L’orthopédie au Québec par Thibault Gobin
-
Upload
wwwles-cahierscom -
Category
Documents
-
view
255 -
download
1
description
Transcript of L’orthopédie au Québec par Thibault Gobin
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
30
■ Les cahiers quaTrième TrimesTre 2012
>>>
Thibault Gobin est né à Lyon en 1986.Après l’obtention d’un bac S, il fait des études pourdevenir orthésiste, à l’école d’orthopédie ECOTEV de Lyon.Son diplôme en poche, il décide de s’expatrier au Canada.
L’orthopédie au Québecpar Thibault Gobin
«Après mes études, j’avais le désir
de travailler à l’étranger. Le
Québec, où j’avais déjà séjourné
à deux reprises pour des vacances,
me semblait être le pays idéal pour débuter
ma carrière. Je rêvais des grands espaces et
du mode de vie nord-américain.
J’ai eu la chance de connaître, lors de mon
second séjour, une déléguée médicale cana-
dienne travaillant pour un laboratoire de bas
de compression. Grâce à elle, j’ai été mis en
relation avec la société Médicus, qui est le
plus important laboratoire orthopédique au
Québec. Cette société cherchait alors à recruter
en raison d’une pénurie d’orthésistes-
prothésistes au Canada. Ma seconde chance
a été de bénéficier d’un accord de réciprocité,
signé en 2008, entre la France et le Québec
pour les diplômes des professions médicales
et paramédicales. J’ai adressé, de France, un
CV à Médicus. Après quelques courriels et
appels téléphoniques, un rendez-vous m’a été
fixé en août 2008. Je suis parti durant l’été 2008.
J’ai profité de ce séjour pour visiter la Côte Est
des États-Unis avant de me présenter à Montréal
pour mon rendez-vous chez Médicus.
Très rapidement, après une série d’entretiens
très chaleureux, ma candidature a été acceptée.
Il ne me restait plus que les formalités admi-
nistratives assez complexes à effectuer.
D .R
.
montréal, canada
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
31
www.les-cahiers.com ■
D .R
.
orthésiste-Prothésiste, montréal, québec, canada.en 2008, Thibault obtient un contrat de travail puisun visa de travail en tant qu’orthésiste-prothésistepour travailler chez médicus, une société baséeà montréal (www.medicus.ca).actuellement Thibault Gobin fait une demandeafin d’obtenir le résidanat permanent au canada.
thibault gobin
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
32
■ Les cahiers quaTrième TrimesTre 2012
>>> En particulier, il me fallait demander
un visa de travail. Pour cela, j’ai dû me pré-
senter avec mon nouveau contrat de travail
à l’Ambassade du Canada à Paris. Une fois
le visa obtenu, j’ai attendu pendant plusieurs
semaines l’accord du bureau d’immigration.
J’ai finalement commencé mon nouveau travail
en novembre 2008.
Petite surprise en arrivant, au Québec, les
orthésistes s’occupent naturellement du petit
appareillage, mais aussi du grand
appareillage !…
J’ai donc été dans l’obligation d’apprendre
rapidement dans la bonne humeur auprès de
mes collègues québécois les bases du grand
appareillage. Travailler chez Médicus est
extrêmement enrichissant. La patientèle est
très diverse, 50 % francophone et 50 % anglo-
phone (a way to improve your English). Chaque
cas est différent et passionnant. Le travail au
Québec demande une grande exigence, il n’est
pas rare que je travaille au laboratoire 6 jours
sur 7 et même parfois le dimanche si cela
s’avère nécessaire. On est loin des 35 heures.
Plusieurs collègues français n’ont pas supporté
le rythme ! Mais en contrepartie, l’ambiance
est plutôt “cool” et les Québécois sont vrai-
ment sympas. Quant au climat, on s’y fait
même quand il fait “frette” (plus froid que
froid).
Médicus, organise régulièrement des repas
conviviaux entre les salariés et ses dirigeants.
Nous participons à différentes manifestations
comme le marathon de Montréal ou des matchs
de hockey, sport le plus populaire au Québec. »
Si l’aventure au Canada vous tente, adressez-
vous d’abord à l’Ambassade du Canada à Paris,
ou sur son site
http://www.canadainternational.gc.ca
Les laboratoiresd’orthopédie au Québec
Le Canada est un état fédéral. De ce fait, les
systèmes de santé sont sous la responsabilité
de chaque province. Le Québec, dont la
population est d’environ 8 millions d’habitants,
a un système de santé très protecteur et fina-
lement assez voisin du système français.
Les services offerts et les produits ortho-
pédiques disponibles au Québec sont également
proches de ceux disponibles en France.© Shutterstock
©Se
rgei
Bac
hlak
ov/
Shut
ters
tock
.com
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
33
www.les-cahiers.com ■
>>>
En revanche, la délivrance des dispositifs
orthopédiques est très différente, les phar-
macies y jouent un rôle très limité. Les labo-
ratoires d’orthopédie, très organisés au Québec,
sont très qualifiés pour la délivrance de ces
dispositifs.
Dispositifs orthopédiquesdisponibles au Québec
Les cinq familles de dispositifs médicaux
disponibles au Québec sont les suivantes :
les orthèses
Les orthèses de série
Elles correspondent aux orthèses « prêtes à
vendre » de taille universelle ou non. Dans
le second cas, une prise de mesures puis un
essayage s’imposent.
Les orthèses sur-mesure
Dans ce cas fréquent, un moulage préalable
réalisé par l’orthésiste est indispensable.
L’orthèse est ensuite confectionnée par
un technicien spécialisé dans l’atelier
orthopédique.
les équipements médicaux
Il s’agit d’accessoires destinés
aux personnes âgées ou à mobilité
réduite. La liste de ces dispositifs
est extrêmement vaste compre-
nant des accessoires pour
salles de bains, des chaises
roulantes, des scooters
médicaux, des déambula-
teurs, des enfile-bas, des
cannes diverses…
la compression médicale
Les bas médicaux de
compression sont
délivrés conformé-
ment à la prescrip-
tion du médecin. Ils
répondent évidemment
aux différents stades de la maladie veineuse
chronique.
Les bas médicaux, selon la morphologie du
patient, sont soit réalisés sur-mesure (dys-
morphie, patients obèses, lymphœdèmes),
soit de série. Dans plus de 80 % des cas, les
bas de série correspondent aux mensurations
du patient.
Les bas médicaux de compression de série
de marques diverses, proviennent
© Shutterstock
D .R
.
©Sh
utte
rsto
ck
© Shutterstock
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
34
■ Les cahiers quaTrième TrimesTre 2012
>>> d’Allemagne, de Suisse ou des USA. Ils
répondent à une charte du gouvernement
québécois.
Les différentes classes thérapeutiques dis-
ponibles sur le marché canadien sont les
suivantes1 :
• bas de maintien de 10 à 15 mmHg environ
(ils ne sont pas soumis à un contrôle),
• 20-30 mmHg,
• 30-40 mmHg,
• 40-50 mmHg.
Les manchons compressifs pour les membres
supérieurs sont également disponibles de
série ou sur-mesure. Les différentes classes
de compression sont superposables à celles
des bas médicaux.
les chaussures orthopédiques
de série ne sont pas adaptés au patient. Dans
ce dernier cas, les chaussures sont fabriquées
dans l’atelier d’orthopédie.
les accessoires post-mastectomie
Elles peuvent êtres de série – plusieurs modèles
avec différentes largeurs et longueurs sont
disponibles – ou sur-mesure si les produits
©Sh
utte
rsto
ck
Ils comprennent les prothèses mammaires,
ainsi que des vêtements adaptés pour ces
patientes.
Les organismes payeurs
la RamQ (Régie d’assurancemaladie du Québec)
La RAMQ délivre une carte Soleil proche
de la carte Vitale en France.
Chaque Québécois en possède une. Elle per-
met le remboursement de tout type d’orthèse
sur-mesure (excepté les orthèses plantaires
et les bas médicaux sur-mesure) sur présen-
tation de l’original de la prescription d’un
médecin spécialiste canadien. Le diagnostic
précis et la mention « port quotidien » doivent
être impérativement notés par le médecin
prescripteur pour obtenir une prise en charge.
©Sh
utte
rsto
ck
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
35
www.les-cahiers.com ■
>>>
la Csst(Commission de la santéet la sécurité au travail)
C’est un organisme qui inclut tous les Québécois
ayant subi un accident de travail.
Chaque patient concerné dispose d’une carte
sur laquelle sont indiqués, la date de l’accident
de travail et le nom de l’agent de la CSST en
charge de son dossier.
Le patient présente ce document de la CSST
dans un laboratoire orthopédique. Deux choix
s’offrent alors à lui :
• soit le laboratoire fait directement la
demande de remboursement en son
nom. Dans ce cas le patient n’a rien à
débourser,
• soit le patient opte pour le règlement direct
au laboratoire et se fait ensuite rembourser
par la CSST.
Le remboursement des dispositifs orthopé-
diques par la CSST est obligatoirement lié à
la pathologie du patient secondaire à son
accident de travail initial.
la saaQ(société de l’assurance automobiledu Québec)
C’est un organisme qui s’occupe de la prise
en charge des accidentés de la route.
C’est exactement le même principe que pour
la CSST, les patients ont deux choix :
• soit une prise en charge directe par le labo-
ratoire d’orthopédie,
• soit un remboursement direct auprès de
la SAAQ.
le Bes (le Bien Être social)
C’est l’organisme qui s’occupe des patients
n’ayant aucun revenu. Le BES est proche de
la CMU française, mais avec un contrôle en
amont beaucoup plus strict et une responsa-
bilisation du patient. En effet, ce dernier doit
effectuer lui-même les démarches de rem-
boursement auprès du BES.
Dans une première étape, le patient doit se
présenter, muni d’une prescription médicale,
dans un ou plusieurs laboratoires pour
faire un bilan de ses besoins en matériel
orthopédique.
Les laboratoires lui communiquent alors une
estimation de la somme nécessaire pour la
réalisation des soins.
La personne doit ensuite aller voir son agent
BES avec l’estimation du laboratoire le mieux
offrant et la prescription médicale. Le BES
alloue secondairement une somme annuelle
à chaque patient et pour chaque type de dis-
positif orthopédique prescrit par le médecin.
L’organisme remet alors au patient une garantie
de paiement du montant alloué pour le service
demandé. En général, le patient a une fran-
chise à payer.
les assurances personnelles
Chaque personne travaillant dans une entre-
prise cotise pour ce type d’assurance.
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
36
■ Les cahiers quaTrième TrimesTre 2012
>>> Les assurances personnelles sont proches
des mutuelles complémentaires françaises.
Les assurances personnelles interviennent
secondairement au règlement de la prestation
médicale par le patient. Le remboursement
n’est pas toujours total et dépend de l’assu-
rance souscrite par l’employeur. Le pour-
centage du montant remboursé par l’assurance
peut varier beaucoup d’une assurance à
l’autre.
Dans ce cas encore, le patient est responsa-
bilisé et doit effectuer lui-même les démarches
administratives de remboursement.
Les assurances personnelles permettent, dans
certains cas et selon le contrat souscrit,
le remboursement des bas médicaux de
compression et des orthèses plantaires…
les anciens Combattantset les amérindiens
Ces deux autres organismes remboursent de
la même façon que la Commission de la Santé
et la Sécurité au Travail et la Société de l’Assu-
rance Automobile du Québec , après demande
d’un numéro de dossier avec le nom de l’agent.
Les laboratoires font la demande au préa-
lable et la réponse peut être positive ou
négative.
La délivrance des produitsorthopédiques au Québec
À la différence de la France, les pharmacies
jouent un rôle très limité au Québec dans la
délivrance des produits orthopédiques. Les
pharmacies – drugstores – disposent essen-
tiellement d’accessoires simples et souvent
de qualité médiocre, orthèses de maintien
ou bas de maintien, en libre service. Au Québec
la plupart des dispositifs médicaux sont déli-
vrés par des laboratoires d’orthopédie.
Dans cette province, les laboratoires d’ortho-
pédie sont très structurés et disposent géné-
ralement d’un réseau de ventes, à l’exemple
de Médicus (www.medicus.ca) disposant de
13 agences au Québec. Les laboratoires res-
semblent à des petites cliniques composées
d’une structure d’accueil, de salles de consul-
tation pour les praticiens (orthésistes-
prothésistes et médecins), d’un laboratoire
permettant la fabrication des orthèses et de
certaines prothèses.
Conclusion
Le Québec, par son système de santé très
protecteur, fait exception en Amérique du
Nord.
Le réseau social est très étendu et permet,
globalement, une bonne prise en charge des
patients par les différents organismes sociaux.
Une grande différence existe toutefois avec
les systèmes de santé européens en général
et français en particulier. En effet le patient
est très responsabilisé et les organismes
contrôlent de façon précise les prestations.
Chaque prestation est étudiée au cas par cas.
D’autre part, chaque année les directives
gouvernementales peuvent modifier le taux
de remboursement des différents organismes
sociaux.
ww
w.le
s-ca
hier
s.co
m
37
www.les-cahiers.com ■
Réagissez en ligne !Pour participer à la discussion autourde cet article, il suffit de vous rendreà l’adresse indiquée en bord de page. ›
L’orthopédie au Québec est très organisée et
dispose d’agences structurées permettant la
délivrance des différents dispositifs ortho-
pédiques de série ou sur-mesure.
« Je me souviens »
« Je me souviens » est la devise du Québec
depuis le 9 janvier 1883, où elle est apparue
pour la première fois sur la façade du parle-
ment de Québec.
À partir de 1978 (photo) elle apparaît égale-
ment sur les plaques d’immatriculation des
voitures au Québec.
©T .
G .
Mais que signifie cette devise un peu
mystérieuse ?
En 1978, Mme Hélène Paquet, petite fille de
l’auteur de la devise M. Étienne-Eugène TACHE
– ancien Sous Ministre des Terres et Forêts –,
écrit dans le Montréal Star, que « Je me sou-
viens » n’est en fait que la première partie
d’une citation.
Selon elle, la phrase complète est la suivante :
« Je me souviens que, né sous le lys, je croîs
sous la rose ».
Ce qui signifie : « Je n’oublie pas que je suis
né sous l’autorité de la France, mais que je
grandis sous l’autorité de l’Angleterre ». ■
Par Thibaut Gobin
1. NDLR : les pressions théoriques à la cheville
ne sont pas mesurées selon la même métho-
dologie en France et au Canada.