Luther - Galates

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  Luther, Martin (1483-1546). (français). 1969-1989]Commentaire de l'épître aux Galates . [Tome 1]. 1995. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisatio n commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fournitur e de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenair es. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothè que municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisat eur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisati on. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Luther, Martin (1483-1546). (franais). 1969-1989]Commentaire de l'ptre aux Galates . [Tome 1]. 1995.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits labors ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

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MARTIN

LUTHER

(EUVRES

TOME XV

LABOR ET FIDES GENVE

UVRESTOME XV COMMENTAIRE DE L'PTRE AUX GALATES (TOME Ier)

MARTIN

LUTHER

(OUVRES

TOME XV

Publies luthriennes

sous

les auspices de France

de l'Alliance

nationale Positions

des

Eglises

et de la revue

luthriennes

LABOR

ET FIDES

GENVE

Le portrait

de Luther ornant la page est d'Etienne Lovy

de titre

Tous droits rservs LABOR ET FIDES, GenveI969, qui publie ce volumeavecune subventionde l'Hoirie Godet.

INTRODUCTION

Bible, de Martin sa porte

L'enseignement est une des Luther rformatrice L'Eptre de de

universitaire, formes dans saint capitales et sous l'Eglise Paul Ds aux

sous pour

la ne

forme

du dire

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livres

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laquelle est

pas plus ce service a pris venue il occuper cours sur commence un temps

le service

sa signification

1. Galates les Luther. sa place dans cet les Psaumes et sur l'Eptre la traiter en automne par une pidmie de peste, trs tt

enseignement aux elle figure Romains, de l'anne C'est ce I5I6.

aprs premiers son et programme interrompu pour

cours,

que reflte le commentaire dit en I5I9 2, qui reparat, en 1523, dans une nouvelle dition revue 3. Luther allait reprendre une seconde fois, en I53I, cet enseignement sur l'Eptre aux Galates. Avec les notes qu'il avait consignes, un auditeur 4 devait reconstituer le cours. Ce dernier fut publi en I535 et rdit en I538 5. Si Luther avait dplor la trop grande concision du commentaire de I5I9, la lecture du texte de son second cours, reconstitu par son collaborateur, est loin de lui dicter une mme apprciation: il ne peut s'empcher de souligner la grande prolixit du nouveau commentaire, tout en se reconnaissant cependant la pleine paternit de son contenu, prolixit comprise. C'est ce qu'il exprime dans la Prface, qui est de sa main comme l'tait aussi celle du prcdent commentaire 6. propre Ce retour de Luther l'Eptre aux Galates, pour la commenter encore une fois, relve sans doute d'une estime particulire pour cet crit paulinien mais, conformment une exigence trs profonde chez Luther, il s'agit d'une estime trs troitement lie au combat de l'Eglise dans lequel il est conduit. En disant que l'Eptre aux Galates est son ptre, qu'il l'a pouse et qu'elle est sa Catherine de Bora 7, Luther n'exprime en effet rien d'autre, en dpit de l'image, que la plus intime association de son combat, et non de prfrences personnelles, avec la lutte dont tmoignent ces de saint Paul. pages La raison de ce nouveau commentaire n'a donc rien voir avec le droulement rgulier d'un programme acadmique prtabli; ce n'est pas, non plus, une difficult propre ce texte, qui provoquerait Luther et motiverait dans son esprit un nouvel effort destin l'affronter de manire plus heureuse que la premire fois 8: l'intention 1 G. EBELING a fait ce sujet d'intressantes remarques dans son Luther, Einfhrung in fein Denken chapitre ler (Tubingue, y64). 2 WA 2, 436(443,43i)-6i8. 3 Les modifications intervenues dans cette dition de I523 figurent dans les notes (=H) au bas des pages de l'dition de 15 19 dans IUA 2. 4 Identifi, en particulier par A. Freitag (WA 40, i page 3), comme tant Georg Rrer. Ce Rrer (1492-1557) a, parmi les familiers de Luther, rendu de grands services au rformateur, entre autres en rtablissant le texte de cours ou de prdications d'aprs les notes qu'il avait prises, soit en recueillant des propos de table, etc. 6 C'est cette dition, quelque peu remanie, et les suivantes qui ont servi au traducteur du XVIe sicle. 6 franais WA 2, 445-449. 7 WA 2, 437 (en dcembre 1531), cf. 40, i, 2 et note 4. 8 Voyez page 41.

8

Tome

XV

de donc sur Les

Luther un le

est aspect de

d'affermir de la l'action vrit ne ou, va de sont de

les

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les pas en

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1. Ici de de Rome. front

apparat difficults, un

Luther

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mme celles

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5I9: la rencontre vaste courant viennent extension car d'un de du aujourd'hui, mme ,

rformation. Il de dit y a

forces

adverses de le front,

seulement plus

changement comme les papistes de

beaucoup manifester

justement, tout pour

combat Luther, contre de bien, alors

commentaire et les

moment: conspirer par la contre affectent dfendent 3 justice. d'abord, la

anabaptistes 2 Ces

se retrouvent renards que les se luttes Au-dehors, ils qui deux enseignent est seul confondent

sentiment

l'Eglise vieilles mais

Dieu.

queue

images leurs

bibliques ttes sont ils

mdivales ils et ils notre Tout

utilisant ajoute-t-il, connaissaient l'hrsie de grands opinion, du cognitio une ennemis

diverses.

d'tre

qu'au-dedans de Christ,

conoivent, Sauveur, ainsi Bien vrit assure. enjeu, enjeu il parle de par du de tout de

la mme

l'encontre

l'unique signale

Luther la vrit

choses.

ressuscitata qui serait

vanglique. 4 cette dsormais du C'est mme cet

retrouve, que ne peut ni ne Et, ensuite, ralit cette principal Les la mme

ressuscite doit l'identit et, ralit tre

permanence sana

combat Christi

pour denuo

considre fondamentale

comme de de la ce

acquisition Il s'agit combat. contestation. Luther est entend

toujours

toujours toujours

aussi,

mme que qui la plus

combat, l'article le

conteste,

dsigner le thme de ce

quand dominant lajustification en

commentaire

chrtien, de l'enseignement la dsignation et dont dans celui lesquels

proprement

celle de

la foi seule. bien le tout

dveloppements premier vritable unique: c'est dans son nonc:

thme que mon toute

illustrent place ne rgne mditation

Christ, Dans dcoule dbouche si large

Luther cur ma et

comme qu'un

une article

confession c'est la foi

de la fides de foi au de Christ

est frquente la richesse apparat Christi: la foi de seuil de cet de l si crit: l que qu'elle haute, et

6. C'est et c'est sagesse

thologique, son flux et

jour et si

nuit

dans

l qu'elle passe par d'une reflux sans que, saisir plus que dans la

pauvres

profonde, des prmices,

je sois miettes.

d'ailleurs 6 de Luther dans une les les doute encore. de ainsi mal luttes

parvenu sur

quelques ce

fragiles

L'insistance correspond l'objet. mouvements annes Mais exemples, comme l'histoire paradis temps l'intrt justification, confine 1 2 3 dans dcisives on Car

tonnante de pas

l'article

principal, aperoit

commentaire, dont dans dans opposition. Luther fresque dans derniers de le il est les les,

l'ampleur ce n'en est sectaires',

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il lequel renaissance qui

contestation qu'il aperoit cet gard de l'on cette se

s'taient sont aussi de

pisodique droules un Luther exemple si

de la Rformation: sans d'autres fondamental dveloppe son jusqu' assaut Commentaire il apparat pour se

Galates la

comprendrait ou mme un que terrestre, le de mme ce o le aspect Luther

pense

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L'opposition tout l'histoire dans sa que contre la aux prface Luther vrit

l'article entire. o, voit de

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apparat grande premires lumire saisit du des

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Galates

temps,

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thologique horizon.

l'ouverture

Voyez Voyez Voyez

page page page quelques page

41. 16. 16. L'origine prcisions note i. biblique sur cette de cette notion image est Cant. 2: de 15 la et Juges I5 de 4-5 Luther,

6 Pour 6 voyez

fondamentale

thologie

13,

Voyez page 13. 7 Voil vingt ans, dit alors Luther, que je suis dans le service de Christ bien que je ne sois rien: or, je puis attester, en vrit, que plus de vingt sectes m'ont sollicit. Les unes se sont entirement effondres, les autres palpitent encore comme des membres d'insectes. Page 17.

Introduction

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Mais c'est sans doute aussi l'un des aspects les plus significatifs de ce commentaire que de souligner, de traits renouvels et insistants, l'unit profonde de l'histoire, telle que l'Evangile l'claire 1, sans que soit rduite la porte propre et particulire de cet Evangile: . il ne nous est permis d'aucune manire, dit Luther, de retourner un Christ qui doit venir (si ce n'est que nous l'attendons, au dernier jour, comme le Rdempteur qui nous dlivrera de tout mal). Car si nous faisions cela, nous croirions un Christ qui n'aurait pas encore t rvl mais qui attendrait encore de l'tre. Et, ainsi, nous renierions Christ et tous ses bienfaits, nous renierions le Saint-Esprit et nous ferions Dieu menteur. De fait, nous attesterions que Dieu n'aurait pas encore accompli ce qu'il a promis, ainsi que le font les Juifs. 2 A l'ampleur exceptionnelle de ce caractre de l'histoire qu'est l'opposition poursuivie contre l'article unique, correspond l'accentuation galement unique de la foi qui saisit Christ: . car c'est l [en sa carrire terrestre] qu'il est descendu lui-mme, qu'il est n, qu'il a vcu parmi les hommes, qu'il a souffert, qu'il a t crucifi, qu'il est mort: il s'est ainsi concentr de toutes les manires possibles sous nos yeux et il a fix sur lui les regards de notre coeur. 3 La richesse et la force des dveloppements travers lesquels se prcise cette foi font de ce commentaire un texte remarquable pour la vigueur de la dfinition thologique et pastorale, contre toutes les versions de la foi o cette dernire s'est dgrade en doctrine abstraite et inoprante, en confusion mystique ou en principe de division dans l'Eglise. On ne peut pas attendre de cette uvre capitale de Luther qu'elle rponde aux exigences d'un commentaire biblique de notre temps, bien que ni l'histoire ni la lucidit critique ne soient le moins du monde absentes des proccupations de Luther, au contrairel Il serait faux, de toute manire, de dire qu'une telle attente ne peut tre que due. Il serait par contre beaucoup plus exact de penser qu'elle peut tre et qu'elle est effectivement remise elle-mme sa juste place par le souci marqu de reconnatre la priorit fondamentale qui caractrise l'hermneutique biblique: celle de la pression rnovatrice exerce sur le langage par le sujet trait lui-mme. Un tel souci est tellement dominant dans cette uvre qu'il ne s'annonce que rarement de faon explicite mais qu'il est partout prsent. Ce commentaire dont nous donnons une traduction nouvelle a dj t mis en franais, une premire fois, au XVIe sicle. Trois ditions au moins de cette traduction sont connues et attestent l'importance qu'ont revtue alors, dans les milieux intresss, l'uvre de Luther en gnral et cet ouvrage en particulier. La premire de ces trois ditions est celle qu'imprima Jean Crespin, Genve, en I552 4; la seconde est de de Jean Bonnefoy, en i56ob; la troisime parut Anvers, chez Arnoult l'imprimerie Coninx, en I584 6. Ces diverses ditions reproduisent, peu de chose prs, la mme 1 Voyez la foi d'Abraham, comme Luther en parle: Paul cite correctement le passage de Gense 15 en l'appliquant la foi au Christ. Car toutes les promesses ont t incluses dans le Christ qui devait venir. La foi des pres [de l'ancienne alliance] est enferme en lui de la mme manire. La foi des pres fut donc la mme que la ntre. Page [245]. 2 On relira ici les pages 44 46 (WA 40, 1, 77-80) sur la thologie, dont l'authenticit est attache la considration du Christ en sa carrire humaine, l'exclusion de toute spculation sur la majest divine. 3 44 (WA 4, 1, 77). 4 Page et universitaire de Genve, cote Bb 2205. b Bibliothque publique de la Facult de thologie de Montpellier, cote 1688. 6 Bibliothque 14 signale une dition franaise WA 40, i, qui serait parue Anvers en 1583, sans que nous puissions prciser s'il s'agit d'une erreur ou d'une dition relle, antrieure d'une anne celle qui est signale ci-dessus, dont un exemplaire se trouve la Bibliothque de la Socit de l'histoire du protestantisme franais (Collection Andr, N 574). Elle se prsente avec la prcision suivante: Nouvellement revue, curieusement

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2'ome XV

version, qui dpend elle-mme du texte de l'dition latine de I538 1 ou des ditions suivantes 2, dont les leons propres sont indiques, au bas des pages, dans le texte dit par le corpus de Weimar. Ce dernier reproduit le texte de la premire dition de I535. C'est celui qui a servi l'tablissement de la traduction3 prsente. Lorsque les diffrences entre notre version et celle du XVIe sicle vont au-del du renouvellement oblig imputable un travail indpendant, elles s'expliquent par les diffrences qui caractrisent respectivement les ditions du XVIe sicle.REN-H. ESNAULT.

corrige et augmente (suyvant le latin) de ce qui a t obmis en l'dition franoise auparavant mise en lumire. Les comparaisons effectues ne concluent pas une rvision importante. 1 Caractrise sous le sigle C dans l'Edition de Weimar: 40, 1, 14. 2 Id. D & E. 3 Edition de Weimar: t. 40,1, 1 (33) 459.

Commentaire de leptreaux Galates

COMMENTAIRE DE L'PTRE AUX GALATES

PRFACE

DU D. MARTIN

LUTHER

J'ai peine croireque ma prolixit, dans le courspublic quej'ai donnsur 33 cette ptre de saint Paul aux Galates, ait pu tre telle que la fait apparatre le texte que voici.je voispourtant qu'ellessont biende moi, toutesces rflexions que avec Ainsi, je trouvedanscet crit et quedes frresy ont consignes tant de diligence. je me voiscontraintde reconnatre j'ai dit tout cela, dans cettetudepublique, que si ce n'est davantage encore. ans moncur,en effet,ne rgnequ'un article unique D c'est la foi de Christ 1. C'est de l que dcoule toute ma mditationthologique, c'est par l qu'ellepasse et c'est l qu'elle dbouche et nuit dans sonflux et jour dans son reflux, sans que, d'une sagessesi haute, si large et si profonde,je sois d'ailleursparvenu saisirplus quequelquesragileset pauvres f prmices,desmiettes. C'est pourquoi 'aurais hontede voirparatre mon commentaire, indigent si j et sifroid, [de l'uvre] d'un si grand aptre cetinstrumentde Dieu n'taient cetteprofanationhorrible,et sans bornes,cetteabomination ont toujourssvidans qui d l'Eglise de Dieu et qui ne cessent e lefaire encore aujourd'hui, l'encontrede ce rocheruniqueet solidequenousappelonsle thmede la justification. Cela signifie que cen'est pas par nous-mmes sansnul doute,par nosoeuvres, sontchose moindre ni, qui mais par le secoursqui vient d'un autre, par le Fils uniquede que nous-mmes, rachetsdu pch, de la mort et du diableet Dieu, Jsus-Christ, que noussommes qu'il nousest fait donde la vie ternelle. 1 Fides Christi:notionfondamentale e la thologiede Luther.En I5I7-I5I8, Luther d en indiquela richessedansles termessuivants:Ellen'est cependant as simpleet p strilecommeles opinionshumaines,car Christvit, et il ne vit pas seulement ais m il agit, il n'agit pas seulement aisil rgne; il ne peut donc pas se faire que la foi m en lui soit oisive,maisellevit et elleagit, elle triomphe. Ainsidonc,notre patience dcoulede la patiencede Christ,notre humilitde la sienneet les autresbiensde la mmemanire, i seulement s nous croyonsfermement qu'il afait ceschosespour nous et comme [pronobis], non seulement pour nous,maisencoredevantnous,c'est--dire, e l'exprimesouventsaint Augustin,non seulement n tant que mystre[.racramentum] maisen tant qu'exemple. (WA 57, 114,2 sq.) De manireencore plus conciseet concentre: A causede ce don [de la foi],le chrtienest plus grandque le monde de entier, en vertu (prcisment) ce don qu'il a dans son cur, petit en apparence, de maisla petitesse ce don qu'il a dansla foi est plusgrandeque le cielet la terre, car Christest plusgrand,lui qui est ce don mme. (Voirplusloin,page 147.)

14

Tome XV

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nos Ce rocher, Satanl'a frapp dansle paradis,quandil engagea premiers semblables Dieuensagesse avoirlaiss la propreetenforce,aprs parents devenir l foi auDieuquileuravaitdonna vieet quienavaitpromis perptuit1. la Bientt, e de c d toujours cause ce rocher, ementeur t ce meurtrier, estin tre toujours semblable lui-mme, incitalefrre aufratricide il n avaitpas d'autreraison avec l'autrefrre avaitoffert sacrifice, le alors celaquelafoiplusgrande laquelle il sesoeuvres sansla foi. que, oursoncompte, n'avaitpasplu Dieuenlui offrant p Il s'ensuivit lorsuneperscution fin et intolrable, a sans [dclenche] Satan par d fils oDieufut amen contre foi, par l'entremisees de Can, usqu'aumoment la j et la de purifierle monde le dluge prendre dfense No, lehrautdelafoi par s enla de et delajustice.Satann'enconserva moins a semence personne Cham, pas le troisime de No. Mais quipourrait toutraconter? C'est le monde ntier e fils contre ette dcouvrant infinit c foi, une d'idoles qui,par la suite,s'achama follement etdereligions, quipermet chacun ce ledit (comme Paul) d'allerson proprechemin, dansl'espoird'apaiser ar sesuvres, sondieu,qui sa desse, sesdieuxet qui p qui d C'est dire qu'ilsespraient racheter e leursmauxet de leurs se qui sesdesses. d sanslesecours vient 'un autre,Christ . Toutcela 2 propreeffort, qui pchs leur par l estassez a attest, u surplus, cequisefait et s'critdanstoutesesnations. par ce deDieuqu'estIsral Maisces nesontnullement gens comparables peuple la synagogue qui, la diffrence autres,nonseulement le dondela des reut la loiqueDieuluitransmit devait s'ajouter promesse certaineaite sesPres, quoi f des mais a t par par l'intermdiaire anges, qui,encore, toujours confirm laprsence incessante paroledesprophtes, leursmiraclest par leursexemples. dela e Et, par Satana pris untel avantage cependant, parmi eux savoirla folie dela propre ils de justice qu'aprstouslesprophtes, onttule Fils mme Dieu, le Messie la enseignaient que qui leurtaitpromis.La raisontait toujours mme ceux-ci c'taitpar la grcede Dieu et nonpar notre justicequenous plaisons Dieu. 3 etle se Orvoici equelediable monde proposent c tout, par-dessus dslecommencement nousnevoulons [disent-ils], pas, paratremalfaire et toutcequenous faisons,il et S'ils faut queDieul'approuve quetoussesprophtes consentent. nelefontpas, y qu'ils meurent PrisseAbel, viveCan! Que tellesoitnotreloi.Et il en est bienainsi. C'est d'uneaffairesrieuse, vrai dire,qu'il s'est agi et qu'il s'agit dans nesemblevoir a a l'Eglisedesnations, u pointqu' ceprix, la foliedela synagogue tqu'unjeu.Car, Paulle dit, leshommes la synagogueJ pas connueur n'ont l [de de ils le Christ,c'estpourquoi ont crucifi Seigneur gloire 4. Mais l'Eglise des nations cruet elleconfesse Christestle Fils de Dieu, devenuotre a n justice que voilce qu'ellechante, e qu'ellelit, ce qu'elleenseigne c ouvertement. malgr Or, cetteconfession, ceux-l mmes veulent l'Eglise n'en mettent moins tre qui pas1 Littralement: et qui l'avait promise durable. Il Sans le secours tranger du Christ. 3 Que les hommes plaisent Dieu. 4I Cor. 2:8.

Commentaire de auxGalates l'Eptre

i5

mortleshommes necroient, et qui n'enseignentne clbrent pourtantriend'autre savoir Christestprcismentqueleurs erscuteurs ce acharns sonteux-mmes que p contraints confesser, voixautantquedans de devive c Carils leursfeintesrmonies. ense dunom Christ;mais pouvaient de s'ils maintenir rgnent aujourd'hui rclamant leurrgne sanscenom,ls montreraient au-dehors, quelChristil s'agitdans i de bien, leurcur.ls le tiennent, effet, I en enbien moindre estime nele faisaient que lesJuifs, voient enluiun thola,c'est--dire brigandu'ilfallaitcrucifier; un qui,au moins, q il divinit pournosgens, contre, n'est qu'uneable,quelques par f imaginaire parmi les comme peuts'enapercevoir on Rome, la cour upape,etdans d paens, presque toute l'Italie. Puisdonc Christestunobjet emoquerie seschrtiens d que parmi [eux-mmes] tre Abel (carc'estainsiqu'ilsentendent nomms), Cannecesse demettre que pas mortet qu'en moment, ce l'abomination deSatanestaucomble rgne, faut35 deson il cetarticleavec plusgrandsoinet l'opposer Satan,quenoussoyons le exposer ou savants uignorants. o Cardussent tousleshommes impropreslaparole loquents, se taire,il faut [pourtant]queceRocheroitproclam, s ceserait des quand par m pierres mes. C'estpourquoi m'acquitte moi d volontiers, aussi, emachargetjepermets je e ce tout en quel'onpublie commentaire, prolixequ'il soit; il faaitmettre gardeles l etla d o frresenChristcontreesmachinations malice eSatanqui,encemoment, nous touchonsla fin dernire temps) vers ansuneragesi grande des a d contrea l saineconnaissanceChristqui vientde renatre; emme jusqu'prsent, de d que, les ontsembl enproie lafolie, fautmaintenant tre assigs les par dmons, hommes il lesdmons eux-mmes hants d'autresdmons mauvais et que paraissent par plus se encore ceseralune bonne delamenace l'ennemi leurfureur surpasse que preuve que dela vrit etdelaviesent sur peser lui,dece terrible sera jour qui pourluiunjour deperdition, que,marquant fin desa tyrannie, sera[pournous]lejour alors la il denotredlivrance. branl epied encap, cen'estpas sanscause d Car, qu'il se telunvoleur ouunadultre trouble, surpris ar l'aurore p quisurgitet quiletrahit. a de aient Qui donc jamaisentendu qu'autant monstres surgitout la fois comme quenous ceux dt-il desseuls voyons aujourd'hui, ne s'agirque anabaptistes du s'il l eux, (pourneriendiredesabominationspape)? Avec etcomme exhalaite dernier desonrgne, Satanagitelessiens d'horribles comme convulsions, s'il souffle enun moment, coup dsordres, de mettre mondeensdessus essous le s d et voulait, nonseulement maisencore lessectes l'infini, ourengloutir tout cela) multiplier p le Christavec Eglise. nesvit as decette Il son manire il nedploie ainsi et p pas sa ragecontre autres, uelles uepuissent les treleurvieouleursopinions les q q les les les les les adultres, exemple, voleurs, homicides,parjures, impies, sacrilges par lesincrdules. cesderniers, A toutau contraire, procure tranqarillit il la dans sademeure flattant grablement lesfavorisant enles eten detoute manire. mme De a alors i les qu'autrefois, quel'Eglisenaissait,l ne se contentait de maintenir pas idoltries religions qu'elles taient, qu'illeurtmoignait etles telles mais unegrande a rien frapperl'Egliseetla religion Christ, de faveur, lorsqu'ilnengligeait pour

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Tome V X

et laissant, dansla suite, la paix tousles hrtiques enne troublantque la doctrine autre affairen'a d'importance ce ainsi, aujourd'hui,aucune pour lui catholique, fut toujoursla sienne que deperscuternotre Christ (celuiqui, sans nos oeuvres, est notrejustice) C'est ainsi qu'il est crit sonsujet Tuguetterassontalon. 1 nos sur Ce n'est pourtant pas contrecesgensquesonttournes rflexions cetteptredesaint Paul: ellessont plutt l'adressedesntres)soit que,dansle Seigneur, ils aient mon endroitde la reconnaissance montravail, soit, [plutt], qu'ils pour me pardonnentmon infirmitet ma tmrit.Il me dplairaitfort que les impies plutt qu'ils en soientirrits, avecleur dieu; approuventces choseset je voudrais ellesne sont ici confies l'abondantesueurde monfront) qu' ceux qui Paul ( accablset tents, lui-mmea crit cette ptre aux Galates bouleverss, affligs, Que chtifsenla foi. Ils sontlesseuls pouvoirles comprendre. ceuxqui ne sontpas tels coutentespapistes, les moines,les anabaptisteset tant d'autres qui enseignent l c une sagesse sans borneset leur religion propre, tout en mprisantvaillamment e que nousdisonset n'ayant curede le comprendre. 36 Car, aujourd'hui,lespapistes et lesanabaptistesseretrouvent pour conspirer c d'un mmesentiment ontrel'Eglise deDieu (bienqueleurspropos le dissimulent). Ils pensent, en effet,que l'uvrede Dieu dpendde la dignitde la personne.Les pas anabaptistesn'enseignent-ils quele baptmen'est rien si l'hommene croitpas? de De ceprincipe (commeon dit), il s'ensuit ncessairement toutesles oeuvres que Dieu ne sont rien si l'hommen'est pas bon. Or, le baptmeest l'uvrede Dieu, maisl'hommemauvais en sorte quecene soitpas l'uvrede Dieu. fait De l, ondduitencore proposition [la suivante] le mariage,la magistrature, la conditionde serviteursont des uvres Dieu, mais puisque les hommessont de de mauvais,ce ne sontpas des uvres Dieu. Les impiesont bienle soleil, la lune, la terre, les eaux, l'air et tout ce qui a t mis la disposition l'homme,mais de le parce qu'ils sont infidles, soleiln'est pas le soleil, la lune,la terre, l'eau ni l'air ne sont cequ'ils sont.Les anabaptisteseux-mmes nt eu un corpset unemeavant o ils d'tre rebaptiss.Mais, parce qu'ils taientinfidles, n'ont pas eu de vrai corps ni unemevritable.Et leursparents aussin'taientpas de vrais conjoints (comme ils en conviennent), lors qu'ils n'taient pas rebaptiss.Les anabaptistessont ds Ils donctous des btards et leursparents taienttous adultreset dbauchs. n'en hritent pas moins,eux aussi, les biensde leurs parents, bienqu'ils se reconnaissent btardset dpossds. Qui ne verrait pas qu'avecles anabaptistesl'on n'a pas tant affaire des par des dmons pires encore. possdsqu' de vrais dmons, ossdseux-mmes p De mme, les papistes aussi ne cessent-ils jusqu' cejour, d'insister sur les pas, uvreset sur la dignitde l'homme,enverset contrela grce, et de rendregrand service(du moins s'en tenir aux mots) leursfrresanabaptistes.Ces renardsse 2 confondent la queue mais leurs ttes sont diverses.Ils affectent,au-dehors, par 1Gen. 3:I5. 2 Littralement: dont les queues sont attachesensemble.L'image du renard pour enrfrence Cantique l m 2:I5, dsigner'hrsieestfamilire la polmique divale,

Commentairee l'Eptre aux Galates d

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d'tre leurs grands ennemis,alors qu'au-dedansils confoivent, enseignent ils ils et la dfendent mmeopinion, l'encontrede Christ, l'unique Sauveur, qui est seul notrejustice. S'en tiennedoncquipeut cet article, et lui seul.Quant aux autres driververs la mer et au gr du vent qu'ils veulent, qui font naufrage,laissons-les au jusqu' ce qu'ils reviennent navireou qu'ils gagnentle rivage la nage. Mais il sera question anabaptistesailleurs,s'il plat au Christ le Seigneur. des Amen. Dans la deuxime dition de 1538 et dans les impressions suivantes, le dveloppement suivant est ajout ici: Au total, etpour enfinir avecce litige, t [sachonsqu'] il n'y a ni reposni conclusionant que Christ et Blial ne se seront pas accords.Une gnrationpasse, une [autre] gnrationarrive. Si une hrsie tombe, une autre ne tarde pas surgir, car le diable ne dort ni ne sommeille. Voil dj vingtans queje suis dans le servicede Christ, bien que nesoisrien: je en vrit,queplus de vingtsectesm'ont sollicit.Les unesse sont or,je puis attester, entirement les comme desmembres d'insectes. effondres, autrespalpitent encore Mais Satan en suscitejour aprs jour de nouvelles,ui, le dieu des hommes l e factieux. Tout rcemment ncore,cette [secte], de toutes cellesqueje prvoyaisle moinsou que redoutaisle plus savoirles hommes enseignent le dcalogue je qui que doit tret de l'Eglise et queles hommes e doivent treplongsdansla terreur n pas par la loi, mais qu'ilfaut les avertir avecdouceur la grcede Christ, pour que par cetteparole de Micheet quepersonnene soit accus Nefais pas 37 s'accomplisse coulerla prophtie sur nous1, commesi nousne savions pas et que nous n'ayons les et jamais enseign que,par Christ, il faut redresser espritsaffligs contritsmais que,par la loi, il fauteffrayerles durs Pharaons, auxquels la grce de Dieu est d'ailleurs, ne sont-ilspas acculs feindre des prcheenvain. Ces gens eux-mmes, rvlations la colre[qui vient] sur les mchants les incrdules?Commesi la de et loi tait ou pouvait tre autre choseque la rvlationde la colre Si grands sont et des l'aveuglement l'orgueilde ces Ce n'est pas futilit ni affaire de rien que Paul ait dit Il faut qu'il y ait des hrsiesafin que ceux qui sont prouvssoient reconnus il faut que les 3: serviteurs la Parole en soientassurs,s'ils veulent trefidleset sages.Que le serde viteurde Christsachebien,disje, que tant qu'il enseignera Christ seul,il nemanquera pas d'hommes perversqui s'appliqueront troublerl'Eglise, mme parmi lesntres. Mais qu'il se console t sefortifie [contre cettepense], ense disant qu'il n a pas e depaix entreChrist et -Blial,entrela semenceu serpentet celledela femme; qu'il d se rjouisse, plutt, de souffrir[de la part de] cessecteset de ces esprits sditieux en particulier, de mme,l'imagedesrenardsdontlesqueues sontattaches nsemble, et, e de et pour dsignerl'hrsiedans la multiplicit ses manifestations dans l'unit de son opposition l'Eglise.Luther reprend son comptecette imageet la retourne contreRome,considre lui dansle mmecampquel'anabaptisme, sousle rapport par de leurcommune au .rolagratia. opposition 1 Miche: 6. z 2Qui se condamnent ux-mmes. e 31 Cor.II I9.

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TomeXV

trouvsdeboutet combattantdu ctde la postrit de la gloire que nous soyons m femme contrela postrit du serpent.Que celui-ci ordetant qu'il peut notretalon nousne nousarrterons et qu'il ne s'arrte pas de mordre Nous, en revanche, pas de broyersa tte,par Christ, qui la broiedevantnous1, lui qui est bniternellement. Amen.CINQUANTE ET VERTUS DE LA PROPRE

qui qui ne cessentde se succder.Car c'est ce tmoignagede notre conscience est notre

LOGES

JUSTICE

QUE L'ON CHERCHE DANS LES UVRES, D'APRS L'APTRE PAUL

Chapitre i

Chapitre 2

38 Chapitre3

i. Dtournerde la vocation la grce. 2. Embrasserun autre vangile. j. Troublerl'esprit desfidles. 4. Retournerl'Evangile de Christ. J. Etre anathme. des d. [enseigner] [penses]humaines. 7. Complaireaux hommes. 8. Ne pas trel'esclavede Christ. nonde la rvlation. 9. Dpendredes hommes, IO.Que la meilleure jzasticede la loi ne vautrien. II. Dvasterl'Eglise de Dieu. 12. Etre justifi pardesvoies ( impossiblespar les uvres). de I3. Faire des pcbeurs ceux qui sontjustesen Christ. I4. Faire Christ ministredu pch. le IJ. Rdifier pchaboli. z6 Devenirun prvaricateur. 17. Rdeter la grce de Dieu. 18. Estimer que Christ est mort en vain. iy. Que les Galatestombentdansla folie.20. Etre fascin. Christ.

la 21. Ne pas entendre vrit.22. Crucifier

23. Dire quel'on refoitl'Esprit par lesuvres. 24. Abandonner l'Esprit et finir par la chair. 2J. Etre sousla maldiction. 2. Ajouter au testamentde Dieu et le r jeter. les 27. Faire abonder pchs. souslepch. 28. Etre enferm1 Littralement: le prince, ou le principal, ou le premier qui broie.

Commentairee l'Eptre aux Galates d

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Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

29. Etre asserviaux pauvresrudiments. en JO. [Faire] quel'Evangile ait t prcb vain. et envain. 31. Avoir souffert tout accompli j.2. Deveniresclave fils de la servante. et 33. Etre exclude l'hritage aveclefils de la servante. 34. QueChrist nesert rien. 35. Etre tenu d'accomplirtoutela loi. 36. Etre priv de Christ. j7. Dchoirde la grce. de voiedu bien. 3e. Etre empch courirdansla bonne 39. La persuasiondenepas tre de Dieu. de 4o. Possderle ferment la corruption. 4I. Qu'il y a un jugement pour celuiqui l'enseigne. les 42. Se mordreet se dvorer uns lesautres. d 43. Etre comptau nombredes uvres e la chair. c chose alors que l'on n'est rien. 44. Se considrer omme quelque 4J. Se glorifierd'autres quede Dieu. 46. Plaire charnellement ceuxqui sont charnels. de 47. Har la perscution la croix. l 4S. Ne pas mmeobservera loi. selonla chair. 49. Tirer gloirede celuiqui enseigne 5. Que rien n'est utile ni ne vaut quoiquece soit. Fin Au moisd'aot de l'anne MDXXXVIII

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au nom du la seconde fois nous avons entrepris d'expliquer, enseigner Seigneur, l'Eptre de Paul aux Galates. Non que nous entendions alors que par la ou quelque [vrit encore] ignore, quelque nouveaut notoire pour grce de Dieu tout [ce que dit] Paul est chose connue et bien le danger est grand, il est la porte, vous. Mais je le rappelle souvent de de la foi et qu'il introduise que le diable drobe le pur enseignement L'utilit humaines. des uvres et des traditions nouveau l'enseignement de la foi dans assidment cet enseignement est donc grande de maintenir notre usuels 1. Bien qu'il soit connu et archi-connu, les cours publics le diable n'est cependant adversaire pas mort: il rde et il cherche nous dvorer. Notre chair aussi est encore en vie. Et enfin, toutes les tentations l'on ne de toutes parts. C'est pourquoi nous assaillent et nous pressent il cet enseignement. et inculquer saurait jamais assez examiner Quand le vrai culte, la gloire de la religion2, fleurit, tous les biens fleurissent: et de toute chose. Donc, assure de toute situation Dieu, la connaissance rien fait, nous allons reprendre pour ne pas courir le risque de n'avoir au propos [ce travail] au point o nous l'avions laiss 3, nous conformant 4 l'homme aura achev, il commencera. Quand [connu]: Pour

1 Fidei doctrina conservetur. in publico et assiduo usu legend et audiendi 2 Il faut entendre la discipline a pour un homme au sens spcial ce terme qu'a form qu'il telle il dsigne une vie chrtienne de vie et de langage consquente, monastique: sans la raliser, la pratique religieuse. que la veut, 3 Il ne mais d'un enchanement d'un travail de la continuation interrompu, s'agit pas de la pense. par l'unit

4 Siracide I8:6.

LE DE L'PTRE DE

SOMMAIRE SAINT PAUL AUX GALATES

Avant tout, il convient de parler du sujet: de quoi Paul traite-t-il dans cette ptre? Voici donc ce sujet: Paul veut affermir l'enseignement de la foi, de la grce, de la rmission des pchs, c'est--dire de la justice chrtienne cet enseignement dont nous avons parl pour que nous connaissions la diffrence qu'il y a entre la justice chrtienne parfaitement et toutes les autres justices. La justice est en effet. L'une est [la multiple, celle dont traitent justice] politique: les Csar, les princes de ce monde, et les jurisconsultes. Une autre est [la justice] crmonielle: philosophes celle qu'enseignent les traditions humaines telles que les traditions du pape et [autres] semblables. Les chefs de famille et les pdagogues l'enseignent sans danger, car ils ne lui prtent la vertu de satisfaire pour les pchs, pas ni d'apaiser Dieu et de mriter la grce: ils des crmonies et enseignent certaines observances les qui ne sont ncessaires que pour discipliner murs. Il y a, outre cela, une autre justice: la justice lgale, c'est--dire celle du dcalogue, celle que Mose enseigne. Nous aussi nous l'enseignons, avoir enseign la foi. aprs Au-del et par-dessus toutes ces justices est la justice de la foi, la c'est avec la plus grande diligence qu'il faut la justice chrtienne: distinguer de celles dont il vient d'tre en effet, s'opposent question. Celles-ci, entirement la justice de la foi 1, soit parce des lois qu'elles dcoulent des Csars, des traditions des papes et des prceptes de Dieu, soit parce concernent nos uvres et qu'elles peuvent tre accomplies qu'elles par en vertu de nos ressources nous, naturelles les (comme s'expriment ou mme en vertu d'un don de Dieu sophistes), des (car ces justices uvres sont elles aussi des dons de Dieu, comme tous nos biens). Mais l'autre est la justice la plus excellente, savoir celle de la foi, ce n'est pas la justice que Dieu nous impute par Christ, sans les uvres: ni celle des crmonies ou de la loi divine; elle ne concerne pas politique, nos uvres mais elle est tout autre: une justice purement passive (de mme que celles dont il tait question plus haut taient actives). Car ici nous ne faisons rien, nous ne rendons rien Dieu mais nous recevons seulement et nous en subissons un autre qui opre en nous Dieu 2. C'est pourquoi il

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convient d'appeler passive cette justice de la foi, la justice chrtienne. Il1 L'opposition 2 Patimur est ici celle alium operantem d'une distinction in nobis: scilicet rigoureuse. Deum.

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s'agit bien l d'une justice cache en son mystre: non seulement le monde ne la comprend pas, mais les chrtiens eux-mmes ne la retiennent pas assez et c'est avec peine qu'ils la saisissent au sein des preuves. C'est pourquoi il faut toujours l'inculquer et l'exercer par un usage assidu. Et celui qui ne la retient pas et ne la saisit au sein des afflictionset des terreurs de la conscience ne peut pas subsister. Car aucune autre consolation n'est aussi ferme et assure pour les consciences, que cette justice passive. Mais telles sont la faiblesse et la misre humaines qu'au sein des effrois de la conscience et dans un danger mortel, nous n'avons d'yeux pour rien d'autre que pour nos uvres, notre dignit et pour la loi. Et lorsque celle-ci 42 nous fait voir notre pch, aussitt notre vie passe nous revient l'esprit et alors le pcheur se prend gmir, en proie une grande douleur d'me, et il pense au-dedans de lui-mme: Ah! dans quelle perdition n'ai-je pas vcu! Si seulement il m'tait permis de vivre plus longtemps, je voudrais alors amender ma vie, etc. Et ce mal s'est tellement insr en nous et nous nous sommes tellement appropri cette 8SW que la raison humaine ne 1 d'une propre peut pas s'affranchir de ce fantme d'une justice active ni se porter considrer la justice passive, c'est--dire la justice justice chrtienne: elle est enferme dans [la considration de] la justice active, sans plus. Au surplus, Satan abuse de l'infirmit de la nature humaine pour enfler ces cogitations et pour les rendre plus pressantes. Il ne peut se faire alors que la conscience ne tremble davantage, qu'elle ne se trouble et ne soit terrifie. Il est impossible, en effet, que l'esprit humain, en proie au sentiment et la terreur du pch, conoive de lui-mme la consolation ou qu'il regarde la grce seule, ou encore qu'il rejette avec constance la contestation qui vient des uvres, etc. Une telle possibilit est en dehors des forces, des penses et de la prise des hommes, tant il est vrai qu'on ne la trouve pas, non plus, dans la loi de Dieu. Bien que celle-ci soit la plus minente des choses qui existent au monde, il s'en faut tellement, cependant, qu'elle puisse apaiser l'me terrifie, qu'elle ne peut mme que l'attrister davantage et la pousser au dsespoir. Car par la loi, le pch atteint plus minemment sa ralit de pch, Rom. 7. C'est pourquoi la conscience afflige ne possde nul remde, ni contre le dsespoir ni contre la mort ternelle, moins qu'elle ne saisisse la promesse de la grce offerte en Christ, savoir cette justice de la foi, justice passive, ou encore chrtienne, qui lui fasse dire avec assurance: Pour moi, je ne recherche pas une justice active, bien que je dusse, la vrit, la possder et l'accomplir; et, en admettant que je l'eusse et que je l'accomplisse, je ne puis cependant me confier en elle ni par elle subsister devant le jugement de 43 Dieu. C'est pourquoi je m'arrache toute justice active qui soit la mienne et qui s'attache [l'accomplissement de] la loi divine, et j'embrasse simplement la justice passive qui est celle de la grce, de la misricorde, de la rmismanire d'tre. 1 Habitude,

Eptre aux Galater

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sion des pchs. Pour tout dire: la justice de Christ et de l'Esprit saint, celle que nous n'accomplissons pas mais que nous subissons 1, que nous n'avons pas mais que nous recevons dans le don que nous en fait Dieu le Pre, par Jsus-Christ. De mme, en effet, que ce n'est pas la terre elle-mme qui engendre la pluie ni qui peut aucunement se l'assurer par son travail, par ses soins ou par ses forces, mais qu'elle ne peut que la recevoir d'en-haut, par un don du ciel, ainsi Dieu nous donne-t-il cette justice cleste sans [le concours de] notre uvre et sans mrite de notre part. C'est pourquoi, la mesure de ce que peut faire d'elle-mme la terre aride pour se procurer une pluie abondante et propice, est aussi celle de ce que, nous les hommes, nous pouvons faire, de nos propres forces et au moyen de nos uvres, pour nous procurer la justice divine, cleste et ternelle, moins que nous ne l'obtenions par l'imputation gratuite du don ineffable de Dieu. C'est pourquoi l'art et la sagesse suprmes des chrtiens est d'ignorer la loi, de ne connatre ni les uvres ni toute la justice active, de mme qu'en dehors du peuple de Dieu, la suprme sagesse est de connatre et de considrer la loi, les uvres et la justice active. C'est une chose admirable et que le monde n'a pas [encore] entendue que d'apprendre aux chrtiens ignorer la loi, pour qu'ils vivent devant Dieu comme s'il n'y avait vraiment pas de loi. Car, moins d'ignorer la loi et de tourner tes penses vers la grce, comme s'il n'y avait pas de loi, 44 parce qu'il n'y a que la grce, tu ne peux tre sauv. Car c'est par la loi qu'a lieu la connaissance du pch, etc. 2 Dans le monde, en revanche, il faut insister sur la loi et sur les uvres, comme s'il n'y avait ni promesse ni grce: il le faut cause des opinitres, des orgueilleux et des insoumis, sous les yeux de qui il ne faut rien mettre d'autre que la loi, pour qu'ils soient terrifis et humilis. La loi a t donne, en effet, pour terrifier et mettre mort ceux qui sont endurcis et pour exercer le vieil homme. Il faut bien distinguer une parole de l'autre, ainsi que le veut l'Aptre 3. Ce que l'on demande ici au chef de famille sage et prudent, c'est de rgler [l'application de] la loi de telle sorte qu'elle soit contenue l'intrieur de ses propres limites. Car si j'entendais enseigner aux hommes une loi par laquelle ils seraient justifis devant Dieu, je dpasserais dj les limites de la loi et je confondrais les deux justices: la justice active et la justice passive. Je serais donc un mauvais dialecticien, faute de bien analyser. Mais lorsque je dpasse le [domaine du] vieil homme, me voil dj au-del de la loi. Car la chair c'est--dire le vieil homme la loi et les uvres vont c'est--dire de l'homme nouensemble, et il en est de mme de l'esprit veau de la promesse et de la grce. 1Littralement: souffrons.2 Rom. 3: 20. 3 II Tim. 2:25 sq.

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C'est pourquoi, lorsqueje vois l'hommeassez contrit, presspar la loi, terrifipar le pch et assoiffde consolation,il est temps pour moi d'carter de ses yeux la loi et la justice active et, par l'Evangile, de lui proposerla justicepassive.En mettantdehorsMoseet la loi, cette justice et lui prsentele Christde la promesse, equelestvenu pour les affligs pour l les pcheurs.Alors, voici l'homme redress,et qui se prend esprer: il n'est plus souslaloi maissousla grce,commele dit l'Aptre: Vousn'tes plus sousla loi maissousla grcei. De quellemaniren'est-on plus sous la loi? Selonl'homme nouveau,que la loi ne concerneen rien. Seslimites s'tendent, en effet,jusqu' Christ, comme Paul le dit plus bas: La loi cesse, [dure]jusqu' Christ2.A la venue de Christ, [lergimede ] Mose le l avecla loi, la circoncision; es sacrifices, sabbat;les prophtesaussisont abolis. Voilnotre thologie.Par elle,nous enseignons distinguersoigneusementces deux justices:la justiceactiveet la justicepassive,pour que ne soientpas confondusla conduiteet la foi, lesuvreset la grce,le gouvermaisellesdoivent nementet la religion Les deuxchosessont ncessaires, 3. tre contenuesl'une et l'autre dans leur domaine. La justice chrtienne concernel'hommenouveau; la justicede la loiconcernele vieilhommequi estn delachairetdu sang.Acedernier,comme l'ne,ilconvientd'imposer une chargequi l'accable;il ne doit pas jouir de la libert de l'esprit ou de la grce, moins qu'il n'ait revtu l'hommenouveaupar la foi en Christ 46 (ce qui n'a pas lieu pleinementen cette vie); qu'il jouissealors du rgne et de du donineffable la grce. Je dis celapour que personnene penseque nous rejetonslesbonnes uvresou que nous les interdisons,commeles papistesnous en accusent n faussement.Ils ne comprennentni ce qu'ils disent eux-mmes, i ce que nous enseignons.Ils n'ont pas appris connatreautre chose que la seule justicelgale,en effet,et ils entendentcependantjuger d'un enseignement et qui a t situbienhaut au-dessus au-delde la loi, et duquelil est impossibleque l'hommecharnelpuissejuger. Ils bronchentdonc ncessairement, parceque leur regard ne peut pas dpasserla loi. C'estpourquoi tout ce qui est au-dessusde la loi est pour eux le plus grand des scandales. Quant nous, nous affirmonsdeux mondes, en quelque sorte: un mondeclesteet un mondeterrestre.C'estdanscesmondesque noussituons il cesdeux justicesdistincteset entre lesquelles y a la plus grande distance possible.La justicede la loi est terrestre,elleconcerneleschosesde la terre et c'est par elle que nous faisonsde bonnesuvres.Maisde mmeque la terre ne produit pas de fruits moins que, du ciel,ellen'ait t auparavant irrigue et fconde(car la terre ne peut juger, renouvelerni gouvernerle 1Rom. :14. 6 2 3:24. 3Lapolitique religion. etla

Eptre

aux Galates

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ciel, mais c'est le ciel, tout au contraire, qui juge, renouvelle, gouverne et fconde la terre, pour faire ce que Dieu a command), ainsi, lorsque, par j ustice lgale, nous faisons beaucoup [d'oeuvres]nous ne faisons rien et lorsque nous accomplissons la loi, nous ne l'accomplissons pas, moins qu'auparavant, sans qu'il y aille de notre uvre ou de notre mrite, nous ne soyons justifis par une justice chrtienne, qui ne se rapporte nullement la justice de la loi 1, c'est--dire la justice terrestre et active. Il s'agit l, en effet, de la justice cleste et passive: nous ne la possdons pas mais nous la recevons du ciel, nous ne la faisons pas mais nous la saisissons par la foi. Par elle, nous nous levons au-dessus de toute loi et de toute uvre. Ainsi que le dit Paul, comme nous avons port l'image d'Adam, l'homme 47 terrestre, nous porterons aussi l'image de l'homme cleste 2, qui est un homme nouveau dans un monde nouveau, l o il n'y a ni loi, ni pch, ni conscience [captive], ni mort mais pleine libert de joie, de justice, de grce, de paix, de vie, de salut et de gloire. Mais nous, ne faisons-nous donc rien, n'agissons-nous donc pas en vue d'acqurir cette justice? Je rponds: Non, car cette justice consiste vraiment ne rien faire, ne rien entendre, ne rien savoir de la loi ou des uvres mais savoir et croire une seule chose: savoir que Christ s'en est all auprs du Pre et qu'il ne se voit plus; qu'il sige dans les cieux la droite du Pre, non pas en qualit de juge, mais que, par Dieu, il a t fait pour nous sagesse, justice, sanctification et rdemption; en bref, qu'il est notre prtre, qu'il intercde pour nous, qu'il rgne sur nous et en nous par la grce. On ne voit plus l de pch et nulle terreur, nul remords de conscience ne se fait plus sentir. Car le pch ne peut pas survenir dans cette justice chrtienne. Il n'y a l aucune loi, il n'y a l aucune transgression. Puis donc que le pch n'y trouve pas de lieu, il n'y a l, assurment, pas de conscience [accable], pas de peur, pas de tristesse. C'est pour cela que Jean dit: Celuiqui est n de Dieu ne peut pcher. 3 Maissi la conscience est l, ou la peur, c'est un signe que cette justice est drobe [au regard], que la grce est perdue de vue, et qu'un voile cache Christ nos yeux. Mais l o le Christ est vraiment aperu, l est ncessairement prsente une joie pleine et parfaite dans le Seigneur. De mme, la paix du cur est l o le cur dclare en toute assurance: bien que dans ma justice lgale je ne sois qu'un pcheur lgal, je ne dsespre pas pour autant, je ne meurs 48 pas pour autant, car Christ vit, lui qui est ma justice et ma vie ternelle et cleste. Dans cette justice et dans cette vie, il n'y a pour moi ni pch, ni conscience [captive], ni mort. Je suis assurment pcheur, en qualit de fils d'Adam, dans cette vie et dans la justice qui lui est propre: la loi m'y accuse et la mort m'y engloutira. Mais, au-dessus de cette vie, j'ai une 1 Nihilpertiuentem iurtitiam ad legi,r. 2I Cor.15:49. 3I Jean 9. 3

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justice, une autre vie: c'est Christ, le Fils de Dieu, qui ignore le pch et la mort mais qui est justice et vie ternelle. A cause de lui, ce corps mort qui est le mien ressuscitera, lui-mme, et sera affranchi de la servitude de la loi et du pch, et il sera sanctifi tout ensemble avec l'esprit. tant que nous vivons: C'est ainsi que les deux choses demeurent, la chair est accuse, elle est exerce, elle est contriste et crase par la justice active de la loi: mais l'esprit rgne, il se rjouit et il est sauv par la justice passive, car il sait qu'il a un Seigneur qui sige dans les cieux la droite du Pre, qui a aboli la loi, qui a foul aux pieds le pch, la mort il en a et tous les maux. Il les a rduits en captivit et, dans sa personne, C'est pourquoi, dans cette ptre, Paul s'efforce de nous tablir, triomph. de cette de nous affermir et de nous retenir dans la parfaite connaissance si excellente, puisque si l'article de la justification se perd, justice chrtienne c'est tout l'enseignement chrtien qui se perd avec lui. Et tous ceux qui, sont ou des Juifs, ou dans ce monde, ne gardent pas cet enseignement, des Turcs, ou des papistes, ou des sectaires, car il n'y a pas de moyen terme entre ces deux justices, la justice active de la loi et la justice passive de Christ. dtourne de la justice chrtienne ne peut pas ne pas Celui que l'erreur retomber dans la justice active: cela signifie qu'il ne peut faire autrement que de perdre Christ et de se jeter dans la confiance des uvres. C'est cela mme qu'aujourd'hui nous voyons aux esprits arriver et sectaires, qui n'enseignent rien de cette justice de la grce et fanatiques Ils se sont sans doute empars des mots qui ne peuvent le faire droitement. et que nous crivons, mais ils ne disent et n'crivent que nous prononons que des mots. Ils sont incapables d'exprimer la chose elle-mme, de l'imposer et d'en dire la fine pointe, car ils ne la comprennent ni ne peuvent la Ils ne sortent pas de la justice de la loi. Leur exigence est et comprendre. reste celle des uvres: ils ne peuvent s'lever au-del de la justice active. C'est pourquoi ils restent les hommes qu'ils taient sous le [rgne du] pape. Ils portent bien un nouveau nom 1 et font de nouvelles uvres, mais le fond est le mme. De mme que les Turcs font d'autres uvres que les papistes, les papistes en font d'autres que les Juifs, etc. Mais bien que tel fasse des uvres plus belles, plus grandes, plus difficiles que personnage tel autre, la substance n'en est pas moins la mme. La qualit seule diffre, ce qui veut dire que les uvres ont des formes et des noms varis, mais ne sont pas qu'elles sont toujours des uvres. Et ceux qui les accomplissent des chrtiens mais des faiseurs d'oeuvres. C'est bien ce qu'ils ne cessent pas d'tre, qu'on les appelle Juifs, mahomtans, papistes, sectaires. C'est pourquoi, de notre ct, nous rptons avec insistance, nous ce point de la foi ou de la justice chrtienne, afin qu'en s'en inculquons assidment on en conserve le sens et qu'il soit soigneusement occupant et de cet distingu de la justice active de la loi. (C'est de cet enseignement Littralement: ils font de nouveaux noms.

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enseignement seul que nat l'Eglise et c'est sur lui seul qu'elle est fonde.) Autrement, nous ne pourrons pas prserver la vraie thologie, mais nous voici aussitt des juristes, des adeptes des crmonies, des lgistes, des papistes; Christ est [alors] relgu dans l'ombre et personne dans l'Eglise ne peut tre enseign ni difi comme il faut. Si donc nous voulons tre les prdicateurs et les docteurs des autres, il faut que nous ayons le plus grand soin de ces choses et que nous maintenions bien cette distinction entre la justice de la loi et celle de Christ. C'est chose facile dire, la vrit, mais l'exprience montre que c'est la chose la plus difficile l'usage, quoi qu'on fasse pour affiner cette distinction et pour la cultiver. Car, l'heure de la mort ou quand la conscience est en butte d'autres combats, ces deux justices tendent se rejoindre plus que tu ne le souhaiterais ou ne le voudrais. Je vous exhorte donc, vous qui allez tre instructeurs des consciences et je m'adresse chacun de vous en particulier vous exercer par l'tude, la lecture, la mditation et la prire afin que lorsqu'elles sont en 50 tentation, vous puissiez enseigner les consciences, tant les vtres que celles des autres, les consoler et les ramener de la loi la grce, de la justice active la justice passive et, pour tout dire, de Mose Christ. Car, dans nos afflictions et dans les luttes de la conscience, Satan a coutume de brandir la loi pour nous terrifier, de nous accabler avec la conscience de notre pch, notre vie si mal vcue, la colre et le jugement de Dieu, l'enfer et la mort ternelle, pour nous entraner ainsi au dsespoir, nous soumettre lui et nous dtourner de Christ. Il a coutume enfin de tirer de l'Evangile, pour les prsenter notre esprit, des passages o l'on voit Christ lui-mme exiger de nous des uvres et o il menace ouvertement de destruction ceux qui ne les ont pas accomplies. Si alors nous ne devions pas savoir discerner l'une de l'autre ces deux justices, si, par la foi, nous ne devions pas saisir Christ, notre vie et notre justice, lui qui est assis la droite de Dieu, qui intercde aussi auprs de son Pre pour nous, misrables pcheurs, alors nous sommes encore sous la loi, non sous la grce, et Christ n'est plus Sauveur mais lgislateur. Il n'y a plus l de salut qui nous reste, mais un dsespoir assur, que suit une mort ternelle. Apprenons donc avec la plus grande diligence l'art de distinguer une justice de l'autre, pour savoir comment il nous faut obir la loi. Nous avons dit plus haut que, dans le cas du chrtien, la loi ne doit pas excder ses limites mais que son domaine ne s'tend que sur la chair, pour que cette dernire lui soit assujettie et lui demeure subordonne 1. L o il en est ainsi, la loi se contient dans ses bornes. Mais si elle veut s'lever jusqu' pntrer dans la conscience et y exercer sa domination, veille alors te montrer bon dialecticien, distinguer correctement et ne pas attribuer la loi plus qu'il ne lui revient. Tiens-lui ce langage: Toi, la loi, tu veux 1Subea.

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t'lever jusque dans le rgne de la conscience et y exercer ta domination, et la convaincre de pch, et drober la joie du cur que je tiens de la foi en Christ, et me pousser au dsespoir pour que je prisse. En faisant cela, tu es au-del de ton office [propre]. Tiens-toi dans tes bornes, exerce ta sur la chair. Mais ne touche pas ma conscience. Car je suis 5 domination m'a appel communier la justice et [un homme] baptis et l'Evangile la vie ternelle, au rgne de Christ. Ma conscience s'y tient en repos 1. Il n'y a l aucune loi, mais pleine rmission des pchs, paix, repos, joie, salut et vie ternelle. N'y jette pas le trouble pour que ce ne soit pas la loi, ce tyran dur et cet exacteur cruel, qui rgne dans ma conscience, mais Christ, le Fils de Dieu, le Roi de paix et de justice, trs doux Sauveur et mdiateur: c'est lui qui gardera ma conscience, heureuse et apaise, dans le sain et pur enseignement de l'Evangile et dans la connaissance de la justice passive dont nous parlons. Ds lors que je l'ai en moi, je descends du ciel comme la pluie qui fconde la terre. Autrement dit, je sors dans l'autre rgne et je fais les bonnes uvres en aussi grand nombre moi. Si je suis qu'elles se prsentent ministre de la Parole, je prche, je console les pusillanimes, j'administre les sacrements; si je suis chef de famille, je gouverne ma maison, ma si je suis magistrat, famille, j'duque mes enfants la pit et l'honntet; de l'office dont Dieu m'a charg; si je suis serviteur, je prends je m'acquitte un soin fidle des affaires de mon matre; en somme, quiconque a bien reconnu comme il faut, avec ardeur que Christ est sa justice, accomplit et joie, le travail de sa vocation, mais, en outre, par charit, il se soumet aux magistrats, et mme leurs lois impies, ainsi qu' tout ce qui lui arrive maintenant dans la vie, aux peines et aux dangers, pour peu que la situation lui plat. l'exige, parce qu'il sait que Dieu le veut et que cette obissance du sujet de cette ptre tel que Paul Je n'en dirai pas davantage de le traiter, l'occasion lui en tant fournie par de faux docteurs entreprend qui avaient obscurci pour les Galates la justice de la foi: contre eux, il fait valoir son autorit et sa charge.

1 On pourrait aussi traduire: ma conscience s'en tient l.

CHAPITRE

I

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Ch.

i, V. I2

Paul aptre, non de par les hommes rti par l'intermdiaire d'un homme, mais de par Jsus-Christ et de par Dieu le Pre, qui l'a ressuscit des morts; ainsi que tous les frres qui sont avec moi. Aprs avoir fait part du thme et montr le sens global de cette Eptre aux Galates, et avant d'en venir au sujet lui-mme, nous allons parler de l'occasion notre ptre. pour commencer, qui impose Paul d'crire Il avait lui-mme sem chez les Galates le pur enseignement de l'Evangile et la justice de la foi. Mais, aussitt aprs son dpart, s'introduisirent de faux docteurs qui mirent sens dessus dessous ce qu'il avait sem et bien Car le diable ne peut pas ne pas assaillir avec acharnement cet enseign. enseignement par la force et par ses ruses, et il n'a pas de repos tant qu'il en subsiste ne serait-ce qu'une tincelle. C'est pourquoi, nous aussi, pour la seule raison que nous prchons dans sa puret, nous souffrons l'Evangile tous les maux possibles tant droite qu' gauche, de qui nous viennent, la part du monde, du diable et de ses aptres. Car le propre de l'Evangile est d'enseigner chose de plus quelque lev que la sagesse, la justice, la religion du monde, etc. Il ne conteste et il les recommande comme pas ces choses la dignit qu'elles possdent de bonnes cratures de Dieu. Mais le monde ces cratures au prfre Crateur et il va jusqu' vouloir, par leur moyen, abolir les pchs, se librer de la mort et mriter la vie ternelle. Cela, l'Evangile le condamne. Mais le monde ne peut pas supporter soit que ce qu'il a de meilleur condamn. C'est pourquoi il prte l'Evangile d'un enseignel'apparence ment sditieux et erron, qui renverse l'ordre public, les principauts, les les empires et les religions; et qu'ainsi, il pche contre Dieu et royaumes, Csar, qu'il abroge les lois, dprave les bonnes murs et concde tout le monde la libert de faire impunment tout ce qu'il veut. C'est pourquoi le monde perscute cet enseignement et ses docteurs d'un zle trs assur et sous les apparences de la plus grande obissance Dieu. Il dteste ses adhrents comme la peste la plus funeste qui puisse exister sur terre. En outre, par l'enseignement de l'Evangile, le diable aussi est foul aux pieds, son rgne est dtruit, la loi lui est arrache, ainsi que le pch et la mort (par le moyen desquels, tels des tyrans trs puissants et invincibles, il a mis sous sa domination tout le genre humain). Enfin, ceux qu'il tenait

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captifs sont transports du rgne des tnbres et de l'esclavage dans le rgne de la lumire et de la libert. Mais le diable tolrerait-t-il ces choses? Ce pre du mensonge ne recourrait-il pas tous ses moyens et tous ses artifices pour obscurcir, pour corrompre et pour abolir entirement cet enseignement de salut et de vie ternelle? Que Satan ait excell dans cette entreprise, travers ses aptres, dj du vivant de Paul, ce dernier s'en plaint dans cette ptre et dans toutes les autres. De cela aussi nous nous plaignons aujourd'hui et nous dplorons que Satan ait nui l'Evangile par le moyen de ses ministres ces esprits fanatiques, plus qu'il ne l'a fait par tous les tyrans, par les rois, les princes, les vques qui l'ont perscut et le perscutent encore par la violence. Et si nous n'avions pas veill, ici mme, Wittenberg, et que nous n'ayons pas pein avec tant d'empressement et de zle semer et enseigner cette doctrine de la foi, nous n'eussions pas persvr dans notre accord mais il y a longtemps que, parmi nous aussi, des sectes seraient nes. Mais parce que nous persistons dans cet enseignement et qu'il est sans cesse l'objet de notre 54 insistance, il nous garde dans l'unit et dans la paix les plus profondes. Mais les autres, qui le ngligent ou qui veulent enseigner quelque chose qui serait, les en croire, de nature plus leve, se prcipitent dans des erreurs varies et pernicieuses et dans des sectes innombrables: ils en prissent. Nous avons voulu dire cela en passant, c'est--dire pourquoi l'hostilit du diable et du monde est si grande envers l'Evangile, qui est pourtant la Parole de la vie et du salut ternels. J'ai dit, plus haut, que l'occasion de traiter de la justice chrtienne dans cette ptre a t fournie Paul par les faux docteurs qui se htaient de dtruire chez les Galates ce que lui-mme y avait longuement difi, au prix d'un grand labeur. Or, ces faux docteurs, ou pseudo-aptres, taient des hommes de grande autorit, d'entre les pharisiens et de ceux de la circoncision. Ils se prvalaient auprs du peuple de leur appartenance au peuple saint et lu des Juifs, d'tre des Isralites, des descendants d'Abraham, d'avoir les promesses et les pres, etc., et d'tre enfin les serviteurs de Christ et les disciples des aptres, avec lesquels ils avaient vcu et de qui ils avaient vu les miracles. Peut-tre avaient-ils fait eux-mmes des miracles: Christ atteste Matth. VII que les impies en font eux aussi. Ds que de si grands personnages arrivent dans une ville ou dans quelque contre, les voici aussitt admirs et s'imposant mme aux doctes et ceux qui sont quelque peu affermis dans la foi. Et voici comment ils s'y prennent pour 55 retourner les Ga,lates: Qui est Paul [demandent-ils]? N'est-il pas le dernier s'tre converti Christ? Nous sommes, nous, les disciples et les familiers des aptres, nous avons vu Christ faire des miracles et nous l'avons entendu prcher. Paul est venu aprs et il est plus petit que nous. Dieu ne peut pas permettre que nous errions, car nous appartenons au peuple saint, nous sommes des ministres de Christ et nous avons reu le Saint-Esprit. Et nous

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sommes nombreux, [alors que] Paul est seul et qu'il n'a pas mme vcu avec les aptres et qu'il n'a pas vu Christ, mais que, tout au contraire, il a perscut l'Eglise de Christ. Dieu permettrait-il que tant d'Eglises versent dans l'erreur cause d'un seul personnage? 1 Ainsi le pape ne cesse-t-il de nous opposer aujourd'hui cet unique argument: l'Eglise, l'Eglise, puisqu'il n'a pas de texte de l'Ecriture qui puisse servir sa dfense. Penses-tu que Dieu soit tellement dpourvu de misricorde qu'il rejette toute son Eglise cause d'un petit nombre d'hrtiques luthriens? Penses-tu qu'il abandonne son Eglise l'erreur pendant de si longs sicles? Ce qui a le plus de poids, c'est que l'Eglise ne peut tre ni dtruite ni renverse. Et la plupart des hommes sont entrans par cet argument. C'est par ces propos et tels autres semblables que les faux aptres en imposrent aux Galates, de telle sorte que Paul perdit son autorit auprs d'eux et que son enseignement fut frapp de suspicion. Contre cette vaine exaltation et cette gloriole des faux aptres, Paul dresse avec constance et grande 2 son autorit apostolique et il magnifie sa vocation au plus haut point; il dfend son ministre et, ce qu'il ne fait nulle part ailleurs, il ne consent cder personne, pas mme aux aptres, et bien moins encore leurs disciples. Et, pour briser leur orgueil pharisaque et leur effronterie endurcie, il raconte ce qui s'est pass 56 Antioche, o il a rsist Pierre en personne. Sans plus d'gards, il dit clairement, dans le texte, l'immense scandale qu'il a soulev en accusant Pierre et en le reprenant, lui le prince des aptres, qui avait vu Christ et qui avait vcu avec lui dans la plus grande familiarit. Je suis aptre, dit-il, et je le suis assez pour ne pas me proccuper de ce que sont les autres, et pour ne pas craindre, au surplus, de rprimander celui qui est la colonne des autres aptres. Et, pour tout dire, il ne fait presque rien d'autre, dans les deux premiers chapitres, que de recommander sa vocation, son ministre et son Evangile: ce dernier n'est pas chose humaine et Paul ne l'a pas reu d'un homme, mais par une rvlation de Jsus-Christ. En outre, si lui-mme, voire un ange du ciel, annonaient un autre Evangile que celui qu'il a prch, qu'il soit anathme Mais quoi Paul veut-il en venir avec tous ces propos exalts? Ce lieu commun signifie que tout ministre de la Parole de Dieu doit tre assur de sa vocation, de telle sorte qu'il puisse s'honorer devant Dieu et devant les hommes, en toute confiance, de prcher l'Evangile comme [peut le faire] un homme appel et envoy pour cela. Il en est comme de l'ambassadeur d'un roi, qui se glorifie et s'enorgueillit de ne pas venir en qualit de personne prive mais comme l'envoy du roi et qui, en raison de cette1 Littralement: 2 Assurance cause hardie, libre, du seul joyeuse. Paul.

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l'honneur est fait d'avoir la savoir qu'il est l'envoy du roi dignit prsance et d'occuper une place de choix, ce qui ne lui arriverait pas s'il tait l en qualit de personne prive. C'est pourquoi il faut que le prdicateur de l'Evangile soit sr d'avoir la vocation divine. Et il convient qu' l'exemple de Paul, il magnifie et glorifie devant le peuple cette vocation qui est la sienne, pour revendiquer ainsi auprs du peuple l'autorit [qui 57 s'y attache], tout comme l'ambassadeur royal glorifie sa mission. Ce n'est 7 pas l vaine gloire, mais glorification ncessaire, car ce n'est pas de sa personne qu'il se glorifie, mais du roi qui l'a envoy et de qui il dsire que l'autorit soit respecte et qu'elle soit sacro-sainte. Et, lorsque de la part du roi il veut que quelque chose soit fait par les sujets, il ne dit pas: Nous demandons, mais bien: Nous ordonnons, nous voulons que cette chose soit faite, etc. Quand il parle pour son compte particulier, il dit: Nous demandons, etc. Ainsi encore, quand Paul met sa vocation en si magnifique vidence, il ne se met pas lui-mme en avant, avec arrogance, comme le pense la foule, mais c'est avec une ncessaire et une sainte fiert qu'il glorifie son ministre. C'est ainsi, de mme, qu'il crit, Romains 11 Aussi longtemps que je suis aptre des nations, je glorifierai mon ministre 1. C'est dire: Ce n'est pas Paul de Tarse mais Paul ambassadeur o aptre de Jsus-Christ, que j'entends proposer votre considration. Et cela, il le fait obligatoirement pour s'accorder avec l'autorit [de sa mission], afin qu'en entendant cela, ses auditeurs soient amens tre attentifs, empresss et dociles. Car ce n'est pas tout simplement Paul qu'ils entendent, mais, en sa personne, Christ lui-mme et Dieu le Pre, qui l'envoient. De mme que les hommes doivent vnrer religieusement leur autorit et leur majest, ainsi doivent-ils aussi accueillir et couter en toute rvrence leurs ambassadeurs: ceux qui portent leur parole. C'est donc un texte remarquable que celui o Paul s'enorgueillit et o il se glorifie de sa vocation, au point de faire peu de cas des autres. Si quelqu'un, la manire des hommes, se mettait mpriser tous les autres que lui-mme et qu'il s'arroget tout, il commettrait une insigne folie: ce serait une trs grande sottise et un pch. Mais ici, cette glorification est 58 ncessaire, car elle ne tend pas la gloire de Paul ou la ntre, mais celle de Dieu, qui, par ce moyen, est offert un sacrificede louange et de gratitude. Car c'est par cette glorification que le nom de Dieu est port la connaissance du monde. Ainsi dbute l'Eptre aux Galates. e Paul Aptre, nondepar les hommes, tc. D'entre, Paul presse [dans leurs retranchements] les faux docteurs qui se vantaient d'tre les disciples des aptres et envoys par eux, mais qui 1 Rom. I:I3. I

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Eptre

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mprisaient Paul. Il n'tait pas un disciple des aptres [ les entendre] et il n'avait t envoy par aucun d'entre eux pour annoncer l'Evangile, mais il tait venu d'ailleurs et c'tait de son propre chef qu'il s'tait impos dans ce ministre. Contre ces gens, Paul se dfend en disant: Ma vocation semble mprisable vos prcheurs, mais, en fin de compte, quels que soient ces hommes qui sont venus vous, ils sont venus de la part des hommes ou envoys par le moyen d'un homme. Je veux dire qu'ils sont venus de leur propre mouvement, sans tre appels, ou [encore] appels par le [moyen] d'autres hommes. Ma vocation, en revanche, n'est ni de par les hommes ni par le moyen d'un homme, mais elle est suprieure toute vocation qui puisse avoir lieu aprs les aptres, car elle est de la part de Jsus-Christ et de Dieu le Pre, etc. De par les hommes: j'entends ceux qui s'adressent vocation de leur initiative et qui s'imposent sans que Dieu ni un homme ne les appellent ni ne les envoient, mais qui courent et qui parlent de leur propre chef, comme le font aujourd'hui les sectaires, que l'on voit soit ramper dans les recoins et chercher les lieux o ils puissent rpandre leurs poisons, en vitant les glises publiques, soit [encore] arriver l o l'Evangile a dj t sem. Ce sont 59 ces gens que je dis appels de par leshommes. [Mais quand je dis] par le moyen d'un homme,[cela concerne] ceux qui ont une vocation divine, mais par le moyen d'un homme. La vocation divine est donc double: il y en a une qui est mdiate, l'autre est immdiate'. Dieu nous appelle tous aujourd'hui au ministre de la Parole par vocation mdiate, c'est--dire une vocation qui a lieu par intermdiaire, par le moyen d'un homme. Les aptres, par contre, ont eu vocation immdiate, de Christ lui-mme, comme les prophtes, dans l'Ancien Testament, [l'ont reue] de Dieu mme. Les aptres ont ensuite appel leurs disciples, comme Paul [l'a fait pour] Timothe, Tite, etc. Aprs cela ces derniers ont [appel] des vques, comme [on le voit] dans Tite I2; et les vques ont appel leurs successeurs, jusqu'aux temps actuels, et il en sera ainsi jusqu' la fin du monde. C'est l une vocation mdiate, car elle a lieu par le moyen de l'homme, et cependant elle est divine. S'il arrive qu'un prince, un magistrat ou que moi-mme adressions vocation quelqu'un, c'est par le moyen d'un homme que ce personnage reoit vocation: telle est la vocation gnrale dans le temps qui suit les aptres, dans le monde entier. Il ne faut rien y changer; il faut [au contraire] la magnifier, cause des sectaires qui la mprisent et qui vantent une autre vocation, par laquelle ils se disent pousss par l'Esprit enseigner. Mais,de 15 19, Luther directe. Dans le Commentaire indirecte, indique, 1 Respectivement: la double les deux premiers correspondent Jrme, quatre genres d'aptres: d'aprs la distinction est plus prcise: vocation dont il est question ici. On remarquera qu'ici mais de l'apostolat dit et unique, il ne s'agit de deux proprement plus apostolats, des disciples des aptres, les vques. de l'Eglise, aux origines et, ensuite, propre 2 Tite i 5 sq.

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imposteurs, ils mentent et s'ils sont pousss, ce n'est pas par un bon esprit mais par un esprit mchant. Car il ne m'est pas permis de sortir des terres qui m'ont t dparties pour me rendre dans une autre ville o je n'ai pas t appel, et d'y prcher, bien que je sois prdicateur (tant docteur, je pourrais 60 prcher partout o rgne le pape, condition qu'on me tolre) et cela alors mme que j'entendrais enseigner des faussets, que je verrais sduire les mes et les induire en damnation, ayant moi-mme la possibilit de les arracher l'erreur et la damnation en les enseignant sainement. Mais il faut que je remette la chose Dieu et c'est lui qui, au temps voulu, trouvera l'occasion d'adresser vocation lgitime des ministres et d'accorder [le bienfait de] sa Parole. Car c'est lui qui est le Seigneur de la moisson. Il enverra des ouvriers dans sa moisson. Notre part est de prier, Matth. 91. Il ne faut donc pas se prcipiter dans la moisson d'autrui, comme le diable a coutume de le faire avec ses sectaires, qui mettent toujours en avant leur zle ardent: ils souffrent [disent-ils] de voir les hommes si misrablement sduits, ils se proposent d'enseigner la vrit et d'arracher aux liens du diable ceux qu'il a sduits. C'est pourquoi, si quelqu'un, ft-il anim d'un zle pieux et de bonnes intentions, voulait, en dlivrant un enseignement pur, librer de l'erreur ceux qui ont t sduits, il n'en demeurerait pas moins qu'un mauvais exemple se manifesterait. Par l, l'occasion serait donne aux mauvais docteurs de s'introduire eux-mmes. C'est Satan, aprs cela, qui, par leur entremise, occuperait la chaire; et cet exemple aurait des suites extrmement nuisibles. En revanche, quand c'est le Prince ou un autre magistrat qui m'appelle, je puis alors me prvaloir avec assurance et confiance l'encontre du diable et des ennemis de l'Evangile, d'avoir t appel sur ordre de Dieu et par le moyen d'une voix d'homme. Il y a l, en effet, un ordre de Dieu [transmis] par la bouche du prince: telles sont bien les vraies vocations. C'est pourquoi, nous aussi, nous avons t appels par autorit de Dieu: ce n'est pas une vocation reue directement de Christ, comme les aptres, mais par le moyen d'un homme. Il est donc trs ncessaire [d'tre au clair sur] ce point: la certitude de la vocation, cause de ces esprits pestilentiels et sataniques, afin qu'avec1 Mat. . si tu tais Salomon lui-mme et que 9:38. 1519: plus sage que Daniel, moins d'tre tu ne fuirais de rpandre l'enfer, cependant, appel, garde-toi, plus que la Parole. S'il avait de toi, il t'appellera. besoin Personne ne fructifie par la Parole enseigner sans l'avoir dsir Un seul est notre que celui qui est appel (sine voto). Matre: Lui seul enseigne et produit le fruit les serviteurs a Jsus-Christ. par qu'il Mais celui sans avoir t appel appels. qui enseigne n'enseigne pas sans dommage lui et pour ses auditeurs, Christ n'est lui. pour parce que (WA 2, 454, pas avec mme est reconnue les deux commentaires la 37-455, 4.) Une importance par vocation Dans celui de I5I9, la lgitimit vocation mane lgitime. cependant, par du prince ou du magistrat est trangre Luther. En 1531-35, cette n'est lgitimit Luther mentionne aussi le cas o il adresserait lui-mme vocation pas la seule puisque en 1531-35, de cette question tout le srieux (40,1, 59, 7-8 et 24). Mais en I5I9 et autant la majest de la lgitimit a sa source dans de la Parole (2, 454, 3738; 40, 1, 63, 7i-z2).

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[personnages], n'osrent pas lire l'un plutt que l'autre, mais ils tirrent au 62 sort, en priant Dieu de montrer lequel des deux il avait choisi lui-mme. Il fallait en effet qu'il ft divinement appel puisqu'il devait tre aptre. C'est ainsi que Paul a t appel pour tre aptre des paens. C'est pour cette raison qu'on les appelle les saints aptres, car ils sont fermes dans leur vocation et dans leur enseignement et fidles dans leur ministre. Et aucun des aptres n'est tomb en rprobation, la seule exception de Judas. Car la vocation est sainte. Tel est le premier assaut livr par Paul contre les faux aptres qui couraient [le monde] sans avoir t envoys par personne. C'est pourquoi il ne faut pas mpriser la vocation. Il ne suffit pas non plus d'avoir la Parole et d'enseigner en toute puret: il faut encore que la vocation soit assure,1 Luc 3 2. 2 1 Cor. 12: 3 Actes t 28; Eph. 4:11.

chacun puisse se glorifier et dire: La Parole de Dieu a Jean-Baptiste, retenti sur moi 1. Si donc je prche, si je baptise, si j'administre les sacrecar la voix de Dieu a retenti sur ments, je le fais par ordre et par vocation, comme les sectaires s'en vantent, moi, non pas en cachette, mais par la bouche d'un homme Mais si tel ou tel autre qui est en charge lgitime. de prcher, je ne dois pas obir une vocation prive. citoyen me demandait de Satan qui, grce cet Car, par l, une fentre est ouverte aux ministres exemple, feront ensuite uvre nuisible, comme nous l'avons dj dit. Mais il faut lorsque ce sont ceux qui grent les services publics qui me sollicitent, alors que j'obisse. Lors donc qu'il dit: Paul aptre, non de par les hommes ni par le moyen d'un homme , par ces paroles, il frappe et il repousse les faux aptres. C'est comme s'il disait: Quel que soit le sommet leur vanterie, qu'atteigne ces vipres ne peuvent se glorifier de quelque chose de plus que d'tre venues de la part des hommes, n'tant appels par perc'est--dire, d'eux-mmes, sonne, soit par le moyen d'un homme, c'est--dire envoys par d'autres. Je n'ai cure de cela et je ne veux pas que vous, non plus, ne vous y arrtiez. Pour ma part ce n'est ni de par les hommes ni par le moyen d'un homme que vocation et que j'ai t envoy, mais de manire immdiate, c'estj'ai reu -dire par Jsus-Christ. Et cette vocation qui est la mienne est semblable en tout point la vocation des aptres et, en vrit, je suis aptre. Paul traite donc avec soin ce sujet de la vocation Ailleurs aussi, il apostolique. spare l'ordre des aptres des autres, lorsqu'il dit (I Cor. i 2, Eph. 4) C'est lui qui a donn les uns comme aptres, les autres comme etc. 2, prophtes, en mettant la premire place les aptres, de telle sorte que sont vraiment ceux qui ont t envoys directement sans aptres par Dieu lui-mme, l'entremise d'une personne Ainsi, c'est par Dieu uniquement quelconque. que Mathias a t appel. Car les autres aptres 3, aprs avoir dsign deux

23 sq.

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faute de quoi celui qui entre vient pour tuer et pour perdre [leshommes]. Car jamaisDieu ne donne une suiteheureuseau travailde ceuxqui ne sont pas appels.Et bien qu'ils ne soientpas sansprocurerquelqueseffetssalu1 taires, il reste qu'ils n'difientnullement. Si aujourd'hui nos sectaires ont la parolede la foi la bouche,ilsne produisentaucunfruit, car ce qu'ils font principalement,c'est de persuader les hommes de leurs opinions errones,etc. Ceuxde qui la vocationest assureet saintedoiventsoutenir sanscesseet sousdesformesdiversesles combatsles plusgrands, ainsique est ceuxdont l'enseignement pur et sain, afinde demeurerdans leur charge salutaire,contre les embchesincessanteset infiniesdu diableet contre l'assaut du monde. Que ferait l celui dont la vocation est incertaineet i l'enseignementmpur? dansle C'est pourquoi notre consolation, nous qui sommes[tablis] ministrede la Parole, c'est d'avoir une charge sainteet cleste; nous y avons t rgulirement ppelset ainsinous nousglorifions l'encontrede a en 63 toutes les portes de l'enfer. C'est chose effroyable, revanche,quand la dit conscience [ un homme]: tu as fait cela sans y tre appel.L'esprit est alorsfrappd'unesi grandeterreur que celuiqui n'a past appelsouhaitecarladsobissanceait f rait n'avoir jamaisentendula Parole qu'il enseigne, toute uvremauvaise,toute bonne qu'elle soit, au point que les uvreset lestravauxles plusgrands deviennentles pchsles plus grands. Tuvois donccombienilestbonde loueret de glorifiernotreministre. Autrefois,alors que j'tais un thologien et un docteur dbutant, il me semblaitque Paul tait insensde se glorifiertant de fois de sa vocation, danstoutes sesptres.Je ne comprenais sesraisons.Car j'ignoraisque pas le ministrede la Paroleft chosesi grande. Je ne savaisriende l'enseignement de la foi et d'une vraieconnaissance , car riende sr n'tait enseign 2 tout ni dansles colesni dansles temples,maisles sophistesremplissaient de leurs sornetteset les canonisteset les sententiairesde leurs bagatelles. de C'est pourquoipersonne n'a pu comprendrela forceet la signification la toute sainteet spirituelleinsistanceque met Paul parler de savocation. Elletendtout d'abord la gloiredeDieu,puis l'honneurdenotre ministre et, de mme,au bien du peupleet au ntre3.Par cettevanterie,nousn'ambitionnonspas d'tre quelquechosedansle monde,nous ne recherchons pas la gloire auprs des hommes,non plus que l'argent, les jouissancesou la paix du monde,etc. Maispuisque,par vocationdivine,nous sommesdans 64 l'uvrede Dieu et puisquele peuplea besoin,par dessustout, d'tre sr de notrevocationpour qu'il sacheque notre paroleest la parolede Dieu, nous mettonsnotre orgueil y insister.C'est pourquoi ce n'est pas l un vain orgueilmais un orgueiltrs saint, enverset contre le diableet le monde; il y a l une vraie humilitdevant Dieu.1 Rottenses:

2 Littralement: d'une conscience vraie.

ceux

qui

s'assemblent

en hordes

(terme 3 Littralement: utilit.

allemand:

die Rotten).

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Eptreaux Galates

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et de par Dieu le Pre, qui l'a ressuscit des morts Paul brle d'un feu si ardent qu'il ne peut attendre le moment o il en viendra au sujet lui-mme, mais il s'lance d'emble, et dj dans la il dit ce qu'il a dans le cur. Dans cette ptre, en effet, il entend suscription, traiter de la justice de la foi, la dfendre et renverser la loi ainsi que la justice des uvres. Il est rempli de ces penses et c'est de cette abondance merveilleuse et inpuisable de la sagesse insurpassable et de la connaissance de Christ, telle qu'il l'a dans le cur, que sa bouche parle. Cette flamme, ce puissant incendie du cur ne peut rester cach ni ne lui permet de se taire. C'est pourquoi il dit: Et de par Dieu le Pre, qui l'a ressuscit des morts. et de par Dieu le Pre etc., ne parat pas s'impoOr, cette addition: ser ici, mais, comme je viens de le dire, il parle de l'abondance du cur, il brle et ne peut se retenir de mettre en avant, ds l'pigraphe, les richesses insondables de Christ et cette justice de Dieu que l'on appelle la rsurrection des morts. Car c'est le Christ vivant et ressuscit des morts qui parle en lui et qui le pousse. C'est pour cela qu'il appelle Dieu le Pre qui a ressuscit des morts. C'est comme s'il disait: J'ai affaire avec Satan et avec Jsus-Christ ses vipres, ces instruments de Satan, qui me renversent la justice du Christ ressuscit des morts par Dieu le Pre, par laquelle seule nous sommes d'entre les morts pour la vie justifis et nous serons, nous aussi, ressuscits ternelle. Mais, en renversant ainsi la justice de Christ, ils rsistent au Pre, au Fils et l'uvre qu'ils accomplissent. C'est ainsi que, ds le premier mot, tout ce qui est en cause dans cette ptre lui chappe et se presse au grand jour. Car il traite de la rsurrection de Christ, lequel est ressuscit pour notre justice, (Rom. 4). Sa victoire est donc victoire sur la loi, sur le pch, sur notre chair, sur le monde, le diable, la mort, l'enfer et tous les maux. Cette victoire qui est la sienne, il nous l'a donne. C'est pourquoi, bien que ces tyrans et nos ennemis nous accusent et qu'ils nous terrifient, ils ne peuvent nous rduire au pas, cependant, ni nous condamner. Car Christ est ressuscit d'entre les morts et dsespoir il a remport sur eux la victoire: c'est lui qui est notre justice. Grces soient donc rendues Dieu, qui nous a donn la victoire par notre Seigneur JsusChrist, Amen 1. Mais vois avec quelle rigueur Paul s'exprime. Il ne dit pas: De par Dieu qui a cr les cieux et la terre, qui est le chef des anges, qui a ordonn Abraham de sortir de son pays, qui a envoy Mose au Pharaon, qui a fait sortir Isral d'Egypte. . C'est ainsi que parlaient les faux aptres, qui se de Dieu comme du Pre des leurs, du crateur et de l'auteur prvalaient1 Cf. I5I9: en exemple . la rsurrection de Christ est notre et notre justice vie, non mais en force red et virtute) (non tantum exemplo , 2, 45 5, 22-23. seulement

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38 de toutes

Tome XV

Ch. l, v. 1-2

au sein de ce des merveilles choses, du Dieu qui accomplissait peuple. Mais c'est autre chose que Paul avait dans le cur: c'tait la justice de Christ et c'est cela qu'il enseignait et qu'il dfendait, lui, aptre de Christ. De l vient qu'il s'exprime de manire bien servir cette cause, lorsqu'il dit Quant moi, si je suis aptre, ce n'est ni de la part des [par exemple]: et par Dieu ni par le moyen d'un homme, mais par Jsus-Christ hommes, le Pre qui l'a ressuscit des morts . Tu vois donc de quelle ardeur et de quel esprit il est enflamm et port, dans cette cause qu'il veut tablir et protger contre tout le rgne infernal, contre tous les puissants et les sages de ce monde,Ch.

contre

le diable et ses aptres.

i, v. 2

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et tous les frres qui sont avec moi Il dit cela pour imposer silence ces faux docteurs. Car tous ses arguson ministre et l'exalter et, en revanche; ments tendent recommander suffise bien qu'aptre rendre suspect le leur, comme s'il disait: Quoiqu'il et par Dieu le Pre, etc., par vocation divine, je sois envoy par Jsus-Christ encore, pour faire bonne cependant, pour ne pas tre seul, je mentionne mesure, tous les frres; ce ne sont pas des aptres, mais des compagnons de combat; ils crivent cette lettre avec moi et ils attestent que mon enseinous sommes assurs que Christ gnement est vrai et divin. C'est pourquoi et qu'il parle au milieu de nous et dans notre est prsent, qu'il enseigne Eglise. Quant eux, s'ils sont quelque chose, ils ne sont envoys que par des hommes ou par le moyen d'un homme. Mais moi, j'ai t envoy par Mes autres Dieu le Pre et par Christ, qui est notre vie et notre rsurrection. frres ont t divinement envoys par le moyen d'un homme, c'est--dire par moi. Pour que l'on ne dise donc pas que moi, tout seul que je suis, je me dresse orgueilleusement contre tant d'hommes, j'ai avec moi ces frres, et crivent comme je le tmoins fidles qui, unanimes, pensent, enseignent Et voici la suite: fais moi-mme. Voil pour la suscription.

Aux

Eglises de Galatie

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Paul avait prch plusieurs fois en Galatie et s'il ne l'avait pas toute de nombreuses convertie Christ, il y avait l, cependant, Eglises. Dans toutes [ces Eglises] les faux aptres, ministres du diable, s'taient insinus. ne De la mme manire, aujourd'hui encore, des esprits fanatiques de l'Evangile mais bien l o les adversaires viennent pas l o dominent C'est vers ces derniers sont les chrtiens et les fidles 1 qui aiment l'Evangile. des tyrans qui persqu'ils se replient et cela, mme dans les principauts1 Boni homines.

Ch. i, v. 2

Eptre aux Galates

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cutent l'Evangile. Ils y pntrent en secret dans les maisons, ils les mettent sens dessus dessous et ils rpandent leur venin dans la foule. Pourquoi ne le font-ils pas plutt dans les villes, dans les contres et dans les principauts des papistes? Et pourquoi n'est-ce pas l qu'ils confessent et dfendent leur en prsence des princes impies, des vques et des docteurs, enseignement, en leurs universits, comme nous l'avons fait, par la grce de Dieu? Martyrs Mais ils viennent l o la dlicats, ils n'entendent pas courir de dangers! l o leur action peut se dployer place est dj toute prte pour l'Evangile, l'abri du pril et dans la paix la plus grande. C'est bien ainsi que les faux aptres ne coururent pas le danger de venir Jrusalem, auprs de Caphe; ils ne se rendirent pas Rome auprs de Csar ou dans d'autres lieux o n'avait prch avant eux, ainsi que Paul et d'autres l'avaient fait. personne Ils vinrent, par contre, en Galatie, qui tait dj tout acquise Christ et prpare pour lui, grce au labeur de Paul et aux dangers qu'il avait affronts. Ils vinrent en Asie, Corinthe, o il y avait des fidles 1 et des chrtiens mais qui, au contraire, tout. qui ne perscutaient personne supportaient Les ennemis de la croix de Christ pouvaient y agir en toute scurit loin de toute perscution. Mais que l'on sache ainsi que tel est le sort des prdicateurs fidles: outre la perscution de la part du monde mchant et ingrat qu'ils endurent et le grand labeur et les dangers au prix