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Université de Paris I Panthéon-Sorbonne LICENCE 2 UFR d’Économie SEMESTRE 1 MACROÉCONOMIE Chargés de cours : Elisabeth CUDEVILLE et Falilou FALL BROCHURE DE TRAVAUX DIRIGÉS Année universitaire 2013-2014 1

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Université de Paris I Panthéon-Sorbonne LICENCE 2 UFR d’Économie SEMESTRE 1

MACROÉCONOMIE

Chargés de cours : Elisabeth CUDEVILLE et Falilou FALL

BROCHURE DE TRAVAUX DIRIGÉS

Année universitaire 2013-2014 

1

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Universite Paris 1 Pantheon-Sorbonne

Licence 2

Annee Academique 2013-2014

Premier Semestre

TD 1 - Introduction : Objet et methode de la macroeconomie

Document : Evolution tendancielle et evolution cyclique : PIB, chomage, prix et inflation.

1. Caracterisez l’evolution des differentes grandeurs macroeconomiques presentees dans ce document apres

avoir rappele leurs definitions.

2. Ces evolutions sont-elles regulieres ?

3. A quels phenomenes s’interessent les analyses economiques du cycle et de la croissance ?

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Exercice 1 : Les grandeurs macroeconomiques.

Considerons une economie de taille extremement reduite dans laquelle il n’existe que deux biens produits : des

avions et des automobiles. Le tableau suivant donne les quantites produites de biens et leurs prix respectifs

pour les annees t et t + 1.

Table 1 – La Production

Annee Automobile Avion

Quantite t 100 10

t + 1 100 11

Prix unitaire t 100 1000

t + 1 110 900

Emploi (effectifs) t 50 100

t + 1 50 102

1. Pour les deux annees considerees, calculez le PIB nominal et le PIB reel (l’annee t sera l’annee de base).

2. Determinez le taux d’inflation entre t et t + 1.

3. Calculez le taux de chomage sachant que le nombre de chomeurs est de 20 en t et de 25 en t + 1.

Commentez.

4. Calculez le taux de participation sachant que la population en age de travailler est de 200. Commentez.

5. Expliquez la distinction entre variables de flux et variables de stocks. Classez les differentes grandeurs

considerees entre ces deux categories de variables.

Exercice 2 : L’identite comptable du marche des biens.

Table 2 – Les soldes macroeconomiques (% du PIB)

Soldes (S − I) (T −G) (X −M)

Union Europeenne 2,8 -2,5 0,3

Etats-Unis -4,7 1,0 -3,7

Japon 10,3 -7,6 2,7

Source : Perspectives economiques de l’OCDE, dec. 1999

avec (S − I) l’epargne nette privee, (T −G) l’excedent budgetaire et (X −M) l’excedent commercial.

1. Retrouvez la relation entre ces trois soldes.

2. Comment s’interprete-t-elle ?

3. Quelle est la nature de cette relation, que reflete-t-elle ? Expliquez.

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Texte 1 : « L’economique en tant que science » (extrait), Maurice Allais, Revue d’Economie Po-

litique, 1966, p. 5-30.

1. Presentez les differentes etapes du raisonnement economique.

2. Existe-t-il un conflit entre l’abstraction et la realite ?

Texte 2 : « Les raisons des desaccords entre economistes », Joseph E. Stiglitz et Carl, E. Walsh,

extrait de l’ouvrage Principes d’economie moderne, 2eme edition, De Boeck, 2004.

Qu’entend-on par economie positive et economie normative ?

Texte 3 : « Quelle vie apres le PIB ? », Anne Bauer, paru dans les Echos, lundi 14 septembre 2009.

1. Les economistes considerent-ils que l’objectif d’une societe est d’atteindre un niveau de PIB maximal ?

2. Les debats autour du PIB comme indicateur de bien-etre sont-ils du domaine du positif ou du normatif ?

Peuvent-ils etre tranches par un groupe d’experts ? Pourquoi ?

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Texte 2 : « Les raisons des desaccords entre economistes », Joseph E. Stiglitz et Carl, E. Walsh,

extrait de l’ouvrage Principes d’economie moderne, 2eme edition, De Boeck, 2004.

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Texte 3 : « Quelle vie après le PIB ? », Anne Bauer, paru dans les Echos du 14/09/2009.

La plupart des économistes en sont convaincus, la notion de produit intérieur brut ne suffit plus à mesurer la performance économique. Mais comment prendre en compte, outre la production de richesse, les inégalités sociales, la qualité de la vie, celle de l'environnement ? Le prix Nobel américain Joseph Stiglitz remet aujourd'hui à Nicolas Sarkozy son rapport sur le sujet.

La crise a prouvé que la croissance mesurée aux Etats-Unis était erronée. Les bénéfices n'étaient pas corrects, les investissements non plus. Tout était faux. » Fichtre ! Qui a trafiqué les chiffres ? Les gouvernements, les banquiers, les économistes ? Personne. Comme l'explique le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz dans une interview accordée au magazine « Challenges », « il n'est pas facile de chiffrer la complexité de notre réalité, mais on peut trouver de bien meilleurs instruments de mesure que ceux du PIB ».

Voilà donc le coupable désigné : le fameux produit intérieur brut, alpha et oméga de notre mesure de la croissance économique, a failli. Au moins a-t-il aveuglé ses disciples, persuadés que hausse du PIB rimait avec richesse et bien-être. Pourtant, le PIB a doublé au cours des vingt-cinq dernières années, et les inégalités culminent à un niveau jamais enregistré dans l'histoire, puisqu'un cinquième de l'humanité se partage 2 % du revenu mondial, tandis que les écarts d'espérance de vie ont dépassé quarante ans d'un point à l'autre de la planète ! Le doublement du PIB s'est aussi accompagné d'une dégradation de 60 % des écosystèmes. Enfin, cet indicateur, qui ajoute aux valeurs produites dans la sphère marchande les coûts de production des services non marchands, n'a pas fourni la moindre alerte sur les risques liés à l'emballement des services financiers. Alors est-il temps de l'abandonner ? Si oui, par quoi le remplacer ? Au moins est-il nécessaire de se « désintoxiquer », plaide Joseph Stiglitz, qui remet aujourd'hui à Nicolas Sarkozy le rapport commandé en janvier 2008 sur « la mesure de la performance économique et du progrès social ».

A vrai dire, quand le président de la République a confié cette étude à Joseph Stiglitz, il songeait moins à une remise en cause du PIB qu'au divorce croissant entre la statistique et l'opinion publique. Tandis que le PIB par tête ne cesse d'augmenter, les citoyens se plaignent d'un « reste à vivre » en constante diminution. Depuis, la récession a frappé sans qu'aucun économiste ou presque ne l'anticipe, et les dirigeants du monde scrutent avec angoisse la ligne d'horizon fuyante du PIB. La conférence programmée aujourd'hui dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne autour de la remise de ce rapport, fruit du travail de 25 économistes, dont 5 prix Nobel (1), sera-t-elle l'occasion d'un grand mea culpa ?

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Le paradoxe d'abondance

Nous n'avons pas trouvé par quoi remplacer le PIB, mais nous sommes tous d'accord sur ses insuffisances et la nécessité de le compléter, reconnaissent les membres de la commission. Le rapport va donc officialiser les failles de cet agrégat, incapable de mesurer la qualité de la vie, puisqu'il ne compte pas l'activité bénévole, ni les loisirs, mais additionne en revanche le carburant consommé dans les embouteillages ou le nettoyage des plages après une marée noire. Un indicateur qui ne dit rien des inégalités : « Si Bill Gates entre dans un bar, le revenu moyen de tous les consommateurs est automatiquement multiplié par 1.000 », ironise Xavier Timbaud, économiste à l'OFCE, rapporteur des travaux de la commission. Un indicateur de croissance, mais pour qui, jusqu'où et à quel prix ? Au-delà d'un certain revenu, la perception du bien-être n'augmente plus, c'est ce qu'on appelle le paradoxe d'abondance. Le « happy planet index », mis au point par la New Economic Foundation, révèle qu'au-delà de 15.000 dollars de PIB par habitant, il n'y a plus aucune corrélation entre la satisfaction des citoyens et la hausse des revenus. Peu importent les démonstrations, chacun comprend que si les Chinois étaient équipés de voitures comme les Américains, la totalité de la production pétrolière actuelle n'y suffirait pas. Le bonheur ne pourra donc se mesurer à l'aune du PIB américain, faute de planète de rechange. Il faut inventer une nouvelle croissance.

La critique s'embourgeoise

« Une prise de conscience, déclenchée par l'urgence écologique et la montée des inégalités, a eu lieu. Rares sont aujourd'hui les économistes qui ne pensent pas qu'il faut aller au-delà du PIB. Au sein de la commission, le débat a surtout porté sur la radicalité des propositions à faire », explique Jean Gadrey, professeur émérite d'économie à Lille et membre de la commission. Autrefois réservée à des économistes iconoclastes, aux mouvements écologistes et à la nébuleuse altermondialiste adepte du rapport Halte à la croissance du Club de Rome de 1970 et du rapport Brundtland de 1987 sur le développement durable, la critique de la « dictature du PIB » s'embourgeoise… Depuis trois ans, l'OCDE, la Banque mondiale, la Commission européenne ont relancé la recherche de nouveaux indices afin de mesurer le progrès des sociétés autrement qu'à travers le prisme du PIB. La Commission européenne, qui travaille depuis quinze ans sur le calcul d'un PIB vert, promet ainsi de finaliser un « indice de pression environnementale » l'an prochain.

Président du Conseil d'analyse économique, Christian de Boissieu confirme : « Je suis un économiste classique, loin des altermondialistes, mais il est clair que le PIB ne tient pas compte des externalités, de l'épuisement des ressources naturelles, de la nécessité de diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre. Il est temps de mieux articuler des problématiques jusqu'ici séparées, sociales, environnementales, économiques. Depuis trente ans, les institutions internationales cherchent des indicateurs multidimensionnels et pluridisciplinaires, on attend des sauts qualitatifs. »Xavier Timbaud souligne lui aussi que les économistes doivent sortir de leur appareil de comptabilité nationale pour répondre aux questions portées par la société civile et apporter des données solides pour éclairer le débat.

Des questions très politiques

Mais comment trier les informations et établir un système normalisé ? Là, les querelles réapparaissent. De l'indice de développement humain à l'indice de santé sociale, en passant par des tentatives de PIB vert, dans lequel les dommages environnementaux viendraient en déduction du PIB, de très nombreux travaux existent. Aucun système de mesure ne fait l'unanimité. Chacun retrouve ses réflexes défensifs. « D'accord pour trouver de nouvelles normes, mais je ne crois pas à la magie d'un indicateur unique. Prenez la pauvreté, comment la mesurer ? Par la méthode de Gini, par la situation du décile inférieur, par les écarts de déciles ? Ce débat n'a jamais été tranché, tant la question est politique », souligne l'économiste Jean Pisani-Ferry. Même scepticisme du côté de Jean-Paul Betbèze, directeur des études économiques au Crédit Agricole :« Ce débat sur les indicateurs est aussi ancien que l'économie politique, John Stuart Mill évoquait déjà “ l'état stationnaire ” », ou de Jean Hervé Lorenzi : « Il n'existe pas d'indicateur du bonheur. »

Compléter le tableau de bord

Abandonner le PIB ? Impossible. Pour les économistes, c'est l'équivalent du système métrique. « En réalité, on pourrait construire un PIB corrigé, en pondérant de manière monétaire des externalités négatives, mais il y a un énorme problème d'acceptabilité, tempère le spécialiste du climat Jean-Marc Jancovici. Car cela reviendrait à accepter toute l'horreur de passer d'un monde infini, celui de la croissance éternelle du PIB, à un monde fini, celui des ressources naturelles limitées. Et je ne crois pas possible de convertir les milliers d'experts de la comptabilité nationale, qui ont bâti lentement un système statistique normé et sérieux et sont les véritables gardiens du temple. »

Au moins pourrait-on compléter le PIB par un indice social et un indice environnemental qui feraient partie du tableau de bord sans cesse ausculté par les puissants ? Rêvons un peu. Au lieu de « Nous tablons sur une baisse de 1,4 % du PIB mondial et un retour de la croissance en 2010 », le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, déclarerait : « La croissance est atone mais les indices de bien-être s'améliorent et les émissions de CO2 sont orientées à la baisse ». Après tout, ce serait quand même deux bonnes nouvelles au sein des trois piliers du développement durable.

ANNE BAUER, Les Echos

(1) Outre Joseph Stiglitz, il s'agit d'Amartya Sen, de Kenneth Arrow, de James Heckman et de Daniel Kahneman.

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Premier Semestre

TD 2 - Le modele IS/LM : la courbe IS

Questions :

1. Pourquoi les prix sont-ils supposes fixes dans le cadre du modele IS-LM ?

2. Definissez la relation IS. Pourquoi cette relation est-elle generalement decroissante dans le plan revenu

- taux d’interet (Y, i) ? Dans quel cas est-elle verticale ?

3. Pourquoi la production d’equilibre — ou encore le PIB — est-il determine par la demande de biens

adressee aux entreprises dans le modele IS-LM ?

4. Expliquez pourquoi dans le modele IS-LM, il est plus efficace d’augmenter les depenses publiques pour

relancer l’activite que de reduire les impots d’un meme montant.

Exercice : Repartition et equililibre macroeconomique

Supposons une economie peuplee de deux types de consommateurs 1 et 2 (salaries/capitalistes, ou emprun-

teurs/creanciers, ou jeunes/vieux,....) aux comportements de consommation differents decrits par les relations

suivantes : C1 = c1(Y1 − T1) et C2 = c2(Y2 − T2) avec c1 et c2 des constantes positives et inferieures a 1. Le

revenu total dans l’economie est Y = Y1+Y2 avec Y1 les revenus agreges des agents de type 1 et Y2 les revenus

agreges des agents de type 2, T1 et T2 les impots payes respectivement par ces deux categories d’agents. Les

impots payes par chaque categorie d’agents sont proportionnels a leur revenu : T1 = t1Y1 et T2 = t2Y2 avec t1

et t2 les taux marginaux d’imposition respectifs des agents de types 1 et 2. On notera α la part des revenus

des agents de type 1 dans le revenu total.

1. Montrez que la consommation agregee C = C1 + C2 peut s’ecrire comme une fonction lineaire du revenu

total du type C = cY avec c un reel positif.

2. De quoi depend c ? Comment l’interpreter ?

3. Sachant que les parametres c1 et c2 qui refletent les comportements de consommation des agents sont

supposes invariants, quels sont les variables susceptibles d’influencer C1, le niveau de consommation des

agents de type 1, C2, celui des agents de type 2 et enfin C, la consommation agregee ?

4. A quelle condition la repartition du revenu global entre les deux categories d’agents 1 et 2 est neutre sur

la consommation agregee ?

5. Supposons que l’economie consideree soit par ailleurs conforme aux hypotheses du modele IS/LM elemen-

taire (investissement exogene). Le gouvernement souhaite relancer l’activite sans modifier le niveau de ses

depenses ni le montant global des impots. Que peut-il faire ? Expliquez.

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Premier Semestre

TD 3 - Le modele IS/LM : la courbe LM et l’equilibre general

Questions

1. Definissez la relation LM. Pourquoi cette relation est-elle generalement croissante dans le plan (Y, i) ?

2. Dans le cadre du modele IS-LM, comment reduire un deficit budgetaire tout en maintenant constante la

production d’equilibre ? Vous appuierez votre raisonnement sur une representation graphique. Citez une

experience historique recente illustrant cette situation en vous aidant du manuel d’O. Blanchard et D.

Cohen.

3. Quelles sont les consequences d’une politique budgetaire expansionniste et d’une politique monetaire

restrictive sur le taux d’interet, la production et l’emploi d’equilibre ? Vous appuierez votre raisonnement

sur une representation graphique. Citez une experience historique recente illustrant cette situation en vous

aidant du manuel d’O. Blanchard et D. Cohen.

Exercice : L’equilibre macroeconomique

(inspire de Macroeconomie, Olivier Blanchard et Daniel Cohen, 4eme ed., chap.7)

Considerons une economie caracterisee par les comportements suivants :

C = 0, 8(Y − T ) + 10

I = −αi+ 15

Md = P (Y − 0, 1i)

ou Y represente le revenu total des menages, T les impots, i le taux d’interet, Md la demande d’encaisses

nominale et P le niveau general des prix. α est un reel positif ou nul. Les impots, les depenses publiques et

l’offre nominale de monnaie sont fixes de maniere exogene par le gouvernement respectivement au niveau T ,

G et M .

1. Commentez la fonction de consommation. Quelle est l’influence des impots sur la consommation ? Defi-

nissez et calculez la propension marginale a consommer le revenu disponible.

2. Commentez la relation d’investissement. Que representent le parametre α ?

3. Ecrivez la relation d’equilibre sur le marche des biens en expliquant votre demarche.

4. Comment s’appelle cette relation ? Representez-la dans le repere (Y, i) pour α = 0 et pour α > 0. Expliquez.

5. La relation d’equilibre sur le marche des biens suffit-elle a determiner le revenu d’equilibre macroecono-

mique ? Expliquez.

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6. Representez graphiquement, dans le repere (Y, i), l’effet sur la relation d’equilibre sur le marche des biens

d’une augmentation des depenses publiques de ∆G d’une part et d’une augmentation des impots de ∆T

d’autre part. Expliquez.

Dans un premier temps, on suppose que α = 0.

7. Determinez l’expression du revenu d’equilibre macroeconomique en fonction de G et T . Calculez le pour

un niveau de depenses et d’impots de G = T = 10

8. L’Etat decide d’augmenter ses depenses d’un montant supplementaire ∆G. Quelle est la variation ∆Y du

produit d’equilibre macroeconomique qui en resulte ? (Indication : les impots T ne varient pas). Comment

appelle-t-on le rapport ∆Y/∆G entre la variation du PIB d’equilibre et la variation des depenses publiques ?

Comment s’interprete-t-il ? Illustrez graphiquement.

9. Comparez avec une hausse des depenses publiques financees par impot (Indication : les impots T varient

du meme montant que les depenses publiques). Illustrez graphiquement et expliquez.

On suppose maintenant que α > 0.

10. Determinez la relation d’equilibre sur le marche de la monnaie en expliquant votre demarche. Comment

s’appelle cette relation ?

11. Commentez la fonction de demande de monnaie. Quelle est l’influence du revenu et du taux d’interet sur

la demande d’encaisses reelles ? Expliquez.

12. Representez graphiquement, dans le repere (Y, i), l’effet sur la relation d’equilibre sur le marche de la

monnaie d’une augmentation de l’offre nominale de monnaie M . Expliquez.

13. Determinez le produit d’equilibre macroeconomique (Indication : eliminez par substitution le taux d’in-

teret des relations IS et LM). Deduisez-en le multiplicateur des depenses publiques.

14. Le multiplicateur que vous avez obtenu est-il plus fort ou plus faible qu’en 8. ? Expliquez.

15. Determinez le multiplicateur monetaire. Comment s’interprete-t-il ? Expliquez les mecanismes econo-

miques a l’oeuvre.

16. Calculez la variation de l’offre nominale de monnaie ∆M necessaire pour maintenir la production

constante suite a la hausse de ∆G des depenses publiques (∆T=0).

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Premier Semestre

TD 4 - Le modele IS/LM et les politiques economiques

Exercice

On considere une economie fermee caracterisee par les comportements suivants :

C = 0, 9(Y − T ) + 10

I = 20 − i

L = Y − 10i

G = G ; T = T ; mS = m

ou Y,C, I, T,G, L,mS representent respectivement le revenu, la consommation, l’investissement, les impots,

les depenses publiques, la demande et l’offre de monnaie, toutes ces grandeurs etant exprimees en termes

reels et i le taux d’interet. G, T et m representent le niveau exogene des depenses publiques, des impots et

de l’offre de monnaie.

1. Definissez la courbe IS, ecrivez son equation et representez-la graphiquement.

2. Definissez la courbe LM, ecrivez son equation et representez-la graphiquement.

3. Definissez l’equilibre macroeconomique et determinez le revenu, le taux d’interet et l’investissement

d’equilibre.

4. Calculez l’effet d’une augmentation des depenses publiques de 10% sur le revenu, le taux d’interet et l’in-

vestissement d’equilibre. Expliquez ces effets en decrivant rigoureusement les mecanismes economiques

a l’oeuvre.

5. Mesurez et expliquez precisement l’effet d’eviction provoque par les depenses publiques en vous aidant

d’une representation graphique.

6. Determinez la variation de l’offre de monnaie en fonction des depenses publiques qui, en annulant

l’augmentation du taux d’interet, permettrait d’eliminer l’effet d’eviction.

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Texte 1 : « L’aveuglement fatal du gouvernement », R. Ranciere, Liberation, 3 septembre 2012.

1. Pourquoi les stabilisateurs automatiques rendent difficile la reduction de la dette publique ?

2. Pourquoi la taille du multiplicateur des depenses publiques est-elle cruciale ?

Texte 2 : « La grande depression », Gregory Mankiw, extrait du chapitre 13 du manuel de Macroe-

conomie, De Boeck Universite, pp. 350-353, 2003.

1. Representez graphiquement l’hypothese de la depense. Est-elle compatible avec l’observation ?

2. Representez graphiquement l’hypothese monetaire. Est-elle compatible avec l’observation ?

Textes 3 et 4 : L’experience Japonaise

1. Quelles sont les similarites entre la depression japonnaise des annees 1990 et la crise actuelle ?

2. Definissez la situation de trappe a liquidite. Quel probleme specifique pose-t-elle aux decideurs de la

politique economique ? Illustrez graphiquement.

3. Quelles sont les preconisations de P. Krugman pour relancer l’economie americaine ?

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ÉCONOMIE

L’aveuglement fatal du gouvernement

3 septembre 2012 à 19:46

Par ROMAIN RANCIÈRE est chercheur à l'Ecole des Ponts et professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris.

Le programme économique de François Hollande devait combiner la réduction des déficits publics et le retour à

la croissance. Cent jours plus tard, et après plusieurs révisions à la baisse des prévisions de croissance du

produit intérieur brut (PIB) pour 2013 et au delà, il apparaît clairement que la réduction à marche forcée des

déficits publics - de 5,2% du PIB en 2011 à 3% du PIB en 2013 - a fortement entamé les perspectives de

reprise économique. La raison tient en ce concept central de la théorie keynésienne : le multiplicateur

budgétaire, c’est-à-dire l’effet de contraction sur l’activité économique induit par une hausse des impôts

(multiplicateur fiscal) ou une réduction des dépenses publiques (multiplicateur des dépenses publiques).

Un multiplicateur des dépenses publiques égal à 1 signifie qu’une réduction des dépenses de 1% du PIB

entraîne une réduction du PIB aussi égale à 1%. Sachant que les recettes fiscales correspondent à peu près à

50% du produit intérieur brut, cela implique qu’in fine la réduction du déficit budgétaire ne sera pas de 1% du

PIB mais seulement de 0,5% puisque 0,5% de recettes fiscales aura été perdu à cause de la baisse de l’activité.

Si bien que, si l’objectif de départ était une réduction du déficit de 1%, le gouvernement devra pour l’atteindre

s’engager dans de nouvelles réductions des dépenses avec des effets négatifs additionnels sur l’activité

économique. Un multiplicateur égal à 2 serait bien pire encore puisqu’il impliquerait que tout effort de réduction

du déficit, via une hausse des impôts ou une réduction des dépenses, serait voué à l’échec à cause de son large

effet dépressif sur l’économie. Par contre, un multiplicateur de 0,5 permettrait de réaliser une consolidation

fiscale avec des effets négatifs plus limités sur l’activité.

Dans son rapport de juillet, l’Office français de conjonctures économiques (OFCE) évalue la politique

économique du gouvernement en fonction de différentes hypothèses de multiplicateur budgétaire. L’OFCE utilise

son modèle économique pour juger si les objectifs du gouvernement, en termes de réduction des déficits et de

croissance, sont réalisables. La conclusion est sans appel. La politique de François Hollande n’atteindra ses

objectifs de réduction du déficit (3% du PIB en 2013 et équilibre en 2017) et de retour à la croissance (1,3% en

2012 et 2% en moyenne pour le reste du quinquennat) que sous l’hypothèse d’un multiplicateur budgétaire

inférieur ou égal à 0,5. Or, cette hypothèse est hautement irréaliste : dans le cas de la France, les estimations

statistiques suggèrent que le multiplicateur est plutôt de l’ordre de 1 à 1,5. Dans le cas d’un multiplicateur égal

à 1,5, la politique du gouvernement échoue en terme de consolidation fiscale avec un déficit de 4,2% en 2012

et de 2,2% en 2017 et résulte en une véritable saignée sur le front de la croissance et de l’emploi : la France

connaît la récession en 2013 et une croissance moyenne de 1,3% sur le reste du quinquennat ; le chômage

atteint 12% de la population active en 2014.

Dans ces conditions, l’obstination du gouvernement à maintenir un objectif de 3% du PIB en 2012 apparaît

comme un aveuglement fatal. Le désir de «rassurer» les marchés financiers par une crédibilité retrouvée ne

sera pas au rendez-vous car, selon toute vraisemblance, l’objectif de 3% de déficit ne sera pas atteint. Une telle

politique risque par ailleurs de plonger la France dans la récession en 2013. De façon plus générale, la fixation

d’objectifs, en termes de déficit budgétaire courant, semble en contradiction avec le nouveau traité européen.

Celui-ci prescrit des objectifs en termes de déficit budgétaire structurel, c’est-à-dire de déficit corrigé des

variations du cycle économique. La nouvelle règle qui impose de ne pas dépasser 0,5% du PIB de déficit

structurel corrige les effets néfastes du traité de Maastricht. Dans ce dernier, la règle de ne pas dépasser 3% de

déficit conduisait les Etats à réduire leur déficit en période de récession, aggravant encore davantage leur

situation économique. Selon l’OFCE, si la France suivait exactement les prescriptions du nouveau traité et se

fixait pour objectif d’atteindre 0,5% de déficit structurel à partir de 2014, elle éviterait la récession de 2013,

retrouverait une croissance de 2% à partir de 2015, année où le chômage commencerait de baisser.

Au lieu de suivre une politique économique irréaliste économiquement et inutilement coûteuse socialement,

contentons-nous de respecter les objectifs plus raisonnables du traité européen que nous nous apprêtons à

voter.

Romain Rancière est chercheur à l’Ecole des ponts et chaussées et professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

L’aveuglement fatal du gouvernement - Libération http://www.liberation.fr/economie/2012/09/03/l-aveuglement-fatal-du-...

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Texte 2 : G. N. Mankiw (2003), « La Grande Dépression », extrait de

Macroéconomie, 3ème

édition, De Boeck, pp. 350-353.

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Texte 3 : G. N. Mankiw (2003), « La dépression japonaise des années 1990», extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 431-433.

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Texte 4 : Thomas MELONIO, « Krugman, d'une crise à l'autre », paru dans www.laviedesidees.fr, le 5 février 2009.

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consommateurs, qui épargnent le pouvoir d’achat qui leur est épisodiquement injecté par le

gouvernement, en passant par les anticipations de déflation, qui amènent les particuliers à

reporter leurs achats et les entreprises leurs investissements. Sortir de cette trappe à liquidité

s'avère particulièrement difficile, puisque cela suppose soit de parvenir à augmenter

significativement la consommation et les investissements, soit de réduire le niveau

d’endettement du pays, soit de stimuler les anticipations d’inflation

(http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/12/17/a-whiff-of-inflationary-grapeshot/) pour éviter

que tous les acteurs économiques ne sombrent dans l’attentisme généralisé.

Le risque auquel les États-Unis font aujourd’hui face est bien celui d’entrer dans cette

phase de deleveraging [l’effet de levier inversé] qu’a connu le Japon, avec des ménages et des

entreprises qui n’ont plus confiance en l’avenir et désinvestissent, aux côtés d’un État qui

multiplie les plans de relance et accroît sa dette sans parvenir à compenser la léthargie des

acteurs privés. Ce risque est d’autant plus élevé qu’aux États-Unis les ménages ont connu

deux éclatements de bulles spéculatives, qui ont sérieusement grevé leur patrimoine.

Aujourd’hui, l’endettement des ménages américains pour acquérir des logements et la baisse

spectaculaire du prix de ceux-ci font que 12 millions de ménages américains ont un

patrimoine négatif. Par ailleurs, sur les 8 000 milliards de dollars détruits par la baisse du

marché de l’immobilier, 7 000 environ pèseront directement sur les ménages et 1 000 sur les

institutions financières. Cet « effet richesse à l’envers » sera donc particulièrement difficile à

inverser.

D’autre part, si le système bancaire américain est touché, ce n’est rien à côté de la

crise que connaît le shadow financial system (les institutions financières autres que les

banques). Depuis le milieu des années 1990, le crédit s'est considérablement développé en

dehors des banques aux États-Unis, échappant souvent à toute régulation ou application de

quelconques ratios prudentiels. Et Krugman d’énumérer ces poétiques segments du marché du

crédit qui tanguent ou disparaissent1. Presque la moitié du marché du crédit américain opère

en dehors ou en marge des règles prudentielles classiques. La Fed, en prêtant aux banques et

en baissant ses taux de refinancement, ne règle donc qu’une petite partie du problème de

credit crunch. Il n’est pas du tout évident qu’une reprise du crédit par les banques suffise à

compenser la baisse du crédit immobilier, la baisse de l’encours sur les cartes de crédit, etc.

1 Quelques exemples : Auction-rate securities (400 milliards de dollars n'encours en 2007), Asset-backed securities (2200 milliards), Assets financed overnight in triparty (2500 milliards), actifs gérés par les hedge funds, (1800 milliards), actifs gérés par des banques d’investissements (4000 milliards) 21

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L’observation des taux d’intérêt accordés aux PME ou des taux des crédits hypothécaires

(http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/12/26/mortgage-rates-are-still-too-high/) laisse

d’ailleurs Krugman (et nous avec) assez pessimiste(s) de ce point de vue.

Tous ces éléments invitent à relancer l’économie de manière massive, car le point de

PIB injecté en 2008 aux États-Unis n’est pas à la hauteur des défis exposés plus haut.

Krugman plaide pour un plan de l’ordre de 4 points de PIB, en appuyant la demande par des

dépenses publiques. Il se montre en revanche assez sévère avec l’idée de faire reposer un

scénario de relance sur des avantages fiscaux donnés aux entreprises ou aux particuliers,

estimant risqué de leur sous-traiter la décision effective d’investissement à un moment où ne

pas investir n’est plus une option. Parmi les débats sur la nature des dépenses prioritaires, on

pourra s’interroger, à l’instar de Thomas Friedman, sur la pertinence de subventionner sans

condition écologique l’industrie automobile

(http://www.nytimes.com/2008/12/14/opinion/14friedman.html?_r=2), la consommation

d’hydrocarbures (http://www.nytimes.com/2008/12/28/opinion/28friedman.html) ou encore la

construction de routes (cette dernière proposition étant formulée par Krugman,

http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/12/22/bad-anti-stimulus-arguments/).

Enfin, le dernier élément du débat porte sur les séquences d’un plan de relance et la

nécessité d’y inclure des mesures à effet immédiat, pour éviter le piège habituel des relances

keynésiennes : une fois que les mesures lentes (les investissements publics) produisent enfin

leurs effets sur l'économie, la conjoncture est déjà repartie à la hausse et les plans de relance

sont généralement pro-cycliques. On ne peut en effet que regretter que les plans de relance

nationaux viennent si tard, dix-huit mois après le début de la crise financière, si bien que le

champ des options de relance se réduit plus ou moins à choisir entre des mesures à effet

immédiat mais sans grand effet de long terme (baisse de TVA par exemple) ou

investissements de préparation de l’avenir, avec le risque que leur effet de relance tarde à se

matérialiser. Néanmoins, répond Krugman, l’ampleur de cette crise laisse penser qu’elle

durera et que les plans d’investissement, concrétisés mi-2009 ou même à début 2010,

arriveront certes tard mais pas trop tard.

Texte paru dans www.laviedesidees.fr, le 5 février 2009

© laviedesidees.fr

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Licence 2

Annee Academique 2013-2014

Premier Semestre

TD 5 - Offre Globale/Demande Globale 1

Questions :

1. Expliquez precisement pourquoi la demande globale est generalement une fonction decroissante du

niveau general prix.

2. Dans quel(s) cas la demande globale est-elle verticale ? Expliquez.

3. Expliquez precisement pourquoi l’offre globale est une fonction croissante du niveau general des prix a

anticipations de prix donnees.

Exercice 1 :

On considere une economie caracterisee par les comportements suivants :

C = 0, 8(Y − T ) + C

I = −2i + 10

Md = P (Y − 0, 2i)

ou C, I, Y , T et G representent respectivement la consommation, l’investissement, le revenu total des menages,

les impots et les depenses publiques en termes reels. i est le taux d’interet, Md la demande d’encaisses

nominales et P le niveau general des prix. Les impots, les depenses publiques et l’offre nominale de monnaie

sont fixes de maniere exogene par le gouvernement respectivement au niveau T , G et M .

1. Determinez l’expression de la demande globale apres l’avoir definie et representez-la graphiquement

dans le repere (Y, P ).

2. Expliquez et illustrez graphiquement l’effet de chacun des evenements suivants sur les courbes IS, LM

et de demande globale :

a. Une contraction monetaire (i.e ∆M < 0).

b. Une baisse de la confiance des consommateurs (i.e ∆C < 0).

3. Calculez precisement l’impact de chacun de ces chocs sur la demande globale sachant que :

a. L’ampleur de la contraction monetaire est de ∆M = −10.

b. La baisse de la consommation autonome est de ∆C = −20.

4. Quel serait l’impact sur la demande si les deux chocs precedents avaient lieu simultanement ?

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Exercice 2 : Effets des chocs de demande et d’offre a moyen terme

(inspire de Macroeconomie, Olivier Blanchard et Daniel Cohen, 4eme ed., chap.8)

Supposons que l’economie soit a son niveau de production naturel. Expliquez et illustrez graphiquement les

effets de chacun des chocs suivants sur l’equilibre macroeconomique a moyen terme (on definit le moyen terme

comme une situation dans laquelle les prix et les anticipations de prix sont totalement ajustes) :

a. Une hausse des depenses publiques. Pourquoi qualifie-t-on ce choc de « choc de demande » ?

b. Une hausse des allocations chomage. Pourquoi s’agit-il d’un choc d’offre ?

c. Qu’appelle-t-on la « stagflation » ? La staglation peut-elle etre expliquee par des chocs de demande ou des

chocs d’offre ? Expliquez.

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Licence 2

Annee Academique 2013-2014

Premier Semestre

TD 6 - Offre Globale/Demande Globale 2

Exercice : La crise actuelle

La crise financiere qui a conduit les banques a reduire leur octroi de credit aux entreprises, s’est traduite par

une contraction de l’investissement (a taux d’interet donne).

Pour chacune des reponses, vous proposerez des graphiques et des explications detaillees.

a. Expliquez les effets a court terme de cette evolution sur la demande globale, puis sur la production

d’equilibre ? Le niveau general des prix et le volume de la production varient-ils dans le meme sens ?

b. Quels sont les effets a moyen terme, en particulier sur le niveau naturel de la production ?

c. Proposez des politiques economiques adaptees pour contrer les effets de la crise.

d. La baisse de l’investissement, parce qu’elle reduit a terme le stock de capital, reduit la productivite du

travail. Quelles sont les consequences de cette evolution sur les courbes d’offre globale de court et de moyen

terme. Les prix et le produit varient-ils dans le meme sens ? Quelle politique economique preconiser dans

ce cas ?

Texte 1 : « La grande depression », extrait du chapitre 11 du manuel de Gregory Mankiw, Macroeco-

nomie, De Boeck Universite, pp. 350-358.

1. Expliquez precisement pourquoi la baisse des prix devrait avoir un effet stabilisateur sur l’activite

economique via la hausse de la demande globale ?

2. Expliquez les raisons qui pourraient remettre en cause cet effet de reequilibrage.

3. Au regard de la gestion de la crise actuelle, les economistes ont-ils effectivement appris de la Grande

Depression ?

Texte 2 :« Peut-on etre economiste et de gauche ? », par Charles Wyplosz, paru dans Liberation, 20

mars 1995.

1. Quelles seraient les causes du chomage ?

2. Comment maintenir des revenus eleves pour les plus pauvres sans augmenter leur taux de chomage ?

Texte 3 : « Le chomage, et s’ils avaient tous tort ? », par Olivier Blanchard, paru dans Liberation, 20

mars 1995.

1. Quelles seraient les causes du chomage ?

2. Quelles sont les preuves empiriques en faveur de cette these ?

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Texte 4 : « Les chocs petroliers », extrait du chapitre 11 du manuel de Gregory Mankiw, Macroeconomie,

De Boeck Universite, pp. 300-301.

1. Pourquoi s’agit-il de chocs d’offre ?

2. Quelles sont les politiques adaptees en reponse a ces chocs pour stabiliser l’economie ?

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Texte 1 : G. N. Mankiw (2003), « La Grande Dépression », extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 353-557.  

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Texte 2 : Charles Wyplosz, « Peut-on être économiste et de gauche? », paru dans Libération, 20 mars 1995.

En 1981, plus de cent économistes britanniques avaient signé un manifeste qui attaquait violemment l'approche du chômage adoptée par Margaret Thatcher. Nous étions nombreux alors à les approuver. Aujourd'hui, les faits sont là: la courbe du chômage s'est inversée en Grande-Bretagne au milieu des années 80, pas ailleurs. Partout en Europe, il nous a bien fallu admettre que ce qui a fait monter le sous-emploi à des niveaux inacceptables, ce sont les rigidités du marché du travail. Et, terrible constatation, ces rigidités sont presque toutes associées à la protection sociale: salaire minimum, allocations de chômage, droit de licenciement, réglementation sur la durée du travail, poids des cotisations sociales, emploi de substitution dans le service public, etc. Si justice sociale et efficacité économique ont parfois du mal à coexister, en matière de chômage, le conflit est presque total. C'est souvent un dilemme pour l'économiste, du moins celui qui refuse de choisir entre sa conscience sociale et sa probité professionnelle. Pour ma part, j'ai la conviction qu'il est possible de concilier le souci de justice sociale et l'efficacité économique, à condition d'oublier les tabous et de garder quelques leçons du passé en tête.

En économie, l'enfer toujours est pavé de bonnes intentions. Face à la désespérance, il est bon que fleurissent les idées. Mais ce n'est pas une raison pour se lancer à corps perdu dans des aventures perdues d'avance, et qui ont tant fait pour déconsidérer les idées keynésiennes. L'une d'entre elles (pourtant essayée avec un insuccès notoire en 1981) a le vent en poupe aujourd'hui: il s'agirait de susciter une augmentation générale des salaires avec l'espoir de relancer la demande pour créer des emplois.

Pour y arriver, il faut que l'Etat intervienne dans un mécanisme de négociation entre employés et employeurs, ce qui n'est pas son rôle; ou bien qu'il donne l'exemple en relevant les salaires dans la fonction publique, ce qui aggrave le déficit budgétaire. Par ailleurs, pour accroître les salaires, il faut diminuer les profits. L'idée selon laquelle la demande augmenterait parce que les «profiteurs» dépensent moins que les salariés est un peu courte. Car si les «profiteurs» dépensent effectivement moins, ils épargnent plus. En raréfiant l'épargne, on fait monter les taux d'intérêt, ce qui décourage la dépense, en particulier la dépense productive. Moins d'investissements, fuites de capitaux, inquiétude des entreprises, tout cela se traduit par une diminution des emplois. Quoi qu'on en dise, ce sont les entreprises profitables qui créent des postes.

Mais les bas salaires? dira-t-on. N'est-il pas urgent de les relever en commençant par le Smic, souvent insuffisant pour vivre décemment , afin de lutter contre les inégalités que creusent des marchés abandonnés à eux-mêmes? Mais relever les bas salaires ne fait que décourager l'emploi des moins qualifiés, et aggraver la plus grande des inégalités, celle du chômage. On se retrouve donc face à une contradiction: d'un côté, il faut accepter de voir les bas salaires stagner, mais, de l'autre côté, il est impensable que les bas revenus n'augmentent pas.

Cette contradiction est-elle impossible à résoudre? Non. Pour corriger le fonctionnement du marché et redistribuer les revenus, il existe un instrument très efficace: la fiscalité. Un sujet qui fait peur aux gouvernements de tous poils, car il heurte les classes aisées et influentes. Ce n'est pas une raison pour ne pas s'y attaquer. Car on peut s'en servir à la fois pour redresser les inégalités et réduire le chômage. L'idée est simple: au lieu de subventionner le chômage, on subventionne l'emploi. Le moyen? Un impôt sur le revenu qui soit négatif au bas de l'échelle, un système retenu dans certains Etats américains. Les salariés qui ont un revenu faible, et qui 31

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sont aujourd'hui taxés au taux zéro, reçoivent du percepteur cet «impôt négatif». Le coût? Certainement pas plus que les allocations de chômage qui seraient économisées.

La lutte contre le chômage n'est pas désespérée. Mais elle passe obligatoirement par une recherche systématique des points de convergence entre justice sociale et efficacité économique. Il est facile, en principe, d'ignorer la justice sociale et d'atteindre l'efficacité économique. C'est, d'une certaine façon, l'approche américaine... ou britannique. Les autres Européens, eux, ont choisi une voie beaucoup plus ardue. Mais en laissant le balancier trop s'éloigner de l'efficacité économique, ils ont créé la grande injustice du chômage. La solution exige que les nouveaux nantis, ceux qui ont le privilège d'avoir un emploi, acceptent de céder une partie de ce qu'on appelle bien imprudemment les acquis sociaux.

* Professeur à l'Insead

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Texte 3 : Olivier Blanchard, « Le chômage, et s'ils avaient tous tort? », paru dans Libération, 20 mars 1995.

Dans son article, Charles Wyplosz présente un diagnostic sobre (presque barriste dans son austérité) des origines de la montée du chômage. Cette montée, nous dit-il, est due aux rigidités du marché du travail. Seule une redéfinition du difficile équilibre entre protection sociale et flexibilité des entreprises peut amener à une diminution durable du chômage. En présentant cette thèse, Wyplosz se fait l'écho d'un large consensus, qui va de l'OCDE au FMI, en passant par la Banque de France et la plupart des candidats à l'élection présidentielle.

Et s'ils avaient tous tort? Et si le chômage pouvait être largement résorbé par les politiques macroéconomiques «traditionnelles», telles que la relance de la demande?

Dans l'esprit ambiant, de telles réflexions vous font passer pour un dangereux irresponsable, un dinosaure keynesien, un ignorant des principes économiques fondamentaux. Et pourtant, regardez les faits, à la fois à travers l'histoire et à travers l'Europe.

Qu'une demande insuffisante puisse être à l'origine d'une longue période de sous-activité est presque une évidence. Les exemples les plus convaincants datent d'avant-guerre; ceci ne les rend pas moins d'actualité. La décision de Churchill de retourner à l'étalon-or et à une parité manifestement surévaluée, loin de rendre à l'Angleterre sa prééminence, est à l'origine de dix ans de stagnation dans les années 1920. La grande dépression aux Etats-Unis et en Europe n'était pas due aux rigidités du marché du travail, mais (tous les experts s'accordent sur ce point) à un effondrement de la demande, accentué par des politiques macroéconomiques inadaptées. Plus près de nous, la diminution du chômage aux Etats-Unis (le taux de chômage est revenu aux alentours de 5%) porte aussi témoignage de l'importance des forces de demande, cette fois tournées vers l'expansion.

Mais, direz-vous, n'est-il pas évident que le chômage en France aujourd'hui est un phénomène de nature complètement différente? N'assistons-nous pas aux résultats des abus de l'Etat-providence, d'une protection excessive de l'individu, impossible à maintenir dans le cadre d'une compétition mondiale intensifiée?

Au-delà des slogans et des présupposés idéologiques, la recherche économique n'a eu, jusqu'à maintenant, quasiment aucun succès à établir un lien entre taux de chômage et rigidités à travers les pays d'Europe.

L'exemple le plus frappant est peut-être celui de l'Espagne et du Portugal. Les deux pays ont beaucoup en commun. Une longue dictature, une transition vers la démocratie dans les années 1970, une explosion sociale et salariale à la fin des années 1970, l'entrée dans la Communauté européenne en 1986.

Et les institutions du marché du travail sont aussi très similaires. Les deux pays ont aujourd'hui un système d'allocation chômage qui, en termes de générosité, les situe dans la moyenne européenne. Et dans les deux pays, les coûts de licenciement que ce soient les coûts financiers ou la lourdeur des démarches administratives, sont excessivement élevés. Dans un classement de l'OCDE qui tient compte de toutes ces dimensions, le Portugal obtient le premier prix (ou dans ce cas, le bonnet d'âne), et l'Espagne arrive en deuxième position.

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Vu ce degré de protection, vous ne serez pas surpris d'apprendre si vous ne le savez déjà que le taux de chômage en Espagne est proche de 25%. Mais alors pourquoi est-il seulement de... 6% au Portugal? La différence ne traduit pas des problèmes statistiques; le chômage est mesuré à partir des mêmes enquêtes dans les deux pays. La conclusion est évidente: les rigidités du marché du travail ne sont certainement pas propices à l'efficacité économique; mais elles ne conduisent pas nécessairement au chômage élevé.

Est-il possible que la majorité des économistes ou des organisations internationales se trompent? Si l'expérience passée est un guide, la réponse est: certainement oui. Dans les années 1960, l'OCDE était aussi keynesienne et excessive dans ses recommandations qu'elle est conservatrice aujourd'hui. L'économie politique est sujette aux modes et aux engouements. Le coût social est malheureusement souvent élevé.

Si le diagnostic alternatif est exact (ou au moins plus exact), qu'elles en sont les implications? Un changement de politique fondé sur la concertation sociale, qui seule peut permettre la relance de la demande en même temps que le maintien d'une inflation basse et des changements structurels qui s'imposent. Un vrai débat est fondamental pour l'avenir de la France. Il est bien dommage que les Français risquent d'en être privés.

* Professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology)

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Texte 4 : G. N. Mankiw (2003), « Comment l’OPEP contribua à la stagflation das années 1970 et à l’euphorie des années 1980 », extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 300-301.  

  

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Annee Academique 2013-2014

Premier Semestre

TD 7 - Arbitrage inflation-chomage et courbe de Phillips

Questions :

1. Quelles sont les differentes courbes de Phillips ? Que caracterisent-elles et comment s’interpretent-elles ?

2. Qu’appelle-t-on le NAIRU ?

Texte : « L’inflation et le chomage aux Etats-Unis », Gregory Mankiw, extrait du chapitre 13 de

l’ouvrage Macroeconomie, De Boeck Universite, pp. 431-433.

1. Caracterisez chaque epoque consideree par un choc de demande ou d’offre.

2. Completez la courbe de Phillips pour les trois dernieres annees en effectuant une recherche personnelle

des chiffres du chomage et de l’inflation aux Etats-Unis.

Exercice 1 : La courbe de Phillips

Une economie est caracterisee par la courbe de Phillips suivante :

πt = πt−1 + (µ+ z) − αut

πt et ut sont respectivement le taux d’inflation et le taux de chomage l’annee t. µ et z sont respectivement

le taux de marge et les allocations-chomage. α est un reel positif.

1. Expliquez pourquoi le taux de marge et les allocations-chomages apparaissent dans la courbe de Phillips.

2. Comment interpreter le parametre α ?

Exercice 2 : L’indexation des salaires

(inspire de Macroeconomie, Olivier Blanchard et Daniel Cohen, 4eme ed., chap.9)

Supposons que la courbe de Phillips soit donnee par l’equation suivante :

πt = πet + 0, 1 − 2ut

ou πt est le taux d’inflation, c’est a dire le taux de croissance des prix entre l’annee passee et l’annee presente,

et ou πet est le taux d’inflation anticipe, c’est a dire le taux de croissance des prix entre l’annee passee et

l’annee presente qu’avaient anticipe les partenaires sociaux l’annee passee.

On suppose que les anticipations se forment de la maniere suivante : πet = πt−1 (les anticipations sont dites

naıves ou statiques).

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a. Definissez et calculez le taux de chomage structurel.

b. Supposons que l’inflation en (t − 1) soit egale a 0. A l’annee t, le gouvernement decide d’atteindre et de

maintenir un taux de chomage a 4%. Calculez le taux d’inflation pour les annees t, t+ 1, t+ 2, t+ 3....

c. Discutez la pertinence de la representation des anticipations.

Supposons maintenant que la moitie des salaries aient des contrats de travail avec indexation

des salaires sur l’inflation. (Indication : a droite du signe « egal » dans l’equation de Phillips, πt−1 est

remplace par 0.5πt + 0.5πt−1, car pour la moitie des salaries, les salaires nominaux suivent exactement les

variations du niveau des prix.)

c. Quelle est la nouvelle equation de la courbe de Phillips ?

d. Reprenez la question [b.].

e. Quel est l’effet de l’indexation des salaires sur la relation entre l’inflation et le chomage ?

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Texte : G. N. Mankiw (2003), « L’inflation et le chômage aux Etats-Unis », extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 431-433.

 

   

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Premier Semestre

TD 8 - Arbitrage inflation-chomage et credibilite des autorites monetaires

Exercice : Desinflation et credibilite

Supposons que la courbe de Phillips soit donnee par l’equation suivante :

πt = πet − (ut − 0.05)

ou πt est le taux d’inflation et ou πet est le taux d’inflation anticipe. On suppose que πet = πt−1.

On suppose qu’initialement le taux de chomage est egal au taux de chomage structurel et l’inflation a 12%.

A partir de l’annee t, le gouvernement decide de reduire l’inflation a 2%.

a. On suppose que le gouvernement pratique une therapie de choc en ramenant l’inflation a son objectif a la

periode t. Que vaut le taux de chomage a la periode t ? Que vaut-il aux periodes suivantes ?

b. De facon alternative, a partir de l’annee t, le gouvernement decide de reduire l’inflation progressivement :

il va maintenir le taux de chomage 1 point au dessus de son niveau structurel jusqu’a ce que l’inflation ait

atteint 2%.

Calculez le taux d’inflation de l’annee t, t+ 1, t+ 2,... Pendant combien d’annees le gouvernement doit-il

maintenir le taux de chomage au-dessus de son niveau structurel ? Comparez avec la therapie de choc en

calculant le ratio de sacrifice.

c. Maintenant, supposons que cette politique de desinflation soit annoncee et qu’elle soit credible en partie.

Les agents prives anticipent que l’inflation sera une moyenne ponderee entre l’inflation de l’annee passee

et l’inflation annonce : πet = (1 − β)πt−1 + β × 2%. Si β = 0, 5, de combien augmente le taux de chomage

dans le cas de la therapie de choc ? Quel est le ratio de sacrifice ? Commentez.

d. Comparez avec le cas β = 1. Quel est le ratio de sacrifice dans ce cas ? Quelle reforme institutionnelle

peut permettre d’atteindre ce resultat ?

Texte 1 : « L’independance de la banque centrale »,Gregory Mankiw, extrait de l’ouvrage Macroe-

conomie, De Boeck Universite, pp. 471-472.

1. L’independance de la banque centrale diminue-t-elle l’inflation ? Expliquez.

2. Comment mesure-t-on l’independance ?

Texte 2 : « Le coefficient de sacrifice en pratique », Gregory Mankiw, extrait de l’ouvrage Macroe-

conomie, De Boeck Universite, pp. 438-439.

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1. Imaginez qu’un president de la Banque Centrale moins « credible » ait ete nomme a la place de Paul

Volker, le ratio de sacrifice aurait-il ete le meme ? Expliquez.

2. Supposons que le chomage ait alors atteint 12% en 1982, 10% en 1983, 8% en 1984 et 7% en 1985.

Calculez le ratio de sacrifice correspondant.

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Page 43: MACROÉCONOMIE - ades-sorbonne.fr€¦ · Stiglitz, qui remet aujourd'hui à Nicolas Sarkozy le rapport commandé en janvier 2008 sur « la mesure de la performance économique et

Texte 1 : G. N. Mankiw (2003), « L’indépendance de la banque centrale », extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 471-472.  

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Texte 2 : G. N. Mankiw (2003), « Le coefficient de sacrifice en pratique », extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 438-439.  

 

     

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Universite Paris 1 Pantheon-Sorbonne

Licence 2

Annee Academique 2013-2014

Premier Semestre

TD 9 - La croissance

Exercice 1 : Regle des pourcentages et decomposition comptable de la croissance

La regle des pourcentages simple peut s’enoncer de la facon suivante : si y = x× z, alors on a :

variation en % de y ' variation en % de x + variation en % de z

Cette regle peut se generaliser au cas ou y = xa × zb. On a alors :

variation en % de y ' a× variation en % de x + b× variation en % de z

1. On definit le stock de capital par travailleur par k = K/L. En utilisant la regle des pourcentages,

calculez le taux de croissance de k en fonction du taux de croissance de K et du taux de croissance de

L.

2. On considere la fonction de production Cobb-Douglas suivante :

Y = AKαL1−α

En utilisant la regle des pourcentages, exprimez le taux de croissance de Y en fonction du taux de

croissance de A, K et L. Parmi les termes de cette relation, quels sont ceux qu’on peut mesurer

empiriquement ?

3. On appelle « residu de Solow » la partie de la croissance qui n’est pas expliquee par l’accumula-

tion des facteurs de production (capital et travail). Ce residu constitue la contrepartie empirique de

la variation en % de A dans l’equation qu’il fallait trouver pour la precedente equation. On donne

les taux de croissance annuels suivants : variation en % de Y = 3, 5%, variation en % de L = 1, 5%,

variation en % de K = 3%, α = 13 . Quelle est la part du residu de Solow dans la croissance de l’econo-

mie ?

Exercice 2 : L’accumulation du capital dans un modele de Solow simplifie

On considere une fonction de production de type Cobb-Douglas :

Y = K1/2L1/2 (1)

1. En divisant l’equation (1) par L, exprimez la production par travailleur (y = Y/L) en fonction du

capital par travailleur (k = K/L).

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2. Utilisez l’equation trouvee en 1. pour completer la deuxieme colonne du tableau suivant :

(1) (2)

Capital Production

par tete par tete

k y = k1/2

0−−−−−−−

4−−−−−−−

12−−−−−−−

16−−−−−−−

20−−−−−−−

36−−−−−−−

3. Representez sur le graphique suivant la fonction de production f(k).

0

1

2

3

4

5

6

7

0 8 16 24 32 40

4. Une fonction de production se caracterise par des rendements decroissants (croissants) lorsque la pro-

duction augmente moins (plus) que proportionnellement suite a une hausse du facteur de production.

La fonction de production f(k) verifie-t-elle cette propriete ?

5. Quels sont les consequences de l’hypothese de rendements decroissants sur la convergence economique

des pays. Donnez des exemples pour lesquels cette convergence est verifiee ou infirmee.

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6. Quels sont les elements qui manquent dans la presentation de cette fonction de production pour expli-

quer la croissance a long terme des pays et les inegalites de developpement ? Le proges technique A ?

La possibilite de rendements croissants ? Mobilisez egalement les textes pour repondre a cette question.

Texte : « Croissance economique », par Jean-Olivier Hairault, article paru dans le Dictionnaire de

l’Economie, Editions Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 2007.

1. Pourquoi l’accumulation du capital physique par travailleur ne conduit-elle pas a la croissance de long-

terme ?

2. Quel est l’effet d’une hausse du taux d’epargne dans le modele de Solow ?

3. Les differences de taux d’epargne ou de taux d’investissement entre les pays permettent-elles d’expliquer

les differences de revenu par tete observees dans la realite ?

4. Comment a evolue l’ecart entre les nations les plus riches et les plus pauvres au cours des deux derniers

siecles ?

5. Quel est l’effet du progres technologique sur le facteur travail ?

6. Quelle est la limite essentielle du modele de Solow que les theoriciens de la croissance endogene vont

chercher a depasser ? Y parviennent-ils ?

7. Qu’est-ce que les economistes entendent par croissance optimale ?

8. Quel est la condition garantissant l’optimalite de la croissance ? Sous quel nom est connue cette condi-

tion ? Quelle forme prend-elle dans la version du modele de Solow presentee en cours ?

9. Pourquoi les institutions sont-elles susceptibles d’influencer la croissance ?

10. L’Etat a-t-il un role a jouer dans la croissance ? Pourquoi et par quels biais ?

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Usine Ford

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Universite Paris 1 Pantheon-Sorbonne

Licence 2

Annee Academique 2013-2014

Premier Semestre

TD 10 - La croissance

Probleme (issu du partiel de janvier 2011)

On considere une economie qui produit une quantite de biens Yt au cours de la periode t en combinant du

capital physique Kt et des travailleurs N (dont la quantite est supposee constante au cours du temps) selon

la fonction de production :

Yt = K0.5t N0.5

1. Montrez que la production par travailleur y peut s’ecrire en fonction du capital par travailleur comme :

yt = k0.5t .

2. Sachant que la loi d’evolution du capital est Kt+1 = (1 − δ)Kt + It et que It = sYt avec δ le taux de

depreciation et s le taux d’epargne, montrez que le taux de croissance du capital par travailleur peut s’ecrire :

kt+1 − ktkt

= sk−0.5t − δ

3. Si kt = 1, que vaut le taux de croissance du capital par travailleur entre t+1 et t ? Quelle est son evolution

au cours du temps et vers quelle valeur converge-t-il ? Decrivez precisement les mecanismes a l’oeuvre.

4. Soit un pays ayant les memes caracteristiques structurelles mais dote d’un stock de capital par travailleur

en t inferieur a 1. Comparez son taux de croissance avec celui du pays precedent et expliquez. Quelles

experiences historiques cet exemple peut-il illustrer ?

5. Faut-il en deduire que tous les pays dont le stock de capital est inferieur a 1 sont dans cette meme

situation de croissance ? Expliquez.

Texte : « Qualite des institutions et resultats economiques, un lien vraiment etroit ? », par Hali

Edison, Finances et Developpement, Juin 2003, pp. 35-37.

1. Qu’entend-on par institutions ?

2. Quelle(s) fonction(s) economiques les institutions servent-elles ?

3. Comment se forment les institutions d’un pays ?

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Finances & Développement Juin 2003 35

N GRAND nombre d’études économiques réali-sées ces dernières années suggèrent que les institu-tions sont vitales pour le développement et lacroissance économiques. Se fondant sur le PIB par

habitant comme mesure du développement économique,les économistes constatent en général que les écarts interna-tionaux (les revenus annuels par habitant allant d’une cen-taine de dollars seulement dans certaines régions subsaha-riennes à plus de 40.000 dollars dans certaines économiesavancées) sont étroitement liés à des différences dans laqualité des institutions. Une étude du FMI fait le point surles récents travaux consacrés à l’influence des institutionssur trois dimensions des résultats économiques (niveau dedéveloppement, croissance et instabilité de la croissance) etcherche à faire avancer le débat grâce à une nouvelle analyseempirique. Ses auteurs tentent en particulier d’estimer lasolidité empirique de ces relations, les répercussions poten-tielles des améliorations institutionnelles sur le revenu et lacroissance dans différentes régions, ainsi que le rôle de lapolitique économique dans le ren-forcement des institutions et, plusgénéralement, à l’appui de meilleursrésultats économiques.

Pour évaluer l’effet des institu-tions sur les résultats écono-miques, nous avons conçu un mo-dèle économétrique simple quimet en relation les résultats ma-croéconomiques de chaque paysavec 1) une mesure de ses institu-tions (encadré 1), 2) une mesureou une série de mesures de sa poli-tique macroéconomique et 3) unesérie de variables exogènes. Cemodèle permet d’examiner les di-verses explications avancées dansles ouvrages spécialisés — notam-ment le rôle des institutions, del’action des pouvoirs publics et dela géographie — et de quantifierleur effet. Selon cette étude, la qua-lité des institutions influe de ma-nière significative non seulement

sur le revenu, mais aussi sur la croissance et son instabilité.Ce constat se confirme quelle que soit la mesure des institu-tions utilisée, mais nous employons l’indice global de gou-vernance pour les illustrations. Sachant que le facteur insti-tutionnel est prépondérant, l’action des pouvoirs publicsa-t-elle néanmoins un rôle à jouer? Les résultats montrentque oui.

Institutions et revenu Selon l’étude, les institutions ont un effet statistiquementsignificatif sur les résultats économiques : elles accroissentsubstantiellement le PIB par habitant, et ce, peu importe quela qualité des institutions soit mesurée à l’aide d’indicateursglobaux (tels qu’un indicateur agrégé des perceptions de lagestion du secteur public) ou plus spécifiques (tels que ledegré de protection des droits de propriété ou d’applicationde l’état de droit). De plus, les résultats empiriques intègrentla possibilité d’un lien de causalité inverse (encadré 2).

Il apparaît donc que les pays en développement pourraientsensiblement améliorer leurs résul-tats économiques en renforçantleurs institutions. Par exemple,comme l’indique le graphique 1, sila qualité moyenne des institutionsen Afrique subsaharienne rattra-pait celle des pays asiatiques endéveloppement, le revenu par ha-bitant de la région s’élèverait de80 %, passant d’environ 800 dol-lars à plus de 1.400 dollars. Lesgains potentiels pour l’Afriquesubsaharienne continuent d’aug-menter fortement à mesure queles institutions s’améliorent. Le re-venu régional serait multiplié par2!/2 si le renforcement des insti-tutions permettait d’aligner leurqualité sur la moyenne de tous lespays étudiés; les gains seraient net-tement supérieurs si leur qualitéatteignait celle observée dans leséconomies avancées. Ces calculssont présentés essentiellement à

Qualité des institutionset résultats économiques

Un lien vraiment étroit?

H a l i E d i s o n

0

50

100

150

200

250

300

Graphique 1

Effet sur le revenu

Afrique sub-

saharienne

Moyen-Orient et Turquie

Pays en développe-

d'Asie

Amérique latine et Caraïbes

Moyennede tous les pays

Qualité des institutions1

Varia

tion

en p

ourc

enta

ge d

u PI

B ré

el p

ar h

abita

nt

Source : calculs des services du FMI.Note : Les chiffres ne sont pas à l'échelle. Ils sous-estiment les différences de qualité des institutions d'un pays à l'autre.1Mesurée par l'indicateur global de gouvernance.

Une amélioration des institutions pourrait accroître le revenu. Par exemple, la ligne rouge indique dans quelle mesure le revenu progressera en Afrique subsaharienne si celle-ci porte la qualité de ses institutions au niveau observé dans les autres régions.

U

58

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titre d’illustration, car les gains ne seraient ni immédiats niautomatiques dans la pratique, mais les résultats sont frap-pants et donnent une signification empirique à l’importancedes institutions pour le développement économique.

Institutions et croissanceL’étude montre également que les institutions exercent uneffet robuste et significatif sur la croissance du PIB par habi-tant, qui s’explique peut-être en partie par le fait qu’ellesrenforcent la viabilité de l’action des pouvoirs publics. Enmoyenne, une amélioration de la qualité des institutions équi-valant à un écart type (soit à peu près la différence entre laqualité des institutions camerounaises et la qualité moyennedes institutions de tous les pays de l’échantillon) entraîneraitune hausse de 1,4 point de la croissance annuelle moyenne duPIB par habitant. Les effets de l’amélioration des institutionssur la croissance dans les différentes régions considérées sontillustrés par le graphique 2. Là encore, l’analyse empirique faitapparaître des gains substantiels. Par exemple, la croissanceannuelle du PIB par habitant en Afrique subsaharienne aug-menterait de 1,7 point si la qualité des institutions atteignait lamoyenne de l’échantillon. Le graphique montre que les paysd’autres régions tireraient profit aussi d’une amélioration dela qualité de leurs institutions.

Institutions et instabilitéLes résultats de l’étude indiquent aussi que les institutionsont un effet marqué sur l’instabilité de la croissance (mesu-rée par l’écart type du taux de croissance du PIB par habi-tant) : plus la qualité des institutions est élevée, moins lacroissance est instable. De plus, l’impact demeure significatifmême après neutralisation des effets de l’action des pouvoirs

Finances & Développement Juin 200336

Encadré 1

Définir et mesurer les institutions

Qu’entend-on par institutions?Le terme d’institution est défini de différentes manières.Douglass North en fait un concept très large désignant lesrègles formelles et informelles qui régissent les interactionshumaines. Des définitions étroites (et plus faciles à saisir)mettent l’accent sur des organismes, procédures ou régle-mentations spécifiques. À un niveau intermédiaire, les insti-tutions sont définies en référence à la protection des droits depropriété, à l’application équitable des lois et règlements et àla corruption. Cette acception est moins large que celle deNorth, qui englobe toutes les normes régissant les interac-tions humaines. En général, les travaux récents sur les déter-minants du développement économique utilisent cette défi-nition intermédiaire.

Comment mesurer la qualité des institutions?Les analyses empiriques récentes retiennent généralementtrois mesures assez générales des institutions : qualité de lagestion des affaires publiques (corruption, droits politiques,efficience du secteur public et poids de la réglementation);existence de lois protégeant la propriété privée et applicationde ces lois; et limites imposées aux dirigeants politiques. Lesmesures elles-mêmes ne sont pas objectives : elles sont plutôtdes appréciations et des évaluations subjectives d’experts na-tionaux ou des évaluations de la population lors d’enquêtesréalisées par des organisations internationales et des organi-sations non gouvernementales.

La première de ces mesures, l’indice global de gouvernance,est la moyenne des six mesures des institutions présentéesdans une étude de Daniel Kaufmann, Art Kraay et PabloZoido-Lobaton (1999), à savoir 1) participation des citoyens etresponsabilisation — possibilité pour les citoyens de choisirleurs dirigeants, de jouir de droits politiques et civils etd’avoir une presse indépendante; 2) stabilité politique et ab-sence de violence — probabilité qu’un État ne soit pas ren-versé par des moyens inconstitutionnels ou violents; 3) effica-cité des pouvoirs publics — qualité de la prestation des servicespublics et compétence et indépendance politique de la fonc-tion publique; 4) poids de la réglementation — absence rela-tive de réglementation par l’État des marchés de produits, dusystème bancaire et du commerce extérieur; 5) état de droit— protection des personnes et des biens contre la violence etle vol, indépendance et efficacité de la magistrature et respectdes contrats; 6) absence de corruption — pas d’abus de pou-voir au profit d’intérêts privés.

La deuxième mesure concerne les droits de propriété. Ellerend compte de la protection dont bénéficie la propriété pri-vée. La troisième mesure — le contrôle du pouvoir exécutif —fait état des limites institutionnelles et autres qui sont impo-sées aux présidents et aux autres dirigeants politiques. Dansune société où le pouvoir des élites et des politiciens est limitéde manière appropriée, le contrôle de l’État est moins l’objetd’affrontements entre les divers groupes, et l’action des pou-voirs publics est plus viable.

0

1

2

3

4

5

–0,2

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1,0

Graphique 2

Effet sur la croissance

Afriquesub-

saharienne

Moyen-Orient et Turquie

Pays en déve-loppement

d'Asie

Amériquelatine etCaraïbes

Moyenne de tous les pays

Moyenne de tous les pays

Économiesavancées

Afriquesub-

saharienne

Moyen-Orient et Turquie

Pays en déve- loppement

d'Asie

Amériquelatine etCaraïbes

Économiesavancées

Qualité des institutions1

Action des pouvoirs publics2

Taux

ann

uel m

oyen

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u PI

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ar h

abita

nt

Taux

ann

uel m

oyen

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r hab

itant

Une amélioration des institutions pourrait avoir un effet significatif sur la croissance.

Des modifications du cadre d'action pourraient aussiexercer un effet notable, quoique un peu plus modéré.

Source : calculs des services du FMI.Note : Les chiffres ne sont pas à l'échelle. Ils sous-estiment les différences

internationales dans la qualité des institutions et le ratio du crédit privé.1Mesurée par l'indicateur global de gouvernance. 2Mesurée par le ratio crédit privé/PIB.

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publics (écarts d’inflation, surévaluation de la monnaie, ou-verture, déficits publics, etc.). Il semble qu’une hausse del’indice global de gouvernance équivalant à un écart typeréduirait l’instabilité d’environ 25 %. Le graphique 3 illustrel’effet d’améliorations progressives de la qualité des institu-tions dans différentes régions. Par exemple, si la qualité desinstitutions en Afrique subsaharienne égalait la moyenne del’échantillon, l’instabilité de la croissance économique dansla région baisserait de 16 %.

Institutions et action des pouvoirs publicsÉtant donné la robustesse des résultats concernant le facteurinstitutionnel, quel est le rôle de l’action des pouvoirs publicsdans le développement économique? De nombreux ouvragesspécialisés montrent que l’action des pouvoirs publics exerceun effet significatif sur les résultats macroéconomiques. Engénéral, toutefois, lorsque les variables institutionnelles sontprises en compte en même temps, leur influence est prépon-dérante et l’action des pouvoirs publics ne semble guère avoird’effet indépendant. Les travaux empiriques font état de ré-sultats positifs en ce qui concerne les politiques macroécono-miques : le niveau de développement financier d’un pays, quipeut dépendre fortement de l’action des pouvoirs publics,exerce un effet positif significatif sur la croissance (gra-phique 2), et la surévaluation de la monnaie, qui s’expliquepeut-être par des déséquilibres macroéconomiques plus larges,accentue l’instabilité de la croissance (graphique 3).

Globalement, cependant, plusieurs raisons font que l’effetde l’action des pouvoirs publics semble moins marqué que

celui des institutions. S’agissant du PIB par habitant, ce n’estprobablement pas étonnant. Les disparités de revenu entre lespays résultent de politiques séculaires, qu’il est peut-être diffi-cile de représenter en ne mesurant l’action des pouvoirs pu-blics qu’au cours des dernières décennies, comme dans notreanalyse. En outre, les mesures de la qualité des institutionset de l’action des pouvoirs publics sont souvent étroitementliées, en partie parce que les mesures subjectives des institu-tions utilisées dans l’analyse (par exemple les perceptions del’efficacité des pouvoirs publics et du poids de la réglemen-tation) constituent un amalgame de facteurs concernantl’action des pouvoirs publics et de facteurs institutionnels. Demanière plus générale, la corrélation entre les institutions etl’action des pouvoirs publics semble indiquer qu’une actionavisée doit être appuyée par de bonnes institutions, tandis quedes institutions défaillantes réduisent peut-être les chancesqu’une politique avisée soit adoptée ou compromettent peut-être son efficacité. Autrement dit, l’essentiel n’est pas quel’action des pouvoirs publics soit un facteur négligeable, maisbien que son effet sur les résultats économiques se retrouvedéjà dans la solidité des institutions.

Hali Edison est économiste principale au Département desétudes du FMI.

Cet article s’inspire du chapitre III des Perspectives de l’économie

mondiale d’avril 2003 du FMI. Ce chapitre, préparé par Maitland

MacFarlan, Hali Edison et Nicola Spatafora, est disponible sur Internet

à l’adresse http://www.imf.org/external/pubs/ft/weo/2003/01/index.htm.

Finances & Développement Juin 2003 37

Encadré 2

Problèmes empiriquesL’identification de l’effet des institutions se heurte à deuxproblèmes importants. Premièrement, en raison de leur ca-ractère subjectif, toutes les mesures de la qualité des institu-tions sont entachées d’erreurs. Deuxièmement, les institu-tions sont endogènes : il appartient aux pays de mobiliser dutemps et des ressources pour se doter de bonnes institutions;en d’autres termes, les pays riches ont plus de chances d’avoirde bonnes institutions. Il faut donc veiller dans l’analyse em-pirique à ne pas saisir un lien de causalité inverse — à savoirqu’une amélioration des résultats économiques contribueprobablement à une amélioration des institutions.

D’un point de vue économétrique, les chercheurs doiventidentifier une série d’instruments efficaces de mesure desinstitutions. Une méthode consiste à inclure une variableinstrumentale en utilisant des éléments propres à l’époqueoù ces institutions ont été établies. Par exemple, dans cer-taines études, les auteurs emploient la mortalité des colons,qui, selon eux, a exercé une influence importante sur le typed’institutions mises en place dans les territoires colonisés parles Européens (voir page 27). Une autre méthode — adoptéepar les services du FMI dans une étude portant sur unéchantillon de pays plus large (2003) — utilise des instru-ments basés sur la langue, à savoir la part de la populationqui est anglophone et celle qui parle des langues euro-péennes autres que l’anglais.

–3,0

–2,5

–2,0

–1,5

–1,0

–0,5

0

–0,5–0,4–0,3–0,2–0,1

00,10,20,30,4

Graphique 3

Effet sur l'instabilité de la croissance

Afriquesub-

saharienne

Moyen- Orient

et Turquie

Pays en déve- loppement

d'Asie

Amérique latine et Caraïbes

Moyenne de tous les pays

Moyenne de tous les pays

Économiesavancées

Afriquesub-

saharienne

Moyen- Orient etTurquie

Pays en déve- loppement

d'Asie

Amérique latine etCaraïbes

Économiesavancées

Qualité des institutions1

Action des pouvoirs publics2

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abili

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u ta

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du

PIB

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abita

nt

Inst

abili

té d

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ux d

e cr

oiss

ance

du

PIB

réel

par

hab

itant

Une amélioration des institutions pourrait réduire l'instabilité.

Une politique macroéconomique durable pourrait aussiapporter une contribution notable.

Source : calculs des services du FMI.Note : Les chiffres ne sont pas à l'échelle. Ils sous-estiment les diffé-

rences dans la qualité des institutions et la surévaluation du taux de change.1Mesurée par l'indicateur global de gouvernance.2Mesurée par la surévaluation du taux de change.

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