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Un sport, deux mondes différentsLe basketball, sport inventé aux États-Unis par James Naismith en 1891 a parcouru un long chemin depuis sa création et a vite réussi à s’imposer comme un sport majeur et à s’internationaliser. Deux conceptions du basket sont rapidement apparues. Aux États-Unis en 1946 est créé la BAA, la Basketball Association Of America, qui deviendra 3 ans plus tard la NBA, la National Basketball Associa-tion. Au fil des années, la ligue est devenue mondialement connue, et aujourd’hui ses joueurs stars sont aussi riches et adulées que cer-taines stars d’Hollywood. En parallèle, une ligue européenne a aussi vu le jour en 1958, sous l’impulsion du quotidien sportif français L’Equipe qui a émis l’idée d’une compétition européenne des clubs de basket. Si l’Euroligue n’a pas aujourd’hui la notoriété de la NBA dans le monde, elle reste la compétition majeure en Europe et fait vibrer des millions de fans du ballon orange. Les phases finales de la compétition, appelées «Final Four» sont tout de même retransmises dans près de 174 pays différents. Au final, le basket regroupe entre 2 et 3 milliards de fans à travers le monde, et environ 450 millions de pratiquants. En ce qui concerne l’Hexagone, selon les chiffres donnés en 2012 par le ministère des sports, le basket se place à la 5e place des sports (2ème parmi les sports collectifs, derrière le football) comptant le plus de licenciés avec 457 121 unités et une hausse de 3,1% sur l’année. Malgré cela, en France le basket reste un sport peu médiatisé, et le championnat national, la Pro A peut paraître à la traîne. Depuis les JO de Barcelone en 1992 et la célèbre «Dream Team», le basket américain n’a cessé de gagner en popularité et propose un jeu qui fait rêver un bon nombre de gens, au détriment du basket européen et de l’Euroligue. Aujourd’hui, le public n’est pas aussi passionné pour l’Euroligue que pour la NBA. Alors, que manque t-il à l’Euroligue qui lui permettrait de connaître un gain de popularité pouvant lui permettre de rivaliser avec la gigantesque NBA? Quelles sont les réelles différences entre les deux compétitions?

L’éditorial

Deux garçons se trouvant sur le premier terrain de basket de l’his-toire, à Springfield dans le Massachussets aux Etats-Unis au début

des années 1900(Getty Images)

Le basketball est aujourd’hui un sport qui mobilise massivement les foules. Ici, à la Kombank Arena de Belgrade l’une des plus grandes salles d’Europe.Elle peut accueillir entre 20 000 et 25 000

personnes

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Edito

Directeur de la publication Michel BALDIRédacteur en chef Gérard MARCOUTJournaliste Clément BARTHOLOMECrédit Photos Getty Images / Clément BARTHOLOME / L’EquipeImprimeur Multiservice Parodi 15 bis rue Alexandre Parodi 75010 Paris12 rue Alexandre Parodi, 75010, Paris

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La NBA, sport US par excellenceLe format

La NBA respecte un format plutôt classique aux US, c’est à dire jouer beaucoup sur une longue durée pour toujours plus de spectacle. La NBA c’est donc une saison qui s’étend de fin octobre à fin avril, pour un total de 82 matchs joués par chacune des 30 équipes. À la fin de ce long périple, les meilleures équipes s’affrontent en «playoffs», phases finales de la saison durant laquelle les équipes s’affrontent lors de séries au meilleur des 7 matchs dans un format «bracket», pour offrir la compétition la plus relevée de la planète. Avec presque un match tous les jours, ce format a de quoi tenir en haleine les fans, même si on peut vite ressentir une lassitude à cette overdose de matchs. À

consommer avec modération donc!

À quoi s’attendre lors d’un match NBA?

En un mot : showtime! Voir un match NBA c’est évidem-ment assister à un match de basket de haut niveau, proposant une vitesse de jeu rapide, des dunk à tout-va, des shoots im-probables et autres actions qui nous paraîtraient irréalisables. Mais c’est aussi et surtout un show à l’américaine. Spectacle d’avant-matchs, pom-pom girls, écrans géants un peu partout pour mettre l’ambiance et enflammer la salle dans les moments chauds, tout ça dans une salle magnifique et immense pouvant accueillir en moyenne près de 20 000 personnes. La NBA sait

faire passer un moment inoubliable à ses spectateurs.

L’Euroligue, antithèse de la NBALe format

Regroupant 24 équipes, l’Euroligue est le championnat le plus relevé d’Europe (devant l’Eurocoupe et l’Eurochallenge). Ici, le format est un peu plus complexe : une première phase se déroule de mi-octobre à mi-décembre, durant laquelle les 24 équipes sont divisées en 4 groupes et s’affrontent pour un total de 10 matchs par équipes. Les 16 meilleurs équipes gagnent le droit d’aller au le Top 16 : deux nouveaux groupes sont constitués et chaque équipe joue 14 nouveaux matchs de décembre à avril. Après avoir passé ces phases plutôt fastidieuses, c’est l’heure des playoffs entre les 8 meilleurs équipes. Les quarts de finale se jouent au meilleur des 5 matchs, tandis que les demis et la grande finale à élimination directe. Après avoir traversé toutes ces épreuves, tout en participant au championnat national res-pectif de chaque équipe tout au long de l’année, un titre de

meilleur équipe d’Europe bien mérité!

À quoi s’attendre lors d’un match Euroligue?

Si la NBA est la définition même du show, l’Euroligue fait fi de tout ça. Ici, place au beau jeu, aux collectifs bien huilés, et aux affrontements riches en intensité et en suspens! Si aux États-Unis les salles sont aussi immenses que magnifiques, en Europe elles sont aussi chaudes que passionnées. Les 20 000 spectateurs d’une salle NBA qui crient «DE-FENSE» tout le long du match c’est bien, mais les chants historiques et effrayants de certains

clubs européens, c’est encore mieux!

Les deux plus grandes ligues de basket au monde

On se souvient tous du dunk mythique de Vince Carter (1,98m) sur le tristement célèbre pivot français Frédéric Weis (2,17m) lors

des JO 2000 (Getty Images)

Theodoris Papaloukas, meilleur passeur de l’histoire de l’Euroligue (977 unités en 252 matchs) était lui aussi capable de réaliser des

actions d’éclats (Getty Images)

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Découverte

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L’Europe à jamais hors de portée du géant Américain?

Un géant financier et médiatique

Avant d’être une ligue de basketball, la NBA est avant tout un business. Avec ses 1000 salariés et son chiffre d’affaires annuel de 3,680 milliards, l’Euroligue paraît presque ridicule avec 50 sa-lariés et «seulement» 30 millions de CA. Mal-gré le lock-out (grève) de 2011, qui a entraîné une perte financière non négligeable avec l’arrêt des matchs pendant 2 mois, la NBA se porte bien, et vient de signer le plus gros contrat de droits de retransmission télé de son histoire (2,1 milliards d’euros annuels). La vente de tickets, qui peuvent atteindre des prix exorbitants dans certaines salles (prix moyen au Madison Square Garden de New York : 341 $) et de maillots partout dans le monde rapporte gros, et manque à l’Europe. L’influence de la NBA s’étend par-tout dans le monde, tandis que celle de l’Euro-ligue reste très locale, surtout dans les pays dans lesquelles le basket est le sport national (Grèce, Lituanie...). En effet, le basket souffre aussi de la domination médiatique du football, qui reste le sport le plus populaire au monde. Aux États-Unis, il y a une véritable culture du basket, dans ce pays où le sport a une place très importante.

Le pays des «superstars»

Le pays de l’Oncle Sam est un foyer très (trop?) riche en joueurs talentueux. L’Europe l’est aussi, mais la différence réside dans le fait que la NBA met réellement en valeur les individualités. On as-siste ici à une véritable opposition de culture. «Le jeu de la NBA est guidé par la démonstration du talent individuel tandis que le basket européen est tourné vers l’équipe.» disait Maurizio Gherardi-ni, ancien manager à Trévise dans L’Equipe. De ce côté-là, la NBA bat tous les records : les meilleurs joueurs tournent à plus de 25 points par match, et on assiste souvent à de gros cartons statistiques. Le record de points en un match en NBA? 100 par Wilt Chamberlain en 1962. En Euroligue? 41, exploit réalisé plusieurs fois par plusieurs joueurs. Ainsi, quand on pense à la NBA, on arrive tout de suite à s’identifier à des joueurs qui ont marqué l’histoire de la ligue : Michael Jordan, considéré par beaucoup comme meilleur joueur de tous les temps, Magic Johnson, et son sourire légen-daire... Si l’on compare les statistiques des MVP (meilleur joueur de la saison) de chaque ligue, la différence est flagrante. Pour Kevin Durant du Thunder d’Oklahoma City, 32 points 5,5 passes décisives et 7 rebonds par match. Pour Sergio Ro-driguez du Real Madrid, «seulement» 13,5 points 5 rebonds et 2 passes. En NBA, on privilégie les qualités athlétiques, la vitesse, le jeu à la dur et physiquement éprouvant. Du côté de l’Europe, on prône plutôt l’intelligence de jeu et le collectif,

avec des coachs très forts tactiquement.

Kevin Garnett, joueur le plus payé de l’histoire de la NBA avec un total de 315,4 millions de dollars gagnés durant sa carrière (toujours en cours) après 19 saisons passées dans la ligue.

Ici, lors de son seul titre gagné en 2008 avec les Boston Celtics. (AFP/Getty Images)

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«Ce qui marque en NBA, c’est la présence de phéno-mènes athlétiques et tech-niques», juge Pascal Don-nadieu, entraîneur du JSF Nanterre, équipe cham-

pionne de France en 2013.

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NBA VS Euroligue : qui gagne?

Alors au final, si on s’intéresse au niveau de jeu uniquement, qui l’emporterait ? On pourrait penser qu’une équipe de bas de classement NBA, les Milwaukee Bucks par exemple (plus mauvais bilan en 2014), pourrait battre aisément le Maccabi Tel-Aviv (champion d’Europe en titre)? Pas si sûr. Si l’on regarde l’historique des confrontations entre équipes NBA et équipes Euroligue (matches d’exhibition souvent en présaison), le résultat est sans appel : 70 victoires à 14 en faveur des équipes Nord-Américaines. Néanmoins, l’écart de niveau n’est pas si loin. On se souvient encore en 2010 lorsque les Los Angeles Lakers de Kobe Bryant et Pau Ga-sol, alors champions NBA, ont perdu contre une équipe de Barcelone championne d’Europe en titre sur le score de 88 à 92. La véritable force des équipes NBA réside dans leur capacité à enchaîner les matchs. En NBA, pour aller jusqu’au titre, c’est plus d’une centaine de matchs, alors qu’en Europe, à peu près 70 (il faut compter les matchs en Euroligue + les

matchs en championnat national).Une domination internationale

historique

On ne peut que rester bouche bée devant le palmarès de Team USA qui restera sans doute à jamais inégalable. Avec ses 14 mé-dailles d’or olympiques (sur 17 participations! les jeux de Mos-cou de 1980 ayant été boycottés) et ses 5 titres de champion du monde, c’est sans doute l’un des plus beaux palmarès d’une sélection nationale tous sports collectifs confondus. Le basket ayant été crée aux États-Unis, les Américains disposaient d’un avantage considérable sur ses adversaires. Néanmoins, certaines équipes ont réussi à faire concurrence face au géant américain. Une rivalité avec l’URSS (3 titres de champions du monde) et la Yougoslavie (5 titres de champions du monde) a longtemps subsisté, coûtant de nombreuses défaites aux Américains. Avec le déclic de 1992 et la Dream Team qui a littéralement écrasé tous ses adversaires (écart moyen de 43 points par match, que des victoires), le basket Américain a marqué les esprits à jamais. Mais le rêve n’a pas duré longtemps. Une nouvelle tendance s’est imposée, celle des stars NBA qui boudent les compéti-tions internationales. En conséquence, plusieurs désillusions successives. D’abord, celle du championnat du monde de 2002 à Indianapolis... aux États-Unis. Campagne désastreuse pour les Américains qui finissent 6e du championnat, le titre allant au rival Yougoslave. Puis les difficiles jeux olympiques d’Athènes en 2004, durant lesquels Team USA, qui était composé ma-joritairement de futures stars NBA (LeBron James, Carmelo Anthony...), va finir 3e derrière l’Argentine et l’Italie. Avant le début de ce tournoi, les États-Unis n’ont perdu que deux ren-contres olympiques dans leur histoire. En 2004, ils s’inclinent à trois reprises. Mais depuis 2008, un sursaut d’orgueil semble avoir eu lieu : 2 médailles d’or aux JO et 2 titres de champions du monde de suite, un record, et 75 victoires sur les 76 derniers

matchs... Intouchables.

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La légendaire Dream Team de 1992 au grand complet

L’historique équipe d’Argentine, mené par les joueurs NBA Manu Ginobili et Luis Scola, qui a décroché la médaille d’or aux JO 2004 en ayant éliminé les

USA en demi-finale 89-81 (Getty Images)

Kobe Bryant, le quintuple champion NBA avec les Lakers face à l’Espagnol Juan Carlos Navarro, double champion Euroligue avec le FC Barcelone, lors d’un match de préparation en 2010. Le match s’est soldé par une victoire de

Barcelone 92 à 88

Dossier

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... tandis que l’Eu-roligue souhaite se rapprocher du mo-dèle de la NBA Quoi de mieux pour relancer l’intérêt des cham-pionnats Européens que de s’inspirer du modèle de référence et de réussite qu’est la ligue nord-améri-caine? Après une première refonte du système du-rant la saison 2009-2010, nous apprenions en sep-tembre dernier via le président de la LNB (Ligue Nationale de Basketball française) Alain Béral que de nouveaux changements seraient mis en place «d’ici 4 à 5 ans». Le but serait de regrouper «dé-finitivement» les 24 meilleurs équipes d’Europe, avec seulement 2 ou 3 montées-descentes vers l’Eurocoupe, le deuxième championnat européen qui est organisé par la même entreprise que l’Euro-ligue (qui est une entreprise privée). Quid des clubs français? La LNB aurait déjà négocié deux places dans cette Euroligue «new look». Mais comme toujours, tout (ou presque) est question d’argent en sport : pour espérer jouer parmi les plus grands, il faut faire émerger des clubs puissants. Les 7,2 millions d’euros de budget du CSP Limoges (1er budget en Pro A) ne peuvent rivaliser face aux 44,3 millions du CSKA Moscou (1er budget de l’Euro-ligue). Et malheureusement ces chiffres sont encore

à des années-lumière de la NBA...

La NBA s’interna-tionalise...Eh oui, la mondialisation touche aussi la planète basketball. La NBA n’est plus la ligue ultra-refer-mé esur elle-même et «élitiste» qu’elle était aupa-ravant. La ligue s’est de plus en plus ouverte en 60 ans d’existence et depuis l’arrivée de Hank Biasatti, Canadien d’origine italienne et joueur des Toronto Huskies en 1946, premier joueur étranger à évoluer en NBA. Cette saison 2014-2015 est en quelque sorte historique, car pour la première fois depuis la création de la ligue, la NBA compte plus de 100 joueurs étrangers, 101 pour être précis. Pour vous donner une idée de l’ampleur de ce record, il faut savoir que le contingent étranger était de 92 la saison précédente, de 45 en 2000-2001 et de 21 pour la saison 1990-1991. Au total, près de 40 pays différents sont représentés en NBA. Avec des ambassadeurs comme Dirk Nowitzki (champion NBA avec Dallas, MVP en 2007, MVP des finales en 2011, 12 fois All-Star, 9e meilleur scoreur de l’histoire), l’Espagnol Pau Gasol (double champion NBA avec les Los Angeles Lakers, 4 fois All-Star), sans oublier notre Frenchie national Tony Parker (quadruple champion NBA avec San Antonio, MVP des finales, 6 fois All-Star), l’Europe est par-

faitement bien représenté en NBA.

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L’avis de l’expert

Mondial Basket : Pensez-vous qu’il y a réellement un écart de niveau immense entre les équipes NBA et les équipes d’Euroligue?

Arnaud Gelb : Je fais partie de ceux qui pensent que oui, la NBA est à des années-lumière de l’Euroligue. La NBA est le championnat de référence et c’est pour cela qu’il attire les meilleurs joueurs du monde entier, stars de l’Euroligue y compris. À pleine puissance, une équipe d’Euroligue n’aurait aucune chance face à LeBron James, Kevin Durant ou l’armada des San Antonio Spurs.

M.B : Que manque t-il a l’Euroligue par rapport à la NBA?

A.G : Pour commencer, le format. L’Euroligue n’est qu’une ligue européenne à côté des championnats nationaux auxquels les qualifiés participent en parallèle. Si certaines équipes (Real Madrid, Panathinaikos, CSKA Moscou, Maccabi Tel Aviv...) sont là tous les ans ou presque, la France envoie chaque année une équipe différente. Enfin, les matchs sont parfois trop tactiques et défensifs et manquent parfois de «show», ce que recherche le grand public.

M.B : Le format de l’Euroligue doit-il être réformé, afin de se rapprocher du modèle NBA?

A.G : Deux approches s’opposent. Ceux qui souhaitent une ligue fermée, c’est-à-dire restant dans le championnat peu importe leurs résultats, et ceux qui veulent une ligue ouverte où le champion de chaque pays se qualifie pour l’édition suivante. Dans le contexte européen, il est difficile d’imaginer une ligue fermée si ces équipes disputent dans le même temps un championnat national. La tradition européenne dans tous les sports veut que le champion national se qualifie pour une coupe européenne l’année suivante. Il sera difficile de changer les mentalités. Une possibilité serait de voir la NBA créer une ligue mineure en Europe, comme ce fut le cas pour la NFL il y a quelques années.

M.B : Comment expliquer le manque de popularité du basket européen en France?

A.G : Le basket européen est depuis maintenant près de 25 ans dans le rétroviseur de la NBA sur le plan médiatique. Le championnat de France n’attire pas les foulees pour plusieurs raisons :1. Le manque d’identité des équipes avec des changements de joueurs tous les ans (voir tous les six mois)2. Le désintérêt des médias par rapport à la NBA3. L’absence de clubs dans les grandes villes (hormis Strasbourg, Lyon et Paris)4. La faiblesse des clubs français à l’échelle européenne

M.B : Pourquoi le public français est-il autant attiré par la NBA?

A.G : La NBA, c’est le spectacle à l’américaine, les salles plongées dans le noir pendant des intros à couper le souffle, des athlètes surpuissants, un jeu spectaculaire et des actions de haut vol avec les meilleurs individualités du monde. Des franchises de légendes avec leur maillot et leur logo connus et reconnus dans le monde entier. La NBA, c’est en quelque sorte la preuve que le rêve américain attire encore les foules. Les clubs français sont encore très «amateurs» dans leur gestion marketing et n’ont pas la même puissance financière, mais je pense que cela contibue au mythe de la NBA par rapport à ce que l’on peut avoir en Europe.

Arnaud Gelb est passionné par le basket et le sport américain en gé-néral, et couvre les championnats NBA, NCAA et WNBA pour le site

BasketUSA, le plus grand média basket en français sur le web.

Tendances Interview

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La Pro A, ça vaut quoi?

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La rédaction du magazine s’est rendue vendredi 21 Novembre au Halle Georges Carpentier dans le XIIIème arrondissement de Paris pour vous faire découvrir un match de Pro A. La rencontre opposait le Paris-Levallois de l’Américain Sharrod Ford, classé 10ème du championnat face à la SIG Strasbourg de l’international français Antoine Diot et du coach de l’équipe de France Vincent Collet, leader à éga-

lité avec le CSP Limoges. Alors, assister à un match de championnat français, ça vaut le coup?

Antoine Diot était l’une des «stars» présentes ce soir. Le meneur de 25 ans, champion d’Europe en 2013 et médaillé de bronze à la coupe du monde

en 2014 à eu le droit à une interview devant les caméras de Sport +

Tous les ingrédients étaient réunis pour qu’un match de haut niveau ait lieu. Strasbourg avait perdu à domicile face à Paris 10 jours plus tôt (76-61). Les hommes de Vincent Collet sont donc venu le couteau entre les dents. En arrivant dans la salle, nous avons pu découvrir avec satisfaction des gra-dins entièrement remplis, et un public déjà chaud bouillant grâce aux efforts du speaker et de la mascotte du Paris-Le-vallois. Dans cette ambiance bonne enfant, le match a débu-té en tenant toutes ses promesses. Grâce à un Nicolas Lang en feu (12 points dans le premier quart), les locaux ont vite pris l’avantage du match, pour le plus grand plaisir des spec-tateurs. Néanmoins, à la mi-temps, c’est la SIG qui mène les débats 38 à 36. Pour maintenir l’ambiance lors de la pause, un spectacle convaincant de vélo acrobatique, et une fanfare poussant la chansonnette. Après 10 minutes de pause très vite passées, les deux équipes sont de retour sur le parquet, prêtes à continuer le spectacle. Se rendant coup pour coup dans ce 3ème quart-temps, Paris commence néanmoins à douter lorsque Ali Traoré (MVP du match avec 15 points) claque un magnifique dunk main gauche en partant de la ligne de fond qui paralysa le public. À l’entame de la der-nière période, le score est toujours aussi serré (53-51 pour Strasbourg), mais le rêve d’une victoire Parisienne s’éloigne très vite. Le public constate l’impuissance de son équipe va à la puissance offensive de la SIG. Antoine Diot distribue magnifiquement bien le jeu (9 passes décisives pour lui), Ali Traoré est à la finition, et Tadija Dragicevic est là pour mettre les 3 points qui tueront le match. Malgré la défaite des locaux 68 à 83, le suspens était présent pendant près de

35 minutes, et le niveau de jeu était au rendez-vous.

Le verdictÉvidemment que le championnat français est très loin du niveau de la NBA ou même de l’Euroligue. Une affiche Boulogne-Bourg-en-Bresse ne fait pas aussi rêver qu’un La-kers-Boston, ou qu’un clasio Barça-Real. Néanmoins, ce match est la preuve que le spectacle offert par la Pro A peut aussi être de qualité. Quand on voit que le prix du billet du match de ce soir était de 16€, pourquoi se priver d’un match de basket agréable à suivre, tout cela dans une bonne ambiance? Il n’est pas nécessaire de traverser l’Atlantique et de débourser une fortune si vous souhaitez voir du beau basket. Le basket français a lui aussi quelque chose à offrir.

Reportage

Ali Traoré (n°24) a fait le show offensivement, et a réussi à mener son équipe vers la victoire avec ses 15 points et une évaluation finale de 19

Le Hall Georges Carpentier est certes une petite salle (5000 places), néan-moins le public était au rendez-vous pour encourager son équipe

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Portrait

NANDO DE COLO«Être en NBA n’est pas

un aboutissement»A seulement 27 ans, Nando DeColo possède déjà un parcours et un palmarès très riches. Formé en France, il a touché à toutes les facettes du basketball : la Pro A, la Liga Endesa (championnat Espagnol), l’Eu-rochallenge, l’Eurocup, l’Euroligue... mais aussi la NBA. Retour sur la

carrière d’un des chouchous du basket français.Un produit du basket françaisNando commence le basket très jeune, et évolue d’abord dans les clubs de sa région (Arras, puis Lens et Liévin). Très vite re-péré par le coach de Cholet Erman Kun-ter, il sera formé là-bas avant d’intégrer l’équipe qui évolue en Pro A. Ses 3 ans en championnat français seront un succès, et il accumulera les distinctions indivi-duelles (MVP du All-Star Game en 2007,

MVP Français de Pro A en 2008).

Une renaissance en EuropeCet été, le joueur a signé un contrat de deux ans au CSKA Moscou à 6 millions d’euros l’année, ce qui fait de lui le joueur d’Europe le mieux payé. Un contrat que Nando a parfaitement assumé : après 8 matchs d’Eu-roligue, son équipe est toujours invaincue. Le français est «content d’être rentré en Europe» et affiche une ambition renouvellée : celle de gagner des titres. Néanmoins, il ne ferme pas la porte à la NBA : «la NBA, ce n’est pas fini, je n’ai pas encore 34 ans donc on ne ja-mais ce qu’il peut se passer.» Nan-do a encore le temps de montrer au monde le joueur qu’il est, et pourquoi pas retourner un jour en Amérique pour se faire définitive-ment une place parmi l’élite

Les débuts en tant que pro sous le maillot de Cho-let, le club qui l’a formé

Le joueur compte déjà 111 sélections sous le maillot bleu (Crédit : Hervé Bellenger)

Le meneur a pu découvrir la NBA aux côtés de son mentor Tony Parker (Getty Images)

Nando De Colo découvre cette année le top niveau de l’Euroligue avec le CSKA Moscou, l’un des favoris

pour remporter le titre (Crédit : L’Equipe)

Une envie de NBAEn 2009, le joueur voit son rêve se réaliser : il est choisi en 53ème posi-tion de la draft NBA par les Spurs de San Antonio. Néanmoins, l’équipe souhaite que Nando reste en Eu-rope. «J’ai rejoint le club de Valence pour acquérir de l’expérience dans l’un des meilleurs championnats au monde et par la même occasion continuer à avoir du temps de jeu.»

Des hauts et des basNando découvrira l’Euroligue dès sa 2ème saison à Valence et va rapidement s’imposer comme l’un des meilleurs meneurs d’Europe. Il connaîtra sa 1ère sélection en Equipe de France en 2008, et fera ensuite partie des équipes médaillées d’argent puis d’or à l’Eurobasket en 2011 et 2013. En 2012, il intégrera finalement l’effectif des Spurs, et rejoindra ses compratriotes français Boris Diaw et Tony Parker. Néanmoins, le joueur est resté réaliste : «Être en NBA n’est pas un aboutissement, il reste beaucoup de choses à faire pour avoir une place importante dans l’équipe.» Nando ne réussira jamais à s’imposer dans cette équipe, et sera transféré à Toronto à la mi-saison en 2014. Il aura tout de même joué 119 matchs en NBA, dont 9 en playoffs