Magazine «environnement» 02/2009 - De l'énergie pour demain
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0209
De l’énergie pour demainQuatre scénarios pour notre approvisionnement > Prendre congé des agents fossiles > L’efficacité, un potentiel à exploiter > Biomasse, force hydraulique, géothermie, solaire, éolien > Produire sans nuire à l’environnement
Les ressources naturelles en Suisse
environnement
environnement 2/09 2
> Sommaire
Dossier Energie
03 Editorial de Bruno Oberle (OFEV) et
Walter Steinmann (OFEN)
04 Perspectives énergétiquesQuatre scénarios pour l’approvisionnement de la
Suisse
08 PolitiqueLa Confédération soutient l’effi cacité
et les sources renouvelables.
12 RechercheVers une société à une tonne de CO2
14 EfficacitéRien de meilleur marché que l’énergie économisée
18 RessourcesAvantages des divers agents énergétiques
20 Force hydrauliqueLe potentiel est presque épuisé.
24 SolaireUne technologie de plus en plus accessible
28 Force éolienneLe retour des moulins à vent
32 BiomasseTirer profi t de la matière végétale et animale
36 Pompes à chaleur et géothermieLa généreuse chaleur de la croûte terrestre
39 Lignes électriquesEnfouir les câbles n’est pas la panacée.
42 Politique extérieureAssurer l’approvisionnement, la rentabilité et la
stabilité du climat
Hors dossier
47 Cistude d’EuropeLa deuxième vie de notre tortue amphibie
50 Qualité de l’airJardiniers, protégez votre santé!
52 BiodiversitéLa montagne, un sanctuaire pour les espèces
56 Dangers naturelsDes conseillers bien formés
Rubriques
44 A notre porte46 En politique internationale58 Du côté du droit / Paru récemment60 Faits et gestes61 Impressum62 Filières et formations63 Portrait
Infos pratiques
A part les rubriques, le contenu de ce numéro est
également disponible sur Internet:
www.environnement-suisse.ch/magazine2009-2
Les articles sont pour la plupart accompagnés
d’une liste de liens et de sources bibliographiques.
La rubrique Agenda se trouve sur le site de l’OFEV:
www.environnement-suisse.ch/calendrier
Elle signale toutes les manifestations de portée
suprarégionale concernant l’environnement.
L’OFEV sur Internet: www.environnement-suisse.ch
En couverture
Image thermographique d’un quartier urbain.
Photo: Sotherm Blaser / www.sotherm.ch
> Abonnement gratuit / commandes
environnement, Zollikofer SA,
service lecteurs, 9001 Saint-Gall
tél. 071 272 74 01 / fax 071 272 75 86
www.environnement-suisse.ch/magazine
Dans le prochain numéro Le numéro 3/2009 sortira début septembre avec
pour thème « Transformer les déchets en ma-tières premières ». Il montrera comment la Suisse
abandonne l’élimination directe des déchets au profi t
d’une valorisation et d’une exploitation écologiques
des précieuses ressources qu’ils contiennent.
3environnement 2/09
Pour le climat et l’environnement:réformons notre système énergétique
Nous couvrons deux tiers de nos besoins en énergie à
l’aide de pétrole et de gaz naturel. Nos petits-enfants, eux,
devront renoncer en grande partie aux agents fossiles.
Il nous faut donc réformer notre système énergé-
tique. Malgré le défi technique, économique et politique
que cela représente, cet objectif peut être atteint.
Accroître l’efficacité constitue le premier pilier d’un
avenir énergétique durable. Les technologies actuel-
les nous permettraient de couvrir nos besoins tout en
réduisant notre consommation de 30 à 70 %. A nous
de les utiliser avec cohérence! Le progrès technique
évitera à la Suisse une hausse douloureuse des coûts
d’énergie tout en lui ouvrant les portes d’un gigantes-
que marché. Pour cela, il faut créer un cadre favorable
à l’innovation.
Les énergies renouvelables forment le deuxième
pilier d’une politique énergétique ménageant le climat.
Le soleil, le vent, la force hydraulique, la biomasse et
la chaleur du sous-sol recèlent des possibilités consi-
dérables. La photovoltaïque et la géothermie profonde,
notamment, joueront un rôle incontournable à l’avenir.
Il faudra toutefois des années pour parvenir à profiter
pleinement de leur potentiel. Or nos installations nu-
cléaires, qui couvrent actuellement 40 % de nos be-
soins en électricité, arrivent à la fin de leur période
d’exploitation. Pour garantir l’approvisionnement à
moyen terme, il faut de nouvelles grandes centrales.
C’est là le troisième pilier de notre politique.
Chaque forme d’énergie a ses inconvénients éco-
logiques. La disponibilité et le prix de l’énergie ont
en outre une influence directe sur le développement
économique et sur nos structures sociales. Réformer
le système demande donc que l’on pondère en perma-
nence les intérêts de l’environnement, de l’économie
et de la société. Les articles de ce magazine montrent
que cela ne se fera pas sans frictions. Cependant, les
débats d’idées et les solutions qu’ils esquissent sont
indispensables si l’on compte gérer nos ressources
naturelles de manière plus respectueuse et obtenir un
mélange énergétique optimal pour notre pays.
Bruno Oberle, directeur de l’Office fédéral
de l’environnement (OFEV)
Walter Steinmann, directeur de l’Office fédéral
de l’énergie (OFEN)
Bruno Oberle Walter Steinmann
Photos: OFEV/OFEN
Le parc éolien du Mont-Crosin et du Mont-Soleil (Jura bernois) a été la première installation de ce genre en Suisse et reste la plus importante avec huit turbines couvrant les besoins d’environ 2700 ménages.Photo: BKW FMB Energie SA
www.environnement-suisse.ch/
magazine2009-2-01
environnement 2/09 > Dossier Energie4
L’heure des choix
1. CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE de la Suisse depuis 1910, en térajoules (TJ)
1910 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 2000 05 10
1 000 000
900 000
800 000
700 000
600 000
500 000
400 000
300 000
200 000
100 000
0
Source: Statistique globale suisse de l’énergie 2007, OFEN, 2008
déchets industriels gaz chaleur à distance électricité
autres énergies renouvelables bois carburants
combustibles pétroliers charbon et coke
A part la force hydraulique et le bois de chauf-fage, la Suisse a peu d’énergies indigènes: 80 % de notre énergie est importée – pétrole, gaz naturel, charbon et produits issus du charbon, combus-tibles nucléaires et même électricité en hiver. Notre consommation repose aux deux tiers sur les agents énergétiques fossiles.
Baisse de la consommation individuelle depuis 1990.Nous utilisons actuellement plus de cinq fois davantage d’énergie qu’en 1950 (voir le graphi-que 1). Cette évolution est principalement due à la croissance économique et démographique, qui a renforcé la demande en logements, en confort et en mobilité et a donc stimulé la construction et la production industrielle. La consommation individuelle s’est accrue de 230 % en Suisse entre
D’importantes décisions de politique énergétique devront être prises ces prochaines années. Elles s’appuieront sur les scénarios d’approvisionnement ébauchés par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) pour la Suisse de 2035.
1950 et 1990 pour baisser de 3 % entre 1990 et 2007 par suite du progrès technique et du glis-sement vers une société de services, moins gour-mande en énergie, mais aussi grâce à la politique de l’OFEN. Comme la population a augmenté de 13 % dans la même période, la consommation énergétique globale a quand même accusé une hausse de 8 %.
Réduire notre dépendance. La politique suisse ré-fl échit actuellement aux objectifs climatiques de l’après 2010. La stratégie suisse dans le cadre de la gouvernance climatique internationale, la loi révisée sur le CO2 et le programme SuisseEner-gie sont axés sur 2020 et au-delà. En outre, des décisions politiques et énergétiques importantes devront être prises concernant l’approvisionne-ment futur en électricité, car les centrales nu-cléaires les plus anciennes cesseront leur activité entre 2019 et 2022 et des contrats d’importation à long terme arriveront à échéance.
L’approvisionnement en énergie constitue un défi permanent en raison de la forte dépendance du pays envers les importations. L’évolution des prix du pétrole, extrêmement volatils, les nom-breux confl its géopolitiques et les débats liés à la libéralisation du marché de l’électricité en Suisse et en Europe ont renforcé ces derniers temps le désir d’accroître la sécurité de l’approvisionne-ment.
Quatre scénarios pour le début du siècle. C’est pour-quoi, de 2003 à 2007, l’OFEN a élaboré des pers-pectives énergétiques pour 2035. Les résultats servent de base de discussion pour décider de la direction à donner à la politique suisse et donc de l’avenir énergétique du pays. Quatre scéna rios présentent les interactions fondamentales de l’offre et de la demande en énergie et montrent comment le contexte économique, notamment la croissance et la démographie, les prix de l’énergie et les prescriptions, les instruments fi nanciers ou les incitations infl uencent le sys-tème énergétique suisse. Ces scénarios ne don-
PERSPECTIVES ÉNERGÉTIQUES
5Dossier Energie > environnement 2/09
nent aucune prévision. Ils illustrent les consé-quences de diverses options politiques et répondent à la question « Et si… ? ».
Les scénarios I et II sont axés sur les mesures, tandis que les options III et IV se concentrent sur les objectifs et analysent comment accroître considérablement l’effi cacité énergétique et ré-duire sensiblement les émissions de CO2 en ap-pliquant de manière cohérente les meilleures technologies disponibles. On constate que l’effi -cacité énergétique est plus diffi cile à atteindre en Suisse qu’une simple réduction des rejets de CO2, car la première requiert l’introduction d’une taxe d’incitation sur tous les agents énergétiques fossiles de même que sur l’électricité produite sans CO2. Les scénarios III et IV nécessitent une politique énergétique et climatique harmonisée à l’échelle internationale.
Comment évoluera la demande? La consommation d’énergie et d’électricité évolue très différem-ment entre 2000 et 2035 selon les scénarios (voir le graphique 4). Si la demande en énergie augmente encore légèrement dans le scénario I, elle baisse un peu dans le scénario II grâce aux instruments politiques. Les scénarios III et IV, qui tablent sur le lancement d’une taxe d’incitation en 2011, escomptent un recul de la demande à partir de 2012.
Les trois premiers scénarios prévoient une forte augmentation de la consommation de cou-rant – près de 25 % pour le scénario I. Elle ne serait qu’à peine atténuée par les instruments politiques du scénario II. Dans le scénario III, la demande augmenterait encore jusqu’en 2020 avant de fl échir un peu, mais resterait supé-rieure, en 2035, à celle de 2000. Selon le scéna -rio IV, qui pose des conditions rigoureuses, elle baisserait dès 2012 pour atteindre en 2035 un niveau légèrement inférieur à celui de l’an 2000.
Manque d’électricité dès 2018. A moins de renou-veler son parc de centrales ou d’augmenter ses importations, la Suisse connaîtra une pénurie d’électricité dès 2018–2020. Le moment ne varie guère d’un scénario à l’autre, car tous prévoient une hausse de la demande jusqu’en 2012 au moins. Mais le besoin en nouvelles capacités de production ou importations d’ici à 2035 est clai-rement plus élevé dans le scénario I que dans le scénario IV.
Sept options concernant l’offre en électricité ont été analysées pour couvrir le manque (voir ta-bleau page 6). Toutes ont leurs avantages et leurs inconvénients. L’énergie nucléaire produit du courant pratiquement sans émettre de CO2, mais elle est peu populaire et la question de l’élimina-
4. CONSOMMATION D’ÉNERGIE ET D’ÉLECTRICITÉ selon les scénarios, en 1000 térajoules (TJ)
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
1950 55 60 65 70 75 80 85 90 95 2000 05 10 15 20 25 30 35
électricité
énergie
passé scénario I scénario II scénario III scénario IV
Source: Prognos SA
35 % chauffage
des locaux
28 % mobilité
chaleur industrielle,
systèmes
d’entraînement
22 %
eau chaude,
éclairage 10 %
autres 5 %
2. UTILISATION DE L’ÉNERGIE en Suisse en 2006
Source: Analyse nach Verwendungszwecken, OFEN, 2008
55 % force hydraulique
énergie
nucléaire 40 %
centrales thermiques
classiques 3 %2 % énergies renouvelables
3. PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ en Suisse en 2007
Source: Statistique suisse de l’électricité 2007, OFEN, 2008
suite page 7
environnement 2/09 > Dossier Energie6
Consommation finale d’énergie – 4 %
Consommation d’électricité + 23 %
Pénurie d’électricité 18,6 TWh
Rejets de CO21 – 9 à – 21 %
Rejets de CO2 (carburants seuls) – 15 %
Efficacité énergétique (consommation d’énergie par habitant) – 9 %
Prix de l’essence pour le consommateur final (aux prix de 2003)
140 ct. par litre
1 dépendent de la variante choisie pour combler le manque d’électricité
Consommation finale d’énergie + 2 %
Consommation d’électricité + 29 %
Pénurie d’électricité 22,3 TWh
Rejets de CO21 + 5 à – 12 %
Rejets de CO2 (carburants seuls) – 4 %
Efficacité énergétique (consommation d’énergie par habitant) – 3 %
Prix de l’essence pour le consommateur final (aux prix de 2003)
140 ct. par litre
1 dépendent de la variante choisie pour combler le manque d’électricité
Le scénario I présente l’effet des outils et mesures adoptés et en vigueur. Les prescriptions d’ho-mologation dans le domaine des technologies énergétiques restent valables, de même que les conventions d’objectifs passées en vertu de la loi sur l’énergie, et sont adaptées au progrès tech-nique. La tendance autonome à l’effi cacité éner-gétique est prise en compte. L’assainissement des bâtiments progresse, mais le taux de rénovation est trop faible.
Scénario I POURSUITE DE LA POLITIQUE ACTUELLE
Le scénario II se caractérise par une collaboration renforcée entre l’Etat et l’économie. L’instaura-tion d’une taxe sur le CO2 applicable aux com-bustibles incite les deux partenaires à conclure des conventions d’objectifs. Le maintien du cen-time climatique jusqu’en 2035 et le lancement d’un centime électrique viennent renforcer les programmes qui encouragent les mesures amé-liorant l’effi cacité dans les domaines du chauf-fage, des carburants et de l’électricité ainsi que la production d’électricité renouvelable. Ce scé-nario part de l’idée que les prescriptions seront légèrement durcies.
Scénario IICOLLABORATION RENFORCÉE
Les scénarios I et II sont axés sur les mesures. Ils montrent l’impact du statu quo sur la consommation d’énergie jusqu’en 2035. Les scénarios III et IV sont axés sur les objectifs. Ils analysent comment accroître l’efficacité énergétique et réduire les émissions de CO2 en appli-quant systématiquement les meilleures technolo-gies disponibles.
Dès 2018, la production indigène d’électricité et les droits de prélèvement à l’étranger ne suffiront plus à couvrir la demande moyenne en hiver. C’est pourquoi, dans tous les scénarios, plusieurs variantes ont été analysées pour remédier à la pénurie d’électricité.
Scénarios pour la période 2000 à 2035
Variante A B C D E C & E D & E G
Scénario nucléaire fossile fossile fossile ER fossile fossile importations centralisé centralisé décentra- centralisé décentra- et lisé et ER lisé et ER nucléaire
I 2 CN 5 CCC 7 CCC 20,0 TWh
1 CN
II 2 CN 3 CCC 5 CCC 12,7 TWh
5,7 TWh 1 CN 5,7 TWh 5,7 TWh
ER 5,7 TWh ER ER
ER
III 1 CN 4 CCC * 17,4 TWh 16,5 TWh 3 CCC * 12,1 TWh 11,5 TWh
CCF ER 8,1 TWh CCF
2,6 TWh ER 9,6 TWh
GH ER
IV 1 CN 3 CCC 11,5 TWh 10,3 TWh 7,6 TWh 6,6 TWh
CCF ER CCF
1,0 TWh 6,2 TWh
GH ER
1 térawattheure (TWh) = 1000 gigawattheures (GWh) = 3600 térajoules (TJ)
1 mégawatt (MW) = 1000 kilowatts (kW)
ER: énergies renouvelables: photovoltaïque, énergie éolienne,
géothermie, bois, biogaz, déchets (50 %) et force hydraulique
de petites centrales hydroélectriques (jusqu’à 10 MW)
CN: centrales nucléaires à 1600 MW
CCC: centrales au gaz à cycle combiné (projet de Chavalon à
357 MW, autres installations à 550 MW)
CCF: installations de couplage chaleur-force, au gaz naturel surtout
GH: grande hydraulique (plus de 10 MW)
* avec combustion de gaz de bois dans les centrales à cycle combiné
au gaz naturel, excepté Chavalon
VARIANTES POUR COMBLER LE MANQUE D’ÉLECTRICITÉ ET CONSTRUCTIONS DE CENTRALES NÉCESSAIRES SELON LES SCÉNARIOS
Source: Prognos SA
Source: Prognos SA Source: Prognos SA
7Dossier Energie > environnement 2/09
Consommation finale d’énergie – 14 %
Consommation d’électricité + 13 %
Pénurie d’électricité 13,5 TWh
Rejets de CO21 – 26 à – 36 %
Rejets de CO2 (carburants seuls) – 30 %
Efficacité énergétique (consommation d’énergie par habitant) – 18 %
Prix de l’essence pour le consommateur final (aux prix de 2003)
281 ct. par litre
1 dépendent de la variante choisie pour combler le manque d’électricité
Consommation finale d’énergie – 27 %
Consommation d’électricité – 2 %
Pénurie d’électricité 5 TWh
Rejets de CO21 – 41 à – 48 %
Rejets de CO2 (carburants seuls) – 42 %
Efficacité énergétique (consommation d’énergie par habitant) – 31 %
Prix de l’essence pour le consommateur final (aux prix de 2003)
312 ct. par litre
1 dépendent de la variante choisie pour combler le manque d’électricité
Le scénario III analyse comment augmenter for-tement l’effi cacité énergétique et diminuer sensiblement les émissions de CO2 en recourant systématiquement pour chaque domaine aux meilleures technologies disponibles. En outre, la proportion des énergies renouvelables dans la production de chaleur, de courant et de car-burants doit augmenter. La mesure essentielle vise à renchérir l’électricité et les énergies non renouvelables en introduisant dès 2011 une taxe d’incitation qui sera intégralement remboursée à l’économie et aux ménages. Ce scénario suppose en outre une harmonisation internationale des outils et des objectifs énergétiques. Il est exclu que la Suisse fasse cavalier seul.
Scénario III NOUVELLES PRIORITÉS
Le scénario IV amorce la transition vers la société à 2000 watts. Le rapport de mars 2002 du Con-seil fédéral, intitulé « Stratégie 2002 pour le déve-loppement durable », précise qu’il s’agit là d’un objectif à long terme des politiques climatique et énergétique. Pour le réaliser à l’horizon 2100, il faut renforcer les outils et les mesures du scéna-rio III, mais aussi ouvrir le marché à de nouvelles technologies clés, modifi er les structures des surfaces habitables et des surfaces de référence énergétique, ainsi que des nouveaux produits et procédés de production industriels, et changer le comportement de mobilité. Comme le précédent, ce scénario table sur une harmonisation interna-tionale des objectifs.
Scénario IVCAP SUR LA SOCIÉTÉ À 2000 WATTS
CONTACTS
Felix Andrist (à gauche)
Chef de la section
Analyses et perspectives
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 56 74
Michel Piot (à droite)
Chef de la section
Approvisionnement énergétique
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 56 96
tion des déchets radioactifs n’est pas résolue sur le plan politique. Les centrales à cycles combinés alimentées au gaz se construisent vite mais ont un impact considérable sur le bilan de CO2 et ac-croissent la dépendance envers les importations de gaz. Ces deux options sont bon marché par rapport à d’autres technologies. Les importations le sont aussi, mais elles menacent la sécurité de l’approvisionnement et peuvent entraîner de gros risques fi nanciers. Les agents énergétiques renouvelables sont durables mais encore chers, du moins provisoirement, et peuvent parfois nuire à l’environnement et à l’aspect du paysage.
Conséquences macro-économiques. Pour détermi-ner les retombées économiques de ces options, on a recensé toutes les interdépendances perti-nentes sur les plans national et extérieur. L’harmonisation internationale des objectifs en
matière de CO2 et la taxe d’incitation n’ont que peu d’effets négatifs sur l’économie. La baisse de la croissance et le recul de la consommation et de l’emploi resteraient limités.
Le CO2 émis en Suisse peut parfois être com-pensé à meilleur compte à l’étranger, mais cela entraîne une exportation de capitaux, alors que la réduction des émissions sur le territoire crée des emplois, notamment dans les secteurs por-teurs d’avenir. De plus, les mesures intérieures de compensation et l’accroissement de la pro-duction d’électricité améliorent la qualité de vie et la sécurité de l’approvisionnement.
Felix Andrist, Michel Piot, Office fédéral de l’énergiewww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-02
Source: Prognos SA Source: Prognos SA
environnement 2/09 > Dossier Energie8
En février 2008, le Conseil fédéral a adopté des plans d’action pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, et pris d’autres décisions concernant l’avenir de la Suisse. Cette démarche découle d’une stratégie déjà entérinée, fondée sur quatre piliers: l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les grandes centrales élec-triques ainsi que la politique énergétique extérieure. L’objectif est d’assurer l’approvisionnement, de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de limiter la dépendance envers les énergies fossiles.
L’article 89 de la Constitution fédérale prévoit que, « dans les limites de leurs compétences res-pectives, la Confédération et les cantons s’em-ploient à promouvoir un approvisionnement énergétique suffi sant, diversifi é, sûr, économi-quement optimal et respectueux de l’environne-ment ». La politique énergétique est étroitement liée à la politique climatique puisqu’en Suisse, près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre sont dues aux agents fossiles. Mais elle doit aussi répondre à des impératifs de rendement et de sécurité d’approvisionnement.
Efficacité, énergies renouvelables ... En 2007, le Conseil fédéral a approuvé une réorientation de la stratégie suisse. Elle se fonde sur quatre piliers. Les deux premiers, l’effi cacité énergé-tique et la promotion des énergies renouvelables, doivent permettre un système durable allant dans le sens d’une société à 2000 watts (voir aussi page 13) et réduire la dépendance envers l’étran-ger, soit augmenter la sécurité d’approvision-nement. D’après les résultats des travaux sur les perspectives énergétiques (voir page 4), les coûts de réalisation des deux plans d’action cor-
POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE
Une stratégie sur quatre piliers
9Dossier Energie > environnement 2/09
L’image thermographique de ce bâtiment met en évidence ses déperditions de chaleur: les surfaces bien isolées sont froides, les zones de fuites sont chaudes (à droite: échelle de couleurs et tempéra-tures représentées, en degrés Celsius).Photo: Sotherm Blaser / www.sotherm.ch
respondants sont supportables pour l’économie nationale.
... grandes centrales électriques et politique exté-rieure. Le troisième pilier tient compte du fait qu’en raison d’une électrifi cation toujours plus poussée, la consommation de courant ne pourra pas être stabilisée avant 2035 au plus tôt, mal-gré une meilleure effi cacité. Dans le domaine de l’électricité, la sécurité d’approvisionnement exige donc de remplacer les grandes centrales et d’en construire de nouvelles.
Ces dernières années, le contexte internatio-nal a fortement changé: l’UE a créé un marché intérieur libéralisé pour l’électricité et le gaz, la lutte pour les ressources naturelles s’est exa-cerbée à l’échelle mondiale. La coopération tant multilatérale que bilatérale revêt une importance croissante pour assurer l’approvisionnement. La politique énergétique extérieure constitue donc logiquement le quatrième pilier (voir page 42).
Le Plan d’action pour l’efficacité énergétique. Les plans d’action sont d’importants instruments de
environnement 2/09 > Dossier Energie10
la stratégie énergétique. Celui qui est consacré à l’effi cacité comprend quinze mesures. Son objec-tif est, d’ici 2020, de diminuer de 20 % par rap-port à l’année 2000 la consommation d’agents fossiles et de stabiliser la consommation d’élec-tricité au niveau de 2006. Sa réalisation concrète dépend encore du législateur.
Les bâtiments recèlent un important poten-tiel d’effi cacité, mais de nombreuses entraves autres que fi nancières subsistent dans ce do-maine. Malgré la taxe sur le CO2 applicable aux combustibles, il n’y a pas ou presque de méca-nisme qui motive les propriétaires de bâtiments locatifs à prendre des mesures d’assainissement énergétique. En outre, les investisseurs disposent rarement des connaissances nécessaires en ma-tière d’énergie. Quant aux architectes et aux pla-nifi cateurs, ils sont souvent mal informés. Ici, la principale mesure consiste en un programme na-tional d’assainissement élaboré de concert par la Confédération, les cantons et les communes. La Confédération attend en outre des cantons qu’ils appliquent aux constructions et aux rénovations des prescriptions minimales plus sévères, har-monisées à l’échelle suisse (modèles de prescrip-tions, voir aussi page 16). Elle veut les aider à instaurer, pour les bâtiments, un certifi cat de performance énergétique valable dans tout le pays, qui améliorera la transparence du marché.
Pour les appareils, une stratégie de « meilleu-res pratiques » est poursuivie dans le cadre d’une procédure harmonisée à l’échelle internationale: les normes minimales deviennent toujours plus strictes et les plus mauvais appareils sont retirés
du commerce. Les technologies actuelles sont effi caces et se révèlent économiques à moyen terme. Les prescriptions dans ce domaine sont donc utiles.
En matière de mobilité, on mise sur les inci-tations. Un bonus doit encourager les consom-mateurs à acheter un véhicule à bonne perfor-mance énergétique et environnementale. Son fi nancement proviendrait d’une augmentation de l’impôt automobile. La commission compé-tente du Conseil des Etats, la CEATE-E, a lancé une consultation sur le sujet en décembre 2008. De nouveaux objectifs plus contraignants fi xés avec les importateurs de voitures viennent étayer cette mesure. De plus, la Confédération soutient les efforts des cantons pour imposer les véhicules
à moteur en fonction de leur consommation. Elle projette également de transformer l’actuelle éti-quetteEnergie en une étiquetteEnvironnement, plus pratique, qui servira de référence aux can-tons pour développer une solution uniforme.
Enfi n, les contributions concrètes des pou-voirs publics (rôle d’exemple) ont un effet non négligeable, tout comme l’offensive coordonnée dans le domaine de la recherche et de la forma-tion. Cette dernière est par ailleurs essentielle pour la réalisation à moyen et long terme des mesures nécessaires.
Le Plan d’action pour les énergies renouvelables. Ce plan d’action vise à faire passer la part des éner-gies renouvelables de 16 % aujourd’hui à 25 %. Il se fonde sur les nouvelles bases légales, dont il complète les mesures concernant l’électricité et les carburants (loi sur l’énergie prévoyant la ré-tribution à prix coûtant du courant injecté dès 2009, loi révisée sur l’imposition des huiles mi-nérales en vigueur depuis 2008).
Il se concentre donc sur la production de chaleur – chauffage et eau chaude dans les bâti-ments ainsi que chaleur industrielle. Les réseaux de chauffage de proximité et à distance recèlent en effet de grands potentiels. Ces dispositions viennent parfaire la politique actuelle de promo-tion des agents énergétiques renouvelables. La
L’objectif est, d’ici 2020, de diminuer de 20 % par rapport à l’année 2000 la consommation d’agents fossiles et de stabiliser la consommation d’électricité au niveau de 2006.
22 % combustibles
pétroliers
33 % carburants
pétroliers
électricité 24 %
gaz 12 %
reste 9 %
CONSOMMATION TOTALE D’ÉNERGIE EN 2007: 865 420 TJ
Source: OFEN
11Dossier Energie > environnement 2/09
hjb. Une étude d’impact sur l’environnement (EIE) est obligatoire pour toute nouvelle cen trale nucléaire ainsi que pour les dépôts de déchets radioactifs en couches géologiques profondes. Dans le cadre d’une EIE, l’OFEV s’assure que le projet respecte la législation sur l’environne-ment: protection des eaux, des sols, de l’air, ex-traction de matériaux, éventuels défrichements, nature et paysage.
Les services de l’OFEV n’ont pas à se pronon-cer sur la question la plus importante et la plus controversée: celle du risque d’un accident qui libérerait de la radioactivité. Les substances ra-dioactives et le rayonnement ionisant relèvent en effet de la loi sur l’énergie nucléaire. Jusqu’ici, c’était la Division principale de la sécurité des installations nucléaires (DSN), à l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN), qui était compétente en la matière. Le 1er janvier 2009, la DSN est devenue une institution indépendante, l’Inspection fédé-rale de la sécurité nucléaire (IFSN).
Autorisation des centrales nucléaires: le rôle de l’OFEV
biomasse (bois et autres) fait l’objet d’une stra-tégie spécifi que de premier plan. Elle représente à court et moyen terme la source d’énergie verte la plus importante et – du point de vue écono-mique – la plus intéressante. Elle peut jouer un rôle déterminant dans les réseaux de chaleur ainsi que dans les installations de couplage cha-leur-force décentralisées. La production d’eau chaude par des centrales solaires thermiques offre également un fort potentiel, économique-ment rentable. Ces deux secteurs ne pourront cependant se développer que s’ils bénéfi cient de systèmes de promotion et d’incitation.
Les mesures d’accompagnement telles que les incitations fi scales ou l’allégement des condi-tions relatives à l’aménagement du territoire sont essentielles. La Confédération peut coordon-ner et faire des recommandations. L’application des mesures relève de la compétence des cantons et des communes.
Le programme d’impulsions présenté dans le plan d’action concerne la recherche, le transfert de technologie et la formation. L’Etat, la recher-che publique et privée ainsi que les institutions de formation y sont encouragés à concentrer encore plus leur action sur les énergies renouvelables.
Le Conseil fédéral mise sur le nucléaire. L’électricité remplace de plus en plus les agents fossiles, no-tamment en raison de la nécessité de convertir le système énergétique suisse aux énergies re-nouvelables. Les potentiels de ces dernières, force hydraulique comprise, ne suffi ront pas à moyen terme pour répondre à cette demande de cou-rant. Dès 2020 environ, la production intérieure ne couvrira plus la consommation hivernale.
CONTACT
Matthias Gysler
Chef de la section
Politique énergétique
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 56 29
Le Conseil fédéral a par conséquent clairement misé sur les grandes centrales électriques, en particulier sur les centrales nucléaires. Mais même si le peuple approuvait la construction d’une installation de ce type, l’approvisionnement ne serait pas assuré durant un certain temps, car l’ensemble de la procédure d’autorisation dure au minimum quinze ans. Des usines à gaz pour-raient remédier à la pénurie. Afi n de ne pas en-trer en confl it avec les objectifs de la politique climatique, elles devraient toutefois compenser totalement leurs émissions de CO2. Le Parlement a décidé dans un arrêté fédéral que 70 % des me-sures de compensation devaient être mises en œuvre en Suisse. Une révision de la loi sur le CO2 allant dans ce sens faisait encore l’objet de débats parlementaires au moment du bouclage de ce numéro. Pour une question de rentabilité, le Conseil fédéral propose quant à lui que ces centrales à gaz puissent compenser la moitié de leurs émissions à l’étranger.
Matthias Gysler, Office fédéral de l’énergiewww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-03
PART DES ÉNERGIES RENOUVELABLES dans la consommation totale de 2007
12 ,58 % électricité
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consommation finale
renouvelable 18,3 %
Source: OFEN
environnement 2/09 > Dossier Energie12
L’objectif de la stratégie énergétique publiée en 2008 par l’Energy Science Center (ESC) de l’EPFZ tient en une phrase: approvisionner le pays et la planète en énergie tout en préservant le climat. Pour ce faire, il faut stabiliser le CO2 atmosphérique à un niveau limitant l’élévation moyenne de la température à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, autrement dit ramener les émissions de CO2 à une tonne par an pour cha-cun des quelque neuf milliards d’êtres humains qui peupleront la Terre à la fi n du XXIe siècle. Comment la Suisse parviendra-t-elle à couvrir
ses besoins en énergie dans ces conditions? Selon l’ESC, la mobilité consommera la quasi-totalité de son budget de CO2, car le transport de personnes et de marchandises sur de longues dis-tances, notamment sur l’eau et dans l’air, conti-nuera à être assuré dans une large mesure par des moteurs fonctionnant aux hydrocarbures.
En revanche, la totalité de la chaleur sera produite sans énergies fossiles grâce à l’isola-tion parfaite des logements, mais aussi à des énergies renouvelables: soleil, chaleur ambiante, géothermie ou biomasse.
Aujourd’hui, en tenant compte des émissions grises dues aux biens et services importés, chacun d’entre nous produit environ onze tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an. D’ici la fin du siècle, nous devrons nous contenter d’une tonne. L’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a défini des pistes pour un approvisionnement énergétique qui préserve le climat.
Une tonne de CO2 par personne
* L’énergie primaire est la forme d’énergie disponible dans la nature, sous forme par exemple de charbon, de gaz naturel, de vent, de force hydraulique ou de rayonnement solaire.
** L’énergie finale est l’énergie dont disposent les consommateurs, déduction faite des pertes de transport et de trans-formation. Dans ce dossier, l’expression « consomma-tion d’énergie » se réfère toujours à l’énergie finale.
NOTRE SYSTÈME D’APPROVISIONNEMENT REPOSERA SUR L’ÉLECTRICITÉ. Les objectifs stratégiques fixés pour le système énergétique futur visent à préserver le climat. Pour les atteindre, il faut améliorer l’efficacité dans la chaîne de trans-formation et augmenter, dans le mix énergétique, la proportion de courant émettant peu de CO2.
thermique solaire, biomasse
Source: Energy Science Center (ESC), Stratégie énergétique pour l’EPF de Zurich, février 2008
chaleur ambiante
stockage efficaceet
réseau électrique
carburants liquides
4 à 6 kW d’énergie primaire* (dépendant
entre autres du mix électrique), dont 70 % d’électricité
2 à 2,5 kW d’énergie finale**
totale, dont 50 % d’électricité
par habitant
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chaleur ambiante
électricité
RECHERCHE
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énergie éolienne
énergie nucléaire
charbon
gaz
force hydraulique
biomasse
chaleur (températures
élevées et moyennes)
chaleur (basses températures)
moteurs électriques
éclairage
TI/communication
autres
transports de personnes et de marchandises, courte distance
transports, moyenne et longue distance
13Dossier Energie > environnement 2/09
Un avenir photovoltaïque. Le trafi c des personnes et des marchandises sur courtes et moyennes distances fera appel à l’électricité: train pour les transports publics, voiture électrique pour les déplacements individuels. Par ailleurs, la multi-plication des pompes à chaleur prévue par l’ESC entraînera une hausse de la consommation in-dividuelle de courant de 25 à 40 %, qui pourrait cependant être compensée par une amélioration notable de l’effi cacité énergétique. Cela étant, en raison de la croissance démographique, il faudra considérablement augmenter la production.
Comment obtenir cette électricité? Dans une phase transitoire, la stratégie énergétique pré-voit le recours à diverses énergies primaires: fossiles (captage et stockage du carbone ou CSC, voir page 18, « Charbon »), hydraulique, nucléaire, éolienne et solaire. A partir de la deuxième moi-tié du XXIe siècle, la photovoltaïque occupera une place primordiale dans le monde entier.
Hansjakob Baumgartner www.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-04
L’objectif déclaré de la politique énergétique suisse est la société à 2000 watts: de 6000 watts aujourd’hui, la consommation d’énergie pri-maire par habitant doit être ramenée à une puissance continue de 2000 watts.
L’approche de la stratégie de l’ESC est diffé-rente: elle se concentre sur les émissions de CO2, partant du principe que ce sont elles et non pas la consommation énergétique en soi qui contribuent au réchauffement de l’atmosphère. L’ESC se fonde sur une consommation d’éner-gie primaire de 4000 à 6000 watts. Cela étant, la différence avec la société à 2000 watts est moins grande qu’il n’y paraît. Elle est principa-lement due au fait que l’énergie primaire n’est
pas défi nie de la même manière pour certaines sources. En photovoltaïque, est-ce l’électricité produite par la cellule solaire ou le rayonne-ment capté par celle-ci? Le projet de la société à 2000 watts retient la première défi nition, celui de la société à 1 tonne de CO2 la seconde. Comme l’effi cacité des cellules solaires atteint 20 % au maximum, la consommation d’énergie primaire calculée pour la photovoltaïque est multipliée par cinq voire plus.
Globalement, l’ESC vise toutefois une réduc-tion moins importante de la consommation d’énergie et mise essentiellement sur le rempla-cement des énergies fossiles par l’électricité.
2000 watts ou 1 tonne de CO2? Photo: AURA
environnement 2/09 > Dossier Energie14
EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE
Une efficacité énergétique à la pointe de la technique permettrait de réduire la consommation d’énergie de 30 à 70 % ces vingt prochaines années. Les émissions de CO2 en diminueraient de moitié.
Faire mieux avec moins
« L’effi cacité énergétique est l’énergie la moins chère dont nous disposions »: aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est le PDG de la compagnie pétrolière Chevron, David O’Reilly, qui a formulé récemment ce credo de l’économie d’énergie dans un entretien. L’ Agence internationale de l’éner-gie (AIE) partage entièrement cet avis. Ses experts confi rment que dans le domaine de la produc-tivité énergétique, le retour sur investissement est double. D’une part, la facture énergétique est plus modeste, et d’autre part, chaque franc supplémen-taire investi dans des appareils, des machines et des bâtiments plus effi caces permet de réduire de deux francs les budgets destinés à augmenter les disponibilités du réseau.
En Suisse, une effi cacité énergétique à la pointe de la technique pourrait, selon les secteurs, faire diminuer de 30 à 70 % la consommation d’énergie de ces vingt prochaines années. L’ Acadé-mie suisse des sciences naturelles (SCNAT) et celle des sciences techniques (SATW) ont calculé ces po-
tentiels d’économie: en recourant à des appareils plus performants et au couplage chaleur-force, il nous faudrait 15 à 25 % d’électricité en moins pour couvrir nos besoins actuels. Une améliora-tion de l’isolation permettrait d’autre part une économie de chauffage de 20 à 35 %. Des véhi cules et une conduite économiques ainsi que l’utilisa-tion accrue des transports publics nous feraient épargner 25 à 40 % de carburant*.
Un pilier de la politique climatique. Le Conseil fédéral et le Parlement ont donc décidé de multiplier les efforts allant dans ce sens. L’effi cacité énergétique est l’un des piliers de la stratégie développée par la Suisse pour faire face à la pénurie d’énergie et aux changements climatiques: c’est ce qu’a décla-ré le conseiller fédéral Moritz Leuenberger en fé-vrier 2008, lors de la présentation de la politique climatique de l’après 2012 et des plans d’action pour l’effi cacité énergétique et les énergies renou-velables (voir page 8).
Certains secteurs se prêtent mieux que d’autres à l’exploitation de ce potentiel. Les appareils élec-troménagers viennent en tête de liste. Fin octobre 2008, le Conseil fédéral a mis en consultation une révision portant sur plusieurs actes législatifs et visant à améliorer la performance énergétique. Elle prévoit des normes d’effi cacité pour les appa-reils ménagers et électroniques ainsi que pour les moteurs électriques. Les appareils à bas prix très gourmands en énergie seraient retirés du marché
après un délai transitoire. Il ne resterait alors plus que des lave-vaisselle, réfrigérateurs et sèche-linge performants qui pourraient, selon l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN), représenter une économie de 300 gigawattheures de courant sur les dix ans de leur durée de vie.
Les premières prescriptions sur les ampoules sont entrées en vigueur le 1er janvier 2009. En l’occurrence, la diminution des factures d’élec-tricité compense rapidement le prix d’achat plus élevé des lampes économiques.
Une mobilisation générale est nécessaire. L’élabora-tion de ces normes d’effi cacité illustre bien l’idée de partenariat sur laquelle mise la Confédération pour réaliser son Plan d’action pour l’effi cacité
La diminution des factures d’électricité compense rapidement le prix d’achat plus élevé des lampes économiques.
* Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), Académie suisse
des sciences techniques (SATW), ProClim – Forum for Climate and
Global Change, Sources d’énergie: chiffres et faits. Utilisation, potentiel
et risques en Suisse de différentes sources d’énergie, 2007.
15Dossier Energie > environnement 2/09
énergétique. L’idée est que tous se mobilisent, du monde politique à la population en passant par l’économie. « Nous devons trouver des solutions consensuelles dont l’application soit soutenue par l’ensemble des milieux concernés », souligne Martin Sager, chef de la section Effi cacité énergé-tique de l’OFEN. Ainsi, les exigences minimales pour les appareils électroménagers sont défi nies en collaboration avec la branche des appareils électriques et d’autres organisations intéressées.
La Suisse en éclaireuse. Cette démarche participa-tive suit les évolutions en cours au sein de l’Union européenne (UE), mais permet aussi d’in-fl uencer ses décisions. Dans le cas des machines à café par exemple, la Suisse a pris les devants en lançant l’idée d’une étiquette énergie volontaire, formule qui devrait maintenant être adoptée par l’UE. Elle a aussi pu accélérer les décisions de Bruxelles au sujet des ampoules destinées aux ménages. « Nous ne devons pas nous contenter d’emboîter le pas à l’UE », déclare Martin Sager. « Nous voulons au contraire retrouver le temps d’avance que la Suisse avait autrefois dans les questions d’énergie. »
Réorganiser notre mobilité. En 1990, un véhicule pesant 1000 kilos consommait plus de 7,5 litres aux 100 kilomètres. Aujourd’hui, il lui en faut à peine 5, ce qui diminue d’un tiers les émis-sions de CO2. La demande en modèles toujours plus lourds et plus puissants a cependant prati-quement réduit à néant ce gain d’effi cacité. Par rapport à 1990, le poids à vide moyen a en effet augmenté de 300 kilos, pour atteindre 1500 kilos actuellement. Les voitures réellement économes telles que la Lupo 3L de Volkswagen ont été re-tirées du marché faute d’acquéreurs. « Les gens ne sont pas encore prêts à acheter des voitures effi caces et à se limiter quant à la taille de leurs engins », constate Martin Sager. L’Association des importateurs suisses d’automobiles y voit d’ailleurs la raison pour laquelle la consomma-
Les sèche-linge décrochent la palme des appareils ménagers les plus gour-mands en électricité. Bien que sécher sa lessive sur un étendage soit gratuit, n’utilise pas de courant et ménage davantage le linge, ils sont toujours plus nombreux. En Suisse, leur consommation énergétique représente déjà la moitié de celle des lave-linge. Ceux qui ne sauraient s’en passer peuvent au moins opter pour un modèle de classe énergétique A, qui engloutira moitié moins de courant que les modèles les moins performants. Ce type d’appareil est doté d’une pompe qui récupère la chaleur, raison pour laquelle il sera bientôt le seul autorisé sur le marché.
Une villa individuelle moyenne perd près d’un tiers de sa chaleur par le toit et un autre tiers par sa façade. Le reste s’échappe par les fenêtres ou par la cave. Pour construire une maison énergétiquement effi cace, il faut donc ac-corder une grande attention à ces points de fuites et bâtir selon la norme
Minergie-P. Par rapport à une maison conventionnelle des années 1970 pour-vue d’un chauffage au mazout, une maison Minergie-P peut économiser jusqu’à 90 % d’énergie et éviter 100 % des émissions de CO2.
En règle générale, plus une voiture est lourde et volumineuse, plus sa consommation d’énergie augmente – tout comme ses rejets de CO2. Mais le type de propulsion joue également un rôle: les véhicules hybrides sont dotés de deux moteurs, l’un à combustion et l’autre électrique. La Toyota Prius, sur le plan énergétique la plus performante de toutes les voitures dis-ponibles en Suisse en 2007, consomme par exemple 4,3 litres d’essence aux 100 kilomètres alors que certaines voitures de classe moyenne en sont encore au double. Elle passe pour le nec plus ultra en matière écologique, mais un véhicule hybride pourrait faire bien mieux. En effet, avec ses 1400 kilos, la Prius n’est pas vraiment légère. L’avenir appartient aux modèles hybrides petits et légers.
Quand la technique s’en prend au gaspillage
www.genesishome.ch
www.motor-talk.de
environnement 2/09 > Dossier Energie16
tion moyenne de carburant des nouveaux véhi-cules était de 7,43 litres aux 100 kilomètres en 2007, manquant ainsi l’objectif intermédiaire de 6,65 litres fi xé avec le DETEC. « Impliquer les im-portateurs ne suffi t pas. Nous avons maintenant besoin de mesures qui incitent les automobilistes à se comporter de manière responsable », estime Isabel Junker, de la section Climat de l’OFEV. La consommation des véhicules et leurs émissions doivent en outre faire l’objet de prescriptions contraignantes.
Comment donc maîtriser ce gouffre à énergie qu’est la mobilité? Les spécialistes de l’énergie et du climat sont d’accord: il n’y a pas de recette miracle. Ni la propulsion à l’hydrogène ni les sys-tèmes de conduite assistée par ordinateur n’ap-porteront la solution. « Il faut combiner plusieurs approches », explique Martin Sager. « La tech nique seule ne suffi ra pas. Nous devons aussi modifi er notre style de vie, notre comportement et notre usage de la voiture. » Habiter plus près de son lieu de travail, opter pour le covoiturage, utiliser les transports publics et passer plus souvent son temps libre dans les environs sont autant d’atti-
tudes à encourager, notamment à travers une po-litique intelligente des transports et un aménage-ment du territoire conséquent. A l’échelle locale, la mobilité doit faire l’objet d’une véritable ges-tion au sein des communes et des entreprises.
Assainir notre parc immobilier. Nous utilisons au bas mot 40 % de l’énergie pour chauffer nos bâ-timents. De fait, ce secteur cause plus de 30 % des émissions de gaz à effet de serre de Suisse. Un premier pas pour limiter ces rejets a été franchi le 1er janvier 2008 avec l’instauration de la taxe sur le CO2 applicable aux combustibles (mazout). Cette mesure n’exploite cependant de loin pas tout le potentiel d’effi cacité existant. La stratégie énergétique et climatique de la Confédération ne saurait donc se passer d’un programme national d’assainissement du parc immobilier.
Tous les organes intéressés sont du même avis: un tel programme vise à générer une vague de rénovations. Les subventions devraient être distribuées sur place, dans les cantons et les com-munes, selon une procédure aussi simple que pos-sible et des critères valables dans tout le pays. On s’attend aussi à un effet conjoncturel positif sur la crise économique actuelle. « Lors de la mise en œuvre, les conseils aux maîtres d’ouvrage seront essentiels », souligne Thomas Jud, de la section
Collectivités publiques et bâtiments de l’OFEN. L’objectif est non seulement de lancer de nou-veaux projets d’assainissement, mais aussi d’amé-liorer l’effi cacité énergétique des plans existants, en convaincant par exemple un entrepreneur de ne pas se contenter de changer les fenêtres d’un immeuble, mais d’en profi ter pour mieux isoler les façades et le toit également.
La taxe sur le CO2 à la rescousse. Comment fi nancer le programme national de promotion de la réno-vation énergétique des bâtiments? Cette question a provoqué des remous dans le monde politique. Mais le 19 mars 2009, le Conseil national a pris sa décision à une nette majorité: ce programme prévu sur dix ans doit être assuré en y investis-sant une partie de la taxe sur le CO2 applicable aux combustibles. A partir de 2010, selon la vo-lonté du Conseil national, les recettes annuelles de la taxe seront utilisées à raison d’un tiers – au maximum 200 millions de francs – pour réduire les émissions de CO2 dans les constructions. Le reste sera redistribué directement au secteur éco-nomique et à la population, comme auparavant.
Cette affectation partielle de la taxe exige une modifi cation de la loi sur le CO2, que le Conseil des Etats examinera vraisemblablement durant la session d’été 2009. Thomas Stadler, chef de la division Climat, économie et observation de l’en-vironnement à l’OFEV, espère que le Conseil des Etats suivra le Conseil national et qu’une partie de la taxe sera mise à disposition dès 2010.
Minergie devient la norme. Les obstacles politiques ne sont pas aussi importants lorsqu’il s’agit d’ap-pliquer de nouveaux modèles de prescriptions énergétiques cantonales dans ce secteur. Des li-mites beaucoup plus sévères de consommation d’énergie constituent la principale nouveauté. Une maison neuve devra consommer au maxi-mum 4,8 litres d’équivalent mazout par mètre carré pour son approvisionnement en chaleur, ce qui correspond en gros aux exigences Minergie de 2007, mise à part la réglementation concer-nant l’utilisation d’une ventilation de confort.
La Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie a adopté ces modèles communs. C’est maintenant au tour des cantons de les reprendre d’ici à 2011 dans leur législation.
Kaspar Meuliwww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-05
CONTACTS
Martin Sager
Chef de la section
Efficacité énergétique
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 54 48
Isabel Junker
Section Climat
OFEV
031 325 18 57
« La technique seule ne suffira pas. Nous devons aussi modifier notre style de vie, notre comportement et notre usage de la voiture. »
17Dossier Energie > environnement 2/09
Cette maison Minergie-P-Eco de trois appartements, située dans le quartier de Liebefeld à Berne, dispose d’un triple vitrage, d’un système d’aération avec récupération de chaleur et d’un chauffage à pellets. Une installation solaire l’alimente en eau chaude. Photos: k-tipp/Dominik Schütz
environnement 2/09 > Dossier Energie18
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environnement 2/09 > Dossier Energie20
L’énergie hydraulique couvre actuellement un peu plus de 13 % des besoins énergétiques de la Suisse. La production pourrait encore légèrement augmenter – un objectif soutenu par la stratégie politique. Les changements climatiques risquent toutefois de jouer les trouble-fêtes.
Les limites de l’or FORCE HYDRAULIQUE
21Dossier Energie > environnement 2/09
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« Nous devrions parvenir un jour à ce qu’aucun ruisseau ne descende des montagnes sans profi ter au bien-être national », proclamait le conseiller national Carl Koechlin en 1900. Il était sûr d’être approuvé par ses confrères: la poli tique énergé-tique suisse entrait dans une nouvelle ère. Notre pays, pauvre en matières premières, avait dé-couvert avec l’énergie hydraulique – la « houille blanche » – une ressource dont il était doté en abondance de par sa situation géographique au cœur des Alpes.
Plus de la moitié de la consommation. De nos jours, l’énergie hydraulique couvre 55 % de nos besoins en électricité. Sans cette énergie renouvelable, notre dépendance du pétrole et nos émissions de gaz à effet de serre seraient bien plus impor-tantes. Et les perspectives pour la protection du climat seraient encore plus sombres qu’elles ne le sont actuellement.
Nous ne pouvons toutefois que nous réjouir de ce que certains ruisseaux aient été dispensés de profi ter au bien-être national, même s’il n’en reste pas beaucoup. Aujourd’hui, 90 % des cours d’eau qui s’y prêtent sont exploités pour la pro-duction d’électricité. Le paysage aquatique a été largement modifi é. Les rivières du Plateau, autrefois rapides, se traînent maintenant d’un barrage à l’autre. Et plus d’un torrent impétueux se transforme en mince fi let d’eau à force de pré-lèvements destinés à la production électrique. Les habitats des cours d’eau sont morcelés par les barrages et le charriage est interrompu.
Faune aquatique: des hauts et des bas. La faune aquatique est de plus en plus souvent confron-tée au problème du régime d’éclusées, soit de l’alternance soudaine entre débit élevé et débit plancher liée aux variations quotidiennes de la demande et des tarifs d’électricité. L’exploitation de la force hydraulique n’est pas étrangère au fait que, sur 55 espèces indigènes de poissons, 8 soient déjà éteintes et 24 menacées.
Depuis 1992, la loi sur la protection des eaux exige le maintien de débits résiduels convena-bles dans les ruisseaux et rivières exploités. Les centrales existantes ne sont toutefois soumises à cette obligation qu’à partir du renouvellement de leur concession, qui aura lieu, pour certains cas, dans 60 ans seulement. Les cours d’eau sensi-blement infl uencés par des prélèvements doivent cependant être assainis.
Lorsqu’il y a plus d’eau dans le lit de la rivière et moins dans les turbines, la centrale fournit moins d’électricité au réseau. L’application géné-rale de la disposition sur les débits résiduels de-vrait donc entraîner une réduction de 6 à 7 % de la production issue de la force hydraulique.
Chantier de la centrale de Rheinfelden (AG), fin janvier 2009 (voir aussi page 22)Photo: Energiedienst
environnement 2/09 > Dossier Energie22
Produire plus avec moins d’eau. Il existe en re-vanche un fort potentiel d’amélioration de l’effi cacité des installations existantes. La na-ture aussi a tout à y gagner, comme le montre l’extension de la centrale d’Albbruck-Dogern, située en Allemagne, en aval de Leibstadt (AG). Cette centrale, construite dans les années 1930, constitue le premier barrage sur le Rhin après l’embouchure de l’Aar. Une grande partie de l’eau est déviée vers le bâtiment des machi-nes par un canal de 3,5 kilomètres de long. Jusqu’au renouvellement de la concession, en 2003, le débit résiduel du Rhin n’était que de 3 à 8 mètres cubes par seconde (m3/s). Depuis, l’exploitant a été obligé de le relever à 40 m3/s dans un premier temps, puis à 70 à 100 m3/s à partir de 2008.
La production d’électricité en pâtit, mais plus pour longtemps. En effet, l’exploitant alle-mand, RADAG, est en train de construire, au ni-veau du barrage, une deuxième turbine d’une capacité de 300 m3/s. Dès qu’elle sera en ser-vice, la totalité de l’eau qui y passera s’écoulera dans le tronçon à débit résiduel qui reprendra vie, offrant même un habitat à l’ombre, espèce menacée. En outre, un cours d’eau de contour-nement proche de l’état naturel sera aménagé pour permettre aux poissons migrateurs de franchir le barrage. Le bénéfi ce sera non seule-ment écologique, mais aussi énergétique: grâce à la nouvelle turbine, la centrale d’Albbruck-Dogern produira près de 20 % de courant en plus.
Exemple encore plus impressionnant: la reconstruction de la centrale de Rheinfelden (AG). L’installation actuelle – la plus ancienne des grandes centrales au fi l de l’eau d’Europe – est en service depuis 100 ans. Un canal conduit une partie de l’eau du Rhin vers l’ancien bâti-ment des machines. La nouvelle centrale sera construite à la hauteur du barrage, supprimant le tronçon à débit résiduel. L’ancien canal sera transformé en contournement et aménagé comme un ruisseau naturel. Le plan d’eau de la retenue étant surélevé de 1,40 m et les nou-velles turbines ayant une capacité supérieure, la production électrique annuelle passera de 185 à 600 gigawattheures (GWh)*.
Préserver les dernières rivières intactes. « L’opti-misation et l’extension des installations exis-tantes ainsi que les nouvelles constructions permettront, malgré les baisses de production imposées par les débits résiduels, de relever la production annuelle d’énergie hydraulique de 2000 GWh par rapport à 2000 », estime Rémy
Estoppey, chef de la section Eaux de surface – morphologie et débits à l’OFEV. Soit une augmentation de 6 à 7 %. La priorité doit être accordée aux projets d’extension et de transfor-mation. « Il ne reste pas beaucoup de rivières au cours naturel. Elles n’en ont que plus de valeur. Si on y effectue des prélèvements, le rapport entre perte écologique et gain énergétique sera encore plus déséquilibré. » Seules doivent être construites les installations présentant un bon rapport coût-utilité. De nouveaux instruments sont donc nécessaires. Rémy Estoppey propose que les cantons désignent les cours d’eau et les régions qui doivent rester intacts. Cela apporte-rait aussi une certaine sécurité de planifi cation à l’économie électrique.
Selon la loi sur l’énergie (LEne) modifi ée en 2007, la production annuelle moyenne d’élec-tricité dans les centrales hydrauliques doit être augmentée, d’ici à 2030, de 2000 GWh au moins par rapport à 2000. « C’est la première fois qu’un objectif quantitatif est formulé pour le développement de la force hydraulique », ex-plique Renaud Juillerat, chef de la section com-pétente à l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN). « Cela lui confère une grande importance. » Nous sommes sur la bonne voie: en 2007, on avait déjà atteint environ 25 % de l’augmen-tation fi xée.
Moins de pluie en été. Une variable reste incon-nue: les changements climatiques. Les modéli-sations régionales prévoient plus de précipita-tions en hiver et plus de sécheresse en été. Dans l’ensemble, pour une augmentation des tem-pératures mondiales de 1 °C, les précipitations annuelles devraient diminuer de 2 % dans l’arc alpin. Sur mandat de l’OFEN, le Laboratoire Hydrologie et Aménagements de l’Ecole poly-technique fédérale de Lausanne (EPFL) a étudié les conséquences de cette évolution pour les centrales hydrauliques suisses: il faut s’atten-dre à un recul de la production de 7 % d’ici à 2050. Ce qui contrebalancerait l’augmentation due au développement des capacités.* 1 gigawattheure (GWh) = 3,6 térajoules (TJ)
Modélisation de la nouvelle centrale de Rheinfelden: le bâtiment des machines ne se trouve plus au bout du canal, mais sur la rive gauche près du barrage. Le canal est transformé en un cours d’eau de contournement proche de l’état naturel, avec une végétation alluviale, des îlots sur lesquels les oiseaux peuvent nicher, des zones d’eaux peu profondes et des bancs de gravier, qui remplace l’ancienne échelle à poissons (photo ci-dessus). Pour aug-menter la hauteur de chute et donc la production de courant, on a creusé le lit du Rhin en aval du barrage. Sur la photo du chantier (pages 20/21), on aperçoit la digue provisoire qui permettait aux pelleteuses d’accéder au fleuve.Photos: www.energiedienst.de (en haut);
www.naturenergie.de (à droite)
PRODUCTION MOYENNE PRÉVUE pour les centrales hydrauliques suisses entre 2000 et 2030
2000 2007 2030 selon objectif LEne
34 318 GWh 34 815 GWh au moins 36 318 GWh
(123 545 TJ) (125 334 TJ) (130 745 TJ)
Source: Statistique des aménagements hydroélectriques, OFEN
3,6 térajoules (TJ) = 1 gigawattheure (GWh) =
1 million de kilowattheures (kWh)
23Dossier Energie > environnement 2/09
CONTACTS
Rémy Estoppey (à gauche)
Chef de la section Eaux de
surface – morphologie et débits
OFEV
031 322 68 78
Renaud Juillerat (à droite)
Chef de la section
Force hydraulique
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 325 54 81
Au peuple de trancher? Lors du bouclage de ce nu-méro du magazine, l’initiative populaire « Eaux vivantes » et le contre-projet du Conseil des Etats étaient en suspens. Tous deux exigent notam-ment des mesures de réactivation du charriage et d’atténuation des effets nuisibles des éclusées. Le fi nancement pourrait être assuré par un sup-plément sur les coûts de transport des réseaux à haute tension. Par ailleurs, le contre-projet prévoit d’assouplir les dispositions sur les débits
résiduels. Le régime dérogatoire actuel, tolérant un débit moindre sous certaines conditions, se-rait élargi pour les tronçons à faible potentiel écologique, ce qui permettrait la production de 100 à 200 GWh supplémentaires. « La déroga-tion concerne les cours d’eau pour lesquels les dommages seront les plus restreints », dit Rémy Estoppey.
Hansjakob Baumgartner www.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-06
environnement 2/09 > Dossier Energie24
ÉNERGIE SOLAIRE
A long terme, la technologie solaire pourrait résoudre nos problèmes énergétiques. Mais elle a besoin d’être soutenue pour devenir plus accessible.
Vers un avenir De toutes les sources d’énergie renouvelables, c’est le soleil qui présente de loin le plus grand potentiel. Hélios pourrait couvrir la majeure partie des besoins de l’humanité en matière de chauffage et d’électricité. En effet, l’énergie qu’il irradie quotidiennement sur la terre correspond aux besoins mondiaux pour 10 000 journées.
En Suisse, les conditions climatiques ne sont pas idéales pour s’alimenter en chaleur et en cou-rant au moyen des capteurs et des cellules solai-res. D’après les estimations de l’Académie suisse des sciences techniques (SATW), la production pourrait cependant être multipliée par 16 d’ici à 2070 pour l’énergie solaire thermique (chauffage
et eau chaude), voire par 200 d’ici à 2050 pour l’énergie photovoltaïque dans le meilleur des cas (voir tableau page 26). Les cellules solaires sont constituées de silicium, une ressource très abon-dante. En revanche, la production exige beau-coup de matériaux, notamment des substances nocives à la couche d’ozone.
Contrairement aux barrages et aux parcs éo-liens, les installations solaires ne sont pratique-ment pas controversées en Suisse. « Dans la me-sure où elles continuent à être intégrées à des bâtiments existants, je ne vois en principe pas de problème », affi rme Markus Thommen, de la sec-tion Paysage et utilisation du territoire à l’OFEV.
25Dossier Energie > environnement 2/09
radieux« Par rapport aux autres énergies renouvelables, les confl its potentiels sont très limités. »
Calcul écologique, calcul financier. De nos jours, déjà, les capteurs solaires qui fournissent à la fois eau chaude et chaleur ambiante sont éco-nomiquement intéressants. La technologie ac-tuelle peut couvrir sans problème plus de 50 % des besoins nationaux en eau chaude et, pour les bâtiments bien isolés, jusqu’à 25 % des be-soins en chauffage. La Suisse compte quelque 50 000 installations de ce type. La demande des proprié taires et des maîtres d’ouvrage s’accroît de près de 30 % par an, et ce pour deux raisons:
Installation photovoltaïque sur le toit de l’école professionnelle de Lucerne Photo: AURA, E. Ammon
d’une part une prise de conscience écologique et d’autre part la hausse des prix de l’énergie, qui augmente l’attrait fi nancier de ces capteurs.
Le montant de l’économie ainsi réalisée varie selon la méthode de calcul. Ce qui est certain, c’est que plus on utilisera de capteurs solaires, plus leur prix baissera, puisque la production en grande série peut être largement automatisée. Leur emploi va sans doute aussi se généraliser du fait de l’interdiction des chauffe-eau purement électriques dans les nouvelles constructions. En outre, les locataires sont de plus en plus de-mandeurs. Comme le montre un sondage du WWF, deux tiers de la population accepteraient
environnement 2/09 > Dossier Energie26
une augmentation mensuelle des charges de 10 francs pour l’installation de capteurs solaires.
Le tout solaire à la fin du siècle? Aujourd’hui, plus personne ou presque ne s’étonne que le soleil soit un moyen fi able pour chauffer des bâtiments et fournir de l’eau chaude. De là à imaginer qu’il puisse un jour approvisionner le monde entier en électricité, il y a un pas… qu’on peut franchir. « Dès la seconde moitié du XXIe siècle, la photo-voltaïque jouera un rôle considérable dans le monde », affi rme l’Energy Science Center (ESC) de l’EPFZ dans la stratégie énergétique qu’il a
élaborée pour l’école (voir aussi page 12). « A long terme, seule l’électricité solaire possède un po-tentiel quantitatif qui lui permettrait de couvrir la plus grande partie des besoins énergétiques. Mais pour cela, il faudra réaliser d’énormes pro-grès technologiques et réduire massivement les coûts. »
Une technologie encore chère. La Société d’Energie Solaire (SES), à Genève, est spécialisée dans la fabrication de modules photovoltaïques en inté-gration d’architecture. Les 4000 mètres carrés de modules installés sur le toit de sa nouvelle usine de production à Plan-les-Ouates (GE), mise en ser-vice cette année, approvisionnent la fabrique en électricité.
Ce projet techniquement intéressant est révé-lateur d’une tendance: les grandes installations sont plus avantageuses, mais elles restent chères. Le prix du kilowattheure produit sur le toit de l’usine SES est trois fois plus élevé que celui du courant traditionnel.
Le soutien actuel est trop modeste. En raison de cette grande différence de prix, le Parlement est réservé quant à la rétribution à prix coûtant (RPC, voir aussi page 10) de l’énergie photovol-
taïque. La RPC doit permettre la production de 5400 gigawattheures (GWh) – soit 19 440 téra-joules (TJ) – supplémentaires à partir d’énergies renouvelables. Cet objectif purement quantita-tif pourra être atteint à bien moindre coût en encourageant de petites centrales hydrauliques qu’en fi nançant uniquement des technologies encore onéreuses. Dans un premier temps, seuls 5 % du budget de la RPC seront donc consacrés aux installations solaires.
Tous peuvent bénéfi cier de la RPC, de la plus petite à la plus grande installation. L’usine de production SES en profi te aussi.
La RPC de la photovoltaïque est un inves-tissement extrêmement utile, estime Urs Wol-fer, expert en énergie solaire à l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN). « Elle permet de créer un marché national important pour l’industrie solaire. » Toutefois, selon Urs Wolfer, le système d’encouragement actuel est trop modeste. Le quota de 5 % a vite été atteint. Sur environ 4000 installations candidates, seules 1800 pour-ront bénéfi cier de la RPC, les autres étant sur liste d’attente. Mais grâce au programme de sta-bilisation 2009, ces dernières vont obtenir un soutien de vingt millions de francs mis à dispo-sition sous forme d’aides à l’investissement. Les aides seront attribuées exclusivement aux projets qui avaient été annoncés pour la RPC à la société nationale du réseau de transport swissgrid sa et dont la réalisation n’a pas encore débuté.
Réduire le coût des cellules. L’importance de l’éner-gie photovoltaïque en Suisse ces prochaines dé-cennies dépendra surtout du prix des cellules so-laires. La technologie des couches minces est très prometteuse. Il s’agit de cellules d’une épaisseur de quelques millièmes de millimètre. La subs-tance photoactive est déposée en phase gazeuse sur un support en métal ou en plastique. Le ren-
« A long terme, seule l’électricité solaire possède un potentiel quantitatif qui lui permettrait de couvrir la plus grande partie des besoins énergétiques. »
ÉNERGIE SOLAIRE: production actuelle et contribution potentielle à l’approvisionnement énergétique de la Suisse en 2050 et 2070, en TJ
2007 2050 2070
Energie photovoltaïque 98 6800 à 20 500 –
Energie solaire thermique 922 – 15 800
Sources OFEN, Statistique des énergies SATW, Plan de route Energies renouvelables, 2006
renouvelables éd. 2007
3,6 térajoules (TJ) = 1 gigawattheure (GWh) = 1 million de kilowattheures (kWh)
27Dossier Energie > environnement 2/09
« L’industrie photovoltaïque vise des prix de réseau concurrentiels pour 2015 – 2020. »
environnement: Monsieur Nowak, on nous promet monts et merveilles de l’énergie solaire. Certaines routes pourraient même être recouvertes de cellules photovoltaïques. N’est-ce pas utopique?Stefan Nowak: Pas vraiment. A long terme, de telles applications sont tout à fait envisagea-bles, mais pas forcément sur les routes. Ac-tuellement, le problème principal réside dans le manque de stabilité des cellules à couches minces. Il est certain que le prix de toutes les cellules va nettement baisser, mais les moins chères ne dureront pas 20 ans, durée de vie mi-nimale requise dans la pratique.
Les fabricants de cellules solaires, comme Oerlikon Solar en Suisse, affi rment que les tarifs de l’énergie photovoltaïque seront concurrentiels dans quelques années. N’est-ce pas un peu optimiste?Non. Il est fort probable que dans les régions très ensoleillées, on parviendra d’ici deux ou trois ans à la parité de réseau, c’est-à-dire que le coût de l’énergie solaire sera identique à celui de l’électricité traditionnelle. Cela sera d’abord le cas dans les pays où le courant est cher, par exemple en Italie.
Et dans les régions moins ensoleillées, comme la Suisse? Cela arrivera-t-il un jour?J’en suis convaincu. Chez nous aussi, l’indu s-trie photovol taïque vise des prix de réseau concurrentiels pour 2015 – 2020. En l’état actuel des connaissances, c’est tout à fait possible.
Il faudrait pour cela réduire considérablement les coûts. Comment faire?En combinant plusieurs éléments: une augmen-tation de la demande de cellules entraînerait, par économie d’échelle, une réduction notable des coûts. Par ailleurs, les progrès technolo-giques permettent de rentabiliser la produc-tion, avec de nouveaux matériaux et processus. Ces deux aspects ont leur importance pour l’évolution des prix.
CONTACT
Urs Wolfer
Chef du secteur Energie solaire
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 56 39
dement de ces cellules est plus faible que celui des cellules traditionnelles en silicium cristallin, mais elles sont moins chères et demandent un investissement matériel et énergétique minimal.
Il est techniquement diffi cile d’intégrer les installations photovoltaïques au réseau élec-trique existant. L’énergie produite dépendant de l’ensoleillement, elle doit être complétée par d’autres sources de courant lorsqu’il ne fait pas assez beau. « Le réglage de réseau devient ainsi le facteur critique de la photovoltaïque », indique l’Académie suisse des sciences techniques (SATW) dans son « Plan de route Energies renouvelables Suisse ». Le recours à cette technologie restera limité si on ne peut pas utiliser de nouvelles sources librement disponibles, telles la géother-mie ou la biomasse. «Des solutions existent», affi rme Urs Wolfer. Il convient toutefois d’éva-luer la demande. Un congélateur, par exemple, ne devrait pas consommer du courant en per-
manence. « Le secteur de l’énergie va devoir faire preuve de beaucoup plus de fl exibilité sur ces questions. »
Importer du courant des pays du Sud? Les centrales héliothermiques ne sont pas adaptées à la situa-tion suisse. Comme d’autres centrales thermi-ques, elles produisent de l’électricité à l’aide de turbines à vapeur. La vapeur est chauffée avec l’énergie solaire, concentrée par un système de miroirs. Selon la SATW, le potentiel de ces instal-lations est en revanche très important dans les ré-gions méditerranéennes. Mises en place sur 1 % de la superfi cie du Sahara, elles pourraient produire suffi samment de courant électrique pour approvi-sionner le monde entier. Il faudrait toutefois ré-gler le problème de la distribution et du stockage.
Kaspar Meuliwww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-07
Entretien avec Stefan Nowak
Stefan Nowak, physicien, est notamment président du pro-gramme photovoltaïque de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il dirige l’entreprise de conseil NET Nowak Energie & Technologie SA, à Saint-Ours (FR).
environnement 2/09 > Dossier Energie28
Les projets d’éoliennes fleurissent en Suisse. Mais avant d’être réalisé, chacun d’entre eux doit être examiné en détail du point de vue de la protection du paysage. La faune aussi doit être prise en compte.
Dans le soleil et dans le vent
ÉNERGIE ÉOLIENNE
Il y a peu de temps encore, aucune de ces lon-gues silhouettes ailées mues par la force du vent n’hérissait le paysage helvétique. Maintenant, on ne pourrait plus imaginer certains lieux sans elles. C’est notamment le cas du site Mont-Crosin – Mont-Soleil, qui regroupe pour l’heure le plus grand parc éolien de Suisse. Construit en 1996 près de Saint-Imier dans le Jura bernois et agran-di à plusieurs reprises, il permet d’alimenter en électricité quelque 3000 ménages. En 2006, il a pu livrer 9,2 millions de kilowattheures de cou-rant, soit plus de la moitié de l’ensemble de la production éolienne suisse.
Une nouvelle extension de huit turbines, plus puissantes que les anciennes, y est d’ailleurs pré-vue. Du fait que la partie ouest de l’arc jurassien bénéfi cie de conditions de vent particulièrement propices, les initiatives du genre sont nombreu-ses. A quelques tours d’hélice du Mont-Crosin, la commune de Saint-Brais (JU) accueillera ainsi sous peu deux messagères du roi Eole hautes de 125 m.
Pas de doute, l’énergie éolienne a le vent en poupe. Mais est-elle conciliable avec la protection du paysage? Les turbines placées sur les crêtes et les hauts plateaux ont certes un côté esthétique, mais leurs lignes élégantes se voient de loin. Le respect du paysage est donc l’une des conditions principales défi nies par le Concept d’énergie éolienne pour la Suisse élaboré conjointement par l’OFEV, l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN) et l’Offi ce fédéral du développement territorial (ARE). « Pas question d’installer des mâts dans les
zones protégées fi gurant dans les inventaires fé-déraux comme les paysages d’importance natio-nale, les sites marécageux, les zones alluviales, le parc national, les réserves de l’Unesco, etc. », in-siste Markus Thommen, de la section Paysage et utilisation du territoire à l’OFEV.
Une kyrielle de projets. En Suisse, une douzaine d’éoliennes sont actuellement opérationnelles. Elles se dressent au Mont-Crosin, en Valais, dans l’Entlebuch (LU), près d’Andermatt (UR) et au Mont-de-Granges (SO). Dans le futur, ces turbines ne devraient cependant plus être aussi rares dans nos contrées, car quelque 70 sites projettent d’en implanter ou d’agrandir leur parc. La plupart désirent édifi er entre cinq et dix engins, vingt parlent d’un seul et dix veulent en réunir dix et plus. « En tout, 395 éoliennes sont aujourd’hui sur les rangs pour la rétribution à prix coûtant (voir page 10) dans l’ensemble du pays », pré-cise Markus Geissmann, responsable de l’énergie éolienne à l’OFEN.
Le stade d’avancement des projets est cepen-dant très variable et nombre d’incertitudes sub-sistent pour une majorité d’entre eux au niveau de la planifi cation, de la technique, de la renta-bilité ou encore de l’environnement. « Il est fort probable que seuls environ 20 % des projets dé-posés se réaliseront dans les deux prochaines an-nées », estime Markus Geissmann.
Pas n’importe où. Tout en étant conscient des confl its d’intérêts possibles entre la protection
29Dossier Energie > environnement 2/09
Le Mont-Crosin, dans le Jura bernois, héberge actuellement le plus grand parc éolien de Suisse (en haut). En bas: éolienne dans l’Entlebuch (LU)Photos: BKW FMB Energie SA, Fondation suisse de l’énergie
environnement 2/09 > Dossier Energie30
du paysage et l’encouragement des énergies re-nouvelables, l’OFEV se montre très favorable au développement de la production éolienne en Suisse. Selon Markus Thommen, « il faut accep-ter que le paysage se modifi e et que de nouvelles formes de l’énergie durable s’y manifestent dans une certaine mesure ». La controverse autour de ces engins a d’ailleurs pris un tournant avec la décision de Crêt-Meuron qui, après une longue procédure, a donné en août 2006 le feu vert à la construction des installations. Le Tribunal fédé-ral a jugé que l’intérêt public à préserver un site naturel ne prédominait pas a priori sur l’intérêt, public également, à assurer l’approvisionnement futur en électricité, d’autant plus que le site en question ne se trouvait pas dans une zone de
protection fédérale. Pour Markus Thommen, il est judicieux de créer en Suisse quelques parcs éoliens où se concentrent les mâts. Les cantons ne devraient donc pas restreindre leurs réfl exions à leur territoire propre lorsqu’ils préparent leur stratégie énergétique. La Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP) rejoint cette position et regrette qu’il n’existe pas de planifi cation à l’échelon national ou régional. « Il est important de se mettre autour d’une table avec tous les acteurs concernés pour trouver la meilleure solution, tant pour l’approvisionne-ment en énergie que pour la protection du pay-sage et de la faune », ajoute Markus Thommen.
Ménager oiseaux ... De son côté, la station ornitho-logique de Sempach se montre prudente quant au choix des emplacements pour les éoliennes. L’organisation a évalué quarante sites priori taires du point de vue des oiseaux, avec les résultats suivants: sur le total, six sont sans problèmes, vingt-huit à vérifi er et six autres à exclure. En guise de recommandations, la station préconise d’éviter de planter les mâts dans les couloirs de migration des oiseaux, leurs aires de halte et de repos, les zones de protection défi nies par la loi ainsi que celles hébergeant des espèces sensibles aux perturbations comme le grand tétras. De plus, elle craint des confl its dans les endroits de concentration d’oiseaux de passage, comme les cols et les crêtes, ainsi que dans les lieux de nidifi cation et d’approvisionnement des espèces menacées ou prioritaires. Les éoliennes peuvent en effet présenter un danger, surtout en cas
CONTACTS
Markus Thommen (à gauche)
Section Paysage et
utilisation du territoire
OFEV
031 322 80 78
Markus Geissmann (à droite)
Responsable Energie éolienne
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 56 10
ÉNERGIE ÉOLIENNE: production actuelle et contribution potentielle à l’approvisionnement énergétique de la Suisse en 2050, en TJ
2007 2050 58 4300Sources OFEN, Statistique des SATW, Plan de route
énergies renouvelables éd. 2007 Energies renouvelables, 2006
« Il est important de se mettre autour d’une table avec tous les acteurs concernés pour trouver la meilleure solution, tant pour l’approvisionnement en énergie que pour la protection du paysage et de la faune. »
3,6 térajoules (TJ) = 1 gigawattheure (GWh) = 1 million de kilowattheures (kWh)
de pluie et de brouillard. Le risque de collision est important pour les migrateurs et les spéci-mens de grande taille comme le milan royal, le gypaète barbu et la cigogne blanche. « Il convient donc d’examiner dans chaque cas les dégâts que pourrait encourir l’avifaune », souligne Benoît Magnin, de la section Paysage et utilisation du territoire de l’OFEV.
... et chauves-souris. Les éoliennes peuvent aussi représenter une menace pour les chauves-souris, comme l’atteste « Eoliennes en Suisse – morta-lité de chauves-souris », un rapport commun de l’OFEN et de l’OFEV paru en 2008. Cette étude es-time que les installations en place coûtent la vie à cinq à onze individus par éolienne et par an, ce qui correspond à la moyenne observée à l’échelle internationale. En bref, les animaux sont attirés par les mâts et se font massacrer par le mouve-ment des pales lorsqu’ils s’en approchent. Il est par conséquent important d’intégrer un volet « chauves-souris » dans les études d’impact. « Il faut éviter des implantations proches de gîtes de reproduction, d’hibernation ou de transit régulièrement fréquentés par les chiroptères. Dans d’autres cas, on pourrait aussi arrêter les éoliennes aux moments les plus sensibles, les soirées de fi n d’été notamment », suggère Benoît Magnin. Les trente espèces de chauves-souris de Suisse sont toutes protégées.
Une grande, plutôt que trois petites. Vu la variété et le nombre de projets en cours, il est diffi cile de savoir quelle sera exactement la production
31Dossier Energie > environnement 2/09
éo lienne suisse ces prochaines années, d’autant plus que celle-ci dépend aussi des conditions mé-téo. Selon l’OFEN, le potentiel à moyen terme, d’ici 2025, se situe entre 1 % et 2 % de nos besoins actuels en électricité et ce chiffre pourrait grim-per jusqu’à 7 % d’ici 2050. En 2007, la production atteignait 16 gigawattheures, soit 58 térajoules.
Le développement actuel de la technique est par ailleurs en train de donner un coup de pouce aux pays comme la Suisse, qui possèdent des vitesses de vent moyennes. En effet, celles-ci augmentant avec la hauteur, les fabricants se sont mis à produire des engins plus élevés avec des rotors plus larges. Les deux éoliennes valai-sannes sont de ce type-là. « Un grand mât plus performant peut rendre l’énergie de trois petits. Une telle évolution permet de réduire le nombre d’installations et d’éviter qu’on assiste à l’éléva-tion de barrières d’éoliennes sur les crêtes », se réjouit Markus Thommen.
Quant à l’option de l’importation de l’éner-gie éolienne, elle est encore confrontée à des pro blèmes techniques liés à la construction des parcs offshore tout comme à l’entretien et au transfert du courant sur une longue distance. De même, du point de vue écologique, on connaît mal la réaction des mammifères marins à ce genre de dispositifs.
Cornélia Mühlberger de Preux www.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-08
Coupe d’une éolienne (en haut).Eolienne près de Collonges, en
Valais (en bas)Photos: www.strom-online.ch (en haut),
OFEV/Ennio Leonza (en bas)
environnement 2/09 > Dossier Energie32
Les possibilités de produire de la chaleur, de l’électricité ou du carburant à partir de la biomasse sont aussi variées que les substances utilisables: épluchures ou reliefs de repas, bois usagé ou forestier, résidus de traitement du bois, purin, boues d’épuration ou résidus de cultures… Tous ces déchets peuvent valoir de l’or quand ils libèrent leur énergie.
Ecrins discrets pour vrais trésors
BIOMASSE
Déchet ou matériau réutilisable? C’est une question de point de vue. Pour Christoph Eggerschwiler, d’ewl energie wasser luzern, le fumier de porc a de la valeur. L’installation SwissFarmerPower, mise en route à Inwil (LU) en septembre 2008, en extrait du biogaz. Elle a été construite en réponse au problème posé par ce fumier: « Avec près de 425 000 têtes, le canton de Lucerne compte bien plus de cochons que son sol ne peut en supporter », déclare Daniel Hartmann, chef de la section Protection des eaux souterraines à l’OFEV. Les lacs situés dans la « ceinture porcine » pâtissent de l’excès de purin et de fumier et les voisins des porcheries sont incommodés par leur odeur tenace.
En cette époque misant sur les matières premières et les sources d’énergie renouvela-bles, on a tendance à oublier que l’installation d’Inwil était d’abord destinée à lutter contre la surfertilisation. Mais la cote du biogaz n’est pas entamée pour autant: la transformation d’ex-créments polluants ou de déchets sans valeur en précieuse énergie relève du conte de fées. Elle rappelle l’âne qui crachait des ducats ou le nain Tracassin qui changeait la paille en or.
Boucler les cycles. Les anciens conteurs savaient peut-être mieux que nous comment utiliser ra-tionnellement les matières premières. Autrefois, les cycles de matériaux étaient bouclés: presque tout était utilisé dans les bêtes abattues et les vêtements hors d’usage étaient découpés pour
confectionner des tapis en patchwork. Mais l’idée que les déchets sont aussi des ma tières premières s’est quand même frayé son chemin dans les sociétés industrielles mo dernes. Du moins sait-on qu’on peut brûler un produit en fi n de vie pour en tirer de la chaleur ou de l’électricité.
Près de la moitié des matériaux brûlés dans les usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM) se composent de biomasse – bois usagé, papier ou textile. Mis à part le courant hydrau-lique, 90 % de l’électricité renouvelable est pro-duite dans les UIOM. Elles livrent également de la chaleur à distance: d’après l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN), elles ont atteint une produc-tion thermique de 8652 térajoules en 2007, cou-vrant ainsi les besoins calorifi ques de 200 000 maisons individuelles.
L’ordonnance révisée sur l’énergie (OEne) en-courage les UIOM à produire de la bioénergie: les installations construites ou notablement rénovées à partir de 2006 peuvent injecter la moitié de leur production électrique en tant qu’énergie renouvelable à prix coûtant dans le réseau. Mais pour bénéfi cier de cette clause, elles doivent faire preuve d’une effi cacité éner-gétique minimale, condition remplie actuelle-ment par deux installations suisses seulement.
Un capital-actions particulier. L’aspect économique joue également un rôle important dans l’unité de biogaz SwissFarmerPower. Les agriculteurs
Installation de biogaz SwissFarmerPower à Inwil (LU): des déchets verts sont déversés dans un broyeur (en haut). Le purin est transformé en biogaz dans les cuves rondes de fermentation; la fermen-tation par voie sèche des déchets végétaux a lieu dans le bâtiment rectan-gulaire du fond (en bas). Photos: OFEV/AURA, E. Ammon
33Dossier Energie > environnement 2/09
environnement 2/09 > Dossier Energie34
de la région lucernoise contribuent largement à son fi nancement, aux côtés de partenaires ins-titutionnels tels que Erdgas Zentralschweiz AG ou ewl energie wasser luzern. Une unité de gros bétail ou six porcs donnent droit à une action; le principal actionnaire agricole en possède 400. Les détenteurs d’actions peuvent faire éliminer leur fumier au tarif préférentiel de six francs par tonne, contre dix francs pour les autres.
Il est rentable d’éliminer le fumier à Inwil. Jusqu’ici, les éleveurs porcins de la région de-vaient conclure des contrats avec des agricul-teurs manquant de matière organique pour fer-
tiliser leurs champs. Le fumier lucernois était ainsi transporté jusque dans le Seeland bernois. Au prix de 50 centimes par tonne et par kilomè-tre, le seuil de distance critique rendant intéres-sante la taxe d’élimination pratiquée par Swiss-FarmerPower était vite atteint. D’après Daniel Hartmann, la canalisation de certains fl ux de matières constitue l’un des intérêts majeurs des installations de biogaz.
« La valorisation énergétique du bois doit être la dernière étape d’une utilisation en cascade. »
Du biogaz, mais aussi des engrais. Du point de vue technique, l’unité d’Inwil innove en combinant – cas unique en Suisse – la fermentation par voie sèche et humide. Les deux types de substrats suivent des processus différents avant d’être réunis dans le produit fi nal. L’installation four-nit de l’énergie sous forme de biogaz à raison de 67,5 térajoules par an. Elle produit aussi 8000 mètres cubes d’engrais liquide et 15 000 mètres cubes de compost chaque année et bénéfi cie d’un partenaire sûr pour livrer ses engrais. Capable de traiter des substrats tant liquides que solides, elle est à même de recycler diverses substances,
telles que purin, déchets végétaux ou résidus de production alimentaire. « Nous sommes équipés pour nous rabattre sur des substrats moins sou-mis à la concurrence », relève Christoph Egger-schwiler.
La compétition bat son plein. Claire-Lise Suter Thalmann, de la section Economie forestière et industrie du bois de l’OFEV, constate elle aussi
ÉNERGIE PRODUITE À PARTIR DE BIOMASSE: consommation actuelle et contribution potentielle à l’approvisionnement énergétique de la Suisse en 2050, en TJ
2007 2050
Bois 31 000 60 000
dont production électrique issue de la combustion
du bois en couplage chaleur-force 333 3900
Biogaz 2652 8000
dont production électrique issue de
la combustion de biogaz en couplage chaleur-force 617 1800
carburant gazeux tiré de biogaz 66 dépend de l’utilisation de biogaz
pour la production thermique
et électrique, qui concurrence la
production de carburant
Carburant liquide tiré de biomasse 467 880
Déchets industriels et UIOM Chaleur 8652 9000
Electricité 3316 5800
Sources OFEN, Statistique des OFEV, section Economie forestière et industrie
énergies renouvelables éd. 2007 du bois; SCNAT/SATW/ProClim, Sources
d’énergie: chiffres et faits, 2007
3,6 térajoules (TJ) = 1 gigawattheure (GWh) = 1 million de kilowattheures (kWh)
35Dossier Energie > environnement 2/09
CONTACTS
Daniel Hartmann (à gauche)
Chef de la section Protection
des eaux souterraines
OFEV
031 322 93 59
Bruno Guggisberg (à droite)
Chef du domaine Biomasse
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 56 40
hjb. Il y a quelques années encore, les biocar-burants issus de plantes cultivées à cet usage étaient considérés comme un moyen de protéger activement le climat. L’écobilan révèle toutefois que les émissions de CO2 sont souvent réduites au prix d’une pollution globalement plus élevée que celle causée par les carburants fossiles. Les nuisances sont principalement dues à la culture des plantes utilisées (voir aussi page 46).
En conséquence, la législation sur l’imposi-tion des huiles minérales applicable en Suisse depuis le 1er juillet 2008 n’exempte les biocarbu-rants de l’impôt sur les huiles minérales que s’ils remplissent certaines conditions. Ainsi, sur tout leur cycle de vie, ils doivent rejeter au moins 40 % de CO2 de moins que l’essence fossile, sans polluer notablement plus l’environnement. Quant à la culture des plantes énergétiques, elle ne doit menacer ni les forêts tropicales ou d’autres écosystèmes captant le CO2, ni la diver-sité biologique. En vertu de l’ordonnance sur l’écobilan des carburants (OEcobiC), entrée en vigueur le 15 avril 2009, l’OFEV vérifi e au cas par cas que ces exigences minimales sont stricte-ment respectées.
Pour éviter des confl its d’intérêts entre l’uti-lisation de la biomasse comme matériau et sa valorisation énergétique, les offi ces fédéraux de l’agriculture (OFAG), de l’énergie (OFEN), de l’en-vironnement (OFEV) et du développement terri-torial (ARE) ont adopté une stratégie commune.
Biocarburants: un bilan ambiguque la compétition pour la biomasse est déjà engagée. « La valorisation énergétique du bois doit être la dernière étape d’une utilisation en cascade », souligne-t-elle. Ainsi, seul le bois qui ne répond plus aux exigences d’un menuisier ou d’un charpentier devrait être utilisé comme combustible.
Le bois demeure la principale biomasse à but calorifi que. L’énergie qu’on en retire re-présente 6,4 % de la production thermique et 3,6 % de toute la consommation énergétique suisse. Ces chiffres incluent l’apport des poêles suédois, fourneaux à catelles, cuisinières à bois et autres chauffages à pellets. Le potentiel de développement est considérable. Les gran des installations modernes à plaquettes et les chaudières automatiques, qui alimentent des réseaux desservant des villages et des quartiers entiers, prennent de plus en plus d’impor-tance.
Claire-Lise Suter Thalmann ne conteste pas la légitimité des petits chauffages individuels: « En demi-saison, les gens se chauffent souvent au poêle suédois. » Mais les installations auto-matiques permettent d’atteindre bien plus fa-cilement le rendement visé de 80 à 90 % tout en évitant d’importants dégagements de pous-sières fi nes. En isolant soigneusement les bâ-timents et en exploitant rationnellement le bois, on peut en tirer 30 % de la production to-tale de chaleur, selon les calculs de spécialistes de l’OFEV.
Plus c’est grand, mieux c’est. L’idée de produire de l’énergie à partir de résidus sans valeur est certes séduisante, mais sa mise en œuvre recèle des embûches. Dans les installations d’un type nouveau comme celle de SwissFarmerPower, l’assurance de la qualité sera essentielle dans un proche avenir. « Jusqu’ici, nous avons af-faire à des pionniers qui ne ménagent pas leur peine et fournissent du travail gratuit pour assurer la réussite de leur projet. Mais si des commerçants calculateurs fl airent un marché, il faudra veiller à respecter des normes de qua-lité et de sécurité », rappelle Bruno Guggisberg, de la section Energies renouvelables de l’OFEN.
Les futures installations destinées à tirer de l’énergie de la biomasse devront en tous cas être planifi ées avec soin. Il faut en effet les construire sur des sites fournissant suffi sam-ment de matériaux bruts pour assurer leur ex-ploitation et comportant des industries ou des quartiers d’habitation susceptibles d’utiliser l’énergie thermique produite.
Lucienne Reywww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-09
Photo: AURA
environnement 2/09 > Dossier Energie36
Des réserves de chaleur presque illimitées reposent dans le sous-sol. Pour le moment, nous ne les exploitons qu’en superficie. Or il faut forer beaucoup plus profondément pour trouver de très hautes températures. Prometteuse, cette technique n’en est qu’à sa phase expérimentale.
L’énergie des profondeursPOMPES À CHALEUR ET GÉOTHERMIE
37Dossier Energie > environnement 2/09
Une pompe à chaleur (PAC) assure depuis 1938 le chauffage de l’hôtel de ville de Zurich. Elle pré-lève de la chaleur de la Limmat et la restitue à la température nécessaire. Techniquement, une PAC fonctionne selon le même principe qu’un fri-gidaire, mais à l’inverse: elle capte la chaleur de la terre, de l’eau ou de l’air extérieur au moyen d’un fl uide réfrigérant qui s’évapore au cours de ce processus, et la redonne ensuite par compres-sion de la vapeur.
Ce procédé usuel pour la réfrigération n’a longtemps que très peu été utilisé pour le chauf-fage. Les combustibles fossiles étaient bien trop bon marché. Avec l’augmentation du prix du mazout et du gaz ainsi qu’un modeste soutien de l’Etat, les PAC ont connu un succès sans précé-dent ces dernières années. En 2007, leurs ventes – plus de 16 000 – ont pour la première fois dé-passé celles des chaudières à mazout et à gaz.
Ci-contre: Le projet pilote de géothermie profonde à Soultz-sous-Forêts, en Alsace, soutenu entre autres par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), pendant le test de circulation. L’eau est injectée sous haute pression par trois pompes (bleues, au premier plan) jusqu’à une profondeur de 5000 mètres et revient à la surface sous forme d’un mélange de vapeur et d’eau à 200 °C. A droite, les têtes de puits (rouges, semblables à des bouches d’incendie). Le réservoir (à gauche) n’a été mis en place que pour des tests: l’exploitation énergétique de la géothermie profonde fonctionne avec un circuit hydraulique fermé.Photo: CREGE, S. Cattin
La palme de l’efficacité aux sondes géothermiques.Les PAC fonctionnent à l’électricité, et c’est là le revers de la médaille. Pour produire 6839 té-rajoules (TJ) de chaleur en 2007, les 126 312 ins-tallations de Suisse ont utilisé 3280 TJ, soit 911 gigawattheures (GWh) d’électricité. L’Académie suisse des sciences techniques (SATW) estime qu’en 2070, notre pays aura besoin de 14 000 TJ (3900 GWh) pour alimenter ses PAC, soit près de 7 % de la consommation de courant actuelle.
Ces pompes doivent donc impérativement être le plus effi caces possible. La différence de température est déterminante: si l’on capte des sources relativement fraîches, l’air ambiant hi-vernal par exemple, l’effi cacité est nettement moindre que si l’on extrait de la chaleur du sous-sol. C’est pourquoi les systèmes dotés de sondes dites géothermiques, qui sont introduites dans le sol, consomment un tiers de courant de moins
Chaleur des eaux souterraines Sonde géothermique Pieux de Champ de sondes Aquifère profond Géothermie de grande profondeur fondation géothermiques 1. Centrale de chauffage 1. Forages de production et de réinjection
énergétiques 2. Réseau de chauffage 2. Echangeurs de chaleur
à distance 3. Centrale électrique: turbine ORC
et générateur
4. Installation de refroidissement
5. Réseau de chauffage à distance
Illustration: Centre de recherche en géothermie (CREGE)
TYPES D’EXPLOITATION DE LA GÉOTHERMIE
environnement 2/09 > Dossier Energie38
que les pompes à chaleur à air extérieur. Il s’agit donc de promouvoir surtout ces appa-reils. Actuellement, la moitié de la chaleur produite par les PAC provient de ce type d’ins-tallations. Les pompes les plus effi caces four-nissent cinq fois plus d’énergie thermique que ce qu’elles dépensent en électricité.
Les sondes géothermiques sont cependant interdites dans les zones de protection des eaux souterraines. En effet, comme l’explique Benjamin Meylan, de la section compétente de l’OFEV, lors de leur mise en place dans des eaux souterraines exploitables, des substances nuisibles risquent de s’infi ltrer dans la nappe phréatique si le puits géothermique n’est pas parfaitement rempli.
Bouillant sous-sol. Alors que les sondes égra-tignent à peine la croûte terrestre avec leurs 400 mètres de profondeur au maximum, les centrales géothermiques s’aventurent nette-ment plus loin. Le jeu en vaut la chandelle: en Suisse, on gagne en moyenne trois degrés par 100 mètres. En présence de conditions géolo-giques particulièrement favorables, cinq kilo-mètres de sondage permettent déjà d’obtenir une température de 200 degrés. La technique de la géothermie profonde stimulée (ou EGS, pour « Enhanced Geothermal Systems ») permet de la capter et de la transformer en chaleur et en électricité.
L’EGS a ses points faibles. A Bâle, les tra-vaux de réalisation d’un projet d’usine géo-thermique ont provoqué plusieurs petits séismes en décembre 2006 et janvier 2007 et ont dû être provisoirement interrom-pus. En effet, avant de pouvoir récupérer la chaleur des profondeurs, il faut exercer de très fortes pressions pour fi ssurer la roche afi n de permettre à l’eau d’y circuler. Pour Gunter Siddiqi, responsable de la recherche et du développement dans le domaine de la géothermie auprès de l’Offi ce fédéral de l’éner-gie (OFEN), les problèmes techniques sont sur-montables: « Un projet pilote semblable est
testé avec succès en Alsace. » Les microséismes provoqués par l’injection d’eau à haute pres-sion dans le sous-sol sont néanmoins presque inévitables, comme l’ont montré d’autres expériences.
Le canton de Bâle effectue maintenant une analyse de risque avec le soutien de l’OFEN et de l’OFEV afi n de déterminer la fréquence et les conséquences de ces événements sis-miques artifi ciels, ainsi que leur infl uence sur les tremblements de terre naturels. Il compa-rera aussi ces périls à d’autres et évaluera les mesures préventives possibles. En encoura-geant cette analyse quantitative, l’OFEV veut favoriser une gestion harmonisée et intégrée des risques dans le domaine de la technique et des dangers naturels, selon Daniel Bonomi, de la section Prévention des accidents majeurs et mitigation des séismes à l’OFEV, qui ajoute: « Il faut avoir le courage de quantifi er pour abor-der la question des risques avec objectivité. »
A Saint-Gall, bien en dessous du niveau de la mer. Dans la commune de Saint-Gall, une centrale géothermique doit amener en surface de l’eau située entre 4000 et 4500 mètres de profon-deur et avoisinant les 150 à 170 degrés. Elle produira près de 320 TJ (90 GWh) de chaleur et d’électricité par an et sera raccordée à un réseau de chauffage à distance prévu à l’est de la ville. Marco Huwiler, de l’offi ce commu-nal de l’environnement et de l’énergie, a bon espoir de voir se réaliser cette installation dont le coût est estimé à près de 120 millions de francs: « Les spécialistes affi rment que les conditions géologiques sont très favorables. »
Urs Fitzewww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-10
CONTACTS
Benjamin Meylan (en haut)
Section Protection des
eaux souterraines
OFEV
031 322 92 56
(géothermie de surface)
Daniel Bonomi (à gauche)
Section Prévention des accidents
majeurs et mitigation des séismes
OFEV
031 322 93 98
(gestion des risques)
Gunter Siddiqi (à droite)
Responsable du domaine de
recherche Géothermie
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 53 24
POMPES À CHALEUR ET GÉOTHERMIE PROFONDE: production actuelle et contribution potentielle à l’approvisionnement énergétique de la Suisse en 2050 et 2070, en TJ 2007 2050 2070
Pompes à chaleur 6839, dont 3893 pour la géothermie – 56 200
Géothermie profonde Electricité: 0 Electricité: 7600 –
Chaleur: 1107 Chaleur: 8600 –
Sources OFEN, Statistique des énergies renouvelables éd. 2007 SATW, Plan de route Energies renouvelables, 2006
3,6 térajoules (TJ) = 1 gigawattheure (GWh) = 1 million de kilowattheures (kWh)
39Dossier Energie > environnement 2/09
Personne n’aime voir des pylônes et des lignes électriques devant sa maison, ni dans les zones de délassement. Mais les câbles enterrés ne sont pas toujours une bonne solution.
Sous la terre ou dans les airs?LIGNES ÉLECTRIQUES
Lorsque les autoroutes des vacances sont surchar-gées, un bouchon se forme au premier encombre-ment. Puis plus rien ne passe pendant des heures. Il peut en aller de même sur le réseau à très haute tension, car le commerce international de l’élec-tricité s’est considérablement développé. En cas d’engorgement des lignes, le risque de surcharge et de court-circuit venant interrompre le trans-port de l’électricité s’en trouve accru. Toute l’Ita-lie a subi une telle situation le 28 septembre 2003, lorsque le courant a été coupé durant plusieurs heures.
Eviter le blackout. Pour prévenir ces coupures to-tales, il faut consolider le réseau et le doter de réserves de sécurité. Les CFF ont aussi besoin de
capacités d’alimentation supérieures pour faire rouler régulièrement un trafi c ferroviaire densifi é selon un horaire serré. D’ici 2015, pas moins de 67 projets doivent être réalisés dans les réseaux à haute tension des grandes compagnies d’élec-tricité et des CFF, comme l’a relevé en 2007 un groupe de travail du Département fédéral de l’en-vironnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Il est prévu d’étendre le dispositif existant et de construire de nouvelleslignes.
Cela n’ira pas sans heurt. Des oppositions sur-gissent chaque fois qu’une nouvelle ligne à haute tension est planifi ée. Les intéressés craignent le champ magnétique qu’elle génère et l’impact vi-suel exercé sur les habitats et les paysages. Pour
Pylônes au col du GrimselPhoto: AURA, E. Ammon
environnement 2/09 > Dossier Energie40
la plupart des opposants, la solution miracle est l’enfouissement. L’avantage esthétique pa-raît évident et le champ magnétique est bien moins étendu, même s’il est notablement plus intense à proximité des câbles (voir ci-dessous).
La population résiste. Plusieurs communes concernées par des projets de lignes se sont regroupées au sein de l’association « Haute ten-sion sous terre », afi n de promouvoir conjointe-ment la stratégie de mise en câble.
En règle générale, on ne câble aujourd’hui que des lignes de moins de 220 kilovolts (kV). Depuis une dizaine d’années, la technique per-met toutefois d’enterrer la très haute tension, de 220 et 380 kV, en utilisant des isolants syn-thétiques. Signalons par exemple les lignes de 380 kV qui alimentent Berlin et l’aéroport de Madrid, et celle de neuf kilomètres qui relie Mendrisio (TI) à Cagno, en Italie.
Si cette solution n’est adoptée que rare-ment, c’est d’abord qu’elle est onéreuse: les coûts se multiplient par six ou dix, voire par quarante ou plus selon le projet et la techno-logie appliquée. Et surtout, elle pose des pro-blèmes d’exploitation (disponibilité, répara-tions, surcharge).
Ménager les paysages protégés. Les lignes de transport sont approuvées par l’Inspection fédérale des installations à courant fort (ESTI) ou, lorsqu’il faut lever des oppositions, par l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN). L’OFEV
évalue dans le cadre de la procédure d’auto-risation si les projets sont conformes au droit de l’environnement. Lorsqu’une ligne doit traverser un paysage protégé, l’OFEV demande généralement, en vertu de la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN), qu’elle contourne la zone concernée ou qu’elle soit enterrée. Cela s’applique notamment aux aires inscrites à l’Inventaire fédéral des pay-sages, sites et monuments naturels d’impor-tance nationale (IFP) ainsi qu’aux autres péri-mètres de grande valeur écologique, tels que les réserves d’oiseaux.
Préserver de l’électrosmog. Un objectif détermi-nant pour la défi nition du tracé est d’éviter l’exposition de la population au rayonnement non ionisant. Lorsqu’une ligne aérienne ris-que de dépasser la valeur limite fi xée pour le champ magnétique dans les endroits à utili-sation sensible – logement ou lieu de travail, surface constructible ou place de jeux –, il faut envisager un autre tracé ou une mise en câble.
Hors des zones habitées et des paysages pro-tégés, l’OFEV n’a pas beaucoup insisté jusqu’ici pour obtenir l’enfouissement des lignes. Outre son coût et ses inconvénients techniques, le câble enterré nuit lui aussi à l’environnement: son impact sur le sol est largement supérieur à celui de la ligne aérienne et il risque même d’entraver l’utilisation agricole du terrain. Il peut également perturber les couches aqui-fères ou exiger le défrichement de grandes sur-faces forestières (voir tableau). « A elle seule, l’atteinte à un sol fertile dans un couloir de quinze à vingt mètres de large constitue déjà une incidence négative considérable », fait re-marquer Elisabeth Suter, de la section EIE et organisation du territoire de l’OFEV.
Critères de décision. Il faudrait disposer de cri-tères détaillés et précis défi nissant dans quels cas une ligne à haute tension doit être enter-rée. Cela permettrait d’éviter des actions judi-ciaires laborieuses et de mieux protéger tant la santé humaine que le paysage.
Le conseiller aux Etats Jean-René Fournier a déposé au printemps 2008 une motion deman-dant l’établissement de bases de décision clai-res. Le Conseil fédéral s’est déclaré favo rable à sa proposition, puis un groupe de travail s’est mis à l’ouvrage. Il a élaboré un catalogue de critères qui doit maintenant être testé pendant deux ans sur trois projets fi gurant dans le plan sectoriel des lignes de transport d’électricité.
Beatrix Mühlethalerwww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-11
Etendue du champ magnétique d’une ligne aérienne typique de 380 kV à deux ternes, sous pleine charge (à gauche), et d’une ligne en câbles de 380 kV à puissance égale (à droite). Détail: les câbles isolés par des matériaux synthétiques sont mis sous terre dans deux blocs de tubes en béton paral-lèles. L’intensité du champ magnétique est indiquée en microtesla (μT).Figure: Beat Trummer
80
60
40
20
0
–20
m – 20 0 20 40 60 –20 0 20
41Dossier Energie > environnement 2/09
CONTACT
Elisabeth Suter
Section EIE et organisation
du territoire
OFEV
031 323 07 35
Impact des lignes aériennes et des câbles enterrés (380 et 220 kilovolts) sur l’environnement
Lignes aériennes
Atteinte à l’aspect du paysage sur tout le tracé.
Risque de collision pour les oiseaux
Défrichement temporaire pour la construction de la ligne.
Défrichement définitif pour les pylônes.
Limitation de la hauteur des arbres sous la ligne
(servitude)
Atteinte faible
Danger de pollution des eaux souterraines et de l’eau
potable lors de la construction des fondations des
pylônes.
Pylônes interdits dans les zones de captage de sources;
autorisés seulement dans des cas exceptionnels dûment
fondés dans les zones importantes de protection des eaux
souterraines
Champ magnétique de grande étendue
Peu de matériaux d’excavation, peu de déchets
En cas de tracé parallèle aux courbes de niveau, risque
de diminution de l’effet protecteur des forêts dû à la
limitation de la hauteur des arbres
Câbles enterrés1
Atteinte ponctuelle à l’aspect du paysage, due aux ouvrages de
transition entre les tronçons aériens et enterrés.
Atteinte éventuelle due aux tranchées défrichées
Défrichement temporaire pour la construction sur toute la largeur de
terrain requise.
Défrichement définitif sur toute la largeur du tracé.
Restriction d’utilisation du terrain pendant l’exploitation
Atteinte considérable sur une bande de 10 à 30 m de largeur.
Creusement d’une fouille de 3 à 8 m de largeur et de 2 à 4 m de
profondeur pour poser les blocs de tubes.
Risque de restriction durable de l’exploitation agricole.
Risque d’échauffement et de dessèchement du sol
Danger de pollution des eaux souterraines et de l’eau potable lors de
la pose des blocs de tubes.
Lignes interdites dans les zones de captage de sources; autorisées
seulement dans des cas exceptionnels dûment fondés dans les zones
importantes de protection des eaux souterraines.
Risque de perturbation durable des cheminements d’infiltration ou
de barrières à l’écoulement des eaux souterraines
Champ magnétique de faible étendue
Par mètre courant de bloc de tubes, 15 à 30 m³ de matériaux du
sol et d’excavation généralement non valorisables
En cas de tracé parallèle aux courbes de niveau, risque de diminution
de l’effet protecteur des forêts dû aux tranchées défrichées (prise au
vent, instabilité de terrain, laves torrentielles)
Les questions de la durabilité (p. ex. coût et impact d’un démontage), de l’énergie grise et de la consommation
des ressources n’ont encore été étudiées en détail pour aucune des deux variantes.
Domaines
Nature et paysage
Forêts
Sol
Eaux souterraines
Electrosmog
Déchets
Dangers naturels
Autres critères
1 Seuls les câbles isolés par des matériaux synthétiques sont pris en compte, car les lignes à isolation gazeuse ne sont
autorisées que dans des cas exceptionnels en raison des problèmes posés par l’hexafluorure de soufre (SF6), le gaz à
effet de serre le plus puissant.
environnement 2/09 > Dossier Energie42
La politique énergétique extérieure vise à garantir l’approvisionnement en privilégiant une utilisation efficace et favorable au climat. Les questions environnementales figurent donc souvent à l’ordre du jour des relations internationales de la Suisse en matière d’énergie.
Sécurité d’approvisionnement, rentabilité POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE EXTÉRIEURE
Demande en hausse constante, dépendance des importations, problèmes climatiques, investisse-ments de remplacement et nouveaux investisse-ments pour l’approvisionnement futur en élec-tricité: dans le domaine de l’énergie, la Suisse est confrontée à de nombreux défi s. Une politique extérieure active doit contribuer à les surmon-ter. Le principal objectif est de garantir l’im-portation. Mais il s’agit aussi de privilégier une utilisation effi cace et favorable au climat afi n de préserver l’environnement. Un troisième aspect
Installation d’un système solaire domestique sur le toit d’une cabane de pay-sans en Ethiopie (en haut), travaux préparatifs pour la construction d’une petite centrale hydroélectrique à Ladakh, en Inde du Nord (en bas)Photos: Stiftung Solarenergie (en haut),
Haute école spécialisée du nord-ouest
de la Suisse (FHNW, en bas)
touche à la rentabilité: les distributeurs suisses d’énergie doivent pouvoir s’imposer sur le mar-ché intérieur européen du gaz et de l’électricité.
Accord sur l’électricité avec l’UE. Depuis novembre 2007, la Suisse et l’Union européenne (UE) négo-cient un accord sur l’électricité. Outre la sécurité d’approvisionnement dans un contexte libéra-lisé, les échanges transfrontaliers et l’accès réci-proque au marché, les discussions portent aussi sur les questions écologiques liées à ce secteur.
Ainsi, l’UE a proposé à la Suisse d’intégrer à l’accord sept directives européennes concernant notamment l’étude d’impact sur l’environne-ment (EIE), l’évaluation environnementale straté-gique, les habitats de la faune et de la fl ore et la protection de l’air. Ces textes sont actuellement examinés par un groupe de travail commun de la Suisse et de l’UE.
Depuis quelque temps, les conditions du mar-ché européen ont beaucoup changé: l’UE a lancé l’ambitieux paquet énergie-climat et préparé un troisième volet de mesures sur le marché inté-rieur de l’énergie, qui devrait être adopté en juin 2009.
Qu’est-ce que le courant vert? Le nouveau cadre ju-ridique de l’UE aura une infl uence sur la prise en compte des certifi cats verts en vigueur dans toute l’Europe. La Suisse souhaiterait que les Etats membres de l’UE continuent de reconnaître les certifi cats de provenance suisses pour l’électricité issue de ressources renouvelables, et notamment de la force hydraulique. La position des produc-teurs suisses sur le marché européen de l’énergie serait ainsi renforcée, car cette électricité se vend à un bon prix à l’étranger. « L’objectif prioritaire est donc d’harmoniser les critères de reconnais-sance du courant vert avec nos partenaires et de s’entendre avec eux sur la place à lui accorder parmi les autres sources d’énergie », explique Karine Siegwart, cheffe de la section Europe, commerce et coopération au développement à l’OFEV. En effet, avec la nouvelle réglementation de l’UE, seule l’électricité fournie par des instal-
43Dossier Energie > environnement 2/09
et protection du climat
lations de production nouvelles sera reconnue comme courant vert, à l’exclusion des centrales existantes.
L’atout environnemental de la Suisse. Quels argu-ments écologiques peuvent faire pencher la ba-lance en notre faveur dans les négociations avec l’UE?• Avec 55 % d’électricité hydraulique, la propor-
tion d’énergies renouvelables est nettement plus élevée en Suisse que dans la plupart des pays de l’UE. Les objectifs 20/20/20 des Etats membres (20 % d’énergies renouvelables en 2020) ont toutefois été partiellement adaptés au pouvoir économique, de sorte que pour les pays ayant une forte part d’énergies renouve-lables, comme l’Autriche, la barre est placée plus haut.
• Pays alpin, la Suisse a l’avantage de pouvoir stocker l’énergie dans des centrales d’accu-mulation en altitude. Celles-ci prendront une importance accrue avec la production d’éner-gie solaire et éolienne, qui est très fl uctuante.
• Grâce à sa situation géographique, notre pays est la plaque tournante du courant en Europe. Dans la perspective d’une complé-mentarité entre énergie solaire du Sud et énergie éolienne du Nord, il est idéalement placé pour assurer le transit au moyen d’une « transversale alpine de l’électricité ».
Partenariats bilatéraux. Dans le domaine de l’énergie, la Suisse passe avec certains Etats des accords bilatéraux portant sur la recherche et la technologie. Elle s’efforce d’y intégrer des aspects environnementaux, notamment pour promouvoir les énergies renouvelables et l’effi ca-cité énergétique, comme lors du dernier accord en date, conclu avec les Emirats arabes unis. A la signature du contrat, en janvier 2009, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger a visité le site de Masdar, à Abou Dhabi, où la première ville sans CO2 du monde doit être construite d’ici à 2015. Elle comptera aussi un Village Suisse.
REPIC – un effort conjoint de trois départements fédéraux. Les pays en développement doivent avoir la possibilité d’utiliser des énergies renou-velables. Dans cette optique, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), la Direction du développe-ment et de la coopération (DDC), l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN) et l’OFEV ont créé la plate-forme interdépartementale REPIC (« Renewable Energy & Energy Effi ciency Promotion in Inter-national Co-operation »).
« Cette plate-forme vise à soutenir nos par-tenaires dans les pays en développement par la mise en place de capacités locales, le trans -fert de technologies ou des projets modèles », ex -pli que Jean-Bernard Dubois, qui dirige la section Programme global Changement climatique de la DDC et fait partie du groupe de pilotage REPIC. L’initiative se fonde sur les besoins des plus pau-vres, qui souffrent particulièrement du manque d’approvisionnement énergétique et des consé-quences sanitaires et écologiques de technologies obsolètes. Plusieurs projets sont en cours de réa-lisation dans le monde ou ont été achevés avec succès, tels une étude de faisabilité qui a débou-ché sur la construction du premier parc éolien de Roumanie, la production de biogaz à partir de déchets de bananes au Costa Rica, des pom-pes solaires au Mali, ou encore le développement au Népal de la photovoltaïque couplée au réseau (voir ENVIRONNEMENT 1/2008, pages 44–46).
Nouvelle Agence de l’énergie: la Suisse attend. Fruit d’une initiative de l’Allemagne, du Danemark, de l’Espagne et de l’Autriche, l’Agence internatio-nale pour les énergies renouvelables (IRENA) a vu le jour en janvier 2009 à Bonn et vient compléter l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Dans un premier temps, la Suisse y participe comme observatrice. Le Conseil fédéral se prononcera sur une adhésion quand les domaines d’activité de l’agence ainsi que son mode d’organisation auront été précisés et les engagements fi nanciers des Etats membres clarifi és. Georg Ledergerberwww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-12
CONTACTS
Karine Siegwart
Cheffe de la section Europe,
commerce et coopération
au développement
OFEV
031 322 99 73
Jean-Christophe Füeg
Chef de la section Affaires
internationales
Office fédéral de l’énergie
OFEN
031 322 12 50
jean-christophe.fueeg@
bfe.admin.ch
environnement 2/09 44
CH / Plateau
Le retour du castor
Exterminé au XIXe siècle, le castor a été réin-
troduit en divers endroits de Suisse: entre
1956 et 1977, environ 140 individus ont été
relâchés, sans grand succès. Ces dernières
années, toutefois, ce rongeur a recommencé
à s’étendre et entre parfois en conflit avec
l’homme. Le projet « A l’eau castor! » qui a
été lancé au début 2009 par Pro Natura sur
le Plateau est le quatrième de ce type, après
ceux menés en Suisse romande, en Suisse du
nord-ouest et en Suisse orientale. L’information
du public, sa sensibilisation, la mise en valeur
des cours d’eau et la recherche de solutions
en cas de conflits en constituent les principaux
éléments.
> Pro Natura, Secrétariat romand, 024 425 03 72,
info@aleaucastor, www.aleaucastor.ch
GE / VD
La mobilité douce en marche Les habitudes des Lémaniques en matière de
mobilité sont en train de changer. Entre 2000 et
2005, à Genève, on a observé une baisse mar-
quée de l’utilisation de la voiture individuelle,
ainsi que du nombre de kilomètres parcourus.
Le taux de ménages sans véhicule y est passé
de 20 à 24 %. Dans les communes urbaines
vaudoises, le phénomène est moins prononcé.
Le nombre de ménages n’ayant qu’une voiture
augmente cependant par rapport à ceux qui en
possèdent deux.
> www.vd.ch > Par l’organisation > Services >
Mobilité > Actualités
VS
L’éolienne du Mont d’Ottan couronnée
La seconde éolienne de Martigny a reçu le Watt
d’or 2009 dans la catégorie Energies renou-
velables. Ce label de qualité créé par l’Office
fédéral de l’énergie (OFEN) en 2006 distingue
les meilleurs projets énergétiques. L’éolienne
du Mont d’Ottan, réalisée par RhônEole SA
et mise en service en mai 2008, est la plus
grande installation actuellement en activité
en Suisse. La production annuelle attendue
est de 5 millions de kWh, ce qui équivaut à la
consommation d’environ 1300 ménages.
> www.wattdor.ch, www.rhoneole.ch
JU
Les sacs plastiques au pilori En janvier dernier, le parlement jurassien a voté
l’interdiction des sachets plastiques à usage
unique. Les principaux arguments des défen-
seurs de cette motion? Les sacs en polyéthy-
lène contiennent beaucoup d’énergie grise,
produisent du CO2 lors de leur élimination et
ne sont utilisés que 25 minutes en moyenne
avant d’être jetés. Leur abolition n’est pourtant
pas pour demain dans le Jura. Le gouverne-
ment a jusqu’à 2011 pour proposer un texte
législatif de mise en œuvre.
VD
Du déchet vert au carburant
Fin 2008, une grande installation de métha-
nisation a été mise en service à Lavigny. Elle
produit environ 1,56 million de mètres cubes
de biogaz par an, ce qui représente 1,12 mil-
lion de litres d’essence. Obtenu à partir de dé-
chets organiques collectés dans les communes
avoisinantes, le biogaz est injecté dans le ré-
seau de gaz naturel avant d’être utilisé comme
carburant. Germanier Ecorecyclage SA permet
ainsi d’améliorer la filière des déchets organi-
ques, de participer à la production d’énergies
renouvelables et de soutenir la lutte contre les
gaz à effet de serre.
> Luc Germanier, 021 821 84 84,
www.germanier-sa.ch
A notre porte
Beat Hauenstein, Pro Natura
Jean-Marie Rouiller
mise à disposition
45environnement 2/09
BE/GL/GR/ZG/SZ
Prendre congé de sa voiture
Partir en vacances sans voiture? De nombreu-
ses personnes en rêvent, mais y renoncent
finalement à la vue de leurs bagages. Quatre
destinations suisses – Ägerital/Sattel (ZG/SZ),
Braunwald (GL), Lenk (BE) et Scuol (GR) – vont
maintenant servir de cobayes au programme
« Ferien vom Auto ». Objectif: faciliter la vie des
touristes qui s’y rendent sans leur véhicule, en
leur proposant des services de transport de
bagages ou de mobilité sur place.
> solèr + bernhard, Samuel Bernhard, Zurich,
044 430 19 31, [email protected]
GE
Un biotope à Bellechasse
La fondation « Réseau des biotopes du Grand
Marais » désire aménager un biotope de 14 hec-
tares sur les terrains agricoles des établisse-
ments pénitentiaires de Bellechasse. L’idée est
de mener à bien cette aventure pour 2010, l’an-
née internationale de la biodiversité décrétée par
les Nations Unies. Outre le fait qu’il contribue à
sauvegarder la nature dans le canton, ce projet
s’intégrera au développement d’un réseau pro-
tégé sur tout le Plateau suisse. Le Grand Marais
n’est qu’un maillon de cette chaîne.
> Martin Johner, 031 755 82 56,
www.biotopverbund.ch (en allemand)
VD
Une déchetterie mobile
Les Lausannois peuvent désormais éliminer
leurs objets encombrants directement dans
leur quartier. Un point de collecte mobile s’ar-
rête quatre fois par an en 21 endroits de la
ville. Jusqu’ici, Lausanne présentait un certain
retard par rapport au reste de la Suisse: on n’y
valorisait qu’environ 40 % des déchets, contre
plus de 50 % pour l’ensemble du pays. L’objec-
tif est de faire passer le taux lausannois à 60 %
d’ici à 2020.
> Service d’assainissement, Centre intercom-
munal de logistique (CIL), 021 315 79 79,
TI
Protection maximaleLe canton du Tessin a achevé sa cartographie
des dangers. Sur cette base, les communes
ont maintenant l’obligation de prendre toutes
les mesures nécessaires afin de garantir une
sécurité maximale pour la population. La stra-
tégie repose sur trois piliers: mesures de pré-
caution, intervention en cas de catastrophe et
remise en état. Si les autorités communales
négligent les informations disponibles et qu’un
accident fait des victimes, elles peuvent être
tenues de rendre des comptes.
> Office des dangers naturels, des incendies et
des projets, Bellinzone, 091 814 36 57,
www.ti.ch/dt/da/sf/ufft/
VD
La plus grande installation solaire de Suisse
Les capteurs photovoltaïques construits sur les
toits des bâtiments de l’Ecole polytechnique
fédérale de Lausanne (EPFL) auront la super-
ficie de trois terrains de football. Ils entre -
ront en service cette année encore. La société
Ro mande Energie s’est alliée à l’EPFL pour
ce projet de 20 millions de francs. L’installa-
tion produira du courant vert, mais sera aussi
utilisée à des fins de recherche et de dévelop-
pement.
> Romande Energie, Karin Devalte,
021 802 95 67,
EPFL, Jérôme Grosse, 079 434 73 26,
jerome.grosse@epfl .ch
mise à disposition
mise à disposition
mise à disposition
Ardez, en Engadine (GR) Andrea Badrutt, Coire
environnement 2/09 46
Les biocarburants à la croisée d’intérêts variés Les carburants biogènes peuvent avoir des origines diverses: bois, plantes à huile comme le colza,
végétaux contenant du sucre ou de l’amidon comme les céréales, la betterave sucrière ou la canne
à sucre. Ces derniers temps, ils ont fait l’objet de vastes débats, parce qu’ils touchent aussi bien aux
questions énergétiques qu’à la sécurité alimentaire, au commerce, au développement économique, à
l’agriculture durable et aux mesures de lutte contre les changements climatiques. A la fi n 2008, une
conférence internationale leur a été consacrée à São Paulo.
Les discussions ont été dominées par les intérêts que la promotion des carburants biogènes pré-
sente pour le Brésil, par exemple, mais aussi pour les Etats-Unis ou l’Union européenne, que ce soit
dans une perspective commerciale ou du point de vue de la politique de développement. Pour la
Suisse, il est clair qu’il est nécessaire de coordonner les solutions politiques – en raison des change-
ments climatiques et du recul de la biodiversité, parce que la pollution s’accroît dans l’air et dans
les sols, que les ressources énergétiques s’épuisent et qu’une crise alimentaire menace. Dans le cadre
de la législation sur l’imposition des huiles minérales, notre pays a introduit des exigences so ciales
et écologiques minimales pour les carburants qui pourront bénéfi cier d’un allégement fi scal. Un
consensus sur les carburants biogènes ne saurait ainsi être recherché uniquement au sein de l’Orga-
nisation mondiale du commerce (OMC). « Les entreprises et la communauté internationale doivent
voir les actions dans le domaine environnemental et social – notamment en matière de sécurité ali-
mentaire – comme une chance et un investissement rentable à long terme », estime Karine Siegwart,
qui dirigeait la délégation suisse. « Il faut promouvoir une agriculture durable et multifonctionnelle,
plus centrée sur la production régionale et les écosystèmes », poursuit la cheffe de la section Europe,
commerce et coopération au développement de l’OFEV. La transparence (écologique) du marché et
l’aide au développement revêtent aussi une grande importance lorsqu’il s’agit de rendre le com-
merce plus durable.
Solidarité et environnementLe Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a été institué en 1991. Grâce aux contributions de
174 Etats, il fi nance des mesures de protection de l’environnement d’importance mondiale dans les
pays en développement et en transition, en tenant compte des traités internationaux signés notam-
ment dans le domaine du climat et de la biodiversité, mais aussi des besoins spécifi ques des Etats
bénéfi ciaires. Il aide les pays concernés à développer et mettre en œuvre leurs mesures environne-
mentales. Le fonds a déjà soutenu des projets concrets d’une valeur de 8 milliards de dollars et per-
mis des cofi nancements par des tiers à hauteur de 33 milliards. La réalisation des projets est assu-
rée principalement par la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Dans le cadre du FEM, la Suisse s’est jointe à certains pays d’Asie centrale – Kazakhstan, Kirghizis-
tan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Azerbaïdjan – pour former un groupe bénéfi ciant du
droit de vote. Deux fois par an, des séances constitutives ont lieu avec ces pays. Le plus grand projet
en cours en Asie centrale est le CACILM (Central Asian Countries Initiative for Land Management),
dont l’objectif est d’accroître la productivité des sols. Vu son succès, il sera prolongé et développé.
Karine Siegwart
Cheffe de la section Europe,
commerce et coopération au
développement
OFEV
031 322 99 73
Reinhard Gasser
Section Europe, commerce
et coopération au développement
OFEV
031 322 97 77
www.thegef.org
En politique internationale
47Faune > environnement 2/09
On ne sait pas encore si elles sont vraiment autochtones ou descendent d’individus lâchés dans la nature. Quoi qu’il en soit, les cistudes d’Europe qui vivent sous nos cieux sont dignes d’être protégées. Des mesures ont été prises pour préserver cette tortue menacée de disparition.
Cistude d’Europe: me revoilà!FAUNE
Elle était portée disparue: dans la liste rouge des espèces menacées de Suisse publiée en 1994, la cistude d’Europe (Emys orbicularis) est déclarée « éteinte ». Bien que la présence de quelques in-dividus ait été observée dans les eaux indigènes, les spécialistes partaient du principe qu’il s’agissait exclusivement d’animaux lâchés intentionnellement ou échappés de captivité. Certains dou-taient même que la cistude d’Europe ait jamais existé à l’état sauvage dans notre pays, arguant que le climat est trop rude pour que ce reptile amateur de chaleur puisse se reproduire.
Depuis, les avis ont changé. Des restes de cistudes abandonnés dans une caverne proche de Vionnaz en Bas-Valais par des chasseurs de l’âge de la pierre il y a 6000 à 7000 ans attestent que cette tortue a bel et bien fait par-tie de la faune suisse. D’autres preuves datent de l’âge du bronze, plus préci-sément de 1000 av. J.-C.: des morceaux de plastron ont été découverts sur un site archéologique au bord du lac de Neuchâtel. Enfi n, dans des chroniques du Moyen Age, des cas de pêche sont rapportés à Estavayer-le-Lac et en 1583, Conrad Gessner, auteur de ce que l’on considère comme le premier traité de zoologie, signale sa présence dans le canton de Zurich.
Population vivace près de Genève. La thèse selon laquelle la Suisse n’abrite plus de populations de cistudes d’Europe capables de se reproduire a été réfutée elle aussi. En 2001, le biologiste De nis
Mosimann a étudié l’espèce dans la ré-serve naturelle du Moulin-de-Vert près de Genève, où elle a colonisé quatre étangs situés dans un bras mort du Rhône. Vingt-cinq individus adultes et une quantité inconnue de jeunes y ont été lâchés entre 1950 et 1989. Denis Mosimann a prouvé que depuis, cette population s’est vaillamment multi-pliée. Il a capturé et observé des spéci-mens de tous âges, y compris certains fraîchement éclos, et en a estimé le nombre à plus de trois cents.
Des essais de lâcher en pleine nature ont démontré que la cistude d’Europe est aussi parfaitement apte à se repro-duire dans d’autres régions de Suisse à moins de 500 mètres d’altitude.
Une chaire appréciée pendant le carême. De même, il n’est plus certain que la cistude d’Europe ait été provisoirement éteinte en Suisse, bien que cette supposi-tion soit solidement étayée. L’évolution des paysages humides de nos plaines l’a privée d’une grande partie de son ha-bitat et elle a payé un lourd tribut à la pêche au fi let et à la nasse: sa chair, offi -ciellement assimilée par l’Eglise à celle du poisson, était très prisée durant le carême. Au XIXe siècle, les observations se font rares. Il est cependant possible que les populations actuelles soient issues de celles d’alors, ce que n’excluent
pas les résultats provisoires d’analyses génétiques. Certains individus présen-tent en effet l’haplotype IIa, génotype dont la zone de diffusion s’étend de la France jusqu’au Danube et aux Balkans. La Suisse cisalpine se situe juste au mi-lieu, et le génotype du sud des Alpes est différent.
Le Centre de coordination pour la protection des amphibiens et des rep-tiles de Suisse (karch) a tiré les consé-quences de ces constatations nouvelles et reconsidéré le statut de cette tortue:
dans la « Liste Rouge des espèces mena-cées en Suisse: Reptiles » de 2005, elle fi gure désormais comme étant « en dan-ger critique d’extinction ».
Même si cette mesure administrative ne change rien à la situation de la cis-tude d’Europe, elle en fait une espèce qui suscite l’intérêt des milieux de pro-tection de la nature. Plusieurs projets d’étude et de promotion sont en cours.
Analyses génétiques. Dans une première phase, des analyses génétiques sont effectuées pour établir si les populations actuelles sont ou non de souche autoch-tone. Elles font appel à des méthodes sophistiquées permettant une diffé-renciation dans l’haplotype IIa, qui est très répandu. Pour ce faire, on capture des animaux sur lesquels on prélève des
Des chroniques du Moyen Age rapportent des cas de pêche de cistudes à Estavayer-le-Lac.
suite page 49
environnement 2/09 > Faune 48
tissus avant de les relâcher. S’il s’avère que certaines des cistudes d’Europe in-digènes sont véritablement d’« origine suisse », tout sera mis en œuvre pour préserver et augmenter les dernières po-pulations, notamment par une valorisa-tion ciblée de leurs habitats.
La cistude d’Europe aime les eaux calmes fortement végétalisées, à fond va-seux, ainsi que les rivages structurés pré-sentant une grande densité de plantes. Son régime alimentaire est relativement simple: invertébrés, larves, têtards de batraciens, œufs de poissons et cadavres de divers vertébrés, mais aussi lentilles d’eau, nénuphars et potamots.
Bain de soleil et plus si entente. La pré-sence aux abords des plans d’eau de prairies sèches, de pentes buissonneuses ou de buttes sablonneuses à l’abri des inondations est impérative pour la pé-rennité des populations. De mai à juin, les femelles pondent trois à dix-neuf œufs dans un nid. Les éclosions sur-viennent entre août et octobre.
Lorsqu’elles ne sont pas en train de se nourrir, les tortues prennent des bains de soleil. C’est le moment le plus propice pour les observer, immobiles et tête haute sur un arbre mort fl ottant ou une branche émergée. Les femelles profi -tant de la chaleur printanière stimulent les mâles, et le bain de soleil évolue sou-vent en accouplement.
Le coup de pouce du castor. La gestion des biotopes de la cistude d’Europe bénéfi cie de l’aide d’un collaborateur qualifi é: en
construisant ses barrages, le castor crée des plans d’eau propices, et en abattant les arbres, il aménage des endroits enso-leillés pour la ponte.
Une réintroduction est envisageable dans les régions potentiellement adap-tées d’où la cistude d’Europe a disparu, par exemple les Grangettes près de l’em-bouchure du Rhône dans le Léman, les rives sud du lac de Neuchâtel, le Grand Marais de la région des Trois-Lacs, la vallée de la Reuss, le delta formé par le Rhin dans le lac de Constance et les Bolle di Magadino. L’essentiel est de ne lâcher que des animaux dont le patri-moine génétique est aussi proche que possible de celui des individus présents à l’origine et adaptés aux conditions locales. Les examens génétiques permet-tront de sélectionner des animaux ap-propriés pour l’élevage et la remise dans la nature.
Eviter les lâchers illégaux. La cistude d’Eu-rope est protégée sur tout le continent et il est interdit d’en capturer. Cette pra-tique est par ailleurs rare, car l’espèce se reproduit très bien en captivité. C’est une des raisons pour lesquelles cette tortue est devenue un animal familier très prisé et que des individus d’origine étrangère et inconnue circulent parmi les amateurs. Il arrive que certains pro-priétaires de cistudes d’Europe n’en veuillent plus et les abandonnent dans la nature. Or ces individus étrangers peuvent mettre en danger les popula-tions locales en se mélangeant à elles et diluant progressivement leur patri-
moine génétique. Un autre risque est la transmission de maladies.
En accord avec les cantons, l’OFEV élabore actuellement des solutions pos-sibles pour réglementer la détention de la cistude d’Europe. L’objectif est d’aug-menter la transparence et de responsa-biliser les propriétaires pour mettre un frein aux lâchers illégaux.
Hansjakob Baumgartnerwww.environnement-suisse.ch/
magazine2009-2-13
49Faune > environnement 2/09
CONTACT
Francis Cordillot
Section Espèces et biotopes
OFEV
031 324 01 38
Les tortues – ici en Croatie – prennent volontiers un bain de soleil sur un arbre mort flottant ou sur une branche émergée. Photos: Fritz Wüthrich
environnement 2/09 > Protection de l’air50
En utilisant de l’essence ordinaire pour actionner une tondeuse à gazon, un taille-haies ou une tronçonneuse, on met sa santé à rude épreuve. Si le recours aux outils électriques est impossible, il vaut nettement mieux opter pour de l’essence alkylée, qu’on trouve de plus en plus dans le commerce.
Jardiner sans s’intoxiquerPROTECTION DE L’AIR
Jardiner, c’est se sentir en harmonie avec la nature. Mais l’huile de coude et la force du poignet ne suffi sent pas tou-jours pour venir à bout de l’exubérance végétale. Une tondeuse à gazon et un taille-haies à moteur rendent donc de fi ers services, surtout pour entretenir de grands espaces verts. Là où le courant est aisément accessible, il convient de préférer les outils électriques, car ils ne produisent pas de gaz d’échappement. De plus en plus de fabricants proposent d’ailleurs des modèles dotés de puis-santes batteries. Cependant, le recours à des appareils motorisés s’avère parfois incontournable. Chaque été, quelque 350 000 tondeuses et autant d’autres en-gins équipés d’un moteur à essence sont ainsi à l’œuvre en Suisse.
Le benzène provoque le cancer. Contraire-ment à celui d’une voiture, le moteur à deux temps d’un souffl eur de feuilles ou d’une motofaucheuse ne brûle parfois l’essence qu’à 70 %. Le reste s’échappe dans l’air pour être le plus souvent as-piré par l’utilisateur. C’est surtout le benzène qui pose problème, car il est cancérogène. Jardiniers amateurs, em-ployés communaux ou paysans respi-rent aussi du monoxyde de carbone et
des hydrocarbures lorsqu’ils manient une tronçonneuse, ce qui est très préoc-cupant, relève Gerhard Badertscher, de la division Protection de l’air à l’OFEV: « Ce mélange de gaz d’échappement porte atteinte au système respiratoire, perturbe le système nerveux et le pas-sage de l’oxygène dans le sang, et peut provoquer de la somnolence, voire des étourdissements. D’où un véritable danger. »
Bon pour les instruments. Ces risques, on peut les éviter. Depuis plusieurs années, on trouve en Suisse un carburant dont la combustion génère 95 % d’émissions nocives en moins. Cette essence alkylée n’étant utilisée que dans 10 % environ des appareils, les services cantonaux chargés de la protection de l’air, l’Union suisse du métal (USM), divers fabricants d’appareils, la Ligue suisse contre le can-
cer et l’OFEV ont décidé de mener une vaste campagne d’information. « Comme nos membres vendent tous ce carburant spécial, il est aisé pour les personnes in-téressées de passer à l’essence alkylée », affi rme Andreas Furgler, responsable du centre de formation de l’USM à Aarberg.
Les exploitants agricoles aussi uti-lisent souvent des engins à essence, comme des faucheuses à disques et des tondeuses automotrices pour entretenir
les terrains de golf. Andreas Furgler a déjà constaté qu’« en optant pour l’es-sence alkylée, l’utilisateur ne protège pas seulement sa santé, mais prolonge aussi la durée de vie de son engin ». En effet, contrairement à ce qu’on observe avec l’essence normale, les joints en caoutchouc et d’autres pièces sensibles s’usent moins vite. L’essence alkylée s’avère également tout indiquée pour
« Ce mélange de gaz d’échappement porte atteinte au système respiratoire, perturbe le système nerveux et peut provoquer de la somnolence, voire des étourdissements. »
l’hivernage des tondeuses à gazon et autres appareils: au printemps, ils redé-marrent au quart de tour.
Pour 25 francs de plus par an. La plupart des utilisateurs de tondeuses à gazon, de petits bateaux ou de hacheuses conti-nuent pourtant à les remplir avec le bidon de réserve de leur voiture. Pour-quoi? Parce que le prix de l’essence alkylée équivaut au double de l’essence ordinaire. La différence s’explique par la manutention de petites quantités et les investissements à consentir pour entre-poser cette substance dangereuse. Mais lorsqu’on pense que tondre son gazon sans mettre sa santé en jeu ne coûte que 25 à 30 francs de plus par an, il n’y a pas de quoi hésiter. De plus en plus de communes utilisent d’ailleurs unique-ment de l’essence alkylée dans leurs tondeuses, leurs souffl eurs à feuilles et leurs taille-haies. Depuis 2006, la ville de Zurich recourt exclusivement à ce carburant sans benzène pour ses engins à deux et à quatre temps. « La nouvelle essence est parfois mise en cause lors de pannes, mais en dernière analyse, les problèmes viennent le plus souvent d’ailleurs », observe Hugo Baumann, res-ponsable des ateliers et de la logistique
au service des espaces verts. Dans l’en-semble, il juge l’expérience très positive.
Certaines entreprises horticoles ne reculent pas non plus devant le léger sur-coût. Chez Wenger Gartenbau, à Aesch (BL), les tronçonneuses et les taille-haies ne fonctionnent depuis plus de trois ans qu’à l’essence alkylée. « Outre les avan-tages pour la santé, il y a aussi moins de dépôts dans le carburateur », souligne le mécanicien Hans-Jörg Rebmann. Pour des raisons économiques, l’entreprise utilise encore de l’essence convention-nelle pour les moteurs à quatre temps, mais recourt bien entendu à l’essence alkylée lorsqu’un client en fait la de-mande.
Les particuliers et les services publics peuvent faire beaucoup pour promou-voir l’essence alkylée: si la demande s’ac-croît, la disponibilité va s’améliorer et le prix baisser.
Pieter Poldervaartwww.environnement-suisse.ch/
magazine2009-2-14
51Protection de l’air > environnement 2/09
La qualité de l’air s’invite en classe
pld. Comment agit le ben-zène? Quelle est la différence entre l’ozone qui pique les yeux en été et celui qui tend à manquer dans la couche loin au-dessus de nos têtes? Voilà le genre de questions que des élèves de 12 à 14 ans abordent dans le cadre du projet « air4life ». Soutenu par l’OFEV, il a été lancé en automne 2008 dans quatre classes de Neuenkirch (LU) et vise à amener les jeunes à découvrir comment ré-duire les émissions d’ozone, de benzène ou de parti cules fi nes au quotidien. D’ici à 2010, plus de 1000 classes devraient avoir inclus les douze modules sur la qua-lité de l’air dans leur pro-gramme de cours. Infos et inscriptions des enseignants intéressés: www.air4life.ch.
CONTACT
Gerhard Badertscher
Chef d’état-major de la division
Protection de l’air et RNI, OFEV
031 323 93 39
environnement 2/09 > Biodiversité52
Le Monitoring de la biodiversité en Suisse (MBD, voir encadré) a été lancé en 2001. Après plusieurs années de mise en place et de relevés sur le terrain, le pro-gramme livre aujourd’hui de premiers renseignements non seulement sur l’état de la diversité biologique, mais aussi sur les évolutions en cours.
Les régions montagneuses jouent un rôle capital pour la biodiversité de la Suisse, les chiffres du MBD le mon-trent clairement. Prairies et pâturages y hébergent 25 % d’espèces de plantes vasculaires de plus qu’à une altitude in-férieure. On trouve en moyenne 19 types de mousses dans les pâturages alpestres, pour trois seulement en région de col-lines.
Les forêts de montagne sont elles aussi beaucoup plus riches que celles du Plateau. Et il n’existe nulle part ailleurs qu’en altitude autant d’habitats entière-ment naturels.
L’exemple des papillons diurnes. Les Alpes sont en outre un havre pour les espèces dont la répartition est limitée à travers le monde. On dénombre 150 espèces de plantes vasculaires endémiques d’Eu-rope centrale dont l’aire de distribution se trouve pour un quart au moins en Suisse. Près de quatre cinquièmes d’entre elles sont des plantes de montagne.
La situation privilégiée des régions de montagne par rapport au reste du pays ne s’explique pas seulement par les conditions naturelles qui y règnent en-core, mais aussi par le type et l’intensité de l’utilisation qui en est faite. Les recen-sements des papillons diurnes effectués
De premiers résultats du Monitoring de la biodiversité en Suisse en témoignent: la diversité biologique du pays se concentre dans ses montagnes. Mais même en montagne, nombre d’espèces sont plus ou moins fortement menacées.
La vie est plus riche en montagneMONITORING DE LA BIODIVERSITÉ
par le MBD le soulignent: on compte en moyenne deux fois moins d’espèces sur le Plateau qu’à la montagne, bien que certaines des surfaces répertoriées s’y distinguent par une grande richesse et présentent également un potentiel important pour les papillons. Pour ex-
ploiter ce potentiel, il faudrait toutefois plus de prairies fl euries et de bandes herbeuses le long des haies et des fo-rêts. Ces habitats si attrayants pour les papillons ont souvent été détruits par l’éparpillement des constructions et l’intensifi cation de l’agriculture.
53Biodiversité > environnement 2/09
La montagne se réchauffe. Vu l’impor-tance des Alpes pour la biodiversité en Suisse, les changements qui s’y produi-sent actuellement sont préoccupants. Le problème ne concerne pas uniquement l’extension des zones habitées ou le développement de l’agriculture, qui se
retire des zones à rendement limité pour s’intensifi er sur les sur faces plus fa ciles à atteindre, même en altitude. C’est probablement dans les montagnes que le réchauffement climatique se fait le plus sentir. Selon le constat du MBD, en tous cas, certaines plantes subalpines
et alpines poussent aujourd’hui en moyenne 13 mètres plus haut qu’il y a seulement cinq ans. Si cette tendance devait se poursuivre, les espèces tribu-taires de sites spéciaux pourraient en pâtir.
Le guêpier d’Europe (ci-dessous) a niché pour la première fois en Suisse en 1991. La lamproie de rivière (à gauche) a disparu
de nos cours d’eau au début du XXe siècle.Photos: Stefan Gerth, Agence Sutter (guêpier); www.fischartenatlas.de (lamproie)
Le Monitoring de la bio-diversité en Suisse (MBD)
ud. Le MBD est le programme de sur-veillance de la biodiversité en Suisse lancé par l’OFEV. La biodiversité recouvre à la fois toutes les espèces animales et vé-gétales, la richesse des habitats et la va-riabilité génétique. Comme il est impos-sible de tout inventorier, le MBD se sert d’une série de 33 indicateurs représen-tant chacun un aspect de la biodiversité.
L’essentiel du programme consiste à recenser la diversité des espèces sur le terrain. Le MBD se concentre sur quel-ques groupes: les plantes vasculaires, les oiseaux nicheurs, les papillons diurnes, les mousses et les escargots. Pour réper-torier ces organismes, il a mis en place deux réseaux nationaux totalisant plus de 2000 surfaces. Celles-ci sont exami-nées tous les cinq ans à l’aide de métho-des clairement défi nies et reproductibles. Avec le temps, on disposera ainsi de séries de données longitudinales sur l’évolution de la biodiversité en Suisse. Les mesures du MBD sont complétées par des données tirées de sources extérieures.
Un atout du MBD réside dans le fait que son réseau d’échantillonnage tient également compte de la diversité biolo-gique dans le paysage moyen, complétant d’autres recensements qui se concentrent sur les espèces rares et les sites spéciaux. Il permet ainsi d’obtenir une image bien plus complète et de savoir dans quel état général se trouve la nature du pays.
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environnement 2/09 > Biodiversité54
L’expansion du pissenlit. Au cours des dernières années, le MBD a observé une augmentation des espèces de plantes vasculaires dans les prairies, y compris à plus haute altitude. Par contre, le nom-bre des espèces de mousses et d’escar-gots est resté quasi identique. Comme le montrent les premières analyses, la di-versité des plantes vasculaires s’accroît, mais celles qui se propagent sont celles qui sont déjà très fréquentes. Citons le pissenlit, le trèfl e blanc ou la bugle rampante, qui aiment les emplacements riches en nutriments et peuvent vivre dans divers habitats. La propagation de ce type de plantes a pour effet qu’on voit partout les mêmes. Si cette tendance se poursuit, les communautés végétales de régions et de sites différents se ressem-bleront toujours plus. L’augmentation constatée sur les surfaces répertoriées n’a donc rien de réjouissant, car elle s’accompagne d’une perte d’espèces typiques.
Des évolutions ambivalentes. Le nombre des espèces animales vivant à l’état sau-vage en Suisse est resté plus ou moins constant entre 1997 et 2007, du moins dans les groupes pour lesquels la base de données permet de faire une apprécia-tion. Si on considère toute la période al-lant de 1900 à aujourd’hui, on constate toutefois que la diversité a augmenté dans les groupes observés. Au cours du siècle dernier, 23 espèces ont disparu de Suisse, dont deux sauterelles vivant dans les zones alluviales des cours d’eau. Pen-dant la même période, 42 espèces ont fait leur apparition. La progression est particulièrement nette chez les oiseaux nicheurs (14 espèces en plus) et les mam-mifères (8 espèces en plus). Certains, comme le bouquetin ou le lynx, doivent leur retour aux efforts de protection
entrepris, mais d’autres sont revenus d’eux-mêmes, comme la grive litorne ou le loup. Selon les cri tères du MBD, les espèces ne sont con sidérées comme présentes en Suisse que si on les y trouve à l’état sauvage pendant au moins neuf sur dix années consécutives.
Cette évolution ne doit pas masquer le fait que de nombreuses espèces res-tent menacées. Ainsi, 15 des 19 reptiles indigènes sont considérés comme « vul-nérables », « en danger » ou « en danger critique d’extinction » selon les critères des listes rouges. Chez les poissons et les
cyclostomes, la proportion est de 58 %. Le sort des oiseaux nicheurs est préoccu-pant lui aussi: environ 40 % des es pèces indigènes fi gurent sur la liste rouge. Les oiseaux vivant dans les zones agri coles surtout, comme le vanneau huppé, ont subi de lourdes pertes au cours des der-nières années. La situation est également critique dans d’autres groupes: 44 % des lichens épiphytes et 19 % des champi-gnons supérieurs se trouvent sur la liste rouge.
La qualité des forêts progresse. Les deux tiers des oiseaux nicheurs observés par le MBD sont des habitants des forêts, et ce, bien que la forêt ne couvre qu’un tiers du pays et que les oiseaux forestiers ne représentent qu’un tiers de toute l’avifaune de Suisse. La forêt favorise la diversité des espèces, quelles qu’elles soient. Les paysages comportant 30 à
70 % de forêts ont une faune et une fl ore particulièrement riches. Il est d’autant plus réjouissant que la qualité écolo-gique des forêts progresse. On trouve aujourd’hui davantage de peuplements et de réserves laissés à l’état naturel qu’il y a dix ans, les forêts contiennent beau-coup plus de bois mort et la proportion de forêts rajeunies naturellement a for-tement augmenté. Beaucoup d’organis-mes profi tent de ces évolutions, comme les mousses et les escargots, nombreux en forêt.
Certaines plantes apprécient la ville. Dans les années 1980 et 1990, les surfaces d’habitation ont augmenté de 13 % en Suisse. Elles se sont surtout étendues aux dépens des zones agricoles. Les maisons, les bâtiments industriels et commerciaux, les voies de transport ont pris la place des prés et des champs: au prix de la biodiversité, pourrait-on pen-ser. Mais la situation est plus complexe. Les sols imperméabilisés sont sans nul doute perdus pour la nature. Mais les surfaces urbanisées dont le sol a échap-pé à l’imperméabilisation peuvent offrir un habitat à de nombreuses espèces spécialisées et rares, comme les plantes pionnières et rudérales ou les mousses. Dans le cas de ces dernières, il s’agit de communautés typiques des régions habitées, qui se distinguent nettement des mousses qu’on trouve en forêt ou dans les zones agricoles.
Au cours du siècle dernier, 23 espèces ont disparu de Suisse. Pendant la même période, 42 espèces ont fait leur apparition.
55Biodiversité > environnement 2/09
CONTACT
Meinrad Küttel
Division Gestion des espèces
OFEV
031 322 93 24
MBD 2008
Alpes centrales 205
Versant sud des Alpes 226
Versant nord des Alpes 263
Plateau 229Jura 265
Plantes vasculaires
Moyenne suisse 238
MBD 2008
Alpes centrales 39
Versant sud des Alpes 40
Versant nord des Alpes 38
Plateau 19Jura 29
Papillons diurnes
Moyenne suisse 32
MBD 2008
Alpes centrales 22
Versant sud des Alpes 24
Versant nord des Alpes 32
Plateau 37Jura 40
Oiseaux nicheurs
Moyenne suisse 31
DIVERSITÉ DES ESPÈCES DANS LES PAYSAGES DE SUISSE: nombre des espèces de plantes vasculaires et de papillons diurnes recensées sur des transects aménagés sur une longueur de 2,5 km à l’intérieur des surfaces d’échantillonnage, qui couvrent chacune 1 km2. Les oiseaux nicheurs sont toujours recensés sur la surface entière.
Les zones urbaines accueillent égale-ment beaucoup d’espèces végétales im-portées ou ramenées involontairement. Les plantes dites néophytes, comme le solidage du Canada, la berce du Caucase ou la renouée du Japon, ont été plantées dans des parcs et des jardins ou sont arrivées dans les villes en tant que pas-sagers clandestins. Le climat, plus doux qu’aux alentours, leur plaît. Partant des agglomérations, elles se propagent dans d’autres habitats proches, où elles peu-vent provoquer des dégâts.
Une image de plus en plus nette. Le MBD n’en est qu’à ses débuts. Seuls deux cin-quièmes des surfaces répertoriées ont déjà été examinées à deux reprises. Les chiffres disponibles permettent d’iden-tifi er les tendances esquissées ici, mais il est encore trop tôt pour obtenir une vue complète et exacte des évolutions en cours. L’image va se préciser au fi l du temps. On pourra alors mieux apprécier les effets des mesures politiques et éco-nomiques récentes sur la biodiversité. Le MBD livre à ce titre des bases impor-tantes qui, associées aux données four-nies par d’autres programmes tels que l’Inventaire forestier national, permet-tent d’évaluer les politiques et de con-trôler l’effi cacité des instruments de la protection de la nature.
Urs Draeger, bureau de coordination du MBDwww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-15
environnement 2/09 > Dangers naturels56
Fin février 2009. Deux mètres et demi de neige surplombent le village de Bever, en Haute-Engadine (GR), sur une pente de 35 degrés. En raison d’une grande fi ssure et de la déclivité, idéale pour les avalanches, Jon-Andri Bisaz, forestier de triage et chef de la commission avalan-ches de Bever et Celerina, donne l’ordre d’évacuer sept maisons, soit 41 person-nes. Une décision diffi cile à prendre.
Pour gérer cette situation critique , le forestier a profi té des cours d’instruc-tion sur la neige et les avalanches qu’il avait suivis auparavant. Cette formation à deux niveaux a été conçue par l’Insti-tut pour l’étude de la neige et des ava-lanches (SLF), à Davos, sur mandat de l’OFEV. Elle doit permettre aux représen-tants des communes alpines de détec-ter à temps le danger et de prendre les mesures nécessaires. Comme l’ex plique Jürg Schweizer, formateur au SLF, « les cours sont principalement destinés aux collaborateurs et aux responsables des services de sécurité affectés aux com-munes, voies de communication et che-mins de fer de montagne, des cel lules de crise et des autorités qui planifi ent les mesures de protection contre les avalanches ».
Les participants sont des profes-sionnels qui travaillent souvent dans la nature: responsables de l’entretien des routes, forestiers ou guides de mon-tagne. Lors du cours A, ils apprennent à évaluer la situation locale à l’aide des informations disponibles sur la neige, la météo et les avalanches ainsi qu’avec des données recueillies personnellement. Le cours B est consacré à la gestion de la situation de crise: hébergement des per-sonnes évacuées, organisation de l’assis-
Lorsque le risque d’avalanche s’accroît, que des inondations ou d’autres dangers naturels menacent, la sécurité de la population repose sur les cellules de crise locales. De nouvelles formations aident les responsables concernés à gérer ces situations.
Des conseils adaptés à la réalité localeDANGERS NATURELS
tance, extension de la zone dangereuse et levée de l’alerte, sans oublier les rela-tions avec les médias.
La ville de Berne les pieds dans l’eau. Changement de tableau: en mai 1999, le quartier de la Matte, dans la vieille ville de Berne, avait été inondé pen-dant plusieurs jours. Certains habitants avaient dû quitter leur domicile en bateau en passant par les fenêtres du premier étage. La fonte des neiges très abondantes de l’hiver précédent avait provoqué une importante montée des eaux de l’Aar, accentuée par de fortes pluies début mai.
Lorsque tout fut remis en état, la vie a repris son cours. « Il ne semblait pas
nécessaire d’agir », se souvient Rosmarie Bernasconi, dont la librairie avait été elle aussi inondée. « Après tout, il s’agis-sait d’une crue centennale. »
Mais à l’été 2005, la Matte était à nouveau sous l’eau, à la suite de pré-cipitations diluviennes dans certaines parties des Grisons, en Suisse centrale et dans les Alpes bernoises. Cette fois, c’est le bois fl ottant, très abondant, qui a bouché le seuil par lequel l’excédent d’eau du canal de la Matte s’écoule dans l’Aar. Parmi les victimes se trouvaient notamment les derniers exemplaires du livre de Rosmarie Bernasconi sur les crues de 1999…
Plusieurs autres régions de Suisse ont été dévastées par les inondations.
Berne, été 2005: le bois flottant bouche le canal latéral de l’Aar qui longe le quartier de la Matte. Photo: Keystone
57Dangers naturels > environnement 2/09
On a répertorié 5000 glissements de terrain dans le pays; les dommages se sont élevés à environ 3 milliards de francs au total.
L’OFEV propose un plan de formation. Après deux « crues centennales » en six ans, l’OFEV a décidé d’agir. Il est en train d’élaborer, sur le modèle des deux ni-veaux de cours sur la gestion du danger d’avalanche, des modules de formation de « conseiller / conseillère en dangers naturels ». Le premier cours aura proba-blement lieu cette année encore.
Martin Buser, responsable de la ges-tion de crises et des plans d’urgence à l’OFEV, a conçu, sur la base de l’analyse des événements de 2005, un plan de formation qui a été soumis aux autori-tés compétentes de différents cantons pour consultation. Les échos sont posi-tifs. Martin Buser est convaincu que des conseillers qualifi és peuvent éviter bien des dégâts en cas de crise. « Les grandes villes telles que Berne sont en mesure de venir seules à bout d’une menace de catastrophe, mais les communes plus petites sont dépassées. »
Compléter le savoir local. La nouvelle for-mation s’adressera aux employés du système coordonné de protection de la population – police, sapeurs-pompiers, santé publique, services techniques, protection civile – et aussi aux fores-tiers qui connaissent bien le terrain. Ils apprendront à assurer la fonction importante de conseil dans le cadre de la prévention et en cas de sinistre, ainsi que lors de l’analyse des dommages.
« Les cours montreront aux partici-pants comment faire face aux dangers
les plus courants, mais ils seront égale-ment adaptés à leurs besoins », précise Martin Buser. « Le risque majeur varie selon la région: crues, chutes de pier-res ou laves torrentielles. La formation vient compléter le savoir local. » C’est d’ailleurs l’un des objectifs du cours: « Nous comptons sur l’échange d’expé-rience des conseillers en dangers natu-rels. Ainsi, les connaissances acquises se multiplieront rapidement. »
Le système suisse d’alerte météoro-logique a été développé ces dernières années, les données disponibles et les modèles numériques de prévision ont été perfectionnés. Ce sont les organes civils de conduite compétents qui doi-vent, avec l’aide des futurs conseillers en dangers naturels, déduire des aver-tissements les mesures qui s’imposent pour protéger la population. Cela com-mence par de petites choses: sortir les voitures de la zone de danger, vider les caves, mettre en place des sacs de sable ou des tuyaux de protection, évacuer les personnes âgées ayant perdu leur mo-bilité. Comme l’affi rme Martin Buser, « ces simples dispositions préventives, prises à temps, suffi sent pour économi-ser beaucoup d’argent ».
Martin Arnoldwww.environnement-suisse.ch/
magazine2009-2-16
Quartier de la Matte: Berne améliore la prévention
ma. Après la deuxième inondation ca-tastrophique du quartier de la Matte, à Berne, la ville a pris des mesures. Elle a défi ni des sites d’intervention à partir desquels le bois fl ottant peut être rapi-dement retiré de l’eau, au moyen de grues, avant qu’il ne bloque l’écoule-ment. L’Offi ce des ponts et chaussées a fi xé des points d’ancrage dans le sol de-vant les maisons pour permettre, si né-cessaire, l’installation de digues provi-soires en aluminium. En outre, les pompiers ont introduit un système d’alerte par SMS pour inviter la popu-lation, en cas de risque de crue, à éva-cuer voitures et autres biens de valeur de la zone menacée.
Le dispositif a été testé en août 2007. Les eaux de l’Aar ont de nouveau atteint un niveau exceptionnel, mais les dégâts ont pu être limités. Tout a fonctionné: les pompiers ont donné l’alerte à temps par SMS et le sous-sol renforcé a permis l’accès de véhicules lourds pour retirer le bois fl ottant. Des tuyaux de protec-tion pleins d’eau ont servi de digues, opposant une résistance au courant. Lorsque l’eau passait quand même, elle était retenue par les palplanches en aluminium montées juste devant les maisons.
Toutefois, ces précautions ne sont pas encore suffi santes. « Le sous-sol de l’Aar est une vraie passoire. En cas de crues comme celles de 1999 ou de 2005, les eaux souterraines remonteraient à travers le sol et le quartier de la Matte serait une fois de plus sous l’eau, mal-gré les mesures de protection », explique Hans-Peter Wyss, ingénieur municipal à Berne. Les autorités de la ville ont donc cherché une solution à long terme: les rives menacées seront surélevées et le problème de la nappe phréatique va être résolu par des parois souterraines étanches et un système de drainage.
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Martin Buser
Section Gestion des risques
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environnement 2/09 58
Taxe sur le CO2: un avis de droit lève le douteSelon la loi, les recettes de la taxe sur le CO2 doivent être redistribuées à la population et à l’économie. Il n’est pas possible de les utiliser pour fi nancer des mesures de pro-tection du climat. Or en Suisse, le chauffage des locaux consomme encore nettement trop d’énergie: assainir les bâtiments serait donc judicieux. Les investissements élevés que cela implique découragent pourtant bon nom-bre de propriétaires.
Une initiative parlementaire demande maintenant que l’on prélève une partie des recettes de la taxe pour subventionner ces assainissements. Une telle solution peut-elle être concrétisée à l’aide d’une simple modifi ca-tion de la loi sur le CO2 ou une adaptation de la Consti-tution s’impose-t-elle également?
Les taxes dont l’objectif principal est de produire des revenus sont considérées comme des impôts. Elles néces-sitent non seulement une disposition légale spécifi que, mais également une base constitutionnelle. Cette der-nière n’est en revanche pas nécessaire pour les taxes pré-levées exclusivement afi n de limiter des comportements néfastes pour l’environnement, si elles ne génèrent pas de revenus. Ces taxes d’incitation peuvent se fonder sur l’art. 74 de la Constitution, qui traite de la protection de l’environnement dans son ensemble. On peut dès lors se demander si une taxe sur le CO2 dont les recettes sont en partie affectées au fi nancement de mesures de pro-tection du climat doit être considérée comme un impôt ou comme une taxe d’incitation. Un avis de droit com-mandé par l’OFEV arrive à la conclusion que, du point de vue juridique, un tel instrument serait encore une taxe d’incitation et non un impôt. On pourrait donc répondre aux exigences de l’initiative parlementaire en n’adaptant que la loi.
Par ailleurs, dans l’une des variantes qu’il a mises en consultation dans le cadre de la révision de la loi sur le CO2 (pour la période postérieure à 2012), le Conseil fédéral a proposé d’utiliser une partie des recettes d’une future taxe sur le CO2 pour la réalisation de mesures de protection du climat.
Avis de droit disponible sous: www.environnement-suisse.ch/droit >
Avis de droit et rapports > Climat
Renseignements: Barbara Nägeli, division Droit, OFEV,
031 325 31 98, [email protected]
Paru récemment
Du côté du droit
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Environnement en général• Environnement Suisse 2009. Edité par l’OFEV et l’Office fédéral de la statis-
tique (OFS). 68 p.; F, D, I, E; 8 francs; UD-1006-F.
Ce rapport de la Confédération présente une vue d’ensemble de l’état de
l’environnement en Suisse et de son évolution. Un prospectus avec talon de
commande se trouve à la page 9 de ce numéro.
Agriculture• Réduction de l’impact des produits phytosanitaires et des excédents
d’engrais sur l’environnement. Rapport du Conseil fédéral du 13 mars 2009.
10 p.; F, D, I; fichier PDF sous www.environnement-suisse.ch > Documentation >
Communiqués aux médias > 18.03.2009 > Fichiers joints.
Certaines régions de Suisse produisent plus d’engrais de ferme qu’elles ne peu-
vent en utiliser, ce qui pollue l’environnement. Le rapport du Conseil fédéral
expose la situation et fournit des recommandations.
59environnement 2/09
Biodiversité• Etat de la biodiversité en Suisse. Synthèse des résultats du
Monitoring de la biodiversité en Suisse (MBD). Etat: mai 2009. 120 p.; F, D; 15 francs; UZ-0911-F. Voir aussi l’article pages 52–55 dans
ce numéro.
• Protection des oiseaux sur les lignes aériennes à courant fort de tension nominale supérieure à 1 kV. Coédité par l’Association des
entreprises électriques suisses (AES) et d’autres partenaires. 20 p.; F, D, I;
pas de version imprimée; UD-1002-F.
Biotechnologie• Poste de sécurité microbiologique (PSM). Directive pour l’emploi
d’un poste de sécurité microbiologique lors de l’utilisation de microorganismes pathogènes pour l’homme. 24 p.; F, D; pas de ver-
sion imprimée; UV-0816-F.
Bruit• Revêtements de routes peu bruyants à l’intérieur des localités.
Rapport annuel 2008. Coédité par l’Office fédéral des routes (OFROU).
37 p.; F, D; pas de version imprimée; UD-1004-F.
Climat• L’échange de quotas d’émission. Un instrument de marché pour
la protection du climat. 20 p.; F, D; gratuit; UW-0909-F.
• Affiches consacrées aux changements climatiques et à la politique clima-
tique. Exposition grand public de neuf affiches (format F4) destinées
aux communes, écoles et organisations et éditées par l’OFEV en collabora-
tion avec l’Organe consultatif sur les changements climatiques (OcCC) et Pro-
Clim, disponibles en F, E et D, gratuites. Pour plus de détails: www.environ-
nement-suisse.ch/climat > Service climat > Protéger le climat au quotidien
> Protéger le climat à l’école. Pour toute commande: [email protected]
Dangers naturels• Confortement parasismique de constructions. Stratégie et recueil
d’exemples en Suisse. 86 p.; F, D; pas de version imprimée; UW-0832-F.
Eaux et hydrologie• Améliorer la protection des eaux souterraines. 16 p.; F, D, I, E;
gratuit; UD-1003-F. Version succincte de la publication suivante. En Suisse,
les eaux souterraines sont la principale ressource en eau potable. Les résul-
tats du programme national d’observation NAQUA montrent que, malgré leur
excellente qualité générale, les eaux souterraines contiennent souvent des
traces de substances indésirables.
• Résultats de l’observatoire national des eaux souterraines (NAQUA). Etat et évolution de 2004 à 2006. 146 p.; F, D; 25 francs;
UZ-0903-F.
• Esquisse hydrogéologique de la Suisse. Carte de format A5; quadri-
lingue; gratuit; UD-1005-D.
Ecobilans• Methode der ökologischen Knappheit – Ökofaktoren 2006.
Methode für die Wirkungsabschätzung von Ökobilanzen. 191 p.; D,
E; pas de version imprimée; UW-0906-D.
Forêts et bois• Sécurité au travail dans les forêts privées. Rapport 2002–2008.
75 p.; F, D, I; pas de version imprimée; UW-0902-F.
Le rapport décrit les activités du groupe de travail chargé en 2002 par le
Conseil fédéral d’améliorer la sécurité au travail dans les forêts privées. Il
présente brièvement l’ensemble des mesures prises et décrit leur mise en
œuvre.
• Annuaire La forêt et le bois 2008. 204 p.; bilingue F/D; 20 francs;
UW-0904-D.
Sites contaminés• Obligation de faire et obligation de supporter les frais selon les
dispositions sur les sites contaminés. La procédure pas à pas. Communication de l’OFEV en tant qu’autorité d’exécution, destinée aux
autorités cantonales qui requièrent des indemnités OTAS. Aide à l’exécution
électronique (site internet); F, D; pas de version imprimée; UV-0905-F.
Sols• Protection phytosanitaire en horticulture. Connaissances de
base pour l’obtention du permis de spécialiste. 110 p. environ; F, D;
UD-1007-F; commande de la version imprimée: JardinSuisse, Oeschberg,
case postale 168, 3425 Koppigen, www.jardinsuisse.ch, ISBN-3-9522576-5-6.
environnement 2/09 60
Ecotourisme en Gruyère
Le Parc naturel régional du Pays-d’Enhaut s’est
associé à ViaStoria pour proposer un double
itinéraire culturel dédié au Gruyère AOC et à
l’Etivaz AOC. Les barons du fromage qui ont
œuvré dans le coin pendant les siècles derniers
ont laissé dans le paysage et dans les villages
de nombreuses traces de leur activité. Le nou-
vel itinéraire permet de se familiariser avec les
produits du terroir gruyérien tout en découvrant
les lieux qui leur ont donné naissance.
> www.chemins-gruyere.ch > Itinéraires ViaRegio
> Les chemins du gruyère
A la chasse aux escargots Pour célébrer le 200e anniversaire de la nais-
sance de Charles Darwin, l’Université de Bâle
et l’Association suisse pour la protection des
oiseaux lancent une grande chasse à l’es car-
got. Il s’agit d’un projet européen de recherche
et de divulgation scientifique qui doit mon-
trer ce qui se cache derrière les notions de
biodiver sité et d’évolution. Familles, classes
et individus sont invités à recenser les escar-
gots à bandes dans les jardins, les parcs et les
forêts, puis à annoncer leurs découvertes.
> Association suisse pour la protection des
oiseaux ASPO/BirdLife, Cudrefi n, 026 677 03 80,
[email protected], www.birdlife.ch/escargots
Vivre avec les chauves-sourisVous rénovez votre bâtiment ou installez des
panneaux solaires sur son toit? Il vaut la peine
d’examiner si des chauves-souris s’y sont
installées. Ces mammifères volants sont sen-
sibles aux dérangements, notamment pendant
la période de reproduction, de juin à août. Le
Centre chauves-souris de Suisse occidentale
vous renseignera volontiers.
> Centre chauves-souris (CCO), Genève,
022 418 63 47, [email protected];
www.ville-ge.ch/mhng/cco/ > Service bâtiments >
documents d’information
La petite reine se moderniseLe vélo ne perd rien de son attrait: on en a ven-
du 315 000 exemplaires neufs en 2008, soit
600 de plus que l’année précédente. Tout le
monde ne tient pas pour autant à s’essouffler
et à transpirer: plus de 11 000 cycles légers
équipés d’un moteur électrique ont trouvé
preneur. Pour un véhicule atteignant les
40 km/h avec une autonomie de 80 kilomètres,
on compte environ 1 kWh aux 100 kilomètres:
cela correspond à un décilitre d’essence.
> Biketec AG, Kirchberg Berne,
034 448 60 60, info@fl yer.ch, www.fl yer.ch
(en allemand)
Marché à la carte Plus besoin d’aller au marché pour s’ap-
provisionner en légumes et en fruits locaux: il
est possible de s’en faire livrer chaque semaine
près de chez soi et ceci dans toute la Suisse
romande. Une plate-forme internet relie con-
sommateurs et producteurs régionaux. Le
nombre de personnes intéressées et de ma-
raîchers participant à ce projet ne cesse de
croître.
> www.marchedurable.ch
Faits et gestes
Escargot des bois Bruno Baur
mise à disposition
mise à disposition
Oreillard brun CCO Genève
61environnement 2/09
En vacances sur un bateau scientifi que
L’organisation suisse OceanCare étudie les
mammifères marins dans le sanctuaire Pela-
gos, une zone de 87 500 km2 située entre la
France, la Sardaigne et l’Italie. Elle observe
l’évolution des populations et sensibilise le
public aux conflits d’intérêts entre l’homme et
les animaux. Pour 1600 francs, les personnes
intéressées peuvent maintenant passer une
semaine de vacances à bord du bateau de
l’organisation.
> OceanCare, Wädenswil, 044 780 66 88,
[email protected], www.oceancare.org
Se déplacer autrementUne nouvelle fenêtre animée et ludique s’est
ouverte sur la plate-forme d’information des
services cantonaux romands de l’énergie et de
l’environnement: le module « Transports et mo-
bilité ». En Suisse, ce poste représente un tiers
de la dépense d’énergie du pays et près de
40 % des émissions de CO2. Plus des trois
quarts des déplacements se font en voiture.
La même proportion d’habitants souffre d’un
manque de mouvement, première cause de
surpoids.
> Renseignements et conseils pratiques:
www.energie-environnement.ch
Facebook vert Après avoir initié l’action « Anges gardiens de
la planète » qui permet à chacun de réduire son
impact de CO2 au travers de gestes concrets
proposés chaque mois, l’association Nice-
Future lance une communauté virtuelle baptisée
« le Réseau des anges ». Chacun peut y dévoiler
ses propres astuces, rencontrer d’autres per-
sonnes ou associations partageant les mêmes
idéaux ou encore s’engager pour des projets.
Grâce à une échelle de mesure, chaque inscrit
peut également évaluer son comportement et
ses actions pour l’environnement afin de les
améliorer.
> www.angesgardiens.ch
Les garagistes passent au vert
L’Union professionnelle suisse de l’automobile
(UPSA) a publié un guide environnemental.
Cette brochure de 52 pages disponible en fran-
çais, en allemand et en italien présente quelque
150 notions liées à l’environnement, à l’énergie
et à l’automobile, ainsi que des conseils pour
la vie de tous les jours. Elle peut être obtenue
gratuitement dans les 4000 garages UPSA ou
sur le site internet de l’association.
> Union professionnelle suisse de l’automobile,
Berne, 031 307 15 15,
www.garageetenvironnement.ch, www.agvs.ch
mise à disposition
Association NiceFuture
Impressum 2/09, mai 2009 / Le magazine environnement paraît quatre fois par an; l’abonnement est gratuit; n° ISSN 1424-7135 / Éditeur: Offi ce fédéral de l’environnement
(OFEV). L’OFEV est un offi ce du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) / Direction du projet: Bruno Oberle,
Thomas Göttin / Conception, rédaction, production, marketing: Georg Ledergerber (direction), Kathrin Schlup (suppléante); Hansjakob Baumgartner (hjb), Claire-Lise Suter
et Thomas Bettler (coordination du dossier Energie); Beat Jordi, Cornélia Mühlberger de Preux / Collaborations de l’Offi ce fédéral de l’énergie (OFEN): Felix Andrist, Jean-
Christophe Füeg, Markus Geissmann, Bruno Guggisberg, Matthias Gysler, Renaud Juillerat, Michel Piot, Martin Sager, Gunter Siddiqi, Walter Steinmann, Urs Wolfer, Marianne Zünd /
Collaborations externes: Martin Arnold, Urs Draeger, Urs Fitze, Kaspar Meuli, Beatrix Mühlethaler, Pieter Poldervaart, Lucienne Rey; Peter Bader, Anne Quinche et Nicole Bärtschiger
(rubriques); Danielle Jaurant (coordination et rédaction linguistique de la version française) / Traductions: Anne Anderson, André Carruzzo, Nadine Cuennet, Stéphane Cuennet (éditorial,
rubriques), Milena Hrdina, Tatiana Kolly, Christian Marro, Stéphane Rigault, Catherine Trabichet / Réalisation et mise en page: Atelier Ruth Schürmann, Lucerne / Délai rédactionnel:
6 avril 2009 / Adresse de la rédaction: OFEV, Communication, rédaction environnement, 3003 Berne, tél. 031 322 93 56, fax 031 322 70 54, [email protected] / Langues:
français, allemand; italien (extraits) uniquement sur Internet / En ligne: sauf les rubriques, le contenu du magazine se retrouve sur www.environnement-suisse.ch/magazine / Papier: Cyclus
Print, 100 % de vieux papier sélectionné / Tirage: 17 000 environnement, 45 000 umwelt / Impression et expédition: Zollikofer SA, 9001 Saint-Gall, www.swissprinters.ch / Abonnement
gratuit, changement d’adresse et commande de numéros supplémentaires: voir page 2 / Copyright: reproduction du texte et des graphiques autorisée avec indication de la
source et envoi d’un exemplaire justifi catif à la rédaction.
environnement 2/09 62
Filières et formations
Sur les traces du papierPour sensibiliser les adolescents aux conséquences de la consommation de papier, la Fondation pour la pratique en-vironnementale Pusch met à la disposi-tion des écoles une exposition itinérante intitulée « Sur les traces du papier ».> Renseignements: Anahide Bondolfi ,
021 625 94 55
Krax ou le respect des animauxLe projet scolaire Krax de la Protection suisse des animaux (PSA) doit encou-rager les enfants à traiter avec respect leurs amis à poils, à plumes ou à écailles. Il permet d’approfondir de manière ludi-que les connaissances des élèves sur les besoins vitaux des animaux. Deux à trois leçons sont données gratuitement dans les classes par des enseignants spécia-lisés. > www.krax.ch/ecole
Le CO2 sur le chemin de l’école La campagne éducative « CO2nnect » sur les transports et les changements climatiques est désormais ouverte aux écoles des cinq continents. Ce projet donne l’occasion aux élèves d’enquêter sur les émissions de CO2, de partager et comparer les résultats et d’établir des partenariats avec d’autres écoles, dans une perspective d’éducation au dévelop-pement durable.> www.co2nnect.org
Journée pourles pédagogues en forêt La traditionnelle journée d’échange ERFA de Silviva aura lieu cette année les 1er et 2 octobre 2009, dans le cadre du 4e Congrès européen des pédagogues forestiers. Ce sera l’occasion de décou-vrir les expériences faites dans les divers pays d’Europe.> www.silviva.ch > Notre offre > Journées
d’échange > Journée ERFA
BLOC-NOTES
Avec sa campagne « bike2school », l’association Pro Vélo invite
les écoliers dès la 4e année à faire du sport tout en ménageant
l’environnement. Entre le 17 août et le 11 octobre 2009, des équi-
pes composées d’au moins huit élèves de la même classe devront
recueillir le plus grand nombre de points possible en se rendant à
l’école à vélo – ou à vélo et en transports publics – pendant quatre
semaines à choix. Objectif: inciter les élèves à prendre soin de leur
santé et à faire un geste écologique simple. Un prix spécial sera
décerné à l’équipe qui aura parcouru le plus de kilomètres à vélo.
Plusieurs cantons soutiennent le projet et prennent en charge les
coûts du forfait pour toutes les écoles. Inscriptions jusqu’à la fi n
juillet 2009.
Inauguré l’automne dernier, le Pavillon Plantamour niche au cœur
du parc Mon Repos à Genève. Ce nouveau centre nature installé
dans une ancienne orangerie construite en 1872 au bord du lac
Léman est géré par l’association La Libellule. Il a pour but de sen-
sibiliser le public et les classes à l’observation, l’intégration et la
protection de la nature. Pour ce faire, il propose des animations
permanentes et temporaires, des expositions ainsi que des confé-
rences. Toutes ces activités sont gratuites. L’association organise
aussi quelque 130 excursions par an.
Plus de mouvement, moins de pollution
Rendez-vous à Plantamour
Le Centre de formation du WWF organise régulièrement un cycle
de cours d’une année destiné à toutes les personnes qui souhai-
tent appliquer les principes du développement durable dans le
cadre de leur travail. Il permet d’acquérir les instruments néces-
saires à la mise en place de mesures de protection de l’environ-
nement dans la pratique professionnelle. Il peut aussi servir de
tremplin à une requalification. La formation met l’accent sur les
aspects pratiques du développement durable et s’attache à propo-
ser des solutions concrètes aux problèmes environnementaux. Elle
dé bouche sur un brevet fédéral. Le prochain programme, qui sera
donné en allemand, débute en septembre 2009 (inscription jusqu’au
15 juin). Un cycle en français démarrera au printemps 2010.
L’environnement dans le cadre professionnel
> www.lalibellule.ch
> www.wwf.ch/formation
www.wwf.ch/lehrgang
> www.bike2school.ch
63environnement 2/09
Les sulfonates de perfl uorooctane (SPFO) ré-duisent la tension de surface de l’eau, comme le savon, et repoussent à la fois l’eau et les grais-ses. De plus, ils sont particulièrement stables et résistent aux produits chimiques les plus agres-sifs. Leur effet tensioactif se manifeste déjà à très faible dose, si bien qu’on les a beaucoup employés dans les produits d’entretien des sols, dans les textiles, les tapis ou les emballages, où ils évitent que les surfaces se salissent. On en uti-lise aussi dans la lutte contre le feu, par exem-ple pour protéger les réservoirs contenant des liquides infl ammables. Enfi n, ils servent de subs-tances auxiliaires dans de nombreux procédés industriels.
Produits en petites quantités et diffi ciles à dé-tecter dans l’environnement, les SPFO ont long-temps échappé à la surveillance de l’homme. Toutefois, des essais ont montré qu’ils pouvaient modifi er les hormones thyroïdiennes chez les singes et provoquer, chez le rat, une intoxication du foie, voire des tumeurs malignes. On ne sait pas encore quelle est la pertinence de ces résul-tats pour l’homme. Une chose est certaine: les
SPFO s’accumulent dans la chaîne alimentaire et persistent très longtemps dans le corps humain. De plus, ils passent sans encombre à travers les stations d’épuration pour se retrouver dans les rivières, dans les nappes souterraines et fi nale-ment dans l’eau du robinet. Il faut alors des fi l-tres à charbon actif pour les éliminer.
Comment réduire cette pollution? Le plus grand producteur mondial de ces sulfonates a volontairement cessé sa production en 2001. En Suisse, ils seront en bonne partie interdits dès 2010, grâce à la deuxième révision de l’ordon-nance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim). Des délais de transition sont accordés pour les extincteurs des grandes installations de stockage et des déroga-tions sont prévues lorsqu’il n’existe pas encore de subs tances de substitution (procédés de galvani-sation et photographie). L’OFEV prépare en outre une analyse de fl ux de substances. Quoi qu’il en soit, les SPFO déjà libérés dans l’environnement nous accompagneront encore longtemps.
Georg Ledergerberwww.environnement-suisse.ch/magazine2009-2-17
Les SPFO: utiles aux pompiers, nuisibles pour l’environnement
Portrait
Modèle de molécule de sulfonate de perfluoro-octane (SPFO). En noir, le carbone; en vert, le fluor; en jaune, le soufre; en rouge, l’oxygène; en blanc, l’hydrogène.Photo: upload.wikimedia.org