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Depuis la réunification de l’Allemagne, Berlin a retrouvé son statut de capitale à part entière, le 3 octobre 1990. Avec 3,4 millions d'habitants, la ville fait la part belle à la présence du végétal en ville. Les nombreux parcs, forêts, et jardins familiaux mais aussi des friches agrémentent généreusement les quartiers et font de la capitale allemande une métropole verte. 1. Une ville réunifiée Vingt ans après la chute du Mur en 1989, la coupure du rideau de fer a généré des dynamiques urbaines contrastées : les différences entre BerlinEst (1,3 million d’habitants) et BerlinOuest (2,1 millions d’habitants) sont encore très marquées tant sur le plan socioéconomique que paysager. Marzahn et Hellersdorf sont des quartiers de BerlinEst défavorisés en voie de paupéri sation qui perdent des habitants. Ils sont généralement marqués par un urbanisme fonctionnel de l’exRDA et des logements vétustes. Cette baisse démo graphique place la ville de Berlin dans une situation délicate. En effet, elle s’accompagne d’un rétrécissement urbain (Stadt schrumpfung) entraînant une sousutilisation des équipements collectifs et une augmentation des coûts de maintenance (ramassage des ordures ménagères, entretien de la voirie et des espaces verts, gestion du chauffage urbain, dimensionnement du réseau d’alimentation en eau potable…). Berlin est une ville paradoxale : elle doit faire face à des quartiers en décroissance et à d’autres en croissance. Ce problème de rétrécissement urbain mobilise les architectes, économistes, sociologues et les artistes. Certu 2012/16 FICHE n°3 BIS VERSION COURTE Mai 2012 Trame verte et bleue Expériences des villes étrangères Berlin, métropole naturelle Le Naturpark Schöneberg Südgelande ill. 1 : Berlin, une métropole naturelle. Vue le quartier reconstruit autour de la Potsdamer Platz (Crédit Certu).

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Depuis la réunification de l’Allemagne, Berlin aretrouvé son statut de capitale à part entière,le 3 octobre 1990.Avec 3,4 millions d'habitants, la ville fait la partbelle à la présence du végétal en ville. Lesnombreux parcs, forêts, et jardins familiauxmais aussi des friches agrémententgénéreusement les quartiers et font de lacapitale allemande une métropole verte.

1. Une ville réunifiéeVingt ans après la chute du Mur en 1989, lacoupure du rideau de fer a généré desdynamiques urbaines contrastées : lesdifférences entre Berlin­Est (1,3 milliond’habitants) et Berlin­Ouest (2,1 millionsd’habitants) sont encore très marquées tantsur le plan socio­économique que paysager.Marzahn et Hellersdorf sont des quartiers de

Berlin­Est défavorisés en voie de paupéri­sation qui perdent des habitants.Ils sont généralement marqués par unurbanisme fonctionnel de l’ex­RDA et deslogements vétustes. Cette baisse démo­graphique place la ville de Berlin dans unesituation délicate. En effet, elle s’accompagned’un rétrécissement urbain (Stadt­schrumpfung) entraînant une sous­utilisationdes équipements collectifs et uneaugmentation des coûts de maintenance(ramassage des ordures ménagères, entretiende la voirie et des espaces verts, gestion duchauffage urbain, dimensionnement du réseaud’alimentation en eau potable…).Berlin est une ville paradoxale : elle doit faireface à des quartiers en décroissance et àd’autres en croissance. Ce problème derétrécissement urbain mobilise les architectes,économistes, sociologues et les artistes.

Certu 2012/16

FICHE n°3 BISVERSION COURTE

Mai 2012

Trame verte et bleueExpériences des villes étrangèresBerlin, métropole naturelleLe Naturpark Schöneberg Südgelande

ill. 1 : Berlin, une métropole naturelle. Vue le quartier reconstruit autour de la Potsdamer Platz(Crédit Certu).

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2. Une ville­ÉtatBerlin constitue l’une des seize régions (Länder) de laRépublique Fédérale d’Allemagne (RFA). Le maire­gouverneur de la ville de Berlin est également ministre­président de la région de Berlin. Du point de vueinstitutionnel, Berlin est une ville­État (Stadtstaat). Enqualité de Länder, Berlin envoie quatre députés auConseil fédéral (Bundesrat) qui est habilité à soumettredes projets et des propositions de loi au Parlementallemand (Bundestag).Les Länder ont la capacité de légiférer ; ils gèrent leurspropres codes d’urbanisme, de la construction ou de lavoirie. La Chambre des députés de Berlin exerce lecontrôle de légalité et autorise les expropriations pourcause d’utilité publique.La ville dispose de pouvoirs administratifs et législatifsétendus. Elle est notamment compétente dans lesdomaines de l'éducation, la culture, la planificationterritoriale, l’aide sociale, les transports, l’emploi. Ellepeut intervenir en qualité d’opérateur économique. Àl'instar des autres Länder, Berlin est dotée d’uneConstitution dont le respect est contrôlée par untribunal constitutionnel.Le pouvoir exécutif est exercé par le Sénat de Berlin(mairie) qui est composé de huit membres, et dirigépar un maire­gouverneur (Regierender Bürgermeister).Le Sénat de Berlin est à la tête d'une administration(Senatsverwaltung) organisée en une dizaine deministères thématiques. Le maire­gouverneur et le

sénat sont responsables devant la Chambre desdéputés de Berlin (Abgeordnetenhaus von Berlin).Le Sénat de Berlin est responsable de l’urbanismelocal, il est compétent pour délivrer les permis deconstruire. Les autorités de Berlin agissent dans uncontexte de décentralisation plus ou moins encadrée,tant sur le plan des choix de développement urbain(Région de Berlin­Brandebourg) que sur celui desgrands équilibres budgétaires.

3. Une métropole naturelleAvec plus de 6 400 hectares de parcs et jardinsouverts au public, soit un ratio de 26 m2 par habitant,Berlin se classe parmi la moyenne européenne desmétropoles vertes. Elle possède un patrimoine arboréconséquent (430 000 arbres urbains) et de vastesforêts périurbaines.La ville de Berlin comprend beaucoup de dentscreuses, de terrains vagues et de friches qui luifournissent énormément de réserves foncières pourverdir les quartiers. Après la chute du Mur, les zonesindustrielles désaffectées, la fermeture de l’aéroport deTempelhof (2007) et l'abandon des gares de triageobsolètes offrent de nouvelles opportunitésd’augmenter le nombre d’espaces verts. Ainsi, leslarges avenues de Berlin ont facilité l’aménagementd’un réseau dense de pistes cyclables (650 km en2010) et de voies de transports en commun en sitepropre (tramways).

ill. 2 : La ville de Berlin en Allemagne et en Europe.Crédit : Athinaios CC­BY­SA­3.0 ([www.creativecommons.org/licenses/by­sa/3.0]), via Wikimedia Commons.Certu – Trame verte et bleue – Mai 2012 Fiche n°3 bis – Berlin, métropole naturelle (version courte) 2

Source : Sénat de Berlin

ill. 3 : Le FNP Berlin 2012, est le pland'urbanisme de la ville de Berlin avec descaractéristiques prospectives d'un SCoT etréglementaires d'un PLU (Crédit Sénat de Berlin).

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ill. 4 : La ville de Berlin « s'enroule » autour du parc central appelé Tiergarten (Crédit Certu).

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3.1. Les espaces naturels et agricolesLa campagne est très présente dans les quartierscomme Zehlendorf, Grunewald, Spandau, Wilmesdorfqui sont régulièrement investis par des hardes desangliers attirés par la qualité des couverts boisés et larichesse des poubelles.Les trois principaux lacs périurbains que sont leWannsee (sud­ouest), le Müggelsee (sud­est) et leTegeler (nord­ouest) sont les sites préférés de détentedes Berlinois. Ces lacs sont à la fois des réservesnaturelles, des espaces dédiés à la baignade et auxloisirs aquatiques, mais également des ressourcesaquifères dont la ville tire son eau potable. Cettecomposante aquatique n'est pas développée danscette fiche. Des projets de parcs naturels périurbainssont en cours d’aménagement, comme par exemple, leNaturpark de Barnim. Cet immense parc situé au nord­est de Berlin couvre 749 km2 dont environ 4 000hectares sont intégrés dans la ville de Berlin.

3.2 Les parcs et les jardinsLa ville « s’enroule » autour d’un parc central appelé leTiergarten (210 hectares) hérité d'une réserve dechasse au XVIIe siècle. Le Tiergarten constitue le cœurhistorique de la ville, à deux pas de la porte deBrandebourg, du Parlement et de la Chancellerie.Le parc de Tiergarten est long de trois kilomètres surun kilomètre de large. Il est relié à deux continuitésvertes : un axe est­ouest formé par la Spree et un axenord­sud adossé au lit de la rivière Panke et au canalde navigation de Spandau. En 1816, c'est lepaysagiste Peter Joseph Lenné qui dessine lessentiers et aménage les lacs intérieurs.

Au fil des siècles, il s’est affirmé comme un espace decentralité, un lieu de rencontre incontournable, tout endemeurant le poumon vert de Berlin.Berlin se caractérise par la présence de jardinsouvriers qui composent d’immenses lotissements. Cesjardins ouvriers (Schrebergarten) sont une composantemajeure du réseau vert de la ville qui compteactuellement 929 lotissements de jardins (Kolonien)soit plus de 73 694 jardins individuels (3 030 hectares).Les Kolonien sont le pendant allemand des jardinsfamiliaux français. Voués à la production alimentairetant à Berlin­Ouest qu’à Berlin­Est, ils ont joué un rôlevital au moment du blocus, après la seconde guerremondiale.Lorsqu’on survole Berlin, on est étonné par lessurfaces au sol que représentent ces Kolonien quioccupent plus de 10 % du territoire.

3.3 Les friches et la végétation sauvageBerlin accueille une abondante flore sauvage, libre etspontanée, qui occupe les moindres recoins, les voiesferrées, les friches industrielles, les délaissés desvoiries, les fosses de plantation des arbres, les abordsdes immeubles. La végétation sauvage est acceptée ettolérée par les services techniques de la ville commeun principe d’aménagement paysager à part entière(Mauer Park, Naturpark Schöneberger Südgelande).Cette « flore de compagnie » n'est ni plantée, niexploitée. L'entretien des espaces publics intègre laprésence de cette végétation, ainsi la gestion extensiveest généralisée.

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Les formes paysagères des espaces végétalisés vontdes prés multicolores jusqu'à des forêts urbaines dontles arbres issus de semis naturels et de rejetsspontanés sont parvenus à coloniser les terrainsvagues à l’abri des tronçonneuses.Les friches sont extrêmement variées tant sur le planpaysager que sur celui de la phytosociologie desstations botaniques. Le spontané et le sauvage sontl’une des caractéristiques du traitement « horticole »des espaces libres Berlinois.Interpellant le touriste qui y voit les signes d'unenégligence manifeste dans les pratiques dudésherbage, le parti de la ville de Berlin de « laisser lavégétation potentielle s’exprimer là où elle l’entend »ouvre le débat sur la présence du sauvage en milieuurbain.

4. La planification des espaces verts4.1 Un héritage historique majeurEntre 1846 et 1848, le directeur du service des parcset jardins de Berlin, Johann Heinrich Gustav Meyer(1816­1877) créé le premier « parc populaire »(Volkspark Friedrichshain) afin de rivaliser avec le parcaristocratique de Tiergarten. Avec son équipe, il lancele mouvement Volkspark, un concept de parc populaireouvert à tous les habitants. Il n’est plus question decréer de nouveaux parcs ornementaux, mais il s’agitde fournir des espaces de loisirs et de détente pour lesBerlinois des quartiers densément peuplés.Lorsque la population de Berlin atteint la barre dumillion d'habitants en 1877, la demande en lieux de

récréation occupe le devant de la scène politique. Lestravaux d’embellissement menés à Paris, sous la féruledu baron Haussmann, trouvent un écho favorable àBerlin. Les squares et les parcs deviennent alors desmodèles à privilégier.Aujourd'hui, les Volksparks de Berlin sont des parcspublics qui concentrent des équipements sportifs depremier plan. La plupart dispose de piscines,pataugeoires, terrains de sports, vélodrome, skateparc, aires de jeux pour les enfants.Le Volkspark est un espace vert hybride, à mi cheminentre un parc paysager du XIXème siècle et une basede loisirs des années 1960. Ce type de parc vise àaméliorer la santé des Berlinois, célébrant les bienfaitsde pratiquer des exercices physiques en plein air et lesvertus de se détendre dans la nature.

4.2 Les outils de l'aménagement duterritoire à BerlinLe système de planification à Berlin répond à unestratégie de planification globale. Il est composé dedocuments de cadrage à la fois prospectifs et/ouopérationnels, informels et opposables aux tiers,emboîtés et complémentaires les uns aux autres.De plus ces documents sont élaborés à des échellesdifférentes (région/ville/quartier/parcelle).

FNP BerlinBasé sur la législation fédérale, le pland'aménagement du territoire (Flächennutzungsplan /FNP Berlin 1:25 000 et 1:50 000) est un document decadrage général de planification.

Le FNP est décliné à un niveaulocal par des plans dedéveloppement (Bebauungs­pläne 1:1000) et desorientations d'aménagement.

ill. 5 : Les kolonien sont à la fois des jardins familiaux etdes jardins d'agrément. Ils occupent 10% du territoire dela ville (Crédit Certu).

ill. 6 : Les Volksparks sont des espaces verts hybrides àmi chemin entre le parc paysager du 19ème et la base deloisirs des années 60 (Crédit Certu).

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Une stratégie de compensation :le programme paysage(Landschaftsprogramm / LaPro)propose à l’échelle de la ville unestratégie de compensation.Des zones prioritaires pour desmesures de compensation paysagèresou environnementales sontdéterminées notamment dans les casoù les impacts des projets ne peuventpas être compensés localement. Ledéveloppement du Naturpark Barnimest un exemple de zone decompensation prioritaire.Ces espaces dédiés forment unréseau en forme de croix verte (quisuit les rivières) et une double ceintureverte qui participe au maintiend'espaces verts et d'espaces naturelsen ville.

ill. 7 : Le schéma directeur des espaces verts de berlin est marqué par une doubleceinture verte de parcs et une croix verte qui reprend les axes des rivières. Cettecarte est ponctuée par des projets liés à des mesures environnementalescompensatoires selon 3 niveaux de priorité (Crédit Sénat de Berlin).

ill. 10 : L'imbrication des différents documents deplanification à Berlin (Crédit Sénat de Berlin).

Zone prioritaire decompensation du parc naturelrégional, le Naturpark Barnim

Zone prioritairede compensationen centre­ville

ill. 8 : Le FNP Berlin est undocument de cadrage général deplanification (Crédit Sénat deBerlin).

ill. 9 : Le Bebauungsplan, une déclinaison locale du FNP,est un plan de développement local opposable au tiers quidétermine par arrondissement, les densités, et l'utilisationdes sols. Extrait d'un plan de développement local (CréditSénat de Berlin).

ill. 11 : Le LaPro est un document deplanification stratégique basé sur lepaysage et décliné en programmesd'actions (Crédit Sénat de Berlin).

ill. 12 : Le BEP est un documentintermédiaire qui ne couvre pas latotalité de la ville. Il s'agit d'un outilde planification réglementaire surune zone spécifique. Il impose doncjuridiquement des zonages et desdestinations de sol. Extrait d'un BEP(Crédit Sénat de Berlin).

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LaProBasé sur une réglementation environnementalespécifique à Berlin, le programme paysage(Landschaftsprogramm / LaPro) est mis en place dèsles années 1980.C'est un document de planification stratégique àl’échelle de la ville qui inclus à la fois des enjeux deprotection des espèces, des propositions deconservation de la nature et de valorisation despaysages et enfin des mesures de compensation desincidences sur la nature et le paysage.Ce document propose des programmes d'actions dansles domaines suivants :

­ les écosystèmes,­ la protection des biotopes et des espèces,­ le paysage,­ les loisirs de plein air dans les espaces publics,­ la compensation écologique.

Le LaPro est également décliné au niveau local pardes plans de paysage (Landschaftspläne). Il s'agit d'undocument opérationnel et réglementaire des projets àréaliser à l’échelle du quartier.Ces plans proposent à la parcelle des règlementsdétaillés de zonage (densités, zones réservées auxconstructions, aux emprises routières) en reprenant leszonages du FNP de Berlin. Ces plans sontjuridiquement contraignants pour les propriétaires etles investisseurs. En fonction des enjeux locaux, cesplans sont accompagnés de guides de paysage.

StEPBasé sur une réglementation propre à Berlin, desdocuments de planification mis en place dans lesannées 2000 intégrent à la fois l'urbanisme et lepaysage :­ à l’échelle de la ville avec des documents dedéveloppement de secteur (Stadtentwicklungspläne /StEP 1:25 000 et 1:50 000).Il s'agit de guides non contractuels qui présentent desobjectifs, des priorités, des propositionsd'aménagements qui concernent les enjeux liés auxservices, logements sociaux, zones industrielles àl’échelle de la ville. Ces guides servent de référenceaux projets d'aménagements.­ à l’échelle des quartiers ou de zones spécifiques avecdes documents intermédiaires de planificationrèglementaires (Bereichsentwicklungspläne / BEP undPanwerke 1:10 000 et 1: 5 000).Ces plans ne couvrent pas l'ensemble de la ville. Ils'agit de documents intermédiaires entre d'une part leFNP Berlin à l’échelle de la ville et le Bebauungsplan àl’échelle de la parcelle. Le StEP est un instrument deplanification non formalisé mais contraignantjuridiquement pour l'administration.Chaque plan comporte un règlement, des orientationsd'aménagement sur l'utilisation des sols et despropositions classées par ordre de priorité.Des guides d'urbanisme et de paysage (StädtebaulicheKonzepte und Rahmenpläne) complètent cesdocuments de planification d'échelle locale.

ill. 13 : La station Priesterweg du train S­Bahn débouche directement sur l'entrée principale du Naturpark SchönebergSüdgelande. Un chateau d'eau monumental signale le parc sur plusieurs kilomètres à la ronde (Crédit Certu).

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5. Le Naturpark SchönebergSüdgelandeBerlin est marqué par la présence de nombreusesfriches industrielles au cœur de son agglomération. En1952, dans le sud du quartier de Schöneberg, uneancienne gare de triage fut laissée à l'abandon. Ces 18hectares en forme de fuseau enclavés entre des voiesferrées, forment un espace inaccessible aux hommespendant près de 50 ans. La nature a réinvesti peu àpeu ce site ferroviaire. Un couvert forestier spontanéoccupe les 2/3 du site. De nombreuses semences,graines aîlées et insectes, véhiculées par les trains etdissiminées par le vent se sont développées enformant des biotopes riches et singuliers.

La naissance du parc : En 1980, un collectif d'associations s'est monté pourlutter contre un projet de reconstruction d'une gare detriage sur ce site devenu une oasis de biodiversité. En 1995, la Deutsche Bahn AG propriétaire duterrain, cède ces 18 hectares au Sénat de Berlin. L'étatdécide par la suite de transformer ce site en espace denature, ouvert au public en compensation du projet dereconstruction de la Potsdamer Platz. 1996 marque le démarrage des travaux sur la based'un projet réalisé par les paysagistes Planlandassociés à ÖkoCon, avec l'appui d'une fondation(Allianz Umweltstiftung). Le parc nature Schöneberg Südgelande est ouvertau public en 2000.

Un projet qui s'intègre dans l'histoire naturelle du lieu :Une végétation exubérante a réussi à transformer unegare de triage essentiellement minérale en une jungleimpénétrable. Les voies ferrées, les quais, et mêmeune locomotive abandonnée disparaissent sous uneforêt entrecoupée ça et là, de clairière à haute friche.Le parti d'aménagement du projet propose uneouverture du site au public en respectant l'ambianceoriginale du lieu. Ainsi lors de la création du parc, lesinterventions sur le terrain ont été minimales.Les coupes d'arbres ont été limitées aux seulscheminements piétons. La plupart d'entre­eux ont étécréés par le simple ajout de ballast sur des anciennesvoies. Les paysagistes ont conçu le parc sans intégrerde nouvelles plantations.La végétation spontanée a tous les droits ! Sonentretien est minimal, il consiste essentiellement àmaintenir ouvert et accessible les cheminements duparc.Les voies ferrées et les talus envahis de végétation, leslampadaires rouillés, et même la locomotiveabandonnée sont autant de traces du passé industrielmis en valeur par le projet.

Deux ambiances : Les entrées (nord et sud) sont des espaces dédiésà la promenade sans aucune restriction. Lescheminements se font simplement en rajoutant duballast sur des voies ferrées existantes. Les anciensbâtiments ont été restaurés et sont utilisés pour

ill. 14 : Le parc a une forme de fuseau totalement encadré par des voies ferrées. La partie centrale du parc est strictementprotégée (Crédit Grünberlin GMBH).

Zone protégée interditehors sentier

Entrée principale

Entrée secondairepar une passerelle

ill. 15 : Les anciennes voies ferrées sont englouties parune végétation à base de bouleaux et de frênes (CréditCertu). ill. 16 : Dans la zone protégée, les cheminements en

caillebotis sont surélevés au dessus des anciennes voies(Crédit Certu).

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l'administration, l'accueil du public et les évènementsculturels (expositions et concerts). Un château d'eaumonumental signale le parc de très loin. L'espace central est une zone protégée (Natura2000) où les circulations sont restreintes et réservéesaux seuls piétons (les chiens sont interdits).Cet espace est habilement traversé par un caillebotissuspendu à 50 cm au dessus d'une ancienne voieferrée ce qui limite naturellement les piétinements horsles sentiers.Ce parc est géré par Grün Berlin Gmbh, structure de larégion de Berlin qui assure l'entretien de nombreuxparcs et jardins publics. Sa gestion est extensive, ellese limite au maintien de l'accessibilité des chemins. Lesuivi scientifique du parc est assuré régulièrement.L'entrée du site aux animaux domestiques est interdite.L'utilisation des vélos est également prohibé dansl'enceinte du parc. L'entrée du parc est payante (1€),les tickets sont délivrés par des bornes automatiquesmunies de capteurs solaires.

6. Dix points à retenir Une nature en ville très présente40 % de la superficie de la ville de Berlin sont occupéspar des espaces verts composés de forêts et de bois(43 %), de friches et de landes (14 %), de jardinsfamiliaux (11 %), de parcs urbains (10 %).Traversée par plusieurs rivières et canaux navigables(180 km de linéaire), la ville s’est développée autourd’une ceinture verte intérieure regroupant des jardinsfamiliaux et des parcs historiques, dont le célèbreTiergarten (210 hectares), et d’une ceinture verteextérieure, faite de forêts et de lacs. Avec plus de430 000 arbres, Berlin peut se prévaloir d’être une villearborée où la nature en ville est très présente.La présence de nature résulte d’une planificationrigoureuse mise en œuvre dès les années 1920(Jansen­Plan). Avec 40 % de son territoire en espacesverts et naturels, Berlin se hisse dans le peloton detête des villes vertes de l’Union Européenne, alors quela surface moyenne affectée aux espaces verts est de18,6 % calculée sur un échantillon de 386 villes. Parisdépasse les 20 %, en incluant les bois de Vincennes etBoulogne, mais tombe à 11 % dans le Paris intramuros.Cette situation est également liée à l’histoire de la cité.Les bombardements de la Seconde guerre mondialeont détruit 70 % des immeubles du centre­ville etouvert de larges brèches colonisées ensuite par desfriches.En l’attente de projets de rénovation urbaine ou dechangement d’affectation des sols, certains terrains

vagues sont parvenus à l’état de bois de haute tige,faute de coupes et d’entretiens réguliers. Une amélioration continue de la qualité del’environnement urbainAprès quelque jours d’immersion dans la capitaleallemande, un visiteur est en mesure d’apprécier et degoûter la qualité de l’environnement de Berlin.La bonne desserte de la ville en transports encommun, l’excellent réseau de pistes cyclablesconnectées à un bon maillage d’espaces verts, via lesberges­promenades de la Spree et de la Havel, lesvenelles des cours­jardins et les allées fleuries desjardins familiaux, sont des éléments déterminants de laqualité de la vie Berlinoise. Berlin recèle de nombreuxoasis de verdure, parcs et jardins intimes, à l’écart desflux de circulation motorisée et de l’agitation urbainecréant des ambiances peu bruyantes et calmes.Des îlots de verdure disséminés dans les quartiers sedégagent une impression de calme et de quiétude,d’autant que le centre­ville (88 km2) est inscrit en zoneverte (Umweltzone), depuis le 1er janvier 2008,équivalente à une zone d’action prioritaire pour l’air,dispositif berlinois équivalent à une Low EmissionZone. À l’intérieur de ce périmètre, seuls les véhiculesles plus récents et les moins polluants sont autorisés àcirculer.Les Berlinois qui souhaitent s’oxygéner, se dépenserphysiquement ou se détendre dans des zones calmesn´ont pas besoin de se rendre dans les espacesnaturels et les forêts rejetés à la périphérie.La ville compte suffisamment d’espaces verts auxpieds des immeubles, calmes et paisibles, avec unelarge gamme d’usages et de loisirs : aires de jeux pourles touts­petits, pelouses pour prendre un bain desoleil, jardins potagers, pistes cyclables ombragées,chemins piétonniers agréables.

Une planification urbaine rigoureuse etpragmatiqueLe schéma d’organisation des espaces verts de Berlins’articule en une double ceinture verte, interne etexterne. Adopté comme un principe d’agencement desespaces libres (non construits), dès les années 1920,ce plan directeur a été repris dans les documents deplanification du territoire. Il a su s’imposer peu à peuaux autorités locales et régionales, malgré lesvicissitudes d’une ville meurtrie par un mur­frontièreentre deux pays. Le schéma de développement desespaces verts est parvenu à surmonter les épreuvesde la partition et de la réunification allemande.Qui plus est, ce schéma d’organisation n’est ni figé niobsolète. Il demeure évolutif et vivant, intégrant lesdernières évolutions législatives et réglementaires derenforcement de l’environnement (plan climat territorial,coefficient de biotope par surface, taxe de gestion deseaux pluviales).

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Ainsi, le LaPro équivalent d’un plan de paysage etd’un programme d’actions pour préserver et enrichir labiodiversité, vient compléter la double ceinture verte duschéma initial.Des voies vertes principales appareillées en croixvisent à créer des continuités écologiques etpaysagères entre le centre­ville (ceinture verteintérieure) et les espaces naturels et agricolespériurbains (ceinture verte extérieure).

Des objectifs partagés au service de projetsambitieuxLa loi fédérale sur la protection de la nature votée en2002 impose aux régions et aux villes­Etat deconsacrer un réseau écologique sur au moins 10 % deleur territoire. Pour ce qui concerne Berlin, cet objectifest très largement atteint puisque les espaces naturelset agricoles, les parcs et jardins, les canaux et les lacsoccupent 40 % de la surface de la ville.Le style des espaces verts est très différent selon qu’ils’agisse de parcs nature, bases de loisirs, jardinsfamiliaux, espaces verts intérieurs privés, sites Natura2000, aires protégées en réserves naturelles, zonesspéciales de conservation. L’offre d’espaces verts estvariée et multiforme, elle est adaptée à tous lesusages.Les espaces verts bénéficient d’un statut juridique deprotection autonome qui est différencié selon la qualitédes biotopes inventoriés et la diversité des paysages.Il sont systématiquement reportés dans le plan d'urba­nisme de Berlin (FNP) avec une grande précision.Pour les secteurs de la ville couverts par le LaPro(16 %), les services techniques contractualisent desmesures compensatoires de végétalisation dans lesopérations d’aménagement (voiries, parkings, abordsdes immeubles), et introduire une dose de nature dansles programmes immobiliers (toiture terrassevégétalisée, cours­jardins, plantations d’arbres,promenades, jardins de pluie).

Pour cela, ils s’appuient sur des leviers fiscaux ayantfait leur preuve, comme le coefficient de biotope parsurface.Se côtoient ainsi un urbanisme réglementaire et unurbanisme opérationnel, négociés de gré à gré, quiencouragent et accélèrent le verdissement de la villede Berlin grâce à un partenariat public privé efficace.

Un système d’information géographique dédié auxespaces vertsEn 2006, la ville de Berlin s’est doté d’un systèmed’information géographique (Grünflächeninformations­system ­ GRIS) qui permet d’inventorier et degéoréférencer les espaces verts à la parcelle sur uncadastre numérisé. Cet outil est complété par desbases de données en ligne sur les parcs et jardins,cimetières, arbres isolés, arbres de voirie, espacespublics (140 postes distincts).Les principaux équipements et aménagements(fontaines, bancs, bâtiments, styles paysagers,typologie des clôtures) sont également recensés.De même, le système permet d’établir des bilans etdes suivis financiers des programmes d’investissementet des budgets d’entretien pour certains parcs etjardins publics.Les données sont accessibles sur le site internet de laville de Berlin. Un site intranet réunit une photothèqueet une cartothèque fort utile pour les agentsmunicipaux menant des études urbaines. Ce SIGfacilite la transversalité des services et la coordinationdes actions grâce au partage des connaissances.

Des voies vertes apaiséesBerlin compte mettre en place une vingtaine de voiesvertes dont le cahier des charges de certification et lelogo sont actuellement protégés.Inscrites dans le stEP­Plan, le LaPro et les BEP, cesvoies vertes sont destinées à renforcer les continuitésécologiques et à augmenter l’offre de pistes cyclables.

Eco­vignette automobile :Comme dans d'autres grandes villes allemandes,Hanovre Cologne ou Stuttgart, le centre­ville de Berlinrestreint son accès aux véhicules polluants.La couronne du S­Bahn délimite exactement une zoneenvironnementale (Umweltzone) où n'a le droit decirculer que les véhicules peu polluants qui ont puobtenir une éco­vignette de couleur verte attestant desnormes antipollution récentes.Ce système est une action issue du plan air de Berlin2005­2010 (Luftreinhalte­ und Aktionsplan Berlin 2005­2010). Les vignettes s'appliquent également auxvéhicules personnels des touristes de passage dans lacapitale.http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/luftqualitaet/de/luftreinhalteplan/umweltzone_aktuelles.shtmlill. 17 : En vert, la zone d'application de l'eco­vignette

interdite aux véhicules polluants (Crédit Sénat de Berlin).

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Elles visent à soutenir les modes doux dedéplacements entre les parcs, les aires de loisirs, lesquartiers d’habitation, les zones d’activités et àencourager les pratiques sportives et récréatives, lesactivités de détente et de découverte.Dans la mesure du possible, elles assurent la dessertedes pôles d’échanges multimodaux (établissementsrecevant du public, gares), les bureaux, les écoles, lescentres commerciaux. Elles sont tracées à l’écart desrues animées et passagères, reprennent tout ou partiede la voirie existante.Les voies vertes de Berlin sont des voies de circulationapaisées ouvertes à tous les moyens de locomotionnon motorisés, tels les piétons, les cyclistes, les rollers,les personnes à mobilité réduite et même les cavaliers.Elles se distinguent des pistes cyclables par unemeilleure prise en compte de la sécurité, del’accessibilité et de leur intégration paysagère etécologique.Le développement de voies vertes résulte d’un intérêtcroissant des Berlinois pour les modes actifs dedéplacements : 32 % des trajets sont réalisés à pied eten vélo. Associé à des préoccupations environ­nementales et de santé publique, cet essor est lié à lamontée en puissance du vélo et de la marche qui sontune alternative à la prédominance des modesmotorisés (passifs). Les voies vertes de Berlinprennent appui sur les rivières et les canaux, les lignesde chemin de fer, les rues arborées.C'est à travers les arrières­cours privatives desimmeubles et des bureaux que la ville tente, non sansmal, d’ouvrir des radiales et des pénétrantes vertes, decréer des venelles et des coursives, en profitant desrévisions du FNP et de l’inscription de servitudes depassage pour développer cet ambitieux projet àl’échelle d’une métropole.

Des formes végétales généreuses et naturellesLa ville de Berlin se caractérise par l’abondance d’uneflore sauvage qui occupe les moindres recoins des

sols non imperméabilisés : espaces verts d’accompa­gnement de la voirie, trottoirs mal jointoyés, piedsd’arbres, abords des immeubles d’habitation.Les Berlinois acceptent et tolèrent la présence d’herbefolle dans le centre­ville. Contrairement aux villesfrançaises dont le rendu des espaces verts est souventtrès soigné dans les quartiers historiques, Berlin choisit« de laisser la végétation potentielle s’exprimer là oùelle l’entend », y compris dans le Tiergarten dont lestrois quarts sont couverts par une futaie irrégulièregarnie de taillis impénétrables.L’introduction de la gestion différenciée, initiée par lapuissante organisation socio­professionnelle desdirecteurs de parcs et jardins, dans les années 1980,n’a semble­t­il guère heurté la sensibilité des Berlinoishabitués à côtoyer des friches urbaines et desdélaissés champêtres. Le Naturpark SchönebergerSüdgelände montre qu’il est possible de concevoir etd’entretenir des parcs publics très fréquentés selonune vocation naturelle affirmée.Pour diminuer l’endettement de la ville, les budgetsconsacrés à l’entretien des espaces verts ont étéfortement réduits ; la simplification des tâches setraduit par un arrêt des traitements phytosanitaires, unespacement des tontes, une baisse drastique del’arrosage, une quasi­absence de jardinières hors sol,une sélection de plantes vivaces résistantes à toutesépreuves.Résultats : la plupart des espaces verts ont des alluressauvageonnes, et en été, les pelouses ressemblent àdes paillassons sans que les Berlinois s’en offusquent.La déminéralisation des sols urbains en vue d’accroîtrel’infiltration des eaux pluviales à la parcelle produit deseffets remarquables sur le plan paysager.

Des espaces verts à vocation climatiqueStEP­Plan, LaPro et Agenda 21 affichent des objectifscommuns en faveur de l’environnement. Depuis lesannées 1990, la ville reconnaît le rôle bienfaiteur de

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ill. 18 : Le Mauer Park (Crédit Certu). ill. 19 : La gestion différenciée des trottoirs et des piedsd'immeuble est acceptée par les habitants (Crédit Certu).

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l’eau et du végétal dans la réduction des îlots dechaleur urbains. Ainsi, les espaces verts sontconsidérés comme des climatiseurs naturels, sansnuisance et sans émission de gaz à effet de serre.En jouant sur les masses végétales, un espace vert estdonc un équipement performant pour rafraîchir l’airambiant grâce au phénomène d’évapotranspiration età l’ombre portée des arbres créant des courants deconvection.Avec la fermeture de l'aéroport de Tempelhof en 2008,386 hectares ont été libérés. Cet emplacementstratégique a été versé dans le plan climat territorial enqualité d’espace à fonction climatique dépolluante.Pour donner corps à ce projet ambitieux decompensation climatique, un concours international aété lancé pour la création d’un parc urbain assis sur latotalité de l’emprise foncière. L’équipe de paysagistesécossais Gross Max et l’agence d’architectesbritanniques Sutherland Hussey Architects ontremporté ce concours en avril 2011.

La biodiversité en toile de fondDès les années 1990, Berlin­Ouest a entrepris unecartographie de la biodiversité portant notamment surles habitats précieux pour les espèces animales etvégétales.Aujourd’hui, Berlin dispose d’un inventaire de la fauneet de la flore qui s’étoffe, régulièrement, par desrecherches universitaires et associatives menées surdes sites naturels et biotopes remarquables (marais,tourbières, formations végétales originales, grottes).Les biotopes identifiés en habitats précieux pour labiodiversité ont été intégrés dans le LaPro publié en1994 dans la perspective de préserver les continuitésécologiques (réservoirs de biodiversité) et de maintenirles capacités d’évolution des zones sous l’angle deleur taille critique et de leur trajectoire urbaine.L’approche milieux est préférée par rapport à uneapproche espèces. L’accent est mis sur les biotopesprioritaires : les prairies humides et les ripisylves, Lesrives des lacs, les terres en jachère et les prairiesouvertes, les cimetières, les lotissements de jardinsfamiliaux, les friches industrielles. Les Berlinoiss’impliquent dans cette politique de renforcement de labiodiversité en jardinant les pieds d'arbres et enarrosant les arbres urbains par temps sec.

La concertation, une préoccupation permanenteLa ville de Berlin a érigé la concertation locale commeun axe fort de son développement sur le long terme. Laloi sur l'administration des quartiers de Berlin, votée en2005, a renforcé les droits et devoirs des citoyens dansles domaines de la participation et la concertation.À cet égard, le Sénat, coordinateur et chef de file despolitiques publiques, est tenu d'informer la populationsur les plans et projets importants, notamment enphase d’avant­projet, et de fournir des informations surla situation financière de leur quartier. La consultationdes citoyens est d’ailleurs nécessaire dans leprocessus d’instruction des dossiers.L’inscription à l’Agenda 21 de Berlin de projetsporteurs, tels que les cours­jardins de Berlin, les 20voies vertes, la requalification de l’aéroport deTempelhof en un parc urbain, relèvent d’initiativescitoyennes. Ainsi, la démarche de cours­jardinsconsiste à verdir les cœurs d’îlots ou à créer desjardins de quartier. Les habitants peuvent intervenir surle plan­masse des cours­jardins, le choix des plantes,la construction de pergolas pour masquer les locauxpoubelle, l'installation de terrains de jeux, les espacesde stationnement pour vélos, la déminéralisation descopropriétés immobilières pour améliorer l’infiltrationdes eaux pluviales à la parcelle.Financé par le Sénat, cette politique dite de gris out etde vert in a permis de générer une centaine de projetsdans l’arrondissement de Pankow et des serres danscelui de Friedrichshain­Kreuzberg.Ce dialogue social permanent contribue à un ancrageprogressif des principes de durabilité dans les actionsquotidiennes des acteurs, entreprises, organismes,citoyens. Ces projets peuvent être utilisés commeautant de bonnes pratiques pour un transfert versd'autres municipalités.

6. ConclusionL'histoire a profondément marqué la ville de Berlin. Ceterritoire meurtri a su pourtant se reconstruire endonnant une large place au végétal et à la nature enville.La présence de friches a sans doute influencé leregard des habitants vis­à­vis de la végétationspontanée en ville. Les berlinois acceptent lavégétation sauvage et tolèrent sa présence dans lesespaces publics, y compris dans les cimetières.La ville de Berlin a su inventer des outils deplanification évolutifs. Le LaPro permet ainsi par uneapproche paysagère, de réaliser un système d'espacesde nature, de biotopes, de parcs et jardins sous laforme d'une double ceinture verte reliée par une croixverte.L'attention à l'histoire et à la géographie, la sensibilitéau paysage ont été déterminants dans la forme et ledéveloppement de Berlin.

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ill. 20 : Un jardin de pluie au coeur de la Potsdamer Platz(Crédit Certu).

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• PROFE Beate, RENKER Ursula,THIERFELDER Holle, WÜNNECKE Anke,2009, Das Grüne Berlin, HerausgeberPublisher Senatsverwaltung fürStadtentwicklung, 64 p.• ROUYER Alice, 2001, Berlin : unemétropole au pied du mur, in Jalabert G.(coordinateur), Portraits de grandes villes,société, pouvoirs, territoires, Collectionvilles et territoires, Presse Universitaire duMirail, n°15, pp. 135­160.

8. Sites internet :• Sénat de Berlin(département urbanisme­environnement)http://www.stadtentwicklung.berlin.de/• Grünberlinhttp://www.gruen­berlin.de• SIG de Berlinhttp://fbinter.stadt­berlin.de• Deutsche Institut für Urbanistik (Difu)http://www.difu.de/• Guide durable de la villehttp://www.berlingoesgreen.de• Projet de parc sur le site de l'aéroport deTempelhofhttp://www.tempelhoferfreiheit.de/• Site environnement et urbanismehttp://www.environnement­urbanisme.certu.equipement.gouv.fr

9. RemerciementsNous remercions chaleureusement :Ville de Berlin, Service urbanisme• Ingrid CLOOS,[email protected]

Natur­Park Schöneberg Südgelande, GrünBerlin Park und Garten GmbH• Dr. habil. Gottfried WIEDENMANN,betriebsbuero.Suedgelaende@gruen­berlin.de

Ambassade de France à Berlin• Daniel THURIERE,Conseiller Développement Durable,[email protected]• Julien SIALELLI,Chargé de mission scientifiqueEnvironnement, Climat et Biotechnologies,[email protected]

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