medialex 01:2011 du 25 février 2011
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medialex 01/2011 vom 25.02.2011
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Sbastien Fanti Lic. iur, avocat et notaire indpendant Sion. Formation en droit de la proprit
intellectuelle, arbitrage et mdiation auprs de lOMPI. Intervient rgulirement en matire de nouvellestechnologies auprs du SAWI et en matire de protection des donnes lors des journes consacres cette
matire par lUniversit de Fribourg. Poursuit des tudes en sciences forensiques.
De lutilisation de Twitter lors des audiencespubliques des tribunaux
Zusammenfassung Das Bundesgericht usserte sich in der Angelegenheit Logistep (Urteil vom 8. September
2010, 1C_285/2009) zum ersten Mal ausdrcklich zur Nutzung von Twitter whrend seiner ffentlichenSitzungen, ohne dass dies jedoch aus dem Urteil ersichtlich wrde. Die erste Berichterstattung einer
ffentlichen Gerichtsverhandlung ber Twitter muss thematisiert und ein passender Rechtsrahmen gefunden
werden, der die Regelungen und Erfahrungen von Lndern, welche die Gerichtsberichterstattung ber Twitter
zulassen, bercksichtigt.
I. Introduction
@lawdragon: le juge fdral Yves Donzallaz vient de se prononcer.
@lawdragon: la IIe Cour de droit public accepte le recours de la demanderesse 3 voix contre 2.
@lawdragon: la jurisprudence prvalant antrieurement est renverse!
Voici en substance, titre exemplatif et hypothtique, ce qui pourrait devenir un usage ordinaire de Twitter
(Twitter est un rseau social et de microblogage qui permet lutilisateur denvoyer gratuitement des
messages brefs, appels tweets [gazouillis], par internet, par messagerie instantane ou par SMS) lors des
audiences publiques des tribunaux dans notre pays.
II. De la requte formule
Le 6 avril 2010, lAssociation Razorback, agissant par son mandataire soussign, a sollicit du Tribunal
fdral lautorisation de twitter lors des dlibrations publiques initialement agendes au 21 avril 2010. La
requte tait ainsi libelle: Je profite de loccasion qui mest offerte pour solliciter que vous mindiquiez si je
serai autoris relater en direct le contenu des dbats sur le site twitter.com. Il mapparat prima facie que
dans la mesure o les dlibrations sont publiques, le fait de twitter les avis de chaque magistrat devrait tre
autoris (BGE 134 I 286 consid. 6.1). Je souhaitais toutefois, en qualit dauxiliaire de la justice, soumettre
cette problmatique votre approbation pralable, bien que je sache dores et dj que certains journalistes
utiliseront ce mode de publication des dlibrations dans le cas despce. Le but de cette dmarche tait
notamment de permettre, dans une affaire spcifiquement consacre aux nouvelles technologies, dutiliser un
moyen de communication moderne et efficace et par nature ractif, et dinitier pour les nombreuses personnes
intresses au sort de la cause un processus de suivi en temps rel des dlibrations.
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Par courrier du 14 avril 2010, manant de ladjointe du secrtaire gnral du Tribunal fdral, nous avons t
informs du fait que selon lart. 62, al. 1 du Rglement du Tribunal fdral, toutes prises de vue et de son
pendant les dbats et les dlibrations sont interdites. Cette rponse sybilline suscitait nombre
dinterrogations, dont la principale avait trait la parfaite comprhension de la requte formule. Un courrier
fut donc adress le 5 mai 2010, dont la teneur tait, en substance, la suivante. Aprs avoir expos en quoi
consistait le service de microblogging Twitter, son utilisation dans le cadre des dlibrations publiques a t
explicite, soin ayant t pris de prciser que lutilisation de ce service nengendrerait aucun enregistrementde son ni dimage: ... cette retranscription interviendrait par le biais dun ordinateur ou dun tlphone
portable. Il sagirait en fait de taper les dclarations des magistrats et de les publier sur un site internet. La
publication et le contenu de celles-ci interviennent sous la responsabilit de leur auteur. Ce systme ne diffre
donc pas de la retranscription par des journalistes du contenu des dlibrations. Ds lors, je ne comprends pas
pourquoi vous faites rfrence linterdiction de lart. 62 al., 1 du RTF. Auriez-vous lamabilit de morienter
ce sujet?
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III. De la rponse finale apporte et de sa concrtisation
Les dbats ayant t reports au 8 septembre 2010, la rponse dfinitive cet change dcritures fut apporte
le 3 septembre 2010. Ladjoint du secrtaire gnral du Tribunal fdral, aprs avoir relev que la premire
rponse semblait avoir engendr des malentendus, apporte les prcisions suivantes: ... ce jour, le Tribunal
fdral na pas rgl expressment la question relative lutilisation dappareils lectroniques dans les salles
daudience. Jusquici, les ordinateurs et tlphones portables ont t tolrs, pour autant quils soient utiliss
dans le but de rdiger un texte et quils ne drangent pas le bon droulement de la sance. Il est toutefois
ncessaire de prciser que les prises de vue ou de son sont formellement interdites, cette rserve tant
ncessaire compte tenu de la multifonctionnalit de ces appareils. Aussi longtemps que ces conditions seront
respectes et que le juge qui prside laudience nordonne pas le contraire, rien ne soppose lutilisation de
Twitter. Nous nous rservons toutefois de rgler expressment cette question lavenir, sur la base des
expriences qui seront faites...
Lors des dlibrations publiques du 8 septembre 2010, plusieurs personnes prsentes dans le public ont twitt,
dont le soussign. Les tweets, par nature brefs, ont principalement expos la position de chaque juge fdral et
les motivations ayant conduit adopter une telle position. Lintrt principal tait toutefois de savoir, en
temps rel, quelle majorit allait se dgager, respectivement si lun des juges fdraux changerait davis aprs
lexpos de ses collgues. La tension palpable qui rgnait alors au sein du public a parfaitement t inocule
par les tweets mis. Finalement, aucun magistrat na chang davis, et le recours du prpos fdral la
protection des donnes et la transparence a t admis. A lissue de la sance, une discussion informelle sest
engage avec lun des juges fdraux au sujet de limportance de la dcision rendue. Il est alors apparu que la
position communique par ladjoint du secrtaire gnral du Tribunal fdral, relativement lutilisation de
Twitter, ntait pas partage par lensemble des magistrats composant la Cour, voire mme naurait pas t la
dcision de la Cour, si celle-ci avait d se prononcer. Une incertitude relative lavenir de lutilisation deTwitter lors des audiences publiques des tribunaux demeure donc, incertitude qui avait dj t induite par la
possibilit pour le Juge prsidant les dbats de proscrire ce mode de communication en sus dun rglement
ultrieur sur la base des expriences ralises, galement voqu dans la lettre du 3 septembre 2010. Les
garde-fous sont donc ancrs.
IV. Des solutions adoptes sur le plan international et dune propositionde cadre juridique opportun
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La Haute Cour de justice britannique a rcemment autoris (les recommandations prliminaires du Prsident
Judge peuvent tre consultes ici: www.guardian.co.uk/law/interactive/2010/dec/20/twitter-court-guidance)
lusage de Twitter dans son enceinte et lors des procs, sous certaines conditions. Les recommandations
prliminaires du prsident de la Haute Cour, Lord Judge, sont les suivantes:
Lutilisation dquipements modernes discrets, portables et silencieux, des fins de rendre compte au monde
extrieur des dbats du tribunal nest pas, de manire gnrale, susceptible dinterfrer avec le bondroulement de la justice. Lobjectif le plus vident dautoriser lutilisation de communications en direct par
message crit serait de permettre aux mdias de produire des comptes-rendus daudiences justes et prcis.
Le Lord Judge a assorti cette utilisation de plusieurs conditions que lon peut qualifier de strictes:
Lautorisation de transmettre tweets, SMS ou live-blogs est laisse la discrtion du juge, qui dcidera au
cas par cas.
Elle pourra tre limite aux seuls journalistes, lexclusion du reste du public, pour viter les interfrences
avec le systme denregistrement du tribunal.
Elle pourra tre refuse dans les cas les plus sensibles, o la diffusion dinformations en cours daudience
pourrait influencer des tmoins.
Ces recommandations sont provisoires, en attendant le rsultat dune large consultation, annonce par la
Haute Cour, laquelle devrait permettre dtablir des directives plus prcises.
En France, la question est plus conteste (pour un rsum du rgime lgal et des cas survenus:
www.20minutes.fr/article/349613/France-Tweeter-ou-ne-pas-tweeter-depuis-une-salle-d-audience.php), mais
en substance, laisse la discrtion du prsident de la Cour. Aux Etats-Unis, des dcisions contradictoires ont
t rendues (www.cbsnews.com/8301-504383_162-5591067-504383.html), notamment sur la base de la Loi
fdrale sur les procdures criminelles.
Le Tribunal fdral a initi un processus raisonnable et opportun, laune notamment des dcisions prises par
les juridictions trangres. Il a pris soin de mettre en place, en fonction des intrts en cause, des expriences
effectues et de lvolution technologique, des garde-fous. En dfinitive, le juge qui prside les dbats aura un
rle central et discrtionnaire. Cest lui qui dcidera dautoriser ou non lusage de Twitter au sein de son
tribunal. Pour viter les cafouillages (survenus chez tous nos voisins), les dcisions contradictoires et les
incertitudes lies une dcision minemment dlicate, la meilleure solution serait de rglementer rapidement
ces questions par le biais de normes technologiquement neutres, donc susceptibles dvoluer avec les moyens
de communication. Si le Tribunal fdral adoptait de telles normes, il en rsulterait lvidence, une
application simplifie sur tout le territoire national, ce qui est souhaitable pour poursuivre luniformisation des
rgles de procdure. Le Tribunal fdral pourrait galement et simultanment conduire une rflexion sur la
nature et la qualification des mdias dans la continuit de ses dcisions rcentes (notamment arrt du 10novembre 2010 1B_44/2010 considrant 3.5).
V. Conclusion
Lenjeu de la problmatique expose ne se limite pas cet outil de communication. En Angleterre, les
dfenseurs de la transparence ont immdiatement pos la question: You Tube
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next? Les juges en sont parfaitement conscients et donc rticents ouvrir une bote qui pourrait se rvler de
Pandore. Avec la publication de leurs arrts, ils disposent dun redoutable outil qui permet dexprimer avec
prcision leur point de vue. Laffaire Logistep a galement dmontr que les commentaires, presque
immdiats, mis sur la dcision du Tribunal fdral (notamment Rosenthal, Wenn Datenschutz bertrieben
wird oder: Bad cases make bad law, in: Jusletter du 27 septembre 2010 ) ont eu quelque influence sur les
motifs, la rdaction de larrt ayant pris plusieurs semaines. La transparence raisonnable est donc possible.
Rsum Pour la premire fois, le Tribunal fdral sest dtermin formellement sur lutilisation de Twitter,
durant les sances publiques, dans le cadre de laffaire Logistep (arrt du 8 septembre 2010, 1C_285/2009),
sans toutefois que cela ne transparaisse la lecture de cet arrt. Il est donc intressant de relater les changes
de correspondance ayant abouti la premire sance publique twitte de lhistoire judiciaire suisse et de tenter
de dresser un cadre juridique opportun, laune, notamment des solutions adoptes par les pays ayant autoris
Twitter au sein de leurs tribunaux et des griefs mis au terme de cette exprience novatrice.
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