Mata Amritanandamayi - Sagesse éternelle, Tome 1

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    Table des Matires

    Avant-propos........................................................... 5

    CHAPITRE 1.......................................................................... 8

    La Mre qui jamais ne se repose.............................8Conseils aux chefs de famille.................................. 9Mener une vie spirituelle pour

    purifier sa conduite...........................................10Les instructions du guru........................................ 11Ocan de compassion............................................ 13Bhakti yoga............................................................15L'importance de l'attitude intrieure...................... 17Pour les chercheurs spirituels................................ 18Le danger de la richesse.........................................19La Mre de l'Univers............................................. 21Mditation..............................................................26Les chagrins de la vie dans le monde....................27Prcisions concernant la sadhana..........................28Conseils aux dvos................................................ 30

    CHAPITRE 2........................................................................ 45

    La dvotion............................................................45La nature du guru.................................................. 46La sadhana est indispensable................................ 47La grandeur de la dvotion.................................... 48

    Les instructions d'Amma....................................... 49Manasa puja (adoration mentale)..........................51Les principes de la vie spirituelle.......................... 53Joies et peines de la vie profane............................ 57Pas de compromis avec la discipline..................... 59Quand Amma s'occupe de la vache....................... 60Conseils aux chefs de famille................................ 61L'extase divine d'Amma........................................ 65Le pass est un chque annul...............................66La cause et le remde de la souffrance.................. 67

    CHAPITRE 3........................................................................ 70Mditation..............................................................70Celle qui protge de tous les dangers....................70L'avenir est-il predestin ?.....................................71Le voyage spirituel................................................ 74O Amma clarifie les doutes des brahmacharis...79Une exprience tonnante......................................81La Mre infatigable............................................... 83

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    Le travail de mission..............................................84Unniyappam...........................................................86Le renonant et sa famille......................................88Sur le rivage...........................................................89Instructions aux brahmacharis.............................. 90

    Souvenirs d'enfance d'Amma................................ 94CHAPITRE 4........................................................................ 95

    Brahmacharis et chefs de famille..........................95Quelques moments avec les brahmacharis...........98La Mre qui nourrit Ses enfants............................99Amma et Ottour...................................................101Seva et sadhana................................................... 101L'Advata au quotidien.........................................103Une leon de cuisine............................................104Amma bnit une vache........................................ 105

    L'adoration des divinits et du guru....................105Observez le principe qui est la base des rituels 108Comment affronter la louange et le blme..........110Un accident provoqu par un chien..................... 111La Mre qui accorde des bndictions invisibles 113Le trsor intrieur................................................ 114La Desse du savoir initie les enfants..................115Donnez ceux qui sont dans le besoin................118Le vrai dvot ignore la pauvret.......................... 119Mettez votre foi en pratique.................................120La foi en Dieu, la foi en soi................................. 121

    CHAPITRE 5...................................................................... 123

    Amma rpand Ses bndictions...........................123Amma boit du lait empoisonn............................125La vritable forme d'Amma.................................126S'abandonner Dieu............................................ 128Pas de temps pour la sadhana..............................129Amma Ernakoulam...........................................130Enseigner le dharma ds l'enfance......................131Les enfants handicaps

    d'o vient leur karma ?...................................134

    Conseils aux brahmacharis................................. 134Qui est prt pour la Ralisation ?.........................136La vritable nature d'Amma................................ 138Servir dans le monde : les rgles observer........138Vedanta Le vrai et le faux...............................140Bhakti bhava........................................................141Brahma Muhurta................................................. 143Histoires anciennes..............................................144

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    Amma,

    Puisse chacune de mes actions tre adorationet abandon total de moi-mme,

    Que chaque son qui sort de mes lvres,soit une psalmodie de Ton puissantmantra,

    Que chaque geste de mes mainssoit un mudra, un hommage sacr,

    Que chacun de mes pas me fasse fairele tour de Ton tre,

    Quand je mange ou je boisque ce soit une offrande Ton feu sacr,

    Que mon repos soit prosternation,

    Amma,

    Que chacun de mes actes et de mes bonheursSoit adoration.

    Sri ShankaracharyaSaundarya Lahari

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    Avant-propos

    Bien rares sont les Mahatmas (grandes mes) capables de voir lunivers entier contenu dans

    lAtman (le Soi) et lAtman lintrieur de lunivers. Mme si on les reconnat, ils ne sont pasforcment enclins communiquer avec nous ou nous conseiller, car ils reposent dans lternelsilence du Soi. Cest donc une trs grande chance pour nous de rencontrer un Mahatmapleinement ralis qui soit prt nous guider et nous discipliner avec le tendre amour dunemre et la compassion inexplicable dun guru. Aujourdhui, partout dans le monde, le darshan etles paroles dambroisie de Sri Mata Amritanandamayi Dvi transforment la vie de centaines demilliers de gens. Ce livre, bien quincomplet, est un prcieux recueil de conversations entreAmma et Ses disciples, Ses dvots ou des visiteurs. Il couvre la priode allant de juin 1985 septembre 1986.

    La sagesse desMahatmas, dont la mission est dlever le monde, a une signification la foisprsente et intemporelles. Bien quils mettent en lumire des valeurs ternelles, ils sont enharmonie avec lpoque dans laquelle ils vivent et leurs paroles s'accordent aux battements decur de ceux qui les coutent.

    Amma prononce Ses paroles immortelles, qui transforment la socit, une poque o ltrehumain a perdu valeurs traditionnelles, nobles sentiments et paix de lesprit dans une tentativefrntique pour sinvestir dans le monde extrieur du pouvoir, du prestige et des plaisirssensoriels. Tandis quil poursuit, insens, ces distractions, il demeure ignorant de son propre Soi,ce qui le prive de lharmonie et de la beaut de la vie. Le manque de foi, la peur et les rivalitsont dtruit les liens personnels et les relations familiales. Lamour nest plus quun mirage dansune socit voue une consommation excessive.

    Lamour dsintress pour Dieu laisse la place une dvotion motive uniquement par lesdsirs. Ltre humain accorde une importance dmesure lintellect qui cherche le profitimmdiat, tandis quil nglige la gloire durable que lui promet la vritable sagesse. Les principesspirituels suprieurs et les nobles expriences, au lieu dtre vcus, restent lettre morte. Cest untel tournant quAmma nous parle un langage de pure dvotion, une langue du cur, faite desagesse et de lamour qui est toute Sa vie. Ses paroles dambroisie ont une valeur la foisprsente et ternelle.

    La sagesse dAmma, qui a personnellement cout les innombrables problmes de centainesde milliers de personnes, montre Sa profonde connaissance de la nature humaine. Elle connat lesbesoins des gens et Se met au niveau du rationaliste, du croyant, du scientifique, de lhommeordinaire, de la femme au foyer, de lhomme daffaires, de lrudit et de lillettr pour donner chacun, homme, femme ou enfant, la rponse adquate, qui rpond son attente.

    Amma montre lexemple de Sa vie et dclare : Voyant en tout la Vrit, ou Brahman, Je Meprosterne devant cette Vrit. Je sers chacun, ne voyant en lui que le Soi. Elle ac-cepte

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    ladvata (la non-dualit) comme la vrit ultime ; mais le chemin quElle indique la plupart deSes dvots est une combinaison harmonieuse de mantrajapa, mditation sur une forme divine,chant dvotionnel, archana (litanies), satsang et service dsintress au monde.

    Ses conseils ne sont pas thoriques, mais tout fait pratiques et enracins dans la vie

    quotidienne. Ses instructions mettent en lumire la ncessit dun entranement spirituel et dunesadhana (pratique spirituelle) dans la vie de lindividu et dans la socit ; elles soulignent le rledu service dsintress dans la qute du Soi, limportance de la prire sincre, effectue avecdvotion et amour pur. Amma Se proccupe galement de questions concernant le code deconduite des familles, les problmes de la vie quotidienne, le dharma de la relation entre hommeet femme et des indications pratiques pour les chercheurs spirituels, nonant parfois des nigmesde nature philosophique.

    Nous Lentendons exhorter Ses enfants suivre la voie de la spiritualit, renoncer au luxe, liminer les mauvaises habitudes et servir ceux qui souffrent : Mes enfants, le vrai but de la

    vie est de raliser Dieu. La spiritualit nest pas la foi aveugle ; cest lidal qui disperse lestnbres. Cest le principe qui nous enseigne accueillir des circonstances adverses ou unobstacle avec le sourire. Cest un enseignement pour le mental. Amma nous montre que nous nepouvons utiliser nos autres connaissances sans acqurir ce savoir.

    La sagesse infinie dAmma sexprime travers Ses paroles de rconfort aux malheureux, Sesrponses aux curieux en matire de spiritualit et les instructions quElle donne parfois Sesdisciples. Chaque rponse correspond la nature et la situation de celui qui pose la question.Mme quand ce dernier est incapable dexprimer pleinement son ide, Amma, qui connat lelangage du cur, donne la rponse adquate. Ceux qui viennent Elle reoivent souvent desrponses leurs doutes avant davoir eu loccasion de les exprimer.

    Rpondant la question dune personne, Elle en profite souvent pour glisser un conseil unauditeur silencieux. Lui seul comprendra que cette rponse tait pour lui. Il faut garder cela enmmoire lorsquon tudie lenseignement dAmma.

    Les paroles dun Mahatma possdent plusieurs niveaux de signification. Nous devons lesintgrer celui qui nous correspond. Une histoire bien connue des Oupanishads raconte quequand le dieu Brahma pronona le mot da , les dmons linterprtrent comme une invitation plus de compassion (daya), les humains comme un appel donner (dana) et les tres clestescomme une injonction pratiquer la modration (dama).

    Comme il est doux dcouter Amma, de La regarder parler avec des gestes et des expressionsvivantes, dans un langage simple quembellissent des histoires venant point et des analogiestires de la vie quotidienne. Lamour qui brille dans les yeux dAmma, Son visage radieux etplein de compassion simpriment dans le cur des auditeurs et deviennent sujets de mditation.

    Il ny a aucune pnurie en matire de littrature spirituelle aujourdhui ; la triste ralitdemeure nanmoins que les gens parlent des nobles idaux sans les mettre en pratique. MaisAmma parle en Se fondant sur Son vcu. Jamais Elle ne donne un conseil dont Sa propre vie ne

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    montrerait pas lexemple. Elle nous rappelle souvent que principes spirituels et mantras ne sontpas faits pour rester sur nos lvres, mais pour sexprimer aussi travers notre vie. Amma najamais tudi les critures ni suivi lenseignement dun guru. La source secrte des principesspirituels profonds qui jaillissent dElle sans arrt, cest Son exprience directe du Soi.

    La vie des Mahatmas est le fondement mme des critures. Quand Amma affirme : Lemonde entier appartient celui qui connat la Ralit. , La sollicitude envers les pauvres estnotre devoir envers Dieu. , Si vous prenez refuge en Dieu, Il vous donnera ce dont vous avezbesoin quand vous en aurez besoin. , ces paroles refltent Sa vie. Chacun de Ses mouvementsest une danse de compassion pour le monde entier et une dclaration damour pour Dieu. AmmaSe fonde sur cette unit entre pense, parole et action, lorsquElle affirme que Ses enfants nontpas besoin dtudier les critures sils analysent Sa vie et ltudient avec soin. Amma brille aumilieu de notre socit comme lincarnation vivante du Vdanta.

    Les Mahatmas, qui sanctifient le monde par leur prsence, sont des tirthas (lieux sacrs de

    plerinage) incarns. De mme que les plerinages et la frquentation rgulire des templespurifient notre mental, lorsque nous les pratiquons pendant plusieurs annes, un seul darshan, uncontact ou une parole dun Mahatma nous sanctifie et dpose en nous le germe dun samskaralev.

    Les paroles dunMahatma ne sont pas de simples sons, mais lexpression de leur grce. Leursparoles ont pour but dveiller la Conscience, mme chez quelquun qui les coute sans encomprendre le sens. Lorsquelles nous parviennent sous la forme dun livre, leur tude devient leplus grand des satsangs, la plus grande des mditations. Les Mahatmas comme Amma, qui ontlexprience de la Ralit, transcendent le temps et lespace. Lire ou entendre Ses parolesimmortelles nous permet de maintenir avec Elle un lien intrieur invisible et nous prpare recevoir Sa bndiction. Cest l que rside la valeur de cette tude.

    Nous offrons humblement ce recueil de paroles immortelles aux lecteurs, en priant pour quecette lecture les incite sinspirer des nobles idaux spirituels dont la vie dAmma est lexempleparfait et progresser sur le chemin de lultime Vrit.

    Les diteurs

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    CHAPITRE 1

    Lundi 3 juin 1985

    Le jour naissant perait le dais de palmes de cocotiers qui ombrage leterrain de lAshram. On pouvait entendre, venant de la chambre dAmma, la douce mlodie de latamboura. Depuis quun dvot Lui en avait fait cadeau, peu de temps auparavant, Amma en jouaitun bon moment le matin. Elle ne prend linstrument quaprs lavoir touch et salu avec respect,et Stre prosterne devant lui. Elle Se prosterne de nouveau en le reposant.

    Pour Amma, tout est une forme de Dieu. Elle nous dit souvent de considrer tous lesinstruments de musique comme une incarnation de Dvi Sarasvati. Pendant les bhajans, il estimpossible de dire exactement quel moment Elle repose les petites cymbales dont Elle joue, tantElle y met de respect et dattention.

    La Mre qui jamais ne se repose

    Amma arriva dans la hutte de darshan peu aprs neuf heures du matin. Plusieurs dvots Lyattendaient dj.

    Amma : Mes enfants, cela fait longtemps que vous attendez ?

    Un dvot : Juste un petit moment. Nous avons eu beaucoup de chance, aujourdhui, car nousavons entendu Amma jouer de la tamboura.

    Amma : Amma perd alors la notion du temps. Elle na pas eu le temps de dormir aprs le

    bhavadarshan de la nuit dernire. Elle avait beaucoup de lettres lire, et lorsquElle eut fini, ilfaisait jour. Gayatri La prie plusieurs fois daller dormir, mais Amma rpondait toujours : Une lettre encore, rien quune. Puis, voyant la lettre suivante, Elle ne pouvait Sempcher delouvrir et de la lire. La souffrance de ces enfants Lui perait le cur. Beaucoup dentre euxnattendent pas mme une rponse ; ils dsirent simplement Lui confier leur chagrin. Commentpourrait-Elle ignorer leur prire ? Quand Elle pense leur douleur, Elle oublie compltement Sespropres difficults.

    Quand Amma eut termin, il faisait jour. Elle ne Sest pas couche. Aprs Sa douche, Elle aprouv le besoin dtre seule et Sest mise jouer de la tamboura. Cette sonorit captive Son

    mental. LorsquElle joue, Elle na pas conscience du temps qui passe. Quand la pendule a sonnneuf heures, Elle S'est souvenue de vous, Ses enfants, et est immdiatement descendue !

    Il ny avait rien dinhabituel lemploi du temps dAmma ce jour-l. La plupart des journesse droulent ainsi. Elle na souvent pas le temps de dormir ni de manger. Les nuits de bhavadarshan, il est fort tard quand Elle rentre dans Sa chambre et Elle Se met alors lire les lettres,toujours nombreuses, qui Lattendent. La plupart de ces lettres racontent des histoires remplies de

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    larmes. Amma les lit toutes avant de Se coucher. Certains jours, Elle a un peu de temps vers midipour lire. Mais comment trouverait-Elle le moyen de Se reposer, quand Elle accorde tantdattention aux problmes de Ses enfants, qui sont plusieurs centaines de milliers ? Il est rarequElle puisse dormir plus de deux heures. Parfois, Elle ne prend aucun repos. Mais quand ElleSe rappelle que les dvots l'attendent, Elle oublie tout et Se hte de descendre les escaliers. Toutelassitude disparat alors de Son visage.

    Conseils aux chefs de famille

    Une jeune femme aux vtements tachs, la chevelure en dsordre, vint se prosterner devantAmma. Elle tenait dans les bras un bb. Son visage tait marqu par le chagrin.

    Amma : Tu pars aujourd'hui, Ma fille ?

    La dvote : Oui, Amma, cela fait trois jours maintenant que j'ai quitt la maison.

    Elle posa la tte sur la poitrine d'Amma et se mit sangloter. Amma lui releva la tte et essuyases larmes en disant : Ne t'inquite pas, Ma fille, tout ira bien.

    La femme se prosterna de nouveau et partit.

    Un dvot : Je connais cette jeune femme, elle a beaucoup chang.

    Amma : Son mari avait un bon emploi, mais il s'est mis avoir de mauvaises frquentationset boire. Il n'eut bientt plus d'argent liquide et lui demanda ses bijoux pour payer l'alcool qu'ilconsommait1. Comme elle hsitait, il l'a battue. Par peur des coups, elle a fini par tout lui donner.Il a vendu les bijoux et dpens tout l'argent boire. Il rentrait ivre toutes les nuits, la tirait par les

    cheveux et la battait. Voyez dans quel tat elle est maintenant, aprs avoir reu tant de coups ! Ily a quelques jours, ils se sont battus pour la petite chane en or que le bb porte autour du cou etelle en est sortie bien mal en point. Alors elle a pris le bb et est venue se rfugier ici. Ilsformaient une famille si heureuse, au dbut. Quel bien une drogue peut-elle nous apporter ? Lasant, la richesse et la paix du foyer, tout est perdu.

    Une autre dvote : Un de nos voisins boit. Rcemment, il est rentr ivre, a attrap sa fille, unbb d'un an et demi, et l'a violemment jete par terre. Quel tre sain d'esprit serait capable d'unechose pareille ! Sa femme est dans un triste tat, avec tous les coups qu'elle prend.

    Amma : Mes enfants, quand un homme est abruti par l'alcool, il est incapable de reconnatre

    sa femme ou ses enfants. Il a peut-tre particip une bagarre avant de rentrer. Quelle joie nousapporte donc l'alcool ? Nous nous contentons d'imaginer que les drogues nous apportent duplaisir. Le bonheur se trouve-t-il donc dans le tabac, l'alcool ou les stupfiants ? Certainespersonnes dpensent plusieurs centaines de roupies par mois en cigarettes. Cette somme suffirait financer les tudes d'un enfant. Ces drogues nous permettent peut-tre de tout oublier pendantun bref moment, mais en ralit, elles privent notre corps de sa vitalit, ruinent notre sant, et

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    nous conduisent une mort prmature. Ceux qui devraient tre le soutien de leur famille et dupays finissent au contraire par se dtruire eux-mmes et par nuire aux autres.

    Un dvot : Amma, pourquoi ces gens se dtruisent-ils consciemment ?

    Amma : Mes enfants, c'est la qute goste du plaisir qui pousse un homme fumer et

    boire. Il pense que cela le rend heureux. Nous devons expliquer aux gens les principes de laspiritualit. Mais pour cela, il nous faut vivre en accord avec ces principes. Alors les autres nousimiteront. Leur cur en sera transform et leur gosme diminu.

    Nous voyons des gens dpenser des milliers de roupies pour s'entourer de confort, d'unesplendeur excessive alors que leur voisin n'a peut-tre rien manger ou que le mariage d'unejeune fille est annul parce que ses parents n'ont pas les mille roupies qui constitueraient sa dot.Dans une autre famille, une belle-fille est renvoye chez elle parce qu'elle n'a pas reu une partassez importante de l'hritage de son pre. Mais au mme moment, les voisins dpensent desmillions pour le mariage de leur fille. Ceux qui ont les moyens, mais ne veulent pas aider ceux

    qui sont dans le besoin, font le plus grand mal la socit. Ils trahissent aussi leur me.

    Mener une vie spirituelle pourpurifier sa conduite

    Le visage d'Amma prit une expression srieuse. Elle dit d'une voix ferme : Mes enfants, seulesdes penses spirituelles peuvent transformer un mental goste et le rendre gnreux. Parexemple : Nous sommes tous le mme Soi ; nous sommes tous les enfants de la mme Mre, laMre de l'univers. Nous respirons tous le mme air. Quand je suis n, je n'avais ni nom, ni

    caste. La caste et la religion sont venues bien aprs, mon devoir est donc de rompre ces barrireset d'aimer chacun comme mon frre ou ma sur. Je ne pourrai trouver le bonheur qu'en aimant eten aidant les autres. La vritable adoration de Dieu est d'aider ceux qui souffrent. Telles sont lespenses quil sagit dentretenir ; elles ouvriront notre cur et lveront notre conscience.Lorsque nous aurons saisi ces principes, notre caractre se transformera en profondeur et nousserons pleins de compassion.

    De nos jours, la plupart des gens ne se proccupent que du moi et du mien . Ils nesongent qu' leur propre bonheur et celui de leur famille. C'est la mort. Cela amnera leurdestruction et celle de la socit. Mes enfants, nous devons leur expliquer : Ce n'est pas ainsi

    qu'il faut vivre ! Vous n'tes pas de petites mares stagnantes et pollues, vous tes des riviresdestines couler pour le bien du monde. Vous n'tes pas ns pour souffrir, mais pour connatrela batitude !

    Lorsque l'eau de la mare est relie une rivire, elle est purifie ; si elle est relie un gout,elle devient encore plus sale. Lgout est l'attitude goste du moi et du mien . La rivireest Dieu. Enfants, prenons refuge en Dieu. Que la vie nous apporte gain ou perte, cette attitude

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    nous sera bnfique. En prenant refuge en Dieu, nous trouverons la joie et la paix de l'esprit. Lapaix et la prosprit augmenteront dans notre famille et dans le monde.

    Regardant un dvot assis non loin de l, Amma dit : Quand ce fils est venu voir Amma pourla premire fois, il tait si saoul qu'il tait inconscient. Quelques personnes l'ont port jusqu'ici.

    Amma rit.Le dvot : Aprs avoir vu Amma, j'ai arrt de boire. Certains de mes amis ont fait de mme

    en voyant cela. Maintenant je ne peux mme plus entendre parler d'alcool.

    Amma : Mon fils, lorsque tu as chang, cela en a influenc d'autres, n'est-ce pas, apportant lapaix leur famille ? Enfants, nous naissons et nous procrons. Mais en-dehors de cela, quefaisons-nous pour le bien du monde ? Il est vrai que nous prenons soin de notre famille, maisn'est-ce pas l simplement notre devoir ? Si nous nous contentons de cela, comment pouvons-nous tre en paix ? Lorsque la mort arrivera, serons-nous satisfaits ? En vivant sans connatre lesprincipes d'une vie juste, nous souffrons et faisons de plus souffrir les autres. Nous mettons au

    monde des enfants qui connaissent leur tour la douleur et la peine. Voil bien la vie, de nosjours, n'est-ce pas ?

    Un dvot : Amma veut-Elle dire que nous ne devrions avoir ni femme ni enfants ?

    Amma : Non, ce n'est pas ce qu'Elle entend. Nous devrions atteindre la paix dans cette vie,au lieu de vivre comme un animal. Au lieu de courir aprs le plaisir, il sagit de comprendre quelest le but de la vie et de nous y consacrer. Menez une vie simple. Distribuez aux autres ce quivous reste aprs avoir pourvu vos propres besoins. Vivez sans faire de mal autrui et enseignezaux autres ces mmes principes. nous de contribuer crer une culture o ils fleuriraient.Sachons tre bons et vertueux. Que nos curs deviennent meilleurs afin que nous aidions les

    autres le devenir eux aussi. Voil ce qui est ncessaire. Si nous agissons ainsi, nous connatronstoujours la joie et la paix, mme si le confort extrieur nous manque.

    Si nous ne pouvons pas aider les autres, nous devrions au moins viter de leur faire du mal.Cela est en soi un grand service. Mais ce nest pas suffisant. Essayez de vous investir dans desactivits qui bnficieront autrui. Contentez-vous du strict ncessaire et n'entreprenez rien desuperflu. Nourriture, penses, sommeil et paroles, tout devrait tre limit l'essentiel. Si nousadoptons cette discipline, notre mental ne nourrira que de bonnes penses. Ceux qui vivent ainsi,loin de polluer l'atmosphre, la sanctifient. Nous devrions les considrer comme des modles.

    Les visages, loquents, montraient quel point les conseils d'Amma en vue du bien-tre des

    individus et de la socit avaient mu les dvots. Ils sentaient qu'Elle leur indiquait clairement lamanire de mener dsormais leur vie. Ces prcieux instants passs en Sa compagnie leurlaissaient un sentiment de plnitude ; ils se prosternrent devant Elle avant de partir.

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    Lundi 10 juin 1985

    dix heures du matin, quelques brahmacharis et dvots taient assis avec Amma devant lekalari (le vieux temple). droite de ldifice se dressait le petit btiment abritant le bureau, labibliothque, la cuisine et le rfectoire. l'arrire se trouvaient trois petites chambres pour les

    brahmacharis. La famille d'Amma avait vcu dans cette maison avant de dmnager. gauchedu kalari se trouvait l'cole de Vdanta, quelques huttes, la chambre d'Amma et la salle demditation.

    Les instructions duguru

    Amma : Aujourd'hui, Amma a svrement disput un de Ses fils. Elle dsignait ainsi l'un desbrahmacharis.

    Un dvot : Pourquoi, Amma ?

    Amma : Il est all Kollam (Quilon) l'autre jour pour faire rparer la voiture. Avant sondpart, Amma lui avait recommand de rentrer le jour mme, que les rparations soient terminesou non. Il est cependant rest Kollam pour la nuit, parce que la voiture n'tait pas prte. Alorsquand il est rentr le lendemain, Amma l'a disput. Hier, il est parti Kollam sans le Lui dire ouLui laisser un mot. Aujourd'hui, Amma l'a de nouveau rprimand. Ce n'est pas agrable pourAmma, mais on voit la qualit dun chercheur spirituel sa faon dobir. Que peut faire Amma ?Elle semble parfois trs cruelle envers Ses enfants.

    Certains malades n'autorisent pas le docteur leur faire une piqre, car ils ont peur de ladouleur. Mais le docteur sait qu'ils ne guriront jamais sans cela. Il leur fait donc la piqre, mme

    s'il lui faut employer la force et contraindre le malade pendant le traitement. Si le mdecin, pargentillesse, renonait agir, le malade pourrait en mourir. Pour quil gurisse, le traitement estinvitable. De mme, un vrai guru s'assure que le disciple lui obit. C'est indispensable pour quilatteigne le but. Le devoir du guru est de faire faire au disciple ce qu'il faut.

    Le forgeron chauffe un morceau de fer blanc et le faonne en lui portant des coups rpts.Ce n'est pas par cruaut, mais pour lui donner la forme dsire. Pour fabriquer une belle fleur enpapier, il faut utiliser des ciseaux et tailler dans le papier. De mme, si le guru rprimande llveet le discipline, ce n'est que pour lui rvler la nature du Soi. Toute punition inflige par le Matreest un acte de pure compassion. Le disciple doit dvelopper une attitude d'humilit et d'abandon

    de lui-mme, prouver le sentiment d'tre le serviteur de son guru. Alors seulement, il luiaccordera sa grce et l'lvera jusqu'au monde o il vit. Le disciple doit avoir l'attitude : Je nesuis rien, Tu es tout. Je ne suis que Ton instrument.

    Hormis notre ego, tout appartient Dieu. Seul l'ego nous appartient et il n'est pas ais de s'endbarrasser. Nous ne pouvons le dtruire que par notre obissance au Matre. Si nous suivons sesinstructions et nous soumettons sa volont, par sa grce, l'ego disparatra.

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    Un tronc d'arbre flottant qui descend la rivire suit le courant. De mme, le disciple doit secomporter selon la volont du guru, avec une attitude d'abandon de lui-mme et la conviction : Tu es tout. C'est la seule faon d'liminer l'ego. Quel pouvoir possdons-nous que nouspuissions appeler notre volont ? Quelqu'un dclare du haut des escaliers : Je descends ,mais tombe raide mort au bout de dix marches. N'y a-t-il pas d'innombrables exemples commecelui-l ? Si notre volont existait, la personne ne serait-elle pas descendue comme elle l'avaitannonc ? Mais elle nen a pas t capable. Comprenons donc que tout est la volont de Dieu.

    Joignant les mains, Amma pria voix haute : Dvi, partir de ce jour, aie la bont de neplus m'obliger rprimander Mes enfants ! Accorde-leur intelligence et discernement ! Accorde-leur Ta bndiction ! Amma demeura quelques instants ainsi. Ceux qui L'entouraient se mirenteux aussi prier, les mains jointes et les yeux ferms.

    Ocan de compassion

    Mardi 11 juin 1985

    quatre heures de l'aprs-midi, Amma descendit dans la hutte pour donner le darshan. Unserpent tait venu sur le ct de la hutte et les dvots et brahmacharis s'efforaient de le fairepartir. Amma Sapprocha et leur dit : Enfants, ne lui faites pas de mal ! Jetez-lui juste un peu desable. Comme s'il avait entendu Ses paroles, le serpent s'loigna lentement. Les crituresdisent :

    Prosternations sans fin DviQui rside en tous les tresSous forme de compassion.

    Amma S'assit dans la hutte et Se mit donner le darshan. Venant se prosterner un par un, lesdvots dposaient leur fardeau Ses pieds. Ils lui murmuraient l'oreille les dsirs et lesproblmes qui les tourmentaient. Certains fondaient en larmes en La voyant. Ceux qui venaient Elle, aux prises avec les difficults de la vie, sen allaient en paix, heureux.

    Les dvots partis, les brahmacharis s'assemblrent autour d'Amma.

    Un brahmachari : Amma n'a pas parl de spiritualit aujourd'hui.

    Amma : Mon fils, ceux qui sont venus aujourd'hui taient remplis de souffrance. Un enfant

    affam n'a pas besoin d'un discours sur le Vdanta ou sur les principes spirituels. Apportonsd'abord un peu de soulagement leur peine. Ensuite, nous pourrons leur parler de spiritualit.Comment pourraient-ils assimiler cela maintenant ?

    Par contre, ceux qui ont soif de Dieu n'aiment pas parler d'autre chose, mme quand ils sontconfronts de grandes souffrances. Dans la joie ou les preuves, ils conservent une humeurgale. Lorsque le bonheur leur est accord, ils ne perdent pas la tte s'en dlecter, pas plus quilsne s'effondrent dans les priodes de chagrin. Ils acceptent les deux comme la volont de Dieu et

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    considrent joies et peines comme Sa bndiction. Si une pine vous rentre dans le pied, vousferez plus attention en marchant et vous viterez peut-tre ainsi un foss bant devant vous. Dieunous envoie la souffrance pour nous sauver. Les vrais croyants s'accrochent aux pieds duSeigneur mme dans la douleur. Dans leurs prires, ils ne demandent jamais le bonheur. Jamaisils ne songent leur bien-tre personnel. Mais quand un tre qui souffre vient nous, notre devoirest de le rconforter, de prendre le temps de lui dire quelques paroles consolantes.

    Amma prouve la peine d'autrui comme la Sienne et est ravie de prendre sur Elle le fardeau deceux qui souffrent. Pour tous, Elle est le feu sacrificiel qui reoit leur prarabda en offrande, laflamme de la lumire et de l'espoir.

    Ds quAmma sortit du temple aprs le bhava darshan, les dvots L'entourrent. La plupartdentre eux voulaient prendre le bus du matin ; ils se pressaient donc fivreusement autour d'Ellepour se prosterner une dernire fois et recevoir Sa bndiction avant de partir. Un jeune dvot,cependant, ne s'approchait pas. Seul, l'cart de la foule, il restait assis sous le porche de la salle

    de mditation. Un brahmachari lui demanda : Tu ne vas donc pas voir Amma ? Le dvot : Non.

    Bri. : Alors que tout le monde souhaite approcher Amma et Lui parler, pourquoi t'isoles-tu ?

    Le dvot : Comme les autres, j'attends dhabitude devant le kalari pour tre le premier meprosterner aux pieds d'Amma quand Elle sort. Mais aujourd'hui, ma conscience ne me permet pasde L'approcher. Jai commis un tel pch.

    Bri. : Je ne te crois pas. Tu imagines quelque chose. Quelle faute as-tu donc commise, pourque cela t'empche d'approcher Amma ?

    Le dvot : J'habite Kollam. Pendant quelques annes, je me suis adonn la boisson, ce quiamenait des disputes avec ma femme. Je l'ai renvoye chez ses parents. Ma famille et mes voisinsme hassaient. Sans un seul ami au monde, j'avais dcid de mettre fin mes jours. C'est alorsque j'ai eu la chance immense de rencontrer Amma, d'avoir Son darshan. Ce fut un tournant dansma vie.

    Aprs ce premier darshan, je cessai de boire. Mon comportement changea compltement etl'opinion des gens mon sujet aussi. Mais aujourd'hui, jai faibli. Je suis all un mariage avecdes amis, et au retour, ils ont voulu boire. Ils ont insist pour que je trinque avec eux, et j'ai cd.

    Mais ensuite, un sentiment de culpabilit insupportable s'est empar de moi, et je suis venu toutdroit ici. Auparavant, je ne me sentais pas coupable quand je buvais. Mais maintenant, c'estdiffrent. (La voix lui manquait pour continuer). Maintenant, il m'est difficile de regarder levisage d'Amma.

    Bri. : Ces remords eux seuls suffisent expier ta faute. Ne t'inquite pas. Va tout raconter Amma et tu seras en paix.

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    Le dvot : Je sais que mon malaise disparatra si je me prosterne devant Elle. J'en ai dj faitl'exprience. Mais ce n'est pas ce qui m'ennuie, en ce moment. Si je rentre chez moi, mes amis neme laisseront pas tranquille. J'aimerais donc rester ici quelques jours, mais je n'ai pas le couragede demander Amma. Je me sens si faible d'avoir encore faut aux yeux de ma Mre, qui rpandsur moi plus d'amour que celle qui m'a port en son sein.

    Ses yeux taient pleins de larmes. Le brahmachari ne trouvait pas les mots ncessaires pourconsoler le jeune homme, mais il tait prsent et comprenait la douleur dchirante de ce cur silourd...

    Aprs avoir indiqu aux autres dvots o ils pouvaient dormir, Amma vint trouver le jeunehomme. Il se leva aussitt avec respect, les mains jointes. Amma prit ses deux mains dans lesSiennes et dit : Es-tu si faible, Mon fils ?

    Les larmes roulaient le long de ses joues. Amma les essuya et reprit : Mon fils, cesse det'inquiter. Pourquoi te ronger au sujet du pass ? Si ces gens-l viennent encore te chercher, ne

    les suis pas, voil tout. Un perroquet vivait dans un temple, un autre dans un dbit de boissons.Tandis que le perroquet du temple rcitait des mantras, celui du bistrot dbitait des obscnits.Mon fils, notre conduite est dtermine par nos frquentations. Si nous restons assis dans unepice avec la tl allume, nous finirons par la regarder. Si nous voulons lviter, teignons ouallons dans une autre pice. Si nous sommes en mauvaise compagnie, nous contracterons deshabitudes nfastes. Nous devons donc prendre garde viter ceux qui ont des murs corrompues.Mon fils, si un problme te proccupe, tu peux en parler Amma. Elle est l pour toi. Reste iciquelques jours. Emprunte quelques livres la bibliothque, profites-en pour lire.

    Amma se tourna vers le brahmachari : Prends les dispositions ncessaires pour que ce fils

    puisse sjourner ltage de la maison situe au nord de l'Ashram. En entendant les paroles si affectueuses de la Mre qui connat chacune de ses penses, le

    jeune dvot ne put s'empcher de fondre nouveau en larmes.

    De Ses mains si douces, Amma essuya ses larmes et le consola : Mon fils, va dormirmaintenant. Amma te parlera demain.

    Amma envoya le brahmachari avec le dvot, puis Se dirigea vers la cocoteraie en compagnied'une jeune femme qui avait attendu longtemps l'occasion de Lui parler en priv. Quand Ellerentra dans Sa chambre, il tait plus de trois heures du matin.

    Bhakti yoga

    Mercredi 12 juin 1985

    Amma entra dans le kalari, accompagne de quatre brahmacharis et de quelques chefs de familledont c'tait la premire visite l'Ashram. Amma soulignait combien il est important que notredvotion envers Dieu soit pure.

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    Amma : La prire habituelle d'Amma tait : Dvi, je ne veux que T'aimer. Si je n'obtienspas Ton darshan, je l'accepterai, mais donne-moi un cur plein d'amour pour tous les tres ! SiTu ne m'aimes pas, peu importe, mais je T'en prie, laisse-moi T'aimer ! Celui qui aime vraimentDieu semble pris de fivre. Il n'prouve aucune attirance pour la nourriture. Il ne savoure ni lesplats sals, ni ce qui est acide, et mme les sucreries lui semblent amres. Les aliments nel'intressent pas. Mais il est rare de nos jours qu'un chercheur prouve cet amour ds le dbut. Ilest donc ncessaire de contrler nos diffrentes habitudes avec shraddha1. Surtout en matire denourriture. Si le mental se met errer vers des objets extrieurs, nous devons sans trve leramener la pense de Dieu. Il ny pas de temps perdre.

    Un dvot : Amma, je ne perds pas de temps. Soit je viens ici pour Te voir, soit je vais autemple. N'est-ce pas tout ce qui est en mon pouvoir ?

    Amma : Il est bon de venir ici ou de frquenter les temples, mais notre but est de purifier lemental. Si nous n'y parvenons pas, tout est vain. Ne crois pas que nous puissions trouver la paix

    sans rendre nos actions et notre mental purs. Gardons cela en mmoire quand nous rencontronsun Mahatma ou entrons dans un temple, et cultivons l'abandon de nous-mmes. Mais de nosjours, les gens se proccupent de rserver une chambre d'htel avant mme de partir enplerinage. Ds le dpart, ils parlent de leur famille et de leurs voisins. Une fois rentrs chez eux,ils continuent. Dieu, au milieu de tout cela, est oubli.

    Nous aurons beau multiplier les rencontres avec des Mahatmas, les visites aux temples, lesoffrandes, nous ne retirerons un rel bienfait que de notre sadhana. Notre cur doit se mettre lunisson du Divin. Il ne suffit pas d'aller Tiroupatti ou Varanasi pour trouver la libration.Faire le tour des temples ou se baigner dans ces lieux saints ne nous apporte pas forcment debnfice matriel ou spirituel. S'il suffisait d'aller Tiroupatti pour tre libr, tous les hommesd'affaires qui y vivent le seraient aujourd'hui, non ?

    O que vous alliez, n'oubliez jamais le nom de Dieu. Voyez le fer bton que l'on mlangeau ciment pour construire les routes. Le bton ne prend que si le mtal est propre. De mme, nousne pourrons installer Dieu dans le temple de notre cur que si nous le purifions par le japa. Iln'existe pas de meilleur moyen pour purifier le mental que de rpter le nom de Dieu.

    On ne peut voir chez soi les programmes de tl tourns en studio quen allumant le poste.Ne serait-il pas stupide de blmer autrui si vous ne pouvez rien voir alors que le poste est teint ?La grce de Dieu s'coule sans cesse vers nous, mais pour la recevoir, nous devons nous mettresur la longueur d'onde de Son monde. Quel intrt y a-t-il rester enferm, portes closes, et seplaindre qu'il fait sombre, alors que le soleil brille au-dehors ? Il suffit d'ouvrir la porte de notrecur et nous pourrons recevoir la grce que Dieu rpand sans arrt sur nous.

    Quand il pleut, la terre se transforme en boue, ce qui pose des problmes tout le monde ; lapluie qui tombe sur le sable se perd galement. Mais la goutte d'eau que recueille lhutre devientune perle sans prix. Dieu ne cesse de rpandre Sa compassion sur nous ; le bnfice que nous enretirons dpend de l'attitude intrieure avec laquelle nous la recevons.

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    Enfants, tant que nous ne sommes pas en harmonie avec le monde de Dieu, nous neproduisons que les notes discordantes de l'ignorance et non une musique divine. Il nous fautaccepter notre imperfection. Il est inutile de blmer autrui.

    Nous sommes prts attendre le bus pendant des heures ou passer la journe au Palais de

    Justice pour un procs. Mais nous n'avons aucune patience lorsque nous rencontrons unMahatma ou allons au temple. Si vous allez dans un ashram ou dans un temple, restez-y unmoment et rappelez-vous Dieu avec dvotion. Rptez Son nom, mditez ou bien servez demanire dsintresse. Sinon, vous ne retirerez aucun bienfait de votre visite.

    L'importance de l'attitude intrieure

    Amma : Si notre mental est pur et si nous pensons Dieu en agissant, Sa grce sera toujours surnous, mme si nous n'allons jamais au temple. Par contre, si nous ne pouvons nous empcher

    d'tre goste ou de critiquer autrui, d'innombrables visites au temple ne nous seront d'aucuneutilit.

    Il tait une fois deux voisines. L'une consacrait son temps adorer Dieu tandis que l'autretait une prostitue. La dvote disait sa voisine : Ce que tu fais est un grand pch, qui teconduira en enfer. La prostitue versait des larmes chaque jour en se rappelant ces paroles etsongeait : Quelle pcheresse je suis ! Je n'ai pas d'autre moyen de vivre, c'est pourquoi je faiscela. Dieu, j'en suis si dsole ! Au moins, dans ma prochaine vie, donne-moi une chance deprier et de T'adorer chaque jour, comme le fait mon amie ! Je Ten prie, pardonne-moi mespchs !

    Mme au temple, la voisine continuait mpriser la prostitue et la vie qu'elle menait. lafin, les deux femmes moururent et les serviteurs du ciel et de l'enfer arrivrent. La prostitueallait tre emmene au ciel et la dvote en enfer. La femme soi-disant pieuse ne put le supporter.Elle demanda aux tres clestes : Vous emportez au ciel une femme qui toute sa vie a venduson corps, tandis que chaque jour j'adorais Dieu et priais au temple. Pourtant, vous m'emmenezen enfer. Quelle justice est-ce l ? Vous devez vous tromper.

    Les serviteurs rpondirent : Il ny a pas derreur. Quand tu tais au temple et faisais la puja(culte rituel), tu pensais aux mauvaises actions de la prostitue. Elle, par contre, bien queprostitue, ne s'est jamais identifie son travail ; ses penses taient tournes vers Dieu. Elle ne

    passait pas un seul jour sans prouver de profonds remords pour ses fautes et prier Dieu de luipardonner. Sa dvotion tait sincre, bien qu'elle ft force de se prostituer pour vivre. C'estpourquoi elle va au ciel.

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    Pour les chercheurs spirituels

    Les bhajans taient termins. Sortant du temple, Amma S'allongea sur le sable entre le kalari et la

    salle de mditation. La cloche du dner sonna et Elle demanda aux dvots d'aller manger. Un un, ils sen allrent ; seuls un ou deux brahmacharis restrent pour mditer en prsence d'Amma.

    Aprs le repas, les dvots revinrent sasseoir autour d'Elle. Une femme posa les pieds d'Ammasur ses genoux et se mit les masser.

    Amma : Avez-vous mang, Mes enfants ?

    Un dvot : Oui, Amma, nous avons dn.

    Amma : la maison, vous auriez eu de bons petits plats. Il n'y a rien de tel ici. Vous n'tessans doute pas rassasis.

    Un autre dvot : Nous avons mang notre content, Amma. La nourriture abondante de notrefoyer n'a pas aussi bon got que ce qui nous est servi ici.

    Amma (riant) : Mon fils, tu dis cela uniquement par amour pour Amma. Tout le mondeclata de rire.

    Un dvot : Amma, j'ai une question.

    Amma : Mes enfants, vous pouvez poser nimporte quelle question Amma.

    Dvot : Je T'ai entendu dire l'autre jour un brahmachari que nous devrions faire le vud'ahimsa (non-violence). Nous ne devrions jamais nous mettre en colre. Mme si quelqu'un se

    met en colre contre nous, lattitude juste est de voir Dieu en lui et de lui manifester de l'amour.N'est-ce pas bien difficile mettre en pratique ?

    Amma : Mon fils, l'important n'est pas de russir parfaitement, mais de faire un effortsincre. Ceux qui ont vou leur vie la spiritualit devraient tre prts effectuer quelquessacrifices. Leur vie est dj engage sur ce chemin. Si quelqu'un s'oppose eux, ils doiventaccueillir cela comme une occasion cre par Dieu pour liminer leur ego. Ils ne devraient pas,sous l'emprise de l'ego, rpliquer de manire hostile. Un sadhak(un chercheur spirituel) ne peutgrandir que s'il voit Dieu en chacun, prouvant de l'amour et de la compassion.

    Un dvot : Amma, j'ai renonc bien des choses pour l'amour de Dieu, mais je ne trouve pas

    la paix. Amma : Mon fils, nous parlons de nos sacrifices. Mais que possdons-nous rellement

    quoi nous puissions renoncer ? Qu'est-ce qui nous appartient vraiment ? Ce que nous appelonsaujourd'hui ntre ne le sera plus demain. Tout appartient Dieu. C'est Sa grce qui nous procuretout. Si quelque chose nous est propre, ce sont nos attractions et nos rpulsions ; c'est cela qu'ilnous faut renoncer. Tant que cet attachement demeure, nous aurons beau nous dfaire de bien deschoses, nous connatrons le chagrin. Le vrai renoncement ne se produit que lorsque nous sommes

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    convaincus au trfonds de nous-mmes que ni la famille, ni la richesse, ni la russite sociale ou laclbrit ne nous apporteront une paix durable. Quel est l'enseignement de la Gita ? N'est-ce pasd'agir sans attachement ?

    Le danger de la richesse

    Amma raconta alors l'histoire suivante : Il tait une fois un homme riche. Un jour, quelques-unsde ses amis vinrent lui rendre visite. Ils avisrent un serviteur devant la maison et luidemandrent o tait son matre. Le domestique alla voir, revint, et leur dit que son matrecomptait des cailloux. Comment un homme aussi riche peut-il s'amuser compter descailloux ? s'tonnrent les invits. Quand leur hte arriva un peu plus tard, ils lui posrent laquestion. Il rpondit : Je comptais de l'argent. Mon valet est-il assez sot pour croire que jecomptais des cailloux ? Je suis dsol de ce malentendu. Aprs le dpart de ses amis, ilrprimanda svrement son serviteur.

    Quelques jours plus tard, un autre ami vint son tour voir notre homme. Il demanda aulaquais de chercher son matre. S'tant renseign, le serviteur lui annona : Il aime sonennemi. En ralit, notre amoureux de la richesse comptait son argent avant de le mettre dansun coffre. Il eut le sentiment que le valet l'avait dlibrment insult. Une telle insolence le mit enrage ; il renvoya le domestique aprs lui avoir donn une bonne racle. Au moment o il partait,le matre lui donna une poupe en disant : Si tu trouves quelqu'un de plus stupide que toi,donne-lui cette poupe ! Le serviteur s'en alla sans rpondre.

    Quelques mois passrent. Une nuit, des voleurs attaqurent la maison du riche. Ilsdrobrent toute sa fortune. Comme il s'efforait de les en empcher, ils le jetrent du derniertage de la maison et s'enfuirent en emportant tout. Le lendemain matin, sa famille le trouvagisant sur le sol, devant la maison. Il tait incapable de se relever. On essaya diffrentstraitements, mais rien ne lui rendit la sant. Sa fortune s'tait envole, sa femme et ses enfants lequittrent donc aussi. Il souffrait, et il n'y avait personne pour s'occuper de lui. N'ayant rien manger, il acceptait ce que les voisins lui donnaient.

    Son ex-serviteur apprit dans quelle situation il se trouvait et vint le voir. Il avait avec lui lavieille poupe. Ds qu'il arriva, il l'offrit son ancien matre. Celui-ci comprit sa sottise et luidemanda : Pourquoi mets-tu du sel sur mes blessures ?

    Le domestique rpondit : Au moins maintenant, tu comprends le sens de mes paroles. Lafortune que tu avais amasse a-t-elle aujourd'hui pour toi plus de valeur qu'un caillou ? Cetterichesse ne s'est-elle pas avre ton ennemie ? C'est elle qui t'a rduite cet tat. N'as-tu pas toutperdu cause d'elle ? Qui est assez stupide pour en faire lobjet de son amour ? Ceux quijusqu'alors prtendaient t'aimer n'aimaient que ta fortune. Celle-ci disparue, tu es comme mort leurs yeux. Personne ne t'aime maintenant. Comprends enfin que Dieu est ton seul vritable ami.Appelle-Le l'aide !

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    Le serviteur soigna son ancien matre avec beaucoup d'amour. Ce dernier tait rempli deremords. Je ne sais que faire maintenant. La vie que j'ai mene jusqu'ici a t compltementinutile. Je croyais que ma femme, mes enfants et ma richesse ne me quitteraient jamais et jevivais pour eux. Je n'ai pas song un seul instant Dieu. Mais maintenant, tout s'est envol. Ceuxqui inclinaient respectueusement la tte devant moi ne m'accordent plus un seul regard. Pourmontrer leur mpris, ils crachent ma vue.

    Le serviteur le consola : Ne pense pas que personne ne s'occupe de toi. Dieu est avec toi.

    Il resta auprs de lui et le soigna.

    Amma S'arrta. Un homme assis parmi les dvots, au fond, se mit pleurer. C'tait la premirefois qu'il rencontrait Amma. Il pleurait amrement, incapable de dominer son chagrin. Ammal'appela prs d'Elle et le consola. Tout en pleurant, il dit : Amma, Tu viens de raconter mapropre histoire. Ma fortune n'existe plus. Ma femme et mes enfants me hassent. Ma seuleconsolation est mon vieux serviteur.

    Essuyant ses larmes, Amma dit : Ce qui est perdu est perdu, mon fils. Ne t'afflige pas pourcela. Dieu seul est ternel. Tout le reste disparat un jour ou l'autre. Il suffit que tu vives engardant cette pense l'esprit. Ne t'inquite pas.

    Amma demanda Balou de chanter :

    Manase nin svantamayi...

    Noublie pas, mon mental,Cette vrit suprme : personne ne tappartiens !Parce que tu agis de faon insense,Tu erres dans locan de ce monde.

    Mme si les gens thonorent en scriant : Matre, Matre , cela ne durera que peu de temps.

    Ce corps si longtemps honor,Il faudra le quitter lorsque viendra la fin.Pour quelle amoureuse as-tu lutt jusqu ce jour,sans prendre soin de ta vie ?Mme elle, ton cadavre lui fera peur,Et elle ne taccompagnera pas.

    Mme si tu es prisonnier du pige subtil de Mya,Noublie pas le nom de la Mre divine.On ne peut obtenir la vision de Dieu ni par les Vdas,Ni par les Tantras, ni par le Vdanta oules autres philosophies.Plong dans la batitude ternelle, Dieu,Dont la nature est vrit, demeure en tous les tres.

    Pour obtenir la dvotion,Mme les anciens sages ont pratiqu lascse

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    avec un cur pur.Comme un aimant attire le fer,Le Seigneur attirera Lui les mes imprgnes de dvotion.

    Pouvoir, prestige et richesse, tout est prissable,La seule ralit est la Mre universelle.Renonant tous les dsirs,Dansons dans cette batitudeEn chantant le nom de mre Kali.

    La Mre de l'Univers

    Mercredi 19 juin 1985

    Un jeune barbu aux cheveux longs arriva l'Ashram. Il aborda un brahmachari et se prsentacomme journaliste. Nous avons entendu au sujet d'Amma des rumeurs contradictoires, bonnes

    et mauvaises , dit-il. Je suis venu voir ce qui se passe rellement dans cet ashram. J'ai parl un ou deux des rsidents. Mais il y a une chose que je ne comprends pas du tout.

    Quoi donc ? dit le brahmachari.

    Comment des gens instruits comme vous peuvent-ils croire un dieu humain ?

    Bri : Qu'entendez-vous par Dieu ? Voulez-vous dire un tre muni de quatre bras, portant unecouronne et trnant dans un paradis plus haut que le ciel ?

    Journaliste : Non. Chacun a sa propre conception de Dieu. En gnral, nous imaginons queDieu est l'incarnation de toutes les qualits que nous considrons comme sublimes.

    Bri : Qu'y a-t-il donc derron si nous adorons comme divin un individu dans lequel nousconstatons la prsence de ces qualits ? Si nos refusons cela, nous limitons Dieu aux statues quel'homme sculpte dans la pierre et installe dans les temples pour les adorer.

    Les textes spirituels de l'Inde dclarent qu'en ralit un tre humain, une me individuelle(jivatman), ne se distingue pas de Dieu et qu'il prend conscience de sa nature divine lorsque sonego (le sentiment d'tre limit) est dtruit par une pratique ininterrompue. Si l'Absoluomniprsent peut se manifester travers la divinit d'un temple, pourquoi ne brillerait-il pas chezun individu ?

    Le journaliste ne sut que rpondre.Le brahmachari reprit : Les qualits que les critures attribuent Dieu, l'amour, la

    compassion, le dsintressement, la facult de pardonner et un amour gal pour tous, nous lesvoyons chez Amma. C'est pour cette raison que certains d'entre nous La considrent comme laMre de l'univers. D'autres La voient comme une mre aimante qui nous a accompagns au coursd'innombrables vies. D'autres encore La voient comme le guru qui veille la connaissance du Soi.Elle ne Se proclame ni Dieu ni guru ni quoi que ce soit. Si vous voulez pcher du poisson dans

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    l'ocan, vous aurez du poisson, mais si vous dsirez des perles, il est possible den obtenir aussi.De mme, tout est contenu en Amma. Si nous faisons des efforts, nous obtiendrons ce que nousvoulons.

    Le message des Oupanishads est que chacun de nous est l'essence de l'Absolu. Rama,

    Krishna et Bouddha ne vinrent-ils pas sur cette terre sous une forme humaine ? Si nous lesadorons, pourquoi ne pas adorer un tre qui manifeste leurs qualits divines et glorieuses tandisqu'Il est parmi nous, sous une forme humaine ?

    Le journaliste : Ne suffit-il pas de La considrer comme un guru ? Pourquoi en faireDieu ?

    Bri : C'est juste. Mais les critures disent que le Matre n'est autre que Dieu sous formehumaine. D'une certaine manire, notre tradition place le guru plus haut que Dieu.

    Amma venait juste d'arriver dans la hutte et Se mit donner le darshan aux dvots. Lebrahmachari invita le journaliste s'approcher d'Elle. Entrons. Vous pourrez poser vos

    questions directement Amma.

    Le visiteur s'assit auprs d'Amma et La regarda, tonn, recevoir les dvots un par un, caresseret consoler chacun avec un amour dbordant. Lorsqu'on Lui prsenta le journaliste, Amma rit.

    Amma : Amma ne lit ni les journaux, ni quoi que ce soit d'autre, fils. La plupart des enfantsqui vivent ici ne voient jamais un journal.

    Journaliste : Je demandais ce brahmachari si Amma tait Dieu.

    Amma : Elle n'est qu'une folle ! Tous ces gens L'appellent Amma, Elle les appelle donc Sesenfants.

    Lorsqu'Elle parle, Amma cache la plupart du temps Sa vritable nature. Pour apprcier neserait-ce qu'une parcelle de Sa nature inne, il faut avoir acquis un certain discernement spirituel.La plupart des gens s'imaginent un guru assis sur un trne splendide, souriant, servi par sesdisciples et rpandant sa bndiction sur tous. Ceux qui viennent l'Ashram se voient contraintsd'abandonner cet idal. Qui rencontre Amma pour la premire fois La trouvera plus normale queles gens les plus ordinaires. On peut La voir nettoyer la cour, couper les lgumes, cuisiner,montrer leur chambre aux dvots ou charrier du sable. Mais pour celui qui connat les critures, ilest ais de reconnatre la vraie Mre. Son humilit manifeste clairement Sa grandeur.

    Un brahmachari demanda un jour Amma : La plupart des gens, s'ils obtiennent le moindrepetit pouvoir occulte, vont partout proclamer qu'ils sont Brahman et acceptent de nombreuxdisciples. Et les gens leur font confiance. Alors que cela se produit partout, pourquoi Ammaleurre-t-Elle Ses enfants en disant qu'Elle n'est rien ?

    Amma donna la rponse suivante : Les brahmacharis qui vivent ici aujourd'hui sont destins aller demain dans le monde. Ils doivent devenir des modles pour la socit. Toute parole et

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    toute action d'Amma est pour eux un enseignement. S'il apparat mme une trace d'ego dans Sesparoles et dans Ses actes, elle sera multiplie par dix en chacun de vous. Vous penserez : SiAmma peut le faire, pourquoi pas moi ? Et cela sera nuisible au monde.

    Savez-vous, Mes enfants, combien il est difficile pour Amma de rester votre niveau ? Un

    pre s'efforce de marcher aux cts de son petit, en faisant des pas minuscules. Il ne le fait paspour lui-mme, mais pour l'enfant. S'il marche petits pas, celui-ci pourra le suivre. Le rle quejoue Amma n'est pas pour Elle, mais pour vous tous. C'est pour vous permettre de grandir.

    Quand un enfant a la jaunisse, sa mre vite les pices et le sel dans sa cuisine et cache toutce qui en contient. Si l'enfant dcouvrait ces aliments, il pourrait en manger, avoir la fivre et enmourir. Pour son bien, la mre mange elle aussi des plats sans assaisonnement. Bien qu'elle nesoit pas malade, elle sacrifie ses prfrences. De mme, les actions et les paroles d'Amma sontpour votre bien tous. chaque pas, Elle songe votre croissance. Pour que le malade accepte leconseil du mdecin et cesse de fumer, il faut que le docteur soit lui-mme non-fumeur. Si le

    docteur boit, comment le patient aurait-il envie de renoncer l'alcool ? Amma n'accomplit rienpour Elle-mme ; tout est pour le bien du monde, pour vous aider progresser.

    Le journaliste demanda Amma : Ne jouez vous pas pour tous ces gens le rle de guru ?

    Amma : Cela dpend de l'attitude de chacun. Amma n'a jamais eu de guru et n'a acceptpersonne comme disciple. Amma se contente de dire que tout arrive conformment la volontde la Mre divine.

    Le journaliste : Un de mes amis est un grand admirateur de J. Krishnamurti.

    Amma : Bien des enfants qui viennent ici sont ses dvots. Les enfants occidentaux, enparticulier, l'apprcient.

    Le journaliste : Krishnamurti n'accepte pas de disciples. Personne ne vit avec lui. On peut luirendre visite et lui parler. Une conversation avec lui nous apporte, dit-on, ce que nousrecherchons. Sa prsence suffit inspirer les gens. Il est trs gai et ne s'entoure pas de l'aura d'unguru.

    Amma : Mais lorsqu'il affirme qu'un guru n'est pas ncessaire, c'est un enseignement, n'est-ce pas ? Et si quelqu'un, assis auprs de lui, l'coute, n'avons-nous pas l un guru et undisciple ?

    Le journaliste : Il ne donne ni conseils, ni instructions.

    Amma : Mais qu'en est-il de ses discours, fils ?

    Le journaliste : Ils ressemblent des conversations et sont trs informels.

    Amma : Aucun guru n'insiste pour que nous lui obissions ou conformions notre vie sespropos. Mais chacune de ses paroles est une forme d'enseignement. Sa vie elle-mme constitueson enseignement. Nous coutons ce que dit Krishnamurti et en suivant ses prceptes, nousconnatrons notre vraie nature, n'est-ce pas ? tre prt cela, c'est tre un disciple. Cela

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    dveloppe en nous l'humilit et les bonnes habitudes. D'ordinaire, seuls les enfants quigrandissent en suivant les conseils de leurs parents deviennent de bons adultes.

    L'obissance envers nos parents nous insuffle le sens du devoir et de la bonne conduite.Amma ne dit pas que la mthode de Krishnamurti est mauvaise. Il a lu beaucoup de livres,

    rencontr bien des sages et beaucoup appris d'eux. Il a en outre pratiqu de nombreusesmthodes. Grce cela, il est parvenu au niveau o il se trouve et a compris que tout tait l'intrieur de lui-mme. Mais mon fils, tu n'as pas atteint ce niveau.

    Aujourd'hui, notre attention est dirige essentiellement vers les objets extrieurs. Nous neregardons presque jamais l'intrieur. Lorsque les enfants sont l'cole, ils ne songent qu' jouer.Ils travaillent surtout par crainte de leurs parents. Mais ds qu'ils ont un but, par exemple obtenirde bonnes notes leur examen, devenir ingnieur, etc., ils tudient sans qu'on les y pousse. Bienque nous ayons un but spirituel, notre mental s'en dtourne sous la pression des vasanas (destendances latentes). Pour contrler le mental, un satguru (un Matre ralis) est indispensable.

    Mais une fois que l'on est parvenu un certain niveau, aucune aide n'est plus ncessaire. Le guruintrieur est alors veill.

    Le chant que nous avons appris autrefois, nous l'avons peut-tre oubli. Mais si quelqu'unnous en fredonne le dbut, il nous revient tout entier en mmoire. Ainsi, toute la sagesse estcontenue en nous. Le guru nous le rappelle ; il veille ce qui est endormi.

    Lorsque nous dclarons que nous n'avons pas besoin d'un Matre, cela mme implique sonexistence, car aprs tout, il fallait bien que quelqu'un nous le dise. Le guru est celui qui dtruitnotre ignorance. Tant que notre mental n'a pas acquis une certaine puret, il est essentiel depasser quelque temps auprs d'un Matre et de suivre ses instructions. Mme si vous avez un don

    inn pour la musique, il ne s'panouira que si vous vous exercez sous l'gide d'un professeurcomptent.

    La capacit des gurus ordinaires se limite expliquer les principes de la spiritualit. Mais unsatguru, qui a ralis le Soi, transmet ses disciples une partie de son pouvoir spirituel. Cela leurpermet d'atteindre le but plus rapidement. Comme la tortue fait clore ses ufs par le pouvoir dela pense, les penses du satguru veillent le pouvoir spirituel chez le disciple.

    Les satsangs et les livres spirituels orientent le mental vers de bonnes penses. Mais cela seulne nous permet pas de progresser un rythme soutenu. Un mdecin examine le malade et luiprescrit des mdicaments. Mais si une opration est ncessaire, il faut voir un chirurgien. De

    mme, pour purifier le mental, pour avancer vers le but suprme, il nous faut prendre refugeauprs d'un guru.

    Le journaliste : Les critures ne disent-elles pas que tout est contenu en nous ? Quelle estdonc lutilit de cette sadhana ?

    Amma : Bien que tout soit contenu en nous, cela ne sert rien si nous n'en avons pasconscience. Pour y parvenir, la sadhana est indispensable. Les rishis qui nous ont transmis les

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    mahavakyas (grands aphorismes paroles cls) telles que Je suis Brahman et Tu es Cela taient parvenus ce niveau de conscience. Leur faon de vivre tait bien diffrente de la ntre.Ils avaient une vision gale de toutes les cratures vivantes. Ils aimaient et servaient tous les tressans distinction. leurs yeux, rien dans l'univers n'tait spar d'eux-mmes. Alors qu'ilsmanifestaient les qualits de Dieu, nous avons celles de la mouche. Une mouche vit dans la saletet les excrments. Ainsi, notre mental ne voit que les dfauts et les fautes d'autrui. Cela doitchanger. Nous devons dvelopper la facult de voir le bien en tout. Tant que nous n'avons pasralis la Vrit grce la sadhana et la contemplation, il est vain de dire que tout est contenuen nous.

    Des gens viennent ici aprs avoir tudi les critures et le Vdanta pendant quarante oucinquante ans et dclarent qu'ils n'ont pas trouv la paix intrieure. Ce n'est pas en accrochant aumur l'image d'une lampe que nous obtiendrons de la lumire. Si nous voulons voir clair, il fautallumer une vraie lampe. Apprendre par les livres et faire des discours ne suffit pas. Pourconnatre la Vrit, il faut pratiquer une sadhana et dcouvrir notre nature relle. Pour parvenir

    cette exprience, l'aide d'un guru est essentielle.

    Le journaliste : Est-ce l'aide qu'Amma donne ici ?

    Amma : Amma ne fait rien Elle-mme. Le Paramatman Lui fait tout faire ! Ces gens ontbesoin dElle pour linstant ; le chercheur a besoin du guru. Pourquoi ? C'est qu'au point o il enest, son mental n'est pas assez fort. Les petits enfants aiment jouer avec le feu. La mre dit alors : N'y touche pas, mon fils, tu vas te brler ! Il faut que quelqu'un le lui dise pour qu'il sedtourne du feu. C'est tout ce que fait Amma. Nous avons besoin au dpart de quelqu'un qui nousmontre nos erreurs.

    Le journaliste : Si l'on obit aveuglment au guru, n'est-ce pas de l'esclavage ? Amma : Mon fils, pour connatre la Vrit, nous devons perdre le sens de l'ego. C'est

    extrmement difficile si nous sommes seuls pour faire notre sadhana. Pour liminer l'ego, il estindispensable de se livrer des exercices spirituels sous la direction d'un guru. Lorsque nousnous prosternons devant le Matre, nous ne voyons pas en lui un individu, mais l'idal qu'ilincarne. Nous agissons ainsi afin de pouvoir un jour atteindre son niveau.

    C'est grce l'humilit que nous pouvons grandir. La graine contient l'arbre, mais si ellereste dans un grenier, les souris la mangeront. Sa forme vritable ne se dveloppe que si elle estd'abord enfouie sous terre. Le parapluie s'ouvre si vous appuyez sur le bouton ; il peut alors vous

    abriter de la pluie. Par respect pour nos parents, nos ans et nos professeurs, nous leur avons obi ; nous avons

    ainsi pu grandir et acqurir des connaissances. Ils ont cultiv en nous de bonnes qualits, debonnes habitudes. L'obissance au guru permet de mme au disciple d'accder un niveau deconscience suprieur, plus vaste.

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    C'est pour devenir plus tard le Roi des rois que le disciple assume maintenant le rle d'unserviteur. Nous protgeons un jeune manguier en l'entourant d'une clture, nous en prenons soinpour pouvoir ensuite en savourer les fruits. Le disciple montre son respect envers le guru et luiobit pour pouvoir atteindre la Vrit qu'il incarne.

    Lorsque nous prenons l'avion, les htesses nous demandent d'attacher notre ceinture avant ledcollage. Ce n'est pas pour montrer leur pouvoir, mais pour notre scurit. Le guru demandeainsi au disciple de suivre certaines rgles et d'observer des limites, mais ce n'est que pourl'lever, pour le protger des dangers qui pourraient le faire chuter. Le Matre sait que lesimpulsions du disciple, qui viennent de l'ego, reprsentent un danger pour lui et pour les autres.La route est ouverte tous les vhicules, mais si chacun conduit sa fantaisie, les accidents semultiplieront. Cest pourquoi on nous demande d'observer les rgles de la circulation. Nousobissons bien au policier charg de la circulation au carrefour, et cela vite de nombreuxaccidents.

    Lorsque notre sens du moi et du mien s'apprte nous dtruire, nous sommes sauvssi nous suivons les conseils du guru. Il nous donne l'entranement ncessaire pour que, plus tard,nous soyons hors de danger. La simple proximit du Matre nous insuffle de la force. Il estl'incarnation de laltruisme. C'est parce que le guru vit selon la vrit, le dharma (la justice), lerenoncement et lamour que nous dcouvrons ces vertus. Il en est l'essence. Si nous lui obissonset l'imitons, elles prennent racine en nous ; l'obissance au guru n'est pas un esclavage. Le but duguru est la scurit du disciple. En vrit, il nous montre le chemin. Un vrai Matre ne considrejamais le disciple comme un esclave. Il est plein d'amour pour lui et veut le voir russir, mme sicela implique pour lui-mme des souffrances. Le vrai guru est tout fait comme une mre.

    Les paroles d'Amma s'imprgnrent profondment dans lesprit des dvots, dracinant lesdoutes et semant les graines de la foi. Le journaliste partit, satisfait d'avoir dcouvert bien deschoses qu'il ignorait auparavant.

    Mditation

    Samedi 22 juin 1985

    Amma et les brahmacharis taient assis dans la salle de mditation. Quelques dvots, chefs defamille, se trouvaient l galement. Un brahmachari nouvellement arriv ne voulut pas manquer

    cette chance d'tre auprs d'Amma ; il dsirait en savoir plus au sujet de la mditation.Bri : Amma, qu'entend-on par mditation ?

    Amma : Imaginons que nous voulions prparer du payasam (dessert base de riz). Siquelqu'un nous demande pourquoi nous mettons de l'eau dans la casserole, nous rpondons quec'est pour le payasam. Mais nous mettons seulement de l'eau chauffer. Quand nous prenonsensuite le riz et le jaggeri (sucre de canne brut), nous disons que c'est pour le payasam. En

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    ralit, le payasam est encore venir. De mme, lorsque nous sommes assis les yeux ferms,nous disons que nous mditons. En fait, il ne s'agit pas de mditation, mais d'une pratiquedestine nous permettre d'atteindre l'tat de vraie mditation. Celui-ci est un tat mental, uneexprience indescriptible.

    Nous parlons bien de sadhakam en relation avec le chant. Cela dsigne simplement lapratique. Pour bien chanter, il est ncessaire de sexercer rgulirement afin de devenir habile.Ainsi, sur la voie spirituelle, la sadhana est la pratique et la mditation est l'tat auquel elle nousdonne accs.

    Le souvenir constant de Dieu est mditation ; il est comme le cours d'une rivire. On neparvient cet tat que grce une concentration parfaite. Au dbut, il faut purifier le mental, leconcentrer et le dissoudre grce aujapa et aux chants dvotionnels ; on peut ensuite pratiquer lamditation. Si nous n'prouvons pas d'amour pour Dieu, il est impossible de fixer le mental surLui. Celui qui a dvelopp cet amour ne verra jamais son mental se diriger vers les objets du

    monde. Pour lui, les plaisirs du monde sont comme de la crotte de chien. Les bbs attrapent de laboue ou des salets et mettent tout la bouche. Lorsqu'ils grandissent et dveloppent un peu dediscernement, sont-ils encore tents de faire cela ?

    Les chagrins de la vie dans le monde

    Un brahmachari apporta quelques lettres qui venaient d'arriver et Amma Se mit les lire. Touten les parcourant, Elle dit aux dvots : Il suffit de lire ces lettres pour comprendre la nature dela vie. La plupart racontent de grandes souffrances.

    Bri : Certaines ne posent-elles pas des questions d'ordre spirituel ? Amma : Si, mais la plupart sont des rcits pathtiques. Comme cette lettre, l'autre jour, crite

    par une de Mes filles. Tous les soirs, son mari rentre ivre et la bat. Un jour, leur enfant de deuxans est venu se mettre entre eux. Pour un homme saoul, quelle est la diffrence entre un enfant etun adulte ? Un coup de pied, et la jambe du bb tait brise. Il a maintenant la jambe dans lepltre. Malgr cet vnement, le mari boit toujours autant. La femme doit s'occuper du petit etdes travaux mnagers. Elle demandait la bndiction d'Amma pour que son mari cesse de boire.

    Un dvot : Amma, lis-Tu vraiment toutes ces lettres Toi-mme ? Rien que le courrierd'aujourd'hui reprsente un gros paquet.

    Amma : Quand Amma songe leurs larmes, comment pourrait-Elle ne pas lire ces lettres ?Elle rpond Elle-mme certaines d'entre elles. S'il y a beaucoup de courrier, Elle explique quelqu'un ce qu'il faut rpondre. Il est difficile de les lire toutes et d'y rpondre. Certaines font dixou douze pages. Amma n'a pas le temps de tout lire, bien quElle veille parfois presque jusqu'l'aube. Mme quand Elle mange, Elle a une lettre la main. Il Lui arrive souvent de dicter unerponse tout en prenant Sa douche.

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    Elle donna les lettres un brahmachari en disant : Mets toutes ces lettres dans la chambred'Amma, fils. Amma les lira plus tard.

    Prcisions concernant lasadhana

    Amma demanda un brahmachari rcemment arriv : Lis-tu en ce moment, fils ?

    Bri : Oui, Amma. Mais la plupart des livres disent la mme chose. Et le mme livre se rpteen bien des endroits.

    Amma : Mon fils, il n'y a qu'une chose dire : Qu'est-ce qui est ternel, qu'est-ce qui estphmre ? Qu'est-ce qui est bon, qu'est-ce qui est mauvais ? Comment raliser l'ternel ?La Gita et les Pouranas tentent de nous l'expliquer. Les principes essentiels y sont maintes foisexposs. C'est pour montrer quel point ils sont importants. force de se les entendre rpter,les gens finiront par les garder en mmoire. Il existe entre les livres quelques diffrences de

    surface, c'est tout. Tandis que le Ramayana raconte la bataille entre Rama et Ravana, leMahabharata parle de la guerre entre les Kauravas et les Pandavas. Le principe de base est lemme. Comment rester fidle aux principes spirituels et faire face aux diffrentes situations quela vie nous apporte ? C'est ce que lesMahatmas et les livres s'efforcent de nous enseigner.

    Un autre brahmachari : Amma, je me sens faible physiquement depuis que j'ai commenc prendre des cours de yoga.

    Amma : Mon fils, pendant les premiers mois de pratique du yoga, tu auras une sensation delassitude. Mange bien. Une fois que ton corps sera habitu aux postures, tout redeviendra normal.Tes besoins alimentaires devraient alors eux aussi redevenir normaux. Amma rit.

    Mais que Je ne t'attrape pas en train de te gaver, sous prtexte que Je t'ai dit de bienmanger...

    Tout le monde rit.

    Amma reprit : Les sadhaks doivent faire trs attention leurs habitudes alimentaires. Mieuxvaut ne rien manger le matin. Vous devriez vous plonger en mditation jusqu' environ onzeheures. Trop manger augmente le tamas et le mental sera alors rempli de toutes les mauvaisestendances. Si vous mangez le matin, que ce soit trs lger. Le mental doit se concentrer sur lamditation.

    Un jeune homme, assis prt de la porte de la salle de mditation, coutait attentivement lesparoles d'Amma. Titulaire d'un diplme suprieur, il vivait depuis quatre ans Rishikesh. Il avaitentendu parl d'Amma un mois auparavant, alors qu'il tait en visite chez un ami Delhi. Celafaisait deux jours qu'il tait arriv l'Ashram.

    Le jeune homme : Amma, je pratique une sadhana depuis quelques annes et le rsultat pourlinstant me doit. Quand je songe que je n'ai pas encore pu raliser Dieu, mes forcesm'abandonnent.

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    Amma : Mon fils, sais-tu quel degr de dtachement est ncessaire pour raliser Dieu ?Imagine que tu sois chez toi, en train de dormir profondment. Tu es soudain rveill par unesensation de chaleur. Tu dcouvres que tu es encercl par les flammes. Ne tenterais-tu pasdsesprment d'chapper au feu ? Songe avec quelle force tu appellerais au secours en voyant lamort devant toi. Pour obtenir la vision de Dieu, il faut implorer avec le mme dsespoir.Reprsente-toi comment quelqu'un qui tombe l'eau sans savoir nager lutte pour remonter etrespirer. C'est ainsi qu'il faut lutter pour se fondre dans l'Absolu. La douleur de ne pas avoirobtenu la vision de Dieu doit tre constante et te tenailler le cur chaque instant.

    Amma fit une pause, puis reprit : Vous n'obtiendrez pas la vision de Dieu simplement envivant l'Ashram. Il faut pratiquer une sadhana avec un dtachement extrme. Je ne veux riend'autre que Dieu , telle doit tre votre attitude. Celui qui a la fivre trouve mme les sucreriesamres. Qui brle d'amour pour Dieu ne songe rien d'autre. Ses yeux ne veulent voir que laforme de Dieu. Ses oreilles languissent dentendre le nom divin et tout autre son les agace et lesperce. Son mental lutte comme un poisson hors de l'eau jusqu' ce qu'il atteigne Dieu !

    Amma ferma les yeux et Se plongea en mditation. Tous les regards taient intensment fixssur Elle.

    Quelques minutes plus tard, Elle Se leva et longea le mur extrieur de la salle de mditation.Le bassin qui contenait l'eau potable se trouvait au sud, un mtre du mur de la salle, laissant untroit passage. L'eau de cette rserve tait pompe vers une citerne situe plus haut, d'o elle taitdistribue tout l'Ashram. Amma examina le bassin. Avant de Se rendre dans la hutte pourdonner le darshan aux gens qui L'attendaient, Elle dit aux brahmacharis : La mousse est entrain de pousser sur les murs du rservoir. Mes enfants, il faut le nettoyer.

    C'tait le crpuscule. Plonge dans une extase divine, Amma assise sur le petit lit de Sachambre, chantait un bhajan. La flamme de la lampe huile, parfaitement immobile, semblaitcaptive par Son chant.

    Agamanta porule jaganmayi

    Essence des Vdas,Toi qui imprgne lunivers,Toi qui es pure sagesse,Qui Te connat ? Soi de batitude,tre ternel que la souffrance neffleure pas

    puissance suprme et primordiale,Protge-moi !

    Omnisciente, Tu rsides dans tous les curs,Impatiente daccorder la batitude de la libration.Les mchants ne peuvent Te voir,Mais Tu brilles jamais dans la mditation des tres vertueux.Tu resplendis sous la forme de la vrit ternelle. Dvi, lternelle,

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    Montre-moi le chemin de la libration,Brille en moi qui ne suis quun simple lourdaud.

    Mre, je Te le dis clairement :Daigne entrer dans mon cur et y briller.Permets-moi de proclamer Ta gloireEt libre-moi de cette Mya.

    Sur le mur, derrire Amma, tait accroche une reprsentation de la desse Sarasvati tenant lavina. Les doigts de la desse jouaient-ils pour accompagner le chant d'Amma ? Avant que l'chode la mlodie se soit vanoui, Elle attrapa l'image et l'embrassa plusieurs reprises. Puis Elleresta un moment immobile, serrant la desse contre Son cur, sans faire le moindre mouvement.

    Quand les bhajans commencrent devant le kalari, Elle reposa doucement l'image sur Son lit.On pouvait encore y voir deux sillons, laisss par le flot de Ses larmes. Amma Se leva et Se mit marcher doucement de long en large, toujours en extase. Les bhajans se terminrent, puis l' arati.

    Amma sortit dans la petite cour devant la salle de mditation.

    Conseils aux dvots

    Quelques dvots s'approchrent d'Amma, qui les conduisit vers le kalari et S'assit.

    Un dvot : Amma, j'ai une question au sujet de quelque chose que Tu as dit auxbrahmacharis ce matin.

    Amma : Quoi donc, Mon fils ?

    Le dvot : Amma a dit que la vie dans le monde tait comparable de la crotte de chien.Faut-il en avoir une vision aussi ngative ?

    Amma rpondit en riant : Amma S'adressait alors aux brahmacharis, n'est-ce pas ? Pourcontinuer sur la voie spirituelle, il leur faut un dtachement de cette intensit. Si la conscience deson but est fermement ancre en lui, un brahmachari ne sera pas du tout attir vers le monde. Ilfaut qu'Amma lui donne une vision ngative de la vie laque, pour qu'il ait la force de continuerson chemin. Sinon, il sera pris au pige des plaisirs physiques et perdra sa force.

    Un soldat reoit un entranement appropri au travail de l'arme ; celui d'un policier estdiffrent et lui permettra d'exercer son mtier. De mme, les instructions destines aux

    brahmacharis et celles destines aux chefs de famille diffrent. Bien que le but soit le mme, ledegr d'intensit varie. Le brahmachari a dj renonc toutes ses relations et s'est consacrentirement son chemin. chaque pas, il rpte un mantra de dtachement.

    Amma ne dira jamais que le statut de grihasthashrama est infrieur. Nos anciens rishisn'taient-ils pas tous des chefs de famille ? Rama et Krishna nont-ils pas men une vie defamille ? Mais celui qui a fait le vu de brahmacharya doit considrer la vie dans le monde

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    comme de la crotte de chien. Il peut alors garder le dtachement indispensable pour rester sur lavoie.

    Un brahmachari doit donc recevoir les conseils ncessaires pour dvelopper un dtachementabsolu. Amma est trs heureuse de voir s'veiller chez Ses enfants lacs un sentiment de

    dtachement. S'ils sont attentifs maintenir cette flamme toujours allume, ils finiront paratteindre le but. Amma ne demandera jamais quelqu'un de tout abandonner et de devenirsannyasi tant que la personne n'prouve pas un dtachement total.

    Le chemin quElle indique ne consiste pas aller dans l'Himalaya pour s'asseoir les yeuxferms en ne songeant qu' moksha (la libration). Il faut apprendre surmonter les situationsdifficiles. Le chacal, dans la jungle, se promet de ne plus hurler la prochaine fois qu'il verra unchien. Mais ds qu'il en voit un, l'habitude est la plus forte et il hurle. Le vrai courage consiste n'prouver ni attachement ni sens de la possession, tout en vivant les expriences du monde. C'estainsi que devrait tre un vrai grihasthashrami.

    Comme la fleur tombe lorsque le fruit se forme, les dsirs mondains disparaissent quand natle dtachement. Que la personne vive chez elle ou au fond de la fort, aucun dsir ne peut alors lalier. Celui dont le but est de raliser Dieu n'attache d'importance rien d'autre. Il a dj comprisque rien de physique n'est permanent et que la vraie batitude est l'intrieur.

    Le dvot : Comment tourner le mental vers Dieu s'il erre en qute de plaisirs extrieurs ?

    Amma : Quand il a faim, le chameau mange des buissons d'pines, ce qui lui met la boucheen sang. Si, affam, vous ne mangez que des piments, parce que vous aimez cela, vous aurez labouche en feu et lestomac aussi. Vous vouliez apaiser votre faim, mais il vous faut maintenanten subir les consquences douloureuses. Ainsi, si nous faisons dpendre notre bonheur des objets

    matriels, nous finirons toujours par souffrir.

    Prenez par exemple le musc. Il peut chercher longtemps la source du parfum qu'il respire, ilne la trouvera jamais, car elle est en lui. La batitude ne vient pas des objets extrieurs. Elledemeure l'intrieur de nous. Si nous contemplons cette vrit et dveloppons un dtachementsuffisant, le mental cessera de courir aprs les plaisirs extrieurs.

    Sachant que le jus est dans le fruit, nous le pelons et jetons la peau. C'est l'attitude que doitavoir un sadhak. Alors son mental ne se tournera pas vers lextrieur. Nous serons capables degoter l'essence de toute chose.

    Le dvot : N'est-il pas possible de savourer la batitude tout en menant une vie mondaine ? Amma : Comment serait-il possible de connatre la plnitude de la batitude sans fixer le

    mental entirement sur Dieu ? Si tu mlanges le payasam d'autres aliments, en reconnatras-tule got ? Le dieu Vishnou demanda plusieurs fois Sanaka et aux autres sages de se marier. Maisils rpondirent : Chaque instant de notre vie matrimoniale s'coulera sans que nous pensions Toi. Nous n'avons besoin que de Toi, Seigneur, et de rien d'autre !

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    Comme rien n'est spar de Dieu, les gens soutiennent que les plaisirs du monde nedevraient pas constituer un obstacle. Certes, si l'on peut penser Dieu en toutes circonstances.Mais en sommes-nous capables ? Quand nous mangeons une sucrerie, en gotons-nous ladouceur ou bien pensons-nous Dieu ? Si vous pouvez ne songer rien d'autre qu' Dieu, mme cet instant-l, alors il n'y a pas de problme, vous pouvez suivre cette voie.

    Le dvot : Les critures ne prescrivent-elles pas quatre stades de la vie : brahmacharya,grihasthashrama, vanaprastha et sannyasa ? Aprs avoir men la vie d'un grihastha (chef defamille), on passe au stade de vanaprastha lorsque s'installe un certain dtachement, pour devenirsannyasi quand le dtachement est complet. Tous les liens sont alors tranchs et l'on s'abandonnecompltement Dieu. C'est en vrit le but de la vie.

    Un autre dvot : On dit aussi que si le dtachement est complet, il est possible de passerdirectement du stade de brahmacharya celui de sannyasa.

    Amma (riant) : Certes, mais les parents ne le permettent pas, c'est le problme. Certains des

    enfants rsidant l'Ashram ont eu surmonter une opposition srieuse afin de pouvoir rester. Un dvot : Mritons-nous la ralisation ? Nous sommes si dsols d'tre pris dans cette vie

    mondaine !

    Amma : Ne pensez pas cela, Mes chers enfants ! Songez que cette vie est destine aplanirles obstacles sur votre chemin vers Dieu. Lorsque nous partons en voyage, si quelque chosebloque la route, nous l'tons avant de continuer notre chemin. Si nous ne le faisons pas, l'obstaclerestera. La vie dans le monde nous permet de draciner le dsir et la colre prsents en nous.Amma recommande parfois le mariage aux enfants dont les vasanas sont trs fortes. Si on lesrprime, elles exploseront tt ou tard. Il nous faut les transcender. La vie de famille cre les

    circonstances ncessaires cela.

    Le mental gagnera en force grce la pratique de la contemplation. Si un bb qui apprend marcher tombe, il lui faut se relever et continuer marcher. S'il reste par terre, il ne fera aucunprogrs. La vie de famille n'est pas faite pour nous loigner de Dieu, mais pour nous enrapprocher. Mes enfants, utilisez-la donc dans ce but et ne vous faites pas de souci inutile.

    La vie de famille nous permet de surmonter nos vasanas. Ne les laissez pas vous submerger ;comprenez leur nature et dpassez-les. Nous n'atteindrons le but que si nous sommescompltement dtachs de nos tendances ngatives. Nous sommes satisfaits d'avoir mang notrecontent depayasam, mais un peu plus tard, nous en voulons deux fois plus. Quand nous aurons

    compris la vraie nature de ce dsir, le mental n'y fera plus attention. Si un lzard tombe dans lepayasam, qui en mangera ?

    Quand les vasanas nous attirent, le mental rsiste s'il sait qu'elles ne sont pas source de vraiejoie et qu'elles n'apportent que de la souffrance. Mais il faut que cette vrit soit bien ancre dansle mental et l'intellect. Ne gchez pas votre vie, Mes enfants, en tant esclave du mental ! Ne

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    troquez pas un joyau sans prix pour un bonbon. Le mental se calmera si nous arrtons d'accorderautant d'importance aux plaisirs des sens.

    Ne vous inquitez pas si vous n'avez pas la force de le faire tout de suite. Allez vous asseoirseul chaque jour pour mditer un moment l-dessus, en adoptant l'attitude d'un tmoin. Que cela

    devienne une habitude rgulire. Vous dvelopperez certainement la force dont vous avez besoin.Il est inutile de vous asseoir et de pleurer en songeant que vous tes trop faibles. Trouvez la forcencessaire. Vous pourrez alors affronter nimporte quel dfi, sans vaciller. Mes enfants, nepleurez pas en pensant que vous tes indignes. Cela ne fera que vous affaiblir.

    Mon fils, ne regrette pas de ne pas tre un brahmachari, de ne pas vivre auprs dAmma.Certaines feuilles sont proches de la fleur, d'autres en sont loignes, mais toutes les feuillesappartiennent la mme plante. Enfants, n'en doutez jamais. Ne vous dsolez pas de ne paspouvoir jouir de la prsence d'Amma. Vous aussi tes capables d'atteindre un jour le but ultime.

    Le dvot : Cependant, nos vies n'ont elles pas t vaines puisque nous tions prisonniers des

    dsirs matriels ? Amma : Pourquoi vous dsoler propos du pass ? Avancez avec foi. Il tait une fois un

    pauvre bcheron. Chaque jour il allait dans la fort couper du bois pour en faire du charbon qu'ilvendait une boutique comme combustible. Il ne retirait de cette activit qu'un maigre revenu,qui ne suffisait pas lui remplir le ventre. Il vivait dans une vieille hutte moisie, dont le toitfuyait. Sa sant ne lui permettait pas de travailler plus dur et il tait dsespr. Un jour, le roitraversa le village. Il entendit parler de la triste situation du bcheron. Le roi lui dit : partird'aujourd'hui, tu n'auras plus lutter pour survivre. Je te donne une fort de bois de santal. Tupeux vivre confortablement de son revenu.

    Le lendemain, le bcheron alla travailler comme d'habitude. Comme il possdait sa proprefort, il n'avait plus besoin de chercher des arbres couper. Il coupa du bois de santal, en fit ducharbon et l'apporta la boutique, comme toujours. Il ne gagnait pas plus qu'avant.

    Quelques annes plus tard, le roi revint dans le village. Il voulut voir l'homme auquel il avaitdonn la fort de bois de santal. Le roi s'attendait voir un homme riche. Il fut tonn en voyantle bcheron ; il semblait si possible plus pauvre qu'auparavant. Son vi