Mar Mikhael et Marketing urbain

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UNIVERSITÉ LIBANAISE École Doctorale De Droit et des Sciences Politiques, Administratives et Économiques Le Quartier De Mar Mikhael Dans Le Cadre Du Marketing Urbain Préparé par Mireille Khattar Cynthia Nasr Jana Sleiman Présenté à Dr. Charles Ambrosino Beyrouth, 2011 1

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Marketing urbain pour un quartier de Beyrouth, Liban

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UNIVERSITÉ LIBANAISE

École Doctorale

De Droit et des Sciences Politiques,

Administratives et Économiques

Le Quartier De Mar Mikhael Dans Le Cadre Du Marketing Urbain

Préparé par

Mireille Khattar

Cynthia Nasr

Jana Sleiman

Présenté à

Dr. Charles Ambrosino

Beyrouth, 2011

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Introduction

Le marketing Urbain, est une approche qui applique les techniques du Marketing, à la promotion

et la valorisation des villes.

Cependant, dans le cadre de la mondialisation, l'enjeu pour les villes consiste à attirer les hom-

mes et les capitaux pour confronter la compétitivité et leur croissance. Dans ce contexte, la com-

pétition entre les villes se développe et les techniques utilisées dans le monde économique et le

Marketing attirent les décideurs. Alors des campagnes de publicités ont été lancées pour modi-

fier et véhiculer l'image des villes comme New York et le slogan "I love New York" a été crée

pour promouvoir le tourisme. De même la mise en circulation d'un véhicule ou l'ouverture de

nouvelles lignes de train peut être vue comme une opération du Marketing Urbain. Puisqu'il

s'agit d'agir sur la ville à partir d'un mode de transport visible, reconnaissable et dont l'image

positive est associée à celle de la ville.

Le Marketing Urbain s'agit donc d'un dispositif d'action et de communication qui vise à répondre

à une demande sociale et idéologique de transparence, et de participation citoyenne dans un es-

pace global concurrentiel.

Alors, il est important de voir les villes dans ses nouvelles dimensions et considérer les effets de

la mondialisation non seulement sur la production et la consommation mais aussi sur la place et

le rôle des collectivités publiques, en particulier les villes.

Chaque ville veut se faire connaitre sur le plan local et international, en mettant en évidence ses

particularités. Cette approche ne peut se réaliser qu'en considérant les villes comme espaces de

mouvement, un facteur de dynamisme et lieux d'expérimentations économiques, sociales et cul-

turelles. Sans oublier l'importance de la consommation immatérielle comme information, culture

et divertissement. Ces changements font des villes les lieux d'échanges, qui choisis et non plus

subis pour s'affirmer et se différencier.

Alors les villes retrouvent leur place historique en tant que centres de dynamisme et d'innovation,

aux points de croisement d'un réseau mondial, et cette vision est bien reflétée à travers l'Internet.

On remarque aussi, que les villes ne gardent plus seulement leur rôle comme réseau d'échanges,

de marchandises, d'information, etc. mais elles se développent de la vision d'un centre de leur

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région pour devenir les nœuds du réseau pour marquer l'identité de leur région. D’où s'impose le

Marketing urbain, une façon d'intégrer ces changements et comme outils permettant aux villes de

se positionner de nouveau et confronter la concurrence qui est devenue nationale à la fin du siè-

cle passé, puis internationale et fréquemment mondiale aujourd'hui.

Le marketing urbain n'est plus seulement une politique de communication et bien qu'il repose sur

la construction et la mise en valeur d'une image, il se veut aussi une approche politique globale et

son but principal est le développement de la ville sur le plan économique. Et c'est là que la re-

cherche de savoir faire joue son rôle ainsi que les compétences complémentaires permettant une

spécialisation qui mène au développement.

D'autre part, le Marketing Urbain favorise une approche globale de l'usager de la ville. Différent

de la segmentation habituelle: habitants, entreprises, visiteurs, touristes, usagers proches,…il

s'agit de considérer le public dans son ensemble et non pas seulement comme destinataire de la

communication, mais aussi comme usager des prestations et services mis en place par la politi-

que de développement de la ville et comme acteur de son évolution.

Cependant la communication est un enjeu important dans le Marketing Urbain et l'exemple des

grands événements dans lesquels les villes investissent aujourd'hui est un moyen de dynamiser

ces villes pour les développer, accélérer leur croissance, moderniser leurs infrastructures, créer

une image. Alors, le Marketing Urbain et la communication se basant sur une image.

Ainsi nous remarquons que le Marketing Urbain est une opportunité essentielle pour le dévelop-

pement des villes mais à condition de s'ancrer dans la réalité et s'appuyer sur des créneaux bien

identifiées, porteurs de développement et suffisamment diversifiés. Alors il représente un axe de

développement principal avec une orientation exclusive.

Les choix remarquables faits à Mar Mikhael, avec trois axes de développement, correspond aux

principales forces de la ville – ville de connectivité, ville d'art et de culture, et ville de potentiels

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d'investissements, doivent lui permettre d'une part de construire une identité forte et d'autre part,

de miser sur des axes de développement complémentaires et diversifiés1.

Il faut aussi bien souligné que le Marketing Urbain ne fait pas seulement vendre la ville, mais il

contribue à la créer, comme le note Christophe Mager. Et l'attractivité des villes sera liée à sa

taille. Plus un espace urbain compterait d'habitants, plus d'avantage concurrentiel il offre aux

producteurs et aux consommateurs comme: déduction des coûts liées à la congestion dans le cas

du projet AYA (un tour au concept original à Mar Mikhael).

Alors le marketing urbain est là pour aider à constituer les représentations de la ville, pour souli-

gner les différences et pour suggérer aux acteurs économiques de la ville ce qu'elle peut devenir

en trouvant ce dont l'ailleurs est dépourvu.

En conclusion, on peut dire que le Marketing Urbain s'oriente vers la valorisation et la communi-

cation : site internet, blogs, presses, etc. Ainsi que les débats et les acteurs jouent un rôle impor-

tant dans le développement de ce concept.

Notre travail dans ce rapport de recherche vise à s'interroger sur le rôle du Marketing Urbain

dans la rue des Arméniens (quartier Mar Mikhael) dans son histoire jusqu'à présent.

Alors ce travail s'articule autour de trois chapitres:

• Présentation du quartier de Mar Mikhael à travers l'histoire des Arméniens au Liban.

• Etude sur la situation actuelle du quartier et la modification de son image d'un quartier de

connectivité à un quartier artistique à travers le développement des activités culturelles,

développement immobilier,…

• Le Marketing urbain comme axe de développement pour le quartier.

1 Donner du sens au développement de la ville, par Denis Décosterd.

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Chapitre 1

Histoire des Arméniens et Présentation du Quartier de Mar Mikhael

Les arméniens beyrouthins, constituent une minorité reconnue à quelques centaines de personnes

en 1918. Après la défaite ottomane, des Beyrouthins, musulmans comme chrétiens, leur expri-

ment leur solidarité en contribuant à un génocide lancée en faveur des orphelins des déportations.

La tension entre musulmans et Arméniens semble avérée : la seule bataille survenue en ville en-

tre occupants et occupés oppose des civils, policiers et gendarmes musulmans à des soldats ar-

méniens de la Légion Française d’Orient, dont le transfert est immédiatement décidé par les au-

torités françaises qui gèrent la ville au nom des Alliés. Pour prévenir d’autres incidents, celles-ci

interdisent également aux milliers de refugiés qu’elles rapatrient en Cilicie via Beyrouth de sortir

de leurs campements.

La tension ne retombe guère aux victoires de Mustafa Kemal : en 1921, des Arméniens lancent

en ville une souscription en faveur des soldats grecs, ce qui incite des musulmans à en organiser

une autre, au profit des soldats turcs. A Beyrouth, promue capitale de l’Etat du Grand – Liban

crée le 31 août 1920, la tension entre Arméniens et musulmans semble recouper celle prévalant

alors entre libanistes, des chrétiens essentiellement, partisans de la création d’une entité libanaise

indépendante de la Syrie sous mandat français, et unionistes, des musulmans surtout, qui reven-

diquent la mise en place d’une Grande-Syrie indépendante incluant le Liban, projet auquel

l’imposition par la force du Mandat a mis un terme.

C’est en connaissance des problèmes à escompter du côté des musulmans que les autorités man-

dataires se résolvent à l’immigration arménienne en ville quand débute le repli de leurs troupes

de la Cilicie, problèmes d’autant plus importants que les flux deviennent quasi continus jusqu'à

fin 1924, quand l’essentiel du territoire conquis par Mustafa Kemal est vidée de sa population

chrétienne.

Leur installation modifie en effet les équilibres locaux : en 1925, les Arméniens constituent en

ville la deuxième communauté chrétienne beyrouthine et libanaise face aux communautés mu-

sulmanes, fait démographique sensible dans le système confessionnel qui dirige la voie politique

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libanaise, à savoir la répartition des fonctions publiques entre les communautés religieuses sui-

vant leur importance numérique.

A partir d’octobre 1921, des milliers de refugiés affluent en Syrie, dont plusieurs milliers à Bey-

routh, installés par les autorités françaises dans les locaux de la Quarantaine. Deux mois plus

tard, elle indique que le haut-commissaire les a autorisés plusieurs villages dans la montagne et

le patriarche maronite presse les libanais de leur faciliter les conditions de vie et de leur réserver

le meilleur accueil. 2

Pour conclure, depuis leur accueil en 1922-1924, jusqu'à leur neutralisation en 1925 et leur relo-

gement à partir de 1927, les refugiés arméniens ont constitué un dossier relevant presque exclu-

sivement des autorités mandataires.

En vertu du traité de Lausanne, les Arméniens présents au Liban en récurrent la nationalité. Et

l'aide au logement des refugiés constituera un objectif stratégique. En plus, la population refugiée

vivait dans des conditions très précaires, et aucune autorité ne contrôlait les camps. Les camps

étaient de surcroit traversés par de violents conflits entre différentes forces politiques et chefs

locaux et une vision de maintenir l'ordre et l'amélioration des conditions de vie était nécessaire.

Alors un financement était apporté par le gouvernement libanais à la demande du haut-

commissariat et par les apports des organisations arméniennes. Ainsi le premier pas consista

d'acheter des terrains situés autour et sur les pentes du quartier d'Achrafieh. Six sites furent ache-

tés et lotis, aujourd'hui connus sous le nom de Karm al Zeitoun, Khalil Baddawi et de Mar Mik-

hael. Les bénéficiaires des lots construisirent leur habitation grâce à des matériaux fournis par la

Comité central et remboursables à crédit. Puis avec le soutien de membres et d'associations ils

achetèrent des terrains sur l'autre rive du fleuve de Beyrouth, au lieu dit Bourj Hammoud. En

1935, 12 quartiers étaient fondés, 400 constructions abritaient 800 familles 3000 individus. A

Beyrouth, près de 2500 habitations avaient été construites.

En 1935, ne restaient plus que 1000 familles refugiées dans les camps du secteur de la Quaran-

taine.3

2 Les Arméniens 1917-1939 – la quête d'un refuge – sous la direction de Raymond Kevorkian – Léon Nordiguian – Vaché Tachjian – Presse de l'Université st Joseph - 2006 3 Chronos – Revue d'histoire de l'université de Balamand numéro 6 -2002

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Alors La ville de Beyrouth s’est développée en bord de mer entre deux collines : la colline

d’Achrafieh à l’Est et la colline de Ras Beyrouth à l’Ouest. La ville connaît une très forte crois-

sance démographique, passant de 20 000 habitants en 1840 à 60 000 en 1860, puis à 120 000

habitants environ en 1895 à l’époque de la construction de la gare Mar Mikhael. Un siècle après,

en 1995, la région métropolitaine de Beyrouth compte 1 165 000 habitants dont 400 000 à

l’intérieur des limites municipales.4 Dont la communauté arménienne constituait une partie im-

portante. Alors le Quartier de Mar Mikhael est devenue un quartier populaire, abritant une popu-

lation bas / moyenne attaché à leur histoire et qui essaye de trouver leur nouvelle identité dans

cet espace urbaine. Et le quartier est devenu plein de commerçants qui s'intéressent aux services

de voitures, fer, …

4 Remettons le Liban sur les rails du progrès - Afac Liban.

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La gare Mar Mikhaël dans son environnement urbain actuel Image : Tatig Tendjoukian à partir des données de MAPS GEOSYSTEMS

La gare Mar Michaël dans son environnement actuel

Image: Site Har Paroperties

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Chapitre 2

Situation actuelle du Quartier et la modification de son image On a déjà présenté dans le chapitre précédant la situation de Mar Mikhael (Rue d'Arménie) dans

le cadre de l'histoire des Arméniens et leur installation à Mar Mikhael.

Source: Har Properties – 18 sept 2010

Mais le quartier de Mar Mikhael s’est développé à la fin du XIXème siècle, suite à l’installation

des chemins de fer reliant Beyrouth à Damas. A cette même époque l’extension de l’ancien fau-

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bourg de Saïfi a donné naissance au quartier de Gemmayzeh en installant une continuité urbaine

sur le front de mer en direction de Nahr.

• Développement comme centre de connectivité et communication

L’implantation de ce type d’équipement assure deux fonctions contradictoires : "c’est d’une part

un équipement qui relève de l’activité industrielle, du commerce de gros et des activités de stoc-

kage et donc de la périphérie ; et elle devrait d’autre part, par sa taille, le transport des hommes,

les nouvelles communications qu’elle induit, être en rapport direct avec le centre ville, qui est

justement organisé en fonction des échanges entre acteurs économiques, administrations, ban-

ques et services »5.

Bien que La gare « s’inscrit en tant que porte afin d’établir une relation avec le centre ville. Elle

vise directement ce que la ville désigne comme centre actif »6.

Le centre actif de Beyrouth s’organise à cette époque autour de la Place Hamidiyé (renommée

plus tard Place des Canons puis Place des Martyrs). Cette place est le point de départ des trois

routes qui sortent de la ville : la route de Damas, la route de Tripoli et la route de Saïda. Trois

routes au bord desquelles la gare de Beyrouth peut s’implanter et par l’intermédiaire desquelles

elle peut viser la Place Hamidiyé.

Pour atteindre la gare Mar Mikhaël, la ligne contourne la colline d’Achrafieh par l’Est, en lon-

geant le fleuve Nahr Beyrouth. La voie ferrée franchit la route de Tripoli sur un pont métallique,

« Jisr el-Hadid », qui est aujourd’hui encore un point de repère dans le quartier. La ligne atteint

les quais du port en 1903 en longeant la côte sur les terrains gagnés sur la mer.

5 LAMBERT Michèle, « Les problématiques du chemin de fer dans la ville, 1830-1855 », Revue d’Histoire des Chemins de Fer : Les chemins de fer dans la ville, n°5-6, automne 1991-printemps 1992. 6 Ibid.

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Source : Afac - Liban

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Source : Afac - Liban

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On remarque alors que l'installation de gare ferroviaire à Mar Mikhael a crée une image de

connectivité et de communication pour le quartier à partir d'un mode de transport visible, recon-

naissable et dont l'image est directement associée au quartier. Ainsi, l'ouverture de cette ligne de

train peut être vue comme une opération du Marketing Urbain puisqu'il s'agit dans ce cas d'un

dispositif d'action et de communication qui vise à répondre à une demande sociale et de partici-

pation citoyenne dans un espace global concurrentiel.

Pourtant, cette image c'est modifiée avec le temps, et d'autres potentiels (immobiliers, artisti-

ques,…) se sont développés.

• Potentiels pour les promoteurs

Dans le temps passé "le quartier regorgeait de « wikalats », immeubles traditionnels des années

1930 qui s’élevaient sur quatre étages, avec deux appartements par étage. Et des commerces au

rez-de-chaussée étaient implantés à même les rues principales et marchandes. Généralement

orientés vers le nord et avec une double exposition, les appartements étaient distribués à partir

d’une salle centrale. Le jardin, quant il existait, était situé derrière l’édifice ou était remplacé par

une arrière court. Ce modèle fut construit jusqu’en 1950 environ, quand il fut abandonné face à

l’explosion urbaine qui a favorisé des modèles plus rentables.

A côté de ce premier modèle, la « harat » s’est également développée dans les années 1930.

L’utilisation du béton a permis de surélever les constructions et d’élaborer des arcs et des motifs

décoratifs de type différent. La particularité de la « harat » est la véranda qui a contribué à trans-

former le paysage urbain en changeant l’aspect extérieur des habitations. Ce système de véranda

a permis de restituer aux locataires des étages supérieurs la possibilité de rester dehors, de profi-

ter de l’air libre même dans son appartement alors que la « wikalat » ne proposait qu’un étroit

balcon7".

7 Har Properties Site Internet

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Source: Dr. Charles Ambrosino

Aujourd’hui, des immeubles modernes côtoient des maisons pittoresques, qui, pour la plupart,

souffrent d’un manque d’entretien, de dégradation et d’abandon. Malgré tout, ce quartier a su

conserver un parc important de demeures patrimoniales, bourgeoises et qui témoignent du style

architectural de l'époque.

Source: Dr. Charles Ambrosino

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Et comme étant un quartier qui ne manque pas de charme avec l'architecture de ses anciens im-

meubles, ses axes rapides d'accès par l'autoroute de Dora et sa proximité avec le centre de

Beyrouth, les promoteurs commencent à être attirer. Alors des projets de renouvellement du parc

immobiliers vieux se proposent, ce qui va permettre de séduire une clientèle jeune puisque le

quartier est habité de vieilles gens. De même un projet immobilier AYA est en phase de déve-

loppement, qui consiste d'une tour au concept original "fruit d'une recherche des habitants tradi-

tionnels arabes" d'après Mr. Philippe Tabet.

La Tour AYA Source: Har Properties site

Cette tour est un hommage à l'histoire et à la culture de la construction du Moyen-Orient. En

effet, sa structure fait de retraits successifs, donne à chacun des appartements une ouverture to-

tale de sa terrasse vers le ciel. Selon la position des logements dans la tour, leurs terrasses sont

orientées soit face a la mer au nord, vers les montagnes à l'est ou face à la ville au sud. Le déve-

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loppement de cette tour dans la rue d'Arménie, donne une nouvelle image à ce nouveau quartier

en devenir en présentant une architecture moderne, dans un environnement historique, puisque la

tour se déborde par l'un des célèbres escaliers monumentaux du quartier. Ainsi en faisant appel à

des architectes modernes et tendances comme Bernard Khoury, J.M.Bonfils, et le cabinet fran-

çais SOA. De même le projet indique une image d'art contemporain et son lancement s'est fait à

"Beirut Art Center"8 pour lui donner une connotation d'objet d'art qui attire "les clientèles d'au-

jourd'hui, plus sensibles à l'architecture moderne et à l'identité de l'immeuble". 9

Source: Har Properties Site

Mr. Tabet ajouta que le quartier de Mar Mikael ressemble à - MidPack District - en tant que

quartier populaire, habitations bas de gamme etc. et maintenant se transforme en un quartier ar-

tistique.

Ce développement immobilier et économique va emmener à un changement d'image et crée une

attractivité au quartier ce qui va attirer les décideurs.

8 Beirut Art Center – Espace D'exposition d'art contemporain au but non lucrative ouvert au public 9 Philippe Tabet – Chef d'entreprise Har Properties – Entretien Mars 1,2011

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N'oublions pas que la station du train abandonnée fonctionne toujours du côté bureaucratique et

le site EDL (Electricité du Liban) est un immeuble important, et son architecture reflète un projet

de modernisation de nation des années 60s.

Alors dans ce cas on remarque que le développement du projet AYA et l'existence d'autres pro-

jets contribuent au processus de gentrification puisque les investisseurs vont commencer à s'infil-

trer dans le quartier et établir des changements urbains. En plus, cette situation est une façon du

Marketing Urbain dans le quartier et une forme de rente de situation en valorisant économique-

ment le quartier à partir du changement de sa situation.

• Développement Culturel et artistique

D'autre part, Mar Mikhael est vue comme "Nouveau Soho", "Southern de Boston", "Petit Berlin"

ou même "Marais de Beyrouth"10. Ce petit quartier situé entre l'immeuble du siège de l'Electrici-

té du Liban et l'ancienne gare ferroviaire a subi des changements considérables depuis 200711

jusqu'à présent et s'est modifié d'un quartier de centre économique à un quartier artistique par

excellence.

D'après Marwa Arsenios, "En 2007 il y avait 27 artistes (artisans, vieux peintres, artistes contem-

porains, vidéaste,..) Qui vivaient et travaillaient au quartier, aucun pub, seulement des artistes

mais en un peu de temps, il y a eu 10 nouveaux designer shops. Et en 2009 -2010 c'est le boom

des fous – c'est une extension de Gemmayzeh et du Centre Ville".

Ghassan Halawani (artiste vidéaste habitant Mar Mikhael), renforce le rôle des artistes et leur

importance dans le quartier : "les artistes portent une certaine responsabilité sur le changement

qui bouleverse le quartier. Quand les artistes arrivent dans un quartier, c'est appétissant pour le

business, et il y a toujours des gens pour exploiter l'image que les artistes peuvent donner".

10 Le Commerce Du Levant - 11 Marwa Arsenios – Chef de l'espace artistique "98 weeks" – Entretien Mars 2, 2011

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Source: le Commerce du Levant

On remarque que le quartier est connu sur le plan local en mettant en évidence ses particularités

artistiques et culturelles. Puisqu'il est considéré comme espaces de mouvement, un facteur de

dynamisme et lieux d'expérimentations économiques, sociales et culturelles. Sans oublier l'im-

portance de la consommation immatérielle comme culture et divertissement avec l'extension de

Gemmayzeh et du Centre ville.

Alors le quartier retrouve sa place historique en tant que centre de dynamisme, et cette vision est

bien reflétée à travers l'Internet "Mar Mikhael is tipped to be the new hotspot for Beirut party-

goers. Starting where Gemmayzeh ends…" 12

12 Site Now Lebanon - "Skycrapercity" Mar Mikhael, the new Gemmayzeh? The old streets of Mar Mikhael may be

seeing a transformation

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Page 20: Mar Mikhael et Marketing urbain

On remarque ainsi, que le quartier ne garde plus seulement son rôle comme réseau d'échanges,

de marchandises, d'information, etc. mais il se développe de la vision d'un centre de leur région

pour devenir les nœuds du réseau pour marquer l'identité de leur région. D’où s'impose le Marke-

ting urbain, une façon d'intégrer ces changements et comme outils permettant aux villes de se

positionner de nouveau et confronter la concurrence.

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Page 21: Mar Mikhael et Marketing urbain

Chapitre 3

Le Marketing urbain Comme Axe de Développement Urbain au quartier Cohérence, continuité, réalité et recherche de sens sont les éléments de base d'une approche de

Marketing Urbain susceptible à réussir.

Et le cas de Mar Mikhael, reflète les trois axes de développement urbain dans le cadre des élé-

ments du Marketing Urbain. Puisque c'est un quartier qui se développe lentement, mais sure-

ment.

Avant 2007 (Marwa Arsenios), ne représentait rien pour les investisseurs. Mais aujourd'hui cinq

projets résidentiels sont actuellement en cours de construction (Philippe Tabet). Et les tarifs rela-

tivement bon marché des terrains on attiré les promoteurs dans la région, en plus du fait qu'il se

situe dans un prolongement de Gemmayzeh avec moins d'anciennes demeures, tout en étant plus

calme, disposant un alignement le long de la rue principale, une faible densité urbaine, une

proximité du centre ville et de plusieurs voies d'accès pour les piétons et les automobiles.

En plus, avec l'aide de l'association Help Lebanon en 2008, une partie des façades de la rue prin-

cipale ont été rénovées, et ca a donné une image plus vivante au quartier.

Le quartier c'est transformé d'un quartier populaire à un quartier à "BOBO". Et est toujours en

phase de transition, alors qu'il était à l' origine plus artisanal et industriel13. De même des archi-

tectes de caractère comme Bernard Khoury, Jean Marc Bonfils sont derrière la plupart des pro-

jets à Mar Mikhael.

Cependant avec tout ce changement, Mar Mikhael a conservé son image "authentique" représen-

tant une forte raison marketing pour les promoteurs par : ses artisans arméniens, ses garages, ses

quincailleries, ses ateliers mécaniques,…. Et les nouvelles galeries d'art ou boutiques de création

qui se sont implantées n'ont pas rompu avec leur environnement, utilisant des textiles anciens,

vieux meubles ou matériaux usagés dans leurs nouvelles productions. N'oublions pas aussi l'exis-

tence de la gare ferroviaire et son importance comme place de communication et connexion avec

le centre ville et les villes qui l'entourent.

13 Rania Sarieddine Akhras – Présidente de la société Mawarid Real Estate – Skyline Project by Bernard Khoury.

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Page 22: Mar Mikhael et Marketing urbain

Pourtant, l'image du quartier c'est modifié pour être un quartier pour les bobos – les bourgeois

bohèmes - . Et ce développement existe toujours avec l'émergence de nouveaux potentiels de

développement dans le quartier. Comme étant un quartier adjacent à Gemmayzeh qui est saturé

de bars, pubs et connu comme centre de la vie nocturne, Mar Mikhael plus indépendant a attiré

les fashions boutiques, les galeries d'art, les libraires et les bars de musique qui commencent a

remplacer les garages et les ateliers mécaniques créant une nouvelle image pour la ville de Beirut

comme une ville d'art et un alternative au centre ville et Gemmayzeh.

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Page 23: Mar Mikhael et Marketing urbain

Conclusion

Le marketing Urbain donne à voir une fabrique urbaine liant les habitants, les clients et les inves-

tisseurs potentiels pour créer un espace fonctionnel et dynamique dans le cadre du développe-

ment urbain durable, et en s'appuyant sur la dynamique économique et la stabilisation territoriale.

Le quartier de Mar Mikhael va encore recevoir de nombreux nouveaux habitants et investisse-

ments au cours des années qui suivent représentant plusieurs pôles et images d'excellences:

connectivité (comme étant près du centre ville), culture et art (existence de plusieurs boutiques et

galeries d'art) et économique offrant un développement durable et amélioration de la qualité de

vie des résidents.

Cette modification d'image en s'appuyant sur les potentiels du développement du quartier forme

le Marketing Urbain. Devenu une action et communication qui répond à une demande sociale du

quartier et qui pose le quartier dans une situation concurrentielle parmi les villes de Beirut.

Mar Mikhael change d'image, d'un quartier calme, oublié dans son environnent de Beirut de l'Est

où Achrafieh, Saifi et Gemmayzeh jouissaient comme centre de dynamise et divertissement à un

quartier offrant plusieurs potentiels au niveau culturel, artistique, et économique.

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Page 24: Mar Mikhael et Marketing urbain

Bibliographie

• Donner du sens au développement de la ville, par Denis Décosterd.

• Les Arméniens 1917-1939 – la quête d'un refuge – sous la direction de Raymond Kévor-

kian – Léon Nordiguian – Vaché Tachjian – Presse de l'Université st Joseph – 2006.

• Remettons le Liban sur les rails du progrès - Afac Liban.

• LAMBERT Michèle, « Les problématiques du chemin de fer dans la ville, 1830-1855 »,

Revue d’Histoire des Chemins de Fer : Les chemins de fer dans la ville, n°5-6, automne

1991-printemps 1992.

• Beirut Art Center – Espace D'exposition d'art contemporain au but non lucrative ouvert

au public

• Philippe Tabet – Chef d'entreprise Har Properties – Entretien Mars 1,2011

• Chronos – Revue d'histoire de l'université de Balamand numéro 6 -2002

• Le Commerce Du Levant - Revue de commerce

• Marwa Arsenios – Chef de l'espace artistique "98 weeks" – Entretien Mars 2, 2011

• Rania Sarieddine Akhras – Présidente de la société Mawarid Real Estate – Skyline Pro-

ject by Bernard Khoury.

• Har Properties Site Internet

• Site Now Lebanon - "Skycrapercity" Mar Mikhael, the new Gemmayzeh? The old streets

of Mar Mikhael may be seeing a transformation

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