MADAGASCAR ÉVOLUTIONS ÉCON0MIQUES RÉCENTES
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MADAGASCAR ÉVOLUTIONS ÉCON0MIQUES RÉCENTES
Favoriser L'Inclusion Financière
Juin 2018
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Acronymes iiiAvant-propos ivRemerciements v
Première Partie: Evolutions économiques récentes 1Le Secteur réel 2
Le Secteur extérieur 7
Secteur monétaire 9
Politique fiscale 15
Deuxième Partie: Perspectives économiques 18
Troisième Partie: Exploiter la technologie pour promouvoir l'inclusion financière 20Pourquoi l’inclusion financière est-elle importante? 21
Qu'est-ce qui motive la croissance de l'argent mobile? 22
Comment peuvent d'autres services financiers sauter sur le train en marche numérique? 23
i. Opportunités pour les Institutions de Microfinance 23
ii. Opportunités pour les Banques 28
Quel serait le futur pour l'inclusion financière à Madagascar? 30
Conclusion 31
Références 32
FIGURES
Le secteur des services a été le contributeur le plus important à la croissance en 2017 2De meilleures précipitations stimulent la production hydroélectrique 3Les prix mondiaux du pétrole ont augmenté depuis juin 2017, mais les variations de prix à la pompe ont été sporadiques 3Le rendement des capitaux propres se compare favorablement avec celui des autres pays dans la région (pourcentage en 2017) 5Le rendement des actifs est également l’un des plus performants dans la région (pourcentage en 2017) 5Le ratio d’adéquation du capital est à l’extrémité inférieure par rapport à celui des pairs (pourcentage en 2016) 5Bien que le ratio des prêts non productifs soit similaire à celui des pays comparateurs (pourcentage en 2016) 5Le déficit du compte courant reste faible 8Les exportations sont de plus en plus concentrées 8
Figure 1Figure 2Figure 3
Figure 4
Figure 5
Figure 6
Figure 7
Figure 8Figure 9
TABLE DES MATIÈRES
i
Les exportations sont dominées par la vanille, les vêtements et le nickel 8Les importations ont augmenté en 2017 par rapport aux années précédentes 8L’écart d’inflation dans les principales villes s’est réduit en 2017 10Le taux d’inflation dans les pays voisins s’est atténué à partir du 3è trimestre de 2017 10Les prix plus élevés de riz ont contribué en majeure partie à l’iinflation 10La hausse du prix du riz de production locale s’est accélérée à travers le pays 11Le prix du riz importé est plus élevé dans la capitale et dans le nord du pays 11Les intermédiaires du marché capturent plus de la moitié des bénéfices le long de la chaîne de valeur 11L’ariary a suivi une considérable tendance à la dépréciation 12Les prêts au secteur privé ont repris, grâce surtout aux crédits de court terme 13Figure 20 : Après une chute des taux d'intérêt des banques commerciales au début de l'année, il y a maintenant une augmentation 13Les prêts à long terme ont diminué Variation annuelle (millions de MGA) 13L'augmentation des recettes d'exportation contribue à l'augmentation de la monnaie en circulation 13Type d'institution et taux d'intérêt effectif moyen à Madagascar 14Taux d'intérêt dans les pays de comparaison 14Il y a eu une amélioration constante en matière de collecte de recettes fiscales 16En 2018, les dépenses d’investissement devraient augmenter et les dépenses courantes diminuer 16Bien que le nombre de comptes d'argent mobile à Madagascar soit toujours au-dessous de celui des pays pairs … 22Il y a eu une croissance exponentielle du nombre de points de vente d’argent mobile au cours des dernières années 22L'exclusion financière est particulièrement répandue en milieu rural 24Les femmes sont plus susceptibles d'utiliser les services financiers informels que les hommes 24Moins de 10 pour cent des Malagasy ont un compte de dépôt – un des niveaux les plus bas en Afrique 28
ENCADRÉS
Le Secteur bancaire considérablement rentable de Madagascar 4Riz : Qu’est-ce qui se cache derrière la flambée des prix ? 10Achetez maintenant… et payez plus tard: Qu'est-ce qui détermine les taux d'intérêt à Madagascar? 14Des institutions de microfinance exploitant la technologie numérique au Kenya et au Malawi 25Modifications règlementaires majeures dans le Secteur financier 27Comment les banques au Kenya innovent pour accroître l'inclusion financière 29Madagascar –Stratégie nationale pour l’inclusion financière (2018-2022) 30
TABLEAUS
Sélection de données macroéconomiques 6Balance des Paiements (en millions USD) 9Opérations budgétaires du Gouvernement central (pourcentage du PIB) 16Le Secteur de la Microfinance – Faits saillants 24
Figure 10Figure 11Figure 12Figure 13Figure 14Figure 15Figure 16Figure 17
Figure 18Figure 19Figure 20
Figure 21Figure 22
Figure 23Figure 24Figure 25Figure 26
Figure 27
Figure 28
Figure 29Figure 30Figure 31
Encadré 1Encadré 2Encadré 3
Encadré 4Encadré 5Encadré 6Encadré 7
Tableau 1Tableau 2Tableau 3Tableau 4
ii
ACRONYMESAGOA
DPO
ASS
ATM
BCM
BM
CGAP
DSA
FAS
FMI
GBM
G2P
GPPC
IMFs
INSTAT
IPC
JIRAMA
MEP
MFB
MPME
P2G
PASEF
PIB
PPP
SIG
SMS
WEO
Loi sur la Croissance et les Opportunités Economiques en Afrique
Opérations de Politique de Développement (Appui Budgétaire)
Afrique subsaharienne
Distributeur automatique de billet
Banque Centrale de Madagascar
Banque mondiale
Groupe Consultatif d’Assistance aux Pauvres
Analyse de la viabilité de la dette
Enquête sur l’accès aux services financiers
Fonds Monétaire International
Groupe de la Banque mondiale
Gouvernement à personne
Garantie de portefeuille partielle pour les crédits
Institutions de microfinance
Institut National de la Statistique
Indice des Prix à la Consommation
Jiro sy Rano Malagasy (Entreprise publique d'approvisionnement en eau et electricité)
Ministère en charge de l'Economie et du Plan
Ministère en charge des Finances et du Budget
Micro, Petites et Moyennes Entreprises
Personne à Gouvernement
Projet D'Appui aux Services Financiers
Produit Intérieur Brut
Partenariat Public Privé
Système d'Information de Gestion
Short Message Services
Perspectives de l'économie mondiale
iii
AVANT-PROPOS
Bienvenue à l'édition de juin 2018 du rapport Madagascar : Évolutions économiques récentes de la Banque mondiale, qui fait le point sur les développements économiques récents et présente nos perspectives à moyen terme.1 Globalement, l'économie se porte bien, avec une croissance estimée à 4,2 pourcent en 2017 et à 5,0 pourcent en 2018. Les facteurs de croissance sont nombreux, notamment la demande accrue de services de transport, un secteur bancaire rentable et une bonne performance des activités de production de biens et services dans les zones franches économiques, contribuant à de solides recettes d'exportation et à l'accumulation de réserves.
Cependant, malgré cette performance macroéconomique plutôt robuste, les pauvres à Madagascar ont été confrontés à des conditions climatiques défavorables qui ont entraîné une contraction du secteur agricole. La production locale de riz a chuté et les prix ont monté en flèche. Ces événements ont contribué à une augmentation de l'inflation alimentaire, érodant directement le pouvoir d'achat des pauvres et de ceux qui dépendent de l'agriculture de subsistance pour leur sécurité alimentaire. Ces évolutions soulignent l'importance d’étendre les bienfaits de la croissance aux pauvres, afin que l’amélioration des conditions de vie soient ressenties par un plus large éventail de la population.
Et ici j’attire l’attention sur la section spéciale du présent rapport, qui traite de l'inclusion financière. Au cours des dernières années, des modèles de réussite se sont développés, où l'argent mobile s'est élargi pour augmenter l'accès des individus et des entreprises aux services financiers. Ces opportunités offrent un moyen d’épargner l'argent en toute sécurité, tout en augmentant l'accès à d'autres services tels que le crédit en temps de crise et l'assurance pour se préparer aux mauvais jours.
À moyen terme, la prévision d’une croissance économique positive est maintenue. La croissance devrait atteindre 5,4 pourcent en 2019 et s’établir autour de 5,1 pourcent à moyen terme. Ces perspectives reposent sur une prévision de croissance estimée à environ 3,0 pourcent du PIB à moyen terme dans les économies avancées qui devrait favoriser une demande constante des biens et services provenant de Madagascar. Ces perspectives se fondent également sur les hypothèses de la réalisation du plan d'investissement ambitieux du Gouvernement et d’un environnement politique stable.
Nous espérons que la présente édition de Madagascar : Évolutions économiques récentes contribuera à éclairer le débat public sur les performances économiques actuelles du pays, et les types de politiques qui pourraient stimuler une croissance inclusive au profit de toutes les parties de la société malgache.
Coralie GeversReprésentant Résident, Madagascar Banque mondiale
1 La date limite pour toutes les données dans le présent document est le mois de mai 2018.
iv
REMERCIEMENT
La présente édition de Madagascar : Évolutions économiques récentes a été préparée par une équipe dirigée par Natasha Sharma (Economiste principale, GMTA4). L'équipe est constituée de Faniry Razafimanantsoa (Economiste, GMTA4) et Prisca Mamitiana (Consultante, GMTDR). La section spéciale sur l'inclusion financière a été préparée par une équipe composée de Francesco Strobbe (Spécialiste principale du secteur financier, GFCAE), Natasha Sharma (Economiste principale, GMTA4), Christoph Theodor Friedrich Ungerer (Economiste, GMTE3), Noro Aina Andriamihaja (Spécialiste principale du secteur financier, GFCAS), et Tenin Fatimata Dicko (Spécialiste du secteur financier, GFCAW).
Le rapport a été préparé sous la supervision et la direction générales de Mark Lundell (Directeur Pays, AFCS2), Mathew Verghis (Practice Manager, GMTA4), Coralie Gevers (Représentant Résident, AFCS2), Carolin Geginat (Responsable de Programme, AFCS2), Ajai Nair (Spécialiste principal du secteur financier, GFCAS), et Douglas Pearce (Practice Manager, GFCAS). L’équipe souhaiterait également remercier ses interlocuteurs au niveau du gouvernement pour le partage des données utilisées pour les analyses, Norosoa Rakotomena pour les travaux de traduction, Cybil Maradza pour la mise en page, Dia Styvanley (Chargée de communication, AFREC) pour ses appuis en matière de communication, et Rondro Rajaobelison (Assistante de Programme, AFMMG) pour son assistance en termes de logistique.
iiv
PREMIÈRE PARTIEEVOLUTIONS ÉCONOMIQUES RÉCENTES
1
Le Secteur réel
1. La croissance économique au cours des quatre dernières années s'est constamment améliorée. La croissance du PIB s'est accélérée de 2,3 pourcent en 2013 à environ 4,2 pourcent en 2017, et devrait atteindre 5,0 pourcent en 2018.2 Depuis 2015, le principal moteur de croissance est le secteur tertiaire, caractérisé par un secteur privé modeste mais dynamique. Les activités industrielles ont été soutenues par la production de
2. La performance constamment médiocre du secteur agricole signifie que la majorité de la population ne ressent pas les retombées de la croissance économique. Environ 80 pourcent de la population exerce des activités agricoles, principalement dans les zones rurales où l'agriculture de subsistance est la principale source de revenus. Entre 2001 et 2012 (dernières données disponibles), 77 pourcent de la population rurale vivait en dessous du seuil national de pauvreté - un chiffre qui est resté inchangé. Et entre 2014 et 2017, le secteur agricole s'est contracté en moyenne de 0,8 pourcent par an. Ce qui indique que la croissance économique de ces dernières années ne s’est pas traduite par une amélioration significative du bien-être de la population rurale. Le secteur agricole est limité par une faible productivité due
biens et services dans les zones franches économiques où les investisseurs bénéficient de généreuses incitations fiscales et d'une main-d'œuvre abordable. Cependant, la performance du secteur primaire continue d'être décevante, avec une contraction de la production d'un point de pourcentage en 2017. Les sections suivantes examinent les évolutions dans chacun des principaux secteurs de l'économie.
à l'utilisation minimale de techniques agricoles modernes, au manque de connectivité aux marchés pour faciliter le transport des marchandises et à une grande vulnérabilité aux fluctuations climatiques. Les ménages ruraux ont peu d'activités non agricoles génératrices de revenus pour atténuer l'impact des chocs météorologiques.
3. Les conditions climatiques de Madagascar peuvent être à la fois une bénédiction et une malédiction pour les performances agricoles. Le climat unique du pays a permis à certaines cultures de rente comme la vanille, le girofle et d'autres épices à prospérer et à soutenir les moyens de subsistance des agriculteurs engagés dans ces secteurs agroalimentaires. Malgré les effets des cyclones Ava et Eliakim au début de l'année 2018, les recettes tirées
Source : INSTAT, MEP, et calculs effectués par les Services de la Banque mondiale, mai 2018
Primaire Secondaire Tertiaire Impôts indirects Croissance PIB
2 Le gouvernement a récemment rebasé ses chiffres du PIB, qui sont en cours d’analyses. Les nouveaux calculs devraient être
incorporés à la fin de 2018.3 Le Produit Intérieur Brut est l’indicateur le plus employé pour mesurer l’activité économique. Le PIB peut être mesuré suivant trois
méthodologies : l’approche production, l’approche dépense, et l’approche revenu. Le graphique ci-dessus montre le PIB mesuré par
l’approche production, incluant la valeur de tous les biens et services produits au sein de l’économie. La première étape consiste à
calculer la valeur ajoutée créée à partir du prix de base de la production. Pour convertir cette mesure au prix du marché, les taxes
sur la production doivent être ajoutées et les subventions sur les produits soustraites.
Figure 1: Le secteur des services a été le contributeur le plus important à la croissance en 20173
Contribution à la croissance par secteur, 2010-2018
6543210-1-2-3
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017e 2018p
2
de la production de vanille sont restées fortes car les prix demeurent élevés. Ce qui devrait attirer de nouveaux agriculteurs cherchant également à bénéficier de prix élevés. Cependant, la grave sècheresse et les cyclones de 2017 ont réduit l'offre de riz produit localement (principale denrée de base du pays) d'environ 20 pourcent. En conséquence, le secteur agricole (en tant que sous-secteur du secteur primaire) s'est contracté d'environ 6,6 pour cent en 2017. Une pluviométrie plus favorable en 2018 devrait accroître la production de riz, apporter une meilleure récolte et améliorer la sécurité alimentaire des plus vulnérables. Dans l'ensemble, le secteur de l'agriculture devrait connaître une croissance annuelle de 4,5 pourcent en 2018.
4. Les activités industrielles enregistrent de bons résultats. La croissance des activités du secteur secondaire est estimée à 8,9 pour cent en 2017 et à 6,7 pour cent en 2018. La production de biens destinés à l'exportation et les services offshore dans les domaines
5. Une demande constante de services tels que le commerce et les transports a contribué à une expansion modérée des activités du secteur tertiaire. La croissance annuelle du secteur des services a été estimée à 5,2 pourcent en 2017 et devrait atteindre 5,4 pourcent en 2018. L'augmentation de la demande de services liés aux transports s'explique en partie par le développement du tourisme intérieur. Parmi les composants du secteur des services, le commerce a enregistré des performances
des technologies de l’information et de communication entrepris dans les zones franches économiques continuent d'enregistrer une croissance régulière. La pluviométrie est également favorable à la production hydroélectrique, avec un ratio de production hydroélectrique par rapport à la production totale d'énergie atteignant 57.6 pourcent en moyenne durant les quatre premier mois de 2018, comparé à 44.2 pourcent au cours de la même période en 2017. Cependant, comme l'on continue de dépendre globalement de l'énergie thermique, à travers des générateurs onéreux fonctionnant au gasoil, la hausse mondiale des prix du carburant contribue à l'augmentation des coûts de production. Cela se répercute sur les coûts de production pour l'industrie. Le recours progressif à des sources d'énergie renouvelables, tirant profit des importantes ressources hydroélectriques de Madagascar aidera à long terme à réduire la dépendance à l'énergie thermique et à augmenter l'approvisionnement d'une manière écologiquement durable.
particulièrement bonnes, avec une croissance estimée à 4,1 pourcent en 2017 et projetée à 4,5 pourcent en 2018. La valeur ajoutée dans le secteur bancaire, un secteur qui est considérablement rentable, continue de progresser (voir Encadré 1). En 2017, le secteur bancaire a contribué à hauteur de 0,43 pourcent du PIB aux recettes fiscales. Cependant, la majorité de la population n'a pas accès aux services bancaires et dépend largement de services financiers alternatifs (cf. Partie 3).
Une meilleure pluviométrie stimule la production hydroélectrique
Gigawatt heures
Les prix mondiaux du pétrole ont augmenté depuis juin 2017, mais les variations des prix à la pompe ont été sporadiques
Figure 2: Figure 3:
16014012010080604020
-
9080706050403020100
43210-1-2-3-4-5
Prix
mon
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prix
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l (%)
Hydraulique Prix mondiaux du pétroleThermique
Prix du diesel à la pompe
Source : INSTAT (TBE) et JIRAMA Source : Banque mondiale, Office Malgache des Hydrocarbures et
calcul des Services de la Banque mondiale
Juin
-17
Août
-17
Oct-
17
Déc-
17
Févr
-18
Avr-
18
Sept
-15
Déc-
15
Mar
s-16
Juin
-16
Sept
-16
Déc-
16
Mar
s-17
Juin
-17
Sept
-17
Déc-
17
Mar
s-18
3
Sources : Evaluation de la stabilité du système financier, FMI 2016 et Rapport sur la stabilité du secteur financier, Banque Centrale de
Madagascar 2017
Encadré 1: Le Secteur bancaire considérablement rentable de Madagascar
Depuis des siècles, les banques ont toujours joué un rôle important dans l'économie. Les banques peuvent vous aider à gérer votre argent en le gardant dans un compte et réduire ainsi les risques de perte ou de vol d’argent. Les banques prêtent de l'argent à des clients tels que des particuliers et des entreprises moyennant un coût connu sous le nom de taux d'intérêt (cf. Encadré 3). Et les banques peuvent aider à payer des biens et des services, par exemple, en fournissant à leurs clients de l'argent ou une carte de crédit ou de débit. Cependant, à Madagascar, l'utilisation des services bancaires est faible : moins de dix pourcent de la population dispose d'un compte de dépôt; un chiffre comparable au Soudan du Sud et à la Guinée (cf. Partie 3 sur l'inclusion financière).
Malgré la portée limitée des services bancaires, le secteur est très rentable. Entre 2013 et 2017, le rendement des capitaux propres est passé de 30 pourcent à près de 42 pourcent. Cela signifie que le montant des bénéfices réalisés en pourcentage des capitaux propres a augmenté de près de 30 pourcent. Ce niveau de rentabilité se compare avantageusement à celui des autres pays de la région, mais peut également refléter l'aversion au risque de prêter à de nouveaux clients. De même, le rendement des actifs à Madagascar est également performant par rapport à d'autres pays.
Une rentabilité élevée signifie que l’État a reçu de larges dividendes. L'État détient des parts allant de 9,4 pourcent à 32,5 pour cent du capital des banques. Les dividendes provenant de toutes les institutions financères ont représenté 52 pourcent des dividendes totales reçues par l’État en 2016 et 34.2 en 2017. La régression de la contribution du secteur financier aux dividendes du gouvernement en 2017 est expliquée par le paiement de dividendes par les entreprises hors secteur financier et par le non-paiement à temps des dividendes de la part d’une institution d’assurance. Les banques ont aussi contribué à hauteur de 0.43 pourcent du PIB de recettes fiscales en 2017.
Le secteur bancaire est très concentré. Bien qu'il existe onze banques opérant dans le pays, le secteur est fortement concentré autour de quatre banques, qui possèdent 87 pourcent du total des actifs du secteur bancaire, 88 pourcent du total des dépôts et partagent entre eux 94 pourcent des bénéfices. Dix banques sur onze appartiennent à des étrangers, l'État
détenant des participations dans trois des grandes banques. Cette concentration peut être une source de vulnérabilité, car si quelques grandes entreprises sont incapables de rembourser leurs prêts, cela pourrait avoir des conséquences majeures. Cependant, une forte participation étrangère est considérée comme une source de force puisque la société mère peut généralement soutenir une filiale en cas de difficulté.
Dans l'ensemble, le secteur bancaire est financièrement solide. Pendant la crise financière mondiale, les vulnérabilités du secteur financier ont engendré des coûts importants pour les gouvernements du monde entier, raison pour laquelle il est essentiel d'évaluer régulièrement les performances et les domaines potentiels de faiblesse. À Madagascar, toutes les banques satisfont aux exigences minimales en matière d'adéquation des fonds propres, avec un ratio global de capital sur actifs à risque de 13,6 pourcent dans l’ensemble, bien au-dessus du minimum requis de 8 pourcent. Sous réserve des fluctuations saisonnières, la liquidité est généralement abondante, les dépôts globaux des banques dépassant les prêts, bien que certaines banques soient plus exposées que d'autres aux risques de liquidité. Le risque d'insolvabilité est faible mais le ratio d'adéquation des fonds propres (qui repose sur une évaluation des risques pour chaque type d'actif bancaire) se situe à l'extrémité inférieure par rapport aux autres pays de la région. Le ratio des créances improductives par rapport aux prêts totaux est d'environ 8 pour cent et se situe à un niveau similaire à celui des autres pays de la région.
Les vulnérabilités potentielles dans le secteur bancaire pourraient découler des risques de crédit et d'une forte détérioration de la situation macroéconomique. En juin 2017, un test de résistance mené par la Banque centrale pour évaluer les sources possibles de pression a montré que les indicateurs financiers restaient supérieurs aux exigences minimales. Le risque de crédit constitue la principale source de risque et pourrait conduire à une sous-capitalisation des banques mais tout en demeurant solvable. Une baisse significative de la performance économique pourrait également affecter la performance des banques locales dans le cas par exemple où les emprunteurs ne seraient pas en mesure de rembourser leurs prêts ou de faire des dépôts réguliers. Dans le cadre de son mandat de maintenir la stabilité financière et d'informer des décisions de surveillance, la Banque centrale met régulièrement à jour et publie l'évaluation de la stabilité financière.
4
Le rendement des capitaux propres se compare favorablement avec les autres pays dans la région (pourcentage en 2017)
Le rendement des actifs est également l’un des plus performants dans la région (pourcentage en 2017)
Figure 4: Figure 5:
16014012010080604020
-
25
20
15
10
5
0
25
20
15
10
5
0
14.0
12.0
10.0
8.0
6.0
4.0
2.0
0.0
Djib
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Mau
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Guin
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Afriq
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Ghan
a
Mad
agas
car
Cam
eroo
n
Mal
awi
Gabo
n
Le ratio d’adéquation du capital est à l’extrémité inférieure par rapport à celui des pairs (pourcentage en 2017)Défini comme le ratio du capital sur les actifs
pondérés en fonction des risques (pourcentage)
Valeur des prêts non productifs divisée par la
valeur totale du portefeuille de prêts (pourcentage)
Tandis que le ratio des créances non productives est similaire à celui des pays comparateurs (pourcentage en 2017)
Figure 6: Figure 7:
Gabo
n
Cam
eroo
n
Leso
tho
Mad
agas
car
Djib
outi
Nam
ibie
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Afriq
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Cam
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Ghan
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Tcha
d
Source: Indicateurs de solidité financière du FMI, extraits en 2018
Bien que la croissance économiqe soit solide, le secteur agricole qui emploie 80 pourcent de la population s'est contracté
5
Tableau 1: Sélection de données macroéconomiques
2013
Réalisations
2018*2015 20202014 20192016
Est
20212017
Projections
2022
Secteur réel
PIB (milliards d'Ariary)
Croissance du PIB réel (%)
PIB par tête (USD)
Croissance du PIB par tête (%)
Taux de chômage (définition du BIT)
Déflateur du PIB (changement annuel, en %)
Inflation, prix à la consommation ( % annuel,
fin d'année)
Finances Publiques (%PIB)
Recettes, hors dons
dont: Recettes fiscales
Dons
Total des dépenses (base engagement)
dont: Dépenses d'investissement
Solde global (base caisse)
Total de la dette publique
Comptes monétaires
(changement annuel, en %)
Masse monétaire (M2)
Avoirs extérieurs nets
Avoirs intérieurs nets
dont: Crédit au secteur privé
Secteur extérieur (%du PIB)
Exportations de biens
Importations de biens
Solde du compte courant
Investissements directs étrangers
Balance globale
Réserves étrangères (en mois d'importations)
Dettes extérieures
Termes de l'échange (changement en %)
Taux de change MGA/USD(moyenne)
23,397
2.3
462
-0.5
0.9
5.1
6.3
9.6
9.3
1.3
14.9
3.1
-2.0
33.9
9.0
-12.7
8.0
16.7
18.1
30.7
-5.9
5.2
0.7
2.2
22.8
-0.1
2,207.0
40,548
5.0
475
2.2
1.8
7.8
7.7
12.2
12.0
3.4
18.0
7.3
-3.3
35.1
13.4
9.5
15.1
14.0
23.6
32.1
-2.2
3.1
0.4
4.1
25.5
-1.8
…
28,585
3.1
402
0.4
1.8
7.6
7.6
10.4
10.1
1.5
15.1
3.5
-3.7
41.3
15.8
20.9
11.4
16.5
21.0
28.7
-1.9
4.5
1.0
2.9
28.4
1.2
2,933.5
51,251
5.3
525
2.6
1.9
6.3
6.0
13.0
12.8
1.4
19.8
9.8
-5.5
39.0
17.3
17.1
15.4
15.0
23.1
32.2
-4.3
3.3
1.0
4.2
30.7
0.9
…
25,775
3.3
453
0.6
1.2
6.6
6.0
10.1
9.9
2.3
14.7
3.9
-2.4
34.7
9.8
17.3
8.3
18.4
20.6
30.2
-0.3
2.9
0.2
2.5
24.4
-0.7
2,414.8
45,809
5.4
501
2.6
1.8
7.2
6.4
12.5
12.3
2.7
19.6
9.8
-4.6
36.5
13.7
8.8
15.7
15.4
23.1
31.5
-3.4
3.2
0.3
4.1
27.8
0.7
…
31,769
4.2
401
1.4
1.8
6.7
7.0
11.2
10.9
3.5
16.0
5.2
-2.0
38.4
21.3
37.4
10.8
8.2
21.6
28.6
0.6
4.5
2.9
3.9
26.7
22.3
3,176.5
56,857
5.2
547
2.4
1.9
5.5
5.4
13.4
13.2
1.4
20.0
9.9
-5.2
41.3
16.8
16.3
15.5
14.4
23.2
32.6
-4.6
3.4
1.0
4.3
33.3
0.6
…
35,835
4.2
449
1.4
1.8
8.3
9.0
11.8
11.5
2.9
17.1
5.5
-2.3
36.0
19.3
23.2
14.1
18.4
24.4
31.4
-0.3
3.1
2.0
4.0
25.3
17.7
3,116.0
62,717
4.9
566
2.2
1.9
5.2
5.0
13.6
13.4
1.4
19.8
9.5
-4.8
43.4
14.2
12.3
14.2
14.0
23.3
32.6
-4.8
3.4
0.6
4.3
35.5
0.3
…
* Projections basées sur le projet de LFR (publié sur le siteweb du MFB)
Source : Autorités malgaches, projections des Services du FMI et de la Banque mondiale, Indicateurs de Développement dans le
Monde, mai 2018
6
Le Secteur extérieur
6. Le déficit du compte courant est resté à un niveau faible. Les prix nettement supérieurs de la vanille et les exportations croissantes de produits manufacturés à forte intensité de main-d'œuvre ont stimulé les recettes d'exportation en 2017. Les importations en produits d’alimentation (notamment le riz pour compenser le déficit de la production intérieure) et d'équipements relatifs aux projets d’investissements ont également augmenté. Globalement, le déficit du compte courant est estimé à 0,3 pourcent du PIB en 2017. La même tendance est observée au premier trimestre 2018, avec les recettes d'exportation continuant de tirer profit des prix élevés de la vanille. Les financements externes sous forme de prêts liés aux projets et dons ont financé le modeste déficit. En 2018, le déficit devrait être à 2,2 pourcent, les importations devant augmenter pour accompagner la réalisation des projets d'investissement.
7. Les fortes recettes d'exportation ont permis à la Banque centrale de dépasser les prévisions en matière d’accumulation de réserves de change. Madagascar a un taux de change flottant, où la Banque centrale n'intervient que pour gérer la volatilité excessive des taux de change et assurer des niveaux adéquats de liquidité. Conformément à ces objectifs, la Banque centrale a acheté des devises au deuxième semestre de 2017 pour atténuer les fluctuations des taux de change, portant la couverture des réserves de change à l’équivalent de quatre mois d’importations à la fin de l’année.
8. Les exportations tendent à se concentrer autour d'un nombre limité de produits. Les performances en exportation se sont améliorées ces dernières années : le ratio exportations sur PIB est passé de 30 pourcent en 2013 à 35 pourcent en 2017, reflétant également la hausse des prix de la vanille. Cette tendance à la hausse indique que l'économie est de plus en plus ouverte, que l'accès aux marchés extérieurs s'élargit et que les recettes d'exportation se sont accrues. Cependant, l'indice de concentration des exportations tend à la hausse, ce qui signifie qu’un nombre plus limité de biens dominent le panier d'exportation.4 Au cours des cinq dernières années, 58 pourcent en moyenne des exportations totales du pays ont été dominées par la vanille, le nickel et le textile, qui ont également été les principaux facteurs de la croissance des exportations.
9. Cette concentration des exportations peut être une source de vulnérabilité. Une baisse inattendue de la demande ou une forte variation des prix pourrait avoir un impact significatif sur les recettes d'exportation. Pour atténuer les risques potentiels, des mesures pourraient être prises pour diversifier les exportations et renforcer la demande intérieure. Le développement des exportations de services observé récemment est encourageant, dont par exemple les sous-traitances comme les centres d'appels et les autres activités dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, et le tourisme.5
4 La concentration des exportations est mesurée ici par l'indice Herfindahl-Hirrschmann. Un indice plus proche de 1 indique que les
exportations d'un pays sont fortement concentrées sur quelques produits. Les calculs ont été faits en utilisant la valeur des exportations. 5 Entre 2014 et 2016, plus de 70 nouvelles entreprises de TIC ont été créées à Madagascar, dont la plupart opèrent dans des activités
offshore (Source : Economic Development Board of Madagascar).
Les performances en exportation se sont améliorées, mais les exportations sont dominées par un nombre limité de produits : nickel, textile et vanille.
7
Le déficit du compte courant reste faibleSolde du compte courant, 2009-18 (millions USD)
Indice de concentration des exportations
(Herfindahl-Hirrschmann)
Les exportations sont de plus en plus concentrées
Figure 8: Figure 9:
5000
-500-1,000-1,500-2,000
0.3000.2500.2000.1500.1000.0500.000
2013 2014 2015 2016 2017 2018
2009
2010
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
e
2018
p
IHH Courbe de tendance
Les exportations sont dominées par la vanille, le textile et le nickel
Exportations de biens, 2013-2018 (millions USD) Importations de biens, 2013-2018 (millions USD)
Les importations ont augmenté en 2017 par rapport aux années précédentes
Figure 10: Figure 11:
3,000
2,500
2,000
1,500
1,000
500
0
4,0003,5003,0002,5002,0001,5001,000500
0
2013
2014
2015
2016
2017
2018
(Jan
-Mai
)
2013
2014
2015
2016
2017
2018
(Jan
-Mai
)
Vanille Riz
Textile Equipement
Girofle Alimentation
Autres
Matières premières
Cobalt Nickel
Produits pétroliers
Autres
Source : MFB, BCM, Services du FMI et de la Banque mondiale
8
Source : Banque centrale, mai 2018
Tableau 2: Balance des Paiements (en millions USD)6
1 – Transactions courantes
1.1 Biens et services
Balance commerciale
Exportations FOB
Importations FOB
Services nets
1.2 Revenus
1.3 Transferts courants
2 – Compte de capital et d’opérations
financières
2.1 Comptes de capital
2.2 Comptes d’opérations financières
3 - Erreurs et omissions
4 – Balance globale
60, 5
-12, 6
-9, 6
524, 6
524, 6
-534, 2
-3, 0
-70, 5
143, 6
-38, 8
55, 7
-94, 6
9, 9
31, 6
119, 9
27, 0
-10, 9
670, 9
670, 9
-681, 8
37, 9
-69, 7
162, 6
-135, 9
40, 4
-176, 4
-2, 7
-18, 8
2016T1 2017T1
-99, 7
-158, 9
-141, 9
483, 2
483, 2
-625, 0
-17, 0
-88, 4
147, 7
202, 5
73, 0
129, 5
-22, 0
80, 8
-249, 1
-327, 0
-314, 2
588, 5
588, 5
-902, 6
-12, 9
-84, 3
162, 2
349, 7
55, 8
293, 9
14, 1
114, 7
2016T3 2017T3
-141, 2
-144, 7
-107, 3
501, 5
501, 5
-608, 8
-37, 4
-145, 7
149, 3
168, 3
29, 7
138, 6
-40, 8
-13, 7
-54, 8
-98, 9
-135, 3
628, 0
628, 0
-763, 3
36, 4
-98, 0
142, 1
2, 4
52, 5
-50, 1
-17, 7
-70, 0
2016T2 2017T2
230, 8
85, 8
-7, 4
651, 2
651, 2
-658, 5
93, 1
-103, 2
248, 2
-55, 2
117, 8
-173, 0
15, 5
191, 1
146, 4
-21, 6
10, 3
917, 9
917, 9
-907, 6
-31, 9
-102, 4
270, 4
83, 0
85, 6
-2, 7
-14, 6
214, 8
105, 7
-58, 1
-47, 0
752, 8
752, 8
-799, 7
-11, 1
-37, 9
201, 7
-57, 6
34, 8
-92, 4
-58, 0
-10, 0
2016T4 2017T4 2018T1
Secteur monétaire10. La hausse de l'inflation en 2017 a pesé sur le pouvoir d'achat de nombreux ménages. L'inflation en glissement annuel a culminé à 9 pourcent à la fin de 2017. L'inflation en 2017 a été associée à la hausse des prix des denrées alimentaires, en particulier celui du riz, et à l'augmentation du prix du gaz, eau et électricité et du logement. L'indice du prix du carburant et des lubrifiants a fortement augmenté au deuxième trimestre de 2017, avec une hausse mensuelle moyenne de 16,2 pourcent, contre une baisse mensuelle de 2 pourcent au cours des 12 mois précédents. La hausse des prix du carburant sur le marché intérieur coïncide avec la hausse mondiale des prix du carburant, qui s'est reflétée avec quelques ajustements des prix à la pompe. La hausse des prix de ces produits a surtout été préjudiciable pour les pauvres compte tenu de la part élevée des dépenses en produits pétroliers et alimentaires par
rapport au budget des ménages et des mesures limitées pour protéger les pauvres des prix plus élevés. Les prix ont évolué à des rythmes différents entre les principales villes de Madagascar, le différentiel d'inflation se rétrécissant en période de hausse de l'inflation observée en 2017.
11. Les pressions inflationnistes ont commencé à s'atténuer au premier trimestre de 2018 mais les prix restent élevés comparés aux pays voisins. Les pressions inflationnistes ont commencé à s'atténuer au premier trimestre de 2018, en grande partie grâce à l'amélioration de l'offre de riz produit au pays. Au premier semestre de 2017, l'inflation à Madagascar était comparable à celle des pays tels que le Kenya. L'inflation a commencé à s'atténuer dans plusieurs pays voisins mais reste relativement élevée à Madagascar.
L’inflation a commencé à s’atténuer au premier trimestre de 2018, soutenue par une amélioration de la production locale de riz.
6 FOB fait référence à ‘franc à bord,’ un terme commercial qui indique si le vendeur ou l’acheteur est responsable des marchandises
endommagées ou détruites pendant le transport entre les deux parties.
9
L’écart d’inflation dans les principales villes s’est réduit en 2017 Taux d’inflation en % Taux d’inflation en %
Le taux d’inflation dans les pays voisins s’est atténué à partir du 3è trimestre de 2017
Figure 12: Figure 13:
Mar
s-16
Mai
-16
Juil-
16
Sept
-16
Nov-
16
Janv
-17
Mar
s-17
Mai
-17
Juil-
17
Sept
-17
Nov-
17
Janv
-18
Mar
s-18
Janv
-17
Févr
-17
Mar
s-17
Avr-
17M
ai-1
7Ju
in-1
7Ju
il-17
Août
-17
Sept
-17
Oct-
17No
v-17
Déc-
17Ja
nv-1
8Fé
vr-1
8M
ars-
18
Kenya
Mozambique
Tanzanie
Madagascar
Afrique du Sud
Sources : INSTAT, calcul effectué par les Services de la Banque mondiale
Encadré 2: Riz : Qu’est-ce qui se cache derrière la flambée des prix ?
Dans un pays où le riz est le principal aliment de base à chaque repas, la population a vivement ressenti les effets d'une hausse de près de 30 pourcent des prix du riz en 2017 suite à la réduction de l'offre locale à cause des chocs climatiques. En milieu rural, le taux élevé d'écart de pauvreté de 36,7 pourcent signifie que même de faibles changements dans le prix d'achat des principaux biens de consommation peuvent conduire une famille à sombrer dans la pauvreté
(Banque mondiale, 2016). Et en milieu urbain où le riz est largement acheté plutôt que produit, l’augmentation des prix a considérablement affecté le pouvoir d'achat des ménages. Bien que le taux d'inflation globale ait décéléré à 7,6 pourcent en mars 2018 comparé à 8.2 pourcent à la même période de l'année précédente, les prix élevés du riz continuent de prévaloir et représentent la moitié de l'augmentation de l'inflation globale.7
7 L’inflation est calculée en mesurant les variations de prix d’un panier de biens et services au cours de deux périodes de temps, où chaque
article dans le panier est pondéré selon son importance. A Madagascar, les biens produits au niveau local représentent 76 pourcent du
panier total. Le riz constitue 15 pour cent du panier de biens, dont 90 pourcent est produit au niveau local.
Figure 14: Les prix de riz plus élevés ont constitué une source majeure de l’inflationContribution à l’inflation (Principaux articles du panier de consommation) en pourcentage
1086420
2013 2014 2015 2016 2017 Mars-18
Source : INSTAT, calcul effectué par les services de la Banque mondiale
Alimentation (hors riz) Logement, eau, électricité, gaz et autresRiz Transport
Tissus et vêtements Autres Inflation annuelle
Bien que le marché du riz ait été libéralisé depuis les années 1980, un nombre limité de vendeurs nets de riz domine toujours le marché. Certains ménages producteurs
vendent leurs riz pendant la période de récolte pour des besoins urgents d’argent ou parce qu'ils n'ont pas les moyens de stocker le riz, puis achètent du riz à un coût
14121086420
250
200
150
100
50
-
10
plus élevé pendant la période de soudure. La création d'un Observatoire du riz pour partager les informations sur le marché est une mesure opportune et les informations gagneraient à être mieux exploitées. La faible productivité du riz est expliquée par l’ utilisation insuffisante d'engrais et par le manque d'accès aux exploitations irriguées et aux marchés d'intrants.
Madagascar produit du riz, mais reste importateur net car la production nationale ne suit pas la croissance démographique. Le riz importé est moins cher que le riz local dans toutes les régions, et la réduction de l'offre locale au milieu de l’année 2017 a conduit à creuser l'écart des prix. Le riz importé est principalement consommé par les ménages urbains. En période de réduction de l'offre locale, les ménages ruraux tendent à réduire leur consommation. Le riz local et le riz
importé bénéficient tous deux de dépenses fiscales, ce qui en réalité agit comme un transfert des ménages ruraux pauvres vers des ménages urbains.
Des politiques adequatement ciblées pourraient aider les petits exploitants à tirer profit de la hausse des prix du riz. À l'heure actuelle, les intermédiaires du marché accaparent plus de la moitié du prix de détail, du fait des coûts élevés de logistique dus à la médiocrité des infrastructures de transport. D'autres mesures, comme l'utilisation ciblée d'engrais, la mitigation des effets des aléas climatiques et l’élimination des dépenses fiscales pour le riz importé afin d'encourager la production nationale, pourraient également être envisagées en vue d’améliorer la productivité.
Figure 15 : La hausse du prix du riz local s’est accélérée à travers le pays
Ariary Ariary
Le riz importé coûte plus cher dans la capitale et dans le nord du pays
Figure 15: Figure 16:
Sources : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), INSTAT, calculs effectués par les services de la Banque mondiale
2,700
2,200
1,700
1,200
2,700
2,200
1,700
1,200
Antananarivo Antananarivo
Mahajanga Mahajanga
Toamasina Toamasina
Antsiranana Antsiranana
Q1 Q12013 20132014 20142015 20152016 20162017 20172018 2018
Q1 Q1Q1 Q1Q1 Q1Q1 Q1Q1 Q1Q3 Q3Q3 Q3Q3 Q3Q3 Q3Q3 Q3
Figure 17: Les intermédiaires du marché capturent plus de la moitié du prix de détail le long de la chaîne de valeur Paddy et riz blanc - MGA/kg
2,5002,0001,5001,000500
0
Sofia
Boen
y
Alao
tra
Man
goro
Atsim
o An
dref
ana
Haut
e M
atsia
tra
Men
abe
Ihor
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Vaki
nank
arat
ra
Anal
aman
ga
Atsim
o At
sinan
ana
Vato
vavy
Fito
vinar
y
Anos
y
Amor
on 'i
Man
ia
Atsin
anan
a
Andr
oy
Anal
anjir
ofo
Paddy Riz - Prix de gros Riz - Prix au détail
Source : Observatoire du riz, prix disponibles du 14 au 20 mai 2018
Sources : FAO, 2017; Banque mondiale, 2016; Banque mondiale, 2018; Observatoire du riz, 2018; Ministère des Finances, 2017; INSTAT, 2018.
11
12.La formulation de la politique monétaire a été renforcée ces dernières années. Le Statut de la Banque centrale mis à jour en 2016 (i) prévoit une limite plus stricte sur l'accès aux avances statutaires pour le financement des déficits budgétaires et (ii) a mis en place un comité de politique monétaire chargé d'examiner la politique monétaire tous les six mois pour en assurer la cohérence avec les objectifs macroéconomiques du gouvernement et gérer la liquidité dans le système bancaire. Conformément à ces réformes, les prêts de la banque centrale au gouvernement se sont progressivement rétractés à mesure que les avances statutaires sont remboursées (Figure 15). Le comité de politique monétaire a décidé en mai 2018 de maintenir inchangés le niveau du taux directeur et du taux de réserves obligatoires.8
13. L'ariary a suivi une tendance à la dépréciation. Il y a plusieurs facteurs qui affectent le taux de change à Madagascar. En général, les fêtes de fin d'année sont marquées par une augmentation des importations contribuant à l'affaiblissement de l'ariary. A l'ouverture de la saison de la vanille en mai et en juin, l'Ariary suit généralement une tendance à la hausse, avec l’accroissement de la demande en monnaie locale pour acheter des produits locaux. Pour gérer la volatilité sur le marché, la banque centrale peut intervenir dans une certaine mesure soit pour acheter ou vendre des devises étrangères. La récente tendance à la dépréciation de l'ariary en termes nominaux continue de favoriser la compétitivité des exportateurs.
8 Banque centrale de Madagascar. Décision sur la politique monétaire du 4 mai 2018.
Figure 18: L’ariary a suivi une considérable tendance à la dépréciation
10
5
0
-5
-10
-15
01/0
6/20
17
01/0
7/20
17
01/0
8/20
17
01/0
9/20
17
01/1
0/20
17
01/1
1/20
17
01/1
2/20
17
01/0
1/20
18
01/0
2/20
18
01/0
3/20
18
01/0
4/20
18
01/0
5/20
18
14. L’octroi de crédit au secteur privé s’est amélioré, principalement grâce aux crédits à court terme. L’octroi de crédit au secteur privé a augmenté en moyenne de 15 pourcent en glissement annuel entre septembre 2017 et mars 2018, par rapport aux six mois précédents. Les nouveaux prêts étaient majoritairement à court terme, pour des facilités de caisse et avances sur les stocks de
marchandises liées principalement aux transactions sur la vanille. Les taux d'intérêt moyens ont baissé au début de l'année mais la tendance s'est inversée depuis. Plusieurs facteurs influent sur les taux des banques commerciales, notamment les niveaux de risque, le coût des opérations et le coût du financement (cf. Encadré 3).
EUR USD
Source: Banque Centrale de Madagascar, calculs effectués par les services de la Banque mondiale, mai 2018
12
Mar
s-16
Mai
-16
Juil-
16Se
pt-1
6No
v-16
Janv
-17
Mar
s-17
Mai
-17
Juil-
17Se
pt-1
7No
v-17
Janv
-18
Mar
s-18
Mar
s-16
Mai
-16
Juil-
16Se
pt-1
6No
v-16
Janv
-17
Mar
s-17
Mai
-17
Juil-
17Se
pt-1
7No
v-17
Janv
-18
Mar
s-18
Crédit au gourvernment
Crédit à l'économie
Taux directeur de la BCM
Taux moyen pondéré découvert
Taux moyen pondéré débiteur
Source: CBM
Les prêts au secteur privé ont reprisCrédit au gouvernement et à l'économie
(% variation en glissement annuel)
Taux (en pourcentage)
Après une chute des taux d'intérêt des banques commerciales au début de l'année, une augmentation est maintenant constatée
Figure 19: Figure 20:
40
35
30
25
20
15
10
5
0
-5
16
15
14
13
12
11
10
9
8
Les prêts à long terme ont diminué
Variation annuelle (millions de MGA)
Variation annuelle en pourcentage
La période de pré-exportation de la vanille est associée avec une augmentation de la monnaie en circulationn9
Figure 21: Figure 22:
700,000
600,000
500,000
400,000
300,000
200,000
100,000
0
-100,000
-200,000
35
30
25
20
15
10
5
0
Mar
s-16
Mai
-16
Juil-
16Se
pt-1
6No
v-16
Janv
-17
Mar
s-17
Mai
-17
Juil-
17Se
pt-1
7No
v-17
Janv
-18
Mar
s-18
Mar
s-16
Mai
-16
Juil-
16
Sept
-16
Nov-
16
Janv
-17
Mar
s-17
Mai
-17
Juil-
17
Sept
-17
Nov-
17
Janv
-18
Mar
s-18
e
Crédit à court terme
Crédit à long terme
Crédit à moyen terme M3 Base monétaire
Source: CBM
9 La masse monétaire est une mesure de l’argent au sens large qui inclut en plus de l'argent physique tel que les billets de banque et
les pièces de monnaie les dépôts à vue dans les banques commerciales et toute somme d’argent détenue dans des comptes facilement
accessibles.
13
0 50 100 150 200
Ethi
opie
(201
1)
Mad
agas
car (
2015
)
Rwan
da (2
013)
Moz
ambi
que
(201
1)
Ugan
da (2
013)
Keny
a (2
013)
Tanz
anie
(201
3)
Mal
awi (
2013
)
Zam
bie
(201
1)
Ghan
a (2
013)
Taux d'interêt effectif moyen dans le pays (%)
Encadré 3: Achetez maintenant… et payez plus tard: Qu'est-ce qui détermine les taux d'intérêt à Madagascar?
Les taux d'intérêt sont considérés comme le privilège d'emprunter de l'argent qui doit être remboursé plus tard. À Madagascar, les taux d'intérêt effectifs varient de 11 à 127 pourcent, selon le type d'institution financière prêteuse. À l'extrémité supérieure, les institutions de microfinance facturent les taux d'intérêt les plus élevés , suivies
des banques de microfinance et ensuite des banques conventionnelles (Figure 23). Cependant, les taux d'intérêt élevés ne sont en aucun cas uniques à Madagascar. Les institutions financières dans des pays comme la Zambie, le Ghana, le Malawi et la Tanzanie pratiquent des taux plus élevés qu'à Madagascar (Figure 24).
Types d'institution et taux d'intérêt effectif moyen à Madagascar Intervalle des taux d'intérêt effectifs sur les
produits (en pourcentage)
Taux d'intérêt dans les pays de comparaisonFigure 23: Figure 24:
Banques conventionnelles
Microfinances-banques
Microfinances-non banques
Toutes
400300200100
0
Intervalle des taux d'interêts effectifs sur les produits
Les taux d'intérêt sont principalement déterminés par le coût des opérations, le niveau de risque et le coût du financement. Les institutions de microfinance appliquent des taux d'intérêt plus élevés parce que les petits prêts sont plus coûteux à gérer et sont couverts par peu ou pas de garanties, ce qui augmente les coûts d'exploitation et les niveaux de risque. Les banques, d’autre part, offrent largement des crédits à un segment plus restreint de la population. Néanmoins, les risques restent élevés en raison des faiblesses institutionnelles liées au recouvrement des pertes sur créances et à l'insolvabilité, c’est-à-dire qu'en cas de défaillance, les procédures de recouvrement sont considérées comme lentes, incertaines et coûteuses pour le créancier. Le recours aux huissiers pour recouvrer des créances à Madagascar est jugé élevé par les institutions financières. D'autres risques de crédit résultent du manque de fiabilité des états financiers pour les petites et moyennes entreprises, de l’insuffisance d'informations fournies par le Bureau central des risques, de la concentration du portefeuille et de la capacité des établissements de crédit à évaluer le risque.
Il est important que les institutions financières établissent les taux d'intérêt au niveau adéquat pour maintenir leurs profits et être viables. Cependant, en améliorant l'environnement opérationnel et institutionnel, les taux d'intérêt peuvent être
réduits. Les principales mesures qui permettraient de réduire les coûts opérationnels et financiers incluent une :
• Utilisation de la technologie pour les transactions électroniques pour suivre les crédits;
• Amélioration de la productivité en formant le personnel et en utilisant des moyens plus efficaces d’octroyer des crédits;
• Augmentation du contrôle sur les coûts administratifs; et
• Mobilisation de volumes d'épargne plus importants qui pourraient être canalisés vers les banques en tant que liquidités.
La réduction des risques peut être soutenue par une:
• Amélioration du système de justice;• Mise en place d’un système centralisé d'enregistrement
des garanties ; • Renforcement du pouvoir des certificats fonciers en
garantie de l'accès au crédit;• Amélioration et intégration de l'unité centrale de
gestion des risques bancaires et l'unité de risque de microfinance; et
14
Source : Étude sur les déterminants des taux d'intérêt à Madagascar, Projet d'appui aux services financiers, Banque mondiale, mai 2017
Politique fiscale
15. La collecte des recettes fiscales a enregistré une bonne performance au premier trimestre de l'année, les réalisations dépassant les objectifs d'environ 0.3 pourcent du PIB. Toutes les principales taxes (TVA et impôts sur les revenus) ont contribué à cette bonne performance, essentiellement grâce au renforcement de l'administration fiscale. La révision de la taxation sur les produits pétroliers en vigueur depuis janvier 2018 a également contribué à cette hausse des recettes. Dans l’ensemble, la collecte des recettes fiscales a atteint 11,5 pourcent du PIB en 2017, correspondant à une augmentation estimée à 0,6 points de pourcentage du PIB par rapport à l'année précédente. Si la dynamique de la réforme se maintient, la collecte des recettes fiscales pourrait atteindre 12,0 pourcent du PIB en 2018. Ce niveau reste faible par rapport à la moyenne en Afrique subsaharienne (15,8 pourcent du PIB10), mais montre néanmoins une amélioration constante.
16. Globalement, les dépenses devraient passer de 17,1 pourcent du PIB en 2017 à 18,0 pourcent en 2018. La composition des dépenses devrait changer, avec une réduction des dépenses courantes et une augmentation des dépenses d’investissement. Les dépenses courantes devraient passer de 11,7 pourcent du PIB en 2017 à 10,7
pourcent du PIB en 2018, en grande partie en raison d'une baisse des transferts vers JIRAMA, suite à l’accroissement de la production hydroélectrique. Les dépenses d’investissement devraient passer de 5,5 pourcent du PIB en 2017 à 7,3 pourcent en 2018, dont 4,8 pourcent du PIB sur financements extérieurs. Ces tendances de dépenses sont conformes à la politique du gouvernement visant à augmenter les investissements financés sur fonds publics et à réduire les transferts aux entreprises publiques. Cependant, les progrès relatifs à l’effort d’accroissement des dépenses sociales prioritaires, lesquelles sont restées stables à environ 1 pourcent du PIB, sont minimes.
17. Le déficit budgétaire en 2017 est estimé à 2,3 pourcent du PIB et devrait se creuser à 3,2 pourcent du PIB en 2018. Le déficit est largement financé par des emprunts extérieurs destinés aux projets d'investissement, qui devraient atteindre 2,5 pourcent du PIB en 2018. Les emprunts intérieurs sont projetés à 0,7 pourcent du PIB en 2018, représentant une légère diminution par rapport à 0,9 pourcent du PIB l'année précédente. Les emprunts intérieurs se font principalement par l'émission de bons du Trésor essentiellement souscrites par les banques commerciales.
• Amélioration du risque de crédit (analyse, suivi, recouvrement).
La promotion de la concurrence et de la transparence pourrait également contribuer à réduire les taux d'intérêt en permettant aux consommateurs de faire des comparaisons et d'exercer des pressions pour abaisser les taux. Les banques sont généralement plus compétitives que les institutions de microfinance et sont plus transparentes sur les taux proposés.
Enfin, il est possible d'améliorer le cadre institutionnel pour la détermination des taux d'intérêt commerciaux. Actuellement, l'instruction n ° 001 - CR / 08 du 28 avril 2008 donne aux banques la liberté d'établir les taux de prêt. En outre, l'ordonnance n ° 62-016 du 10 août 1962 fixe le taux d'intérêt légal et les taux d'intérêt conventionnels maximaux, ainsi que la réglementation des prêts. Cependant, cette ordonnance n'a pas été mise en œuvre en raison d'inexistence de décrets d'application, des difficultés d'interprétation et de faiblesse dans la capacité de supervision et devrait ainsi être éliminée.
La collecte des impôts a montré une bonne performance au premier trimestre de l’année.
10 Indicateurs du développement dans le monde, dernières données disponibles
15
14121086420
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
e
2018
p
Il y a eu une amélioration constante en matière de collecte de recettes fiscales
En 2018, les dépenses d’investissement devraient augmenter et les dépenses courantes diminuerPourcentage du PIB
Pourcentage du PIB
Figure 25: Figure 26:
181614121086420
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
e
2018
p
Recettes douanières
Recettes fiscales nettes Total dépenses Salaires et traitementsImpôts domestiques
Dépenses d'investissement Dépenses courantes
Source : MFB, Calculs et projections effectués par les Services du FMI et de la Banque mondiale
Total des recettes et dons
Totales des recettes
Recettes fiscales
Recettes non-fiscales
Dons
Total des dépenses
Dépenses courantes
Salaires et traitements
Paiements d'intérêts
Biens et services
Transferts et subventions
Opérations du trésor (nettes)
Dépenses d'investissement
sur financement interne
sur financement externe
Solde global (base engagement)
Paiement en instance (variation
de comptes créditeurs, +=
augmentation)
Variation des arriérés intérieurs
(+ = augmentation)
12.4
10.1
9.9
0.2
2.3
14.7
10.8
5.6
0.6
0.9
3.2
0.6
3.9
1.2
2.8
-2.3
0.6
-0.7
-2.4
2014
Réalisations Estimations LFI Projections*
14.7
11.2
10.9
0.3
3.5
16.0
10.8
5.6
0.9
0.6
3.1
0.6
5.2
1.2
4.0
-1.3
0.5
-1.2
-2.0
2016
11.8
10.4
10.1
0.3
1.5
15.1
11.7
5.5
0.8
0.5
3.4
1.4
3.5
1.0
2.5
-3.3
0.1
-0.5
-3.7
2015
14.7
11.8
11.5
0.3
2.9
17.1
11.7
5.8
0.8
0.8
4.1
0.2
5.5
2.0
3.5
-2.4
0.7
-0.6
-2.3
15.1
12.1
11.9
0.2
3.0
18.0
9.9
5.7
1.0
0.9
2.2
0.1
8.1
2.4
5.7
-3.0
…
-0.6
-3.5
15.7
12.2
12.0
0.2
3.4
18.0
10.7
5.8
0.9
0.9
2.6
0.4
7.3
2.5
4.8
-2.3
-0.4
-0.6
-3.2
2017 2018 2018
Tableau 3: Opérations budgétaires du Gouvernement central (pourcentage du PIB)
16
18. De manière générale, le risque de surendettement extérieur de Madagascar reste modéré. Cela signifie que même si les niveaux globaux d'endettement sont gérables en cas de choc économique, comme une réduction de la croissance, le risque sur la capacité du pays à rembourser ses services de dette est modéré. La dernière évaluation de la dette de Madagascar a été réalisée en mars 2018 et montre que le ratio dette publique sur PIB est passé de 38,4 pourcent du PIB en 2016 à environ 36,0 pourcent du PIB en 2017. Les principales sources de vulnérabilités aux perspectives de la dette pourraient découler d'une croissance économique plus lente que prévue et d'une dette éventuelle découlant de la matérialisation de passifs contingents d'entreprises publiques peu performantes.
19. En revanche, quelques pays d'Afrique subsaharienne sont confrontés à des risques pour la viabilité de leur dette. En 2013, huit pays d'Afrique subsaharienne
présentaient un risque élevé de surendettement, par rapport à 18 pays en 2018. Sur l'ensemble du continent, la dette publique est passée d'une moyenne de 37 pourcent du PIB en 2013 à 56 pourcent en 2016, avec plus des deux tiers des pays connaissant une augmentation de plus de 20 points de pourcentage.11 Un certain nombre de pays ont recours à d'autres sources de financement de la dette, abandonnant le financement concessionnel et en s’endettant sur le marché, à des taux d'intérêt plus élevés. Même si Madagascar présente un risque modéré de surendettement, comme le pays se prépare à augmenter les investissements publics, il est important de tirer des enseignements de ces tendances régionales en examinant attentivement les implications du financement par la dette conformément à la Stratégie de la Dette à Moyen Terme, et en priorisant l’emprunt concessionnel.
Solde global
(y compris dons, base caisse)
Total des financements
Financement extérieur (principe de résidence)
Financement intérieur (principe de résidence)
2.4
1.2
1.2
2014
Actuals Estimations LFI
2.0
0.7
1.4
2016
3.7
2.2
2.0
2015
2.3
1.4
0.9
3.5
3.1
0.4
2017 2018
* Projections basées sur le projet de Loi de Finances Rectificatives, publié sur le site web du MFB
Source : Autorités malgaches, projections des services du FMI et de la Banque mondiale, mai 2018
11 Africa Pulse, Banque mondiale, avril 2018
Projections*
3.2
2.5
0.7
2018
Bien que le risque de surendettement de Madagascar reste modéré, des niveaux élevés d’endettement de certaines entreprises d’Etat continuent de présenter un risque, soulignant l’importance d’améliorer les performances des entreprises publiques.
17
DEUXIÈME PARTIEPERSPECTIVES ÉCONOMIQUES
20. Les perspectives globales de croissance économique à moyen terme sont positives. Des perspectives favorables de croissance mondiale devraient maintenir une forte demande pour les biens et services malgaches, contribuant à une augmentation des recettes d'exportation et des réserves internationales. Des conditions météorologiques favorables sont de bon augure pour la production de riz et d'hydroélectricité. L’actuel essor des prix de la vanille devrait encourager de nouveaux petits exploitants agricoles dans le secteur de la culture de la vanille, ce qui peut stimuler les revenus
locaux. Les réformes en cours visant à améliorer la connectivité des zones rurales devraient également contribuer au développement des activités non agricoles. Les revenus secondaires ainsi générés pourraient amortir les chocs des variations de la production agricole laquelle est soumise à des conditions météorologiques changeantes. Le secteur tertiaire devrait continuer à être un levier de croissance, les services aux entreprises et au commerce devant suivre une tendance positive. La croissance est projetée à 5,4 pourcent en 2019 et autour de 5,1 pourcent à moyen terme.
18
21. Étant donné les importants besoins de financement extérieur du pays, la pression sur le déficit du compte courant devrait augmenter à moyen terme. Le déficit est projeté à 3,4 pourcent en 2019, puis à 4,6 pourcent du PIB en moyenne sur la période 2020-2022, car une augmentation des investissements publics devrait stimuler la demande d'importations. Le déficit du compte courant devrait être compensé par les excédents dans les comptes de capital et d’opérations financières provenant des prêts en faveur du secteur public et des investissements directs étrangers.
22. La politique monétaire devrait continuer à se focaliser sur le contrôle de l'inflation. L'inflation est estimée à 6,4 pourcent en 2019 et la moyenne devrait être comprise entre 5,4 et 6,0 pourcent entre 2020 et 2022. Les hypothèses reposent sur une augmentation de l'offre de riz produit localement, grâce à des conditions climatiques favorables, et des hausses modérées des prix de l'énergie. Alors que les conditions internationales d'approvisionnement en pétrole demeurent incertaines, une réduction des prix du pétrole brut Brent est prévue en 2019, dans l’hypothèse que l'industrie américaine du schiste se développe comme prévu.
23. À moyen terme, les dépenses publiques devraient rester stables, et la composition évoluerait vers une réduction des dépenses courantes et une augmentation des dépenses d’investissement. Les dépenses publiques devraient passer de 18,0 pourcent du PIB en 2018 à 19,7 pourcent en 2019, puis à 19,8 pourcent du PIB en moyenne entre 2020 et 2022. Les dépenses publiques devraient être soutenues à la fois par une augmentation des recettes fiscales et des emprunts extérieurs relatifs aux projets déjà identifiés. Les dépenses courantes devraient
passer de 10,7 pourcent du PIB en 2018 à 9,9 pourcent en 2019, en supposant que le transfert vers la JIRAMA diminue à mesure que sa performance opérationnelle s'améliore et que l'engagement d'éviter les subventions aux carburants soit maintenu. D'un autre côté, les dépenses d’investissement devraient passer d'environ 7,3 pourcent du PIB en 2018 à 9,8 pourcent en 2019 avec le projet du gouvernement d'augmenter les dépenses d'investissement.
24. Ces perspectives macroéconomiques positives offrent des opportunités pour la réduction de la pauvreté. La prévision d’une croissance positive de l'économie suggère que la proportion de la population malgache vivant sous le seuil de pauvreté est susceptible de diminuer. L’incidence de pauvreté, basée sur le seuil de 1,90 USD par jour, devrait baisser de 75 pourcent en 2018 à 73 pourcent en 2020.12 Avec l'augmentation des recettes fiscales et la réduction des transferts aux entreprises publiques peu performantes, plus de ressources sont disponibles pour fournir des services publics tels que l'éducation, la santé et les infrastructures publiques. Cependant, les expériences montrent que même si la croissance est importante, elle doit être inclusive et soutenue par des institutions publiques solides pour avoir un impact sur la réduction de la pauvreté,. La résolution des contraintes identifiées dans la première partie du présent rapport liées à la productivité du secteur rizicole figure parmi l'un des moyens qui pourraient contribuer à une croissance plus inclusive à Madagascar. La troisième partie du rapport explore la manière selon laquelle un accès accru aux services financiers peut également étendre les avantages de la croissance aux pauvres.
12 Perspectives de macro-pauvreté, 2018 (avec des projections de croissance mises à jour).
Bien qu’une hausse de la croissance économique est prévue dans le moyen terme, il est essentiel de se focaliser sur une croissance inclusive pour réduire la pauvreté.
19
TROISIÈME PARTIE
EXPLOITER LA TECHNOLOGIE POUR PROMOUVOIR L'INCLUSION FINANCIÈRE
• Les niveaux de pénétration des banques à Madagascar sont parmi les plus bas en Afrique. Etendre l'accès au système financier aux 41 pourcent de la population actuellement non bancarisées permettra aux individus d’épargner et de faire des transactions financières de manière plus sûre à l'avenir. Ceci ouvrira également des opportunités à ceux qui auparavant n'étaient pas en mesure d'accéder au crédit pour démarrer ou développer une activité.
• Les données Findex récemment publiées montrent
que le pourcentage d'adultes ayant un compte auprès d'une institution financière ou d'un service d'argent mobile à Madagascar a doublé au cours des 3 dernières années (de 9 pourcent en 2014 à 18 pourcent en 2017) mais reste encore bien en dessous de la moyenne de l’ASS de 43 pourcent.
• Une expansion rapide de l'argent mobile offre des possibilités d'accroître l'inclusion financière. La croissance du secteur est facilitée par un nouveau règlement sur la monnaie électronique qui permet
20
aux institutions financières autres que les banques d'émettre de la monnaie électronique.
• Les partenariats numériques entre les institutions de microfinance, un segment de marché en croissance, et les opérateurs d'argent mobile offrent une opportunité pour augmenter la portée des opérateurs de réseaux mobiles.
• La difficulté que les banques éprouvent pour évaluer la solvabilité des clients potentiels en raison d'un manque d'informations sur ces futurs emprunteurs constitue l'un des obstacles actuels pour ceux qui essaient d'accéder au crédit.. Les bureaux de crédit jouent un rôle important dans la collecte de données sur le comportement de remboursement de la population
pour donner un aperçu de la probabilité qu'une personne rembourse un prêt. Une loi sur le bureau de crédit nouvellement promulguée constitue une porte d’entrée sur le marché malgache pour les bureaux de crédit privés . Ces bureaux de crédit constitueront une source d'information importante pour les banques qui cherchent à élargir leur clientèle.
• Une nouvelle stratégie nationale pour l'inclusion financière (2018-2022) a été adoptée pour soutenir les changements actuels dans l’environnement des services financiers de Madagascar. Elle donne la priorité aux réformes visant à soutenir l'éducation financière, à promouvoir l'utilisation des services financiers et à renforcer les infrastructures de services financiers.
Prenons le cas de Tantely, une enseignante de 28 ans qui travaille à Tsihombe, dans le sud profond de Madagascar. Chaque mois, Tantely est obligée de voyager pendant deux jours pour récupérer son salaire. En conséquence, elle ne peut pas remplir son obligation d'enseigner à l'école locale, doit dépenser de l'argent pour le transport et doit demander à sa mère de garder ses enfants durant son absence, réduisant ainsi le temps que la famille peut consacrer à des activités agricoles. La banque mobile est sur le point de changer cela. Grâce à une nouvelle initiative pilote, Tantely recevra bientôt son salaire à partir de son téléphone portable. Cela lui permettra de passer plus de temps en classe et d'être disponible pour participer à des activités productives.
Et Tantely n'est pas seule. En dépit d'être l'un des pays
les plus pauvres du monde, l'utilisation de l'argent mobile a augmenté de façon spectaculaire à Madagascar - une augmentation de près de 5 fois en trois ans seulement - mais à partir d'une base très faible.13 L'essor de l’accès de la banque mobile aux services, tels que les comptes de transactions, le crédit et l'assurance, entre autres, créent des opportunités pour les particuliers et les entreprises qui ont été exclus du système bancaire formel.
Néanmoins, les données de l'enquête Finscope 201614 indiquaient que 41 pourcent des ménages malgaches sont complètement déconnectés du système financier, ce qui suggère qu'il reste encore beaucoup à faire avant que les avantages des innovations numériques deviennent généralisés et inclusifs. L'amélioration de l'accès aux services financiers pour les femmes reste
Pourquoi l’inclusion financière est-elle importante ?
13 En 2016 il y a eu 54,2 comptes d’argent mobile actifs par 1 000 adultes par rapport à 10,7 en 2013 (Enquête sur l’accès aux services
financiers, FMI, 2017).14 Finscope est une méthode d’enquête élaborée par FinMark Trust, une fondation indépendante, pour analyser les aspects financiers
de la vie de la population.
Accroître l’accès aux services financiers aux 41 pourcent de la population qui sont actuellement exclues est essentiel pour conserver, épargner et envoyer de l’argent en toute sécurité, ainsi que pour accéder au crédit et à d’autres services.
21
Environ 40 pourcent de la population malgache possède un téléphone mobile, et seulement 4 pourcent de la population utilise l’Internet. A mesure que le pays se développe, la demande en téléphones mobiles augmente de même que la clientèle potentielle du système financier. En 2010, trois opérateurs de téléphonie mobile, Airtel
une priorité, sachant que les femmes entrepreneurs sont plus susceptibles d’être contraintes par l'accès au crédit. Cette section explore le rôle que la technologie et l'innovation jouent pour accroître l'inclusion financière, en
Money, Orange Money et Mvola, ont été autorisés à opérer en tant qu'intermédiaires dans le secteur bancaire. Une gamme de services a commencé à être disponible tels que les dépôts et les retraits par monnaie électronique, le transfert d'argent, principalement entre personnes, l'achat de crédit de communication, et le paiement de factures.
particulier grâce à la banque mobile, et la manière dont d'autres segments du marché tels que les institutions de microfinance (IMF) et les banques peuvent rattraper leur retard.
Qu'est-ce qui tire la croissance de l'argent mobile ?
Bien que le nombre de comptes d'argent mobile à Madagascar soit toujours au-dessous de celui des pays pairs …
Il y a eu une croissance exponentielle du nombre de points de vente d’argent mobile au cours des dernières années
Comptes mobiles actifs par 1 000 adultes (2016) Points de vente d’argent mobile enregistrés à
Madagascar par 100 000 adultes
Figure 27: Figure 28:
Guinée-BissauNiger
NigeriaMadagascar
ZambieGuinée
Burkina FasoaTogoMali
ZimbabweCote d'ivoire
RwandaGhana
BotswanaNamibie
1009080706050403020100
0 200 400 600 800 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Source: FMI, Enquête sur l’accès aux services financiers, 2017
716
2534
55
77
92
La facilité d'ouverture d'un compte de monnaie électronique contribue à une augmentation des services bancaires mobiles.
Un manque de revenus pour acheter un téléphone mobile n’empêche pas l'utilisation de l'argent mobile. Prenons le cas de Andry, un étudiant de 17 ans qui aide sa mère dans le commerce pour compléter le revenu familial. Andry ambitionne d'économiser pour ses études universitaires
et se rend compte que garder chez soi de l'argent liquide est risqué. Or, ouvrir un compte bancaire n'est pas une option car la banque la plus proche se trouve trop loin, couteux, et exige des documents d'identification difficiles à acquérir. En réponse, les opérateurs de téléphonie
22
mobile ont adapté leur modèle commercial pour offrir des services à une gamme de clientèle. En achetant une carte SIM, les clients peuvent effectuer des opérations de dépôt et de retrait d’argent grâce à l'utilisation du téléphone mobile d'un agent mobile. Par ailleurs, pour la majorité de la population qui n'a pas accès à l'électricité, l’usage accru des panneaux solaires mobiles offre une source alternative pour recharger les téléphones mobiles.
Le développement de l'accès et l'utilisation des comptes de monnaie électronique constituent une première étape vers l'utilisation de services financiers plus avancés, y compris le crédit, car ils nécessitent des coûts d’évaluation plus bas et sont donc plus abordables que les banques. En outre, les comptes de monnaie électronique peuvent constituer
un mécanisme d'assurance car les fonds sont sécurisés et il est possible de recevoir de l’argent en cas de besoin.
Suite à l'essor rapide de la banque mobile, le Parlement a adopté en décembre 2016 une nouvelle loi régissant la monnaie électronique et les institutions y afférentes. La promulgation de cette loi permet aux opérateurs des réseaux mobiles d'émettre de la monnaie électronique sans s'associer à une institution financière formelle telle qu'une banque ou un réseau de microfinance, augmentant ainsi les opportunités pour les nouveaux venus sur le marché et encourageant la concurrence. La loi sur la monnaie électronique a renforcé les bases juridiques du secteur, mettant en place les conditions nécessaires à la poursuite de l'expansion du secteur (cf. Encadré 5 sur les modifications du cadre réglementaire).
Les institutions de microfinance (IMF) fournissent davantage de services financiers aux entrepreneurs à faible revenu pour qu’ils puissent bénéficier de services tels que les prêts collectifs, les microcrédits et à maturité courte, renforcés par des programmes d'éducation financière pour stimuler la demande des consommateurs. En cinq ans seulement, le nombre de ménages utilisant les services des IMF a augmenté de 55 pour cent.15 Le ratio encours de prêts sur PIB dans le secteur des IMF s'établit à 1,9 pourcent, plus élevé que la moyenne de l'Afrique subsaharienne de 0,55 pourcent.16La portée du sous-secteur des IMF est particulièrement importante pour les femmes, dont l’adhésion a augmenté régulièrement, passant de 46 pourcent en 2011 à près de 50 pourcent du portefeuille d’encours total des IMF en 2017.
Opportunités pour les Institutions de Microfinance
Les IMF à Madagascar dispose d’un potentiel important pour servir une clientèle plus large, en particulier dans les régions rurales et éloignées, où le nombre de personnes qui n'ont pas accès aux services financiers est beaucoup plus élevé. L'enquête sur l'accès aux services financiers de 2016 a montré que 46 pourcent de la population rurale est totalement exclue du système financier, par rapport à 31 pourcent de la population urbaine. De plus, seulement 7 pourcent de la population rurale utilise des services bancaires formels, un niveau bien plus bas comparé à la population urbaine où plus de 25 pourcent est bancarisée (cf. Figure 29). Et bien qu'un nombre similaire d'hommes et de femmes soit exclu des services financiers, moins de femmes entrepreneurs utilisent les services financiers formels, ce qui représente un autre potentiel de croissance.
Comment pourraient d'autres services financiers saisir les opportunités de la révolution numérique?
15 Le taux de pénétration des ménages aux IMF a augmenté de 19,5 pourcent en 2011 à 31,6 pourcent vers 2016, Coordination nationale
de la finance inclusive, 2016. 16 Convergences (2016) Baromètre de la Microfinance 2016.
23
L'exclusion financière est particulièrement répandue en milieu rural
Les femmes ont davantage recours aux services financiers informels que les hommes Pourcentage de la population ayant accès aux
services financiers Pourcentage de la population ayant accès aux
services financiers
Figure 29: Figure 30:
Source: Finscope 2016
50454035302520151050
454035302520151050
Urbain Homme
Bancarisé BancariséAutreformel
Autreformel
Informelseulement
Informelseulement
Exclu Exclu
Rural Femme
Tableau 4: Le Secteur de la Microfinance – Faits saillants
739
19,50
45,91
246 925
0,84
195 492
0,666
820
24,60
47,03
387 682
1,23
309 434
0,98
937
29,60
48,51
506 946
1,75
487 462
1,69
784
22,69
45,92
314 791
1,07
233 530
0,794
890
28,10
48,33
444 144
1,40
382 182
1,21
949
30,40
48,88
562 322
1,90
510 473
1,72
Nombre de points de service
Taux de pénétration au niveau ménage (pourcentage)
Femmes clientes / membres (pourcentage)
Encours de prêts (millions Ar)
Crédit (pourcentage du PIB)
Encours d’épargne (million Ar)
Epargne (pourcentage du PIB)
2011 2013 20152012 2014 2016
Source : Coordination nationale de la finance inclusive (2016), Indicateurs de développement dans le monde, estimations effectuées par
les services de la Banque mondiale
L'expérience dans d'autres pays montre que l'extension des IMF dans plus de zones rurales présente des avantages significatifs. Par exemple, la disponibilité des services financiers dans les zones rurales en Inde a été associée à une augmentation de l'épargne et des crédits et à une réduction de 17 pourcent du ratio de pauvreté.17 Le développement d'un vaste réseau de succursales rurales a permis à son tour aux ménages ruraux d'accumuler plus de capital et d'obtenir des prêts pour des investissements productifs à plus long terme.
Parce que les IMF doivent avoir des bureaux pour effectuer
les transactions financières, elles ont du mal à s’étendre dans les zones géographiques éloignées. Composant les deux tiers de la population et combiné avec une faible densite de population (42 habitants par kilomètre carre en moyenne), l’accès de la population rurale aux IMF est rendu difficile à cause des mauvaises liaisons de transport et l’insécurité.
Plusieurs comptes de dépôt ‘inactifs’ sont déclarés par les IMF, qu'ils attribuent aux frais de transport élevés et à l'insécurité. Sept des 22 régions du pays principalement situées dans le centre de l'île près de la capitale et dans la zone reliant la capitale au port de Tamatave, avec accès
17 Robin Burgess et Rohini Pande, 2005. Do rural Banks matter? Evidence from the Indian Social Banking Experiment. The American
Economic Review, Vol.95, no.3.
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18 http://www.cgap.org/blog/interactive-sms-drives-digital-savings-and-borrowing-tanzania19 McKinsey & Company, 2016
aux infrastructures routières (Analamanga, Vakinankaratra, Alaotra Mangoro, Analanjirofo, Atsinanana, Sava et Itasy) accueillent plus de 65 pourcent des points de service de la microfinance.
Conscientes du potentiel de la monnaie électronique, trois IMF ont établi des partenariats numériques avec des opérateurs de réseaux mobiles, et se concentrent initialement sur le remboursement des prêts. Certaines IMF utilisent le SMS pour rappeler aux clients leurs conditions de remboursement de
crédit, communiquer de nouveaux produits et encourager l'épargne. Une étude menée en Tanzanie a montré que les clients qui ont reçu des messages encourageant l'épargne ont cinq fois plus de probabilité d'épargner que ceux qui ne reçoivent pas de tels messages.18 L'utilisation de la monnaie électronique offre également aux IMF la possibilité d'élargir leur portée et de limiter les risques de fraude, économisant ainsi 80 à 90 pourcent des coûts d'exploitation.19 (cf. Encadré 4 sur l'utilisation des solutions numériques par les IMF au Kenya et au Malawi).
Encadré 4: Des institutions de microfinance exploitant la technologie numérique au Kenya et au Malawi
Lancée en 2009 au Kenya, l'institution de microfinance Musoni a été le pionnier au début de l'année 2012 de l'utilisation des applications mobiles comme outils pour remplacer ses succursales physiques. Musoni a utilisé deux modèles dans son parcours de finance numérique : a) En partenariat avec les deux opérateurs de réseaux mobiles, Safaricom & Airtel, pour procéder au paiement sans
Afin d'accroître la couverture des zones rurales et de mobiliser des dépôts à faible coût, NBS Bank a élaboré le produit Pafupi, un compte d'épargne mobile conçu pour éliminer les obstacles à l'épargne formelle des populations rurales à faible revenu, en particulier les femmes. Les comptes peuvent être ouverts en
KENYA
MALAWI
numéraire afin de permettre à ses clients de recevoir et de rembourser leurs prêts en utilisant M-PESA et Airtel Money; b) un module SMS qui permet l'envoi de rappels de paiement. En outre, Musoni a équipé son personnel de tablettes et de l'application Musoni en remplacement des formulaires papiers. Jusqu’en 2015, 75 000 prêts ont été décaissés par Musoni pour un montant total de 23 millions USD.
moins de dix minutes à la porte des clients, et aucun document n'est requis, ce qui permet aux clientes de faire des opérations bancaires dans leur propre quartier. Les clients peuvent retirer ou déposer de l'argent à n'importe quel magasin qui sert d'agent de NBS Bank.
Source: Getting Digital Toolkit 1, United Nations Capital Development Fund, 2016 (Kenya) et MicroLead Handout VSLA, United Nations Capital
Development Fund, 2017 (Malawi)
Les changements règlementaires, avec l’adoption de la loi sur la monnaie électronique, la loi sur le Bureau de crédit et la loi sur la microfinance, favorisent la stabilité et la clarté dans le secteur financier.
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L'absence d'un système d'information de gestion (SIG) bien développé, a même de suivre les paiements en temps réel constitue l'un des facteurs majeurs freinant le développement des services financiers numériques des IMF à Madagascar. L'absence de SIG automatisé limite la capacité des IMF à intégrer les services mobiles et contribue à limiter la portée des contrôles internes. Pour certaines IMF, une mise à niveau du SIG existant est nécessaire avec une adaptation mineure pour permettre l'intégration avec les opérateurs de réseaux mobiles. Cependant pour les autres IMF, le SIG n'est pas automatisé et nécessite une refonte complète. Sans soutien extérieur, la plupart des IMF ne peuvent se permettre de mettre à niveau leur SIG. Comme le secteur est actuellement en cours de restructuration, de nombreuses IMF rechignent à investir de manière significative dans des infrastructures tant que l’avenir de leur institution n’est pas clair.
L'obligation de fournir des garanties, qui est censée s'appliquer à 82 pourcent de la clientèle, et peut atteindre jusqu'à 120 pourcent de la valeur du prêt pour le premier crédit constitue une autre contrainte à l'obtention d'un prêt. Les garanties peuvent inclure des matériels constitués par la non- dépossession20 de stocks (crédit bancaire de céréales), du matériel professionnel, des titres fonciers et des biens non matériels tels que des dépôts de 10 à 30 pourcent de la valeur du prêt, et une caution de groupe, qui peut être compliquée à démontrer. Dans ces circonstances,
les antécédents de remboursement d'un individu peuvent servir de “ garantie de réputation ” pour inciter les institutions financières à accepter les demandes de prêt. Afin d'accroître la disponibilité des informations pour les créanciers, une loi a récemment été promulguée sur les bureaux de crédit pour collecter et partager numériquement des informations sur les antécédents de crédit et de paiement des institutions financières participantes. Cette nouvelle loi pourrait accroître le potentiel de visibilité de la population essentiellement rurale auprès des institutions financières (cf. Encadré 5 pour plus d'informations.)
Même si la croissance du sous-secteur des IMF ait indubitablement créé des opportunités, le rythme de développement des services s'est fait aux détriment d’une détérioration de la qualité du portefeuille de crédit de certaines IMF. Le secteur a récemment vu l'échec d'un important réseau d'IMF tandis qu'un autre est sous administration temporaire. Une consolidation du secteur est attendue ainsi que l'introduction d'une supervision basée sur les risques. Une nouvelle loi sur la microfinance approuvée par le Parlement en décembre 2017 devrait conduire à un secteur financier plus stable et mieux supervisé, avec des niveaux plus élevés de confiance des clients de la microfinance par rapport au système notamment pour la sécurité de leurs dépôts (cf. Encadré 5 pour plus d'informations).
20 Gage sans dépossession de stocks : dans cette situation, l’emprunteur retient le possession matérielle et la propriété de la sûreté
donnée en garantie du prêt pendant la période de remboursement.
Le taux de pénétration bancaire à Madagascar est faible mais, en s’appuyant sur les expériences des autres pays, la technologie peut aider à adapter les modèles d’affaires afin de surmonter le défi d’un réseau bancaire espacé.
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Encadré 5: Modifications règlementaires majeures dans le Secteur financier
Depuis 2016, trois nouvelles lois portant sur le secteur financier ont été adoptées par le Parlement pour favoriser la stabilité et la clarté et mettre en place les conditions de base pour un plus large développement. Un résumé des modifications réglementaires est présenté ci-dessous.
La loi sur la monnaie électronique (Loi n°2016-056 sur la monnaie électronique et les établissements de monnaie électronique) a été approuvée par le Parlement le 2 février 2017 et les décrets d'application ont été publiés en septembre 2017.
• Objectif de la loi : définit la monnaie électronique, comment elle peut être utilisée, comment l'utilisateur est protégé, qui peut émettre de la monnaie électronique et comment les émetteurs de monnaie électronique sont règlementés.
• Caractéristiques innovantes majeures : crée un cadre permettant aux structures non-bancaires d'émettre de la monnaie électronique, afin d'ouvrir le marché et de promouvoir la concurrence.
• Impact sur l'inclusion financière : contribue à l'inclusion financière en utilisant la technologie pour donner accès à un compte de transaction.
La Loi sur le Bureau de crédit (Loi n° 045-2017: Loi régissant l’activité et le contrôle des bureaux d’information sur le crédit) a été mise en vigueur en février 2018.
• Objectif de la loi : règlemente le cycle de vie complet des bureaux privés d’information sur le crédit (autorisation, établissement, opérations, gestion, gouvernance, supervision, liquidation, etc.) et accorde une attention particulière aux droits des consommateurs en matière de confidentialité des données personnelles.
• Caractéristiques majeures : la loi fait pleinement écho aux Principes Généraux d’Évaluation de Crédit du Groupe de la Banque Mondiale (par exemple, exactitude et exhaustivité des données, sécurité et fiabilité rigoureuses du système, bonne gouvernance du bureau de crédit privé grâce à la transparence et à la supervision, droits suffisamment clairs et
non discriminatoires de l’emprunteur, possibilité de partage transfrontalier, ainsi que l'octroi d’agréments multiples pour créer un marché sain d’évaluation de crédit). De plus, le texte de loi est parfaitement harmonisé avec la loi existante sur la confidentialité des données appliquée à Madagascar et la jurisprudence associée.
• Impact sur l'inclusion financière : la loi a été conçue pour soutenir le changement rapide imposé par les nouvelles technologies et typologies de données, et pour anticiper la participation au mécanisme de bureau de crédit privé de tous les secteurs (financiers et commerciaux, supervisés et non supervisés, prêteurs traditionnels et nouveaux prêteurs fintech), augmentant ainsi de manière exponentielle les opportunités offertes à l'économie informelle pour accéder au crédit et devenir visible.
La loi sur la microfinance Loi n° 025/2017 du 27 septembre 2017 a été approuvée par le Parlement le 7 décembre 2017 et promulguée en février 2018.
• Objectif de la loi : améliorer la supervision des IMF en renforçant les pouvoirs du régulateur et en définissant une nouvelle stratégie d’octroi d’agrément.
• Caractéristiques innovantes majeures : examine le processus de traitement des IMF en difficulté, en introduisant une restructuration, une résolution et une fermeture forcée. Soutenue par des décrets d'accompagnement, la loi renforce la gestion basée sur le risque, améliore la gouvernance par le compte-rendu au superviseur et aux actionnaires, et améliore les contrôles internes au sein des IMF. Enfin, la loi introduit un fonds d'assurance-dépôts dans le cas où des ressources sont nécessaires pour rembourser l'argent résultant de la faillite d'une institution financière.
• Impact sur l'inclusion financière : les IMF fournissent des services financiers à ceux qui sont exclus par les banques formelles. En renforçant la réglementation et la supervision des IMF, la loi (et les textes qui l'accompagnent) contribuera à améliorer la qualité et la résilience des IMF et des services qu'elles offrent à une population non desservie ou mal desservie.
Source : Banque centrale de Madagascar
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Source: FMI FAS 2017
Les banques peuvent jouer un rôle important dans la promotion de l'inclusion financière, notamment en fournissant des services financiers et de crédit aux moyennes et grandes entreprises, ce qui peut stimuler davantage la croissance et créer des emplois. Actuellement, le secteur bancaire de Madagascar se caractérise par des niveaux élevés de rentabilité mais
Plusieurs facteurs contribuent à la faible pénétration bancaire. Les banques à Madagascar appliquent des frais de tenue de compte élevés, ce qui dissuade les clients potentiels, en particulier en raison de la pauvreté généralisée. Les exigences pour l'ouverture d'un compte constituent également un obstacle, comme la nécessité de présenter des documents d'identification qui peuvent être coûteux. À l'instar des IMF, les banques doivent également avoir des agences mais qui sont regroupées dans des zones urbaines. L'extension vers les zones rurales coûte cher pour les banques alors que la clientèle potentielle est faible.
Opportunités pour les Banques
de faibles niveaux de pénétration bancaire. Par exemple, par rapport aux pays pairs d'Afrique, on estime qu'il n'y a que 97,3 comptes de dépôt pour 1 000 adultes, un niveau comparable à celui de pays tels que le Soudan du Sud et le Tchad. Moins de 3 pourcent de la population ont accès au crédit bancaire (FMI FAS 2017).
Ces facteurs ont un effet d'entraînement sur le crédit bancaire. Premièrement, parce que les banques ont du mal à attirer des dépôts, le coût du financement des banques est élevé et les prêts sont risqués. Par conséquent, les banques ne proposent que des crédits à taux d'intérêt élevés. Deuxièmement, les banques sont découragées de proposer des crédits aux candidats qui n'ont pas d'antécédents de crédit formels et qui ne peuvent offrir des états financiers de qualité suffisante. Le bureau privé d’information sur le crédit devrait aider à résoudre cette situation. Troisièmement, beaucoup de Malgaches ne peuvent offrir suffisamment de garanties ou – s’ils le
Moins de 10 pourcent des Malagasy ont un compte de dépôt – un des niveaux les plus bas en AfriqueComptes de dépôt à des banques commerciales par 1 000 adultes
Figure 31:
TchadGuinée
Soudan du SudMadagascar
ZimbabweComoros
MauritanieGuinée Equatoriale
RwandaOuganda
ZambieMozambiqueGambia, The
SwazilandGhana
NigeriaBotswana
Sao Tomé et PrincipeNamibie
KenyaAfrique du Sud
SeychellesMaurice
0 500 1,000 1,500 2,000 2,500
21 Une étude de taux d'intérêt réalisée en 2016 à Madagascar a révélé des écarts de taux d'intérêt effectifs entre 11% et 127%. Les écarts
étaient encore plus élevés et plus variables parmi les IMF. Le superviseur du secteur financier n'a pas mis en place de plafonds ou de
restrictions de taux d'intérêt. Les taux d'intérêt sont fixés aux taux déterminés par le marché.
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font - l'opposabilité de cette garantie devant les tribunaux est mise en doute. Les préoccupations concernant les garanties ont été accentuées par l'absence d'un registre de garanties centralisé. Quatrièmement, la demande de crédit est limitée, étant donné que beaucoup de micro-entreprises n'ont pas de modèle d'entreprise qui peut être rentabilisé ou n'ont pas l'esprit d'entreprise pour étendre leurs activités.
L'expérience dans d'autres pays montre que les banques peuvent adapter leur modèle d'affaires et utiliser la technologie pour promouvoir l'inclusion financière. Par exemple, en investissant dans l'interopérabilité (qui fait
La loi sur le Bureau privé de crédit récemment promulguée devrait aider à réduire le risque pour les banques qui prêtent à de nouveaux clients en fournissant des informations sur les clients potentiels. Une garantie de portefeuille partielle pour les crédits (GPPC) par les banques et les IMF aux MPME en activité depuis plus de trois ans a permis d'augmenter les prêts des banques et des IMF aux MPME.22 Dans le cadre de ce programme, le
référence à l'échange d'informations entre banques via des plateformes logicielles liées), les fonds pourraient être retirés via l’agence ou le guichet automatique d'une autre banque, ce qui aiderait à surmonter la difficulté créée par un réseau bancaire espacé. Dans des pays comme le Kenya, les banques ont trouvé de nouveaux moyens de rivaliser et de collaborer sur un marché de plus en plus numérique et mobile de services financiers, en travaillant en étroite collaboration avec les opérateurs de réseaux mobiles (cf. Encadré 6). Les banques peuvent également contribuer à la promotion d'une culture d'épargne en offrant un accès aux comptes de transaction comme première étape de fourniture d'autres services financiers.
Fonds GPPC garantit 50 pourcent des crédits accordés aux emprunteurs éligibles. Les critères d'éligibilité sont convenus entre le prêteur et le Fonds. Une garantie de portefeuille est caractérisée par l'automaticité puisque chaque crédit satisfaisant les critères d'éligibilité doit être enregistré sur la garantie. Des appels de garantie éligibles sur des prêts en défaut sont payés par le Fonds dans un délai de trente jours.
Encadré 6: Comment les banques au Kenya innovent pour accroître l'inclusion financière
Le secteur financier au Kenya a été caractérisé par la croissance rapide de l'argent mobile, avec une grande partie de la population utilisant le téléphone pour envoyer, recevoir et épargner de l'argent. Se basant sur ce succès, les banques ont adapté leurs modèles d'entreprise et le nombre de comptes bancaires dépasse maintenant celui des comptes d'argent mobile.
L'Association des banquiers du Kenya a mis en place un système d'interopérabilité pour les petits montants grâce au déploiement de PesaLink, un système de paiement en temps réel qui permet des transferts de faible valeur entre institutions. Le système est maintenant géré par une entité nouvellement créée, appartenant à une banque, appelée Integrated Payment Systems Limited, qui gère le commutateur de paiements prennant en charge les transactions.
Le nouveau système permet aux clients ayant des comptes dans les banques participantes de s'envoyer de l'argent
facilement et instantanément. Un expéditeur désigne simplement un destinataire en entrant son numéro de téléphone (ou son numéro de compte si le destinataire n'a pas de téléphone enregistré). Ce système de paiement intuitif rapproche un peu plus le secteur des paiements interbancaires du monde de M-PESA et de la population de plus en plus encline au système mobile et à faible revenu du Kenya.
Le système PesaLink fait partie d'un effort plus large visant à améliorer la coordination entre les banques tels que l'amélioration de la connectivité ATM et des services de fraude. En collaborant avec M-PESA, le système PesaLink est capable d'augmenter sa portée (les banques au Kenya ont environ 15 000 points d'accès par rapport à 65 000 agents d'argent mobile). Bien que PesaLink soit encore à ses débuts, une leçon claire émerge sur la façon dont l'argent mobile peut inciter l'innovation dans le secteur bancaire, pour servir de plus en plus les clients à faible revenu.
Source : Groupe Consultatif d’Assistance aux pauvres, Banque mondiale, 2017
22 Ce fonds a été mis en place et soutenu par la Banque mondiale dans le cadre du «Projet d'Appui aux Services Financiers (PASEF)» de
4 millions de dollars des Etats Unis, qui a permis d'octroyer des crédits de plus de 46 millions de dollars des Etats Unis aux MPME. Le
nouveau projet d'inclusion financière de la Banque mondiale a ajouté 8 millions de dollars des Etats Unis à la dotation.
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Encadré 7: Madagascar –Stratégie nationale pour l’inclusion financière (2018-2022)
Source : Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (2018- 2022)
23 Cette figure se réfère au pourcentage de la population totale ayant accès aux banques et aux autres institutions financières formellles.
La Stratégie nationale pour l'inclusion financière 2018-2022 a été adoptée dans le but d'augmenter le nombre d'adultes ayant accès aux services financiers formels de 29 pourcent en 2016 à 45 pourcent en 2022.22 La stratégie repose sur trois piliers stratégiques centrés sur (i)
l'éducation financière et la protection des consommateurs ; (ii) l'accès et l'utilisation des services financiers ; et (iii) le renforcement du cadre réglementaire et institutionnel. (Cf. Encadré 7 pour plus d'informations sur la stratégie)
Quel serait le futur pour l’inclusion financière à Madagascar?
Education financière et protection des consommateurs : grâce à (i) l'amélioration de l'éducation financière de toutes les catégories de la population pour une meilleure inclusion financière ; (ii) campagne
Accès et utilisation des services financiers : (i) mobilisation de l'épargne pour faire face aux chocs et constituer un capital productif ; (ii) élaboration d’un créneau d'opportunités d'assurance pour la résilience et la
Renforcement des politiques, du cadre juridique et institutionnel : (i) création d’un environnement propice à l'inclusion financière ; (ii) renforcement de la capacité institutionnelle de la Commission
La stratégie d'inclusion financière repose sur trois piliers stratégiques visant à hiérarchiser les réformes autour d'une vision commune.
La mise en œuvre de la SNIF est coordonnée par la Commission nationale de l'inclusion financière, qui assure le secrétariat du comité de pilotage et réalise la coordination des différents groupes de travail techniques et stratégiques, y compris le cadre de suivi et évaluation de l'inclusion financière.
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d'information et de communication pour promouvoir l'inclusion financière ; et (iii) protection du service aux consommateurs pour créer un climat de confiance entre la population et les fournisseurs.
productivité; (iii) optimisation de l'utilisation d'un système de paiement pour promouvoir le commerce et la résilience et (iv) proposition d’ un crédit ciblé pour élargir les opportunités économiques.
nationale pour l'inclusion financière et le régulateur du secteur financier ; et (iii) établissement d’un climat de confiance entre les fournisseurs de services financiers et le système judiciaire.
L’essor de la banque mobile offre de larges opportunités pour accroître l’inclusion financière et montre comment les institutions de microfinance et les banques peuvent également utiliser la technologie pour promouvoir l’accès.
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Bien que 41 pourcent de la population soit exclue du système financier, il y a néanmoins eu une évolution importante dans le secteur pour accroître l'accès. Notamment, les opérateurs de réseaux mobiles ont réussi à augmenter les services bancaires mobiles, y compris pour ces personnes qui n'ont pas les moyens de se payer un téléphone mobile et qui n'ont pas accès à l'électricité. L’augmentation de 55 pourcent de la pénétration du marché de l'argent mobile en seulement
cinq ans est un succès remarquable et un reflet de l'innovation dans la pratique lorsque les entreprises sont disposées à s'adapter et qu'il existe un environnement favorable. Les opportunités majeures comprennent l'extension de la banque mobile, l'encouragement des IMF et des banques à tirer profit de la technologie, et l'accroissement de l’éducation financière pour soutenir l'adoption des services financiers afin de promouvoir l'entrepreneuriat et la croissance.
Conclusion
La stratégie vise à améliorer tant l'offre de services financiers que la demande de produits financiers. L'amélioration de la fourniture de services financiers est envisagée grâce à l'utilisation de sources de données nouvelles et existantes pour évaluer les emprunteurs de manière innovante, permettant de gérer le risque de crédit des MPME qui autrement pourraient être non-bancables. L'utilisation d'un système d'information de gestion automatisé devrait également améliorer la transparence et la gouvernance des institutions financières, en particulier pour les IMF. Des paiements numériques sont envisagés pour les paiements du gouvernement afin d'améliorer l'inclusion financière par le biais des paiements entre gouvernement et individus. La demande de services financiers devrait s'améliorer en investissant dans l'éducation financière, afin que les particuliers et les entreprises puissent prendre des décisions éclairées sur les services financiers. La promotion de la protection des consommateurs financiers devrait renforcer la confiance vis-à-vis des services financiers formels et encourager
l'inclusion financière.
Enfin, des améliorations à l'ensemble de l'infrastructure du système financier sont attendues grâce à la modernisation de la chambre de compensation automatisée existante et des systèmes de paiement de grande valeur, ainsi qu'à la mise en place d'un SWITCH national pour les transactions de cartes et de monnaie électronique. Le système de paiement national devrait faciliter les transactions entre les comptes de différentes institutions financières. L'infrastructure du secteur financier devrait également être améliorée grâce à l'établissement d'un registre de garantie. Il n'existe actuellement aucun système structuré de transactions sécurisées à Madagascar, ce qui crée une incertitude quant à l'applicabilité des droits de garantie en cas de défaillance et dissuade les prêts. Pour développer un registre de garanties, une vaste réforme des transactions sécurisées devrait être établie, suivie d'un registre électronique centralisé basé sur le Web.
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www.huffingtonpost.com/footnote/how-mobile-banking-is-tra_b_12944438.html• IMG_0092. Photo Credit: Ryan Albrey. Novembre 23, 2014. Flickr.• 'Trusted, Localized Information.' Human International Network. Crédit Photo: Erik HASH Hersman. http://hni.org/
blog/features/1641/
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