinska,. Celle-ci, mariée au Comte Olaf Labinski, ne manifeste pourtant aucun signe d’intérêt à l’égard de ce prétendant encombrant. Désespéré, Octave dépérit. Mais l’intervention du docteur Balthazar Cherbonneau, dont on prétend qu’il a été formé aux sciences occultes par des mages indiens, redonne espoir à Octave. Cherbonneau lui propose en effet d’échanger, grâce à une machine de son invention, son âme contre celle du Comte Labinski. C’est ainsi qu’Octave se retrouve dans le corps du Comte tandis que le Comte se réveille dans le corps d’Octave. Octave peut enfin approcher la Comtesse… de très près. Mais les femmes ont un sixième sens. La Comtesse se méfie de ce mari dont elle ne reconnaît plus le regard. Le Comte, quant à lui, n’est pas d’accord pour endosser le physique et l’existence du jeune poète. L’expérience monstrueuse du Dr Cherbonneau vire au drame… Si Théophile Gautier (1811-1872), « le poète impeccable, le parfait magicien ès lettres françaises » selon Baudelaire, est réputé pour son romantisme flamboyant, c’est aussi l’un des plus grands auteurs français de contes fantastiques. Avatar, longue nouvelle parue en feuilleton en 1856, est l’une des œuvres les plus abouties de l’auteur du Roman de la momie et de Capitaine Fracasse – et pourtant oubliée. Ici, la recherche formelle de l’écriture côtoie la fascination pour le merveilleux et les sciences occultes et, sous la légèreté apparente du propos, se dessine un besoin irrépressible de s’évader du temps et de la mort. Etienne-Jean Delécluze 1781-1863

Le mécanicien roi Allia, 1995

“Vous voyez bien ce grand lac ? Eh bien ! Tout cet espace a été habité, il y a eu là des hommes, et, je ne dis cela qu’à vous seul au moins, j’en ai été roi. Tout a été détruit, tout a été abîmé, excepté moi. Je suis le reste d’un monde…” Un récit fantastique qui tient à

l’avance de L’Ève future et de Locus Solus. Conte étrange et bref qui retrace la plongée dans la folie d’un bricoleur de génie, persuadé d’être personnellement persécuté par Napoléon. Villiers de l’Isle-Adam

L’Eve future (1886) Gallimard (Folio), 1993

La donnée est fantastique, ou de science-fiction, puisqu’il s’agit de créer une femme artificielle, qui évite les inconvénients des femmes réelles. Ce livre traite de l’amour impossible, pour une femme qui n’existe pas. C’est aussi un roman de la révolte, qui se

termine sur le frisson du créateur de l’automate, Edison face au silence glacé, à « l’inconcevable mystère » des cieux ; un roman, proche du mythe de Faust, autant que de Jules Verne, par l’anticipation scientifique ; un ouvrage philosophique parce qu’il médite sur l’être et le paraître. Le style est brillant, somptueux, insolite et ironique, comme Mallarmé l’a relevé : il mène « l’ironie jusqu’à une page cime, où l’esprit chancelle ». Robert Louis Stevenson 1850-1894

L'étrange cas du Docteur Jekyll et de Mr Hyde Gallimard (Folio), 2003

La première version de Dr. Jekyll et Mr. Hyde terrifia son propre auteur (et son épouse, surtout). Plus long, sans doute, et partiellement autocensuré, écrit en un seul jet et sur trois jours, le texte définitif conserve néanmoins toute la force du rêve qui l'a suscité.

Dédoublement de la personnalité, retour du refoulé, instinct de mort, la psychanalyse était encore dans les limbes quand ce fils de clergyman écossais, en 1885, explorait les profondeurs du psychisme avec une audace inouïe. Car il en fallait de l'audace, à cette époque de puritanisme triomphant, pour disséquer ainsi nos pulsions les plus obscures. Érigé au statut de mythe, maintes fois porté à l'écran, simplifié et trahi, Dr. Jekyll exige une relecture attentive : alors se découvre une oeuvre rigoureuse et inspirée, d'une richesse de pensée et d'une modernité absolues.

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Arthur Machen (1863-1947)

Le grand dieu Pan Ombres (Petite bibliothèque), 1993

Dans le Grand Dieu Pan Machen combine le thème de Frankenstein avec le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et L’aventure de Mr. Waldeman de Poe en une œuvre à sensation mais terne en même temps, pour éviter de donner un sentiment concret

d’horreur, se retranchant derrière le voile de l’indicible. Helen Vaughan, l’héroïne (née d’une jeune fille que le docteur Raymond soumet à une expérience, l’opérant du cerveau de manière à lui faire voir le Dieu Pan ; elle devient idiote et neuf mois plus tard donne le jour à Helen) est un monstre, une femme fatale. Paul-Jean Toulet aima le livre et le traduisit. Laurent Taillhade l’appelait « cauchemar de luxure démoniaque ». Mario Praz. Bruno Schulz 1892-1942

Les boutiques de cannelle Gallimard, 2006

Drohobycz, tranquille bourgade provinciale où l'auteur vécut et enseigna le dessin, devient le lieu de toutes les terreurs et de toutes les merveilles : ses places, ses rues, la boutique familiale de tissus se métamorphosent, mus par une inquiétante étrangeté. La figure du père et le thème récurrent des mannequins viennent hanter les récits de ce

recueil.

Récits fantastiques russes / Lermontov, Odoïevski, Titov J. Corti (Les massicotés), 2007

Recueil de textes qui présentent trois aspects du genre littéraire qui s'épanouit à Saint-Pétersbourg entre 1820 et 1840 : la notion de double dans Le cosmorama, l'apparition dans Chtoss et les forces du mal dans La petite maison solitaire sur l'île Vassilievski. Au cours du récit, les auteurs usent de la séduction de l'étrange, l'irruption de l'irrationnel

dans le réel, etc. Gustav Meyrink 1868-1932

Le golem (1915) Flammarion, 2003

Paru en 1915, ce roman connut un immense succès. Ruelles sinistres du ghetto de Prague hantées par un automate d'argile qui incarne le mal, rabbins kabbalistes dotés de pouvoirs inquiétants : une œuvre placée sous le sceau de l'occultisme et du fantastique. Nouvelle traduction.

A propos : le mythe du Golem au 19 e siècle Le mythe littéraire

La fortune littérature du mythe est assez tardive (début du XIXe siècle). C’est surtout à l’époque romantique et au tournant du siècle (fin de siècle, nouveau romantisme, expressionnisme) que la légende s’actualise dans des œuvres d’une certaine importance, c'est-à-dire des moments de libération de l’imaginaire, d’angoisse métaphysique ou d’interrogation sur le sacré. […]

L’époque romantique : le double et l’automate

Loin des spéculations mystiques, le Golem appartient ici au monde fantastique ou merveilleux, au même titre qu'une mandragore, un mort qui vient de ressusciter ou une vieille sorcière. Cet univers est celui des dédoublements ou plutôt des redoublements : chez Arnim comme chez Hoffmann, le Golem est un personnage surnaturel qui imite un être réel ou ses substitue à lui, ceci dans le cadre d'une aventure amoureuse.[...] Avec les Golems romantiques, le phénomène de désacralisation déjà observé se poursuit : une magie noire qui ne se distingue pas clairement de la science prend le relais de la mystique. Les démiurges sont ces figures étranges et inquiétantes de greffier honoraire, de vieux juif plus ou moins charlatan ou de savant excentrique. Le savant-mage est un être diabolique, l'agent de la ruse du Malin. A l'opposé de la mystique véritable, la magie est l'art de l'illusion, voire de la mystification. Quant à la science et en particulier la mécanique qui consiste à construire des personnages animés, elle est pour Hoffmann d'inspiration satanique. Et de fait, les Golems sont le produit de manipulations mystérieuses qui font intervenir tantôt l'alchimie, tantôt l'optique. Dictionnaire des mythes littéraires , Pierre Brunel. Ed du rocher, 2003.

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Trois autres golems :

Le kabbaliste de Prague / Marek Halter (1936-....) R. Laffont, 2010

Retour sur la légende du Golem, créature d'argile à l'image de l'homme créée par le Maharal pour sauver les Juifs de l'anéantissement à la fin du XVIe siècle. Pourtant, cet

être, en prenant conscience de sa condition, va se retourner contre ses créateurs prouvant aux hommes que c'est la sagesse et non la force qui mène à la paix.

Les papiers de Puttermesser / Cynthia Ozcik (1928-....)

L’Olivier, 2007

Ruth Puttermesser, avocate juive new yorkaise, est une lectrice boulimique, qui n'existe que par les livres. Victime de l'ambition d'un supérieur et renvoyée, elle décide de se rebeller, créant un golem féminin, ce qui propulse Ruth à la tête de la mairie. La ville

devient alors un paradis, sans corruption, ni mensonge. La réalité reprend le dessus quand le golem découvre le désir.

Tous ne sont pas des monstres / Maud Tabachnik (1928-....)

La baleine (Club Van Helsing), 2007

Nathan, jeune kabbaliste, se refuse à invoquer les puissances qui dorment sous le cimetière de Prague. Mais lorsque le gouvernement décrète l'état d'urgence et que

son peuple se trouve à nouveau en danger, il se résout à invoquer le golem, d'autant plus que les frères ennemis musulmans semblent avoir déchaîné une créature propre

à semer le chaos parmi les forces d'intervention. Ernst Theodor Amadeus Hoffmann 1776-1822

L'homme au sable ; Le magnétiseur Ed. Zoé, 1994

Le Magnétiseur (1813) : deux jeunes gens sous influence détruits par un être maléfique. L'Homme au sable (1815) : les effets pervers d'un traumatisme d'enfance, une angoisse originelle, des sosies étranges et un mystérieux automate.

Hans Christian Andersen 1805-1875

L'ombre et autres contes LGF, 2001

L'histoire d'un savant, de son ombre à qui il donne la liberté. Ce dernier reviendra quelques années plus tard, instruit et...humain.

Fiodor Dostoievski 1821-1881

Le double (1846) Actes Sud (Babel), 1998

Un récit important où l'on retrouve toutes les obsessions de l'écrivain : le malheur, la folie, le destin. Le personnage principal Goliadkine perd peu à peu la raison et ne cesse de voir son double, qui serait l'auteur de tous ses malheurs.

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Le folklore, les mythes et légendes européens revis ités par les romantiques Ou comment le romantisme allemand donna ses lettres de noblesse aux mythes et légendes populaires. Le mouvement romantisme allemand s’est déroulé sur brève période : la deuxième moitié du 18e siècle. Il est en avance de quelques décennies sur les mouvements romantiques d’autres pays d’ Europe. Les écrivains allemands explorent les possibilités littéraires du songe et de l'onirisme, l’accès aux sphères spirituelles. Les contes et légendes issus du folklore germanique et européen sont mis en littérature (Grimm, Goethe, Achim von Arnim, Hauff, Meyrink, De La Motte-Fouqué)

Les romantiques allemands / édition établie par Armel Guerne Phébus, 2004 Publiée en 1963 sous la direction inspirée d'Armel Guerne, jamais réimprimée, cette stèle mythique manquait à tous les amoureux du Romantisme allemand. Hölderlin, Jean-Paul, Tieck, Novalis, les frères Schlegel, Brentano, Chamisso, Hoffmann, La Motte-

Fouqué, Kleist, Arnim — soit les plus grands — sont bien sûr ici sur le devant de la scène, représentés chacun par un ou plusieurs de leurs textes majeurs. Mais l'on découvrira aussi quelques-uns de leurs compagnons injustement oubliés — Wackenroder, Contessa, Bettina Brentano von Arnim, et la touchante Caroline von Günderode (la suicidée des bords du Rhin) —, lesquels furent eux aussi caressées par l'aile de l'ange. Sans oublier le cortège des romantiques dits tardifs, où brillent encore plusieurs inoubliables : Eichendorff, Büchner, Grabbe, Mörike…Un florilège unique en notre langue, tant par son abondance que par la qualité des traductions retenues — notamment celles d'Albert Béguin et de Guerne lui-même. Novalis 1772-1801

Heinrich von Ofterdingen (1802) Gallimard, 1997 Roman inachevé d'un poète mort à l'âge de vingt-neuf ans, Henri d'Ofterdingen raconte les voyages d'un légendaire ménestrel qui parvient, après la disparition de celle qu'il aime, à dépasser le désespoir grâce à la poésie. Sur fond de Moyen Âge mythique et merveilleux, Novalis décrit les étapes qui conduisent à cet idéalisme dont il a fait sa

philosophie. Traité d'éducation poétique et texte phare de la génération romantique, cette œuvre publiée de façon posthume en 1802 tient autant du conte de fées que du poème célébrant l'harmonie de l'homme avec le monde. De ces pages inspirées par la quête d'un nouvel âge d'or se dégage «une espérance fraîche et baptismale, pleine de matin, et pourtant vieille comme le monde» (Julien Gracq).

L'épée et les serpents / Contessa , de la Motte-Fouqué et E.T.A. Hoffmann Terre de brume (Terres fantastiques), 2004 Peu après la, parution en Allemagne des célèbres Contes de Grimm (1812-1815), le grand écrivain allemand E.T.A. Hoffmann, qui donnera au fantastique ses lettres de noblesse, publie avec la complicité de deux de ses amis du « Club des Frères de Saint-Sérapion », six récits merveilleux pour petits et grands. Le lecteur trouvera ainsi dans ce

volume quatre contes inédits en France, écrits par La Motte Fouqué, l'auteur d'Ondine, et par Contessa, à qui l'on doit l'inquiétant Homme vert. Mais c'est aussi l'occasion de redécouvrir, dans leur version intégrale, deux contes d'Hoffmann, dont le célèbre Casse-noisette et le Roi des Rats, popularisé plusieurs décennies plus tard parle ballet de Tchaïkovski. Ces histoires, tour à tour tendres, cocasses, malicieuses où terrifiantes, nous plongent avec bonheur dans l'univers des romantiques allemands du début du 19e siècle. Jean-Paul (Johannes Paul Richter, dit) 1763-1825

Hespérus ou les Quarante-cinq jours de la poste au chien (1795) Melville-L. Scheer, 2007 Paru en 1795, ce roman d'initiation marie l'encyclopédisme à la philosophie, le picaresque au voyage sentimental et la fantaisie à la gravité. Il raconte l'histoire du jeune Victor qui découvre qui est son véritable père et à quel point la réalité est trompeuse, qui rencontre l'amour en la personne de Clotilde et le savoir grâce à un philosophe à la sagesse orientale.

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Choix de rêves J. Corti (Collection romantique), 2001 Ce recueil, édité et traduit en 1931 puis repris en 1964, évoque le symbole de la littérature fantastique et du cauchemar romantique. La vie de Jean Paul, qui est considéré comme un visionnaire apocalyptique, est toute tissée de cette seconde

existence nocturne à laquelle il ne cessa jamais d'être attentif.

Mon enterrement vivant J. Corti (Domaine romantique), 1994 Des récits proliférants, bifurquants, hétéroclites, débordants sur des objets fantastiques. Par-delà ses affinités avec les romantiques allemands (le rêve, les envolées lyriques et cosmiques, notamment), c'est le côté combinatoire et aléatoire qui domine dans l'œuvre de cet écrivain allemand du début du XIXe siècle.

Ludwig Tieck 1773-1853

Amour et Magie précédé de Teintes pastel et encre n oire : et autres contes (1791) J. Corti (Domaine romantique), 1993 Pris isolément, certains contes de Tieck, écrits à des époques différentes, représentent bien pour nous de tels trésors : Eckbert le Blond (1797), Le Runenberg (1802) et Amour et Magie (1811). Tout dans ces récits paraît nécessaire et exact. Ce n’est pas par leurs seules qualités littéraires, ni par leur seule musique, ou leur décor plus suggéré que décrit, que ces histoires nous atteignent si profondément. En nous les racontant, Tieck

s’est rapproché de ce qu’on peut nommer “l’ombilic du conte”, ce lieu mental où l’intime et l’universel se rejoignent. Il a su comme nul autre évoquer la part obscure de la vie, la zone sombre où viennent confluer la peur, la folie menaçante, et l’enfance dont on se souvient d’abord comme une énigme. Ainsi, à l’aube du romantisme, Ludwig Tieck évoquait-il ce que l’on appellera un siècle plus tard l’“Inconscient”. Il parlait de la confusion de l’esprit et du corps, de la persistance de ce qu’on croyait oublié, de la puissance du désir conçu comme seul moteur de la création et même de la foi. En 1919, Freud a vu dans L’Homme au sable de E. T. A. Hoffmann, dont le climat d’inquiétante étrangeté devait beaucoup à l’influence de Tieck, une anticipation des découvertes de la psychanalyse : qu’aurait-il dit des très étranges souvenirs d’enfance que Bertha (Eckbert le Blond) évoque un soir, à la demande de son époux, devant l’ami énigmatique, et de ce brutal “retour du refoulé” (Strohmian) qui la rend malade à mourir ? Tieck fut ainsi le grand initiateur de la réécriture littéraire et inventive des anciens contes. Certes, avant lui, Goethe avait écrit son fameux Märchen (L’Histoire de Fleur de Lys), et invité l’auteur de contes à se laisser porter par une imagination errante et un sens de l’énigme, à disposer dans tout récit des éléments impossibles à interpréter : certes Novalis avait esquissé la théorie “romantique” du Märchen et en avait donné une idée avec le conte de “La Fleur Bleue” dans Henri d’Ofterdingen. Mais c’est Tieck qui contribua à créer l’ambiance du conte romantique et fantastique, et démontra aux écrivains de son temps et des générations à venir les richesses infinies de ce genre littéraire. Tout en volutes aquarellées que couperaient, nettement, des lignes sombres, les écrits de Ludwig Tieck ont imprégné tout le Romantisme allemand. Mais autour d’un point d’impact de ses contes les plus beaux, les ondes concentriques du rêve, de l’enfance, de la peur et de la folie se sont élargies jusqu’à nous. Vitesse et lenteur d’images inoubliables, teintes pastel et encre noire.

La coupe d'or et autres contes Gallimard (Folio bilingue), 2011 Ludwig est le plus grand représentant du romantisme allemand. Contemporain et ami de Wackenroder, des frères Schlegel, de Brentano, de Novalis, de Hölderlin, Heinrich von Kleist ou E. T. A. Hoffmann. Il réinvente notamment le genre littéraire des Märchen

(contes) en leur conférant une ambiance romantique et fantastique. Tieck évoque « la part obscure de la vie », cette zone où se rejoignent la peur, la folie, et l’enfance dont on se souvient souvent comme une énigme. Il entraîne son lecteur dans un univers où tous les faits ne s’expliquent pas de manière rationnelle, où les héros sont rattrapés par leur destin. Achim Von Arnim 1781-1831

Mélusine et autres récits J. Corti (Domaine romantique), 1996 Que connaît-on de Ludwig Achim von Arnim ? Son nom, sans doute. Sans doute les contes fantastiques, que Théophile Gautier traduisit en français en 1856, et que André Breton préfaça et réédita en 1933, de nouveau sous le titre de Contes bizarres. Il y eut

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depuis, bien sûr, d’autres traductions et d’autres éditions. Mais c’est toujours au titre d’écrivain “fantastique” qu’Arnim est inscrit dans nos livres et dans nos mémoires. Encore fut-il éclipsé par son contemporain, E.T.A. Hoffmann, que l’on dit volontiers “plus artiste, plus habile” que lui, et qui fait autorité – un maître de la littérature fantastique –, bien qu’Isabelle d’Égypte ait précédé Le vase d’or. Cette édition souhaite donner à lire un autre Arnim que l’auteur des seuls Contes bizarres que Breton fit redécouvrir. Par leur grande diversité de forme et de ton, les six récits retenus ici – jusqu’à ce jour inédits en français (hormis Maria Melück Blainville) – contribueront à rendre à ce génie singulier la richesse bigarrée, la truculence, l’éclat original de son inspiration, la veine réaliste, burlesque étant étroitement imbriquée à la veine fantastique. Peut-être Arnim cherchait-il dans le chaos des formes littéraires traditionnelles une réponse au chaos du monde ? Franz De La Motte-Fouqué 1777-1843

La mandragore Mercure de France (Le petit mercure), 1997 La Mandragore est un drôle de petit être, conservé dans un flacon, qui conjugue certains pouvoirs. Si l'on en est possesseur, il faut le revendre, avant de mourir, moins cher qu'on ne l'a acheté, sous peine d'appartenir au diable. Gare à ceux qui ne l'ont acheté que pour une somme infime, voire la plus petite des pièces existantes ! Écrivain allemand très

inspiré par les vieilles sagas germaniques et les romans de chevalerie, De la Motte Fouqué est un descendant de huguenots normands et d'officiers prussiens. Il fut très jeune passionné de romans et de chevalerie et un grand lecteur de la littérature et de l'histoire du Moyen Age. Bien qu'officier, il eut une production phénoménale. Sa connaissance des légendes, des langues anciennes ou nordiques, des coutumes, des mythes influença largement son œuvre immense. Paradoxalement, c'est un contre très frais et plutôt léger, Ondine, dont Hoffmann fit un opéra, qui l'a fait passer à la postérité.

Ondine (1811) Payot et Rivages, 2011 Une traduction de 1894 du conte fantastique allemand publié en 1811. Le récit est inspiré par la théorie vitaliste selon laquelle la nature, douée de vie, se compose en partie d'esprits élémentaires. Avec les illustrations d'Arthur Rackham (1867-1939).

A propos : le mythe d'Ondine

Au seuil du XXe siècle, les relations entre humain et esprit des eaux sont désormais tradition littéraire, mais aucun ensemble de motifs ne s'est imposé avec une suffisante unité. Dans son récit Undine paru en 1811, Fouqué combine des éléments issus d'une part du mythe de Mélusine, d'autre part de la légende de Stauffenberg. Au schéma classique de l'union entre humain et être surnaturel (contrat avec interdit, transgression, séparation avec mort), Fouqué ajoute les motifs issus de Paracelse, qui seront désormais propres au mythe d'Ondine : l'acquisition de l'âme et la connaissance qu'à l'humain des origines de l'être surnaturel.

Dictionnaire des mythes littéraires , Pierre Brunel. Ed. Du Rocher, 2003 Johann Wolfgang von Goethe 1749-1832

Le serpent vert (Das Märchen) 1795 Dervy (L'être et l'esprit), 1999 Connu en France comme poète et pour ses œuvres majeures, Goethe fut aussi un conteur. Ce récit fantastique nous fournit probablement la clef de tout un côté de la symbolique de Goethe. Trois fées des mers / A. Karr, E. Souvestre et P. Sébillot J. Corti (Domaine Merveilleux), 1998 Les fées de la mer / Alphonse Karr. La groac'h de l'île du Lok / Emile Souvestre. La seraine de la Fresnaye / Paul Sébillot.

Le pari qui est à l'origine de ce livre était de donner trois récits, aussi différents que possible, construits autour d'un même personnage légendaire. Le but du jeu n'était pas seulement de rendre vie à des textes oubliés mais de les mettre en résonance et de donner envie au lecteur de se livrer à la recherche des mystérieux jeux de miroirs qui les font se répondre.

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Réécriture de saga nordique (avant Tolkien): Henry Rider Haggard 1856-1925

Eric aux yeux brillants J. Corti (Merveilleux), 2007 Lorsque deux femmes aiment le même homme et que l’une d’elles est une sorcière ; lorsque, parallèlement, deux hommes, dont l’un est un guerrier et l’autre un seigneur, aiment une même femme, que se passe-t-il ? Au moment où, en France, s’éteignait la grande tradition du roman populaire (Balzac, Dumas, Sue, et tant d’autres) avec le XXème siècle, les Anglo-saxons prenaient le relais et de quelle façon (Stevenson,

Kipling, Wilkie Collins, Rider Haggard, etc.). Sir Henry renouvelle complètement le genre du roman d’aventure avec sa capacité d’inventer des histoires élémentaires (C.G. Jung comprit que le romancier avait réussi à atteindre le nœud éternel des archétypes humains) tout en réactivant des genres existants (merveilleux, fantastique, science-fiction, etc.). Éric aux Yeux Brillants est l’une des démonstrations les plus éclatantes de cette étonnante faculté. Fasciné par les sagas islandaises, qu’il a lues, et après un voyage en Islande, Rider Haggard, en 1891, se lance. Tout en restant fidèle à l’esprit du genre (les exploits guerriers, la vengeance) il le réinvente en y introduisant de nouveaux éléments, la passion amoureuse et le genre héroïque (on peut penser que Conan le Barbare est tout droit sorti d’Éric), tout comme il fait revivre le « merveilleux magique » cher à Breton. On s’étonne moins dès lors que sir Henry Rider Haggard ait pu fasciner des personnalités aussi différentes que Stevenson, Jung, Kipling ou Henry Miller.

Le jour ou la terre trembla J. Corti (Merveilleux), 2007 L'histoire de la découverte de deux sarcophages de cristal contenant les corps du dernier roi et de la dernière princesse de l'Atlantide.

A propos : l'Atlantide au 19 e siècle, un thème ésotérique

Le XIXe siècle est une étape importante dans l'évolution du mythe littéraire [de l'Atlantide]. La diffusion du récit grec [Platon], limitée jusqu’alors aux pays européens, s'étend à l'Amérique, où il exerce un grand attrait [...] Avant d'être représentée comme un continent authentique par les romanciers, l'Atlantide est restée longtemps un lieu purement imaginaire, pour ne pas dire merveilleux. Dans le Vase d'or d'E.T.A. Hoffmann par exemple, œuvre écrite en 1814, c'est un pays féerique, peuplé d'êtres surnaturels qui arrachent l'étudiant Anselme à la réalité quotidienne pour l'initier à une vie supérieure. Comme chez Novalis, qui l'avait brièvement évoquée, en 1802, dans Henri d'Ofterdingen, L'Atlantide du Vase d'Or désigne une sphère supraterrestre, une sorte de paradis originel dont seul l'art peut retrouver le chemin. […] Si les auteurs de notre pays ont plutôt diversifié leurs adaptations et, pour certains d'entre eux, restitué la décadence de l'Atlantide, presque tous les autres l'ont idéalisée. […] Avec Atlantis, the Antediluvian world, l'américain Ignatius Donnelly a joué un grand rôle à cet égard en proposant au public de 1882 l'image d'un prodigieux lieu intercontinental, berceau de toutes les ethnies, foyer de toutes les cultures. Il faut aussi considérer l’influence des théosophes, lesquels ont intégrés le mythe platonicien à leurs vastes cosmologies : ainsi l'atteste Story of Atlantis, ouvrage que publia Scott-Elliott en 1896 à partir des écrits hermétiques d'Helena Petrovna Blavatsky, la fondatrice de la société de Théosophie (1875). Il va sans dire que l'ésotérisme a inspiré les romanciers qui ont brossé la description d'un Autre Monde, oublié mais non aboli, auquel seule la télépathie peut faire accéder. […] C'est dans les pays anglo-saxons que les sciences occultes ont en réalité rencontré le plus de succès : les récits de Charles J. Cutliffe Hyne, The Lost Continent (1899) et d'Arthur Conan Doyle, The Maracot Deep en témoignent, mais ce sont deux exemples parmi tant d'autres. En ce domaine empreint de spiritualité, le retour aux origines de la mystique atlante a pu servir toutes sortes d'idéologies.

Dictionnaire des mythes littéraires , Pierre Brunel. Ed. Du rocher, 2003

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Vampires, morts-vivants : une éternelle jeunesse … …littéraire Vampire, nom féminin « On ne peut parler de vampires stricto sensu qu’au début du XXVIIIe siècle, car ce n’est qu’à cette époque que les trois conditions qui font d’un simple revenant un vampire sont enfin réunies : 1) Le vampire est un mort-vivant ; 2) Il suce le sang de ses victimes ; 3) Il contamine ses victimes qui deviennent à leur tour des vampires. Le terme même qui sert à désigner cet être surnaturel n’a fait son apparition qu’en 1732, dans un rapport en latin, le Visum et Repertum, rédigé un an plus tôt par la chirurgien autrichien Flückinger à la demande de l’empereur Charles IV, sur deux cas de vampirisme qui ont alimenté les conversations dans les salons littéraires et les universités d’Europe occidentale. Divers traités rédigés par des ecclésiastiques de renom comme le bénédictin Dom Calmet ont tenté d’expliquer le phénomène en recourant aux Ecritures, jusqu’à ce que Voltaire et les encyclopédistes dénoncent ce qu’ils considéraient comme une superstition d’un autre âge, et que le pape Benoît XIV réfute officiellement l’existence des vampires en 1749. Le paradoxe du Siècle des Lumières est donc d’avoir révélé au monde occidental l’existence des vampires et de condamner ensuite cette croyance au nom de la raison. Le personnage est entré dans la littérature d’imagination en 1748 dans un court poème, « Le vampire », de l’écrivain allemand Heinrich Ossenfelder, mais ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle que les romantiques allemands en ont fait un thème majeur. Ils ont puisé leur inspiration dans les chansons de geste médiévales ou la mythologie gréco-latine, plus que dans la récente mythologie d’Europe Centrale : la ballade de Bürger, Lenore (1773), par exemple, raconte l’histoire d’une jeune fille que son fiancé, un chevalier mort au combat, vient chercher pour l’emmener au royaume des morts, tandis que La fiancée de Corinthe (Die Braut von Korinth, 1797) de Goethe est inspirée d’une histoire de l’écrivain grec Phlégon de Thralles. »

[Voici un extrait du poème de Goethe : Une force me chasse hors du tombeau pour chercher encore les biens dont je

suis sevrée, pour aimer encore l'époux déjà perdu,

et pour aspirer le sang de son cœur. Et quand celui-ci sera mort,

je devrai me mettre à la recherche d'autres,

et mes jeunes amants seront victimes de mon désir furieux.]

« Dans les premières années du XIXe siècle, les romantiques anglais représenteront volontiers le vampire sous les traits d’une femme fatale dont la séduction est mortelle (Keats, Southey, Coleridge). Pourtant, lorsque le personnage fait sa première apparition dans la littérature en prose en 1819, c’est sous les traits de Lord Ruthven, imaginé par John William Polidori, secrétaire particulier et médecin de Byron, qu’il détestait. »

Le dictionnaire des mythes du fantastique , Pierre Brunel. Presses universitaires du Limousin, 2003. John William Polidori 1795-1821

Le vampire , d'après Lord Byron (1819) Actes Sud (Babel), 1996 Lord Byron commença cette histoire de fantôme à la suite d'un pari - entre Percy Shelley,(qui abandonna) et Mary Wollstonecraft (qui ne réussi pas le pari, mais eut l'idée de son roman Frankenstein à cette occasion)- : l'écrire en une journée. Il l'abandonna. C'est Polidori, son médecin et secrétaire particulier, qui la termina avec brio.

Prosper Mérimée 1803-1870

Lokis (1834) Hatier, 2008 Dans une Lituanie s'ouvrant sur l'Occident mais où les croyances magiques sont encore vivaces, un aristocrate dont la mère a été enlevée par un ours pendant sa grossesse, prend la forme d'une créature mythologique.

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Hugues le loup d'après le conte fantastique de Erck mann (1822-1899) et Chatrian (1826-1890) / Adapté par Loac ( Illustrateur) et Antoine Seguin ( Scénariste) Animation sur la place, 1999 Adaptation du conte d'Erckmann-Chatrian. Le médecin Fritz et son ami Sperver tentent de comprendre la mystérieuse maladie du Comte Nideck (légendairement, le comte se serait un jour accouplé à une louve et tous les 100 ans naîtrait un bébé mâle qui

hurlerait comme un loup à sa naissance. Autre version : les descendants sont des loups-garous, des créatures maudites). A la clé, la sorcière La Peste Noire, des loups et un meurtre ancestral... En annexe, 2 pages sur les auteurs Erckmann et Chatrian. James Malcolm Rymer 1814-1884

Le collier de perles et le diabolique barbier de Fl eet Street, Sweeney Todd (1846-47) Callidor, 2011 «C'était un homme grand, au physique ingrat, comme un pantin dont les parties auraient été mal assemblées, doté d'une bouche, de mains et de pieds si immenses qu'il était lui-même, d'une certaine manière, une véritable curiosité de la nature.» Lorsque l'on apprend la

disparition d'un jeune marin dans la capitale anglaise, tous ses amis se mettent à sa recherche. Les pistes semblent toutes mener près du salon d'un barbier, aux abords de Fleet Street. Sweeney Todd a encore frappé... Découvrez l'une des principales sources du Dracula de Bram Stoker, le récit original du légendaire tueur en série de Londres, au cœur d'une cité londonienne fourmillante d'horreurs et d'épouvante. En France, nous ne connaissions qu'une partie de ce personnage et de son histoire. 1845 : Varney the Vampire, ou The Feast of Blood fait de lui l’un des pionniers du vampirisme. 1846 : La publication de Sweeney Todd, The String of pearls en feuilleton commence cette année-là et ne prendra fin que l’année suivante. Il faudra attendre 1850 pour voir la première version sortir en livre. Aleksei K. Tolstoï 1817-1875

La famille du Vourdalak (1847) L’Âge d'Homme (Classiques slaves), 1993 Poète et homme de lettres, A.K. Tolstoï se rendit surtout célèbre par sa verve satirique. A l'âge de vingt-quatre ans, il entama sa carrière littéraire par ces trois petits récits, histoires de revenants, qui montrent comment les morts peuvent empêcher de vivre les vivants.

Alexandre Dumas 1802-1870

La Dame pâle (1849) Gallimard (Folio 2 euros), 2006 Au cœur des Carpates, dans le château de Brankovan, les princes Gregoriska et Kostaki, s'affrontent pour conquérir Hedwige. Or Kostaki est un vampire qui revient chaque nuit assouvir sa soif de sang auprès de la jeune femme devenue l'objet d'une lutte sans merci entre les deux frères.

Pierre Alexis de Ponson du Terrail 1829-1871 La baronne trépassée (1852) J. Losfeld (Arcanes), 2003 À la suite d'un pari qu'il a perdu, Hector de Nossac devient durant vingt-quatre heures l'esclave d'une femme qui fut sa maîtresse. Celle-ci vient réclamer son dû le soir des noces du baron. Sa jeune épouse disparaît. Est-elle morte, est-elle vivante ? Est-ce son spectre qui hante les cimetières ? Est-elle ce vampire qui trouble les nuits du baron de Nossac ? Piège, machination, épouvante, telle est

l'atmosphère de cet ouvrage paru en 1852, l'une des œuvres les plus échevelées du XIXe siècle. Paul Féval 1817-1887

Le chevalier Ténèbre (1860) Ombres (Petite bibliothèque), 2001 Portant à la fois l'empreinte des romans noirs et des romans d'intrigues, ce livre conte les aventures de deux vampires, séducteurs et voleurs, qui traversent l'Europe pour se livrer à leurs méfaits et ruiner des familles entières.

La ville-vampire ou bien Le malheur d'écrire des ro mans noirs (1875) Ombres, 2000 Pastiche des romans noirs anglais et plus particulièrement de ceux d'Ann Radcliff, ce roman met justement en scène la romancière aux prises avec un vampire. Pour sauver un de ses cousins, elle va à Selené, une ville-vampire de Serbie, invisible aux yeux des mortels.

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La vampire Climats (Bibliothèque ombres), 2006 La vampire existait, voilà le point de départ et la chose certaine : que ce fût un monstre fantastique comme certains le croyaient fermement, ou une audacieuse bande de malfaiteurs réunis sous cette raison sociale, comme les gens plus éclairés le pensaient,

la vampire existait. Depuis un mois il était bruit de plusieurs disparitions. Les victimes semblaient choisies avec soin parmi cette population flottante et riche qu'un intervalle de paix amenait à Paris. On parlait d'une vingtaine d'étrangers pour le moins, tous jeunes, tous ayant marqué leur passage à paris par de grandes dépenses, et qui s'étaient éclipsés soudain sans laisser de traces. La police eût affirmé volontiers que ces rumeurs n'avaient pas l'ombre de fondement et qu'elles étaient l'œuvre d'une opposition qui devenait de jour en jour plus hardie. Mais l'opinion populaire s'affermit d'autant mieux que les dénégations de la police sont plus précises. Dans les faubourgs, ce n'était pas de vingt. victimes que l'on parlait, on comptait les victimes par centaines. "

John Sheridan Le Fanu 1814-1873 Carmilla (1872) Actes Sud (Babel), 1996 Laura, fille unique d'un gentilhomme anglais installé en Styrie, accueille sans la moindre inquiétude une jeune inconnue, Carmilla. Peu après, des signes de vampirisme apparaissent, et l'amitié qui s'est liée entre les deux jeunes filles se change en amour passionnel. Ce roman écrit en 1872, plus de vingt ans avant Dracula de Bram Stocker, est une des premières histoires de vampires.

Gustave Le Rouge 1867-1928 Le prisonnier de la planète Mars suivi de La guerre des vampires Terre de Brume (Terres fantastiques), 2008 Envoyé sur la planète Mars grâce à l'énergie psychique produite par plusieurs milliers de yogis rassemblés dans un monastère indien, Robert Darvel y découvre une monstrueuse réalité : la race la plus civilisée est la plus cruelle. Sur cette terrifiante planète, où la vie

est un cauchemar à peine interrompu par le jour, les humains servent de cheptel à leurs maîtres, les Vampires. Ces derniers rendent le même service aux plus raffinés et aristocratiques d'entre eux : des pieuvres volantes, géniales et invisibles. Mais les Invisibles eux-mêmes tremblent devant le mystère caché par la montagne de cristal. Un mystère que Robert Darvel a bien l'intention de découvrir...Depuis un demi-siècle, les amateurs de Gustave Le Rouge tiennent Le Prisonnier de la planète Mars - et sa suite, La Guerre des Vampires - pour son chef-d’œuvre. C'est peut-être aussi et surtout le plus étrange de tous les romans inspirés par la planète rouge. Arthur Conan Doyle 1859-1930

Le Parasite (1894), in Inédits et introuvables R. Laffont (Bouquins), 2000 Le professeur Gilroy rencontre Miss Penelosa, réputée pour la force de ses pouvoirs psychiques. Malgré son aversion pour le surnaturel, il accepte de se prêter à quelques expériences. Celle-ci va progressivement prendre le contrôle de son esprit, le poussant

à agir contre son gré...

Bram Stoker 1847-1912 Dracula 1897 Actes Sud (Babel), 1997 Le jeune Jonathan Harker rend visite au comte Dracula dans son château des Carpates afin de l'informer du domaine qu'il vient d'acheter pour lui en Angleterre. Au cours de son voyage, les autochtones qu'il rencontre tentent de le dissuader d'atteindre son but et manifestent une inquiétude véhémente où il ne voit d'abord que l'expression d'une

superstition locale ridicule. Dès son arrivée chez le comte, l'inquiétude gagne pourtant Jonathan Harker, jusqu'au jour où trois jeunes femmes pénètrent dans sa chambre pour lui prodiguer des baisers qui sont autant de morsures. Alors qu'il entreprend une exploration du château, il découvre, gisant dans une caisse, le comte Dracula... A Whitby, en Angleterre, où l'histoire se déplace, Lucy, l'amie de Mina, la fiancée de Jonathan, sera la première victime du vampire.

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La suite, écrite en 2009 par Dacre Stoker, un desce ndant de Bram : Dracula, l’immortel / Dacre Soker et Ian Holt

M. Lafon, 2009 Ecrit avec le consentement des 70 héritiers de B. Stoker, ce roman propose une suite

aux aventures du comte. Londres, 1912. Quincey, fils de Jonathan et Mina Harker, s'investit dans une pièce inspirée du roman Dracula, et qui l'inquiète par ses similitudes

avec l'aventure vécue par ses parents. La mort violente de son père vient confirmer ses soupçons.

A propos : Dracula Ce n’est qu’en 1897 que Bram Stoker, avec son Dracula, renoue avec une conception plus orthodoxe du vampire. On a souvent dit à tort qu’il avait inventé de toutes pièces les caractéristiques de son personnage. En fait, il s’est contenté de faire la synthèse de toutes les légendes existantes telles qu’il les connaissait à travers ses lectures […] Bram Stoker est donc le véritable créateur du mythe littéraire du vampire tel que nous le connaissons aujourd’hui dans la mesure où il en défini une bonne fois pour toutes les principales caractéristiques.

Le dictionnaire des mythes du fantastique , Pierre Brunel. Presses universitaires du Limousin, 2003. Gustav Meyrink 1868-1932

La nuit de Walpurgis Flammarion, 2004 Prague, 1917 : au cœur de la ville mystérieuse, d'étranges événements se préparent. Dans le château du Hradschin, un somnambule fait son apparition, le visage en sang, au beau milieu d'un dîner aristocratique ; pendant ce temps, de l'autre côté du Pont de pierre,

dans la tour de la Faim, la jeune comtesse Polyxena assiste en secret à l'assemblée des membres des bas-quartiers de Prague. Parmi eux se trouve l'homme qu'elle aime, Ottokar, un bâtard à qui une prostituée en haillons a prédit qu'il deviendrait un jour "empereur du monde". Pour empêcher la révolution qu'ils fomentent, elle tente d'exercer contre eux l'aweysha, ce terrifiant pouvoir par lequel les morts influent sur les vivants. La nuit de Walpurgis, celle qui déchaîne les fureurs et les spectres, est proche - bientôt, les personnages seront emportés vers leur tragique destinée... Voici, dans la lignée du Golem, le chef-d'œuvre du fantastique pragois.

Le vampire aujourd'hui, vu par :

Mircea Eliade (Roumanie/ Etats-Unis, 1907-1986) / Mademoiselle Christina L’Herne, 2010

Une histoire de vampires dans un monde en proie au blasphème. Le camp des vivants et celui des morts se disputent des âmes à coups de rituels magiques. Pour l'exorciser,

un jeune homme, Egor, finit par tuer Mlle Christina, la goule amoureuse, en lui transperçant le cœur avec un pieu en fer. Un huis clos dans un ancien domaine retiré

d'une plaine du bas Danube livré au naufrage.

Matt Haig (Royaume-Uni, 1975-....) / Les Radley A.Michel, 2010

Adieu les Grateful Dead, bonjour Simon & Garfunkel ! Peter et Helen Radley ont renoncé à leurs instincts vampiriques pour élever leurs deux enfants, Rowan et Clara. Se

soumettant aux règles du Manuel de l’abstinence, destiné aux vampires qui souhaitent s’intégrer à la société, ils mènent depuis dix-sept ans une existence tranquille et terne dans une

petite ville de province anglaise. Peter est médecin, Helen femme au foyer. Ils s’ennuient terriblement, mais ont le sentiment du devoir accompli. Jusqu’au jour où leurs enfants devenus ados découvrent leur condition de vampires et comprennent que leurs parents leur ont toujours

mentis. Une satire décapante et réjouissante du roman de genre, qui porte un regard à la fois tendre et lucide sur la famille, ses dysfonctionnements, ses forces et ses faiblesses. Drôle, noir,

bourré de clins d’œil littéraires, musicaux et cinématographiques.

John Ajvide Lindqvist (Suède, 1968-…) / Laisse moi entrer Télémaque, 2010

L'histoire sanglante d'amitié et d'amour se passe dans une banlieue de Stockholm dans les années 1980. Deux adolescents seuls et différents sont les principaux personnages.

Le mythe du vampire est réinventé. Premier roman.

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A propos :

Les nombreuses vies de Dracula / André-François Ruaud et Isabelle Ballester Les moutons électriques (Bibliothèque rouge), 2008

Impitoyable voïvode valaque, dandy londonien, vampire au long cours, bibliophile averti, éminent alchimiste… telles sont quelques-unes des nombreuses vies du comte Dracula, qui

entama sa longue vie sous le nom de Vlad łepeş. Une existence morcelée, alternance de moments de gloire et d’indicibles oublis. Dracula est partout, sa vie est un puzzle, son existence une énigme, son intelligence un défi et son humour… un audacieux poison. Miroir de fumée sans égal, il se joue de nous et de nos suppositions. Un beau livre de référence, abondamment illustré : biographie détaillée du personnage historique de Vlad łepeş et de la créature vampirique Dracula (durant laquelle on croise notamment lord Byron, Bram Stoker, Sherlock Holmes et Oscar Wilde), introduction aux Balkans du XVe siècle, évocation de la société victorienne, rapport au vampire des autorités civiles et religieuses au cours des siècles, importance du vampire dans le roman gothique, dimension ontologique de ces êtres surnaturels, et un rappel des « vampires humains » les plus connus ayant défrayé la chronique. Âmes noires en errance et non-mortels aux préoccupations nocturnes, les vampires ne cessent de hanter les belles lettres tout comme l’histoire.

Grimoire des loups-garous : suivi d'autres traités fameux de lycanthropie / Édouard Brasey Le pré aux clercs, 2010

Avec les vampires, les loups-garous, ou lycanthropes, sont l'un des mythes fantastiques les plus populaires. Le thème de l'homme se changeant en animal sauvage, en l'occurrence en loup, certains jours (notamment les nuits de pleine Lune) remonte à l'Antiquité (mythe de Lycaon), et a traversé toutes les époques, marquant notamment le Moyen Age et la Renaissance, avec les procès en garouage, les loups-garous présumés étant considérés comme des sorciers. Plus près de nous, les loups-garous ont inspiré des auteurs comme Erckmann-Chatrian, Boris Vian, Roger Vitrac ou Claude Seignolle et surtout de nombreux réalisateurs de cinéma. Il existe à ce jour une centaine de films d'horreur sur le sujet : Le Monstre de Londres (1935), La Malédiction du loup-garou, The Wolf Man, Wolf (avec Jack Nicholson), Hurlement, Underworld... pour n'en citer que quelques uns, et sans oublier la saga Twilight ! Ces œuvres insistent souvent sur la rivalité originelle qui oppose vampires et loups-garous. Les premiers forment un clan aristocratique, tandis que les seconds sont davantage liés à leur instinct et à leur nature animale. En réalité, les deux espèces se ressemblent par bien des aspects : leur lien avec le mal, la malédiction qui pèse sur eux, les morsures à connotation sexuelle... Ce grimoire, dans la lignée du Traité de vampirologie, révélera tout ce qu'il est indispensable de savoir au sujet des loups-garous et les moyens de s'en préserver. Les annexes sont constituées d'authentiques procès en garouage, où des hommes suspectés d'avoir dévoré des enfants ont été condamnés pour sorcellerie et brûlés sur le bûcher. Edouard Brasey est auteur de plus de cinquante livres consacrés au monde de la féerie et du merveilleux, et, notamment, du Traité de vampirologie et du Traité des anges, parus au Pré aux Clercs.

Traité de vampirologie ; Suivi d'autres traités anc iens, rares et précieux sur le même sujet : par le docteur Abraham Van Helsing,... / traduit et adapté de l'allemand et du néerlandais sous la supervision d'Édouard Brasey Le pré aux clercs, 2009

La tradition des "vrais faux traités" n'est pas nouvelle. D'illustres précédents ont inspiré cette nouvelle collection, à commencer par le Necronomicon, invention de l'auteur de romans fantastiques H.P. Lovecraft ou encore Le Livre d'Abramelin le mage de Robert Ambelain, attribué à un magicien cabaliste du XVème siècle et prétendument conservé à la bibliothèque de l'Arsenal. Plus près de nous, les fameux "Livres de sorts" que l'on trouve au collège de Poudlard fréquenté par Harry Potter donnent une bonne idée de la forme que prendront ces traités ésotériques. Ce Traité de vampirilogie attribué au Docteur Van Helsing, rédigé à la manière et dans la tradition des authentiques grimoires d'antan, est un ouvrage de référence, parfaitement documenté, sur tous les aspects du vampirisme tels que nous pouvons les connaître par l'Histoire, les légendes, le folklore, les croyances, les superstitions, etc. On y apprendra de façon à la fois théorique et pratique tout ce qu'il est nécessaire de savoir sur le sujet. Les explications savantes seront illustrées d'anecdotes, de témoignages, de formules de protections ou d'évocations, etc., ainsi que de nombreux extraits de traités anciens. Des annotations personnelles du Docteur Van Helsing ponctueront les chapitres. Des dessins au trait, des gravures anciennes et des tableaux synthétiques viendront agrémenter l'ouvrage, présenté comme un authentique document ancien reproduit fidèlement. Le lecteur aura ainsi le sentiment de tenir entre les mains un " livre magique ". Petit rappel : Le docteur Van Helsing est l'incarnation du chasseur de vampires, immortalisé par Bram Stocker dans son roman Dracula publié en1897.

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Des anthologies :

Les femmes vampires / Anthologie établie par Jacques Finné J. Corti, 2010 Ces nouvelles des XIXe et XXe siècles mettent en lumière l'évolution des représentations de la femme vampire dans la littérature fantastique, tantôt suceuse de sang, tantôt prédatrice moderne et féministe. Avec des nouvelles de Ernest Raupach

(1784-1852), Anne Crawford (1846-19??), X.L. (pseudonyme de Julian Osgood Field 1849-1925), Mary Elizabeth Braddon (1835-1915) et Francis Marion Crawford (1854-1909)

Bit-lit ! : l'amour des vampires / Sophie Dabat Les moutons électriques (Bibliothèque des miroirs), 2010 Vampires, loups-garous, fantômes et sorcières ont toujours été présents parmi nous. Effrayants, envoûtants, fascinants, ils tremblent désormais devant les arbalètes et les pieux d'humaines vulnérables qui les pourchassent sans pitié… Sans pitié ? Pas si sûr, car bien souvent, l'amour se noue entre créatures surnaturelles et fragiles mortels. En

quelques années à peine, la bit-lit a dépoussiéré l'image des vampires et rendu au féminisme les honneurs qui lui sont dus. Plongez avec nous dans cette étude d'un genre qui a su réunir lecteurs et spectateurs de tous âges pour les faire frémir à l'unisson.

Les proies de la vampire et autres histoires fantas tiques Terre de brume (Terres fantastiques), 2009 Anthologie de neuf nouvelles anglaises fantastiques, mettant en scène des détectives de l'occulte, dont les méthodes vont de l'enquête traditionnelle à l'investigation psychique pour réduire à néant des êtres diaboliques. Ces nouvelles ont été écrites entre 1896 et 1924.

Le goût des vampires / Alain Pozzuoli Mercure de France, 2011 Créature avide de sang, le vampire est une source d’inspiration inépuisable pour les poètes et les romanciers… Les premiers textes « officiels » sur le phénomène apparaissent autour des années 1740. Mais c’est surtout le Dracula de Bram Stoker,

publié en 1897, et adapté au théâtre en Grande-Bretagne en 1924, qui donne son envol au mythe. Au XXe siècle, le vampire est partout, et il devient même l’un des éléments majeurs de la culture populaire mondiale, présent aussi bien dans la musique rock, de variété ou le jazz que dans la comédie musicale, la bande dessinée ou la publicité. Symbole de rébellion et de libération sexuelle, le vampire est un être d’exception qui ne saurait se satisfaire des codes imposés au genre humain.

Les morsures du loup-garou : anthologie Les belles lettres, 2004 Un loup-garou est un homme qui, par le pur fait du hasard, ou victime d'une malédiction, se transforme les nuits de pleine lune, et quelquefois tous les sept ans, en monstre vitupérant et sanguinaire. « La maladie du loup » porte un nom : « la lycanthropie »,

croyance ancestrale. Cette anthologie se propose d'offrir au lecteur les pages les plus marquantes de cette légende, depuis les premiers textes d'Hérodote, Ovide, Pétrone, Cervantès, sans oublier Alexandre Dumas, George Sand, Erckmann-Chatrian, Collin de Plancy, le Bibliophile Jacob, Paul Sébillot, H. Warner Munn, Clémence Housman, Boris Vian, Jean-Marc Soyez, François Fabre, Claude Seignolle, Robert McCammon, et des inédits de Léo Henry et de Daniel Walther. Alain Pozzuoli est le biographe français de Bram Stoker et l'un des spécialistes de Dracula. Passionné de fantastique (on lui doit le Dictionnaire du Fantastique avec J.-P. Krémer ou le Dictionnaire du centenaire Dracula), il a publié récemment French Gothic. Il est aussi auteur de nombreuses adaptations radiophoniques d'œuvres fantastiques, en dramatiques et en feuilletons.

Baisers de sang : 20 histoires érotiques de vampire s : anthologie / présenté par Alain Pozzuoli Les belles lettres, 2005 Les textes les plus explicitement érotiques du mythe vampirique : Carmilla, de Joseph Sheridan Le Fanu, son pendant masculin, L'histoire vraie d'un vampire de Eric Von

Stenbock, des textes d'auteurs contemporains (Drencula de Boris Vian, Parlez-moi d'amour de Gudule, La fée rouge, Daniel Walther, Champagne, brute ! De Robert de Laroche, etc…

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La fascination de l’occulte des Décadents : l’Europ e fin de siècle « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres » Stéphane Mallarmé, extrait du poème Brise marine.

Amoralité, ennui et désespoir moderne, c'est l'ambiance artistique délétère de cette fin de 19e siècle en Europe à laquelle s'ajoute la recherche des frissons démoniaques des expériences extrêmes. Anthologies

Romans fin de siècle : 1890-1900. R. Laffont (Bouquins), 1999 Fin-de-siècle est à la fois synonyme de décadence et de modernité. Décadence des mœurs, d’abord. Jamais on ne crut dénombrer autant de perversités que dans les années précédant la date fatidique de 1900. Passons sur les nymphettes qui se vendent

un million, les impudiques prêtresses de Sapho, les dandys outrageusement parfumés. Beaucoup ne savent plus à quel saint se vouer : sont-ils mâles, femelles, ou tout à la fois ? Des «hors nature» qui cherchent désespérément une nouvelle identité. De scandale en perversion, de révolte en crime, le héros décadent en appelle aux barbares, dans le vain espoir d’une renaissance. En attendant que nos romanciers contemporains retrouvent le souffle et la verve nécessaires pour raconter les particularités de notre propre fin de siècle, tournons-nous vers les romanciers 1900 qui, eux, nous renseignent parfaitement sur notre misère et notre splendeur.

Petit musée des horreurs : nouvelles fantastiques, cruelles et macabres Laffont (Bouquins), 2008 Anthologie de nouvelles du XIXe siècle, la plupart inédites ou publiées à partir des éditions originales, réunissant une soixantaine d'auteurs tels que Maupassant, Lorrain, Villiers de L'Isle-Adam, Mendès, Lermina, Péladan, etc. Classés en quatre thèmes (spectres, névroses, amours fantastiques, mythes revisités), les textes sont complétés

par des biographies et des revues de presse de l'époque.

Belgique fin de siècle : romans nouvelles, théâtre Complexe, 1997 Des textes de Maeterlinck, de Rodenbach, choisis pour donner un aperçu de la spécificité de la littérature belge francophone de la fin du XIXe siècle.

Les décadents, volume 1 Autrement dit (Livre audio), 2003 Présente cinq nouvelles de cinq auteurs majeurs (Bloy, Huysmans, Toudouze, Lemonnier, Maupassant). Leurs sujets pervers, macabres, diaboliques, amoraux, pulsionnels, traités avec un extrême raffinement de style permettent de mieux connaître le mouvement décadent en littérature du XIXe siècle.

Les décadents, volume 2 Autrement dit (Livre audio), 2004 Présente des textes de trois auteurs représentatifs (Louÿs, De Gourmont, Villiers de L’Isle Adam) du mouvement décadent en littérature du XIXe siècle, souvent cachés sous les euphémismes de naturalisme, de réalisme et de symbolisme.

Histoires démoniaques et luxurieuses / rassemblées par Claude Deméocq & Jean-Paul Bouchon Terre de Brume (Terres fantastiques), 2002. Cette anthologie de contes fantastiques et érotiques rassemble aussi bien des écrivains français du XIXe siècle (Jean Lorrain, Marcel Schwob, Camille Lemonnier, Pierre Louys,

Gustave Toudouze) et de la Belle Epoque (Frédéric Boutet, Maurice Renard, Léon Bloy, Remy de Gourmont que des poètes comme Baudelaire ou Hérédia. Le lecteur rencontre des névrosés hantés par la mort, des fétichistes de tous bords, des mortes amoureuses poursuivant leur amant, des nécrophiles tentant de ressusciter la femme qu'ils aiment.

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Théophile Gautier 1811-1872 La morte amoureuse Autrement dit, 2003 (Texte lu par Bernard Petit) Ce récit publié en 1836 est devenu le grand classique des contes de nécrophilie. Il met en scène, à travers la passion de l'abbé Romual pour la splendide et troublante Clarimonde, le rêve de beauté idéale.

Les mortes amoureuses : nouvelles Actes Sud (Babel), 2004 Trois nouvelles pour trois variations sur le même thème, celui de l'amour d'un jeune homme pour une belle morte.

Pétrus Borel 1809-1859 Escales à Lycanthropolis Le vampire actif, 2010 Le recueil propose un florilège de dix textes courts composés par cet irréductible, où l’humour, féroce parfois, côtoie le désespoir le plus sombre, où le sarcasme est permis par le fantastique, où la dénonciation des travers de la société surgit avec une rare

causticité. Dix escales pour circuler en territoire frénétique et (re)lire aujourd’hui celui qu’Éluard plaçait entre Sade et Lautréamont.

Rachilde 1860-1953 Les hors-nature Seguier (Bibliothèque décadente), 1994 Ce roman – paru en 1897 – devait asseoir la réputation littéraire de celle qui revendiquait fièrement le titre d'« homme de lettres » : Rachilde, épouse d'Alfred Valette, fondateur du « Mercure de France ». Un roman écrit au lendemain de l'affaire Oscar Wilde, pour lequel elle avait déjà vigoureusement pris partie.

Mon étrange plaisir J. Losfeld (Les feuilles d’Eros), 1993 Le héros de ce récit, un danseur très en vogue en cette fin de siècle, se penche sur son adolescence. L'évocation de son enfance se fait essentiellement sous l'angle de la sensualité. Les différentes rencontres féminines, de la petite bergère aux amies

courtisanes, figurent l'éveil du désir et de l'amour tels qu'ils se donnent chez le narrateur jusqu'à la révélation finale, celle de son étrange plaisir. «Et si l'amour dont j'ai peur, dit-il, n'était pas du tout ce sentiment auquel sacrifient tant d'êtres plus ignorants que conscients, tant d'hommes qui croient, ne croient plus, tant de femmes qui hésitent, se donnent, se reprennent sans savoir au juste ce qu'elles veulent ?»

Rémy de Gourmont 1858-1915 Proses moroses A rebours, 2004 Recueil de courtes histoires, drames brefs et pervers qui font de l'auteur un héritier de Delaclos ou Sade.

Histoires magiques Ombres (Petite bibliothèque), 1994 Romancier, nouvelliste, figure de proue et théoricien du Symbolisme, Rémy de Gourmont, né à Bazoches-au-Houlme en 1856, fait sans contexte partie de cette famille d'auteurs abusivement qualifiés de « mineurs » — on pense aussi à Schwob, à Lorrain — chez lesquels on trouve néanmoins l'écho le plus juste de la sensibilité particulière

d'une époque, ces « classiques singuliers et comme souterrains — pour reprendre ses propres termes — qui sont la vie véritable de la littérature française ». Sixtine, les Lettres à l'Amazone, Une nuit au Luxembourg... autant de « promenades littéraires » à travers les dédales compliqués et voluptueux du décadentisme fin-de-siècle. Et jusque dans la fascination un peu morbide qu'exerçaient sur lui l'occultisme et la magie, Gourmont, qui ne dédaignait pas de faire tourner les tables, était vraiment un homme de son temps. Saluons donc la réédition de ces Histoires magiques, nimbées de soufre et de perversité qui rendent à leur auteur la place qui lui revient, entre J.-K. Huysmans et Villiers de l'Isle-Adam. Arnould de Liedekerke-Beaufort, Notes de lecture in L’Orne littéraire, n°3, hiver 1982/83.

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Joris-Karl Huysmans 1848-1907 Là-bas Flammarion, 2003 Huysmans est passionné par la démonologie et le surnaturel. Son héros, Durtal, est un historien amené à s'interroger sur la doctrine chrétienne et le satanisme. Il abandonne « l'adultère, l'amour, l'ambition, tous les sujets apprivoisés du roman moderne, pour écrire l'histoire de Gilles de Rais. »

Catulle Mendès 1841-1909 Méphistophéla Séguier (Bibliothèque décadente), 1993 Salué par ses contemporains comme une œuvre majeure, ce roman urticant et cruel, suivant l'expression de Jean Lorrain, traite d'un double thème baudelairien incarné dans une même figure de femme : les paradis artificiels et les amours lesbiennes.

Jean Lorrain 1856-1906 Histoires de masques Ombres (Petite bibliothèque), 2006 Recueil d'histoires de luxure, d'instantanés de terreur et de contes fantastiques dans un Paris nocturne où les fantômes se croisent avec les spectres venus de l'au-delà.

Léon Bloy 1846-1917 Histoires désobligeantes Ombres (Petite bibliothèque), 2001 Trente contes parus à l'origine dans la revue Gil Blas de 1893 à 1894, qui proposent une peinture corrosive des mœurs de la Belle Epoque. L. Bloy y met au jour les drames qui agitent en secret le monde moderne et entrouvre un soupirail sur les ténèbres de la

vie mondaine et demi-mondaine.

Georges Rodenbach 1855-1898 Bruges la morte Labor (Espace Nord), 2001 Hugues Viane a choisi d'habiter Bruges, qui s'accordait à la mélancolie de son deuil. Le roman se joue entre des reflets : celui d'une femme qu’Hugues a passionnément aimé et celui d'une morte dont il croit retrouver l'image chez une vivante. Récit fétichiste où toute

la sémiologie de la ville participe aux cérémonies du deuil. Dès lors cette ville au charme délétère s'impose comme la véritable héroïne de ce roman, l'un des chefs-d’œuvre du symbolisme

Camille Lemonnier 1844-1913 Le possédé Seguier (Bibliothèque décadente), 1997 La chronique d'une liaison entre un respectable magistrat d'âge mûr et l'institutrice de ses enfants. Onirisme, vampirisme, monologue intérieur, fragments d'un journal intime font de ce roman une œuvre profondément hybride où les fidèles de Zola ne sauraient plus se reconnaître.

Georges Eekhoud 1854-1927 Escal-Vigor Seguier (Bibliothèque décadente), 1996 Publié en 1899 au Mercure de France, ce roman conduisit son auteur à la Cour d'assises de Bruges. On lui reprochait d'avoir parlé aussi ouvertement de l'amour socratique. Ce roman raconte la passion du châtelain Henry de Kehlmark pour un jeune paysan dont il

entend former l'intelligence et le goût dans la pure tradition grecque. Thomas Mann 1875-1955

Mario le magicien suivi de Expériences occultes et autres récits Grasset (Les cahiers rouges), 1994 Thomas Mann, que ses enfants et ses proches appelaient " le magicien " et qui s'intéressait à tout, s'est naturellement intéressé à la magie. Le magicien dont on trouvera le portrait dans Mario et le magicien est un inquiétant hypnotiseur de foire. Il exerce sur son petit public un pouvoir comparable à celui des dictateurs sur les foules.

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Aussi cette nouvelle, qui raconte des vacances familiales dans l'Italie mussolinienne, a-t-elle pu apparaître comme une satire du fascisme. Elle est, plus généralement, une interrogation sur la nature de la volonté et sur les limites de la liberté individuelle. Les récits suivants prolongent cette exploration de l'inconnu où l'auteur de La Montagne magique est vraiment dans son élément.

Stanislav Przybyszewski 1868-1921 Messe des morts (1893) J. Corti (Collection romantique), 1995 Messe des morts est impossible à résumer : plutôt que d’un récit, il s’agit d’un chant ou d’un cri effrayant (Munch en cette même année 1893 peindra le sien), symbolique et métaphysique, érotique et religieux, barbare et névrosé, dans lequel se mêlent

l’envoûtement de la femme-mère, la nostalgie de la terre natale primitive, la fascination du péché et de la douleur, la hantise des horreurs et des délices du sexe et, au centre de tout le récit, la propension irrésistible aux émotions excessives et aux syncopes du sentiment. « J’ai toujours aimé les aliénés, les psychopathes, les dégénérés, les ratés, les anormaux, les infirmes, ceux qui cherchent la mort et que celle-ci évite, en un mot, les fils pauvres et déshérités de Satan, et ceux-ci, à leur tour, m’ont aimé. » psychose".

Aubrey Beardsley 1872-1898 L’histoire de Vénus et Tannhäuser V. Hamy, 2007 Court récit qui exprime la quintessence du mouvement décadent anglais. En arrivant devant la montagne de Vénus, le chevalier Tannhäuser a atteint le but de son voyage. En passant la porte, il se retrouve de l'autre côté du miroir, sous la montagne et lui, qui

pensait conquérir Vénus, va être conquis par elle.

Oscar Wilde 1854-1900 Portrait de Dorian Gray Flammarion, 2004 Devant son portrait, Dorian Gray a fait le vœu de ne pas vieillir et de laisser le tableau vieillir à sa place. Le portrait est devenu le miroir de son âme, et quand Dorian commet son premier péché, un pli cruel apparaît sur la bouche peinte. Perverti par l'immoral lord Henry Wotton, Gray enchaîne les méfaits, conservant sa beauté, tandis que son portrait s'altère.

Un hommage et réécriture XXe : Dorian : une imitation / Will Self (1961-....)

L'Olivier, 2004 Henry Wotton est un dandy qui use et abuse de tous les plaisirs illicites : sexe, drogue, alcool, et bons mots. Dans le studio de son ami (et ex-amant) Basil Hallward, vidéaste très en vogue,

il rencontre Dorian Gray, un jeune homme d'une grande beauté. Il se propose de l'initier à toute une vie de débauche... Dorian se laisse tenter, tout en faisant le voeu de garder la

fraîcheur et l'innocence de la jeunesse. Mais il y a le sida et ses ravages... Dorian est Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde transposé un siècle plus tard. Wilde racontait la déchéance du XIXe siècle finissant,

Will Self, lui, raconte la lente dérive du Londres décadent des années 80 et 90. Dans ces variations sur un mythe, il dépeint, avec le cynisme et l'humour qu'on lui connaît, une fin de siècle désormais révolue.

Fabrice Delphi 1877-1937 L’araignée rouge (1903) Terre de brume, 2004 (Terres fantastiques) Dans le Paris boulevardier de la belle Epoque, A. Mordanne goûte aux plaisirs interdits et sombre dans les poisons de l'éther et de la morphine qui l'entraînent au cœur d'épouvantables hallucinations dans lesquelles les araignées jouent le rôle d'une étrange et maléfique perversité. Ce roman inspira à son auteur une pièce de théâtre interdite par

la censure, reproduite dans cet ouvrage.

Un hommage aux décadents : Le cabaret vert : déités disparues et esthètes immo raux / Estelle Valls de Gomis 1973-…

Ed. Nuit d’avril, 2006 Un recueil de nouvelles qui plongent le lecteur dans un univers peuplé de dandys

décadents, de vampires, de dieux et de héros de la mythologie grecque, servi par un style qui rend hommage aux grands nouvellistes du XIXe siècle que furent Gautier,

Mérimée ou Lorrain.

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L’époque et les personnalités de l’occulte… dans le s romans et bandes dessinées d’aujourd’hui Sur le comte de Cagliostro :

La vie merveilleuse de Joseph Balsamo, comte de Cag liostro / Mikhaïl Kouzmine Circé (Poche), 1999

C'est paradoxalement en démythifiant la figure légendaire du grand mage, en écrivant un roman historique, que Mikhaïl Kouzmine (1875-1938) redonne tout son mystère à Cagliostro et à la décadence lettrée et élégante du XVIIIe siècle européen.

Les grands romans : Joseph Balsamo / Alexandre Dumas R. Laffont (Bouquins), 2001

Possédant un extraordinaire pouvoir hypnotique, Joseph Balsamo l'utilise pour provoquer une révolution. Il a notamment en son pouvoir une jeune aristocrate de la cour de Louis XV, Andrée de Taverney.

Sur Franz-Anton Mesmer, médecin magnétiseur :

Au commencement la nuit était musique / Alissa Walser Actes Sud, 2011

Les personnages de ce roman ont vraiment existé. A Vienne, en 1777, on fête le génie de Mozart, mais bientôt un autre sujet s'empare des conversations. Le célèbre Dr Mesmer, un magnétiseur aux pouvoirs énigmatiques, tente

de soigner la cécité de Maria Theresia Paradis, jeune prodige du piano et fille d'un important fonctionnaire à la cour. Si Mesmer réussit, ses méthodes insolites seront enfin reconnues par les plus hautes sphères de la société viennoise. Lorsque la jeune fille recouvre en partie la vue, tout en inquiétant ses parents par ses désirs de liberté, soupçons et jalousies vont bon train. Roman riche et poignant, Au commencement la nuit était musique parle de maladie, de recherche personnelle, de musique, et de ce mystérieux fluide circulant entre les êtres qui favorise l'harmonie, la création, la vie - et finalement la santé. Un sujet fort et une langue attentive, parfois très poétique, font de ce roman une oeuvre aussi sensuelle que musicale.

La guérison par l’esprit. Mesmer, Mary Baker-Eddy, Freud / Stefan Zweig Le livre de poche (biblio essais), 2009

On connaît l'intérêt passionné du romancier d'Amok et du Joueur d'échecs pour les zones inexplorées et obscures de l'esprit humain. Biographe érudit et passionnant, il évoque ici trois figures historiques qui ont été parmi

les premières a s'y aventurer. A la fin du XVIIIe siècle, le magnétiseur Mesmer s'intéresse à l'hypnose. Un siècle après, Mary Baker-Eddy, une Américaine, fondatrice d'une secte, prétend guérir par l'extase de la foi. Dans le même temps, à Vienne, Freud donne naissance à la psychanalyse. Trois expériences auxquelles l'histoire et la science devaient donner leur juste place, mais qui toutes trois marquèrent leur temps. Dans ce livre trop méconnu, témoignage de son inlassable curiosité intellectuelle, le grand écrivain autrichien nous convie à une réflexion fondamentale sur les pouvoirs de l'esprit.

L’étrange cas de mademoiselle P. / Brian O’Doherty 1934-…. Payot et Rivages, 1996

Vienne dans les années 1770. Une jeune fille aveugle et musicienne est confiée au célèbre docteur Mesmer, fondateur du magnétisme animal et précurseur de Freud. Premier roman d'un critique d'art né en Irlande et vivant à New York.

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Des écrivains du 21e siècle reviennent sur le 19e s iècle dans la société britannique :

Des anges et des insectes / A.S. Byatt Flammarion, 1995

William Adamson, brillant entomologiste de retour au pays après dix ans sous les tropiques, titube devant tant de suave splendeur. A quoi convient-il de comparer la dame de son coeur ? A une Aphrodite d'ivoire et d'or pâle ou au Morpho Eugenia à la délicate livrée, papillon d'une extrême rareté ? Anthropologue au fumoir, naturaliste sous

les taillis d'ormeaux, il découvrira avec effroi que l'analogie vaut aussi pour la gentry. Même goût désavoué pour le gothique et les esprits maléfiques autour du guéridon de Mme Papagay où Emily, veuve dès même ses fiançailles, tente désespérément de vivre son deuil dans les séances de spiritisme et d'écriture automatique. Rêves noirs et féeries romantiques, jeux d'apparence, Byatt excelle à rendre l'atmosphère capiteuse et la violence garrottée des salons victoriens. Du chasseur de papillons pris dans les tulles du bal à la mystique dévoyée de la femme immorale, son écriture pastiche les élans symbolistes de l'époque, pénètre l'atmosphère puritaine qui entoure les amours maritales et révèle les tensions morales et sociales de toute une société qui se cache sous les manières fleuries et les excès de dévotion. Un voyage au pays des anges et des insectes.

Les carnets de Victor Frankenstein / Peter Ackroyd P. Rey, 2010

Le narrateur et auteur des carnets est le jeune étudiant genevois, Victor Frankenstein. Venu étudier à Oxford, il se lie d'amitié avec Percy Bysshe Shelley. Leurs idées avancées leur valent d'être renvoyés de l'université. Ils se retrouvent à Londres où Victor

entend poursuivre ses expériences sur l'électricité et réinsuffler la vie à un mort. Il n'y réussira que trop bien.

Les mémoires d’Elizabeth Frankenstein / Theodore Roszak Cherche-midi (néo), 2007 L'histoire d'Elizabeth, la femme de Victor Frankenstein, évoquée dans le roman de Mary Shelley, dont T. Roszak imagine la vie. Suivant deux fils narratifs, les mystères de la féminité et les dérives de la science conduisent le lecteur à réfléchir sur la science et ses limites à une époque où des manipulations génétiques font plus que jamais débat.

Les grandes profondeurs / René Réouven Denoël (Présences), 1991

William Crookes, physicien célèbre, passionné de spiritisme, entreprend d'élaborer une machine destinée à remplacer le médium humain, éliminant ainsi toute possibilité de défaillance psychique.

Sur Aleister Crowley, spirite et membre de la Golde n Dawn Society :

Le dernier jour de la Golden Dawn / Jean Brunet Galilée, 2006

Ce roman dévoile les hérésies, les contradictions, les conflits, dans l'ombre menaçante d'Aleister Crowley, le mage luciférien et l'homme le plus pervers. Il retrace les derniers instants d'une société secrète, dans les brumes d'un Paris sinistré.

Sur Papus (Gérard d’Encausse, dit), maître occulte français :

Les démons de Paris / Jean-Philippe Depotte Denoel (Grand public), 2010.

A Paris, au début du XXe siècle, un jeune prêtre découvre qu'il peut parler avec les morts, et devient célèbre sous le sobriquet de saint Joseph des morts. A la veille d'une visite du tsar Nicolas II, Joseph se lance dans une quête de la vérité qui lui fait approcher

l'occultiste Gérard Encausse, dit Papus, ainsi que des espions russes et les membres de la pègre de Montreuil. Premier roman.

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La brigade chimérique / Serge Lehman et Fabrice Colin (Texte), Gess (Illustrations) Atalante (Flambant 9), 2009

Pourquoi n’y a-t-il plus de super héros en Europe après la seconde guerre mondiale ? C’est sur cette question que se sont penchés Lehman et Colin, en créant une histoire qui puise dans la littérature fantastique, les personnalités de l’occultisme et les scientifiques du XIX siècle européen. On croisera dans cette bande dessinée érudite

autant de personnages de fiction que réels…. Série de 6 tomes à ce jour.

La ligue des gentlemen extraordinaires / Alan Moore Ed. USA, 2001

Alan Moore, auteur de bande dessinée britannique (V pour Vendetta) donne une seconde vie au héros de la littérature fantastique du XIXe : Mina Murray (Bram Stoker), Allan Quaterman (Henry Ridder Haggard), Moriarty (Arthur Conan Doyle), Docteur Jekyll et l’Homme invisible sont les aventuriers de ces histoires bien étranges.

A propos : les super-héros, l’histoire d’une migrat ion transatlantique Héros mythiques de l’’Antiquité, chevaliers médiévaux de la légendaire table ronde et justiciers masqués de l’époque moderne ont, en leur temps, nourri l’imaginaire humain. Certes, nombres de contes et de légendes témoignent encore des faits d’armes d’illustres figures héroïques (Hercule, Arthur, Robin des bois) mais une majorité d’entre elles ont cessé d’exister, évincées de notre mémoire collective. […] Les héros de notre enfance, des personnages façonnés au cours des siècles sur le « Vieux Continent », ont néanmoins laissé une empreinte apparente : ils ont traversé l’Atlantique sous de nouveaux traits au début des années trente pour captiver la jeunesse américaine. On peut donc aisément retrouver leurs influences dans la création d’un élément central du fanzine américain : le super-héros. Les aventures trépidantes de ces personnages hors du commun devaient même nécessiter la parution d’une publication au format spécifique : le comic-book ; un opuscule d’une trentaine de pages valorisé par une couverture « attrayante », fréquemment bariolée de couleurs chatoyantes. Dictionnaire des mythes du fantastique / sous la direction de Pierre Brunel et Juliette Vion-Dury. Presses universitaires du Limousin, 2003.

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Héritage et renouveau

Le genre fantastique continue de s’épanouir pour devenir un « mauvais genre » : populaire, produit en masse, il est déconsidéré par la critique littéraire d’une grande partie du 20e, tout comme les romans policiers ou de science-fiction. Dans la première moitié de 20e siècle, des mouvements artistiques d'avant-garde réinventent leur fascination de l'occulte, s'en réclament pour concevoir leur esthétisme. Dès la fin des années 60, le terme ésotérisme s’emploie dans un sens plus large (il désigne autant l’occultisme que la sagesse mystique traditionnelle en passant par les parasciences et les ovnis) il devient un genre dans la fiction : le roman à suspense ésotérique, le conte philosophique.

Anthologie littéraire Les chefs d’œuvre du fantastique, de E.T.A. Hoffman n à Stephen King / textes choisis et présentés par Jacques Goimard. Mnibus, 2007

Une anthologie réunissant les œuvres d'Ambrose Bierce, d'Henry James ou de Claude Seignolle. Comprend notamment L'homme au sable d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, Sortilèges du fond des âges d'Algernon Blackwood, Le rickshaw fantôme de

Rudyard Kipling et La métamorphose de Franz Kafka. Le cavalier bleu de l’expressionnisme : Alfred Kubin 1877-1959

L’autre coté, un roman fantastique J. Corti (collection Merveilleux), 2007

Comme pour certains grands créateurs, un média ne suffit pas à Kubin : d'une main, il dessine, de l'autre, il écrit ; "il n'est que trop malaisé de déterminer qui influe sur l'autre, c'est la même main qui écrit et dessine". Son seul roman, l'Autre côté, qu'Herman Hesse,

déjà, considérait comme un livre majeur, est devenu, depuis sa parution, en 1909, une des œuvres-clés de la littérature dite moderne. L'Autre Côté a influencé Kafka, Jünger et les surréalistes, de même que le groupe du Cavalier Bleu auquel Alfred Kubin appartenait. Comme la plupart des livres qui comptent, L'Autre Côté, son Empire du rêve — tel un avatar angoissant des confins — ne se résume pas. Théâtre de fantasmagories échevelées, de métamorphoses hallucinées et de décompositions de toutes sortes, l'Autre Côté de Kubin est le contrepoint même du rêve. Tout est rêve tant que tout demeure en deçà des frontières de l'Empire éponyme : le voyage, la quête, la lumière ; au-delà c'est-à-dire au-dedans, le cauchemar éveillé : ciel lourd, resserrement, prémonition jusqu'à la lente dégradation mortifère. Voici donc une parodie de l'utopie, du voyage extraordinaire, et du Merveilleux ! Depuis l'édition de Pauvert, de 1964, ce livre manquait.

Les surréalistes :

A propos : Surréalisme et occultisme Le premier Manifeste du surréalisme parait sept ans après la révolution d’Octobre. Edifié sur les ruines de Dada et les bouleversements de la société et de l’esprit, il affirme le mythe qui fonde le surréalisme : l’homme ne retrouvera le paradis perdu de l’enfance qu’en détruisant la cloison qui le sépare de l’inconscient « ou sa vie plonge pour retrouver tous les pouvoirs de l’esprit ». (G.Brée, E. Morot-Sir). Démontrant que la poésie n’était pas seulement une posture d’écriture, mais une activité mentale s’étendant à toutes les formes de l’existence, il est une défense et illustration de l’imagination poétique : « le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressée de la pensée. » Le Second manifeste du surréalisme, publié en décembre 1929 dans n°12 de La Révolution surréaliste, est beaucoup plus virulent et passionné que le précédent. La récupération totale de la force psychique ne sera obtenue qu’au moyen d’une vertigineuse descente au fond de l’être ; son instrument : l’écriture comme « illumination systématique des lieux cachés ». Le surréalisme devient une dynamique. L’écriture automatique ne doit en aucun verser dans la littérature. Le projet est plus vaste, plus ambitieux. Il mêle la politique (Marx, Trotski) et l’ésotérisme (« l’occultation profonde, véritable, du Surréalisme ») et tente de résoudre les « problèmes, de l’amour, du rêve, de la folie, de l’art et de la religion »[…]si plusieurs pages du premier manifeste évoquent le « paysages dangereux » des occultistes, c’est au moment du

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second manifeste (1930) que Breton proclame la nécessité d’explorer l’occulte : « il y aurait tout intérêt à ce que nous poussions une reconnaissance sérieuse du côté des sciences à divers égards aujourd’hui complètement décriées que sont l’astrologie, entre toutes les anciennes, la métaphysique (spécialement en ce qui concerne l’étude de la cryptesthésie) parmi les modernes. Il ne s’agit que d’aborder ces sciences vers le minimum de défiance nécessaire et il suffit pour cela, dans les deux cas, de se faire une idée précise, positive, du calcul des probabilités ». La tradition ésotérique fournit au surréalisme sa théorie des correspondances : l’alchimie, la pierre philosophale qui devait « permettre à l’imagination de l’homme de prendre sur toutes choses une revanche éclatante » ; quant à l’étude des grands textes de la littérature occultiste (Paracelse, Eliphas Levy, Fabre d’Olivet, P.V. Piobb), ils ne sont là que pour faire retenir du sacré et de l’occulte les ferments actifs. Le monde du surréalisme / Gérard de Cortanze. Ed. Complexe, 2005. p.224-225, 258-259.

Un précurseur :

Xavier Forneret 1809-1884 / Contes et récits J. Corti (Domaine Romantique), 1994

Première édition intégrale des contes de Xavier Forneret (1809-1884), considéré par André Breton comme l'un des précurseurs du surréalisme pour son écriture

automatique. André Breton 1896-1966

Arcane 17 LGF, 2004

Arcane 17 est un recueil qui allie essai, récits et poèmes ; ésotérisme, politique et surréalisme : il est une des œuvres majeures de l'auteur et du courant littéraire dont Breton était l'un des porte-voix.

Sarane Alexandrian 1927-2009

Les terres fortunées du songe Galilée, 1980

Ses romans « d’aventures mentales », comme ses nouvelles, imbibées de poésie, sont de véritables mythes modernes écrits en autohypnose. Toutes ses œuvres de fiction, véritables poèmes en prose, sont fondées sur le principe de la métaphore en action.

Les Terres fortunées du songe, avec dix-huit dessins de Jacques Hérold, (Galilée, 1980), est indéniablement le chef-d’œuvre de sa création, et l’une des plus hautes cimes de la prose surréaliste. Il s’agit d’un roman mythique absolument inclassable, ni science-fiction, ni allégorie, ni récit fantastique traditionnel, ni satire d’humour noir, mais tenant de tout cela ensemble. Il est également l’auteur d’une histoire de la philosophie occulte, publiée chez Payot en 2008.

Ni expressionniste, ni surréaliste ; un belge à par t : Michel de Ghelderode 1898-1962

Sortilèges et autres contes crépusculaires Labor, 2001

Des contes fantastiques par un auteur belge plutôt connu comme dramaturge. Il a écrit plus de soixante pièces de théâtre, une centaine de contes, de nombreux articles sur l'art et le folklore. Il est également auteur d'une impressionnante correspondance de plus de 20 000 lettres, il est le créateur d'un univers fantastique et

inquiétant, souvent macabre, grotesque et cruel.

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La postérité de la littérature occulte : le roman é sotérique

A propos : l’ésotérisme-fiction « De fait, sans qu’il soit toujours facile de démêler si la fiction utilise l’ésotérisme ou l’ésotérisme la fiction, des thèmes autrefois réservés aux collections spécialisées dans les aventures insolites, les mystères de l’univers ou les énigmes de l’histoire en viennent à constituer la matière première ou la toile de fond d’un nombre croissant de romans, le da Vinci code, Harry Potter ou le Seigneur des anneaux dont tous les magazines parlent depuis des mois pour s’émouvoir d’un resurgissement en force de l’irrationnel, retour du refoulé dans un monde « désenchanté » par la raison matérielle et qui semble faire écho à la montée en puissance des intégrismes religieux. Quant aux auteurs français, rappelons seulement que les plus vendus dans l’hexagone sont aussi ceux qui peuplent leurs fictions d’esprits, d’anges, de dieux et d’histoires de réincarnations. » L’ésotérisme contemporain et ses lecteurs : entre s avoirs, croyances et fictions / Claudie Voisenat et Pierre Lagrange. Ed. de la BPI-Centre Pompidou (Etudes et Recherches), 2005. p237.

Le conte philosophique, la quête spirituelle et ini tiatique : Gustav Meyrink 1868-1932

Le visage vert Rocher, 2003

1916 - Amsterdam est devenue la plaque tournante de l'émigration européenne. Une foule interlope et grotesque se bouscule dans les bouges à matelots, les cabarets douteux et une mystérieuse boutique de prestidigitation au cœur du ghetto.

Aristocrates en exil, escrocs, illusionnistes, kabbalistes et sorciers, tous rêvent à une nouvelle vie dans un autre monde. Certains fondent leurs espoirs sur une terre promise au-delà de l'océan, d'autres, au moyen de forces occultes, cherchent à briser le miroir des apparences dans l'attente d'une Vérité révélée. Beaucoup cèdent à la tentation des sectes et des charlatans mais, dans le labyrinthe de l'aventure intérieure, seul l'initié au cœur pur trouvera l'issue. L'ingénieur Hauberisser et la jeune Eva sont de ceux-ci, ils vivent leur amour comme une quête spirituelle. Le Visage vert leur apparaît pour les guider, symbole ésotérique qui donne la vraie dimension de ce roman à clés ; chacun l'interprète en fonction de ce qu'il est lui-même, accomplissant cette alchimie qui selon C. G. Jung conduit au Soi, à la part du divin en l'homme. Le succès du Golem a trop souvent fait considérer Gustav Meyrink comme un maître du fantastique avec ce que cela comporte de restrictif. Il importe aujourd'hui de lui rendre sa place dans l'histoire de la littérature. Très marqué par l'expressionnisme, chef de file du groupe pragois des écrivains allemands, il fut l'ami de Rilke, de Max Brod et influença Kafka.

Et aussi : Le prophète / Khalil Gibran 1883-1931 Le livre de poche, 1993 Un hymne à la vie et à l'épanouissement de soi, écrit par un Libanais en exil aux Etats-Unis (1883-1931). Avec des reproductions de toiles peintes par l'auteur. L’alchimiste / Paulo Coelho 1947-…. Le livre de poche, 2005

Santiago, un jeune berger andalou, part pour l'Egypte, à la recherche d'un trésor apparu en songe au pied des pyramides. A l'issue d'un long et pénible voyage, lui sera révélée la vérité : ce qu'il cherchait se trouvait tout près de lui. Un maître caché, l'Alchimiste qui a

secrètement guidé ce parcours initiatique après lequel Santiago aura pris conscience de sa légende personnelle.

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Le roman de science-fiction ésotérique :

Le papillon des étoiles / Bernard Werber A. Michel, 2006

La Terre court à sa perte. Décidant d'aller voir si l'aventure humaine peut recommencer ailleurs, un jeune ingénieur en aéronautique conçoit et fabrique un gigantesque papillon céleste capable de se propulser dans le vide interstellaire. A bord de ce vaisseau, des

humains et tout un matériel biologique, végétal et animal nécessaire à la survie de plusieurs générations.

Le roman d’amour surnaturel :

Sept jours pour une éternité / Marc Levy R. Laffont, 2003 Pour mettre un terme à leur éternelle rivalité, Dieu et Lucifer se lance un ultime défi : chacun d'eux envoie sur terre son meilleur agent pour faire triompher son camp, et cela en sept jours ! En organisant ce pari stupide, ils avaient tout prévu sauf une chose, la rencontre de l'ange et du démon...

J’aurais préféré vivre / Thierry Cohen Plon, 2007

C'est une histoire d'amour étrange et belle. Une histoire d'amour entre la vie et la mort. Le 8 mai 2001, jour de ses 20 ans, Jeremy se suicide. Victoria, la femme qu'il aime, l'a rejeté. Mais le 8 mai 2002. il se réveille... près de Victoria, folle d'amour pour lui. Est-il

vraiment mort ? Est-ce le paradis ? L'enfer ? Ou seulement la réalité ? Pourquoi alors ne se souvient-il pas de l'année écoulée ? Puis, d'autres jours, d'autres réveils et Jeremy devient le spectateur d'une vie qui lui échappe. Une vie étrange dans laquelle sa personnalité est différente, inquiétante... Thierry Cohen vit à Lyon où il est directeur d'une société de communication. Avec J'aurais préféré vivre, il entraîne le lecteur dans l'aventure inouïe d'un homme perdu entre l'au-delà et le monde des vivants.

Occultisme, ésotérisme : quelle différence ?

Pour les éditeurs, libraires et le grand public, l’ésotérisme est le terme générique désignant tout type de littérature relevant du paranormal, des sciences occultes, de diverses traditions de sagesse exotique…Mythes fondateurs, magie, new-age, mysticisme religieux et ovnis sont donc regroupés sous cette appellation. « Outre la similitude dans la signification, l’ésotérisme [du grec esoteros, intérieur, au dedans ) et l’occultisme (du latin occultus, caché] partagent les notions d’enseignements réservés à un petit nombre d’initiés, des doctrines secrètes, des arts occultes (comme l’astrologie) et spirituelles (la méditation). La différence entre l’occultisme et l’ésotérisme, s’il faut faire une distinction, c’est peut-être le but : l’occultisme est tourné vers les forces extérieures, une puissance cachée ; tandis que l’ésotérisme se concentre sur la notion d’esprit, de soi. En résumé, « le noyau dur de l’occultisme, c’est l’idée d’une puissance cachée, d’un arcane, alors que le noyau dur de l’ésotérisme, c’est la notion d’esprit de soi. » Nouveau dictionnaire de l’ésotérisme / Pierre Riffard. Payot, 2008.)

Le roman d’aventures / d’énigmes :

Les arcanes du chaos /Maxime Chattam A. Michel, 2006

Quand les ombres envahissent les miroirs, la vie de Yael bascule dans le cauchemar, la violence, la confusion. D'étranges messages l'invitent à regarder de l'autre côté du monde, et elle ignore pourquoi des hommes tentent de la détruire...

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Corto Maltese / Hugo Pratt Denoël, 1996

Après avoir rendu le personnage du Maltais célèbre dans le monde entier grâce à ses bandes dessinées, Hugo Pratt avait décidé peu avant sa mort de se tourner vers le roman pour nous raconter encore une fois ses aventures. C'est La Ballade de la mer salée qui est reprise ici, sous une forme entièrement

différente. Mers du Sud, tempêtes, pirates, aventuriers de tout poil, île perdue, naufrages, violence extrême, puis soudaines bouffées de tendresse - tous les ingrédients qui ont contribué au succès international de la série des " Corto Maltese " sont là. Et le romantique marin nous entraîne une fois encore dans son univers magique.

Cour des mystères / Hugo Pratt Denoël, 1997

Une pluie si serrée et si fine qu'elle semblait faire partie de l'air lourd et détrempé coulait d'un ciel gris et compact, couvercle immense sur le chaudron fumant de Hong Kong... " C'est un peu comme se promener au fond d'un grand aquarium abandonné, entouré de

verre sale et opaque ", songeait Corto Maltese... Il chercha des yeux un établissement où il pourrait boire un verre. Sur le seuil, un gros Chinois menaçant lui barra la route et le toisa lentement de la tête aux pieds... Et le lecteur n'a plus qu'à s'embarquer à la suite du Maltais dans une succession d'aventures échevelées qui débutent dans les ruelles et les cours de la métropole chinoise; Corto va vite y retrouver Raspoutine, son inévitable complice, et se lancer avec lui à travers la Chine et la Sibérie - nous sommes en 1919 - à la poursuite du " train d'or " qui emporte le trésor du tsar sous la garde de l'amiral Koltchak. Bagarres, rebondissements, coups fourrés, sociétés secrètes, révélations stupéfiantes, on se doute qu'avec Hugo Pratt on n'aura guère le temps de respirer...

Corto Maltese : littérature dessinée / Hugo Pratt Casterman, 2006

Cet album est un recueil d'entretiens dans lesquels Hugo Pratt se livre sur son personnage mais également sur la création littéraire, ses voyages et ses rencontres.

Le roman emblématique du thriller ésotérique :

Da Vinci code / Dan Brown J. C. Lattès, 2004

Professeur à Harvard et spécialiste de symbologie, Robert Langdon est appelé d'urgence au Louvre : la police vient de retrouver le cadavre du conservateur, Jacques Saunière, au milieu de la Grande Galerie avec à ses côtés un message codé. Une enquête qui le conduit à la découverte d'une très ancienne société secrète.

A propos de Dan « Da Vinci » Brown

« Ce très célèbre roman [...] se frotte à l’ésotérisme en parlant de Jésus, du Graal, de textes gnostiques, de sociétés secrètes, d’œuvres d’art savamment codées. Ce n’est ni un document historique sur l’ésotérisme, mais un roman d’ésotérisme, avec donc des thèmes ésotériques, et même quelques tics habilement utilisés. Le but reste littéraire. …] Le tout nage dans une mer d’énigmes qu’on peut résoudre ». Nouveau dictionnaire de l’ésotérisme, Pierre Riffard. Payot, 2008.

Ses parodies :

Le dada Vinci code : Les enquêtes calembouresques d u commissaire Guillaume Suitaume / Gordon Zola Léopard masqué, 2006 (les polars du léopard) Un horloger veut remettre les pendules à l'heure en assassinant Daniel Brun, romancier à succès, qui vient de livrer son dernier best-seller, dont le sujet est une enquête ésotérique. Le commissaire Suitaume est chargé de la protection rapprochée de l'auteur.

Cette surveillance met en lumière des paradoxes et les meurtres se succèdent.

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Gay Vinci code : pasticherie fine / Pascal Fioretto Chifflet et Cie, 2006

Qui a tué le conservateur du Musée des Arts et traditions Homosexuels ? Quel terrible secret cachait-il ? Et pour qui travaille la drag queen tueuse qui terrorise les saunas, les bars à moustaches et le KFC des Halles ? Charlus Glandon, spécialiste mondial des

icônes gays, et son neveu Cédric, jeune journaliste à Tutêt, se retrouvent au cœur d'une palpitante enquête à la recherche d'un des plus grands mystères de tous les temps. Et si Léonard n'avait pas tout dit aux Américains ? Le plus grand secret de l'humanité serait-il caché dans une chanson de Dalida ? Homophile pratiquant, hétéro de progrès, homophobe bourru(e) ou simple citoyen (ne) sans opinion... Chacune et chacun sera forcément emballé(e) par ces folles aventures à travers le Gay Paris dont cet irrésistible polar révèle les plus hilarants dessous. Ses décryptages :

"Code da Vinci", l'enquête / Marie-France Etchegoin et Frédéric Lenoir R. Laffont, 2004

Etude des références symboliques, religieuses et artistiques utilisées dans l'ouvrage de D. Brown Da Vinci code comme les clefs détenant les preuves de la volonté de l'Eglise catholique de cacher la relation charnelle de Jésus et Marie-Madeleine. Sont notamment

étudiés le mystère de Léonard de Vinci et de ses toiles, les raisons du concile de Nicée en 325 et la piste du prieuré de Sion.

Le Code Da Vinci : enquête sur les énigmes d'un bes t-seller / Film réalisé par David Galley TF1 vidéo, 2005. (50 min.)

Enquête journalistique sur les faits, les lieux et les personnages réels qui ont inspiré l'auteur... Simon Cox, l'auteur du "Code Da Vinci décrypté", explique pour la première fois en images les mystères du livre... Intervention de Dan Brown, expertises des œuvres

de Léonard de Vinci, visites de sites.

Des réécritures critiques du roman ésotérique :

Le pendule de Foucault / Umberto Eco Grasset, 1990

A Paris, au Conservatoire des Arts et Métiers où oscille le pendule de Foucault, Casaubon, le narrateur, attend le rendez-vous qui lui révélera pourquoi son ami Belbo se croit en danger de mort. A Milan trois amis passionné d'ésotérisme et d'occultisme ont

imaginé par jeu un gigantesque complot, ourdi au cours des siècles, pour la domination mondiale. Et voici qu'apparaissent en chair et en os les chevaliers de la vengeance... Telles sont les données initiales de ce fabuleux thriller planétaire, incroyablement érudit et follement romanesque, regorgeant de passions et d'énigmes, qui est aussi une fascinante traversée de l'Histoire et de la culture occidentale, des parchemins aux computers, de Descartes aux nazis, de la kabbale à la science.

Le cinquième évangile / Michel Faber L'Olivier, 2009

Missionné par une université canadienne en Irak, Theo Griepenkerl découvre dans les ruines d'un musée les mémoires de Malchus, témoin des derniers jours de Jésus. Il les fait traduire en anglais. A peine publié, ce document rencontre un immense succès et

Theo pense profiter des avantages de cette soudaine popularité. Mais il est vite dépassé par le scandale des révélations de Malchus. Le cinquième évangile tourne en dérision cette mode des textes anciens, censés révéler au monde "la" vérité.

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Sources documentaires Littérature

Fantômes, esprits et autres morts-vivants : essai d e pneumatologie littéraire / Daniel Sangsue J. Corti (Les essais), 2011 Des fantômes, on pourrait dire ce que Flaubert disait des expositions : « sujet de délire du XIXe siècle » (Dictionnaire des idées reçues). Jamais en effet les revenants en corps, spectres, esprits et autres morts-vivants n'ont été aussi présents et n'ont autant obsédé

les vivants qu'à cette époque. Pourquoi une telle hantise ? Pourquoi tant de fantômes, de têtes coupées qui parlent, de mortes amoureuses et de tables tournantes ? Cet essai de pneumatologie littéraire examine les différentes formes que prend la revenance au dix-neuvième siècle, suit les débats scientifiques, théologiques et philosophiques auxquels elle a donné lieu, et cherche à éclairer les conditions historiques qui ont favorisé son émergence : nouvelle relation à la mort, fascination pour l'occulte, traumatismes liés à la Révolution, phobie de l'inhumation précipitée et autres peurs que la psychanalyse et l'anthropologie aident à comprendre. Mais l'histoire de la sensibilité fantomatique proposée ici passe surtout par l'exploration des très nombreuses œuvres littéraires inspirées par les revenants

La chair, la mort et le diable dans la littérature du XIXe siècle : le romantisme noir / Mario Praz Gallimard (Tel), 1998. Satan, le mâle persécuteur et la femme fatale à la beauté de Méduse : telles sont les trois figures cruciales dans lesquelles s'est projetée la sensibilité érotique du romantisme, depuis le crépuscule des Lumières jusqu'au décadentisme de la fin du

XIXe siècle. Autour d'elles fleurissent les perversions, la morbidité, le masochisme que le critique inventorie dans les œuvres de cette époque.

Le roman gothique anglais 1764-1824 / Maurice Levy A. Michel, 1995

Une synthèse sur ce genre littéraire apparu en Angleterre dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Ce mouvement littéraire prend fin en tant que tel aux alentours de 1824, mais continue souterrainement sa carrière jusque dans le surréalisme.

« Littérature : le miroir noir » de Marc Dufaud in Goth : le romantisme noir de Baudelaire à Marilyn Manson / Présenté par Patrick Eudeline Ed. Scali, 2005.

Présente tous les aspects de la culture gothique : occultisme, fantastique, lyrisme noir, roman, musique, cinéma...

« Au commencent était le gothique » de Alain Pozzuoli in Fantastique, Fantasy, science-fiction : mondes imaginaires, étranges réal ités / Léa Silhol et Estelle Valls de Gomis Autrement (Mutations), 2005

11 spécialistes des genres de l'imaginaire que sont le fantastique, la fantasy et la science-fiction, se penchent sur des mondes différents en apparence, de la littérature

gothique au conte de fées, des thèmes récurrents du genre à ses plus récentes évolutions, de l'écrit au cinéma, du mythe aux arts graphiques.

Le surnaturel : poétique et écriture / Christian Chelebourg A. Colin, 2006

Analyse et anthologie de textes abordant la thématique du surnaturel dans la littérature. Du fantastique au merveilleux, des genres nobles aux plus populaires, des grands textes sacrés aux comics américains, des contes de fées aux nouvelles fantastiques et des chansons de geste aux dessins animés.

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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Le diable dans la littérature française : de Cazott e à Baudelaire 1772-1861 / Max Milner J. Corti, 2007 Une étude parue pour la première fois en 1971, et qui s'attache à analyser les problèmes d'esthétique, du merveilleux, du fantastique et de la magie de la symbolique du diable dans la littérature, notamment dans le domaine de la poésie.

De Melmoth à Dracula : la littérature fantastique i rlandaise du XIXe siècle : essai Claude Fierobe Terre de Brume (Terres fantastiques), 2000. C'est l'Irlande qui donne à la littérature fantastique de langue anglaise ses œuvres majeures, dans le domaine du roman, comme dans celui de la nouvelle : C. Robert Maturin, Fitz-James O'Brien, Lord Dunsany, Oscar Wilde, Bram Stocker, sont tous

irlandais. Leurs fictions portent le nom de héros asservis par un déterminisme impitoyable.

Paris fin de siècle : de Jules Vallès à Rémy de Gou rmont / Marie-Claire Bancquart La différence, 2002 Evocation du Paris de la fin du XIXe siècle à travers Maupassant, Huysmans, Poictevin, Lorrain, les Goncourt, les Rosny, Gourmont, Péladan, Dujardin, Zola, etc et le portrait de la vie sociale de la haute bourgeoisie aux exclus.

L’inquiétante étrangeté – Das Unheimliche / Sigmund Freud Interférences, 2009. Traduit par Marie Bonaparte illustré par Paula Jimenez Freud, dans ce texte écrit en 1919, explore le concept de Unheimliche, une impression suscitée par des situations ou des phénomènes ambigus rencontrés dans la vie quotidienne ou encore les arts, la littérature et qui font perdre certitudes et repères. Les photomontages amènent une approche particulière à la compréhension de ces phénomènes.

L’ésotérisme contemporain et ses lecteurs : entre s avoirs, croyances et fictions / Claudie Voisenat et Pierre Lagrange Ed. BPI –Centre Pompidou (Etudes et recherches), 2005 Cette étude sur la littérature ésotérique contemporaine conjugue deux démarches complémentaires. L'une tient de la sociologie des parasciences, l'autre consiste en une

approche ethnographique. Analyse les rapports ésotérisme et fiction à travers la réception d'ouvrages à succès comme ceux de James Redfield, Dan Brown ou Bernard Werber. Avec une présentation des collections spécialisées.

Encyclopédie du fantastique / Paul-Laurent Assoun Ellipses, 2010 500 entrées sur le genre fantastique en littérature, au cinéma, dans la musique, la bande dessinée, etc., sur ses principaux créateurs, ses mouvements, ses grands thèmes, son histoire à travers le monde, etc.

Dictionnaire des mythes du fantastique / Sous la direction de Pierre Brunel et Juliette Vion-Dury Presses universitaires du Limousin, 2003 Fait le point des recherches sur les principaux thèmes et mythes de la littérature fantastique comme l'Atlantide, Dracula, Fantomas, Frankenstein, Sméagol-Gollum ou

les trous noirs. Présenté de manière alphabétique, chacun est situé dans son contexte. Développe aussi une réflexion sur le fantastique, conçu comme réflexion sur le rapport entre l'homme et la

société, le sacré, l'identité humaine.

Dictionnaire des mythes littéraires / sous la direction de Pierre Brunel Ed. du Rocher, 2003 Cette édition comprend plus de 130 mythes étudiés par de grands spécialistes de la littérature. Ce livre est, à l'heure actuelle, sans équivalent. Il existe des dictionnaires des mythes, mais ils n'abordent qu'exceptionnellement et latéralement le devenir des mythes dans les littératures.

Or la littérature est le véritable conservatoire des mythes et c'est par elle que nous connaissons le mythe. Que saurait-on d'Ulysse sans Homère, d'Antigone sans Sophocle, de Muna sans le Mahabharata ? Ainsi le mythe nous parvient tout enrobé de littérature et il est déjà, qu'on le veuille ou non, littéraire. Les auteurs n'ont pas cherché à être exhaustifs, ni à retenir toutes les entrées possibles, qui sont innombrables.

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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Esotérisme / Occultisme / Sociétés secrètes

Histoire de la philosophie occulte / S. Alexandrian Payot et Rivages, 2008 La philosophie occulte, c'est à la fois l'occultisme, théorie des vertus secrètes des choses, et l'ésotérisme, transmission de la tradition secrète des grandes religions. Toujours liées, ces traditions sont étudiées ici dans leur développement parallèle. Tous

les auteurs importants sont cités, commentés, leurs thèses analysées. Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme / Pierre A. Riffard Payot, 2008 Professeur de philosophie et de pédagogie en IUFM, l'auteur explore les méandres de l'ésotérisme à travers des définitions illustrées chacune par un exemple. Cette nouvelle version montre que l'ésotérisme a pris des formes nouvelles et s'intéresse à un public

plus jeune. Esotérismes d'ailleurs : les ésotérismes non occide ntaux : primitifs, civilisateurs, indiens, extrême-orientaux, monothéistes / Pierre Riffard R. Laffont, 1997 Après avoir exploré le domaine occidental de l'ésotérisme, l'auteur donne ici une anthologie du domaine non occidental, répondant aux questions que l'on se pose telles

que : existe-t-il un ésotérisme dans les brousses africaines, en quoi consistent les mystères d'Egypte ?...

Dictionnaire historique de la magie & des sciences occultes / sous la direction de Jean-Michel Sallmann Librairie générale française, 2006 Une présentation de l'histoire, des pratiques, des principaux instigateurs et des victimes de la magie et des sciences occultes dans l'Europe occidentale. Histoire de la divination : oracles, prophéties, vo yances / Yvonne de Sike Larousse, 2001 Présentation chronologique des arts divinatoires en Europe, de leur fonction et de leur sens, de l'Antiquité à nos jours, avec huit hors-textes thématiques. L'ouvrage met l'accent sur les relations de la divination avec la société et le pouvoir, sur les valeurs

symboliques des objets et des animaux et sur les pratiques divinatoires : astrologie, chiromancie...

Alchimie, le grand secret / Andrea Aromatico Gallimard, 1996 L'alchimie apparaît depuis toujours comme une chimère aux contours incertains, une "fata morgana" qui émerge des fumées et des vapeurs des alambics et des fours. La légende est vivace, mais qu'est-ce que l'alchimie, et qui furent les alchimistes ? Au travers de l'histoire de cette science occulte, l'auteur examine ses concepts, sa théorie

et sa pratique.

Sociétés secrètes : de Léonard de Vinci à Rennes-le -Château / Alexandre Adler Hachette littératures, 2008 Enquête sur les sociétés secrètes mises en scène par Dan Brown comme le Prieuré de Sion, sur les origines des controverses autour de Rennes-le-Château et de l'abbé Saunière, ainsi que sur l'histoire des mythes entourant l'ordre du Temple, la Rose-Croix, etc.

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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Lexique des personnalités et notions de l'occultism e du 18e au 20e siècle en Europe Helena Petrovna Blavatsky , Dnipropetrovsk, 1831- Londres, 1891. Confondatrice avec le colonel H.S. Olcott, de la Société Théosophique (1875) (voir déf. Théosophie) Böhme (Jakob), Altseidenberg 1575-Görlitz 1624, mystique allemand. Auteur du Mysterium magnum (1623), il eut une grande influence sur la pensée moderne en Allemagne. Cagliostro (Giuseppe Balsamo , dit Alexandre, comte de), Palerme 1743 – prison pontificale de San Leo, près de Saint-Marin, 1795, aventurier italien. Médecin, adepte de l’occultisme, il fut compromis dans l’affaire des colliers de la reine Marie-Antoinette. Crowley (Edward Alexander, dit Aleister), Leamington, Warwickshire, 1875 – Hastings 1947, occultiste britannique. Mage sataniste, il exalta la sexualité sous toutes ses formes et prétendit être la bête de l’Apocalypse. Esotérisme (du grec esôterikos, réservé aux seuls adeptes) Partie de certaines philosophies anciennes qui devait rester inconnue des non-initiés. Golden Dawn Society : précisément Hermetic Order of the Golden Dawn in the Outer (Ordre Hermétique de l'Aube Dorée) était une société secrète anglaise qui fut fondée à Londres par William Wynn Westcott en 1888, avant de se disloquer, de 1900 à 1905, suite à des conflits internes. S’inscrivant dans la mouvance occultiste propre au dernier tiers du XIXe siècle, la Golden Dawn (c'est ainsi qu'est communément désigné l'Ordre) se présentait comme une école consacrée à l’étude des sciences occultes (Kabbale, arts divinatoires), à leur systématisation, leur organisation et à leur enseignement. Parmi ses membres, le mage Aleister Crowley, le poète William Butler Yeats, les écrivains Algernon Blackwood, Arthur Machen, Henry Rider Haggard et Bram Stoker (très probable mais jamais prouvé). Illuminisme : Doctrine métaphysique et mystique fondée sur la croyance à une illumination intérieure inspirée directement par Dieu. (Ce fut particulièrement celle de Böhme, Swedenborg, Saint-Martin) Kardec (Dénisard Léon Hippolyte Rivai l, dit Allan), Lyon 1804 – Paris 1869, occultiste français. Il érigea le spiritisme en doctrine, centrée autour de la réincarnation (Le livre des esprits, 1857). Lavater ((Johann Kaspar), Zurich 1741 – id. 1801, écrivain, théoricien et théologien suisse. Il conquit la célébrité grâce à sons système de physiognomonie, vite dénoncé comme une fausse science. Levi (Alphonse Louis Constant, dit Eliphas ) Paris, 1810 – id. 1875. Il s’attacha à réintroduire les traditions occultes. Il est l’auteur notamment de la bible de la liberté (1841) et de la clef des grands mystères (1860). Magnétisme (occult. magnétisme animal) : Selon Franz Mesmer, propriété occulte du corps humain qui le rendrait capable de réagir par des phénomènes d’attraction et de répulsion à l’influence des astres et des objets, et dont la connaissance serait utilisée par des guérisseurs. Mesmer (Franz), Iznang 1734 – Meersburg 1815, médecin allemand. Il fut le fondateur de la théorie du magnétisme animal, dite mesmérisme, et ses expériences sur le baquet, autour duquel se groupaient ses malades, le rendirent célèbres. Paracelse (Theophrast Bombast von Hohenheim, dit en latin Philippus Aureolus Theophrastus Paracelsus), vers 1493-1541. Médecin et alchimiste suisse. Il appliqua à la médecine la théorie alchimique des correspondances entre microcosme et (le corps humain) et macrocosme (l’univers), critiquant Galien et Avicenne. Il contribua au développement de la chimie. Parapsychologie : Etude des phénomènes paranormaux ayant une origine psychique, ou jugés tels. SYN. Métapsychique, parapsychique Occulte (lat. occultus) 1. Dont la cause, l’action, les buts restent cachés ; mystérieux.

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L’Europe des esprits ou la fascination de l’occulte dans la littérature, 1750-1950 : bibliographie – Médiathèque André Malraux - Octobre 2011

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2. Sciences occultes : doctrines et pratiques concernant des faits échappant à l’explication, rationnelle, généralement fondées sur des croyances en des correspondances entre les choses et les êtres, et présentant le plus souvent un caractère ésotérique (Alchimie, magie, mancie, etc.) Papus (Gérard d’Encausse, dit), La Corogne, Espagne 1865- Paris 1916. Occultiste français, il est le cofondateur de l’Ordre Martiniste avec Augustin Chaboseau. Péladan (Joseph, dit Joséphin), surnommé le sâr , Lyon 1858 – Neuilly-sur-Seine 1918, écrivain français. Mêlant la mystique chrétienne à l’occultisme, il est l’auteur d’une « éthopée », épopée romanesque en 19 volumes, la Décadence latine, Saint-Martin (Louis Claude de), Amboise 1743 - Aulnay-sous-bois 1803, écrivain et théosophe français, dit « le philosophe inconnu ». Disciple de Martinez Pasqualis, traducteur de J. Böhme, il développa une doctrine personnelle (le martinisme) marquée par une conception originale de la régénération de l’homme (Le ministère de l’homme-esprit, 1802) Spiritisme : Doctrine fondée sur l’existence et les manifestations des esprits, en particulier des esprits humains désincarnés ; pratique consistant à tenter d’entrer en communication avec ces esprits par le moyen de supports matériels inanimés (tables tournantes) ou de sujets en état de transe (médiums). Né aux Etats-Unis (1848), le spiritisme gagna la Grande-Bretagne puis se répandit à partir de 1853 en Europe continentale. Son principal doctrinaire en France, Allan Kardec, s’efforça d’en faire une « religion scientifique ». Swedenborg (Emanuel), Stockholm 1688 – Londres 1772, théosophe suédois. A la suite de visions qu’il aurait eues en 1743 et dont il fait le récit dans les Arcanes célestes, il développa une doctrine, dite de la nouvelle Jérusalem, selon laquelle tout à un sens spirituel, que Dieu seul connait. Théosophie (occult.) Doctrine fondée sur la théorie d’une sagesse divine, omniprésente dans l’univers et dans l’homme. Définitions et notices biographiques extraites du Petit Larousse illustré (2005), du Robert illustré (2011)sauf pour « Golden Dawn Society » et « Papus » : Wikipedia.