Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

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Le livre blanc du projet "3001, l'Odyssée de l'info". A l'occasion du numéro 3001 de L'Express, le journal revient sur ses positions et engagements des 50 dernières années. Sur le web, LEXPRESS.fr prend du recul et se mêle à un débat de société qui déchaîne la blogosphère : le nouveau journalisme, participatif, collaboratif, citoyen. Nous avons donc invité des blogueurs aux centres d'intérêts variés à vivre une semaine le métier de journaliste dans une rédac multimédia et à alimenter le site.

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Quelques mots d’introduction

C'est une belle histoire.

Comme toute belle histoire, elle est née, dans un bureau surchauffée d’Ogilvy, d'une bonne

idée, somme toute simplette exposée comme ça: mélanger des blogueurs et des journalistes,

secouer un bon coup et observer.

La bonne idée a été plutôt pas mal menée. Je veux dire que chacun a joué le jeu, sans arrière

pensée et sans hypocrisie, qu'on s'est bien amusé, qu'on ne s'est pas économisé, ni les uns ni les

autres, et que le résultat, le "précipité", est tout ce qu'il y a d'honorable.

Mieux, la belle histoire laisse de jolis souvenirs, chez la plupart d'entre nous en tous cas - les

autres étaient absents. De nombreux contacts aussi, qu'on retrouve au resto ou au fil des

tweets, sur les blogs, Facebook, aux terrasses de café, dans nos boîtes mail, dans les salons

comme aux projections de presse, où les blogueurs sont dorénavant invités, comme nous...

Mais le plus surprenant, ce que je n'ai pas vu venir et que je réalise, pour être franc, en rédigeant

ce billet, c’est une contagion douce, une altération progressive mais implacable, notre

transformation spontanée en ce mutant que les gourous du néo-journalisme - et les blogueurs? -

nous prédisent depuis des lustres, voire appellent de leurs voeux: le Tintin du XXIe siècle est

descendu de sa tour d'Ivoire, se sert des nouveaux outils de communication pour...

communiquer, va vite, accepte la contradiction mais aussi les bonnes volontés et les renforts,

même virtuels, n'est pas infaillible et peut le dire, se remet en question toutes les demi-

secondes, est plus transparent et plus ouvert...

Jusque-là, jusqu'à cette drôle d'expérience qui nous a finalement plus changés que nous ne

l'aurions cru, nous SAVIONS qu'une partie de notre avenir passait par Internet en général et la

blogosphère en particulier. Maintenant, nous le SENTONS, le vivons, respirons un air qui n'est

plus tout à fait le même - sans être tout à fait différent: le journalisme est un métier, il a ses

règles, son éthique, son histoire, ses méthodes, son insatiable curiosité, dont j'ose croire en

passant que les blogueurs, désormais, nous savent gré.

Pour être honnête, cette évolution, elle n'a pas commencé le 31 décembre 2008. Tout aussi

honnêtement, elle s'est considérablement accélérée depuis.

Et vous, blogueurs, avez-vous changé?

Eric Mettout

Rédacteur en chef de LEXPRESS.FR

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Tout est parti d'une idée aussi simple qu'extrême : prendre à revers le face à face journalistes vs

blogueurs, aussi vieux que le web social, et enfin initier une vraie collaboration. Un

principe simple tant la complémentarité imbriquée entre les deux populations semble

évidente. Un exercice de style extrême tant il pouvait se transformer en une guerre d'égos aussi

explosive que stérile.

Pour prolonger début 2009 son numéro 3000 sur le web, l'équipe de LEXPRESS.fr a tout de suite

fait plus qu'approuver le projet : elle l'a immédiatement intégré, enrichi, bousculé, animé pour

en dessiner des règles du jeu inédites. Son rédacteur en chef Eric Mettout s'est engagé

personnellement dans le maintien d'un fragile équilibre : la liberté laissée à des blogueurs -

revendiquant souvent une absence de contrainte source de valeur- associée à l'exigence de

qualité -qui impose un angle percutant, un ton engagé, un point de vue inédit et un supplément

de fraicheur. La rédaction s'est ouverte pour guider ou observer des invités plus ou moins en

demande et a littéralement donné de son temps, assurant avec le même bénévolat que les

internautes actifs l'accompagnement en plus de leur production quotidienne habituelle.

Au final, une quarantaine de blogueurs auront enchaîné une réunion de présentation, un point

intermédiaire pour répartition des sujets froids et la participation aux conférences de

rédaction de la deuxième semaine de janvierpour le traitement des sujets chauds. Choisis pour

leur capacité à poser un regard pertinent sur le monde qui les entoure, ils auront marqué leurs

différences sur à peu près tous les autres points : les centres d'intérêt, la localisation (jusqu'au

Liban), le style de production, les convictions et engagements...

Dès le départ, en ligne de mire figurait la réalisation d'un livre blanc. Pour laisser une trace au-

delà des papiers publiés sur le web, tirer de réels enseignements de l'expérience et en dessiner

une potentielle suite. Ce document vise à vérifier cette supposée filiation entre les journalistes

et les blogueurs, s'assurer de la possibilité d'une coexistence pacifiée et constructive, se

demander qui a le plus appris de l'autre en espérant l'opportunité d'enrichissements mutuels.

En tant qu'agence, l'exercice a consisté principalement à s'effacer pour observer les coulisses

sans interférer. Laisser la nature faire son oeuvre en dépit des envies de participer, motiver,

faciliter et en bref, faire notre métier. Certes, nous avons recueilli les avis et relayé à chaud sur

le blog des coulisses. Mais l'exigence de communiquant reposait peut-être principalement sur

la réalisation de ce livre blanc. Comme la preuve d'une démarche voulue à contre-courant, au

moment où le marketing opéré sur les media sociaux souffre trop souvent de manque de

consistance, de volatilité et de recherche du buzz éphémère. Un projet qui maintient le lien et

projette ses participant dans de futures expériences que nous serons heureux de partager.

Eric Maillard

Directeur Général d'Ogilvy Public Relations

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1/ Heureux, qui comme Ulysse... Pour son numéro 3001, L’Express est revenu sur

son histoire à travers une long retour en

arrière, de ses fondateurs à aujourd’hui. Une

histoire qui se poursuit sur Internet et

s’enrichit déjà de l’apport de ceux qui

s'expriment en ligne sur son site, notamment

dans ce qu'on nomme les "médias sociaux".

LEXPRESS.fr a donc profité de l’occasion pour

demander à une quarantaine de blogueurs de

tous horizons de participer à la fabrication de

son numéro anniversaire en ligne, son "3001,

l'Odyssée de l'info".

Ce projet se voulait un véritable laboratoire :

− Durant tout le mois de décembre 2008, à travers des sujets "froids", des dossiers de fond.

− Les 7, 8 et 9 janvier 2009, en « embarquant »

des blogueurs au sein de la rédaction

multimédia, afin de s'emparer de sujets

"chauds", pour apprendre à « bâtonner »

des dépêches mais surtout pour couvrir

l’actualité.

NB : il était bien précisé aux blogueurs qu’ils ne

devaient pas jouer aux journalistes, mais bien

traiter à leur manière l'information, garder, en

particulier, leur liberté de ton. Un blog dédié permettait de suivre les avancées du projet.

Eric Mettout, en commentaire sur le

blog dédié :

Ceci est une expérience très librement

acceptée par ceux qui ont choisi de la jouer,

dont les conditions (de rémunération

notamment) sont limpides dès le départ,

dont L’Express, en terme de quantité de

production, pourrait tout à fait se passer, qui

nous excite tous, blogueurs et journalistes,

pour ce qu’elle porte de promesses et

d’enseignements sur ce que seront nos

« métiers » demain, dont nous devrions donc

sortir plus riches - intellectuellement

j’entends ;o) Ce que je veux dire, c’est que

notre objectif n’est en aucun cas de nous

faire du pognon sur le dos de blogueurs

exploités mais d’étudier avec eux ce que,

d’un projet comme celui-là, de ce choc des

cultures, nous pouvons mutuellement retirer.

J’aime pas ce terme, mais ça s’applique pour

le coup assez bien : gagnant-gagnant. Et

même gagnant-gagnant-gagnant :

journalistes, blogueurs et blogobulga.

L'Odyssée de l'info, une blogosphère des blogosphères ?

Entre L. aime le cinéma, Buzzmygeek, James Bort, Authueuil, quel point commun ? Ajoutez-y un

rédacteur en chef d’un média en ligne, Eric Mettout, qui lui-même blogue sur Nouvelle Formule,

un ancien Ministre, Alain Lambert, un fin analyste du mot en politique, Grégory. Et bien sûr

toute la rédaction en ligne, qui elle-même se met à bloguer, comme Anne-Laure Phâm.

Mélangez, et vous obtenez ? Je cite Eric Mettout “Je n’ai pas de réponse. Ou plutôt, j’ai autant de

réponses qu’il y a de blogueurs “. Plus de 40 réponses différentes ?

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Comme de toute expérience, naissent malgré des débuts de réponses, quelques pistes à suivre.

Pour découvrir où, de cette "grande bulle mystérieuse" (la formule est de Marina El Khoury),

naissent les synergies, dans quelle mesure les différents contenus peuvent être

complémentaires. Et tenter de déjouer les pièges, qui pourraient rendent l'exercice périlleux,

voire contre-productif. Avec toujours en ligne de mire le lecteur, car au fond tout l'enjeu est le

contrat de lecture ce "contrat implicite que passerait un titre de presse avec son lectorat à

propos de son contenu et de son ton. Il définit ce que l'éditeur s'impose quant au fond de la

même façon que sa charte graphique l'engage quant à la forme. Le respect de ce contrat au fil

du temps peut encourager l'abonnement au titre des lecteurs satisfaits par les premiers

exemplaires qu'il achète ou consulte : il s'agit d'un outil de fidélisation" (source : Wikipédia)

Nous vous livrons ci-après quelques enseignements, synthèse des contributions de blogueurs,

de journalistes de LEXPRESS.fr, mais aussi d'observateurs extérieurs, qui n'ont pas hésité à

donner leur avis sur leurs espaces personnels ou à participer au débat sur les espaces dédiés.

2/ L'Odyssée de l'info vécue de l'intérieur Première surprise. Alors qu'on pouvait craindre (à tort !) un affrontement binaire entre

journalistes et blogueurs, c'est la question des positions respectives du blogging et du

journalisme qui a fait débat. Camille commente à juste titre : "Là où l'on veut poser une

barrière, on se rend compte finalement qu'il n'y a que des méthodes et des enjeux différents".

De fait, cette impression a pu conduire certains participants à prendre des postures, à

s’interroger sur leur identité, notamment pour ceux qui ont été à travailler à l’intérieur de la

rédaction. Ainsi de Buzzmygeek : " Difficile de ne pas s'arrêter sur un facteur simple : être dans

les bureaux de L’Express, mine de rien, ça fait quelque chose, donc quand en plus on est d'un

naturel timide, comme moi, il faut parfois lutter contre le sentiment qu’on n’est pas à sa place.

Complexe idiot du blogger, va savoir ?" Mais le bon côté de la rédaction, c’est aussi une bonne

dose d’adrénaline, à laquelle les blogueurs ne sont pas forcément habitués : Damien Douani

reconnaît ainsi que « ressentir l'excitation, la rapidité de prise de décision après la conf de la

rédac papier, foncer dans les couloirs, un plaisir :) ».

A tel point qu’il aurait voulu pousser la logique beaucoup plus loin : « Une des frustrations

(logique) de l'exercice, vouloir faire rentrer un rond dans un carré. Eric Mettout a choisi de faire

rentrer les blogueurs dans la ligne de L'Express tout en nous demandant de rester nous-mêmes.

Soit. Et si on avait poussé l'expérience en faisant en sorte que les blogueurs aient le droit de

secouer la ligne édito de L'Express ? Ici ca n'a pas été le cas. (…) Alors que justement j'attendais

que l'on électrise toute leur ligne éditoriale, qu'on révolutionne le temps d'un numéro L’Express

et son actu. C'est le cran d'après. »

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Il y a des choses que les journalistes savent faire et qui présentent quelques difficultés pour les

blogueurs (c’est tout de même un métier qui demande certaines maîtrises techniques qui ne

s’acquièrent pas en une heure), mais les blogueurs maîtrisent eux-aussi des techniques, propres

à internet, mieux que les journalistes (qui ont parfois du mal à s’y mettre).

Il y a des différences de ton, de style, de centres d’intérêt, de manière d’aborder les sujets, qui

marquent des territoires spécifiques du journaliste et du blogueur. (…)Mais ces différences, qui

relèvent essentiellement de la forme, ou du positionnement personnel vis à vis de son propos,

n’ont rien d’insurmontable. Cette expérience manifeste qu’il n’existe pas une frontière entre le

journalisme et le blogging, mais une transition très progressive, et ceux qui se trouvent « au

milieu » de ce continuum appartiennent aux deux côtés.

Cette frontière à géométrie variable a de fait

rendu plus compliqué le management de cette

équipe éclectique. Eric Mettout nous confie

que l'Odyssée a représenté "énormément de

travail. Une ambiance, de travail, très bonne, de

vrais échanges. Et autant de réponses possibles

à cette question que de blogueurs ! Tous ne

sont pas impliqués de la même manière, leurs

expertises étaient très différentes, la qualité de

leur travail aussi. C'est la vraie leçon, encore

une fois: il existe un profil type, même

sommaire, du journaliste, il est impossible d'en

dessiner un pour les blogueurs." Comme

l’explique Grégory, l’un des enjeux était de

« cadrer ». "J'ai été aussi un peu étonné par le

bazar que l'on a pu mettre dans la rédaction. Le

stress que l'on a généré s'est agrégé au stress

déjà important qui règne dans une rédaction

web victime de l'immédiateté de l'information"

L'autre enseignement, côté coulisses,

l'importance de la relation entre les différentes

parties prenantes. Lucile insiste sur les

"questions de confort et de socialisation".

Blogueurs et journalistes mettent l'accent sur

l’une des clés de l’aventure : la gestion des égos, l’échange, la découverte de l’autre. Et, chez les

journalistes, le rôle de « tuteur ». Pour Emilie Cailleau, "il s'était établi une sorte de tutorat dans

Narvic :

Il y a des choses que les journalistes savent

faire et qui présentent quelques difficultés

pour les blogueurs (c’est tout de même un

métier qui demande certaines maîtrises

techniques qui ne s’acquièrent pas en une

heure), mais les blogueurs maîtrisent eux-

aussi des techniques, propres à internet,

mieux que les journalistes (qui ont parfois du

mal à s’y mettre).

Il y a des différences de ton, de style, de

centres d’intérêt, de manière d’aborder les

sujets, qui marquent des territoires

spécifiques du journaliste et du blogueur.

(…)Mais ces différences, qui relèvent

essentiellement de la forme, ou du

positionnement personnel vis à vis de son

propos, n’ont rien d’insurmontable. Cette

expérience manifeste qu’il n’existe pas une

frontière entre le journalisme et le blogging,

mais une transition très progressive, et ceux

qui se trouvent « au milieu » de ce continuum

appartiennent aux deux côtés.

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le sens où ils nous demandaient notre avis, des conseils. La relecture ne m'a pas posé de

problème même s'il était difficile de faire fi des techniques journalistiques". Du fait du mode de

fonctionnement instauré entre blogueurs et journalistes (les blogueurs écrivent, les

journalistes valident, commentent, donnent leur point de vue), ces derniers se retrouvaient

parfois à devoir « garantir » la qualité des articles. Pour Anne-Laure Phâm, "les 3 blogueuses

avec qui j'ai travaillé sont très sympas. Elles ont fait preuve de curiosité, d'ouverture. J'ai eu très

peu de remarques à leur faire à la relecture, puisqu'elles m'avaient rendu des papiers quasi-

impeccables". Le blogueur Malek reconnaît de son côté la souplesse de la rédaction de

LEXPRESS.fr, avec qui les relations « se sont limités à quelques emails échangés et un ou deux

coups de fils très cordiaux par ailleurs et suffisants pour dire que j'ai apprécié l'ouverture de la

rédaction. En effet, le sujet que j'ai traité n'était pas celui qu'on avait convenu au départ et je

n'ai pas eu la moindre réticence de la part de Marie ni d'Eric. »

Les blogueurs aimeraient désormais étendre

l’expérience à la version papier de L'Express –

aussi parce que le fonctionnement de la

rédaction en ligne a pu surprendre les

blogueurs (les journalistes de LEXPRESS.fr sont-

ils des "super-blogueurs" ?), comme la « nature »

de ses membres. Stéphanie précise : "Ce qui m'a

le plus surprise est très anecdotique mais bon,

je vais assumer : la différence d'âge entre les

journalistes du print qui étaient à la

conférence de presse et ceux du net."

Narvic :

Certains blogueurs ont fait du « pur

blogging », j’entends par là qu’ils ont fait

comme habituellement sur leur blog, en

proposant des billets (ou des vidéos) qui ne

relèvent pas du « genre journalistique », mais

d’autre chose, et c’est assez amusant de voir

ça au beau milieu des articles des

journalistes de lexpress.fr. Un vrai choc de

culture.

3/ Blogueurs et journalistes : deux visions au service d’une

même information

Les journalistes et les blogueurs ont un point commun : l’information, leur matière première et

leur produit fini. Mais leurs « processus de production » respectifs reposent sur des pratiques et

des approches différentes. Mais pas opposées. C’est ce que révèle le projet 3001, L’Odyssée de

l’Info. Pour y voir plus clair, les analyses des journalistes et blogueurs participants mais aussi

d’observateurs extérieurs.

A chacun son rôle, à chacun son contrat de lecture

Côté journalistes comme côté blogueurs, le constat est le même : à chacun sa sphère

d’intervention spécifique, qui n’empiète pas (nécessairement) sur celle de l’autre. Autrement

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dit, le blogging et le journalisme sont des exercices particuliers, où chacun a ses méthodes, ses

atouts et surtout ses contraintes.

D’abord, le rapport au lecteur n’est pas le même. Le journaliste a une responsabilité, très

formelle, vis-à-vis de son public. En outre, il porte la parole de sa marque, ce qui l’oblige à la

rigueur : l’information doit être vérifiée, le commentaire séparé des faits, etc. Comme le résume

Fabien Cazenave, « je continue à penser que la différence entre le journaliste et le blogueur est

que ce dernier est là pour commenter l'information. (…) Le journaliste prend plus de temps (pour

ne pas en perdre) que le blogueur pour ses papiers , dans le sens où il a une responsabilité que

n'a pas ce dernier. »

Le blogueur, lui, se confond avec son média. Il écrit en son nom propre. C’est justement cette

« signature » et ce regard d’un individu en particulier que vient chercher son lecteur. Du coup,

on attend du blogueur qu’il traite l’information de manière subjective, qu’il la décrypte avec ses

yeux. Ce qui fait dire à Grégory Bozonnet « que le journalisme français se cache trop souvent

derrière son objectif de neutralité. L'avantage du blogueur de ce point de vue là est double : il

peut parler à la première personne et son avis n'engage que lui et ne risque pas de mettre en

danger une institution. (…) »

Journalistes et blogueurs ont chacun leurs techniques : l’enquête rigoureuse pour l’un, le

commentaire plus personnel pour l’autre. Christophe Asselin confie que « pour le côté

investigation terrain, le journaliste garde l'avantage, compte tenu de son métier et de ses

réflexes (contact, réseau). » Chandleyr va plus loin et file la métaphore : « Si l'on veut faire une

analogie cinématographique, le journaliste est l'équivalent d'un policier tenu par le règlement

tandis que le blogger est plus un privé qui n'hésite pas à fouiner la où l'autre ne peut pas aller

pour avoir son info ».

A noter que la majorité des réflexions sur le rapport des blogueurs et des journalistes au lecteur

sont venues des blogueurs.

Quoi qu’il en soit, l’Odyssée de l’info démontre que, loin d’être opposées frontalement, les deux

approches sont complémentaires. Chandleyr ne dit pas autre chose : « Personnellement je reste

certains que chacun a autant à apprendre de l'autre et qu'une collaboration sur le long terme

pourrait s'avérer bénéfiques pour les deux parties. » Dans quelles conditions ?

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Un vent nouveau sur l’info

Que peuvent s’apporter mutuellement

journalistes et blogueurs ? D’abord, les

blogueurs insufflent de la nouveauté ou,

comme le dit Eric Lecluyse, « de la fraîcheur,

des nouvelles têtes, du style différent ». Forts

de leur relation privilégiée avec leur lectorat, et

de leur connaissance de ce même lectorat, ils

bousculent les habitudes des journalistes et

appliquent une grille de lecture de l’actualité

radicalement différente. A l’inverse des

journalistes, les blogueurs ne vivent pas de

l’information : ils profitent d’une liberté quasi

absolue pour choisir les sujets à relayer, mais

aussi le ton, le format (court ou long) et le

support utilisé (vidéo, texte, photo, dessin

satirique, etc…) Anne-Laure Pham apprécie que

les blogueurs aient « une liberté de ton que

l'on ne pense pas toujours à adopter et surtout,

une proximité avec leurs lecteurs que les

journalistes ne peuvent pas toujours avoir. »

Samuel Authueil confirme : « Le blogueur écrit

ce qu'il veut, quand il le veut, sans obligation

tant sur le fait de produire que sur ce qu'il doit

produire. » De leur côté, les journalistes ont recours à des techniques rôdées, identifiées et

partagées, qui régentent leur métier et lui confèrent sa crédibilité – ce qui peut conduire à

limiter leur liberté d’action ou leur créativité. Les blogueurs en ont bien conscience, à l’image de

Damien Douani à qui l’Odyssée de l’info a « montré pourquoi il peut-être difficile d'être

journaliste : on n'a pas la même liberté d'écriture qu'un blogueur ! Est-ce pour cela qu'ils

grincent des dents en nous voyant ? Dur de s'entendre dire "c'est pas dans la cible" quand on est

habitué à écrire comme on veut... »

3001, vu par… Narvic

Les journalistes maîtrisent des techniques

d’expression qui leur permettent d’être

compris par le plus grand nombre, ce qui

pose souvent des problèmes aux blogueurs :

(…) beaucoup d’expression « de spécialistes »

qui ne sont pas expliquées et qui échappent

au profane, des pratiques qui « ne passent

pas » dans les médias, comme de glisser dans

son article des citations en anglais sans les

traduire, une expression qui table souvent

sur le fait que l’on « va être compris », alors

qu’il vaudrait mieux tout tenter pour l’être et

ne pas imposer trop d’efforts aux lecteurs...)

Dans d’autres billets, on sent des tentatives

maladroites de « faire comme » les

journalistes et qui tombent à plat, surtout

quand des blogueurs tentent de sortir de leur

domaine de prédilection pour s’essayer à des

sujets qu’ils maîtrisent moins.

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C’est l’avis de Vanessa, blogueuse sur

Jenemeplainspasjeconstate. Pour elle, « les

journalistes, malgré eux, sont formatés dans

leur façon de recevoir et traiter l'information

car c'est ce qu'ils font tous les jours, ils doivent

être rapides, efficaces. Les blogueurs ont peut-

être pu apporter un regard différent sur

certains sujets, un regard qui n'est pas

journalistique mais plutôt de l'ordre du

ressenti. » Pour les journalistes, comme Emilie

Cailleau, c’est d’abord une question de temps,

qui manque pour imaginer de nouveaux

traitements de l’information.

L’irruption de blogueurs dans une rédaction a

cette vertu : elle incite les journalistes à

prendre du recul sur leur activité et leurs méthodes et à les enrichir. Voire à « ne plus laisser la

subjectivité dans les colonnes des éditoriaux mais à la faire entrer dans chaque information.

C'est à mon avis ce que le blogueur peut apporter au journaliste », estime le blogueur Grégory

Bozonnet. Et pour les blogueurs ? Ils profitent du professionnalisme des journalistes pour

« muscler » leurs réflexes de recherche et de rédaction et pour, in fine, rendre leur blog plus

solides.

3001, vu par… L’Atelier des Médias

[Une des] conséquences de l évolution [de la

construction de l’info] est la

responsabilisation du lecteur. Il peut

désormais influer sur le traitement de

l’information grâce aux échanges avec le

producteur mais se doit également d’avoir un

certain recul face à l’information qu’il

consomme et notamment sur les blogs qu’il

ne connaît pas. Il doit donc opérer une

vérification des sources, bref faire une part

de travail journalistique.

Soulignons que les journalistes attribuent

volontiers aux blogueurs cette qualité, tandis

que ces derniers ont parfaitement conscience

du rôle « d’agitateur » qui leur a été affecté

pendant l’Odyssée de l’info.

3001, vu par… Narvic

Les blogueurs savent aussi manier le « je », ce

qui établit une relation singulière entre le

rédacteur et le lecteur, ce qui donne un ton à

leurs billets, une forme de naturel dans

l’écriture, qui accroît finalement leur

efficacité. Les journalistes au contraire

s’efforcent de chasser le « je » de leurs

papiers, ce qui conduit à une forme de style

impersonnel et aseptisé, et pour tout dire

artificiel. Dans le ton et dans le style, les

blogueurs apportent de la fraîcheur et du

renouvellement, dont les journalistes

feraient bien de s’inspirer.

Spécialistes versus généralistes experts

En plus d’une nouvelle approche de

l’information, les blogueurs et les journalistes

peuvent enrichir mutuellement leur

connaissance des sujets de fond. Les

journalistes apparaissent en effet comme des

généralistes experts, susceptibles d’élargir le

champ des sujets couverts par les blogueurs,

souvent très spécialisés. Christophe Asselin le

déplore, considérant que « le blogueur a

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réellement de la valeur pour le journaliste quand il est hyperspécialisé (niche technologique,

culturelle) apportant une valeur ajoutée à des journalistes de plus en plus positionnés

(malheureusement) sur des secteurs transverses ». Cette polyvalence peut tourner tourner à

l’avantage du journaliste, qui montre à un blogueur comment se familiariser rapidement avec

un nouveau sujet et, au final, fournir à son propos un contenu fiable. Autrement dit, « les modes

de fonctionnement sont différents. Les blogueurs m'ont semblé plus spécialisés, moins

capables d'écrire sur des sujets qui leur étaient inconnus » (Camille d’Essayage).

A l’inverse, le blogueur peut apporter au

journaliste sa connaissance très précise voire

très technique d’un thème d’actualité.

Chandleyr a été surpris que « certains bloggers

se soient montrés vraiment calé sur leur sujets.

Ils m'ont donné l'impression parfois d'en savoir

autant si ce n'est plus que certains

journalistes. » Ce qui peut donner naissance à

des angles originaux, que peut exploiter le

journaliste.

Comme le résume Samuel Authueil, « les deux

sont complémentaires, car le blogueur est un

spécialiste technique de fond, alors que le journaliste est avant tout un spécialiste de

l'intermédiation, qui doit produire du fond faute de spécialiste sous la main. »

3001, vu par… L’Atelier des Médias

Internet change plein de chose pour les

journalistes : un retour sur son travail, une

construction évolutive du billet grâce à

l’échange et les commentaires avec les

lecteurs.

Les usages de la consommation de l’info sur

Internet poussent à repenser le métier de

journaliste.

4/ Quelles suites donner à l’Odyssée de l’information ?

Transformer l’essai 3001, vu par… Narvic

Ces blogueurs ont parfois le défaut de tous

les experts : la difficulté à vulgariser un sujet

qu’ils maîtrisent, mais pas forcément tous les

lecteurs. Mais la qualité de leur information

et leur analyse sont de premier ordre. Ils

témoignent fort bien de la richesse de ces

blogs d’experts, où l’on trouve souvent un

meilleur traitement des questions complexes

que dans les médias traditionnels, et très

souvent avant eux. Les journalistes

commencent d’ailleurs à y puiser largement.

Les enseignements de l’Odyssée sont si riches

qu’il serait regrettable de ne pas poursuivre

une forme de collaboration. « S’il n’y a pas de

suite à 3001 l’odyssée de l’info, on s’est planté,

c’est clair », résume très clairement Eric

Mettout.

La prise de contact entre journalistes et

blogueurs est effective, l’envie de continuer

l’aventure est réelle, reste désormais à

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formaliser les suites, transformer l’expérience en un projet de long terme.

Poursuivre la collaboration pour enrichir les échanges

De nombreux journalistes et blogueurs sont partisans de poursuivre une forme de

collaboration ponctuelle. Les journalistes ont apprécié la spécialisation des blogueurs. Ils se

proposent de les inviter ponctuellement au sein de la rédaction ou sur des plateformes

spécifiques, pour commenter une actualité ou approfondir un sujet en leur qualité d’expert

citoyen. Eric Mettout propose « d’héberger certains blogueurs chez nous pour suivre leur

travail de plus près, en faire des experts sur certains domaines comme cela va être le cas avec

Authueil. Se constituer un pool de blogueurs référents parmi lesquels on pourrait puiser pour

une analyse, un éclairage. ».

Certains blogueurs plébiscitent également une association avec les journalistes sur les thèmes

qui les intéressent : « Je crois que certains des blogueurs qui ont participé à l'Odyssée de l'info

seraient prêts à re-participer ponctuellement, sur les thèmes dans lesquels ils se sentent le plus

à l'aise. Du moins, c'est mon cas. » explique Vanessa Perrony.

Plus radical, Damien Douani propose « un numéro spécial de l'express 3001 entièrement écrit

par les blogueurs : autrement dit un numéro spécial qui mettrait en page les articles produits

pour le net, avec un travail sur l'iconographie, les commentaires qui ont été déposés, voire des

addendums des auteurs... Bref, le passage du numérique au papier avec la mise en forme et tous

les attributs qui vont bien. »

Faire de 3001 son quotidien

D’autres blogueurs revendiquent l’intégration des blogueurs dans les rédactions. Lucile

plébiscite « l'ouverture des rédactions de presse "classiques" à des intervenants blogueurs

toute l'année, et le lancement d'un vrai débat physique journalistes/blogueurs sur le traitement

de l'information. » Et Samuel Autheuil d’ajouter : « Recruter certains blogueurs pour qu'ils

intègrent l'équipe, avec un statut différent des journalistes, suivant une alchimie propre à

chaque rédaction web, préservant la spécificité de chaque participant et de son apport. » Les

blogueurs ne réclament pas un statut de journalistes, mais souhaitent additionner l’esprit de

rédaction des blogueurs et leur spécificité de traitement de l’information aux médias français

sur le Web.

Rendre l’invitation

[Enikao] propose une autre idée originale, quoique logique : reproduire un projet similaire à

l’Odysée, mais en inversant la situation, en invitant les journalistes à venir bloguer. Tout comme

les blogueurs réalisent parfois un travail très proche du journalisme, il est des journalistes qui

sont des blogueurs accomplis. Mais les pratiques de blogging leur sont encore en partie

étrangères, particulièrement à ceux qui viennent du print. Pourquoi ne pas rendre l’invitation

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Page 13: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

de L’Express en laissant carte blanche aux journalistes pour publier leur billet sur les blogs des

participants de 3001 ?

Voici comment il envisage le projet : « Première étape : on pourrait proposer aux journalistes de

l’Express et LEXPRESS.fr(j’aime bien l’idée d’aller chercher les gens du print) de s’essayer au blog

si on les invite à s’exprimer sur nos espaces respectifs. Nom de code : l’Express et les 40

blogueurs. L’obligation : traiter d’un sujet qui les interpelle ou les passionne directement, bien

entendu un sujet en rapport avec le blog sur lequel ils seront hébergés. L’écriture sera à la

première personne, et les blogueurs éditorialiseront le billet (courte intro façon « je me

présente »). »

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Page 14: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

ANNEXES : L’INTEGRALITE DES REACTIONS DES JOURNALISTES DE LEXPRESS.FRET DES BLOGUEURS AYANT PARTICIPE A L’AVENTURE 3001, L’ODYSSEE DE L’INFO

1 / Les journalistes

ERIC LECLUYSE

1 – Que retenez-vous de l’opération 3001 ? (une anecdote, un élément marquant...)

La discussion avec trois blogueurs invités, lors d'un déj: instructif sur nos modes de

fonctionnement réciproques.

2 – Comment l’avez-vous vécue de l’intérieur (la collaboration, la relecture, les discussions

avec les blogueurs, l'immersion...) ?

Des périodes de stress lié aux papiers à relire en plus de nos articles à faire (mais il y avait pire

pour d'autres journalistes), des pincettes à prendre pour faire comprendre à un blogueur que

tel papier ne peut pas passer en l'état (parce que trop indigeste, ou avec des infos non vérifiées),

beaucoup de bonnes surprises (rien de fracassant, mais j'ai pris plaisir à lire de nombreux

articles de blogueurs), quelques mauvaises surprises (je ne sais pas si c'est par peur des

journalistes ou par envie de se placer face à eux, mais quelques (rares) blogueurs ont un sacré

melon, pire que celui des pires journalistes).

3 – Qu’a-t-elle apporté dans le débat sur le traitement de l’info par les blogueurs et les

journalistes ?

De la fraîcheur, des nouvelles têtes, du style différent, en revanche peu d'idées originales sur le

traitement de l'info.

4 – Quel bilan tirez-vous (positif ou négatif) ? Avez-vous été surpris ? Qu'auriez-vous fait

différemment ?

Positif. Surpris, non, malheureusement. Différemment: moins de blogueurs, avec plus de temps

pour les connaître, par rubrique, avant que commence l'opération.

5 – Quelles suites L’Express peut ou doit-il lui donner?

Faire venir de bons blogueurs chez nous, ou donner un espace chez nous aux blogueurs qu'on

aura repérés, continuer à garder le contact avec des blogueurs, développer cette communauté.

Refaire l'opération avec moins de blogueurs mais plus anglée (genre Cannes, les européennes).

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Page 15: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

EMILIE CAILLEAU

1 – Que retenez-vous de l’opération 3001 ? (une anecdote, un élément marquant...)

L'opération 3001 a été une expérience intéressante par sa nouveauté et surtout par le fait de

collaborer avec des blogueurs extrêmement motivés. Le plus enrichissant et agréable était de

pouvoir partager avec chacun d'entre eux lors des conférences de rédaction du matin. Ils

avaient un regard frais sur l'actu et leurs remarques suscitaient le débat au sein de la rédaction.

Le out dans une ambiance bon enfant je trouve!

2 – Comment l’avez-vous vécue de l’intérieur (la collaboration, la relecture, les discussions

avec les blogueurs, l'immersion...) ?

La collaboration avec les blogueurs s'est bien passée. Il s'était établi une sorte de tutorat dans

le sens où ils nous demandaient leur avis, des conseils. La relecture ne m'a pas posé de

problème même s'il était difficile de faire fi des techniques journalistiques.

3 – Qu’a-t-elle apporté dans le débat sur le traitement de l’info par les blogueurs et les

journalistes ?

Que l'info peut être pensée de manière originale si on dispose du temps nécessaire pour la

fouiller.

4 – Quel bilan tirez-vous (positif ou négatif) ? Avez-vous été surpris ? Qu'auriez-vous fait

différemment ?

Au final, un bilan positif. Je pensais être débordée par l'aide à apporter aux blogueurs et en fait

l'opération s'est bien déroulée. L'organisation du temps et la répartition du travail s'est faite

correctement. Bref, un encouragement à renouveller l'expérience.

5 – Quelles suites L’Express peut ou doit-il lui donner ?

Garder le contact avec les blogueurs voire recommencer l'année prochaine. L'interaction

semble être un créneau à exploiter dans les sites web même si on en est encore au

tâtonnement.

ANNE-LAURE PHAM

1 – Que retenez-vous de l’opération 3001 ? (une anecdote, un élément marquant...)

La toute première conférence de rédaction avec les blogueurs, venus en masse. C'était la

première fois que je réalisais combien ils étaient nombreux à y participer. Ils me sont apparus

rudement sérieux, voire intimidés lorsqu'ils présentaient leurs sujets. Je pensais qu'ils seraient

davantage détachés et relax !

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Page 16: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

2 – Comment l’avez-vous vécue de l’intérieur (la collaboration, la relecture, les discussions

avec les blogueurs, l'immersion...) ?

Les 3 blogueuses avec qui j'ai travaillé sont très sympas. Elles ont fait preuve de curiosité,

d'ouverture. J'ai eu très peu de remarques à leur faire à la relecture, puisqu'elles m'avaient

rendu des papiers quasi-impeccables.

3 – Qu’a-t-elle apporté dans le débat sur le traitement de l’info par les blogueurs et les

journalistes ?

De la fraîcheur, indéniablement. Elles ont un liberté de ton que l'on ne pense pas toujours à

adopter et surtout, une proximité avec leurs lectrices que les journalistes ne peuvent pas

toujours avoir.

4 – Quel bilan tirez-vous (positif ou négatif) ? Avez-vous été surpris ? Qu'auriez-vous fait

différemment ?

Positif, forcément. Seul regret, j'aurais voulu avoir davantage de temps à leur consacrer.

5 – Quelles suites L’Express peut ou doit-il lui donner ?

Pour la journée de la femme, le 8 mars dernier, j'ai demandé à Camille d'Essayage de rédiger un

billet d'humeur, en ne lui donnant pour seule contrainte que celle du nombre de signes

maximum. Je vais bientôt déjeuner avec Zorida/Emeline.

THOMAS BRONNEC

Comment avez-vous vécue de l’intérieur l’opération 3001 (la collaboration, la relecture, les

discussions avec les blogueurs, l'immersion...) ?

J’ai travaillé avec deux blogueurs essentiellement : Fred2baro et EniKao. J’ai été vraiment très

satisfait de cette collaboration.

Les discussions avec Fred2baro ont été très fécondes, sur le rôle du journaliste, la façon dont le

métier changeait, la gestion de nos identités numériques... Je pense qu’il était très content de

venir avec nous interviewer les ouvriers de Renault à la sortie de l’usine de Flins, même si nous

n’avons pas pu exploiter ses prises de vues pour le montage final de la vidéo (problème dans la

façon de mener les interviews). Il a ensuite réalisé lui même un reportage au musée du jouet, à

sa façon, sans que j’intervienne car tel était le deal : un traitement journalistique, un traitement

personnalisé.

J’ai parfois été agacé par sa propension à tout filmer et tout raconter en temps réel – twitter,

plurk, etc. mais on en a bien rigolé. Au total un échange très fécond.

L’échange a été moins approfondi avec EniKao qui a écrit un article sur les mots de la crise, mais

j’ai beaucoup apprécié cette idée de sujet et la façon dont il l’a traitée.

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Page 17: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Quel bilan tirez-vous (positif ou négatif) ? Avez-vous été surpris ? Qu'auriez-vous fait

différemment ?

Bilan positif de ma collaboration avec les blogueurs avec qui j’ai travaillé directement, plus

mitigé sur l’ensemble de l’opération. Certains posts comme celui d’MRY étaient à la limite de ce

qu’un site comme L’Express doit publier à mon avis. C’est peut être lui qui m’a le plus déçu car il

venait avec des a priori et des préjugés qu’il a seulement cherché à renforcer, souvent avec

mauvaise foi – voir l’échange doux amer avec Eric Mettout.

J’ai été surpris par la timidité des blogueurs et, globalement, par le fait que leurs idées étaient

souvent proches d’un traitement journalistique traditionnel, ce même traitement qu’on nous

reproche souvent. Il y avait parfois une contradiction à ce niveau là. Ils ont parfois donné le

sentiment de ne pas oser « être blogueur » - à part MRY dans son style particulier.

Personnellement, j’aurais voulu être associé au choix des blogueurs. Je n’aurais pas choisi les

mêmes. La blogosphère économique est remplie de gens très intéressant et leur absence m’a un

peu déçu (Ma femme est une économiste, Rationalité limitée, Ecopublix, et bien d’autres).

Quelles suites L’Express peut ou doit-il lui donner ?

Héberger certains blogueurs chez nous pour suivre leur travail de plus près, en faire des experts

sur certains domaines comme cela va être le cas avec Authueil.

Se constituer un pool de blogueurs référents parmi lesquels on pourrait puiser pour une

analyse, un éclairage.

ERIC METTOUT

1 – Que retenez-vous de l’opération 3001 ? (une anecdote, un élément marquant...)

Ma longue soirée avec Naruto !

2 – Comment l’avez-vous vécue de l’intérieur (la collaboration, la relecture, les discussions

avec les blogueurs, l'immersion...) ?

Enormément de travail. Une ambiance, de travail, très bonne, de vrais échanges et autant de

réponses possibles à cette question que de blogueurs ! Tous ne sont pas impliqués de la même

manière, leurs expertises étaient très différentes, la qualité de leur travail aussi. C'est la vraie

leçon, encore une fois: il existe un profil type, même sommaire, du journaliste, il est impossible

d'en dessiner un pour les blogueurs.

3 – Qu’a-t-elle apporté dans le débat sur le traitement de l’info par les blogueurs et les

journalistes ?

Moins que ce que j'aurais espéré: nous n'avons pas traité assez de sujets en commun.

4 – Quel bilan tirez-vous (positif ou négatif) ? Avez-vous été surpris ? Qu'auriez-vous fait

différemment ?

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Page 18: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Très positif. J'ai été surpris par le bon accueil, la disponibilité et la curiosité (pour notre métier)

des blogueurs participants. Surpris, en moins bien, par un certain manque d'imagination - que je

mets en partie sur le compte de la timidité, logique dans de telles circonstances, mais que nous

avions sous-estimée: nous ne pensions pas être aussi impressionnants. J'aurais rigidifié le cadre

(en terme de longueurs, de sujets, de nombre d'articles) et plus impliqué mon équipe.

5 – Quelles suites L’Express peut ou doit-il lui donner ?

Elles ont aussi nombreuses que les blogueurs eux-mêmes. Nous avons déjà lancé des projets

avec certains d'entre eux. J'aimerais en tous cas que l'histoire ne s'arrête pas là.

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Page 19: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

2 / Les blogueurs

CAMILLE D’ESSAYAGE

www.elleaimelecinema.fr

"Un blog marketing, girly, mode(s), apolitique et sérieux sans l'être"

Vous avez mon accord formel pour la publication de ces informations et de la

photo en pièce-jointe.

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

J'ai trouvé cette expérience très enrichissante d'un point de vue purement cognitif. Il m'a

permis de mettre en pratique certaines choses que j'imaginais, d'autres que j'ignorais, de

comparer mes propres méthodes de fonctionnement avec celles des journalistes, de réaliser

certaines approximations dans ma manière de travailler. En cela, c'était une expérience

capitale. Ma surprise a surtout résidé dans la très faible "différence" entre blogueurs et

journalistes dans leur façon d'appréhender l'actualité. Les sujets proposés ont finalement fait

peu débat, dans un sens comme dans l'autre. Là où l'on veut poser une barrière, on se rend

compte finalement qu'il n'y a que des méthodes et des enjeux différents.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

De manière générale, j'ai beaucoup apprécié l'expérience. La seule critique que je ferais tient à

l'engagement des journalistes et à leur curiosité. Finalement, la curiosité m'a semblé très

présente du côté des blogueurs, bien moins du côté des journalistes. Peu de questions, peu de

discussion, peu d'intérêt globalement sur notre manière de travailler. On était bien dans "les

blogueurs viennent découvrir la rédaction de Lexpress.fr", pas assez dans "Journalistes et

blogueurs échangent sur leurs pratiques".

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Clairement, les modes de fonctionnement sont différents. Les blogueurs m'ont semblé plus

spécialisés, moins capables d'écrire sur des sujets qui leur étaient inconnus. Au terme de la

journée, je me suis finalement dit qu'être journaliste, c'est être capable d'écrire sur n'importe

quoi. Être blogueur, au contraire, c'est se passionner pour quelques sous-domaines et écrire

dessus, quand on le veut, comme on le veut. Tout bêtement : ce n'est pas un métier. Ainsi, faire

écrire journalistes et blogueurs sur le même sujet, de manière croisée, comme il avait été prévu

au départ, aurait vraiment pu être une expérience intéressante.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

Pour revenir sur ce "manque de curiosité" (a priori) des journalistes pour les blogueurs, je pense

qu'il serait intéressant de poursuivre l'opération de manière ponctuelle, à travers de véritables

sujets travaillés ensemble. Journalistes et blogueurs m'ont finalement tous semblé très

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Page 20: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

solitaires dans leur manière de travailler, alors pourquoi ne pas pousser l'action plus loin, pour

vraiment se mettre en danger en écrivant ensemble?

FABIEN CAZENAVE

fabiencazenave.blogspirit.com

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

C'est très bien d'avoir réuni autant de blogueurs d'univers différents. Il est intéressant de voir

que vous avez cherché à mélanger l'actualité au point de vue. J'ai été étonné de voir comment

les articles étaient écrits rapidement. Pour avoir fait et des articles de fond et des interviews, je

continue à penser que la différence entre le journaliste et le blogueur est que ce dernier est là

pour commenter l'information.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Je suis très content d'avoir participé à cette aventure. Mais le nombre de blogueurs et le nombre

de leur papier a peut-être empêché de peut-être réfléchir plus profondément à ce que nous

faisions. Le timing n'a pas permis non plus d'apporter beaucoup de documents audios-vidéos

comme nous aurions pu tous le souhaiter. La possibilité d'avoir pu rencontrer certaines

personnalités de L'Express a été très positif. La disponibilité du rédacteur en chef et de ses

journalistes a permis de créer un vrai cadre convivial tout en étant professionnel de leur côté.

Pris par le temps, je n'ai pas pu préparer mes articles comme je le voulais réellement. D'autant

plus que je n'avais pas l'habitude de la plate-forme de L'Express.fr. Ceci expliquant peut-être ça.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Le blogueur peut très vite devenir un blogueur-journaliste spécialisé sur une rubrique. Par

exemple, j'étais beaucoup plus intéressé par l'actualité européenne, chose très difficile pour

des journalistes qui n'ont pas les mêmes sources d'information que moi et qui doivent gérer

plusieurs secteurs d'actualité. Le blogueur-journaliste peut donc travailler de par sa spécialité

sur un champ d'actualités plus précis. C'est d'ailleurs ce que demande finalement LEXPRESS.frà

ses invités sur les blogs-L'Express. Cependant, ils n'ont pas le besoin d'être réactif à l'actualité.

D'où le manque qu'on peut trouver à l'actualité telle qu'elle est traitée, par exemple sur l'info

européenne.

Le journaliste prend plus de temps (pour ne pas en perdre) que le blogueur pour ses papiers

dans le sens où il a une responsabilité que n'a pas ce dernier. Il doit vérifier les informations

qu'il donne. La crédibilité d'un journaliste se joue ainsi sur d'autres choses que pour le

blogueur, qui doit avant tout trouver un ton et une manière de commenter l'info, être original.

Le blogueur peut aussi se permettre d'être un oeil plus expert et aller plus en profondeur.

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Page 21: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Enfin, le public visé par le journaliste et par le blogueur n'est pas le même. En tant que

consommateur de l'information délivré par L'Express.fr, je veux avoir de la réactivité sur

l'information globale. En tant que consommateur de blog, je cherche plus un commentaire plus

précis ou un type plus précis d'information.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

LEXPRESS.frpourrait nous inviter à traiter une thématique en particulier si nous renouvelons

cette opération. Exemple : sur la loi sur l'audiovisuel. La concurrence (ou émulation...) entre

blogueur permettra de sortir des papiers plus typés, voir plus précis que ce qui a pu être réalisé.

Autre chose, pour les blogueurs plus spécialisés, pourquoi ne pas nous faire tenir un fil d'actu

de manière récurrente sur un type d'actualité (Europe, technologie,...). C'est d'ailleurs ce qui a

été fait avec une journaliste qui consacrait un blog sur la mode non ? Les évènements

prévisibles pourraient permettre de faire ça en le prévoyant suffisamment à l'avance. Par

exemple : élections, réformes importantes,...

Salutations européennes,

BUZZMYGEEK (CHANDLEYR)

blog.landofthegeeks.com

BUZZMYGEEK: Site de ciné pour les geeks par un geek. Les dernières informations

cinéma, les tests dvd et blu ray, l'actu Bd et jeux vidéos. 24h sur 24 ou presque ^^

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Mon premier job ayant été de bosser pour un journal pendant plus d'un an je n'ai pas été trop

surpris par la cadence a tenir dans une rédaction. Après difficile de ne pas s'arrêter sur un

facteur simple : être dans les bureaux de l'express mine de rien, ça fait quelque chose, donc

quand en plus on n'est d'un naturel timide comme moi, il faut parfois lutter contre ce sentiment

de ne pas être a sa place. Complexe idiot du blogger va savoir ? Je ne retiens pas forcément

grand-chose au niveau pro, mais plus humain dirons nous. Je suis toujours intéressé par

l'humain avant tout et découvrir les personnes se cachant derrière les noms de certains articles

fût impressionnant. Je garde surtout un souvenir de la réunion de rédaction print et web dans le

bureau de christophe barbier (où je suis arrivé en retard -_-')

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Je pense que l'on pouvait prendre l'opération de 21.000 façons différentes selon son humeur. En

ce qui me concerne je l'ai plus pris comme un challenge et l'occasion de me frotter a un monde

de pro alors que je suis en catégorie amateur. C'était une occasion pour moi de faire évaluer ce

que j'écris par des personnes dont c'est le métier journalier et c'était en cela que le challenge

me plaisait. C'était quitte ou double et dans l'ensemble c'est plutôt bien déroulé. Cela m'a

permis de mettre le doigt sur certains de mes travers stylistique et m'encourager à être plus

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Page 22: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

direct en écrivant. Moins tourner autour du pot. Si je devais vraiment chercher les points

négatifs je dirai que hormis avoir le sentiment d'avoir une cible dans le dos ou d'être une bête

curieuse par moment, il n'y a rien eu de grave ou énervant durant les journées d'immersions.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Si je regarde par rapport à l'opération et ce que j'y ai vu, il fat modérer son propos en fonction

de chaque domaine d'expertise. Certains bloggers se sont montrés vraiment calé sur leur sujets

et m'ont donner l'impression parfois d'en savoir autant si ce n'est plus que certains journalistes.

Le gros point de friction vient de la façon d'aborder l'information et d'aller la chercher, si l'on

veut faire une analogie cinématographique, le journaliste est l'équivalent d'un policier tenu par

le règlement tandis que le blogger est plus un privé qui n'hésite pas à fouiner la où l'autre ne

peut pas aller pour avoir son info. Internet et la façon dont on récupère l'information ne serait

ce que pour le cinéma à complètement changer la donne. Il y a une liberté de ton dans le

traitement qui peut complètement modifier la perception du public face à la personne qui lui

donne l'info.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

Difficile a dire, tout dépend de la perception de chacun face à l'opération. Certains seraient

ravis de continuer a faire sans doute des piges pour l'express. D'autres préféreront sans doute

garder une certaines indépendance. En ce qui me concerne je penche plus vers la 1ere solution,

inutile de faire une autre journée blogger…mais l'option pige pourrait permettre de parfaire ce

qui a été succintement mis en place durant cette opération. Il y a peut être des différences

entre bloggers et journalistes sur la forme et la façon de traiter l'info, mais sur le fond les deux

restent très proches. Personnellement je reste certains que chacun a autant a apprendre de

l'autre et qu'une collaboration sur le long terme pourrait s'avérer bénéfiques pour les deux

parties.

VANESSA DE JENEMEPLAINSPASJECONSTATE

www.jenemeplainspasjeconstate.fr

Je ne me plains pas je constate, c'est un blog tenu par une fille, mais qui n'est pas

pour autant un blog de fille. La preuve, ils sont autant de garçons que de filles à

venir pour ne pas se plaindre. Blogs, mode, technologie, sujets d'actualité, vie

quotidienne et petites chroniques personnelles, tous les sujets sont abordés, sur

le mode du billet d'humeur

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Cela a été une très bonne expérience. J'ai été contente par exemple d'assister à la conférence de

rédaction print car c'est intéressant pour moi dans le cadre de mes études.

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Page 23: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Il m'a été difficile de vraiment écrire « à la blogueur » car dès que je dois écrire quelque chose

qui sort du cadre de mon blog, j'ai tendance à faire ressortir les vieux réflexes (calibrage,

recherche de crédits photo, etc), mais c'est plutôt positif car cela m'a forcé à au moins essayer

d'écrire comme une blogueuse pour l'Express, sans trop tenir compte des règles que je

m'impose hors de mon blog.

Par contre, je me suis demandé si c'était réellement utile de faire assister les blogueurs à cette

conférence dans la mesure où ils n'y ont absolument pas participé ? La question est : leur a-t-on

proposé d'y assister afin de les « occuper » en attendant la conférence web ? Ou était-ce

vraiment par volonté de leur montrer ce qu'est une conférence de rédaction, tout en leur

permettant de s'imprégner des sujets du jour ?

J'ai surtout été surprise qu'il n'y ait pas de journaliste « désigné » pour nous montrer ses

méthodes de travail. Regrettable pour une journée d'immersion !

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Il aurait peut-être été bon, pour une première édition, de faire en sorte que deux ou trois

journalistes soient vraiment présents afin encadrer les blogueurs qui n'ont aucune

connaissance en matière de traitement de l'actualité, des sources, recherche d'information.

Bien sur certains des journalistes ont été présents pour répondre aux questions des blogueurs

(je pense à Anne-Laure Pham dans mon cas), mais étaient occupés avec leur propre travail et

avaient déjà fourni pas mal d'effort en amont avec la correction des articles envoyés au

préalable par les blogueurs.

Dommage aussi, le fait de vouloir mettre en place une expérience de la sorte sans mettre en

place de moyens financiers pour l'organiser. Je pense notamment au fait qu'aucune aide

financière ou indemnité de déplacement n'a été apportée aux blogueurs n'habitant pas Paris.

Avec du recul, certains détails montrent qu'un léger manque dans l'organisation s'est fait

ressentir. Normal cependant pour une première édition, on n'est jamais parfait du premier

coup.

Dans tous les cas, si c'était à refaire, je le referais avec plaisir.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Des sujets différents, qu'on ne verrait peut-être pas forcément traités du fait du flot d'actualité

à prendre en compte lorsqu'on est journaliste. Une manière d'écrire qui change, plus « légère »

(même si pas forcément plus abordable pour les lecteurs lorsqu'il s'agit de sujets pointus

comme les nouvelles technologies). Et surtout je pense que les blogueurs abordent l'actu d'une

autre manière. Les journalistes, malgré eux, sont formatés dans leur façon de recevoir et traiter

l'information car c'est ce qu'ils font tous les jours, ils doivent être rapides, efficaces. Les

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Page 24: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

blogueurs ont peut-être pu apporter un regard différent sur certains sujets, un regard qui n'est

pas journalistique mais plutôt de l'ordre du ressenti. Il y a d'ailleurs eu pas mal de billets

d'humeur, ce qui était plutôt agréable car rare sur les sites d'info.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

La première édition n'était pas parfaite, justement parce que c'était une première édition.

Comme vous le dites, pas question d'instaurer une journée des blogueurs, cela ne semble pas

pertinent de les faire intervenir comme ça, une fois l'an.

Cependant, si vous êtes prêts à le faire du côté de l'Express, je crois que certains des blogueurs

qui ont participé à l'Odyssée de l'info seraient prêts à re participer ponctuellement, sur les

thèmes dans lesquels ils se sentent le plus à l'aise. Du moins, c'est mon cas.

Maintenant, sous quelle forme et à quelle fréquence, cela reste à discuter!

GADUMAN

www.gaduman.com

Décryptage et analyse des meilleures opérations online - marketing, publicité et

influence digitale

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

J'ai beaucoup apprécié le fait d'avoir été invité à participer à cette opération, pour un magazine

à forte diffusion. La version online n'a rien à envier non plus, et les chiffres font pâlir n'importe

quel blogueur. C'est un peu ce qui m'a paralysé / interloqué / gêné au début : moi, simple petit

blogueur, invité à prendre la parole dans un tel titre, n'était-ce pas "trop" ? Finalement non, avec

votre aide à tous les deux le cadrage s'est fait assez naturellement. Et j'en retire une certaine

fierté. Dommage que la version papier n'ait pas pu accueillir nos quelques lignes cependant.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Pour être franc, une conférence de rédaction pour un non-journaliste, c'es tassez éprouvant,

surtout quand elle est animée avec des blogueurs. La première n'as pas convenu, à mon sens,

pour correctement saisir le concept. Eric tu étais seul face à nous tous, qui chacun intervenions

à tour de rôle ; il y a eu quelques fois des échanges entre les blogueurs, mais cela ressemblait

davantage à un échange individuel, un peu trop porté sur le "moi je" des participants. Il ne faut

pas prendre cela comme si j'étais aigri, c'est juste qu'à mon avis le mode d'échange n'était pas

optimal. Une session de présentation était nécessaire, par contre pour discuter des sujets un

autre mode aurait pu être plus pertinent, comme échanger librement avec les journalistes

présents - comme cela a été fait en fin de soirée.

Je n'ai malheureusement pas pu me rendre à la seconde conférence, trop tôt en soirée.

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Page 25: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Et globalement, la periode ne s'y prêtait pas. Briefé juste avant les fêtes, j'ai complètement

déconnecté pendant 10 jours (pour une fois!) pour reprendre à fond début janvier. Et comme je

ne voulais pas faire un simple billet de blog mais un véritable article (toute la difficulté était là),

le temps passé était bien plus élevé que pour un billet classique.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Je ne l'ai pas réellement ressentie, Eric c'est toi qui m'a suivi mais tu m'as laissé plutîot libre. Ca

s'est bien passé comme ça, et je ne sais pas si les autres articles étaient en réalité co-écrits ? Je

pensais au début de l'opé que c'était le but, mais finalement chaque blogueur est plutot resté

indépendant non ?

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

Bonne idée du livre blanc - quelle diffusion ?

Quant à refaire l'opé... pourquoi pas, mais différemment en effet; peut-être avec des sujets plus

cadrés ? (le stress de la feuille blanche..) ; peut etre davantage échanger enttre

journaliste+blogueurs, la collaboration plus forte pourrait entrainer une meilleure plus value..

Quelques remarques : les commentaires mettent des heures et des heures à être

affiches/modérés, alors que sur un blog c'est instantané... la page dédiée au 3001 n'était pas très

ergonomique (pas de RSS dédié, manque de clareté, difficile de naviguer dans l'ensemble des

articles). Idéalement, j'aimerais à la limite contribuer à un article avec un journaliste sur un

sujet précis, à sa demande ?

CHRISTOPHE ASSELIN

influx.joueb.com

inFLUX > rechercher sur le net

[le blog d'Intelligence-Center.com] Rechercher l'info sur le net: Web 2.3, tendances,

outils, actualités, méthodes, ressources…

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Je me rend compte que, en tout cas selon mon expérience lors de l'opération, le journalisme est

vraiment différent du blogging : dans un billet traditionnel, j'essaie d'apporter mon analyse,

commentaires et expertise à de l'information que je reprends dans d'autres médias qui ont un

regard généraliste.

Pour mon billet dans le cadre du 3001 http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-veilleurs-

sont-ils-de-vulgaires-espions_730585.html, j'ai voulu interviewer des spécialistes pour croiser

les avis : c'est plus de temps, plus de diplomatie (ménager les susceptibilités), plus de synthèse,

25

Page 26: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

des réactions étonnantes ("vous n'êtes pas journaliste, vous n'avez aucune légitimité", "un tel

sujet mérite plus qu'un billet, il faut véritablement investiguer"...).

Par ailleurs, j'ai pu remarquer que certains blogueurs (sont ou se prennent) pour de véritables

stars, créant une véritable segmentation entre blogueurs anonymes passionnés et blogueurs

pros (travaillant dans les RP, la com et maniant le blog comme outil de promotion). On a donc

bien des blogosphères et non une blogosphère.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

- Pas assez préparé peut-être (des 2 côtés) : j'aurais apprécié pouvoir réfléchir en amont aux

sujets potentiels, avant la conférence de lancement. Mais je pense que l'opération a du être mis

en place très rapidement par Ogilvy

- une initiative très enrichissante : même si je n'ai pas eu le temps de venir aux journées

d'immersion, il est toujours intéressant d'échanger avec des journalistes pro et d'autres

blogueurs....et en finir avec l'opposition blogueur/journaliste

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

J'en vois davantage en amont : un journaliste qui interviewe un blogueur spécialisé (c'est

souvent mon cas dans mon domaine) pour avoir le regard d' un expert. Pour moi, le blogueur a

réellement de la valeur pour le journaliste quand il est hyperspécialisé (niche technlogique,

culturelle) apportant une VA à des journalistes de plus en plus positionnés (malheureusement)

sur des secteurs transverses.

Pour le côté investigation terrain, je pense que le journaliste garde l'avantage, compte tenu de

son métier et de ses réflexes (contact, réseau).

4 - Quelles suites pourrait-on lui donner à l'opération ?

Proposer de collaborer ponctuellement, aux blogueurs dont vous avez appréciés le contenu ;-)

GREGORY BOZONNET

arretsurlesmots.wordpress.com

Arrêt sur les mots : les mots du politique

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

En un mot, je retiens de cette expérience le plaisir d'avoir partagé le quotidien de la rédaction

pendant deux jours.

Bien sûr, les surprises ont été au rendez-vous, j'ai été surpris par l'accessibilité d'Eric Mettout et

de son équipe. L'accueil qui nous a été réservé et les conditions de travail qui nous ont été

26

Page 27: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

offertes comptent parmi les agréables surprises. La pression que chaque blogueur, moi y

compris, s'est infligé dans cette opération a aussi été un fait marquant.

J'ai été aussi un peu étonné par le bazar que l'on a pu mettre dans la rédaction. Le stress que

l'on a généré s'est agrégé au stress déjà important qui règne dans une rédaction web victime de

l'immédiateté de l'information.

Pour finir, j'avoue avoir été surpris par la liberté de chacun des journalistes du web et par le fait

qu'ils regrettent tous plus ou moins que l'info qui est lue et qui rapporte du trafic sur leur site

soit avant tout les peopoleries.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Haro sur le magazine L'Express qui a ''placé'' son numéro 3001 pendant les fêtes. Difficile

d'organiser une telle opération après la période de ribotes. Il est évident qu'en plein milieu de

l'année le résultat aurait été différent.

De manière positive, je trouve le concept globalement intéressant cependant je pense que la

différence entre blogueur et journaliste ce serait beaucoup plus ressentie si nous avions été

conviés au print et non à l'édition web.

Bien sûr, on peut regretter le petit chaos qui a été généré, le trop plein d'articles ayant enlevé la

visibilité d'excellents billets mais c'est notre faute à nous blogueurs qui avons attendu la

dernière minute pour envoyer nos textes.

Peut-être pouvons nous aussi regretter un manque de clarté autour du postulat de départ, le

but était-il de montrer que les blogueurs sont différents des journalistes? On se confronte bien

sûr au problème qu'il n'existe pas un mais des blogueurs certains ayant beaucoup plus de

points communs avec les journalistes que d'autres. L'une des réussites de cette opération,

malgré son casting tardif, c'est la grande hétérogénéité des participants.

Globalement, on ne peut qu'applaudir cette initiative et surtout la volonté de la part de

l'Express de se donner les moyens de la réussir.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

On y vient. Cette question a vraisemblablement été cogitée au préalable mais il est pourtant

fort difficile d'en donner une réponse. Je pense personnellement que le journalisme français se

cache trop souvent derrière son objectif de neutralité. L'avantage du blogueur de ce point de

vue là est double : il peut parler à la première personne et son avis n'engage que lui et ne risque

pas de mettre en danger une institution. De plus, il s'inscrit dans une temporalité toute

différente qui peut permettre de prendre plus de recul sur une information.

27

Page 28: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Toutefois, l'information n'existe que grâce aux journalistes et à la rigueur journalistique. Il est

parfois « dangereux » de voir que l'on met sur le même plan une information sourcée d'un

journaliste et un billet d'opinion d'un blogueur.

La question qui se pose est aussi bien sûr la question des journaliste-blogueurs. Qu'est-ce qui

justifie qu'un journaliste décide de se mettre à tenir un blog? Est-ce qu'on ne devrait pas avoir à

l'instar d'autres pays une information présentée comme suit : une info type dépêche AFP en

guise de chapeau, un rappel du contexte dans lequel cette information se doit d'être comprise

pour finir par l'avis du journaliste qui n'engage que lui. Ne plus laisser la subjectivité dans les

colonnes des éditoriaux mais la faire entrer dans chaque information, c'est à mon avis ce que le

blogueur peut apporter au journaliste.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

Il semblerait que l'idée ne soit pas à la reproduction d'une seconde opération blogueur ce qui

peut se comprendre.

Toutefois cette opération serait un coup d'épée dans l'eau si on en restait là. La suite pourrait

être la possibilité de voir un jour ou l'autre LEXPRESS.frse constituer un carnet de blogueurs

spécialisés et que dans le cadre d'un événement qui ferait appel à une connaissance précise ou

non d'ailleurs, on voit apparaître en complément de l'article traditionnel l'avis de tel ou tel

blogueur sur le sujet. Une sorte d'armée de réserve de l'information.

On aimerait voir Samuel Authueil commenter chacun des articles liés à la vie parlementaire... Un

avis extérieur qui présente pour le journal l'intérêt qu'il n'engage pas la rédaction mais qui peut

susciter le débat et la curiosité du lecteur.

LUCILE BELLAN-JULE

www.elleaimelecinema.com

L. aime le cinéma : L. aime le cinéma c'est un mélange entre blog critique et blog de

fille. Parce qu'une critique c'est subjectif et que c'est plus poli de se présenter et

de parler un peu de soi avant de donner son avis sur les films.

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Étant moi-même journaliste (critique cinéma) pour un support internet spécialisé, je retiens

principalement mon incapacité totale à me fondre dans un média plus généraliste. J'ai d'ailleurs

eu si peu de contact avec l'équipe rédactionnelle et mon journaliste référent que je ne suis

même pas vraiment sûre de pouvoir juger l'opération à sa juste valeur. Mais en général, j'ai été

choquée par le manque d'organisation et la "froideur" de l'ambiance avec les journalistes. En

dehors de ces questions de confort et de socialisation, l'opportunité d'entrer dans les coulisses

de la conférence de rédaction mais aussi celle d'être publiée par LEXPRESS.frsont quand même

28

Page 29: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

des raisons suffisantes pour me faire retenter l'expérience sans hésiter si l'occasion se

présentait.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

J'ai apprécié l'ouverture théorique de la rédaction envers les blogueurs mais je regrette

vraiment que le résultat sur place ai été si impersonnel. Alors même que je ne connaissais que

de nom certains blogueurs présents (d'autres pas du tout), une sorte d'habitude sociale nous

fait briser la glace instantanément. Il existe une communauté de blogueurs. Ceci n'a donc pas

été une révélation. Mais que les journalistes n'aient pas cherché le contact, pas réagi (dans mon

cas personnel) aux articles je trouve ça un peu dommage. Pour avoir une vision assez claire de la

presse spécialisée dans ma partie (le cinéma), je sais que des rivalités existent mais qu'en

général tout le monde se retrouve plus ou moins autour d'une conversation animée sur un film,

ou une critique. Je crois donc que la situation auquel j'ai du faire face à la rédaction est plus un

problème de la presse généraliste, plus "sérieuse". Malgré la jeunesse de la rédaction, qui aurait

pu être plus ouverte de ce fait, aucun débat n'a été lancé sur le rapport blogging/journalisme.

En opposition, certain bloggueurs n'ont peut être pas été "drivé" de la bonne manière

produisant une quantité de papiers au détriment de la majorité et aussi parfois de la qualité.

J'ai eu l'impression d'être témoin des travers des deux parties : des blogueurs trop

enthousiastes et des journalistes pédants.. Peut être qu'une opération de cette ampleur aurait

du être lancée sur une durée plus importante, obligeant les blogueurs à calmer leur ardeur et

les journalistes à se laisser apprivoiser. Peut être que le fait que chacun, essayant de trop bien

faire quitte à donner une image fausse a un peu dénaturé l'opération.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

En théorie d'apporter au lecteur deux facettes (ou même plus) de la même information, une plus

académique et l'autre plus libre. Mais il ne faut pas oublier, et je crois que l'opération l'aura

démontré, que certains blogueurs sont des spécialistes dans leur partie, parfois même plus que

des journalistes, obligés de s'intéresser à tout parfois superficiellement. Il existe une tradition

de la qualité et de l'éthique dans le travail du journaliste mais aussi une passion, un

investissement dans le temps dans celui de blogueur.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

L'ouverture des rédactions de presse "classique" à des intervenants blogueurs toute l'année, et

le lancement d'un vrai débat physique journalistes/blogueurs sur le traitement de

l'information.

29

Page 30: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

SAMUEL AUTHUEIL

www.authueil.org

Authueil, soutier dans un grand paquebot de la République

Ce que je retiens de l'expérience

Un joyeux bazar qui n'a pas dérapé.

L'opération, très ambitieuse au départ, s'est finalement cantonnée à une prise de contact

mutuelle entre blogueurs et journalistes. Il n'y a pas vraiment eu de travail en commun et de

sujets identiques traités à la fois par un blogueur et un journaliste.

J'ai beaucoup apprécié l'ouverture des journalistes et notamment du rédacteur en chef, qui a

accepté de laisser la barque dériver pour voir où elle allait. Le cadrage était très souple, et se

limitait à l'essentiel (éviter que des conneries soient publiées sur le site de l'express). Je n'ai

senti aucun rejet, aucune méfiance, juste peut-être un soupçon d'inquiétude devant le saut

dans l'inconnu que l'expérience représentait pour eux.

L'expérience a été très enrichissante pour moi, car elle m'a permis de découvrir ce qu'est le

travail des journalistes en ligne. Rien de mieux qu'une immersion et un stage découverte.

Stupéfait de découvrir qu'on prend ses récupérations et qu'il est possible de partir à 17 heures

30 (qu'il est possible de partir tout court en sachant que l'actualité ne s'arrête pas).

Sur la valeur ajoutée blogueur-journaliste

Blogueur et journaliste sont deux rôles différents.

Le blogueur est spécialiste d'un domaine. Il écrit ce qu'il veut, quand il le veut, sans obligation

tant sur le fait de produire que sur ce qu'il doit produire.

Le journaliste est beaucoup plus contraint...

Les deux sont complémentaires, car le blogueur est un spécialiste technique de fond, alors que

le journaliste est avant tout un spécialiste de l'intermédiation, qui doit produire du fond faute

de spécialiste sous la main.

Une association des deux serait très bénéfique, le blogueur apportant les connaissances et la

maitrise d'un sujet, le journaliste apportant, si nécessaire, son sens de l'écriture, sa capacité à

appréhender l'accessibilité de l'article et assure la diffusion maximale du produit ainsi réalisé.

Le journaliste est un animateur de réseau, une gare de triage, un contrôleur qualité pour des

contenus produits par d'autres.

30

Page 31: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Cela nécessite que blogueurs et journalistes acceptent de travailler ensemble, en définissant

clairement le produit qui doit être réalisé, et surtout, en étant conscient des envies et des

contraintes de l'autre.

Quelles suites à donner

1) Organiser d'autres "stages d'immersion" pour blogueurs dans une rédaction web, avec

davantage de préparation, à la fois des journalistes et des blogueurs.

2) Recruter certains blogueurs pour qu'ils intègrent l'équipe, avec un statut différent des

journalistes, suivant une alchimie propre à chaque rédaction web, préservant la spécificité de

chaque participant et de son apport.

FRANCK PERRRIER

www.franckperrier.com

Passionné par l’impact des Nouvelles Technologies sur les marques, l’entreprise et

les comportements « consommateurs »

Sur l’opération elle-même, ses risques, son succès

Je connais pas mal d’opérations menées par les marques avec des blogueurs.

Il y a un risque à amener des personnalités indépendantes – des blogueurs - à parler d’une

marque qui, pour certaines d’entre elles, dépense des millions d’euros pour harmoniser les

discours autour de son positionnement. Le cas de L’Express était à la fois plus simple et plus

complexe car son métier est aussi le contenu. L’opération aurait pu exploser dès le départ, à

travers la crainte des blogueurs de se voir « récupérer » et celle des journalistes de se sentir

« menacer ».

L’opération 3001 - L'Odyssée de l'info – a été remarquablement menée. Elle a révélé le meilleur

du web, en créativité, en collaboration, en innovation. C’est important car le web est comme la

vraie vie : on y côtoie le meilleur et le pire. Dans l’interview qu’il m’a accordé le 7 janvier 2009,

Eric Mettout, le rédacteur en chef de LEXPRESS.frprécisait : « C’est aussi une opération de com,

mais c’est aussi une expérience éditoriale. Ce qui m’intéresse, c’est de comparer le regard des

blogueurs à celui des journalistes et de voir ce que donne le mélange des deux. » C’est cette

intégrité sur le sens qui a construit ce succès.

Sur les enseignements qu’on peut en tirer

Bien entendu, nous, blogueurs, sommes en partie responsables de ce succès. Nous avons joué le

jeu. Mais c’est à LEXPRESS.fr, à son rédacteur en chef et l’équipe de journalistes qu’en revient le

plus grand mérite. Ils ont su crée les conditions d’une collaboration optimale à travers le temps

qu’ils y ont consacré, un investissement très important. J’analyse comme suit ces conditions qui

peuvent être dupliquées par d’autres marques pour des opérations futures.

31

Page 32: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Un investissement financier significatif. Même s’il était sous forme de ressources et de temps, il

est évidemment mesurable d’un point de vue comptable.

Un vrai sens donné à l’opération. Il n’y avait aucun doute sur la transparence et l’intention de

L’Express de donner véritablement la parole aux blogueurs en publiant leurs billets.

Des équipes de part et d’autres : une équipe de blogueurs face à une équipe de journalistes. Un

déséquilibre n’aurait pas abouti au même résultat.

Des échanges de grande qualité, ici à travers des conférences de rédaction ou sur place pendant

les 3 jours « portes-ouvertes »

Un respect mutuel, de L’Express par rapport à l’identité de chaque blogueur dans sa rédaction,

mais de la ligne éditoriale de LEXPRESS.frpar chacun des blogueurs et au final du go/go no sur la

publication du billet

Des conditions financières claires : aucune rémunération pour les blogueurs ou les journalistes

(je crois), pas d’honoraires pour Ogilvy ( ?) dans le cadre de cette opération

L’optimisation sur le web managée par un pro dont le talent de médiateur a été réel. Ici, pour

Eric Maillard, d’Ogilvy PR, il s’agissait de mettre en place « un dispositif pour faciliter les clés

d’entrées sur Google, afin de prendre la main sur un éco-système plus global. »

Sur les suites à donner à l'opération

Eric Mettout ne semble pas favorable au renouvellement de l’opération sous une forme

identique. « Pas question d'instaurer sur LEXPRESS.fr une "journée des blogueurs" comme il y a,

une fois par an, une journée de la femme ou une journée de la patate douce. » Pourquoi pas ? La

presse est faite de marronniers et de rendez-vous : les numéros annuels spéciaux sur

l’immobilier, les vacances, la franc-maçonnerie. Sans doute y a-t-il des éléments opérationnels à

revoir. Mais pourquoi L’Express ne préempterait il pas ce territoire un peu populaire en

renouvelant cette opération ?

Je crois en effet que l’avenir de la presse, écrite en particulier, passe par le web. Elle ne s’est pas

remise en question dans son modèle économique. Sa structure de coût, trop lourde, n’est plus

adaptée à son économie. Un titre comme L’Express est aujourd’hui davantage une marque

qu’un magazine. Quels territoires va-t-elle conquérir ? Comment va-t-elle préserver son ADN

d’innovateur ? Comment va-t-elle attirer une audience plus jeune ? Certes, internet détruit de la

valeur puisque tout y est gratuit. Mais Eric Mettout a raison de dire, en parlant de l’opération :

« Je l’envisage comme une opération de R&D, dans une compétition avec des sites d’autres

magazines. » De ces essais sortiront les nouveaux modèles.

32

Page 33: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Sur la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Quel est le rôle du journaliste par rapport à celui du blogueur ? Les deux sont dans un cadre : le

journaliste celui de ses valeurs, de son métier, du titre auquel il appartient, de sa relation

contractuelle ; le blogueur celui de ses valeurs et éventuellement de la jeune blogosphère. Le

blogueur ne représente donc personne d’autre que lui, entre « café du commerce » et « point de

vue éclairé ». Certains blogueurs peuvent faire du journalisme, mais en aucun cas remplacer les

journalistes. Je crois qu’ils peuvent en revanche les aiguillonner et les sortir d’un certain

confort. La question n’est pas celle du talent individuel, mais du cadre et donc du filtre

éditorial. Je ne vois pas de concurrence entre eux.

STEPHANIE

motsenbouche.hautetfort.com

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Ce qui m'a le plus surprise est très anecdotique mais bon, je vais assumer : la différence d'age

entre les journalistes du print qui étaient à la conférence de presse et ceux du net. Cela m'a

presque semblé une carricature.

Je n'ai pas eu de grands étonnements sur le fonctionnement (du moins ce que j'ai pu en voir), j'ai

été amusée de voir que la conférence de presse commençait par le point sur les publicité ou

partenariats en cours. Mais après tout, l'Express est une entreprise et pas une oeuvre caricative

dédiée à l'information.

Ce que j'ai retenu : les conseils d'Eric Mettout (qui sont dans mon billet) et que j'essaie de ne pas

oublier.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Ce fut une expérience vraiment enrichissante de passer une journée à l'express. C'est ce que j'ai

trouvé le plus interessant, car malheureusement je n'ai pas du tout travaillé avec mon

journaliste référent pour les articles ; ce sera mon principal regret.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

peut-être l'oeil neuf du blogueur sur le travail du journaliste?

durant l'expérience, des blogueurs se sont pas contre révélés de "vrais" journalistes (très à l'aise

avec le style) alors que d'autres sont restés des blogueurs avec leur difficulté à ne pas utiliser le

"je". Beaucoup de blogueurs sont dans le ressenti alors que les journalistes ne peuvent pas se le

permettre.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

33

Page 34: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Inverser les rôles? Mais en fait, c'est déjà fait avec les blogs tenus par des journalistes.

34

Page 35: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

[ENIKAO]

http://enikao.wordpress.com

Kronikeur du dérisoire | Changeur d'Umeur | Goûteur d'Ydés - Communication,

technologies & web, miscellanées.

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Les blogueurs participants ont proposé des thèmes très variés : politique locale, droits

d’auteur, environnement, économie, culture… avec une absente de taille, la politique

internationale (pourtant nous étions en plein pic du conflit à Gaza) et une discrète, l’économie

(qui ne passionne peut-être pas tellement la blogosphère ou qui prend des positions plus

politiques sur les sujets d’économie). Cette diversité était à l’image de la diversité des

participants, même si les nouvelles technologies et la culture étaient très représentées. Cette

variété ne recoupait d’ailleurs pas le rubriquage habituel d’un newsmagazine. Nous avons

traité les sujets par affinité plutôt que par devoir.

Certains ont produit des articles dans des secteurs disjoints, si nous avions été journalistes

nous aurions ainsi œuvré dans des services différents au sein d’une rédaction. Les angles et

sujets ont presque tous été acceptés, l’Express nous a (presque) donné carte blanche.

Les blogueurs ont abandonné la première personne pour un style moins personnel, ce qui n’a

pas empêché d’avoir des papiers engagés. Des participants ont produit des articles d’une très

grande qualité, et les réactions des lecteurs sont été très positives.

Ce qui a été surprenant, c’est la synergie papier / web, qui tient à peu de choses. Il semble qu’il y

ait un pivot (Eric Mettout) mais peu de passerelles. La question de la marque média « L’Express

», qui est tout de même la bannière commune, est en filigrane.

Cette expérience m’a fait beaucoup réfléchir sur ce qui nous sépare dans notre façon de traiter

l’information. Elle m’a fourni quelques billets denses et a changé ma vision du rôle, des moyens

et des motivations de chacun..

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

J’ai regretté de ne pas avoir travaillé véritablement en tandem avec un journaliste, mais vu le

nombre de blogueurs participant il aurait été difficile pour les journalistes de co-produire avec

nous tout en réalisant leur travail habituel, sauf à… ne faire que co-produire et donc nous faire

immodérément et aveuglément confiance.

J’ai eu l’impression que les journalistes nous observaient, mi-amusés mi-curieux, du coin de

l’oeil sans oser nous poser des questions, et que les blogueurs, prenant l’opération très au

sérieux, se sont montrés timides à leur tour. C’était la drague des timides qui en plus habitent

35

Page 36: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

loin du lieu de rendez-vous : on ne veut pas frustrer ni décevoir l’autre, mais comme le temps

imparti est court on reste épidermique.

Il m’a semblé aussi que les blogueurs apportaient un ton différent et même, s’affranchissant de

“l’actualité dont il faut parler sur un ton différenciant, à moins d’être carrément les premiers”,

des sujets différents.

Finalement, j’ai eu le sentiment que blogueurs et journalistes dans le même théâtre, mais qu’il

existe des troupes et des one-person show dans un petit cabaret de quartier. Nous avons un

public, mais les premiers ont une équipe dans laquelle chacun a des rôles définis alors que les

seconds font tout, du spectacle à la régie.

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Quitte à dire une vacherie : où ça, une association ? Elle n’a pas été concrète, aussi je mettrai un

conditionnel. Quelle serait la valeur ajoutée ? Faisons un cocktail.

Un traitement plus engagé chez les blogueurs, une recherche des sources et une vérification

plus poussées chez les journalistes. Un style moins plat et de la créativité dans la forme chez les

blogueurs, l’accès à des sources exclusives (interviews, avant-première) chez les journalistes.

Une écriture par goût en temps voulu chez les blogueurs, un regard qui doit être distancié et

pédagogue ou interrogateur chez le journaliste. Une discussion directe et parfois

mouvementée avec le lectorat chez les blogueurs, une capacité à mobiliser des spécialistes

chez le journaliste.

Secouons le tout dans un seul article à 4 mains : c’est indigeste. En revanche un regard croisé

sur un même sujet peut créer une complémentarité. Si l’un s’appuie sur l’autre et

réciproquement, le tandem peut être intéressant, comme un plat sucré-salé.

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

Première étape : on pourrait proposer aux journalistes de l’Express et LEXPRESS.fr(j’aime bien

l’idée d’aller chercher les gens du print) de s’essayer au blog si on les invite à s’exprimer sur nos

espaces respectifs.

Nom de code : l’Express et les 40 blogueurs.

L’obligation : traiter d’un sujet qui les interpelle ou les passionne directement, bien entendu un

sujet en rapport avec le blog sur lequel ils seront hébergés. L’écriture sera à la première

personne, et les blogueurs éditorialiseront le billet (courte intro façon « je me présente »). Nous

leur ferons suivre les commentaires, qu’ils approuveront ou non. Nous leurs ferons un compte-

rendu du taux de trafic, les référents, les mots-clés. On peut fixer un délai de remise pour

publier tous dans la même semaine.

36

Page 37: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Deuxième étape : et bien chez l’Express ça a déjà bien avancé. Une community manager helvète

pour animer et modérer les commentaires, travailler avec des blogueurs régulièrement

(Géraldine Dormoy), créer un site communautaire (oui, je suis bien renseigné). Bientôt une veille

partagée voire un panorama des sources comme un Netvibes public ?

En revanche, impliquer davantage le print dans ce qui se passe sur la toile n’est pas encore

acquis on dirait bien, il faut métisser les expériences. Il y a marqué l’Express en ligne comme en

kiosque, sur les fiches de paye aussi, alors acquérir l’esprit de corps pour porter la même

bannière devrait être plus naturel. Dans newspaper et newsmag ou online news, ce qui compte,

c’est news.

LA FILLE DU ROCK

www.filledurock.com

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

J'étais très emballée par le projet, depuis sa présentation sur le papier jusqu'à la première

conférence de rédaction. J'ai vraiment apprécié cette volonté d'ouverture et de collaboration

entre deux profils qui se regardent plutôt de loin d'ordinnaire.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

J'ai regretté le peu d'échanges que j'ai eues avec mon binôme journaliste. N'ayant eu son retour

sur ma proposition de sujet que tard (4 jours avant la remise des articles), j'ai dû en choisir un

moins percutant, donc moins excitant et au final moins intéressant... Je n'ai pas vraimé travaillé

de concert avec lui, j'ai écrit mon article dans mon coin qu'il a relu pour l'optimiser.

Le must aurait tout de même été une collaboration avec la version papier du magazine, pour

montrer que le Net n'est pas un univers à part, mais peut-être certaines opinions doivent-elles

encore changer ?

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

La liberté de ton et de style du blogueur associée au savoir faire et astuces du journaliste

(comment mettre en valeur son info, mieux organiser son article...).

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

Une rubrique pérenne pour un travail plus régulier par exemple.

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Page 38: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

MARINA EL KHOURI

lapetillante.blogspot.com

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Il est clair pour tous que c'est une expérience unique à laquelle nous avons eu la chance de

participer. J'en retiens essentiellement le courage de l'équipe de LEXPRESS.frde se lancer dans

une grande bulle mystérieuse. Vu que c'était la première fois pour tous, je crois que l'on retenait

un peu son souffle en attendant de voir les réactions des internautes lecteurs et les

conséquences sur le monde de la blogosphère en général. Ce qui m'a surpris était l'ouverture de

LEXPRESS.frqui a donné carte blanche aux bloggeurs afin de choisir leurs propres sujets - le fait

qu'il n'y ait pas de thème général - pour l'opération.

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

En ce qui concerne les choses plutôt positives, je noterais la différence flagrante et très

enrichissante des articles des bloggeurs face aux articles des journalistes, une façon quelque

part plus humaine de rapporter une info ou un état d'âme de société. C'était bien dans le sens

où nous avons pu être publiés par un grand hebdomadaire (même si en ligne) nous permettant

d'exposer nos propres blogs à des visiteurs d'horizons très différentes. Ceci a eu pour

conséquence directe une auto-critique pour mieux avancer dans mon blog, avoir des objectifs

plus clairs (comment les français réagissent face à mes billets)...

D'autre part, n'ayant pas eu l'opportunité de participer aux journées d'immersion, j'ai trouvé

que la communication sur internet était un peu limitée au strict minimum et qu'on était

"lâchés". Je dirais aussi, malheureusement, grand manque de planification et d'organisation...

De la part de qui? Je n'ai pas su à trouver une réponse!

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Aucune. Dans mon cas, je n'ai pas eu à travailler avec un journaliste. Je tiens à signaler que les

journalistes (d'après les commentaires d'autres bloggeurs) n'ont pas vraiment apprécié

l'expérience! La valeur-ajoutée aurait du être que les journalistes complètent les articles des

bloggeurs par des fiches analytiques et synthétiques sur des questions pointues, non

maitrisées par les bloggeurs. C'est dommage!

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

La suite: Une autre odyssée serait toujours une idée intéressante, enrichie par cette dernière

expérience et surtout dans le but de rapprocher au plus les lecteurs de l'actualité. C'est l'avenir

du journalisme!

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Page 39: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

DAMIEN DOUANI

www.stanetdam.com

1 - Que retenez-vous de l'expérience ? Y a-t-il des choses qui vous ont surprises ?

Avant tout cela, je trouve l'expérience osée... je ne sais pas qui a peur de qui, mais coté

blogueurs ont a distinctement l'impression de ne pas être compris par les journalistes (qui

peuvent parfois eux mêmes être blogueurs !) et qui voient en nous des concurrents à pas chers,

qui vont finir de saper les fondamentaux de leur travail déjà bien mis à mal par les journaux

eux-mêmes qui veulent des gens plus plurimedias et polyvalents... Bref c'est "je t'aime moi non

plus". Or, il faut reconnaitre à E.Mettout d'avoir osé mettre le doigt dans une machine qui aurait

pu être très délicate à gérer. Au final, je trouve l'expérience assez positive, avec un fort goût

d'inachevé, et ce des deux côtés. Mais j'y reviendrai à la question 2.

Pour revenir sur l'expérience, j'ai été marqué par la première "conf de redac" où nous étions

tous là : j'ai surtout senti une sorte de défiance entre journalistes multimédia qui se tenaient au

fond, contre le mur ou assis au dernier rang, et leur patron E.Mettout. Nous, blogueurs, nous

étions au milieu. Je me suis demandé si nous étions le jouet de qqchose à cet instant, d'un

règlement de compte interne qui nous serait inconnu et dont nous ferions les frais. Ca ne s'est

pas révélé par la suite. Mais quand même... une atmosphère bizarre, paradoxalement peu

"cadrée" malgré les documents qui nous avaient été remis. Nous étions lâchés dans la nature

dans possibilité de savoir qui avait envie de faire quoi, pas de liste de contacts ou un wiki

permettant d'avoir le listing des sujets en gestation. ce qui aurait pu être l'occasion de faire du

co-blogging allait certainement se résumer à du blogging solitaire classique. Dommage.

Que dire de la conf de redac à laquelle j'ai assisté, entre les "historiques" papier et E.Mettout du

web : ça sentait une présence admise mais qui ne l'a pas toujours été. Et nous étions, nous

blogueurs, dans un rôle d'observateurs naturel qui, au final, nous a peut etre un peu intimidé.

La conf de rédac multimédia qui a suivi m'a semblé peu vivante de notre coté, nous étions

intimidés, nous ne connaissions pas les codes. Ce n'est pas voulu, mais ça n'a pas aidé à

l'osmose. De plus, la dispo des journalistes et la rapidité de mise en ligne a été quelque peu

aléatoire, ça bouchonnait dans la boite mail d'Eric, ce qui est compréhensible... mais n'y aurait-il

pas eu un autre moyen de faire pour simplifier le "workflow" d'articles ?

2 - Quelle analyse critique (positive ou négative) faites-vous de cette Odyssée de l'Info ?

Le numéro 3001 est tombé quand il devait tomber, autrement dit mal : juste après les vacances

de Noël ! De fait, j'ai eu le sentiment (voir ci-dessus) d'être lâché, de ne pas avoir de repères.

Heureusement j'ai spontanément échangé des contacts lors de la conf de redac 1, mais c'est

resté quand même bien lettre morte à l'exception de Lucille avec qui j'ai co-écrit. Les reflexes de

blogueur solitaire reviennent bien vite.

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J'ai aussi la sensation que l'opération a été pleinement soutenue par l'Express, et pourtant

quelques peu mise de côté au sens pas forcément mise en lumière comme elle aurait pu être sur

leur site. Je me trompe peut-être.

Clairement c'est une bonne idée que cette opé, une belle opportunité, qui surtout m'a montré

pourquoi il peut-être difficile d'être journaliste : on n'a pas la même liberté d'écriture qu'un

blogueur ! Est ce pour cela qu'ils grincent des dents en nous voyant ? Dur de s'entendre dire

"c'est pas dans la cible" quand on est habitude à écrire comme on veut... Certainement une des

frustrations (logique) de l'exercice, vouloir faire rentrer un rond dans un carré. Eric Mettout a

choisi de faire rentrer les blogueurs dans la ligne de l'Express tout en nous demandant de rester

nous-mêmes. Soit. Et si on avait poussé l'expérience en faisant en sorte que les blogueurs aient

le droit de secouer la ligne édito de l'Express ? Ici ca n'a pas été le cas. Ca a foisonné, certes. Mais

ca faisait très "exercice de style". Alors que justement j'attendais que l'on électrise toute leur

ligne éditoriale, qu'on révolutionne le temps d'un numéro l'Express et son actu. C'est le cran

d'après. Pour cela il aurait certainement une réunion de travail intermédiaire, que l'on n'a pas

eu, pour cause de vacances de Noël.

A part cela, ressentir l'excitation, la rapidité de prise de décision après la conf de redac papier,

foncer dans les couloirs, un plaisir :)

3 - Quelle est la valeur ajoutée de l'association blogueur-journaliste dans le traitement de

l'information ?

Franchement? Vraiment vraiment? Aucune. Sincèrement. J'en suis moi-même désolé. J'ai eu la

sensation d'être un peu "un chien dans un jeu de quilles". Explication : conf de redac

multimédia, on s'écoute parler à tour de rôle, mais pas de débat, les blogueurs réagissent entre

eux, les journalistes entre eux. Difficile exercice que de créer des liens entre gens qui ne se

connaissent pas et ne se reverront pas. Les journalistes ont ils vu cette opé comme un gadget ?

Ont-ils envie d'échanger avec nous ? Certains sont chargés de nous "coacher", nous aider à

trouver un angle. Rien, on sent bien qu'ils n'ont pas le temps. Voire pas envie. Avec Eric fait ce

qu'il peut, nous aide. Mais bon, on reste devant un ordi, comme à la maison devant notre

wordpress. Finalement, je vais finir l'article à la maison. Je veux écrire un article sur les bons

chiffres du cinéma, on va voir notre journaliste référent : il nous encourage, et nous donne un

contact à appeler, sans trop plus. "on fait comment?" "ben vous cherchez sur les sites internet,

vous appelez les attachés de presse, vous cherchez des numéros sur les sites". Bon. On va voir

Eric Mettout. premier réflexe : il cherche dans Google !!! Punaise, en fait on fait tous la même

chose ! Et après on nous dit qu'i faut diversifier ses sources, tout ça tout ça... Amusant. Donc on

se sera débrouillés entièrement tous seuls. Ah si ! Une différence : dire qu'on appelle de

l'Express, tout de suite ca ouvre les oreilles de son interlocuteur, qui ne vérifie rien de plus.

Après tout, je me dit que j'aurais pu tout faire de chez moi, voire la prochaine fois me faire

passer pour qqun du Monde ;-)

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Page 41: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

Autre différence : Eric aura recadré certains de nos papiers, voire rewrité pour que ca rentre

bien avec le ton de l'Express. Pourquoi pas, c'est "normal". Mais il y a eu trop de papiers en

même temps, moralité c'est embouteillage et tout ne sort pas, on se demande finalement si on

sera publié... A la différence de son blog ;-)

4 - Quelles suites pourrait-on donner à l'opération ?

- Un numéro spécial de l'express 3001 entièrement écrit par les blogueurs : autrement dit un

numero spécial qui mettrait en page les articles produits pour le net, avec un travail sur

l'iconographie, les commentaires qui ont été déposés, voire des addendums des auteurs... Bref,

le passage du numérique au papier avec la mise ne forme et tous les attributs qui vont bien + un

DVD offert avec photos et vidéos UGC de la journée par les "embedded" ;-)

- Refaire une opération du même genre... mais avec une "vraie" collaboration journalistes-

blogueurs, sur des sujets pointus travaillés en amont.

- Faire exploser la ligne édito de l'Express (voir Q2)

MALEK KHADHRAOUI

stranger-paris.blogspot.com

- La première surprise de cette expérience, c'est le fait qu'elle existe. Une telle place donnée aux

blogueurs sur un site d'information aussi important est une chose qui, à ma connaissance, n'a

jamais été tentée. Malheureusement, pour des raisons professionnelles et personnelles je n'ai

pas pu vraiment vivre l'expérience dans son intégralité et à part la première conf de rédac dont

je garde un excellent souvenir je n'ai pas pu assister à la suite. J’aurais donc du mal à en faire

l'analyse.

- les contacts avec la rédaction se sont limités à quelques emails échangés et un ou deux coups

de fils très cordiaux par ailleurs et suffisant pour dire que j'ai apprécié l'ouverture de la

rédaction. En effet, le sujet que j'ai traité n'était pas celui qu'on avait convenu au départ et je

n'ai pas eu la moindre réticence de la part de Marie ni d'Eric.

- Ce qui a été le plus intéressant pour moi dans cette expérience c'est l'effet de la publication de

mon article. Plusieurs médias tunisiens ont en parlé et certains ont même remis en doute à leur

tour la version officielle en s'appuyant sur l'article. Le clou de l'histoire était surement le

communiqué du ministre des affaires étrangères qui s'est senti obligé de préciser qu'il ne

s'agissait qu'une candidature au « statut avancé » et non l'obtention de celui ci. Et en Tunisie ce

genre de mia culpa même déguisé est très rare ! Vous trouverez sur ces liens un résumé des

réactions à mon article.

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Page 42: Livre Blanc 3001 l'Odyssée de l'info

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« Statut avancé » accordé à la Tunisie : À quand les explications d’Abdelwaheb Abdallah ? (

http://nawaat.org/portail/2009/01/22/%C2%AB-statut-avance-%C2%BB-accorde-a-la-tunisie-a-

quand-les-explications-d%E2%80%99abdelwaheb-abdallah/ )

Le ministère des affaires étrangères répond enfin aux interrogations posées par Malek

Khadhraoui ( http://www.nawaat.org/portail/2009/02/12/le-ministere-des-affaires-etrangeres-

repond-enfin-aux-interrogations-posees-par-malek-khadhraoui/ )

- Je pense qu’il faudrait renouveler ce genre d’événement et pourquoi pas créer une rubrique

permanente avec des participations régulières de blogueurs.

En fin je veux remercier tous ceux qui ont participé à cette aventure et spécialement Marie, Eric

et Karine