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ACTA COLLOQVII OLOMVCENSIS 1992 TYPOLOGIE DER KÖNIGSURKUNDEN Kolloquium de ComissionInternationale de Diplomatique in Olmütz 30.8. -3.9.1992 Herausgegeben von Jan Bistiicky Univerzita Palackeho, v, Olomöuci - 1998 M 16U91

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ACTA COLLOQVII OLOMVCENSIS 1992

TYPOLOGIE DER KÖNIGSURKUNDEN Kolloquium de Comission Internationale de Diplomatique in Olmütz

30.8. -3.9.1992

Herausgegeben von Jan Bistiicky

Univerzita Palackeho, v, Olomöuci - 1998

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ROBERT-HENRI BAUTIER

Les actes de la chancellerie royale francaise sous les regnen de Louis VII (1137-1180) et Philippe Auguste (1180-1223)

Apres les progres realises au cours des regnes de Philippe I" et surtout de Louis VI, tant en ce qui concerne ]'organisation de la chancellerie qu'une certaine normalisation des actes issus de son activite, le regne de Louis VII et surtout de Philippe Auguste marquent, parallelement ä ]'extension du domaine royal, ä I'ac- croissement de l'autorite du souverain dans le royaume et a ]'evolution des institu- tions, des etapes decisives.

Les actes du regne de Louis VII.

Certes le debut du regne de Louis VII ne fait que prolonger la situation existant ä Ia fin de celui de son pere. En effet, le notaire Algrin, qui avait ete vice-chancelier au moment de la vacance de la chancellerie a deux reprises en 1127-1128 d'abord,

puls un moment en 1132 peu avant le retour en grace d'Etienne de Garlande,

semble avoir pris en mains la chancellerie dans les dernieres semaines du regne de Louis VI avant d'etre nomme officiellement ä la tete de la chancellerie des l'avene-

ment du nouveau roi: il ne fait que continuer les pratiques anterieures jusque'ä sa revolte et sa disgrace de 1140. D'autre part, dans sa these sur les ecritures sur des

acres royaux de cette epoque, FRANQOISE GASPARRI a constate qu'un scribe, dont eile avait vu la main sous Louis VI des 1120, a poursuivi son travail dans les

premieres annees du regne de son successeur. On a egalement remarque que des

acres sont encore ecrits a ce moment par les destinataires selon une vieille habitude de ]a chancellerie royale.

Mais en 1140, le clerc berrichon Cadurc est nomme chancelier et il tiendra la chancellerie jusqu'en 1147. Or on constate que c'est precisement ä partir de 1140 que se verifie pour la premiere fois une influence directe des actes de la chancellerie pontificate, avec nottement la liaison caracteristique des lettres ct et st. En fait c'est seulement avec la nomination, comme chancelier, de Hugues de Champfleury, eveque de Soissons, que des progres serieux sont faits vets l'etablissement de formes d'actes plus normalisees; cela est sans doute a mettre en rapport avec la longue duree de son cancellariat (1150-1172) et avec son role qui semble essentiel dans la direction de ]a politique royale. Celle-ci se marque notamment dans le domaine des relations avec la papaute et dans la conduite des affaires ecclesiastiques, comme cela ressort de l'exceptionneI registre de sa correspondance qui nous a ete conserve. Une derniere periode s'ouvre dans le regne avec la disparition de Champfleury, qui provoque une longue vacance de la chancellerie et, finalement, la vacance definitive de la charge de chancelier de France.

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Le scellement des acres marque assez bien les hesitations d'une diplomatique qui se cherche. Louis VII est le premier souverain capetien, d'une part, a renoncer drfinitivement au sceau plaque er cela, des le debut dc son regne (ce qu'avait dejä innovd son pere vets 1134) et, de l'autre, a utiliser un contre-sceau. L'apparition de celui-ci est due a une circonstance particulicre: roi de France, Louis VII dtait aussi, par son mariage avec Alienor, duc d'Aquitaine. Aussi, comme d'autres souverains de cette rpoque, inaugure-t-il, des son avrnement, Ic systeme d'un sceau pendant biface: si le droit, le presence en majeste avec son titre royal, le revers le montre selon le type equestre, avec la legende et dux Aquitanorum. Il va le conserver jusqu'en 1154, donc apres son divorce de 1152, avant d'en revenir au type traditionnel uniface. Puls une autre innovation apparait: ('apposition de son petit sceau personnel en contre-sceau du grand sceau de majestr: it semble, que ce soit pendant la vacance de la chancellerie, que le roi se mefiant de son entourage et pretendant contr6ler lui-meme ! 'expedition de ses acres, a entendu marquer ainsi son intervention tors du sccllage. C'est d'abord une petite intaille qu'il avait certainement rapportee de sa croisade en Terre Sainte: it s'agissait d'un «abraxas», curieuse figure ä the de coq et a queue de serpent, tenant un bouclier et un fouct, figuration dons on a signale divers exemplaires datant des premiers siecles de noire ere et qui aurait ere honore par une secte du Proche-Orient. Puis, en 1175, it adopte un autre contre-sceau, une autre intaille antique representant une Diane chasseres- se, avec la legende Ludovicus rex. Enfin, dernicre innovation, pendant la durrde de sa croisade, les acres furent expedies er scelles par les -regents du royaume».

D'autre part, si la chancellerie de Louis VII a, d'abord, poursuivi le mode de

scellement paternel - les courroies on lanieres de cuir blanc-, s'il a egalement

recouru ä des attaches faires de cordonnets de fit ou de soie ou encore a des doubles

queues de parchemin, on constate que des 1137 les flats de soic font lour apparition ä la chancellerie, passant tant6t par deux incisions, tantöt par une incision unique treflde ou bien encore en forme de losange ou de triangle. Ces (lots furent de

couleurs diverses, vertes, jauncs, verses et jaunes, rouges, rouges et vertes, vertes et brunes... Cela coincide, d'une part, avec ! 'apparition de la sole d'origine orientate sur le marche du textile, mail ce fait souligne bien, d'autre part, qu'aucune signification precise n'rtait encore attachee a I'emploi d'une couleur donnre.

Le dipl6me demeure encore le type d'acte royal de tr%s loin le plus employe par la chancellerie royale. Toutefois, d'autre types documentaires qui avaient fait kur apparition sous les deux regnes precedents, la lettre patente, le mandement et la lettre missive, tendent a prendre une place nettement plus importante parmi les dcritures royales, a mesure que les institutions deviennent plus complexes et que se developpent les interventions de l'autorite du roi dans des domaines qui lui demeuraient precedemment a peu pres strangers.

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Le Le diplome royal

Le diplöme de Louis VII ne fait que reprendre, dans 1'ensemble la tradition du diplöme royal des premiers Capetiens. Il commence normalement par ! 'invocation sous sa forme desormais classique: In nomnne sanctae et individuae Trinitatis, amen. La suscription royale, qui suit en general Pinvocation verbale mais est quelquefois rejetee apres le preambule, sinon apres la notification, est encore parfois precedee de Ego, mais cette forme se fait plus rare et disparait dans les dernieres annees du

regne; en revanche, et il convient de le rappeler, jusqu'en 1154 le roi a constam- ment adjoint a sa titulature royale les mots et dux Aquitanorum.

Sous 1'influence pontificale, I'adresse en vient a s'accompagner des mots in perpetuum, et le preambule, sauf dans un petit nombre d'actes a tendance ä disparaitre. La notification, universelle, adopte la forme: Notum facimus tam presentibus quarr futuris ou bien Sciant onmes tam futuri quarr presentes. Dans le dispositif, Ia mention de l'avis ou du conseil des grands du royaume se fait moms frequente que sous les regnes precedents et meme disparait ä la fin du regne.

Les clauses comminatoires, dejii rares sous LouisVl, disparaissent, sauf cas excep- tionnels. La clause de reserve salvo lure alieno fait son apparition en 1167 et 1169; eile est rare encore, mais eile se rencontre plus frequemment vers la fin du regne.

La formule de corroboration, avec reference a la valeur perpetuelle de l'acte, commence par annoncer trois elements: la mise par ecrit, le sceau et le monogram- me (Quod tit perpetue stabilitatis obtineat munimentum, scripto commendavimus et sigilli nostri auctoritate et nominis nostri karaktere subterfrmavimus), mais ensuite fordre de mise par ecrit disparait de la formulation, et la clause finale devient: Quod ut stabile firmumque perpetuo perseveret (ou une formulation voisine) presentem tartan: sigilli nostri auctoritate ac regii nominis karaktere subter annotato fecimus confirmari..

La formule de datation - et c'est lä un trait nouveau du regne - se place toujours apres ]a formule de corroboration qu'elle coupe en deux en attirant ä eile la liste des grands officiers, selon le schema Actum publice apud X, anno etc., astantibus in palatio nostro quorum nomina sent et signa... Leurs noms sont precedes de Signum ou d'un S barre, ce qui ne signifie nullement la presence effective de ces personna- ges a 1'acte, mais ! 'indication qu'ils sont alors en charge de leur office. Si cette charge nest pas affectee, le signum est remplace par la mention de vacance (ainsi dapifero ou constabulario millo) ou bien, parfois mais rarement, se rencontre une formule plus developpee. Quant ä la date proprement dite, eile comporte Pan de l'Incarnation, normalement exprime selon le style de Päques, et I'annee du regne, comptee a partir de la mort de Louis VI (1er aoüt 1137), mais il semblerait que la date de quelques rares acres ne pourrait s' expliquer, dans ce cas, que si le point de depart des annees du regne a ere calcule - fort occasionnellement -a partir du 25 octobre 1131 (sacre du vivant de Louis VI par le pape Innocent II) et surtout ä compter de janvier 1134 (qui fut le moment oü Louis, ayant atteint sa 15e anne, fur arme chevalier)'.

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Quant au monogramme royal, desormais toujours uniforme, il prend normale- ment place ä la dernii: re ligne du texte, encadre par la souscription de chancellerie, celle-ci imitee de la chancellerie pontificale: Data per manum N. (monogramme) cancellarii ou la formule en tenant lieu: Data vacante (monogramme) cancellaria.

Les lettres patentes ou chartes du roi

Sous Louis VI etaient apparus des acres moins solennels que les diplötnes; ce type d'acte, que Yon appellera lettres patentes ou, mieux, «charres», se repand sous Louis VII, sans atteindre - et de loin - la frequente qu'il aura sous Philippe Auguste. Des originaux en sont conserves. Cc sont des acres d'un format reduit, scelle sur double queue de parchemin. Leur ecriture ne comporte pas d'elements decoratifs et eile peut prendre un caractere cursif.

Normalement, un tel acre commence (sans invocation) par les mots Ego Ludovi-

ctts Dei gratis Franco rum rex. Ne comportent ni adresse, ni salut (a la difference des

mandements), le texte debute par une notification simple de caractere universel: Notton facimus universis quod (ou parfois omnibus in perpettttun). Sans monogram- me royal, ni liste des grands officiers, la formule de corroboration annonce seule- ment le sceau. Ala difference des simples «lettresv, la charte a une date indiquant le lieu et I'an de l'Incarnarion scion le type suivant: Action Senonis anno Incarnali Verbi M°C° L)C)Q , que suit la recognition de chancellerie, toujours exprimee par la formule: Datum per ntamtm N cancellarii..

Toutefois un certain nombre de ces lettres ne comportent ni date, ni recognition de chancellerie, tandis qu'on rencontre, tout au contraire, d'autres lettres qui ont date, annonce du sceau, souscription de chancellerie, mais avec une adresse, comme teile lertre de 1155 adressee par le roi h ses prevöts pour qu'ils assurent la franchise de passage sur ses terres a 1'abbaye d'lgny2. Autre exemple: un acte par lequel le roi invite tous ses agents (omnibuts prepositis ministris suds) a agir en sorte que le chapitre de Notre-Dame de Paris n'ait point lieu de se plaindre: cet acte, qui etait scelle sur double queue, comporte un salut initial (Saluttem) et final (Valete), mais point de date'. On est alors a I'origine meme d'un type d'acte qui va se multiplier sous Philippe Auguste a partir de 1185 et qui dominera des le debut du X111° siecle, mais qui hesite encore visiblement entre la future lettre patente et le mandement.

Les mandements royaux

De meme qu'on avait dejä releve quelques «mandementsv, actes de forme encore assez incertaine et se distinguant ma! de la charte, sous les regnes de Philippe Icr et de Louis VI, la chancellerie de Louis VII commence a expedier de veritables mandements pour 1'expedition d'ordres de nature administrative. Un excellent exemple, conserve d'ailleurs en original, est celui par lequel le roi notifie ä l'ensemble de ses prevöts et de ses sergents (omnibus prepositis et servientibus suis) qu'il a pris sous sa protection les marchands qui se rendront a la foire de Puiseaux

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en Gätinais et il leur enjoint (mandamus vobis et precipimus) de publier ce privilege dans les lieux de leur ressort. Cet aste comporte un salut, mais ni date ni formule de

corroboration, et il est scelle sur simple queue, decoupee au bas du parchemin, puis repassee par une incision au centre de la piece4. On possede d'ailleurs un certain nombre d'exemples analogues sous forme de copie, notamment un mandement assez caracteristique relatif a 1'abbaye de Chaalis. Ici encore, on est donc ä la racine d'un type d'acte, le mandement scelle sur simple queue, qui va se multiplier des le

regne suivant.

Les lettres missives du roi

De Louis VII on a egalement conserve le texte - mais non I'original - de nombreuses lettres missives, le plus souvent de nature politique, adressees au Pape, ä l'empereur, a des eveques etc.., avec le salut final caracteristique Vale, Valete. Elles nous ont ete conservees en copie par le recueil de lettres de Hugues de Champfleu- ry, le chancelier royal, dont le manuscrit original est aujourd'hui a la Bibliotheque Vaticane et dont le contenu a ete publie au XVII° siecle par ANDRE DUCHESNE5, mail sans respect de fordre de pieces.

Les actes du regne de Philippe Auguste

Le regne de Philippe Auguste marque un tournant des plus importants dans l'histoire de la chancellerie et dans la diplomatique de's actes royaux francais. C'est, en effet, de ce regne que date la vacance de la chancellerie, qui ne sera suspendue que pendant quelques annees, apres la fin du regne, au profit de Frere Guerin, eveque de Senlis: des vacances s'etaient dejä produites sous le regne de Louis VI et de Louis VII, mais c'est Philippe Auguste qui cesse de nommer un chancelier, avec routes les prerogatives de cette charge, pour confier la direction du bureau d'ecritu-

re et de scellage des actes royaux ä un «garde de la chancellerie» (custos sigill). C'est avec son regne, d'autre part, que commence vers 1200 la tenue de registres de la chancellerie, sans que pour cela - bien au contraire - on puisse parler d'un enregistrement systematique des actes. Enfin la typologie des actes royaux prend, vers 1190, un caractere plus strict que precedemment, meme si on doit admettre que les differents types d'actes existaient dejä des le regne precedent, mais avec une variabilite beaucoup plus grande dans la presentation ou la formulation.

Les actes royaux peuvent des lots se classer en grandes categories: les diplömes, les chartes, les lettres patentes et les mandements, en laissant de cote les lettres missives que Fon doit supposer s'etre des lors multipliees, mais que la condition de la conservation des archives ne nous permet plus guere aujourd'hui d'etre prises en consideration.

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Le diplöme ct la charte

La distinction typologique fondamentale cntre le diplöme et la charte apparait tres nettement dans le cas suivanr, oü un meme acte a fait l'objet d'une double expedition sous deux formes diplomatiques differentes. Il s'agit de la confirmation par lc roi d'une venrc falte a l'abbaye de Saint-Germain des Pres de I'avouerie d'Esmans, tenue en fief du roi, ainsi que d'un droit d'usage sur les bois dont une enquete avait prouve que cet avoue etair Ic scul a jouir. Ces deux expeditions6, redigees simultanement, a Paris en 1203, sons routes deux scellees de cire verse sur lacs de sole rouge et verse, mais (curs formes diplomatiques sons differentes:

- dans I'exemplaire sous forme dc diplöme, la premiere ligne est toute entiere occupee par une invocation 3 la Trinite, suivie de la souscription royale et eile est ecrite en caracteres aIlonges; a la fin il comporte la date de lieu, I'annee de l'Incarnation (sans mois ni quanti%me) er l'annee du regne, ainsi que la liste des brands officiers sous la forme apparue sous le regne precedent (Astattibus in palatio nostro... ); au pied de la piece, s'etale sur toure une ligne la recognition de chancellerie encadranr Ic monogramme royal: Data vacante (monogramme) cancel- laria, chaque syllabe ou groupe des syllabes etant separe de to precedente par un blanc, et au-dessous, en petits caract%res: per manum fratris Garini.

- l'autre exemplaire sous forme de charte, d'une teneur identique, est d'un format nettement plus petit; cite n'a point dc caracteres allonges et eile est depour- vue d'invocation initiale. Elle comporte, au contraire, une adresse universelle suivie An salut (Universisad quos littere presentes pervenerint, salutem) et la notification est breeve: Noscitis quod. La date se limire au nom de lieu cc ä I'an dc l'Incarnation,

sans Fan du regne ni la liste des grands officiers, mais eile comporte ! 'indication du

mois (sans le quanrieme) er eile ne comporte ni mention dc chancellerie, ni monogramme royal.

Cet exemple montre que la forme du diplöme est definivement fixee. L'invoca- tion verbale est de regle: In nontine sanctae et individuae Trinitatis, er il n'y a pas d'adresse. Une formule de corroboration fait etat de la finalite perpetuelle de l'acte, generalement exprimee ainsi: Quod tit perpetuttnt robur obtineat, suivie de Fan- nonce du sceau et du monogramme designe par les mots regii nominis karakter. 11 s'y trouve, en outre, tres frequemment une formule generate de reserve: salvo hire nostro öu bien salvo lure alieno ou encore cette double formulation. Lice a la date- oil l'annee de ! 'Incarnation est cxprimee scion le style de PSques cc celle du regne est comptee ä partir du sane royal (ter novembre 1179) et non pas de la mort de Louis VII en 1180 - la liste des grands officiers (commencant par la fiction de l'assistance: Astattibus in palatio nostro) continue h figurer. Au bas du diplöme est la mention Datum per manes N. (accompagnee de la mention eventulelle de la vacance de la chancellerie: Vacante cancellaria).

Si, au debut du regne er jusque vers 1190, les caracteres respecrifs du diplöme et de la charte er ceux de la charte et de la lettre patente ne sons pas encore toujours fixes d'une manii re absolument stricte, par la suite la distinction devient de plus en

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plus nette. Normalement; la charte - que la chancellerie designera officiellement comme des «lettres patentes en forme de charte» et finalement de «charte» - ne comporte pas d'invocation et eile commence directement par la suscription royale; l'adresse et le salut se font progressivement exceptionnels, mais eile presente toujours une notification universelle et perpetuelle (Notum facimus universis pre- sentibus et futuris) suivie d'une formule de perpetuite (in perpetuum), le preambule n'existant desormais que Bans les acres de forme particulierement solennelle. Mais il ya generalement une formule de corroboration de type perpetuel comportant l'annonce du sceau. Le date comporte le lieu, l'annee de l'Incarnation (mail non celle du regne) et le mois; la charte s'acheve par la mention de la recognition de

chancellerie (exprimee par vacante cancellaria). Le sceau de cire verte, qui a pu au debut du regne, pendre a une queue, generalement double, de parchemin, fest

ensuite regulierement a des lacs de soie, dont la couleur ne semble pas avoir ete fixee; tantöt rouge, tantbt rouge et jaune ou rouge et verte, celle-ci l'emportant definitivement vers la fin du regne.

La lettre patente

La lettre patente, qui sous Louis VII se distinguait mal de la «charte», s'en Mache progressivement sous Philippe Auguste. Elle garde 1'allure epistolaire, avec une adresse universelle et un salut, mais sans aucune reference ä une notion de perpetuite: Universis presenter litteras inspecturis salutem ou bien Noverint univer- si. La formule de corroboration est souvent absente; quand eile existe, eile ne comporte aucune allusion ä la valeur perpetuelle de dacte. Le sceau est normale- ment de cire jaune qui, appendu le plus souvent ä une courroie de cuir blanc, devient ä la fin du regne, une double queue de parchemin.

Ainsi nait ce qui sera une des formes classiques d'un type d'acte de la chancellerie royale francaise: la lettre patente scellee de cire jaune sur double queue de parche- min, passant par des incisions percees dans un repli de la piece. A partir de 1190 er surtout de 1200, chartes er lettres patentes l'emportent nettement en nombre sur les diplömes, qui constituaient auparavant le mode le plus usuel de l'expression ecrite de la volonte royale.

Le mandement

Le mandement est un acte par lequel le roi entend communiquer un ordre ä des officiers ou a des dependants, vassaux ou autorires municipales. 11 est ecrit d'une plume rapide et sans fioritures sur un morceau de parchemin, generalement de petite dimension et il est scelle desormais d'un sceau de cire jaune sur simple queue de parchemin decoupee au pied de la piece. Cc sceau etait de meme type que celui qui scellait les acres plus solennels, mais au cours du regne, et sans doute a mesure que s'accroissait le nombre de ces acres «administratifs», on utilisa une matrice d'un diami tre legi rement plus reduit que le grand sceau.

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Le mandement comporte une adresse particuliere ou collective et un salut. Sans notification, l'acte exprime directement et brievement Fordre royal, generalement marque par les mots mandamus tibi (ou vobis) ou vobis mandantes praecipimus ou encore interdicimus. 11 ne comporte ni formule de corroboration ni mention de chancellerie, et it s'acheve par une date de lieu et de Pan de l'Incarnation, avec indication du mois (sans quantieme).

Les actes buJ1 s d'or

Philippe Auguste - dont le surnom qui lui fur donne West certainement pas innocent - fur Pun des seuls souverains francais ä utiliser, dans des circonstances exceptionnelles, une bulle d'or, et il faut y voir sans aucun doute son desir de rivaliser avec l'empereur, notamment Frederic Barberousse qui avait fait expedier un certain nombre de ses bulles d'or pour diverses eglises de la «region d'entre deux», entre le Rhone er des Alpes. Nous n'avons pas conserve d'actes originaux ainsi scelles, mais deux mentions d'actes perdus sont a cet egard revelateurs. L'une se rencontre dans la reponse qu'adressa a Philippe Auguste le prince de Galles Llywelyn le Grand, en se referant a ses lettres ainsi bullees: litteras vestras sigillo aureo impressas7 pour confirmer I'alliance entre les deux pays. L'autre allusion se trouve dans une lettre adressee a Alphonse de Poitiers le 24 mars 1254: tres cartas de imperatore et unam de... rege Francorum Philippo, in auro sigillatas8.

Dans le domaine du sceau, Philippe Auguste innova egalement en adoptant regulierement, des son avenement, un contre-sceau dont le type-sans Legende-fut la fleur de lys. Celle-ci etait unique, type que son petit-fits saint Louis devait repren- dre, alors que Louis VIII usa de 1'ecu de France au semis de fleur de Lys.

Le sceau de regence

Lorsque Philippe Auguste partit pour la croissade de 1190-1191, il emporta son grand sceau et se fit accompagner de son garde du sceau qui en scella divers actes au cours de la campagne. Mais avant son depart il avait organise le fonctionnement de 1'administration du royaume et de la chancellerie en son absence. Le contröle de 1'usage du sceau - et donc de 1'expedition des actes - fur alors confie a un conseil forme de six grands bourgeois de Paris, charges par ailleurs de veiller a la regularite des affaires financieres'. Les actes furent intitules au nom du roi et sous la meme forme que lorsque le souverain etait present dans le royaume, mais il est alors indique nettement qu'ils ont &e dresses in presentia nostrorum burgensiutn qui sigillum nostrum custodiunt, ou bien sub testimonio nostrorum burgensium, ou encore coram burgensibus nostris. En outre dans nombre d'actes etaient indiques Ies noms des bourgeois presents, dont beacoup nous sont connus par divers actes de 1'epoque, notamment Thibaut le Riche, Ebrouin le Changeur, Athon de la Greve etc., ainsi que ceux d'officiers royaux tels que le chambellan Andre, le marechai Pierre, le clerc Nicolas ou Robert de Chartres. Certains acres mentionnent encore

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que le manquement a leur contenu entraineraient les memes sanctions que s'ils emanaient du roi lui-meme10.

Pour le scellement de ces acres avait ete grave un nouveau sceau, de type analogue ä celui du grand sceau, mais d'un diametre un peu inferieur; mais il est surtout ä noter qu'on lui donna pour contre-sceau une aigle aux ailes eployees, qui montre lä aussi le desir du roi de se donner l'image d'un roi «empereur en son royaume». Cc fait est encore a rapprocher du sceau royal qui fut egalement institue a Paris et dans plusieurs prevötes pour valider les contrats passes entre Juifs et chretiens: en effer, cc «sceau aux Juifs» (sigillum Judeorum) etait aussi une aigle essorant, premier sceau d'une juridicrion royale, dont l'usage devait durer une vingtaine d'annees.

On voit par routes ces observations l'importance qu'a revetue dans l'hisroire de la diplomatique royale franqaise le regne de Philippe Auguste, avec la multiplicite des types d'actes royaux, avec la predominance de la charte par rapport au diplöme,

avec 1'etablissement de regles plus regulieres pour la forme et le scellement de la

charte et du mandement, avec l'adoption du contre-sceau, avec le fonctionnement d'une chancellerie en 1'absence du roi. Les annees 1190-1200 ont donc ete

capitales dans 1'evolution de la chancellerie royale, sans compter que vers 12001a tenue de livres pour la conservation d'actes expedies par la chancellerie ou concer- nant les droits et interets du roi - origine de la longue serie des registres de la

chancellerie - ouvrait une periode nouvelle dans 1'histoire de celle-ci et meme, plus generalemenr, dans celle du gouvernement du royaume. Cela a correspondu a cc temps de mutations fondamenrales qui, en tant d'autres domaines, politiques, institutionnels, economiques, religieux, intellectuels, artistiques, a vu, avec la repri- se en mains du royaume, l'institution des baillis et la naissance de l'Universite, une transformation profonde du royaume, un veritable tournant du Moyen Age.

IA titre d'exemples de la diversite de presentation des diplbmes de Louis VII, je citerai trois acres: - ordonnance royale - un des premiers actes de cette nature - expediee de Paris en 1144 (le roi, apprenant que des juifs convertis sont retournes au judatsme, ordonne leur expulsion immediate sous peine de molt ou de mutilation, si on les arrete): I'acte est stelle d'un sceau de cire brune sur lanieres de cuir blanc, avec repli de 16 mm. L'acte est depourvu d'invocation initiale.

- confirmation par le roi d'une donation faite aux Templiers de Poissy; l'acte est expedie de Paris en 1162, est stelle de cire rouge sur une courroie de cuir tresse, avec repli de 20 mm. - confirmation par le roi de I'abandon fait ii Saint Victor de Paris, par un chevalier, de la grange de Chätillon; l'acte, expedie de Bulles en 1175 est stelle de cire verte sur courroie de cuir blanc, avec repli de 42 mm et il est depourvu des lettres allongees.

2 Cf. A. LUCHAIRE, Actes de Louis VII, n. 358.

3 Arch. nat., K 25 B n. 12; cf: LUCHAIRE, Actes, n. 779.

4 Arch. nat., K 23, n. 22 (11); cf. A. TARDIF, Canons des rois, n. 484.

S Republie dans le Recueil des historiens de France, t. XVI, p. 1-170.

6 Arch. nat., K 27, n. 8: 1a et b; cd. Recueil des aces de Philippe Auguste, n. 744.

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7 Arch. nat., j 655, n. 14 (=AE I1166).

8 Fac simile de I'Ecole des chartcs, n. NF 287 (cf. - CH: V. LANGLOIS, Une lettre..., dann Bibliotheque de I'Ecole des chartes, XLVI, 1885, p. 589-593).

9 Parisius sex homines probos et legitimos cons: ituimus, quorum nomima shirt hoec: T. A. E. R. B. et N.

10 tam corpore quam possession merciam noverinrt incurisse.

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