Maisons en pans de bois à Rennes - Itinéraire de découverte

11
Les maisons en pans de bois à Rennes ITINÉRAIRE DE DÉCOUVERTE Anne-Catherine Bouf Éditions Apogée

description

N'oubliez pas de lever le nez du livre pour admirer ces façades parfois penchées, biscornues mais qui s'élèvent fièrement face à l'histoire. Un guide pour découvrir simplement, au fil des rues et des places, un patrimoine qui marque si fortement la ville de Rennes.

Transcript of Maisons en pans de bois à Rennes - Itinéraire de découverte

Les maisons en pans de bois

à Rennes

Les maisons en pans de bois

à Rennes

ITINÉRAIREDE DÉCOUVERTE

Anne -Catherine Bouf

Les maisons en pans de bois de la ville de Rennes provoquent notre étonne-ment par leur beauté, leur diversité et leur grand nombre. Sentinelles de l’his-

toire, elles dressent leur silhouette sur la cité mais finalement, que sait-on d’elles ?

Pour répondre aux interrogations qu’elles suscitent, quoi de mieux que de se rendre « sur le terrain », face à elles ? Après une intro-duction aux techniques de construction et aux éléments de décor, cet ouvrage vous propose un parcours de découverte : sillonnez les alen-tours de la cathédrale et notamment, la rue de la Psalette où se trouve la plus ancienne maison de Rennes, pénétrez dans des arrière-cours telle celle de la rue de la Motte-Fablet ; laissez-vous guider à travers ce patrimoine exceptionnel.

Éditi

ons A

pogé

e

Itin

érai

res d

e dé

couv

erte

- Le

s mai

sons

en

pans

de

bois

à R

enne

s

A

nne-

Cath

erin

e Bo

uf

À propos de l’auteur

Lorsqu’elle arrive à Rennes, Anne-Catherine Bouf est intriguée par ces maisons qui donnent son caractère si parti-culier au centre-ville. Son intérêt pour la sculpture sur bois n’y est probablement pas pour rien… Elle se documente et fait part de ses recherches à ses amis qui vivent ailleurs en France. Ses lecteurs sont attentifs ; elle se prend au jeu et finalise ce qui est devenu ce livre.

Éditions ApogéePrix TTC 9,80 €ISBN 978-2-84398-372-6

Éd i t ions Apogée

couv-pans-de-bois.indd 1 11/06/10 11:51:14

Découvrez également, chez le même éditeur :

Itinéraires géologiques à Rennes,Jacques Bouff ette et Stéphane Bonnet, 2009.

Photographie en couverture : place du Champ-JacquetPhotographie en rabat :

3, rue Saint-Georges, « femme-déesse »

© Éditions Apogée, 2010ISBN 978-2-84398-372-6

pans-de-bois-final.indd 2pans-de-bois-final.indd 2 11/06/10 12:20:4411/06/10 12:20:44

Les maisons en pans de bois

à Rennes

ITINÉRAIREDE DÉCOUVERTE

Anne -Catherine Bouf

Éd i t ions Apogée

pans-de-bois-final.indd 1pans-de-bois-final.indd 1 11/06/10 12:20:3711/06/10 12:20:37

SommaireAvant-propos /5

Le pan de bois / 6

Les techniques de construction / 8

Le décor extérieur / 15

Itinéraire de découverte / 191. Place du Maréchal Foch / 20

2. Rue Nantaise / 203. Rue des Portes-Mordelaises / 21

4. Rue des Dames / 235. Rue Dottin / 24

6. Angle Rue de la Psalette-Rue du Chapitre / 25

7. Rue de la Psalette / 278. Rue Saint-Guillaume / 29

9. Rue Saint-Sauveur / 3110. Rue du Chapitre / 31

11. Rue Saint-Yves / 3312. Rue Vasselot / 35

13. Rue A. Dreyfus / 3514. Rue Saint-Georges / 36

15. Rue de La Motte-Fablet / 4016. Place du Champ-Jacquet / 41

17. Place Sainte-Anne / 4218. Rue Saint-Michel / 43

19. Impasse Rallier du Baty / 4420. Places des Lices / 44

En guise de conclusion / 46

Indications bibliographiques / 47

Ci-contre : 3, rue Saint-Georges, Saint-Martin.

pans-de-bois-final.indd 3pans-de-bois-final.indd 3 11/06/10 12:20:4511/06/10 12:20:45

Avant-propos

5

L es maisons en pans de bois de la ville de Rennes provo-quent notre étonnement par leur beauté, leur diversité et leur grand nombre.

À les regarder, nous sentons la présence des siècles écoulés. Sentinelles de cette histoire, elles nous invitent à entreprendre un voyage dans le temps, à imaginer la ville de Rennes à l’épo-que où elle vivait entourée de ses remparts.

Devant elles, nous retrouvons aisément une âme d’enfant en nous posant toutes sortes de questions. Qu’est-ce que le pan de bois ? Comment ça tient ? De quand datent ces constructions ? Pourquoi penchent-elles ? Que représentent les sculptures ?

L’objectif de cet ouvrage est de répondre à ces interrogations en vous proposant un parcours de découverte de cette archi-tecture. Puisse-t’il aiguiser votre œil lorsqu’il détaillera les façades et satisfaire votre curiosité en vous donnant quelques éléments techniques et historiques.

Ci-dessus : Place Sainte-Anne.Ci-contre : 17, rue Saint-Michel.

pans-de-bois-final.indd 5pans-de-bois-final.indd 5 11/06/10 12:20:5411/06/10 12:20:54

Le pan de bois

6

À partir du Moyen-Âge, la techni-que du pan de bois se développe dans toute l’Europe du nord qui connaît alors une période d’essor urbain. Son absence se remarque sur le pourtour de la côte méditer-ranéenne en raison de la tradition laissée par les Romains de bâtir en pierre et en brique.On emploie le terme de maison en pans de bois (ou à colomba-ges) quand la structure porteuse est faite en bois.

Comblant les vides, le hourdis est constitué de diff érents matériaux de remplissage. En fonction des régions, il peut s’agir de torchis, de briquettes, de tuileaux, de moellons, d’entrelacs de bran-chages ou de crins d’animaux. Les cloisons intérieures et les plafonds sont traités de même.

À Rennes, les maisons en pans de bois datent de la fi n du XVe siè-cle au XVIIe siècle. On utilise un torchis constitué d’un mélange de paille hachée et d’argile grasse. Cependant, la première couche se rétracte en séchant et l’on doit en appliquer une deuxième, consti-tuée d’argile plus fi ne. Elle est lissée à la main ou à la truelle en prenant soin d’obturer les fentes. Le torchis possède un remarqua-ble pouvoir d’isolation thermique. Il est réalisé par un atelier spécial appelé « plaquerie ».

11, rue Saint-Georges (couloir). Torchis.

4, rue de la Psalette.

pans-de-bois-final.indd 6pans-de-bois-final.indd 6 11/06/10 12:21:0011/06/10 12:21:00

7

Afi n de protéger la façade contre les intempéries, il n’est pas rare de trouver un enduit sur lattis (petites lattes de bois) recouvrant l’ensemble.

Les carrières de schiste à proximité de la ville n’off rent qu’une pierre friable (qui plus est l’extraction, le transport s’accompagnant des nombreuses taxes de péage, le travail du matériau ne sont pas des plus aisés) alors que les forêts de chênes fournissent en abondance un bois de bonne qualité. Une distance inférieure à 20 kilomè-tres semble être rentable pour son transport eff ectué en charrette.

Le chêne est un bois dur à l’état sec, il off re une durabilité presque sans limite : de plusieurs siècles s’il arrive à sécher entre deux épiso-des d’humidité.

Quelques mois suffi sent pour édifi er une maison, ce qui répond parfaitement à une volonté de bâtir rapidement et à moindre frais. Ainsi, le pan de bois est présent dans toutes les constructions de la ville : maisons d’habitation, halles, beff rois, moulins, couvents, églises, hôtel-leries, hôpitaux, ponts, …

30, rue Saint-Georges (cour). Enduit sur lattis.

pans-de-bois-final.indd 7pans-de-bois-final.indd 7 11/06/10 12:21:0311/06/10 12:21:03

28

Au n° 12, le toit est très pentu, afi n de permettre à l’eau de pluie de s’écouler rapidement. Il ne faut pas de stagnation car les matériaux utilisés ne sont pas de grande qualité.

Le n° 14 présente une particularité de la ville de Rennes : « le comble rennais ». Il s’agit d’une grande lucarne aménagée dans le toit qui libère un espace non négligeable, tout en dérogeant à l’impôt (les combles ne sont pas considérés comme étant habitables).

Le n° 10 est typique du XVIIe siècle. Jules Hardouin-Mansart, l’architecte royal de Louis XIV, innove dans la toiture en créant le « comble brisé » qui dégage l’espace d’une véritable pièce. Ce modèle sera repris dans tout le royaume.

N° 14, XVIe siècle. Comble rennais.

N° 12, XVe siècle, toit pentu - n° 10, XVIIe siècle, comble brisé.

pans-de-bois-final.indd 28pans-de-bois-final.indd 28 11/06/10 12:22:1311/06/10 12:22:13

29

RueSaint-Guillaume

Cette maison comporte deux habitations mitoyennes servant à l’origine de logis à deux chapelains de la cathédrale. Autrefois nommée « chapellerie Saint-Sébastien » elle fut appelée bien à tort « maison de Du Guesclin » (qui fi t démonstration de sabravoure dans les lices de Rennes deux siècles plus tôt).

La construction en pans de bois repose sur une base de schiste. Une cave est aménagée du côté gauche. L’escalier intérieur a une position centrale et dessert les deux logements. La lumière pénètre grâce aux fenêtres à meneau [cf. encart p. 30]. Deux grandes lucarnes avec porte dont une est munie de gerbière (poutre avec poulie) permettaient de hisser les marchan-dises et les meubles.

3, rue Saint-Guillaume, 1505, maison prébendale(la prébende est un bien accordé à un ecclésiastique).

pans-de-bois-final.indd 29pans-de-bois-final.indd 29 11/06/10 12:22:1811/06/10 12:22:18

44

ImpasseRallier-du-Baty

Place des LicesLes tournois du Moyen-Âge se déroulaient aux pieds des murailles, dans les lices. Suite au rattachement de la Bretagne au royaume de France (1532), les remparts seront peu à peu arasés et les fossés plus ou moins comblés afi n d’accueillir de nouvelles constructions. Certains parlementaires choisissent de s’éloigner de l’agitation du centre-ville pour y bâtir leur résidence.

L’ancienne prison Saint-Michel possède un bâtiment en pans de bois qui compre-nait le logement du concierge, une salle de jugement et l’in-fi rmerie.De nos jours, bars de nuit et restaurants ont remplacé la terri-ble vocation du lieu : derrière la porte cloutée, à quatre mètres de profon-deur, les anciens cachots enfermaient les condamnés aux galères.

Impasse Rallier du Baty. Ancienne prison Saint-Michel, tour du XVe siècle.

pans-de-bois-final.indd 44pans-de-bois-final.indd 44 11/06/10 12:23:4211/06/10 12:23:42

45

Les deux hôtels particuliers des 26 et 28 place des Lices n’abandon-nent pas la technique du pan de bois pour les étages. Mais le plan carré avec cour, habituel pour ce type d’habitation du XVIIe, ne peut être réalisé faute de place. L’entrée se fera donc au moyen d’un perron. Le toit à l’impériale indique aux passants la présence d’un escalier monumental . Les caves et remises à carrosses sont accessibles par l’arrière des bâti-ments. La pauvreté du pan de bois laisse penser qu’un enduit devait à l’origine le recouvrir.

Édifi é en pierre, de plan avec cour, l’hôtel de Molant contient le plus vaste escalier « rampe sur rampe à jour central » de Rennes. La techni-que du pan de bois reste présente pour les séparations intérieures.Si le décor extérieur semble moins riche, il n’en est pas de même à l’égard des salles de réception. Cela constitue sans doute un

changement d’importance dans les mentalités des propriétaires.C’est en eff et le moment choisi par les plus fortunés pour aller s’ins-taller à l’extérieur de la ville dans de grands domaines où ils font construire de spacieuses demeu-res en pierre.

N°26, 28 place des Lices. Hôtels particuliers. XVIIe siècle.

34, place des Lices.Hôtel Molant, XVIIe siècle.

pans-de-bois-final.indd 45pans-de-bois-final.indd 45 11/06/10 12:23:4511/06/10 12:23:45