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livre blanc Neurosciences et formation Comment maximiser l’impact d’une démarche sur-mesure ?

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Neurosciences et formation

Comment maximiser l’impact d’une démarche sur-mesure ?

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SOMMAIRE

Partie 1Neurosciences et apprentissage p.31. Je mémorise, donc j’apprends 2. Tu fais, donc j’apprends à faire 3. Je visualise l’action, donc j’apprends à faire4. Je suis attentif(ve), donc j’apprends mieux5. Je suis « émotivé(e) », donc je me souviens6. J’active mes sens7. Je dors 8. Je bouge

Partie 2 L’approche sur-mesure en formation p.9L’art de susciter le désir d’apprendre L’architecture sur-mesure La conception pédagogique L’approche projet avec agilité

Les 6 points clés à retenir p.14Bibliographie

AVANT-PROPOS

Des neurones sur-mesureTransformation interne, évolution culturelle, adaptation au marché ou à la concurrence : les champs de développement de l’accompagnement du sur-mesure sont nombreux.L’approche sur-mesure intègre notamment les avancées neuroscientifiques pour piloter au mieux ces projets. D’après différentes enquêtes réalisées sur le sujet, 50 % de la population pense que l’intelligence est une donnée acquise à la naissance. On fait avec ce que l’on a, en somme. Les avancées scientifiques autour du cerveau tendent, elles, à prouver le contraire. L’individu possède 86 milliards de neurones dotés chacun de 1 000 à 10 000 connexions synaptiques pour communiquer entre eux. Chaque jour, de nouveaux neurones et de nouvelles connexions se créent. Cette machinerie complexe et prodigieuse permet à tout un chacun d’apprendre, encore et toujours, si tant est que l’apprentissage utilise à bon escient les subtilités de notre cerveau.

Dans le présent document, nous avons introduit certaines connaissances en neurosciences qui ont un lien direct avec l’apprentissage. Nous partons de ces connaissances pour en déduire des principes pédagogiques que nous déclinerons ensuite dans les chapitres suivants en modalités pédagogiques. Nous n’avons pas ici pour but de dresser un inventaire exhaustif des connaissances actuelles en neurosciences, mais de vous présenter comment la conception et l’animation d’une formation gagnent à s’appuyer sur les connaissances neuroscientifiques.

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7Neurosciences et apprentissage

Je mémorise, donc j’apprends

Je bouge

Je visualise l’action, donc j’apprends à faire

Tu fais, donc j’apprends à faire

Je suis attentif(ve), donc j’apprends mieux

Je suis « émotivé(e) », donc je me souviens

Je dors

Nous observons l’autre pour apprendre, nous portons attention à ce qui nous entoure, nous ressentons des émotions, nous bougeons, nous dormons… Tout cela, nous le faisons déjà, et ainsi, nous apprenons. Mais comment faire pour mieux apprendre quand nous l’avons décidé ? Voici quelques clés…

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J’active mes sens

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LE CONSEIL DE CSP Pour que l’apprenant mémorise

durablement les nouvelles informations ou comportements

introduits en formation, le formateur s’appuiera sur ses

connaissances existantes et répétera ces nouveaux stimuli de manière régulière sur une longue période. Si le formateur constate

que le participant mémorise une information erronée,

il le corrigera en temps réel tel un entraîneur sportif.

1 Je mémorise, donc j’apprendsL’apprentissage est étroitement lié au processus de mémorisation. La mémoire correspond en effet au moyen par lequel nous retenons et nous retirons de nos expériences passées l’information dont nous avons besoin dans le présent. Or, il existe trois types de mémoire. D’abord, la mémoire sensorielle, qui permet de retenir très brièvement (pendant quelques dizaines de millisecondes) les informations sensorielles liées à notre environnement immédiat comme des lieux, une saveur, etc. Ces informations sont ensuite transférées en mémoire à court terme (MCT), puis en mémoire à long terme (MLT). La MCT retient et manipule une quantité limitée d’informations pendant un court délai (de l’ordre de quelques secondes). La durée de stockage en MLT est quant à elle plus longue, puisqu’elle peut aller de quelques minutes à plusieurs dizaines d’années. L’information maintenue et manipulée en MCT peut provenir de l’environnement sensoriel de la personne ou relever de ses connaissances stockées en MLT.

Éminemment complexe, le cerveau est composé de cellules nerveuses, ou neurones, qui communiquent entre elles au niveau des synapses. La mémorisation résulte de la création de nouvelles synapses entre les neurones des régions cérébrales impliquées dans ce processus. Ces modifications synaptiques correspondent à la plasticité neuronale. Or, plus une information est répétée régulièrement, plus les connexions neuronales créées en réponse à cette information sont renforcées et conduisent à une mémorisation à long terme. Un peu comme ces routes de montagne façonnées par le passage quotidien du berger et de son troupeau. Et plus il y a d’associations entre des informations nouvelles et des connaissances déjà existantes, meilleur est l’apprentissage. Lors d’un apprentissage erroné, une correction immédiate par le formateur empêchera de consolider des connexions inappropriées. Par exemple, si j’apprends à conduire, il sera préférable que le moniteur exprime ses commentaires au cours de ma conduite. Ainsi, j’ajusterai en temps réel mes comportements, reproduirai les comportements adaptés et mémoriserai ces bonnes pratiques.

« Une information répétée régulièrement conduit à une mémorisation à long terme. »

Mémoire sensorielle

Mémoire à court terme

MCT

Mémoire à long terme

MLT

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Bonnes pratiques Une séquence d’apprentissage

gagnante fait appel à nos neurones miroirs. L’idée : observer un « modèle », s’imaginer dans l’action et passer à l’action.

2 Tu fais, donc j’apprends à faireVous est-il arrivé d’ouvrir la bouche alors que vous donnez à manger à un bébé ? Oui. C’est parce que vos neurones miroirs sont entrés en action. Les neurones miroirs ont ceci de particulier qu’ils sont capables de s’activer aussi bien dans la réalisation d’une action que lors de l’observation de cette même action. D’autre part, l’activation des neurones miroirs engendrerait une « représentation motrice interne » de l’acte observé, dont dépendrait la possibilité d’apprendre par imitation. Par exemple, l’observation d’un professeur de violon qui exécute un passage compliqué pourrait faire partie intégrante du processus d’apprentissage de l’élève. Malgré son immobilité, si l’élève sait qu’il devra ensuite exécuter ce passage et s’il est attentif, alors il apprendra de cette observation.En effet, les neurones responsables de la production de ces images motrices seraient les mêmes que ceux qui s’activent durant la planification et la préparation par l’élève de sa propre exécution.

3 Je visualise l’action, donc

j’apprends à faireVisualiser une action, c’est également apprendre, sans en avoir l’air. Que vous soyez immobile et visualisiez mentalement une action motrice, ou bien que vous réalisiez cette action, ce sont les mêmes régions cérébrales qui s’activent. La visualisation est donc utilisée pour entraîner une personne à un comportement s’il n’est pas possible de réunir toutes les conditions dans lesquelles ce comportement est habituellement réalisé. Par exemple, cette technique a montré son efficacité dans l’entraînement des sportifs. En effet, les performances d’un groupe de pongistes bénéficiant d’un entraînement classique ont été comparées à celles d’un second groupe bénéficiant de cet entraînement classique complété par un entraînement basé sur la visualisation. Les performances de ce second groupe se sont révélées significativement supérieures à celles du premier groupe. Et cela se révèle également probant dans d’autres disciplines sportives comme le foot, le basket, le rugby…

4 Je suis attentif(ve), donc j’apprends mieux

L’attention agit, en quelque sorte, comme un filtre des informations qui parviennent à nos sens ou que nous possédons en mémoire. Plus scientifiquement, elle est définie comme un processus au cours duquel nous traitons activement une quantité limitée d’informations, extraite de la quantité énorme d’informations disponibles à travers nos sens et nos souvenirs stockés. Se focaliser ou porter son attention sur un objet permettra donc de mieux le mémoriser. En ce sens, l’attention facilite l’apprentissage. À condition, bien sûr, de ne pas

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« L’attention maximale du cerveau : 12 à 15 minutes... pas plus ! »

solliciter cette attention pendant trop longtemps. En effet, le cerveau consomme une énergie considérable et ne maintient son attention maximale (ondes bêta ou gamma) que pendant 12 à 15 minutes, puis baisse sa fréquence (ondes alpha) pour se ressourcer. Cette période de ressourcement varie de quelques secondes à plusieurs minutes suivant l’activité et les stimuli externes.

LE CONSEIL DE CSP L’enjeu d’un formateur est de stimuler l’attention des

participants afin qu’ils soient dans un état qui favorise leur

apprentissage tout en respectant leurs rythmes naturels.

LES ONDES CÉRÉBRALES

Activité mentale intense et synchronisée (création, apprentissage, résolution de problème, etc.)

Activité intense et courante

État de veille calme (yeux fermés, repos physiologique et mental), relaxation passagère

GAMMA

BÊTA

ALPHA

THÊTA

DELTA

Sommeil : ondes non observées quand la personne est éveillée

QuandOndes

65 HZ

0 HZ

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« Les expériences multisensorielles favorisent la mémorisation. »

5 Je suis « émotivé(e) », donc je me souviens

Vous souvenez-vous de votre premier baiser ? Et du trentième ? Il est fort probable que vous vous souveniez plus du premier que du trentième. Cela est lié à la force de l’émotion associée à cet événement : l’émotion facilite la trace mnésique.Dans notre cerveau, il existe deux voies majeures qui concourent à l’activation des comportements et qui constituent des systèmes de motivation pour chacun d’entre nous : le « circuit de la récompense », et le « circuit de la punition ». Quel lien avec l’apprentissage ? Focalisons-nous sur le « circuit de la récompense ». Lorsqu’une personne adopte un comportement, comme manger ou passer un moment agréable entre amis, qui contribue à maintenir son homéostasie (c’est-à-dire qui maintient à des valeurs normales les différentes constantes de l’organisme), le circuit de la récompense est activé, et cette activation est accompagnée d’une sensation de satisfaction. Moralité, dans un processus pédagogique, plus le formateur s’attachera à faire vivre aux apprenants des émotions agréables, plus il suscitera chez ces derniers l’envie d’apprendre et de changer de comportement !

6 J’active mes sens Dans le processus d’apprentissage, une information est captée par nos sens, puis transformée en influx nerveux pour être acheminée au cerveau et conduire à son identification.Or, le fait de solliciter plusieurs sens simultanément favorise l’apprentissage. Par exemple, si j’écoute une conférence ou si j’y assiste (ce qui fera appel à ma vue et à mon ouïe), je mémoriserai mieux le contenu délivré dans le second cas. Selon de nombreux scientifiques, cette meilleure mémorisation s’expliquerait par le fait que les expériences multisensorielles seraient plus élaborées que les expériences unisensorielles, ce qui enrichirait leur encodage au moment de l’apprentissage.

Bonnes pratiques Permettre à l’apprenant de réussir, lui donner des retours positifs, des encouragements et lui faire vivre

des émotions agréables liées à ce succès, c’est le motiver

à recommencer, après la session de formation, pour réactiver ce « circuit de la récompense ».

C’est ainsi qu’il testera et mettra en application ce qu’il a appris.

Bonnes pratiques Concevoir une formation qui

stimule le maximum de sens et qui s’appuie sur des stimulations

visuelles (des photos, des schémas, etc.), c’est faciliter

l’apprentissage !

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7 Je dorsSaviez-vous que lorsque l’on dort…On ne fait pas que dormir ? On favorise l’apprentissage, également. Si l’on teste un groupe d’individus ayant pu bénéficier d’un bon repos de sept heures de sommeil et un autre maintenu éveillé, le nombre de connexions neuronales sera plus faible pour le groupe privé de sommeil.En amont, le sommeil prépare le cerveau à apprendre, à encoder de nouvelles informations. En aval, il va consolider la mémoire de ces apprentissages pour en faire une mémoire stable et durable. Toutes les formes de mémoire à long terme (MLT) sont concernées, mais chaque stade du sommeil (sommeil léger, profond ou paradoxal) joue un rôle sélectif. Conclusion : pour assimiler des connaissances, il faut dormir !

8 Je bougeAu même titre que le sommeil, l’activité physique améliore les capacités cognitives (dont la mémoire à long terme et l’attention). En effet, plusieurs études ont comparé les capacités cognitives de personnes pratiquant une activité physique régulière à celles de personnes plus sédentaires. Les capacités de mémoire à long terme, de raisonnement, d’attention et de résolution de problèmes sont supérieures chez les sportifs. Cependant, il n’est pas nécessaire d’être un « grand sportif » pour en tirer des bénéfices : 30 minutes d’exercice physique d’intensité modérée (comme la marche, la course à pied ou la natation) deux à trois fois par semaine constituent un programme idéal ! Pourquoi ? Parce que l’activité physique contribue à améliorer l’accès du glucose (principale source d’énergie) au cerveau. De plus, elle participe au maintien des neurones existants jeunes et « en bonne santé » et à la stimulation de la neurogenèse (c’est-à-dire, la formation de nouveaux neurones).

LE CONSEIL DE CSP Parce qu’il est acquis que l’activité

physique améliore les capacités cognitives, pour stimuler

les réflexes d’apprentissage d’un participant, mettez-le

en mouvement !

« Dormir, c’est préparer le cerveau à apprendre ! »

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L’art de susciter le désir d’apprendre

Au commencement était le désir, principe fondamental de l’apprentissage : « J’ai un moteur, mon envie de… ». Sans envie, pas de motivation, pas de prédisposition, pas de place à la mémorisation, l’ancrage ou l’évolution comportementale. Car ce que l’on vise, c’est une transformation opérationnelle de la façon de faire des apprenants. Savoir qu’il est mieux de s’adapter à son collaborateur en fonction de ses besoins est une prise de conscience intéressante. Savoir comment s’y prendre est une réelle avancée. Savoir que je sais le faire, une belle performance. Le faire : c’est la cible.

L’approche sur-mesure en formation Maintenant que nous venons de poser des liens possibles entre

neurosciences et apprentissage, nous allons développer la manière dont nous les intégrons plus concrètement dans nos formations sur-mesure.

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Sans désir de le « faire », donc de changer, c’est peine perdue, temps perdu, argent perdu.En début de formation, l’animateur cherchera toujours à la fois les attentes, l’objectif et la raison de la présence de chacun. Bien. Mais les neurosciences nous invitent à aller plus loin. La question est : « Es-tu au maximum dans ton désir d’apprendre ? ». Et si tel n’est pas le cas, c’est à l’animateur de montrer, démontrer, rendre désirables les compétences à acquérir. Comment ? D’abord en suscitant le désir et en mettant en place des stratégies de motivation… Puis en limitant les freins et en sécurisant…

L’architecture sur-mesureConcrètement, concevoir une architecture sur-mesure, c’est élaborer un dispositif pédagogique qui :• réponde aux enjeux de la société ;• soit en mesure d’atteindre les objectifs fixés ;• intègre les spécificités culturelles de la société ;• s’appuie sur des modalités pédagogiques efficientes, innovantes et motivantes.

ÉTALER L’APPRENTISSAGE DANS LE TEMPS AVANT ET APRÈS

Mais élaborer un dispositif pédagogique efficient, c’est aussi prendre son temps, quitte à étaler l’apprentissage aussi bien en amont qu’en aval. Ainsi, pour augmenter la mémorisation, la répétition dans le temps est clé. En amont de la formation, les dispositifs distanciels ont d’abord pour objectif de mettre l’apprenant en condition. Semer des questions, le surprendre, livrer un petit bout de savoir qui sera creusé et pratiqué en présentiel. Bref : amorcer son apprentissage. En aval, il s’agira davantage d’ancrer les notions acquises. En effet, on constate généralement qu’après les présentiels, on envoie un mail, on relance sur la plate-forme d’apprentissage et puis…flop !Or, nous en sommes tous convaincus : il faut réviser, reprendre les « appris » pour qu’ils soient acquis, pratiquer pour ancrer.

STRATÉGIE Exemple de contribution du formateur/de l’organisation

Ressentir un manque D’autres savent faire, pas moi

Entrevoir un bénéfice(une carotte, une nouvelle aptitude, une reconnaissance…)

Remise de diplôme/certificatFeedback positif dès le débutDécrire « ce que vous saurez faire » et le montrer

Susciter la curiosité Énoncer des croyances limitantes, puis les déconstruire

FREINS Exemple de contribution du formateur/de l’organisation

« Je n’y arriverai pas » Commencer par les réussites et les points forts

« Je vais m’en prendre une » Construire un cadre de sécurité et s’y tenir

« J’ai peur de me tromper » L’erreur n’est pas une faute, c’est une information et une opportunité

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Modalités Fonctionnement Nom/solution Fréquence/durée Motivation et bénéfices

Défi sur smartphone ou PC

Les apprenants se lancent des défis et doivent répondre aux questions liées à la formation

Application InTeach 2spark

Quotidien (1 à 3 minutes) sur 2 à 6 semaines

Compétition, apprentissage, ancrer les connaissances

Feedback positif

C’est un carnet de réussite de mise en application des compétences. Les autres (voire le manager ou un coach à distance) vont « liker », trouver des points forts, commenter en renforçant la réussite

Jourdegloire.org Hebdomadaire sur 1 à 3 mois

Regard positif sur son travail, encouragement à mettre en application, reconnaissance

Classe virtuelle Retour d’expérience : mes réussites, mes difficultés Cisco webex 1 à 2 fois 1 h 30,

dans le mois qui suitSe préparer, partager, trouver des solutions

Ateliers de codev

Par groupes de 4 à 6, exposer une problématique, s’appuyer sur le regard et les expériences des autres pour trouver des solutions

Codev ½ journée pour chaque apprenant, tous les mois

Être ensemble, résoudre, aider, travailler en intelligence collective, coopérer

RSA (réseau social d’apprentissage)

Le formateur met à disposition des micro-learning, pose des questions, invite aux échanges. Les apprenants peuvent s’interpeller

360Learning, groupe sur Yammer…

Quotidien, quelques minutes

Tisser des liens à distance, continuer à apprendre, aider,…

IMPLIQUER LES MANAGERS OU N + 1D’ordinaire, l’implication d’un manager dans la formation de ses collaborateurs, c’est le « 505 ». 5 minutes avant la formation : « Tu pars en formation, voilà ce que j’attends de toi dans le cadre de tes fonctions. Ça va être bien ! ». 0 minute pendant la formation : « Je te laisse tranquille ». 5 minutes après : « Comment ça s’est passé ? Qu’as-tu appris ? Comment puis-je t’aider ? ».C’est peu, et surtout, c’est peu réalisé. Or, lors de la mise en place de dispositifs sur-mesure, il est possible d’aller beaucoup plus loin. La méthode TWI (training within industry : pilotage des compétences opérationnelles) garantit une progression des compétences acquises en formation. Dans le budget de formation d’une population, on réservera ainsi un « crédit » d’un à trois jours pour former les managers à l’accompagnement de leurs collaborateurs. Le manager mettra à jour les compétences à développer chez ses collaborateurs. Puis il apprendra, dans une position de coach, comment observer et donner un feedback à son collaborateur pour lui faire analyser posture et comportements et l’aider à progresser.Cette méthode renforce l’apprentissage par :• l’exemplarité : le manager est solidaire des compétences demandées à son collaborateur ;• la répétition : le manager accompagne régulièrement son collaborateur dans la mise en

pratique ;• la neutralité bienveillante : la posture de coach développée crée la confiance ;• l’autonomie de l’organisation qui s’affranchit du formateur, puis du collaborateur qui

s’affranchit de son manager, sur les compétences en développement.

EXEMPLES DE SOLUTIONS POUR ANCRER L’APPRENTISSAGE ET ACCOMPAGNER UN CHANGEMENT CHEZ L’APPRENANT

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Bonnes pratiques Exemples à sélectionner et

personnaliser suivant le projet.

Seul ? Je formule mon plan d’action et

mes engagements ou les messages clés que je choisis de garder.

À deux ? Préparer, filmer puis partager

le mini-flash info de la journée en 60 secondes.

En deux sous-groupes ? Résumer la journée sous forme

d’acrostiche à partir d’un mot clé de la formation.

La conception pédagogiqueConcevoir le matériel sur-mesure, c’est profiter de l’opportunité d’un projet spécifique pour faire des choix et des développements adaptés.Le dispositif pédagogique intégrera la culture, les représentations, les anecdotes, les valeurs de l’entreprise pour renforcer l’appropriation des compétences et des messages clés.Le sur-mesure doit être aligné avec l’axe de transformation souhaité. Il est ainsi vecteur de répétition et d’ancrage du message stratégique de l’entreprise. À travers chaque détail, l’adaptation renforcera l’identité d’une promotion, la cohésion d’un groupe, l’invitation à découvrir et à partager les valeurs.

CONCEVOIR DES SÉQUENCES COURTES SUIVIES D’UN TEST

Le rythme du cerveau nous invite à concevoir des séquences courtes de 15-20 minutes environ. Une séquence comprenant des activités de partage, d’apport du formateur et d’ancrage sous forme de mise en pratique, de test ou de jeu.Le test de fin de séquence, basé sur les messages clés, est le début de la répétition qui favorise l’ancrage et la mémorisation.

LA MISE EN PRATIQUE : SIMULATIONS ET « VISUALISATION MENTALE »

Introduire une séquence de visualisation mentale va, par exemple, permettre d’amorcer le câblage de neurones porteurs des nouveaux comportements. Comment ? En basant la séquence sur un support vidéo invitant l’apprenant à visualiser le comportement attendu pour ensuite le reproduire…Tout en étant coaché, tout au long de la séquence, par le formateur, qui se met ainsi dans la posture d’un entraîneur sportif.

FAIRE UNE SYNTHÈSE EN FIN DE JOURNÉEVérifier un matin de deuxième jour ce qu’il reste de la veille, c’est bien. Et pourquoi ne pas faire la synthèse en fin de journée ? En effet, six à huit heures viennent de s’écouler et dans le cerveau, c’est en attente de traitement, en jachère, prêt à s’éloigner avec l’enchaînement des distractions.Élaborer une synthèse en fin de journée, c’est proposer à son cerveau une nouvelle version des apprentissages. Et cette version va pouvoir cheminer, jusque dans le sommeil.

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L’approche projet avec agilitéDans la conception globale d’une approche sur-mesure, la coconstruction avec le client, voire avec un échantillon représentatif des apprenants, est fondamentale. Pourquoi se priver de la richesse de plusieurs cerveaux qui collaborent ? L’assemblage de réflexions internes et externes, la collaboration et des méthodes telles que le brainstorming sont utilisés pour produire des contenus et modalités en faveur de l’apprentissage. C’est ainsi que le fonctionnement en mode projet prend toute sa dimension.

ANALYSE

Première étape de cette « coconstruction » : l’analyse approfondie du besoin. Il s’agit là d’un démarrage essentiel pour toute demande de formation, en vue de comprendre le besoin et d’aller plus loin que la simple formulation « J’ai besoin d’un cours sur la vente ».Les neurosciences peuvent orienter le questionnement.Quel est le problème ? Quelles sont les situations que l’apprenant doit gérer ? Il s’agit de comprendre le contexte de l’apprenant pour susciter son intérêt et favoriser son engagement actif dans la démarche. Quelles sont les compétences existantes ? L’approche implique de partir de l’existant, de compétences auxquelles l’apprenant peut se raccrocher, pour favoriser l’apprentissage de nouvelles compétences.Quelles sont les compétences à développer ? Une question importante pour donner un sens et une perspective. Il sera ensuite question de s’appuyer sur les capacités d’adaptation de l’apprenant pour qu’elles soient mises en place concrètement.

IMMERSION

La phase d’immersion (visites sur sites, interviews des personnes clés…) est indispensable à une démarche sur-mesure, puisqu’elle permet d’être en phase avec l’environnement de l’apprenant. Les cas réels auxquels celui-ci est confronté, son langage, ses codes, les problématiques rencontrées… Autant d’éléments recueillis et pris en compte pour construire les contenus de la formation. D’autant que la familiarité et le lien avec la vie quotidienne sont de formidables leviers pour encourager la mémorisation et améliorer les performances.

FEEDBACK ET MODE AGILE

Le cerveau fonctionne ainsi par itérations, avec des cycles que l’on peut décomposer en quatre étapes successives : prédiction, feedback, correction, nouvelle prédiction. Dans le cadre de projets sur-mesure, la prise en compte des retours des apprenants est donc fondamentale pour ajuster les contenus et « corriger le tir » grâce au retour d’expérience. D’où la mise en place de sessions « pilote » ou « test ».Lors du déploiement du projet, dans la même logique, les réunions régulières du comité de pilotage l’inscrivent dans une démarche d’amélioration continue nourrie par les feedbacks. Les différents jalons sont des occasions de suivre la progression sur la durée et de procéder aux ajustements au fil de l’eau.

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Les 6 points clés à retenir1 Appuyer la conception et l’animation d’une formation sur des connaissances neuroscientifiques, c’est en augmenter l’impact.

3 Développer un amont et un aval de la formation, c’est favoriser l’encodage et l’ancrage à long terme des apprentissages.

2Concevoir une architecture sur-mesure et coconstruite, c’est s’assurer de sa réussite.

4Impliquer les managers tout au long du processus pédagogique, c’est accompagner la montée en compétence des collaborateurs.

5Intégrer dans le dispositif pédagogique la culture, les représentations, les anecdotes, les valeurs de l’entreprise, c’est renforcer l’appropriation opérationnelle des compétences et des messages clés.

6Prendre en compte les retours des apprenants, c’est ajuster chaque contenu à chaque besoin.

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BibliographieDecety, J. (1996). Do imagined and executed actions share the same neural substrate ? Cognitive Brain Research, 3(2), 87-93. Desbordes, N. (2003). Utilisation de l’imagerie mentale pour permettre une amélioration du placement au service en tennis de table (mémoire de licence). Université Rennes 2. Gazzaniga, M.S., Ivry, R.B., & Mangun, G.R. (2001). Neurosciences cognitives, la biologie de l’esprit. Bruxelles : DeBoeck Université. Lachaux, J.-P. (2015). Le cerveau funambule, comprendre et apprivoiser son attention grâce aux neurosciences. Paris : Odile Jacob. Medina, J. (2014). Les 12 lois du cerveau. Paris : Leduc.s Éditions. Rizzolatti, G., & Sinigaglia, C. (2008). Les neurones miroirs. Odile Jacob. Yang G., Lai C.S., Cichon J., Ma L., Li W., Gan W.B. (2014). Sleep promotes branch-specific formation of dendritic spines after learning. Science, 344(6188):1173-8. Doi : 10.1126/science.1249098.

Carine Fontaine Chef de projet pédagogique« Chef d’orchestre de vos projets sur-mesure, je coordonne l’ensemble des acteurs pour une solution pédagogique pertinente, efficace, et utile pour tous ! »

Xavier Martin Formateur – Coach certifié par l’INA (Institut des Neurosciences Appliquées)« Une clé de succès ? Comprendre les objectifs opérationnels, challenger les demandes de nos clients pour coconstruire des parcours efficients. »

Jean-Baptiste JourdantDirecteur des projets sur-mesure« L’architecture de projets pédagogiques ? C’est comme si l’on construisait à chaque fois un nouveau bâtiment. »

Nicolas Desbordes Formateur – Expert en préparation mentale de sportifs« Un management performant doit inclure la responsabilisation et le respect des motivations des individus. »

Aurélie Van DijkFormatrice-Consultante, Conceptrice pédagogique « Développer les capacités des apprenants en concevant des formations qui s’appuient sur les avancées neuroscientifiques. »

Philippe Mayet Coach (certifié du Centre internatio-nal du Coach) – Expert en stimula-tion de la performance« Voir les processus de formation comme la réalisation d’un dîner d’exception ! Une “cuisine” d’assemblage et non de “mélange”, les meilleurs ingrédients au profi t de l’objectif attendu : régalons-nous ! »

Les auteurs

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Ce livre blanc est édité par CSP33, rue de Châteaudun – 75009 Paris

01 53 24 90 00 – www.csp.frChef de projet : Claire Tucoulet

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Responsable du développement : Jean-Sébastien Rocheteau (tél. : 01 41 31 72 44)

Journaliste : Ambre Delage