MANUEL DE PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE - … · Recettes poissons 42.500 85.000 170.000 646.000...

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36 PRODEFA RUE 130, QUARTIER HAMDALLAYE FACE HÔPITAL RÉGIONAL SIKASSO BP 273 SIKASSO T +223 21 62 00 90 [email protected] WWW.BTCCTB.ORG LA PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE EN ÉTANG DEUXIÈME PARTIE : 3 - PREPARATION DE L’ETANG 4 - MISE EN CHARGE DES POISSONS DANS L’ÉTANG 5 - ALIMENTATION DES POISSONS MANUEL DE PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE Ministère Délégué auprès du Ministère du Développement Rural chargé de l’Élevage, de la Pêche et de la Sécurité Alimentaire.

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PRODEFA RUE 130, QUARTIER HAMDALLAYE FACE HÔPITAL RÉGIONAL SIKASSO BP 273 SIKASSO T +223 21 62 00 90 [email protected] WWW.BTCCTB.ORG

LA PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE EN ÉTANG

DEUXIÈME PARTIE :

3 - PREPARATION DE L’ETANG

4 - MISE EN CHARGE DES POISSONS DANS L’ÉTANG

5 - ALIMENTATION DES POISSONS

MANUEL DE

PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE

Ministère Délégué auprès du Ministère du Développement Rural chargé de l’Élevage, de la Pêche et de la Sécurité Alimentaire.

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CONCLUSIONS SUR L’UTILISATION DE FERTILISANTS ET D’ALIMENTS POUR POISSONS UTILISES EN PISCICULTURE S EMI INTENSIVE, EN RAPPORT AVEC LE TYPE D’ELEVAGE MIS EN ŒUVRE ET LA CAPACITE FINANCIERE DE L’EXPLOITANT :

Dans une exploitation piscicole, les dépenses en aliments et fertilisants ne sont pas les seules dépenses de l’entreprise, mais elles représentent une grosse partie des frais de fonctionnement d’une pisciculture.

Le choix du type d’élevage et du mode d’alimentation à une grande importance sur les quantités de poisson produite, sur le financement à mettre en œuvre et sur les résultats techniques et financiers de l’exploitation comme le montre le tableau récapitulatif figuré ci-dessous.

Pour faciliter les comparaisons, on considère que tous les étangs et le matériel piscicole sont amortis et que l’exploit ant gère seul son entreprise.

Dans ce tableau ne figurent que les dépenses décrit es dans ce manuel :

� Le coût des empoissonnement : tous les alevins mis en charge ont une valeur de 125 FCFA.

� Le coût de la fertilisation standard décrite dans ce manuel à 5.000 FCFA par 100 m2 et par 6 mois.

� Le coût des aliments qui varie selon sa qualité : simple à 20 FCFA le Kg composé à 220 FCFA le Kg et riche à 440 FCFA le Kg.

Type d'élevage Tilapia non sexé

Tilapia non sexé

Tilapia sexé

Clarias

Nombre de poissons 200 200 300 500

Coût mise en charge 25.000 25.000 37.500 62.500

Fertilisation 5.000 5.000 5.000 5.000

Alimentation simple 5.000

Aliment composé 41.250

Aliment riche 386.100

TOTAL DEPENSES 30.000 35.000 83.750 453.600

Production (Kg) 25 50 100 380

Recettes poissons 42.500 85.000 170.000 646.000

Bénéfice / 100 m 2 / 6 mois 12.500 50.000 86.250 192.400

Pour 1.200 m 2 / an 300.000 1.200.000 2.070.000 4.617.600

Tableau récapitulatif et comparatif pour 100 m 2 exploités pendant 6 mois :

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MANUEL DE PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE

LA PISCICULTURE SEMI-INTENSIVE EN ÉTANG

DEUXIÈME PARTIE

Ce manuel de vulgarisation de la pisciculture au Ma li est destiné à tous les candidats pisciculteurs qui souhaitent pra tiquer avec succès la pisciculture semi intensive en étang en terre, a fin qu’ils sachent quels poissons élever et comment les faire grandir.

Auteur: Jean-Pierre Marquet / PRODEFA

Fonction : Assistant Technique International en Aq uaculture

Employeur : Coopération Technique Belge (CTB)

Remarque: Certaines illustrations schématiques adaptées dans ce manuel par l’auteur, ont été empruntées à un dessinateur, Mr. Razafindrakoto Christian. Elles ont été extraites du « Manuel pour le développement de la pisciculture à Madagascar » (en libre accès via internet), conçu par l’auteur en 1990 pour le compte du projet PNUD/FAO-MAG/88/005. (Réf.: FA0/Document technique N°4 -1992).

Editeur : PRODEFA

Cette publication est la propriété conjointe de la Direction Régionale de la Pêche de Sikasso et du Projet de Développemen t de la Filière Aquacole (PRODEFA) de la Coopération Technique Belg e (CTB). Son utilisation à des fins non commerciales est autoris ée sans modification de son contenu.

La présente publication a été élaborée avec l’aide de la coopération belge. Le contenu de la publication relève de la se ule responsabilité du PRODEFA et ne peut aucunement être considéré com me reflétant le point de vue de la CTB.

Sikasso, mars 2014

Contactez la Direction Régionale des Pêches ou votr e agent du sec-teur pêche le plus proche dans la Région de Sikasso , il vous guidera dans les choix que vous aurez à faire pour produire du poisson de façon rentable.

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CHAPITRE III: LA PREPARATION DES ETANGS

I. Première mise en eau de l’étang

Les étangs piscicoles nouvellement construits ne peuvent pas être complètement remplis en une fois trop rapidement: il faut les remplir progressivement d’eau en plusieurs jours pour que la terre de l’assiette et des digues soient mouillées petit à petit, sans effondrement des digues. Quand la terre est très sèche et que l’étang se remplit trop vite, l’eau n’a pas le temps de se mélanger à l’argile de la surface des digues et si l’eau monte brutalement, une ou plusieurs digues peuvent s’effondrer ou se fissurer, jusqu’à détruire complètement l’étang.

Le premier jour , le pisciculteur fait monter l’eau dans l’étang jusqu’à ce que le niveau d’eau atteigne la moitié de l’assiette de l’étang : cela corres-pond à une hauteur d’eau de 50 cm maximum au point le plus profond de l’étang. C’est le point de vidange où se trouve le tuyau coudé (ou le moine) qui se remplit en premier, ce qui va permettre à la digue aval de s’impré-gner d’eau progressivement et de s’affaisser légèrement. Si la digue s’affaisse de plus de 5 à 10 cm, il faut la recharger d’argile sur la crête pour qu’elle retrouve sa hauteur initiale. On vérifie aussi qu’il n’y a pas de fuites d’eau dans l’assiette de l’étang ni trop d’infiltrations; si c’est le cas, il faut damer une couche d’argile de 10 à 20 cm sur toute l’assiette.

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Résultats prévisionnels :

Les 500 Clarias de 50 gr de poids moyen mis en charge dans un étang de 100 m2 vont prendre en moyenne 5 gr de poids par jour et par individu. A la fin du sixième mois, il n’y aura plus que 400 individus (20% de mortalité par cannibalisme et divers) ; ils pèseront en moyenne 950 gr chacun à la fin du sixième mois. Après 180 jours d’élevage, la production sera de 380 Kg de Clarias d’une valeur marchande (à 1.700 FCFA le Kg) de 646.000 FCFA. Ils auront consommé 877,5 Kg d’aliment (à 440 FCFA le Kg) soit 386.100 FCFA d’aliments à 45% de protéine pour un CT de 2,47 Kg d’aliment consommé par Kg de Clarias produit.

Simulation d’un essai de monocul-ture Clarias avec cet aliment riche :

• Superficie de l’étang: 100 m2

• Mise en charge: 500 Clarias

• Poids moyen départ: 50 gr

• Poids moyen à 180 jours: 950 gr

• Taux de survie: 80%

• Durée d’élevage: 180 jours

Période Poids moyen % Alim Nombre

Ration / jour

Aliment / mois

1° mois 50 5 500 1,25 37,50

2° mois 200 5 500 5,00 150,00

3° mois 350 2 500 3,50 105,00

4° mois 500 2 500 5,00 150,00

5° mois 650 2 500 6,50 195,00

6° mois 800 2 500 8,00 240,00

Vidange 950 400 TOTAL : 877,50

Recettes par 100 m 2 d’étang Dépenses

Poids total 380 Kg de poissons marchands Aliments 386.100 FCFA

Valeur 646.000 FCFA CT 2,47

Bénéfice 259.900 FCFA par 100 m2 d’étang / 6 mois

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3) Aliment composé (en poudre ou en granulés) très riche en protéine : mélange d’ingrédients à 45 % de protéine pour l’élevage plus intensif en monoculture de Clarias :

Pour élever des Silures en monoculture (élevage d’une seule espèce), il est indispensable de pouvoir disposer d’un aliment composé riche en protéine (comprenant entre 40 et 50% de protéines) car les Silures en monoculture n’ont pas accès à des alevins de Tilapia comme complément alimentaire protéiné. Les composants d’une telle ration contiendront obligatoirement de la farine de poisson et des tourteaux qui coûtent cher, mais qui permettent d’obtenir une croissance moyenne par Silure de 5 à 10 gr par jour.

Les Clarias (Manogo) possèdent un organe de respiration qui leur permet de respirer l’air atmosphérique : ils peuvent grossir rapidement même à forte densité (de 5 jusqu’à 10 Clarias par m2) avec une alimentation riche en protéine.

Ils doivent être de tailles homogènes, sinon les plus gros mangeront les plus petits : le cannibalisme est fréquent chez les Silures, et le taux de survie dépend du soin apporté au tri par taille des lots de poissons mis en élevage ensemble.

Il faut également s’assurer que le prix du Kg d’aliment composé et le nombre de Kg d’aliment qu’il faut pour produire un kilogramme de poisson (coefficient de transformation de l’aliment en poisson) permettent de faire des bénéfices comparables ou supérieurs à ceux obtenus en polyculture Clarias-Tilapia ou en monoculture de Tilapias mâles sexés.

Exemple de composition d’aliment riche en protéine (44,2%) à Sikasso :

Ingrédients Prix (FCFA par Kg)

Quantité (Kg) Protéine (%)

Son de riz 30 20 12,00

Tourteaux de coton 120 30 41,00

Farine de poisson 600 50 59,00

TOTAUX 342 100 44,20

Prix de revient 342 1 44,20

Prix de vente 440 1 44,20

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Quand l’eau occupe la moitié de la surface de l’assiette du nouvel étang, le pisciculteur prudent coupe l’arrivée d’eau et attend jusqu’au lendemain matin pour examiner à nouveau l’étang et observer les éventuels dégâts sur les digues.

Le deuxième jour, si aucun dégât n’est constaté, il ouvre à nouveau l’entrée d’eau dans l’étang jusqu’à ce que l’eau atteigne le bas de la digue amont (à l’entrée d’eau) , puis il coupe à nouveau l’arrivée d’eau jusqu’au lendemain matin: le niveau d’eau dans l’étang est alors de 1 m de profondeur au point le plus bas et de quelques centimètres seulement à l’endroit le moins profond de l’étang.

Le troisième jour, il contrôle encore les digues , rajoute de la terre argileuse bien damée sur les portions de digue affaissées (si il y en a), remet le gazon par-dessus, puis ouvre à nouveau l’arrivée d’eau pour remplir l’étang jusqu’ à la profondeur maximum permise par le tuyau coudé (ou la dernière planchette du moine).

L’étang est rempli d’eau ; il ne reste plus qu’à le fertiliser avec des déjections animales pour produire du plancton qui est la nourriture de base de la plupart des poissons. Ainsi les poissons trouveront de quoi manger dès leur arrivée dans l’étang, pour qu’ils s’adaptent vite à leurs nouvelles conditions d’élevage.

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Les déchets de cuisine peuvent être ajoutés tous les jours sur la

compostière

pour être

valorisés en poissons.

Les déchets organiques solides sont placés en m

élange dans la com

postière pour se décompo-

ser.

Le fum

ier et

les fientes

sont dilués

dans l’eau

puis versés

dans l’étang

pour une

fertilisation rapide.

Il faut alterner fumier et m

atière sèche,

et m

élanger fréquem

-m

ent le tout pour accélérer la décom

position.

II. La fertilisation des étangs

La fertilisation

des étangs

consiste à m

ettre dans

la com

postière (ou

directement dans l’étang), des m

atières organiques : déjections animales,

déchets végétaux, sous-produits divers provenant de l’agriculture ou du m

énage.

Les déchets solides, qui mettent longtem

ps à se décomposer, seront

placés dans la compostière.

Les déchets

solubles ou

liquides seront

dilués dans

l’eau, puis

mélangés à l’eau de l’étang.

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Catégorie de Tilapia

Poids

Moyen des

Poissons (en gr)

% du poids total à donner selon tableau

Nombre

de poissons par are (100 m2)

Poids total

des poissons

par are

(en gr)

Superficie

de l’étang

(en ares)

Poids total

des poissons dans l’étang

(en Kg)

Ration

alimentaire

par jour et

par are

(en Kg)

Ration alimentaire par jour et par étang (en Kg)

non sexés 25 10 200 5.000 4 20 0,50 2,00

non sexés 100 5 200 20.000 4 80 1,00 4,00

non sexés 300 2 200 60.000 4 240 1,20 4,80

mâles sexés 60 5 200 12.000 5 60 0,60 3,00

mâles sexés 60 5 300 18.000 5 90 0,90 4,50

mâles sexés 130 5 200 26.000 3 78 1,30 3,90

mâles sexés 130 5 300 39.000 3 117 1,95 5,85

mâles sexés 350 2 200 70.000 2 140 1,40 2,80

mâles sexés 350 2 300 105.000 2 210 2,10 4,20

Autres exemples de calcul de ration alimentaire jou rnalière à recalculer tous les mois, juste après la pêche de contrôle mensuelle du poids moyen des poissons à faire pour chaque étang pour ajuster la ration au poids des p oissons :

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En pratique, la quantité journalière doit aussi être ajustée en fonction des observations du gestionnaire qui alimente les poissons tous les jours : il faut augmenter la dose si tout l'aliment est consommé très rapidement et diminuer les doses journalières si la ration journalière distribuée n'est pas consommée entièrement dans les minutes qui suivent la distribution.

Cette règle générale est confirmée par les pisciculteurs qui alimentent bien leurs poissons, c'est-à-dire ceux qui donnent tous les jours l'aliment au même endroit du bassin et à la même heure et qui observent leurs poissons pendant les nourrissages.

Autres exemples de calcul de ration journalière qui dépend du poids moyen et du poids total des poissons. Il faut les r ecalculer tous les mois, juste après la pêche de contrôle mensuelle à faire par étang :

� Le poids moyen des poissons s’obtient lors d’une pêche de contrôle sur 5 à 10% des poissons de l’étang, prélevés à la senne ou avec un épervier. Il détermine le % du poids total des poissons (estimé par calcul) qu’il faut donner comme ration aux poissons en fonction de leurs besoins de croissance (voir tableau simplifié de rationnement ).

� Le poids total des poissons (estimé par calcul) est égal au poids moyen des poissons estimé par calcul sur l’échantillon prélevé pendant la pêche de contrôle, multiplié par le nombre total de poissons mis en charge :

Poids total = Poids moyen X nombre de poissons dans l’étang EXEMPLE CONCRET DE CALCUL DE RATION : Quelle ration journalière d’aliment faut-il donner à 400 Tilapias mâles sexés de 50 gr mis en grossissement dans un étang de 200 m 2 ? Réponse : il faut faire une pêche de contrôle, calculer le po ids moyen des poissons, regarder le tableau de rationnement e t appliquer le % de rationnement indiqué au poids total des poissons dans l’étang.

Le poids moyen de l’échantillon pêché est de 50 gr.

Pour ce poids moyen, le tableau indique une ration à 5%.

5% de 400 poissons de 50 gr font : 1.000 gr ou 1 kg d’aliment par jour .

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Toutes ces matières organiques vont se décomposer dans l’eau, qui contient déjà naturellement différentes espèces de plantes microscopiques en petites quantités : ce sont des petites algues qui forment le plancton végétal ; il va se développer et se multiplier grâce aux apports de matières organiques décomposées (qui est leur nourriture de base du plancton) sous l’action du rayonnement solaire.

C’est pourquoi il ne faut pas laisser de grands arbres en bordure des étangs car ils donnent de l’ombre au-dessus de l’étang, ce qui ralentit la production de plancton végétal, par manque de lumière.

Quelques exemples de plancton animal et végétal vu au travers d’une loupe :

Quelques jours après, se développent des petits organismes très mobiles qui se déplacent en groupes dans l’étang : le plancton animal (ou zooplancton).

Avec une loupe, on peut voir (dans l’eau) différentes formes d’algues vertes, bleues ou rouges : c’est le plancton végétal (ou phytoplancton) qui donne sa couleur à l’eau de l’étang.

Le plancton végétal se nourrit des matières organiques décomposées dans l’étang et se développe rapidement sous l’action des rayons solaires: une belle couleur verte dans l’étang indique qu’il y en a beaucoup.

Ce plancton végétal va nourrir à son tour du plancton animal, qui est naturellement présent dans l’eau en petite quantité : ce sont des petits organismes qui ressemblent à des petites crevettes de couleur rose ou transparente, qui se multiplient très rapidement quand le plancton végétal est abondant. C’est la nourriture vivante préférée de plusieurs espèces de poissons, dont les Tilapias.

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Le plancton animal comprend beaucoup d’espèces différentes ; les plus petites espèces (qui se voient difficilement à l’œil nu) sont les premières à se développer; puis d’autres espèces plus grandes se développent à leur tour et se nourrissent des plus petites. Toutes ces petites espèces végétales et animales sont à leur tour mangées par les poissons.

Fertilisants recommandés :

Une fertilisation optimale pour obtenir un rendement piscicole compris entre 50 à 100 Kg par 100 m2 et par an peut être obtenue et contrôlant la fertilisation par le disque de Secchi et en la corrigeant pendant toute la période d’élevage de plusieurs façons différente :

1. Par fertilisation « naturelle » organique à base de fientes de volailles (ou d’autres déjections animales, en compostière ou non, qui se transforment en plancton que consomme le poisson) : c’est le circuit normal et naturel de fertilisation des lacs et rivières par les animaux (sauvages ou d’élevage) qui vont brouter des végétaux en brousse, principalement la nuit, et les défèquent dans l’eau le jour. Ce processus naturel augmente fortement la productivité des plans d’eau (la quantité et la taille des poissons). A titre d’exemple, il faut (et il suffit) en moyenne d’utiliser 7 Kg de fientes de volailles séchées puis diluée en étang pour produire 1 Kg de poisson.

2. Par fertilisation « artificielle » à partir d’engrais du commerce : on peut utiliser 2 Kg de N P K (16/20/0) ou (15/15/15) par 1.000 m2 et par semaine car ces rapports N/P provoquent une bonne fertilisation dans l’étang. Pour un étang de 400 m2, il faut 1 Kg de N P K par semaine (à dissoudre dans l’eau dans un seau avant de jeter l’engrais dissous pour ne pas gaspiller les fertilisants dans la boue de l’étang).

3. Par fertilisation « intégrée » en associant un autre élevage (lapins ou volailles) avec l’élevage piscicole, tout en respectant bien les normes d’association optimales suivantes : 6 lapins ou 8 volailles par 100 m2

d’étang. Pour un étang de 400 m2 équipé d’une case sur pilotis, il faudra donc placer 24 lapins ou 32 volailles à élever au-dessus de l’eau. Les déjections animales passeront à travers le caillebotis du plancher et fertiliseront automatiquement l’étang. Si on dépasse ce ratio, il y a un risque de sur fertilisation, qu’il est possible de contrôler avec le disque de Secchi et de corriger avec un apport d’eau propre.

Poulailler sur pilotis en cons-truction sur un étang à Sikasso.

Poulailler sur pilotis: les poules pondeuses fertilisent l’étang pour nourrir les poissons.

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Calcul de la ration complémentaire à donner par are (ou 100 m 2 ) d'étang pour 200 alevins de Tilapia en grossissement (1,5 gr croissance/jour/al.) :

Mois

Poids moyen poissons (gr)

Poids total (Kg)

Ration alim en % poids poissons

Ration/jour (Kg)

Ration/mois (Kg)

Nombre Boîtes/jour

Poids alim./ mois (Kg)

1 10 2 10 % 0,20 6,00 0,2 6

2 55 11 5 % 0,55 16,50 0,5 15

3 100 20 5 % 1,00 30,00 1,0 30

4 145 29 5 % 1,45 43,50 1,5 45

5 190 38 5 % 1,90 57,00 2,0 60

6 235 47 4 % 1,90 57,00 2,0 60

Totaux 280 56

Voir tableau simplifié

210,00 216

Traduction simplifiée de cette ration en dosage vol umétrique à l’aide d’une boîte calibrée :

Le poids moyen indique dans le tableau de rationnement le % du poids total des poissons à fournir chaque jour en aliment aux poissons pendant le mois.

Le dosage volumétrique de la ration quotidienne permet d’ajuster les quantités d’aliments à distribuer par 100 m 2 d’étang.

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Rationnement alimentaire des poissons :

Les aliments coûtent cher il ne faut pas les gaspiller, mais il faut en donner suffisamment pour obtenir une bonne croissance des poissons et couvrir tous leurs besoins.

Une boîte de tomate (dosage volumétrique commun en région de Sikasso) pleine à ras bord de son de riz, pèse approximative-ment 1 Kg, ce qui facilite la distribution volumétrique de cet aliment qui coûte au promoteur 2.000 FCFA par sac de 80 Kg.

Avec 7 à 8 kg de cet aliment (moins de 200 FCFA), le promoteur peut produire 1 Kg de poisson vendu entre 1.700 et 2.250 FCFA/Kg ou 50 alevins de 20 gr à 125 FCFA/pièce, soit jus-qu’à 6.250 FCFA de recette pour un coût alimentaire de 200 FCFA !

Le calcul de la ration alimentaire à distribuer tous les jours aux poissons tient compte de leur poids total et de leur poids moyen. Comme pour toutes les espèces animales, les jeunes poissons ont de gros besoins de croissance et ils mangent plus en % de leur poids que les poissons plus âgés : de 25% de leur poids pour les très jeunes à 2% de leur poids pour les vieux.

Tableau simplifié de rationnement des poissons selo n leur poids moyen :

Poids moyen des poissons (en gr)

Poids moyen minimum

Poids moyen maximum

0,1 5 25 %

5 40 10 %

40 200 5 %

200 400 2 %

% du poids total (estimé) des poissons dans l’étang à utiliser pour calculer la ration par jour à donner aux poissons pendant toute la période comprise entre 2 pêches de contrôle

1 boîte remplie de son pèse 1 Kg.

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Intérêt économique de l’usage de fertilisants :

L’objectif de production visé avec une fertilisation optimale constante et contrôlée quotidiennement au disque de Secchi comme seule méthode d’alimentation des poissons microphages (mis en charge à une densité optimale de poissons en grossissement comprise entre 2 et 3 poissons par mètre carré) est de 50 kg/100 m2/an, soit 25 Kg de poissons par cycle de 6 mois et par 100 m2 d’étang.

Le coefficient de transformation des fientes de volailles en poisson via le cycle de production de plancton est de 7 à 8 : cela veut dire qu’il faut mettre dans l’étang 7 à 8 Kg de fientes pour produire 1 kg de poisson. Pour produire 25 Kg de poissons, il faudra donc mettre dans l’étang 175 à 200 Kg de fientes de volailles par 100 m2 et par 6 mois, soit 8 kg de fientes de volaille par 100 m2 et par semaine (coût équivalent à 200 FCFA par 100 m2 et par semaine).

Le coût de la fertilisation optimale de 100 m2 d’étang pendant 6 mois serait donc de 200 Kg de fientes à 25 FCFA/Kg soit 5 000 FCFA de dépense pour une production de poisson de 25 kg de poissons marchands (vendus selon les saisons entre 1.700 et 2.250 FCFA le Kg).

La fertilisation seule procure une recette brute (h ors investissements et main d’œuvre) de 42 500 FCFA par 100 m 2 et par 6 mois.

En résumé : pour 100 m2 d’étang (empoissonnés à 2 alevins par m2) bien fertilisés avec 8 Kg de fientes par semaine, on obtient 25 Kg de poissons en 6 mois d’élevage sans autres apports d’aliment.

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III. Le contrôle de la fertilisation des étangs

Le plancton est la première nourriture de base des poissons de pisciculture et des plans d’eau naturels. C’est une alimentation facile à procurer aux poissons et elle ne coûte pas cher : juste un peu d’efforts et de soins dans le contrôle et l’apport de matières organiques. Il en faut juste assez : ni trop (pour ne pas sur fertiliser l’eau), ni trop peu (pour ne pas affamer les poisso ns). C’est pourquoi il faut contrôler la présence de plancton tous les jours dans l’étang et ajuster l’eau et les matières organiques en fonct ion du résultat.

On peut tester la transparence de l’eau en y plonge ant la main jusqu’à ne plus la voir :

- si on voit toujours la main quand on a de l’eau jusqu’au dessus du coude: l’eau est claire et contient trop peu de plancton. - si on ne voit plus la main quand l’eau arrive au milieu de l’avant bras: l’eau est trouble et verte, et contient beaucoup de plancton.

Mais tous les bras n’ont pas la même longueur et toutes les mains n’ont pas la même couleur; cette estimation à main nue est difficile à quantifier et à comparer d’une pisciculture à l’autre.

Le bon dosage de la fertilisation n’est pas si faci le qu’il y parait. Un étang doit être exploité en eau stagnante pour que le débit n’entraine pas les fertilisants et les aliments dans l’évacuat ion ou la rivière en aval. Cela permet à l’argile en suspension dans l’e au de tomber au fond et de ne plus troubler l’eau. Ainsi la transpa rence de l’eau permet de juger de l’épaisseur de la couche de plan cton disponible pour l’alimentation des poissons : plus il y a de p lancton, moins il est possible de voir profondément au travers.

� Si la densité de plancton est faible, l’eau sera très claire et il sera même possible de voir le fond de l’étang, là où il est peu profond : les poissons auront faim et grossiront lentement : il faut ajouter des matières organiques dans l’étang pour produire plus de plancton, sinon la durée d’élevage sera longue pour produire des poissons marchands.

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Conclusion :

Avec un aliment complet à 30% de protéine, le gain par Kg de poisson produit diminue, si on le compare au gain p ar Kg de poisson produit avec du son simple qui ne coûte que 200 FCF A.

Mais la recette brute par 100 m 2 d’étang augmente avec un aliment à 30% de protéine, car on peut produire plus de poiss ons par 100 m 2 avec un aliment plus riche (jusqu’à 100 Kg par 100 m2) qu’avec un aliment simple et pas cher comme le son de riz (qui permet d’atteindre 50 Kg de poisson par 100 m 2).

Comparaison du coût alimentaire de production d’1 K g de poisson avec son de riz ou avec un aliment composé à 30% de protéine :

Ou

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Ces formulations plus riches en protéines sont plus coûteuses et moins performante que la combinaison « fertilisatio n + son » en rapport coûts/bénéfices par Kg de poisson produit.

Certaines d’entre elles permettent toutefois d’atteindre les rendements les plus élevé qu’il est possible d’atteindre en étangs exploités en pisciculture semi–intensive sans dispositif d’aération ou d’oxygénation : de 100 à 150 Kg par 100 m2 et par an.

Des alevins de Tilapia biens nourris sont prêts à être vendus pour la consommation après 6 à 8 mois d’élevage bien suivi.

Les achats de fertilisants et d’aliments permettent de produire 50 à 150 Kg de poissons par 100 m 2 et par an.

Ces 3 exemples sont des composition d’aliments préparées par des artisans locaux de Sikasso formés par le projet à partir de sous-produits disponibles dans la région de Sikasso: ils sont plus riches en protéines que les sons de riz ou de maïs car ils comprennent des tourteaux de coton (riches en graisse) et de la farine de poisson (riche en protéine).

Ces aliments sont plus chers que le son, mais ils augmentent les productions par surface d’étang. Ils peuvent être combinés aux ingrédients bons marchés (son et farineux divers) pour atteindre les 30% de protéine requis pour la croissance des Tilapias à un coût raisonnable.

On compare la qualité des aliments entre eux en com ptant le nombre de Kg d’aliment qu’il faut pour produire un Kg de p oisson : ce rapport s’appelle le coefficient de transformation .

Le coefficient de transformation de tels aliments composés à 30 % de protéine est compris entre 2 et 3. Cela veut dire que pour produire 1 Kg de poisson il faut utiliser 2 à 3 Kg de cet aliment. Le coût par kilogramme d’aliment complet est compris entre 220 et 350 FCFA par Kg : donc le coût alimentaire par Kg de poisson supplémentaire produit est alors 2 à 3 fois plus : entre 440 et 1.050 FCFA par Kg (au lieu de 200 FCFA/kg avec le son de riz).

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� Si la densité est trop forte, l’eau sera opaque car le plancton très concentré ne laisse pas passer la lumière : les poissons auront beaucoup de nourriture la journée car le plancton végétal en produit beaucoup quand il y a du soleil. Pendant la nuit, le plancton ne produit plus d’oxygène car il n’y a plus de soleil : le plancton et les poissons respirent l’oxygène dissous dans l’eau pour vivre ; si il y a trop de plancton qui prend beaucoup d’oxygène, il n’y en aura plus assez pour les poissons pendant la nuit et les plus faibles risquent de mourir. Il faut ajouter de l’eau claire pour diluer la concentration des matières organiques qui produisent trop de plancton pour permettre à tous les poissons de respirer la nuit.

Le disque de Secchi :

Un disque de Secchi standard et gradué permet de mesurer l’épaisseur de la couche de plancton avec plus de précision. La transparence de l’eau qui témoigne d’une quantité de plancton qui con-vient le mieux aux poissons est de 20 cm de profondeur.

Fabrication d’un disque de Secchi artisanal :

On commence par découper un disque rond de 25 cm de diamètre dans une tôle plate métallique, puis on peint 2 paires de triangles qui se font face, l’une en noir, l’autre en blanc pour obtenir un contraste maximum.

Puis on peint en 3 couleurs un manche à balai en bois que l’on fixe au centre du disque contre la couleur rouge: il ne reste plus qu’à plonger très lentement le disque dans l’eau.

INSUFFISANT

TRES BON

EXCEDENTAIRE

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Le disque de Secchi à 3 couleurs est un outil pratique pour contrôler la qualité de la fertilisation d’un étang.

Quand on enfonce le disque dans l’eau et que le contraste noir blanc est visible dans le bleu : c’est OK.

Mode d’emploi :

On enfonce le disque verticalement et très lentement dans l’eau de surface fertilisée de l’étang jusqu’à ce qu’on ne perçoive plus le contraste de couleur noir – blanc devenu invisible à cause de la couche de plancton qui fait écran et dont on évalue la qualité et la quantité par cette méthode simple.

Interprétation :

Si le contraste est toujours visible alors que les portions rouge et bleue du bâton sont sous l’eau et que le ras de l’e au affleure sur le bâton dans la couleur jaune, cela signifie qu’il n’ y a pas une bonne fertilisation ni assez de plancton dans l’étang po ur nourrir les poissons: il faut ajouter des fertilisants.

Si le contraste disparait progressivement alors que la portion rouge du bâton est sous l’eau et que le ras de l’eau affl eure sur le bâton dans la couleur bleue, cela signifie qu’il y a une excellente fertilisation et assez de plancton dans l’étang pou r nourrir les poissons : ne rien ajouter comme fertilisant et ne pas ajouter d’eau (il y a assez de plancton), sauf si le niveau d’eau bai sse.

Si on ne voit plus le contraste alors que le bâton est à peine enfoncé et que le ras de l’eau affleure sur le bâton dans l a couleur rouge, cela signifie qu’il y a trop de fertilisation et trop de plancton dans l’étang : risque de mortalité des poissons pendant la nuit, q uand le plancton consomme l’oxygène faute de lumière au lieu d’en pr oduire. Il faut « diluer la soupe » avec de l’eau propre et claire jusqu’à retrouver la couleur bleue qui traduit une bonne fertilisation.

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Exemple 2 : aliment composé avec vitamines et minéraux (prémix) à 30%

Exemple 3 : aliment meilleur marché, mais moins riche en protéine (20%)

Ingrédients Prix (FCFA par Kg) Quantité (Kg) Protéine (%)

Son de riz 30 45 12,80

Tourteaux de coton 140 45 41,00

Farine de poisson 800 10 59,30

TOTAUX 15.652 100 30,14

Prix de revient 170 1 30,14

Prémix 2.500 0,001 p.m.

Prix de vente 220 1 30,14

Ingrédients Prix (FCFA par Kg) Quantité (Kg) Protéine (%)

Son de riz 30 80 12,80

Tourteaux de coton 140 10 41,00

Farine de poisson 800 10 59,30

Prix de revient 120 1 20,27

Prix de vente 160 1 20,27

TOTAUX 11.800 100 20,27

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2) Aliment composé en poudre : mélange d’ingrédient s à 30 % de protéine

Des formulations techniquement plus productives sont également possibles pour atteindre ou approcher les 30% de protéine qui correspond à l’optimum de l’alimentation des Tilapias et des Heterotis.

Les Silures exigent 45 à 50 % de protéine dans leur alimentation pour exprimer pleinement leur potentiel de croissance en monoculture, mais ils peuvent prélever ces protéines par prédation sur les alevins excédentaires et non désirables des Tilapias élevé avec lui en polyculture : les Clarias ne peuvent avaler que les poissons plus petits que la largeur de leur bouche.

Quelques exemples de composition d’aliments titrant 20 à 30 % de protéine :

Exemple 1 : (les prix de certains composants varient avec la saison)

Ingrédients Prix (FCFA par Kg) Quantité (Kg) Protéine (%)

Maïs 30 à 40 15 9,00

Son de riz 20 à 30 25 12,80

Tourteaux de coton 100 à 140 45 41,00

Manioc « Atiéké » 120 à 166 3 2,00

Prémix (vitamines) 2.500 0,001 p.m.

Farine de poisson 500 à 800 12 59,30

Prix de revient 189 1 30,20

Prix de vente 240 1 30,20

TOTAUX 17.750 100 30,20

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Le disque de Secchi adapté et dessiné ci-contre est un instrument pratique pour contrôler la fertilisation d’un étang. Il est facile à fabriquer localement : il suffit de peindre 45 cm d’un manche à balai en 3 couleurs de peintures à l’huile :

15 cm jaune en haut, 15 cm bleue au milieu, 15 cm rouge en bas,

puis de fixer ce manche sur un disque métallique de 25 cm de diamètre peint en blanc et noir comme sur le schéma.

Dans cet étang fertilisé, le contraste noir - blanc du disque de Secchi disparaît à la vue quand le ras de l’eau se trouve au niveau de la couleur bleue (20 cm de transparence environ) : c’e st une très bonne fertilisation. Les poissons sont élevés dans de bon nes conditions d’élevage : beaucoup de plancton à manger et de l’o xygène à respirer.

INSUFFISANT

TRES BON

EXCEDENTAIRE

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CHAPITRE IV : LA MISE EN CHARGE DES POISSONS DANS L’ÉTANG

I. Les espèces d’élevage piscicole conseillées au M ali

Plusieurs espèces africaines de poisson ont fait l’objet de recherches intensives en Afrique depuis les années 1950, date des premiers essais de pisciculture sur le continent. Après plus de 60 ans de recherche, d’essais fructueux et d’erreurs, 2 espèces complémentaires ont démontré avec succès leur capacité de production à faible coûts et leur rentabilité : le Tilapia du Nil (Oreochromis niloticus) et le Silure (Clarias gariepinus). Certains pisciculteurs utilisent une troisième espèce complémentaire en cours de domestication : l’Heterotis (Heterotis niloticus).

1) Le Tilapia du Nil 2) Le Silure 3) L’Heterotis

1) Le Tilapia nilotica (Oreochromis niloticus) ou n’tèbenfing en bamanan :

C’est l’espèce principale d’élevage au Mali. En phase de grossissement, on l’élève à une densité de 2 à 3 poissons par m2, les mâles étant préférés aux femelles à cause de leur croissance plus rapide que celle des femelles (jusqu’à 50% plus élevé).

Les femelles gardent leurs œufs et leurs larves dans leur bouche pour les protéger des prédateurs : elles ne peuvent donc pas se nourrir pendant une grande partie de la durée d’élevage, ce qui provoque rapidement une baisse de la croissance des femelles. Les mâles se nourrissent tous les jours et grossissent plus vite : c’est pourquoi l’élevage mono sexe mâle produit plus que l’élevage en sexes mélangés.

Quand il y a trop d’alevins dans l’étang, cela pose un deuxième problème: les poissons doivent se partager l’espace et la nourriture, ce qui diminue la croissance individuelle de tous les poissons présents dans l’étang.

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Alimentation complémentaire des poissons

La combinaison d’une bonne fertilisation et d’une alimentation complémentaire en farines ou son de riz ou de maïs permet d’obtenir des rendements compris entre 50 à 100 Kg de poissons par 100 m2 et par an et de maximiser les bénéfices par Kg de poisson vendu.

La combinaison de la fertilisation et d’une alimenta-tion à base de farineux simple permet de doubler les productions.

Un mélange plus performant de sous-produits agricoles plus riches en protéines permet de les tripler.

Si l’aliment complémentaire à la fertilisation est un mélange d’aliments plus riche en protéine (30% et plus), les rendements peuvent alors atteindre les 150 Kg de poissons par 100 m2 et par an ; le bénéfice par Kg de poisson produit diminue à cause du coût plus élevé des aliments riches en protéine, mais le bénéfice par 100 m2 d’étang et par période d’élevage est plus élevé.

Les différents types d’aliments locaux disponibles à Sikasso :

1) Aliment simple en poudre bon marché : son de riz , de maïs ou vieux pain

Ces sous-produits bons marchés, mais à faible taux de protéine, ont un bon coefficient d’encombrement : ils remplissent bien l’estomac des poissons. Cela permet aux poissons de bien valoriser les protéines contenues dans le plancton produit par une bonne fertilisation en étang et se traduit par une nette augmentation des rendements : jusqu’à 80 à 100 Kg/are/an, pour une dépense relativement modeste, comparable au coût des fertilisants. Le Kg de son coûte autour de 20 FCFA ; il a un coefficient de transformation (quantité de son nécessaire pour produire un Kg de poisson) de 7 à 8, comparable à celui des fientes. Ainsi la combinaison d’une alimentation à base de plancton produit par des déjections animales et d’un complément en son permet de bonnes productions à faible coût.

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CHAPITRE V : L’ALIMENTATION DES POISSONS

Les Tilapias sont des poissons très faciles à élever et peu exigeants pour leur nourriture : une bonne fertilisation des étangs complétée par un aliment farineux ou encore mieux, un mélange de plusieurs sous-produits agricoles à 30% de protéines, permet d’atteindre des rendements piscicoles compris entre 50 et 150 Kg par 100 m2 et par an.

Les Tilapias sont des poissons peu exigeants pour leur nourriture qui est très variée.

De nombreux sous-produits agricoles sont consommés et bien valorisés par les Tilapias.

Avec une même quantité de son (200 Kg à 5.000 FCFA) en complément des fientes (200 kg à 5.000 FCFA), les productions sont doublées et les bénéfices aussi (hors autres frais non alimentaires) :

50 Kg de poissons à 1.700 FCFA valent 85.000 FCFA pour une dépense de 10.000 FCFA.

Bénéfice/100 m 2 : 75.000 FCFA.

Rappel : la seule fertilisation de 100 m2 d’étang (empoissonné à 2 Tilapias par m2) pendant 6 mois coûte 200 Kg de fientes à 25 FCFA le Kg, soit 5.000 FCFA de dépense; elle produit 25 Kg de poisson à 1.700 FCFA le Kg, soit une recette de 42.500 FCFA.

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En élevage des 2 sexes ensemble (sexes mélangés), les Tilapias se reproduisent trop vite car il y beaucoup de femelles qui pondent beaucoup d’œufs, qui produisent beaucoup d’alevins : quand il y a trop d’alevins, on ne peut plus évaluer les besoins alimentaires des poissons car leurs poids et leur nombre dans l’étang sont inconnus. Il faut ajouter quelques prédateurs dans l’étang de grossissement des Tilapias pour éviter qu’ils soient trop nombreux : ces prédateurs seront chargés de dévorer les alevins indésirables pour que les Tilapias mis en charge puissent grandir normalement. Les Clarias font très bien ce travail à partir d’un poids moyen de 150 gr. Quand ils sont plus petits, ils sont moins efficaces ; trop gros, ils mangent tous les poissons.

Pour reconnaître les poissons mâles des poissons femelles il faut regarder leur sexe : les mâles ont un sexe plus allongé que celui des femelles. Les femelles ont une fente longitudinale au milieu de leur sexe plus rond que celui des mâles. Cette différence est bien visible pour des poissons de plus de 40 gr. Le sexe des poissons sert à évacuer l’urine et les produits sexuels des poissons. Il est située juste à l’arrière de l’anus (sortie ronde de l’intestin situé juste avant le début de la nageoire anale quand on part de la tête vers la queue).

Pour pratiquer l’élevage mono sexe, le pisciculteur devra déterminer le sexe des Tilapias en examinant attentivement la forme de son sexe (appelé papille uro-génitale) et ne prendre que des mâles à élever.

Au stade d’adulte mature, il est facile de distingu er les poissons mâles (photo de gauche) des poissons femelles (phot o de droite).

Chez le mâle (à gauche sur le schéma) elle est protubérante, en forme de cône et elle porte un seul orifice à son extrémité.

Chez la femelle (à droite sur le schéma) elle est petite et arrondie, avec une fente transversale au milieu (orifice génital) et un orifice urinaire à son extrémité.

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Le mâle construit un nid en forme d’assiette creuse dans le fond de l’étang; il parade autour de son

nid pour attirer les femelles et défend les abords de son nid contre les autres mâles qui approchent son territoire.

2) Le Clarias gariepinus ou manogo en bamanan :

Ce poisson à peau nue est classé comme omnivore ou prédateur. Les Clarias sont des poissons mobiles qui vont à la recherche de leurs proies. Leur régime alimentaire est composé de vertébrés (oiseaux, poissons, grenouilles), mollusques, crustacés, diatomées, détritus et organismes benthiques. Ils arrivent à avaler des proies d’une taille égale à la moitié de leur longueur ou 10 % de leur poids. Ils ont une croissance rapide (jusqu’à 5 gr par jour) et sont fréquemment rencontrés dans les plaines d’inonda-tion où ils se reproduisent lors des crues, dans les herbes immergées.

Ils ont tendance à remonter le courant d’eau et peuvent traverser de petites distances à l’air libre sur des surfaces mouillées en rampant sur l’herbe mouillée à l’aide de leurs nageoires pectorales, et en respirant l’air atmosphérique grâce à leurs organes respiratoires complémentaires situés dans la tête, au-dessus des branchies.

Grâce à ces organes respiratoires, ils résistent à des conditions difficiles (eau trouble et peu profonde, pauvre en oxygène dissous), mais ils ne peuvent pas survivre longtemps dans la boue qui obstrue leurs branchies et parfois même, leur système de respiration secondaire, quand ils restent dans la boue trop longtemps.

La reconnaissance des sexes est facilement visible chez les Clarias, car le sexe des mâles est très allongé, alors que c elui de la femelle est parfaitement rond et légèrement plié au milieu. Les femelles prêtes à pondre ont le ventre ballonné et dur au to ucher. Celles qui ont un ventre flasque ne le sont pas.

Femelle

Mâle

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4. Grossissement d’alevins de Tilapia nilotica sexés élevés en polyculture triple : Tilapia-Clarias-Heterotis (mét hode recommandée)

Les pisciculteurs qui veulent bénéficier de la forte vitesse de croissance des mâles de Tilapias vont mettre en charge 2 Tilapias sexés de 30 à 50 gr par m2 d’étang. Ils ajouteront par précaution, 10% de Clarias sur le nombre total de Tilapias « mâle » pour éliminer les alevins produits lors des erreurs de sexage parfois fréquentes (jusqu’à 5% d’erreur parfois) qui produisent des alevins indésirables.

Le poids des Clarias d’accompagnement doit être compris entre 250 et 500 gr pour qu’ils soient opérationnels dès la mise en charge dans leur rôle d’éliminateur d’alevins indésirables. On pourra compléter cette mise en charge en polyculture triple avec un alevin d’Heterotis de 4 à 10 gr (ou plus) par 10 m2 d’étang.

Polyculture Clarias-Tilapias non sexé : 1 Clarias de 50 gr pour 2 Tilapias non sexés de 10 gr par m 2 d’étang.

La croissance journalière des poissons dépend de l’espèce et de la disponibilité de nourriture.

Pour toutes les espèces piscicoles , quand on augmente le nombre de poissons par mètre carré d’étang, on diminue la vit esse de croissance individuelle de tous les poissons présents dans l’é tang et on augmente le risque de mortalité par manque d’oxygèn e, surtout la nuit.

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Il faut empoissonner ces étangs piscicoles avec 2 poissons par mètre carré d’étang. Dans l’exemple présenté ci-dessus (poids moyen individuel des alevins égal à 10 gr), il faut 200 poissons par 100 m2 d’étang, ou 2 kg d’alevins de Tilapia par 100 m2 d’étang mis en charge (200 poissons de 10 gr = 2 kg de poisson).

Malheureusement, ces poissons se reproduisent très vite en étang : ils se reproduisent dès qu’ils sont matures, à partir de 30 gr en étang (ce qui n’arrive normalement pas en milieu naturel, quand ils ont plus d’espace). Chaque femelle peut produire entre 300 et 3.000 alevins tous les mois selon sa taille et surtout la taille de sa bouche, car elle pratique l’incubation buccale) : une grande bouche contient plus d’alevins qu’une petite. Conséquence : l’étang se retrouve vite surpeuplé d’alevins de petite taille et il n’y a pas assez de nourriture pour tous.

Dans ces condition, la plupart des poissons restent petits (nanisme) : la gestion de l’étang devient vite incontrôlable, car on ne connait plus le poids des poissons à élever et on ne sait plus calculer la ration alimentaire dont ils ont besoin.

Pour éviter cette situation qui empêche les alevins mis en charge d’atteindre un poids important (compétition alimentaire d’un trop grand nombre d’alevins), il faut associer des prédateurs d’alevins qui vont consommer tous les alevins indésirables et permettre la croissance normale de ceux mis en charge.

Pour cette raison, les jeunes alevins non sexés de Tilapia placés en grossissement « longue durée » en étang doivent être accompagnés et contrôlés pendant leur croissance par des Clarias (« Manogo » en Bambara). Le bon équilibre d’espèces pour cette polyculture de poissons non sexés est de 1 Clarias de 20 à 50 gr de poids moyen pour 2 Tilapias de 5 à 15 gr de poids moyen.

En polyculture Clarias-Tilapias non sexé la mise en charge est de : 1 Clarias de 50 gr pour 2 Tilapias non sexés de 10 gr, par m2 d’étang.

Si les silures sont trop gros à la mise en charge, ils auront vite la taille suffisante pour manger tous les poissons.

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3) L’Heterotis niloticus ou fanan en bamanan :

Ce poisson à grosses écailles s’élève occasionnellement en polyculture avec des Tilapias et des Silures à une densité de 1 poisson/10 m2. Il grossit rapidement à cette faible densité (jusqu’à 9 gr par jour). Cette espèce cohabite bien avec les 2 autres (si les silures ne sont pas trop gros) et se satisfait de plancton et d’aliments en poudre riches en graisse (tourteaux) qu’elle valorise bien. Les Heterotis ont aussi un système de respiration de l’air qui leur permet de bien s’adapter en eau stagnante (marécages, étangs). Ce poisson n’est pas un prédateur d’alevins.

II. Les mises en charge en production piscicole sem i inten-sive

1. Reproduction du Tilapia du Nil :

La reproduction des Tilapias est très facile en étang, dès que la température de l’eau atteint ou dépasse les 20 ° C (ce qui est pratiquement toujours le cas au Mali). La mise en charge conseillée pour des étangs en reproduction est de 0,7 géniteurs par m2 d’étang avec un 1 mâle pour 3 femelles. Pour un étang de reproduction de 4 ares (400 m2) il faut compter 280 géniteurs d’un poids moyen compris entre 100 et 300 gr : 70 mâles pour 210 femelles est la proportion des sexes des géniteurs de Tilapia qui donne les meilleurs résultats de production d’alevins.

On met en charge 70 mâles et 210 femelles dans un étang de 4 m2 bien fertilisé, sans boue dans le fond de l’étang, pour que les nids restent propre.

Les alevins sont récoltés précautionneusement à la senne tous les 15 jours pour être transférés dans des étangs de pré-grossissement.

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Si les alevins sont prélevés dans les étangs de reproduction (bien fertilisés) tous les 15 jours et que les géniteurs sont bien alimentés (à 5% de leur poids total par jour), il y aura beaucoup d’alevins de 2 à 4 gr de poids moyen. Bien conduite dans un bon étang bien fertilisé de 4 ares (400 m2), la production d’alevins attendue est de l’ordre de 4.000 alevins de 2 à 4 gr tous les 15 jours.

2. Pré grossissement d’alevins de Tilapia nilotica non sexés prélevés dans les étangs de reproduction :

Il reste à élever ces alevins de 2 à 4 gr produits dans des étangs de pré-grossissement, jusqu’à ce qu’ils atteignent un poids et une taille suffisante (10 à 15 gr environ) pour résister à des transports longue durée pour leur grossissement dans d’autres étangs en sexe mélangés et la vente aux pisciculteurs.

On peut aussi les élever jusqu’à un poids moyen de 40 à 50 gr pour pouvoir les sexer et pratiquer l’élevage mono sexe des mâles qui est plus rentable.

La mise en charge conseillée pour de tels étangs de pré grossissement est de 10 alevins par m2 d’étang (1.000 alevins par are d’étang) ; cette densité peut monter jusqu’à 40 alevins par m2 d’étang si tous les alevins sont vendus à un poids de 15 à 20 gr maximum.

Les alevins sont manipulés avec de grandes précautions dans des bassines d’une eau à même température que celle de l’étang.

Il faut placer les alevins en pré grossissement dans un étang bien protégé des prédateurs car ils sont des proies faciles.

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Si la durée de pré-grossissement est prolongée jusq u’à un poids de 30 à 50 gr, il ne faudra pas dépasser les 10 alevin s par m 2 d’étang pour éviter les mortalités par manque d’oxygène en eau stagnante : arrivé dans cette gamme de poids moyen, ils ont une taille qui rend possible la reconnaissance des sexes sans faire tro p d’erreur pour des pisciculteurs qui préfèrent n’élever que les mâ les pour produire plus vite des poissons marchands et gagner plus.

Rappel : Les mâles de Tilapia grossissent plus vit e que les femelles.

Dans les 2 cas, pour atteindre le poids moyen de vente souhaité de 10 gr ou de 40 gr, à une densité de 10 ou de 40 alevins par m2 d’étang, il faut adapter la quantité de nourriture distribuée par jour au poids et à la quantité de poissons en élevage dans l’étang. Ce calcul doit être fait tous les 15 jours après une pêche de contrôle du poids moyen estimé sur un échantil-lon d’alevin comprenant 5 à 10% du nombre de poisson mis en charge.

3. Grossissement d’alevins de Tilapia nilotica non sexés contrôlés par des Silures :

La mise en charge des étangs de grossissement en une seule phase d’élevage de 6 à 8 mois en pisciculture semi-intensive s’effectue avec des alevins de Tilapia nilotica d’un poids moyen compris entre 5 et 15 gr, à raison de 2 alevins de Tilapia non sexés par m2.

Les poissons vivants sont à manipuler avec précaution pour ne pas les blesser ; il faut utiliser de l’eau propre à la même température que les étangs d’origine et de destination : les chocs thermiques tuent les poissons.

Pour éviter de garder les alevins hors de l’eau trop longtemps (ce qui pourrait les tuer), il est prudent de calculer un poids moyen d’un lot de plusieurs poissons de même taille, et de les peser tous rapidement par lots.