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Caroline MORIN (TISSIER)
L’utilisation de la bande dessinée
comme outil pédagogique efficient
dans la maîtrise de la langue
et du récit.
Directrice de mémoire : Mme MIANNAY
IUFM ACADEMIE DE CRETEIL SITE DE LIVRY-GARGAN
ANNEE UNIVERSITAIRE 2006/2007
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INTRODUCTION..............................................................................................- 3 -
1-1 Généralités : Qu’est-ce qu’une image ? Quelles fonctions exerce-t-elle ?- 5 -
1-2 La place de l’image à l’école. .................................................................. - 6 -
1-3 Les programmes de l’école primaire........................................................ - 7 -
1-4 Quels objectifs d’apprentissages peut-on envisager ?.............................. - 8 -
La maîtrise de la langue à l’école ................................................................... - 8 -
1-5 Enseigner la lecture d’images .................................................................. - 9 -
1-6 La bande dessinée : caractéristiques générales et ce qu’elle va permettre
comme apprentissages langagiers. ............................................................... - 10 -
SECONDE PARTIE.........................................................................................- 21 - 2-1 Cycle 1 : écriture d’une bande dessinée à partir d’images « tactiles ». . - 21 -
2-1-1 Mise en place ..................................................................................- 23 - 2-1-1-1 Au moment des rituels : la boîte mystère. ...............................- 24 - 2-1-1-2 Le bonhomme de neige de Raymond BRIGGS. .....................- 24 - 2-1-1-3 La bande dessinée tactile. ........................................................- 30 -
2-1-2 Bilan................................................................................................- 34 - 2-2 Cycle 3 : écriture d’une fable en bande dessinée et approche culturelle de
ce type d’écrit. .............................................................................................. - 35 -
2-2-1 Séance 1 : Reconnaître une BD. .....................................................- 37 - 2-2-2 Séance 2 : Définir la bande dessinée. .............................................- 38 - 2-2-3 Séance 3 : Lire la bande dessinée. ..................................................- 39 - 2-2-4 Séance 4 : Le vocabulaire de la bande dessinée. ............................- 40 - 2-2-5 Séance 5 : La genèse d’une bande dessinée (1/2)...........................- 41 - 2-2-6 Séance 6 : La genèse d’une bande dessinée (2/2)...........................- 42 - 2-2-7 Séance 7 : Le langage de l’image : place du texte dans les dessins, découpage et mouvement. ........................................................................- 44 -
CONCLUSION ................................................................................................- 46 - ANNEXES .......................................................................................................- 48 -
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INTRODUCTION
La salle de classe est le living room de la culture. [Quino]
Extrait de la bande dessinée Mafalda
La bande dessinée a souvent été considérée hors culture voire même comme
déviance littéraire. Nous sommes loin aujourd’hui des propos tenus par Henri
WALLON1, prétendant que « les BD ne se substituent au langage écrit et n’en
laissent subsister que des exclamations ou de simples sons onomatopéiques », ou
bien encore que « si les BD ne sont pas les raisons les plus importantes de la
délinquance juvénile, elles en fournissent souvent les modèles ».
Considérant le nombre de bandes dessinées publiées chaque année en France
(plus de 4000 en 2006)2, il est difficile d’ignorer ce genre dans l’espace culturel et
littéraire contemporain. Seulement comme toute image, il est nécessaire
d’apprendre à l’aborder par ses codes propres.
S’il est essentiel d’apprendre à lire une bande dessinée, il est aussi important de
proposer aux élèves des situations d’apprentissage riches et motivantes. Pourquoi
ne pas le faire par la bande dessinée ?
« C'est en discutant avec un bon nombre d'enseignants, professeurs et instituteurs,
que j'ai compris qu'ils étaient bien ennuyés avec la bande dessinée. Il y a de
nombreux titres au programme de l'Education Nationale et ils n'ont pas reçu de
formation pour la déchiffrer, la comprendre et la faire comprendre à leurs
élèves » explique le scénariste Lewis Trondheim.
1 Cité par Annie BARON-CARVAIS, La bande dessinée, Collection Que sais-je ?, PUF, 1994. 2 AMEDEO, Fabrice. Production record de la bande dessinée en France, 2 janvier 2007 (7
février 2007),
http://www.lefigaro.fr/eco/20070102.FIG000000074_production_record_de_bandes_dessinees_e
n_france.html
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Alors comment utiliser la bande dessinée comme outil pédagogique à l’école, et
profiter de l’utilisation simultanée du langage écrit et celui de l’image pour
renforcer la maîtrise de la langue ?
Pour tenter d’apporter une réponse à cette interrogation, nous nous proposons
dans une première partie de définir la bande dessinée et légitimer son utilisation
en classe. Dans la seconde partie, nous présenterons les activités autour de la
bande dessinée mises en place lors de stages effectués en cycle 1 et 3.
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PREMIERE PARTIE
1-1 Généralités : Qu’est-ce qu’une image ? Quelles
fonctions exerce-t-elle ?3
Dans la vie courante, une image, terme qui vient du latin « imago », est une
représentation, une imitation de la réalité. Or, celle-ci n’est pas une copie parfaite
de la réalité. En effet, elle est la résultante d’une intention, d’une réalisation
matérielle et d’une construction dont elle tire son sens. Elle possède donc un
langage propre et il est nécessaire d’apprendre à l’identifier et à l’analyser pour
accéder à sa signification.
L’image est constituée d’éléments spécifiques qui la caractérisent :
- la technique qui lui a donné naissance : l’utilisation de matériaux particuliers
(pensons notamment aux vitraux, à une tapisserie), le trait mis en valeur dans un
dessin (la gravure, la lithographie), la combinaison de procédés visuels (les plans,
la couleur, le cadrage, la profondeur… que nous approfondirons pour traiter les
spécificités de la bande dessinée) et la possibilité de la diffuser et de la reproduire
(photographie, photocopie et numérisation) ;
- les référents de l’image : est-ce une représentation d’un élément réel ? (un
portrait, un paysage par exemple) ou une représentation d’une représentation ?
(c’est-à-dire une image au second degré telle qu’une reproduction d’un tableau de
maître dans un ouvrage) ;
- sa fonction.
3 Les Discours de l’image (références complètes inconnues).
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A propos de sa fonction, il est important de noter que toute image, de quelque
provenance, véhicule un message, elle est un outil de communication. Plusieurs
fonctions différentes peuvent lui être conférées :
- une fonction référentielle : l’image est une présentation d’un objet, d’une
personne, d’un savoir servant à informer et/ou à enseigner.
- une fonction argumentative : l’image a pour objectif de convaincre celui qui la
regarde. C’est le cas de l’affiche publicitaire, du dessin satirique de journal.
- une fonction esthétique, celle que l’on retient le plus souvent (sans pour autant
attribuer à l’image une unique fonction esthétique): l’image est produite pour être
livrée au regard, elle suscite alors le plaisir, l’émotion, la rêverie, l’intérêt narratif
(c’est le cas de la bande dessinée, qui nous intéresse particulièrement ici).
Nous avons choisi de nous intéresser à l’image de bande dessinée, dans la mesure
où elle est un moteur pour l’implication des élèves, surtout en cycle III, et un outil
d’apprentissage pluridisciplinaire intéressant.
1-2 La place de l’image à l’école.
L’image appartient dans nos sociétés à un mode de communication très répandu.
Le jeune public n’est pas exclu de cette constatation : les enfants sont de grands
consommateurs « spontanés » d’images, dont ils semblent accéder au sens de
façon naturelle. Or, non préparés, ils consomment les images sans en saisir les
finalités précises et profondes ainsi que leurs spécificités. C’est pourquoi il est
nécessaire de l’étudier à l’école.
D’autre part, l’école propose des situations pédagogiques où l’image est
omniprésente. Pas un texte, pas un exercice mathématique qui n’en soit
accompagné. En sciences, elles prouvent. En histoire, elles sont des traces du
passé. En arts plastiques, elles invitent à faire…mais elles restent un support à un
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enseignement qui illustre et démontre, et sont beaucoup plus rarement
considérées comme un outil spécifique d’apprentissage.
L’institution scolaire aura alors pour mission d’aider les élèves à comprendre le
message qui leur est destiné, par l’observation, l’approche du sens et la saisie des
intentions du transmetteur.
Le rôle de l’enseignant est par conséquent de :
- rendre les élèves acteurs de leur apprentissage
- les rendre capables de s’approprier le message
- les rendre ou de les faire devenir des destinataires avertis et créatifs.
1-3 Les programmes de l’école primaire.
Aujourd’hui l’école semble avoir saisi l’enjeu de l’éducation du regard des élèves
en mettant l’accent sur l’éducation à l’image et sur les arts visuels. Ainsi les
activités à mettre en place vont avoir pour but de faire du regard sur l’image un
regard actif.
Au cycle I, l’école maternelle encourage et développe les langages d’expression
qui mobilisent le corps, le regard, et le geste. L’école saisit ainsi toutes les
occasions d’une découverte active et en sollicite les représentations. Ceci ne sera
possible que grâce à la médiation de l’adulte qui lit, explique, commente les
textes comme les images et les schémas. Dans Livres et apprentissages à l’école4,
cinq exigences sont relevées à propos de l’usage des livres au cycle I :
• la promotion de la parole du jeune enfant dans le cadre de multiples
situations d’échange, permettant d’explorer en dehors de toute
modélisation, les approches spontanées du livre par l’enfant ;
• la construction de la parole de l’élève autour d’activités régulières ;
4 Ministère de l’Education Nationale. 1999.
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• l’attention de l’enseignant quant à la richesse et à la diversité du langage
des enfants qui ne cessent d’apprendre à parler ;
• la prise en compte du fait que l’élève du cycle I apprend à parler sa lecture
avant d’apprendre à lire, au cours d’un processus lent et continu où
s’affirme sa propre parole ;
• l’intégration progressive chez le jeune enfant, de ce fait, du livre dans sa
propre vie.
Ce n’est qu’à partir du cycle II que l’on parle d’Arts visuels. Au cycle II, la
manipulation d’objets et d’images se poursuit et engage l’élève dans des
démarches de réflexion5. L’élève doit apprendre à fréquenter les images, à les
transformer, à se rendre auteur et spectateur. L’élève met en œuvre des
comportements différents le conduisant à l’acquisition d’un vocabulaire propre et
à une réflexion sur le sens des images.
Enfin au cycle III, l’image est introduite dans toutes ces formes, fixes et animées6
et dans les domaines très divers. Cet enseignement vise à articuler deux volets
distincts qui participent l’un et l’autre à l’éducation du regard :
· Une pratique diversifiée intégrant analyse et production d’images
· Une approche culturelle et citoyenne7
1-4 Quels objectifs d’apprentissage peut-on envisager ?
La maîtrise de la langue à l’école
Selon Anne DELAFONT8, « Tout élève est d’abord un enfant qui voit, qui
entend, qui sent, qui répète, qui tente de s’exprimer […]. L’école a pour mission
de lui apprendre à regarder, de lui apprendre à lire et à écrire, pour comprendre et
appréhender le monde qui l’entoure, et pour l’aider, très progressivement, à entrer
5 Il n’y a pas de références explicites à la BD, seule la variété des images à présenter aux élèves est mise en avant dans le chapitre « Parler sur des images ». 6 Même si on peut en trouver aux autres cycles. 7 Une liste d’œuvre est mise à disposition des enseignants dans les documents d’application pour les arts visuels. 8 Des images à parler, à lire, à écrire, collection Démarches et outils pour la classe. CRDP Nord pas de Calais.
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dans le monde des connaissances et à s’exprimer ». Ainsi ce qui est en jeu ici est
bien la maîtrise de la langue. Utiliser des images dans les situations
d’apprentissage va les enrichir et permettre d’ « activer des compétences dans
plusieurs domaines du français simultanément et intéresser les élèves quel que
soit leur niveau de compréhension des consignes ».
1-5 Enseigner la lecture d’images
Il existe selon Marion DURAND et Gérard BERTRAND9 un « langage de
l’image ».
L’éducation au regard nécessite pour les élèves de connaître quelques notions et
demande des apprentissages complexes :
- Identifier, déchiffrer, décoder des signes, les distinguer et parfois même
les hiérarchiser.
- Construire un sens par addition ou en fonction de la dominance d’un
signe plastique spécifique.
- Envisager la polysémie d’une image.
- Saisir la dimension offerte à l’œil autant que ce qui est dénoté, ce qui est
induit, suggéré par l’image : entrer dans le non-dit et l’implicite
- Prendre en compte lors de l’interprétation de l’image l'intention de l'auteur
(ce qu'il a voulu dire), l’œuvre (ce que l'image dit), et sa propre
interprétation ou perception (ce qu'il voit dans l'image).
- Faire le lien entre écrit et image.
Se former à la lecture de l'image est de plus en plus nécessaire, d’autant plus
qu’elle permet aussi d'acquérir un regard critique sur le monde. Mais toutes les
images ne se valent pas, et l’image de bande dessinée est une image très
particulière.
9 L’image dans le livre pour enfant. L’école des loisirs, 1975.
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1-6 La bande dessinée : caractéristiques générales et ce
qu’elle va permettre comme apprentissages langagiers.
Bien qu’elle puisse être utilisée dans des notices, dans des publicités, dans des
domaines où règne l’information, la BD c’est avant tout un récit raconté en
images fixes successives de différentes tailles (cases), et dont le texte est compris
à l’intérieur des dessins. Autrement dit par Jacques TRAMSON, « la bande
dessinée a pour particularité d’associer les caractéristiques du texte narratif à
celles de la représentation graphique »10. Différents ingrédients entrent dans la
composition d’une BD : le scénario, les dessins, et le montage des vignettes.
La bande dessinée a en outre pour caractéristiques (qu’elle partage avec le
cinéma) de rendre « vivant » le récit11 , et surtout son organisation en plans. Les
différents plans seront exposés ci-dessous, et les exemples illustrant mon propos
sont extraits des BD laissées en « lecture plaisir » dans la classe :
• Le choix du plan suit une intention de la part du dessinateur de bande
dessinée, et plus encore la succession de plans correspond à la progression
de l’action (la dimension dramatique d’un moment du récit va être
amplifiée par un jeu de plans différents qui se succèdent) :
o le plan d’ensemble présente le lieu dans lequel se déroule l’action,
le récit prend place dans un supermarché, à une époque
contemporaine.
o le plan de demi-ensemble destiné, au cours de l’action, à résumer
les données de la scène, ou permet d’introduire un personnage.
10 « Paysages en bande dessinée », Visages et paysages du livre de jeunesse, L’harmattan, 1996. 11 BARON-CARVAIS, Annie. La bande dessinée. Que sais-je ? PUF 1985.
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Notre exemple montre le personnage principal du plan précédant
le montrant dans le décor présenté juste avant :
o le plan moyen utilisé pour présenter les personnages, ou pour en
introduire un autre dans l’histoire.
o le plan rapproché qui cadre le personnage à la taille. Dans la
vignette présentée issue d’un album de Mélusine, ce plan est
utilisé pour mettre l’accent sur l’action du personnage, buvant
vraisemblablement une potion.
o le plan américain dans lequel le personnage est coupé aux genoux.
Faisant suite à la vignette précédente, le plan américain a pour
fonction de mettre en valeur les effets de la potion sur le
personnage et la réaction de surprise de l’héroïne.
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o le gros plan permet d’attirer l’attention du lecteur sur un détail
(sentiment exprimé du héros, élément du décor ayant son
importance dans l’intrigue). Dans les vignettes suivantes, la
première en plan plus large permet de comprendre (avec l’appui
du texte encadré) le gros plan de la vignette montrant les jambes
du personnage passant devant un lieu énigmatique (la vignette en
gros plan ne peut se comprendre que par la lecture de la vignette
précédente).
o le très gros plan souligne un détail comme ci-dessous la face d’une
belette incomplète de la bande dessinée Le vent dans les saules,
accentuant le signal d’alarme qu’elle semble lancer avec ses
acolytes.
• Les angles de vue, qui se combinent aux plans, permettent de concrétiser
des situations :
o classique : le lecteur est face au personnage, comme si le
personnage s’adressait directement au lecteur, ressentant dans
notre exemple la menace de la parole :
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o oblique : le point de fuite est situé hors de l’image, sur le côté,
suggérant dans la vignette-exemple proposée que le lecteur de la
bande dessinée soit également acteur du récit, sorte de témoin
indiscret de ce qui se trame à l’intérieur du château.
o en contre-plongée : le lecteur est « dominé » par les personnages,
le plaçant dans le cas présenté comme un véritable protagoniste du
récit qui entend l’annonce faite par le vigile.
o en plongée : la scène est survolée, elle permet de bien visualiser
dans l’exemple le passage périlleux dans lequel s’engage le navire,
avant d’arriver à bon port.
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o contrechamp/plein-champ : la scène est vue de face puis de dos ou
inversement. Ce plan est souvent utilisé lors d’affrontement de
protagonistes, ou pour traduire l’importance d’une discussion entre
deux personnages. Ce type de plan peut également être utilisé pour
montrer quelqu’un qui regarde quelque chose, puis l’objet vers
lequel se porte le regard, ou inversement un objet, puis son
admirateur. Dans l’exemple présenté, un enfant est d’abord montré
de dos regardant une automobile, le plan suivant nous montre
l’expression de son visage véritablement admiratif, émerveillé,
rêveur.
• La scène d’une bande dessinée prend vie par différents procédés qui
permettent de l’ « animer » :
o le mouvement peut être traduit par des idéogrammes:
• des traits continus dessinés (traits pleins ou en pointillés) :
le dribble exceptionnel de ce joueur laissant ses adversaires
sans dessus-dessous est représenté par ces lignes courbes et
interrompues, notamment rendues visibles sur la pelouse
du terrain grâce à l’utilisation de la couleur blanche.
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• des éléments censés former un tout sont dispersés : la
troisième vignette ci-dessous représente une table de pique-
nique conçue par Gaston Lagaffe, et visiblement pas
encore au point à en juger la dispersion des victuailles dans
l’air.
• le dessin de certains objets témoins de la position
précédente du personnage, visibles sur la vignette mais leur
possesseur n’y est plus rattaché : sous la force du coup
asséné par Obélix, le soldat romain est projeté en l’air alors
que ses cothurnes restent sur le sol.
• le dessin des mouvements successifs coexistants sur la
même vignette : ici Astérix, donnant une série de claques à
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un romain, et dont la succession rapide est transposée par
cette co-représentation des allers-retours de la main.
o les pensées des sujets sont souvent inscrites dans des bulles
différentes des bulles classiques, soit par leur forme (nuage), soit
par leur attachement aux personnages. Des symboles
(pictogrammes) peuvent également servir à concrétiser les pensées
contenues dans des bulles habituelles :
• perplexité ou surprise :
• agressivité ou colère :
• sentiments :
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• sommeil :
• idée lumineuse :
o le fond sonore est concrétisé par des onomatopées, c’est-à-dire un
mot dont le son imite celui de l’objet qu’il représente, en voici
quelques-uns :
• ronflements :
• éternuements :
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• sifflet de policier :
• sonnerie de téléphone :
• explosion :
• sonnette de porte :
• frappe à la porte :
• sirène:
• vrombissement de voiture :
• arme à feu :
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• bruit de casse :
• plongeon :
• bagarre :
Dans la BD, textes et images sont complémentaires et participent à égalité à la
progression spatio-temporelle du récit. En outre, on peut noter que comme au
cinéma, on a de véritables séquences narratives.
C’est aussi une forme littéraire à part entière subdivisée en genres différents
(aventure, fantastique, humour, policier,…). Enfin, c’est un art reconnu : le
neuvième art.
En référence aux instructions officielles, l’utilisation de la bande dessinée offre
de nombreux avantages. Le principal reste la pluridisciplinarité. De par sa forme,
son exploitation est principalement tournée vers deux disciplines : la littérature et
les arts visuels. Pour ce qui nous concerne et au vu du temps dont nous disposons,
nous n’avons conservé d’intérêt que pour le premier domaine.
La BD permet à tous les élèves une entrée plus facile dans la lecture autonome et
elle devient une lecture-plaisir. S’ils ne sont pas habitués aux romans ou aux
autres formes de littérature, généralement les élèves connaissent et pratiquent déjà
d’eux-mêmes la lecture de bandes dessinées.
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Pour Annie BARON-CARVAIS12, la BD permet de répondre au désir des
jeunes : « les récits prennent du relief, ils informent tout en distrayant ».
Ils en connaissent les principaux codes, genres et personnages. Pour des élèves en
difficulté face à la lecture, cela reste un moyen plus facile de pratiquer la lecture
autonome, dans la mesure où une rapide lecture des images, une sorte de parcours
des yeux devance toujours la lecture de chaque vignette13.
La bande dessinée est avant tout une histoire La complémentarité texte/image lui
donne forme et rythme visuels.
Il n’est pas question ici de faire de l’étude de la bande dessinée une fin en soi. Il
s’agit davantage de l’envisager comme un moyen d’aborder ses codes de
fonctionnement, de rendre plus conscient des efforts que demande toute lecture.
12 La bande dessinée. Que sais-je ? Chez PUF 1985. 13 La bande dessinée est un excellent support pour aborder certains sujets scolaires ou ludiques de
façon agréable et explicite par l’union du texte et de l’image.
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SECONDE PARTIE Deux cycles, deux projets autour des « images à écrire » et de la bande dessinée.
2-1 Cycle 1 : écriture d’une bande dessinée à partir
d’images « tactiles ».
A l’école maternelle, alors que l’image est loin d’être l’objet d’un apprentissage
dans toutes les classes, « comme si cette lecture-là était évidente et d’accès
direct »14, il nous paraît évident qu’en petite section, la place de l’image est
d’autant plus importante que la construction d’une première culture littéraire
passe par la verbalisation suggérée à leur propos, en parallèle avec la
connaissance des référents des mots du langage par le biais des imagiers. Il ne
s’agit pas de se contenter de faire correspondre un mot et un référent, et de
s’engager dans une simple description, mais de mettre en place des situations
d’apprentissage qui vont poursuivre un objectif d’enrichissement lexical et
syntaxique. Selon Anne DELAFONT, l’enfant dès deux ans possède les capacités
de construction de tous types de phrase et de variation de ceux-ci en fonction du
sens qu’il veut donner à son message. Il est donc possible de mettre en place des
situations d’apprentissage qui permettent à l’enseignant d’utiliser les phrases
complexes : interroger les élèves sur les causes/ les conséquences d’une action
visible, mettre en relation un thème (l’objet) et d’un rhème (ce que l’on en dit)
notamment. Toutefois il ne faut pas perdre de vue que tous les élèves ne
bénéficient pas du même « bagage » de départ, il est donc primordial de proposer
des situations qui vont permettre à chaque enfant de s’exprimer avec les moyens
qui sont les siens, dans une perspective de pédagogie différenciée et d’enrichir ce
« bagage ».
14 Collectif sous la direction de CAMINADE-RIFFAULT, Françoise. Les sentiers de la littérature en maternelle, ARGOS démarches, CRDP Créteil, octobre 2005.
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Aussi, un travail sur la bande dessinée nous a permis de travailler sur la
progression du récit (par la manipulation d’images séquentielles notamment) et
sur un aspect essentiel de ce genre littéraire : l’art de l’ellipse.
Je souhaitais proposer avant tout aux élèves dont j’allais avoir la responsabilité un
projet dans lequel ils auraient envie de s’impliquer. Il s’agissait alors de partir
d’un sujet ayant un intérêt pour eux.
Nous aurions pu aborder le projet à partir d’un album. En effet, celui-ci laisse une
place importante à l’image, et la complémentarité du texte et de l’image est
reconnue. De même le fait que nous choisissions le récit comme base pouvait se
contenter d’un album. Il est certain que les enfants, quel que soit leur âge mais
surtout lors de leur jeune âge, ont un goût prononcé pour les histoires. Il peut
donc être motivant pour les élèves d’aborder ce genre littéraire particulier.
Seulement, la bande dessinée possède ses codes de fonctionnement propres,
facilement accessibles dans la mesure où l’image est au service de l’histoire. Pour
l’aborder en petite section, nous n’avons retenu que quelques éléments :
- la mise en page de la bande dessinée (planche, vignettes)
- la mise en image : les bulles qui font parler les personnages, les plans
- l’ellipse
En fait, ce qui nous a semblé primer est l’approche par l’image de la structure du
récit, même si, en fin de projet, je souhaite que les élèves puissent raconter à
l’oral l’histoire en imaginant les paroles prononcées par les protagonistes, et
aboutir à l’écriture collective des bulles.
L’envie pour les élèves d’écrire leur propre histoire relève encore d’une réelle
motivation, du désir de faire quelque chose « tout seul » et de pouvoir le montrer
à d’autres lecteurs.
Toutefois, certaines images peuvent parfois être difficiles à appréhender, à
« lire ».Elles peuvent avoir une part d’implicite que l’enfant ne peut pas
comprendre facilement, notamment pour ce qui retranscrit les sentiments et les
émotions ressenties par les protagonistes dans un décor donné. Les images dites
« tactiles » sont un moyen, outre de travailler des compétences dans d’autres
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domaines que le langage (le sens du toucher dans le domaine de la découverte du
monde notamment), de rendre plus visible, du moins de suggérer ce qui reste
subjectif lorsque la part de l’écrit est restreint.
Mon stage ayant eu lieu en janvier, je suis partie d’une thématique générale sur
l’hiver. Etant en petite section, l’ouvrage de Raymond BRIGGS, Le Bonhomme
de neige, m’a paru comme le meilleur livre me permettant d’introduire mon
projet auprès des élèves. Il se présente comme une série de vignettes racontant
une histoire d’amitié entre un petit garçon et un bonhomme de neige. Sa
particularité est d’être « muet » dans le sens où il n’y a pas de texte
accompagnant ces dessins : les visages sont très expressifs, et les décors riches
en suggestion émotive (la douceur des traits, les couleurs pastels, presque des
teintes d’aquarelles). Dans la mesure où il s’agissait d’une petite section, je ne me
suis pas servie de l’intégralité de l’œuvre, mais simplement du début et de la fin.
C’est seulement ensuite que les images tactiles ont été proposées aux élèves.
Le projet a été articulé autour de trois axes :
- La lecture d’images :
- La structure du récit :
- Le discours rapporté de propos directs des personnages (dictée à l’adulte
des bulles de la bande dessinée).
2-1-1 Mise en place
Le projet est mené sur la moitié du stage massé, dans la mesure où l’autre moitié
est consacrée à l’événement de ce début d’année : la galette. Toutefois, le travail
sur l’album Roule Galette a permis d’aborder la structure du récit (et la suite
chronologique des événements) par la rencontre successive des animaux dans la
forêt avec la galette. Il est bien évident que ce temps est court et aurait mérité
d’être plus long, nous y reviendrons plus loin.
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Les activités proposées ont surtout été organisées en coin-regroupement, les
ateliers ont été mis en place pour évaluer ce que les élèves retiennent de ce qui
s’est dit collectivement.
2-1-1-1 Au moment des rituels : la boîte mystère.
Il s’agissait de préparer à la description des images tactiles, dans le domaine de la
découverte du monde et de la matière, en ayant pour but de faire acquérir deux
types de compétences :
- Caractériser ce que l’on sent en touchant et sans voir,
- Associer le toucher à la vision en retrouvant l’objet touché en aveugle
parmi une série d’objets que l’on voit mais que l’on ne touche pas.
Au préalable nous avons organisé une séance dans laquelle les élèves ont pu avoir
en main les différentes matières, de manière à bien faire correspondre
l’impression au toucher et la vision de l’objet. Nous attendions également de leur
part une verbalisation des impressions, sans toutefois formuler de trop grandes
exigences pour une petite section : la sensation de « douceur » et de « rugosité »
était attendue.
L’activité proposée est la suivante : une boîte est disposée devant les élèves, ce
qu’elle contient n’est pas visible. Des objets dont la matière est particulière ont
été disposés dedans, des doubles de chaque objet sont disposés en ligne à côté de
la boîte. Les matières choisies sont, en fait, celles qui ont été utilisées pour les
images tactiles de la bande dessinée créée.
Chacun à leur tour, les enfants mettent la main dans la boîte et attrapent un objet/
un matériau. Après un temps de réflexion, ils doivent désigner l’objet
correspondant devant eux, qu’ils voient mais qu’ils ne manipulent pas.
2-1-1-2 Le bonhomme de neige de Raymond BRIGGS.
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Tout d’abord, il ne nous a pas été possible de travailler sur l’ensemble de l’œuvre,
dans la mesure où trop d’événements s’y succèdent. En outre, s’agissant d’une
bande dessinée muette, le travail sur l’induit aurait été trop difficile avec des
élèves de cet âge. Nous avons par conséquent sélectionné les trois premières
planches et trois planches en fin d’histoire15.
Lors de la première séance collective autour de cet album, la consigne était la
suivante : « que racontent ces images ? », à laquelle nous attendions comme
réponse une description des dites images et une émission d’hypothèses en
s’appuyant sur les « indices » laissés dans les différentes vignettes (éléments,
expressions des visages, mouvements des corps, posture…).
Planche 1 :
Un enfant dort dans un lit, dans une chambre et dans une maison, un appartement.
Il ouvre les yeux, il se réveille.
Par la fenêtre, on voit de la neige qui tombe.
L’enfant se redresse, il se lève pour regarder la neige tomber par la fenêtre.
Il s’habille : son pull, puis son pantalon.
L’enfant parle avec une dame, sa maman sans doute, et lui montre quelque chose
en pointant le doigt (la neige qui tombe ?, lui demande-t-il l’autorisation de sortir
ou lui dit-il simplement qu’il sort ?).
Il enfile ses bottes assis au pied d’une porte.
Il est sorti sous la neige, il met un bonnet sur sa tête, il n’a pas de manteau.
Sa maman le regarde par la fenêtre, il court sous la neige, son bonnet n’a pas tenu
sur sa tête.
Où va-t-il ? À l’école ? Jouer avec des copains ? Se promener ? Faire une
course ?
Planche 2 : il neige toujours, l’enfant est dehors.
Il tient une forme ronde dans ses mains : un ballon ? Une boule de neige ?
Il la pose à terre et s’accroupit à côté.
15 Voir annexes I à VI
- 26 -
La même image en plus éloignée du garçon et de la boule : la déplacerait-il en la
faisant rouler ?
La boule est posée derrière l’enfant qui tient un outil (une pelle ?). Il semble s’en
servir pour former un tas de neige.
La pelle est posée à côté de la boule. L’enfant semble tasser le tas de neige, ou le
« façonner », ou ajouter avec ses mains de la neige pour l’agrandir.
Le tas est désormais plus haut que l’enfant. Il continue à s’affairer dessus.
L’enfant est rentré chez lui, il est assis à une table. Par la fenêtre il voit son tas de
neige et sa pelle. Sur la table sont disposés une théière, une assiette et un bol ou
une tasse. Le garçon tient quelque chose dans ses mains : une tasse ? Une tartine,
un gâteau ? Sa maman se tient à ses côtés.
L’enfant retourne dehors, il court vers son tas de neige.
L’enfant est monté sur un tabouret devant le tas de neige, qui continue à prendre
de la hauteur.
Il tient dans ses bras la boule de neige.
Il la pose sur le tas de neige.
Planche 3 : il neige.
Le tas a pris forme : on devine deux bras, le corps et la tête. L’enfant le regarde.
Regarde quoi ? Le bonhomme de neige ?
L’enfant parle avec sa maman et semble lui désigner de la main l’extérieur de la
maison.
L’enfant est ressorti de la maison avec une écharpe et un chapeau dans ses mains
(il a sans doute demandé à sa maman de lui procurer ses vêtements, mais il ne les
porte pas lui-même).
Il installe l’écharpe sur le bonhomme de neige.
Il lui met le chapeau.
De nouveau à l’intérieur, il prend un objet dans une corbeille posée sur la table
devant la fenêtre : un fruit ?
De nouveau à l’extérieur, l’enfant installe l’objet sur la boule (pour faire le nez du
bonhomme ?).
- 27 -
Dehors, il est devant une sorte de cabane, et il ramasse des objets qui en sortent
(une réserve à charbon ?).
Il pose les cailloux ou les morceaux de charbon sur le bonhomme de neige (il lui
fait des « boutons » d’un costume qui n’existe pas).
Deux morceaux plus petits sont des yeux.
Il dessine une bouche souriante au bonhomme avec son doigt.
L’enfant contemple de nouveau son bonhomme, qui a des jambes.
Nous avons procédé de même pour la seconde séance, avec un retour sur ce que
nous avions dit dans la séance précédente (un à trois élèves ont raconté l’histoire
aux autres en s’appuyant sur les images, sans intervention de l’enseignant, nous
avons revu le vocabulaire produit lors de ces premières séances et réemployer
celui-ci). Cette nouvelle séance nous a permis de constater tout le vocabulaire
produit et réinvesti.
Planche 4 :
Le petit garçon est en compagnie de ses parents, dans une pièce sombre (est-ce le
soir ?). De la lumière semble venir du côté du regard du père qui tient une tartine
de pain au bout d’une grande fourchette : il va la mettre près d’une source de
chaleur pour la faire griller sans doute. La mère regarde dans cette direction
également, mais l’enfant est tourné vers la fenêtre (on ne voit pas son visage). On
voit le bonhomme de neige de dos.
L’enfant regarde par la fenêtre (on ne voit pas son visage), à genou sur une
banquette devant celle-ci. Ses parents regardent la télévision.
Nous sommes à l’extérieur : le bonhomme de neige tourne le dos à l’enfant (dont
les traits sont difficiles à distinguer) que l’on voit à l’intérieur de la maison, d’où
s’échappe de la lumière.
L’enfant est dans la salle de bain (de profil), il doit peut-être se laver les dents
avant d’aller se coucher.
De sa chambre (il y a un lit, un réveil posé sur un chevet, une bibliothèque et une
planche à roulette), il regarde encore le bonhomme de neige immobile et toujours
de dos.
- 28 -
Sa maman vient le border.
L’enfant est endormi, ses yeux sont fermés.
L’enfant se réveille, ses yeux se sont ouverts.
Planche 5 : c’est le matin, nous sommes dans la maison.
L’enfant se réveille.
Il se lève, il a enfilé sa robe de chambre.
Il sort de sa chambre en courant.
Il court dans le couloir.
Il descend l’escalier en courant.
Il entre précipitamment dans une pièce.
Il passe rapidement devant ses parents installés à table et prenant leur petit
déjeuner. Ils semblent le regarder d’un air assez surpris.
Dernière planche : une seule vignette au milieu de la page. L’enfant est de dos,
les bas ballants devant un tout petit tas de neige sur lequel on distingue le
chapeau, l’écharpe et les morceaux de charbon : le bonhomme de neige a fondu.
La description de ces images nous ont permis de construire des apprentissages en
termes de vocabulaire, présenté sous la forme d’un tableau.
NOMS VERBES ADJECTIF PREPOSITIONS
enfant/garçon,
dame/maman,
dort,
se réveille
regarde
court
demande
PLANCHE 1
maison,
fenêtre,
chambre,
lit,
endormi
assis
près de
dans
par
dehors
- 29 -
neige, tombe,
pull, pantalon,
bottes, bonnet
s’habille,
met,
PLANCHE 2
bonhomme de
neige,
boule, forme,
tas, tête, corps
pelle
tabouret
tasse
faire,
fabriquer,
rouler
prendre,
poser
monte,
grimpe
boit, se
réchauffe
ronde
chaud, froid
sur, dessus
bras, cou, nez
yeux, jambes
visage
écharpe,
chapeau,
boutons
corbeille,
fruits
charbon
PLANCHE 3
sourire
regarder
admirer
nouer
attraper
mettre
dessiner
autour
dedans
PLANCHE 4
père, papa
griller
se brosser
laver
tourné près
devant
- 30 -
tartine
cheminée, feu
lumière
télévision
dents
pyjama
mettre
embrasser
s’endormir
se coucher
ouvrir
PLANCHE 5
robe de
chambre
chambre
porte
escaliers
se lever
courir
sortir
descendre
ouvrir
déjeuner
manger
PLANCHE 6 tête
triste,
baissée
disparu
fondu
2-1-1-3 La bande dessinée tactile.
Deux autres séances ont été prévues pour aborder notre bande dessinée. L’histoire
reprend les éléments de l’œuvre de Raymond BRIGGS mais les images tactiles
ont été fabriquées de toutes pièces16.
La première séance visait des compétences de deux ordres :
Décrire des images : dire ce que l’on voit et qualifier ce que l’on touche ;
Imaginer une histoire à partir des images.
Phase 1 : description.
1°) Une forme blanche, il fait sombre, froid ; il neige. La forme blanche est
comme un bonhomme de neige, mais il n’a ni yeux, ni bouche, ni nez, et il est nu.
16 Voir annexes VII à IX
- 31 -
Matières/ couleur des éléments : dire l’impression qui en ressort.
Coton blanc : relief doux : expression de la douceur (le seul de cette vignette)
Crépon collé : relief dur : froid, univers peu accueillant.
Film irisé : sans épaisseur et lisse : le froid
Feuille Canson noire : légèrement granuleuse : atmosphère hostile, solitude.
2°) Il ne neige plus. Le bonhomme de neige nu, sur un fond gris foncé. Un enfant
court en traînant un petit chariot vers le bonhomme de neige. Il ne regarde pas le
bonhomme de neige mais il le désigne du doigt.
Feuille Canson gris foncé : l’atmosphère est moins pesante.
L’enfant est vêtu de rouge et de noir : haut rouge en carton glacé et bottes en
matière plastique rouge : visibilité et importance du rôle que tient ce personnage
dans l’histoire ; pantalon noir en tissu collé pour montrer qu’il est protégé du
froid toujours ambiant.
Le chariot : identification : matières en relief pour insister sur son contenu :
lanières en raphia jaune pâle non collé, carton ondulé marron et beige (pour
ressembler à un chariot en bois), laines bordeaux (collée dans une forme demi-
ronde) et bleue (laissée libre) pour introduire la notion de chaleur.
3°) Le bonhomme de neige est vêtu et possède un visage, l’enfant sourit en tenant
son chariot vide. Son regard n’est pas tourné vers le bonhomme de neige : il va
s’en aller, il lève la main pour saluer le bonhomme de neige, ou il demande à de
probables camarades de venir voir son bonhomme de neige.
La laine est devenue une écharpe et un bonnet pour le bonhomme de neige
(impression de chaleur)
Feuille de Canson gris clair : le temps s’est éclairci, le moral du bonhomme de
neige sans doute aussi.
Nez en bouton recouvert de tissu rouge (couleur chaude, et matière protectrice et
chaude également)
- 32 -
Jeu avec les grains de café : une face lisse pour les yeux reconnaissants, et une
face rugueuse pour les boutons d’un costume qui n’existe pas, mais qui
« habille » le bonhomme de neige.
4°) Un énorme soleil. En contraste avec les couleurs sombres et en majorité
ternes des vignettes précédentes.
Feuille Canson bleu vif, qui met en valeur le soleil.
Soleil en feutrine jaune, et papiers de bonbons transparents : entre douceur et
rugosité, entre chaleur réconfortante et menaçante.
5°) L’enfant stupéfait est de retour, mais le bonhomme de neige n’est plus qu’un
amas de neige fondue par la chaleur du soleil.
Couleur unique jaune du soleil et deux matières différentes : la feutrine pour les
rayons chauffants et responsables de la fonte du bonhomme de neige, l’arrondi en
carton ondulé dont le relief semble le désigner comme tel.
Feuille Canson, entre le gris, le bleu, avec un aspect chiné jouant sur le contraste:
il fait beau mais l’enfant est d’une humeur triste.
Phase 2 : demander aux élèves de raconter l’histoire.
L’histoire d’un enfant qui fabrique le bonhomme de neige ? (cf. R.BRIGGS) or
l’enfant n’apparaît qu’à la seconde vignette, et sur 3 des 5 vignettes.
L’histoire tragique du bonhomme de neige triste, qui retrouve la joie grâce à un
petit garçon dont la fin ne diffère pas de celle de tous les bonhommes de neige.
Faisant suite à ces descriptions d’images et pour aborder la bande dessinée à
proprement dite, nous avions prévu une seconde séance qui avait pour objectif de
« faire parler » les personnages, dans la mesure où nous avions l’intention de
nous approcher de la forme la plus répandue de la bande dessinée, avec la
création de bulles. Ainsi, la consigne n’était pas tout à fait la même que la
précédente : « que peuvent dire les personnages de ces images ? ».
- 33 -
Dans une première phase, nous sommes revenus sur l’histoire racontée par cette
suite d’images. Puis nous avons repris une à une les vignettes en formulant la
consigne.
Voici ce à quoi nous pouvions, pensions-nous, attendre des élèves de petite
section :
1°) le bonhomme de neige n’a pas de bouche : il peut se parler à lui-même :
Je suis tout seul
J’ai froid
J’ai peur
2°)
Le bonhomme de neige pour lui-même : « tiens, de la visite !! »/
L’enfant « Bonjour Bonhomme de neige !!! J’ai une surprise pour toi… »/ « Oh
regardez ce bonhomme de neige, je vais l’habiller pour qu’il n’ait plus froid »/
3°)
BN : « merci pour ces vêtements chauds, » / « je suis beau maintenant !!! »
E : « venez voir mon bonhomme de neige !!! » / « Je dois m’en aller, au revoir et
à bientôt !!!!»
4°) aparté : soudain le soleil apparaît….
5°)
E : « oh !!! Mon beau bonhomme de neige est tout fondu…. ».
Finalement la séance n’a pas fonctionné, et ce qui a été produit s’est rapproché
pour ne pas dire calqué sur le vocabulaire qui a émergé lors des séances sur Le
Bonhomme de neige.
Il nous a été possible d’introduire une autre séance, dont l’objectif était de revenir
sur la compréhension de l’histoire. Les élèves ont pu s’exprimer sur ce qui était
raconté par ces images lors de regroupement en collectif, chacun ayant raconté sa
version en réutilisant le vocabulaire vu précédemment, puis lors des ateliers dans
- 34 -
un travail individuel qui leur était demandé : replacer les étiquettes proposées
dans l’ordre de l’histoire17.
2-1-2 Bilan
Les activités proposées aux élèves ont été une source de motivation et par
conséquent d’implication très appréciable.
A propos de la boîte à secrets, tous se sont prêtés volontiers à ce jeu et
l’émulation a été telle qu’ils s’applaudissaient mutuellement en cas de réussite
d’association.
Le choix de l’histoire du bonhomme de neige a été assez judicieux dans la mesure
où la plupart des élèves de la classe n’ont jamais vu la neige, encore moins fait de
bonhomme de neige. Source de curiosité, et d’attrait, le récit de Raymond
BRIGGS a été bien accueilli et la description des images a été prolifique (malgré
le mutisme des images, responsable de l’implicite à « décoder »). L’histoire a été
bien comprise et le vocabulaire à mobiliser était à leur portée. Toutefois, il ne
nous a pas été possible de leur faire formuler des phrases autres que simples, à
moins de les y inciter par des questions les invitant à préciser ce qu’ils ont voulu
dire. Ainsi, le lexique concernant le monde des personnages et des objets, ainsi
que les verbes d’action ont été travaillés, plus que les mots appartenant aux
catégories des prépositions et des adjectifs.
Par conséquent, la proposition des images tactiles a plu aux élèves : leur
implication dans les activités a été très bonne, ils ont réinvesti ce qu’ils avaient vu
chez R.BRIGGS.
Toutefois, certaines choses n’ont pas fonctionné :
Les élèves ont eu beaucoup de difficultés à verbaliser leurs impressions liées aux
matières et aux couleurs (ils les ont reconnues, les notions de clair/foncé ne sont
pas maîtrisées, et ils ne sont pas encore capables d’exprimer l’émotion traduite
par chaque couleur).
17 Des travaux réalisés figurent en annexes X et XI, de même que la fiche de préparation correspondante.
- 35 -
Lors de la dernière séance, les élèves ne sont pas parvenus à sortir du récit, la
bande dessinée ne sera qu’une simple histoire en images tactiles. Il est possible
qu’avec plus de temps, nous y soyons parvenus…
2-2 Cycle 3 : écriture d’une fable en bande dessinée et
approche culturelle de ce type d’écrit.
Au cycle 3, le projet d’écriture d’une bande dessinée est plus approfondi.
Nous avons fait le choix d’utiliser la bande dessinée comme modèle d’écriture.
Ce projet a nécessité deux choses :
- définir la bande dessinée, ses caractéristiques et les étapes de sa mise en
œuvre ;
- le choix d’un écrit relativement simple et court, pouvant être mis en bande
dessinée, en tenant compte de ses caractéristiques propres (en
l’occurrence nous avons opté pour la fable).
Tout d’abord le choix de la BD s’est rapidement imposé dans la mesure où,
comme nous l’avons dit plus haut, ce genre littéraire bien que très prisé dans la
société, n’est que très peu abordé à l’école. Et pourtant, dans la liste d’œuvres
littéraires conseillée au cycle III figurent bon nombre de bandes dessinées18.
En outre, le constat d’Antoine ROUX19 sur le mépris des enseignants vis-à-vis de
la bande dessinée comme « hors la loi de la culture » n’est plus d’actualité. En
effet, ceux-ci prennent désormais en considération la place privilégiée de la BD
dans la vie des enfants. Il serait dommage de ne pas exploiter cet élément
motivant pour les élèves.
Pour organiser ma séquence sur la bande dessinée avec les élèves de CE2, je me
suis largement appuyée sur l’ouvrage de Jean-Bernard SCHNEIDER20, celui-ci
étant bien conçu et laissant une certaine liberté d’organisation concrète des
18 Voir annexe XII 19 ROUX, Antoine, La bande dessinée peut être éducative. Editions de l’école, 1970. 20 SCHNEIDER, Jean-Bernard, lecture d’images, clés pour la BD. ACCES éditions, 1998.
- 36 -
séances. Etant en stage filé dans une classe de cycle III niveau 1 et disposant
d’une séance de 45 minutes par semaine de Littérature, il m’a fallu écourter la
progression proposée dans ledit ouvrage.
Le choix de production d’une fable en bande dessinée a été motivé par le fait que
les élèves avaient abordé avec l’enseignant titulaire en deuxième période. Les
connaissances ont été simplement réactivées à l’occasion de la présentation du
projet d’écriture qui était le nôtre et tout au long de sa mise en œuvre. De plus, la
brièveté du récit nous permettait d’imposer aux élèves la contrainte d’écrire une
seule planche en s’appuyant sur celle-ci. Les travaux de groupes ont été réunis
par fable en annexe21.
Il ne nous a pas semblé pertinent de travailler dans un premier temps sur la bande
dessinée, puis de mener dans un deuxième temps notre projet d’écriture. Faire un
va-et-vient entre les deux s’est imposé à nous, de manière à rendre les
connaissances fonctionnelles et les élèves dynamiques face aux apprentissages.
Nous avions prévu sept séances de 45 minutes pour notre projet.
LA BANDE DESSINEE LA FABLE
SEANCE 1 RECONNAITRE UNE BANDE DESSINEE DEFINITION DE LA FABLE
SEANCE 2 DEFINIR LA BANDE DESSINEE ATTRIBUTION D’UNE FABLE
PAR GROUPE
SEANCE 3 LIRE LA BD LES ELEMENTS IMPORTANTS
DE LA FABLE
SEANCE 4 LE VOCABULAIRE DE LA BD/
PRESENTATION D’UNE PLANCHE
SCENARIO DE LA FABLE
STRUCTURE DU RECIT
SEANCE 5 LA GENESE D’UNE BANDE DESSINEE SCENARIO DE LA FABLE : MISE
EN IMAGES ENVISAGEE
SEANCE 6 LE LANGAGE DE L’IMAGE
PLACE DU TEXTE DANS LES DESSINS
MISE EN IMAGES :
LES PERSONNAGES, LE
RAPPORT TEXTE/IMAGE, LE
DECOR
SEANCE 7 LE LANGAGE DE L’IMAGE
DECOUPAGE ET MOUVEMENT
MISE EN PLANCHE
21 Le lion et le moucheron : annexes XVII à XX, La grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf : annexes XXI à XXIV, Le loup et la cigogne : annexes XXV à XXVIII, La cigale et la fourmi : annexes XXIX à XXXII de Jean de la Fontaine.
- 37 -
2-2-1 Séance 1 : Reconnaître une BD.
Objectifs :
Il s’agit de savoir distinguer une bande dessinée d’autres écrits et de lister les
principales caractéristiques de ce genre littéraire.
Déroulement :
Cette séance est essentiellement collective. Différents écrits sont présentés aux
élèves: extraits de livres de classe, de contes, de romans, de documentaires, de
journaux, de revues, d’affiches, de BD, de recette de cuisine, de fiches de
fabrication, de publicités, de dessins d’humour.
L’enseignant donne pour première consigne aux élèves de rassembler les
documents appartenant à la bande dessinée, puis ils doivent relever les éléments
qui caractérisent la BD.
Ensemble, la classe discute de la validité des propositions (l’enseignant peut
intervenir avec la présentation de contre-exemples pour faire avancer le propos).
Enfin, nous présentons le projet d’écriture d’une fable sous la forme d’une bande
dessinée aux élèves. Nous avons redéfini ce genre littéraire afin de pouvoir
conserver ses spécificités lors de la réalisation de la BD. Ainsi, la fable a été
définie collectivement comme un petit récit qui contient généralement une leçon
morale.
Observations :
Deux documents ont posé problème : la publicité alors qu’ils sont confrontés dans
leur quotidien à ce type d’écrit, et le dessin humoristique. Collectivement, les
élèves ont discuté des propositions, et par comparaison ils en sont arrivés à la
conclusion que ce dernier n’est formé que d’un seul dessin alors que la bande
dessinée en comporte plusieurs.
A propos de l’écrit publicitaire, il sera possible de travailler spécifiquement
dessus une fois le projet en bande dessinée mené à terme, et l’élargir sur
l’éducation aux médias.
- 38 -
Les éléments permettant de reconnaître une bande dessinée, relevés par les élèves
et notés sur une affiche, sont les suivants :
- la bande dessinée raconte une histoire, souvent drôle
- la bande dessinée est composée de petites cases de tailles différentes
- les paroles des personnages apparaissent dans des bulles.
2-2-2 Séance 2 : Définir la bande dessinée.
Objectifs :
Cette séance visait à:
- trouver les caractéristiques de la BD
- donner une définition de la BD, la soumettre aux autres
- discuter ensemble de la validité des propositions de définition.
Les supports de cette séance figurent en annexe.
Déroulement :
Après la reprise des éléments relevés lors de la séance précédente sur les
caractéristiques de la BD sur l’affiche, nous reprenons un à un les différents
points en leur opposant des contre-exemples. Cette séance a été menée en classe,
collectivement.
Première caractéristique : à l’aide d’un montage de vignettes mélangées de deux
séquences d’un même album22, nous posons la question suivante : « est-ce une
BD ? ». Les élèves proposent leurs réponses, se justifient, les autres écoutent et
rebondissent. Finalement ils parviennent au constat qu’il faut replacer les
vignettes dans l’ordre pour que cela en soit une.
Seconde caractéristique : nous posons la même question après leur avoir distribué
une planche composée de deux vignettes seulement23.
Dernière caractéristiques relevées par les élèves : nous fournissons aux élèves une
planche « muette » dans la mesure où aucun des personnages ne s’exprime pas
verbalement24.
22 Annexe XIII 23 Annexe XV 24 Annexe XIV
- 39 -
En fin de séance, nous avons distribué une fable différente à chaque tablée
(groupes de quatre ou cinq élèves) et nous les avons laissé prendre connaissance
des textes. La compréhension de ceux-ci a été vérifiée en passant dans les
groupes.
Observations :
Cette séance a donné lieu à de nombreux échanges de point de vue, aboutissant à
la réalisation d’un affichage pour la classe, qui est le suivant :
Une bande dessinée est une histoire que l’on peut comprendre, qui a un début et
une fin et qui se compose d’images fixes dessinées (au moins deux) parfois
complétée par un texte.
A partir de cette définition, les élèves ont admis la possibilité de réaliser une fable
en bande dessinée dans la mesure où celle-ci raconte une histoire, que les paroles
des animaux de la fable peuvent être rapportées dans des bulles et qu’il est
possible de découper le récit et de présenter ce découpage dans des vignettes.
Nous avons toutefois pris le temps d’insister sur le fait que la fable doit conserver
sa morale, même transposée en bande dessinée.
2-2-3 Séance 3 : Lire la bande dessinée. Objectif :
Lire une planche de bande dessinée.
Déroulement :
A partir d’une planche de bande dessinée25, nous avons procédé à un
questionnement collectif à plusieurs niveaux de lecture26 :
- le paratexte : le type de document, les éléments qui le composent, l’ordre de
lecture des vignettes.
- l’histoire : les personnages, le début et la fin de l’histoire.
25 Annexe XVI 26 Les élèves ont eu le temps de prendre connaissance du document avant que l’on réponde ensemble au questionnaire, et nous avons pris le temps de noter leurs propositions de résumé au tableau.
- 40 -
- les indices non textuels : les expressions des personnages à certains moments clé
de l’histoire, l’apparence des bulles et de leur contenu, les idéogrammes, les
détails significatifs dans les vignettes.
A propos de la fable, nous avons demandé aux groupes de résumer en une phrase
ce que raconte la fable qui leur a été attribuée, de manière à préparer une séance
suivante sur l’élaboration d’une bande dessinée.
Observations :
Cette séance a permis à la plupart des élèves de réfléchir sur l’acte lexique
spécifique à la bande dessinée, ils ont pu prendre la mesure de l’importance de
lire à la fois le texte, l’image, et l’un par rapport à l’autre.
D’autre part, cette séance nous a permis d’introduire le vocabulaire propre au
domaine de la bande dessinée en illustrant le propos des exemples fournis par la
planche. Ce vocabulaire sera institutionnalisé à la séance prochaine.
A propos de la phrase résumant la fable, nous nous sommes rendus compte que
certains groupes n’avaient pas compris l’histoire. Par conséquent, le résumé était
incomplet, voir en contradiction avec ce qu’elle racontait effectivement. Il a fallu
à la séance suivante repasser dans chaque groupe pour veiller à leur donner des
éléments supplémentaires (notamment l’explication de termes « anciens »
présents dans leur texte) pour s’assurer que la compréhension du récit ne soit pas
un frein à sa mise en images.
2-2-4 Séance 4 : Le vocabulaire de la bande dessinée. Objectifs :
Connaître et utiliser le vocabulaire spécifique de la BD.
Déroulement :
Dans cette séance, nous avons repris la planche qui a été analysée lors de la
séance 3.
Cette fois, nous nous sommes contentés de repérer et de nommer ce qui faisait de
ce document une planche de bande dessinée.
- 41 -
Les termes donnés sont notés au tableau légendant la planche agrandie et affichée
au tableau.
Ce travail en commun a donné lieu à l’écriture d’une trace écrite qui figure dans
le classeur des élèves :
Un album de bande dessinée est composé de planches numérotées. Chaque
planche est elle-même composée de cases ou vignettes, qui se succèdent en
bandes ou strips, avec entre elles un espace intercases.
Dans chaque vignette, on peut voir des dessins mettant en scène un décor et des
personnages. Les paroles des personnages apparaissent dans des bulles (ou
phylactères) sous la forme de texte ou de pictogrammes. Les sons sont traduits
par écrit sous la forme d’onomatopées.
Nous reprenons les fables et nous insistons comme prévu sur la compréhension
du récit, en essayant de faire repérer aux élèves les différentes étapes successives
qu’il suit. Pour être sûre qu’ils en mesurent l’intérêt, je leur fais désigner un
rapporteur par groupe qui lit le résumé produit. Celui-ci est validé si les élèves
des autres groupent parviennent à reformuler ce qu’ils ont compris sans perdre le
sens originel.
Observations :
Cette séance est une étape importante menant à la réalisation de la planche de
bande dessinée, notamment lorsque les élèves vont avoir à discuter en groupe de
leur production, pour comprendre et se faire comprendre de leurs partenaires, la
communication et les échanges qui vont alors émerger ne peuvent qu’être
favorisés.
2-2-5 Séance 5 : La genèse d’une bande dessinée (1/2) Objectifs :
Connaître les différentes étapes de la réalisation d’une BD.
Déroulement :
- 42 -
Lors de cette séance, nous allons proposer aux élèves de travailler sur les fables
par groupe.
Dans un premier temps, nous allons leur demander de distinguer, de couper la
fable en trois parties :
- l’exposition : les personnages, le lieu de l’action
- le développement : ce qui arrive aux personnages
- le dénouement, la chute de l’histoire (lorsqu’il y a une morale, les élèves
doivent l’expliquer, et la rapporter au récit).
Le synopsis est validé par l’enseignant.
Dans un second temps, nous passons au scénario : les élèves doivent raconter en
détails l’histoire, décrire les personnages et rapporter les dialogues et les paroles.
Observations :
Les élèves avaient une grille (figurant en annexe) à remplir par groupe. Même si
nous doutons de leur capacité à la remplir seul, la gestion du travail de groupe a
posé problème. Il a fallu désigner un secrétaire et un rapporteur par groupe,
certains s’imposant par rapport aux autres. A ce stade nous nous sommes
demandés s’il n’aurait pas mieux fallu repartir sur un projet individuel. En
considérant les niveaux de certains élèves, ayant des difficultés importantes dans
le domaine de la maîtrise de la langue, il nous a semblé préférable de garder notre
ligne de conduite initiale tout en veillant à ce que ces élèves plus discrets lors de
projets collectifs aient leur part de parole dans le groupe.
2-2-6 Séance 6 : La genèse d’une bande dessinée (2/2) Objectif :
Connaître les différentes étapes de la réalisation d’une bande dessinée.
Déroulement :
Avant de procéder au découpage de la fable, nous avons présenté collectivement
les huit étapes nécessaires à la réalisation d’une bande dessinée.
- 43 -
Il s’agissait d’afficher une même planche, suivant les différentes transformations
qu’elle a subit au cours des étapes. Les observations des élèves sont issues de la
comparaison de deux étapes qui se suivent.
Le scénario est imprimé sur la première d’entre elles : la lecture se fait par
l’enseignant qui insiste sur les différentes parties (texte, description, paroles
rapportées) que les élèves doivent distinguer. Les élèves doivent noter également
les numéros qui se succèdent et qui imposent de suivre l’ordre, c’est-à-dire la
progression du récit.
Ensuite, les affiches correspondent aux différentes étapes techniques et visuelles
de la mise en image : deux étapes de prédécoupage, le crayonné définitif dans
lesquels apparaissent les textes des bulles, puis l’encrage, d’abord des lettres et
des titres, puis des dessins, le coloriage, et la superposition du bleu de coloriage et
de la feuille transparente des encrages : c’est-à-dire la planche finie.
Tout en leur précisant que nous allons réduire ces étapes pour ce qui concerne
notre propre réalisation, nous leur proposons de découper de cette manière (en
s’appuyant sur le scénario écrit lors de la dernière séance) leur fable. Nous avons
pensé leur faciliter le découpage en imposant le nombre de vignettes au nombre
de six. D’autre part, nous avons choisi de leur donner une planche vierge,
identique, dans laquelle la dernière est légèrement plus grande que les autres.
Lorsque nous leur avons demandé pourquoi, tous ont déclaré que c’était pour y
faire figurer la morale ou le dénouement du récit (quand il n’y avait pas de
morale).
Après ce travail, nous avons demandé à chaque groupe de souligner les mots qui
serviront à « dessiner » le récit.
Observations :
Nous pensions cette séance incontournable mais rébarbative, et la recherche d’un
moyen de la rendre plus motivante est restée sans solution. En fait, les élèves ont
été très intéressés par cette présentation, ceci étant dû au fait qu’ils ne se
rendaient pas compte du travail qu’exige la création d’une bande dessinée.
- 44 -
A ce stade, il ne nous reste qu’une seule séance pour pouvoir mettre en images les
fables. La motivation est toujours très forte, l’enthousiasme va peut-être nous
permettre d’être rapides et efficaces dans cette dernière ligne droite.
Pour aider les élèves, nous avons pensé leur demander de trouver des
représentations (des dessins surtout) des animaux apparaissant dans leur fable.
2-2-7 Séance 7 : Le langage de l’image : place du texte dans les dessins, découpage et mouvement.
Objectif :
Réaliser la fable en bande dessinée.
Déroulement :
Nous redistribuons les grilles de découpage des fables aux élèves. Ils doivent, à
partir de celles-ci, remplir une autre grille27 qui va reprendre ce qu’ils vont faire
figurer dans leur bande dessinée.
Lorsque cette grille est remplie de façon satisfaisante, nous leur proposons de
dessiner le contenu de chaque vignette ainsi que les bulles et leur texte, dans une
planche vierge, identique pour tous.
En passant dans les groupes, je suggère par des questions : « comment allez-vous
faire pour… », « Comment va-t-on savoir que… » d’utiliser des moyens
« détournés » de rendre visible ce qui ne l’est pas forcément.
Après la mise en images, les élèves reprennent les étapes d’élaboration de la
bande dessinée : ils repassent sur le crayon avec un stylo ou un feutre noir, puis à
la couleur.
Enfin, les planches sont affichées et nous procédons à une critique de ce qui a été
fait, voire à un vote pour la BD qu’ils apprécient (ils doivent justifier leur choix).
Observations :
Il a fallu être très vigilant sur la continuité du travail des élèves : ces derniers
avaient tendance à ne pas faire le lien avec le travail précédent, et des
27 Ces grilles remplies figurent en tant qu’annexes.
- 45 -
incohérences sont apparues dans les propositions de mise en images. Par
exemple, un épisode qui ne devait occuper qu’une seule vignette en prenait trois
sur la nouvelle grille. Par contre, il n’y a pas eu besoin de rappel sur ce qu’il
fallait faire figurer dans la dernière vignette de la planche : la morale, lorsqu’il y
en avait une (sauf un groupe qui a résumé la fable dans la dernière vignette).
Certains groupes ont pris quelques libertés par rapport au texte et à son contexte,
nous avons opté pour la liberté d’interprétation, afin qu’ils s’approprient le travail
demandé et qu’ils prennent plaisir à s’y investir. C’est pourquoi les loups de la
fable « Le loup et la cigogne » se sont retrouvés en discothèque dans la première
vignette !!!
Les planches ont été affichées, mais la justification du choix de la BD la plus
réussie ne s’est appuyée que sur des critères purement esthétiques. Nous avons
recadré la discussion pour qu’ils repèrent les éléments que nous avions abordés
(parfois survolés, certes) lors des séances précédentes : le choix des plans, des
cadres, l’utilisation des idéogrammes, des onomatopées, des bulles de paroles, de
pensées, et la compréhension du récit de chaque fable.
- 46 -
CONCLUSION
Le premier constat à faire est la motivation sans faille dont les élèves ont fait
preuve, que ce soit en petite section ou en CE2. Ainsi, proposer des situations
d’apprentissage autour de la bande dessinée a été une source d’enthousiasme
« contagieuse » dans la mesure où j’ai eu beaucoup de plaisir à m’investir dans ce
projet, que nous avons réellement mené ensemble.
Nous pourrions toutefois regretter de ne pas avoir su mesurer les capacités,
évaluer les prérequis des élèves de petite section, ce qui nous a fait perdre un
temps précieux sur les trois semaines que comptait le stage en responsabilité.
Aussi, la gestion du temps en CE2 aurait pu poser un problème sans compter sur
l’investissement de la titulaire de la classe et son engagement auprès des élèves
(et de mon travail).
D’autre part, les compétences travaillées dans le domaine de la maîtrise de la
langue, notamment sur la structure du récit, ont réellement donné sens aux
activités que j’ai proposées aux enfants. Il m’aurait fallu sans doute plus de temps
pour pouvoir constater si leurs apprentissages ont été acquis sur le long terme.
D’ailleurs, si j’avais disposé de plus de temps, je pense que nous aurions pu
envisager d’approfondir ce projet. Les élèves de CE2 auraient sans doute pu
travailler sur l’écriture d’une bande dessinée crée de toutes pièces (du thème à
l’album), en suivant scrupuleusement les étapes de création et approfondir les
connaissances sur les plans, le cadrage…et aboutir à la production d’une œuvre
cinématographique en construisant une passerelle entre les images fixes et les
images filmiques. En petite section, nous avions déjà évoqué plus haut la
possibilité, avec plus de temps, d’arriver à notre objectif qui était de produire des
bulles pour faire parler les personnages d’un récit.
Aussi, la bande dessinée peut être également abordée en classe dans des projets
véritablement pluridisciplinaires. C’est une perspective que nous connaissions
mais que nous n’avons pas abordée, pour ne pas nous disperser.
- 47 -
Enfin, traiter de la bande dessinée, alors que je fais partie des personnes qui lisent
la bande dessinée avec parcimonie, sans sortir des sentiers battus des hauts de
classement des ventes commerciales et sans adopter une posture d’analyse de
mon acte lexique, m’a également beaucoup apporté. Je pense avoir autant appris
sur la bande dessinée, par elle et grâce à elle que les enfants.
- 48 -
ANNEXES Le Bonhomme de neige de Raymond BRIGGS :
• Les trois premières planches : annexes I à III
• Les trois dernières planches : annexes IV à VI
Les images tactiles : annexes VII à IX
Activités sur les images séquentielles et fiche de préparation correspondante :
annexes X et XI
Liste de littérature, section BD, Cycle 3 : annexe XII
Séance 2 :
• Les vignettes mélangées : annexe XIII
• La planche sans bulle : annexe XIV
• La planche de 2 vignettes : annexe XV
Séance 3 : planche support : annexe XVI
Les fables (texte de départ, grilles et planche finale) :
• Le lion et le moucheron : annexes XVII à XX
• La grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf : annexes XXI à
XXIV
• Le loup et la cigogne : annexes XXV à XXVIII
• La cigale et la fourmi : annexes XXIX à XXXII
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Annexe I
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Annexe II
- 51 -
Annexe III
- 52 -
Annexe IV
- 53 -
Annexe V
- 54 -
Annexe VI
Annexe VII
- 55 -
Annexe VIII
- 56 -
Annexe IX
- 57 -
Annexe X
- 58 -
Annexe XI
- 59 -
Annexe XII
Liste des Bandes dessinées cycle 3
Baudoin, Edmond Piero Seuil jeunesse 3
Briggs, Raymond Ethel et Ernest Grasset jeunesse 3
Bush, Wilhem Max et Moritz L’école des loisirs 3
Chauvel, Alfred Octave et le cachalot Delcourt 2 Christin, Pierre Valérian : Bienvenue sur Alflolol Dargaud 3 Clarke – Gilson,
François Mélusine, « Sortilèges », (volume 1) Dupuis 1
Coudray, Philippe L’ours Barnabé, « La nuit porte conseil » Mango jeunesse 1
De Brab Sac à puces, « Super maman » Dupuis 1
Durieux Oscar, « Le roi des bobards », (volume 4) Dupuis 1
Franquin Les aventures de Spirou et Fantasio, « Le nid des Marsupilamis » Dupuis 2
Fred Philémon, « Le Naufragé du A », (volume 2) Dargaud 3
Groot, Bob de – Turck
Clifton, « Ce cher Wilkinson », (volume 1) Le Lombard 2
Hermann Nic, « Hé, Nic, tu rêves ? » Sémic 2
Leloup ; Roger Yoko Tsuno, « le trio de l’étrange » Dupuis 2
Loyer, Jean-Luc Victor, « Victor le voleur de lutins », (volume1) Delcourt 1
McCay, Winsor L’intégrale de Little Nemo in Slumberland (volume III) 1908-1910 Zenda 2
Omond, Eric – Chivard, Yoann
Toto l’ornithorynque, « Toto l’ornithorynque et l’arbre magique »,
(volume 1) Delcourt 1
Pinchon Bécassine, « Bécassine pendant la grande guerre »
Gautier Languereau 2
Prado, Miguelanxo Pierre et le loup Casterman 2 Rosinski, Van
Hamme Western Le Lombard 3
Salma Sergio Nathalie, « Mon premier tour du monde » Casterman 1
St Ogan Alain Zig, Puce et Alfred Glénat 1
Trondheim, Lewis – Garcia, Sergio Les trois chemins Delcourt
2 à 3
Vehlmann & Gwen Samedi et Dimanche, « Le paradis des cailloux » Dargaud 2
Zullo Germano Le génie de la boîte de raviolis La joie de lire 1
- 60 -
Annexe XIII
- 61 -
Annexe XIV
- 62 -
Annexe XV
- 63 -
Annexe XVI
- 64 -
Annexe XVII
Annexe XVIII
- 65 -
Annexe XIX
- 66 -
Annexe XX
- 67 -
Annexe XXI
Annexe XXII
- 68 -
Annexe XXIII
- 69 -
Annexe XXIV
- 70 -
Annexe XXV
Annexe XXVI
- 71 -
Annexe XXVII
- 72 -
Annexe XXVIII
- 73 -
Annexe XXIX
Annexe XXX
- 74 -
Annexe XXXI
- 75 -
Annexe XXXII
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BIBLIOGRAPHIE
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2007 (7 février 2007),
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CAMINADE-RIFFAULT Françoise, Les sentiers de la littérature en maternelle,
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Les discours de l’image, références inconnues.
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BALLY MATHY & LAPIERE, Ludo, tranches de quartier, Dupuis, 1998.
BAUDOIN Edmond, Piero, Seuil, janvier 1998
BRIGGS Raymond, Le bonhomme de neige, Hachette, 1998.
CLARKE & GILSON, Mélusine, Inferno, Dupuis, 1996.
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DURIEUX Christian et LAPIERE Denis, Oscar le roi des bobards, Dupuis,
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LOYER Jean-Luc, Victor, la fée arc-en-ciel, Delcourt, 2001.
LOYER Jean-Luc, Victor, le voleur de lutins, Delcourt, 2001.
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