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Mars 1942 1 – La guerre en Méditerranée Tragédie en Mer Egée, morsures de Renard dans le Péloponnèse 1 er mars Opération Avenger/Vengeur L’aviation alliée lance à partir de Malte et de la région de Tunis des raids visant à désorganiser les forces aériennes de l’Axe opérant en Sicile et en Calabre. En 312 missions offensives (dont 48 “Mandragore” par des NA-73), 27 avions ennemis sont détruits (15 en vol et 12 au sol ou l’atterrissage) au prix de 21 avions alliés (dont quatre par la flak). Considérant qu’il a attiré l’attention de l’Axe autant qu’il pouvait le souhaiter et qu’il a retenu à l’ouest de l’Italie toutes les forces ennemies qu’il pouvait espérer, l’amiral Duplat ordonne à ses forces de rentrer à Oran. Pendant ce temps, l’amiral Cunningham quitte son QG d’Alexandrie pour Alger, où il participe dans la soirée à une conférence avec l’état-major naval français. A la lumière du succès de Crusader/Croisade, il demande le lancement de l’opération “Jaguar”, nécessaire pour simplifier la traversée de la Méditerranée et accélérer l’envoi des renforts en Extrême- Orient. Opération Crusader/Croisade Front est – Au deuxième jour de Crusader/Croisade, les combats dans la zone Priam sont encore violents autour de Gythion, que les Britanniques ne contrôlent toujours pas en fin de journée, car les défenseurs italiens se battent avec énergie et efficacité. La 3 e Brigade de Montagne grecque parvient à pénétrer dans la ville, mais ne peut progresser beaucoup avant la tombée de la nuit malgré des combats de rues acharnés, souvent au corps à corps. Des unités indiennes soutenues par la 3 e Armoured Brigade avancent vers le nord, après avoir pris le contrôle de terrain de Molai. Au crépuscule, cependant, les M3 Stuart du 8 e King’s Royal Irish Hussars rencontrent une forte colonne italienne, composée de 17 chars M13/40 et de six Semovente M41 (antichars automoteurs de 75/18) soutenus par des éléments d’infanterie motorisée du 12 e Bersaglieri rappelés en hâte de Corinthe, où ils venaient à peine d’arriver. Malgré la lumière qui baisse, une bataille confuse mais féroce se développe. A la nuit faite, les Anglais ont perdu treize de leurs petits blindés et les Italiens sept M13/40 et deux Semovente. Le commandant du XIII e Corps, le général Godwin-Austen, ordonne au 1 er King’s Royal Rifle Corps et au 3 e RHA, qui ont débarqué dans la journée, d’avancer pour reprendre l’attaque le jour suivant. La zone Priam est la cible de la première réaction aérienne importante de l’Axe quand, à 09h10, 18 bombardiers moyens Fiat BR.20 du 7° Gruppo escortés par 27 Macchi MC. 200 du 2° Stormo CT tentent d’attaquer les transports qui continuent à débarquer hommes et matériel sur Priam-IV et V. Ce raid, détecté par le radar type-279 du CLAA Cairo, est intercepté par les Hurricane II du 243 e Wing de la RAF, qui abattent sept bombardiers bimoteurs et six chasseurs, au prix de cinq Hurricane. Nouveau raid à 10h25 : six Ba.88 de la 100 e escadrille indépendante d’attaque au sol, escortés par douze Fiat CR.42 biplans du 3° Gruppo Autonomo CT (Lt-colonel Innocenzo Monti) attaquent la plage Priam-V. Volant très bas, ces avions passent à travers les mailles du filet de détection : un LCI et un LCT sont gravement endommagés par leurs bombes, tandis qu’un Breda et un Fiat sont abattus par la DCA. Mais sur le chemin du retour, les avions italiens sont rattrapés par huit Hurricane II du Sqn 1 de la SAAF, qui descendent quatre Fiat (dont celui du commandant du Gruppo, qui peut toutefois sauter en parachute) et deux Breda, en ne perdant qu’un seul Hurricane.

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Mars 19421 – La guerre en MéditerranéeTragédie en Mer Egée, morsures de Renard dans le Péloponnèse

1 er mars Opération Avenger/VengeurL’aviation alliée lance à partir de Malte et de la région de Tunis des raids visant àdésorganiser les forces aériennes de l’Axe opérant en Sicile et en Calabre. En 312 missionsoffensives (dont 48 “Mandragore” par des NA-73), 27 avions ennemis sont détruits (15 en volet 12 au sol ou l’atterrissage) au prix de 21 avions alliés (dont quatre par la flak).Considérant qu’il a attiré l’attention de l’Axe autant qu’il pouvait le souhaiter et qu’il a retenuà l’ouest de l’Italie toutes les forces ennemies qu’il pouvait espérer, l’amiral Duplat ordonne àses forces de rentrer à Oran.Pendant ce temps, l’amiral Cunningham quitte son QG d’Alexandrie pour Alger, où ilparticipe dans la soirée à une conférence avec l’état-major naval français. A la lumière dusuccès de Crusader/Croisade, il demande le lancement de l’opération “Jaguar”, nécessairepour simplifier la traversée de la Méditerranée et accélérer l’envoi des renforts en Extrême-Orient.

Opération Crusader/CroisadeFront est – Au deuxième jour de Crusader/Croisade, les combats dans la zone Priam sontencore violents autour de Gythion, que les Britanniques ne contrôlent toujours pas en fin dejournée, car les défenseurs italiens se battent avec énergie et efficacité. La 3e Brigade deMontagne grecque parvient à pénétrer dans la ville, mais ne peut progresser beaucoup avant latombée de la nuit malgré des combats de rues acharnés, souvent au corps à corps.Des unités indiennes soutenues par la 3e Armoured Brigade avancent vers le nord, après avoirpris le contrôle de terrain de Molai. Au crépuscule, cependant, les M3 Stuart du 8e King’sRoyal Irish Hussars rencontrent une forte colonne italienne, composée de 17 chars M13/40 etde six Semovente M41 (antichars automoteurs de 75/18) soutenus par des élémentsd’infanterie motorisée du 12e Bersaglieri rappelés en hâte de Corinthe, où ils venaient à peined’arriver. Malgré la lumière qui baisse, une bataille confuse mais féroce se développe. A lanuit faite, les Anglais ont perdu treize de leurs petits blindés et les Italiens sept M13/40 etdeux Semovente. Le commandant du XIIIe Corps, le général Godwin-Austen, ordonne au 1er

King’s Royal Rifle Corps et au 3e RHA, qui ont débarqué dans la journée, d’avancer pourreprendre l’attaque le jour suivant.La zone Priam est la cible de la première réaction aérienne importante de l’Axe quand, à09h10, 18 bombardiers moyens Fiat BR.20 du 7° Gruppo escortés par 27 Macchi MC. 200 du2° Stormo CT tentent d’attaquer les transports qui continuent à débarquer hommes et matérielsur Priam-IV et V. Ce raid, détecté par le radar type-279 du CLAA Cairo, est intercepté parles Hurricane II du 243e Wing de la RAF, qui abattent sept bombardiers bimoteurs et sixchasseurs, au prix de cinq Hurricane.Nouveau raid à 10h25 : six Ba.88 de la 100e escadrille indépendante d’attaque au sol, escortéspar douze Fiat CR.42 biplans du 3° Gruppo Autonomo CT (Lt-colonel Innocenzo Monti)attaquent la plage Priam-V. Volant très bas, ces avions passent à travers les mailles du filet dedétection : un LCI et un LCT sont gravement endommagés par leurs bombes, tandis qu’unBreda et un Fiat sont abattus par la DCA. Mais sur le chemin du retour, les avions italienssont rattrapés par huit Hurricane II du Sqn 1 de la SAAF, qui descendent quatre Fiat (dontcelui du commandant du Gruppo, qui peut toutefois sauter en parachute) et deux Breda, en neperdant qu’un seul Hurricane.

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………Front centre – Peu après midi, c’est au tour de la zone Troyen d’être attaquée, par laLuftwaffe cette fois. Vingt-huit Ju 87 des I et II/StG 3, escortés par 24 Bf 109 du JG 27,attaquent les navires opérant dans la zone de débarquement du 1er C.A. français. Dès ladétection du raid, les huit F4F-3 de la CAP du Bois-Belleau sont envoyés l’intercepter, maisils sont débordés. Au-dessus de la tête de pont, le raid se heurte à 16 Hawk-87 (P-40E) desGC I/7 et III/7. Au total, les chasseurs français et la DCA détruisent neuf Ju 87 et huit Bf 109au prix de quatre F4F-3 et sept Hawk-87. Les bombardiers en piqué coulent un caboteur grecet endommagent gravement deux transports français ; le torpilleur L’Alcyon, frôlé par deuxbombes, échappe de justesse à de graves dommages.Au sol, le 1er C.A. se heurte à une opposition moins rude. En fin de journée, Kalamata estcontrôlée et les troupes françaises élargissent leur tête de pont vers Tripolis, au nord, maisaussi vers Sparte, à l’est, grâce à une petite route de montagne. Les brigades Carpentier etDody, de la 9e Division Coloniale, suivent cette route, dans la foulée des Tabors du 1er GTMdu colonel Leblanc. Ces derniers rattrapent et capturent un petit groupe d’Italiens qui ont puse glisser hors de Kalamata avant sa chute : figure au nombre des prisonniers le généralAmico, commandant de la 32e D.I.M. Marche, désormais réduite à peu de chose. De leur côté,des éléments de la 1ère D.B. et de la 83e DIA avancent vers Tripolis.………Front ouest – La percée la plus importante se situe à l’ouest. Au centre, des éléments de la3e Brigade Mobile de la Légion (général Jouffrault), après avoir balayé de faibles tentatives dedéfense, foncent vers l’est sur la route de Tripolis. Au sud de la tête de pont, soutenues par labrigade du général de Hauteclocque, deux brigades de la 1ère D.I. yougoslave entrent dans lamatinée à Kalo Nevo et commencent à s’avancer vers l’est, sur la route qui rejoint celle deKalamata à Tripolis. Au nord, la 10e D.I. du général Magnien a atteint Pyrgos, dont la petitegarnison italienne est bientôt forcée de battre en retraite. La 53e D.I. italienne Arezzo tentebien de lui envoyer des renforts, mais sur les petites routes grecques, les colonnes, privées detoute DCA digne de ce nom en dehors d’une poignée de canons de 20 mm Scotti, sontattaquées toute la journée par les Fulmar et les Swordfish des Furious et Illustrious, puis pardes bombardiers légers français et britanniques DB-73/Boston III, qui leur infligent de lourdespertes.………Une autre importante bataille est livrée dans la journée, mais encore plus à l’ouest, au-dessusde la Mer Ionienne. Le QG du Xe FliegerKorps, en Italie du Sud, a prévu plusieurs vaguesd’attaque contre la flotte alliée. La première, composée de 27 Ju 88 des I/LG 1 et II/LG 1escortés par 36 Bf 109F du JG 77, décolle dès 05h45. Ce raid rencontre d’abord 20 F4F-3a(Martlet II), opérant comme “CAP lointaine” sous la direction du HMS Charybdis, puis 12Sea-Hurricane II, opérant comme “CAP rapprochée” en raison de l’endurance limitée duchasseur Hawker.Une fois de plus, les FDO (officiers de direction de la chasse) de la Royal Navy montrent leurgrand savoir-faire, plaçant les intercepteurs dans une position idéale. Quant aux pilotes de laFAA et de l’Aéronavale, qui ont de vieux comptes à régler avec le Xe FliegerKorps, ils fontpreuve d’un allant tout particulier (et dans les rangs anglais, le Lieutenant (de vaisseau) Pottera hâte de montrer qu’il peut faire aussi bien en Méditerranée qu’en Extrême-Orient). Resteque les rapides Ju 88 sont une cible difficile, et que leurs pilotes sont obstinés. La destructionde onze bombardiers et de sept de leurs escorteurs, au prix de six Martlet et trois Sea-Hurricane, n’empêche pas dix Ju 88 de réussir à attaquer les navires de l’écran. Le CLBirmingham est frappé par deux bombes, dont l’une touche l’arrière de la superstructure etl’autre détruit la tourelle X ; ses machines sont endommagées par une troisième bombe, quiexplose tout près du croiseur, à bâbord arrière. Les CL Kenya et Sheffield sont eux aussi

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brutalement secoués, mais restent dans la formation, ce que ne peut faire le Birmingham.Après cette chaude alerte, le LV Danny Potter compte deux victoires de plus et commentepour ses équipiers (avec peut-être un brin de snobisme) : « Non, décidément, old chap, quandon   a   eu   affaire   aux   vagues   d’assaut   des   Japs,   les   Boches   ne   paraissent   plus   aussiimpressionnants… »La force du contre-amiral Rawlings se prépare néanmoins pour la deuxième vague, qui tarde àvenir, à la surprise (heureuse) de chacun. En fait, celle-ci a été annulée, car le Xe FliegerKorpsdoit immédiatement exécuter les instructions qu’il vient de recevoir de Berlin : le Führerl’envoie en Grèce du Nord pour participer à la reprise de Limnos.Par ailleurs, Rawlings et ses hommes l’ignorent encore, mais les raids de l’opérationAvenger/Vengeur sur la Sicile et l’Italie du Sud ont sérieusement entamé les capacitésoffensives de l’Axe vers la Mer Ionienne.Ce n’est donc qu’à 13h40 que les attaques reprennent, cette fois avec une formation de douzeCANT Z.1007b Alcione du 96° Gruppo Bombardamento, escortée par douze Macchi MC.200du 54° Stormo CT, et qui tente un bombardement à moyenne altitude. Ce raid italien estassailli par douze Martlet II, bientôt rejoints par quatre Hurricane II, qui abattent neufbombardiers et cinq chasseurs, obligeant les bombardiers survivants à lâcher leurs bombes aupetit bonheur, le tout au prix de la destruction de trois Martlet et deux Hurricane. Lecommandant du groupe aérien de l’Illustrious n’a pas envoyé le LV Potter au combat, auprétexte qu’après les Japs, les Italiens le décevraient trop.Il faut attendre 16h40 pour la troisième attaque. Cette fois, ce sont 18 bombardiers torpilleursSM.79, appartenant à un Groupement tactique provisoire dont le noyau est fourni par le 132°Gruppo Aerosiluranti, qui attaquent avec un courage suicidaire, sans escorte. Quatorze se fontmassacrer par les chasseurs embarqués, opérant jusque sous les canons AA de la flotte, maiscinq réussissent malgré tout à attaquer le HMS Birmingham, déjà endommagé. Le pauvrecroiseur prend une torpille au niveau de la chaufferie avant et doit ralentir à 10, puis à 6nœuds. Danny Potter, qui a été autorisé à prendre part à la fête, inscrit un quatorzième avion àson tableau.………Du côté de l’AxeTripolis – Ayant pu joindre par téléphone son supérieur, Carlo Geloso, le général Messe s’estefforcé de le convaincre de renforcer sans tarder son XXXVe Corps déjà bien malmené.Sentant son interlocuteur hésitant (il nous faut l’aval des Allemands, dit en substance Geloso),Messe va tenter de forcer la décision : il part de nuit en avion pour Athènes.

Opération Dark King/Roi NoirLimnos – Les troupes françaises et grecques repoussent toute la journée les Italiens, dont lepérimètre défensif se rétrécit comme une peau de chagrin. En fin de journée, l’aérodrome estconsidéré prêt à accueillir des chasseurs alliés. Au crépuscule, l’escadre du contre-amiral Vianescorte un cargo qui vient de Mytilène apporter le matériel nécessaire, déchargé dans la nuit.Pendant ce temps, des Ju 88 du KG 77 lancent des attaques sporadiques, mais cesbombardements nocturnes sont imprécis.

2 marsOpération Avenger/VengeurDevant les résultats obtenus jusqu’alors, le général d’Astier de la Vigerie décide de suspendrela deuxième étape de l’opération Avenger/Vengeur. Ses avions ont retenu le plus possiblel’attention de l’Axe et les raids sur les aérodromes deviennent de plus en plus coûteux pour unrapport limité. Les avions alliés continuent simplement à harceler les terrains de l’Axe ainsi

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que la navigation côtière sur la côte sud de la Sicile et autour de Pantelleria et de Lampedusa,totalisant 153 missions dans la journée.L’opération “Jaguar” est discutée par le Conseil National de la Défense français.En fin de journée, l’escadre de l’amiral Duplat rentre dans le port d’Oran, où le croiseurSavannah, endommagé, occupe déjà l’un des trois docks flottants.

Opération Crusader/CroisadeFront est – Dès l’aube, les unités britanniques lancent une puissante attaque contre les unitésitaliennes qui leur barrent la route de Sparte. En dépit d’une considérable supériorité enartillerie, les troupes indiennes, maintenant appuyées par le 1er King’s Royal Rifle Corps et la3e Armoured Brigade, n’avancent qu’avec lenteur face à une défense très énergique. Plusd’une douzaine de chars Cruiser sont détruits en attaquant les positions défendues par lesblindés de la division Littorio. Néanmoins, vers midi, les troupes italiennes commencentlentement à se replier vers Sparte, sous de constantes attaques aériennes des Blenheim du 238e

Wing. A partir de 13h00, les Vultee Vengeance du GCCS IV/22 commencent à accabler lesItaliens en retraite, soutenus par les P-39D français et yougoslaves. Le mince blindage desM13/40 est très vulnérable au canon de 37 mm du P-39D et le Yougoslave Miha Ostric détruittrois chars à lui tout seul.Sur la côte, Gythion finit par tomber en fin de journée, après une nouvelle journée de combatsau corps à corps. Pour en finir, les soldats grecs reçoivent l’aide des chars Matilda II du 4e

Royal Tank Regiment (32e Armoured Brigade).Mais le soutien aérien n’est pas à sens unique. La Luftwaffe fait un gros effort dans la matinéepour tenter d’empêcher les opérations de débarquement du XIIIe Corps britannique. Elle lanceen deux vagues 36 Ju 88 et 27 Ju 87 escortés par 40 Bf 109, déclenchant l’une des principalesbatailles aériennes de Crusader/Croisade. Les avions allemands sont interceptés par lesHurricane et les Hawk-87 des 239e et 243e Wings de la RAF (et de la SAAF), aidés par lesHawk-87 français du II/7. Les chasseurs alliés abattent 11 Ju 88, 13 Ju 87 et 12 Bf 109,perdant eux-mêmes 14 Hurricane II et 17 Hawk-87/P-40E. Inévitablement, un certain nombrede bombardiers réussissent à passer, incendiant deux transports qu’il faut échouer. Le DE declasse Hunt II Kujawiak (polonais), frappé par deux bombes, chavire. Les corvettes ASM declasse Flower HMS Primula et Snapdragon sont elles aussi victimes des bombes allemandes.………Front centre – Le 1er Corps d’Armée français continue à avancer vers le nord-est. Alors queses éléments de tête atteignent les passes qui s’ouvrent dans un paysage de collines rocheusesvers la vallée de Sparte, la 9e Division Coloniale se heurte à une violente opposition, mais lesdéfenseurs sont repoussés en début d’après-midi. Sur la route Kalamata-Tripolis, les élémentsde la 1ère D.B. et de la 83e DIA progressent plus rapidement. Cependant, le mauvais état de laroute met à rude épreuve la logistique française et le commandant de la 1ère Brigade de la 1ère

D.B., le général Malaguti, décide de réorganiser ses forces en petits groupements constituéschacun autour de deux compagnies de Sav-41 (30 chars).………Front ouest – Sur la côte ionienne, le 2e Corps d’Armée fait de son mieux pour ne pas perdreson élan après la percée de la veille. Là aussi, le mauvais état de la route et les difficultésd’organisation logistique sont un plus gros obstacle que les défenses italiennes. Lecommandant du 2e C.A., le général Beynet, parcourt les plages en personne pour accélérer ledébarquement des hommes et du matériel. A Pyrgos, le général Magnien sonde les défensesitaliennes sur la route de Patras, pendant que la brigade “Leclerc” élimine les derniersdéfenseurs italiens à l’est de la ville et commence à progresser sur des axes secondaires pourcouper la retraite de la 53e division d’infanterie italienne.………

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Du côté de l’AxeAthènes – Au terme de discussions serrées avec le général Geloso seul, puis avec celui-ci etle général Crüwell, chef du Skandenberg Korps, Giovanni Messe obtient partiellementsatisfaction. Il va recevoir d’une part le 7e Régiment de Cavalerie Lancieri di Milano, cédé parle IIIe Corps du général Angelo Rossi ; d’autre part, la 14e Division d’infanterie Isonzo,prélevée sur le XVIIe Corps du général Pafundi et dont une partie se trouve déjà à Corinthe. Ils’agit dans le premier cas d’épauler la division d’infanterie Arezzo pour la défense de Patras ;dans le second cas, au mieux d’aller donner la main aux troupes qui défendent Tripolis, aupire de tenir solidement Corinthe. Mais l’engagement immédiat de la 131e Division BlindéeCentauro et de la 1ère Division Rapide (Celere) Eugenio di Savoia a été refusé. L’étude despremiers combats menés par la division blindée Littorio et la 3e Division Rapide Ducad’Aosta semble malheureusement montrer que, malgré le courage des hommes, les matérielsitaliens ne font pas le poids face aux blindés Alliés. Ces unités ne pourront guère êtreengagées avec quelque chance de succès qu’aux côtés du Skandenberg Korps. Or, même s’il aété mis en alerte, ce dernier n’a pas encore reçu d’ordres. C’est un Messe d’humeur maussadequi, dans la nuit, reprend l’avion pour Tripolis.

Opération Dark King/Roi NoirGrèce du nord et mer Egée – Sur Limnos, les combats se poursuivent, mais les défenseursitaliens se battent maintenant avec désespoir, ayant attendu en vain toute la nuit un convoi derenforts – car personne n’a pensé à les prévenir de l’annulation de l’opération.Dans la matinée, le 244e Wing de la RAF (Sqn 3, RAF et Sqn 450, RAAF) pose à Limnos ses28 P-40E pour assurer la défense aérienne locale. Ils ont été précédés, à l’aube, par un DC-3français escorté par des P-38, qui a débarqué un échelon avancé de mécaniciens de la 2e

Escadre de Chasse. En effet, il est prévu d’utiliser le terrain comme escale de ravitaillementpour les NA-73 de la 2e EC, même si leur entretien général doit continuer d’être effectué surles bases de Chios et Mytilène. En revanche, ce terrain est encore trop court pour être utilisépar des P-38 à pleine charge.La défense aérienne locale est mise à l’épreuve dès ce premier après-midi. Volant au ras del’eau, 24 Bf 110 C et D du ZG 26 effectuent une attaque surprise à basse altitude, détruisantsur le terrain cinq P-40E et le DC-3 de la 2e EC. Les P-40E de la patrouille de couvertureattaquent la formation ennemie au moment où elle se retire et abattent trois Bf 110 au prixd’un chasseur Curtiss.Le soir, les contre-torpilleurs Le Fantasque et Le Terrible escortent jusqu’à Limnos le petitravitailleur d’hydravions Hamelin 1, qui doit soutenir la Flottille AT-11 de l’Aéronavale (il aété jugé plus prudent de laisser le Belge  Ville  d’Anvers, plus gros, à Lesbos). Au mêmemoment, neuf hydravions Northrop N-3PB se posent dans le port.De leur côté, après une escale à Tirana, les avions du Xe FliegerKorps ont commencé à partirde midi à arriver sur les terrains de Salonique et de Kavala, d’où ils doivent opérer contreLimnos. Le transfert de l’ensemble de l’unité doit prendre toute la journée et une partie dujour suivant. Alertée par l’intensification du trafic radio allemand, l’Armée de l’Air lance dansla nuit contre ces terrains une attaque de Consolidated-32 guidés par le système Gee, qui neremporte qu’un succès limité (six avions allemands détruits pour deux Consolidated-32abattus par des chasseurs de nuit allemands) mais crée une grande confusion.

3 marsAprès Vengeur

1 Lancé comme transport frigorifique en 1919, converti en ravitailleur d’hydravions en 1931 : 526 tonnes de déplacement, 12 nœuds.

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Méditerranée centrale – Les NA-73 français basés en Afrique du Nord poursuivent leursmissions offensives “Mandragore” sur la Sicile. Onze avions italiens et quatre NA-73 sontabattus. De leur côté, les bombardiers français limitent leurs attaques et les concentrent surl’île de Pantelleria. Dans la nuit, 18 Wellington de la RAF basés à Sfax la bombardent euxaussi.

Opération Crusader/CroisadeMer Ionienne – L’amiral Rawlings s’attend toute la journée à de puissantes attaquesaériennes, car sa force doit encore protéger les transports qui débarquent hommes etravitaillement pour le 2e C.A. français. Cependant, entre le début du transfert du Xe

FliegerKorps en Grèce du nord et la punition subie par la Regia Aeronautica durantl’opération Avenger/Vengeur, cette menace ne se matérialise pas. En revanche, une autre seconcrétise, comme le raconte Yvon Lagadec.« C’est avec retard, bien sûr, et de façon non officielle, que j’apprends la triste nouvelle :vers 09h45, le 3 mars, le vieil  Eagle  a été crucifié par trois torpilles d’un sous-marin. Il asombré en moins d’une heure. Ce vieux cuirassé converti  en porte-avions n’avait  pas lesqualités   des   bâtiments   américains   que   je   commençais   à   connaître,   ni   le   blindage  de   lanouvelle génération de porte-avions anglais, mais, à titre personnel, ce naufrage m’inquièteun peu. Avant le Lexington, j’ai en effet servi sur le Béarn – coulé au champ d’honneur, l’ArkRoyal – même chose, le Formidable – pareil… et, en mars 41, sur l’Eagle, qui avait tenu lecoup jusque là. Je vous ai dit que les marins sont superstitieux, mais nous avons des raisonsde l’être ! » C’est le sous-marin allemand U-73, l’un des quelques survivants de l’opération“Lumière Bleue” de l’automne précédent, qui a réussi ce torpillage.De plus, à 13h15, le croiseur Birmingham, gravement endommagé la veille et qui se traîne à6 nœuds vers Benghazi, escorté par les DD Wrestler et Zulu, ne peut éviter une torpille tiréepar le sous-marin italien Turchese (LV Eugenio Parodi) Les voies d’eau deviennentincontrôlables et le croiseur coule à 14h35.………Péloponnèse – Au sud-est, dans le secteur britannique, les troupes indiennes maintiennent unrythme d’avance lent mais continu. La 9e Brigade indienne a pris la tête et la 22e ArmouredBrigade fait mouvement vers le nord pour relever la 3e Armoured Brigade. En fin de journée,ces troupes sont à 5 km au sud de Sparte, où se sont retranchés les Italiens du 12e Régiment deBersaglieri (moins la compagnie de commandement et le 36e bataillon, mis hors de combatdès le 28 février) et du 133e Régiment d’Artillerie.Au même moment, la 9e Division d’Infanterie Coloniale approche elle aussi de Sparte, maispar l’ouest, après avoir passé les cols des Monts Taygète. Ce chemin est si difficile que lesItaliens ont négligé de bâtir des barrages ou de disposer une ligne de défense, car ils nepouvaient croire qu’une grande unité puisse attaquer par cette voie. Guidés par les Taborsmarocains, les tirailleurs sénégalais de la 9e DIC démontrent une nouvelle fois l’exactitude duproverbe militaire ainsi exprimé par le Prince de Ligne : « Où une chèvre est passée, unearmée passera. » Dans la soirée, les artilleries française et britannique commencent à pilonnerles positions italiennes, en préparation d’un double assaut prévu pour le jour suivant. Les 6 e et25e Field Regt de la Royal Artillery continuent à bombarder toute la nuit.Au centre, des éléments de la 1ère D.B. de Sudre, remontant vers le nord sur la route Kalamata-Tripolis, rencontrent l’avant-garde de la 1ère D.I. yougoslave, qui a progressé d’ouest en est encombattant sans arrêt depuis vingt-quatre heures. Cette jonction piège des troupes italiennesdans le sud-ouest du Péloponnèse.Au nord-ouest, les hommes du général Jouffrault (la 3e Brigade Mobile de la Légion)progressent eux aussi d’ouest en est, vers Tripolis. A 22h00, le général Sudre peut signaler au

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commandant du 1er C.A., le général Montagne, qu’il espère faire également la jonction avec laBrigade Jouffrault dans les quarante-huit heures.Toute la journée, les opérations d’appui au sol de l’aviation alliée ont été intenses. Près deKalamata, les sapeurs français préparent une piste grossière pour des patrouilles de couvertureopérant dans la zone Troyen. En fin de journée, l’aérodrome de Molai est considéré commesuffisamment remis en état pour que les Hurribombers du Sqn 6 de la RAF et les P-40C desSqn 260 et 335 (Hellenic) puissent être transférés sur place. Ce sont les premiers appareilsalliés à opérer d’Europe continentale depuis juillet précédent.

Opération Dark King/Roi NoirGrèce du nord et mer Egée – Le temps se gâte peu à peu au fil de la journée. La neigecommence à tomber avant l’aube sur le massif du Rhodope et bientôt, tout le nord de la merEgée est balayé par des vents violents, porteurs de rafales de pluie et de neige. Dans le port deLimnos, un hydravion N-3PB de la flottille AT-11 est très endommagé quand une de cesrafales le drosse sur le rivage. Cependant, le vent et le froid achèvent d’écœurer les derniersdéfenseurs italiens, qui se rendent vers midi. L’opération Dark King/Roi Noir s’achève sur unplein succès.Le mauvais temps réduit aussi sérieusement l’activité aérienne. La Luftwaffe ne lance qu’unraid contre Limnos, avec 18 Ju 88 du KG 77 escortés par 24 Bf 109 du JG 53. Ce raid estdétecté par le radar Type-279 du CLAA HMS Euryalus, qui croise au sud de Limnosaccompagné par les DD Gurkha et Sikh. Le croiseur dirige sur les attaquants seize P-40E de laRAF. La formation allemande perd quatre bombardiers et cinq chasseurs en échange de cinqP-40E.

4 marsMéditerranée centrale – Les activités aériennes se limitent à un raid allié de moyenneimportance contre Pantelleria et à quelques missions “Mandragore” contre la Sicile. TroisNA-73 sont perdus, pour cinq avions italiens abattus en approche ou sur les pistes.

Opération Crusader/CroisadeMer Ionienne – Considérant que les opérations de débarquement en zone Ajax sontterminées, le contre-amiral Rawlings ordonne à sa force de se retirer vers Benghazi, où sesnavires doivent ravitailler et se préparer pour “Jaguar”.………Péloponnèse – Le temps se détériore durant la nuit et la journée est marquée par un ventviolent, une couverture nuageuse de 10/10, un plafond bas et de la pluie, remplacée par de laneige au dessus de 500 m. Aucune activité aérienne n’est possible. Les terrains de l’Axe enGrèce continentale sont d’ailleurs soumis à de très mauvaises conditions météo depuis minuit.Pendant toute la journée, la dépression pesant sur les Balkans et la Grèce du Nord descendlentement vers le sud.C’est dans ces difficiles conditions que commence la bataille de Sparte. La 5e Divisiond’Infanterie indienne et le 1er King’s Royal Rifle Corps lancent trois attaques frontalessuccessives contre les défenses italiennes. Les combats se déroulent presque toujours sous lapluie, avec ce que le journal du 1er King’s Royal Rifle Corps décrit comme « un niveau deférocité jusque là inconnu dès l’entrée dans Sparte. Chaque maison a été prise, perdue etreprise   jusqu’au   crépuscule,   comme   si   l’esprit   des   anciens   Spartiates   possédait   lescombattants. » La 9e Brigade Indienne est maintenant aidée par la 10e.13h00 – Le 1er Buffs (East Kent) et le 3/1er Punjab Regt font mouvement sur l’aile gauche du1er King’s Royal Rifle Corps, dégageant un peu d’espace pour avancer, quand les Bersaglieri

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lancent une contre-attaque. Les combattants des deux camps sont si proches que l’artilleriebritannique ne peut tirer. A 14h50, le 3/1er Punjab est menacé d’encerclement dans un petitfaubourg. Le major-général Mayne engage alors le 4/11e Sikh, qui se bat pour maintenir laliaison entre le 3/1er Punjab et les autres troupes britanniques. A 17h20, l’attaque italienneperd de sa vigueur, mais le 3/1er Punjab ne peut reprendre sa marche en avant.Par ailleurs, les chars Cruisers souffrent beaucoup des tirs d’enfilade des Semoventeembusqués, et le général Godwin-Austen doit demander que la 32e Armoured Brigaderejoigne Sparte aussi vite que possible.Pendant que Britanniques et Indiens attaquent du sud, les Sénégalais de la 9e D.I. Coloniale(brigades Carpentier et Dody) attaquent de l’ouest. Leurs chars d’infanterie Valentine VI semontrent plus utiles dans ces conditions que les Cruisers, même si le terrain ne favorise guèrela manœuvre blindée. A midi, les tirailleurs engagent directement la zone de défense centraledes Italiens. Là encore, la défense est énergique et courageuse.14h30 – Averti que des renforts italiens arrivent de Tripolis, le général Pellet rappelletemporairement l’attaque pour permettre à la Brigade Carpentier de faire mouvement vers lenord, afin de barrer la route principale. Il lui affecte une compagnie de Sav-41 et une de Sav-AU-41 automoteurs.Les renforts italiens sont des éléments de la 3e Division Rapide (Celere) Principe AmedeoDuca d’Aosta, commandée par le général Mario Marazzani et basée à Tripolis. Il s’agit du3e Bersaglieri et du 5e Régiment de Cavalerie Lancieri di Novara, appuyés par vingt tankettesL6 et quatre Semovente L40 de 47/32 du 3e Groupe de chars rapides San Giorgio.16h15 – Les troupes françaises engagent la colonne de renfort à 900 m, mais la batailledégénère vite en une mêlée à courte portée. Dépassés par la puissance de feu des blindésfrançais, les Italiens sont vite mis sur la défensive. Cependant, ils ne perdent pas leur cohésionet retraitent en bon ordre vers Tripolis sous le couvert de la nuit, bien que presque tous leursvéhicules aient été détruits.20h30 – La Brigade Carpentier doit s’arrêter pour ravitailler en munitions et en carburant.Même si la route est sous le feu des 75 mm des Sav-AU-41, elle n’est pas véritablementcoupée et Sparte n’est pas tout à fait encerclée.Si la bataille pour Sparte est difficile contre les Italiens, les troupes franco-yougoslaves quiavancent vers le nord sur la route Kalamata-Tripolis font face à un autre ennemi : la pluie. Eneffet, les routes locales s’effondrent facilement sous les très fortes précipitations. Les sapeurssont constamment à l’ouvrage pour stabiliser la route et permettre aux blindés et aux autresvéhicules d’avancer.Les conditions météo sont tout aussi mauvaises pour les hommes de Jouffrault qui progressentvers l’est, mais la route qu’ils suivent est un peu meilleure, ou peut-être les sapeurs de laLégion sont-ils plus efficaces (ils ont derrière eux une solide tradition). Même si le rythme deleur avance baisse, les légionnaires parviennent à la tombée de la nuit à 8 km du croisementde la route Kalamata-Tripolis.

Grèce du nord et Mer Egée – Le temps est si mauvais que l’activité aérienne est à peu prèsnulle dans toute la région. Les unités de la 7e Division Aéroportée allemande commencent àarriver à Salonique, où le Lt-général Erich Petersen a établi son QG. De leur côté, les premierséléments de la 5e Division de Montagne arrivent à Alexandroupolis après 24 heures de voyageen train.

5 marsAlger – L’amiral Gensoul (commandant les forces navales françaises en MéditerranéeOccidentale), accompagné du vice-amiral Duplat et du contre-amiral américain H. Kent

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Hewitt, rencontre l’amiral Ollive (chef d’état-major de la Marine Nationale) pour lui proposerune autre opération offensive, coordonnée avec la troisième étape d’Avenger/Vengeur et avec“Jaguar”. Après discussion avec le général Bouscat (pour l’Armée de l’Air), l’idée estsoumise au Conseil de Défense Nationale, en raison de l’aspect politique tenant à laparticipation d’une Task-Force américaine à l’opération projetée.

Opération Crusader/CroisadePéloponnèse – Une nouvelle fois, les aviations des deux camps sont contraintes à l’inactionen raison d’un très mauvais temps. Des averses de pluie et de neige mêlées, poussées par unfort vent de nord-est, interdisent autre chose que quelques sorties individuelles – et risquées.Cependant, près de Kalamata, le terrain provisoire baptisé K-1 est maintenant prêt à recevoirdes chasseurs, dès que le temps le permettra.Autour de Sparte, la bataille fait rage, de l’aube grisâtre au crépuscule. Alors que des élémentsde la 32e Armoured Brigade soutiennent une nouvelle attaque de la 5e D.I. indienne, le 1er

King’s Royal Rifle Corps tente de déborder les positions italiennes par l’est de la cité, avecl’aide d’un régiment de la 1ère Armoured Brigade, que le général Tilly a engagé pour renforcerl’attaque. Sous une pluie drue et froide, qui cède parfois la place à de la neige fondue, lesBritanniques avancent jusqu’à 11h00. Ils se heurtent alors à de nouvelles défenses italienneset sont contre-attaqués par une formation mixte de chars M13/40 et M14/41 et de canonsautomoteurs Semovente de 75/18 de la Division Littorio. La visibilité est faible et leséquipages des chars n’y voient à peu près rien lorsque leurs écoutilles sont fermées. Lacontre-attaque jette donc d’abord quelque confusion parmi les Britanniques. Les chars de la1ère Armoured Brigade sont des Nuffield A15 Crusader pour les Squadrons A et B, et desCruisers A13 pour le Squadron C. Le champ de bataille est étroit et le Régiment ne parvientpas à se déployer complètement, donnant leur chance aux blindés italiens, qui détruisent enpeu de temps onze chars britanniques avec de faibles pertes.Le Brigadier Jock Campbell, qui a suivi ses chars dans sa voiture d’état-major, descend decelle-ci et, à pied, commence à rallier les troupes et à diriger l’organisation des tirs du 7e

Groupe d’Appui antichar qui, à bout portant, arrêtent la contre-attaque italienne. A 13h00, lesBritanniques ont surmonté la crise, mais les pertes sont lourdes des deux côtés. Comme lapoussée de la 5e D.I. indienne s’essouffle aux abords de Sparte, le 3/1er Punjab étant denouveau cloué sur place par un feu meurtrier venant de maisons en ruines et de barragesroutiers, le Brigadier Campbell relance son attaque de débordement vers 16h00. Il emmène leschars de la 1ère Armoured Brigade au milieu des oliviers et à travers de petits champs, à lapoursuite de l’infanterie et des chars italiens en retraite.A l’ouest de Sparte, les brigades Carpentier et Dody (9e D.I.C.) ont été rejointes dans la nuitpar la Brigade Morlière. Celle-ci fixe les défenseurs pendant que les deux autres reprennentleur mouvement vers le nord-est pour couper la route Sparte-Tripolis. A 14h30, en dépit descontre-attaques de la 3e Division Celere, la route est solidement tenue par les troupesfrançaises. Juste avant 15h00, une colonne de douze tankettes L6 et d’infanterie motocyclistetente de forcer le passage. Elle est engagée par des canons automoteurs Sav-AU-41, qui n’enlaissent en peu de temps que des épaves en flammes. A 19h00, quand l’intensité des combatscommence à diminuer, l’encerclement de Sparte est presque complet ; seule une petite pistepaysanne courant parmi les collines sur un terrain rocheux relie encore à l’extérieur les forcescombattant dans la ville.Le 1er C.A. français ne participe pas seulement à la Bataille de Sparte. Certains de seséléments blindés progressent lentement vers le nord, sur la route Kalamata-Tripolis. En dépitdu mauvais temps et de la médiocrité des routes, épuisant les équipes de sapeurs, la BrigadeMalaguti (1ère D.B.) fait en fin de journée la jonction avec la Brigade Mobile de la Légion,

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dont les premières unités, accompagnées du général Jouffrault lui-même, ont franchi un col àmoyenne altitude quelques heures auparavant, dans une tempête de neige.

Grèce du nord et Mer Egée – Comme le temps s’améliore lentement, l’offensive aérienne dela Luftwaffe contre Limnos reprend. Juste après midi, le radar de l’Euryalus détecte un raidimportant (28 Ju 88 du KG 77 escortés par 24 Bf 109 du JG 53). A 12h15, le Directeur de laChasse décide de faire décoller les P-38 de la 13e E.C. basés à Mytilène pour renforcer les P-40 en patrouille et, quelques minutes plus tard, le commandement local de l’Armée de l’Airlance huit NA-73 en mission “Mandragore” sur la Grèce du nord.Le raid de la Luftwaffe fait d’abord face à 12 P40-E au nord-ouest de l’île. Puis, arrivent lesP-38 de Mytilène, alors que la formation de bombardiers est déjà au-dessus de Limnos. Labataille aérienne dure environ 15 minutes avant le départ des attaquants. Mais quand les P-40,à bout de carburant, reviennent se poser, ils constatent que leur terrain est attaqué par douzeBf 110 du ZG 26. Les P-38, qui poursuivaient les Allemands en retraite, sont rappelés, maisils ne peuvent attraper que quelques retardataires.Toute cette opération a porté un coup sévère aux forces aériennes alliées protégeant Limnos.Neuf P-40E ont été détruits (dont trois au-dessus du terrain), ainsi que quatre P-38. Les pertesallemandes ne sont pas minces : huit Ju 88, sept Bf 109 et 3 Bf 110 ont été abattus par lesavions alliés, plus un Bf 110 détruit par la DCA de l’aérodrome. Néanmoins, le terrain a étésérieusement endommagé par le bombardement.Les NA-73 en mission “Mandragore” engagent de nombreux avions de l’Axe entre Kavala etSalonique. Ils abattent trois Bf 109 en l’air et deux Bf 108 de liaison malchanceux près deKavala. Puis, à Salonique, ils détruisent au sol deux Ju 52 et un appareil qu’ils décriventcomme « une curieuse variante de Heinkel 111 », au prix de trois d’entre eux, dont deuxabattus par la flak de Salonique.En fin de journée, l’A.V.M. Keith Park discute avec son état-major de la situation aérienneau-dessus de la Mer Egée. La réaction de la Luftwaffe semble très forte et pourrait préparerune possible contre-attaque, d’autant plus que le trafic Enigma indique que des mouvementsde troupes sont en cours vers Salonique et la Grèce du nord, donc sans lien avec les combatsdans le Péloponnèse. La perspective de voir Limnos aimanter les efforts de la Luftwaffe,allégeant une possible pression sur le Péloponnèse, joue un rôle important dans les décisionsprises lors de cette réunion.La Force Aérienne d’Egée ne va pas se contenter d’envoyer davantage d’avions renforcer lemalheureux 244e Wing de la RAF (réduit à cinq Kittyhawk en état de vol), mais elle vatransférer à Limnos le GC III/1, chargé jusqu’alors de la défense aérienne d’Héraklion. Cetteunité est la seule du théâtre de Mer Egée à voler sur Spitfire V. La DCA à courte portée doitêtre améliorée. Enfin, tant qu’un radar ne sera pas disponible pour Limnos, le CLAAEuryalus assurera l’alerte radar avancée.

6 marsPréparatifs : Anjou, Jaguar…Alger – La proposition de l’amiral Gensoul, discutée au CDN, est facilement approuvéecomme un bon complément pour “Jaguar” et le nom de code “Anjou” est attribué àl’opération. Le général De Gaulle insiste sur la nécessité absolue pour les forces britanniqueset impériales de réussir “Jaguar” avant la fin du mois. L’amiral Ollive doit partir pourWashington afin de discuter avec l’amiral King des opérations combinées alliées enMéditerranée.

Opération Crusader/Croisade

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Péloponnèse – La météo s’améliore progressivement, permettant la reprise des opérationsaériennes.08h00 – La RAF et l’Armée de l’Air commencent à transférer des avions dans lePéloponnèse, à Molai ou à K-1. A midi, l’Armée de l’Air a transféré 33 Hawk-87 du GC II/7et du GC III/80 (Yougoslave) et la RAF 31 P-40C du Sqn 260 et du Sqn 335 (Hellenic), ainsique 14 Hurribombers du Sqn 6. Ce transfert ne va pas tarder à s’avérer fort utile.10h30 – Les troupes françaises coupant la route Sparte-Tripolis sont attaquées par douzeStuka du StG 3 escortés de Bf 109.12h30 – Une autre attaque du même genre est organisée contre les troupes de Jouffrault, quise dirigent vers Tripolis en venant de l’ouest, mais elle se heurte à un raid allié contreTripolis, composé de 24 P-39D des GC (Y) I et II/80 et du GCSS I/22, accompagnant huitbombardiers en piqué Vultee Vengeance du GCSS IV/22. A leur grande (et douloureuse)déception, les Bf 109E et F du JG 27 découvrent qu’à basse altitude, ils ne sont guèresupérieurs au P-39D. En dix minutes de bataille dans le ciel de Tripolis, la formationallemande perd cinq Ju 87 et six Bf 109 en échange de 7 P-39D. Pendant ce temps, lesVengeance profitent de la confusion pour aller bombarder le QG italien et un parc devéhicules.Cette attaque, qui a causé quelques pertes dans son état-major, hâte le déménagement dugénéral Messe pour Corinthe, la nuit venue. Les généraux Marazzani et Boselli, commandantrespectivement la 3e Celere Duca d’Aosta et la 41e D.I. Firenze, restent cependant à Tripolis.15h00 – D’autres avions français survolent Tripolis (cette fois, des Hawk-87 basés à K-1). Ilsattaquent l’aérodrome, où ils tombent sur d’autres Bf 109 du JG 27, qui escortent cette foisquinze Ju 52 transportant des canons antichars et leurs servants, envoyés renforcer lesdéfenses italiennes. Cette nouvelle bataille se traduit par la destruction de deux Bf 109 et sixJu 52 (dont quatre au sol), avec leur contenu, en échange de cinq Hawk-87, dont quatreabattus à la file par un seul pilote allemand, celui du désormais fameux “14 Jaune” – Hans-Joachim Marseille.16h40 – Une formation de neuf Ju 87 italiens escortés par cinq Fiat CR.42 bombardent lesforces françaises à l’ouest de Tripolis, mais ces avions attaquent à basse altitude pour utiliserdes bombes légères et découvrent que le tir concentré de huit affûts quadruples demitrailleuses de 12,7 mm représente une DCA redoutable à cette hauteur. Deux Ju 87 et troisFiat sont abattus.La Luftwaffe ne peut organiser d’autres attaques, car ses propres terrains dans la régiond’Athènes (Topolia, Tanagra, Tatoi et Eleusis) sont presque continuellement attaqués par lesbombardiers légers de la RAF et de l’Armée de l’Air. Sept chasseurs d’escorte et 17bombardiers sont détruits ou très endommagés, surtout par la flak, mais plus de trente avionsde l’Axe sont détruits en l’air, au sol ou en essayant de se poser pendant une attaque.………La bataille se déchaîne dans les airs, mais les combats au sol ne se calment pas pour autant.Dans la nuit, les forces italiennes ont essayé de fuir le piège de Sparte encerclée. Si le généralBitossi, son état-major et une avant-garde légère de la Littorio parviennent, suivant les ordresformels de Geloso comme de Messe, à percer vers Tripolis, à 04h00, la seule voie de fuite estsous le feu concentré de l’artillerie britannique, tandis que des épaves de véhicules jalonnentla route. Les chars de la 1ère Armoured Brigade, soutenus par les Valentine de la BrigadeDody, viennent peu après l’aube compléter le bouclage. Des unités italiennes tententdésespérément de percer, mais sont repoussées par les chars, tirant à courte portée. Mieuxprotégés que les Cruiser, les Valentine manœuvrent sur les pentes des collines, au milieu desoliveraies, pour pilonner la colonne italienne. Les combats durent jusqu’à 14h00 et laissentjusqu’à Sparte une longue ligne de véhicules incendiés et de cadavres.

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A ce moment, les hommes de la 5e D.I. indienne, venant du sud, et la Brigade Morlière,venant de l’ouest, ont percé le centre de la défense italienne. Les chars Matilda du SquadronD du 7e Royal Tank Regiment (32e Army Tank Brigade) et les chars Valentine des Françaissont entrés dans la ville à 11h00, assurant un appui rapproché au 3/1er Punjab. A 15h00, leshommes du 3/1er Punjab et du 4/11e Sikh font leur jonction avec les Tabors sur la placecentrale de Sparte et, à 17h30, les troupes italiennes sont expulsées de la mairie, qui était leurquartier général.A 18h30, comprenant que sa résistance est sans espoir, le colonel Ugo Almici, qui commandedésormais, outre son 133e Régiment d’artillerie, toute la défense de Sparte, ordonne à sestroupes de se rendre : « C’était la seule chose à faire, devait-il confier à Donald Lincoln, quil’interviewait quelque temps plus tard pour le NY Herald, dans un camp de prisonniers.J’avais vu mon QG pris d’assaut par des Marocains et des Noirs qui se battaient pour lesFrançais et des Indiens qui se battaient pour les Anglais, tout ça après avoir été bombardépar des avions américains pilotés par Dieu sait qui. Je me suis dit que mes hommes n’étaientpas les Nègres ou les Indiens des Allemands, et que je n’allais pas les faire tuer jusqu’audernier pour défendre une ville grecque… »Au nord, en dépit de l’attaque aérienne qu’elle a subie, la 3e Brigade Mobile de la Légionpoursuit son avance vers Tripolis, suivie de près par la Brigade Malaguti (de la 1ère D.B.), et laBrigade Brosset (de la 83e D.I.A.). Le bombardement des Stukas italiens n’a pas ralenti legénéral Jouffrault. A la tombée de la nuit, les chars français sont à moins de 6 km de Tripolis.………Sur la côte ouest, la 10e D.I. française, soutenue par la I/2e Brigade blindée, entrent àAmallada à midi, puis continuent à poursuivre les Italiens en retraite vers Andravida.

Campagne de LimnosGrèce du Nord et Mer Egée – A l’aube, 11 P-40E se posent à Limnos pour regarnir les rangsdu 244e Wing de la RAF.09h15 – C’est sur l’île d’Aghios Eustratios que tombe le premier coup de marteau de lajournée : 27 Ju 87 des I et II/StG3 effectuent un bombardement précis qui endommagesérieusement les positions du 2e Bataillon du Groupement de Choc du colonel Gambiez. Letorpilleur français L’Incomprise et un caboteur chargé de matériel qu’il escorte sont pris dansl’attaque à 10 nautiques de l’île. Si le torpilleur évite les bombes en zigzaguant, le caboteurest une cible facile et se fait très vite couler.11h45 – Les très attendus Spitfire Vb du GC III/1 se posent à Limnos sous la protection dedouze P-38 de la 13e E.C. Les mécaniciens ont à peine de temps de les ravitailler quel’Euryalus sonne l’alerte générale.13h25 – Dix-huit Ju 88 des Kampfgruppen spéciaux 606 et 806, escortés par 36 Bf 109 duJG 27, sont interceptés au dessus de Limnos par les Spitfire français et les P-40E de laRAF/RAAF. Au même moment, l’Euryalus détecte un nouveau raid, composé de 27 Ju 88 duKG 77 escortés par 24 chasseurs du JG 53 – celui-ci est laissé aux bons soins des huit P-38 dela 13e E.C. qui orbitent au-dessus de Moudros. La première interception est assez réussie,d’autant plus que les pilotes allemands sont désarçonnés par l’apparition des Spitfire,nettement plus redoutables que les P-40E. Ce sont onze Ju 88 et huit Bf 109 qui sont abattus,en échange de trois Spitfire et quatre P-40E. La bataille contre le second raid est pluséquilibrée. Les P-38 réussissent à abattre cinq Ju 88 et trois Bf 109, mais au prix de quatred’entre eux. Plus grave : les Ju 88 peuvent bombarder sévèrement Moudros et le port, où ilsdétruisent quelques entrepôts.14h50 – Un nouveau raid venant du sud-ouest est détecté. L’Euryalus réclame de nouveauxP-38, car les chasseurs basés à Limnos doivent atterrir pour ravitailler. Cependant, les 18Ju 87 du StG 3, accompagnés par 16 Bf 109 du II/JG 3, n’en ont pas contre Limnos mais

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contre le croiseur antiaérien, dont les Allemands ont compris le rôle grâce à l’écoute du traficradio allié. Les assaillants devancent l’arrivée des douze P-38 envoyés à la rescousse. En dépitde ses manœuvres brutales à grande vitesse, de sa DCA dense et précise et de l’aide de sesescorteurs, le DD Sikh et le “destroyer AA” Gurkha 2, l’Euryalus est frappé par trois bombesde 500 kg et frôlé par quatre autres. Le Sikh reçoit une bombe de 250 kg lâchée par l’un desBf 109 JaBos (chasseurs-bombardiers) et le Gurkha est endommagé par des éclats. DeuxJu 87 et un Bf 109 sont abattus par la DCA, mais les autres n’ont pas le temps de se réjouir deleur victoire : les douze P-38 arrivent à toute vitesse, guidés par la colonne de fumée quimonte du croiseur agonisant. Ils surprennent la formation allemande à basse altitude etdétruisent huit Ju 87 et cinq Bf 109 en ne perdant que quatre avions. C’est un coup sévèrepour le StG 3, mais l’Euryalus a été mortellement blessé.16h20 – Les incendies allumés par les bombes qui ont frappé le croiseur obligent à évacuer lasalle des machines avant, les voies d’eau ouvertes par les bombes qui l’ont frôlé noient la salledes machines arrière et le navire donne de la gîte à bâbord. Le Sikh est gravementendommagé, mais peut encore se mouvoir. Le Gurkha tente de prendre l’Euryalus enremorque, espérant pouvoir atteindre Limnos, qui est à moins de 20 nautiques.17h10 – La gîte sur bâbord a augmenté à un point tel que le commandant de l’Euryalus n’apas d’autre solution que d’ordonner d’abandonner le navire.17h21 – Le croiseur chavire et sombre très rapidement.………Ce succès des Stukas est pour les Alliés un sévère avertissement. Une action navale nocturnede l’Axe contre l’île d’Aghios Eustratios devient très probable et Limnos n’a plus decouverture radar. Ce manque peut être compensé, dans une certaine mesure, parl’établissement de patrouilles permanentes de P-38 au-dessus de Limnos, grâce à l’autonomieconsidérable de ces appareils. Tandis que le Sikh se traîne jusqu’à Mytilène, escorté par leGurkha, le contre-amiral P. Vian ordonne aux CL HMS Aurora (amiral) et MN Montcalm,escortés par les DD HMS Panther et Intrepid et le contre-torpilleur MN L’Indomptable, deprendre position 20 nautiques à l’est d’Aghios Eustratios. Il ordonne également aux TB MNLa Poursuivante et Branlebas, appuyés par quatre MTB, de patrouiller toute la nuit à l’ouestde l’île.De son côté, constatant la montée des menaces dans le nord de la Mer Egée, l’amiralCunningham ordonne dans la soirée au porte-avions d’escorte MN Bois-Belleau, escorté parle CL MN La Galissonnière, le CLAA HMS Cairo et les contre-torpilleurs transformés MNMogador, Guépard et Verdun de quitter le Groupe d’Appui du débarquement et de se rendreaussi vite que possible à Mytilène. Cependant, la vitesse n’étant pas la principalecaractéristique du Bois-Belleau et les navires devant contourner Santorin avant de mettre lecap au nord pour éviter une possible attaque de la Luftwaffe dans les Cyclades, ce mouvementva demander environ 22 heures.………Salonique – D’importants éléments de la 24e D.I. Pinerolo (essentiellement la 136e LégionCCNN d’assaut Tre Monti) embarquent à bord des cinq anciens contre-torpilleurs GeneraleAntonio Cascino, Generale Achille Papa et Generale Marcello Prestinari (2e escadrille detorpilleurs), Simone  Schiaffino et Calatafimi (5e escadrille) ainsi que des trois torpilleursmodernes Alcione, Aretusa et Libra (leur équipier, le Lince, est indisponible). Accompagnésdes vedettes lance-torpilles italiennes MAS-501 et MAS-513 et des allemandes S.7, S.8 et S.13,ces navires doivent foncer dès le lendemain vers Aghios Eustratios.………

2 Un grand destroyer de classe “L” dont les quatre tourelles doubles de 4,7 pouces ont été remplacées par desjumelages polyvalents de 4 pouces.

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Berlin – En fin de journée, autour d’Hitler, les autorités allemandes réévaluent la situation enMer Egée.– Une fois la maîtrise de l’air reconquise dans le nord de la Mer Egée, nous serons prêts àlancer   une   opération   aéroportée   pour   reprendre  Limnos,   selon   vos   ordres, confirme legénéral Student à Hitler. La 7e  Aéroportée et   la 5e  de Montagne seront  prêtes à prendrel’offensive   le  12  mars.  L’occupation  de   l’île  d’Aghios  Eustratios  empêchera   l’ennemi  deravitailler et de renforcer ses troupes sur Limnos. Ce devrait être chose faite d’ici quelquesheures.– Il ne faut pas négliger la situation dans le Péloponnèse, mon Führer, avertit Kesselring,venu à Berlin défendre son point de vue. Nous ne recevons que des  renseignements   trèsincomplets,  mais il  est évident que les Italiens sont en train de se faire battre. Sparte esttombée, et la perte de Tripolis pourrait être imminente. Or, c’est le principal aérodrome duPéloponnèse.   Si   l’ennemi   s’en   empare,   l’espace   aérien   dans   la   région   d’Athènes   seraconstamment disputé et  cela retentira inévitablement  sur nos possibilités  d’action dans lenord de la Mer Egée !Kesselring ignore qu’il a un allié de circonstance. Par l’intermédiaire de Ciano, Mussolini,lui-même sollicité par le général Cavallero, fait le siège d’Hitler pour obtenir du renfort pourles forces italiennes du Péloponnèse.Ne serait-ce que pour échapper à ce harcèlement, Hitler commence par donner l’autorisationd’envoyer des éléments du Skandenberg Korps défendre Argos et Corinthe. Puis, il appelle leGeneralOberst Erwin Rommel, qui est en permission à Semmering, dans les Alpes, près del’ancienne frontière autrichienne. Son utilisation très intelligente des forces blindées et desdivisions de montagne et son offensive vers Ioannina, puis vers Agrinion et Missolonghi, ontconduit Hitler et l’OKW à le choisir comme commandant du Groupe d’Armées chargéd’attaquer à travers les pays baltes et d’atteindre aussi vite que possible le Golfe de Finlande,pour bloquer Leningrad.Après des mois de travail intensif, Rommel a obtenu une permission de deux semaines poursoigner son foie. En début de soirée, Hitler le joint au téléphone et lui demande, comme unesorte de faveur, s’il accepterait de retourner à Athènes pour prendre le commandement, nonseulement du Skandenberg Korps, mais de l’ensemble des forces germano-italiennes enGrèce : « La   situation   en  Grèce   est   des   plus   confuses.  Nous  n’avons  que   des   nouvellesfragmentaires  du  corps  d’armée   italien  qui  occupe   le  Péloponnèse,   et   elles  ne   sont  pasbonnes.  Crüwell  manque d’énergie  et  d’autorité.   Il  nous   faut  un homme comme vous  là-bas ! »Rommel accepte immédiatement : « C’est un honneur, mon Führer. Je pars pour Athènes dèsdemain. »C’est donc un Hitler ravi qui appelle Mussolini au téléphone : « Duce ! Tout va s’arranger,pour vos hommes en Grèce ! Je vous envoie Rommel, il va remettre de l’ordre là-dedans,soyez tranquille ! »Quelques minutes plus tard, Hitler annonce triomphalement à un Halder sidéré qu’il a décidéde nommer Rommel commandant en chef des forces de l’Axe en Grèce (en réalité, dans lePéloponnèse) pour contre-attaquer et repousser l’offensive alliée. Halder tente désespérémentde le faire changer d’avis : « Mon Führer, il est impossible de lancer à la fois une attaqueimportante dans le nord de la Mer Egée et une autre dans le Péloponnèse, du moins sansutiliser des forces déjà allouées à l’offensive Barbarossa ! De plus, modifier l’objectif d’uneopération majeure va à l’encontre de  tous les principes stratégiques !  L’opération contreLimnos   a   été   conçue   comme   une   offensive   limitée   visant   des   objectifs   politiques   etstratégiques précis  dans une situation générale où nous devons rester sur la défensive enGrèce jusqu’à 1943 et au succès de nos opérations en Russie. Bouleverser d’un instant à

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l’autre notre posture générale dans la région sans procéder à une nouvelle allocation de nosforces est… »Franz Halder écrira dans son journal qu’il voulait dire : « une insulte au plus élémentaire bonsens militaire ! » Mais (heureusement peut-être pour Halder), Hitler le coupe : sa décision estprise, il n’y a pas à y revenir. La plaidoirie de Halder n’aura eu pour effet que de le discréditerencore davantage aux yeux d’Hitler.

7 marsPréparatifs : Anjou, Jaguar…Méditerranée centrale – Pantelleria est bombardée par des B-25, puis par des DB-73 del’Armée de l’Air, enfin par des Boston-III de la RAF (235e Wing). Leur escorte est assuréepar les P-40E des 33e et 57e FG de l’USAAF. « Nous avons ce jour-là une pensée pour notreami   George   Burgard,   qui   nous   a   quittés   pour   prendre   en   main   un   Groupe   de   Chasseaméricain,   et  dont   c’est   la  première  mission  de  guerre  sous   ses  couleurs  nationales.  LeLafayette se   souviendra   toujours   de   son  “cow-boy”   aux   17   victoires   sous   les   cocardestricolores, qui devait devenir l’un des rares étrangers Compagnons de la Libération et dont lesuperbe Hawk-87 constellé de symboles de victoire retient toujours l’attention des touristesaméricains  au  Musée  du  Bourget. » (Jean-Pierre Leparc, Les  gars  du  “Lafayette”, Paris,1970).Dans la nuit, les Wellington des Sqn 37, 38 et 104, basés à Sfax, rendent à leur tour visite àl’île italienne, cible en vingt-quatre heures de 192 missions de jour et 48 de nuit.

Opération Crusader/CroisadePéloponnèse – La journée s’annonce décisive, car le QG italien du Péloponnèse estdirectement menacé. Les Alliés, qui s’attendent à une réaction puissante de la Luftwaffe et dela Regia Aeronautica, font décoller dès l’aube leurs chasseurs pour assurer à leurs troupes unebonne couverture aérienne. Mais en réalité, on assiste à un creux d’activité. La Luftwaffe selimite à quelques attaques de Jabos autour de Tripolis et les combats aériens sont assez rares :sept avions de l’Axe sont abattus ce jour-là dans le Péloponnèse (dont deux par lesmitrailleuses de DCA sur half-tracks) contre six appareils alliés. Les avions alliés sontrelativement libres de soutenir leurs hommes, tandis que les bombardiers légers poursuiventleurs attaques sur les terrains de la région d’Athènes. Ces attaques sont pourtant coûteuses :les Alliés perdent onze bombardiers et quinze chasseurs contre onze chasseurs de laLuftwaffe.Au sol, les troupes alliées, notamment la 3e Armoured Brigade britannique et la Brigade Dody(9e D.I.C.), commencent à progresser vers le nord à partir de Sparte. Au même moment, legénéral Godwin-Austen, commandant le XIIIe Corps, ordonne à la 2e Brigade d’InfanterieSud-Africaine de faire mouvement de la plage Priam-V vers la petite ville de Leonidion, surle Golfe Argolique, à l’est de la péninsule.Mais c’est vers Tripolis que se porte l’attention des deux camps.Venant de l’ouest, les forces françaises tentent d’encercler la ville : la Brigade Brosset (83e

D.I.A.) doit contourner la cité par le nord et la Brigade Mobile de la Légion, soutenue par laBrigade blindée Malaguti (1ère D.B.), doit passer par le sud.Bientôt, la Brigade Brosset se heurte au 127e Régiment d’infanterie Firenze (colonel AntonioOxilia). Elle doit emporter une série de points de résistance préparés à la hâte, maisvigoureusement défendus. Les chars légers français, des M3F (avec un canon de 47 mm),s’efforcent d’appuyer leur infanterie mais, beaucoup moins blindés que les Valentine,souffrent beaucoup.

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Au sud, l’attaque commence par se développer de façon plus favorable. Les éléments blindésfrançais atteignent à 11h00 le croisement avec la route de Sparte. De là, les chars doiventpoursuivre vers l’est, puis vers le nord, afin de compléter l’encerclement de Tripolis.Cependant, vers 14h30, en approchant de l’aérodrome de la ville, ils rencontrent des M13/40et des M14/41 (survivants de la division Littorio) et un cache-cache mortel commence,d’autant plus risqué pour les Français que les chars italiens sont appuyés par huit canons PaK-38 allemands. Ces 50 mm antichars, arrivés la veille par avion (et qui ont alors subi de lourdespertes du fait des Hawk-87), ont été soigneusement disposés autour de l’aéroport. Leséquipages de chars français pensent même qu’ils ont face à eux une vingtaine de canons ! Lesantichars allemands sont bien plus efficaces contre le blindage du Sav-41 que le 47 mm L32italien. La Brigade Malaguti perd 14 chars lors de sa première attaque et doit se replier.Malaguti et Jouffrault regroupent leurs hommes et à 16h00, lancent une autre attaque, cettefois en essayant de tourner l’aérodrome tout en fixant les défenseurs. Dans la lumièredéclinante de cette fin de journée, une force italienne composée de huit M14/41, troisSemovente M41 75/18 et onze tankettes L6 (ce qui reste du 3e Groupe de Chars San Giorgio)tente d’arrêter les Sav-41 de la Légion. Une fois de plus, les tankettes montrent qu’elles nesont que des pièges mortels et inutiles. Quant aux chars italiens, ils sont bravement servismais les Sav-41 sont plus puissants, mieux protégés et plus nombreux.A la tombée de la nuit, l’aérodrome est à peu près encerclé et l’avant-garde de la Légion aatteint la route Tripolis-Corinthe, qui part vers l’est. Néanmoins, les forces germano-italiennestiennent encore, et la Brigade Brosset ne peut fermer l’encerclement de Tripolis.Pendant ce temps, à Sparte, le Brigadier Campbell et le général Dody ont entraîné leurstroupes vers le nord pour se joindre à l’attaque de Tripolis. Le général Tilly, qui commande la2e Division Blindée britannique, a confié à Campbell le 11e Hussars et les King’s DragoonGuards pour avancer plus vite. De même, le commandant de la 9e D.I. Coloniale, le généralPellet, a mis sous les ordres de Dody le bataillon de Sav-41 de la division, sauf unecompagnie. Les unités franco-britanniques s’ébranlent à 08h00. Au début, les Italiens qui leurfont face tentent de faire bonne figure, obligeant les Sav-41 à rester à l’avant-garde, car leurblindage résiste mieux aux tirs italiens que celui des Cruisers. Mais lorsque les Italiensapprennent la coupure de la route Sparte-Tripolis par les troupes françaises, ils commencent àlâcher pied et battent en retraite par de petites routes de montagne – plus exactement despistes empierrées – vers le Golfe Argolique, espérant atteindre la route côtière pour pouvoir sereplier jusqu’à Corinthe.A 14h30, l’avance des hommes de Campbell et Dody devient plus rapide. Donald Lincoln,qui a réussi à embarquer avec les mécaniciens des P-39 yougoslaves et à débarquer à Molai,décrit un véritable sprint : « Toute résistance organisée ayant cessé devant ses hommes, leBrigadier Campbell forme un task-group autour des autos blindées Humber du 11e Hussars etde  chars  Cruisers,  qui   filent  au  devant  du  reste  des   troupes.  Les  derniers  30 miles   sontcouverts en quatre heures, sous la garde attentive des P-39D français et yougoslaves. Tropattentive   parfois :   il   leur   arrive   d’ouvrir   le   feu   sur   des   Humber   qui   ont   progresséparticulièrement vite, et seule l’initiative du Brigadier Campbell d’emprunter aux Françaisun énorme drapeau bleu-blanc-rouge évite toute nouvelle erreur. On ne saura jamais aveccertitude quels P-39 ont tiré sur les Humber ; les équipages des voitures blindées accusent lesYougoslaves, et en particulier ma vieille connaissance, le fameux Miha Ostric, supposé êtreprêt à tout pour décorer son avion d’une nouvelle silhouette de véhicule. Mais celui-ci ne faitqu’en rire : « Rrridicule ! m’a-t-il confié (en fait, il a utilisé un mot que les correcteurs duHerald  auraient   sûrement   coupé). Si moi, Miha, j’avais tirré sur ces… charrettes, euxserraient plus là pour plaindrre eux ! » Personnellement,   j’ai   tendance   à   croire   Miha.D’autant plus qu’hier, il a abattu son premier avion ennemi, ce qui l’a obligé à rester sobre

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toute la journée d’aujourd’hui – il avait juré de respecter un jour d’abstinence le lendemainde sa première victoire aérienne… »A 19h30, les premiers éléments du task-group, suivis de près par la voiture decommandement de “Jock” Campbell, rejoignent les hommes de Malaguti qui tiennent lecroisement au sud de Tripolis. Ils ont fait plus de 1 200 prisonniers italiens dans leur courseeffrénée.Du côté italien, les généraux Bitossi et Marazzani quittent la ville sur un ordre venu cette foisde Rome même, via Athènes (arguant de l’urgence, Geloso s’est contenté d’informer aprèscoup Messe, tout juste réinstallé à Corinthe) : l’état-major du Regio Esercito n’entend pasperdre « pour   rien » de précieux spécialistes des forces blindées et mécanisées. Laresponsabilité de la défense de Tripolis revient au seul commandant de la 41e Divisiond’infanterie Firenze, le général Guido Boselli.………Sur la côte ouest, la 10e D.I. entre à Andravida et poursuit vers le nord, ne s’arrêtant que surl’ordre du général Beynet. Le plus important est de nettoyer la région entre la côte et Tripolispour protéger les lignes de communication avec la Brigade Mobile de la Légion et la 1/2e

Brigade Blindée du général de Hauteclocque. Foncer sur Patras serait peu utile, car cette villeest facile à défendre et surtout à ravitailler pendant la nuit par le golfe de Patras.………La nuit suivante, des ferries Siebel commencent à transférer les premiers éléments de la 21e

Panzer Division du Pirée à la côte d’Argolide, dans le nord du Péloponnèse.

Grèce du nord et Mer Egée, 04h50 – La force légère patrouillant à l’ouest de l’île d’AghiosEustratios (TB La Poursuivante et Branlebas, plus quatre MTB), qui n’a rien trouvé pendantla nuit, se retire vers l’est de l’île pour éviter de possibles attaques aériennes. Elle va retrouverdeux heures plus tard l’escadre du contre-amiral Vian, 10 nautiques au nord de Lesbos.L’écoute du trafic radio de l’Axe indiquant la présence d’unités ennemies à la mer,l’Aéronavale lance des recherches pour couvrir une ligne allant des Sporades du Nord àAlexandroupolis.06h20 – L’AT-11 lance quatre hydravions N-3PB de Mytilène et trois autres de Limnos.06h50 – La flottille AB-9 lance quatre DB-73M1 de Chios.07h40 – Aghios Eustratios est la cible d’un nouveau raid de Stukas.07h55 – Les recherches entreprises par les Français portent leur fruit : l’escadre légèreitalienne est repérée dans les Sporades du Nord, à moins de 70 nautiques d’Aghios Eustratios,soit trois heures au plus. L’information est rapidement transmise au contre-amiral Vian. Ilordonne à son escadre de mettre le cap à l’ouest, espérant intercepter les Italiens vers 10h00,et demande une couverture aérienne.

Bataille aéronavale d’Aghios Eustratios08h20 – Le commandant de la flottille AB-9 a décidé de lancer un premier raid. Huit DB73-M1 et M2 3 décollent, chargés de bombes. La couverture aérienne est confiée aux NA-73basés à Mytilène, car les P-38 de la 13e E.C. sont réservés à la défense de Limnos.08h45 – Les huit P-38 lancés à 08h05, patrouillant au-dessus de Limnos, détectent au nord deMoudros le premier raid allemand : 18 Ju 88 du KG 77 escortés par 24 Bf 109 du JG 53. HuitSpitfire V du GC III/1 décollent aussitôt pendant que les P-38 attaquent, utilisant la tactique“piqué-ressource” pour éviter autant que possible le combat tournoyant avec les Bf 109, plusagiles. Cette première escarmouche coûte à la formation allemande quatre Ju 88 et un Bf 109au prix de deux P-38. Profitant de la confusion, les huit Spitfire qui ont grimpé comme des

3 M pour Marine – le M1 est un bombardier-torpilleur, le M2 un “bombardier-canonnier” car le nez vitré du M1est remplacé par un nez métallique portant quatre canons Hispano de 20 mm.

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fous “dans le soleil” (soit vers l’est) font demi-tour et attaquent, abattant trois Ju 88 de plus etquatre Bf 109, perdant deux Spitfire (plus un troisième qui s’écrase à l’atterrissage). Les onzeJu 88 survivants bombardent malgré tout, mais ce bombardement est imprécis et fait peu dedégâts.09h20 – Les DB-73M de l’Aéronavale atteignent la petite escadre ennemie sans leur escortede NA-73, dont les pilotes ont mal estimé la force du vent du nord et sont à ce moment 20nautiques plus au sud. Cela n’empêche pas le commandant Max Guedj (un pilote de l’Arméede l’Air prêté à l’Aéronavale) de mener ses huit avions à l’attaque à hauteur de mât sous lenez des huit Bf 110 du ZG 26 qui tentent de protéger les bateaux italiens. Les vieux torpilleursGenerale Antonio Cascino et Generale Marcello Prestinari sont durement touchés, ainsi quele moderne Aretusa. Les bombes de 250 kg ont un effet dévastateur sur les coques fragiles desdeux petits bâtiments construits vingt ans plus tôt, qui stoppent, brûlant furieusement.L’Aretusa, atteint par une bombe dans la salle des machines et le flanc tribord défoncé pardeux autres bombes tombées juste à côté, chavire quelques minutes plus tard. Les Bf 110d’escorte rattrapent alors les bombardiers qui se regroupent pour une passe de mitraillage,abattant rapidement deux d’entre eux avant qu’ils ne puissent réagir. Mais ils réagissent bel etbien, car débarrassé de ses bombes et à basse altitude, le DB-73 est agile et rapide. Dans lamêlée qui se développe, un nouveau DB-73M est détruit, mais un Bf 110 tombe sous lescanons d’un DB-73M2 et deux autres sont endommagés. L’arrivée des seize NA-73, qui ontcorrigé leur erreur en voyant les colonnes de fumée s’élevant des navires italiens, clarifiebrutalement la situation. Le commandant Guedj ordonne à ses avions de dégager à toutevitesse, ce que font les cinq survivants, pendant que les NA-73 pourchassent et détruisentméthodiquement six des sept Bf 110 restants.Cependant, la fumée et les échanges radio ont aussi attiré un autre client, le contre-amiralVian, avec ses deux croiseurs légers, HMS Aurora (amiral) et MN Montcalm, le contre-torpilleur MN L’Indomptable, les destroyers HMS Panther et Intrepid, et les torpilleurs MNLa Poursuivante et Branlebas (les quatre MTB qui ont opéré durant la nuit sont repartisravitailler à Mytilène).09h50 – Après avoir à deux reprises dû avertir des NA-73 à la gâchette chatouilleuse qu’ilss’apprêtaient à mitrailler une force amie, l’escadre de Vian est en vue des navires italiens.10h05 – L’Aurora ouvre le feu, rapidement imité par le Montcalm et L’Indomptable. Lecombat est évidemment inégal, mais les cinq vedettes lance-torpilles allemandes et italiennesattaquent pour distraire les bâtiments alliés et les écarter du reste de leur escadre qui bat enretraite.10h10 – La courageuse ruée des vedettes ennemies oblige Vian à venir au nord et à envoyerses destroyers et torpilleurs s’occuper d’elles. Néanmoins, à ce moment, le Calatafimi, touchépar plusieurs obus de 152 mm, est en flammes, et quand l’Alcione et le Libra tentent dedéployer un écran de fumée pour couvrir la retraite, le Libra est frappé par deux obus de 138mm de L’Indomptable et stoppe.Pendant ce temps, le combat contre les vedettes de l’Axe est devenu une bataille dans labataille. La portée diminue rapidement et les navires alliés font feu de toutes leurs pièces surles MTB qui filent à toute vitesse en zigzaguant. Pour ce travail, les trois Bofors type Armée,dont les torpilleurs français ont été équipés pour améliorer leur très médiocre armement anti-aérien, se montrent très efficaces, et le “pom-pom” quadruple du Panther est lui aussi d’unegrande valeur à courte portée. La MAS-513 et les S.8 et S.13 sont rapidement incendiées etstoppées. A 10h15, les deux dernières vedettes s’enfuient, ayant lancé toutes leurs torpilles(qui, de jour et à longue distance, sont facilement évitées par les navires alliés).10h16 – Vian, débarrassé d’un souci, ordonne de revenir au 270. Le Simone Schiaffino, cibled’un véritable entraînement au tir des canonniers de l’Aurora, est rapidement transformé enépave (il sombrera à 10h45).

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Les destroyers et les torpilleurs alliés se rabattent alors sur la gauche des bateaux italiens, lesharcelant par le sud pendant que les croiseurs les pilonnent par le nord. Les torpilles duPanther envoient par le fond les deux Generali (l’Antonio Cascino et le Marcello Prestinari),que les avions français avaient endommagés. L’Intrepid entame un duel avec le seul survivantde la 2e escadrille, le Generale Achille Papa. Ce dernier réussit à porter le premier coup,touchant le destroyer britannique près de la cheminée arrière. Mais son adversaire, plus récentet plus puissant, riposte et ses obus de 4,7 pouces détruisent tous les canons du Papa etincendient ses machines. Le vieux bâtiment est en flammes et à la dérive, mais c’est pavillonhaut qu’il est coulé par les torpilles de La Poursuivante.10h21 – Assommé par le Montcalm, le Calatafimi finit par exploser. Les munitions del’armée qu’il transporte ont été incendiées par l’un des multiples obus de 152 mm qui onttouché le navire et le feu s’est propagé à la soute à munitions arrière.10h35 – Sur une mer couverte d’épaves et obscurcie de fumées, Vian ordonne de cesser lefeu, pensant avoir coulé tous les navires ennemis. En réalité, outre les vedettes MAS-501 etS.7, le torpilleur Alcione a pu s’échapper.10h55 – Alors que les navires alliés s’efforcent de recueillir le plus possible de marins et desoldats italiens, le radar de l’Aurora signale des avions venant de l’ouest et Vian ordonne àtous les navires de mettre le cap à l’est. A ce moment, les NA-73 couvrant l’escadrecommencent à être à court de carburant, mais huit d’entre eux vont reconnaître le contact etdécouvrent huit nouveaux Bf 110 du ZG 26, envoyés couvrir les navires italiens. Leschasseurs français abattent deux Bf 110 et mettent les autres en fuite, mais sont obligés derepartir ravitailler. Se doutant que d’autres avions allemands ne vont pas tarder, Vian ordonnede se retirer à 30 nœuds vers Mytilène.12h55 – Les navires de Vian sont à 12 nautiques au sud-est d’Aghios Eustratios, quand leradar de l’Aurora détecte une grande formation aérienne. La balise radio du navire estimmédiatement allumée pour permettre à de nouveaux chasseurs alliés d’accourir plus vite.Ce raid est le premier du Xe FliegerKorps en Mer Egée. L’unité spécialisée antinavires de laLuftwaffe a lancé de sa base de Salonique 27 Ju 87 du I/StG 1 et du II/StG 2 escortés par 24chasseurs du JG 77. Les huit derniers NA-73 du GC II/2 sont débordés et l’arrivée de huit P-38 du GC III/13, qui se dirigeaient de Mytilène vers Limnos pour assurer la garde de l’après-midi, n’est pas d’un grand secours.Le Montcalm prend une bombe de 500 kg entre sa tourelle arrière et son hangar à hydravion,puis une autre sur la poupe, et une troisième explose dans l’eau à moins de trois mètres de lacoque, au niveau de la première cheminée. L’Aurora est frappé par une bombe au pied du mâtprincipal et l’Intrepid par deux bombes, à quelques secondes d’intervalle, sur l’arrière et enplein milieu, tandis qu’une troisième explose près de la coque au niveau de la passerelle. Ledestin du destroyer est atrocement spectaculaire : le malheureux bâtiment se brise en trois etcoule en quelques instants, emportant avec lui la plus grande partie de son équipage etbeaucoup des nombreux soldats et marins italiens qu’il avait repêchés.L’Aurora est sauvé par le fait que la bombe qui le touche explose au contact. Les dommagessont considérables ; un jumelage de 4 pouces est détruit et un violent incendie ravage l’arrière,mais les centres vitaux du navire ne sont pas gravement atteints. Le Montcalm n’est pas aussiheureux : si la bombe qui frappe la poupe explose elle aussi au contact (ce que l’on peutattribuer au fait que le Xe FK a dû utiliser des bombes appartenant au IIe FK, non perforantes),la bombe qui frappe entre la tourelle arrière et le hangar endommage sérieusement la salle desmachines arrière, tandis que le commandant doit ordonner de noyer la soute à munitionsarrière. Les éclats de la bombe tombée près de la coque sont absorbés par le blindage ducroiseur, mais le choc endommage les chaudières avant et la vitesse du Montcalm tombe à 15nœuds. Peu après l’impact de la bombe sur la poupe, le servomoteur du gouvernail tombe enpanne et le croiseur doit gouverner aux hélices. A 14h10, la barre à bras peut être enclenchée

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et le navire peut manœuvrer plus normalement, mais toujours à 15 nœuds, et ce n’est qu’à15h00 que les incendies sont finalement éteints.Pendant ce temps, dans les airs, six Ju 87 ont été abattus par la DCA et les chasseurs decouverture, plus quatre des Bf 109 d’escorte, qui ont détruit quatre NA-73 et trois P-38.Vian ordonne alors à ses navires de poursuivre vers Mytilène, sachant qu’il sera bientôt sousla couverture radar de Lesbos. En fait, aucun autre avion du Xe FliegerKorps ne se montredans la journée, car la plupart ne sont pas encore opérationnels sur leurs nouveaux terrains.C’est fort heureux, car les avions des 2e et 13e E.C. sont très occupés au-dessus de Limnos.

Campagne de LimnosLe commandement allemand ne réagissant pas tout de suite au quasi-anéantissement del’escadre légère italienne et à l’annulation du débarquement à Aghios Eustratios, l’offensiveaérienne visant la neutralisation de Limnos se poursuit avec énergie.11h50 – Un deuxième raid (après celui de 08h45) est intercepté par huit P-38 du GC I/13 etpar huit P-40E du 244e Wing de la RAF. La formation allemande comprend douze Ju 88 duKG 77 escortés par 36 Bf 109 du JG 53, et les chasseurs alliés sont débordés. Ils réussissentcependant à détruire trois Ju 88 et cinq Bf 109 au prix de deux P-38 et trois P-40E.13h35 – Troisième raid, organisé cette fois par le Ve FliegerKorps, qui a lancé douze Ju 87 duStG 3 (celui qui a bombardé Aghios Eustratios le matin même) escortés par 24 Bf 109 duJG 27. A ce moment, les P-38 “de garde” sont occupés à couvrir les navires du contre-amiralVian, et la formation allemande ne rencontre que huit Spitfire du GC III/1 qui ont décollé aumoment de la détection visuelle des attaquants. Les pilotes des Spitfire ont largement de quois’occuper avec l’escorte et la plupart des Ju 87 passent, détruisant le ravitailleur d’hydravionsHamelin dans le port de Moudros ainsi qu’un caboteur, et infligeant de gros dommages à laville. Quatre Bf 109, un Ju 87 et deux Spitfire sont détruits.16h15 – Le quatrième raid n’est aperçu qu’a son arrivée sur Moudros. Douze Ju 88 du KG 77escortés par vingt Bf 109 du JG 53 attaquent l’aérodrome, où ils détruisent au sol deuxSpitfire et trois P-40E. Une nouvelle patrouille de P-38 arrive à ce moment et détruit quatreJu 88 avant que leurs escorteurs puissent s’interposer. Dans le combat qui suit, deux P-38 sontabattus en échange d’un Bf 109 avant que les bimoteurs bipoutres se dégagent.………Cette rapide succession de batailles navales et aériennes aura un considérable impact sur lasuite des événements dans le nord de la Mer Egée.En fin de journée, les deux camps sont d’humeur sombre.Côté allemand, comme les nouvelles sur la destruction de l’escadre italienne parviennent àSalonique, il devient évident que l’attaque de Limnos va être plus compliquée et plus difficileque prévu. L’annulation de l’attaque d’Aghios Eustratios implique que les forces alliées àLimnos pourront être ravitaillées par mer à volonté, au moins de nuit. La destruction destorpilleurs italiens laisse le commandement de l’Axe sans la moindre force navale capable decouvrir un débarquement à Limnos. C’est souligner le bien-fondé de la décision du contre-amiral Vian, ordonnant d’attaquer de jour, malgré la menace aérienne. Les avions allemandsont en effet infligé de gros dommages à son escadre pendant sa retraite, mais les pertes subiespeuvent être absorbées par les marines alliées. Celles infligées à la Regia Marina sontinsupportables, au moins tant que des renforts ne peuvent passer facilement d’Italie en MerEgée.De plus, les pertes de la Luftwaffe ne sont pas négligeables, en particulier celles des KG 77,ZG 26 et StG 3. Enfin, si l’aérodrome de Limnos a été gravement endommagé, et si la based’hydravions est presque anéantie par la destruction du bateau ravitailleur de la flottille AT-11dans le port de Moudros, les bases de Mytilène et Chios sont parfaitement opérationnelles etbien pourvues en avions de combat.

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Côté allié, les défenseurs de Limnos ont sous les yeux les décombres carbonisés laissés par lesquatre raids de la journée. Un point positif en fin de journée: l’arrivée à Chios du porte-avionsd’escorte MN Bois-Belleau avec son écran (CLAA HMS Cairo et CT MN Mogador, Guépardet Verdun, tous trois modernisés). Dans l’après-midi, le commandant du Bois-Belleau aenvoyé les six Swordfish de son groupe aérien à Mytilène. En retour, le dépôt de l’Aéronavaleà Rhodes lui a envoyé des F4F-3, qui se sont posés sur le petit porte-avions à 17h30.

8 marsJaguar : préparatifsMéditerranée centrale – Pendant que les bombardiers légers et les chasseurs-bombardiersfrançais et anglais reprennent leur harcèlement des terrains de la côte sud de la Sicile,Pantelleria est à nouveau violemment bombardée dans la journée par les B-25 français et parles Boston III de la RAF, escortés par des Hawk-87 français et des P-40E de l’USAAF. Dansla nuit, les Wellington des Sqn 37, 38 et 104 prennent le relais. En tout, l’île est la cible de212 missions de jour et 36 de nuit.

Opération Crusader/CroisadePéloponnèse – L’activité aérienne dans la région reste faible, car la Luftwaffe est trèsengagée dans le nord de la Mer Egée et les unités survivantes de la Regia Aeronautica sonttrès occupées à défendre la région d’Athènes. Les actions offensives de l’Axe dans lePéloponnèse se résument à une attaque de huit Bf 109E Jabos contre la Brigade Brosset et uneautre contre les chars de la Légion près de l’aérodrome de Tripolis, sans grande efficacité.En revanche, la bataille au-dessus d’Athènes et Larissa reste très intense. Les forces alliéesperdent 31 avions (16 bombardiers et 15 chasseurs) contre 17 chasseurs de l’Axe (huit de laLuftwaffe et onze de la Regia Aeronautica, qui s’efforce de n’engager que ses unitésdisposant de matériels modernes).Au sol, la bataille pour Tripolis reprend avant l’aube, quand une contre-offensive des Italienspour reprendre le contrôle de l’aérodrome est repoussée par la Légion. Peu après, au nord dela ville, la Brigade Brosset repart à l’attaque vers l’est pour fermer l’encerclement. A 09h30,au sud, c’est le tour de la Brigade Malaguti, maintenant soutenue par le task-group franco-anglais (ou force Campbell-Dody). A 15h30, ces deux attaques convergent près de la routeTripolis-Corinthe.Pendant ce temps, les forces qui se sont emparées de l’aérodrome progressent vers la villemême de Tripolis, et le dernier canon antichar allemand est détruit vers 17h30. A 19h00, lesforces italiennes qui se battent encore dans Tripolis sont complètement encerclées.Plus au sud, le général Godwin-Austen ordonne au major-général Mayne de faire avancer la29e Brigade indienne sur la route Sparte-Tripolis, en soutien des forces qui se battent autourde Tripolis. Au sud-est, les hommes de la 1ère D.I. sud-africaine s’approchent de Leonidion,sur le Golfe Argolique. Et sur la côte sud-ouest, les troupes italiennes encerclées près deGargalianoi déposent les armes devant les hommes de la 1ère D.I. yougoslave. Cet épisodesymbolique ne passe pas inaperçu des caméras alliées. Il sera notamment mis en valeur auxEtats-Unis, d’abord par les films d’actualités, sous le titre « La Victoire des Exilés », puis parl’un des épisodes du célèbre cycle de Frank Capra « Pourquoi nous combattons ».

Campagne de LimnosGrèce du nord et Mer Egée – Aux premières lueurs du jour, le CL MN Montcalm et le DDHMS Sikh quittent Mytilène pour Rhodes puis pour Benghazi, où ils recevront les premierssoins avant de traverser le détroit de Sicile. Ils sont accompagnés par l’escadre du contre-amiral Vian, sur son CL HMS Aurora, endommagé mais encore opérationnel. A 08h00, leur

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formation rencontre le groupe du Bois-Belleau entre Chios et Lesbos. Laissant les TB MNL’Incomprise, La   Poursuivante et Branlebas escorter les deux navires blessés, Vian vaprendre position 15 nautiques au sud de Limnos pour une nouvelle journée de garde, avec leCVE MN Bois-Belleau (16 F4F-3), les CL HMS Aurora (amiral) et MN La Galissonnière, leCLAA HMS Cairo, les DD HMS Gurkha et Panther,les CTAA MN Mogador, Guépard etVerdun et les CT MN Le Fantasque, Le Terrible et L’Indomptable.Pendant ce temps, Limnos a déjà subi une attaque. A 08h50, neuf Ju 88 escortés par seizeBf 109 sont arrivés en catimini et ont réussi à bombarder Moudros, faisant un certain nombrede victimes civiles, avant d’être interceptés par six Spitfire du GC-III/1. Dans le combat qui asuivi, trois Ju 88 et deux Bf 109 ont été abattus, contre deux Spitfire.12h35 – Le radar du Cairo détecte un nouveau raid venant de Grèce centrale. C’est le Ve

FliegerKorps qui a lancé 24 Ju 88 des KG 606 et 806 escortés par 36 Bf 109 du JG 27.Limnos peut faire décoller à temps huit P40E et six Spitfire, auxquels s’ajoutent les huit P-38de la patrouille venue de Mytilène. La direction de la chasse assurée par le Cairo est efficace :les agresseurs sont interceptés 15 nautiques au sud-ouest de l’île. Lors d’une bataille de 17minutes, sept Ju 88 et neuf Bf 109 sont abattus au prix de trois P-40E, deux Spitfire et trois P-38. De plus, la plupart des bombardiers sont obligés de se débarrasser de leurs bombes avantd’atteindre leur objectif et un raid potentiellement très destructeur est évité.Cependant, les communications radio entre le Cairo et les chasseurs de Limnos ont étédétectées par les opérateurs allemands, qui ont compris qu’un nouveau croiseur anti-aérienopérait non loin de l’île.15h15 – Une nombreuse formation ennemie est détectée, venant du nord-ouest. Ce sont lesspécialistes de la lutte antinavires du Xe FliegerKorps, avec 18 Ju 87 du StG 2 et 18 Ju 88 duLG 1 escortés par 24 Bf 109 du JG 77. Le Cairo appelle aussitôt à l’aide les huit P-38 du GCIII/13 de la “patrouille permanente” et le Bois-Belleau lance d’abord huit F4F-3, puis sixautres, chargés d’arrêter les bombardiers qui auraient passé les deux premiers barrages. Laprésence d’autant de chasseurs alliés en pleine mer est un véritable choc pour les hommes duXe FK. Les Bf 109 d’escorte font de leur mieux pour protéger leurs bombardiers, mais sibeaucoup échappent aux seize premiers chasseurs, c’est pour se retrouver démunis d’escortedevant les six derniers F4F-3 – et ce n’est pas la dernière épreuve, car l’intensité du feu anti-aérien de l’escadre est surprenante et éprouvante même pour des équipages aguerris. NeufJu 88 et onze Ju 87 sont abattus (dont deux et un, respectivement, par la DCA), ainsi que sixBf 109, tandis que les chasseurs alliés perdent dans l’affaire quatre P-38 et six F4F-3. Presquetous les Ju 87 doivent se débarrasser de leurs bombes pour survivre et seuls six Ju 88effectuent un véritable bombardement. Ils endommagent le DD HMS Panther et le CT MNLe Terrible, tous deux durement secoués par des bombes qui explosent dans l’eau tout près deleurs coques. Les deux navires restent à leurs postes, mais à 17h00, le contre-amiral Vian doitse résoudre à les renvoyer à Rhodes pour réparations. C’est payer un faible prix pour lesvingt-six avions allemands abattus, d’autant plus que les équipages allemands qui ont pusauter ont été faits prisonniers, alors que les pilotes français qui se sont parachutés (sept surdix) ont été aisément repêchés après la bataille et terminent la journée en offrant une tournéemémorable à bord du Bois-Belleau.

Anjou, Jaguar et vieux bateauxWashington – Peu après son arrivée, l’amiral Ollive a de longs entretiens avec l’amiral Kinget le général Marshall sur les opérations en cours sur le théâtre d’opérations méditerranéen.King donne son approbation à l’opération “Anjou” imaginée par Gensoul, mais les deuxAméricains soulignent que ce qui compte vraiment est la préparation d’une opération contrel’Italie l’été suivant. Ils soutiennent la demande britannique pour le lancement de “Jaguar”.Cette opération doit coïncider avec la troisième partie d’Avenger/Vengeur.

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L’autre point évoqué est le transfert à la Marine Nationale de quelques vieux destroyers desprogrammes de la Première Guerre (dits “four-pipers”) et de sous-marins.– Quatre bateaux de classe Clemson, les DD 190 Satterlee, 181 Mason, 193 Abel P. Upshur et194 Hunt, doivent être transférés après leur conversion en transports rapides pour lesopérations amphibies (APD). Leur machinerie doit être réduite, et leur armement doit secomposer de deux 3 pouces/50 AA, quatre Bofors de 40 mm, quatre Œrlikon de 20 mm et unrâtelier à grenades ASM. Chacun pourra transporter quatre petits bateaux de débarquement(LCPL) et 144 soldats. Ils seront baptisés Goumier, Tabor, Tirailleur et Légionnaire et serontutilisés en Mer Egée.– Quatre bateaux de classe Wickes, les DD 143 Yarnall, 170 Kalk, 168 Maddox et 169 Foote,doivent être transférés après leur conversion en escorteurs côtiers ASM et AA. Ils serontbaptisés Le Corse, Le Breton, L’Alsacien et Le Niçois.– Les vieux sous-marins S-21 (SS 126) et S-22 (SS 127) doivent être transférés pour servir àl’entraînement. Le gouvernement français donne son accord pour que deux autres sous-marinsqui l’intéressaient, les R-14 et R-15, soient transférés à l’Australie, dont le gouvernement abesoin de sous-marins pour entraîner ses unités ASM.

9 marsRenfortsGibraltar – Arrivée des CLAA HMS Dido, fraîchement sorti des chantiers américains aprèsles dommages subis en Méditerranée, et HMS Delhi, seul croiseur de la Royal Navy auxstandards américains, avec cinq 5 pouces/38 et deux conduites de tir Mk-37. Les deux naviresdoivent rejoindre l’escadre de Mer Egée.

Préparatifs : Anjou, Jaguar…Méditerranée centrale – Pantelleria est attaquée par des bombardiers moyens, car lesbombardiers légers et les chasseurs-bombardiers harcèlent le trafic naval sur les côtes d’Italiedu sud et de Sicile. Les 327 missions offensives de la journée provoquent la perte de 25avions alliés (11 bombardiers et 14 chasseurs) dont sept abattus par la flak, contre sixchasseurs italiens (des Macchi MC.200 et 202, plus des Reggiane Re.2000 et 2001, ce que laRegia Aeronautica peut mettre en ligne de plus efficace). Il faut observer ici que ces chiffresn’incluent pas les avions gravement endommagés, plus nombreux bien sûr à rentrer à leurbase du côté italien, mais qui, en pratique, sont souvent irréparables.Par ailleurs, cette journée est la première où des chasseurs de l’USAAF aient engagé desavions ennemis sur le théâtre d’opérations méditerranéen. Seize P-40E des 58e et 59e FighterSquadrons (33e Fighter Group), opérant dans la région de Comiso pour couvrir des DB-73français en mission de bombardement à basse altitude, ont été surpris par une formation de 20Macchi MC.200 et 202 du 51° Stormo CT. Les Américains ont perdu trois avions en échanged’un MC.200 et un MC.202.………Rhodes – Les navires du groupe de soutien du vice-amiral Godfroy quittent Rhodes dans lamatinée pour rejoindre l’escadre du contre-amiral Rawlings à Benghazi. Il s’agit des BB HMSValiant, HMS Warspite et MN Lorraine, du CA MN Dupleix et des torpilleurs MN L’Alcyon,La Palme, Le Mars, Ouragan, Simoun, Tramontane et Typhon. Les DD HMS Napier etHMAS Nestor, Nizam et Norman se sont joints aux escorteurs couvrant les navires quiravitaillent Gythion et Kalamata pour soutenir les forces terrestres alliées.

Opération Crusader/Croisade

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Péloponnèse – Alors que la 29e Brigade indienne approche de Tripolis, la zone del’aérodrome est à nouveau le théâtre de furieux combats, car les Italiens tentent de romprel’encerclement dans ce secteur. La Brigade Mobile de la Légion résiste à cinq assautsdésespérés, dont le troisième parvient presque jusqu’à son QG. Cependant, à partir de 12h30,l’artillerie du 2e Support Group britannique (2e Armoured Division) fournit aux Français unappui-feu très efficace, brisant les derniers espoirs italiens.La Luftwaffe comme la Regia Aeronautica ne font qu’une timide apparition au-dessus deTripolis, où les avions alliés, et notamment les P-39D français et yougoslaves, appuientassidûment leurs troupes. Opérant à partir du terrain K-1, les bombardiers en piqué françaisVultee Vengeance effectuent deux missions contre les Italiens dans la zone de l’aérodrome deTripolis.En pratique, la chute de la capitale de la presqu’île est inéluctable. Mais ce n’est pas pour celaque l’on date en général du 9 mars la fin de l’opération Crusader/Croisade proprement dite,pour parler ensuite de “campagne du Péloponnèse”.………Athènes et Le Pirée – Le Renard des Balkans – le GeneralOberst Erwin Rommel – est enGrèce ! Arrivé à Athènes peu après minuit, il s’entretient dès l’aube avec les états-majorslocaux allemand et italien. A 07h00, il est au Pirée, où il supervise le transfert des troupes duSkandenberg Korps vers le Péloponnèse par des ferries Siebel. Tous les chasseurs de laLuftwaffe non déployés dans le nord sont mobilisés pour couvrir l’opération, où les canons deflak et les chars du 22e Pz Rgt ont la priorité. Pendant ce temps, la 1ère Division de Montagnearrive à Missolonghi, où elle se prépare à traverser le Golfe de Patras sur de petits bateauxréquisitionnés.Convoqué à Athènes, le général Giovanni Messe a découvert qu’il allait à nouveau combattreaux côtés de Rommel, ou plutôt sous ses ordres – grosse différence avec la campagne de1941 ! Une consolation toutefois : Geloso a accordé au nouveau responsable du théâtre duPéloponnèse, mais à destination du XXXVe Corps, de substantiels renforts italiens : la 18e D.I.Messina, prélevée sur le XVIIe CA du général Pafundi, et surtout la dernière réserve duComando Superiore Forze Armate Grecia, la 131e Division Blindée Centauro.

Campagne de LimnosGrèce du nord et Mer Egée – A l’aube, l’escadre de Mer Egée reprend sa garde au sud-ouestde Limnos. Néanmoins, en dehors de la détection de quelques avions de reconnaissance, ellepasse une journée tranquille. En fin de journée, les TB La Poursuivante et Branlebas sontdétachés pour escorter un petit caboteur grec jusqu’à Aghios Eustratios, où il débarque duravitaillement et huit Bofors de 40 mm AA. L’escadre retourne alors vers Mytilène escorterdeux cargos grecs qui font dans la nuit le trajet de Moudros, où ils débarquent du matériel etdu carburant pour les hydravions de la flottille AT-11, ainsi qu’une batterie de 40 mm Boforsdu 25e Light AA Rgt britannique, une batterie de 3 pouces du 74e Heavy AA Regt et unebatterie de projecteurs du 27e Searchlight Rgt (ces batteries font partie des unités transféréesen 1941 d’Egypte à Rhodes).A Limnos même, la journée a été calme, mais les troupes françaises et grecques sont trèsoccupées à déblayer les décombres laissés par les raids de la veille et à préparer la défense del’île.Dans la journée, les pilotes de la 13e E.C. vont de Mytilène à Rhodes pour y prendre denouveaux P-38 afin de remplacer les avions endommagés lors des combats des joursprécédents. Très efficace grâce à son long rayon d’action et à son puissant armement, l’aviona du mal à lutter contre le Bf 109F en combat tournoyant et reste d’entretien complexe enl’absence d’infrastructures importantes. Le commandant de la 13e E.C. décide de regrouper

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tous les appareils des trois groupes en une seule unité de 42 avions (l’effectif normal d’uneescadre est de 60 avions, plus 6 de réserve).

Berlin – Journée de remise en question pour le haut commandement allemand. Keitel reçoiten début de matinée des messages d’Athènes et de Salonique, où il lit clairement l’oppositionentre Rommel, qui souhaite utiliser le IIe FliegerKorps pour couvrir le déploiement duSkandenberg Korps dans le Péloponnèse, et Kesselring, qui veut concentrer les forcesaériennes de Grèce (IIe, Ve et Xe FliegerKorps) pour soutenir l’attaque de Limnos. CommeHitler semble avoir donné son accord aux deux opérations, Keitel se trouve en face d’unvéritable dilemme !Kesselring affirme que les bombardiers de la Luftwaffe ont besoin de repos après les durscombats des jours précédents et que le Xe FliegerKorps est loin d’être opérationnel. Ilsouligne le manque de bombes antinavires (perforantes) dans l’arsenal de Salonique et relèveavec inquiétude la présence dans le nord de la Mer Egée d’un « nouveau porte-avions de laRoyal Navy » (il semble qu’il n’ait pas été informé ou qu’il ait préféré éviter de dire à Berlinque le navire en question était français).A 13h20, une discussion entre Hitler et Halder tourne court, Hitler refusant de choisir entreannuler l’opération de reprise de Limnos et rappeler Rommel, qui a visiblement interprété sesordres de façon très agressive et prépare une attaque de grand style dans le Péloponnèse.Une nouvelle réunion en fin d’après-midi est annulée, Hitler désirant parler directement àKesselring et à Rommel.Enfin, à 23h00, Hitler convoque Halder et Keitel pour leur expliquer que, « même si Limnosest politiquement de la plus haute importance, la vraie démonstration de force vis-à-vis de laTurquie aura lieu dans le Péloponnèse. » Devant un Halder déconfit et un Keitel silencieux, ilconfirme pourtant qu’il approuve les deux opérations, précisant seulement que l’assaut surLimnos devra être entrepris « dès que possible ».Peu avant, Hitler a pris le temps de recevoir le Grand-Amiral Raeder pour autoriserl’opération “Zauberflöte”.

10 marsOpération JaguarLes attaques aériennes contre Pantelleria se poursuivent, tandis que les chasseurs français àlong rayon d’action maintiennent une posture offensive sur la côte sud de la Sicile pourempêcher la Regia Aeronautica d’acheminer des renforts à l’île assiégée. En fin de journée, legroupe de soutien du vice-amiral Godfroy arrive à Benghazi avec ses trois cuirassés et, aprèsun rapide ravitaillement de l’écran, repart vers l’ouest, couvert par les porte-avions du contre-amiral Rawlings.

Opération AnjouOran (Mers-el-Kébir) – L’Escadre de Méditerranée Occidentale, commandée par le vice-amiral Duplat et intégrant la TF-34, quitte Oran à 00h20 pour l’opération “Anjou”. Lescuirassés rapides Dunkerque et Strasbourg et le porte-avions américain Ranger sont entourésdes CA MN Colbert et USS Augusta, du CL USS Brooklyn, des CT MN Volta, Cassard,Kersaint, Tartu et Vauquelin et des DD USS Ericsson, Ludlow, Mayrant, Rhind, Swanson,Trippe, Wainwright et Wilkes.

Renforts

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Gibraltar – Les croiseurs HMS Dido et Delhi, accompagnés du mouilleur de mines rapideHMS Welshman et des destroyers HMS Laforey, Legion, Partridge et Penn (ces deux dernierssont des navires neufs, entrés en service début février 1942), lèvent l’ancre pour Malte.

Campagne du PéloponnèseLes troupes franco-britanniques entrent dans Tripolis, où des Italiens résistent encore. Plus aunord, la Brigade Malaguti (1ère D.B.) avance vers Argos, soutenue par les chars anglais de la1ère Armoured Brigade. A l’est, les éléments avancés de la 1ère D.I. Sud-Africaine entrent dansLeonidion, sur le Golfe Argolique, en fin de journée.Pendant ce temps, les forces allemandes accélèrent les opérations de transport de troupes entreLe Pirée et le nord du Péloponnèse, couvertes par les chasseurs du JG 27 de la Luftwaffe. Cesderniers sont très occupés à repousser les incursions des avions alliés. En trois attaques, ceux-ci perdent onze bombardiers et neuf chasseurs en échange de sept Bf 109F.

Campagne de LimnosGrèce du Nord et mer Egée – Nouvelle journée de calme relatif. Un seul raid à noter contreLimnos : douze Ju 88 du KG 77 escortés par 24 Bf 109 du JG 53, qui se heurtent àl’habituelle patrouille de huit P-38 de la 13e E.C. à haute altitude, vite rejoints par six Spitfiredu GC-III/1, dirigés par le radar du HMS Cairo. La formation allemande perd quatre Ju 88 etcinq escorteurs, en échange de deux P-38 et deux Spitfire.Au crépuscule, un P-38 équipé pour la reconnaissance survole les terrains de l’Axe autour deSalonique et d’Alexandropoulis. Les photos qu’il rapporte montrent que la Luftwaffe continueà y concentrer des forces. Dans la nuit, aidés par le système de navigation Gee, 36Consolidated-32 et 18 Short Stirling attaquent les terrains allemands, mais les résultats sontdécevants, alors qu’un Consolidated et trois Stirling sont perdus du fait des chasseurs de nuitallemands et d’une flak lourde très précise.………Bari – Venant de Tarente, de Venise et de Trieste, les douze bateaux désignés pour la flotteitalienne de Mer Egée se rassemblent à la pointe sud-est de l’Italie. Il s’agit d’abord de huitcontre-torpilleurs : deux grands, les Antoniotto   Usodimare et Emanuele   Pessagno (lessurvivants de la 16e escadrille Ct), deux plus petits mais plus récents, les Geniere et Lanciere,de classe Soldati (fournis par les 11e et 12e escadrilles Ct) et quatre plus anciens, les Euro,Turbine (tous deux survivants de la 1ère escadrille Ct), Francesco Crispi et Quintino Sella(tous deux de la 4e escadrille Ct). Ils sont accompagnés de trois torpilleurs de classe Spica, lesCirce (12e escadrille), Lira et Lupo (tous deux de la 1ère escadrille). Enfin, ces navires doiventescorter le porte-hydravions Giuseppe Miraglia, qui sera utilisé comme transport rapide.SuperMarina a nommé à la tête de cette escadre le contre-amiral Federico Martinengo, ex-commandant du croiseur léger Muzio Attendolo, qui vient d’être promu pour l’occasion.