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N° 100 MARS 2010 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS ÉDITORIAL RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 4 1985 – 2010, la revue RSI édite son centième numéro C’est, pour le comité de rédaction et par extension pour l’Association de Recherche en Soins Infirmiers, une grande satis- faction d’avoir pu, sans aucun sponsor ni publicitaire, mener à bien cette revue sur 100 numéros, car chacun sait que le mérite réside autant dans le fait de créer que de durer. A qui devons nous ce succès ? Sans aucun doute, aux auteurs, à nos lecteurs et aux membres de l’ARSI. Il n’y a pas de revue sans auteurs. L’occasion nous est donnée ici de remercier tous les auteurs français, canadiens,suisses,belges, et tous les autres qui ont accepté de partager leur savoir et ont alimenté, au fil des années, les rubriques de cette revue. Il n’y a pas non plus de revue sans lecteurs. Depuis sa création, la revue a trouvé son lectorat, des infirmiers et infirmières qui souhaitent accroître leurs connaissances, échanger, travailler sur la pratique des soins, la recherche et la discipline infirmière. Si la revue RSI est éditée depuis 25 ans, c’est aussi parce qu’elle est soutenue par l’ARSI. Cette revue n’est pas le résultat d’une édition commerciale, elle est l’expression d’une pensée, d’une conception des soins infirmiers, d’une urgence à approfondir la discipline infirmière, d’une volonté d’ouverture et d’échanges nationaux et inter- nationaux. En l’absence de structure formelle, l’ARSI s’est positionnée, dés 1985, pour promouvoir et développer la recherche en sciences infirmières, sachant que les soins infirmiers français ne pouvaient rester à la traîne, en dehors de l’évolution géné- ral du système de santé. Avec la revue, le site internet, les journées d’études, les conférences, les formations, l’ARSI a été connue et reconnue comme un creuset d’évolution marqué par sa rigueur, son impartialité, sa capacité à innover et à être dans l’anticipation, mais aussi par son souci de faire avancer les soins au plus prés des pratiques. L’esprit d’ouverture qui a été un axe fort des objectifs de l’ARSI, dés sa création, s’est concrétisé à la fois par son intérêt et sa participation aux manifestations professionnelles, sa collaboration avec d’autres associations, et aussi par son ouver- ture en dehors de la profession vers des universitaires de toutes disciplines qui pouvaient aider au développement de notre science. Mais, nous avons voulu aller plus loin, et c’est, dans cet esprit d’ouverture, que nous avons réalisé ce numéro spécial sur: La recherche en sciences infirmières : une réalité internationale Nous souhaitons faire partager à nos lecteurs tout l’intérêt qu’il peut y avoir à échanger,à retirer nos oeillères nationales, pour comprendre, comment partout dans le monde, se développent les sciences infirmières et comment évoluent les pra- tiques au bénéfice des patients et des populations. Nous avons fait appel à nos collègues étrangers pour qu’ils témoignent de ce qui se passe dans leur pays.Trente infirmiers et infirmières ont bien voulu répondre à notre demande et nous les en remercions chaleureusement. Même, si 30 pays ne représentent pas le monde, ce numéro est exceptionnel par la richesse de son contenu et nous espé- rons que nos lecteurs sauront l’apprécier comme nous. Rédactrice depuis 20 ans de la revue RSI,je profite de ce numéro 100 pour quitter le poste et dire au revoir à toutes les personnes qui ont collaboré avec moi. Je remercie personnellement les lecteurs qui m’ont encouragé par leurs critiques et leurs remarques à aller de l’avant,les auteurs français et étrangers qui ont largement contribué à la réussite de la revue et avec qui j’ai beaucoup appris,et notre éditeur avec qui je travaille depuis 20 ans dans un climat de respect et de confiance. Je souhaite beaucoup de réussite à la nouvelle équipe rédactionnelle et espère que la revue RSI poursuivra sa route pen- dant encore de nombreuses années. Monique FORMARIER Rédactrice 001-108_Etat de la Recherche BAT.qxd 8/03/10 14:58 Page 4

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N° 100MARS 2010

RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS

É D I T O R I A L

RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 20104

1985 – 2010, la revue RSI édite son centième numéro

C’est, pour le comité de rédaction et par extension pour l’Association de Recherche en Soins Infirmiers,une grande satis-faction d’avoir pu,sans aucun sponsor ni publicitaire,mener à bien cette revue sur 100 numéros,car chacun sait que le mériteréside autant dans le fait de créer que de durer.

A qui devons nous ce succès ? Sans aucun doute, aux auteurs, à nos lecteurs et aux membres de l’ARSI.Il n’y a pas de revue sans auteurs.L’occasion nous est donnée ici de remercier tous les auteurs français,canadiens,suisses,belges,et tous les autres qui ont accepté de partager leur savoir et ont alimenté, au fil des années, les rubriques de cette revue.Il n’y a pas non plus de revue sans lecteurs.Depuis sa création, la revue a trouvé son lectorat, des infirmiers et infirmières quisouhaitent accroître leurs connaissances, échanger, travailler sur la pratique des soins, la recherche et la discipline infirmière.

Si la revue RSI est éditée depuis 25 ans, c’est aussi parce qu’elle est soutenue par l’ARSI.Cette revue n’est pas le résultat d’une édition commerciale,elle est l’expression d’une pensée,d’une conception des soinsinfirmiers,d’une urgence à approfondir la discipline infirmière,d’une volonté d’ouverture et d’échanges nationaux et inter-nationaux.En l’absence de structure formelle, l’ARSI s’est positionnée, dés 1985, pour promouvoir et développer la recherche ensciences infirmières, sachant que les soins infirmiers français ne pouvaient rester à la traîne,en dehors de l’évolution géné-ral du système de santé.

Avec la revue, le site internet, les journées d’études, les conférences, les formations, l’ARSI a été connue et reconnuecomme un creuset d’évolution marqué par sa rigueur, son impartialité, sa capacité à innover et à être dans l’anticipation,mais aussi par son souci de faire avancer les soins au plus prés des pratiques.

L’esprit d’ouverture qui a été un axe fort des objectifs de l’ARSI, dés sa création, s’est concrétisé à la fois par son intérêtet sa participation aux manifestations professionnelles, sa collaboration avec d’autres associations, et aussi par son ouver-ture en dehors de la profession vers des universitaires de toutes disciplines qui pouvaient aider au développement denotre science.Mais, nous avons voulu aller plus loin, et c’est, dans cet esprit d’ouverture, que nous avons réalisé ce numéro spécial sur:

La recherche en sciences infirmières : une réalité internationale

Nous souhaitons faire partager à nos lecteurs tout l’intérêt qu’il peut y avoir à échanger, à retirer nos oeillères nationales,pour comprendre,comment partout dans le monde, se développent les sciences infirmières et comment évoluent les pra-tiques au bénéfice des patients et des populations.Nous avons fait appel à nos collègues étrangers pour qu’ils témoignent de ce qui se passe dans leur pays.Trente infirmierset infirmières ont bien voulu répondre à notre demande et nous les en remercions chaleureusement.Même, si 30 pays ne représentent pas le monde, ce numéro est exceptionnel par la richesse de son contenu et nous espé-rons que nos lecteurs sauront l’apprécier comme nous.

Rédactrice depuis 20 ans de la revue RSI, je profite de ce numéro 100 pour quitter le poste et dire au revoir à toutes lespersonnes qui ont collaboré avec moi.Je remercie personnellement les lecteurs qui m’ont encouragé par leurs critiques et leurs remarques à aller de l’avant, lesauteurs français et étrangers qui ont largement contribué à la réussite de la revue et avec qui j’ai beaucoup appris, et notreéditeur avec qui je travaille depuis 20 ans dans un climat de respect et de confiance.Je souhaite beaucoup de réussite à la nouvelle équipe rédactionnelle et espère que la revue RSI poursuivra sa route pen-dant encore de nombreuses années.

Monique FORMARIERRédactrice

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Le comité de rédaction de RSI remercie très chaleureusement les auteurs qui ont accepté de répondreà notre sollicitation. Chacun témoigne, en son nom, de l’état de la recherche en sciences infirmières etplus globalement des soins infirmiers, dans son pays.

Rassemblés, tous ces articles forment un document exceptionnel, qui permet de constater qu’en dépitdes disparités, la profession infirmière puise son unité dans une conception humaniste des soins, dans unexercice professionnel de mieux en mieux maîtrisé, dans une recherche de qualité des prestations au béné-fice des patients, des familles et des communautés et dans un développement significatif de la rechercheen sciences infirmières.

INTRODUCTIONMonique FORMARIER

ÉTAT DE LA RECHERCHE DANS DIFFÉRENTS PAYS DU MONDE

5RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays est divisé en 2 territoires et 5 états.La popu-lation australienne est de 20 millions d’habitants répar-tie de façon très inégale sur le territoire. 90 % de lapopulation se trouve dans les grandes villes au sud et àl’est du pays.97 % du territoire australien est quasiment inhabité avecune densité de population qui n’atteint pas les 0,03 habi-tant au km2.La population Aborigène ne représente que1 % de la population totale. Depuis 1945 le pays reçoitbeaucoup de migrants, venus des pays européens etdepuis 1973 des pays asiatiques.

• Le système de santé australien est basé sur lesystème Medicare qui constitue une offre universellede soins médicaux dans les hôpitaux publics, permet-tant aussi l’accès aux médecins généralistes et spé-cialistes, un accès subventionné et presque gratuitpour certains groupes de la population notammentles populations pauvres et âgées. Les salariés cotisentà hauteur de 1,5 % de leur salaire. L’Etat fédéral prenden charge une part importante des frais médicaux etla totalité des frais hospitaliers dans le secteur publicuniquement. Il y a un secteur privé réglementé par legouvernement australien. La répartition des infir-mières sur le territoire est calquée sur celle de lapopulation générale.Il y a une grave pénurie d’infirmières en Australie.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseLa formation des infirmières se fait à l’université.3 niveaux de formation de base pour les infirmières:- Enrollment Nurse : La formation dure 12 mois, essentiel-lement centrée sur le nursing,

- Endorsed Nurse : La formation dure 18 mois.Ce person-nel peut donner les médicaments aux patients,

- Registred Nurse : La formation dure 3 ans, les infirmièresobtiennent un Bachelor of Nursing (licence).Après une

première année commune, les étudiants peuvent choi-sir une spécialité.

Formation post basiqueLes infirmières qui ont obtenu une licence peuvent pour-suivre leurs études par un master et un doctorat.2 filièressont possibles : une filière professionnelle et une filièrerecherche.En master recherche, le programme général (qui peutêtre modulé en fonction des universités) comprend lesmatière suivantes : épidémiologie, statistiques, biostatis-tiques, épidémiologie clinique, méthodologie, épistémo-logie, soins infirmiers cliniques, santé publique…

Exercice professionnel

Les infirmières ne sont pas polyvalentes,elles sont spécia-lisées pour la plupart.Pour exercer,elles doivent être ins-crites au NSW College of Nursing.Les infirmières travaillentdans tous les secteurs de la santé : préventif, curatif, etdans tous les domaines des soins.Il y a une reconnaissance sociale du métier d’infirmière,mais peu de reconnaissance statutaire et financière.

Formation continue

La compétence des infirmières est contrôlée régulière-ment tous les 5 ans, sous forme d’audit réalisé par l’uni-versité. (Accréditation)

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES (RSI)

Dans toutes les formations post basiques, les étudiantssont amenés à faire de la recherche. Les recherches sefont essentiellement en milieu hospitalier.

Les grands hôpitaux ont un centre de recherche infir-mière dirigé par une infirmière.Des infirmières titulairesd’un doctorat peuvent avoir des fonctions de chercheurau sein des établissements.

La RSI est indépendante et très souvent pluridisciplinaire.Les financements des RSI sont divers: l’Etat, les hôpitauxprivés ou publics, les laboratoires, et les industries.

État de la recherche dans dif férents pays du monde

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AUSTRALIEYvonne OSBORNE,Docteur en sciences infirmières, Maître de conférence à la Queensland University of Technologie, Brisbane,Australie.

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Les recherches sont essentiellement cliniques, baséessur les pratiques professionnelles (Evidence BasedPractice). Ceci s’explique par le fait que se sont leshôpitaux qui financent la majorité des postes de cher-cheurs.

Les résultats des recherches sont communiqués aucours de conférences et de symposiums. Les grandsétablissements hospitaliers organisent des journéesd’échanges où les infirmières peuvent communiquerleur recherche.

La diffusion se fait également par des publications dansdes revues spécialisées.

Les recherches sont réinvesties dans les pratiques etdonnent lieu à des mises à jour des pratiques en fonc-tion des résultats obtenus.

NATURE DES RECHERCHES

Il y a peu de recherche fondamentale. La plupart desrecherches sont des recherches appliquées.Les chercheursutilisent des méthodes quantitatives,qualitatives ou mixtes.Les recherches qualitatives sont les plus reconnues.Les sujets actuels les plus fréquemment explorés sont:la douleur, l’éducation des patients, la qualité des soins.

AUSTRALIE

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PRÉSENTATION DU PAYS

Le Pays. Au cœur de l’Europe, la Belgique est unpetit état fédéral trilingue de 10,5 millions d’habitants,composé de trois communautés, trois régions, cha-cune étant des entités politiques autonomes bénéfi-ciant de compétences et pouvoirs spécifiques etmutuellement exclusifs.

Le système de santé belge s’apparente au modèleBismarckien et est conditionné par la structure éta-tique du pays.Ainsi, les aspects curatifs des soins desanté relèvent du niveau fédéral alors que les aspectsrelatifs à la prévention de la santé sont du ressort descommunautés, tout comme l’éducation.Tout ce quiconcerne l’aide aux personnes dépend des régions. Laprofession infirmière est directement conditionnée parcette séparation de pouvoir.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

L’Art infirmier1 relève des Autorités de la santépublique et est réglementé au niveau fédéral alors quela formation donnant accès à la profession est unecompétence communautaire. La profession infirmièrene dispose pas d’Ordre professionnel mais est repré-sentée aux différents niveaux de pouvoir par desorganes de conseil clairement identifiés. Par ailleurs,

nombre d’associations professionnelles représententleurs membres dans les structures ad hoc.

LE CURSUS DE FORMATION

1) Formation en communautéfrançaise et en communautégermanophone2

Formation de baseEn communauté française, l’organisation de la forma-tion des Prestataires de l’Art Infirmier – PAI – est régiepar un cadre légal précis3 qui prévoit deux profils deformation:d’une part la formation d’infirmier hospita-lier4 et d’autre part celle de bachelier en soins infir-miers5 (décret 31 mars 2004).

Formation d’infirmier hospitalierLa formation d’infirmier hospitalier est organisée entrois ans dans l’enseignement de plein exercice,au seindu 4ème degré de l’Enseignement Professionnel Secon-daire Complémentaire (EPSC).Ce niveau de formationse différencie principalement de celui de l’enseignementsupérieur par :1) des critères d’accessibilité aux étudesmoins exigeants, 2) le classement de ces études dansl’enseignement secondaire professionnel,3) des conte-nus de programmes moins importants et davantage cen-trés sur la pratique et 4) un accès limité au seul titreprofessionnel particulier d’infirmier hospitalier en santémentale (Champagne, 2007).

BELGIQUEMicheline GOBERT,Chargée de recherche, chargée de cours invitée - Pôle de recherche interdisciplinaire en sciences et clinique infir-mières – Institut de Recherche Santé & Société - Université catholique de LouvainElisabeth DARRAS,Professeur, Ecole de Santé publique – Pôle de recherche interdisciplinaire en sciences et clinique infirmières -Institut de recherche Santé & Société - Université catholique de LouvainMyriam HUBINON,Directrice - Département infirmier – Cliniques universitaires Saint Luc – Université catholique de LouvainTom DELFLOOR,Professeur ordinaire - Département des sciences infirmières – Université de Gand

1 L’exercice de la profession est régi par l’AR n°78 du 10/11/1967 précisant l’Art de guérir et de soigner. Plusieurs textes ultérieurs ont per-mis l’évolution de la profession (en particulier AR du 18 juin 19902).2 L’organisation de la formation est identique en communauté française et germanophone.3 Arrêté du gouvernement de la communauté française du 21 avril 1994 et Loi du 20/12/74 (modifiant l’AR n°78 du 10/11/1967) organisant laprofession infirmière;4 Le substantif ‘infirmier’est employé pour les deux genres.5 Le Bachelier en Soins Infirmiers – BSI – correspond au titre d’infirmier gradué avant la réforme de Bologne.

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Cette formation donne accès à des formations com-plémentaires pour l’accès au titre de qualification pro-fessionnelle particulière.C’est cette formation qui estreconnue au niveau européen.

Formation de Bachelier en soins infirmiers (BSI)La formation de Bachelier en soins infirmiers – BSI –relève de l’enseignement supérieur non universitaire,cursus de type court organisé en 3 ans au moins (180ECTS6) répartis équitablement entre une formationthéorique et une formation pratique.Elle est organiséepar les Hautes Écoles – centre de formation de niveausupérieur non universitaire.

En communauté française, diverses spécialisations (60ECTS) sont organisées et accessibles uniquement auxBSI:pédiatrie, santé mentale et psychiatrie, santé com-munautaire, soins intensifs et urgence, imagerie médi-cale et radiothérapie, salle d’opération, oncologie,anesthésie, stomathérapie et soins de plaies, perfu-sionniste.Trois autres spécialisations, accessibles éga-lement aux autres professionnels de la santé, sontorganisées en interdisciplinarité, à savoir la Gériatrieet psychogériatrie, la Psychomotricité et laRéadaptation.La conservation de certains titres de spécialisation(soins intensifs, pédiatrie, gériatrie…) est soumise àl’obligation d’une formation continuée et à l’exercicede l’activité professionnelle dans la spécialité.

Formation de Bachelier Sage femme (BSF)Parallèlement à la formation de BSI, il existe la forma-tion de bachelier sage femme (BSF), correspondant autitre européen. Seule une partie des cours de pre-mière année BSF est commune à la formation des BSI.Il s’agit d’une formation en 4 ans (240 ECTS) régie parArrêté royal7. L’exercice de la profession relève del’Art de Guérir alors que celui des BSI relève de l’artde soigner.

Formation post basiqueEnseignement de promotion socialeL’enseignement de promotion sociale offre diversesformations donnant accès soit à l’enseignement, soit àdes qualifications professionnelles (formation organiséeen moins d’un an), soit à la gestion d’équipe (pourpourvoir à la fonction uniquement d’infirmier chefd’équipe).

Tous les PAI ont accès aux qualifications professionnelles.Actuellement, six qualifications professionnelles sontrecensées et donnent accès au titre « d’infirmier ayantune expertise particulière en santé mentale et psychiatrie »

ou « en gériatrie », « en soins de plaies », « en soins pal-liatifs », « en diabétologie », « en évaluation et traitementde la douleur ».

Cet enseignement organise une «passerelle» aux infir-miers hospitaliers afin d’avoir accès au titre de BSI,selon les conditions très précises.

Enseignement universitaireL’accès à l’université n’est ouvert qu’aux BSI ayantterminé avec succès l’enseignement général8. Ils pour-ront y suivre une formation universitaire de 2ème cycle(de 120 à 180 ECTS) et parmi les 6 masters acces-sibles, citons le Master en sciences de la santépublique, formation universitaire la plus suivie par lesinfirmiers. Au sein de ce master, depuis septembre2007, l’option sciences et cliniques infirmières est disponible.

La valorisation des acquis, prévue dans la réforme deBologne, peut être d’application. Un troisième cycleest accessible au terme de la formation du deuxièmecycle pour l’obtention d’un doctorat en sciences bio-médicales.

2) Formation en Communauté flamande

Formation de baseA nouveau, deux types de formation infirmière y sontorganisés : l’un d’un niveau baccalauréat (que nousdévelopperons ci-après), l’autre d’un niveau secondaireprofessionnel octroyant un brevet en soins infirmiers(cf. supra).

L’enseignement au niveau du baccalauréat se déroulesur trois années mais, lors de la troisième année (voiredès la deuxième),une orientation spécifique doit d’em-blée être choisie:gériatrie,psychiatrie,pédiatrie, socialou hospitalier.

Pour les détenteurs du brevet infirmier, il existe éga-lement une possibilité de passerelle permettant l’ob-tention d’un baccalauréat.

Formation post basiqueAvec un diplôme de bachelier, d’autres formationscomplémentaires, post-graduats et titres profession-nels particuliers peuvent être suivis en complémentde la formation de base. L’obtention du niveau bacca-lauréat permet aussi l’accès à des formations univer-sitaires de 2 ans (120 ECTS),notamment au master ensciences infirmières et obstétriques.

BELGIQUE

6 ECTS: European credits transfer system = Système européen de transfert et d’accumulation de crédits7 AR n°78 révisé - MB 22.12.20068 Obtention du Certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS)

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L’EXERCICE PROFESSIONNEL,L’ART INFIRMIER

Le cadastre

Malgré l’absence de cadastre précis, on dénombreraitactuellement 180.000 Prestataires de l’Art Infirmier(PAI),dont seuls 110 000 travailleraient (60.000 à l’hô-pital et 14.500 dans les structures de long séjour).Cecicorrespond à une densité de 11 infirmiers par 1000habitants (Mengal,2009).Malgré le fait que la professioninfirmière soit davantage féminine (75 % sont desfemmes),et compte un grand nombre de travailleurs àtemps partiel, il n’y a pas lieu de parler de pénurie d’in-firmiers en Belgique. Néanmoins un problème derétention des infirmiers dans la profession est large-ment documenté (Stordeur et al., 2007).

La différenciation de fonctionselon le niveau de formation

En Belgique, on distingue deux profils de fonction: les«prestataires de l’art infirmier» (PAI) versus les aidessoignantes.Les PAI regroupent les infirmiers bacheliers,les infirmiers spécialisés, les infirmiers hospitaliers et lesASH (assistants en soins hospitaliers). Un cadre légalstrict régit tant la formation (cf. supra) que l’exercicede la profession infirmière (Berckmans et al., 2008).

L’infirmier hospitalier (breveté) / bachelier ensoins infirmier (gradué)Pour pouvoir exercer l’Art infirmier, il faut être por-teur soit du diplôme d’infirmier bachelier (ou diplômed’infirmier gradué), soit du diplôme d’infirmier hospi-talier (ou brevet d’infirmier).

L’Infirmier spécialiséLa loi9 reconnaît onze spécialisations. Si le législateurne fait que peu de distinction entre les infirmiers issusde formations différentes, la législation régissant l’agré-ment des hôpitaux exige un quota minimum (70 %)d’infirmiers spécialisés dans certains services (soinsintensifs, urgences, pédiatrie, gériatrie…)

L’Infirmier ayant une expertise particulièreParallèlement aux onze spécialités, la loi reconnaît aussisix domaines d’expertise – qualifications professionnelles– qui s’adressent tant aux BSI qu’aux infirmiers hospi-taliers10. Les conditions d’accès et le volume de la for-mation complémentaire justifient la distinction entre

le titre professionnel (infirmiers spécialisés) et la qua-lification professionnelle.L’infirmier ayant cette exper-tise a un avis de conseil sur ses pairs, quel que soit leniveau de formation de ces derniers.

L’assistant en soins hospitaliers (ASH)L’ASH est un travailleur de santé qui, sous une législa-tion précédente, avait suivi avec succès deux des troisannées de formation infirmière. Néanmoins le brevetd’ASH n’est plus délivré depuis juin 1996 (Put & VandenDaele, 2004). Cette fonction a quasi disparu du pay-sage infirmier belge.

La liste d’actes

Un cadre légal11 régit également les actes (et non lescompétences) que peuvent prester les infirmiers habi-lités à l’exercice de l’Art de soigner, liste régulièrementactualisée.

Les conséquences concrètes dansla pratique quotidienne

Sur le terrain, tout prestataire de l’art infirmier (qu’ilsoit hospitalier,bachelier ou spécialisé) assume la mêmefonction,exécute les mêmes tâches malgré la différencede barèmes (Rosier, 2003).S’il n’existe peu de distinction entre les deux niveaux deformation (BSI versus Infirmier Hospitalier) à propos dela complexité des prestations techniques, en revanche,la différence se marque au niveau de la pensée critiqueet du jugement clinique (Pool, in Van de Pasch et al.,2001;Rosier,2003).Par ailleurs, l’existence d’un espace et d’unbesoin de différenciation de fonction plus prononcée estclairement démontré (Defloor et al., 2004 et 2006;Berckmans et al., 2008;Gobert et al., 2009).Beaucoup d’hôpitaux belges ont développé la fonctiond’infirmiers de référence (en soins de plaies, en trans-fusion…) et d’infirmiers cliniciens (stomathérapeute).À côté de ces fonctions, il y aurait une discussion quantà l’opportunité de créer la fonction de «nurse practi-tioner», ainsi que de «physician assistant» pour parer àla pénurie médicale qui s’annonce.Actuellement, cesdeux fonctions n’existent pas officiellement en Belgique(Berckmans et al., 2008).Parallèlement à ces activités cliniques, les PAI exercentdes fonctions de gestion au sein du département infir-mier.Depuis l‘AR de 1990,un titre universitaire est for-tement souhaité pour exercer les fonctions d’infirmierscadres (gestion de plusieurs unités de soins, ou fonc-tion transversales tels que l’accueil et la gestion desnouveaux collaborateurs, la formation continue, l’en-

9 l’AR du 18 janvier 1994 établissant la liste des titres professionnels particuliers et des qualifications professionnelles particulières pour les pra-ticiens de l’art infirmier, modifié par l’AR du 2 juillet 1999 (MB 09.03.1994) (MB 11.11.1999) et les différents amendements.10 AR 27 septembre 2006 - MB: 24.10.200611 AR 18 juin 1990 modifié par l’AR 21 avril 2007.

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registrement de l’activité infirmière…) et de directeurdu département infirmier.Il existe une différenciation de fonction plus francheentre les PAI et les aides soignants. Depuis 2006, unArrêté royal12 régit l’activité de ces dernières.

LES LIEUX D’EXERCICE

Les lieux d’exercices des PAI sont très variés. Commedéjà mentionné, la majorité des PAI prestent leurs activi-tés en milieu hospitalier (60 %),où ils assument des fonc-tions de soins mais aussi de gestion,de formation ou derecherche dans la mesure où ils disposent des titresrequis.Le niveau de qualification y est très élevé puisquequ’environ 80 % du personnel soignant est un PAI.Les PAI prestent aussi dans les structures de longséjour pour personnes âgées. Les dernières estima-tions comptabilisent environ 14000 PAI prestant dansces structures (soit 25 % des PAI en activité). Les PAIy occupent des fonctions de soins mais aussi de ges-tion.Dans ces structures, les PAI ne représentent que20 à 30 % du personnel soignant.

Par ailleurs, 15 % de PAI exercent aussi à domicile,majoritairement en tant qu’infirmiers indépendants(près de 2/3) ou en tant que salariés dans un centred’aide et de soins à domicile (Mengal, 2009; Stordeurel al., 2007). Ils y ont une fonction clinique et d’éduca-tion à la santé, voire de coordination des soins et del’aide à domicile (Gobert et al., 2007).Nombre de PAI exercent aussi en tant qu’enseignantsdans les centres de formation (sans que l’on ne dis-pose d’un recensement objectif). Pour pouvoir ensei-gner, une formation complémentaire est exigée, auminimum un certificat d’aptitude pédagogique maisidéalement un titre universitaire.De façon plus marginale,d’autres structures emploientégalement des PAI : maisons médicales13, centres demédecine scolaire ou de médecine du travail, milieuxcarcéraux, firmes pharmaceutiques.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche en soins infirmiers se développe parallè-lement au fait que nombre d’infirmiers contribuent àla recherche médicale clinique.

La recherche médicale clinique

Sans qu’il n’y ait eu de dénombrement précis à cetégard, des PAI exercent une fonction de «data mana-ger» dans les structures hospitalières. Leur fonctionest d’assurer un support organisationnel, administra-tif et logistique lors de la réalisation d’études médi-cales cliniques testant l’efficacité d’une nouvelle molé-cule ou d’un nouveau traitement et financées parl’industrie.Au cours de ces études, les aspects rela-tifs aux soins infirmiers ne sont pas spécifiquementdéveloppés.

La recherche en soins infirmiers

La recherche en soins infirmiers s’enseigne dès la for-mation en baccalauréat jusqu’au doctorat.Néanmoins,elle est essentiellement développée et conduite par lesuniversités,et dans une moindre mesure,par les HautesÉcoles et les Départements infirmiers des hôpitaux.Au niveau universitaire, on distingue 5 centres derecherche en sciences infirmières dont la majorité sesitue en Flandre (Université de Gent,Leuven,Bruxelleset Antwerpen) et un en Communauté française (Pôlede recherche en sciences et clinique infirmières àl’Université catholique de Louvain14). Ces différentscentres emploient au moins une dizaine de chercheurs,infirmiers de formation et détenteurs d’un master uni-versitaire (et de préférence bénéficiant d’une expé-rience clinique et/ou exerçant parallèlement à leursactivités scientifiques);ces équipes sont dirigées par unou plusieurs professeurs académiques en sciences infir-mières ou en santé publique.

Thèmes, nature et méthodes derecherche

Axes de rechercheGlobalement la recherche en soins infirmiers investi-guent 5 dimensions majeures.Organisation et développement de la profession: sous cettethématique, sont étudiés les aspects de contingente-ment des professionnels, de l’organisation des soins,de la différenciation de fonction au sein de la profes-sion, de l’image professionnelle, des hôpitaux magné-tiques,de l’optimisation des horaires infirmiers,du lea-dership infirmier,du financement des soins infirmiers…Clinique infirmière : diverses thématiques sont dévelop-pées et concernent des activités cliniques dévolues auxinfirmiers, telle la prévention et le traitement desescarres, la gestion de la douleur, la prévention de lamalnutrition, les soins psychiatriques…

BELGIQUE

12 AR 12 janvier 2006 fixant les modalités d’enregistrement comme aide-soignant (MB 03.02.2006)13 Groupement de médecins généralistes et prestataires de soins pour offrir des soins de santé de 1ière ligne14 www.sesa.ucl.ac.be/prisci

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201012

Recommandation de bonnes pratiques : divers travauxconcernent le développement, la mise à disposition etl’implémentation des recommandations de bonnes pra-tiques en veillant aussi à développer des portails webfacilitant leur consultation15.Pédagogie : certaines sections « Soins infirmiers » desHautes Écoles conduisent des recherches concernantl’enseignement des soins infirmiers et le développe-ment des compétences infirmières.Santé publique : divers travaux de recherche en soinsinfirmiers s’inscrivent dans une perspective de santépublique.

Type et méthode de recherche

Selon l’objectif de recherche, les méthodes les plus adé-quates sont déployées.Tant les approches quantitatives(étude d’observation ou d’intervention) que qualita-tives (analyse de discours, entretiens, groupesfocaux…) sont utilisées et généralement combinéespour assurer la triangulation des données et la validitédes résultats. Par contre d’autres recherches se foca-lisent davantage sur des revues systématiques de la lit-térature avec évaluation des niveaux de preuves à l’ins-tar de ce qui est requis dans le domaine.

D’autres recherches sont plutôt des recherchesactions, visant à l’implantation et l’évaluation de nou-velles pratiques de soins, avec des outils fiables etvalides.La plupart des recherches sont encadrées, soit par uncomité scientifique, surtout dans les centres univer-sitaires, soit par un comité d’encadrement constituéde chercheurs et de représentants de la profession.L’avis des professionnels est sollicité lors des diffé-rentes étapes du processus de recherche afin que lesrésultats soient le plus en adéquation avec la pratiqueclinique.

Diffusion de la recherche

Les centres universitaires sont soucieux de diffuserleurs résultats de recherche tous azimuts.Deux publicssont visés ; d’une part, la communauté scientifique àtravers les publications dans la littérature ad hoc (revuesanglophones avec peer revieuw et impact factor) et lescommunications scientifiques lors de congrès interna-tionaux ; d’autre part, les professionnels eux-mêmesgrâce à la diffusion des résultats dans la littérature pro-fessionnelle ou encore lors de congrès.

Par contre, les études conduites par les Hautes écoleset les hôpitaux s’adressent directement aux profes-sionnels et font plutôt l’objet de communication dansla langue véhiculaire des professionnels, ce qui en faci-lite la compréhension.

Sources de financement

Les sources de financement sont diverses mais les bud-gets alloués restent à la marge.Comme sources citons,la Communauté européenne, les structures fédérales16

et communautaires.Chaque université finance au moinsun professeur académique pour le développement dela recherche et la formation en sciences infirmières.

L’Evidence based nursing: duconcept à la pratique

Le fondement des pratiques infirmières sur les don-nées probantes est devenu une réalité.Comme déjà mentionné, les chercheurs veillent à co-construire avec les cliniciens les nouvelles connais-sances,en immergeant d’une part les chercheurs sur leterrain ou à l’inverse,en accueillant dans les structuresuniversitaires des cliniciens.L’étude sur « l’implémenta-tion des recommandations evidence – based en vue de l’op-timisation de la prise en charge nutritionnelle des patientsen gériatrie : une recherche-action » en est un excellentexemple (Defloor et al., 2008).

Depuis 5 ans, les autorités fédérales financent la pro-motion des pratiques cliniques fondées sur les don-nées probantes.A cette fin, une structure scientifiqueindépendante – le CEBAM17, entité reconnue par laCochrane Collaboration – est financée par les autori-tés publiques exclusivement.Ce centre a,entre autres,pour objectif de former les professionnels de la santé,et en particulier les infirmiers à l’Evidence based nur-sing et de faciliter l’accès aux données probantes etleur utilisation par la création d’une bibliothèque élec-tronique donnant accès aux guidelines internationaux,aux publications de la Cochrane Library et aux diversesbases de données (medline,BNI,CINALH…).A ce jour,ce centre a formé plus de 500 PAI à l’EBN et a validédeux recommandations de bonnes pratiques en soinsinfirmiers, fondées sur les données probantes.L’EBN est également enseigné aux infirmiers poursui-vant une maîtrise en santé publique, et de manièremoins systématique,aux bacheliers en soins infirmierset sages femmes.

15 Les projets Belgian Screening Tools et Guidelines sont deux études financées par le Service public fédéral Santé publique (c.-à-d. le Ministère)et conduite par deux centres universitaires (Universités de Gent et de Louvain) visant à mettre à disposition des PAI un ensemble d’outils etde recommandations de bonnes pratiques fondées sur les données probantes.Deux portails ont été élaborés et sont consultables aux adresseswww.best.ugent.be et www.sesa.ucl.ac.be/guidelines16 la politique scientifique fédérale (www.belspo.be), le ministère de la santé publique (SPF Santé publique), le centre fédéral d’expertise(www.kce.fgov.be; structure similaire à l’HAS français ou au NHS anglais)17 www.cebcam.be

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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

En Belgique, la profession infirmière est en plein essorbien que,comme partout ailleurs,la profession rencontreun problème de rétention des professionnels et unecharge de travail croissante sans que les normes en per-sonnel ne soient révisées.Le titre de Prestataires de l’ArtInfirmier est accessible tant à partir d’une formation deniveau secondaire que de niveau supérieur non univer-sitaire.La formation universitaire est facultative,sauf pourl’accès à certains postes à responsabilité.Dans le secteurhospitalier, on observe une différenciation de fonctionhorizontale entre les différents services spécialisés; parcontre la différenciation de fonction verticale reste peudéveloppée,on y distingue 2 niveaux: aide soignant ver-sus infirmier (spécialisé ou non).Les fonctions d’infirmieren pratique avancée ne sont pas encore officialisées. Larecherche en soins infirmiers est bien développée, dehaut niveau et largement diffusée,en attestent le nombrede publications dans des revues scientifiques et profes-sionnelles malgré les moyens octroyés.

BIBLIOGRAPHIE

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Champagne AM. Les formations infirmières etaccoucheuses organisées en communauté fran-çaise de Belgique. Mémento de l’art infirmier2006 - 2007.Waterloo: Kluwer; 2006. p. 93-132

Defloor T., Gobert M., Courtens A., Daem M.,Bocquaert I., Van Durme T., Lardennois M.,

Folens B. (2008) L’implémentation des recom-mandations evidence – based en vue de l’opti-misation de la prise en charge nutritionnelledes patients en gériatrie: une recherche-action.Service Publique Fédéral Santé Publique,Sécurité de la Chaîne alimentaire etEnvironnement. 147 p

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Defloor T. , Grypdonck M., Verhaeghe S., GobertM., Darras E. «Verpleegkundige competenties.Verslag van een onderzoek ter onderbouwingvan functiedifferentiatie in de verpleegkunde».Mechelen: Kluwer, 2004, 112p.

Gobert M., Berckmans G., Alvarez Irusta L.,Bouzegta N. Defloor T. Différenciation de fonc-tion: quelles perspectives dans le cadre de laprofession infirmière en Belgique? Cah. Socio.Démo. Med. 2009; 49 (2) :115-136.

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BELGIQUE

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le Pays. Le Bénin, petit pays de l’Afrique del’Ouest est situé entre le Nigeria à l’Est, le Togo àl’Ouest, le Burkina Faso et le Niger au Nord etl’Océan Atlantique au Sud. C’est un pays franco-phone. Il couvre une superficie de 112000 km2 eta une population estimée à 8000000 d’habitants.Les jeunes de moins de 20 ans représentent 60 %de la population.C’est un pays dont l’économie estbasée sur l’agriculture puisque ce secteur d’activitéoccupe les deux tiers de la population.Mais, le paysest loin d’être auto suffisant pour son alimentation.Il s’agit plutôt d’une agriculture de subsistance auxméthodes de production rudimentaires. En vérité,le Bénin importe une grande partie des alimentsdont il a besoin pour nourrir sa population de plusen plus urbaine, alors que s’intensifie la désertifica-tion des campagnes.

• Le système de santé. L’espérance de vie est de54 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes(données OMS 2004). La politique béninoise enmatière de santé affirme la primauté de la médecinepréventive sur la médecine curative. Il s’agit là d’unevolonté politique qui a du mal à se traduire dans lavie concrète des béninois. La réalité au quotidienmontre, à suffisance, que c’est le curatif qui occupeprioritairement les praticiens toutes catégoriesconfondues. Les infirmiers constituent la catégorieprofessionnelle la plus en contact avec les popula-tions et devraient être la cheville ouvrière de la miseen œuvre de la politique de la prévention mais, defait, ils sont plus dans le curatif que dans le préven-tif. Cette situation se comprend grâce, dune part àl’histoire de la profession infirmière au Bénin, etd’autre part en regard du genre de demandes for-mulées par les utilisateurs des services de santé. Lesgens sont plus demandeurs de curatif que de pré-ventif.Les objectifs du Ministère de la santé sont de luttercontre la mortalité infantile, le paludisme, la tubercu-lose, la drépanocytose et le Sida.Ces pathologies sont en lien direct avec les condi-tions de vie des personnes les plus modestes:manque

d’eau potable, malnutrition, difficulté d’accès auxsoins…

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de BaseAu Bénin il y a deux grandes catégories d’infirmiersissus des deux centres de formation du pays. L’écolede Parakou (au nord du pays) forme en trois ans lesinfirmiers adjoints tandis que son homologue deCotonou prépare en trois ans aussi au Diplôme d’Etatd’infirmier.

Formation post basiqueLe Bénin n’a jamais bénéficié d’une formation postbasique, école de cadres ou université. Les infirmiersqui veulent poursuivre leurs études doivent aller àl’étranger. Les formations cadres se font le plus sou-vent dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.Cependant de 1980 à 1992 un certain nombre decadres de santé Béninois a pu bénéficier de bourses(non gouvernementales) pour poursuivre,après l’écolede cadres,un cursus universitaire dans un pays franco-phone.

L’exercice professionnel

Après la formation initiale les infirmiers d’état connais-sent une évolution dans leur carrière.Ainsi l’infirmierd’état peut devenir Contrôleur d’Action Sanitaire puisInspecteur d’Action Sanitaire. Ces différents change-ments de corps ne sont précédés d’aucune formationcomplémentaire mais se font de manière administrativesur la base des péréquations.Concrètement,sur le terrain de la pratique profession-nelle, l’infirmier d’état, le contrôleur d’action sanitaireet l’inspecteur d’action sanitaire semblent accomplirles mêmes activités. La différence est perceptible seu-lement au niveau des fiches de paie.

BENINPaulin Dieudonné TCHASSOU, FormateurMaîtrise en Sciences et Techniques Sanitaires et Sociales, DEA en sciences de l’éducation, Carrière d’enseignant àl’Ecole Nationale des Infirmiers de Cotonou (Bénin), d’enseignant à l’Institut d’Enseignement Infirmier Supérieur(Ecole Internationale) de Lyon (France).

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Les bases réglementaires de l’exercice professionnelne sont pas encore clairement définies.A titre d’illus-tration l’infirmier exerçant en milieu urbain, donc àproximité des médecins, n’a pas le droit de prescrirecertains médicaments. Le même infirmier se trouvanten zone rurale jouit de toutes les libertés de pres-cription.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Il serait prétentieux de parler de recherche en soinsinfirmiers à l’étape actuelle de notre développementprofessionnel.Les seules recherches qui ont été faites par des infir-miers béninois ont été réalisées à l’extérieur de pays,dans des formations cadres ou universitaires. Cesrecherches étaient principalement orientées enanthropologie, ethnologie, pédagogie et clinique.Malheureusement,depuis une quinzaine d’années plusaucun infirmier n’a pu sortir du pays pour une for-mation de ce type faute de financement et de volontépolitique.

Le seul lieu où la recherche était abordée sous formed’initiation à la recherche est la seule école de forma-tion au Diplôme d’état du pays. Cet enseignement estarrêté depuis plusieurs années par manque d’enseignantinfirmier compétent pour le poursuivre.Les personnesqui avaient développé des compétences en rechercheont progressivement été admises à la retraite, sansqu’une politique de remplacement soit envisagée.Ce problème ne concerne pas que les enseignants dumodule d’initiation à la recherche en soins infirmiers. Ilconcerne tous les autres modules de la formation.L’EcoleNationale des Infirmiers d’Etat de Cotonou est ferméedepuis deux ans par manque d’enseignants qualifiés.

CONCLUSION

Pendant plusieurs décennies, les infirmiers Béninoisont prouvé leur intérêt et leurs compétences enmatière de recherche. Dans un pays où la santé de lapopulation nécessite une vigilance accrue, les soinsinfirmiers auraient besoin de progresser, par larecherche, pour prendre une part active dans l’amé-lioration de la situation.

BENIN

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Brésil est un pays de l’Amérique latineformé par 26 états et un district fédéral (Brasilia).C’est une république présidentialiste dont la langueofficielle est le portugais. Sa population est d’envi-ron 190 millions d’habitants vivant sur une superfi-cie de 8,5 millions de km2, ce qui représente 47 %du territoire de l’Amérique du Sud (1). La sociétébrésilienne contemporaine descend surtout d’in-diens,d’africains,d’européens et d’asiatiques.Le payspossède 20 % de la biodiversité mondiale et 3/5 dela production industrielle de l’économie sud-amé-ricaine, notamment la production de grains, l’extra-ction de pétrole et la production d’avions.L’espérance de vie est actuellement de 72,3 ans (1). C’est un pays reconnu pour ses richesses, sadiversité culturelle et pour les inégalités écono-miques et sociales.

• Le système de santé. Dès 1990, le Brésil a misen place « le Système Unique de Santé» (SUS) quiest basé sur la garantie constitutionnelle que la santéest un droit des citoyens et une obligation de l’État(2). Les fondements du SUS sont axés sur l’intégra-lité, l’universalité, la décentralisation de la gestion, laparticipation populaire et un modèle épidémiolo-gique qui met l’importance sur la prévention et lapromotion de la santé.En fait, le SUS est un systèmede mesures générales ou nationales, mises sur piedde façon régionale. Le SUS est public et gratuit maisil co-existe avec un système privé contrôlé par uneagence gouvernementale.

Les soins infirmiers sont présents dans le réseaupublic et privé, dans le réseau de soins de baseou hospitaliers. Les infirmières y occupent despostes dans le domaine des soins infirmiers etelles peuvent également devenir gestionnaires dusystème.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseLes soins infirmiers possèdent trois catégories profes-sionnelles:- Infirmière : sont appelées « infirmières » celles qui

possèdent un Baccalauréat en Sciences Infirmières(niveau licence universitaire) dont la formation a unedurée de 4000 heures

- Infirmière Technicienne: elles ont 11 ans de forma-tion générale et 1800 heures de formation profes-sionnelle. (3)

- Infirmière Auxiliaire : elles ont 11 ans de formationgénérale plus 1200 heures de formation profession-nelle.

Le champ d’exercice de chaque catégorie profession-nelle est défini par une loi (4). Les cours universitairessont sous la direction du Conseil National de l’Éduca-tion (5).Actuellement, il y a 791 cours universitaires enSciences Infirmières (6).

Formation post basiqueAprès la graduation, il est possible de continuer lesétudes de post-graduation:- stricto sensu (Maîtrise et Doctorat).

Les post – graduations stricto sensu sont des pro-grammes de Maîtrise et Doctorat ouverts aux candi-dats détenteurs d’un diplôme universitaire et quirépondent aux exigences d’admission des Institutionsd’enseignement qui offrent les programmes (7).Il y a actuellement dans le domaine des SciencesInfirmières 35 Programmes stricto sensu au Brésil : 17programmes de Doctorat, 32 programmes deMaîtrise Académique (plus dirigés vers la formation deprofesseurs en sciences infirmières) et 3 programmesde Maîtrise Professionnelle (plus dirigés vers la pra-

BRÉSILElizabeth BERNARDINOInfirmière.PhD.Professeure Adjointe du Departement des Sciences Infirmières de l’Universidade Federal do Paraná,Curitiba, Brasil.Maria Ribeiro LACERDAInfirmière. PhD. Professeure Adjointe du Departement des Sciences Infirmières de l’Universidade Federal do Paraná,Curitiba,Brasil.Coordinatrice du 3ème cycle en Sciences Infirmières de l’Universidade Federal do Paraná,Curitiba,Brasil.

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tique infirmière) (8).Une maîtrise professionnelle viseà améliorer la qualité des soins dans les institutionsde santé.

- lato sensu (spécialisations, résidences)Il existe aussi un type de formation continue appelé« résidence en soins infirmiers » ou une résidencemulti professionnelle. En général, ce sont des pro-grammes spéciaux, répondant à des besoins straté-giques, proposés et financés par le gouvernement etmis sur pied par les institutions d’enseignement (uni-versités, hôpitaux universitaires). Les étudiants (pro-fessionnels) sont rémunérés pendant les 2 annéescorrespondant à la durée du programme.

L’exercice professionnel

L’infirmière peut exercer sa profession dans 4domaines différents. Les soins, la gestion, l’éducationet la recherche.Dans les soins,elle peut travailler dansles différents lieux où se donnent les soins: unités desoins de base (dans les communautés locales), les hôpi-taux, les cliniques privées ou dans le monde du travail.Dans la gestion, elle peut occuper des postes, soit dansla gestion des soins, soit dans la gestion du système oùdans la gestion des équipes multidisciplinaires. Dans leréseau de soins de base,les infirmières peuvent plus faci-lement obtenir des postes de gestionnaires qu’ailleurs.Dans l’enseignement, elle peut exercer sa professiondans les écoles techniques ou dans les différents pro-grammes des facultés de soins infirmiers.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES (RSI)

Les professionnels infirmiers peuvent participer à larecherche, mais elle est davantage réalisée par lesdétenteurs d’un doctorat qui travaillent dans les uni-versités publiques ou privées.La recherche est une activité récente pour les infir-mières brésiliennes. On peut dire que les dernièresdécades ont été des années très importantes pour larecherche en soins infirmiers au Brésil et qu’elle seconsolide peu à peu. C’est un défi de la populariserparmi les infirmières mais le résultat démontre que lenombre de chercheurs augmente chaque année (9).Il n’y a peu d’infirmières chercheurs qui se consacrentexclusivement à la recherche.La majorité des recherches est actuellement réaliséepar les détenteurs d’un doctorat, les élèves de la post-graduation (maîtrise et Doctorat) et les élèves de lagraduation (baccalauréat) qui ont une bourse d’initia-tion scientifique.Cette bourse est généralement reliéeà leurs professeurs. Les infirmières des grandes insti-tutions de santé peuvent être amenées aussi à fairedes recherches.

Le gouvernement stimule la création de groupes derecherche, composés majoritairement par des infir-mières.Au cours des dernières années, des groupesmultidisciplinaires ont été mis sur pied, particulière-ment ceux qui se préoccupent de la santé communau-taire et des sciences sociales.Les groupes de recherche sont apparus dans les années 70et ils ont augmenté de 50 % au cours des cinq dernièresannées.Au sein du Conseil National de Développementscientifique (CNPQ) on retrouve 362 groupes derecherches en soins infirmiers enregistrés. (8-2)Dans chacun de ces groupes,on trouve au moins un doc-teur,des étudiants de graduation (baccalauréat) et post-graduation (maîtrise ou doctorat) ainsi que des infir-mières. De tels groupes de recherche obtiennent plusfacilement des supports techniques et financiers; la ten-dance actuelle est la recherche en collaboration avec despartenariats inter professionnel et inter institutionnel.Donc, ces groupes de recherche proposent une excel-lente organisation pour la réalisation d’activités collec-tives en vue de produire des connaissances (10).La majorité de la recherche réalisée au Brésil est liéeaux programmes de post- graduation des universités.L’activité de recherche se développe à l’intérieur deces programmes-là pour la création et la consolida-tion des questions et des devis de recherches, de l’ac-croissement quantitatif des publications.L’augmentation et la valorisation des programmes depost-graduation ont influencé le comportement scien-tifique des infirmières, qui ont réalisé qu‘une activitéde recherche constituait la condition préalable à l’ob-tention du titre envisagé,soutenant le lien étroite entrela post-graduation et le développement de la rechercheau Brésil (11).

L’Association Brésilienne de Soins Infirmiers (ABEN)a créé, dans les années 70, le Centre de Recherche enSoins Infirmiers (CEPEN).Depuis 1979,ce centre offreun séminaire national de recherche en soins Infirmierstous les deux ans où on discute les politiques de déve-loppement de la science infirmière et le raffermisse-ment de la recherche au Brésil (12).Annuellement, le gouvernent présente la liste des prio-rités de recherches dans tous les domaines y compriscelles du domaine de la santé (13).Les soins infirmiers ont élaboré leurs propres priori-tés en 2001 en ciblant les soins infirmiers cliniques, laprofession infirmière et la gestion (14). Même si leschercheurs sont en principe libres de choisir leurspropres sujets de recherche,on s’aperçoit qu’il y a unesimilitude entre les thèmes de recherche des cher-cheurs et les domaines recommandés, ce qui estlogique car les recherches qui ciblent les priorités gou-vernementales ont plus de chance d’obtenir un finan-cement.Le financement de la recherche est concentré dans lesagences gouvernementales, mais certaines agencesinternationales ou organisations non gouvernemen-

BRÉSIL

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tales (ONG) offrent également quelques subventionsde recherche.Ces agences subventionnent des projetsréalisés par des réseaux de recherches composés dechercheurs de différentes régions du pays ou venantd’autres pays. Par ailleurs, les chercheurs déjà subven-tionnés peuvent obtenir une sorte de bourse de pro-ductivité en recherche qui est donnée sur la base deleur dossier individuel.Actuellement, il y a 130 bourses allouées à des infir-mières (8-3).

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les résultats des recherches sont présentés dans despublications scientifiques et des congrès nationaux etinternationaux.Dans les dernières années, les infirmièresbrésiliennes ont publiés dans 227 revues scientifiquesdont, 23 revues en soins infirmiers brésiliennes, 174revues d’autres domaines et 53 internationales (8-4).

On observe toutes sortes méthodes de recherche,maisil y a une prédominance d’études exploratoires avec uneapproche qualitative.On observe aussi une augmentationdu nombre d’études expérimentales ou quasi-expéri-mentales, avec l’accroissement des recherches fournis-sant des preuves ou « évidence based nursing ».

Les bases théoriques ou les concepts théoriques quiservent de fondements aux recherches sont très diver-sifiées selon les groupes de recherche, les universitésou les régions du Brésil.On peut identifier des étudesethnographiques, phénoménologiques, herméneu-tiques, historiques, sociales et celles qui utilisent lesthéories en soins infirmiers dont les plus populairessont Leininger,Watson,et Orem.Les groupes plus reliésà la santé communautaire, à la gestion et à la santé destravailleurs produisent des recherches inspirées dumatérialisme historique et de la dialectique sous l’in-fluence d’écrivains sud américains.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

L’application des résultats des recherches dans la pra-tique professionnelle a été peu évaluée mais il est pos-sible d’affirmer que les recherches dans le domaine dela formation et de la clinique (plus reliée aux tech-niques) sont plus utilisées.Cependant,deux tendancesrisquent d’accroître l’application des résultats derecherche dans la pratique: la première découlant dela généralisation des soins infirmiers basés sur des

résultats probants et la deuxième vient d’une demandeaccrue de recherches d’interventions pour améliorerla qualité des soins.

CONCLUSION

Finalement on observe, actuellement au Brésil, desefforts concertés du gouvernement, des écoles enSciences infirmières et des leaders en soins infirmierspour promouvoir une meilleure intégration de larecherche dans la pratique.

On peut souligner le financement de programmes demaîtrises professionnelles pour les infirmières en exer-cice, le financement de groupes de recherche ouencore, des offres de financement ciblant les princi-paux problèmes de santé. De plus, on note actuelle-ment, une meilleure orientation des études de 2ème etde 3ème cycle qui sont plus conformes aux besoins desusagers et des professionnels de santé.Tous les acteursimpliqués sont finalement convaincus que la rechercheproduit des connaissances en mesure de fortifier laprofession infirmières,de lui donner plus de visibilité etproduire des résultats en mesure d’influencer la pro-motion et la protection de la vie, essentielles au déve-loppement de la société brésilienne.

RÉFÉRENCES

(1) Le pays In « Brasil » 2009http://www.brasil.gov.br/

(2) Lei 8080 du 19 septembre 1990 dispõe sobreas condições promoção, proteção e recupera-ção da saúde, a organização e o funciona-mento dos serviços correspondentes. Brasília1990.

(3) Resolução CEB n. 4, du 8 decembre 1999 ins-titui as Diretrizes Curriculares para a EducaçãoProfissional de Nível Técnico. Conselho Nacionalde EducaçãoBrasília 1999.

(4) Lei 7.498 du 26 juin 1986 regulamenta oexercício da enfermagem no Brasil.Basília 1986

(5) Resolução CNE/CES n.3 du 9 novembre 2001dispõe sobre Diretrizes Curriculares para os cur-sos de Graduação em Enfermagem.

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Ministério da Educação (BR), ConselhoNacional de Educação, Câmara de EducaçãoSuperior.Ministério da Educação (BR). Instituto Nacionalde Educação Superior 2009

(6) http://www.educacosuprrior.inep.gov.br

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(8) Coordenação de aperfeiçoamento de pes-soal de nível superior – CAPESMinistério da Educação 2009http://www.capes.gov.br

(9) Leite (JL), Ximenes Neto (FRG), Cunha (ICKO)Centro de Estudos e Pesquisa em Enfermagem(CEPEn): uma trajetória de 36 anosIn « Rev bras enferm » v.60 n.6 Dec 2007 PP621à 626

(10) Erdmann (AL), Lorezoni (GMM)Características dos grupos de pesquisa da enfer-magem brasileira certificados pelo CNPQ de2005 a 2007.

In « Rev Enferm Esc Anna Nery » v.12 n.2 Jui2008 PP 316 à 322

(11) Santos (TCF), Gomes (MLB)Nexos entre pós-graduação e pesquisa emEnfermagem no BrasilIn « Rev bras enferm » v.60 n.1 Fev 2007 PP 91à 95http://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_art-text&pid=S0034-71672007000100017&lng=en

(12) Rodrigues (RAP), et alDoctoral education in nursing in BrazilIn « Rev. Latino-Am. Enfermagem » v.16 n.4Aout 2008 PP 665 à 671http://www.scielo.br/scielo.php?script=sci_art-text&pid=S0104-11692008000400003&lng=en

(13) Agenda Nacional de Prioridades dePesquisa em SaúdeMinistério da Saúde Secretaria de Ciência,Tecnologia e Insumos Estratégicos, Brasília 2008

(14) Consolidação das propostas de linhas depesquisa em enfermagem SENPE. SeminárioNacional de Pesquisa em Enfermagem, Belémdo Pará, 2001www.abennacional.org.br/download/linha-pesq11senpe.doc

BRÉSIL

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Burkina Faso est un pays sahélienenclavé, situé en Afrique de l’Ouest. Il couvre unesuperficie de 274 200 km2 et est limité par six pays:le Mali, le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côted’Ivoire. Son climat tropical de type soudanien,alterne une saison sèche d’Octobre à Avril et unesaison pluvieuse de Mai à Septembre.Le pays est sub-divisé en 13 régions,45 provinces et 351 communes.La population est de 14 017 262 habitants (InstitutNational de la statistique et de la démographie,2006).Les femmes représentent 52 %.

• Le système de santé. Sur le plan administratif,le système de santé comprend trois niveaux:

- le niveau central qui est organisé autour du Cabinetdu Ministre et du Secrétariat général ;

- le niveau intermédiaire, comprenant les DirectionsRégionales de la Santé (DRS) au nombre de 13;

- le niveau périphérique représenté par les districtssanitaires au nombre de 63, entités opérationnellesles plus décentralisées du système national de santé.Sur le plan organisationnel, les structures publiquescomportent trois niveaux qui assurent des soins pri-maires (districts sanitaires), secondaires (CentresHospitaliers Régionaux) et tertiaires (CHU).

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Organisation générale

L’ENSP est l’entité nationale qui est chargée de la for-mation du personnel infirmier.Les effectifs par promo-tion connaissent une augmentation substantielle depuis1993.Cela s’inscrit dans le cadre du programme d’ajus-tement structurel grâce à la priorité accordée aux sec-teurs sociaux dont la santé (Ministère de la santé duBurkina Faso,2000).Le recrutement du personnel infir-mier se fait sur titre ou sur concours.Le rythme annuelde sortie est en moyenne de 300 infirmiers. Endécembre 2008, la Direction des ressources humainesdu Ministère de la santé estimait l’effectif du personnel

infirmiers à plus de 7000 (toutes catégories confon-dues : infirmiers cadres, infirmiers diplômés d’état etbrevetés).

Il convient de noter la création en 1995 d’un servicede soins infirmiers et obstétricaux au niveau central,plus précisément à la Direction de la tutelle des hôpi-taux publics.Placé sous la responsabilité d’un infirmiercadre supérieur,ce service apporte un appui techniqueaux hôpitaux en vue d’améliorer de façon continue laqualité des soins infirmiers et obstétricaux.

Cursus de formation

Formation de baseLa formation de base des infirmiers se fait à deuxniveaux. Ces derniers débouchent respectivementsur les diplômes d’Infirmier Breveté (IB) à l’issu dedeux ans de formation et d’Infirmier d’État (IDE)après trois ans de formation. L’accès à ces deux caté-gories de formation se fait par concours direct ouprofessionnel.Concernant le concours direct, les can-didats, pour le diplôme d’infirmiers brevetés, doiventposséder le Brevet d’Études du Premier Cycle(BEPC) et ceux du diplôme d’infirmiers d’État, leBEPC et le niveau de la classe de terminale. Pour cequi est du concours professionnel, les candidats doi-vent être des agents itinérants de santé (aides soi-gnants) ayant 5ans d’ancienneté professionnelle pourle diplôme d’IB ou des infirmiers brevetés, ayant cinqans d’ancienneté professionnelle pour le diplôme d’É-tat d’infirmier.

Formation post basiqueEnsuite, il y a la formation d’infirmier cadre quidébouche sur le titre professionnel « d’attaché desanté » et qui regroupe plusieurs filières (soins infir-miers, ORL, anesthésiologie-réanimation, chirurgie,ophtalmologie, santé et sécurité au travail, santé men-tale, épidémiologie, pédiatrie). L’accès à cette forma-tion se fait par voie de concours et concerne les IDEayant une ancienneté professionnelle de 3 à 5 ans. Lesinfirmiers cadres interviennent en milieu clinique (pra-tique avancée), en formation et en gestion.

Enfin, la formation universitaire des niveaux de masteret de doctorat n’est pas disponible pour le momentau Burkina Faso, elle se fait plutôt à l’étranger.

BURKINA FASOJoséphine TAPSOBA/SAWADOGO,M. Sc. Inf.Administrative Officer/Nurse, Équipe d’Appui Inter pays de l’OMS pour l’Afrique de l’Ouest -Burkina Faso

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Exercice professionnel

Les bases réglementaires de l’exercice infirmier se fon-dent sur :• La Loi N°23/94/ADP du 19 mai 1994 portant Code de

la Santé Publique qui stipule en son article 140 qu’:« ilest institué un ordre national des infirmiers/ères regrou-pant obligatoirement tous les infirmiers/ères habilités(es) à exercer leur profession au Burkina Faso.L’organisation et le fonctionnement de l’ordre des infir-miers (ères) sont déterminés par voie réglementaire ».Pour ce faire, l’Ordre National des Infirmiers etInfirmières du Burkina Faso (ONII-BF) a été mise enplace le 9 décembre 2006 et est dirigé par un conseilnational, composé de 09 membres. L’ONII-BF a pourbut d’assurer la protection de la santé des populationsen contrôlant et en régulant l’exercice de la professioninfirmière au Burkina Faso. Pour cela, il s’oblige auxdevoirs suivants:

- élaborer,publier et réviser régulièrement un code dedéontologie des infirmières et infirmiers;

- contribuer au développement de la profession infirmière;- donner des avis motivés sur les politiques nationales

de santé, la qualité des soins, la formation de base etla formation continue des infirmières et infirmiers;

- traiter des infractions au code de déontologie;- travailler à l’émergence d’une vraie identité infirmière;- défendre l’indépendance et l’honneur de la profes-

sion infirmière;- tenir à jour et publier le tableau de l’ordre;- entretenir des relations de partenariat avec d’autres

organisations sœurs tant nationales qu’internationales;- conserver son autonomie vis à vis de toutes autres

structures tant nationales qu’internationales.

Au stade actuel, l’ONII-BF est opérationnel dans lestreize régions administratives du Burkina Faso.• La Loi N° 034/98/AN,portant Loi Hospitalière du 18

mai 1998 qui stipule en son article 40, qu’il est créédans chaque établissement hospitalier, un service decoordination des soins infirmiers et obstétricaux.L’application des textes réglementaires de la Loi apermis la mise en place dudit service dans l’ensembledes hôpitaux publics du pays.

La formation continue

Le renforcement des compétences en milieu de tra-vail se fait par le biais des cours de recyclages sousforme de séminaires et ateliers.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Bien que l’origine de la recherche en sciences infir-mières remonte au XIXème siècle avec la pionnière

Florence Nightingale, elle est encore en émergencedans certains pays non industrialisés tels que le BurkinaFaso.Longtemps considérée comme une discipline dela science biomédicale, elle fait partie intégrante de laprofession infirmière. En effet, à tous les niveaux deformation, les infirmières ont la responsabilité de par-ticiper au développement de la connaissance ensciences infirmières et à son utilisation dans la pratique(Fortin, 1996). Outre l’acquisition des savoirs, larecherche permet d’améliorer la qualité des soins et lasanté des populations.

Au Burkina Faso, la recherche en sciences infirmières,prend son essence au niveau du cycle supérieur de l’École Nationale de Santé Publique (ENSP),des étudesdu niveau universitaire (Master et Doctorat, réalisésprésentement à l’étranger) et du milieu de travail avecla recherche action.Toutefois, très peu de résultats deces recherches sont diffusés.En conséquence, leur uti-lisation dans la pratique connaît un handicap majeur.

La recherche en soins infirmiers est réalisée en grandepartie par les étudiants sous forme de mémoire de find’études d’infirmier cadre (École Nationale de SantéPublique), de niveau master ou de thèse de doctorat(Universités étrangères). La recherche action menéeau sein les établissements sanitaires, associations etONG sont souvent pluridisciplinaires.

THÈMES NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

• Les thèmes abordés sont laissés aux choix desinvestigateurs. Toutefois, les orientations de laPolitique sanitaire nationale et les objectifs du millé-naire pour le développement (OMD) influencentmajoritairement ces choix. Bien que d’énormesefforts aient été consentis au cours de ces dernièresannées par l’État Burkinabé et ses partenaires,en vuede promouvoir la recherche en santé en générale etplus spécifiquement la recherche en soins infirmiers,son financement demeure un véritable problème. Iln’existe pas de fonds alloués spécifiquement pour larecherche en sciences infirmières encore moins depostes d’infirmiers chercheurs.

• En terme de diffusion, très peu de résultats derecherche sont diffusés.La diffusion se fait essentiel-lement à travers les congrès nationaux (associationsprofessionnelles…) et internationaux (SIDIIEF).Soulignons que les congrès internationaux consti-tuent des grandes opportunités pour les diffusionsdes travaux de recherche en sciences infirmières.Cependant, il convient de noter que le faible taux departicipation des infirmiers à ces cadres de rencontre

BURKINA FASO

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limite les possibilités. L’accès aux revues de publica-tion s’avère être difficile dans le contexte africain engénéral et celui du Burkina Faso en particulier.

• Méthodes de recherche. Les types derecherche majoritairement réalisés sont la rechercheappliquée et la recherche action. Les méthodes des-criptives quantitatives et qualitatives demeurent lesplus couramment utilisées.Au cours des cinq der-nières années, l’orientation des thèmes a concernébeaucoup plus la clinique, la santé publique, l’accueilet l’éducation des patients ainsi que la gestion desservices de santé. Les concepts et les théories utili-sés puisent leur source dans l’orientation des thèmesretenus.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

La faible diffusion des travaux de recherche influencefortement l’utilisation des résultats dans la pratique.Sollicités la plupart du temps par les étudiants en find’études d’infirmiers cadres (École Nationale de SantéPublique; Universités Étrangères etc.) pour participeraux différentes recherches en sciences infirmières, lespraticiens n’ont pas toujours l’opportunité d’avoir unerestitution des résultats de la part des investigateurs.Même lorsque ladite restitution est faite, les mesuresd’accompagnement pour la mise en œuvre des recom-mandations font souvent défaut. Perçue sous un telangle, la recherche en sciences infirmières devient uneexigence académie et un devoir à accomplir pour pré-tendre obtenir un diplôme.Pourtant, la valorisation etla promotion de la profession infirmière ainsi que l’amé-lioration de la qualité des prestations infirmières pas-sent forcement par la recherche, la diffusion du savoirinfirmier et l’utilisation de ce savoir dans la pratique.

CONCLUSION

Les infirmiers ont le devoir professionnel de fourniraux populations des prestations de haute qualité.Pource faire, l’amélioration continue de la qualité des soinsdoit être soutenue par des preuves scientifiques issuesdu savoir infirmier constamment actualisé. Dès lors,

la recherche en sciences infirmières devient indispen-sable et incontournable pour générer de nouvellesconnaissances, évaluer les pratiques et les servicesexistants et apporter des informations qui servirontde repères pour l’enseignement, la pratique, larecherche et la gestion (Conseil International desInfirmières, 1997).

Il s’avère plus que jamais nécessaire que les États, lesorganisations et institutions tant nationales qu’inter-nationales fournissent un appui technique et financiersubséquents pour le développement de la rechercheen Sciences infirmières, la diffusion des résultats et leurutilisation dans la pratique.

RÉFÉRENCE

(1) Assemblée Nationale (1998). Loi 034/98/AN,portant Loi Hospitalière. Document inédit,Burkina Faso.

(2) Assemblée des Députés du Peuple (1994).Loi N° 23/94/ADP, portant Code de la SantéPublique. Document inédit, Burkina faso.

(3) Conseil International des Infirmières (1997).La recherche en soins infirmiers : établir unordre du jour international pour la recherche.Rapport du Comité d’experts sur la rechercheen soins infirmiers. Genève.

(4) Institut National de la statistique et de ladémographie (2006). Recensement général dela population et de l’habitat. Document inédit,Burkina faso.

(5) Ministère de la santé (2001). Plan Nationalde développement sanitaire 2001-2010.Document inédit, Burkina faso.

(6) Ministère de la santé du Burkina Faso (2000).Document de Politique Sanitaire Nationale.Document Inédit, Burkina Faso.

(7) Ordre National des Infirmiers et Infirmièresdu Burkina Faso (2006). Statuts et Règlementintérieur. Document inédit, Burkina faso.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Canada est le deuxième plus grandpays au monde en superficie,mais se situe au 39erangsur le plan de la densité démographique. Le terri-toire est divisé en 10 provinces,d’est en ouest,et en3 territoires au nord. Statistique Canada (2009)estime la population à 33,7 millions d’habitants,dontla grande majorité est anglophone. Le Canadacompte 8 millions de francophones dont la majoritédemeure au Québec.

• Le système de santé. Le Canada est doté d’unsystème de soins de santé universel qui couvre tousles services médicaux et hospitaliers médicalementnécessaires.Le Canada compte 13 régimes d’assurancemaladie provinciaux et territoriaux de soins de santéqui sont majoritairement financés par les provinces.Les services de santé et les services sociaux sont dis-pensés par environ 1,6 million de personnes: infir-mières,médecins et autres professionnels de la santé.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

• Généralités Les infirmières canadiennes travaillenten majorité (63 %) dans des établissements de soinsde courte durée (hôpitaux), alors que 14 % d’entreelles travaillent en santé communautaire,notammenten soins à domicile et en santé publique,et 10 % tra-vaillent dans des centres d’hébergement de soins delongue durée (CHSLD ou Nursing Homes) (ICIS,2008). En 2007, on comptait 274 274 infirmièresautorisées au Canada incluant les infirmières prati-ciennes (IP). La majorité des infirmières, soit 78 %,donnent des soins directs à la population, 7 % desinfirmières occupent un poste administratif, et 15 %un autre poste (en éducation,en recherche ou autre)(ICIS, 2008).Au cours des cinq dernières années, laspécialité d’infirmière praticienne a fait son appari-tion dans plusieurs provinces. En 2007, on compte

1346 infirmières praticiennes autorisées répartiesdans toutes les provinces et tous les territoires. LeYukon est la seule région à ne pas offrir de pro-grammes de formation pour les IP (ICIS, 2008).

• L’exercice professionnel Au Canada, toutcomme dans les provinces canadiennes, les infirmièressont régies par un ordre professionnel. L’Associationdes infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) est unefédération composée de 11 associations et ordresprofessionnels qui représentent plus de 136 00 infir-mières et infirmiers autorisés et infirmières et infir-miers praticiens de neuf provinces et deux territoires(AIIC, 2009). Le Québec est la seule province auCanada à avoir un ordre professionnel distinct: l’Ordredes infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).L’AIICsoutient les infirmières dans leur pratique et préconisedes politiques favorables à la santé,ainsi qu’un systèmede santé de qualité. De plus, l’AIIC représente le sec-teur des soins infirmiers auprès des différents orga-nismes et du gouvernement canadien, sur la scènenationale et internationale.Elle joue un rôle actif dansl’élaboration de politiques législatives qui ont une inci-dence sur les décisions relatives aux soins de santéqui touchent les professionnels des soins infirmiersdans leur travail quotidien (AIIC, 2009).

En plus de représenter les infirmières du Canada, l’AIICassure un rôle de protection auprès du public et s’as-sure que toutes les infirmières ont un niveau de com-pétence suffisant avant de commencer à pratiquer.Lesétudiantes en sciences infirmières doivent donc pas-ser un examen professionnel avant d’être autoriséesà pratiquer leur profession et à porter le titre d’infir-mière.Les infirmières doivent aussi respecter un codede déontologie prescrit par l’AIIC (2009).La réglemen-tation met l’accent sur la protection du public et onassure ainsi à la population des soins sécuritaires etconformes à l’éthique d’un personnel qualifié et com-pétent (AIIC, 2007).

Cursus de formation

La formation de base. La formation des infirmièresautorisées.

CANADA

CANADANicole OUELLET,Ph.D. Sciences infirmières, Professeure en sciences infirmières - UQAR Rimouski, Québec, CanadaHélène SYLVAIN,Ph. D. Sciences infirmières, Professeure en sciences infirmières - UQAR Rimouski, Québec, CanadaLa recherche en sciences infirmières au Canada a fait des progrès considérables au cours des dernières décen-nies. Nous tenterons de faire un portrait de la situation en exposant brièvement le contexte des soins de santéet l’organisation professionnelle des infirmières. Puis nous ferons état de la formation des infirmières et de larecherche en sciences infirmières qui sont toutes deux étroitement liées.

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La formation des infirmières au Canada s’est modifiéesubstantiellement au cours des 10 dernières années.Auparavant, les infirmières suivaient pour la plupartune formation technique dans un collège (préuniversi-taire). La pratique infirmière s’est complexifiée et lesbesoins de formation se sont accrus, conduisant à unrehaussement de la formation collégiale à un niveauuniversitaire.Actuellement, 62 % des infirmières enposte au Canada possèdent une formation de niveaucollégial (ICIS, 2008) mais le nombre d’infirmières for-mées à l’université a augmenté et continuera d’aug-menter dans les prochaines années, puisque la forma-tion initiale au baccalauréat est maintenant la seuleformation disponible dans la majorité des provincescanadiennes.Toutes les provinces et tous les territoires,à l’exception du Québec et du Yukon,exigent des infir-mières une formation universitaire ou effectuent latransition vers cette exigence. Les provinces de l’estdu Canada (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick,Terre-Neuve et Île-du-Prince-Édouard) offrent le bac-calauréat comme seule option de formation depuis1998.Trois autres provinces ont complété la transitionvers le baccalauréat comme seule formation, laSaskatchewan depuis 2000, l’Ontario depuis 2005 et laColombie-Britannique depuis 2006. Le Manitoba esten cours de transition et quelques programmesmenant à un diplôme existent encore. L’Alberta aadopté un programme menant à un baccalauréat avecoption de diplôme pour certains étudiants et a pro-posé que la transition vers le baccalauréat soit achevéed’ici la fin de décembre 2009.Les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut prévoient de terminer la transi-tion vers le baccalauréat comme exigence d’entrée enpratique d’ici 2010.Le Yukon pour sa part n’offre aucunprogramme de formation universitaire menant à la pra-tique infirmière (AIIC & ACÉSI, 2009). Plusieurs pro-grammes en sciences infirmières sont offerts en conti-nuité du collège à l’université. Ces programmesdébutent au collégial et se terminent à l’université pourl’obtention d’un diplôme de premier cycle universi-taire, le baccalauréat. D’autres programmes s’offrentseulement à l’université, ce sont les baccalauréats deformation initiale.Au Canada, excluant le Québec, 96écoles offrent des programmes de formation pour les infir-mières.

La formation continueToutes les associations professionnelles d’infirmièrescanadiennes appuient des stratégies qui encouragentles infirmières à poursuivre des formations après l’ob-tention de leur diplôme et pour celles qui n’ont pas dediplôme universitaire, à poursuivre leurs études pourobtenir un baccalauréat en sciences infirmières. En2007, 1934 infirmières diplômées ont complété leurformation par un programme de baccalauréat ensciences infirmières (AIIC & ACESI, 2008). La forma-tion continue est aussi une stratégie fortement encou-ragée par l’AIIC (1999) et les ordres provinciaux pour

encourager les infirmières à maintenir leurs compé-tences ainsi que pour accroître leurs connaissances etleurs compétences spécialisées.Deux provinces cana-diennes, la Colombie-Britannique et l’Ontario,ont desprogrammes structurés de maintien de la compétencepour les infirmières. Les infirmières de ces deux pro-vinces doivent tenir des registres de leur participationà des activités de formation continue pour le maintiende leur compétence. Néanmoins, aucune réglementa-tion n’a d’exigences précises en ce qui a trait aunombre d’heures de formation et au type de forma-tion requise pour le maintien des compétences. Parcontre, toutes les provinces exigent un nombre pres-crit d’heures de pratique pour obtenir le renouvelle-ment du permis d’exercice.Une infirmière n’ayant pasun nombre prescrit d’heures au cours d’une périodedéterminée, doit mettre à jour ses compétences pardes cours de recyclage incluant des stages afin d’obte-nir l’autorisation de retourner exercer sa professiond’infirmière.

La formation post basiqueLa maîtrise en sciences infirmières est offerte dans 33universités au Canada, dont au Québec.Au Canada,603 étudiantes ont diplômé à la maîtrise en sciencesinfirmières en 2007,alors que 44 étudiantes ont obtenuun doctorat en sciences infirmières (AIIC & ACESI,2008). Les admissions au deuxième cycle universitairecontinuent d’augmenter depuis quatre ans; en 2006-2007 les universités canadiennes admettaient 946 étu-diantes dans leurs programmes de maîtrise (AIIC &ACESI,2008).Toujours en 2007,330 infirmières termi-naient leur cours d’infirmière praticienne comparati-vement à 70 en 2001.La formation doctorale au Canada est relativementrécente,puisque ce n’est que depuis 1991 que les infir-mières peuvent suivre un programme de doctorat dansleur discipline. Il existe présentement 15 programmesde doctorat en sciences infirmières au Canada et lenombre d’étudiantes qui y sont inscrites s’élevait à 390en 2005. L’AIIC (2009) dénombre présentement 432infirmières ayant un diplôme de doctorat (0,2 % desinfirmières) et 6870 possédant un diplôme de maîtrise(2,6 % des infirmières).La plupart des infirmières déte-nant un doctorat enseigne à l’université à titre de pro-fesseure ou professeure/chercheure.Mentionnons aussique les activités de recherche en sciences infirmièresse développent principalement dans les universitéscanadiennes en collaboration avec les établissements desanté.Les différentes associations d’infirmières s’entendentsur le fait qu’il faut posséder au moins un doctorat pourentreprendre une recherche indépendante.La capacitéen recherche est donc tributaire d’une formation doc-torale et cela nécessite un soutien financier aux étu-diants des niveaux doctoral et postdoctoral (ACESI,2008). Des incitatifs provenant des principaux orga-nismes de financement ont été mis en place pour favo-

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riser la poursuite de ce type de formation.À cet effet,on note une augmentation des bourses octroyées etdes montants accordés pour poursuivre des étudesdoctorales et postdoctorales (ACESI, 2008).

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Le financement de la recherche

La recherche en sciences infirmière au Canada a connuun essor considérable au cours des 10 à 15 dernièresannées. C’est en partie grâce aux investissementsaccrus des gouvernements fédéral et provinciaux, pardes programmes spécifiques de financement pour lesrecherches en sciences infirmières, par exemplel’Institut de recherche en santé du Canada (IRSC) etle Fond canadien pour la recherche sur les services desanté (FCRSS) (ACESI, 2008).La recherche en sciences infirmières a connu une crois-sance accélérée au Canada depuis le début des années2000. Cependant, la période précédente a été plutôtdifficile et les recherches infirmières peu subvention-nées.Avant 1965, peu de projets de recherche étaientmenés dans les écoles universitaires de sciences infir-mières en raison du manque de financement et de sou-tien à l’infrastructure ainsi que de l’absence de pro-grammes doctoraux en sciences infirmières (ACESI,2008).Les années 1970 ont été marquées par la tenuede la première conférence nationale sur la rechercheen sciences infirmières au Canada et la mise sur pieden 1979 du premier centre de recherche en sciencesinfirmières canadien, à l’Université McGill. Puis, dansles années 1980, les organismes de financement fédé-raux se sont engagés dans la recherche en sciencesinfirmières (CRM, PNRDS)1. C’est à ce moment quela nature de la recherche en sciences infirmières s’estéloignée du thème de l’éducation pour s’intéresserdavantage à la réponse humaine à la maladie (ACESI,2008).Avec l’arrivée des programmes de doctorat dansles années 1990, la recherche a pris un essor considé-rable. Les montants accordés par les organismes sub-ventionnaires ont augmenté ainsi que le nombre debourses octroyées à des étudiantes infirmières en doc-torat et en postdoctorat. Un consortium canadienpour la recherche et l’innovation en sciences infir-mières a été formé en 2004,à la suite de l’initiative qu’a

eu le Bureau de la politique des soins infirmiers deSanté Canada de réunir les grandes associations natio-nales d’infirmières, l’AIIC, l’ACESI, la FIIC, l’ACDSI etl’ACRI2 (ACESI,2008).Ce consortium a analysé la capa-cité de recherche en sciences infirmières au Canada,dont voici quelques résultats.Un examen des bases de données des Instituts derecherche en santé du Canada (IRSC) permet deconstater qu’entre 2000 et 2007, le nombre de sub-ventions de fonctionnement (c’est-à-dire permettantl’implantation d’une recherche) accordées à des infir-mières et infirmiers en tant que chercheurs principauxest passé de 38 en 2000-2001 à 130 en 2005-2006,soit une augmentation de 240 % en moins de cinq ans.Plusieurs initiatives nationales ont favorisé le dévelop-pement de la recherche. Différents organismes sub-ventionnaires tels que l’Institut national du cancer duCanada (INCC), le Conseil de recherches médicalesdu Canada (CRM), le Programme national derecherche et de développement en matière de santé(PNRDS) de Santé Canada ont soutenu la rechercheen sciences infirmières et contribué à lui donner l’im-pulsion nécessaire pour obtenir une réelle légitimité.En 1997, le gouvernement canadien a mis sur pied laFondation canadienne de la recherche sur les servicesde santé (FCRSS) dont le mandat consistait à soutenirla recherche sur les services de santé et les politiquesde santé. Issu du programme FCRSS, le programmeCADRE3 a bénéficié de fonds supplémentaires per-mettant aux infirmières de bénéficier d’un montant de25 millions de dollars (20 millions d’euros) pour larecherche infirmière pendant 10 ans (ACESI, 2008).Au niveau provincial, les initiatives pour soutenir larecherche en sciences infirmières ont été nombreuses(ACESI, 2008). La Colombie-Britannique et l’Ontariodédient des fonds de recherche aux sciences infir-mières. Dans les années 1980, les infirmières ontobtenu la création de l’Alberta Nursing Fondation(ANF) dotée d’un budget d’un million de dollars parannée (ACESI,2008).Bien que certaines de ces sourcesde fonds provinciales aient disparu,elles ont favorisé ledéveloppement de la recherche en sciences infirmières.De 1999 à 2006, le fond de recherche en sciences infir-mières a financé un grand nombre d’activités dont plusd’une quarantaine de projets et programmes derecherche, cinq chaires de recherche, 18 bourses derecherche postdoctorale, trois centres de formationrégionaux, trois bourses de réorientation et de nom-breuses autres activités de recherche en sciences infir-mières (ACESI, 2008).

CANADA

1 Conseil de recherches médicales du Canada (CRM) et le Programme national de recherche et de développement en matière de santé(PNRDS) de Santé Canada2 AIIC (Association des infirmières et infirmiers du Canada);ACESI (Association des écoles de sciences infirmières) ; FIIC (Fondation des infir-mières et infirmiers du Canada) ;ACDSI (Académie des chefs de direction en soins infirmiers) ; et ACRI (Association canadienne pour larecherche infirmière)3 CADRE (Capacité et développement en recherche appliquée et évaluation dans les services de santé et en sciences infirmières)

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THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

La recherche au Canada est de moins en moins uneactivité individuelle. Les thèmes abordés en sciencesinfirmières touchent souvent plusieurs secteurs disci-plinaires qui favorisent le travail en équipe composéede chercheurs provenant de plusieurs disciplines(ACESI,2008).Les IRSC ont analysé plus de 1000 titreset résumés de recherche en sciences infirmières etrapportent que les sujets abordés portent sur la santé,les services de santé et les populations (ACESI, 2008).Les thèmes abordés sont très diversifiés,mais peuventêtre regroupés en trois catégories principales : lesétudes portant sur des questions de santé particulières(maladies chroniques, santé de la reproduction, dou-leur et soins palliatifs), les études portant sur l’organi-sation des services de santé et celles en lien avec lapromotion de la santé (ACESI,2008).Ces thèmes sontinfluencés par les politiques de santé nationales,provin-ciales et régionales et les thèmes priorisés par les orga-nismes subventionnaires. Il existe une concordancemarquée entre les thèmes privilégiés de la rechercheen sciences infirmières et les préoccupations expri-mées dans les divers rapports nationaux et internatio-naux sur les services de santé (ACESI, 2008). Il va sansdire que les infirmières ont aussi une préoccupationqui tient compte de la pratique infirmière et desbesoins de la population.L’utilisation de la recherche etla pratique fondée sur les données probantes, pren-nent toute leur importance dans l’amélioration dessoins infirmiers donnés à la population.Les lignes direc-trices sur les pratiques exemplaires deviennent des ini-tiatives courantes en sciences infirmières et larecherche est au cœur du développement des pra-tiques exemplaires (ACESI, 2008).

PUBLICATION DE LA RECHERCHE

Les publications dans des revues scientifiques et les com-munications dans des colloques scientifiques ont, par lefait même,considérablement augmenté au cours des 10dernières années comme en fait état le rapport sur larecherche en sciences infirmières au Canada (ACESI,2008). Les critères habituels utilisés dans les universitéspour mesurer la productivité en recherche des profes-seurs comprennent notamment le nombre de publica-tions,les présentations à des conférences,les séminaires,les prix et distinctions,les subventions obtenues.L’ACESI(2008) soutient que le nombre de publications et de pré-sentations a augmenté tout comme la portée des revuesscientifiques dans lesquelles les infirmières publient. Unindicateur du développement de la productivité est le

nombre de revues avec comité de pairs qui a augmentéen sciences infirmières. La revue canadienne de rechercheen sciences infirmières, la Canadian Journal of NursingLeadership, la Revue canadienne de nursing cardiovasculaire,la revue Canadian Nurse/L’infirmière canadienne,et la revueL’infirmière clinicienne sont des exemples de revues quipublient des articles scientifiques avec comité de pairs.

CONCLUSION

La recherche a considérablement évolué au cours desdernières décennies,mais il demeure difficile de quan-tifier les progrès obtenus.L’ACESI (2008) recommandel’amélioration des bases de données pour soutenirl’évaluation de la recherche infirmière. De plus, afind’améliorer la capacité de la recherche en sciences infir-mières, le financement doit être soutenu et amélioré,les études doctorales et postdoctorales doivent êtreencouragées et subventionnées, et les infrastructuresde recherche doivent devenir accessibles à toutes lesprovinces et régions du Canada.C’est grâce aux leadersen sciences infirmières et aux associations profession-nelles que la capacité de recherche infirmière s’estdéveloppée. Le Canada a besoin des leaders pourcontinuer à promouvoir la recherche en sciences infir-mières et l’expertise de nos chercheures. Pourconclure, il est possible de dire que la recherche ensciences infirmières au Canada est en bonne santé.Elleest de plus en plus reconnue,encouragée et par sa qua-lité et sa quantité désormais substantielles, elle contri-bue à améliorer la santé de la population.

RÉFÉRENCES

(1) ACESI. (2008). La recherche en sciences infir-mières au Canada : un rapport de situation.Ottawa : Fondation canadienne pour larecherche sur les services de santé.

(2) AIIC. (1999). Formation infirmière.Formation continue. Récupéré le 26 octobre2009 de http://www.cna-nurses.ca/CNA/nur-sing/education/continuing/default_f. aspx

(3) AIIC. (2007). Comprendre l’autoréglemen-tation. Zoom sur les soins infirmiers: Enjeux ettendances dans la profession infirmière auCanada(21), 1-6.

(4) AIIC. (2009). Qu’est-ce que l’Association desinfirmières et infirmiers du Canada? Récupéré

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le 22 octobre 2009 de http://www.cna-aiic.ca/CNA/about/who/default_f. aspx

(5) AIIC, & ACESI. (2008). Statistiques sur la for-mation d’infirmières et d’infirmiers au Canada2006-2007. Ottawa (Ontario): Association desinfirmières et infirmiers du Canada &Association canadienne des écoles de sciencesinfirmières.

(6) AIIC, & ACÉSI. (2009). Exigences d’entrée enpratique pour les infirmières. Récupéré le 23

octobre 2009 de http://www.cna-nurses.ca/CNA/nursing/education/baccalaureate/table/default_f. aspx

(7) ICIS. (2008). Infirmières réglementées.Tendances 2003 à 2007. Ottawa, Ontario :Institut canadien d’information sur la santé.

(8) Statistique Canada. (2009). Estimation de lapopulation canadienne. Récupéré le 22 octobre2009 de http://www.statcan.gc.ca/daily-quoti-dien/090929/dq090929b-fra.htm

CANADA

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Chili est situé au sud-ouest de l’Amériquedu Sud avec comme pays limitrophes le Pérou,la Bolivieet l’Argentine.Il compte actuellement 16 millions d’ha-bitants répartis sur le territoire continental, l’Île dePâques et le territoire antarctique chilien.

• Le système de santé et des soins est organiséde manière bimodale : un système public quiemploie 70 % des infirmières et un système privé,créé dans les années 80, et financé par des assu-rances -santé. Bien que le domaine des soins d’in-firmiers se soit développé au Chili aussi bien pro-fessionnellement que théoriquement depuis ledébut du XXème siècle, le rôle des infirmières etdes infirmiers n’a été délimité juridiquement qu’en1997, à travers une loi qui régule l’exercice de laprofession, cette dernière envisageant principale-ment la Gestion des Soins.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Le cursus de formation

La formation de baseElle est exclusivement basée sur des études universi-taires d’une durée de 5 ans qui conduisent au diplômed’Infirmier avec le grade académique de licencié.Cettepréparation permet le déploiement des compétencesnécessaires au développement des quatre champs prin-cipaux de la profession: la pratique clinique, la gestionde l’infirmerie, la formation des professionnels ou tech-niciens et la recherche en matière de soins infirmiers.L’offre de formation (Asociación Chilena de Educaciónen Enfermería,2008) dénombre 83 programmes (lieux)au niveau du diplôme et de la licence. On l’estime àplus de 100 maintenant. Il n’y a pas de régulation deL’État pour limiter la création de nouveau programme(lieux) de formation. Le Chili est un pays néo-libéral.

Formation post basiqueIl y a quelques programmes de formation post-graduéeau niveau de Master de Recherche en Sciences infir-mières:Il existe aussi 2 programmes de Doctorat à l’Universidadde Concepción et à l’Universidad Andrés Bello

L’exercice professionnel

Selon les estimations du Colegio de Enfermeras de Chile(2006), Il y a 10500 infirmiers/ères en activité

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

En Amérique Latine, les infirmières et les infirmiersqui exercent leur métier rencontrent des difficultésà mener à bien une recherche. D’après Cianelli et al.(2009), les difficultés vont du financement, à lacarence en revues de haut niveau. De son côté,Sanhueza (2007) a remarqué qu’à ces problèmess’ajoute une préparation insuffisante et le manque detemps prévu à cet effet. Si on additionne cela à la sur-charge de travail et la perception de ce domainecomme étant hautement complexe, identifié parOrellana et Sanhueza (2009), cela conduit à penser àla nécessité croissante de consolider des pôles derecherche interinstitutionnels délimités et spéci-fiques. Ces pôles devraient avoir des objectifs glo-baux en matière de santé, et ce, afin d’augmenter laproduction de connaissances dans des domaines derecherche qui soutiennent aussi bien la disciplineinfirmière que les nécessités propres à la société.

D’un autre côté, l’expérience en tant que professeurd’université, permet de se rendre compte du fait queles recherches menées au Chili, dans le domaine dessoins infirmiers, sont toujours insuffisantes pour pou-voir soutenir les besoins de l’enseignement des soinspendant les études de licence (mis à part ce qui

CHILIRICARDO AYALA-VALENZUELAInfirmier Licencié (Universidad de Concepción, Chili). Master en Sciences de l’Éducation. Professeur à l’École desSciences Infirmières. Universidad San Sebastián, Chili.OLIVIA SANHUEZA-ALVARADOInfirmière, Master en Sciences Infirmières (Universidad de Concepción, Chili). Docteur en Sciences Infirmières(Universidade de São Paulo,Brésil).Professeur à l’École des Sciences Infirmières,Universidad de Concepción,Chili.Directrice du Centre International de Recherche en Infirmerie.

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concerne les cours spécifiquement relatifs à larecherche); la majorité des professeurs doivent baserleur enseignement sur des études publiées enAmérique du Nord,en Colombie ou au Brésil ; et dansun degré nettement moindre, au Chili, ainsi que surdes documents émis par des organismes à caractèretechnique.

Publications

Actuellement, le Chili compte deux revues scienti-fiques centrées sur les Soins Infirmiers. L’une d’elles,Ciencia y Enfermería est répertoriée dans l’héméro-thèque virtuelle Scientific electronic library on-line(Scielo). La seconde est une revue intitulée Horizontede Enfermería (Pontificia Universidad Católica de Chili)avec un comité éditorial, elle n’est pas répertoriéedans Scielo. La première est publiée de manière tri-sannuelle et la deuxième bisannuelle. Presque toutesles recherches qui y sont publiées ont été réaliséespar des professeurs universitaires, d’écoles d’infir-mières nationales et étrangères, avec une participa-tion marginale d’infirmiers qui exercent leur métiersur le terrain.

Les deux revues font partie du groupe des revues del’aire linguistique des langues espagnole et portugaise,lesquelles -selon Gálvez et al. (2004)- ont une diffusionet un impact important.

En Amérique Latine, les revues de Recherche ensoins infirmiers répertoriées dans Isi web ofKnowledge n’existent qu’au Brésil, raison pour laquellela langue portugaise est aussi importante que l’an-glais pour la publication à l’étranger. En terme decomparaison, la profession infirmière Chilienne pro-duit plus de 80 % des publications de la zone com-prenant le Chili, la Bolivie, l’Argentine, l’Uruguay etle Paraguay (Lange et al., 2001), bien que la produc-tion brésilienne lui soit largement supérieure. Cettesituation est probablement due aux recherches géné-rées par les programmes de doctorat que proposele Brésil. Il existe deux programmes de doctorat auChili (Universidad de Concepción et UniversidadAndrés Bello) qui ne comptent encore, à l’heureactuelle, qu’un nombre restreint de diplômés, ce quis’explique par le fait que ces programmes deDoctorat ne soient proposés que depuis à peinequelques décennies (Jofré et Paravic, 2007).

Si on prend en compte le développement des sciencesinfirmières dans cette partie du continent, deuxgrandes tendances se dessinent : dans les années 60,les études sur le rôle de l’infirmière et la profession,dans les années 80, les maladies et leurs aspects épidé-miologiques, pour en arriver récemment, dans lesannées 90, à se centrer sur l’étude du sujet de soins,le patient (Castrillón, 2004).

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes

Pour pouvoir dresser un panorama de l’état actuel desrecherches au Chili, nous avons mené une étude qua-litative pour laquelle nous avons effectué une rechercheà propos des mots-clés « Nursing + Chili » dans lemoteur de recherche Elton B. Stephens Company(EBSCO). Celui-ci comprend les bases de données :Academic Search Complete,Academic Search Premier,Biomedical Reference Collection : Comprehensive,CINAHL,Education Research Complete,EnvironmentComplete,Health Business,MedicLatina et MEDLINE.Une fois obtenue une liste de 117 publications vir-tuelles datées entre 1969 et 2009,64 furent éliminéescar les mots-clés étaient utilisés dans une acceptiondifférente, ou encore parce qu’il n’y avait pas d’infir-mier/ère parmi les auteurs,ou encore parce qu’il s’agis-sait des mêmes études répertoriées dans plusieursbases de données différentes.La liste finale fut réduiteet systématisée grâce à l’outil Atlas.Ti 5.0, de manièreà identifier les plans conceptuels sur lesquels les infir-miers/ères chiliens(nes) focalisent l’objet de leur étude.

Les résultats :En accord avec la révision opérée,nous identifions quatreplans de recherche principaux: 1. La formation en soinsinfirmiers;2.La profession;3.L’état de la recherche;4.Lessoins aux personnes âgées et malades chroniques.Dans le premier se regroupent les travaux en relationavec les plans d’étude de licence et de troisième cycle(Études Approfondies de Recherche) dans les univer-sités : l’articulation avec les services sanitaires, lesméthodologies didactiques, l’évaluation de l’apprentis-sage, la santé des étudiants et les soins comme élé-ment du cursus d’infirmiers.Ce résultat est prévisiblepuisque la plus grande partie des études sont produitesau sein des universités.Dans le second plan,nous trouvons des études en rela-tion avec le rôle des infirmières dans les organisationsde santé, les organisations d’infirmières, le développe-ment professionnel, le leadership, mais aussi la qualitéde vie des infirmières, spécialement au niveau desconditions de travail et de la santé professionnelle.Le troisième plan correspond aux études menées surle thème de la génération de connaissances en matièrede soins infirmiers : sur quels sujets sont menées lesrecherches? A quels problèmes sont confrontées lesinfirmières en matière de recherche? Quels sont levolume et la qualité de leur production scientifique?Finalement, le quatrième noyau regroupe desrecherches relatives aux personnes âgées, aux per-sonnes souffrant de maladies chroniques, à la qualitéde la vie, au soulagement de la douleur et aux per-sonnes se trouvant en phase terminale.

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Nous pourrions regrouper d’autres études dans unecatégorie « divers » où seraient inclues les recherchessporadiques en matière technique, d’auto soins, ouencore concernant la qualité des résultats d’interven-tions thérapeutiques et les études de prévalence. Plussporadiques encore sont les études au sujet de l’abusde substances et la santé familiale.Les méthodologies les plus utilisées sont de naturequantitative, bien que les études de type qualitatif oumixte se présentent comme une pratique émergentedans la dernière décennie.

CONCLUSION

Sur base des résultats obtenus,nous pouvons conclureque la recherche dans le champ des soins infirmiers auChili s’est principalement développée pendant les dixdernières années, ce qui semble être lié à la qualité etau développement exponentiel d’une revue récem-ment répertoriée dans Scielo,ainsi qu’aux programmespost-licence proposés par les universités brésiliennes.Depuis peu, en gros, durant la dernière décennie, laméthodologie qualitative (de forme pure, ou bienmixte) a pris de l’ampleur. Cependant, le paradigmequantitatif se maintient. Ces résultats sont en accordavec ce que rapportent Alarcón et Astudillo (2007) quiaffirment que plus de 80 % des travaux menés enAmérique Latine sont de cette dernière nature. Ceciest confirmé par les découvertes récentes de Salazaret Paravic (2009) dans le même contexte.

Le fait que la profession d’infirmière soit une professionqui s’étudie elle-même, fait explicable de par lecontexte socio-historique dans lequel elle s’est déve-loppée, est frappant. Les résultats concordent avec lapreuve apportée par Mendoza et Paravic (2004). Cesderniers signalent que les sujets d’étude les plus fré-quents sont le professionnel infirmier lui-même et lesbesoins des personnes âgées. La tendance de larecherche à se concentrer sur les sujets en relationavec la formation a également été mise en évidence enAustralie par Borbasi (2002).Si nous comparons ces plans thématiques avec les ten-dances de la recherche en sciences infirmières auniveau mondial, ils coïncident pleinement avec ce quice réfère à la formation des professionnels et au déve-loppement des soins pour adultes comme fils rouges(Sales da Silva et al, 2008). Cela démontre la nécessitéde concentrer les efforts vers l’informatisation des pro-cédés, la gestion de la santé, l’éthique, la communicationet la famille.Nous n’avons pas trouvé d’études focalisées sur ledéveloppement théorique des sciences infirmières, nispécifiquement sur les réponses humaines. Cela avaitdéjà été observé par Cometto et al. (2008) qui affirme

que la croissance de la production de théories explica-tives et la transformation de la pratique professionnellesont limitées en Amérique Latine.Cependant, la création récente, au Chili, du CentreInternational de Recherche en sciences infirmièresencouragera très certainement l’investissement desinfirmières dans le milieu scientifique au travers desréseaux de travail,ce qui est une question cruciale pourle développement du champ des soins infirmiers(Melby, 2006; Smith et Hazelton, 2008).Nous devons également ajouter que ce passage enrevue a certaines limites.En effet,de nombreuses publi-cations n’existent que sur support papier et,par consé-quent, nous n’y avons pas eu accès. Cependant, selonMendoza et Paravic (2004), il s’agirait de recherchesde qualité inférieure, avec une matrice théorique res-treinte.Enfin, il est probable qu’en ajoutant d’autres clés derecherche, nous pourrions obtenir un aperçu plusample de la production scientifique,raison pour laquelleil est nécessaire de compléter ce travail. Il serait éga-lement certainement judicieux de créer des indicateursde production scientifique comme, par exemple, uneestimation des articles publiés au niveau ISI, le niveaud’impact des supports sur lesquelles ils sont publiés,ainsi qu’une extrapolation des résultats des études surla pratique infirmière.

RÉFÉRENCES

(1) Alarcón, A.M. & Astudillo, P. (2007). La inves-tigación en enfermería en revistas latinoame-ricanas. Ciencias y Enfermería, 13(2):25-31

(2) Borbasi, S. ; Hawes, C.; Wilkes, L. ; Stewart,M.; May, D. (2002). Measuring the outputs ofAustralian nursing research published1995–2000. J. Adv. Nurs, 38 : 489–497.

(3) Castrillón, M.C. (2004). Trends and prioritiesin nursing research. Rev Latino-am Enfermagem,12(4):583-588.

(4) Cianelli, R.; Urrutia, M.; Ferrer, L. ; Poupin,L.; Masalán, P.; Villegas, N.; Arratia, A. & Ferrer,X. (2009). Desarrollo de la investigación enenfermería : estudio diagnóstico. Invest EducEnferm, 27(1):112-117.

(5) Cometto, MC; Piovan, M; Gómez, P. (2008).Contribuições dos colóquios pan-americanos àinvestigação na enfermagem - período 2000-2006. Texto Contexto Enferm, 17(4):720-726.

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(6) Gálvez, A.; Hueso, C. & Amezcua, M. (2004).Indicadores CUIDEN de repercusión de las revis-tas de enfermería del área lingüística delespañol y del portugués. Index Enferm,13(46):76-80

(7) Jofré, V. & Paravic, T. (2007). Postgrado enenfermería en Chile : su evolución histórica ysituación actual. Index Enferm, 16(56):50-54.

(8) Lange, C. ; Meincke, S.N. & Scwartz, E. ().Produção do conhecimento na área deEnfermagem na Argentina, Chile, Paraguai eUruguai. R. gaúcha Enferm, 22(2):157-168.

(9) Melby, C.S.(2006). Disseminating researchinternationally. Nurs Health Sci, 8: 1.

(10) Mendoza, S. & Paravic, T. (2004). Chilean’snursing knowledge organization and theirtendencies. Rev Brasil de Enfermagem,57(2):143-151.

(11) Orellana, Alda; Sanhueza, Olivia. (2009).La investigación en enfermería y las competen-cias profesionales. Articulo inédito.

(12) Salazar, A. & Paravic, T. (2009). Los métodoscualitativo y cuantitativo en la enseñanza de lainvestigación en enfermería. Revista Cubanade Enfermería, 25(1-2).

(13) Sales-da Silva, L.M.; Nobre-Oliveira, N.R.;Albuquerque-Frota, M. & De Melo-Fialho, A.M.(2008). Pesquisa internacional em enferma-gem: tendências temáticas e metodológicas.Rev Bras Enferm, 61(5): 615-619.

(14) Sanhueza, Olivia (2007). Propuesta dedesarrollo Centro Internacional deInvestigación en Enfermería (CIIENF) 2007-2010. Expuesto en reunión Consejo AsesorAsociación Chilena de Educación enEnfermería, Santiago, 25 Mayo, 2007.

(15) Smith, D. & Hazelton, M. (2008).Bibliometrics, citation indexing, and the jour-nals of nursing. Nursing and Health Sciences,10 : 260–265.

(16) Universidad de Concepción http://www.udec.cl/portal_prog/descripcion. php?i=1&pro-grama=4185

(17) Universidad San Sebastián http://www.uss.cl/datos/docs/20080205112353/Mag %C3 %ADster %20en %20Enfermer %C3 %ADa %20.pdf

(18) Universidad de la Frontera

(19) http://www.med.ufro.cl/magister-enferme-ria.htm

(20) Universidad de Valparaíso http://www.uv.cl/postgrado/doc/magister_en_enfermeria_2009-2011.pdf

(21) Universidad Andrés Bello [uniquement pourles entreprises] http://facultades.unab.cl/enfer-meria/

(22) Pontificia Universidad Católica de Chilihttp://www.uc.cl/enfermeria/html/programas/magister.html

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La Colombie est située au nord-ouest del’Amérique du Sud avec comme pays limitrophes lePérou, le Brésil, le Panamá, le Venezuela et l’Équateur.Elle est l’unique pays d’Amérique du Sud doté decôtes sur l’océan Pacifique et la mer des Caraïbes.Le pays compte actuellement 45 millions d’habitants.C’est une république présidentielle composée de 32départements.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Depuis un certain nombre d’années, mais plus parti-culièrement lors des cinq dernières, la Colombie s’estmise à la recherche de nombreuses stratégies pourrendre son développement scientifique visible au tra-vers de la publication de résultats de recherches,d’essais, d’articles d’évaluation dans des revuescélèbres au sein du milieu scientifique internationalet régional. Colciencias, l’organisme colombien encharge de la promotion du développement scienti-fique et technologique du pays (République deColombie, 2009) a été à la tête de cet effort en tra-vaillant à rendre la qualité de la recherche et despublications colombiennes en adéquation avec lesexigences des organisations académiques reconnues,ainsi qu’avec celles des répertoires de connaissanceacadémique du monde. Et cela avec l’objectif de res-pecter l’objectif indiqué par la loi : « renforcer uneculture basée sur la création, l’appropriation et ladivulgation de la connaissance et de la recherchescientifique, le développement scientifique et tech-nologique, l’innovation et l’apprentissage continu »(République de Colombie, 2009).

Aujourd’hui, dans le milieu universitaire en particu-lier et pour ce qui concerne la science infirmière, lefait que les universités rendent visibles leurs dévelop-pement en matière d’investigation permet, dans unenvironnement globalisé, d’encourager la création deréseaux de collaboration afin d’aborder des thèmesd’intérêt régional dans le domaine des soins infir-miers, d’échanger des connaissances avec des infir-miers d’autres pays qui pourraient participer à l’ap-port de solutions à certains problèmes locauxrencontrés par la profession et la discipline ; et, fina-lement, renforcer la position que les universités et laprofession occupent sur la scène latino-américaine(Freshwater, 2006).

Les publications

Mais comment la Colombie a-t-elle pu rendre visibleses avancées en matière de recherche et de connais-sance dans le domaine infirmier? Dans quel genre depublications se présentent-elles? Quel a été le com-portement historique de ses publications ? Et enfin,quelles sont les thématiques de recherche?

Dans l’objectif de répondre aux questions formulées ci-dessus, une recherche a été menée dans la base dedonnées EBSCO Host afin d’obtenir des publicationsacadémiques datant de 1969 à aujourd’hui et conte-nant, dans n’importe quel domaine, les deux mots sui-vants: « nursing » et « Colombia ».

Une fois obtenue cette information, nous avons pro-cédé à la vérification du fait que chaque article prove-nait bien d’une institution colombienne et avait, parmices auteurs, au moins un infirmier. Une fois cela fait,nous avons mis au point une liste des publications danslesquelles figurent les articles,ainsi qu’une liste rendantcompte de l’évolution historique des publicationsdepuis 1969 jusqu’à 2009.

COLOMBIEGLORIA LUCÍA ARANGO-BAYER Infirmière Spécialisée en Bioéthique, Master de Management des Organisations de Santé. (Pontifica UniversidadJavierana,Colombie).Professeur à la Faculté des Sciences Infirmières.,Universidad Nacional de Colombia.Doctorantedans le domaine de la Bioéthique.RICARDO AYALA-VALENZUELAInfirmier Licencié (Universidad de Concepción, Chili). Master en Sciences de l’Éducation. Professeur à l'Ecole desSciences Infirmières. Universidad San Sebastián, Chili.

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Finalement, dans les articles disposant de mots-clés,les plus cités d’entre eux ont été identifiés afin de cer-ner les principaux centres d’intérêt chez les auteurs.

RésultatsLa recherche a mis en évidence un total de 240 publi-cations.Après vérification, nous avons découvert que143 d’entre elles correspondaient aux conditionsfixées, d’avoir été publiées entre 1969 et 2009, d’êtreissues d’une institution colombienne et de compter aumoins un infirmier comme auteur.Le graphique 1 présente l’évolution historique dunombre de publications.

Graphique 1.Nombre de publications par an d’originecolombienne dans des publications académiques (éva-luées), de janvier 1969 à juillet 2009.On peut constater une série de pics de production,enrelation avec l’évolution historique des publications,particulièrement autour de l’année 1976, et en 2008qui fut précédée par une forte croissance du nombrede publications d’une année à l’autre (comme entre2004 et 2005) et d’autres (comme entre 2005 et 2006)durant lesquelles l’augmentation fut à peine visible.Il est important de signaler que bon nombre des docu-ments trouvés pour l’intervalle de temps 1969-1977est composé d’articles publiés dans la revue del’ANEC, Association Nationale des Infirmières de

Colombie, organisation de type corporatif qui défendles intérêts des professionnels de l’infirmerie du pays(ANEC, 2004). Entre 1978 et 2004, on remarque despublications dans de nombreuses et diverses revuesétrangères.La croissance abrupte que nous observonsen 2005, et l’augmentation des années suivantes s’ex-pliquent fondamentalement par la naissance de la revueAquichan qui, en 2005, a publié 6 des 11 documentsréférenciés sur EBSCO pour cette année là ; 7 sur 12en 2007,10 sur 20 en 2008 et, jusqu’à présent 5 des 9articles référenciés pour 2009.

Graphique 2. Revues dans lesquelles se trouvent desarticles académiques d’origine colombienne en matièred’Infirmerie, 1969-2009.Concernant les publications dans lesquelles se trou-vent les articles, comme on peut le constater dans legraphique 2, cinq d’entre elles, d’origine colombienne,réunissent 65 % des articles répertoriés sur EBSCO. Ils’agit de La revista de ANEC,Aquichan,Revista EducaciónMédica y Salud, Colombia Médica, la Revista de SaludPública.La Revista Latino-américaine d’Infirmerie,publiée auBrésil, apporte quant à elle 6 articles à cette base dedonnées.Enfin,un nombre conséquent de publications,30 au total, réunis une quantité d’articles assez réduite,de un a deux dans toute la période étudiée.Il est important de noter que plusieurs publicationsdans lesquelles se trouvent les articles, aussi bien de

COLOMBIE

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niveau national qu’international, ne sont pas des publi-cations propre à la discipline infirmière,mais plutôt detype médical, d’autres disciplines ou encore de revuesabordant des thématiques transdisciplinaires.

Cela concorde avec le fait que, dans la recherche demots-clés, les mots les plus fréquents furent« Medicine » et « Nursing ». Pour le reste, nous avonsrencontré une très large diversité de thèmes abordés.Parmi ceux-ci, le sida-HIV, la ménopause, la situation del’infirmière, les risques professionnels, l’allaitement, lesétudes transculturelles, les pathologies spécifiquescomme l’infarctus du myocarde et l’hypertension, l’en-seignement des soins infirmiers, la recherche en soinset le développement de méthodes qualitatives. Parailleurs, nous n’avons observé que dans deux articles,seulement, la participation de manière claire de repré-sentants du champ professionnel infirmier à une équipeinterdisciplinaire. Cette constatation est pertinente sion tient compte du fait que depuis les années 70 et lareconnaissance de la nécessité du travail interdiscipli-naire pour l’apport de solutions à des problèmes quine peuvent être abordés du point du vue d’une seulediscipline; il a été proposé, tant au niveau académiqueque des institutions de santé, de développer les tra-vaux collaboratifs (Hirsch et al, 2008).

D’un autre côté, il est intéressant de voir qu’une seulerevue, Aquichan, est à la base de la croissance impor-tante du nombre de références trouvées dans la basede données étudiée (EBSCO). La Colombie compteenviron 40 programmes de licence en soins infirmierset plus ou moins le même nombre de programmes

d’études complémentaires.Cependant, les publicationsde ces universités ne sont pas visibles dans des basesde données reconnues internationalement commecette dernière.En ce qui concerne les thèmes abordés, on observe,comme nous l’avons déjà mentionné,une ample diver-sité et on peut constater que l’approche des soins nese limite pas à l’aspect strictement hospitalier. La dis-cipline s’ouvre à d’autres domaines dans lesquels il estimportant que l’infirmier s’investisse et se reconnaissecomme un professionnel de santé et recherche despoints de rencontre avec d’autres professionnels. Lespublications dans la revue Salud Pública (Santé Publique)(6 au total) en sont la démonstration.

Ces résultats suggèrent qu’il est nécessaire que laColombie persévère dans l’effort d’indexation de sespublications académiques en matière de sciences infir-mières et ce dans des bases de données consultées auniveau mondial, comme c’est le cas de EBSCO Host, sielle espère rendre visible ses avancées au niveau inter-national et participer au développement de la disciplineinfirmière. Cela implique un engagement des universi-tés dans la recherche dans le domaine infirmier, unerecherche qui respecte les critères minimaux pour sur-passer les évaluations par des pairs internationaux etrépondre aux exigences de services de consultationtels que EBSCO Host. Cela demande également uneamélioration de la qualité éditoriale des publicationsinfirmières, ainsi qu’un effort tout particulier del’Association Colombienne des Facultés d’Infirmeriepour promouvoir,au sein des institutions universitaires,une recherche scientifique de haute qualité.

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RÉFÉRENCES

(1) Asociación Nacional de Enfermeras deColombia. (2004). [Consulté le 22 octobre2009]. Depuis: http://www.anec.org.co/

(2) Freshwater, D. ; Sherwood, G. ; Drury, V. ;Cowan, E. (2006) International research colla-boration. Issues, benefits and challenges of theglobal network. Journal of Research in Nursing,11(4) 295-303

(3) Hirsch, G. ; Hoffmann-Riem, H. ; Biber-Klemm, S. ; Grossenbacher-Mansuy, W.; Joye,D. ; Pohl, C. ; Wiesmann, U. ; Zemp, E. (2008).Handbook of Transdisciplinary Research.London: Springer.

(4) République de Colombie, Congrès de la République (2009). Loi 1286/2009.[Consulté le 22 octobre 2009]. Depuis :http://basedoc.superservicios.gov.co/basedoc/leyes.shtml?x=70133

COLOMBIE

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INTRODUCTION

A l’origine de la reconnaissance de la discipline infir-mière en tant que science et profession, et reconnuepar tous dans le monde entier comme l’outil par excel-lence de développement de tous les secteursmodernes de l’activité humaine, la recherche scienti-fique constitue un principe normatif de la pratique infir-mière. Cependant, dans les pays francophonesd’Afrique, comme dans l’Europe francophone, du faitde certains biais historiques et de la persistance du phé-nomène de la médicalisation dans les systèmes de santé,les infirmier(e)s et les sages-femmes sont tenus à l’écartdes infrastructures et des ressources nationales de larecherche scientifique.

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays.Ancienne colonie française de 1892 à la pro-clamation de son indépendance en 1960,la Côte d’Ivoireest située en Afrique de l’Ouest sur le Golf de Guinée.Sa population était estimée à environ 16399782 habi-tants en 2000 avec un taux d’accroissement de 3,3 %.Elle est limitée au sud par le Golf de Guinée,à l’est parle Ghana, à l’Ouest par le Libéria et la Guinée, et aunord par le Burkina Faso et le Mali. En 2001, le décou-page administratif de la Côte d’Ivoire comptait 19Régions, 58 Départements, 231 Sous-préfectures, 197Communes et 8500 villages.De l’indépendance à 1990,les conditions socioéconomiques favorables et la stabi-lité politique du pays ont favorisé une couverture sani-taire satisfaisante.Ainsi en 2000, on comptait 1 méde-cin pour 9739 habitants,1 infirmier pour 2374 habitants,1 sage-femme pour 2081 habitants (USAID,2005).Suiteà un coup d’État en décembre 1999, la transition mili-taire consécutive a conduit à une crise militaro-politiquequi a entraîné un déplacement massif des populationsvers le sud en 2002,pour rompre l’équilibre de la cou-verture sanitaire.

• La politique de santé et la pratique infir-mière.Fortement médicalisé, le système sanitaire dela Côte d’Ivoire est hérité des pratiques del’Administration française, et laisse très peu de place

et d’initiatives aux infirmier(e)s et sages-femmes,dansson organisation et sa gestion.Dans la politique natio-nale de santé définie dans le Plan National deDéveloppement Sanitaire (PNDS), l’orientation dudéveloppement des soins infirmiers n’est pas claire-ment définie. Malgré cet héritage de la culture fran-çaise de la pratique des soins infirmiers fortementinfluencée par la médicalisation (Koffi, 2008), on noted’importants acquis augurant des perspectives pro-metteuses qui n’attendent que le déclic d’une volontéet d’un engagement politiques pour un développementrationnel de la profession et de la science infirmière.Les infirmiers et les sages-femmes de Côte d’Ivoire sedistinguent par une vision scientifique de leur profes-sion à travers une double identité professionnelle.D’uncôté, la pratique infirmière mandate les infirmiers etinfirmières dans tous les contextes du soin, quand del’autre, les sages-femmes s’investissent singulièrementdans la pratique des soins infirmiers en périnatalogie.C’est donc dans un environnement souvent réfrac-taire du fait de la forte médicalisation (Koffi,2008),queles infirmières et les sages-femmes entreprennent leursinitiatives de recherche pour soutenir le développe-ment des soins infirmiers en tant que science et pro-fession en Côte d’Ivoire.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Du fait de la perception médicale des décideurs du sys-tème ivoirien de santé qui sont presque tous de forma-tion médicale, l’organisation générale des soins infir-miers en Côte d’Ivoire n’a pas encore acquis tous lesfondements juridiques nécessaires pour réglementerla pratique.C’est pourquoi en juillet 2000, l’AssociationNationale des Infirmiers, Infirmières et Sages-femmesde Côte d’Ivoire (ANIIS-FCI) s’est penchée sur le dia-gnostic de l’organisation générale des soins infirmiers,à l’occasion de la 1ère Édition des Grandes RencontresScientifiques des Infirmier(e)s et Sages-femmes de Côted’Ivoire.Au terme de ce forum scientifique qui a réuniplus 1300 infirmier(e)s et sages-femmes, les congres-sistes ont noté l’absence de loi sur les soins infirmiers,un profil de carrière non épanouissant à deux niveaux,

CÔTE D’IVOIREKan KOFFI,inf., M. Sc. (Montréal), Docteur en soins infirmiers, Infirmier, enseignant chercheur, INFAS Abidjan, Côte d’Ivoire,Président de l’ANIIS-FCISecrétaire Général du Réseau des Association Nationales d’Infirmières et Infirmiers d’Afrique francophone(RANIIAF), Lauréat des Prix Reconnaissance 2009 du SIDIIEF

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l’absence d’un cadre institutionnel approprié pourorganiser la formation et la recherche en soins infir-miers, une insuffisance des structures d’organisationde la discipline infirmière au niveau national, une ady-namie des organisations professionnelles existantes,etl’absence d’une Direction centrale des soins infirmiersdans l’organigramme du Ministère de la Santé, alorsque l’OMS (1994; 1996; 2002) la recommande à tousles pays. Face à ce diagnostic de l’évolution de la disci-pline en Côte d’Ivoire, le Forum a formulé les recom-mandations idoines pour la résolution de chacun desproblèmes identifiés.

Dans ce sens, les efforts réalisés par les professionnelsse limitent au niveau de leur Association nationaleconformément à ses attributions.Créée en 1993 dansun environnement peu favorable, l’ANIIS-FCI estdemeurée en veilleuse jusqu’à l’organisation de la 1ère

Édition des Grandes Rencontres Scientifiques en juillet2000. Le 1er décembre 2007, à l’occasion d’uneAssemblée Générale élective, l’Association a subit unerestructuration pour un fonctionnement optimal.Investie désormais de la personne morale représen-tant la discipline infirmière (le personnel infirmier etsage-femme) en République de Côte d’Ivoire, cettestructure nationale de réglementation et de sur-veillance de la pratique des soins infirmiers s’est enga-gée à mobiliser tous ses membres dans un chemine-ment associatif et formateur pour aboutir à terme à lacréation d’un Ordre professionnel national.

Cursus de formation

Sur le plan éducatif, seulement les deux premiersniveaux de la formation professionnelle en soins infir-miers sont acquis au niveau national, sur les cinqniveaux de compétences que comporte le standarduniversel (Koffi et Lebœuf, 2007). Il s’agit du Diplômed’État d’infirmier(e) et de sage-femme et du Diplômed’Études Supérieurs Spécialisées (DESS) avecrecherche en soins infirmiers qui module onze optionsde spécialisation.Ces deux niveaux de formation sontassurés par l’Institut National de Formation des Agentsde Santé (INFAS), un Établissement Public National(EPN) à caractère administratif créé par le décret n°91-655 du 9 octobre 1991 avec pour mission la forma-tion et le perfectionnement ainsi que la recherche ensoins infirmiers et en biotechnologie. En 1998, la loin°98-388 du 2 juillet 1998 abroge celle de 1980 fixantles règles générales relatives aux EPN et prescrit ences articles 4,6 et 7,que l’activité principale de chaqueEPN relève du Ministère compétent en la matière.

Formation post basique

C’est pourquoi en septembre 2001,pour doter l’INFASde tous ses attributs d’institution d’enseignement supé-rieur et de recherche scientifique en vue d’un accom-

plissement efficient de sa mission, un atelier des huitMinistères du Conseil de Gestion l’Institut a résolu dele réorganiser à travers deux projets de décrets: l’unérige la structure en Institut d’enseignement supérieuret de recherche quand le second constitue, par unedisposition transitoire, le corps initial des Enseignantschercheurs et des Chercheurs praticiens de la nouvellestructure.La réorganisation réhabilite les infirmier(e)set les sages-femmes spécialistes faisant fonction d’en-seignant,dans les emplois de l’enseignement supérieur,et les infirmier(e)s et sages-femmes spécialistes clini-ciens et gestionnaires dans les emplois de la recherchescientifique.Cette réhabilitation des infirmiers et sages-femmes spécialistes cliniciens et gestionnaires des soins(les chercheurs praticiens), leur permettra de fonder leurpratique sur des données probantes générées par leursactivités de recherche comme le recommande SavinaSchoenhofer (1993).Cependant,des résistances issuesdu conservatisme médical de la culture latino-françaiseont entravé l’aboutissement des deux projets de décretqui ont pourtant été adoptés, outre le Ministre de laFonction Publique, par les trois autres Ministres pré-sentateurs,en septembre 2003 et en mars 2004.C’estpourquoi, le 13 février 2008 au Palais de la Présidence,à la demande de tous les syndicats de la Santé, lePrésident de la République a autorisé cette réorgani-sation de l’INFAS,et donné instruction aux Ministèresconcernés pour sa mise en œuvre. Cette innovatriceacadémique qui prévoit un troisième niveau pour laformation doctorale en soins infirmiers à l’INFAS,per-mettra l’universitarisation des programmes de forma-tion et de recherche dans le cadre du système LMD(Houphouët-Boigny, 2008). Elle redéfinira le Diplômed’État en licence professionnelle et le DESS en Mater pro-fessionnel avec recherche en soins infirmiers qui donneraaccès aux études doctorales.Au niveau de l’administration centrale, l’on note seu-lement la création d’une Sous-direction des soins infir-miers au sein de la Direction des Établissements etProfessions Sanitaires.Au niveau de chaque CentreHospitalier Universitaire, l’on enregistrement égale-ment l’existence d’une Sous-direction des soins infir-miers coiffée par une Direction médicale. La mêmeobservation se fait au sein de l’INFAS où les respon-sabilités des infirmier(e)s et des sages-femmes spécia-listes enseignants se limitent aux Sous-directions, laDirection centrale de l’Institut ayant, de tout temps,été assurée par une sommité médicale.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Malgré l’approche communautaire basée sur les soinsde santé primaires qui sous-tend la politique ivoiriennede santé, la culture exclusivement médicale persiste

CÔTE D’IVOIRE

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dans l’organisation et la gestion du système sanitaire.De ce fait le personnel infirmier et sage-femme quel’OMS désigne comme acteur essentiel de la mise enœuvre des soins de santé primaires, ne dispose pasd’un cadre institutionnel approprié pour développerleurs activités de recherche dans la cadre de larecherche opérationnelle sur le programme de santéque prescrit le PNDS. La correction des insuffisancesdu décret n°91-655 créant l’INFAS, le seul cadre insti-tutionnel du développement de la recherche infirmièreen Côte d’Ivoire, sur la base des normes et critèresnationaux, comme le prescrit la loi n°98-388 relativeaux EPN, permettra de régulariser l’enseignementsupérieur et la recherche scientifique en soins infir-miers qui vont de paire.

En Côte d’Ivoire, les premières initiatives de rechercheen soins infirmiers remontent à la formation des pre-mières cohortes de diplômés des Centresd’Enseignement Supérieur en Soins Infirmiers (CESSI)qui ont vu le jour en Afrique francophone en 1971,dans les Universités de Dakar au Sénégal et de Yaoundéau Cameroun.Cette formation à la recherche en soinsinfirmiers dans les CESSI s’est maintenue pour desvagues successives d’infirmier(e)s et de sages-femmesivoiriens jusqu’à la création de l’INFAS en 1991 qui vapermettre la formation de cohortes plus nombreuses,de 100 à plus de 200 étudiants par an. Il s’agit de la for-mation au DESS avec recherche en soins infirmiers dansdifférentes options de spécialisation.Elle comporte unmodule de formation à la recherche composé d’uncours de 45 heures d’introduction à la bio statistiqueet un d’un cours de 45 heures d’initiation à la métho-dologie de la recherche en soins infirmiers.

Après avoir validé ces deux cours, sous l’encadrementd’un Directeur et d’un conseiller de mémoire, l’étu-diant choisit un sujet de recherche en soins infirmiersdans l’une des onze options qui sont: l’anesthésie réani-mation, la logistique du bloc opératoire, la puériculture, l’oto-ryno- laryngologie, l’ophtalmologie, la psychiatrie, la cardio-logie, l’exploration fonctionnelle, la dermato-léprologie, lagestion des unités des soins et la santé publique. Il mèneson projet à terme pour la soutenance publique d’unmémoire en vue de l’obtention du Diplôme au boutde deux années académiques.

Malheureusement, du fait de l’absence de cadre admi-nistratif de valorisation des résultats de ces travaux derecherche, ils demeurent une formalité académiquepour la délivrance des Diplômes. Quoique suffisam-ment préparés selon les normes scientifiques de la for-mation à la recherche en soins infirmiers,pour la suitede leur carrière,qu’ils choisissent l’enseignement ou lapratique clinique, les textes de la Fonction Publique neprévoient pas de disposition pour l’accès des diplômésaux emplois (statuts) d’Enseignant du supérieur(Assistant) ou de Chercheur (Attaché de recherche)

(Koffi, 2005; 2006a).Toutefois, dans le souci de contri-buer au développement de cette activité nécessairepour assurer la qualité des services infirmiers en Côted’Ivoire, les infirmier(e)s et sages-femmes qui mènentdes travaux de recherche, s'investissent pour diffuserleurs résultats à travers des publications dans desrevues scientifiques,des conférences et congrès natio-naux et internationaux.

THÈMES NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les infirmiers et les sages-femmes qui justifient au moinsdu DESS avec recherche en soins infirmiers, sont pré-parés pour utiliser aussi bien les méthodes quantita-tives que qualitatives,ainsi que toutes sortes de devis derecherche.Pour leur permettre d’aborder tous les phé-nomènes inhérents à la pratique des soins infirmiers,etqui imposent le choix de la méthode de recherche, laformation au DESS avec recherche,habilite les étudiantsà utiliser des devis non expérimentaux (descriptifs quan-titatifs ou/et qualitatifs, analytiques,corrélationnel,etc.)ou des devis quasi expérimentaux, (évaluatifs, avant-après, avec ou sans groupe témoin, etc.). Après leDiplôme d’État d’infirmier(e) ou de sage-femme, enfonction de ses expériences professionnelles d’au moinsdeux ans, et selon son option de spécialisation, l’étu-diant au DESS choisit en général un sujet de rechercheappliquée pour investiguer sur un problème relatif à laprestation des soins.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Au sein du système de santé, il n’existe pas encorede lien évident entre la recherche et la pratique infir-mière, du fait de l’absence de description de postesde chercheur en soins infirmiers dans les structuressanitaires. De même, les postes d’enseignement ausein de l’INFAS, la seule institution de formation etde recherche en soins infirmiers du pays, ne sont pasaffirmés par des textes. L’institution des carrièresd’enseignant chercheur et de chercheur praticien ensoins infirmiers dans la réforme en cours à l’INFAS,permettra de combler ce vide organisationnel. Cesdeux types de carrière, en permettant une utilisa-tion rationnelle des compétences infirmières enrecherche scientifique, réaliseront la « liaison fonc-tionnelle et opérationnelle entre les institutions deformation et de recherche et les structures de pres-tation de soins » (Koffi, 2009, p. 42) pour l’applica-tion des résultats de la recherche dans la pratique.

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CONCLUSION

En Côte d’Ivoire, comme dans toute l’Afrique etl’Europe francophones, la régulation et le dévelop-pement de la recherche en soins infirmiers ne peu-vent s’opérer sans la mise en place de « structuresuniversitaires permettant de former les infirmier(e)s-chercheurs » (Delmas, 2008, p. 11). « Cette formationà la recherche en soins infirmiers requiert des stan-dards académiques et professionnels qui puissents’intégrer à toutes les grandes cultures linguistiques »(Koffi, 2007, p. 10). Il s’agit des diplômes ou gradesacadémiques devant régulariser la formation à larecherche et les emplois administratifs devant régirla carrière professionnelle dans l’enseignement supé-rieur ou la recherche scientifique. Préludes indispen-sables pour motiver les infirmiers et les sages-femmes à s’engager dans le développement de larecherche en soins infirmiers, ces deux conditionspermettront de « libérer les talents » (Desrosiers,2009) et de fidéliser les infirmier(e)s et les sages-femmes dans leur profession. En les préservant duphénomène de la fuite des cerveaux vers les pays quivalorisent la recherche infirmière (Koffi, 2006b)comme outil garantissant la qualité des soins, les car-rières d’enseignant chercheur et de chercheur pra-ticien permettront aux professionnels de s’épanouirdans une approche qualité totale du management dessoins infirmiers (Koffi, 2008b).

RÉFÉRENCES

(1) Delmas, P. (2008). Savoirs infirmiers : criti-quer pour s’affranchir. Santé mentale. (horssérie, août 2008) 9-12.

(2) Desrosiers, G. (2009). Libérer les talents.Perspective infirmière, 6 (2), 33-48.

(3) Houphouët-Boigny, T. (2008). Le systèmeLMD: les défis d’une réforme incontournable.Débats. Courrier de l’Afrique de l’Ouest (51),21-26.

(4) Koffi, K. (2005). La carrière universitairedans la formation professionnelle en soins infir-miers en Côte d’Ivoire. 1ères Journées scienti-fiques du CHU de Yopougon, 1er, 2, 3 mars2005. Abidjan: CHU d Yopougon.

(5) Koffi, K. (2006a). Le curriculum universel dela formation professionnelle en soins infir-miers : pour une carrière universitaired’Enseignant chercheur et une carrière de

Chercheur praticien. ASP Magazine/AfriqueSanté Publique, (3), 9-10.

(6) Koffi, K. (2006b). La professionnalisation dessoins infirmiers dans l’espace francophone.SOINS, (709) 55-56.

(7) Koffi, K. (2007). Les standards universels dela formation et de la pratique professionnelleen soins infirmiers. Conférence. 6ème Semainede l’Infirmière Francophone du Congo. S@voi-rinf. VI (3) 10.

(8) Koffi, K. et Lebœuf, D. (2007). Les compé-tences infirmières en recherche scientifique, unstandard universel. SOINS. (717) 47-50.

(9) Koffi, K. (2008a). Côte d’Ivoire : les infir-mier(e)s et les sages-femmes réaffirment l’uni-cité de la discipline infirmière. S@voirinf. VII (1),8-9.

(10) Koffi, K. (2008b). La carrière universitairedes infirmier(e)s et des sages-femmesd’Afrique francophone pour le développe-ment de l’approche qualité totale en soinsinfirmiers. Conférence. 2ème Édition desGrandes Rencontres Scientifiques desInfirmiers, Infirmières et Sages-femmes deCôte d’Ivoire du 5 au 12 mai 2008. Cahier duForum. Abidjan.

(11) Koffi, K. (2009). La contribution de larecherche infirmière au développement sani-taire et au développement humain au sein dela discipline infirmière: une illustration. IVème

Congrès mondial des infirmières et infirmiersfrancophones. Programme officiel. 42.

(12) Ministère de la Santé et de la Protectionsociale. (1991). Décret n°91-655 du 09 octobre1991 portant création et organisation du d’unÉtablissement Public à caractère administratifdénommé Institut National de Formation desAgents de Santé (INFAS). République de Côted’Ivoire.

(13) Ministère de la Santé Publique. (1996). PlanNational de Développement Sanitaire 1996-2005 (PNDS) : diagnostic, politique et straté-gies. République de Côte d’Ivoire.

(14) OMS (1994). Les soins infirmiers au-delà del’horizon 2000. Série de rapports techniques (842).Genève. Organisation Mondiale de la Santé.

(15) OMS (1996). La pratique infirmière. Sériede rapports techniques (860) Genève.Organisation Mondiale de la Santé.

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(16) OMS (2002). Services infirmiers et obstétri-caux : Orientations stratégiques 2002-2008.Genève. Organisation Mondiale de la Santé.

(17) République de Côte d’Ivoire (1998). Loin°98-388 du 2 juillet 1998 fixant les règles géné-rales aux Établissements publics nationaux etportant création de catégories d’Établissementspublics et abrogeant la loi n° 80-1070 du 13 sep-tembre 1980. Journal officiel de la républiquede Côte d’Ivoire. (23 juillet 1998) 707-708.

(18) Schoenhofer, S. O. (1993). What constitutesnursing research? Nursing science Quarterly 6(2), 59-60.

(19) Université de Dakar (1992). Diplôme de find’études. Dakar : Centre d’EnseignementSupérieur en Soins Infirmiers (CESSI).

(20) USAID (2005). Évaluation des RessourcesHumaines pour la Santé en Côte d’Ivoire.Abidjan: Abt Associates Inc.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La république de Cuba fait partie de l’ar-chipel des Grandes Antilles situées dans la mer desCaraïbes, avec une superficie de 110992 km2 (5 foisplus petite que la France), elle est la plus grande îlede l’archipel.Le pays compte 11 millions d’habitants.Cuba vit principalement de ses ressources agricoles(premier exportateur mondial de canne à sucre,tabac, agrumes) et depuis une dizaine d’années dutourisme. Ce dernier a pu se développer car lescubains ont mis en valeur les sites touristiques dupays: parcs naturels, plages

• Le système de santé. Le Ministère de la SantéPublique (MINSAP) est l’Organisme qui gère leSystème National de Santé à Cuba. Il a pour missionde diriger, exécuter et contrôler la mise en place dela politique de santé de l’état.Le ministère de la Santéest également responsable du développement desSciences Médicales et de l’industrie pharmaceutique.L’accès aux soins médicaux est libre pour tous lescitoyens cubains.Exemple: les personnes porteuses du SIDA (évalué en2008 à 1400 personnes) reçoivent gratuitement lesantirétroviraux.A Cuba nous distinguons trois niveaux de prestationsde soins:- Le premier niveau est le plus proche à la popula-

tion, c’est le Niveau de l’attention Fondamental.- Dans le deuxième niveau de l’attention Secondaire

se trouvent les hôpitaux de référence.- Dans le troisième niveau de l’attention se trouvent

les Hôpitaux de haute technologie (CHU) et les ins-tituts spécialisés.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseDepuis 2003 un Nouveau Modèle Pédagogique a étéadopté à Cuba.Le programme scolaire est conçu avecles principes du modèle « Stratégique D » pour laHaute Éducation Cubaine.

Le «Stratégique D» comprend trois niveaux intermé-diaires pour les étudiants:- De base, une année de formation,- Technicien, deux années de formation,- Diplômé, deux années de formation. Cette straté-

gique a intégré dans une seule formation deux sous-systèmes qui existaient auparavant.

Actuellement nous sommes en train de revoir le pro-gramme scolaire de la formation infirmière pour tis-ser des liens avec « l’University – Society ». C’est undes axes de travail du ministère de la santé.

A Cuba il y a trois niveaux de la formation:- L’infirmière basique, une année de formation,- l’infirmière Technique, trois années de formation- l’Infirmière professionnelle,cinq années de formationà l’Université.

Formation post basiqueLes infirmières techniques ont l’accès aux formationspost basiques. Dans le cas des infirmières profession-nelles qui sont reçues au concours d’entrée àl’Université, elles ont accès à toutes les formes d’or-ganisation décrites dans le Règlement de Post gradedu Ministère de Haute Éducation: Cours, formationsdiplômantes, Master, doctorat et Spécialités.Dans les années 2000-2001 le Master en soins infir-miers a été mis en place à Cuba.Les infirmières ont aussi accès à d’autres Masterscomme la Santé Publique, la psychologie de la Santé,l’économie de la Santé, la promotion de Santé parmid’autres. A Cuba, il y a quatre infirmières titulaires d’undoctorat, deux docteurs en Sciences de la Santé, undocteur en sciences cliniques et un docteur en sciencesde la Communication Sociale. Nous n’avons pas dedocteur en sciences infirmières.

Les formations de spécialités. Elles sont nombreuses:- Infirmière de santé communautaire- Infirmière en protection maternelle et infantile- Infirmière en soins intensifs et urgence.

Les formations continues sont les suivantes:- Les soins à la communauté- Les soins intensifs d’adultes- Les soins intensifs pédiatriques- la gynéco-obstétrique- la néonatologie

CUBA

CUBANelcy MARTINEZ TRUJILLO,Infirmière, Master en Santé Publique. Professeur à l’École Nationale de Santé Publique.

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- le contrôle des maladies sexuellement transmissibles- la chirurgie- la psychiatrie- les urgences- l’épidémiologie.

L’exercice professionnel

Les infirmières à Cuba exercent dans 4 domaines: laclinique (avec des pratiques avancées), la recherche, lagestion et la formation.Le niveau de complexité de ces fonctions nécessite desformations adaptées.Les infirmières sont intégrées à tous les niveaux dessoins.Une particularité du système infirmier cubain estd’avoir une représentation au niveau national avec unDirecteur National Infirmier.Au niveau provincial une direction des soins infirmiersa été conçue dés le début de la réorganisation des ser-vices de santé.Au niveau municipal, dans les années 70Un poste de responsable infirmier a été crée au seinde la division politique administrative.

Les bases réglementaires de l’exercice infirmier (loi.)Depuis janvier 2008, la résolution (law) 396/07Exécutive du Ministère de Santé Publique :«Les règle-ments de l’exercice infirmier» règlent l’exercice de laprofession dans le pays.Ce texte décrit les fonctions des infirmières d’après leurniveau de formation ainsi que les responsabilités et laplace de travail que chaque infirmière peut occuper.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Les recherches se font à l’université,en master et doc-torat. Les infirmières peuvent participer à desrecherches en fonction de leur niveau de formation.Le Ministère de la Santé Publique (MINSAP) estl’Organisme du Système National de Santé à Cuba. Ila en charge de diriger, exécuter et contrôler les poli-tiques de Santé. Il finance la plupart des recherches.Il n’existe pas de poste d’infirmière chercheur dédiéexclusivement à la recherche. Les infirmières qui fontde la recherche occupent une autre fonction profes-sionnelle : professeur, responsable administratif, clini-cienne. Les infirmières cliniciennes sont celles qui fontle plus de recherches ensuite, il y a le domaine de l’en-

seignement des soins, et dans une moindre mesure, lagestion.Les recherches peuvent être pluridisciplinaires,mais cen’est pas la majorité.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes abordés sont majoritairement influencéspar la politique de santé locale et nationale, mais il y aquelques thèmes qui sont laissés au choix des cher-cheurs. Le centrage des thèmes de recherche tourneautour de la santé de la population.Les thèmes les plusabordés sont principalement dans le domaine clinique,l’éducation des patients et la santé publique.Toutes lesméthodologies sont utilisées dans les recherches ensoins infirmiers. Cependant, la recherche descriptivequantitative et qualitative est la plus courante.

Il n’existe pas une théorie de soins unique qui soutientla pratique et la recherche en soins infirmiers à Cuba.Les résultats de recherches sont présentés dans descongrès nationaux et internationaux. Il y a beaucoupde Journaux nationaux professionnels qui font la diffu-sion des résultats des travaux de recherche en parti-culier « le Journal Cubain des Infirmières » qui estpublié mensuellement.

RÉINVESTISSEMENTDE LA RECHERCHE

Dans la mesure où les thèmes de recherche sont auplus prés des pratiques, les résultats sont utilisés pouraméliorer la qualité des soins. C’est particulièrementvrai avec la recherche clinique.Dans le domaine de la pédagogie, les recherches ser-vent à faire évoluer les programmes scolaires et à l’amé-lioration des plans d’étude de la formation d’infirmière.Les recherches les moins réinvesties sont celles quiconcernent l’organisation et la gestion des soins.Actuellement, nous sommes en train de faire un pro-jet pour accroître ce type de recherches parmi les pro-fessionnels infirmiers.La recherche est un élément important pour la recon-naissance de la profession infirmière.

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 43

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Danemark fait parti des paysScandinaves. Le Royaume du Danemark qui com-prend les îles Féroé et le Groenland à une superfi-cie de 43070 km2. 1/3 de sa superficie est constituépar des îles (500) ce qui représente 7300 km decôtes. C’est un pays maritime situé entre la mer duNord et la Baltique, qui constitue un pont entrel’Europe centrale et les pays scandinaves.La population danoise compte 5,3 millions d’habitantsavec une densité de 120 habitants au km2. La popula-tion est très inégalement répartie sur le territoire,elleest concentrée à plus de 86 % sur les zones urbaines.Le pays est divisé en 14 comtés et en communes.

• Le système de santé. Le système de santé danoisest un des plus performant d’Europe,même si, depuisles années 90, sa situation stagne. Il est très majoritai-rement public et financé par l’impôt. Il est fondé sur leprincipe de l’accès gratuit aux soins. La gestion de lasanté est décentralisée et confiée aux comtés. Ils sontresponsables des soins de santé primaire et des soinshospitaliers (70 hôpitaux). Les municipalités gèrent lessoins à domicile, la santé scolaire et la promotion de lasanté ainsi que les établissements pour personnes âgées.Le pays compte environ 50000 infirmières dont les9/10ème travaillent dans le secteur public.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseLe Danemark compte 24 collèges universitaires desciences infirmières dépendants de l’enseignementsupérieur.Les études durent 3ans1/2 (4600 heures deformation,accord de Bologne) avec une alternance decours théoriques et de stages cliniques.Au terme desétudes, les étudiants obtiennent une licence en sciencesinfirmières.

Formation post basiqueDepuis 1990 les universités offrent des masters et desdoctorats en sciences infirmières. On compte actuel-lement une centaine d’infirmières danoises ayant undoctorat.

Il existe de nombreuse spécialisations pour les infir-mières : anesthésie, soins intensifs, soins aux enfants,psychiatrie, santé publique, hygiène, management…

L’exercice infirmier

Les infirmières exercent dans tous les domaines dessoins,2/3 des infirmières travaillent dans les hôpitaux.Pour exercer, elles doivent se faire enregistrer (infir-mière RN) et obtenir une autorisation du ConseilNational de la Santé.Toutes les infirmières qui exer-cent dans des services spécialisés doivent avoir uneformation post basique. L’actualisation des connais-sances est incluse dans leur travail.L’Organisation Danoise des Infirmières (DNO) est trèsactive et donne une grande impulsion à la profession.En 2009,au congrès du CII à Durban,on comptait plusde 250 infirmières danoises.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche est très développée au Danemark. Elleest enseignée dés la formation de base, les étudiants,pour obtenir leur diplôme, doivent valider une notede recherche.

La recherche est encouragée par un programme de« Stratégie Nationale pour la Recherche Infirmière2005-2010 » (premier programme 2002-2004) qui està l’initiative de l’Organisation Danoise des Infirmières.

Les objectifs de ce programme sont:• de contribuer au renforcement de la recherche en

sciences infirmières, en consolidant sa position auxniveaux national, régional et local,

• de promouvoir son développement en multipliant lesinitiatives pour inciter les infirmières à faire de larecherche,

• de cibler des priorités de recherche en regard despolitiques de santé nationale et régionale,

• de créer des liens entre les chercheurs pour optimi-ser les recherches,

• de répertorier les recherches.

La stratégie vise les infirmières, les politiciens, lesemployeurs, les institutions privées et publiques, les éta-blissements d’enseignement et les unités de recherche.

DANEMARK

DANEMARKDocument établi à partir des données du rapport du WENR 2009

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201044

Les postes de chercheurs en sciences infirmières sontreconnus, ils existent au sein des hôpitaux universitaires,universités et dans d’autres structures. Les recherchessont souvent réalisées en groupes pluridisciplinaires.Les recherches sont très largement publiées, Ils exis-tent 4 revues danoises de recherche. Les infirmièresont un large accès aux centres de documentation hos-pitaliers ou universitaires.Financement des recherchesLes sources de financements sont multiples. Les cher-cheurs peuvent obtenir des financements auprès deshôpitaux, du ministère de la santé danois, des labora-toires, des compagnies pharmaceutiques, des orga-nismes de bienfaisance,des dons privés.Malgré ces dif-férentes sources, les infirmières ont du mal à obtenirdes subventions pour réaliser des recherches, en par-ticulier les doctorants.

THÈMES NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes de recherches sont regroupés pour per-mettre une plus large avancée des connaissances.

Exemple: le Danemark est un des premier pays euro-péens à avoir travaillé de façon approfondie sur l’allai-tement dans le programme du DNO 2002-2004.Les thèmes les plus travaillés sont : la qualité de vie(maladies chroniques, personnes âgées…), l’éducationthérapeutique des patients, la performance dans lessoins cliniques, la douleur…

Toutes les méthodologies sont employées suivant lesthèmes traités, cependant, la recherche qualitative oumixte est de plus en plus utilisée.

RÉINVESTISSEMENT DE LARECHERCHE.

Même, si d’après la DNO, les pratiques de soins nebénéficient pas encore suffisamment,de l’influence desrecherches, il faut noter cependant qu’elles sont deplus en plus réinvesties dans les pratiques. Les infir-mières danoises mettent en place les soins basés surles résultats probants (EBN). Dans les établissementshospitaliers, les infirmières sont aidées par des cher-cheurs pour réinvestir les résultats de recherche.

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 45

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Les USA se classent au 4ème rang mondialpar leur superficie qui est de 9385000 km2.Il comprennent 48 états plus l’Alaska depuis 1959 etles îles Hawaii depuis 1960.En 2006, la population estestimée à 299 millions d’habitants dont 79 % viventen milieu urbain et 21 % en zones rurales.

• Le système de santé. Actuellement les améri-cains ne disposent pas d’assurance maladie obliga-toire (type sécurité sociale). Ils ont recours à desassurances privées qui couvrent les risques liés à lasanté. Les frais médicaux sont parmi les plus élevésdu monde. Pour ces raisons, un certain nombre depersonnes ne disposent d’aucune couverture sociale.Ce système est en train de subir une réforme pourpermettre à tous les citoyens américains d’avoir unecouverture santé universelle.L’espérance de vie est de 77,7 ans. Les principalescauses de mortalité sont : les maladie cardiovascu-laires et respiratoires, les AVC, les cancers, l’obésitémorbide, les accidents, surtout chez les jeunes.Sous l’influence du ministère de la santé, les centresde prévention et de contrôle des maladies ont posédes objectifs pour le maintien de la santé des popu-lations. En réponse à ces recommandations, la pro-fession infirmière accorde une importance prépondé-rante aux pratiques basées sur des résultats probantset résultats de recherche. La profession souhaitedémontrer l’efficacité des soins en termes de résul-tats positifs et de satisfaction des patients.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseLes études se font à l’université. Il y a plusieurs niveauxde formation:L’« associate degree » nécessite 2 années d’études,Les infirmières diplômées ont 3 années d’études,Le « baccalaureate degree », niveau licence se fait en4 ans.L’association nationale des infirmières « AméricanNurse Association » (ANA) recommande la licence en

4 ans pour être « Registred Nurse » (RN) pour faireface aux responsabilités et aux défis présentés par unsystème de santé complexe et changeant.

Formations post basiquesLes infirmières RN peuvent poursuivrent leur forma-tion après la licence.Les masters se font en 2 ans, ils couvrent de nombreuxdomaines: spécialiste clinique (en médecine,chirurgie,pédiatrie…) anesthésie, sage-femme, enseignement,administration, santé publique…Les doctorats nécessitent,après le master 4 à 6 annéesde formation. Les titulaires du titre de docteur peu-vent choisir des carrières comme infirmières cher-cheurs (PhD docteur) ou professeurs en soins (PhD)ou d’autres fonctions complexes comme Docteur ensciences infirmières (DNS).

La formation continuePour garder leur autorisation d’exercer, les infirmièresRN doivent accomplir 30 heures de formation conti-nue tous les 2 ans.La formation continue pour les infir-mières est proposée par des agences qui doivent êtreaccréditées par l’ordre infirmier.

L’exercice professionnel

Les infirmières RN sont responsables de la mise enapplication des pratiques de soins par l’utilisation deprocessus de soins en collaboration avec d’autres pro-fessionnels de la santé.Elles travaillent en tant « qu’avo-cate », elles défendent les patients pour les aider àmaintenir ou recouvrer la santé.Les infirmières RN ont une expérience significative etdiversifiée en clinique,enseignement,comparée à celledes autres formations.Elles peuvent travailler dans tous les domaines:clinique,maison de retraite, santé publique,santé scolaire, santécommunautaire, prison...Il faut souligner le travail important que font des infir-mières de santé publique (PHN) qui vont à domicileau plus prés des populations,souvent en situation sani-taire et sociale précaire,pour les aider dans la préven-tion et faire le lien avec les structures de santé.Le « National Council of State Boards of Nursing »définit les recommandations de bonnes pratiques pourles infirmières, dans tous les domaines d’exercice, afinde protéger le public. « Les infirmières sont le maillonindispensable pour la sécurité du patient. Elles jouent

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUEJane SCHLICKAU,PhD, RN, Professeur agrégé en sciences infirmières, College St,Winfield, Kansas, USA.

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un rôle central dans la diminution des taux de morta-lité, la prévention des erreurs médicales et la qualitédes soins » (Raines & Taglaireni 2008).Comme dans beaucoup de pays industrialisés, les USAsont en pénurie d’infirmières. Cette pénurie se situedans tous les domaines,y compris dans l’enseignement.Exemple: Selon l’association nationale des infirmièresaméricaines,ANA, en 2006 plus de 26000 candidatesadmissibles n’ont pas pu intégrer les programmes deformations du premier cycle des études d’infirmières,faute d’enseignants.

Les infirmières RN peuvent exercer en pratiques avan-cées (APN). L’ordre des infirmières exige que les pro-fessionnels aient au minimum un niveau de master pourexercer en pratique avancée.Elles peuvent réaliser desactes (consultation, soins techniques, diagnostic, pres-criptions,éducation…) comparables à ceux des méde-cins.Elles peuvent exercer en cabinet médical privé,enclinique, en hôpital, en santé publique…Il existe de nombreuses associations qui regroupentles infirmières, la plus importante est l’AmericanNurses Association (ANA). Elle regroupe desAssociations Membre Constitutif (RMR) et compte parce biais prés de 2,9 millions d’adhérents sur l’ensembledu territoire. Elle œuvre au développement de la pro-fession, aux conditions de travail des infirmières et àl’évolution des soins.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Aux USA la recherche est très développée. Elle se faitdans tous les lieux où travaillent des infirmières :Universités,établissements hospitaliers publics ou pri-vés, santé publique, laboratoires, associations profes-sionnelles…Toutes les infirmières sont formées aux méthodes derecherche, mais plus particulièrement les infirmièrestitulaires d’un master et d’un doctorat.Les postes de chercheurs sont nombreux. Les doc-teurs en sciences infirmières sont habilités à dirigerdes laboratoires de recherche où se fait la recherchefondamentale.Les infirmières RN, si elles disposent de subventions,peuvent réaliser des recherches cliniques dans leurmilieu de travail.Les recherches sont souvent réalisées par des équipesde recherche qui comprennent des chercheurs (infir-miers ou non) ayant des compétences complémentaires:épistémologie, statistiques,docimologie,enquêteur,épi-démiologie… De ce fait, elles sont très souvent pluri-disciplinaires. Quand les recherches sont réalisées enmilieu de travail, les infirmières sont amenées à formerune équipe avec les personnes concernées par le sujet.

Les financements sont multiples car beaucoup de finan-ceurs comprennent l’intérêt que représentent les pro-fessionnels infirmiers dans le paysage de la santé despopulations.Les principaux financeurs sont: le « National Instituteof Nursing Research » (NINR), l’« Agency forHealthcare Research and Quality » (AHRQ), les hôpi-taux, les fondations privées qui font des dons aux uni-versités de sciences infirmières pour la recherche, lesagences de santé des états, les laboratoires. Il y a aussides recherches qui sont financées par le départementmilitaire.Il faut souligner le rôle important de 2 organismes:- Le NINR qui subventionne de nombreuses recher-ches et propose des formations aux chercheurs pouraccroître leur expertise dans des domaines précis,exemple : enquêteurs sur le terrain. Cet organismenational présente un plan stratégique de recherche endéfinissant les grands axes de la recherche.Le plan 2006– 2010 est orienté sur: La construction de la scienceinfirmière (épistémologie et développement desméthodes de recherche), la biologie, les scienceshumaines, les nouvelles technologies dans tous lesdomaines:soins cliniques,communication,organisation,gestion… Des thèmes plus précis sont proposés : laqualité de vie, l’accompagnement en fin de vie, la pro-motion et la prévention de la santé.Cet organisme à la volonté de faire progresser lessciences infirmières pour qu’elles restent une scienceà part entière au même titre que toutes les autressciences.- L’ARHQ qui subventionne des recherches en regardde ses objectifs : aider au développement de la qualitédes soins, travailler sur la réduction des coûts, mieuxinformer les patients sur leur santé, faciliter leur accèsaux soins.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHES

Les thèmes

Tous les domaines des soins peuvent faire l’objet derecherche. Il n’y a pas de censure. Cependant, commecité plus haut, le NINR et l’ARHQ donnent les grandesorientations des recherches et les financeurs oriententégalement les thèmes. Ils accordent des crédits au vud’un protocole que présente le chercheur ou l’équipede recherche (il y a une grande concurrence).En fonc-tion des régions,des états, les besoins des populationsen matière de santé peuvent être très diverses et lespriorités des recherches très différentes.Les établissements de santé émettent des priorités derecherche en lien avec les problèmes de soins rencon-trés et leur projet d’établissement.L’accent est mis ces

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dernières années sur la qualité de vie dans les mala-dies chroniques, La disparité dans l’accès aux soins, etles thèmes générés par l’EBN.La recherche fondamentale est essentiellement cen-trée sur le développement de la discipline, concepts,théories, modèles conceptuels, le développement dessoins, les nouvelles formes de soins, les nouvelles tech-nologies, les pratiques avancées, l’EBN.

Il faut souligner que certains chercheurs infirmiers,res-ponsable de laboratoire, font travailler les doctorantssur les recherches menées au sein de leur structure.Les théories et concepts utilisés par les chercheurssont très divers car,à ce jour, la profession dispose d’unpanel étendu qui laisse un choix très large.Le choix sefait en fonction de la problématique de recherche.

Nature et méthodes

La recherche fondamentale et la recherche appliquéesont couramment utilisées.Comme dans toutes les sciences, toutes les méthodesde recherche peuvent servir de support auxrecherches: expérimentale, quasi-expérimentale, ran-domisée, descriptive qualitative et quantitative,recherche appliquée, recherche action…Toutes les recherches doivent être validées par desniveaux de preuve. Elles peuvent faire l’objet de cri-tique par les pairs.L’objectif est d’améliorer réellementles soins,au bénéfice des patients,et de montrer la plusvalue apportée par les résultats de la recherche.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Le réinvestissement des recherches est possible carelles sont très largement diffusées.Les infirmières amé-ricaines disposent de très nombreuses revues profes-sionnelles où sont publiées les recherches. Les étu-diants apprennent à utiliser des recherches, et d’unefaçon générale, les infirmières lisent les revues profes-sionnelles.Les congrès nationaux et internationaux sont nom-breux.Les universités, l’NINR, l’ARHQ,les associationsen organisent régulièrement.Les résultats de recherche sont réinvestis dans les pra-tiques. Il y a deux éléments déterminants:1) l’enseignement est basé sur les recherches, les ensei-gnants actualisent régulièrement les connaissancesqu’ils transmettent en fonction des résultats derecherche.

2) Dans les hôpitaux, et dans beaucoup de structures,les infirmières sont aidées par des professionnels expé-rimentés pour faire évoluer leur pratique en fonctiondes résultats de recherche (EBN). Les pratiques sontrégulièrement évaluées.Les thèmes de recherches sonttrès adaptés à la pratique et à la demande des infir-mières praticiennes,de ce fait, elles peuvent être réin-vesties au bénéfice du patient et des populations.

CONCLUSION

La recherche en sciences infirmières est bien dévelop-pée aux USA.Mais, compte tenu des pressions écono-miques actuelles, des pressions sociales et juridiques,du développement de la médecine et des nouvellestechnologies, les infirmières doivent en permanencefaire des nouvelles recherches pour maintenir etaccroître leurs prestations auprès des patients,de leurfamille et des populations.

RÉFÉRENCES

(1) Agency for Healtcare Research and Quality(n.d.).C o n t a c t :http://www.ahrq.gov/fund/ragendix.htm

(2) American Nurses Association (2000). ANAreaffirms commitment to BSN for entry intopractice.Contact : http://www.nursingworld.org/FunctionalMenuCategories/MediaResources/PressReleases/2000/CommitmenttoBSN. aspx

(3) Centers for Disease Control andPrevention(n.d.)http://www.cdc.gov/nchs/about/otheract/hpdata2010/abouthp.htm

(4) National Institute of Nursing Research (n.d.)Contact: http://www.ninr.nih.gov/

(5) Public Health Community Nursing (n.d.)Contact:http://www.co.el-dorado.ca.us/CommunityNursing/publichealthnursing.html

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201048

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La France, située à l’ouest de l’Europe, aune superficie de 675417 km2 et compte 65,1 mil-lions d’habitants (départements et territoiresd’outre-mer compris).La population est en constanteaugmentation. Elle est la cinquième puissance mon-diale.

• Le système de santé. Le système de protectionsociale se répartit en différents régimes d’assurancemaladie. De plus, un système d’assurance complé-mentaire,non obligatoire,complète le dispositif géné-ral permettant d’augmenter le taux de rembourse-ment des frais médicaux. Par ailleurs, des dispositifsmis en place par l’État permettent à des personnesne cotisant pas à un régime d’assurance maladie debénéficier d’une couverture sociale.Ainsi chacunpeut,quelque soit sa situation,bénéficier de soins desanté.Les dépenses de santé par habitant sont parmiles plus élevées dans le monde. Les soins sont dis-pensés grâce à un maillage entre les structures sani-taires, médico-sociales, les milieux de groupementsd’individus (scolaires, travail, pénitentiaire…) et ledomicile.

La santé relève du niveau de compétence de l’État.Elleest placée sous la responsabilité du Ministère de lasanté.L’organisation du système de santé est plutôt orientéevers des structures sanitaires et des soins curatifs.Cependant, les orientations récentes des politiquespubliques tendent à renforcer et à développer les dis-positifs de promotion de la santé et de prévention.Ainsi il est possible d’observer des tendances au rap-prochement et à la complémentarité entre les diffé-rentes dimensions de la santé (promotion,prévention,soins, réhabilitation) et structures qui œuvrent pourl’amélioration de la santé des populations.L’état de santé de la population en France apparaît glo-balement bon.L’espérance de vie est de 84,5 ans pourles femmes et de 77,6 ans pour les hommes (Source:Eco-Santé France 2008, d’après données INSEE).

Les premières causes de mortalité sont: le cancer, lesmaladies cardiovasculaires, les accidents.Les principauxproblèmes de santé publique restent la consommationd’alcool, de tabac, le développement de la surcharge

pondérale ainsi que l’exposition à des facteurs envi-ronnementaux.La prévalence des maladies chroniquesaugmente parallèlement au vieillissement de la popu-lation et conduit,outre les démarches thérapeutiques,à s’intéresser à la qualité de vie.

Les infirmières,comme les autres professionnels de santé,cherchent à remplir leur mandat social, à répondre auxbesoins de santé et à la satisfaction des populations, àdévelopper la qualité des prestations et leurs compé-tences.

Les infirmières sont très attachées à la qualité et la sécu-rité des soins. Elles participent activement depuis denombreuses années aux différents programmes visantà améliorer et à garantir la qualité des prestations.Cependant, leurs activités ne sont pas encore fondéesde façon systématique sur des résultats de la recherche.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseJusqu’à la réforme des études de juillet 2009 la forma-tion initiale, se faisait dans les Instituts de formation ensoins infirmiers (IFSI), durant 37,5 mois, à l’issue delaquelle les étudiant obtenaient le Diplôme d’Étatd’Infirmière (DEI) permettant l’exercice professionnel.

Selon les nouvelles modalités, la formation se fait dansles IFSI avec des conventions universitaires permettantd’obtenir concomitamment le DEI et le grade deLicence. La durée de la formation est de 3 ans, soit sixsemestres.La formation est organisée sur les principesuniversitaires (semestres, unités d’enseignement…).L’admission des candidats dans la formation d’infirmièreest régulée par des quotas déterminés au niveau natio-nal et déclinés dans chaque région.

Formations post basiquesLes formations professionnelles permettent l’accès à:- des spécialités officiellement reconnues et réglemen-tées: Infirmière anesthésiste Diplômée d’État (IADE)(deux ans de formation), Infirmière de bloc opératoire

FRANCELjiljana JOVIC,Directeur des soins – Conseillère technique régionale en soinsDirection régionale des affaires sanitaires et sociales, Ile-de-France

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 49

Diplômée d’État (IBODE) (dix-huit mois de formation),Infirmière puéricultrice (un an de formation);- des grades de la fonction publique hospitalière :Diplôme de cadre de santé, directeur des soins (for-mation d’adaptation à l’emploi mais pas de diplôme).

Formation continueIl existe de nombreuses possibilités de formation conti-nue et une incitation au « Développement profession-nel continu ». Selon les cas elles peuvent conduire ounon à l’obtention d’un diplôme.

Les infirmières ont accès à des formations universitairesdans diverses disciplines mais il n’existe pas encore decursus complet (Licence,master, doctorat) en sciencesinfirmières. De plus les diplômes obtenus, outre desdiplômes professionnels, ne sont pas formellementreconnus (fonctions,postes,rémunération).Cependant,de nombreuses infirmières se sont engagées,soit à titrepersonnel soit avec le soutien de leur institution, dansdes formations universitaires et sont titulaires notam-ment de diplômes de niveau master et doctorat.

Le domaine de la formation, comme celui de la pra-tique, est en pleine mutation. Des propositions dediplômes universitaires plus spécifiquement centrés surles soins infirmiers commencent à se développer et desdiscussions sont en cours pour que des formations despécialités soient réalisées dans des master 1 ou 2.

L’exercice professionnel

La profession d’infirmière est réglementée,ainsi seules lespersonnes titulaires du DEI peuvent l’exercer.Les missionsdes infirmières se déclinent dans les domaines de la pro-motion de la santé,de la prévention,des soins curatifs etpalliatifs, de la réhabilitation. Elles peuvent exercer danstous les milieux: sanitaire, médico-social, scolaire, du tra-vail, pénitentiaire, santé publique… Les secteurs d’exer-cice peuvent relever de statut public,privé ou libéral.

L’exercice,outre les spécialités officiellement reconnues,est de type généraliste. Des activités qui s’apparententaux pratiques avancées sont relativement répandues,mais elles ne sont pas véritablement formalisées etreconnues.Actuellement, on assiste à un début d’orga-nisation des pratiques avancées dans le cadre de« coopérations entre professionnels de santé » tellesque prévues dans la Loi portant réforme de l’hôpital etrelative aux patients,à la santé et aux territoires (2009).

Les infirmières, selon leur grade, ont des activités cli-niques ou mènent des actions en directions de popu-lations (prévention…), de gestion, d’enseignement etde formation, de recherche.

Les textes précisant le champ d’exercice des infir-mières figurent dans le Code de santé publique. La

réglementation permet aux infirmières d’exercer desactivités soit à leur initiative soit celles correspondantà la mise en œuvre de la prescription médicale.

La profession infirmière étant réglementée, les profes-sionnels doivent s’inscrire au répertoire d’AutomatisationDes Listes (ADELI). Depuis la promulgation de la loicréant l’Ordre national des infirmiers en 2006 l’inscrip-tion y est obligatoire.

Il existe de nombreuses associations professionnelles.Elles ont des objets diversifiés,par exemple, la promo-tion: d’une activité en fonction du secteur d’exercice(cardiologie,néphrologie,psychiatrie,médecine du tra-vail…), d’un domaine de soins infirmiers (recherche,diagnostics infirmiers, formation…),d’un groupe (direc-teur des soins…).Chaque association apporte sa contribution, en fonc-tion de sa spécificité,au développement des soins infir-miers et/ou à la profession.La plus ancienne est l’Association nationale françaisedes infirmières et infirmiers et étudiants (ANFIIDE).Elle représente la France au Conseil Internationaldes Infirmières. L’adhésion aux associations estvolontaire et dépend des intérêts professionnels dechacun.

Les infirmières sont plébiscitées par la population.Cependant, en France, comme dans de nombreuxautres pays dans le monde, il existe une pénurie d’in-firmières pour faire face aux besoins de santé.Objectivement le nombre d’infirmières progresse maisles besoins de santé également.

Les infirmières occupent une place singulière dans lesystème de santé par leur approche de la personne,leur nombre. Elles ont des activités professionnellesvariées mais elles assurent également des fonction de« médiation » entre les usagers et différentes profes-sions, notamment les médecins, et de coordination.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche est présente dans la réglementation desprogrammes de formation des infirmières depuis plu-sieurs dizaines d’années.L’idée de la recherche commeactivité utile à la pratique a été particulièrement diffu-sée en France à partir des années 1970. Depuis cettepériode le développement de la recherche s’est faitplutôt par des initiatives individuelles ou de groupesprofessionnels restreints.A titre d’exemple, il est pos-sible d’indiquer des initiatives avec des soutiens insti-tutionnels ou associatifs. Des hôpitaux ont élaborésdes programmes de développement de la recherche,

FRANCE

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de soutien aux équipes et des modalités d’applicationdes résultats dans la pratique.Des journées nationales,notamment celles organisées par l’Institut national dela recherche médicale (INSERM) en 1995, et plusrécemment le congrès national des infirmiers qui s’esttenu à Nantes en 2006 visaient,notamment,à préciserl’apport de la recherche aux soins infirmiers.Des associations ont particulièrement soutenu le déve-loppement de la recherche et son ancrage dans les pra-tiques professionnelles au travers de différentes actionstelles que: la diffusion des connaissances, des publica-tions (Cahiers de l’AMIEC, Recherche en soins infir-miers),des propositions de formations,de constitutionde réseaux de chercheurs (ARSI)…Par ailleurs, des individus, par leurs actions, ont égale-ment contribués à promouvoir la recherche en soins.

Des infirmières, dans le cadre de leur cursus universi-taire,complémentaire aux formations professionnelles,ont également contribué au développement de larecherche, même si les travaux réalisés dans descontextes de soins infirmiers sont validés dans uneautre discipline.Ainsi la recherche en sciences infirmières se fait, soitdans le cadre de formations, soit dans les établisse-ments de santé par des personnes ou des équipesconvaincues de son intérêt et de son utilité.Des possibilités de financement de projets derecherche existent. Elles sont proposées par desorganismes nationaux (Ministère de la santé, Hauteautorité de santé (HAS)…), des fondations, desindustriels. Mais les infirmières y accèdent difficile-ment, notamment, en raison des exigences métho-dologiques.

Toutefois si ces initiatives ont incontestablementcontribuées à la promotion de la recherche et à sa dif-fusion, tant dans les milieux professionnels qu’auprèsdes disciplines connexes, il n’y a pas eu une véritablestructuration de la recherche dans le champ profes-sionnel.Sans rentrer dans une aporie, le constat est unmanque de structures pouvant donner un cadre à larecherche en sciences infirmières, une culture scienti-fique émergente et un manque de débat épistémolo-gique sur l’objet des soins infirmiers et des méthodesles plus appropriées pour l’investiguer.

Aujourd’hui, la recherche en sciences infirmières sestructure sous l’effet de plusieurs phénomènescongruents: les perspectives d’évaluation des pratiquesprofessionnelles et de soins fondés sur des résultatsprobants, la volonté de reconnaissance des compé-tences professionnelles, le financement spécifique deprojets de recherche infirmière (Programme hospita-lier de recherche infirmière (PHRI)), l’évolution despossibilités de formation spécifique dans des contextesuniversitaires, une appétence pour penser les soins ettravailler de façon interdisciplinaire.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHES

Thèmes

Tous les domaines de soins et de pratique peuvent fairel’objet de recherches. Les thèmes portent sur desbesoins de santé des populations ou de compréhen-sion du fonctionnement du groupe professionnel.Généralement, les sujets d’investigation sont choisis parles personnes en fonction de leur domaine d’intérêt.Ces dernières années les thèmes traités ont particuliè-rement concernés les activités cliniques et les conceptsdes sciences infirmières.

Nature et méthodes

Les travaux peuvent relever de recherches fondamen-tales (concepts…) ou appliquées dans différents milieuxd’exercice. Ils utilisent selon les cas les méthodes quan-titatives, qualitatives ou mixtes.

Les recherches s’inspirent des perspectives de disci-plines relatives aux sciences de la vie, aux scienceshumaines et sociales, plus rarement des sciences infir-mières en raison de la barrière linguistique et des dif-ficultés de maîtrise de l’anglais.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Le réinvestissement de la recherche se fait particuliè-rement lorsque les travaux sont réalisés par des infir-mières ou des équipes dans les milieux de travail.

Les infirmières qui réalisent des recherches publientrelativement peu. La diffusion des travaux se fait plusfréquemment par des communications orales dans desjournées d’études, des congrès, qu’ils soient centréssur les soins infirmiers ou dans le cadre de rencontresen lien avec une discipline médicochirurgicale (cardio-logie, néphrologie…).

CONCLUSION

La recherche en sciences infirmières se structure enFrance. Des phénomènes congruents relatifs auxbesoins de santé des populations et des profession-nels, aux exigences de garantie de sécurité et de qua-lité des soins, des politiques publiques sont favorablesau développement de la recherche.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La Grèce,officiellement la République hel-lénique,est un pays d’Europe du Sud,située à l’extré-mité sud de la péninsule des Balkans.Athènes est lacapitale. Elle couvre 132,000 km2.La Grèce moderne trouve ses racines dans la civili-sation de la Grèce antique,généralement considéréecomme le berceau de la civilisation occidentale.Comme telle, elle est le berceau de la démocratie,de la philosophie occidentale, des Jeux Olympiques,de la littérature occidentale et de l’historiographie,des sciences politiques, des grands principes scienti-fiques et mathématiques,et de la tragédie et la comé-die.La Grèce est un pays développé. Elle est membre del’Union européenne depuis 1981,membre de l’Unionéconomique et monétaire de l’Union européennedepuis 2001, de l’OTAN depuis 1952, de l’OCDEdepuis 1961,de l’UEO depuis 1995,un membre fon-dateur de la Coopération économique de la mernoire et un membre de l’ESA depuis 2005.Le secrétariat général du Service statistique nationalde Grèce a estimé en 2008, la population grecque à11237068 d’habitants. En 2000, l’espérance de viemoyenne était de 75,42 pour les hommes et 80,54pour les femmes. Ce processus de vieillissement ad’importantes implications sociales et politiques, il ya moins de personnes en âge de travailler pour sou-tenir la demande croissante de la population vis à visdu système de soins de santé. Néanmoins, ces der-nières années, il y a un afflux important d’immigrantsdont la grande majorité sont en âge de travailler, parconséquent, ils devraient contribuer à ralentir levieillissement de la population grecque qui a étérapide au cours des dernières décennies, en raisonde la baisse du taux de natalité, d’une part et l’espé-rance de vie plus longue d’autre part.

• Le système de santé. Les citoyens grecquesbénéficient d’une couverture sociale pour l’accès auxsoins quelles que soient leurs situations financière,sociale ou professionnelle.En Grèce, les services de santé sont systématique-ment fournis par les hôpitaux qui sont placés danstout le pays. Il existe plus de 130 hôpitaux secon-daires et tertiaires qui sont gérés par l’État.Les soinsde santé primaires sont dispensés par les centres de

soins gérés par le système national de santé (NHS)et les organismes de Sécurité sociale. Jusqu’à récem-ment, les soins à domicile ont été fournis par les ser-vices de soins de santé primaire ou par quelques uni-tés spécialisées gérées par des hôpitaux. En plus dela NHS, il existe également des services de soins desanté fournis par le secteur privé, tant au niveau dessoins de santé primaire que pour les hôpitaux.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

L’exercice professionnel

La Communauté des soins infirmiers est intégrée dansle cadre juridique qui concerne les soins primaires desanté en Grèce, comme suit :• Droit 1397/83, numéro A, création Presse du

Gouvernement• Droit 1579/85, numéro A, GNE 217

Cette réglementation est relative à la mise en œuvreet au développement national du système de santé.Les infirmières travaillent dans tous les domaines dessoins. Le niveau de formation des infirmières s’estbeaucoup amélioré ces dernières années : exemple :16 % des infirmières praticiennes ont un diplôme uni-versitaire post basique (spécialisation), 4 % un masterou un doctorat, sans compter toutes les infirmièresqui travaillent dans l’enseignement ou dans des postesde cadre, pour qui ces diplômes sont obligatoires.

Cursus de formation

Formation de baseLes étudiants peuvent accéder à la formation aprèsl’obtention d’un bac (12 années de scolarité).La durée des études d’infirmières est de 4 ans. La for-mation se fait dans les collèges polytechniques et àl’université dans les facultés des sciences infirmières, lesétudiants obtiennent une licence en sciences infir-mières (Bachelor).

Formation post basiqueLes infirmières peuvent entreprendre une formationsupérieure d’un an (diplôme d’highter) dans les spé-

GRÈCE

GRÈCEAthena KALOKERINOU-ANAGNOSTOPOULOU,Professeur associé en soins Infirmiers communautaires,département de santé publique,Laboratoire de soins com-munautaires, Université d’Athènes.

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cialités suivantes: Soins médicaux, soins chirurgicaux,soins pédiatriques, soins en santé mentale.Plusieurs types de master sont possibles : Santépublique, santé mentale, soins cliniques, organisationdes soins,gestion des services,enseignement des soins,informatique… La durée d’études en master est de 2années.Le doctorat (Ph. D) est essentiellement axé sur larecherche, il dure 4 ans.

LA RECHERCHE EN SOINSINFIRMIERS

La Recherche en soins infirmiers en Grèce a lieu dansles établissements d’enseignement (facultés de sciencesinfirmières dans les universités, les collèges techniques,etc) ainsi que sur les lieux de travail comme les labo-ratoires, les établissements de soins de santé… LaGrèce essaie de développer des réseaux européens derecherche.

Il y a des postes d’infirmières chercheurs.La rechercheen sciences infirmières est habituellement auto-finan-cée ou financée par des bourses et des subventionsquand la recherche est liée à des fins éducatives(comme les études master et doctorat).D’autres orga-nisations non gouvernementales et l’état financent lesrecherches en fonction de l’objectif de l’étude et deson utilité pour la société, le profil académique deschercheurs et leur lieu de travail.

Le chercheur est identifié selon l’objectif et les fins dela recherche.Étudiants de troisième cycle (maîtrise oudoctorat) supervisés par des universitaires,et des pro-fessionnels. Des infirmières praticiennes conduisentégalement des recherches infirmières sur leur lieu detravail.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes de recherches sont choisis par les cher-cheurs, mais aussi en fonction du financeur. Les cher-cheurs traitent habituellement de sujets qui appartien-nent à leur domaine professionnel ou académique.Lesthèmes se rapportent essentiellement à la politiquelocale ou nationale ainsi qu’aux problèmes de santé quiintéressent la société scientifique. Il n’y a pas de stra-tégie de recherche concertée en Grèce qui émaneraitdu gouvernement ou de la profession elle-même,seulel’université dispose d’une stratégie.

La recherche multidisciplinaire est de plus en plus fré-quente car les sujets de recherche deviennent de plusen plus complexes et exigent une approche globale.Les thèmes de recherche sont très divers, les plus pré-sents ces 5 dernières années sont: les approches cli-niques, l’oncologie, la santé mentale, les approches ensciences humaines, la santé publique, l’éducation despatients et la sécurité des patients.Les concepts ou lesthéories les plus utilisés dans les recherches sont : laqualité des soins, l’éducation des patients, la satisfac-tion des patients, le soutien des familles, l’efficacité dessoins cliniques, la gestion des soins, l’organisation dessoins, l’enseignement des soins…L’EBN qui est enseigné et utilisé dans les programmesde master et de doctorat est l’objet de nombreusesrecherches.

La nature des recherches est très large. La recherchefondamentale, la recherche appliquée, la rechercheaction, les études transversales, longitudinales et étudesde cas sont réalisées en Grèce.Les méthodes les plus utilisées sont les recherches ran-domisées, les recherches descriptives quantitatives etqualitatives, et en moindre fréquence les recherchesexpérimentales et quasi-expérimentales.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Toutes les infirmières peuvent avoir accès aux résul-tats des recherches car elles sont largement diffusées.Tous les moyens de communications sont utilisés:publi-cation dans des revues scientifiques en Grèce et àl’étranger,diffusion sur internet,bases de données spé-cifiques,colloques,conférences,posters,présentationsde recherche dans des congrès nationaux et interna-tionaux.Malgré l’effort de diffusion des recherches, elles sontpeu réinvesties sauf dans le cas des recherches liéesaux problèmes de la pratique.La pratique apporte généralement des questions derecherches et demande que des solutions soient trou-vées vis-à-vis des problèmes.Dans ce cas, la rechercheest adaptée de façon à répondre aux besoins en four-nissant des connaissances scientifiques basées sur despreuves.Lorsque les résultats de recherche en soins infirmiersrenvoient à des problèmes prioritaires concernant lapratique et fournissent des renseignements pertinentset des connaissances, ils sont vérifiés par des activitésde recherche proprement dites sur une échelle pluslarge en Grèce,ou à l’étranger. Ils sont pour la plupartutilisés dans la pratique comme protocoles ou réfé-rences pour de meilleures pratiques.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La Guinée est un pays d’Afrique de l’Ouestlimité par l’océan atlantique,la Guinée Bissau,le Sénégal,le Mali, la Côte d’Ivoire, le Libéria et la Sierra Léone.Sa capitale est Conakry.Environ 10 millions d’habitants pour une surface de245857 km2 divisé en 4 régions:- La basse Guinée au bord de l’atlantique- La moyenne Guinée (Fouta Djalon) « château d’eau

du pays »- La Haute Guinée: savane, siège de zone de dénutri-

tion- La Guinée forestière: montagneuseLa langue officielle est le Français associée à une tren-taine de dialectes (peul, poular, soussou…)Ancienne colonie française de 1893 à 1958:Sékou Touréfut le premier président,avec une politique très vite dic-tatoriale.La république est actuellement gouvernée parla junte militaire, suite au décès du dernier présidentdébut 2009.Des élections sont prévues en mars 2010.Le pays est actuellement en instabilité politique (guérillas,émeutes) motivée par les élections prochaines.L‘analphabétisme est encore important malgré unréseau scolaire assez bien réparti et développé maisne bénéficiant pas de matériel suffisant.

• Le système de santé. L’état a élaboré une poli-tique de Santé qui reste très inégale au sein des régions;les soins, le traitement des eaux,la création de latrinespubliques et l’éducation restent une priorité.Les patients payent leurs soins et leurs médicaments.De nombreux centres de santé et hôpitaux sont aidéspar des ONG, le plus souvent Franco-canadiennes.Les cliniques privées commencent à se développersurtout autour de la capitale; le personnel est quali-fié, les soins sont réservés à une population aisée.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Concernant les infirmiers, les programmes évoluentet les formations sont très disparates:

- Formation des agents de santé (AS) : Infirmiers dansle pays ; Niveau Bac exigé pour l’entrée et 3 ansd’études.

- Formation des agents techniques de santé (ATS) :niveau brevet et 3 ans d’études

- Formation au diplôme d’état d’infirmier : cursusrécent; bac exigé et 3 ans d’études.

Il n’y a pas de formation d’aides soignants compte tenuque les familles assistent les malades lors de la toiletteet assurent la préparation et l’administration des repas;l’entretien des salles est assuré par des « filles de salle »et l’entretien des surfaces (lits, chariots…) « par lespersonnes qui y sont sensibles ».Avec ces 3 diplômes, on retrouve, pour tous, des sta-tuts d’infirmier dans les hôpitaux sachant qu’il y a beau-coup plus d’ATS que d’AS et d’IDE.Les IDE suivent une formation à l’université; l’anatomie,la physiologie et les pathologies sont extrêmementdéveloppées au détriment des soins infirmiers tech-niques. Ces diplômés assurent très souvent des fonc-tions médicales pour combler la pénurie de médecinsdans le pays (actes de chirurgie par exemple).

L’exercice professionnel

Le contexte politique actuel fait que les agents d’état nesont pas toujours rémunérés; l’investissement au tra-vail est donc lié à la volonté de chacun. L’absentéismeest très important et engendre, dans les hôpitaux, unproblème majeur pour la continuité des soins.Certainesplages horaires, en l’absence d’infirmier, ne sont cou-vertes que par des étudiants.

Les agents de santé qui travaillent dans les centres desanté sont volontaires ; ils parcourent de nombreuxkilomètres pour apporter des soins,mais sans moyensmatériels.Les matrones traditionnelles sont encore nombreuses,car les sages-femmes diplômées sont en nombre insuf-fisant.

La formation continue

A ma connaissance, il n’existe pas de formation conti-nue; c’est le terrain qui façonne le soignant en fonc-tion des opportunités.

GUINÉE CONACRY

GUINÉE CONACRYNathalie OLIVIER,Cadre de santé, Directrice d’un IFAS, licence en sciences de l’éducation, diplôme universitaire en pratique etméthode en santé publique, assure des missions humanitaires en Guinée pour le compte de l’ACAUPED, ONGbasée à Armentières dans le Nord.Mission au mois d’août 2009:Accompagnement d’étudiants IDE et sage-femmes,formation en hygiène et aide aux projets de soins pour l’hôpital de Mamou.

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Les ONG assurent de plus en plus de formationsauprès du personnel soignant, qui est de plus en plusréceptif aux conseils.Les étudiants AS,ATS, IDE,méde-cine ou sages-femmes sont très ouverts aux forma-tions que nous leur proposons. Ils sont avides deconnaissances pratiques car, d’une manière générale,ils connaissent la théorie mais ont des difficultés à l’ap-pliquer et la concrétiser sur le terrain.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Il n’y a pas de recherche en soins infirmiers, mais lesmédecins se forment de plus en plus à la santépublique. Ils établissent des études pour le ministèrede la santé et pour les ONG qui les soutiennent.

CONCLUSION

Dans les hôpitaux publics, la population infirmière estassez désoeuvrée; les moyens matériels sont inexis-tants, soumis aux dons et aides des associations huma-nitaires. Exemple : durant l’été 2009, le pays était enpénurie de poches pour le recueil de sang, le CNTSétant en rupture de stocks. Dans certains hôpitaux, iln’y a pas de désinfectant, pas d’eau tous les jours, pastoujours d’électricité et les groupes électrogènes nesont pas toujours opérationnels.

Les élections de 2010 seront déterminantes pour envi-sager l’orientation que prendra le pays face à la santéde la population qui reste précaire: paludismes graves,encore très fréquents malgré les nouveaux traitements,cas de typhoïde nombreux, mortalité en suite decouche encore très élevée…

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. est situé sur la côte sud de la Chine, aubord de la Mer de Chine méridionale. Il est divisé en3 parties: l’Ile de Hong Kong, la péninsule de Kowloonet les Nouveaux Territoires qui sont composés deplus de 200 petite îles. Hong Kong, avec une popula-tion d’environ 7,01 millions d'habitants à la mi-2009,est un pays dynamique. La population, très métissée,est essentiellement regroupée dans les villes et surles côtes. L’administration régionale de Hong Kongest spécifique et fait partie de la République popu-laire de Chine. Elle a été créée le 1er juillet 1997, envertu du principe « Un pays,deux systèmes »: l’anciensystème capitaliste de Hong Kong et son mode devie resteront inchangés pendant 50 ans.La Région estrégie par la population de Hong Kong.

• Le système de santé est très efficace. La cou-verture sanitaire est une des meilleures des paysd’Asie. Les hôpitaux publics et les cliniques privéessont modernes et dispensent des soins de qualité.Ils sont soumis par le gouvernement, ainsi que lesmédecins de ville,à des normes de bonnes pratiques.La médecine chinoise traditionnelle est encore trèsutilisée et côtoie avec harmonie, la médecinemoderne. Les habitants du pays ont accès gratuite-ment aux soins hospitaliers.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation initiale:Les infirmières ont plusieurs niveaux de formation. Lepremier niveau a été créé il y a quelques années pourpalier la pénurie d’infirmières- Enrolled Nurse:1er niveau de pratiques,sont formées

en milieu hospitalier et n’ont pas de formation uni-

versitaire.Elles peuvent travailler après un an de for-mation

- Registered Nurses 2ème niveau de pratiques, sont for-mées à l’université en 3 ans et obtiennent un diplômesupérieur/Baccalauréat (BS).

Formation post basiqueAvec des études universitaires complémentaires, lesinfirmières peuvent obtenir un Master (MSN MN) ouun doctorat. Ces infirmières ont généralement acquisune spécialité pendant leur formation de base soit«général» ou en «psychiatrie».

Formation continueLa formation continue est offerte par les universitéset les hôpitaux. Elle est disponible et recommandéepour tous les niveaux de formation infirmière.Cependant, il n’existe aucune exigence de formationcontinue pour le renouvellement de la licence infir-mière qui doit se faire tous les 3 ans.

L’exercice professionnel

La pratique des soins infirmiers, à tous les niveaux, estréglementée par une loi connue sous le nom de«Nurses ‘Registration Ordonnance chapitre 164».L’ordre infirmier est l’organe statutaire qui régit la for-mation et la pratique des soins infirmiers à Hong Kong.Le nombre d’infirmières au 30 novembre 2009 est de38505 infirmières réparties en:- Registered Nurses (général) 27076- Registered Nurse (psychiatriques) 1973- Registered Nurse (mal. Mentales Sub-normales) 10- Registered Nurse (enfants malades) 4- Inscrits Nurse (général) 8492- Inscrits Infirmière (psychiatrie) 950

Différentes appellations existent concernant les infir-mières en milieu hospitalier:- Enrolled Nurse: Niveau aide soignante, elle pratique

les soins de nursing et peut donner des médicamentset faire certaines injections.

- Registered Nurse (DE) habilitée à faire tous les soins.

HONG KONG

HONG KONGSally Chan,PhD.MSc,BSc,Dip.Nursing Ed.,RMN,RN (Psy.) : Infirmière,master,Professeur à l’université Chinoise de Hong Kong,Secrétaire du comité de l’académie des sciences Infirmières de Hong Kong.Frances Kamyuet Wong,PhD., RN: Infirmière, master, professeur à l’universite Polytechnic de Hong Kong, Kowloon à Hong KongTanya D Whitehead,PhD. : Infirmière, master, Professeur,Assistant de recherche à l’université du Missouri, Kansas City. USA.Travailleen lien avec l’université Polytechnique de Hong Kong et l’académie des sciences Infirmières de Hong Kong.

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- Infirmière de pratique avancée.- Infirmière spécialisée.- Nursing Officer : Infirmière qui organise les soins,

repartit la charge de travail, accompagne les visitesmédicales, rencontre les familles…

- Ward Manager : Cadre de santé qui exerce unique-ment une fonction administrative et managériale.

- Département Operational Manager:cadre supérieurde santé responsable d’un ensemble de services.

- Infirmière-conseil : cadre supérieur de santé en posi-tion transversale

- Directeur des soins.

Toutes les infirmières doivent avoir suivi leur formationdans des établissements agréés et autorisés à délivrerles différents diplômes qui leurs permettent d’exercer.Les infirmières ont un large éventail de lieux de tra-vail : cliniques,hôpitaux, centres de soins et à domicile,et de fonctions.Elles exercent principalement en milieuhospitalier,dans les communautés et les cliniques.Ellespeuvent aussi travailler comme cadre de santé.Les infir-mières de niveau universitaire peuvent enseigner dansles écoles d’infirmières, et mener des recherches.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Les recherches ont lieu dans un large éventail decontextes. Les infirmières ayant une formation supé-rieure peuvent réaliser des recherches. Le plus sou-vent la recherche a lieu dans des laboratoires derecherche, à l’université, à l’initiative d’associations etpar les établissements de soins.Les recherches sont conçues et mises en œuvre par desinfirmières à tous les niveaux de pratique.Les étudiantsen maîtrise et doctorat ont une responsabilité dans laréalisation de recherches. Les infirmières praticiennesréalisent souvent des études de cas et des évaluations,mais s’engagent également dans des essais randomiséscontrôlés,en collaboration avec les infirmières de forma-tion universitaire.Tous les universitaires ont une obliga-tion de recherche et de publication. Par conséquent, larecherche chez les infirmières à Hong Kong est effec-tuée par les étudiants (premier et deuxième cycles),pardes universitaires et par les infirmières praticiennes.Bien qu’il n’y ait pas de poste spécifique d’infirmièrechercheur, la recherche est une partie intégrante dutravail des infirmières professeurs universitaires et desétudiants.

Dans la plupart des cas la recherche est pluridiscipli-naire et intègre des spécialistes parmi un éventail deprofessions de santé.Les résultats des recherches sont diffusés au cours desconférences tenues dans un contexte international et

national ainsi que par des la publication dans des revuesspécialisées au niveau national et international.

Les financements des recherches proviennent des sub-ventions du Conseil de l’Université,du Bureau de Santé,et des organismes non gouvernementaux sur des ques-tions d’intérêt qui leurs sont propres.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes des recherches non financées sont entiè-rement du ressort du chercheur.Toutefois,des finance-ments sont disponibles quand le chercheur choisit desthèmes qui entrent dans les objectifs et les centres d’in-térêts spécifiques des organisations gouvernementales,associations et ONG.Au cours des cinq dernières années, les thèmes derecherche portaient le plus souvent sur: l’améliorationde la qualité des soins, l’évaluation des résultats de soinsdu point de vue patient, la mise en œuvre et l’efficiencedes protocoles de soins infirmiers, l’éducation despatients.Il y a un niveau élevé d’intérêt chez les chercheurs deHong Kong pour rechercher l’excellence dans les soinsinfirmiers,pour tout ce qui touche les « résultats pourles patients », et pour les pratiques fondées sur desdonnées probantes (EBN).Le lien entre la recherche et l’EBN n’est pas évident,mais se concentrer sur « les résultats patients » estune grande priorité.

Toutes les méthodes de recherche sont utilisées parles chercheurs en fonction des exigences du sujet :recherche fondamentale, expérimentale,quasi-expéri-mentale, recherche randomisée,recherche descriptivequantitative et qualitative, recherche appliquée,recherche-action.

RÉINVESTISSEMENT DE LARECHERCHE

Le réinvestissement des résultats de recherche n’estpas systématique.Lorsque les projets de recherche sont financés par unemployeur ou un organisme, il est plus que probableque les résultats soient utilisés dans les pratiques.Lorsque la recherche est effectuée par des praticiennesde soins infirmiers,elle est le plus souvent axée sur desthèmes prioritaires qui les préoccupent et les résul-tats sont alors immédiatement intégrés dans la pra-tique des soins.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. L’Italie fait partie des pays de l’Europe dusud.Sa superficie est de 301,300 km2 pour une popu-lation en 2008 de 59,6 millions d’habitants, soit 198 habitants au km2.L’Italie est devenue aujourd’huiune terre d’immigration. La longévité des habitantsfait partie des plus fortes du monde et la plus forted’Europe (80,4 ans pour les hommes, 85,3 ans pourles femmes)

• Le système de santé. En Italie, la tutelle de lasanté est garantie par le Service Sanitaire National(SSN); la réalisation du SSN est un devoir de l’État,desRégions et des Institutions locales territoriales, quiprévoit la participation des citoyens. Le Ministère dela Santé doit déterminer les niveaux essentiels desprestations et programmer les lignes générales d’ac-tivité.Sur tout le territoire, il y a un réseau complexed’Unités Sanitaires Locales (ASL), qui sont desInstitutions publiques et autonomes ; leur activitérépond à des critères d’efficacité,d’efficience et d’éco-nomie et elles sont articulées,sur la base de lois régio-nales,en districts (qui desservent,sauf cas particulier,une population minimum d’au moins 60000 habitants)et entreprises hospitalières (aziende ospedaliere).

PRÉSENTATION DE LA POLITIQUE DE SANTÉ QUICONCERNE LES INFIRMIERS

Les prestations sanitaires sont payées en tenantcompte, en large mesure, du diagnostic médical ; ilest prévu, dans le remboursement, une quote-partforfaitaire pour les prestations des infirmiers.Celle-ci ne tient pas compte du grade de dépendance despatients, mais seulement de la maladie. En Italie, laculture est centrée sur l’hôpital, et les soins pri-maires et à domicile sont très peu développées.L’Italie recense un des plus haut taux de médecinsau monde, plus de 6 pour 1000 habitants en 2005soit environ 370000 unités ; le secteur infirmier au

contraire présente le problème opposé, soit 348415unités en 2005 et 360874 en 2007 correspondantà 5,4 infirmiers par 1000 habitants et une pénurieestimée de 60000 unités. Les infirmiers, pour pra-tiquer, doivent être inscrit à l’ordre professionnelprovincial du lieu d’exercice ; tous les ordre provin-ciaux dépendent de la Fédération Nationale, appe-lée « Federazione Nazionale dei Collegi IPASVI »,dont le siège est à Rome.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseDepuis 1994, la formation des infirmiers se fait àl’Université: au départ, comme cours de diplôme uni-versitaire, et à partir de l’an 2000, comme cours delicence en soins infirmiers. Cette dernière formationratifie le décret ministériel 509/1999,qui a prévu,aprèsune formation scolaire de 13 ans, les niveaux suivants:• Licence de 1er niveau (3 années)• Master de 1er niveau• Licence de 2ème niveau (2 années)• Master de 2ème niveau• Doctorat de recherche.La licence de 1er niveau a des objectifs visant à l’ac-quisition théorique-pratique de compétences spéci-fiques en soins infirmiers généraux. Elle prévoit 180crédits formatifs universitaires (CFU, 1 CFU équivautà 1 ECTS) avec 60 CFU de stage.

Formation post basiqueLe master de 1er niveau, innové en 2003, est un coursqui a pour but de développer des compétences cli-niques avancées, par exemple en soins intensifs, onco-logie,pédiatrie etc.,ou développer des compétences degestion (infirmier cadre); il dure un an académique, etprévoit 60 CFU.La licence de 2ème niveau, créé en 2004, a pour but defournir une formation culturelle et professionnelleavancée,pour intervenir avec un niveau de compétence

ITALIE

ITALIEAnne DESTREBECQ,Chercheur en Soins infirmiers, Université de Milan; coordinateur du cours de sciences infirmières, Hôpital SaintPaul, Milan Italie.S. TERZONI,doctorant en recherche de sciences infirmières, Université de Milan; enseignant en soins infirmiers, Hôpital SaintPaul, Milan Italie.

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dans les processus d’assistance, de gestion, de forma-tion et de recherche. Le cours, qui prévoit 120 CFUavec deux filières distinctes, est ouvert aux infirmierset aux sages-femmes.Le master de 2ème niveau, effectif depuis en 2006, estouvert seulement aux infirmiers/sages-femmes qui ontobtenu la licence de 2ème niveau (appelée « licencemagistrale en soins infirmiers »).Le doctorat de recherche, fondé en 2006,dure trois anset prévoit 180 CFU;il a pour but de développer des com-pétences plus pointues en méthodologie de la rechercheappliquée aux sciences infirmières. Les résultats décou-lant de l’activité de recherche doivent produire un apportstimulant aux connaissances de base de la profession,etexprimer un impact sur la pratique clinique.D’autres changements sont à venir : de fait, nous nouspréparons à l’entrée en vigueur des décrets d’applica-tion de la loi 270/2004,qui ne prévoient pas de grandesmodifications sur les niveaux de formation,mais régle-mentent le nombres d’examens, le stage et les activi-tés au choix de l’étudiant.

Formation continueA partir de 2002, tous les infirmiers ont été obligés desuivre des cours de formation continue et d’accumu-ler des crédits appelés « crédits d’éducation continue ».Les cours sont accrédités par des « referees » auniveau national ou régional, et chaque professionneldoit obtenir plus ou moins 50 crédits par an.A la fin dechaque initiative formative, il faut passer un test pouravoir ces crédits.

L’exercice professionnel

Bases réglementaires de l’exercice infirmier:Jusqu’en 1999, les infirmiers italiens ont travaillé selonune loi qui définissait toutes les activités de compé-tence (Décret du Président de la République225/1974);ce décret a été supplanté par la loi 42/1999.L’exercice professionnel actuel se base sur le profil pro-fessionnel (Décret du Ministre de la Santé 739/1994),le code de déontologie (février 2009) et les pro-grammes d’étude universitaire.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

En Italie certains hôpitaux, outre leur finalité de soins,ont aussi des finalités de recherche (par exemple lesIRCCS -Institut d’hospitalisation et de cure à caractèrescientifique - de droit publique et/ou privé et les hôpi-taux universitaires) ; certains infirmiers, dans ces hôpi-taux, ont l’opportunité de participer à des projets derecherche. Il y a aussi des centres qui s’occupent derecherche clinique;ceux-ci utilisent principalement desmédecins, mais aussi quelques infirmiers (exemple :l’Institut Mario Negri de Milan). Ils existent encore descentres qui s’occupent de l’EBN (Evidence BasedNursing), par exemple le Centre EBN de l’HôpitalSant’Orsola Malpighi de Bologne.

A partir de 2000, les sciences infirmières sont recon-nues comme secteur scientifique et disciplinaire(MED/45) qui dépend de la Faculté de Médecine denos Universités.Ce qui a permis aux infirmiers de par-ticiper à la carrière académique et donc de recherche;la situation actuelle comprend 34 infirmiers en rôlesuniversitaires (tableau n.1) .

Dans ce tableau,on peut observer que quelques posi-tions ont été indûment occupées par des médecins,qui ont participés aux concours et qui ont obtenu lerôle alors qu’ils n’étaient pas habilités à l’exercice pro-fessionnel.Depuis l’entrée en Université, les infirmierspeuvent donc obtenir des fonds de recherche, en par-ticipant à des concours nationaux et/ou internationaux.La contribution des infirmiers universitaires a permisd’augmenter la production scientifique de 60 %; les tra-vaux produits par les chercheurs/professeurs pendantles 5 dernières années comprennent 136 publicationsrépertoriées dans MedLine, pour une valeur de plusde 81 points IF (Impact factor).A partir de 2006, en Italie sont nées cinq écoles dedoctorat en soins infirmiers (Milan,Gènes,Rome TorVergata, L’Aquila, Florence), avec une moyenne dequatre étudiants par an. Ces étudiants peuvent jouir

TABLEAU 1Rôles universitaires MED/45

Habilités à Non habilités Rôle Total l’exercice à l’exercice

professionnel professionnel

Professeur ordinaire 1 ---- 1Prof. associé confirmé 7 7 ---Prof. associé non confirmé 9 7 2Chercheur 4 2 2Chercheur non confirmé 13 12 1Total 34 28 6

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de bourses d’étude et de fonds pour leurs activitésde recherche.D’autres sources de financement sont obtenues parles Régions et l’ordre professionnel,qui mettent à dis-position des fonds pour la recherche infirmière; cesfonds sont encore très insuffisants. Les maisons phar-maceutiques et les entreprises qui fournissent le maté-riel médical peuvent contribuer à la recherche.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Il y a une grande liberté de choix pour les thèmes derecherche; ces dernières années on observe plus derecherches cliniques,et donc les schémas de recherchesont plus quantitatifs que qualitatifs.Les résultats des travaux de recherche sont diffusésdans des congrès nationaux ou internationaux et à tra-vers la publication dans des revues professionnelles ;nous n’avons pas de revue italienne avec facteur d’im-pact, mais trois revues indexées sur PubMed et/ouCINAHL (Assistenza Infermieristica e Ricerca,Professioni Infermieristiche et International NursingPerspectives).

En 2002, une publication a présenté un état des lieuxde la situation de la recherche infirmière en Italie de1998 à 2001 sur les revues italiennes. 64 études ontété analysées ; les articles décrivaient les soins infir-miers cliniques (73 %), la formation (5,8 %) et la ges-tion des soins infirmiers (21,2 %).

La plus part des travaux (80,7 %) utilisaient des modèlesd’étude d’observation, d’études rétrospectives et lon-gitudinales, et dans 15,6 % des cas adoptaient desmodèles de type exploratifs/descriptifs.Seulement dans3,8 % des cas le modèle était quasi-expérimental ouexpérimental. L’échantillon aléatoire est peu utilisé, aucontraire de l’échantillon de convenance. Dans lamajeure partie des cas, était utilisée la statistique des-criptive et très peu la statistique inférentielle. On aobservé une prédominance des schémas quantitatifssur les qualitatifs;dans 84 % des recherches les auteursétaient des groupes d’infirmiers, dans 15 % un uniqueauteur infirmier,et seulement dans 1 % des cas l’équipeétait multidisciplinaire.Dans les années suivantes,grâceau développement des centres EBN qui ont promul-gué, la culture et la formation à l’EBN en Italie, nouspouvons noter une meilleure propension à l’étude desthèmes cliniques.Cette diffusion a été aidée par la créa-tion d’une formation à distance (projet ECCE2) vouluepar la Fédération IPASVI. En outre, en Italie au niveaudes institutions de santé, a été préconisée une culture

liée à l’organisation,en particulier le développement du« risk management », de la « clinical governance » etde la « balance scorecard »,qui a eu pour effet de déve-lopper des apports méthodologiques et de rechercheen gestion3.Pour ce qui concerne les doctorats, les airesde recherche sont actuellement les suivantes:• Méthodologies nouvelles pour la formation, en par-

ticulier définitions d’indicateurs et de standards pourles compétences

• Risk management, sécurité des soins• Complexité de l’assistance et niveaux essentiels d’as-

sistance• Qualité de la vie• Études cliniques (p.e. trials,études épidémiologiques)• Standards d’assistance• Déontologie• Développement d’un modèle italien pour l'évaluation

des « outcomes ».

RÉINVESTISSEMENT DE LARECHERCHE

De plus en plus, dans les hôpitaux on peut voir l’uti-lisation des instruments (exemple : protocoles) quitiennent en grande considération les résultats de la« best practice ». De même, la documentation sani-taire se base sur des modèles théoriques et résultatsde la recherche. Ce processus est encore jeune, etdonc les infirmiers plus âgés sont encore ancrés dansla routine, au contraire la nouvelle génération est plusperméable à ce concept. Il est vrai que la formationà la méthodologie de la recherche a été insérée dansle plan d’étude de la formation de base seulement àpartir de 1994. Nous avons encore du chemin à par-courir…

RÉFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

(1) Pecile A, Zanotti R. La ricerca infermieristicain Italia nel periodo 1998-2001. Professioniinfermieristiche 2002; 55(3).

(2) Ministero della Salute, Agenzia Italiana delFarmaco. Progetto ECCE InFAD. http://aifa.pro-gettoecce.it/(projet terminé).

(3) Saiani L. Why a debite on nursing manage-ment? Assistenza Infermieristica e Ricerca 2006;25(1).

ITALIE

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Japon est un archipel situé au large dela côte pacifique de l’Asie qui comprend plus de 3000îles et 29750 kilomètres de côtes. C’est un archipelvolcanique situé en zone sismique.Du fait de sa situa-tion géographique, le Japon est exposé à des risquesnaturels importants : tremblement de terre, tsuna-mis, typhon, cyclone.La population est de 127288416 habitants (2005) soit339,7 habitants au km2 sur l’ensemble du Japon.Maisla population est essentiellement concentrée sur leszones les plus sécuritaires par rapport aux risquesnaturels.Elle peut alors atteindre,dans certaines villes,1500 habitants au km2.La population japonaise a une pyramide des âges par-ticulière: Le taux de natalité est très bas 7,87 pourmille avec un indice de fécondité de 1,22 enfants parfemme,par contre le nombre de personne âgées esttrès élevé, 11 millions de japonais ont plus de 75 ans(2005). C’est le pays qui compte le plus de cente-naires.Cette situation a des conséquences sur le sys-tème de santé.

• Le système de santé. Le système japonais desanté a été classé N°1 mondial dans le rapport del’organisation mondiale de la santé (OMS) en 2000.Les japonais cotisent à une assurance maladie, etils peuvent accéder à l’hôpital très facilement. Lesgens accèdent également aux consultations médi-cales. Cependant, le système de santé a quelquesproblèmes. Un des problèmes majeur est lemanque de médecins et d’infirmières. Il y a1333045 infirmières employées au Japon. Presquetoutes les infirmières travaillent à l’hôpital(831,921). Mais il y a environ 550,000 personnesinactives, dont une des raisons principales est queles femmes souhaitent s’occuper de leurs enfantsce qui n’est pas toujours conciliable avec les condi-tions de travail d’une infirmière. L’association desinfirmières japonaises promeut des mesures pourretenir les infirmières au travail et concilier viefamiliale et vie professionnelle.

L’ORGANISATION DES SOINS

Cursus de formation

Formation initialeIl y a beaucoup de formations différentes pour les infir-mières au Japon.- École secondaire ou cours d’infirmières pratiques,en

2 ans,- École d’IDE en 2 ans. Les étudiants entrent à la suite

de l’école pratique,- École d’infirmière avec un cursus de 3 ans d’études:

les étudiants entrent après l’équivalent du bac enFrance.

- Enseignement Universitaire de 2 ou 3 ans aprèsl’école secondaire.

Formation post basiqueApres 3 ans de formation en école d’infirmières, lesinfirmières ont la possibilité d’avoir accès à l’enseigne-ment universitaire en master puis doctorat en soinsinfirmiers.Au niveau master il est aussi possible, pour les infir-mières, de se spécialiser dans de nombreux domainesdes soins et d’obtenir le Certified Nurse Specialist

Formation continueLes infirmières ont largement accès à la formationcontinue, tout au long de leur vie professionnelle.

L’exercice professionnel

L’exercice professionnel est très règlementé par deslois et un cadre juridique concernant la santé de lacommunauté et la santé publique. Les postes de tra-vail dépendent des organismes de santé.

Les infirmières sont soumises au même règlement quetous les travailleurs en ce qui concerne les heures detravail et les conditions de travail. Les horaires de tra-vail de brève durée ainsi que la garde des enfants sontdes avantages garantis pour les infirmières. En outre,en cas d’accident du travail, elles, reçoivent des dom-

JAPONKazuko OTANI,Nursing Director of Yamagata Universty Hospital, Japon

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mages, elles ont une garantie de soins et des alloca-tions de compensation.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche est très développée, en particulier dansles universités.Les enseignants universitaires réalisent des rechercheset font participer les étudiants à leurs travaux.Les financements,pour les recherches scientifiques,sontmultiples:Organismes publics, semi privés ou privés.Les recherches peuvent être pluridisciplinaires,notam-ment les recherches cliniques ou en sciences sociales.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes de recherche sont influencés par la politiquede santé,notamment par le problème crucial du manqued’infirmières et les conditions de travail de celles-ci.Ontrouve ainsi de nombreuses recherches dans le domainede l’organisation du travail (efficacité/qualité des soins),du management des soins, de la gestion du personnel.

La mise en place de l’Evidence Based Nursing entraîneégalement un important travail de recherche dans ledomaine clinique.Les méthodes les plus utilisées sont les méthodesquantitatives avec randomisation, surtout dans ledomaine clinique. Mais suivant les thèmes derecherche, toutes les méthodes peuvent être utilisées.

RÉINVESTISSEMENT DE LARECHERCHE

Les recherches sont diffusées par les publications etles présentations lors des nombreux congres natio-naux et internationaux.Il existe un nombre important de revues destinées auxinfirmières.Mais,ce n’est pas pour autant que les résul-tats de recherche sont réinvestis dans les pratiques. Ily a un très grand décalage entre les résultats théo-riques développés par les recherches et leur mise enœuvre dans les pratiques de soins.Il existe de nombreux problèmes pratiques dans lessoins qui portent préjudice à la qualité des soins et àla prise en charge des patients. Il serait important queles chercheurs se penchent sur les véritables pro-blèmes de soins, conduisent des recherches et élabo-rent des méthodes pour trouver des solutions adé-quates.

JAPON

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays est un pays d’Asie centrale qui s’est séparéde l’Union Soviétique en 1991.Le pays est montagneux,il est composé de 9 provinces.Il couvre 199,900 km2 pour une population de 5,4 mil-lions d’habitants, soit 27,4 habitants au km2. La capi-tale Bishkek compte 900000 habitants,c’est le centreéconomique, politique du pays.Depuis 1991, le gouvernement a lutté pour menerles citoyens vers la démocratie.Les difficultés écono-miques entravent le développement du pays.

• Le système de santé. La chute de l’UnionSoviétique a laissé le Kyrgyzstan dans une situationsocio économique difficile.Le système de santé sovié-tique archaïque était inefficace. Les médecins ontdéveloppé peu de spécialités. Les infirmières avaientessentiellement pour fonction de suivrent les direc-tives médicales.Dans l’incapacité pour le Kyrgyzstan de maintenir uneinfrastructure de santé, le gouvernement kirghiz alancé le programme national de réforme de la santéde Manas en 1996. Le médecin de famille, sur lemodèle du médecin généraliste, a été mis en placepour essayer d’améliorer le système de santé exis-tant, au plus prés de la population. Dans le mêmetemps les infirmières qui manquaient de connais-sances et de compétences concernant la santépublique et la santé communautaire ont été forméesau « Processus de soins » comme modèle des soinsinfirmiers.En 1998 l’Institut de Technologie et de langue (STLI),organisation non gouvernementale,s’est associée avecle ministère de la santé kirghiz pour former les méde-cins et les infirmières dans les régions sanitaires.Le métier d’infirmière n’a pas un statut social élevédans le pays.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseLa formation des infirmières est sous le contrôle desmédecins.Le diplôme d’infirmière n’est pas exigé pour exercer enKyrgyzstan. Les infirmières reçoivent un certificat del’institution qui dispense l’enseignement.

Plusieurs cursus sont possibles:- Un cursus en 5 ans. Les infirmières peuvent avec ce

niveau participer à la formation des infirmières qui sefait dans les autres cursus.

- Un cursus en 3 ans qui forment les « médicales sis-ters ». La majeure partie de l’enseignement estdonnée par des médecins, quelques cours sontdonnés par des infirmières.Avec ce cursus les infir-mières peuvent travailler dans les établissementshospitaliers ou les cliniques en tant qu’aide dumédecin. Leur rôle est de suivre les directives dumédecin, de donner les médicaments, de faire lessoins de bases.

- Un cursus en 3 ans qui forment les « infirmièrespraticionners », les sages-femmes, les techniciensdentaires. Ce personnel est formé pour travaillerdans les dispensaires des villages isolés du pays, oùaucun médecin ou dentiste n’est accessible. La for-mation des infirmières comprend : les soins d’ur-gence, les diagnostics et les traitements des mala-dies, la rédaction des ordonnances, les vaccins.Les sages-femmes assurent les accouchements, lessoins prénataux et postnataux, les soins aux bébés.Les techniciens dentaires pratiquent les soins dentaires.

KYRGYZSTANJane SCHLICKAU,PhD, RN, professor of nursing, Southwestern College,Winfield, KS USAGuljahan PIRNAZAROVA,Nurse/Felcher and former Director of the Kyrgyz State Medical Institut for Retraining and Continuous Éducationat Bishkek, Kyrgyzstan

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Formation post basiqueIl n’y a aucune formation post basique reconnue pourles infirmières qui ne sont pas autorisées à poursuivreune formation universitaire. La science infirmièren’existe pas au Kyrgystan.Cependant, quelques infirmières sont parvenues àenseigner les soins à un niveau universitaire dans desfondations privées.

Exercice professionnel

Les infirmières ne sont pas reconnues dans leurs com-pétences,elles n’ont pas d’autonomie professionnelle,elles travaillent sous le contrôle des médecins.

Formation continue

La formation continue n’existe pas pour les infirmières.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES (RSI)

Il n’y a aucune recherche réalisée au Kyrgyzstan.

Madame Guljahan Pirnazarova,coauteur de cet article,est la seule infirmière à avoir poursuivi une formationuniversitaire, car elle possédait déjà un diplôme uni-versitaire en sciences de l’éducation. Elle a choisi decentrer ses études sur la formation en soins infirmiersdans son pays.Malheureusement, l’académie de méde-cine n’a pas validé sa formation.

CONCLUSION

Les infirmières manques de pouvoir politique, cepen-dant la situation évolue et elles gagnent doucementdes voix.L’ambition de la profession serait de définir desnormes de pratique et un guide des actes infirmiersqui permettraient à la fois d’harmoniser les pratiquesprofessionnelles et aussi de réaliser des formations plus poussées.

Le Kyrgyzstan essaie d’améliorer la santé des popula-tions. Cette progression ne peut pas se faire sans lesinfirmières qui espèrent, qu’avec cette évolution, leurprofession soit reconnue comme discipline scientifique.

KYRGYZSTAN

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La République Libanaise est un état démo-cratique parlementaire du Proche Orient. C’est unpays de 10,452 km2 situé sur la Méditerranée(Ammar, 2003). Il se trouve à la croisée des troiscontinents: l’Europe, l’Asie et l’Afrique.La population Libanaise est estimée à 3755000 habi-tants environ dont 80 % réside en milieu urbain. Lepays est en phase de transition démographique:27.3 %sont âgés de moins de 15 ans et 7.4 % de plus de 65ans. L’espérance de vie est de 78 ans (Ammar, 2009).La population libanaise se caractérise par la juxtapo-sition de communautés chrétiennes et musulmanes.La guerre civile de 1975 à 1991 a ruiné l’économielibanaise, jusque-là en plein essor. Le moteur de lacroissance économique libanaise se trouvait dans levoisinage arabe qui absorbait 85 % des exportationslibanaises.Avec la guerre, le Liban perd sa fonctiond’intermédiaire régional. Il doit faire face à une crisedont les deux principales composantes sont l’infla-tion et la dégradation des services publics à carac-tère social (Asmar,Assaf, Babikian,Assaf et al., 2003).

• Le système de santé. Depuis les années 40,l’évolution du système de santé Libanais a été mar-quée par la conception libérale de l’économie ainsique par les difficultés politiques et administratives dupays.Difficilement classable, le système de santé liba-nais est un système hybride qui ne correspond àaucune des catégories modernes des concepts glo-baux de santé. Il se caractérise, selon Asmar (2009),par:

- L’absence de politique de santé claire,- L’émergence du secteur public et sa subordination au

secteur privé,- La multiplication du système de financement et desrégimes de couverture (publics,semi-publics et privés),

- La faiblesse du système d’information,- L’absence de couverture sociale généralisée,- L’inéquité dans l’accès aux soins.

La profession infirmière occupe une place importantedans le système de santé. Le Liban compte 8265 infir-mier(e)s inscrits à l’Ordre, la majorité sont des femmes

(82 %) et les deux-tiers travaillent à Beyrouth et auMont - Liban (64 %).La population infirmière est jeune,70 % environ ont moins que 35 ans. Le Liban accuseune pénurie d’infirmières accentuée par la migrationdes infirmières vers les pays du Golfe, l’Amérique duNord et l’Europe à la recherche de meilleures condi-tions de travail (El Jardali et al, 2007).

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseAu Liban, la formation en soins infirmiers est délivréedans les Universités et dans les écoles techniques:• Les Universités : elles sont au nombre de 13 dont 6

sont francophones (Ordre des infirmier(e)s duLiban, 2009). Le programme de formation initiales’adresse aux élèves titulaires de leur baccalauréat.D’une durée de 3 ans (4 ans pour l’Universitépublique), la formation est sanctionnée par unelicence en sciences infirmières et donne accès à laformation supérieure.

• Les écoles techniques, elles sont au nombre de 93dispersées sur tout le territoire libanais (Ordre desinfirmier(e)s du Liban, 2009). Elles sont implantéespour la majorité (63 %) dans les hôpitaux privés.Deuxprogrammes de formation sont en vigueur:- Le programme de Baccalauréat technique en soins

infirmiers (BT) adressé aux personnes ayant achevéle cycle complémentaire scolaire et ayant suivi 3années d’études en soins infirmiers.

- Un programme de Technique supérieur en soinsinfirmiers (TS) adressé aux personnes titulaires deleur baccalauréat scolaire et ayant suivi 3 annéesd’études en soins infirmiers.

Formation post basiqueLe programme de formation supérieure est d’unedurée de 2 ans, il prépare les infirmières titulaires dela licence à occuper un poste cadre et à exercer unleadership dans des domaines diversifiés liés aux soins

LIBANClaire ZABLIT,Infirmière, titulaire d’un DEA en sciences infirmières et d’un MBA exécutif.Doyen de la Faculté des sciences infirmières à l’Université Saint-Joseph de BeyrouthPrésidente de l’Ordre des infirmier(e)s au Liban

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 65

infirmiers. Les programmes de formation supérieureofferts actuellement sont sanctionnés:• par un master professionnel (en santé communau-

taire, en administration des services infirmiers,en management du risque infectieux ou en soinsinfirmiers spécialisés en réanimation, au Bloc opératoire)

• par un master recherche en sciences infirmières:Lestitulaires de ce diplôme exercent dans l’enseigne-ment.

• Le programme de Doctorat en sciences infirmièresn’est pas encore mis en place au Liban. Les infir-mières titulaires du diplôme de 3ème cycle ont suivileur formation au Canada aux États-Unis ou enEurope.

Toutes ces formations sont dispensées selon l’un desdeux systèmes d’éducation qui se côtoient dans lepays: le système francophone et le système anglophone.

L’exercice professionnel

Les infirmières1 œuvrent dans les 4 domaines d’exer-cice suivants:• Dans le milieu clinique: Les infirmières exercent prin-

cipalement dans les hôpitaux.Dans les unités spécia-lisées, elles ont suivi des formations de 2ème cycle oudes formations courtes post basiques sanctionnéespar des diplômes universitaires (DU) correspondantà la discipline où elles exercent. Les pratiques avan-cées sont nouvellement intégrées dans l’exercice infir-mier au Liban; l’hôpital Américain de Beyrouth comptedepuis 2008 des infirmières formées aux pratiquesavancées en psychiatrie, en soins critiques.

• Dans la gestion: Les cadres infirmiers occupent lesfonctions de Directrice de soins et de surveillantesdans les hôpitaux et institutions de santé. Ils ont laresponsabilité de diriger des unités, des équipes etdes projets. Ils ont en plus de leur licence en sciencesinfirmières, une formation supérieure qui les habiliteà occuper de tels postes.

• Dans la formation : Les infirmières titulaires dudiplôme 2ème ou 3ème cycle sont responsables de l’en-seignement théorique et clinique dans les Facultésde sciences infirmières. Elles enseignent aussi larecherche et accompagnent les étudiants dans leurmémoire de fin d’études.

• Dans la recherche : la participation des infirmièresaux activités de recherche en sciences infirmières setraduit sous trois formes:- les recherches menées par les infirmières elles-

mêmes,- les recherches qui nécessitent la participation du

personnel infirmier (revue de la littérature,collectede données, analyse…) et

- les recherches qui sont centrées sur la pratiqueinfirmière.

Réglementation de l’exercice

Le Décret législatif 1655 du 17 Janvier 1979 amendépar la loi no. 10 du 2 Février 1982 qui régit la profes-sion infirmière au Liban précise les catégories d’infir-mière et les niveaux de formation, sans préciser lesactes qui relèvent de chaque catégorie (Ducruet,2009).Avec l’évolution des soins et des formations, cetteréglementation a été révisée par un comité formé dela Présidente de l’Ordre des infirmier(e)s au Liban,desinstances académiques et d’un représentant du minis-tère de la Santé.Elle est actuellement soumise au pou-voir législatif pour la ratification.Elle comprend 3 catégories dans la profession infir-mière:- l’aide infirmière (titulaire du baccalauréat technique),- l’infirmière (titulaire de la licence) et- l’infirmière spécialisée (titulaire d’un master).

Cette réglementation définit aussi les compétences etles activités de chacune des catégories sus mention-nées (Ordre des infirmier(e)s du Liban, 2009).

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Les recherches en soins infirmiers sont principalementréalisées dans les universités par les professeurs et lesétudiants à tous les cycles de formation. Le finance-ment est assuré par les étudiants eux-mêmes, par leConseil de recherche dans les universités,par des orga-nismes internationaux, des fondations nationales etinternationales et par des ONG. Les thèmes abordésémanent principalement de l’intérêt du chercheurenvers une problématique déterminée qui est toujoursen lien avec la réalité du terrain.

La recherche commence à se développer dans lesétablissements de santé surtout dans les CHU. Lacréation d’un département ou d’une unité derecherche au sein de ces institutions a favorisé l’im-plantation d’une culture de recherche parmi les infir-mières et des projets de recherche sont réalisés parles équipes de soins. Les thèmes choisis sont surtouten lien avec l’environnement du travail de l’infirmière,la satisfaction au travail, la perception de la gouver-nance et d’autres sujets qui sont en relation avec ledépart et le turn over des infirmières. Aussi, desthèmes tels que l’évaluation d’une intervention et la

LIBAN

1 Dans le texte, le terme infirmière inclut les infirmières et les infirmiers

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mise en place d’un programme d’intervention, com-mencent à être travaillés dans le milieu hospitalier etdans la communauté.

Il est à noter que la recherche en soins infirmiers dansle milieu anglophone est plus développée que dans lesystème francophone du fait qu’elle est considérée par-tie intégrante du travail du professeur (20 % à 50 % desa charge de travail) et du professionnel (contributionà l’avancement).Dans ce système, les chercheurs sontassistés par des agents de recherche qui les aident dansla revue de littérature, la collecte de données ou l’ana-lyse.Par ailleurs, les recherches sont multidisciplinaires;elles impliquent des médecins, des psychologues, desépidémiologues… ; Contrairement au système fran-cophone où les recherches menées sont, jusqu’à pré-sent, unidisciplinaires.

La diffusion des résultats de ces travaux se fait surtoutà partir des communications dans des congrès natio-naux et internationaux, la publication dans les revuesreste faible surtout pour les études qui sont réaliséesen langue française.On note un plus grand nombre depublications chez les infirmières libanaises qui exercentdans le milieu anglophone.

THÈME, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les recherches qui sont réalisées au Liban sont princi-palement des recherches appliquées et des recherchesaction. Les recherches fondamentales restent limitées.Les deux approches qualitative et quantitative sont utili-sées pour examiner (ou investiguer) les phénomènes enquestion.Les types d’études privilégiés par les infirmières,sont surtout des enquêtes épidémiologiques,des étudesdescriptives,comparatives,des études corrélationnelles,phénoménologiques… Les recherches expérimentaleset quasi expérimentales sont moins fréquentes;elles fontsurtout l’objet de thèses de doctorat.

Les thèmes abordés depuis cinq ans sont diversifiés, ilsenglobent les comportements de santé, les représenta-tions de la maladie, l’observance thérapeutique, la qua-lité de vie, la douleur et les soins palliatifs… Les patientssouffrant d’une maladie chronique (cardiaque, diabète,cancer, HIV) où les personnes âgées représentent lespopulations ciblées par ces études.Les recherches por-tent aussi sur la profession infirmière et sur les innova-tions en éducation et sur les technologies.

Les cadres théoriques qui sous-tendent ces recherchesvarient selon le thème étudié; ils incluent des théoriesen sciences infirmières, en sciences sociales ouhumaines aussi bien que des théories organisation-

nelles.Citons à titre d’exemple: la théorie transaction-nelle du stress et du coping de Lazarus et Folkman, lathéorie de l’auto efficacité de Bandura, le modèle descroyances en matière de santé (Health Belief Model), lathéorie de l’action raisonnée de Fishbein…

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE DANS LA PRATIQUE

Malgré l’impact reconnu du transfert du savoir scien-tifique dans la pratique, l’utilisation des résultats derecherche dans l’exercice infirmier au Liban est encoretimide. Elle a été amorcée par le processus d’accrédi-tation des hôpitaux imposés par le Ministère de laSanté depuis 2002.En effet, les normes d’accréditationexigent d’offrir des soins selon des protocoles et pro-cédures afin de garantir une qualité de soins, ce qui amotivé les infirmières libanaises à avoir recours auxrésultats de recherche empiriques et à la recensionexhaustive des écrits pour asseoir les bases de leursinterventions (Zablit, 2009).

Par ailleurs, plusieurs difficultés rencontrées au quo-tidien poussent de plus en plus les infirmières à sequestionner sur leur pratique pour mieux comprendreles facteurs ou les éléments qui l’influencent afin d’intervenir et d’améliorer leurs prestations.L’introduction de l’enseignement de la recherche dèsle 1er cycle de formation en sciences infirmières, la pré-sence de chercheurs dans les milieux académiques etprofessionnels et l’influence des leaders d’opinion ausein de la profession sont autant de facteurs qui contri-buent au développement de la recherche dans la pra-tique infirmière au Liban.

Cependant, le lien essentiel entre la recherche et lapratique n’est pas encore tangible pour l’infirmière liba-naise; le savoir scientifique reste faiblement utilisé bienqu’il soit de plus en plus accessible grâce aux bases dedonnées disponibles. Les premiers pas sont amorcésmais il reste un long chemin à parcourir.

BIBLIOGRAPHIE

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AMMAR, W., (2009), Health beyond politics,WHO, Lebanon.

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ZABLIT, C,. (2009), La Recherche et la Pratiquedes Soins : expérience du Liban, IVe Congrèsmondial des infirmières et infirmiers franco-phones du SIDIIEF, Marrakech, Maroc.

LIBAN

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201068

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Grand-Duché du Luxembourg,est unemonarchie constitutionnelle sous le régime de ladémocratie parlementaire.Cet état européen dispose de deux langues adminis-tratives officielles : le français et le luxembourgeois,tous les textes législatifs étant en français.L’allemand est une langue plus familière dans diffé-rentes régions (Nord et Est du pays) et dans diffé-rentes structures de soins de ces régions (travailleursallemands)Le pays compte 493500 habitants (données STATEC2009) avec la particularité d’avoir au sein de cettepopulation 43,7 % d’étrangers résidants.

• Le système de santé. Le Luxembourg disposed’une politique de santé basée sur des valeurs de soli-darité nationale,d’accessibilité universelle et d’égalitéde traitement. La Caisse Nationale de Santé (CNS)gère un système basé sur un conventionnement obli-gatoire des prestataires autorisés à exercer une pro-fession ou des activités de santé et l’obligation de res-pecter des tarifs définis.Les hôpitaux du pays disposent d’un système d’étudede charge de travail, également utilisé pour le finan-cement du personnel hospitalier: l’outil P.R.N. (Projetde Recherche en Nursing)Suite à l’instauration de l’assurance dépendance en2000, les infirmiers libéraux sont obligés de faire fac-turer une partie de leurs actes par le biais des réseauxd’aide et de soins (sous-traitance)

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation des infirmiers (ères) :

Formation initialeLa formation se déroule au sein du L.T.P.S. (Lycée tech-nique pour profession de Santé) ou à l’étranger (for-

mation de l’infirmier gradué dans une Haute École enBelgique, les personnes ainsi formées se destinent leplus souvent à des fonctions cadre.Actuellement, le personnel infirmier exerçant auLuxembourg est composé de 34 % de professionnelsformés au Luxembourg et de 66 % de professionnelsfrontaliers qui proviennent à part égale d’Allemagne,de Belgique et de France.

Le concept de soins le plus utilisé est généralementcelui de Virginia Henderson, cependant, il existe unepléthore d’autres concepts suivant les institutions desoins (Erwin Böhm,Dorothée Orem…).La formationdes infirmiers au Luxembourg se base sur la théoriedes 14 besoins selon Virginia Henderson.

Formation post basiqueIl n’existe pas de filière universitaire en soins infirmiers.L’université du Luxembourg délivre certains mastersexemple: Master en gérontologieLes infirmiers luxembourgeois suivent aussi des for-mations dispensées au sein d’universités étrangères despays limitrophes (Allemagne, Belgique et France).

Formation continueLa formation continue est réglementée. Il y a une obli-gation légale pour l’employeur de garantir 40 heures deformation continue par année, par professionnel desanté et une obligation pour l’employé de les utiliser.Jusqu’à ce jour, il n’existe pas de contrôle permanent,ni de sanction connus.

Les formations internes sont animées par des orga-nismes privés indépendants, les formations externespar ASBL (association sans but lucratifs : types associa-tions professionnelles infirmières).

L’exercice professionnel

La profession est régie par des textes législatifs :Loi du26 mars 1992 sur la revalorisation de certaines pro-fessions de santé, règlement grand-ducal du 21 janvier1998 sur l’exercice de la profession d’infirmier. Cestextes sont disponibles sur le site :http://www.legilux.public.lu/leg/a/archives/1998/0101802/1998A01641.

LUXEMBOURGLaurent TORRESANI,Infirmier, membre ANIL (Association Nationale des Infirmiers (ères) Luxembourgeois), LuxembourgMarie-France LIEFGEN,Infirmière graduée, vice-présidente de l’ANIL

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 69

Les infirmiers peuvent travailler en tant qu’employés dela fonction publique ou d’un organisme privé ainsi qu’enqualité d’indépendant.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Les recherches en soins infirmiers sont essentiellementréalisées par des étudiants en master, des doctorants,des chercheurs professionnels,et des infirmiers cliniciens.Elles se font dans les établissements de santé (CRP) etdans les universités dont celle du Luxembourg.L’État luxembourgeois finance des recherches. Il y ades postes de chercheur à temps plein au CRP-santé.Les recherches se font également au sein des struc-tures hospitalières par du personnel formé.Certaines recherches sont pluridisciplinaires. Elles sefont en collaboration avec des infirmières de rechercheet différents partenaires:épidémiologistes,doctorants,docteurs, professeurs d’université…

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes : Le Luxembourg ne dispose pas d’ordreinfirmier. Il s’agit souvent de thèmes nationaux ouspécifiques aux pathologies du pays, par exemple :santé des transfrontaliers, calcul des coûts de per-sonnel, Evidence Based Nursing (EBN), itinéraires cliniques, études en cohorte. Les projets derecherche pour les maladies à risque ciblent spécifi-quement les maladies cardio-vasculaires, le diabète,l’obésité morbide.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Deux axes se dégagent pour le réinvestissement desrecherches: le travail sur les résultats probants (EBN)qui vont servir de base aux pratiques et l’implicationdans le process management.

LUXEMBOURG

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201070

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Physiquement, Madagascar est une îlede 587 047 km2 (plus grande que la France), situéeentre le 12ème et le 27ème degré de latitude sud etentre le 43ème et le 50ème degré de longitude est. Lepays est doté d’une riche diversité physique :savanes et plaines à l’ouest, des hautes terres à l’in-térieur, à l’est des falaises et des forêts tropicales,au nord les enclaves ; au sud et au sud ouest desplateaux semi désertiques.En 2005 la population est estimée à 17606864 habi-tants dont 48 % a moins de 15 ans; le taux d’accrois-sement annuel est de l’ordre de 2.8 %; les femmes enâge de procréer représente 23.4 %.Sur le plan politique et administratif, Madagascar estdécoupée en 22 Régions, 116 Districts, 1 597Communes et 17952 Fokontany (la plus petite divi-sion administrative) stipulé par la loi N° 97 – 007,relative aux pouvoirs,compétences et ressources desCollectivités Territoriales Décentralisées.Sur le plan économique, Madagascar a connu, à lafin des années 90, une croissance supérieure au tauxde croissance de la population, tirée des exporta-tions de la Zone Franche, mais qui ne s’est toute-fois pas traduite par une amélioration du niveau devie. En 2009, Madagascar est classé 146ème sur 177pays en ce qui concerne l’Indice de DéveloppementHumain (IDH = 0, 499). Le PIB par personne et paran était estimé à 330 USD en 2004. Malgré larelance économique, le ratio de pauvreté diminuetrès faiblement, passant de 77,2 % en 2001 à 80, 7 %en 2002 puis à 68,7 % en 2006. Selon les milieux,l’écart de l’incidence de la pauvreté reste considé-rable.

• Le système de santé. Le système de santé sedéfinit comme l’ensemble des ressources humaines,matérielles et financières ainsi que les institutions etles activités destinées à assurer la promotion, la pro-tection, la restauration et la réhabilitation de la santéde la population.

Le système de santé à Madagascar s’articule avec lastructure administrative. Il comporte trois niveaux biendistincts et fonctionnels, dont les domaines de compé-tences sont clairement circonscrits par l’organigramme:1) Le niveau central définit l’orientation globale de la

Politique Nationale de santé, les grands axes straté-giques de sa mise en œuvre.

2) Le niveau régional ou les Directions Inter-Régionales de Santé (DIRDS) coordonne l’exécu-tion de la Politique Nationale de santé et la mise enœuvre au niveau de la région.

3) Le niveau district ou Service de Santé des Districts(SSD) constitue le niveau périphérique et assure lamise en œuvre de toutes les activités des pro-grammes de santé au niveau des CentresHospitaliers de niveau 1 et 2 et des Centres de santéde base (CSB).Ces CSB assurent les soins de santéprimaire.

4) Le niveau communautaire constitue la base du sys-tème. C’est à la fois un acteur et un bénéficiaire.

Les soins infirmiers sont exécutés à tous les niveaux dusystème par les infirmiers. Mais, dans les CSB le rôledes infirmiers change surtout dans les CSB de niveau 1où ils remplacent les médecins et assument les respon-sabilités dévolues à ces derniers.C’est ainsi que les CSB1 se trouvant dans les zones enclavées sont tous tenuspar des infirmiers diplômés.

Les objectifs de la Politique Nationale de santé se défi-nissent comme suit :1) améliorer l’accès des malgaches aux services de

santé tout en les protégeant des maladies;2) contribuer à l’atteinte des Objectifs du Millénaire

pour le Développement (ODM)

Les infirmiers jouent un rôle primordial dans la réali-sation de cette politique dont les axes stratégiquessont:- Le renforcement du système de santé,- la survie de la mère et de l’enfant,- la lutte contre les maladies,- la promotion de la santé et la promotion de compor-

tements sains.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Le cursus de formation

A Madagascar la formation des infirmiers est assuréedans des Instituts de Formation appelés Instituts deFormation Inter- Régionale des Paramédicaux ou

MADAGASCARClaudine Lucienne Lala RAMIANDRAZAFY,Sage- femme,Cadre – Formateur et Politologue, Chef du Département Formation Master en Sciences Infirmières,Institut National de Santé Publique et Communautaire.

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 71

IFIRP. Ces Instituts assurent également la formationdes Sages- Femmes. Les Instituts de formationspublics sont au nombre de six, mais il existe égale-ment des Instituts privés confessionnels ou non. Lesprogrammes d’études officiels sont mis en œuvredans tous ces instituts.

Formation de baseLa formation dure 3 ans après le baccalauréat dusecond degré de l’enseignement secondaire. Elle estsanctionnée par le Diplôme d’État d’Infirmier(Baccalauréat + 3).

L’évaluation se fait par:1) Une évaluation continue.A la fin de chaque module,

une évaluation du cours théorique est réalisée. Lesétudiants qui n’ont pas obtenu la note supérieureou égale à 12 sur 20 pour chaque module doiventrattraper ces notes.

2) Une évaluation finale qui est la somme des notesdes évaluations continues,une mise en situation pro-fessionnelle (épreuve pratique) et un Travail de find’études.La moyenne générale des notes pour obte-nir le diplôme doit être supérieure ou égale à 12sur 20.

Les objectifs éducationnels :- A la fin de la formation, les étudiants devraient être

capables de:- planifier les activités d’un service de soins en tenant

compte des besoins identifiés;- assurer les prestations de soins promotionnels, pré-

ventifs, curatifs et de réadaptation à l’individu, à lafamille et à la communauté;

- assurer le suivi et l’évaluation de ses pratiques pro-fessionnelles, des activités de la formation sanitaireet de leur impact sur la communauté

- dispenser des prestations de qualité en adoptant unedémarche de soins, dans un esprit d’équipe et uneorganisation rationnelle et efficiente;

- assurer une prise en charge globale de l’individu, dela famille et de la communauté;

- mettre en œuvre le processus de résolution de pro-blèmes pour guider la pratique professionnelle;

- contribuer/ assurer l’établissement du diagnosticmédical et à l’application du traitement;

- collaborer avec les individus, les familles et les diffé-rentes entités afin de promouvoir l’auto prise encharge de leur santé;

- collaborer avec les autres partenaires engagés dans ledéveloppement de la santé et être un agent de déve-loppement communautaire;

- participer à la formation initiale et continue des per-sonnels de santé;

- s’engager à se perfectionner tout au long de sa car-rière et proposer des axes d’amélioration confor-mément à l’évolution des pratiques professionnelles,des sciences et des techniques.

Contenu du programme et répartition du volume horaireConformément aux recommandations de l’OMS lequota 1/3 cours théoriques et 2/3 cours pratiques etstage sont respectées.

Les programmes d’études sont élaborés à partit de lamission d’un infirmier travaillant dans un CSB 1 (centrede santé de base niveau 1)

Mission d’un infirmier Chef de poste d’un CSB 1- planifier, maintenir, restaurer et promouvoir la santé

physique et mentale des personnes,de leur famille etde la communauté;

- concourir à la mise en place de méthodes et aurecueil d’informations utiles aux autres profession-nels et notamment aux médecins pour poser leurdiagnostic et évaluer les effets de leurs prescrip-tions ;

- participer à la prévention, à l’évaluation et au soula-gement de la douleur et de la détresse physique etpsychique des personnes, particulièrement en fin devie, au moyen des soins palliatifs et d’accompagner«en tant que de besoin, l'entourage»;

- Analyser tous problèmes ou dysfonctionnement rela-tifs aux soins infirmiers et de proposer des solutions;

- participer à l’évaluation de l’activité médicale d’unsecteur, de l’évaluation à l’analyse des données;

- participer à des programmes de recherche,d’évalua-tion, d’analyse des pratiques professionnelles pourl’amélioration de la qualité des soins;

- développer des actions en partenariat avec d’autresprofessionnels de santé et acteurs sociaux pour unemeilleure qualité de soins;

- développer des actions collectives (recherche, for-mation, évaluation avec les partenaires institution-nels, économiques et industriels) ;

- s’impliquer dans la promotion de la santé commu-nautaire en collaboration avec tous les acteurs desanté, les responsables administratifs, les autorités detutelles et toute autre autorité politique ou religieusepouvant avoir un impact sur l’amélioration de la santéde la communauté;

- contribuer à la gestion du centre de santé où il estaffecté.

Formation post basiqueLes masters en sciences infirmières.Le programme deMaster en sciences infirmières a pour but d’approfon-dir les connaissances et les compétences managériales,cliniques,des futurs paramédicaux spécialistes dans lesdomaines de santé et de développer les habilités derecherche et de leadership.

A la fin de la formation, les apprenants devraient êtrecapable de:- approfondir leurs connaissances en sciences infir-

mières sur l’étude et l’utilisation de paradigmes,modèles et théories qui caractérisent la perspec-

MADAGASCAR

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201072

tive infirmière et guident la recherche et la pra-tique ;

- intégrer leurs connaissances des sciences et desétudes humaines à la pratique infirmière par des acti-vités de recherches et de stages spécialisés;

- accroître leurs habilités à l’analyse et à juger defaçon critique l’information scientifique au regarddes phénomènes de santé pour en dégager desquestions, des hypothèses de recherche ou de pra-tiques nouvelles ;

- analyser les facteurs qui influencent le système dessoins de santé en vue d’y exercer un leadership dansla prestation des soins et dans l’ensemble du systèmede santé;

- accroître leurs connaissances de l’éthique en vue dedévelopper leur jugement moral, d’assurer leur res-ponsabilité professionnelle;

- développer, soit des habilités de recherche, soit desinterventions spécialisées dans le domaine des soinsinfirmiers et obstétricaux.

Pour être admissible à titre d’étudiant régulier au pro-gramme de master en sciences infirmières, le candidatdoit :- être titulaire d’une licence en sciences infirmières ou

un diplôme reconnu équivalent;- avoir obtenu au moins une moyenne générale de 12

sur 20 dans l’ensemble des matières du programmede licence et obtention de 180 crédits ;

- avoir réussi avec des notes 12 sur 20 un cours d’ini-tiation a la recherche soit après obtention de 6 cré-dits et 12 crédits en projet de mémoire;

- avoir trois années d’expériences professionnelles;- avoir réussi au concours d’entrée a la formation

Il existe également un master 1 en sciences infirmièresen anesthésie et réanimation (Ouverture de la forma-tion par arrêté interministériel n° 8150/2007.

Le but de ce parcours en anesthésie réanimation estde faire acquérir aux apprenants les bases indispen-sables à toutes activités relatives à ce type de forma-

tion.Préparer les apprenants à l’exercice des fonctionsd’Infirmier spécialisé en anesthésie réanimation en leurapportant le savoir, le savoir faire et le savoir être cor-respondants,en favorisant l’application de leurs acquisdans l’exercice de leurs fonctions futures. Les coursthéoriques traitent les techniques, les concepts et lesvocabulaires en anesthésie réanimation, alors que lesstages développent surtout la capacité pratique de l’ap-prenant.

An terme de leur scolarité, les Infirmiers anesthésistesoccupent les postes suivants:- aux blocs opératoires des CHU, CHRR, CHD2- aux urgences des CHU, CHRR, CHD2- aux services de réanimation des CHU,CHRR,CHD2- aux services des Soins Post interventionnels- SAMU

Le master 1 peut être suivit d’un master2 qui offre2 possibilités : le Master professionnel et Masterrecherche.Le Master professionnel ouvre le chemin vers les car-rières du secteur public, du secteur privé.

Le Master recherche donne la possibilité d’entre-prendre des travaux de recherche, de participer auxenseignements et de postuler au diplôme deDoctorat.A la fin du Master 1, les étudiants qui ont opté pour larecherche doivent subir une sélection de dossiers ana-lysés par le conseil pédagogique dont la décision dépen-dra de la moyenne obtenue en Master 1, des travauxde recherche préalablement effectués et de l’apprécia-tion des enseignants (aux cours théoriques et auxstages).

Le nombre des apprenants admis à suivre la formationen Master recherche est fixé en fonction des placesdisponibles à l’INSPC.Ceux dont les dossiers n’ont pasété sélectionnés pour le Master recherche, suivent lerégime de Master professionnel selon les critères del’évaluation du Master 1.

Période Master Recherche et Master Professionnel

1ère Année 2 semestres Programme axé sur les connaissances et les compétences managérialesTronc commun permettant de développer des habilités de leadership, d’acquérir des méthodes

et des techniques indispensables à toutes activités en Santé Publique.

MASTER PROFESSIONNEL MASTER RECHERCHE2ème Année 2 semestres Programme qui permet le développement Programme qui permet

et l’application d’interventions infirmières l’acquisition d’habilités de spécialisées auprès des populations recherche / enseignement.spécifiques.

TABLEAU du Cursus de formation

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Master professionnel

Formation continueLes responsables au niveau des SSD identifient lesbesoins en formation des agents de santé travaillantdans les formations sanitaires à ce niveau.

L’exercice professionnel

Les infirmiers qui ont suivi la formation supérieure etont obtenu les diplômes Master en sciences infirmièresoccupent des postes de responsabilité.• Au sein de l’hôpital type Centre Hospitalier

Universitaire (CHU)La coordination des soins infirmiers au niveau duCHU est assurée par le Surveillant Général qui gèreles surveillants de soins au niveau des différents ser-vices de l’hôpital. Les surveillants organisent, plani-fient et supervisent la réalisation des soins par le per-sonnel sous leurs responsabilités.

• Au niveau des Centres Hospitaliers des Districts etles Centres de Santé de Base niveau 2, la structure decoordination des soins (Surveillant Général ) n’existepas encore. Les soins infirmiers sont planifiés, orga-nisés par les Surveillants qui supervisent égalementl’exécution des soins réalisés par les infirmiers.

• Au niveau des Centres de Santé de Base niveau 1(CSB 1) qui se situent dans les zones enclavées, lesinfirmiers remplacent les médecins. En effet, cestypes de structures sont tenus par des infirmiers.C’est sur la base de la description de fonction d’uninfirmier chef de poste CSB 1 que les programmesd’études en formation initiale des infirmiers ont étéconstruits.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

A Madagascar, la recherche en soins infirmiers n’estpas encore bien structurée. En effet, à la fin de la for-mation initiale les étudiants de la formation infirmièreélaborent un travail de fin d’études ou TFE qui est enquelque sorte une initiation à la recherche. Les étu-diants financent eux-mêmes leur travaux, car ils sonttenus de présenter un mémoire à la fin de leur cursus

académique en vue de l’obtention du diplôme deMaster en Sciences infirmières.Une fois leurs études terminées, les infirmiers- cadresne sont pas motivés pour effectuer des recherches.Eneffet, la recherche nécessite certaines contraintesnotamment du temps, de l’argent, et surtout uneéquipe multidisciplinaire capable de travailler selon leurspécialité.Il est toutefois à mentionner qu’il existe des labora-toires de recherche, comme l’Institut Médicale derecherche appliquée d’Itaosy (IMRA) à Antananarivo,derenommée internationale concernant l’étude desplantes en particulier.

A ce niveau, la recherche s’effectue par l’entremisede chercheurs pluridisciplinaires soit des physiolo-gistes, soit des pharmaciens, soit des médecins clini-ciens, soit des anthropologues soit des biophysiciensetc...Pour ce qui est des infirmiers chercheurs, les thèmesde recherche sont laissés à leur libre choix mais sousla supervision d’un Directeur de mémoire.

A l’heure actuelle, certains infirmiers et sage femmescollaborent avec des Organismes étrangers pour effec-tuer des recherches par exemple sur le développe-ment du nursing en soins infirmiers à Madagascar.Les travaux sont diffusés lors de congrès, lors de col-loques, revue, de journées médicales.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les types de recherches réalisés par les étudiants, sontsurtout des recherches appliquées,destinées à changerle comportement des usagers de manière à sensibili-ser la population sur certains comportements néfastespour leur la santé.

Les méthodologies de recherche les plus utiliséesconcernent la recherche descriptive à partir d’échan-tillons randomisés,avec la détermination d’hypothèsesde départ qu’il faut vérifier par la suite, lors d’expéri-

MADAGASCAR

Période Durée d’étude Master professionnel

Master 1 semestre Concepts de base, connaissances théoriques1

1 semestre Méthodes et techniques

Master 2 semestres Cours orientés pour développer surtout la capacité 2 technique par la démonstration et les applications pratiques

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201074

mentation ou sous forme d’interviews ou de question-naires.

Les thèmes abordés lors des recherches,depuis 5 ans,concernent surtout la santé publique et la sensibilisa-tion des patients à adopter des attitudes favorablespour préserver leur santé, la grossesse et une meilleureapproche en consultation prénatale.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE DANS LA PRATIQUE

A l’heure actuelle, il n’existe pas encore de lien étroitentre l’utilisation de la recherche et l’évidence basednursing,car les recherches pratiquées par les étudiantssont surtout axées sur la santé publique et sur le chan-gement de comportement de la population,en vue d’un

meilleur taux d’accès des structures sanitaires par lapopulation (taux très faible).

CONCLUSION

Étant le Chef de la filière de formation Master ensciences infirmières, je sensibilise nos apprenants à iden-tifier des postes de recherche pour enrichir la littéra-ture en soins infirmiers et obstétricaux.

Comme il a été annoncé plus haut, les recherches faitesjusqu’à présent concernent la santé publique. L’effortque nous ferons dans l’avenir, sera d’orienter lesrecherches sur les soins infirmiers et obstétricaux.Notre objectif est de créer des groupes d’infirmierschercheurs et des infirmiers de recherche. Dans cecadre, nous sollicitons aussi la participation et la colla-boration d’autres groupes d’Infirmiers.

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 75

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le royaume de Norvège fait parti des paysscandinaves. Le territoire s’étend dans l’ouest de lapéninsule scandinave sur 1800 km de long. Il se situeà 2000 km du pôle nord. C’est un pays maritimecaractérisé par ses nombreux fjords. La populationcompte 4,5 millions d’habitants dont 75 % estconcentrée autour des grandes villes. Les portsrépartis le long de la cote sont des centres indus-triels très actifs. le nord du pays, peu peuplé, estoccupé par des lapons.

• Le système de santé La Norvège est un despays les plus développé en matière de santé avec,pour les habitants, un niveau de qualité de vie élevé.Les services de santé publics sont financés par l’im-pôts et conçus pour être accessibles à toutes les per-sonnes résidants dans le pays, quel que soit leur sta-tut social. Sous la responsabilité du ministère de lasanté et des soins, les services de santé sont décen-tralisés aux niveaux des communes et des 5 régions.Les communes ont la responsabilité de pourvoir auxservices de base (dispensaires, médecine générale),les régions assurent la responsabilité des hôpitauxplus spécialisés (CHU). Il existe également des cli-niques et des services de soins privés agréés parl’état.Depuis 2000, la Norvège a mis en place le sys-tème de médecin référent. La profession infirmièreoccupe une place importante dans le système desanté aux cotés des médecins généralistes.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Le cursus de formation

Formation de baseAprès 15 années d’enseignement général, les infir-mières norvégiennes font leurs études en 3 ans à l’uni-versité (accord de Bologne). Les facultés de nursingdélivrent des « Bachelor of Nursing ». La formationpar alternance compte autant d’heures de formationthéoriques que cliniques.

Formation post basiqueDe nombreux programmes sont offerts aux infirmièresqui souhaitent poursuivre une formation vers une spé-

cialité: soins intensifs, anesthésiologie,psychiatrie,obs-tétrique, gériatrie, oncologie, pédiatrie, santépublique… Les programmes durent en moyenne unan (certains peuvent aller jusqu’à 2 ans), après uneexpérience de travail dans la discipline choisie.Les infir-mières bénéficient d’une prise en charge pour faire cesétudes, ce qui explique le nombre élevé d’infirmièresayant une formation post basique, soit plus de la moi-tié des infirmières qui travaillent en milieu hospitalier.Les infirmières peuvent s’inscrire dans un master uni-versitaire dés l’acquisition de leur Bachelor.Cependant,la majorité des infirmières qui entrent dans ce cursusont une pratique professionnelle de quelques années.Les études de master durent 4 ans centrées sur la dis-cipline des soins infirmiers et la recherche.Le doctorat en sciences infirmières se prépare en3ans:une année d’études théoriques et 2 années pourpréparer la thèse de doctorat.

L’exercice professionnel

La densité des infirmières est élevée (Norvège 15 infir-mières pour 1 000 habitants, France 8 infirmiè-res pour 1 000 habitants). Cependant, la Norvègemanque d’infirmières car les conditions de travail sontdifficiles, les salaires peu élevés et la profession peureconnue socialement. Ces facteurs n’incitent pas lesjeunes à envisager cette carrière. Les infirmières peu-vent exercer dans tous les domaines des soins aprèsavoir été enregistrées. The Norwegian NursesOrganisation (association nationale des infirmières)créée en 1912 est très puissante.Elle s’exprime au nomde toutes les infirmières et a un droit exclusif de négo-cier, au niveau local ou national, les conditions de tra-vail, les salaires et les questions professionnelles concer-nant les infirmières.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche est développée en Norvège.Elle est ensei-gnée de façon soutenue dans tous les programmes deformation. Il existe des postes de chercheur dans lesfacultés de sciences infirmières. La recherche fonda-mentale est essentiellement tournée vers des secteursinnovants ; Exemple, la recherche de l’équipe deCornelia Ruland, infirmière chercheur, publiée dans«Applied Nursing Research » (Vol 18-issue 2) qui traite

NORVÈGE

NORVÈGEDocument établi à partir des données du rapport du WENR 2007

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de « la prise de décision partagée de la recherche eninformatique et en sciences infirmières en Norvège ».Le « Bilateral Research Cooperation de Norvège »cherche à promouvoir la recherche bilatérale entre laNorvège et des pays, en particulier les États-Unis, leCanada et les autres pays scandinaves. Cet organismeoffre des fonds pour la recherche et pour la mobilitédes chercheurs et des doctorants.Les recherches réalisées sont souvent pluridiscipli-naires.Il faut noter que certaines infirmières chercheursdéplorent qu’il n’y ait pas de transfert des recherchesréalisées par des disciplines voisines,vers les soins infir-miers.Après appropriation par des professionnels(recherche appliquée), ces recherches permettraientune économie de temps et une amélioration des soins.Il existe plusieurs revues de recherche en langue natio-nale, et une abondante bibliographie anglophone dis-ponibles.Les financements des recherches qui proviennent desuniversités, des établissements hospitaliers, de l’État,des laboratoires,de fonds privés sont nettement insuf-fisants aux dires d’Elisabeth Severinsson de l’universitéde Stavanger, un des chefs de file de la recherche enNorvège. Elle souligne que les infirmières ont la for-mation nécessaire pour faire des recherches,mais man-quent de moyens pour développer les soins infirmierset répondre aux besoins de santé des populations.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Il n’y a pas de priorité nationale en matière de thèmesde recherche. Cependant, les chercheurs qui bénéfi-

cient de subventions ont, le plus souvent, des thèmeset sujets ciblés par les financeurs. Depuis quelquesannées, on note une évolution des recherches vers laclinique infirmière. Les thèmes les plus travaillés sont:la promotion de la santé et les soins dans des popula-tions défavorisées, la participation des usagers dans lessoins, les soins aux patients gravement malades, l’édu-cation thérapeutique des patients.

Toutes les formes et méthodologies de recherche sontutilisées avec,ces dernières années,une évolution cer-taine des méthodes qualitatives.

RÉINVESTISSEMENT DES RECHERCHES

Depuis 2000,différents programmes et stratégies visantà accroître l’utilisation des résultats de recherche ontété mis en place. Jorunn Hommelstad et CorneliaRuland dans un article publié dans « AORN Journal »en mars 2004, ont évalué l’efficacité de ces pro-grammes.Elles mentionnent que « la qualité et la quan-tité de la recherche en soins infirmiers liées à la pra-tique infirmière a augmenté, mais la croissance de larecherche n’a pas été de pair avec une croissance com-parable dans l’utilisation des résultats recherche dansles pratiques infirmières ».

A l’heure actuelle, le fossé entre théorie et pratiqueexiste toujours et les infirmières chercheur norvé-giennes pensent en faire un axe fort de la recherchedans les prochaines années car, effectivement, larecherche ne sert a rien si elle n’est pas mise au ser-vice des soins infirmiers.

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Ce document vise à donner une idée du développe-ment de la recherche en soins infirmiers au Portugalet les informations qu’il contient sont de la responsa-bilité de l’auteur.

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le territoire portugais,situé à l’extrémité del’Europe continentale, est un rectangle de 170 km delarge (en moyenne) et de 560 km de long. Il compte,avec les archipels atlantiques,91831 km2 de superficie.Le Portugal est une démocratie depuis 1974, le paysrejoint l’Union européenne en 1985. Les principalesactivités économiques sont liées à de l’activite tertiaire.Les indicateurs démographiques pour 2007 fontapparaître une baisse du taux de croissance inférieureà la moyenne de l’Union européenne. L’immigrationreste positive - plus d’immigration que d’émigration.Le vieillissement démographique se poursuit en rai-son de la baisse de la fécondité (1,33 enfants parfemme) et une plus grande longévité (indice de vieillis-sement 1.4,Décembre 2007).La population résidantepermanente a été estimée à 10617575 personnes.La proportion de jeunes adultes (15-24 ans) a dimi-nué de11.6 %, alors que la population adulte (25-64ans) est passée à 55 %. L’espérance de vie à la nais-sance (2005-2007) est de 75,18 ans pour les hommeset 81,57 ans pour les femmes.Le taux de mortalité infantile est de 3,4 pour mille(2007) et les principales causes de décès sont lesmaladies cérébrovasculaires et les maladies car-diaques ischémiques (infarctus)

• Le système de santé. Les principaux aspectsde la politique de santé concernant les infirmièressont l’organisation des soins de santé et les condi-tions de travail. L’etat est le principal pouvoyeur desoins,par l’intermédiaire du National Health Service,créé en 1993. Il comprend les hôpitaux et lescentres de santé, regroupés par region en fonctionde la population. Les centres de santé sont respon-sables des soins primaires (modes de vie sains, lesmesures de prévention et de traitement) dans lacommunauté. Récemment, les infirmières ont étéconsidérées comme des partenaires dans la planifi-

cation et la mise en œuvre des réformes de santé.Ceci en référence à la législation qui considère lesinfirmières responsables des «unités de soins com-munautaires,et escompte que les infirmières fassentdes propositions pour le développement de projetscommunautaires, tant pour les soins préventifs quepour les soins à domicile. Les infirmières sont pré-sentes dans chaque équipe, avec les médecins et lepersonnel administratif, responsable des soins à unepopulation donnée.

L’ORGANISATION DES SOINS

Généralités

Le nombre total d’infirmières travaillant, en équiva-lent temps plein dans le secteur public national dela santé est de 40473 et dans le secteur privé de lasanté de 2,778 (2008). En 2007 Le nombre d’infir-mières pour 100.000 habitants est 4,6 (moyenneOCDE: 8,9) et en 2008 de 5,34 ; Le ratio infirmière/médecin est de 1,4 (moyenne OCDE: 2.9, allant de1,8 à 5,7). Ces taux peuvent être considérés commedes facteurs responsables des mauvaises conditionsde travail des infirmières. Elles ne sont pas satisfaitesdes conditions de travail et se battent pour une révi-sion de la structure responsable. Le chômage, pourles infirmières, est un problème récent. Une étuderéalisée en 2008 par l’Association Nationale desInfirmières a révélé que 49 % des infirmières diplô-mées en 2008 étaient au chômage six mois aprèsl’obtention de leur diplôme.

Cursus de formation

La Formation en soins infirmiers comporte troisniveaux: licence, master et doctorat.

La formation de baseLa licence est le seul moyen de se qualifier en tantqu’infirmière. La formation comprend 240 crédits(1credit = 27 heures de travail étudiant) ce qui cor-respond à 4 ans, 36 semaines. Les études sont répar-ties en 50 % de theorie et 50 % de stages cliniques.La formation est sous la responsabilité de l’université

PORTUGAL

PORTUGALMarta LIMA BASTO,Infirmière,Carrière de professeur coordonnatrice à l’université des Sciences Infirmières de Lisbonne,membre duComité scientifique concernant l’enseignement du doctorat en sciences infirmières de l’Université de Lisbonne etchercheur à l’unite de recherche et developpement en sciences infirmières du Portugal.

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ou des instituts polytechniques (enseignement supé-rieur).Les accords de Bologne sont en place. La plupart desenseignants-tuteurs ont le niveau du master, certainsdans des disciplines non infirmière.Depuis 1975, il n’y a plus de SEN/ infirmières auxiliaires.

Formation post basiqueIl existe deux universités qui proposent un master ensciences infirmières et trois universités qui proposentdes programmes conduisant au doctorat en sciencesinfirmières.Plusieurs universités en soins infirmiers lan-cent des programmes de master en soins infirmiers,en mettant l’accent sur la formation clinique.

Formation continueDes programmes de perfectionnement ont été orga-nisés pour répondre à toutes les infirmières qui vou-laient actualiser leurs connaissances pour continuer àpratiquer. Depuis que le degré de qualification en for-mation initiale est appliqué (loi de 1988),un an de pro-gramme de modernisation a été proposé pour les soinsinfirmiers,par les universités.Toutes les infirmières sontdésormais qualifiées avec un premier degré.La carrièred’infirmière,pour l’hospitalisation et les soins commu-nautaires, vient d’être révisée. Elle comprend désor-mais deux niveaux de responsabilités.

Il n’ya pas de pratique avancée pour les infirmières,dans le sens ou elles ne peuvent prescrire. Il faut notercependant qu’un nombre important de profession-nelles est contre ce type de développement.

L’exercice professionnel

L’Ordre infirmièr - Ordem dos Enfermeiros - est res-ponsable de l’enregistrement des infirmières généra-listes ou spécialistes (en six domaines cliniques, cor-respondant à 15 % des infirmières). Le plus grandnombre d’infirmières immigrantes sont d’origine espa-gnoles et brésiliennes. L’Ordre Infirmier est chargé degarantir la qualité des soins infirmiers. Des plans qua-lité, pour les soins infirmiers, ainsi que d’autres straté-gies sont utilisées. Un nouveau modèle pour le déve-loppement professionnel est mis en pratique. L’Ordreinfirmier est membre du groupe de travail des cher-cheurs européens WENR

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

L’initiation à la recherche est incluse dans la formationinitiale, la recherche est développée dans les forma-tions universitaires et post-universitaires. Les thèsesde doctorat sont discutées en public.

Des recherches sont développées dans les unités derecherche,où les chercheurs sont des infirmières,pra-tiquant comme tuteurs ou infirmière clinicienne.Il n’y a pas de position d’infirmière « chercheur ».Dansles universités et au niveau des organisations en santépublique, il ya aussi des initiatives de recherche. Lamajorité des recherches est réalisée par des infirmièresuniversitaires au niveau doctoral ou post-doctoral.

Financement des recherchesLe financement est assuré principalement par le gou-vernement (Fondation pour les sciences et technolo-gies),qui centralise les propositions de recherche.« Lessoins infirmiers » ne constituent pas un critère.L’aspectmultiprofessionnel n’est pas fréquent,mais il est préfé-rable pour obtenir un financement. L’Ordre des infir-mières et infirmiers a financé la première partie d’uneétude sur « les besoins en soins infirmiers au niveaunational » dont le rapport a déjà été présenté.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes de recherche sont laissés au libre choixdes chercheurs.Actuellement, il y a un mouvement dansles unités de recherche pour restreindre les sujets etles centrer sur les priorités nationales en matière desanté.Les thèmes des thèses de doctorat en sciences infir-mières, dans les trois universités qui offrent des pro-grammes de doctorat, sont des indicateurs du contenude la recherche en sciences infirmières dans le pays. Ily a plus de 50 thèses de doctorat en sciences infir-mières.D’autres recherches sont réalisées par les unités derecherche liées à l’enseignement infirmier des univer-sités. Il est difficile de quantifier les cadres conceptuelsutilisés dans les études de recherches effectuées pardes infirmières,mais apparemment, les soins infirmiers,les théories sociales et psychologiques sont fréquem-ment utilisés.Le tableau ci dessous montre une analyse des thèmesde thèses ou des propositions de thèses de 2001 à2008.

Thèmes F %Interventions cliniques infirmières 67 52.0Travail sur les concepts de soins 27 21.0Expériences vécues des situations de santé 14 11.0Histoire des soins infirmiers 4 3.0Gestion des soins 12 9.1Enseignement des soins infirmiers 5 3.9Total 129 100.0

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Interventions cliniques infirmières comprennent desétudes sur la grossesse/parentalité, les femmes, lesenfants et les adolescents, les styles de vie, les adulteshospitalisés, les soins du malade à domicile, les per-sonnes âgées, les personnes en fin de vie, la famille, l’ai-dant naturel, la relation infirmière-patient.

Concepts de la discipline notamment Confort/ confor-ting, la présence, le respect, les transitions, la dimen-sion spirituelle des soins, les soins infirmiers prise dedécisions cliniques, la gestion du régime thérapeutique,la nature du partenariat dans les soins.Le vécu des situations de santé, les maladies chroniques,les dépendances, le retour à la vie quotidienne,vieillis-sement, la culture de la santé, les relations profession-nelles.

La Gestion des soins comprend les systèmes d’informa-tion, les modes de prise des décisions cliniques, lesdonnées minimales fixées, le partage des systèmes d’in-formation.L’autonomisation des infirmières dans le lieude travail, les pratiques des cadres de santé sur la ges-tion des soins, l’utilisation des services de santé par lesconsommateurs, le stress et la violence psychologiquechez les infirmières, la supervision clinique, la gestionde la qualité des soins.

Les méthodesLa plupart des recherches effectuées par les infirmièressont axées sur la pratique.Le plus souvent se sont desrecherches appliquées ou des recherches-action.Ellessont souvent de type qualitatif. Il y a aussi des étudesexpérimentales.

PUBLICATION ET DIFFUSIONDES RECHERCHES

Les résultats des recherches sont diffusés lors deconférences nationales et internationales et publiés

dans des revues (principalement nationales, mais deplus en plus internationales). Il y a environ sept revuesnationales qui publient régulièrement des rapports derecherche.Trois de ces revues publient des résumésen anglais, ils sont examinés par des pairs et inclus dansles bases de données internationales telles queLatindex et Cuiden.Les revues suivantes publient régulièrement desrecherches réalisées par des infirmières. Le nombred’articles de recherche publiés dans les quatre revuesde Septembre 2008 à Septembre 2009 est de 161- Enfermgem – Associação Portuguesa de Enfermairos;[email protected]

- Pensar Enfermagem – since June 2009 on line;Unidadede Investigação & Desenvolvimento em Enfermagem(ui&de) – Nusing Research and Development Unit ;ui&[email protected]

- Referência – Unidade de Investigação em Ciências daSaúde:Domínio de Enfermagem (UICiSaDe) – HealthSciences Research Unit : Nursing Domain ; [email protected]

- Revista de Investigação em Enfermagem – Formasau,Formação e saúde, Ltd; [email protected]

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

En général, les infirmières praticiennes et les infirmièresuniversitaires sont sensibles et informées sur la pra-tique fondée sur les preuves (résultats probants) etl’Ordre Infirmièr diffuse des lignes directrices sur plu-sieurs thèmes.Cependant, actuellement les résultats de recherche nesont pas fréquemment utilisés dans les pratiques, bienque des résultats de recherche-action et quelques étudescliniques soient immédiatement mises en pratique.La pratique influence la recherche,principalement dansles études cliniques et dans le choix des thèmes, sou-vent fondés sur l’expérience professionnelle.

PORTUGAL

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La recherche infirmière peut être considérée commela pierre angulaire de la discipline infirmière et de lapratique professionnelle. Est-ce que la recherche seconjugue partout de la même façon? Qu’en est-il auQuébec actuellement? Après avoir examiné l’état dela situation au Canada (Ouellet & Sylvain),ce texte pro-pose un survol des spécificités de la recherche ensciences infirmières dans la « belle province ».Avantd’aborder la recherche comme telle, il présente briè-vement le contexte sociosanitaire québécois, l’organi-sation professionnelle infirmière,ainsi que la formationuniversitaire en sciences infirmières.

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Québec, avec 7,7 millions d’individus,est reconnu comme une nation à l’intérieur d’unensemble fédéral canadien et se distingue par salangue et sa culture,80 % de la population étant fran-cophone (Institut de la statistique du Québec,2009).

• Le système de santé. Le Québec est doté d’unsystème de soins de santé public qui couvre tous lesservices médicaux et hospitaliers nécessaires par lerégime d’Assurance maladie du Québec.Sous la gou-verne du Ministère de la santé et des services sociaux(MSSS), dix-huit agences régionales de santé et deservices sociaux gèrent le réseau d’établissementsde santé publics de leur territoire. En tout, près de300 établissements offrant des services dans plus de1700 points de service (MSSS, 2008).

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Généralités

Il y a actuellement 70 587 infirmières au Québec(OIIQ, 2009). La majorité des infirmières, soit 86,8 %,donnent des soins directs à la population,8 % des infir-mières occupent un poste administratif,3,7 % un posteen éducation et 1,5 % un poste en recherche (OIIQ,

2009). La majorité des infirmières (90 %), soit 57000,exercent des fonctions cliniques.C’est dans les soins depremière ligne que le nombre d’infirmières a le plusaugmenté, une augmentation de 10 % au cours de ladernière année (OIIQ, 2009).

L’association professionnelle infirmière

Au Québec, dès 1920, il y a eu la création d’un ordreinfirmier et,en 1946, l’obligation d’y adhérer pour obte-nir un droit de pratique et porter le titre d’infirmière.Tout comme pour les infirmières canadiennes, les infir-mières québécoises doivent passer un examen de« droit de pratique » et payer une cotisation annuellepour être inscrite au tableau de l’Ordre des infirmièreset infirmiers du Québec (OIIQ) et accéder à la pra-tique de leur profession. La fonction principale del’OIIQ est d’assurer la protection du public en contrô-lant,notamment, l’exercice de la profession infirmière,par ses membres.

En plus, l’OIIQ agit à titre de représentant des infir-mières dans les dossiers politiques et joue un rôle actifauprès des différents organismes et gouvernement duQuébec, sur la scène provinciale et internationale.L’Ordre est un partenaire majeur dans la définition desnouveaux rôles infirmiers et il est le vis-à-vis du Collègedes médecins pour la négociation du nouveau rôle del’infirmière praticienne qui touche le champ de pra-tique médical.

Cursus de formation

La formation de baseLa formation des infirmières au Québec n’a pas suivila même tendance que dans les autres provinces cana-diennes qui exigent, ou sont sur le point d’exiger, lebaccalauréat (niveau licence universitaire) comme for-mation minimale d’entrée à la profession.Au Québec,le débat concernant la formation universitaire commeseule voie d’accès à l’exercice de la profession d’infir-mière persiste depuis les années 1980 (OIIQ, 2008).Malgré les efforts pour amener la formation initialedes infirmières à l’université, les besoins criant desmilieux cliniques et la pénurie d’infirmières jouent pré-sentement en défaveur de cette décision.

QUÉBEC, CANADAHélène SYLVAIN,Ph.D. Sciences infirmières, Professeure en sciences infirmières – UQAR Rimouski, Québec, CanadaNicole OUELLET,Ph.D. Sciences infirmières, Professeure en sciences infirmières – UQAR Rimouski, Québec, Canada

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Cependant, l’OIIQ encourage les infirmières à pour-suivre la formation au niveau universitaire. Bien que laformation universitaire au Québec existe depuis 1921(Université McGill) et 1934 (Université de Montréal),le pourcentage d’infirmières qui détiennent un diplômeuniversitaire en sciences infirmières est à 43 % en 2008-2009.En tout,29 % des infirmières,soit environ 21000,détiennent un baccalauréat (OIIQ,2009). Il s’agit d’uneaugmentation de 110 % en 15 ans (OIIQ, 2009). Pourcréer un pont vers la formation universitaire, en 2001,les collèges et les universités du Québec ont créé unpartenariat afin de pouvoir offrir aux infirmières uneformation continue DEC-BAC. Ce nouveau pro-gramme,3 ans au collège et 2 ans à l’université,permetde faciliter l’entrée à l’université des infirmières.

La formation post basiqueLes premiers programmes de maîtrise en sciences infir-mières au Québec (2e cycle universitaire ou master) ontété mis de l’avant dans les années 1960 (1961,U.McGillet 1964 U.Montréal).Maintenant, la maîtrise en sciencesinfirmières est offerte dans huit universités au Québec.Au Québec, 108 étudiantes ont diplômé à la maîtriseen sciences infirmières en 2007,alors que 12 étudiantesont obtenu un doctorat en sciences infirmières (AIIC& ACESI, 2008). Les admissions au deuxième cycle uni-versitaire continuent d’augmenter dans les universitésquébécoises, en 2007, 171 nouvelles admissions et 528étudiantes inscrites dans des programmes de maîtrise ensciences infirmières (AIIC & ACESI, 2008).Toujours en2007,15 infirmières terminaient leur formation d’infir-mière praticienne (ICIS, 2008)1.

Quant au programme de doctorat en sciences infir-mières, quatre universités offrent désormais ce pro-gramme au Québec: l’Université de Montréal (UdeM),l’Université McGill (UMcGill), l’Université Laval(ULaval) et le doctorat en sciences cliniques, voletsciences infirmières, de l’Université de Sherbrooke(USherbrooke).Pour faciliter l’accès à ces études supé-rieures, au Québec, le Ministère de l’éducation,du loi-sir et du sport du Québec a mis en place,depuis 2006,un programme de bourses d’études pour les infir-mières afin de les soutenir dans les études de maîtriseet de doctorat. Cette décision a été acclamée par lesuniversités québécoises à la recherche de professeursqualifiés. La formation des futurs professeurs et cher-cheurs ne peut que contribuer à développer larecherche en soins infirmiers.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Dans un premier temps, nous aimerions situer larecherche au Québec dans un continuum de matura-tion, à partir des quatre étapes du développement dela recherche, adaptées de Tierney (1998).- La première étape de développement, l’émergence,

se caractérise par des activités de recherche d’indi-vidus qui développent des projets individuels, sou-vent non subventionnés et à peine reconnus dansleur milieu.

- Durant la seconde étape, l’identification, des activitéscollectives débutent et les associations nationalesinfirmières y contribuent de façon notable.Des confé-rences sur la recherche infirmière apparaissent et desinstitutions de recherche sont mises en place.

- La troisième étape, la formalisation, est étroitementliée au développement de la formation infirmière àl’université, notamment les études de maîtrise et dedoctorat.De façon concomitante, il y a une augmen-tation des publications de recherche dans les revueset de livres en sciences infirmières.

- À la dernière étape, la consolidation, des priorités derecherche et des stratégies de développement de larecherche sont établies (Tierney, 1998).

Par différents indices, nous pensons que la rechercheinfirmière au Québec atteint actuellement l’étape dela consolidation.En effet, les programmes de formationsupérieure sont en place, les professeures d’univer-sité sont de plus en plus impliquées dans des activitésde recherche, comme on peut le constater sur lessites Web des facultés. Dans les établissements desanté, les infirmières sont davantage scolarisées, plu-sieurs ont une maîtrise en sciences infirmières ou dansdes domaines connexes et certaines ont un doctorat.Les centres de santé accordent plus de place à larecherche infirmière, comme en témoignent les man-dats de recherche infirmière ou de recherche interdis-ciplinaire, identifiés dans la mission des centres desanté, particulièrement dans les centres hospitaliersuniversitaires (CHU), mais aussi un peu partout dansles régions du Québec. En fait, il existe une force vivede recherche et un dynamisme bien démontré par lamise sur pied de groupes de recherche et l’accès aufinancement de la recherche.Il est possible de dire qu’au Québec, la recherche ensciences infirmières se porte de mieux en mieux. Un

QUÉBEC, CANADA

1 Notons que la pratique infirmière avancée (PIA) est une expression générale décrivant un niveau avancé de la pratique des soins infirmierscliniques, qui maximise l’utilisation de connaissances acquises aux études supérieures, d’un savoir infirmier approfondi et d’une compétenceconfirmée au service des besoins de santé des personnes, des familles, des groupes, des communautés et des populations dans le domaine dela santé (AIIC, 2008).Au Québec, il existe deux types de pratiques avancées : l’infirmière praticienne (Nurse practitioner) qui exerce en soinsde première ligne (santé primaire), ou en spécialisations médicales: néphrologie, cardiologie tertiaire, néonatalogie) et l’infirmière cliniciennespécialisée (Clinical nurse specialist) qui a une pratique avancée dans un domaine particulier : santé mentale, santé communautaire, soins cri-tiques, gérontologie, chronicité (diabète, asthme, etc.).Ces deux types de pratique nécessitent au minimum une formation de maîtrise ensciences infirmières, en plus des stages cliniques spécialisés.

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201082

des indicateurs de cette bonne santé est sans douteson financement.

Financement de la rechercheEn effet, le financement est devenu plus accessible pourles infirmières au cours des 15 dernières années,autantau fédéral qu’au provincial. Spécifiquement au Québec,il existe plusieurs sources de financement en appui auxchercheurs et aux étudiants des niveaux doctoral etpostdoctoral en sciences infirmières, notamment leFonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ), leFonds québécois de la recherche sur la société et laculture (FQRSC).De plus, les infirmières se sont dotéesd’une fondation entièrement dédiée à la recherche ensciences infirmières au Québec, la FRESIQ2.Fondée en1987 par l’OIIQ, la FRESIQ est un organisme qui a pourmission de promouvoir l’avancement des sciences infir-mières et l’amélioration continue des soins infirmiersau Québec par le soutien de la recherche et le trans-fert des connaissances (FRESIQ, 2009). Ce fonds derecherche a permis la mise en place de projets derecherche clinique favorisant la complémentarité entreles milieux universitaires et cliniques et la promotionde tandems clinicienne–chercheuse.Cette complémen-tarité exprime que les cliniciens ont besoin de cher-cheurs qui se penchent sur leurs questions cliniqueset les chercheurs ont besoin de cliniciens qui alimen-tent et garantissent la pertinence et l’importance de larecherche.

Outre les subventions, la recherche au Québec sedémarque par l’augmentation phénoménale desregroupements de recherche en sciences infirmièresau cours de la dernière décennie.Ces regroupementsont, pour la plupart, émergé des facultés ou départe-ments universitaires en sciences infirmières et repré-sentent, à notre avis, un signe d’une certaine maturitéet stabilité de la recherche.Nous avons répertorié plu-sieurs de ces unités de recherche qui sont actives auQuébec (voir la liste non exhaustive au tableau 1).

On peut y constater la diversité des domaines et thé-matiques de recherche associés aux sciences infir-mières:pratique clinique, santé publique et promotionde la santé,administration et organisation des servicesde santé et la formation des infirmières.En plus de cesgroupes qui structurent la recherche en sciences infir-mières, plusieurs équipes de recherche et chercheursindividuels sont actifs par leurs publications et com-

munications scientifiques.Les activités de la plupart deschercheurs s’inscrivent dans des projets de groupesou d’équipes disciplinaires, interdisciplinaires, interfa-cultaires ou interuniversitaires.De plus, ces projets derecherche se réalisent en collaboration avec des éta-blissements de santé ou des organismes liés à la santédu Québec.Les publications et communications scien-tifiques dans des revues et des colloques, utilisant lesévaluations par comité de pairs,ont considérablementaugmenté au cours des 10 dernières années commeen fait état le rapport sur la recherche en sciences infir-mières au Canada (ACESI, 2008).

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Finalement, en plus d’examiner les subventions et lesgroupes de recherche pour faire état de l’avancementde la recherche au Québec, un autre indice concernel’utilisation croissante de ces savoirs pour améliorerla pratique infirmière et contribuer à la santé despopulations. C’est un autre signe de développementde la recherche en sciences infirmières au Québec.Ce n’est pas encore implanté partout dans le réseaude la santé, mais on peut désormais parler de l’ins-tauration d’une culture de recherche dans le domaineinfirmier.Cette culture est tangible pour l’instant dansl’implantation de démarches systématiques d’utilisa-tion des données probantes en milieu clinique, enassociation avec les universités, et par le développe-ment d’une pratique critique et réflexive. Des struc-tures et des projets d’utilisation de données derecherche se mettent en place un peu partout auQuébec, comme par exemple le Bureau de transfertet d’échange des connaissances de l’Université Lavalet le programme de subventions de diffusion et d’uti-lisation de résultats de recherche FRESIQ.

CONCLUSION

Décidément, on peut affirmer que la recherche infir-mière au Québec est en bonne voie de consolida-tion. Il reste évidemment du chemin à parcourir,

1 Notons que la pratique infirmière avancée (PIA) est une expression générale décrivant un niveau avancé de la pratique des soins infirmierscliniques, qui maximise l’utilisation de connaissances acquises aux études supérieures, d’un savoir infirmier approfondi et d’une compétenceconfirmée au service des besoins de santé des personnes, des familles, des groupes, des communautés et des populations dans le domaine dela santé (AIIC, 2008).Au Québec, il existe deux types de pratiques avancées : l’infirmière praticienne (Nurse practitioner) qui exerce en soinsde première ligne (santé primaire), ou en spécialisations médicales: néphrologie, cardiologie tertiaire, néonatalogie) et l’infirmière cliniciennespécialisée (Clinical nurse specialist) qui a une pratique avancée dans un domaine particulier : santé mentale, santé communautaire, soins cri-tiques, gérontologie, chronicité (diabète, asthme, etc.).Ces deux types de pratique nécessitent au minimum une formation de maîtrise ensciences infirmières, en plus des stages cliniques spécialisés.

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QUÉBEC, CANADA

Groupe de recherche interuniversitaire en interventions en sciences infirmières duQuébec (GRIISIQ) (U de Montréal-U McGill-U Laval-U Sherbrooke) - Créé en 2003, le GRII-SIQ est un groupe de recherche interuniversitaire consacré aux retombées cliniques des interventions en soinsinfirmiers. Il encourage le développement et l’évaluation d’interventions en sciences infirmières afin de pro-mouvoir une pratique basée sur les résultats probants.

Groupe interdisciplinaire de recherche et de développement en soins infirmiers et ser-vices de santé (GIRESSS) (UQO) - Le GIRESSS,de l’Université du Québec en Outaouais (UQO),a iden-tifié quatre axes de recherche: Nature des besoins émergents en soins, services et formations de santé; Étudedes contextes psychosociaux et culturels de la santé et des processus politiques et économiques reliés ;Développement de l’environnement et de la qualité de vie au travail ; Développement, évaluation, transfert despratiques de pointe en matière de soins, services, formation et gestion de la santé.

Centre Ferasi (formation et expertise en recherche en administration des services infir-miers) (UdeM-UMcGill-ULaval-USherbrooke) - Le Centre FERASI est un lieu de formation et d’ex-pertise dans la recherche en administration des services infirmiers. Il se développe autour des axes suivants:organisation des services infirmiers, politiques de santé et pratiques infirmières, développement de la main-d’œuvre infirmière et transfert de connaissances.

Centre d’innovation en formation infirmière (CIFI) (UdeM) - Crée en 2007, la mission de cecentre est triple: développer dans un contexte d’interdisciplinarité des innovations pédagogiques, former desformateurs à ces dernières et enfin, évaluer ces innovations pour en diffuser les résultats.

Centre de recherche en sciences infirmières (Université McGill et Hôpital juif de Montréal)

Le Centre de recherche en sciences infirmières travaille à l’avancement de la pratique infirmière. Il a pour mandatsde mener des études rigoureuses,contrôlées par les pairs et subventionnées par des fonds de recherches externes,et de promouvoir une pratique fondée sur les données probantes au sein du département des soins infirmiers.

Chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille (UdeM) - Cette pre-mière chaire de recherche en sciences infirmières, créée en 1998, s’inscrit dans le contexte global du vieillisse-ment de la population. Son programme de recherche vise à explorer les besoins des familles qui s’occupentd’un proche âgé, à domicile ou dans un centre d’hébergement,et à élaborer des modèles novateurs et efficacesd’intervention en soins infirmiers auprès de ces familles.

Chaire de recherche sur les nouvelles pratiques de soins infirmiers (UdeM) - Cette chairea pour objectif de contribuer à l’avancement des savoirs sur les pratiques de soins infirmiers et d’élaborer desmodèles d’interventions novateurs.Son programme de recherche s’articule autour du développement et de l’éva-luation d’interventions visant à habiliter les personnes dans la gestion de leur condition de santé chronique.

Chaire de recherche du Canada sur les comportements et la santé (U Laval) - Cette chaire derecherche, créée en 2004 a pour but de comprendre les processus d’adoption des comportements dans ledomaine de la santé afin de mettre au point des moyens d’intervention plus efficaces.

Laboratoire de recherche sur la santé en région (LASER) (UQAR) - Ce laboratoire, nouvelle-ment créé à l’automne 2009 à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), s’articule autour de deux axes derecherche: l’organisation des services de santé en région et la santé des populations vulnérables vivant en région.

Laboratoire de recherche sur le Caring (UQTR) - Ce laboratoire a été créé à l’Université du Québecà Trois-Rivières (aucune information disponible sur le site Web)

Bureau de transfert et d’échange des connaissances (BTEC) (U Laval) - Ce centre de forma-tion et d’expertise vise à former et soutenir les infirmières et infirmiers ainsi que les gestionnaires à l’exerciced’une pratique fondée sur des résultats probants et contribue à développer une culture de recherche dans leurétablissement ou organisme de santé.

Tableau 1Unités de recherche en sciences infirmières au Québec et universités associées

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notamment la formation universitaire pour l’accès àla profession. Le développement de la recherche, dela discipline et de la profession infirmière est tribu-taire d’une formation universitaire dans les troiscycles, baccalauréat (licence), maîtrise et doctorat.Pour les infirmières de demain, il ne faut pas juste lescompétences techniques et la compassion, il faut lesavoir!

BIBLIOGRAPHIE

(1) AIIC. (2008). La pratique infirmière avancée:un cadre national. Ottawa : Association desinfirmières et infirmiers du Canada.

(2) AIIC, & ACESI. (2008). Statistiques sur la for-mation d’infirmières et d’infirmiers au Canada2006-2007. Ottawa (Ontario) : Association des infirmières et infirmiers du Canada &Association canandienne des écoles de sciencesinfirmières.

(3) FRESIQ. (2009). La recherche infirmièrehttp://www.fresiq.org/recherche_inf/index. htm

(4) ICIS. (2008). Infirmières réglementées.Tendances 2003 à 2007. Ottawa, Ontario :Institut canadien d’information sur la santé.

(5) Institut de la statistique du Québec. (2009).Population du Québec, 1971-2008 http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/demographie/struc_poplt/qc_1971-2008.htm

(6) MSSS. (2008). Le système de santé et de ser-vices sociaux au Québec. Québec: Gouverne-ment du Québec.

(7) OIIQ. (2008). La petite histoire de 1917 à1991 http://www.oiiq.org/oiiq/histoire.asp

(8) OIIQ. (2009). Portrait sommaire de l’effectifinfirmier du Québec 2008-2009. Montréal :Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

(9) Tierney, A. J. (1998). Nursing research inEurope. International Nursing Review, 45(1),15–19.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La République démocratique du Congoest le troisième plus vaste pays d’Afrique derrière leSoudan et l’Algérie et le plus peuplé d’Afrique cen-trale. Il a une superficie de 2334860 km2. C’est lepays le plus peuplé de la francophonie avec une popu-lation estimée à plus de 68 millions d’habitants. Elleest également appelée « Congo-Kinshasa » pour ladifférencier de son voisin la République du Congo ou« Congo-Brazzaville »,ou encore simplement Congoquand la situation ne prête pas à confusion. C’étaitautrefois le « Congo-Léopoldville », de l’ancien nomde sa capitale Kinshasa. Il a également porté le nomde Zaïre de 1971 à 1997.Le pays est énorme et les besoins des populationspartagent cette démesure. Le PIB/habitant n’est quede 111$ et l’indice de développement humain mesuréen 2004 ne permettait pas à la RDC de dépasser le168e rang mondial sur 177(rapport du PNUD 2005).

• Le système de santé. La guerre de plus d’unedécennie ayant provoqué l’effondrement des systèmesde santé et d’hygiène déjà en mauvais état dans les dif-férents pays de la région, a entraîné des situationshumanitaires très précaires. La RépubliqueDémocratique du Congo ne fut pas épargnée car c’estle Pays le plus affecté par ces guerres interminables.La scolarisation et les soins de santé primaires sontles secteurs les plus touchés par les guerres, l’insécu-rité et l’instabilité. Cela a notamment pour consé-quence la réapparition de maladies endémiques etd’épidémies.

En outre, la formation des infirmiers s’est dégradée enAfrique en général, et en RDC en particulier,depuis ledépart des anciens colons.

Ici, les Infirmiers sont délaissés, négligés, leurs revendica-tions ne sont pas souvent prises en considération et ellestrouvent rarement des réponses favorables. Or, lesInfirmiers jouent un rôle primordial dans la prise en chargede toutes les pathologies et dans la politique nationale dessoins de santé primaire.L’État congolais leur refuse le paie-ment de la prime de risque alors que les Infirmiers sonttrès exposés compte tenu de toutes les pathologies conta-gieuses et pernicieuses dont souffre la population.La RDC bénéficie d’interventions humanitaires trèsimportantes.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de base

Il y a quatre niveaux d’études infirmières en RépubliqueDémocratique du Congo:1) Les infirmiers A3 qui sont en réalité des Aides

infirmiers : c’est le niveau le plus bas c’est-à-direqu’ils sont détenteurs d’un brevet de 2 ans post-primaires,

2) les Infirmiers A2 dont le niveau correspond à celuides bacheliers en Sciences Infirmières .Ils sont for-més dans les écoles médicales ou les instituts médi-caux publics ou privés,

3) les Infirmiers A1 Ils sont formés en 3 ans post-bac-calauréat, c’est-à-dire premier cycle d’études supé-rieures en sciences infirmières .Ils sont formés dansles Instituts Supérieurs des Techniques Médicalespublics ou privés. On y forme des infirmierspédiatres,accoucheurs,généralistes et des anesthé-sistes.

Formation post basique

Il existe maintenant des Infirmiers L2 dont le niveauest la Licencie en Sciences.C’est un niveau de deuxième cycle d’études supé-rieures en Sciences Infirmières qui durent 2 années.Ces études sont très coûteuses, et il est très difficiled’obtenir des bourses.Le doctorat et le master se font exclusivement à l’ex-térieur du pays et notamment en Europe ou auCanada, là encore il est indispensable d’avoir unebourse pour suivre ces cursus.

L’exercice professionnel

Constitution du 18 février 2006,article 202,qui relèvede la compétence exclusive du Pouvoir Central, régitla profession d’infirmier.Les infirmiers exercent dans tous les domaines dessoins.Les salaires sont très bas,et il n’est pas rare qu’uninfirmier cumule plusieurs emplois concomitamment.Les plus qualifiés occupent des postes d’enseignant oude directeur de nursing dans les hôpitaux publics ouprivés.

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)Blaise BANSELE,Infirmier cadre, diplôme de premier cycle en sciences infirmières, option hospitalière (Institut Supérieur desTechniques Médicales de Kinshasa), Enseignant à l’École d’Infirmières de MASINA (Banlieue Est de Kinshasa)

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Il existe une association nationale des infirmiers duCongo.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Il y a très peu de recherches réalisées en RDC.Quelques unes sont menées à l’Institut Supérieur desTechniques Médicales de Kinshasa par les étudiants quivalident un mémoire de deuxième cycle.Il n’y a pas de financement pour la recherche en soins,les étudiants doivent s’auto financer. Il leur est égale-ment demandé de payer leur conseiller et leur direc-teur de mémoire.Les recherches ne sont pas pluridisciplinaires.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes sont dans le domaine de la pédagogie (amé-lioration de l’enseignement), l’épidémiologie, l’organi-sation des soins. Mais, depuis 5 ans, ils sont davantagecentrés sur la santé publique, l’éducation des patientset quelques fois sur la clinique.Chaque chercheur choisit son thème en fonction deses intérêts mais aussi de la littérature disponible, l’ac-cès à Internet est souvent difficile et onéreux pour lesétudiants.

Les concepts les plus travaillés sont: self-care,salubrité,relation d’aide, soins de santé primaires, santé commu-nautaire, prise en charge du VIH-SIDA.Il n’y a pas de diffusion organisée des recherches.Les méthodes utilisées sont le plus souvent desrecherches descriptives quantitatives et plus rarementqualitatives.

RÉINVESTISSEMENT DE LARECHERCHE

L’état de santé de la population influence les orienta-tions globales des recherches. Il y a un lien entre larecherche et les pratiques, par exemple, dans la priseen charge VIH-SIDA, ou dans les soins de santé pri-maires. L’évidence based nursing influence souventaussi la recherche.Les résultats de recherche sont rarement réinvestisdans la pratique.Les difficultés rencontrées dans la pra-tique vont générer des problématiques de recherche.

CONCLUSION

Il faut souligner les difficultés importantes que rencon-trent les infirmiers en RDC,tant dans leur exercice pro-fessionnel par manque de moyen et de matériel, quedans la formation par manque de documentation,d’or-dinateur et d’accès à Internet.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Royaume Uni est une démocratiebasée sur une monarchie constitutionnelle. Il estcomposé de l’Angleterre, de l’Ecosse, du Pays deGalles et de l’Irlande du nord ainsi que de quatorzeterritoires d’outre mer. Il représente une grande île,baignée par 4 mers. Situé en Europe de l’ouest, ilcouvre une superficie de 244.101 km2 pour unepopulation de 60.943.912 habitants soit une densitéde 244 habitants au km2.Ce fut longtemps un des pays les plus développésdans beaucoup de domaines, y compris celui de lasanté.

• Le système de santé. Depuis de nombreusesannées, le système de santé a subi des réformes suc-cessives, dues aux évolutions politique et sociale dupays. Pour les personnes résidant au Royaume Uni,les soins médicaux et hospitaliers, dispensés par le«National Health Service» (NHS) sont gratuits.Mais,les nombreux dysfonctionnements du NHS, en par-ticulier les délais de soins, ont favorisé l’émergenced’un secteur privé en pleine évolution. Les utilisa-teurs du secteur privé ne bénéficient d’aucun rem-boursement pour les frais de santé engagés. Ils doi-vent prendre des assurances privées.Le pourcentage d’infirmières pour 1000 habitantsest assez élevé au Royaume Uni, il est de 9,1(France7,7).Cependant la pénurie d’infirmières y estparticulièrement marquée depuis de nombreusesannées.Les causes sont multiples,mais elles sont sur-tout très liées aux mauvaises conditions de travaildes infirmières. Exemple : De janvier à mars 2003,13.000 infirmières formées à l’étranger ont été enre-gistrées pour 18.000 formées au Royaume Uni. Onnote que des pays comme les Philippines, forment7000 infirmières par an et que 70% d’entre elles vonttravailler à l’étranger, et en particulier au RoyaumeUni. (1)

En 2009, la pénurie est moins importante que dans lesannées 2000-2007, mais elle persiste toujours. (CII)C’est une grande préoccupation du ministère de lasanté et de toutes les structures qui regroupent lesinfirmières,sages femmes et visiteurs sanitaires,en par-ticulier du « United Kingdom Central Counsil ofNurses » (UKCC),du « Midwives and Health Visitors »et du « Royal College of Nursing » (RCN),associationdes infirmières très puissante qui compte en 2009,

395.000 infirmières pour un total d’environ 500.000infirmières en activité.

L’ORGANISATION DES SOINS

Cursus de formation

La formation de base. Depuis les accords de Bologne(1999), les études se font à l’université,après 12 annéesd’enseignement général. Pour essayer de recruter desjeunes dans la profession infirmière, certaines univer-sités ont créé des liens avec des « Éducation collegesRunning » qui dispensent des enseignements facilitantl’accès aux formations infirmières.La formation infirmière dure 3 ou 4 années suivant letype de formation.Elle se fait en 2 temps :18 mois detronc commun pour toutes les infirmières, sages-femmes et visiteurs sanitaires,et après avoir choisi, lesétudiants suivent une des filières proposées :- Soins aux adultes :Registered General Nurse (RGN)- Santé mentale : Infirmière psychiatrique autorisée

(RMN)- Malades handicapés : Registered Nurse Mental

Handicap (RMHN)- Soins aux enfants :Registered Nurse’s Sick Children

(RSCN)- Sages-femmes : Registered Midwife (RM)

Formation post basique. Les universités forment les infir-mières dans des programmes de master et de docto-rat depuis déjà de nombreuses années. Les différentsmasters sont proposés de façon continue ou discon-tinue ou encore en E-Learning. La plupart des infir-mières choisit la formation discontinue,y compris pourle doctorat.

La formation continue est valorisée et encouragéepar le ministère de la santé et les différentes instances professionnelles. Elle est organisée par lesuniversités. Chaque infirmière est invitée à faire unplan de carrière pour développer son potentiel per-sonnel.La formation est prise en charge par les employeurs oupar le ministère de la santé qui débloque des créditspour des plans précis :cancer,santé publique….Malgréces dispositions, la formation continue est très difficiled’accès pour les infirmières en raison de la grandepénurie dans cette profession.

ROYAUME UNI

ROYAUME UNIDocument établi à partir des données du rapport du WENR 2007

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• L’exercice professionnel. L’enregistrement desinfirmières auprès du UKCC est obligatoire pourexercer et doit être renouvelé tous les 3 ans. Lespratiques sont réglementées par 2 textes majeurs «The code of professional conduct » et « The scopeof professional practice », tous les 2 publiés en 1992par le UKCC. Cet organisme établit aussi les stan-dards de soins et les programmes de formation.Les infirmières travaillent majoritairement dans le sec-teur public. Il faut souligné que leur vie profession-nelle est courte (5 à 7 ans), même si, durant ces dixdernières années, elle s’est allongée grâce auxmesures prises pour pallier la pénurie.Dans un rapport de CREDES datant de 2000,Comb-Ruelle, Midy, Ulmann (2) préconisent des mesurespour juguler la pénurie d’infirmières. Elles visent àvaloriser la profession par une reconnaissance pécu-niaire, de meilleures conditions de travail, un accèsfacile au temps partiel, des formations universitaires,une perspective de carrière avec la formation conti-nue, l’émergence d’une littérature professionnelle,etla valorisation de certaines infirmières décorées pourleur mérite.Certaines de ces mesures ont été misesen œuvre et ont permis de redresser partiellementla situation.Depuis 1980, le Royaume uni a crée les « NursesPractitioner ». Cette qualification est acquise aprèsune formation universitaire niveau master. Elle per-met aux infirmières de prendre en charge une partiedes soins primaires de médecine,de pédiatrie,d’obs-tétrique,de gynécologie.Les infirmières peuvent faireles anamnèses, les diagnostics et les prescriptions danscertaines pathologies.Actuellement, les pratiques avancées sont reconnues,les infirmières qui les exercent doivent égalementavoir un master. Dans certains domaines de soins,comme la douleurs, l’infirmière peut être le seul inter-locuteur du patient.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche est très développée, elle est présentedans tous les programmes de formation dés l’ensei-gnement de base. Il existe des postes de chercheurdans les universités et dans certains établissements desoins. Leur nombre croissant atteint une masse cri-tique qui permet de développer des domaines d’excel-lence dans différentes approches des soins. Lesrecherches se font souvent en équipe pluridisciplinaire.Les infirmières qui font des recherche peuvent béné-ficier d’un soutien financier octroyé par le ministèrede la santé, les universités, les organismes qui gèrent laprofession, les hôpitaux, les laboratoires, les organismesde bienfaisance, les fondations privées.Les sources sont

multiples,mais la concurrence est importante,d’autantque certains fonds ne sont pas ciblés et sont allouéspour plusieurs disciplines. Les chercheurs peuventattendre plusieurs années avant de pouvoir entre-prendre une recherche. Ceci demeure un défi pourl’avenir de la recherche en sciences infirmières auRoyaume Uni.

D’après le « Research Assessment Exercice » (RAE)la recherche en sciences infirmières a contribué ces 20dernières années à améliorer la qualité des soins, aussibien dans le domaine clinique que celui de la préven-tion.Dans certaines approches des soins, elle a atteintun niveau d’excellence.Le RAE est un classement effec-tué tous les 5 ans pour le compte de l’enseignementsupérieur. Il vise à évaluer la qualité des recherchesentreprises au Royaume Uni pour chaque discipline.Les recherches sont évaluées par les pairs et classéesen fonction de leur pertinence, de la qualité de leurméthodologie…Des financements peuvent être accor-dés en fonction de ce classement.

Le RCN a dans ses missions de promouvoir et d’en-courager la recherche. Il propose chaque année, desdomaines de recherche prioritaires pour chacun des4 pays qui composent le Royaume Uni. L’objectif duRNC est aussi de rendre visible la recherche ensciences infirmières afin qu’il y ait une véritable recon-naissance de la contribution des soins infirmiers àl’amélioration et au développement de la santé despopulations, tant sur le plan curatif que préventif.Il existe une abondante littérature professionnelle,cer-taines revues sont spécialisées en recherche d’autresont pour thème l’Evidence Based Nursing. Dans unarticle (3) Necky Cullum du centre de l’Evidence BasedNursing de l’Université de York énonce que « la dis-ponibilité croissante de revues systématiques debonnes qualité dans le domaine de la santé est due engrande partie à la création de la « CochraneCollaboration » et à des centres tels que le « Centrefor Reviews and Ddissemi-nation » à l’Université deYork ». De nombreuses bases de données derecherche anglophones sont accessibles aux infir-mières.Le RNC dispose de 4 bibliothèques importantes à Belfast,Londres,Cardiff et Edinburgh.La bibliothèque de Londresest la plus importante, créée en 1921, elle regroupeaujourd’hui plus de 60.000 volumes sur les soins infir-miers et environ 1000 thèses de doctorat.

THÈMES NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Malgré un effort de recentrage des recherches sur desthèmes précis, elles restent très hétérogènes, en par-

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ticulier pour les étudiantes qui poursuivent des cur-sus universitaires et qui ont le libre choix de leurthème. Cependant, il faut noter que ces dernièresannées une place prépondérante a été faite à la santécommunautaire et à l’évaluation des besoins de santédes populations émigrées.

Le niveau élevé de formation des chercheurs les amè-nent à utiliser toutes les formes et méthodologies derecherche. Un travail épistémologique important estréalisé par les universités.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Depuis une dizaine d’années, le réinvestissement desrecherches dans les pratiques de soins est un enjeumajeur pour le RCN et plus largement pour la profes-sion. La mise en place de l’Evidence Based Nursingsoutenue par des publications qui inclues desrubriques telles que des « Forums d’application »aide grandement les infirmières à se réapproprier lesrésultats des recherches. En effet, les forums sontcomposés de courts articles qui visent à décrire leprocessus, les résultats ainsi que leur mise en œuvredans les pratiques cliniques.Ces recherches appliquéesfont l’objet de critiques émanant d’infirmières en acti-vité, ils sont réajustés et mis à la disposition de toutesles infirmières.

CONCLUSION

Le Royaume Uni dispose d’un potentiel pour faireavancer les sciences infirmières, mais il est en partieocculté par les problèmes inhérents à la pénurie d’in-firmières.On voit réapparaître une scission entre l’en-seignement donné dans les universités et les pratiquesde terrain réalisées par des équipes en surcharge detravail, surtout dans le secteur public.

BIBLIOGRAPHIE

(1) Aiken (L.h), Clarke (S.P.), Sloane (D.M.)Dotation en personnel infirmierHospital staffing organisation and quality ofcare : Cross national finding.In : International Journal of Quality of HealthCare – 2002 – N°14-1 pp 5-13

(2) Comb-Ruelle (L), Midy (F), Ulmann (P) Laprofession infirmière en mutation :Eléments de réflexion à partir d’exemples euro-peens.Rapport du CREDES –octobre 2000 – pp 33-54

(3) Cullum (N) Evidence Based Nursing –EBMJournal - n°15 – mars 1999

ROYAUME UNI

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 201090

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. Le Sénégal occupe la partie la plus occi-dentale du continent africain dans l’Océan Atlantique.Il a une superficie de 196722 km2 et une populationde 11343328 habitants. Sa capitale Dakar (550 km2)est une presqu’île située à l’extrême Ouest du pays.Le pays est de régime présidentiel pluraliste, laïc etdémocratique.La langue officielle est le français,maisplusieurs langues nationales y sont codifiées. Étantun pays pauvre très endetté, le Sénégal avait,en 2006,un PIB par tête d’habitant de 437 562 FCFA(Gouvernement du Sénégal, 2009)

• Le système de santé. La politique de santé auSénégal s’appuie sur un programme de développe-ment intégré de la santé (PDIS) qui applique concrè-tement les priorités de santé définies dans le plannational de développement sanitaire et social(PNDS). Après la Conférence d’Alma Ata sur lessoins de santé primaires (SSP) (OMS, 1978), leSénégal a axé ses efforts de santé sur la décentra-lisation des soins, à partir de 1991. Le découpagedu système de santé se présente maintenant sousforme pyramidale avec trois niveaux précis. Unéchelon central représente les organes de décisionet les services spécialisés se retrouvant seulementau niveau national. Un niveau régional correspondà la région médicale. Le district de santé qui est lazone périphérique opérationnelle constitue lemaillon fondamental de la pyramide sanitaire(MSPAS, 1997). Du fait de leur omniprésence dansle système de santé, les infirmiers (ères) sont for-cément au cœur de la réussite de la politique natio-nale de santé.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

Formation de baseL’enseignement des soins infirmiers se fait sous latutelle du ministère de la Santé et de la Préventionmédicale. Il est en pleine effervescence,mais seulementavec deux niveaux de formation.

- En premier lieu, il y a la formation initiale qu’une seuleinstitution nationale a assurée de 1952 à 1992.Avecla pénurie de la main-d’œuvre et la libéralisation del’éducation, le Sénégal fait face depuis une quinzained’années à l’ouverture effrénée d’écoles privées dontla majorité dispose d’un agrément du ministère de laSanté. Le diplôme requis à l’entrée dans ces institu-tions de formation est le baccalauréat de l’enseigne-ment général (13 ans de scolarité). La durée desétudes est de trois années sanctionnées par undiplôme d’État d’infirmier délivré par le ministère dela Santé et de la Prévention médicale, pour les diplô-més des secteurs public et privé.

- En deuxième lieu, il y a la formation continue spécia-lisée, dans les huit filières suivantes: enseignement etadministration, anesthésie et réanimation, kinésithé-rapie, biologie, imagerie médicale, odontologie, oph-talmologie et néphrologie. Elle est offerte sur unepériode de deux ans,par l’École nationale de dévelop-pement sanitaire et social (ENDSS). Le profil de sor-tie permet aux soignants d’exercer leur professionspécialisée avec le diplôme de technicien supérieurde santé.

Formation post basiqueMême si le Sénégal est engagé dans l’enseignementselon le système licence-mastère-doctorat (LMD),pourle moment aucune formation des niveaux de 2e et 3e

cycles n’est encore offerte dans le pays, pour le per-sonnel soignant. Quelques infirmiers ont cependantbénéficié d’études universitaires au Canada (Québec)et au Maroc.

L’exercice professionnel

Les infirmiers exercent à tous les niveaux de la pyra-mide sanitaire.Toutefois,à l’échelon central où se pren-nent les décisions, ils sont très peu nombreux et n’oc-cupent aucun poste de responsabilité qui peutinfluencer la prise de décision les concernant.L’analyse des rôles des différents personnels de santéconfirme la place importante que les infirmiers occu-pent aussi bien à l’hôpital que dans la communauté.- Comme dans la plupart des pays, en milieu hospita-

lier, ces infirmiers offrent des soins et contribuent audiagnostic, à la surveillance et à l’enseignement desmalades.

- À l’échelon périphérique et opérationnel du systèmede santé, ils jouent le rôle d’infirmiers-chefs de postes(ICP) responsables des services de la première ligne

SÉNÉGALAwa SECK, Inf., Ph. D.École Nationale de développement sanitaire et social (ENDSS), Dakar, Sénégal

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sur laquelle repose l’essentiel de l’action sanitaire(Seck,2002).Ce premier niveau regroupe 798 postesde santé auxquels sont rattachées 526 maternitésrurales et 986 cases de santé (Mbacké,1997).Les ICPprennent ainsi en charge la santé des deux tiers de lapopulation du Sénégal.À ce titre, ils exercent des acti-vités curatives, préventives, promotionnelles et ges-tionnaires, dans le cadre de l’exécution des pro-grammes prioritaires de santé (Seck,Morin,& O’Neill,2003).De plus, ils jouent un rôle déterminant dans lamise en place de l’Initiative de Bamako (IB),une poli-tique permettant la disponibilité des médicamentsessentiels génériques et le financement communau-taire de la santé.À ce titre, d’autres activités ont étéintroduites dans leur travail comme l’utilisation d’or-dinogrammes (arbres de décisions) et le monitoringde la consultation primaire curative,de la vaccination,la consultation prénatale, avec la participation despopulations. L’information, l’éducation, l’organisationet l’encadrement des populations font également par-tie de leurs fonctions, dans une perspective de pro-motion de la santé, sur toute l’étendue de leur zonede responsabilité.

- Dans le cadre de la fonction de gestion, les chefs deservice infirmier sont très impliqués dans l’organisa-tion et dans l’encadrement du travail infirmier dansles unités de soins, et ceci, depuis la réforme hospi-talière intervenue en 1998.Leurs activités profession-nelles sont également très visibles dans les régionsmédicales en lien avec la supervision et la gestion desservices de santé.Elles consistent alors à coordonnerles tâches découlant des huit composantes des SSP,à former le personnel et à mettre à jour le systèmed’information et de gestion des données sanitaires.

- Les infirmiers sont également au premier plan de l’en-seignement des soins infirmiers.Qu’il s’agisse de coursthéoriques,pratiques ou de suivi des étudiants dans lesterrains de stage, leur apport est déterminant et bienapprécié.Toutefois, avec l’approche de la formationpar compétences appliquée depuis quelques années,ces enseignants partagent de plus en plus leurs acti-vités pédagogiques avec des vacataires issus d’autresprofessions. Ce qui, non seulement requiert plus deressources, mais pourrait également influer sur l’ex-cellence de la qualité de l’enseignement.

La réglementationDu point de vue de la réglementation du champ depratique, aucune loi n’est encore promulguée auSénégal, pour contrôler et orienter l’enseignement etla pratique infirmière. Un seul arrêté du ministère dela Santé publique (MSP) (1989) existe pour fixer lescompétences infirmières,selon trois catégories d’actes.Certaines tâches sont exécutées selon une prescrip-tion médicale exclusive.D’autres relèvent d’une pres-cription médicale,mais ne doivent être effectuées qu’enprésence d’un médecin pouvant intervenir à tousmoments. Finalement, il existe des actes délégués en

cas d’urgence. Il faut reconnaître que, malgré sonmérite, cette nomenclature ne reflète pas les nom-breuses tâches dévolues aux infirmiers sénégalais.D’une part,elle est conçu pour le milieu hospitalier etomet toutes les prérogatives professionnelles en santécommunautaire. Or, dans les faits, 75 % des effectifssoignants exercent en toute autonomie, dans les ser-vices de première ligne, loin des centres urbains spé-cialisés.D’autre part, le texte occulte certaines dispo-sitions nécessaires au contrôle de la profession et dela qualité des soins, au comportement et à la forma-tion des infirmiers.Cette situation contribue à la pra-tique des soins infirmiers par des non-professionnelset pose le problème de la sécurité des soins offertsaux populations. Elle porte ainsi atteinte à l’image demarque de la profession en créant un désordre per-manent dans la pratique des soins infirmiers (Seck,2002). En outre, ce texte requiert une révision du faitdes nombreux changements qui sont intervenus dansla formation et dans l’exercice de la profession infir-mière, depuis une vingtaine d’années. La nécessitéd’une bonne réglementation demeure d’ailleurs,depuis plusieurs années, la priorité de l’Associationnationale des infirmiers et infirmières diplômés d’É-tat du Sénégal (ANIIDES, 1999).

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Il n’est pas exagéré de mentionner que la rechercheinfirmière n’est pas une priorité, au Sénégal.D’ailleurs,la profession infirmière souffre d’un manque notoirede chercheurs et aucun programme de recherche ensciences infirmières, de quelque nature que ce soit,n’existe dans le pays. Certes, le ministère de la Santéet de la Prévention médicale (MSPM) dispose d’unConseil national, d’une division des études et de larecherche et de plusieurs textes organisant et régle-mentant la Recherche en matière de santé (Républiquedu Sénégal,2002).Toutefois,ces différents organes sontplutôt orientés vers les professions médicale et phar-maceutique qui, depuis plus de trente ans, bénéficientd’une commission consultative au sein de laquelle laprofession infirmière n’est pas représentée (Présidencede la République, 1975).

Ces situations constituent une conséquence de l’ab-sence de plan de carrière et de possibilités de forma-tion universitaire des Sénégalais en matière de sciencesinfirmières (ANIIDES, 1999 ; Morin & Seck, 2008).).Depuis une quinzaine d’années,seulement cinq d’entreeux ont bénéficié d’études de 2e et de 3e cycle et pos-sèdent des compétences dans le domaine de larecherche en santé. D’ailleurs, c’est seulement dans lecadre d’études de maîtrise et de doctorat que les

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quelques rares études menées par des infirmiers ontété effectuées. Celles-ci sont généralement descrip-tives à la fois quantitatives et qualitatives. Les thèmesabordés sont très variables. Ils s’intéressent aux rôlesde la profession en lien avec les techniques de soin(Thiam, 2001), l’organisation des services (Fall, 2003;Wade, 2003; Seck, 2009) et la promotion de la santé(Seck,2002;Sow,2004). Leur choix n’est pas relié auxpriorités de la politique nationale de santé. Il est plu-tôt laissé à l’initiative des étudiants chercheurs. À cejour, ces études ne comportent qu’une seule publica-tion dans une revue internationale (Seck, Morin &O’Neill, 2003).

CONCLUSION

Un tel constat ne garantit pas l’excellence de la qua-lité des soins qui constitue le point focal de laréforme hospitalière (République du Sénégal, 1998,2008). Or, les difficultés d’accès aux bases de don-nées constituent un frein important à l’améliorationdes compétences par l’acquisition de nouvellesconnaissances issues des résultats d’études scienti-fiques. Elles ne favorisent pas la promotion et l’utili-sation de données probantes pour soutenir la prisede décisions. De plus, le contexte actuel de la mon-dialisation accélère la circulation des problèmes desanté publique dans et entre les frontières nationales.Cette réalité impose une harmonisation des pra-tiques notamment pour les infirmiers qui travaillentau premier plan de la prise en charge des malades.Defait, la qualité et la sécurité des soins offerts à la popu-lation passent de plus en plus par la production etpar le partage des connaissances scientifiques.Malheureusement, certains pays en développementcomme le Sénégal tardent à promouvoir la recherchedans le domaine des sciences infirmières. Par consé-quent, il urge de remédier à cette situation pour deuxraisons. D’une part, il faut développer et donner unevisibilité à la profession infirmière.

D’autre part, l’efficacité du système de santé doit êtrerenforcée parce que la capacité en termes deréponse efficace à la demande de soins infirmierssûrs est loin d’être garantie. Il est également oppor-tun et urgent que les infirmiers sénégalais prennenten main l’avancement de la recherche en lien avecleur profession. Pour cela, ils doivent d’abord inciterles décideurs à leur donner des moyens qui permet-tent d’améliorer leurs compétences. En guised’exemple, la promotion de la formation de 2e cycledoit être enclenchée, pour faire suite au rehausse-ment du niveau d’entrée dans les institutions d’en-seignement obtenu depuis cette année (Morin &Seck, 2008). Les infirmiers doivent ensuite détermi-

ner des priorités de recherche et amorcer la miseen œuvre de projets d’études scientifiques, avec l’aidedes autorités sanitaires, en partenariat avec des cher-cheurs d’autres pays. Une telle initiative contribue,de façon importante, à l’atteinte des objectifs de soinsde qualité définis dans la politique de santé.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La Suisse est un petit État fédéral situé aucœur de l’Europe. Ses 7,5 millions d’habitants sontrépartis en quatre régions linguistiques1 (de tailleinégale) sur 26 cantons (États de la Confédération)qui représentent 41284 km2.

• Le système de santé. Le système de santé pos-sède un Office fédéral de la santé publique (direc-tives générales normatives et préventives) rattachéau Département fédéral de l’intérieur (DFI) et 26systèmes cantonaux de la santé publiques avec 26lois et des structures différentes,ce qui n’est pas sansposer de problèmes de coordination et de sur-veillance de la qualité des soins (IUMSP, 2007).Une loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMal,1994)oblige la population à s’assurer pour un minimum deprestations auprès d’assureurs privés aussi nombreuxque la mosaïque politico-économico-géographique lepermet.Un système d’assurance sociale (AVS) et d’as-surance invalidité (AI) complète l’assurance maladieet, à titre indicatif, permet de toucher une rentevieillesse maximale de CHF 2228.- (1468€) par mois(2009).Les personnes qui en ont les moyens,peuvents’assurer au-delà du minimum légal, quasiment pourtoutes sortes de prestations.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Généralités

Selon la LAMal, les infirmières et les infirmiers sontdécrits comme des fournisseurs de prestations,« pro-

diguant des soins sur prescription ou sur mandat médi-cal ainsi que les organisations qui les emploient »(LAMal,art.35,OAMal,1995,art.49).Les infirmières etinfirmiers doivent « être titulaires du diplôme d’uneécole de soins infirmiers reconnu ou équivalent parl’organisme désigné en commun par les cantons oud’un diplôme reconnu selon la loi fédérale du13décembre 2002 sur la formation professionnelle »(OAMal, ibid.).

Précisons aussi que la formation n’arrive pas à fournirles institutions de soins du pays en professionnelsdiplômés. Le nombre d’infirmières formées en Suisseest totalement insuffisant car la capacité des écoles etla capacité des lieux de soins pour recevoir les étu-diants l’est aussi.L’apport en personnel étranger repré-sente alors environ 40 % des ressources humainesattribuées aux départements de soins infirmiers(Longericht, 2009).

Cursus de formation

Formation de baseLes formations en sciences infirmières ont subi unesérie de turbulences depuis 1990 qui les ont fait pas-ser, non sans mal, d’un degré de formation secon-daire II (écoles professionnelles de type CITE2 3A),à tout d’abord, un degré tertiaire non universitaire(écoles supérieures) de type CITE 5B, notammenten Suisse romande3, ceci progressivement entre1992 et 1999, puis, dans la période 1999-2006, à uneformation de type universitaire en Hautes écoles4

spécialisée (Bachelor of Science HES-SO en soinsinfirmiers).

Il fallait encore pour cela, quitter la tutelle des dépar-tements politiques de la santé et de la Croix-Rouge

SUISSEMichel NADOT, inf. Ph. DProfesseur en histoire et épistémologie en sciences infirmières, responsable recherche & développement à la hauteécole de santé de Fribourg (Suisse), filière en sciences infirmières.Chargé de cours en philosophie des sciences (master et doctorat) à la faculté de biologie et de médecine (IUFRS)de l’université de Lausanne (Suisse), professeur associé à la faculté des sciences infirmières de l’université Laval àQuébec (Canada).

1 Allemand, Français, Italien, Romanche.2 Classification Internationale Type de l’Enseignement (CITE) ou International Standard Classification of Education (ISCED).3 Pour exemple, dans le canton de Fribourg, on trouve en 1998, 176 étudiants faisant leur formation en soins infirmiers en école supérieure, cequi les classe en 2e position derrière la section technique supérieure (ETS) d’électronique de l’école d’ingénieurs pour le nombre d’étudiants(STAT-FR, 1998, 329).4 Les hautes écoles de la Confédération Helvétique sont : les universités cantonales (10), les écoles polytechniques fédérales (2) et les hautesécoles spécialisées (8).

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suisse5, afin de passer aux départements de l’instruc-tion publique6, plus concernés par les accords deBologne.On assiste alors à la mise en place d’une for-mation de niveaux différents entre la Suisse alémaniqueet la Suisse occidentale. La tertiarisation des étudesétant étroitement dépendante des représentations quel’on se fait sur les niveaux et les contenus de la forma-tion, cela se fait parfois au détriment d’un paysagehomogène. Comme le relève Anne-Catherine Lyon7

(2008), la profession d’infirmière ou d’infirmier restedéterminée par des formations de niveaux différents etont fait l’objet de débats politiques souvent intensesqui ont menés à des choix différents entre la Suisseoccidentale et la Suisse alémanique. En Suisse aléma-nique, la formation de base reste majoritairementsituée en école supérieure (écoles ES), alors qu’enSuisse occidentale la formation de base est majoritai-rement située au niveau universitaire (HES)8.Ce posi-tionnement universitaire rejoint la vision du corpsmédical (ASSM, 2007, p. 1950-1951)9 pour qui, le bac-calauréat (bachelor) universitaire doit devenir – égale-ment en Suisse alémanique et au Tessin – le diplômenormal du personnel soignant (en vigueur en Suisseromande depuis 2002). Il convient de promouvoir despossibilités de formation pouvant mener à la maîtriseuniversitaire ou au doctorat ».

Formation post basiqueMis à part l’université de Bâle, qui ouvrira ses portesà une licence10 en sciences infirmières à orientationclinique en octobre 200011, cette vision du doctorat etde la maîtrise,est devenue réalité également en Suisseromande dès 2008. En effet, le doctorat en sciencesinfirmières va se mettre en place à l’Institut universi-taire de formation et de recherche en soins (IUFRS)raccroché à la faculté de biologie et de médecine del’université de Lausanne dès le 26 mai 200812. Le mas-ter en sciences infirmières va suivre,et le rôle précur-seur qu’à joué la Suisse romande dans la promotion

des sciences infirmières sera hautement salué par laPrésidence de la HES-SO dans son communiqué depresse du 17 janvier 2008. « C’est la première foisqu’une université suisse et une haute école spécialiséeunissent leurs forces pour créer conjointement et inté-gralement un programme d’études supérieures.Cetteavancée historique marque un nouveau départ pour laformation en Suisse! Doctorat et Master en sciencesinfirmières représentent une avancée historique pourla consolidation de la discipline en Suisse, dont lesbénéfices iront prioritairement au service despatients ». C’est effectivement le 17 septembre 2009,que Céline Goulet, infirmière Ph D et directrice del’IUFRS de Lausanne, ouvrira les cours du master èsSciences en sciences infirmières13.

La reconnaissance progressive du savoir demande aussid’avoir des docteurs et leurs disciples pour permettrele développement de la discipline et de la science, cesavoir de haut niveau mentionné déjà (!) par Jobert dès1985. Une profession se fait reconnaître par le statutde ses hautes écoles. La constitution de ce « savoirpropre de haut niveau » réclame qu’il y ait implicationde nature politique et sociale, c’est-à-dire reconnais-sance de ce savoir par l’élite des autres professions, lepublic et les gouvernants ainsi que la possibilité detransmettre ce savoir au plus haut niveau du systèmeéducatif (Jobert, 1985, 133).

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Le statut de la recherche est donc étroitement lié austatut des études supérieures. Il indique qu’une étapea été franchie dans le processus de professionnalisa-tion. Il n’y a pas encore si longtemps, les écoles d’infir-

SUISSE

5 Depuis le 30 mars 1895, la direction centrale de la Croix-Rouge suisse à l’initiative du médecin capitaine Walter Sahli, décide dans un espritde division du travail selon une logique militaro-médicale, de créer un département instruction en vue de former le personnel pour les hôpi-taux et d’en contrôler l’exercice professionnel.Puis,dès le 25 juin 1903, le Dr Sahli va associer la Confédération à son projet,par l’Arrêté fédé-ral du 25 juin 1903, qui sera la base juridique ultérieure des écoles de soins, ceci jusqu’en 1999 (Valsangiacomo, 1991).6 Education Nationale pour la France.7 Conseillère d’Etat (Ministre) du département de la formation, de la jeunesse et de la culture du canton de Vaud, Présidente des comités stra-tégiques HES-SO et HES-S2.8 Sur les 2964 étudiants des sciences de la santé, les infirmières et infirmiers représentent 2032 étudiants, soit le 68,55% (chiffres 2008). Pour6 domaines d’études (ingénieurs et architectes, économie et services, design & arts visuels, santé, travail social, musique et arts de la scène), laHES-SO compte 13’398 étudiants (2008).9 Il s’agit ici de l’Académie suisse des sciences médicales (ASSM), de la Fédération des médecins suisses (FMH) et des cinq facultés de méde-cine du pays.10 Correspondait à cette époque à la maîtrise française.11 Dirigé par Sabina De Geest (citoyenne belge et américaine), ce programme de langue allemande est offert aux infirmières et infirmiers enpossession d’une maturité fédérale, d’un diplôme en soins infirmiers, de bonnes connaissances de la langue anglaise et d’une certaine expé-rience professionnelle (Lüthi, 2000).12 Sept candidats docteurs en automne 2009.13 Programme approuvé par la Direction de l’université de Lausanne le 23 mars 2009.

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mières étaient plutôt des ghettos où mijotait, à l’abrides autres formations dominantes le futur prolétariatdes professions de santé (Charles, 1981). C’étaitl’époque où nous avions « carte blanche » pour fairede la « recherche au noir » en vue de produire de la« connaissance grise » (Nadot, 2007). Carte blanche:recherche autoproclamée telle,spontanée,à bien plaire,et dans une indifférence politique totale.

D’une manière générale n’importe qui ou presque pou-vait faire de la recherche, dans n’importe quel lieu etchercher n’importe quoi14. Recherche au noir : horscontrôle d’une agence de moyens,d’une institution aca-démique ou d’une communauté scientifique légitime,sans reconnaissance et non référencée, hors banquede données, sans financement labellisé. Ce type derecherche ne faisait pas progresser politiquement lascience infirmière et court toujours le risque d’êtreinstrumentée.Connaissance grise:connaissance licite-ment accessible, mais caractérisée par des difficultésdans la connaissance de son existence ou de son accès(Hermel, 2001). Mais de quoi parlons-nous lorsquenous parlons de recherche? Une recherche en santé?Une recherche infirmière? Une recherche en sciencesinfirmières? Entre un slogan des ressources humainesqui cherchent des infirmières en période de pénurie,la participation d’une infirmière à une recherche ins-trumentée par un programme gouvernemental ou surdes thèmes pré-déterminés,une recherche dirigée parune infirmière, l’ambiguïté est vaste! Pour notre part,nous parlons de « cette investigation systématiqueconçue pour améliorer les connaissances sur des ques-tions importantes pour la discipline infirmière »(Loiselle et McGrath, 2007). Il s’agit en fait de la pro-duction de connaissances et « de recherches ayant undegré d’unité et de généralité qui découle de relationsobjectives qu’on découvre graduellement et que l’onconfirme par des méthodes de vérification » (Dallaire& Aubin, 2008, 12).

Avec l’arrivée des hautes écoles spécialisées (HES) dansle domaine de la santé en Suisse, la recherche devientlégitime. D’abord, de par la loi fédérale du 6 octobre1995 (État le 4 octobre 2005) sur les hautes écolesspécialisées (LHES),ensuite,de par le nombre d’agencesnormatives scientifiques (incitation,moyens) qui déter-

mineront sous quelles conditions la recherche peutêtre subventionnée par les pouvoirs publics15.Ainsireconnue, la recherche participe à donner une valeurajoutée aux institutions participantes.Les textes stipu-lent que les HES « dans leur domaine d’activité se char-gent de travaux de recherche et fournissent des pres-tations à des tiers » (art.3.3).Elles assurent ainsi le lienavec les milieux scientifiques et de la pratique. Ellesintègrent les résultats à leur enseignement (art.9.1).Larecherche menée par les écoles est normée, notam-ment à partir des références liées au manuel Frascatide l’OCDE qui est une référence usuelle du mondescientifique. Elle « doit être réalisée en étroite colla-boration avec les milieux issus de la pratique oud’autres milieux intéressés.Les résultats de recherchefinancés par des fonds publics doivent être publiés demanière appropriée » (OHES,1996).Plusieurs instancesconcernées par le monde de la science vont alors endéterminer son langage.Ainsi la Conférence suisse deshautes écoles spécialisées (2005) défini la recherche(Ra&D)16 comme « l’ensemble des activités qui ontpour but principal de produire des connaissances nou-velles ou de combiner des connaissances existantes demanière nouvelle.Les connaissances nouvelles acquisesrefluent vers l’enseignement et la pratique et profitentainsi immédiatement à un ensemble d’utilisateurs et àla société ». Quant aux prestations de service, difficileparfois de les distinguer des activités de recherche.Cependant,on spécifie que « par opposition à la Ra&D,les prestations de services fournies par les hautesécoles spécialisées suisses comprennent toutes les acti-vités qui ont pour but essentiel d’utiliser de manièreroutinière des connaissances disponibles ou d’appli-quer celles-ci dans la pratique (conseil, expertises,mesures de routine, formation en entreprise, évalua-tion, diffusion de production culturelle, accès à desbanques de données, etc.) (Berne : KFH, 2005).Conjointement à la mise en œuvre des HES dans ledomaine santé, le Fonds national suisse de la recherchescientifique (FNS) va développer, à partir de l’an 2000,un programme spécial pour la recherche en HES (Do-REsearch)17. La Haute école de suisse occidentale vaaussi promouvoir un fonds spécial (fonds stratégique dedéveloppement), pour soutenir la recherche. Il y a unénorme retard à rattraper! Ainsi, CHF 1’050’000 €-(692’000 €) seront versés aux écoles dès 2003, soit

14 Cela ne veut pas dire qu’il n’existait pas (trop peu) de bons chercheurs ou de bonnes recherches, mais trop souvent, cette activité restaitdans l’ombre. Pas d’organisation, pas de communication, pas de diffusion, pas de coopération, peu d’impact sur la pratique, pas de reconnais-sance, pas d’amélioration de l’image, pas de moyens, etc. que les experts helvétiques espèrent voir briser notamment par la mise sur pied deformation et de recherche en Haute école spécialisée (Gobet et al. 1998).15 On peut trouver en ligne différentes informations consacrées à la recherche sur le site de la HES-SO : http://www.hes-so.ch/CMS/default.asp?ID=1459.16 Ra&D pour recherche appliquée et développement. Habituellement on parle de R&D. Recherche appliquée (Ra) pour les HES laisseraitentendre que la recherche fondamentale se ferait à l’université et que l’on peut séparer radicalement ces deux termes. Or, il n’en est rien. Larecherche fondamentale à besoin d’un terrain « problème » pour un questionnement empirique et la recherche appliquée demande qu’il y aitquelque chose à appliquer. Les HES pratiquent donc la recherche fondamentale lorsque cela s’avère nécessaire pour atteindre les buts fixés àla recherche appliquée (KFH, 2005).

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aux 30 filières locales existantes réparties sur 18 sitesgéographiques.Ce crédit,certes modeste, sert à pour-suivre et à développer les initiatives et les travauxRa&D. Les tâches prévues sont : « d’entretenir desstructures de veille scientifique, d’élaborer desesquisses en vue de répondre à des appels d’offres, etmonter des projets de recherche incluant la recherchede partenaires de terrain (Protocole 8-2003).On quittealors le monde de la « recherche au noir » mention-née précédemment.Le Comité stratégique de la HES-SO18 va décider en effet, le 23 avril 2003 que l’année2003 va constituer la première année de mise envigueur officielle du dispositif d’incitation et de finan-cement de la recherche (Protocole 8-2003).

C’est donc dans la période 1979-2003 que larecherche va se renforcer. Il sera prévu que cette der-nière sera pratiquée par les unités de rechercheancrées dans chaque établissement et que des centresde compétences seront promus sous formes deréseaux thématiques multisites19 (Rapport, 1999).Concrètement, nous devons bien admettre que lamise en place du dispositif va dépendre des ressourceshumaines et scientifiques que chaque école de soinspourra mobiliser. À défaut d’avoir anticipé le profilscientifique que vont prendre les hautes écoles, leurplace dans la Cité scientifique, et l’exigence réclaméepar cette société de la connaissance qui se met enplace à l’échelle mondiale (Message FRT 2004-2007)20,les écoles vont se profiler de manière très contras-tée dans leur capacité à produire du savoir et à utili-ser les financements à disposition21.Relevons que de la recherche existe également etdepuis un certain temps dans les grands centres hos-pitaliers.Mais, financée en partie grâce au « statut uni-versitaire médical » du centre,elle présente parfois unprofil hétérogène et débouche souvent sur une litté-rature grise ou institutionnelle n’assurant pas toujoursla visibilité souhaitée pour accroître les connaissancesau sein de la discipline infirmière.

D’une manière générale, la productivité scientifique estsouvent directement proportionnelle au nombre depersonnes capables de concevoir un projet de rechercheet de le diriger de manière autonome, ainsi que derépondre aux critères des agences de moyens auprèsdesquelles une requête de subventionnement a étédéposée.Devant ce manque de docteurs22 capables dedévelopper leur propre discipline, il sera aussi fait appelau sein des unités de recherche, notamment au planméthodologique,à des docteurs de disciplines connexesà cette dernière,rendant parfois alors problématique lavisibilité et la production de connaissances pouvant ali-menter la discipline propre. On peut alors assister àquelques lignes de tensions entre disciplines dans lamesure où les disciplines dépendent les unes des autreset de l’action de leurs membres. Faire de la place pourune discipline suppose également de réduire l’impor-tance d’autres disciplines. Ces luttes d’influence ren-voient également au poids respectif des disciplines dansle champ des sciences et aux investissements requispour se construire une discipline propre (Vinck,2000).

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Dans un monde que l’on sait concurrentiel, aux prisesavec des enjeux de pouvoir stratégiques,économiques,de positionnement et d’autorité, le terrain de jeu deschercheurs suppose aussi des recherches de types etméthodologies variées. Recherche fondamentale,recherche appliquée, recherche-action, recherche his-torique, recherche orientée vers la pratique, etc. Lesméthodologies s’y rapportant vont dès lors dépendreà la fois, des stratégies institutionnelles ou person-nelles à l’œuvre, des instances qui font les appels àcontributions,du formatage des pratiques par les ins-titutions, du profil du chercheur et de son expertise

SUISSE

17 « Afin de soutenir le développement de compétences en recherche orientée vers la pratique dans les HES, le Parlement et le Conseil fédé-ral ont confié un mandat au Fonds national suisse (FNS) et à la Commission pour la technologie et l’innovation (CTI). DO-REsearch encou-rage les activités de recherche depuis l’an 2000, dans les sept domaines concernés par les HES du ressort cantonal : travail social, santé, arts,musique et théâtre, pédagogie, psychologie appliquée et linguistique appliquée » (DORE, 2004).18 La plus haute instance décisionnelle de la HES-SO. Ce Comité stratégique est composé de huit Conseillers d’Etat (Ministres) et représente« le politique » en charge de l’instruction publique (Education Nationale en France).19 Nommés aujourd’hui réseaux de compétences HES-SO (RCSO), ces réseaux sont au nombre de quatre dans le domaine de la santé et dutravail social.

- Le réseau d’études appliquées en politiques sociales, familiales et de la santé (REA).- Le Centre d’études de la diversité culturelle et de la citoyenneté dans les domaiones de la santé et du social (CEDIC).- Le réseau d’études aux confins de la santé et du social : acteurs, relations, enjeux et nouvelles régulations sociales (RECSS).- Le réseau d’études appliquées des pratiques de santé, de réadaptation/réinsertion (Ré-Sa-R).

20 Message de politique scientifique nationale émanant du Conseil fédéral.21 La Conférence suisse des HES mentionnent cependant que la recherche a besoin d’une liberté d’action suffisante et qu’il ne faut pas oublierque ce sont la plupart du temps quelques personnalités créatives qui réussissent véritablement à faire avancer la recherche dans un domainedonné (KFH, 2005).22 11 pour la discipline infirmière et pour 7 pays recensés par l’ARSI en 2009.

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dans la recherche, et des thématiques et probléma-tiques explorées. Il n’y a pas lieu de favoriser uneapproche au détriment d’une autre si l’on veut semontrer créatif dans la production du savoir et éviterla pensée unique. Comme le relèvent Holmes etPerron (2008,407),« la science royale,ou science d’É-tat, ne tolère et ne légitime que les savoirs permet-tant de consolider l’hégémonie d’un modèle fixe. L’undes objectifs principaux de la science royale est destrier (contrôler, organiser, surveiller, systématiser)l’espace qu’elle occupe et qu’elle commande ». Pourles instances dirigeantes de la HES-SO par exemple,d’une manière générale, les critères d’une « bonnerecherche » montrent que les résultats de cette der-nière peuvent être exploités par des tiers,que les pro-jets sont évalués par des experts en collaboration avecd’autres chercheurs nationaux et internationaux, queces projets de recherche ont la capacité d’attirer desfonds tiers (si possible labellisés, FNS, etc.) et qu’ilspossèdent des qualités de créativité,esthétique,et sontoriginaux.Le rayonnement de la recherche quant à lui,est mesuré par le volume des publications, de confé-rences ou de colloques et leur impact sur le grandpublic (média, presse, etc.)23.

Le financement de la recherche dans les domainessanté et travail social en Suisse occidentale se fait parle biais des hautes écoles et représente un montantglobal d’incitation et de valorisation d’environ CHF 5millions (3’297’000€), dont CHF 120’000.- (79’100€)comme socle d’incitation par école (site) et CHF525’000 (346’100€) par réseau de compétences. Onpeut espérer bien sûr,que l’ouverture d’un programmedoctoral en sciences infirmières en Suisse romandepourra aider à la consolidation de la production scien-tifique. On sait que « de programmes de doctorat ensciences infirmières dans différents pays du monde –programmes dont l’un des objectifs principaux est pré-cisément la formation de chercheurs autonomes – estl’un des facteurs marquants de la consolidation et dela reconnaissance sociale de la discipline infirmièrecomme discipline scientifique » (Ducharme,2002).Maiscela demande aussi du temps. Pure logique et intelli-gence des choses.On ne peut pas en quelques annéesavoir un indice de productivité scientifique dans unediscipline émergente,équivalent à celui des facultés uni-versitaires établies depuis longtemps.

Comment les résultats de recherche influencent-ils lapratique ? Pour répondre à cette question, on peutregarder dans quels milieux ces résultats sont diffusés,par quels canaux ils circulent,quels sont les vecteurs dela diffusion, dans quels espaces et par qui ils sont valo-risés. Comme la diffusion des résultats de rechercheet leur utilisation passent par les publications et la par-ticipation à des congrès scientifiques, il est bien sûrnécessaire de lire, d’actualiser ses connaissances, des’informer ou d’accéder à des banques de données.Mais pour aller sur des banques de données, encorefaut-il en percevoir son utilité. C’est à ce prix que larecherche peut influencer la pratique ou être sourced’autorité, ceci à condition que l’on ne soit pas dansune institution conservatrice ou une entreprise peuouverte aux innovations, voire dogmatique. Il faut biencomprendre aussi, que la science s’inscrit dans un dis-cours descriptif et explicatif du monde. La science nevise pas directement l’action, elle vise des objets envue de décrire,de comprendre et d’expliquer (Dallaireet Aubin, 2008, 10). L’application dans la pratique ou letransfert dans l’enseignement prend aussi du temps etl’on « estime qu’un délai de 17 ans est nécessaire avantque le savoir issu d’un essai à allocation aléatoire parexemple, soit incorporé dans la pratique et, mêmealors, son utilisation est inégale » (Dallaire et Toupin,2008, 258).

La pratique peut-elle influencer la recherche ?Certainement, dans la mesure où la science ne com-mence que s’il y a problème24. Du reste, la rubrique« problématique de la recherche » est souvent men-tionnée sur les formulaires de requête.Les problèmes« surgissent avant tout lorsque nos attentes se trouventdéçues ou que nos théories nous conduisent à des dif-ficultés, à des contradictions. La science part de pro-blèmes et non pas d’observations, même si celles-cipeuvent faire apparaître un problème, en particulierlorsqu’elles sont imprévues (Popper,1985,329).Sachantque toute pratique est avant tout culturelle, contex-tualisée et qu’elle renvoie à des éléments symboliquesc’est-à-dire des connaissances,des valeurs et des idéo-logies (Nadot,2003,118),on voit tout le poids d’inter-peller parfois ces connaissances qui gouvernent nospratiques. Cependant, même si à certains endroits,notamment dans les grands centres hospitaliers uni-versitaires du pays, on voit de plus en plus une réfé-

23 Comme déjà mentionné, (Nadot, 2007), un rapport de recherche qui dort sur une étagère ne contribue en rien à la recherche, à la diffusiondes savoirs, au transfert des connaissances dans nos pratiques ou à la reconnaissance de ces dernières. La première activité à laquelle un cher-cheur doit de former, c’est l’écriture. Quel est le volume d’ouvrages scientifiques au sein de notre discipline et quel est le profil des lecteurs ?24 Il existe des méthodes de résolution de problèmes tout à fait pratiques n’exigeant pas de lancer une recherche scientifique d’envergure.Unesimple recension de littérature suffit parfois à trouver une solution expérimentée ailleurs.Mais quand on parle de production du savoir, de sondéveloppement ou des critiques apportées à des savoirs antérieurs, qui sont en fait des langages exprimant parfois des croyances, nous nesommes pas confrontés aux mêmes types de problèmes.

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rence à de la recherche clinique25 ou des données pro-bantes (evidence-based nursing), il peut-être contre-productif en terme de savoir,d’en faire un phénomènede mode lié à cette colonisation médicale amorcée ensciences infirmières et qui, pour Holmes et Perron(2008),est peut-être irréversible.« L’élévation abrupted’un type de recherche au détriment d’autres devisméthodologiques a donné lieu à la hiérarchisation desméthodes de recherche actuelles selon un continuumde qualité défini par les tenants (médicaux ou finan-ciers) du mouvement sur les données probantes.Cettestratification des savoirs s’harmonise difficilement avecle recours à des méthodologies multiples de dévelop-pement des connaissances qui ont traditionnellementcaractérisé la recherche en sciences infirmières »(Ibid.). On rappellera que ce qui « compte parfoiscomme preuve, ou comme résultat important, oucomme « méthode scientifique solide », dépend d’at-titudes et de jugements qui changent avec le temps, laprofession et même parfois d’un groupe de rechercheà l’autre » (Feyerabend, 1989, 91).

CONCLUSION

En tout état de cause, une bonne recherche est cellequi met des procédures appropriées au service d’uneproblématique judicieusement circonscrite. Et, c’estdans la mesure où l’on amène le chercheur à ne jamaisisoler celles-là de celle-ci mais à choisir les premièresen fonction de la seconde - elle-même soigneusementréfléchie – que l’on pourra espérer avoir proposé uneformation à la recherche satisfaisante (Avanzini, 2003,206).Les agences d’incitation ou les agences de moyensà la recherche en Suisse soutiennent la recherche pré-vue par le législateur au niveau des hautes écoles dupays (universités, hautes écoles spécialisées et écolespolytechniques fédérales). Les écoles de soins infir-miers habilitées à faire de la recherche permettentaussi aux institutions de soins de participer à des pro-jets à condition bien sûr,que l’établissement partenaireprenne en charge les infirmières engagées dans un pro-jet.Cela demande concrètement d’avoir aussi des res-sources humaines à mobiliser (formées et à l’aise avecles exigences de la science) sans devoir puiser dans leseffectifs ordinaires le personnel de recherche néces-saire26.

La science, (y compris la science infirmière) oscilleentre une réalité unique (réalisme naïf et positivisme),et de multiples réalités construites issues du construc-tivisme.La notion de scientificité oscille aussi « depuisdeux siècles entre néopositivistes béats ou arrogantset praxéologues vaniteux ou militants, qui se posentalternativement en prophètes des temps nouveaux ouen martyrs des temps anciens (Avanzini, 2003). Ledébat s’exerce aussi, il est bon de le rappeler, dans unchamp professionnel et scientifique en vue de garderstratégiquement le monopole de la violence légitime(reconnaissance du savoir) et les intérêts qui y sontliés.Pour conclure sur ce quatrième champ pratique dela profession infirmière, celui de la recherche et de sareconnaissance, on peut dire à la suite de Nowotny27,et al. (2003) que la science consiste désormais en unesérie de pratiques complexes qui sont profondémentemmêlées, intégrées et impliquées dans la société.Dece point de vue, la science n’a rien de spécial. En tantque système de croyance, on doit comprendre d’oùprovient ce système, les visions de la science,commentelles sont façonnées, et par qui.

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SUISSE

25 On n’est pas exempt de définir le sens du mot « clinique », dérivé du grec « Klinê » (lit) lui-même de « Klinein », se pencher, s’incliner.Parle-t-on de la clinique bio-médicale, de la clinique infirmière(en quoi est-elle infirmière ?) ou de la clinique humaine ?26 Il existe cependant des différences notables entre les grosses institutions universitaires et les institutions de soins plus modestes,entre cellesqui ont des stratégies recherche éprouvées, celles qui ne pensent pas à en avoir, et celles qui éprouvent aussi des difficultés à suivre l’évolutiondes dispositifs normatifs de la science.27 Ancien directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris (1990),Vice-présidente et membre fondateurdu Conseil européen de la recherche scientifique, professeur d’étude sociale et de philosophie de la science à l’école polytechnique fédérale

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La République tchèque ou Tchéquie, estun pays d’Europe centrale qui regroupe les régionsde Bohême, de Moravie et de Silésie. La naissanceformelle de la République tchèque correspond à ladate de la fédéralisation de la Tchécoslovaquie, le 1erjanvier 1969. La Tchéquie devient indépendante le1er janvier 1993, lors de la scission de la Républiquetchèque et slovaque. La République tchèque estmembre de l’OTAN depuis 1999 et fait partie del’EU depuis le 1er mai 2004.C’est un des pays le plus industrialisé des pays del’Europe centrale. Lors du dernier recensement, lesstatistiques ont montré le nombre de 10.450.000d’habitants.

• Le système de santé. En République Tchèque,la loi impose à chaque résident de cotiser à la caissegénérale d’assurance maladie. L’état cotise pour lesenfants de 0 à 26 ans (s’ils sont encore étudiants),pour les femmes en congés maternité et congésparental, pour les personnes sans emploi, pour lespersonnes ayant à charge une personne handica-pée…

Il y 3 types de cotisation: par l’employeur, par l’état etpar la personne elle-même.Les personnes ayant une activité professionnelle indé-pendante cotisent une somme selon leurs revenus.Lespersonnes sans activité professionnelle, n’ayant pas ledroit d’être prises en charge par l’état, cotisent unesomme minimum imposée.La cotisation minimale cor-respond à 13, 5 % d’un revenu minimum et dans lesautres cas13, 5 % d’un salaire brut.

En 1992 toutes les personnes domiciliées sur le ter-ritoire tchèque sont devenues assurées de la caissegénérale d’assurance maladie. Depuis 1993, chaqueassuré a le droit de choisir la caisse d’assurance mala-die auprès de laquelle il souhaite cotiser. Un enfant,après sa naissance, devient l’assuré de la caisse d’as-surance maladie identique à celle de sa mère.A par-tir de 2004 les Tchèques qui résident de façon tem-

poraire dans un autre pays de la CE obtiennent, à leurdemande,une carte européenne d’assurance maladie.La loi qui stabilise le budget de santé publique obligetous les médecins,dentistes libéraux,hospitaliers ainsique les hôpitaux publics, privés, les cliniques et lespharmacies à demander une contribution auxpatients: le « forfait régulateur ».Le montant du « for-fait régulateur » est imposé par la loi et il diffère selonle type de consultation (clinique,urgence…),d’hospi-talisation ou le nombre de médicaments prescrits.Depuis sa mise en place, le « forfait régulateur » sus-cite une grande insatisfaction générale parmi les per-sonnes soignées et surtout celles qui sont suivies pourdes pathologies chroniques car leur budget est consi-dérablement amputé par la somme du « forfait régu-lateur » (consultations régulières,prescription des trai-tements…).

Selon les statistiques 2008 le nombre des naissances enRépublique Tchèque a augmenté ces 9 dernièresannées. Il est prévu que cette situation perdure jus-qu’en 2015. L’âge moyen augmente chaque année, 79ans pour les femmes et 72 ans pour les hommes.Les maladies prévalentes pour les femmes sont lesmaladies psychiatriques et le diabète,pour les hommesles accidents et les suicides. Il faut noter que 4 % desenfants naissent avec une malformation congénitale, leplus souvent cardiaque.

Les hôpitaux publics universitaires, régionaux, privéset les cliniques privées sont répartis sur tout le terri-toire. Il y a un déséquilibre entre les lits hospitaliersaigus qui sont trop nombreux et les lits de soins desuite, insuffisants. Cette situation est au centre dudébat politique et public, néanmoins l’état n’a pasencore réussi à gérer ce décalage considérable. Deplus en plus, on voit se créer des cliniques chirurgi-cales de jour qui prennent en charge des interven-tions chirurgicales mineures.Tous les établissements hospitaliers, les établissementssocio - médicaux sont soumis, tous les 4 ans, à l’accré-ditation dont les manuels sont adaptés à chaque typed’activité proposé.

TCHÉQUIE

TCHÉQUIEIvana ARNAUDEAU-NOVAKOVA,Diplôme d’infirmière,diplôme d’infirmière spécialisée en psychiatrie et master 2 en sciences infirmières en Tchéquie,Diplôme d’infirmière et Diplôme inter universitaire en hygiène hospitalière et infections nosocomiales en France.Infirmière hygiéniste, hôpital Corentin Celton AP-HP

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L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Généralités

La politique de santé qui concerne les IDE s’est foca-lisée depuis les années 90 sur la réforme des étudeset la reconsidération du statut des IDE.Néanmoins, lespremiers bilans ont mis en évidence que le nombredes nouveaux diplômés actifs a diminué depuis la miseen place des études universitaires en sciences infir-miers. En effet, les nouveaux diplômés désirent pour-suivre les études pour valoriser leur statut une fois surle terrain (différence de salaire,autonomie dans la pra-tique clinique...) et un nombre non négligeable d’infir-mières tchèques est partie travailler à l’étranger essen-tiellement en Allemagne et en Autriche.

L’exercice professionnel

La loi 96/2004 Sb. et le décret n°424/2004 précisentles conditions de l’exercice des professionnels para-médicaux en Tchéquie et c’est le ministère de la santéqui délivre l’autorisation de l’exercice:1) Professionnels paramédicaux diplômés autorisés à

pratiquer la profession sans supervision spécifique-professionnels « enregistrés ». Ces infirmières ontde l’autonomie dans leur activité professionnelle etpeuvent enseigner les soins infirmiers –travaux pra-tiques et encadrer les étudiants.

2) Professionnels paramédicaux diplômés autorisés àpratiquer la profession avec une supervision spéci-fique-professionnels « non enregistrés »

L’autorisation d’exercer est délivrée pour une duréede 4 à 6 ans (selon le nombre d’années d’activité) etdurant cette période les infirmières doivent suivre leprogramme de la formation continue pour obtenir unminimum de 40 crédits par période de 6 ans. Leconcept de la formation continue comporte 3 étapes:1ère étape – modules de base2ème étape – modules professionnels3ème étape – modules spécifiques

Il y a environs 78000 d’infirmières recensées. Mais,comme dans de nombreux pays du monde, laRépublique Tchèque manque cruellement d’infirmièresdans tous les secteurs, surtout dans les services desoins spécialisés (pédiatrie, réanimation…).

Les infirmières exercent dans différents services cli-niques hospitaliers (publics, privés), dans les cabinetsen ville, dans les établissements pour personnes han-dicapées, maisons de retraite…Le code éthique et déontologique des infirmier(e)s aété révisé en 2000 et continue à évoluer ainsi que ledécret des compétences et de l’exercice professionnel.

Le cursus de formation

Formation initialeInstitut supérieur de formation spécialisé en soins infir-miers: 3,5 ans après avoir obtenu le baccalauréat. Lesétudes se terminent avec un examen final oral et pra-tique et la rédaction et soutenance d’un travail écritde fin d’études.

Université:Faculté des Sciences Infirmières,Faculté desSciences Sociales et de la Santé,Les 3 années d’étudesse terminent avec un examen d’état, la présentationd’une thèse, niveau Master1.

Formation post basiqueMaster 2: Les étudiants universitaires peuvent conti-nuer 2 années d’études à la faculté. Selon les universi-tés, ils peuvent choisir différentes spécialisations (pédia-trie, gérontologie, soins des pathologies chroniques,management…).Doctorat:Depuis quelques années déjà certaines uni-versités donnent la possibilité d’obtenir un doctoraten sciences infirmières après 3 ans études supplémen-taires qui se font sur la guidance d’un professeur, endiscontinu.Les doctorants mènent la recherche sur unthème choisi avec le professeur-tuteur.Pour les étudiants qui souhaitent continuer leurs étudesaprès l’institut supérieur de formation en soins infir-miers, un programme adapté est proposé afin de leurpermettre d’obtenir les Master 1,Master 2 et doctorat.

SpécialisationsLes infirmières disposent de formations spécialiséesselon le secteur où elles exercent afin d’approfondirleur compétences spécifiques:• IDE en soins intensifs• IDE en soins péri opératoires• IDE en pédiatrie• IDE en santé communautaire• IDE en soins cliniques spécifiques• IDE en radiologie et radiothérapie• IDE en médecine nucléaire• IDE de santé au travail• IDE de l’établissement de sang et de transfusion…

Sage femme• En soins péri opératoires• En soins intensifs• En néonatalogie• CommunautaireIDE assistante dentaire exerce dans un cabinet avec undentisteIDE hygiéniste dentaire - spécialisé en hygiène bucco-dentaire

Formation continueLa formation continue des infirmières est obligatoire,basée sur un système de crédits. Elle est indispensable

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pour l’inscription sur le registre qui autorise l’exerciceautonome. La formation continue s’effectue dans lesuniversités et dans les instituts de formation.La formee-Learning est de plus en plus développée et utiliséepar les professionnels.Toutes les formations continuescorrespondent à un nombre de crédits.

La loi et les décrets définissent la durée minimum de36 mois de formation continue pour obtenir une spé-cialisation dont 12 mois d’exercice dans la spécialitécorrespondante.L’inscription pour la formation de spé-cialisation peut être effectué par les infirmières avec 3ans d’exercice et après avoir obtenu l’accord de leurresponsable hiérarchique.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche en soins infirmiers est réalisée, la plupartdu temps,dans les universités par les étudiants en mas-ter et doctorat, en collaboration avec les profession-nels du terrain (infirmières spécialisés avec niveau mas-ter1 ou master2, médecins, assistantes sociales,kinésithérapeutes…).Les infirmières ayant obtenu un master 2 et/ou undoctorat restent, la plupart du temps, dans l’ensei-gnement et la recherche, dans les instituts de forma-tion et dans les universités. Elles occupent égalementdes postes de « manageur » dans les établissementsde santé, ce qui leur permet de poursuivre des acti-vités de recherche en sciences infirmières. Les nom-breuses possibilités de formations universitaires sonttrès motivantes pour les infirmières. Ce phénomènea des répercussions dans les services de soins, parun manque important de soignants auprès despatients.A ce jour, les chercheurs en soins infirmiers occupentles postes de professeurs universitaires, il n’existe pasde statut particulier d’infirmière-chercheur dans lesétablissements de santé.La recherche en soins infirmiers en Tchéquie se basesur le modèle théorique complémento-supplémentairede V. Henderson, sur le modèle environnementale deF. Nightingale et sur le modèle de l’auto-soin de D.Orem.Les chercheurs sont activement impliqués dans la miseen place des pratiques basées sur les preuves (EvidenceBased Practice). Ils essayent de les promouvoir sur leterrain en initiant des travaux de recherche appliquéeet des formations sur le principe (faire comprendre ladimension et l’utilité).Certains résultats de recherchesont traduits en langue tchèque et mis à la dispositiondes professionnels dans les revues électroniques,maisla langue anglaise devient indispensable pour les infir-mières tchèques.

Financement des recherchesLa recherche est financée par l’état (ministère de lasanté, de l’éducation…), par les fonds pour larecherche, les sociétés privées, les laboratoires…

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes abordés ces dernières années sont influen-cés par les problèmes de santé publique d’une part etde la qualité de la prise en charge spécifique des patho-logies chroniques d’autre part.Ils existent aussi de nombreux travaux de recherchequi s’inspirent de l’amélioration de la communicationprofessionnelle,de l’éducation thérapeutique,de la qua-lité des soins et des liens de causalité entre des actionsdans le soin et l’impact sur la personne soignée.Le choix des thèmes,pour la majorité des chercheurs,relève de leur motivation personnelle, en regard desbesoins réels des services de soins. Parfois, c’est unehaute autorité sanitaire qui en est l’initiateur. Lesrecherches sont tissées par la coopération avec leséquipes pluridisciplinaires (médecins,assistants sociaux,kinésithérapeutes…).

Les méthodologies utilisées en République Tchèquepar les chercheurs sont la recherche clinique,descrip-tive et de plus en plus la recherche – action.Les scien-tifiques de soins infirmiers appliquent les méthodesquantitatives et les études cliniques randomisées quisemblent être les plus employées. Les méta-analysesfont l’objet de recherches universitaires.Ces cinq dernières années nous pouvons retrouverune richesse des travaux de recherche qui s’intéres-sent aux problèmes de la santé communautaire, deprises en charges spécifiques des maladies invalidantestout en appliquant les concepts des sciences humaines.

Publication des recherchesLes résultats des travaux de recherche sont diffuséspar le biais des publications universitaires, dans lesrevues professionnelles (en langue tchèque avec lesrésumés en anglais ou entièrement en anglais) et ilssont présentés régulièrement lors des congrès natio-naux ou internationaux.

RÉINVESTISSEMENT DE LA RECHERCHE

Toutes les infirmières doivent respecter les « stan-dards » de soins validés par chaque établissement de santé. Les infirmières participent à la recherche, à

TCHÉQUIE

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010104

l’application des résultats dans la prise en charge despersonnes soignées, à l’éducation de la population.Il y a aujourd’hui des infirmières qui portent un inté-rêt particulier à la recherche et qui mènent desréflexions autour de la recherche avec les infirmières- docteurs en soins qui occupent souvent des postesde manageur. Bien souvent, ces personnes assurent le« feed-back » de la recherche en soins infirmiers dansles services de soins et servent de « moteur » pourles études scientifiques. Néanmoins la Tchéquie ren-contre des difficultés similaires à celles de la France:manque de personnel, salaire peu motivant, etc…quifreinent l’application des résultats de la recherchescientifique.En République Tchèque les infirmières ont des possi-bilités importantes d’étudier, de participer à larecherche,mais il reste à constater que les chercheurs

en soins infirmiers représentent une certaine « élite »de la profession qui a encore du mal à faire comprendreles liens entre l’exercice pratique de la profession et larecherche.

CONCLUSION

Le travail des infirmières est orienté vers l’assistanceaux individus, aux familles, à la communauté et sonobjectif est de récupérer et/ou maintenir l’état desanté. La profession d’infirmier(e) est définie commeune science qui a pour objectif de promouvoir la qua-lité de la vie, selon les expériences de chaque individu,dés la naissance jusqu’à la fin de la vie.

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PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays. La République Tunisienne est un pays duMaghreb.Le régime politique est présidentiel, consa-crant le principe du pluralisme politique. Le pays aune superficie de162.155 km2 dont 40 % occupé parle désert du Sahara. Il est découpé administrative-ment en 24 Gouvernorats et conseils régionaux dedéveloppement. La population totale (8 novembre2008) est 10327800, très inégalement répartie surle territoire.Les 13 Gouvernorats côtiers comptent140 habitants/km2 alors que la moyenne du pays estde 65 habitants au km2.La religion du pays est majo-ritairement l’Islam avec des minorités Chrétienne etJuive. Les langues officielles sont: l’arabe, le françaislargement utilisé, l’anglais et l’italien.

• Le système de santé. La Mission Fondamentaledu ministère de la santé publique est de veiller sur lasanté de la population dans le but de permettre ledéveloppement harmonieux de ses facultés physiqueset mentales et de son adaptation au milieu naturel età l’environnement social du pays, par la lutte contreles causes de détérioration du bien-être physique oumental qui peut l’affecter individuellement ou collec-tivement. La loi du 29 juillet 1991 relative à l’organi-sation sanitaire énonce que «Toute personne à droità la santé dans les meilleures conditions possibles. »Les soins relèvent en grande partie du secteur public,ils sont répartis en 3 niveaux:- Le premier niveau, au plus prés des populations,

comprend prés de 2000 centres de soins et plusd’une centaine d’hôpitaux de circonscription.

- Le deuxième niveau comprend une trentaine d’hô-pitaux régionaux qui se situent au niveau des gou-vernorats.

- Le troisième niveau comprend les hôpitaux univer-sitaires, à haut niveau médical et technologique.

- Il existe un secteur privé.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Cursus de formation

La formation de base des infirmières est devenue uni-versitaire depuis l’année universitaire 2006/2007 et sefait sous la cotutelle du Ministère de l’enseignement

supérieur,de la recherche scientifique et de la techno-logie et du ministère de la santé publique.Les conditions d’admission dans les instituts supérieursdes sciences infirmières: après avoir obtenu un bacca-lauréat (en sciences, maths ou lettres à conditiond’avoir les sciences naturelles comme matière d’op-tion aussi avoir la moyenne en langue française et enéducation physique), les étudiants seront orientés versles instituts des sciences infirmières où ils doivent pas-ser un concours (psychotechnique) pour être déclaréadmis.C’est une formation universitaire qui se fait sous le cur-sus LMD (semblable au cursus Européen) et conformeaux directives de l’OMS.Actuellement il n’y a que lalicence appliquée en sciences infirmières. On trouved’autres formations universitaires pour les infirmiersen pédiatrie,urgence etc… et des techniciens de santé.

La formation post basique ou formation continue pro-motionnelle. Elle se fait sous la tutelle du « Centre deRecherche et de Formation Pédagogique » soit pouraccéder au grade d’infirmier principal (infirmier cadre)et ensuite le grade d’infirmier major ou pour obtenirle diplôme de professeur d’enseignement paramédical(formateur dans les écoles et les instituts des sciencesinfirmières) c’est un diplôme de second cycle.

Exercice professionnel

L’ensemble des soins infirmiers et les compétences del’infirmier sont définis selon le programme de forma-tion délimité dans le journal officiel Tunisien.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

Les recherches se font, généralement,dans les établis-sements de santé ou sur terrain en contact direct avecles citoyens, mais elles sont aussi réalisées en univer-sités,ou encore en laboratoires.Elles peuvent être plu-ridisciplinaires. Elles se font:- sous forme de mémoire de fin d’études pour les étu-

diants infirmiers,- sous forme de travail de recherche pour les infirmiers

principaux,- sous forme de travail de fin d’études pour les pro-

fesseurs d’enseignement paramédical.

TUNISIE

TUNISIEAzzouz CHEDLY,Professeur d’enseignement paramédical à l’institut supérieur des sciences infirmières à Gabes

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Les étudiants financent leur recherche pour les tra-vaux de fin d’études.Pour les professionnels, c’est sur-tout l’état qui finance les recherches.Aucun infirmier n’occupe de poste de chercheur.

THÈMES, NATURE ETMÉTHODES DE RECHERCHE

Les thèmes sont laissés au choix du chercheur aprèsvalidation de la part du conseil scientifique universi-taire ou institutionnel. Mais, les moyens disponibles, lapolitique de santé, la faisabilité, et les besoins influentindirectement sur le choix. Les plus fréquents portentsur l’évaluation de la qualité des soins, l’éducation despatients et la santé publique.

Le modèle conceptuel de Virginia Henderson estpresque le seul modèle enseigné et utilisé.Les méthodes les plus utilisées sont les méthodes des-criptives qualitatives ou quantitatives.La recherche appliquée est la plus courante.Les recherches ne sont diffusées que sur le plan régio-nal ou/et national et rarement international (exemplele congrès de la SIDIIEF à Marrakech – Maroc en 2009).

RÉINVESTISSEMENT DE LARECHERCHE

Le concept EBN est nouveau en Tunisie, il n’est pasencore mis en route. Sur le plan pratique, l’EQSI estcouramment aborder dans la recherche, mais elle netouche généralement que le processus de soins et nonpas les ressources ni les résultats.Le passage de la diffusion à la mise en exécution derésultats reste limité (exemple: Les recommandationsdonnées après une évaluation,pour remédier aux situa-tions de soins problématiques, sont rarement suiviesd’effets).

CONCLUSION

Les champs d’activités de la discipline infirmière (pra-tique, gestion, formation et recherche) forment uneunité indissociable en complémentarité. Les interac-tions étroites existent entre la pratique et la recherche.La discipline infirmière est une discipline profession-nelle,ce qui justifie l’importance de la pratique commedomaine de recherche et la recherche comme moyend’évaluation et d’évolution pour la pratique.

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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 100 - MARS 2010 107

PRÉSENTATION DU PAYS

• Le pays fait parti des pays d’Asie du sud est. Il estentouré par le Laos, le Cambodge, la Chine au nordet la mer de Chine. Il a la forme d’un S étiré dont lesextrémités sont distantes de 1600 kilomètres. Ilcouvre 331000 km2.C’est une république socialiste.Le pays compte 84 millions d’habitants avec unemajorité de population jeune. Le pays a doublé sapopulation en 32 ans.Cette situation est due au reculde la mortalité infantile grâce à une meilleure cou-verture sanitaire, à l’accroissement du taux de nata-lité,et à la récente stabilité politique du pays.La popu-lation est formée d’une mosaïque d’ethnies dont laplus importante, l’ethnie Viet qui représente 86 % dela population, vit dans les zones urbaines et dans ledelta du fleuve Rouge et du Mékong. Les 53 ethniesminoritaires vivent dans les régions montagneusesprincipalement au nord du pays.L’espérance de vie est en moyenne de 68 ans.

• Le système de santé a beaucoup évolué depuis20 ans. Jusque vers 1980 l’accès aux soins était gra-tuit pour les vietnamiens. L’état finançait un vasteréseau de soins curatifs et préventifs pour l’ensemblede la population jusque dans les villages les plus iso-lés. Depuis 1980, avec les difficultés économiques etpolitiques rencontrées par le pays, on assiste à undéplacement progressif des dépenses de santé del’état vers les familles, ce qui représenterait à ce jour80 % des dépenses de santé à la charge des familles.Depuis 1989, l’état autorise l’exercice privé de lamédecine.Cette situation a creusé un fossé importantentre une médecine performante avec des hôpitauxtechniquement bien équipés réservée aux popula-tions aisées,et des soins de plus en plus difficiles d’ac-cès pour les populations pauvres.Actuellement, l’étatessaie de rétablir un équilibre et de créer un dispo-sitif de soins reposant sur différents systèmes d’as-surance santé et l’ambition d’avoir dans les années àvenir une couverture universelle pour tous.De nombreuses ONG interviennent au Vietnam enparticulier dans les zones rurales où les populationssont victimes de malnutrition et de maladies infec-tieuses et virales: dengue, encéphalite, grippe aviaire,SRAS,VIH. Les ONG,avec les programmes de nutri-

tion, de vaccination et les soins qu’elles apportent àla population, compensent depuis de nombreusesannées, le désengagement de l’état.

L’ORGANISATION DES SOINSINFIRMIERS

Le cursus de formation

Le recrutement des étudiantes infirmières se fait après7 années d’études secondaires.

La formation de baseIl y a 3 niveaux de formation pour les infirmières viet-namiennes:- Une formation en 1 an qui correspond à la forma-

tion des aides soignantes françaises,- Une formation en 2 ans, Ces infirmières sont habili-

tées à donner des médicaments,- Une formation en 3 ans qui forment des infirmières RN,(Registered Nurse:équivalent diplôme d’état en France)qui peuvent travailler dans tous les domaines des soins.

La formation post basiqueDepuis peu, les infirmières peuvent se former à l’uni-versité en 4 ans. Il n’y a pas de cursus de master etdoctorat en sciences Infirmières.Au Vietnam, les infir-mières détentrices de cette formation ont été se for-mer dans d’autres pays, principalement au Canada eten Australie.Par ailleurs, les infirmières peuvent égale-ment suivre des formations en sciences humaines àl’Université des sciences sociales et humaines deHanoi.Des partenariats avec la France se développentconcernant,notamment, la promotion de la rechercheen sciences et technologies (2007),dont les infirmièresà terme pourraient être aussi bénéficiaires.

L’exercice infirmier

La fonction infirmière est difficile au Vietnam.Les infir-mières ont peu d’autonomie et sont encore sous latutelle des médecins.Le manque de matériel techniqueentrave l’exercice infirmier. Depuis quelques années,

VIETNAM

VIETNAMNguyen BICH LUUInfirmière RN (diplômée d’état),MPHM (master 2 en santé publique),Vice-présidente de l’Association des Infirmièresdu Vietnam

Interview réalisé par Anne-Mairie Mottaz lors du congrès du CII à Durban en juin 2009

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les infirmières se sont regroupées en association, sou-tenues par l’Association des Infirmières Canadiennesqui les aide dans leurs travaux.Cette jeune Associationdes Infirmières du Vietnam (VNA :Vietnam NursesAssociation) a établi en 2009 un cadre de réglementa-tion de la profession infirmière pour le présenter augouvernement et aux autres acteurs de santé.

Les ambitions de la VNA sont:- de travailler à la reconnaissance de la profession infir-

mière qui à ce jour est sous valorisée et sous payée,- de développer un cursus de formation qui se rap-

proche de ceux recommandés pat le CII : formationuniversitaire en 3 ans pour toutes les infirmières après7 ans de formation en collège et lycée,

- renforcer la présence des infirmières dans les structuresde soins,surtout en santé publique et en zones rurales,

- développer des partenariats et des collaborationsavec d’autres pays.

Les infirmières vietnamiennes reçoivent beaucoup de col-lègues étrangères car de nombreux établissements hos-pitaliers et autres structures publiques (pouponnières,orphelinats,dispensaires…) sont jumelées avec des éta-blissements étrangers en particulier avec le Canada, laFrance et l’Australie.Exemple,le CHU de Limoges orga-nise régulièrement des missions au Vietnam pour formerdes chirurgiens,des cadres de santé et assurer la forma-tion continue des infirmières dans le domaine de l’hy-giène,de la douleur ou des soins techniques.Des infirmières enseignantes françaises ont égalementaidé des écoles d’infirmières vietnamiennes à appro-fondir et compléter leur programme de formation.

LA RECHERCHE EN SCIENCESINFIRMIÈRES

La recherche est peu développée.Seules les infirmièresayant 4 ans de formation ou des diplômes de masteret doctorat, réalisent des recherches. Elles occupentdes postes à responsabilité: formateurs en école d’in-firmières, en universités… Les recherches se font leplus souvent en collaboration avec des médecins.

Les thèmes le plus souvent traités concernent la sécu-rité des soins (contrôle des infections.), la satisfactiondes patients, et la qualité des soins.

Toutes les méthodologies de recherche sont utilisées:recherches fondamentales, recherches descriptivesquantitatives ou qualitatives, recherches appliquées.Les recherches sont diffusées par des journaux infir-miers australiens. Les infirmières universitaires vietna-miennes entretiennent des liens privilégiés et se for-ment le plus souvent dans les universités australiennesqui leur accordent des bourses d’études.

CONCLUSION

L’exercice infirmier est difficile au Vietnam,mais les infir-mières font preuve de courage et de ténacité.Elles ontla sagesse de se faire aider et de bénéficier ainsi de l’ex-périence des collègues des autres pays.

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