Livre Blanc de l'UNL 2012

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LIVRE BLANC DES LYCEENS LIVRE BLANC DES LYCEENS LIVRE BLANC DES LYCEENS Interpellation des candidats à la présidentielle Pour les lycéens, pour la société, les raisons d’agir

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Livre Blanc d'interpellation des candidats à l'election présidentielle.

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LIVRE BLANC DES LYCEENSLIVRE BLANC DES LYCEENSLIVRE BLANC DES LYCEENS

Interpellation des candidats à la présidentielle

Pour les lycéens,

pour la société,

les raisons d’agir

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LIVRE BLANC DES LYCEENS : PROJET ET PROPOSITIONS POUR 2012

A l'attention des candidats à l'élection présidentielle,

L'UNL est la première organisation lycéenne de France, forte de plus de 7000 adhé-

rents présents sur tout le territoire. Nous avons lancé en novembre une grande campa-

gne de votation lycéenne. Avec plus de 10 000 réponses, et une analyse syndicale que

nous affinons depuis 18 ans, nous sommes en mesure de dresser un bilan du système

éducatif, de la place des jeunes dans la société, et de proposer des solutions pour amé-

liorer concrètement la vie quotidienne des lycéens.

Lycéens, nous sommes aujourd’hui inquiets de notre avenir, confrontés à un monde de

l'emploi qui semble se refermer, et voyant que la place faite à la jeunesse dans la socié-

té ne correspond pas aux attentes des 3 millions de lycéens.

Le lycée n'est plus le lieu d'égalité dont notre génération, et notre société auraient tant

besoin. Trop de disparités y sont implantées. L'accès à la réussite semble réservé à une

élite. Les autres se la voient refusée, car l'éducation est inadaptée pour une majorité des

élèves. Le poids de l’origine sociale pèse de manière bien trop prononcée et les lycéens

n'ont souvent pas les moyens de pouvoir accéder à une émancipation personnelle.

Les raisons de ces dysfonctionnements sont multiples et viennent du faible intérêt por-

té à la jeunesse et à l'éducation depuis de trop nombreuses années. Les échecs viennent

entre autres d'un manque flagrant de considération et de prise en compte des lycéens

dans les réformes majeures du système éducatif, et dans toutes celles qui concernent la

jeunesse. La parole des lycéens doit donc compter pour améliorer l’éducation et leur

place dans la société.

Nous voulons aujourd’hui prendre notre avenir en main. C’est pourquoi nous vous

soumettons ces quelques propositions, qui nous semblent prioritaires et indispensables

à mettre en œuvre pour faire progresser l’éducation, et répondre aux aspirations des

lycéens.

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Etat des lieux

I. L’école ne répond plus aux attentes des élèves

L’école de la république doit donner un enseignement égal à tous, en jouant son rôle d’ascenseur

social. Cependant, à cause du mépris qu’ont montré les gouvernements successifs à l’égard de l’école

publique, cette dernière n'a plus les moyens d’effectuer cette tâche. L’école accueille de plus en plus

d’élèves, elle doit les accompagner, en ne laissant personnes en situation d'échec. Pourtant, le nombre

de postes dans l’éducation nationale n’a cessé de décroître depuis 2002, et particulièrement depuis l’ap-

plication de la RGPP.

Conséquence directe, les lycéens se retrouvent dans des classes atteignant parfois le nombre de 40 élè-

ves. De plus, les lycéens ne peuvent plus bénéficier du panel d’options qui leur était proposé aupara-

vant, l’accompagnement individualisé des élèves par les professeurs et le personnel n’existe plus, les

infirmeries sont de moins en moins accessibles… Plus grave encore, des classes et des lycées ferment

chaque année, et des lycéens redoublants se voient parfois obligés de quitter le système éducatif, faute

de place. Il n’est plus possible de faire des économies sur l’éducation, car elle a pour but de former les

lycéens, futurs acteurs de la société.

Notre lycée est un lycée vieillissant, qui n’est plus adapté aux élèves. Depuis trop longtemps, il n’a pas

connu de réelle transformation, allant dans le sens du progrès social. Simplement des ajustements mini-

mes, ou bien des réformes ayant pour but de faire des économies sur le dos de la jeunesse. La réforme

de la formation des enseignants montre aujourd’hui ses graves conséquences pour les élèves, étudiant

avec de jeunes enseignants qui n’ont jamais vu une classe auparavant. La réforme du lycée, elle, fait

preuve de son inefficacité, faute de moyens.

La structure « classique » de l’enseignement au lycée est devenue archaïque. Le cours magistral y est

roi, méthode pourtant élitiste, oubliant l’interactivité, et favorisant le décrochage de certains élèves. Les

autres formes d’enseignement (TD, cours en ½ groupes, TPE) restent extrêmement rare. Les lycéens

sont aujourd’hui de simples spectateurs de leur éducation, alors qu’ils voudraient en être des acteurs à

part entière.

De même manière, il est inconcevable de réformer correctement l’éducation en ne prenant pas en comp-

te une réforme des rythmes scolaires. Cet élément était un des principaux manques de la réforme du ly-

cée de M.Chatel. À l’heure où les lycéens sont bien souvent confrontés à des journées déséquilibrées,

atteignant parfois huit ou neuf heures de cours, il est indispensable de traiter la question des rythmes

urgemment.

Une réforme structurelle, en profondeur, du lycée est donc indispensable. Mais elle ne saurait aller dans

le sens du progrès si elle n’était pas effectuée dans un cadre de réforme globale du système éducatif.

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II. La casse de l’éducation, un péril pour notre société

La stratégie politique actuelle, à savoir faire un maximum d’économie sur le dos de la jeunes-

se, n’est plus concevable pour les lycéens. En effet, nous sommes les futurs actifs de demain, et

dans cette perspective, il est indispensable de nous fournir une éducation dans les meilleures condi-

tions possibles.

Cette génération souffre déjà trop des conséquences de la crise et des politiques de rigueur. Etre ly-

céen est malheureusement devenu synonyme de crainte son avenir. Le chômage grandissant affecte

en premier lieu les jeunes. Les étapes « inactivité » et « précarité » sont devenues presque obligatoi-

res, avant d’espérer trouver son premier emploi stable, en moyenne à 27 ans. Etudier dans ce climat

est un facteur plus que décourageant. Face à cet état d'urgence, un gouvernement responsable ne

peut pas ignorer le problème de l'emploi des jeunes et se doit de mener une politique globale pour

permettre à chaque jeune, de pouvoir bénéficier pleinement de son droit à l'avenir.

Pour pallier à cette exclusion de la jeunesse du monde du travail, la meilleure solution qui nous est

aujourd’hui proposée, c’est le diplôme. Mais encore l’éducation doit-elle permettre à chacun de

l’obtenir. Ceci est loin d’être le cas, lorsque 230.000 jeunes ont quitté le système éducatif prématu-

rément en 2011.

Les lycéens se posent chaque jour des questions quant à leur avenir, mais ne trouvent personne pour

y répondre. Le système d’aide à l’orientation présente de nombreux manques (suppressions de pos-

tes de COP, fermeture de CIO…). Il est primordial qu’un élève puisse choisir par lui-même les

voies et les formations qui l’intéressent et dans lesquelles il souhaite évoluer, mais pour cela, l’in-

formation à l’orientation doit être accessible à chacun.

L’ensemble de la jeunesse est touchée par la crise, et voit ses conditions d’études, de vie et d’avenir

se dégrader de jour en jour. Mais le système éducatif élitiste actuel renforce les inégalités sociales

au lycée, et ainsi dans la société. Notre école, au lieu d’être un exemple de société idéale, est le mi-

roir des maux de notre société. Elle n'offre pas une éducation de qualité à tous, et au contraire, creu-

se les inégalités entre les jeunes issus de milieux favorisés et les autres.

Le démantèlement de la carte scolaire a pleinement participé à l’exacerbation d’un phénomène de

lycée à deux vitesses, séparant les élites des plus défavorisés. Le manque crucial d’investissement

dans les voies professionnelle et technologique a participé au développement de la doctrine consi-

dérant ces établissements comme des voies d’échec.

Les Zones d’Education Prioritaire n’ont plus de prioritaire que le nom. De moins en moins de

moyens leurs sont alloués. L’avenir de certains ne doit pas être déterminé en fonction de leurs origi-

nes sociales. Notre école publique et laïque doit donner à chacun les moyens de réussir.

La Ve constitution commence ainsi : « La France est une République indivisible, laïque [...] ». For-

ce est de constater que de nos jours, ces principes ont été mis de côté par les derniers gouverne-

ments. Où est la laïcité quand l’Etat finance (et donc encourage) l'enseignement dans les écoles pri-

vées, ultra-majoritairement confessionnelles ? Enseignement privé qui de plus accentue le phéno-

mène de reproduction sociale, étant accessible pour les catégories sociales les plus aisées, au détri-

ment des autres.

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Ainsi, les lycéens n’ont pas la même qualité d’éducation et la même considération sociale s’ils

proviennent d’un centre ville ou d’une banlieue en difficulté, s’ils étudient la comptabilité ou la littératu-

re en lycée général, si leurs parents peuvent envoyer un chèque annuel à l’Ecole Normale Catholique

chaque année ou non. L’école est le seul outil pouvant effacer les inégalités de capital culturel créées par

la sphère privée et familiale. Aujourd’hui, à l’inverse, elle les amplifie. Et ces inégalités se répercutent

par la suite dans l’ensemble de la société.

III. Lycéens, nous sommes des jeunes citoyens actifs en formation

Les lycéens sont aujourd’hui une frange mal considérée de la population. Eternels oubliés, ils ne pos-

sèdent aucun statut réel. Pas encore citoyens, mais pourtant responsables de nos actes devant la loi, nous

sommes confrontés à ce paradoxe d’avoir moins de droits que le reste de la société, mais plus de devoirs.

Depuis de nombreuses années, les lycéens ont su prouver qu’ils formaient bien des membres à part entière

de la société, aptes à apporter des observations sur un certain nombre de sujets qui les concerne. En mani-

festant, en se mobilisant quand cela leur paraissait nécessaire, en s’investissant dans les instances et les

structures lycéennes, les lycéens ont maintes fois prouvé qu’ils sont en capacité de se forger leur propre

opinion, et qu’ils souhaitent être entendus. Mais malgré tout cela, ils ne sont toujours pas reconnus, ne

sont pas assez écoutés, trop rarement pris en compte dans les grands débats qui animent notre société.

Si les instances de la démocratie lycéenne avaient marqué un net progrès dans la reconnaissance des ly-

céens dans les années 90, elles restent aujourd’hui nécessaires, mais insuffisantes pour répondre à l’ensem-

ble des attentes de lycéens. Premièrement parce qu’elles ne sont pas décisionnelles, mais également parce

qu’elles ne traitent que d’une infime partie des sujets qui nous concernent. Les lycéens veulent prendre part

à tous les débats qui concernent la jeunesse, l’éducation et la société. Il est temps de nous considérer com-

me de jeunes citoyens en formation.

Pourtant, l’éducation à la citoyenneté est loin d’être à la pointe dans l’éducation nationale. Les cours

d’ECJS (éducation citoyenne juridique et sociale), qui manquent de cadrage, sont extrêmement peu assu-

rés. L'école doit pourtant permettre aux lycéens de s’émanciper, de se forger une opinion personnelle sur

des questions de société qui le touchent de près ou de loin.

L’autonomie est une des aspirations principales de tous les jeunes, et donc logiquement des lycéens. Celle-

ci reste actuellement nettement insuffisante. Dans le domaine de la santé, l’instauration de Pass’ contracep-

tion dans certaines régions est une grande avancée, mais le fait que celui-ci ne fasse pas l’objet d’une poli-

tique nationale est déplorable. Tous les lycéens ne peuvent pas accéder à la contraception aujourd’hui, fau-

te de moyens, d’information, et d’anonymat. L’accès libre aux transports et à la culture reste encore très

limité pour les lycéens, en raison de leur coût, souvent très contraignant. Pourtant, ces services sont indis-

pensables pour permettre aux lycéens d’acquérir un surplus de connaissances et compétences, qui leurs se-

ront indispensables pour leur vie futur.

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L’urgence d’agir

I. Embaucher des professeurs, répondre aux besoins de pédagogie

Le dernier quinquennat s’est fait sous le signe de la casse des services publics. Nos conditions d’é-

tudes se sont dégradées. Chaque année, de nombreuses suppressions de postes ont ravagés le quotidien

de milliers de lycéens obligés s’entasser dans des classes de plus en plus chargées.

Réembaucher des professeurs est devenu une priorité si l’on veut que les lycéens réussissent. Nous

ne pouvons plus supporter de telles conditions d’études. Invisible dans la masse, sans avoir la possibilité

de suivre assidûment et d'interagir, les lycéens ne sont pas acteurs de leur scolarité.

La question des effectifs est d’autant plus importante dans les cours de langue, les lycéens doivent

échanger pour progresser. Cela ne peut se faire qu’à effectifs réduits. Il semble donc primordial d’arrêter

les suppressions de postes et de réembaucher de nombreux professeurs pour donner à tous les lycéens les

conditions de leur réussite. Ceci ne peut se faire que dans des classes à taille humaine, où chaque élève

pourrait bénéficier d’un suivi personnalisé.

Des classes limitées à 25 élèves sont nécessaire pour assurer un suivi individualisé.

Pour arriver à une éducation de qualité et diversifiée, il faut développer davantage les options et l’aide

personnalisé pour que chaque lycéen puisse s’y retrouver. Ainsi, chacun bénéficierait de l’éducation de

son choix et non de celle que des a priori sociaux lui aurait imposé. Ceci participerait à faire du décro-

chage scolaire une mode dépassée. De plus, il est nécessaire d’investir pour permettre aux lycéens d’étu-

dier dans des locaux adaptés, et équipés du matériel nécessaire, notamment en matière de nouvelles

technologies. Les établissements scolaires ne peuvent se permettre d’être en retard sur leur temps.

Évidemment cela demande des efforts financiers conséquents. Mais investir dans l’Éducation ne doit pas

être vu comme une perte pour ceux qui veulent faire progresser la société. Il est indubitable qu’il s’agit

là d’un investissement à long terme, bénéfique pour l’ensemble de la société. C’est sans conteste qu’il

faut réformer l’éducation, mais cela ne peut se faire sans s’en donner les moyens.

II. Faire une vraie réforme du lycée

L'école ne remplit plus son rôle. Elle devrait permettre à tous les jeunes vivant en France d'obtenir

une qualification, d'avoir un diplôme, qui débouche sur un emploi, et d'autre part de donner toutes les

clefs nécessaires pour former des citoyens actifs dans la société. Pour éviter l'échec scolaire, et, en allant

plus loin, pour permettre une meilleure cohésion sociale, l'école et les façons d'enseigner doivent être

repensées.

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La pédagogie au lycée doit donc être entièrement revue. Il est primordial de prendre en compte

l'importance des rapports humains entre les élèves et les professeurs.

Ceux-ci ne doivent pas être considérés seulement comme ceux qui donnent les connaissances nécessai-

res aux élèves pour la réussite de leur baccalauréat, et les élèves ne doivent pas être en classe seulement

pour tenter d'emmagasiner le maximum de connaissances. Il faut, au contraire, développer l'interactivité

dans les classes. Les élèves seraient alors acteurs de leur éducation, s'impliquant dans la construction du

cours, qui serait, de fait, mis à la portée de tous et non pas seulement d'une catégorie sociale favorisée.

Il paraît donc nécessaire de développer les formes d’enseignement « atypiques », ne pouvant avoir lieu

qu’à effectif réduits. Les exemples que sont les travaux dirigés (TD), les Travaux Personnels Enca-

drés (TPE) ou encore les débats en classe sont à développer sans limite.

III. Changer le baccalauréat pour le rendre plus juste, et cohérent avec le

reste de la scolarité.

Les épreuves et le calendrier du baccalauréat sont à revoir. En effet, en séries générale et technolo-

gique, les quinze ans de scolarités des élèves sont évalués en cinq jours, ce qui provoque énormément de

stress chez les candidats, et laisse une grande part de hasard dans la réussite de cette examen. De plus,

l’épreuve actuelle pousse au bachotage, puisque les candidats ont à apprendre tout le programme de Ter-

minale, presque par cœur, pour le jour de l'examen.

De plus, les compétences sont très peu évaluées au bac. La culture générale, vectrice d’inégalités, y est

valorisée. Certaines épreuves sont orales, mais il n'est jamais appris aux élèves à prendre la parole, com-

pétence pourtant nécessaire pour la vie entière.

Le baccalauréat doit donc être repensé, conjointement aux programmes et aux méthodes d'apprentissage.

Tout d'abord, il semble important que les épreuves soient réparties sur les années de premières et de

terminales, en milieu et fin d'année. Ainsi, chaque élève passerait au moins deux épreuves différentes

par matières, ce qui permettrait une évaluation plus juste et un droit à l’erreur. De plus, il faut que les

épreuves soient repensées afin d'évaluer les compétences personnelles des élèves, et non plus un sim-

ple apprentissage de connaissances brutes. La généralisation du contrôle continu n’est pour autant pas

envisageable, puisqu’elle remettrait en cause la valeur nationale du diplôme du baccalauréat et son ano-

nymat.

Dans les lycées professionnels, les programmes sont complètement inadaptés au passage du bac pro de

quatre à trois ans. Il faut donc les revoir en priorité, pour qu'ils soient allégés d'une part, mais aussi pour

que les lycéens professionnels aient une formation adaptée et valorisée. Une grande partie des épreuves

du baccalauréat s’y font en contrôle continu, les élèves sont donc évalués par leurs propres professeurs,

le baccalauréat perd alors tout son intérêt et sa signification, puisqu'il n'est plus le même pour tous.

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IV. Faire une réforme des rythmes scolaires

Le lycée doit donc être réformé en profondeur, ce qui va de paire avec une réelle réforme des ryth-

mes scolaires. Ceux-ci doivent être entièrement réaménagés, et la réforme des rythmes scolaires doit être

pensée de manière pédagogique.

En premier lieu, les journées doivent être limitées à 6h de cours. La pause méridienne doit durer au

moins une heure et demie, pour permettre une réelle coupure dans la journée des lycéens. D'autre part, il

est important de permettre à chaque lycéen de prendre part à la vie du lycée.

C'est pourquoi nous voulons que le lycée soit ouvert après les cours, et qu’entre 16h30 et 18h30, les

lycéens puissent s'impliquer dans des clubs et associations, qu'ils puissent développer s’investir

dans la vie et la démocratie lycéenne, et que ceux qui en ont besoin puissent bénéficier d'un Servi-

ce d’Aide Scolaire, dispensé par les professeurs de l'établissement.

Il est donc indispensable de distinguer temps en cours et temps au lycée, afin de faire du lycée un lieu de

vie en plus d’être un lieu d’apprentissage.

Sur l’organisation de la semaine, les lycéens sont favorables à ce qu’elle commence le lundi pour se

terminer le vendredi, permettant un réel week-end et une reprise efficace le lundi. Enfin, les lycéens

seraient vigoureusement opposés à une diminution du temps de vacances. Une simple reconquête du

mois de juin est suffisante pour permettre de limiter les journées à six heures de cours.

ORGANISATION DE LA SEMAINE AU LYCEE – PROPOSITION DE l’UNL

CM : cours magistral - TD : travaux dirrigés – AS : aide scolaire

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VI. Remise en place et amélioration de la carte scolaire

Pour lutter contre les inégalités sociales grandissantes et le schéma d’une école à deux vitesses

qui se développe de jour en jour, il est indispensable de remettre en place la sectorisation scolaire. La

précédente montrait ses limites, reproduisant parfois les inégalités territoriales dans les collèges. Mais sa

suppression est le pire des scénarios envisageables, car les établissements sélectionnent désormais en

fonction du niveau et non plus de la provenance des élèves, exacerbant le phénomène de reproduction

sociale.

La carte scolaire doit donc être rétablie, tout en traçant de nouveaux bassins de formation, afin de

permettre un maximum de mixité sociale dans les lycées.

De plus, les difficultés que rencontre l’école publique provoquent une augmentation du nombre d’ins-

crits dans les écoles privées. Ces établissements, à 98% confessionnels, détournent les principes de l’é-

cole républicaine. Ils n’assurent pas le principe de laïcité, et ne sont accessibles que par les classes socia-

les les plus favorisées.

Les lycéens demandent donc à ce que le prochain gouvernement mette tout les moyens en œuvre

pour faire passer les établissements privés sous le statut d’écoles publiques.

V. Reconstruire une formation pratique des enseignants

Il est indispensable que les professeurs bénéficient d’une réelle formation pédagogique, avant

de commencer leur métier, mais aussi tout le long de leur carrière. Enseigner est un métier qui s’ap-

prend, il ne suffit pas d’être un spécialiste d’une discipline pour la transmettre aux élèves, il faut prin-

cipalement savoir comment enseigner, et ce de manière pédagogique.

Il n’est plus tolérable de voir de jeunes professeurs se retrouvent devant des classes, souvent les plus

en difficultés, sans avoir reçu aucune formation pratique. S’il s’agit d’une souffrance réelle pour ces

enseignants, c’est une dégradation supplémentaire des conditions d’études qui est imposée aux ly-

céens.

Ainsi, la formation des enseignants doit être rénovée. Ceux-ci doivent pouvoir à nouveau bénéficier

d’un stage d’un an devant une classe avant d’être titularisés. De plus, cette formation doit permet-

tre aux professeurs de maîtriser diverses formes d’enseignements, afin qu’ils ne se sentent pas

obligés de ne tenir que des cours magistraux.

Enfin, la formation à l’usage des nouvelles technologies semble importante, car si les lycées en

sont de plus en plus équipés, nombreux sont les enseignants qui ne savent pas s’en servir.

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VIII. Instaurer des Pass’ pour permettre un meilleur accès à la santé, aux

transports et à la culture

Le lycée est la dernière étape avant l’âge adulte. Il est le cadre idéal pour l’émancipation et l’accès à

l’autonomie des élèves. Il est nécessaire de mettre en place les moyens de cette émancipation.

L’accès à la culture est dans ce sens nécessaire. Plus loin que le simple apprentissage scolaire, tous les lycéens

devraient pouvoir en bénéficier. Il est donc nécessaire de créer un pass’ culture, permettant un accès gra-

tuit ou à très bas coût aux espaces et supports culturels (cinéma, livres, musées, expositions, spectacles,

CD…)

Le coût des transports entre le domicile et l’établissement des élèves est très lourd pour les familles, plus parti-

culièrement pour celles des zones rurales. Certains lycéens vivent isolés des villes. Ils doivent payer le prix

fort pour pouvoir rejoindre les agglomérations pour leurs loisirs, leur émancipation culturelle ou même pour

une visite médicale. L’Etat doit prendre en charge les frais de transports des lycéens, avec la mise en pla-

ce nationale de pass’ transports régionalisés, afin d’accéder gratuitement aux transports scolaires et lo-

caux.

De nombreuses familles renoncent à certains soins pour des raisons financières. Pourtant, le bien-être des élè-

ves est indispensable. De plus, l’accès à la contraception est souvent limité par manque d’information, de res-

sources, et parce qu’il nécessite un accord parental.

Pour que les lycéens puissent avoir accès aux consultations médicales et à la contraception gratuitement

et anonymement, il est nécessaire d’instaurer la mise en place d’un pass’ santé, proposé par l’Etat à

tous les lycéens.

VII. Augmenter le montant et la quantité des aides sociales pour attein-

dre une réelle gratuité du service public d'éducation

Il est primordial que l'école puisse jouer son rôle d'ascenseur social. Elle doit permettre à tous, quelque

soit son origine sociale, d'accéder aux études souhaitées et au métier voulu. Quelque que soit le capital éco-

nomique de sa famille, chaque élève devrait pouvoir accéder à une éducation de qualité, permettant d’aspirer

aux études supérieures, et à l’avenir, de son choix.

Le coût global de la scolarité reste aujourd’hui bien trop élevé. Entre les fournitures scolaires, le coût des

transports, de la cantine etc. La rentrée d’un élève s’élève parfois jusqu’à 900 €. Certains élèves doivent se

passer d’une partie de leur matériel scolaire, faute de ressources familiales. Paradoxalement, le système de

bourse dans le secondaire reste assez pauvre.

Il paraît donc indispensable d’augmenter le montant des bourses, et d’en faire bénéficier tous ceux qui

en ont besoin, en augmentant leur quantité. De même, le coût global de la scolarité doit être pris en

charge par l’Etat et les collectivités, finançant ainsi les manuels scolaires et les autres supports pédagogi-

ques, les trousseaux professionnels…

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LIVRE BLANC DES LYCEENS : PROJET ET PROPOSITIONS POUR 2012

X. Démocratie lycéenne et droit syndical pour les lycéens

La démocratie lycéenne est un élément indispensable du lycée d’aujourd’hui, mais insuffisante pour

répondre à l’ensemble des attentes des lycéens. Dans un contexte extrêmement difficile pour l’Education Na-

tionale, les lycéens veulent pouvoir s’exprimer sur l’ensemble des décisions éducatives. Les instances de la

démocratie lycéennes doivent ainsi devenir décisionnelles.

En parallèle, les lycéens ont besoin d’être défendus. De manière générale, lorsque leur droits sont attaqués. De

manière individuelle, lorsque ceux-ci ne sont pas respectés. Les syndicats lycéens existent depuis 26 ans, mais

ceux-ci ne sont toujours pas reconnus en tant que tel dans la loi.

C'est pourquoi nous demandons une reconnaissance légale du droit syndical pour les lycéens. De même,

pour une démocratie lycéenne plus participative, nous demandons l'instauration du suffrage universel direct

et à scrutin par listes pour les élections au CSE, plus haute instance où siègent des lycéens. Nous deman-

dons également l'augmentation du nombre de représentant lycéens de 3 à 10 dans ce conseil, pour mieux

représenter les 3 millions d’usagers quotidiens du service public d'éducation que nous somme.

IX. Pour être reconnus et participer au débat public, abaissons le droit de vote

à 16 ans

Le manque de considération de la part de l'ensemble de la société vis-à-vis des lycéens ne fait qu’en-

durcir nos conditions de vie. L’argument gouvernemental de « l’immaturité » des lycéens a renforcé ses a

priori.

Si certains politiques semblent parfois mépriser les lycéens, c’est peut-être aussi parce que ces derniers n’ont

pas le droit de vote. L’abaissement de l’âge du droit de vote à 16 ans évolue à travers le monde. Il a été ap-

pliqué en Autriche et dans certains länder Allemands, et a fait l’objet d’une préconisation du Conseil de

l’Europe. Pour les lycéens, il s’agirait d’une réelle reconnaissance, et ceux-ci pourraient avoir un autre

moyen d’expression que la simple mobilisation.

C'est pourquoi il est indispensable que le prochain gouvernement abaisse l'âge du droit de vote à 16 ans

pour que les lycéens aient la possibilité d'exprimer leur avis dans les urnes et qu’ils soient intégrés au débat

public.

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LIVRE BLANC DES LYCEENS : PROJET ET PROPOSITIONS POUR 2012

Conclusion

Les lycéens ont trop longtemps souffert des politiques régressives menées à leur égard.

Le manque de considération qui leur a été attribué n’a rien arrangé.

Cette situation ne peut plus durer. En mai prochain, un nouveau quinquennat débutera. Vous

venez de prendre connaissance des exigences des lycéens pour ces cinq prochaines années.

L’UNL tâchera de mener à bien ces propositions. C’est pour cette raison que nous souhaitons,

en amont de l’élection présidentielle avec l’ensemble des candidats, et au lendemain avec la

majorité élue, pourvoir en discuter.

Nous espérons que vous comprendrez pleinement l’enjeu que constitue l’investissement pour

cette génération de lycéens, actifs et citoyens de demain.

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LIVRE BLANC DES LYCEENS : PROJET ET PROPOSITIONS POUR 2012

Propositions

2012 : les 10 propositions des lycéens

I. Atteindre des classes à 25 élèves Embaucher massivement des professeurs et du personnel, pour atteindre un maximum de 25 élèves dans les classes des filières générales, et de 15 élèves en voies professionnelle et technologique.

II. Faire une véritable réforme du lycée Repenser le lycée de manière pédagogique, en développant les formes d’enseignement diversifiées (TD, TPE…), et en évaluant les élèves tant sur leurs connaissances que sur leurs compétences.

III. Changer le baccalauréat pour le rendre plus juste. Planifier différemment les épreuves du baccalauréat, en créant des partielles en milieu de première et de terminale, afin d’abolir l’injustice d’une épreuve qui en cinq jour sanctionne quinze ans de scolarité.

IV. Etablir une réforme des rythmes scolaires Limiter les journées à 6H de cours maximum, avec une pause méridienne de 1h30, sans diminuer la du-rée des vacances. Et permettre de faire du lycée un lieu de vie en plus d’être un lieu d’apprentissage.

V. Reconstruire une formation pratique des enseignants Permettre à chaque futur enseignant de bénéficier d’une formation pratique, en effectuant un stage d’un an dans une classe avant d’être titularisé.

VI. Remettre en place la carte scolaire Garantir aux lycéens une réelle mixité sociale, mettant fin à un lycée qui fonctionne à deux vitesses, et abolissant la stigmatisation des plus défavorisés.

VII. Améliorer le système d’aides sociales Augmenter le montant et la quantité des bourses d’étude et des bourses de rentrée afin de permettre à tous les élèves de payer les frais liés à leur scolarité.

VIII. Mettre en place des Pass’ transport, santé et culture Permettre à chaque élève d’accéder gratuitement ou à coût réduit à la santé, à la contraception, aux transports et à la culture, services indispensables pour l’accès à l’autonomie.

IX. Abaisser l’âge du droit de vote à 16 ans Donner le droit de vote aux jeunes dès leurs 16 ans afin de les inclure véritablement dans le débat public, de leur permettre de choisir leurs représentants et d’être mieux entendus.

X. Reconnaître aux lycéens le droit syndical Permettre la reconnaissance légale du droit syndical pour les lycéens, afin de permettre une meilleure défense collective et individuelle de leurs droits.

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Page 16: Livre Blanc de l'UNL 2012

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