L'Islam tel que je l'ai connu - Religion de la clémence et de la paix par Nasri Salhab

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L’ISLAM TEL QUE JE L’AI CONNU : RELIGION DE LA CLÉMENCE ET DE LA PAIX NASRI SALHAB Publications de l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture -ISESCO- 1424H/2003

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L’ISLAM TEL QUE JE L’AI CONNU :

RELIGION DE LA CLÉMENCE

ET DE LA PAIX

NASRI SALHAB

Publications de l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture-ISESCO- 1424H/2003

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Photocomposition et montage :ISESCO

Dépôt légal : 1386/2001ISBN : 9981-26-287-0

Impression : Imprimerie Beni IsnassenSalé - Royaume du Maroc

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Table des matières

Préface ………………………………………………………………

Introduction ……………………………………………………………

Quelques données utiles aux non-musulmans ………………………

Chapitre I - Dieu le Clément, le Miséricordieux ……………………

Chapitre II - Les Juifs de la Péninsule - les Chrétiens ………………

Chapitre III - Le Coran, Livre du Chrétien et du Musulman …………

Chapitre IV - Entre les deux religions … des différences ……………

Chapitre V - La place du Chrétien dans l’Islam ………………………

Chapitre VI - Sourate “Al Bourouj” - Zou Nou’ass …………………

Chapitre VII - L’égalité ………………………………………………

Chapitre VIII - Les mœurs - la patience et le pardon …………………

Chapitre IX - Religion de la conviction, non de la contrainte ………

Chapitre X - L’être est fait de corps et d’esprit ………………………

Chapitre XI - La polygamie …………………………………………

Chapitre XII - Le mariage et le divorce dans l’Islam …………………

Chapitre XIII - L’Islam est une école de charité ……………………

Chapitre XIV - La guerre ……………………………………………

Chapitre XV - La guerre sainte - Al Jihad ……………………………

Chapitre XVI - Le Tribut ……………………………………………

Chapitre XVII - Al Amane (La sécurité - protection) …………………

Chapitre XVIII - La femme en Islam ………………………………

Chapitre XIX - Le Voile ………………………………………………

Chapitre XX - Le Vol …………………………………………………

Chapitre XXI - Le Paradis en Islam …………………………………

Chapitre XXII - L’Islam, soutien du Christianisme …………………

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Préface

Depuis sa création, l’Organisation islamique pour l’Education, lesSciences et la Culture -ISESCO- œuvre, par les moyens relevant de sacompétence, à mettre en valeur la conception islamique des différentesquestions humaines. C’est ainsi qu’elle a abordé les questions d’actualitédans une perspective islamique, à la fois scientifique et objective, tout enrespectant les impératifs de rigueur et d’exhaustivité. Cette méthodologieapporte un éclairage sur l’authentique image de l’Islam, et réfute lesfausses assertions avancées par des chercheurs tendancieux, ou quiméconnaissent les nobles principes de l’Islam. Dans ce cadre, l’ISESCOa publié une série d’études visant à rectifier les erreurs concernant leCoran, la foi islamique et la vie du Prophète commises par l’Encyclopédieislamique de la maison d’Edition Brill, Leiden, Pays-Bas.

Le présent ouvrage “L’Islam tel que je l’ai connu : Religion de laclémence et de la paix” constitue un nouveau genre dans la série despublications de l’ISESCO, en ce sens qu’il reflète le point de vue d’unchercheur et penseur chrétien arabe du Liban. Ancien ambassadeur deson pays auprès du Vatican, Dr. Nasri Salhab a étudié l’Islam sur toutesles coutures pour expliquer ses vérités intrinsèques et son équité.

Au début de son ouvrage, l’auteur a traité de l’inimitabilité du Corannotamment la Basmala, considérant que le Coran est une révélation divineet un livre sacré pour les musulmans. Il a, de plus, mis en exergue la placequ’occupe la femme dans l’Islam. Par ailleurs, l’ouvrage traite de la questiondu jugement et du châtiment, du droit du corps et de l’esprit dans l’Islam,du régime de la Jizia (impôt dû par les non-musulmans vivant en terred’Islam, aux autorités musulmanes) et de l’Amane, du principe du bonvoisinage et d’autres sujets, ainsi que les questions où le point de vue del’Islam est compatible avec les valeurs humaines universelles.

Consciente de l’importance du dialogue entre les civilisations, les cultureset les religions, l’ISESCO a publié cet ouvrage pour affirmer le rôlecivilisationnel que les musulmans ont joué à travers l’histoire en matièrede promotion de la civilisation universelle, et leur contribution effective

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aux domaines scientifiques par la traduction, la documentation et l’invention.Autant d’éléments que l’auteur s’est attelé à faire ressortir de la manièrela plus plausible qui soit.

L’ISESCO rend hommage à l’auteur pour l’étude objective de la civilisationislamique qu’il a menée. Elle le remercie également pour son honnêtetéintellectuelle et sa vision lucide des préceptes du Coran, qu’il a d’ailleursillustrés dans une langue claire et par une argumentation cohérente.

Que Dieu nous assiste pour le bien-être de la Oummah islamique.

Dr Abdulaziz Othman Altwaijri

Directeur généralde l’Organisation islamique

pour l’Education, les Scienceset la Culture (ISESCO)

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Introduction

J’ai vu l'Islam, et je l’ai aimé.

Mais, avant de le voir, j’en avais entendu parler. Ce que j’ai vu est lecontraire de ce que j’avais entendu. Ce fut alors que je saisis le sens dudicton qui dit : “Entre la vérité et le mensonge il y a quatre doigts. Lavérité est de dire : ‘j’ai vu’. Le mensonge est de dire : ‘J’ai entendu’”.

Aussi ai-je compris combien l’Occident a médit de l’Islam : Sa beauté devintlaideur; sa pureté, impureté; son courage, terrorisme; sa foi, mécréance; samiséricorde, injustice.

Ses vertus devinrent des vices, et sa Révélation, un blasphème.

Pendant de nombreux siècles l’Islam fut la cible des médisances et descalomnies.

Toutefois, au fil des ans, la situation évolua. Elle n’est plus de nos jours cequ’elle fut autrefois. Car lentement, petit à petit, l’Islam se dévoilait, danssa réalité, à l’Occident, plus particulièrement en France où les Musulmansatteignent trois millions, et où leurs penseurs et leurs oulémas ont contribué,dans une large mesure, à sa “réhabilitation”.

Toutefois le courant extrémiste qui apparut dans cetains pays arabes etmusulmans porta l’Occident à s’interroger sur une religion, à l’originerévélée par Dieu comme une source de miséricorde et de paix, et qui fut,depuis son apparition, un exemple de tolérance et de bienveillance, maisqui, à travers le courant extrémiste susvisé, est perçue par l’Occident,comme une religion de fanatisme et de terrorisme. Dans son essence etdans son fond, dans ses origines et ses fondements, l’Islam est la religionde la miséricorde et de la paix, la religion de la compassion et de la tolérance,la religion de la science et de la lumière, non point la religion de la violence,ni celle du fanatisme et de l’ignorance.

Mon objectif, dans le présent ouvrage, est de contribuer à projeter un rayonde lumière sur la réalité de cette religion que j’ai aimée et que j’aime.

Je compte sur Dieu, source de toute Lumière, pour y réussir.

Nasri Salhab

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Quelques données utiles aux non-Musulmans

Ansars (Partisans) : Les premiers Musulmans de Médine (Yathreb) qui ontsoutenu le Prophète.

Calife (ou Khalife, ou Khalifah) : Successeur du Prophète, puis chef suprêmepolitique et religieux de la Nation islamique.

Chari’a : Législation islamique dont les principales sources sont le Coranet le Hadith (voir infra) ou Sunna.

Croyants (ou “Ceux qui ont cru”, ou “O vous qui croyez” …) : Musulmans.Dans ce sens, nous avons reproduit ce mot avec un M majuscule.

Descendre : Le correspondant, chez les Chrétiens, du verbe Révéler. Ainsi,le Coran fut descendu par Dieu à Mohammad. Différence essentielle :Mohammad n’a fait que recevoir la Parole de Dieu. Et, telle qu’il l’a reçue,il l’a communiquée, sans rien y ajouter, et sans rien en retrancher. Larévélation islamique diffère essentiellement de celle des Chrétiens oùl’auteur, inspiré, écrit (comme co-auteur) ce qui lui est révélé par Dieu.

Le Coran fut descendu en langue arabe.

Emigrés (Al Mouhajiroun) : Les premiers Musulmans qui, à l’aube de laRévélation, du vivant du Prophète, ont émigré de la Mecque à Yathreb,ou Médine, fuyant la persécution des Mouchrikines (voir infra).

Hadith : Propos que le Prophète a tenus, et attitudes qu’il a prises dansdiverses circonstances et qui, après le Coran, constituent la source principalede la Foi et de la Chari’a islamiques. Synonyme : Sunna.

Ibn Abdoullah : Fils de Abdillah; surnom du Prophète dont le père s’appelaitAbdoullah.

Ka’aba : Edifice (cubique); Maison de Dieu, construite à la Mecque, plusancienne que celle de Salomon à Jérusalem, et dédiée à Dieu l’Unique.Transformée (vers l’an 605) en un panthéon de 360 idoles qui, dans leurtotalité, furent détruites par Mohammad en personne, qui a rendu l’Edificeau culte de Dieu l’Unique, à travers l’Islam.

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Mouchrikines : (littéralement associateurs). Ceux qui, notamment à laMecque, adoraient Dieu l’Unique en lui associant d’autres “divinités”(idoles) au nombre de 360 (voir supra).

Mouazzin : Fonctionnaire chargé d’appeler du haut du minaret aux cinqprières quotidiennes de l’Islam.

Rachidines : Surnom des quatre premiers successeurs du Prophète : AbouBakr Al-Siddiq, Omar Ibn Al-Khattab, Othman Ibn Affan, et Ali Ibn AbiTaleb.

Sourate : Chapitre du Coran composé de 114 sourates dont chacune a untitre. Les sourates sont divisées en versets.

Ulémas : Ou Oulamas. Docteurs de la loi musulmane, juristes et théologiens.

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Traduction des versets coraniques

Pour diverses raisons, aussi essentielles l’une que l’autre, le Coran est,pratiquement, intraduisible.

Il faudrait, pour cela, recourir aux périphrases, aux métaphores … quirisquent de nous éloigner de la concision qui caractérise son style toutparticulier et unique.

A la différence des Livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui sontdes Livres écrits par leurs auteurs sous l’inspiration, c’est-à-dire “révélés”,le Coran est l’œuvre exclusive de Dieu qui, dans Son Livre, s’est révéléêtre un auteur inimitable.

Le mortel que je suis ne peut, donc, qu’essayer de rendre le sens des versetscoraniques intelligibles.

C’est ce que j’ai essayé de faire, dans la traduction de mon ouvrage où, pourrendre aux versets coraniques leur sens voulu par Dieu, je me suis référé,entre autres, aux traductions de Mohammad Hamidoullah(1), d’EdouardMontet(2) et de Kasimirski(3).

J’ose espérer que le lecteur ne me tiendra pas rigueur de mon “imperfection”d’être humain. Dieu seul, béni soit son nom, est infaillible et parfait.

L’auteur-traducteur

N.S.

(1) Club Français du Livre, 1966 (Préface de Louis Massignon).(2) Editions Payot et Rivage, 1998.(3) Editions Rombaldi, 1973.

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Chapitre I

“Dieu le Clément, le Miséricordieux”

Dès les premiers instants, mon attention fut attirée par le fait que toutes lessourates du Coran débutaient par les mêmes quatre mots(1) qui, de ce fait,devinrent partie intégrante de l’Islam, participant de son essence et constituant,aussi, son Titre et la Porte qui mène à lui : “Au nom de Dieu le Clément,le Miséricordieux”.(2)

Dans leur fond et leur forme, dans leur esprit et leur lettre, ces quatre motssont, sans conteste, parmi les plus beaux que l’oreille humaine ait entendus.

Celui qui parle et agit “au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux” nepeut dire et faire que des paroles et des actes pétris de miséricorde, laquelleest la plus grande vertu dont l’âme humaine puisse se parer.

Et si Dieu, dans le Christianisme est Amour, comme l’a résumé un Jésuitecélèbre, dans l’Islam Il est Miséricorde. Le Musulman “authentique” nepeut pas ne pas être miséricordieux.

“Heureux les Miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde”, a dit le Christ,Fils de Marie.

De son côté, le Prophète arabe Mohammad a dit : “Faites miséricorde (ayezpitié) à ceux qui sont sur terre, Celui qui est au ciel vous fera miséricorde”.

Avec le Christ et Mohammad je dis : “Heureux tout Musulman qui secomporte selon les préceptes du Livre de Dieu ! Heureux les Musulmans-cléments et miséricordieux- qui marchent sur les pas de leur Prophète, etse conduisent selon les commandements de Dieu, leur Créateur !

Cette miséricorde, qui constitue le Titre de l’Islam, comme nous l’avonsdit, est directement suivie de l’humanisme et de l’universalisme de cettereligion qui est la religion de l’homme, dans le sens absolu du terme, en

(1) Sauf la sourate Le Repentir, la 9ème dans l’énumération coranique.(2) En arabe, ces mots sont au nombre de quatre : Bism Illah Arrahmane Arrahime.

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tout lieu et en tout temps, non point la religion des Arabes et des Musulmans,exclusivement : “O, les gens ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’unefemelle et avons fait de vous des peuples et des tribus, pour que vous vous“entreconnaissiez”. Le plus noble des vôtres, auprès de Dieu, c’est le pluspieux”, [Les Cloisons : 13].

O, les gens, tous les gens, ceux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, Arabesfussiez-vous ou non Arabes, Musulmans ou non Musulmans, la piété estvotre chemin vers Dieu, qui vous a créés, et qui est le Dieu des mondes.

L’humanisme et l’universalisme de l’Islam sont ses deux bras ouverts pouraccueillir tout être humain, et font que tout être humain se dirige vers lui,étant persuadé qu’il y trouvera une nourriture pour son âme et une échellespirituelle qui l’élèvera à Dieu le Miséricordieux, ainsi qu’au Paradis queDieu, dans Sa toute Puissance, a préparé pour y accueillir les gens de piétéet de bien.

Dans ce contexte, le verset suivant prend sa place et devient plus intelligible :“Cela ne dépend ni de vos souhaits, ni de ceux des Gens du Livre. Quiconquefait un mal en sera puni et ne trouvera, hors de Dieu, ni ami ni secours”,[Les Femmes : 123].

Assurément, ce n’est point selon vos souhaits, O Musulmans, ni selon vossouhaits, O Chrétiens, que les choses se passeront. Si le Musulman fait lemal il en sera puni; si le Chrétien fait le mal il en sera puni. L’Islam estloin, trop loin du racisme, du fanatisme ethnique, et de l’apartheid dans lafoi. L’Islam est la religion de l’humain, de l’universel.

Le Coran contient de nombreux versets déclarant que Dieu -béni soit sonnom- a envoyé Mohammad au genre humain, non point aux Arabesexclusivement. Nous en citons ci-dessous quelques uns :

“Et nous ne t’avons envoyé que comme annonciateur et avertisseurpour tous les gens”, [Saba : 28].

“Béni soit Celui qui a fait descendre le Discernement (le Coran)sur son esclave (Mohammad) afin qu’il soit un avertisseur pourles mondes”, [Le Discernement : 1].

“Dis : O tous les gens, je suis le Messager de Dieu à vous tous”,[Les Limbes : 158].

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Pour cette raison, l’homme, indépendamment de son appartenance ethniqueet raciale, indépendamment de sa couleur, noire ou blanche, fut-il du Nordou du Sud, de l’Orient ou de l’Occident, se sent concerné par l’Islam et parce qu’il contient, comme vertus et valeurs spirituelles et morales, éducativeset sociales, destinées à l’humanité entière, dans toutes ses étapes, depuisqu’elle existe jusqu’à sa disparition dans l’Eternité.

Aussi Dieu a-t-il tenu à faire comprendre aux Musulmans que les LieuxSaints, notamment la Mecque (magnifiée) avec sa Kaaba (honorante) sont,non point une fin de périple, un objectif final, mais un point de départ, etqu’ils sont un lieu de rencontre temporel pour les pélerins qui y affluentdes lointains horizons afin de se connaître mutuellement, d’être bénis etd’élever leurs prières à Dieu, le Miséricordieux, sollicitant son pardon etsa bénédiction, puis retourner à leurs pays respectifs, les âmes et les cœurspurifiés et lavés des souillures dont ils se sont entachés au fil des ans.

La prière du Musulman est agréée par Dieu, même si, en priant, il n’a pointle visage tourné vers la Mecque; car ce qui importe à Dieu ce sont lesdirections des cœurs et des consciences, non point la direction des visageset des yeux : “A Dieu l’Orient et l’Occident. Où que vous vous dirigiez,là est le visage de Dieu”, [La Vache : 115]. De même : “Ce n’est pas charité(1)

que de tourner vos visages vers l’Orient ou l’Occident(2).Mais c’est charitéque de croire en Dieu et au Jour dernier, aux anges, au Livre et auxprophètes, de donner de son argent, pour l’amour de Dieu, aux proches,aux orphelins, aux pauvres, à l’enfant de la route et aux mendiants, et pourdélier les jougs; et d’établir l’Office et d’acquitter la dîme; et ceux quihonorent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés …", [La Vache : 177].

(1) Ou piété.(2) Le Coran contient plus d’un verset qui recommande aux Musulmans, lorsqu’ils prient, de diriger

leurs visages vers la Mosquée Sacrée (Al Masjid Al Haram). A titre d’exemples, les versets 144,148 et 149 de la sourate “La Vache”. Une telle mesure est, sans doute, pleine de sagesse car elleimplique que les Musulmans, où qu’ils se trouvent, dirigent, lors de leur prière, leurs yeux etleurs consciences, ainsi que leur cœurs, vers un même et unique lieu. Mais la prière est agrééequel que soit l’orientation de celui qui prie : “L’Orient et l’Occident sont à Dieu …".

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Ces deux versets - et il y en a d’autres dans le même sens - ont élevé l’Islamau zénith de l’humain et de l’universel; ils l'ont libéré de tout lien, enrésumant la religion de Dieu, laquelle, de ce fait, devint la religion de l’êtrehumain, dans son absolu.

Comme on le sait, la prière est l’un des cinq piliers de l’Islam. Dieu l’aprescrite dans plusieurs versets dont nous citerons ci-dessous quelques-uns :

- “… Et prie, la prière est, pour les Croyants, une obligationprescrite en temps déterminés”, [Les Femmes : 103].

- “Prie; la prière est un obstacle à la turpitude et à ce qui estinterdit”, [L’Araignée : 45].

- “O, les Croyants ! Cherchez secours dans la patience et la prière”,[La Vache : 153].

De même, indirectement :

- “Qu’est ce qui vous a conduit à l’enfer ?” Ils dirent : “Nous nefûmes pas parmi ceux qui prient”, [Al Mouddathir, l’Habillé : 42-43].

- “L’homme fut créé avide; si le malheur le touche, il est abattu;et si le bien le touche, il le refuse; sauf ceux qui prient”, [LesDegrés(1) : 19-22].

Dieu ne veut point de prière du bout des lèvres, comme un acte de routinene venant point du fond du cœur. Il la veut une présence en Lui, ainsi qu’unelibération de l’âme de tout lien qui l’attache à ce monde, afin que le croyant,en prière, puisse vivre tout mot qu’il prononce et soit en mesure d’en sonderle sens et la finalité : “Malheur à ceux qui prient sans être tout entièrementà leur prière”, [Al Ma’oun : 4-5].

Dans la sourate “Al Fatiha” (l’Ouverture) - obligatoire au début de touteprière - resplendissent l’humanisme et l’universalisme de l’Islam, dansleur sens le plus sublime, notamment dans les mots “Dieu des mondes”,lesquels portent le Musulman à sentir et à se persuader que, à travers sonDieu, le Dieu des Mondes, il fait partie de la famille humaine, la familleunique, une, dans laquelle sont fondues toutes les ethnies, voire toutes lesnationalités, absolument.

(1) Ou les Escaliers.

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Obervons que la sourate Al Fatiha, qui ne contient que sept versets, a répétéles attributs “Le Clément, le Miséricordieux” deux fois afin de rappeler auxCroyants que Dieu, titulaire dans le Coran, de 99 attributs, a choisi ces deuxderniers - Clément et Miséricordieux - les préférant à tous les autres.

Pour cette raison - et nous y avons déjà fait allusion - nous constatons quetoutes(1) les sourates du Coran commencent invariablement par “Au nomde Dieu, le Clément, le Miséricordieux”, c’est-à-dire par la clémence et lamiséricorde.

Il serait utile de préciser que ces “basmala” (l’invocation du nom de Dieu)font partie intégrante de la sourate Al Fatiha, dont elles constituent lepremier verset; alors que, dans les autres sourates - au nombre de 113(2) -elles constituent les titres immuables, sans pour autant être recensées dansces versets.

Cela signifie que la Miséricorde, avec tout ce qu’elle connote et impliqued’humain et d’universel, est l’attribut majeur d’Allah, le Dieu des Univers.

L’universalisme de l’Islam le porte à regarder avec considération et respecttous les prophètes et messagers que Dieu avait choisis antérieurement àl’Islam et à Mohammad afin de guider l’humanité dans le droit chemin :

- “Dites : nous croyons en Dieu et à ce qui fut descendu à nous,et en ce qui fut descendu à Abraham et Ismaël et Isaac et Jacobet les Tribus, et en ce qui fut donné à Moïse et Jésus et lesprophètes de la part de leur Seigneur : nous ne faisons point dedifférence entre eux. Et à Lui (Dieu) nous sommes soumis”, [LaVache : 136].

- De même :

“O les Croyants ! Croyez en Dieu et en son messager, et au Livrequi fut graduellement descendu sur son messager, et au Livre qui,auparavant, fut descendu en bloc. Celui qui ne croit pas en Dieuet en ses anges et en ses livres et au Jour Dernier, il s’égare troploin”, [Les Femmes : 136].

(1) Sauf la sourate Le Repentir (ou le “Désaveu”), la IXème dans le classement (voir supra, débutdu présent chapitre) : Note du traducteur.

(2) Moins la Sourate N° 9, “Le Repentir”.

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- De même aussi :

“Ceux qui mécroient en Dieu et en Ses messagers, et qui veulentfaire différence entre Dieu et Ses messagers, et qui disent : “Nouscroyons aux uns et mécroyons aux autres”, et qui veulent prendreune voie moyenne entre les uns et les autres, ceux-là sont vraimentles mécréants; et Nous avons préparé pour les mécréants unsupplice avilissant”, [Les Femmes : 150-151].

Ces versets, et leurs semblables dans le même contexte, furent, sans consteste,parmi les causes qui me déterminèrent, dans ma pensée, mon esprit et mafoi, à trouver dans l’Islam un havre de paix et deux bras ouverts pouraccueillir, non seulement les Croyants, mais aussi tous les hommes, sansrestriction ni distinction, et les inciter à aller toujours de l’avant dans lechemin qui, en fin de périple, conduit à la Grande Connaissance.

Abraham, Isaac, Jacob et les tribus - les tribus, dans l’acception juive duterme, sont les fils de Jacob et chefs des douze tribus d’Israël - et Moïse,pour rester dans le contexte de l’Ancien Testament, sont, dans la foi et ladoctrine musulmane, des prophètes et des messagers respectables et respectésque Dieu a choisis, inspirés et guidés. Aux yeux de l’Islam, ils ne sont nijuifs - comme se plaisent à déclarer les historiens - ni arabes; ils ne sauraientêtre circonscrits dans une race, une nation ou une couleur; ils appartiennentà l’humanité dont ils sont les prophètes et les messagers; l'universalité deleur mission les fait appartenir à la Conscience universelle, hier, aujourd’huiet demain, sur la vaste terre de Dieu.

Dieu ordonne à ceux qui ont cru, c’est-à-dire aux musulmans, de croire auxLivres précédemment “descendus” (révélés), c’est-à-dire la Bible et l’Evangile,comme ils croient au Livre descendu sur Son Messager, c’est-à-dire le Coran.

Pour Dieu, les prophètes sont égaux, étant donné que leur message, dans sonessence et son origine, provient de la même Source : de Dieu l’Unique.

Concernant la Bible et l’Evangile, les paroles de Dieu sont claires :

- “Il a peu à peu fait descendre sur toi le Livre, avec vérité, commeconfirmateur de ce qui était avant lui. Et il a fait descendre en blocla Thora et l’Evangile, auparavant, comme guidée pour les gens.Et Il a fait descendre le Discernement”, [Famile d’Imrane : 3-4].

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- De même :

“Et Nous avons envoyé sur leurs traces Jésus, fils de Marie, commeconfirmateur de ce qu’il a entre les mains de la Thora. Et Nouslui avons donné l’Evangile, contenant guidée et lumière, commeconfirmateur de ce qu’il a entre les mains de la Thora, commeguidée et exhortation pour les pieux”, [La Table servie : 46].

Cela signifie, entre autres, que l’Islam vénère le Judaïsme et le Christianisme,les considérant comme deux religions “descendues”, (Révélées de la partde Dieu), comme il vénère les prophètes qui, dans le contexte de la religionjuive et chrétienne, ont œuvré pour faire triompher la parole de Dieu, etpour répandre la Vérité et le Bien dans le monde.

Il est à noter que l’Islam ne ferme pas sa porte à un chrétien désireux d’yentrer afin d’en recueillir profit et connaissances. Bien plus : d’une manièregénérale, et sous réserve de quelques exceptions, auxquelles nous reviendrons,le chrétien, en lisant le Coran, ressent qu’il est l’un des croyants, lié à ceux-cipar des liens d’amitié sûre émanant de ce que Dieu a révélé sur le Christ,Marie, les Chrétiens et les moines.

A titre d’exemple : “Et ne disputez avec les gens du Livre que de la meilleuremanière, sauf avec ceux d’entre eux qui font l’injustice, et dites : Nouscroyons en ce qui a été descendu à nous, et en ce qui a été descendu à vous;notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à Lui que nous noussoumettons”, [L’Araignée : 46].

Bien que les termes “gens du Livre” désignent, généralement les chrétienset les juifs, il est à noter, cependant, que l’esprit qui prévaut dans les versetscoraniques, ainsi que le climat émotionnel qui y règne, nous autorisent àpenser que lesdits termes se rapportent aux chrétiens sans les juifs, lorsquele verset exprime l’affection et la considération motivées par la miséricordequi se dégage généralement du chritianisme et du Christ, ainsi que par la naturedes relations qui prévalurent entre les chrétiens de la presqu’île arabiqueet le Prophète personnellement. Ces relations, en effet, se caractérisèrentpar une affection et une estime réciproques, contrairement à ce qu’ellesfurent entre les juifs de la presqu’île et les musulmans, en général, et entreeux et le Prophète, en particulier.

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Ceci apparaît clairement dans le verset suivant : “Tu trouveras que les juifset les associateurs sont les ennemis les plus virulents des Croyants; et tutrouveras que ceux qui disent qu’ils sont chrétiens sont les amis les plusaffectueux des Croyants; c’est que, parmi eux, se trouvent des saints etdes moines, et ne s’enflent point d’orgueil”, [La Table servie : 82].

Dans ce verset, Dieu cherche manifestement à faire la distinction entre lesjuifs et les chrétiens, alors que ceux-ci et ceux-là sont “les gens du Livre”.De même, nous saisissons le sens du verset suivant de la sourate “Lesfemmes” : “Les gens du Livre te demandent de leur faire descendre duciel un Livre. Ils demandèrent à Moïse quelque chose de plus grand quecela, lui disant : “Fais-nous voir Dieu à découvert”; la foudre les frappapour prix de leur tyrannie …, (153).

Il est clair qu’il s’agit ici des juifs qui demandèrent à Moïse - qui apparutsur la scène de l’Histoire plusieurs siècles avant le christianisme - de leurmontrer Dieu manifestement.

De même aussi : “O les Croyants. Ne prenez pas pour amis les mécréantset ceux des gens du Livre qui vinrent avant vous et qui prirent votrereligion en dérision et pour amusement. Et craignez Dieu si vous êtesCroyants”, [La Table servie : 57].

De même aussi : “Les mécréants des enfants d’Israël furent maudits parMoïse et Jésus, fils de Marie, en châtiment de leur désobéissance et deleurs attaques”, [La Table servie : 78].

Ainsi, il apparait que le Christ, fils de Marie, a maudit les juifs, à cause deleur rébellion et de leur iniquité, comme il advint dans le passé lointain àDavid (Vers Xè siècle avant J.C.) de les maudire pour les mêmes motifs.

Il est à remarquer que Dieu, dans le Coran, a réservé aux juifs mécréantsune souffrance terrible … et les maudit pour avoir tué les prophètes sansraison, et pour avoir proféré de graves calomnies contre Marie, et pouravoir prétendu avoir tué le Christ, fils de Marie, Messager de Dieu …que Dieu a élevé à Lui, comme il est dit en détails dans les versets 152 à161 de la sourate “Les femmes”.

Toutefois, Dieu a un regard différent envers les juifs imbus de science etde savoir, qui croient en ce qu’Il a révélé à Mohammad et en ce qui fut

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révélé avant lui, et qui pratiquent la prière, payent la dîme et croient en Dieuet au Jour dernier, ceux-là “Dieu leur décernera une grande récompense”.

Il n’y a, donc, dans l’Islam aucune ségrégation raciale, ni la moindrepréférence d’une nation à une autre, ni le moindre jugement préconçu àl'encontre d’aucun peuple : ceci est en contradiction avec son humanismeet son universalisme. L’Islam juge les gens, particuliers, groupes et nations,sur la base de leurs actions : “Quiconque fait un bien du poids d’un atome,le verra (en sera récompensé); et quiconque fait un mal du poids d’un atomele verra (en sera puni)", [La Secousse : 7-8].

Telle est son attitude vis à vis des juifs : sévères châtiments pour les mécréantsd’entre eux, et grande récompense pour leurs savants, leurs croyants en ceque Dieu a révélé, et ceux qui pratiquent la prière et payent la dîme.

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Chapitre II

Les Juifs de la Peninsule … Les Chrétiens

D’une manière générale, les Juifs de la Péninsule arabique prirent à l’encontredu Prophète une attitude pleine d’hostilité.

Parmi les tribus juives qui se rallièrent aux Mouchrikines(1) et combattirentles Croyants à Ohod(2) se distinguent les Bani Nadir qui tentèrent, aprèsOhod, d’assassiner le Prophète à Yathreb(3), en jetant sur lui une grossepierre du haut d’un mur auprès duquel il se reposait.

La réponse du Prophète à cette criminelle tentative fut une sommation qu’iladressa aux Bani Nadir de quitter la ville (Yathreb). Face à leur refus, il lescerna empêchant tout secours de leur parvenir. Au bout de six jours, ils sesoumirent. Il ne leur fit aucun mal et leur permit de partir avec tout ce queleurs chameaux pouvaient porter de leurs biens. Ils quittèrent Yathreb etpartirent, la plupart, pour Khaïbar, et une minorité pour Damas.

A Khaïbar ils reprirent leurs complots, se joignant, avec Bani Qouraïza - uneautre tribu juive - à l’armée des Mouchrikines, forte de dix mille combattantscommandés par Abi Soufiane qui vint mettre le siège devant Yathrebpendant vingt jours au bout desquels il se vit contraint de se retirer à caused’un large fossé que le Prophète avait, au préalable, fait creuser toutautour de la ville, et d’une pluie torrentielle, accompagnée d’orages et detonnerres, qui finit par décourager les assaillants et entraîner leur déroute.

Après la “journée” (bataille) du “Fossé”(4), le Prophète attaqua Bani Qouraïzaet les cerna durant vingt cinq jours. Ils finirent par se rendre.

(1) Les associateurs, car ils adoraient Dieu et lui associaient des idoles.(2) Seconde bataille (en 625) que le Prophète mena contre les Mouchrikines, et qu’il perdit. (Note

du traducteur).(3) Ou Médine (al Madina all Mounawwara); seconde (après la Mecque) en importance parmi les

Lieux Saints musulmans. Le Prophète y mourut et y fut enterré. (Note du traducteur).(4) Al Khandaq.

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… Lorsque l’alliance entre les juifs et les mouchrikines se solda par unéchec, ils formèrent une nouvelle alliance entre eux, à cent pour cent juivegroupant leurs tribus non éloignées de Yathreb, et dont les Bani Nadir,installés à Khaïbar, constituaient l’épine dorsale. En apprenant qu’ilss’apprêtaient à attaquer Yathreb, le Prophète les devançant, alla à leurrencontre, à la tête de l’armée des Croyants.

Telle fut l’expédition (ghazwat) de Khaïbar qui eut lieu en 629, au coursde laquelle Dieu accorda la victoire à ceux qui combattaient pour sa gloire.

… Quant aux Chrétiens, leur attitude vis à vis du Prophète fut empreinted’affection et de considération. Des témoins oculaires ont rapporté que leProphète déploya sa cape par terre afin que les membres d'une délégationde chrétiens qui sont venus le voir à Yathreb s’asseoient dessus, voulantpar ce geste leur témoigner son affection et son estime.

De même les chroniqueurs racontent que le chef des Chrétiens d’Ayala (ou‘Aqaba) alla, en ces temps-là, à la rencontre des musulmans leur exprimerson amitié et sa sympathie, et que le Prophète écrivit aux Chrétiens deslettres d’Amane (sauvegarde et garantie), et les traita avec beaucoup d’égardset de bienveillance. (Hitti, “Histoire détaillée des Arabes”, 1949, T.I., 164).

De même, il nous paraît authentique, et solidement étayé, le Hadith qui dit :“Quiconque porte préjudice à un chrétien je serai son adversaire le Jourdu Jugement dernier”.

Lorsque la pression des mouchrikines et de leurs alliés se fit de plus enplus forte, mettant les croyants à rude épreuve, un certain nombre de cesderniers, parmi lesquels se trouvait Jaafar bin Abi Taleb, émigrèrent enEthiopie, suivant, en cela, les conseils du Prophète qui, en cette occasion,leur dit qu’ils y trouveront un roi juste qui ne fait de tort à personne.

Dans sa lettre au Najachi (le roi de rois abyssins), portée par Omar binOumayya al Damri, le Prophète écrit, entre autres : “… Et je témoignequ’Issa, fils de Marie, est l’Esprit de Dieu et Son Verbe déposé en Marie,la vierge, la bonne, la chaste, qui fut enceinte d’Issa que Dieu créa deson Esprit et insuffla, comme il créa Adam et l’insuffla …".

(1) Propos du Prophète.

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De même, en réponse à une question posée par le Najachi, Jaafar bin AbiTaleb dit : “Nous disons du Christ ce que notre Prophète nous a enseigné :il est le Serviteur de Dieu, Son Prophète, Son Esprit et Son Verbe déposéen Marie la vierge, la chaste”. Le Najachi dit : “Par Dieu, Jésus fils deMarie, est exactement tel que vous le décrivez”. Al Tabari raconte que leProphète fit part aux musulmans du décès du Najachi en des termesémouvants. De même, Ibn Hicham rapporte des paroles de Aïcha(1) desquellesil ressort qu’une lumière continua à jaillir du tombeau du Najachi pendantune période assez longue qui suivit sa mort.

(1) Troisième épouse du Prophète. (Fille d’Abou Bakr, 3ème Calife Rachidine) : Note du traducteur.

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Chapitre III

Le Coran, Livre du Chrétien et du Musulman

Cette attitude empreinte d’amitié, de considération et de louange prise parl’Islam -Coran et Sunna- à l’égard des chrétiens fut, elle aussi, parmi lescauses qui me portèrent à me rapprocher, en pensée, esprit et foi, de l’Islamet de m’y introduire le plus loin possible, et d’étancher ma soif en buvantde son eau limpide et douce.

L’Islam, en tout cas, ne se confine pas dans des généralités; ainsi il consacreau Christ, à Marie et aux moines d’éloquents versets, en disant d’eux debelles paroles, élevant Marie, tout particulièrement, à un niveau qu’aucuneautre femme dans l’Histoire n’a jamais atteint. Pour les Chrétiens, le Christest l’alpha et l’omega. Pour cette raison, les Chrétiens se sont appelés deson nom, afin d’illustrer cette relation très solide, voire organique, qui lesrelie, dès l’origine, au Christ personnellement.

Contrairement aux Musulmans qui, à raison, refusent de s’appeler Mahométans,les Chrétiens considèrent que leur appellation constitue une conditionessentielle de leur appartenance religieuse et doctrinale.

Partant de là, le Chrétien est positivement sensible à tout écrit louant leChrist et qui dit de lui de belles paroles.

Dans ce contexte, tout particulièrement, et dans d’autres en général, leCoran devient, non point le Livre des Musulmans exclusivement, maisaussi le Livre des Chrétiens.

Ainsi, à travers ma connaissance du Coran, en général, et de ce qu’il contientde versets relatifs aux Chrétiens, au Christ, à Marie et aux moines, particu-lièrement, j’ai commencé à réaliser que je possède une quote-part dans leLivre de Dieu : Il ne m’est point étranger, et je ne suis pas étranger à lui.

Il est “mon livre”, comme il est le Livre du Musulman. A travers ma quote-part - et elle est importante - je le considère adressé, dès l’origine, à tout êtrehumain croyant en Dieu et au Jour Dernier. A cet égard, il est important

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de remarquer que l’Islam respecte le dogme chrétien - et il est essentiel -qui se résume en ce que le Christ n’a point de père selon la chair. Partantde là, l’Islam respecte, d’une manière indirecte mais claire, le dogme chrétiende “l’Immaculée Conception”, inhérent à Marie, mère du Christ, paix sureux. Ainsi le Christ, nommé Issa dans le Coran, et quelquefois Messie(Al Masih), est invariablement et constamment désigné par les mots “Filsde Marie”; non point parce qu’il est de père inconnu - Dieu est Omniscient,si le Christ avait un père Il l’aurait désigné par son nom dans le Coran -mais parce que, en vérité, il n’a point de père selon la chair. Cela signifieque Marie, contrairement à toutes les femmes des mondes, n’a point étéenceinte du fait d’un homme - “aucun homme ne l’a touchée”-, mais dufait d’une intervention divine, à travers l’Esprit Saint, comme nous allonsci-dessous l’expliquer.

Les versets dans lesquels le Christ est appelé “Fils de Marie” sont nombreux.Nous en citerons quelques uns :

“Et Nous avons envoyé sur leurs traces Jésus, Fils de Marie …",[La Table servie : 46].

“… et de leur parole : Nous avons tué le Christ, Fils de Marie,le Messager de Dieu …", [Les Femmes : 157].

“O Marie ! Dieu t’annonce un Verbe de Lui qui s’appelle le Christ,Fils de Marie …", [Al Imrâne : 45].

“Les mécréants des enfants d’Israël furent maudits par Moïse etJésus, fils de Marie …", [La Table servie : 78].

La Naissance du Christ (la Nativité) dans le Coran, de par son essenceoriginelle et sa relation directe avec Dieu, est la même que dans l’Evangile.Elle est liée à Marie que Dieu a choisie pour cet événement exceptionnel.

Pour ces motifs, nous constatons que le Coran insiste, maintes et maintesfois, sur la pureté de Marie qui, en vérité, est une perle unique dans le Livrede Dieu.

Ecoutons ce que Dieu nous dit :

“Et lorsque les anges dirent : O Marie ! Dieu t’a élue, et purifiée.Il t’a élue au dessus des femmes des mondes”, [Al Imrâne : 42].

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De ce verset, nous apprenons que Dieu - béni soit son nom - a élu, ou choisi,Marie et l’a purifiée. Puis, après l’avoir purifiée, Il l’a élue - et ce n’estpoint ici une répétition de forme, mais une confirmation spirituelle - “audessus des femmes des mondes”.

La répétition du mot “élue” - une fois, seule, et une autre fois “au dessusdes femmes des mondes” - nous permet d’affirmer que le sens, la premièrefois, est tout autre que celui de la seconde. Dieu, l’Omniscient, l’Omnipotent,l’Infaillible, ne se répète pas vainement. Il ne parle point pour ne rien dire,si une telle expression est permise. Le mot “élue” - le premier - signifie queDieu a choisi Marie avant la Création, antérieurement au péché originelconsécutif à la désobéissance d’Adam et d’Eve qui furent chassés duParadis pour avoir enfreint les ordres du Créateur.

Ainsi, le péché originel n’a point touché Marie, car Dieu l’a purifiée dèsl’origine, avant la Création, comme nous venons de le dire. Pourquoi, donc,Dieu a purifié Marie dès l’origine ? La réponse est claire : Pour qu’Il l’élise,par la suite, au dessus des femmes des mondes.

Et pourquoi Dieu l’a-t-il élue au dessus des femmes des mondes ? La réponse,ici, est claire aussi : parce qu’Il l’a destinée à être un jour la mère du Christ.

Dans le Coran, Marie est la “fille d’Imrâne”; sa mère est la “femme d’Imrâne”.

Dieu, dans Son Livre, a consacré une sourate à la “Famille d’Imrâne”, quiporte son nom.

De cette famille - celle d’Imrâne - Dieu dit : “Dieu a élu Adam et Noé etla famille d’Abraham et la famille d’Imrâne au dessus des mondes, et tantque descendance les unes des autres; Dieu écoute et sait”, [Al Imrâne :33-34].

Ainsi Marie, dans son origine, revient à Adam, à travers Imrâne, Abrahamet Noé, lesquels, tous, - depuis Adam jusqu’à Imrâne - ont été élus parDieu, les uns descendants des autres.

A Dieu, l’épouse d’Imrâne, mère de Marie, s’adresse, en disant : “Seigneur!Je t’ai voué ce qu’il y a dans mon ventre, libre de tout lien. Accepte, donc,de moi, Toi, Celui qui entend, qui sait … Et je l’ai nommée Marie, et je

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l’ai placée, avec sa descendance, sous Ta protection contre le diable maudit.Son Seigneur l’accueillit, donc, du meilleur accueil, et la fit croître de labelle croissance”, [Al Imrâne : 35-37].

Les commentateurs et les exégètes ont émis une opinion que nous pourrionsrésumer comme suit : “Tout nouveau-né est touché par Satan - d’où sespleurs lorsqu’il arrive dans ce monde - à l’exception de Marie et de sonfils. Ce qui signifie que Satan cherche à séduire et à égarer tout nouveau-néafin qu’il en soit impressionné, sauf Marie et son fils que Dieu a préservéspar la grâce de son secours”.

“Marie a parlé, alors qu’elle n’était qu’un bébé, comme le Christ, paixsur lui. Elle n’a sucé aucun sein; sa nourriture lui descendait du Ciel”.

… Au fil du temps, Marie croissait et grandissait. Lorsqu’elle atteignit l’âgedu mariage, les anges lui annoncèrent une nouvelle extraordinaire, uniquedans son genre depuis que la terre est habitée par les hommes - depuisAdam - qui allait faire d’elle et de son fils deux créatures différentes detoutes les autres : “Et les anges dirent : “O Marie ! Voilà que Dieu t’annonceun Verbe de sa part, dont le nom est le Messie, Jésus, fils de Marie, illustredans ce monde et dans l’au-delà, et du nombre des rapprochés; dans leberceau, et dans l’âge adulte, il parlera aux gens; et il fera parti des gensde bien. Elle dit : “Mon Seigneur ! D’où me viendra-t-il un enfant, quandaucun homme ne m’a touchée ?” - “C’est ainsi”, lui dit-Il. Dieu crée cequ’Il veut. Quand Il décide d’une chose Il lui dit : “Sois”; et elle est”, [AlImrâne : 43-47].

Dans d’autres versets éloquents, l’Annonciation atteint le summum de laspiritualité : “Et mentionne dans le Livre Marie quand elle s’éloigna dessiens vers un lieu situé à l’Orient; elle mit entre elle et eux un voile. Nouslui envoyâmes Notre Esprit; il prit pour elle la forme d’un être humainnormal(1). Elle dit : “Je cherche en Dieu un refuge contre toi, si tu es pieux”.Il dit : “Je suis le messager de ton Seigneur pour te faire don d’un enfantpur”. Elle dit : “D’où me vient-il un enfant alors qu’aucun homme ne m’atouchée, et que je ne suis point une prostituée”! Il dit : Ainsi ton Seigneur

(1) Bien fait.

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a dit : “cela est aisé pour Moi; et Nous en ferons un signe pour les gens etune miséricorde de Notre part”. et il en fut ainsi. Elle en devint enceinte,et se retira avec lui en un endroit éloigné. Les douleurs lui vinrent auprèsdu tronc du dattier; elle dit : “Que ne suis-je morte avant cela ! et que nesuis-je oubliée à jamais !”. Quelqu’un (l’enfant conçu, Jésus)(2) au dessousd’elle l’appela et lui dit : “Ne t’afflige pas. Ton Seigneur a fait couler unesource au-dessous de toi. Secoue, donc, le tronc du dattier, il fera tomber surtoi des dattes mûres bonnes à cueillir. Puis mange et bois et sois tranquille.Si ensuite tu vois un quelconque être humain, alors dis : “J’ai voué unjeûne au Miséricordieux, je ne parlerai aujourd’hui à personne”. Puis elleprit le bébé et partit chez les siens. Ils (lui) dirent : “O Marie ! Tu as commisune chose condamnable. O sœur d’Aaron ! Ton père n’était pas unhomme de mal; et ta mère ne fut pas une prostituée”. Elle fit alors unsigne vers lui (le bébé); ils dirent : “Comment parlerons-nous à un bébé auberceau ?” Il (le bébé) dit : “Je suis l’esclave (ou l’adorateur) de Dieu. Ilm’a apporté le Livre et fait de moi un prophète; et un homme béni, où que jesois; et m’a recommandé la prière et la dîme tant que je vivrai; et d’êtrecharitable avec ma mère; et n’a pas fait de moi un oppresseurmalheureux. Et paix sur moi le Jour où je naquis, et le jour où je mourraiet le jour où je serai ressuscité à la vie”, [Marie : 16-33].

De ces versets, et de ceux qui les ont précédés, il est affirmé qu’aucunhomme n’a touché Marie et que, nonobstant cela, elle a conçu et enfantéson fils, le Christ, Issa, paix et prière sur lui. Elle a conçu de Dieu, et sonfils fut, ainsi, le “Verbe de Dieu”.

Tel est, dans son essence, le dogme chrétien relativement à Mariepersonnellement.

Dans ce domaine, le Coran va plus loin : le surréalisme que l’Occident n’aconnu qu’au XXème siècle se manifeste dans les paroles divines suivantes :“Et celle qui préserva son vagin; Nous insufflâmes en elle Notre Esprit etNous en fîmes, avec son fils, un signe pour les mondes”, [Les Prophètes : 91].

Le chrétien qui lit, attentivement, de telles paroles émanant de Dieu, le ToutPuissant, pourra-t-il se considérer étranger au monde de l’Islam et des

(2) Ou le nouveau-né (difficile de trancher - tout, dans cet événement extraordinaire, baigne dansle merveilleux).

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Musulmans ? Le Coran ne serait-il pas, du moins en ce qui concerne Marie,son Livre, au même titre que l’Evangile ? Et que lit le Chrétien dansl’Evangile concernant ce fait précisément ? Ecoutons Luc nous parler del’Annonciation faite à Marie :

“Le sixième mois l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une villede Galilée du nom de Nazareth à une vierge fiancée à un hommedu nom de Joseph, de la maison de David; et le nom de la viergeétait Marie. Il entra chez elle et dit : “Salut toi qui es combléede faveur; le Seigneur est avec toi; “à cette parole elle fut toutetroublée et elle se demandait ce que signifiait cette salutation.Et l’ange lui dit : “Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvégrâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras et enfanteras unfils, que tu appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et onl’appellera Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera letrône de David son père. Il règnera sur la maison de Jacobéternellement, et son règne n’aura pas de fin”. Mais Marie dità l’ange : “Comment cela sera-t-il puisque je ne connais pasd’homme ?” Et, répondant, l’ange lui dit : “L’Esprit Saint viendrasur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre… Car rien n’est impossible à Dieu”, [I : 26-35].

- “Comment cela sera-t-il possible puisque je ne connais pasd’homme”, dit l’Evangile.

- “D’où me vient-il un enfant, alors qu’aucun homme ne m’atouchée ?”, dit le Coran.

- “L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut teprendra sous son ombre”, dit l’Evangile.

- “Nous lui envoyâmes Notre Esprit … Nous insufflâmes en ellede Notre Esprit”, dit le Coran.

- “Car rien n’est impossible à Dieu”, dit l’Evangile.

- “Ainsi ton Seigneur a dit : C’est aisé pour moi”, dit le Coran.

… Mon attachement à l’Islam devient de plus en plus fort quand je constatequ’il a pour Marie une telle vénération, alors que certaines communautéschrétiennes ne font preuve à son égard d’aucun respect ni d’aucune considé-

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ration, et ne s’interdisent pas d’en minimiser la valeur et, quelquefois, delui décocher des flèches empoisonnées.

Aussi serait-il utile de noter que le Coran condamne les Juifs et va jusqu’àles traiter de mécréants pour avoir proféré à l’encontre de Marie des parolescalomnieuses, (Les Femmes : 156).

En plus de ce qui précède relativement à la pureté de Marie et à son électionpar Dieu qui l’a prédestinée à être, avec son fils, un signe pour les mondes,nous trouvons dans le Coran des versets qui nous renseignent que Dieu s’estoccupé d’elle, alors qu’elle n’avait que quelques mois. Il lui a assuré sanourriture et l’a portée à se rendre compte qu’elle est élue et destinée às’acquitter d’une mission exceptionnelle.

Ainsi, dans le Coran, nous l’entendons, âgée de quelques mois, parler ettenir des propos dont seules les personnes adultes et sages sont capables :“Son Seigneur l’accueillit du meilleur accueil, et la fit croître de la plusbelle croissance. Et il la confia à Zacharie. Chaque fois que Zacharie entraitprès d’elle au Sanctuaire, il trouvait chez elle de la nourriture. Il dit : “OMarie ! Comment as-tu eu cela ?” Elle dit : “C’est de la part de Dieu. Dieudonne à qui Il veut sans compter”. (Famille d’Imrâne : 37).

Il est beau et sublime que Dieu charge Zacharie, ou tout autre humain, deveiller sur Marie. Mais il est plus beau et plus sublime encore que Marie,n’ayant que quelques mois, dise des paroles qui sont l’apanage des sagesde ce monde : “Dieu donne à qui Il veut sans compter”. Ainsi la toute petiteMarie ne parle point seulement, ne dit pas des mots enfantins, mais parleavec sagesse, et réalise l’intervention de Dieu dans sa conception, sanaissance et son destin … Elle réalise, depuis qu’elle était bébé - et cecine fut donné à aucun être humain, hormis elle et son fils - que Dieu donneet reprend, élève et abaisse, accorde la vie et condamne à la mort.

Après Marie, voici le Christ-enfant, encore dans son berceau, qui parle commeles grandes personnes : “Je suis l’esclave de Dieu. Il m’a apporté le Livreet fait de moi un prophète, et un homme béni où que je sois; et m’arecommandé la prière et la dîme tant que je vivrai; et d’être charitableavec ma mère; et n’a pas fait de moi un oppresseur malheureux. Et paixsur moi le jour où je naquis, et le jour où je mourrai, et le jour où je serairessuscité à la vie”, [Marie : 30-33] (versets déjà reproduits)”.

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Ainsi par la volonté de Dieu - dont la puissance d’action est sans limites -Jésus apprend, dès sa venue au monde, que Dieu lui a apporté le Livre, etfait de lui un prophète et un homme béni où qu’il soit …

Dans sa vénération du Christ, l'Islam va plus loin : il lui reconnaît le pouvoirde faire des miracles, précisant que Dieu l’a investi de ce pouvoir : “Etmessager aux enfants d’Israël, je vous ai apporté un signe de votre Seigneur :pour vous je pétris de glaise une figure d’oiseau, je souffle dedans et levoilà un oiseau, avec la permission de Dieu; et je guéris l’aveugle et lelépreux et ressuscite les morts avec la permisison de Dieu … En cela, il ya un signe pour vous, si vous êtes croyants”, [Al Imrâne : 49].

… Le chrétien qui lit les versets coraniques - révélation de Dieu - relatifsaux chrétiens, au Christ et à Marie, devrait procéder à une auto-critique, à unexamen de conscience, afin de se rendre compte si ses attitudes vis-à-visde l’Islam, à travers les siècles, sont équitables et conformes à la véritécoranique qui se manifeste dans ces versets ou si, au contraire, elles sonttendancieuses et contraires à cette vérité.

L’Islam se distingue par son respect de tous les prophètes, sans exception,depuis Abraham jusqu’au Christ, qui sont apparus avant Mohammad, lesconsidérant, tous, comme des prophètes de l’humanité, et les Messagers ouEnvoyés d’Allah, le Tout Puissant, le Miséricordieux, le Dieu des mondes.

Comme nous l’avons déjà signalé, le Christ occupe une place spéciale danscette chaîne bénie, la chaîne des prophètes et des Messagers divins dontl’Islam vénère et respecte indistinctement tous les maillons.

❋ ❋ ❋

Plus particulièrement, l’Islam vénère une catégorie déterminée de Chrétiens;il en dit les plus belles paroles, et leur prodigue des grandes louanges :"Parmi les Gens du Livre se trouve une communauté ferme (dans sa foi),qui récite la nuit, en se prosternant, les versets de Dieu. Ils croient enDieu et au Jour Dernier, et ordonnent ce qui est convenable, et interdisentce qui déplait à Dieu, et s’empressent à faire le bien; ceux-là font partiedes justes. Et tout le bien qu’ils feront, ils en seront récompensés. Et Dieuconnaît les pieux”. [Al Imrâne : 113-115].

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Dans ces versets qui, sans conteste, font partie des plus magnifiquespassages coraniques relatifs aux Chrétiens, nous trouvons la descriptiond’une classe d’entre eux qui se vouèrent, corps et âmes au renoncementet aux sacrifices; ils quittèrent le monde et vécurent une vie de pauvretéet d’isolement, supportant les malheurs avec abnégation et patience, sesoumettant à la volonté de Dieu, renonçant au monde afin de gagner l’au-delà.

Telle fut la classe des moines qui, dans les premiers siècles chrétiens,connurent leur âge d’or. Ils resplendirent, en ces temps-là, d’une lumièrespirituelle étincelante, à nulle autre pareille. A l’un de ces moines - quis’appelait Maron - remonte, dans son origine, la communauté maronite,l’une des communautés dont se compose la famille libanaise.

Le chrétien, en général, et le maronite, en particulier, sont sensibles à toutce qui se rapporte au monde monastique et monacal.

La prolifération des monastères au Liban n’est qu’une preuve de ce lienintime, voire organique, qui relie et rattache le maronite à son origine et àses racines.

Pour ces motifs, les versets que nous avons reproduits plus haut apparaissentau Maronite comme une partie de son patrimoine lequel, dans son essence,appartient à sa mémoire collective et relève de son histoire.

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Chapitre VI

Entre les deux religions … des différences

Notre respect de la vérité nous dicte de dire qu’entre les deux religionschrétienne et musulmane il y a des différences qui, de prime abord,paraissent essentielles, alors que, dans leur réalité, elles ne le sont pas.

Ci-dessous, nous en résumons les plus importantes :

- L’Islam est la religion de l’unicité absolue : “Il n’y a de Dieu qu’Allah(que Dieu)". Ici point de place pour une Sainte Trinité, comme dans lechristianisme.

- Dans l’Islam : le Christ est un prophète qui n’a point de père selon la chair,conçu par Marie, de l’Esprit Saint. Né et créé. Il est le Verbe de Dieu.

- Dans le christianisme, le Christ est la seconde personne de la Sainte Trinité.C’est un dieu en qui les deux natures humaine et divine se sont unies. Ilest consubstantiel au Père. Né et incréé.

Dans l’Islam, point de mystère de Rédemption : “Quiconque fait un biendu poids d’un atome le verra. Et quiconque fait du mal du poids d’un atomele verra”, [La Secousse : 7-8].

- Dans le christianisme, le Christ fut crucifié pour sauver le genre humain.Rien de cela dans l’Islam. Le Christ ne fut point crucifié(1), et n’est pas mortpour sauver l’humanité.

- D’une manière générale, point d’intercession dans l’Islam. Point de saints,ni de lieux de prière et de pélerinage élevés à leur intention. Le Musulmans’adresse à Dieu directement, sans intermédiaire. Alors que la Chrétienté

(1) Le Coran considère que le Christ est bien au-dessus d’un tel châtiment dégradant et infâmantréservé aux criminels de basse extraction; et que les Juifs résolurent de tuer le Christ et de lecrucifier, mais ne réussirent pas dans leur perfide besogne : “…Et leur dire : “Nous avons tuéle Christ, fils de Marie, Messager de Dieu”. Ils ne l’ont ni tué ni crucifié; mais ce ne fut qu’unleurre”, [Les Femmes : 157].

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est un monde de saints auxquels s’adressent les intermédiaires, les fidèlesafin qu’ils intercèdent en leur faveur auprès de Dieu. … Nonobstant cequi prècède les versets coraniques illustrant la tolérance de l’Islam sontnombreux et magnifiques. Il en est de même du comportement du Prophèteet des Califes Al Rachidines.

Vis-à-vis des chrétiens particulièrement, nous avons dans la sourate AlBourouj (les Constellations) - dont il sera question en détails au ChapitreVI - pour ne citer qu’elle, une preuve que Dieu, le Tout Puissant, considèreles chrétiens comme des croyants; Il maudit les Juifs, “ceux d’al oukhdoud”,à cause des injustices et des oppressions qu’ils ont fait subir aux chrétiensde Najrane, les jetant dans un large fossé et les y brûlant vifs.

… Si l’Islam ne reconnaît pas la déicité du Christ, ce n’est nullement dansl’intention de dénigrer le fils de Marie, mais pour magnifier Dieu, l’Unique,que nul ne peut être comparé à Lui, ni l’égaler. Il est inconcevable quel’Islam refuse la déicité de Mohammad, et qu’il reconnaisse celle du Christ.

Ainsi Dieu, dans son Livre, ordonne à Mohammad de lever, dans ce contexteprécis, toute ambiguité, et de trancher la question d’une manière nette, claireet précise : “Dis : Je suis un homme comme vous …"

Aux yeux de l’Islam, le Christ - comme nous l’avons déjà signalé - est unprophète émérite, conçu par Marie de l’Esprit de Dieu; il n’a point de pèreselon la chair; il a parlé, encore nouveau-né, et a accompli des miracles.Dans le Coran, il est invariablement et constamment appelé Issa, fils deMarie, la femme que Dieu a purifiée et élue au-dessus des femmes des mondes.

Ces exceptions prises en considération, il serait possible de dire que l’Islamconsidère l’Evangile, au même titre que le Coran, révélé par Dieu : “Il apeu à peu fait descendre sur toi le Livre, avec vérité, comme confirmateurde ce qui était avant lui. Et Il a fait descendre en bloc la Thora et l’Evangile”.Nous avons déjà cité ces deux versets.

Toutefois, nous nous mentirons à nous-mêmes, et nous induirons le lecteuren erreur, si nous ne signalions pas que le Coran attribue aux chrétiensd’avoir oublié une partie de ce que Dieu a révélé, c’est-à-dire une partie del’Evangile : “Et de ceux qui dirent : Nous sommes chrétiens, nous avons prisl’engagement; mais ils oublièrent une partie de ce qui leur fut rappelé; Nousavons, donc, suscité entre eux l’inimitié et la haine …", [Table Servie : 14].

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En fait, les quatre Evangiles - connus sous l’appellation d’Evangilescanoniques - qui, par ordre chronologique, sont ceux de Mathieu, de Marc,de Luc et de Jean, dont l’Eglise a reconnu l’authenticité, sont, selon ledogme chrétien, des livres révélés, c’est-à-dire que les quatre évangélistessusmentionnés les ont écrits sous l’inspiration. En plus de ces quatre évangiles,il y en a un certain nombre appelés apocryphes dont l’Eglise ne reconnaîtpas l’authenticité.

L’Islam considère qu’il y a un seul et unique Evangile révélé (descendu)par Dieu au Christ, Issa fils de Marie, son Messager et son Prophète, et quine correspond pas rigoureusement aux évangiles qui parurent après lui.

A cet Evangile - l’unique, révélé au Christ - fait allusion le verset suivant : “Etsur leurs traces Nous avons envoyé Jésus, fils de Marie, comme confirmateurde ce qu’il détient de la Thora; et Nous lui avons donné l’Evangile, commeguidée et lumière”, [Table Servie : 46].

De même, aussi, les versets 3 et 4 de la sourate Al Imrâne, que nous venonsde reproduire.

Du point de vue de l’Islam, l’Evangile, l’unique, révélé au Christ, ne contientpas ce que contiennent les quatre Evangiles canoniques, relativement à ladéité du Christ, et à sa qualité de Fils de Dieu : “Sont des mécréants ceuxqui dirent : Dieu est le Christ, fils de Marie”, [Table Servie : 72].

De même : “… et ne dites pas Trois, cessez, c’est mieux pour vous; Dieuest UN et Unique. Loué soit-Il, Il ne peut avoir d’enfant”, [Les Femmes : 171].

De même aussi : “Et quand Dieu dit : O ! Issa, fils de Marie ! Est-ce toiqui as dit aux gens : Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux dieux endehors de Dieu ? Il répondit : Loué sois-tu ! Il ne m’est point possible dedire ce dont je n’ai pas droit”, [Table Servie : 116].

❋ ❋ ❋

Ce qui précède n’est qu’un coup d’oeil rapide basé sur les textes, qui nouspermet de nous faire une idée générale sur l’attitude de l’Islam vis-à-visde la religion chrétienne, ainsi que des chrétiens, des moines, du Christlui-même et de Marie, sa mère.

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Il y a, donc, entre les deux religions chrétienne et musulmane des différencesqui, cependant, ne sont pas aussi fondamentales qu’on le pense au premierabord.

C’est que le Christianisme et l’Islam considèrent que le Christ est le Verbede Dieu : “Quand les anges dirent : O Marie ! Dieu t’annonce un Verbede Lui, qui s’appelle Issa, fils de Marie …", [Famille d’Imrâne : 45].

De même : “Le Christ, Issa fils de Marie est le messager de Dieu et SonVerbe qu’Il déposa en Marie, et un Esprit de Lui; Croyez, donc, en Dieuet en Ses messagers”, [Les Femmes : 171].

Quant à l’Evangile de Jean, qui est “l’Evangile de l’Esprit”, il débute commesuit : “Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu,et le Verbe était Dieu”.

Bien entendu, nous ne prétendons pas, ici, procéder à une analyse théologique,laquelle, en tout cas, se situe bien au dessus de nos capacités professionnellesen un tel domaine.

Toutefois, dans notre désir de rapprochement des idées, des cœurs et desconsciences, nous nous permettons de dire ce qui suit :

Dans l’Islam, Dieu a révélé (descendu) Sa Parole à un homme.

Dans le Christianisme, Dieu a fait d’un homme Sa Parole (ou Son Verbe).

Ce qui signifie que le Christ est, par rapport aux Chrétiens, ce qu’est leCoran par rapport aux Musulmans.

Le Christ, au même titre que le Coran, est donc la Parole (le Verbe) de Dieu.C’est un Livre Vivant, Parlant. Et quand nous disons qu’il est le Fils deDieu, cela signifie qu’il est Son Verbe. Car le Verbe, ou la Parole, est dela même substance que celui qui le (ou la) prononce.

Quant à la Trinité, elle ne mène pas à “l’Association”, car dans le dogmechrétien Dieu est Un en trois personnes : “Au nom du Père, du Fils et duSaint Esprit, le Dieu Unique, Amen”. Telle est “l’Ouverture” de la prièredu Chrétien oriental. Elle diffère de celle qu’utilise les Occidentaux : “Aunom du Père, du Fils et du Saint Esprit, Amen”.

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Comment trois peuvent-ils être Un, ou dans Un ? Voici, à l’adresse dulecteur quelque peu incrédule, un essai de réponse :

Le soleil, le rayon et la lumière sont trois. Mais, dans leur essence, ousubstance, ils sont Un. Est-il possible à quiconque de dissocier soleil etrayon ? d’isoler celui-ci de celui-là ? Est-il possible d’avoir recours à desciseaux, de couper un rayon et de le déposer dans une bouteille ? Le rayonne peut s’isoler du soleil parce qu’il fait partie intégrante du soleil : lui etle soleil sont deux en un. Et quand disparaît le rayon, il ne reste plus delumière, parce que la lumière fait partie intégrante du rayon; elle et le rayonsont un, à tel point qu’il devient impossible de dire où finit le rayon et oùcommence la lumière. Ainsi, il est clair que le soleil, le rayon et la lumièresont trois; mais, dans leur essence et dans leur réalité, ils sont un.

Le Chritianisme déclare que le Christ est consubstantiel à Dieu, qu’il estde la même substance que Dieu. Ceci est tout à fait naturel, car le rayonest de la même substance que le soleil; mais il n’est pas le soleil, et n’estpas égal au soleil, en dimensions et en ordre de grandeur, ni en capacitéde rayonnement et de source de vie. Le Christianisme n’a jamais déclaréque le Christ est le Créateur du ciel et de la terre; mais le Christianisme croiten un seul Dieu, Père Tout Puissant, Créateur du Ciel et de la Terre … eten un seul Seigneur, Jésus-Christ …

Quant à la doctrine chrétienne qui dit que le Christ est enfanté et non créé(ou incréé), elle s’explique par le fait que le Christ est le “Verbe de Dieu”et l’”Esprit de Dieu”.

Ainsi, lorsque Dieu décida d’exprimer à l’humanité son Amour et son Pardon,Il envoya sur terre Son Verbe et Son Esprit en lui donnant la forme d’unêtre humain, comme Il le fera, six siècles plus tard, en faisant “descendre”sur cette même terre, le Coran, Son Livre, Sa Parole, (Son Verbe) lequel,depuis l’éternité, se trouve dans le Livre-Mère, auprès de Dieu, le Vénéré,le Sage, et dans un “tableau conservé”.

Le Coran étant la Parole (le Verbe) de Dieu, descendu (ou révélé) à Mohammad,il en résulte, ipso facto, que le Coran est éternel - sans commencement nifin -, comme Dieu Lui-même. Car la Parole est de la même susbtance (ouessence) de Celui duquel elle émane.

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Le Chrétien - et cela est important - n’adore que Dieu(1) qui est Un en trois.Sans Dieu le Christ n’a pas d’existence, ni le Saint-Esprit. En définitive,il nous faut reconnaître, avec courage et sincérité, que les dogmes duChristianisme et ses mystères dépassent les limites de l’entendement humain,lequel, assez souvent, s’est heurté à ces dogmes et mystères, s’égarant dansleur dédale obscur. C’est ce qui explique que toutes les hérésies - qui, dansleur fondement, ne sont que des combats théologiques et intellectuelsengagés par la pensée chrétienne contre ces dogmes et ces mystères - sontapparus à partir du IVè siècle, c.à.d. à partir de la reconnaissance, par l’EmpireRomain, du Christianisme, comme une religion parmi d’autres.

L’arianisme, le nestorianisme et le monophysisme - les plus importantes et lesplus dangereuses hérésies de l’histoire du Christianisme - qui s’attaquèrentà la personne du Christ, dans son essence divine en laquelle s’unissent lesdeux natures, prouvent que le mystère de l’Incarnation fut, durant les IVe,Ve, et VIe siècles, comme un marteau de fer qui, sans cesse, tapait fort surles cerveaux chrétiens, et finit par les déstabiliser.

Quoiqu’il en soit, il n’est pas impératif et obligatoire que ces deux religionssoient identiques et qu’elles s’accordent en tous points, dans la lettre etl’esprit, pour qu’elles puissent coexister et s’entraider.

La splendeur du monde réside dans sa diversité. Ce monde est créé par Dieu.“Est si ton Dieu l’avait voulu, Il aurait fait des gens une seule nation”.

Mais les deux religions chrétienne et musulmane appellent à l’adorationde Dieu. Elles ordonnent de faire le bien, et de s’abstenir de faire le mal,et croient, toutes deux, au Jugement Dernier.

Dieu est Un dans le Christianisme et dans l’Islam. Mais les chemins quimènent à Lui son nombreux.

La mosquée, comme l’Eglise, est un lieu d’adoration, de prière et derecueillement.

(1) Point de place pour le Christ dans une religion qui ne croit pas en un Seul Dieu Tout Puissant,Créateur des Cieux et de la terre …

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Que le musulman vive son Islam; et que le chrétien vive son Christianisme.Dans un tel cas le monde deviendra un avant-goût du Ciel, et le Libandeviendra le Paradis de Dieu sur terre.

Les malheurs du Liban viennent de ce que le chrétien ne se comporte passelon les recommandations et les enseignements du Christ; et de ce que lemusulman ne se comporte pas selon les enseignements du Coran et lesrecommandations du Prophète.

D’une manière générale, le musulman ignore l’Islam. Il en est de même duchrétien : il ignore le Christianisme.

De même, le musulman ignore le Christianisme; et le chrétien ignore l’Islam.

Nous sommes, tous les victimes de l’ignorance.

Et “l’ignorance - comme dit le poète - détruit la maison puissante et noble”.Et c’est pour cette raison que nous avons détruit le Liban.

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Chapitre V

La place du Chrétien dans l’Islam

Quelle place occupe le Chrétien dans l’Islam ?

A l’adresse du lecteur voici quelques éléments de réponse :

- Le verset 72 de la sourate “La Table servie”, que nous venons de reproduiredit : “Ils sont mécréants ceux qui disent que Dieu est le Christ, fils de Marie”.

Une catégorie de chrétiens - considérés par l’Eglise comme hérétiques -déclarèrent, autrefois, (au Vè siècle) que “Dieu était le Christ”, reniant, àtravers ce dire, la nature humaine dans la personne du Christ, et refusantque “l’Esprit de Dieu et le Verbe de Dieu” soient incarnés dans un êtrehumain. Il est à remarquer que Dieu, dans le verset 72 sus-visé, ne cite pasles chrétiens par leur nom, mais : “ceux qui dirent …".

Un tel texte coranique désigne spécifiquement et particulièrement unecatégorie déterminée, et n’a point de portée générale englobant les chrétiensdans leur totalité et leur ensemble.

Le Dieu des Chrétiens et des Musulmans est le même : Créateur des Cieuxet de la terre, de l’univers visible et invisible …

Ceux qui disent que le Messie (ou le Christ) est Dieu sont, pour le christianisme,des hérétiques, et pour l’Islam des mécréants. Ils sont rejetés aussi bien parl’Islam que par le Christianisme, égalitairement.

Dans le verset 73 de la même sourate, nous lisons ce qui suit : “Ils sontmécréants ceux qui dirent que Dieu est le Troisième de trois …". Faisonsremarquer que les Chrétiens disent que Dieu est la première personne dela Sainte Trinité, et non point la “Troisième des Trois”. La secte chrétiennequi dit que Dieu est le “Troisième de Trois” est, du point de vue de l’orthodoxiechétienne, considérée comme hérétique, c’est-à-dire mécréante.

Quant au “Troisième des Trois”, c’est l’Esprit Saint (ou le Saint Esprit) quele Coran cite de nombreuses fois : “Et à Jésus, fils de Marie, Nous avons

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donné des preuves, et Nous l’avons aidé de l’Esprit Saint …", [La Vache :87]. De même : “Et quand Il dit : O Jésus, fils de Marie, rappelle-toi monbienfait sur toi et sur ta mère, quand je t’ai soutenu de l’Esprit Saint …"[Table servie : 110].

Nous trouvons dans le Coran de nombreux versets qui considèrent leschrétiens comme des croyants, au même titre que les musulmans. Ce quiprouve que l’Islam ne les considère pas, globalement et absolument, commedes mécréants :

A titre d’exemples :

1- “Les Croyants (les Musulmans), les Juifs, les Chrétiens et les Sabéens,quiconque croit en Dieu et au Jour Dernier et fait le bien, trouvera sarécompense chez Dieu; nul crainte pour lui, et ne sera point affligé”, [LaVache : 62].

Ce verset se dispense de commentaire. Les Chrétiens sont des croyants.

2- “Parmi les gens du Livre se trouve une communauté ferme (dans sa foi)qui, la nuit, en se prosternant, récite les versets de Dieu. Ils croient en Dieuet au Jour Dernier …"

Nous avons déjà reproduit ces deux versets - qui se passent aussi decommentaires - dans notre allusion aux moines.

3- Dans les us et coutumes des Arabes, la nourriture commune est un gaged’amitié et d’association dans la vie : “Aujourd’hui vous sont permisesles succulentes choses. La nourriture des Gens du Livre vous est permise,et votre nourriture leur est permise”, [Table servie : 5].

Il est inconcevable que la nourriture des mécréants soit licite pour les Croyants,et que la nourriture de ceux-ci soit licite pour ceux-là.

4- Le Coran autorise un Musulman à épouser une chrétienne : “Vous sontpermises (en mariage licite) les vertueuses musulmanes et les vertueuseschrétiennes (des gens du Livre) …", [Table servie : 5].

Alors que nous observons que le mariage avec les “associatrices” - tantqu’elles n’ont pas embrassé l’Islam - est interdit : “Et n’épousez lesassociatrices que lorsqu’elles deviennent Croyantes”, [La Vache : 221].

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Si la Chrétienne était associatrice, le Coran lui aurait imposé ce qu’il imposeà l’associatrice : qu’elle devienne Croyante, c’est-à-dire qu’elle embrassel’Islam afin que son mariage avec un Musulman soit autorisé.

5- Alors que le Coran, dans le verset 57 de la sourate “la Table servie”,interdit aux musulmans de prendre les Juifs et les mécréants pour amis,nous observons que, dans un autre verset (78) de la même sourate, il fait -indirectement mais clairement - l’éloge du Christ, fils de Marie, qui les amaudits :

- “O Vous qui croyez (les Musulmans)! Ne prenez pas pour amisceux qui - parmi les gens du Livre - ont pris en raillerie et jeuvotre religion, ni les mécréants …", [57].

- Puis : “Furent maudits par David et le Christ, fils de Marie,ceux qui, parmi les Fils d’Israël (les Juifs) ont mécru; et cela àcause de leur rebellion et de leur malveillance”, [78].

Le sens qui prévaut dans ces deux versets est clair, net et précis : Les Juifset les mécréants, d’un côté; les Croyants (les Musulmans) et les Chrétiens,de l’autre :

- “Tu trouveras que les Juifs et les associateurs sont les ennemisles plus virulents des Croyants; et tu trouveras que ceux qui disentqu’ils sont Chrétiens sont les amis les plus affectueux des Croyants;c’est que, parmi eux, se trouvent des saints et des moines, et nes’enflent point d’orgueil”, [La Table servie : 82].

Il est clair, ici aussi, comme dans les deux versets reproduits ci-dessus, quele sens, ou l’esprit, qui prévaut dans ce verset 82 est évident; les chrétienssont des croyants.

- Nous avons dans la Sourate [Al Bourouj] (les Constellations) - dont ilsera question au chapitre suivant - la meilleure preuve que, pour le Coran,les chrétiens sont des croyants.

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Chapitre VI

Sourate Al Bourouj(1) - Zou Nou’ass

“Tués, les gens de l’Oukhdoud (fossé). Le feu en combustion. Alorsqu’ils s’en occupent. Et sont témoins de ce qu’ils font subir auxcroyants. A qui ils ne reprochaient que d’avoir cru en Dieu, lePuissant, le Vénéré …".

Cette sourate, Al Bourouj, fut descendue, particulièrement à l’adresse desChrétiens de Najrane, et généralement à l’adresse des Croyants exposésaux supplices et à la mort, à cause de leur attachement à leur foi, et leurpersévérance dans leur religion, notamment les premiers Musulmans quiendurèrent les supplices, les avanies et la mort à la Mecque, par le fait des“associateurs”.

Zou Nou’ass, roi de Hymyar, était juif. De son temps - VIè siècle chrétien -le Christianisme se répandit à Najrane et y acquit une grande envergure. Cequi contraria le roi et mit le comble à sa colère, et à son fanatisme. Il réunitune armée composée des Hymyarites et des tribus du Yémen, et partit à leurtête à Najrane. Là il réunit les Chrétiens et les somma de choisir : Mourir,massacrés, ou embrasser la religion judaïque. Ils choisirent de persévérerdans leur foi chrétienne, préférant la mort au reniement, par la force et lacontrainte, de leur foi et de celle de leurs ancêtres.

La réaction du roi juif fut terrible. Il ordonna à ses soldats de creuser unlong et large fossé (oukhdoud)(2) dans lequel ils précipitèrent des milliersde ces chrétiens, puis y mirent le feu. Ils en tuèrent d’autres milliers parl’épée et les charcutèrent de pire manière. Le total des victimes atteignitprès de vingt mille.

(1) Mecquite. 22 versets.(2) Une version dit que “Oukhdoud” est le nom d’un endroit situé sur la frontière du Yémen et de

l’Arabie Saoudite. Ceci n’empêche pas que Zou Nou’ass y ait fait creuser un fossé … (l’auteur-traducteur).

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Ces chrétiens qui choisirent et subirent la mort, martyrs de leur foi, Dieu,dans Son Livre, leur destina la sourate Al Bourouj, louant et magnifiantleur comportement et leur martyre, et les supplices qu’ils endurèrent pourla sauvegarde de leur foi. En même temps, et dans la même sourate, Dieumaudit ceux qui les ont persécutés et suppliciés afin de les contraindre àrenier leur religion. L’unique “crime” attribué à ces persécutés fut leur foien Dieu, le Puissant, le Vénéré, qui, dans les versets suivants de la mêmesourate, avertit leurs persécuteurs - qui leur infligèrent les supplices et lamort - que l’Enfer sera le terme de leur existence; il les brûlera de ses feux,comme châtiment de leur fanatisme et de leur tyrannie.

Quant aux croyants, persécutés, tués et brûlés par ces tyrans fanatiques, ilsseront récompensés : leur séjour dernier sera le Paradis, “jardins où coulerontles fleuves rafraîchissants”.

… Cette sourate - Al Bourouj - nous intéresse pour deux raisons :

1- Parce qu’elle constitue une nette condamnation de toute contrainte enreligion, et une sentence sans appel prononcée par l’Islam contre tous lesoppresseurs fanatiques qui ont recours à la force brutale afin de contraindreles Croyants à renier leur foi.

2- Parce qu’elle vante les mérites des chrétiens, et loue leur fermeté et leurattachement à leur foi face aux tyrans persécuteurs qui ont eu recours auxmoyens de contrainte et à la torture afin de répandre la foi et la religion.

S’il n’y avait dans le Coran - dans le contexte qui nous intéresse - que cettesourate (Al Bourouj), elle aurait suffi, à elle seule, à prouver, d’une manièrecatégorique, que l’Islam condamne, sans possibilité de recours, la contrainteen religion, et loue la persévérance des Croyants et leur attachement à leurfoi, et leur refus d’obéir à la force brutale, en avertissant les persécuteursfanatiques que l’Enfer les brûlera de ses feux, et en promettant aux persécutésde les récompenser au Paradis et ses fleuves … Il est tout à fait naturel que,dans ce cas précis, l’Islam adopte une telle attitude.

Car la persécution brutale a accompagné, dès ses débuts, la mission religieusedu Prophète. En furent victimes les premiers musulmans, tels que Bilalibn Rabah, ainsi que Ammar ben Yaser et de nombreux autres.

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Bilal - qui, par la suite, devint le premier “mou’azzin” de l’Islam, et quicompte parmi les êtres les plus chers au cœur du Prophète - était, à l’origine,l'esclave d’Oumayya ben Khalf, l’un des mouchrikines. Celui-ci fut trèscontrarié en apprenant que son propre esclave embrassa l’Islam, reconnaissant,par le fait même, la mission divine de Mohammad. Il recourut aux supplices :Il étendait Bilal sur le dos, dans le désert de la Mecque, à midi, alors quele soleil est au zénith et brûlait tel un feu d’Enfer; puis il faisait placer surla poitrine du pauvre escalve une grosse pierre qui faillit l’étouffer, en luidisant : “Tu resteras dans cette position jusqu’à ce que tu meures, ou quetu renies Mohammad et tu reviennes à l’adoration d’Al Lath et d’AlOuzza”. Bilal, exposé ainsi à la douleur, aux brûlures du soleil, à la soif età la faim, lui répondait : “Ouhoud, … Ouhoud …", affirmant ainsi l’Unicitéde Dieu, le Tout Puissant, l’Omnipotent. De leur côté, Ammar ben Yasser,son père, ainsi que sa mère furent victimes de la persécution des BaniMakhzoum qui leur infligèrent sévices et durs châtiments. Ils persistèrentdans leur foi. La mère en mourut.

La caravane des Croyants qui souffrirent les supplices, les avanies et lesprivations de la part des mouchirikines était longue. Ces Croyants avaientun pressant besoin d’un soutien moral qui les aide et les encourage àpersévérer dans leur foi.

De leur côté, et simultanément, les mouchrikines devront être sommés etmenacés d’un châtiment dans l’au-delà afin que, dans le monde d’ici-bas,ils cessent leurs abus et leur tyrannie.

Cette double initiative vint de Dieu qui veille sur la destinée de ses créatures :aux opprimés Il dispense Sa miséricorde, et aux oppresseurs, la menacede son châtiment.

A l’adresse de ceux-ci et de ceux-là il révéla (descendit) la sourate Al Bouroujqui relate la persécution des chrétiens de Najrane par Zi-Nou’ass, le roi juifde Hymyar, promettant le Paradis aux Croyants, et menaçant du feu del’Enfer le roi tyran et fanatique :

- “Ceux qui poussèrent les Croyants et les Croyantes à la séditionet ne sont point repentis, à eux le châtiment de la Géhenne et du feubrûlant” (ceci par rapport à Zi-Nou’ass et aux mouchrikines, aprèslui).

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- “Ceux qui ont cru et fait œuvres pies, à eux les jardins où coulentles fleuves. Tel est le grand triomphe” (ceci par rapport aux chrétiensde Najrane et, après eux, à Ammar ben Yasser, sa mère et son père,à Bilal et les premiers Croyants).

Et dans sa détermination à récompenser et à punir :

“La violence de ton Seigneur est forte(1). C’est Lui qui crée et quirecidive. Il est le Pardonneur, l’Affectueux. Au trône majestueux.Faiseur de ce qu’Il veut”.

❋ ❋ ❋

La sourate “Al Bourouj” a une portée humaniste et universaliste qui dépasseles Chrétiens de Najrane et les Musulmans de la Mecque, pour embrasserl’homme, en tous lieux en tous temps, indépendamment de sa religion, deson origine et de sa couleur.

Elle prend pour point de départ un fait déterminé afin d’ériger un principegénéral conforme à l’esprit de l’Islam : “Point de contrainte en religion”.Tout homme, dans l’acception absolue du terme, a le droit de vivre sa foien toute liberté, et de pratiquer les rites de sa religion dans un climat desérénité et de quiétude.

La grandeur de l’Islam, dans ce contexte précis, est qu’il garantit au Musulmanet au non Musulman sa liberté de croyance et de culte, laissant à l’homme(ou à la femme) toute liberté d’embrasser l’Islam, s’il se sent convaincu parses préceptes et ses commandements, et les trouve conformes à sa propreconviction, et répondant à ses aspirations et à ses espérances.

La foi est une conviction intime : elle prend sa source dans la conscience del’homme, dans son for intérieur, et rayonne à l’extérieur. Si elle est imposéepar la force, de l’extérieur de l’homme à son intérieur, c’est-à-dire à saconscience et à son cœur, elle est refusée par Dieu, exactement commefut refusée l’initiative de Zou-Nou’ass à Najrane, et des mouchrikines àla Mecque.

(1) La vengeance divine est terrible.

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L’Islam cherche à se répandre et à convaincre le plus grand nombre d’êtreshumains à embrasser ses préceptes et ses lois que Dieu a répandus dans leCoran, en ordonnant au Prophète de les diffuser le plus largement possible.

Mais, en même temps, l’Islam refuse d’être imposé par la contrainte ou pard’autres moyens similaires, ou par toute tentative susceptible d’altérer etd’annihiler la volonté de l’homme et sa conviction. L’Islam, dans son Coranet la Sunna de son Prophète, est une collection de joyaux rares, attirants,étincelants.

Il suffit à son détenteur de l’exposer aux gens afin qu’ils la contemplent dansson rayonnement et sa rutilance, et de leur expliquer, dans la simplicité, sanature, son essence et ce qu’elle représente comme valeurs et dimensions,ainsi que le bonheur et la félicité qu’elle procure à celui qui la détient et separe d’elle.

Les joyaux qui ont atteint un si haut niveau vont tous seuls - si une telleexpression est permise - vers les gens; ils n’ont pas besoin d’être imposés.

L’Islam a seulement besoin d’être porté à la connaissance des gens. Cetteobligation incombe à tout Musulman responsable.

C’est que Dieu - béni soit Son nom - a tenu, dès l’origine, à informerMohammad, prière et salut sur lui, qu’il est envoyé à tous les peuples et àtoutes les nations, et non point seulement à Qoraïche, aux Mecquites, à laPresqu’île arabique et aux Arabes.

Les versets, dans ce sens, sont nombreux, disséminés dans de nombreusessourates du Coran. Nous en citerons ci-dessous quelques-un :

- “Et Nous ne t’avons envoyé que comme Porteur de bonne nouvelleet Apôtre pour tous les gens”, [Saba : 28].

- “Béni soit Celui qui descendit le Discernement (le Coran) sur Sonescalave, afin qu’il soit Apôtre (Avertisseur) pour les mondes”,[Le Discernement : 1].

- “Dis : O les gens ! Je suis l’Envoyé de Dieu à vous tous”, [LesLimbes : 158].

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Ces versets - que nous avons déjà reproduits dans un précédent chapitre denotre ouvrage, et dans d’autres, dans le même contexte - engagent toutMusulman, surtout s’il est en charge des questions de la foi, à répandrel’Islam sur tous les gens.

Depuis le début de la Révélation jusqu’au dernier jour de sa vie, Mohammada cherché à exécuter les ordres de Dieu : “O Prophète! Fais parvenir ce quia été descendu sur toi de ton Seigneur”. Ainsi son rayonnement a dépasséles limites de la Presqu’île à travers les ambassadeurs qu’il dépêcha, munisde ses lettres, aux rois de Perse, de Byzance et d’Abyssinie, ainsi qu’auxgouverneurs de l’Egypte, de Bahraïn, du pays de Yamama et des Ghassanides,les exhortant à embrasser l’Islam.

Tel ne fut pas le comportement des tous les prophètes et Envoyés qui l’ontprécédé.

Un retour à l’Evangile nous permet de constater que le Christ, prière et paixsur lui, a réduit sa propre mission aux “enfants d’Israël”, c’est-à-dire aux Juifsqui, de son temps, étaient concentrés en Judée et, en moindre proportion,en Galilée, en Samarie et en Idumée. Toutes ces régions formèrent, par lasuite, la Palestine.

Dans l’Evangile de Matthieu, nous lisons ce qui suit : “Je n’ai été envoyéqu’aux brebis perdues de la maison d’Israël”, [XV : 24].

Il est clair, sur la base de ces propos, que le Christ lui-même a réduit samission aux Juifs.

Quant aux Douze - les Apôtres, “al Hawariyyines” - la situation est différente,car le Christ leur recommanda de répandre ses enseignements sur toutesles nations : “Allez donc; de toutes les nations faites des disciples, lesbaptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant àgarder tout ce que je vous ai recommandé”, [Matthieu, XXVIII, 18-19]. Demême : “Allez, donc, dans le monde entier, proclamer l'Evangile à toutela création”, [Marc : XVI : 15].

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Chapitre VII

L’égalité

Parmi les beautés de l’Islam et ses merveilles figure le fait d’avoir -bienavant les révolutions qui prirent leur point de départ en 1789 - posé la pierrefondamentale de l’Egalité, faisant d’elle l’un des principes de la foi elle-même,et considérant qu’elle est un don de Dieu le Tout-Puissant.

Dès le début de sa mission, le Prophète a tenu à faire comprendre aux Croyantsque “les hommes sont égaux telles les dents d’un peigne”; et que l’Arabene jouit d’aucun privilège aux dépens du non arabe, sauf par sa piété.

Quant aux Bani Hachem - l’élite de Qoraïche, lesquels sont l’élite desArabes - il leur dit, un jour : “O Bani Hachem! Vous vous glorifiez de vosorigines, alors que les autres se glorifient de leurs actions”.

Alors que l’apartheid est encore en vigueur dans certaines régions d’Amériqueet d’Afrique, nous observons que le Prophète - depuis le VIIè siècle, - a faitde Bilal, l’esclave abyssin noir, le premier mou’azzine de l’Islam, déclarantqu’il est parmi les Croyants les plus chers à son cœur.

Du reste, le Prophète, devançant, des centaines d’années, l’humanité“civilisée”, a dit ces paroles sublimes : “Le fils d’une blanche n'a aucunpouvoir sur le fils d’une noire, que dans les limites du droit et de la justice”.

Dans ce contexte précis de l’égalité, signalons que les E.U.A., nonobstantla statue de “la liberté éclairant le monde”, a persévéré, non seulement enfait, mais en droit aussi, dans la ségrégation raciale jusqu’au XXè siècle,et dans l’esclavage jusqu’au XIXe.

Du reste, la “guerre de sécession” entre le Nord et le Sud, qui dura de 1860à 1865, et qui se solda par la victoire des Nordistes “non-esclavagistes”,ou “abolitionnistes”, sur les sudistes “esclavagistes”, n’aboutit guère àl’abolition de l’apartheid, ni au Sud ni au Nord. Et lorsqu’en 1850 parut“la Case de l’oncle Tom”, livre par lequel son auteur, Harriet Beecher Stow(1811-1896) prenait une attitude notoire et catégorique contre l’esclavage,il produisit un choc semblable à un cataclysme social et fit dire au présidentLincoln : “C’est une petite femme qui déclenche une grande guerre”.

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Quant à ce que l’on a appelé la révolution américaine contre la GrandeBretagne - la puissance colonialiste - et la guerre que menèrent les treizeEtats, de 1775 à 1783, contre ladite Puissance, ses causes furent, à l’origine,d’ordre économique sans aucune relation avec une volonté d’indépendencepolitique.

Cette “révolution” prit fin par la victoire des Etats sus-visés qui profitèrentdes secours extérieurs dont le plus important fut, sans nul doute, celui de laFrance, au niveau de l’Etat, aussi bien que des particuliers.

Il suffit de se référer à l’article Ier, alinéas 2 et 3, et à l’article 4, alinéa 2 dela constitution américaine promulguée en 1787, pour constater, clairement,que l’esclavage était légal et autorisé. Le 13ème amendement de cetteconstitution - adopté le 31/1/1865, à la suite de la Guerre de Sécession déjàévoquée - décida l’interdiction de l’esclavage dans tous les Etats américains.L’esclavage est aboli légalement, mais dans les faits la ségrégation racialeresta en vigueur, notamment au Sud où les Blancs recouraient à des procédésqui répugnent à l’homme issu des révolutions de 1789, de 1840 et des autres.

Qu’il nous suffise, dans ce domaine, de nous remémorer les événements deLos Angeles survenus en 1992, avec la dimension qu’ils ont atteinte, et lesabus qui les ont accompagnés, afin de nous faire une idée de ce que l’âmeaméricaine emmagasine comme instincts et penchants vers la cruauté.

La conscience internationale n’a, sans doute, pas oublié l’événement qui aengendré tant de mal et de honte et que les stations de télévision du mondeentier ont reproduit : quatre policiers blancs vidant leur haine raciale, àtravers leurs gourdes, sur un homme noir étendu par terre, le sang coulantde sa tête et de son visage, et cherchant, de ses deux mains, à se protégercontre leur furie.

Ces quatre policiers furent déférés devant la justice. Les jurés, tous blancs (!),ne trouvèrent pas mieux que de les acquitter tous les quatre, bien que le film,si éloquent, fût projeté devant eux lors de l’audience, et qu’ils y aient vula flagrante vérité(1).

(1) La question fut rejugée, par la suite, avec des jurés blancs et noirs. Trois des policiers furentcondamnés à des peines de prison; le quatrième fut acquitté.

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Cet acquittement - qui n’avait d’autre mobile que la haine raciale - mit LosAngeles à feu et à sang, et faillit embraser toute l’Amérique. Il prouve, entout état de cause, qu’une grande proportion du peuple américain est toujoursraciste, nonobstant les belles paroles, les devises et les statues …

Un tel racisme, ainsi que d’autres, on n’en trouve pas trace dans l’Islam;on y trouve tout à fait son contraire, ou son antidote, depuis le Prophète, enpassant par les Rachidines, ses successeurs directs, jusqu’à nos jours.

Du reste, depuis ses premiers pas à la Mecque, l’Islam fut le principal appuides pauvres et des faibles face aux puissants et riches seigneurs de Qoraïche.Ainsi, dès son éclosion, il se présente comme la religion de l’égalité entreles hommes, défenseur du droit et de la liberté, élevant les humbles, sanspour autant abaisser les puissants, sauf dans les limites permises par Dieu.

Et lorsque le Prophète prononça ses paroles célèbres : “Les gens sont égauxcomme les dents d’un peigne”, ainsi que : “Le fils d’une blanche n’a aucunpouvoir sur le fils d’une noire que dans la justice et l’équité” - deux hadithsque nous avons déjà reproduits - il a, à travers elles, annoncé une révolution,dans le plein sens du terme, contre les conditions sociales qui prévalaient,en ces temps-là, dans la presqu’île, notamment à la Mecque où Qoraïchetrônait superbement, détenant tous les leviers du pouvoir, et regardant, duhaut de son pinacle, toutes les autres tribus avec mépris et orgueil.

Le Prophète était doté d’un réel et grand courage, d’une inébranlable foien sa mission, pour oser dire ce qu’il a dit, et faire de Bilal, l’esclave noirabyssin, l’égal d’Abou Soufiane, leader de Qoraïche, sans autre mérite del’un ou de l’autre que celui de la piété.

Onze siècles avant la Révolution française, l’Islam annonça entre les hommescette égalité dont s’énorgueillissent les “Révolutionnaires” qui ne cessentd’en chanter les mérites et les louanges, oubliant, ou feignant d’oublier quela Révolution, la vraie, l’originelle, ce fut l’Islam qui l’alluma, l’érigeantsur des bases éternelles et immortelles qui puisent leurs sources dans lesprincipes du Ciel et de la Terre simultanément.

Quant aux Américains - ceux de la “révolution” et de la constitution de 1787 -ils ne s’embarassèrent guère de l’égalité; ils l’ignorèrent complètement,allant jusqu’à consacrer les différences raciales et sociales dans des textesconstitutionnels.

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Les faits qui prouvent et illustrent le respect par l’Islam de ce principe - celuide l’égalité - sont nombreux. Qu’il nous suffise de citer le fait suivant riched’enseignements :

Lorsque Omar Ibn al Khattab, le second Khalife Rachidine, vint à Jérusalemafin de recevoir les clés de la Ville Sainte des mains du patriarche Sophrone,à la demande de celui-ci, il marchait, lui, le successeur du Prophète et l’Emirdes Croyants, alors que son serviteur “trônait” sur le dos de la chamelle.Voyant cela, Abou Oubaïda Ibn al Jarrah (l’un des illustres chefs des arméesmusulmanes), fit tout, mais sans réussir, afin de convaincre le Khalife demonter lui-même la chamelle et de laisser son serviteur l’accompagner àpied; de cette manière les habitants de la Ville Sainte ne verraient pas legrand Khalife, commandant en chef des armées, dans une position d’inférioritépar rapport à son serviteur.

C’est que, depuis leur départ de la Mecque, le Khalife avait décidé de separtager l’usage de l’unique chamelle avec son serviteur : chacun des deuxla monterait durant une étape - la même pour les deux - au cours de laquellel’autre l’accompagnait à pied. Le hasard voulut que, dans la dernière étape -celle qui devait aboutir aux portes de la Ville Sainte - le serviteur fût surle dos de la chamelle; et, par la volonté d’Omar, il y resta.

Ainsi, les habitants de Jérusalem, du haut des murs de la ville, furent lestémoins d’un spectacle unique, qu’ils n’avaient jamais vu et qu’ils ne verront,sans doute, jamais tout au long de leur vie : Ils virent Omar, le Khalife,successeur du Prophète et commandant en chef des armées musulmanes,marchant devant la chamelle, la guidant par ses rênes, alors que son serviteurétait tout bonnement assis sur son dos !

Du reste, c’est Omar lui-même qui dit ces sublimes paroles qui résonnèrentaux oreilles du monde, 1100 ans avant la Révolution française : “Depuisquand asservez-vous les gens, alors que leurs mères les enfantèrent libres ?”.

Il advint, en effet, que l’un des fils de Amr ibn al ‘Ass(1) frappa un enfantcopte. Celui-ci le menaça de porter plainte contre lui auprès du Calife, Emirdes Croyants. Le fils d’Amr lui répliqua : “Ta plainte contre moi n’auraaucun effet, je suis le fils des nobles”.

(1) Le conquérant de l’Egypte. (Note du traducteur)

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Les jours passèrent. Omar et Ibn al ‘Ass, accompagné de son fils, se trouvaienten pélerinage, à la Mecque. L’enfant copte vint à leur rencontre et dit àOmar : “O Emir des Croyants, celui-ci m’a frappé injustement, se faisantfort d’être “le fils des nobles”. Omar regarda Amr et lui dit : “Depuis quandasservez-vous les gens, alors que leurs mères les enfantèrent libres ?”. Puisil donna son bâton à l’enfant copte et lui dit : “Frappe le fils des nobles,avec, comme il t’a frappé”.

Quant à Ali(1), grâce de Dieu sur lui, des chroniqueurs rapportent qu’un Juifl’accusa auprès du même Calife. Lorsqu’ils se présentèrent devant celui-ci,il dit à Ali : “Lève-toi, Abou al Hassane, et assied-toi face à ton rival”. Alis’exécuta, sans pouvoir cacher son irritation. Après la fin du procès, Omarlui dit : “Cela t’a-t-il contrarié, O Ali, de te tenir face à ton accusateur ?”Ali lui répondit : “Non. Mais cela m’a gêné que tu aies, toi-même, marquéta préférence pour moi, en m’appelant par mon surnom d’Abou al Hassane”.Par ces mots, Ali a voulu dire que le fait d’être appelé par son surnomconstitue une sorte d’intimité qui lui accorde une préférence sur son rival.

Ces faits et d’autres semblables - dont le mérite revient à la source - furent,restent et resteront, avec l’aide de Dieu, parmi les causes qui me firentaimer l’Islam et lui ouvrir mon cœur et ma conscience.

(1) Ali ben Abi Taleb, dernier Calife Rachidine. Cousin du Prophète, et son gendre (époux de Fatima,fille du Prophète). Son fils aîné s’appelant Hassan. (Note du traducteur).

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Chapitre VIII

Les mœurs - la patience et le pardon

L’Islam est une école de mœurs. Ses enseignements qui se manifestent dansle Livre de Dieu et la Sunna de son Prophète, en font une prairie de vertus.

Dans le Coran, Dieu a loué toutes les vertus et les a recommandées auxCroyants.

Deux d’entre elles m’intéressent tout particulièrement : la patience et lepardon; car, dans le Coran elles atteignent un sommet qu’elles n’ontatteint dans aucun autre Livre.

Dans ce monde plein de malheurs et semé d’obstacles, l’homme ne possèdepas la force de résister et d’aller de l’avant, s’il ne trouve, en Dieu, sonCréateur, aide et secours.

Et Dieu, l’Omniscient, sait que le monde “ne fait sourire une bouche quepour faire pleurer des yeux”. Pour ces motifs, Il dota les Croyants d’unearme efficace avec laquelle ils pourront repousser les agressions du destinet l’injustice des tyrans.

Ainsi, ils ne perdent point l’espérance, ni la détermination, mais résistent,solides tels une montagne face aux tempêtes et aux ouragans.

Cette arme c’est la patience. En elle, le Croyant trouve consolation et remède.Dans le Livre de Dieu, la patience est citée plus de soixante-dix fois, bienplus que toute autre vertu.

Le seul fait de lire les versets qui recommandent la patience apaise l’angoissede l’opprimé et installe la quiétude dans son esprit. Car, à travers cettelecture, il sent qu’il est, désormais, sous la protection de Dieu, proche deLui, le Tout-Puissant contre lequel ne pourront rien les Portes de l’Enfer :

- “Les patients seront récompensés sans compter”, [Les Groupes(al Zoumars) : 10].

- “Nous récompenserons les patients de la meilleure récompense”,[Les Abeilles : 96].

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- “La récompense de leur patience sera le paradis et la soie”,[L’homme, 12].

- “Soyez patients, Dieu est avec les patients”, [Les Butins : 46].

- “Si vous êtes patients et pieux, ce serait une ferme résolution”,[Al Imrâne : 186].

- “Si vous punissez, que votre punition soit pareille à celle qu’onvous a fait subir. Mais si vous patientez, ce serait mieux pourvous”, (pour les patients) [Les Abeilles : 126].

- “Et annonce (la bonne nouvelle) aux Croyants qui - si un malheurles frappe - disent : Nous sommes à Dieu et c’est à Lui que nousrevenons”, [La Vache : 155-156].

Ce ne sont là qu’une goutte dans une mer.

Dans ce même contexte, il serait instructif de nous référer à la sourate AlAssr (Le temps, ou le pré-crépuscule), l’une des plus petites du Coran, parle nombre de ses versets, mais parmi les plus grandes par son vaste horizonet sa grande portée, car, selon une certaine opinion, elle résumerait, touteseule, l’Islam.

Pour la gouverne du lecteur, voici cette sourate : “Par le Temps! L’hommeest en perdition. Sauf ceux qui ont cru et font œuvres pies, et se sontrecommandés réciproquement la justice et la patience”, (3 versets). Et parceque cette sourate contient la patience, avec la foi, la justice et le bien, onrapporte que l’imam Al Chafi’i a dit : “Si les hommes (et les femmes) secomportent selon cette sourate, ils n’auraient plus besoin d’autre chosepour leur salut”, voulant, par là, dire qu’elle résume en elle tout l’Islam,dans sa lettre et dans son esprit, et affirmant l’importance de la patiencedans la genèse de la foi.

Nous devrions, ici, faire remarquer que, dans l’acception coranique du terme,la patience est un des éléments constitutifs de la foi. Une telle opinionpourrait paraître excessive. Mais, dans sa réalité et sa vérité, elle apparaîten conformité avec le climat spirituel et doctrinal qui prévaut dans tous lesversets relatifs à la patience, qui se distinguent par leur diversité formelle,et leur stricte concordance fondamentale.

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Cela signifie que le Musulman, qui ne s’arme pas de patience, et ne croitpas qu’elle est un moyen de salut et d’accès au paradis, serait, dans unecertaine proportion et d’une certaine manière, identifié au Musulman quine pratique pas la prière, considérant qu’elle n’est d’aucune utilité.

La patience est partie intégrante de l’Islam et indissociable de lui. Ceux quise sont recommandés la patience, comme ceux qui se sont recommandésla justice et le bien, ne sont pas perdants - ne sont pas “en perdition” - maisgagneront le paradis et rencontreront leur Seigneur-Dieu.

Dieu n’a pas recommandé la patience, en laissant aux Croyants la libertéde leur choix : ils s’arment de patience, s’ils le veulent, ou d’impatience,s’ils le veulent.

C’est ce qui différencie l’Islam des autres religions révélées. Il est laconsolation et le remède et le chemin au ciel.

… Au même titre que la patience, Dieu recommande le pardon, avec cettedifférence qui se résume en ce que la patience est impérative, et que le pardonest laissé au libre choix du Croyant.

A titre d’exemple : “Un mal est puni par un mal similaire. Maisquiconque pardonne et fait du bien, sa récompense incombe à Dieu, iln’aime pas les injustes”, [Al Choura (La Consultation) : 4].

Ainsi, Dieu n’impose pas le pardon, mais le laisse à l’appréciation du Croyant.Car si le pardon était obligatoire, le pardonneur n’aurait plus de mérite, nedisposant pas de liberté de décider et de choisir.

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Chapitre IX

Religion de la conviction, non de la contrainte

Ce que j’ai aimé aussi dans l’Islam c’est d’être la religion de la conviction,et non de la contrainte. Il ne veut pas de croyants du bout des lèvres, maisdu profond des cœurs. Il les veut les yeux ouverts à la lumière, de leurpleine volonté, faisant librement leur choix. Il les veut convaincus en leurâme et conscience, et non menés dans l’obscurité. Il ne veut pas les voirembrasser la religion de Dieu, de peur d’être châtiés, punis ou tués :

- “Si ton Dieu l’avait voulu, tous les habitants de la terre, sansexception, auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens àdevenir Croyants (Musulmans) ?” [Jonas : 99].

Dans l’Islam, la contrainte est presque un péché, parce qu’elle va à l’encontrede l’esprit de cette religion qui porte, en son essence, les éléments de sonéternité. Il n’a pas besoin d’une épée brandie, ni d’aucun autre moyen deviolence matérielle ou morale.

- “Appelle dans le chemin de ton Seigneur par la sagesse et le bonsermon”, [Les Abeilles : 125].

- Encore un ordre de Dieu à Mohammad, dans le même sens.

De tels ordres, et leurs semblables, trouvent leur fondement dans un principeessentiel unique; ils émanent d’une source essentielle unique, illustrée parquatre mots(1) qui ont rendu l’Islam célèbre dans l’Histoire : “Point decontrainte en religion”, [La Vache : 256].

A cette source s’abreuvèrent les premiers Croyants, Emigrés et Partisans,ayant accompagné le Prophète et partagé sa vie; ils l’entendirent et le virentgérer les problèmes de la Communauté avec cet esprit de tolérance et decompréhension qui le distingua.

(1) Dans le texte arabe, ces mots sont au nombre de quatre : “La ikraha fi dine”.

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A cette source s’abreuve, tout particulièrement, le second des Rachidines,al Farouq, Omar ibn al Khattab. A Jérusalem-Al Qods, et dans l’église duSaint Sépulcre, se souvenant des paroles de Dieu et de la Sunna de SonProphète, il s’interdit de prier dans ladite église, si chère aux cœurs desChrétiens, afin de la leur conserver, empêchant, ainsi, qu’elle soit, par lasuite, transformée en mosquée. C’est en cette occasion qu’il accorda auxhabitants de Jérusalem-Al Qods la mémorable charte qui porte son nom-la Charte omarienne- qui, dans l’histoire des religions, est, sans conteste,une perle unique.

Omar puisait son comportement dans le Livre de Dieu et la Sunna de SonProphète; il se conformait à l’esprit de l’Islam. Il ne cherchait, en aucunemanière, à conclure un “marché politique”, à l’instar de ce que font habi-tuellement les conquérants ou les envahisseurs, dans pareilles circonstances.

La “Charte omarienne” ne fut guère une mesure opportuniste et intéresséeprise dans l’intention de se rallier les Chrétiens de Jérusalem et de leséloigner intellectuellement, socialement et religieusement de Byzance,comme l’ont prétendu la plupart des historiens occidentaux.

En Syrie et en Egypte, le peuple, dans sa très grande majorité, était chrétien(1)

monophysite en rupture dogmatique avec Byzance qui, de ce fait, l’apersécuté de la pire manière, lui infligeant diverses avanies et contraintes.Elle fit main basse sur les églises, en détruisit un certain nombre, bannissantévêques et prêtres, jetant d’autres en prison. Elle imposa, ainsi, un régimede terreur, et instaura un climat de peur dans les rangs des Syriens et desEgyptiens qui avaient embrassé la doctrine - ou “l’hérésie” - de l’uniquenature dans le Christ, c’est-à-dire le monophysisme. C’est pour ces raisonsque les Jacobites (monophysistes syriens) déclarèrent : “le Dieu desvengeances nous a envoyé les Arabes pour nous libérer des Romains”.(2)

Plus d’un historien chrétien affirme que les Jacobites de Syrie et les Coptesd’Egypte se sentirent en sécurité avec les Musulmans, y trouvant même desalliés et des libérateurs.

(1) Avec une infime minorité de Juifs.(2) Nasri Salhab, “Sur les pas de Mahomet”, Dar al Kitab al Lubnani, 1971, p. 216.

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La Charte omarienne ne fut pas unique, ni la première en date des mesuresde tolérance prises par l’Islam au lendemain des conquêtes. Avant Omar,Khaled ibn al Walid donna aux Chrétiens de Damas(1), de Homs (Emèse) etde Hama, des chartes leur garantissant ce que la Charte omarienne garantitaux Chrétiens de Jérusalem-Al Qods. Dans ce contexte, Khalid fut unprécurseur. L’attitude islamique est une, car sa source est une : la religionque Dieu a “descendue” (révélée) au fils d’Abdillah, comme guidée etmiséricorde aux mondes. Du reste, les événements se comparent avec leurssemblables dans le temps et dans l’espace.

En 614, dans les guerres contre Byzance, les armées perses commandées parChosroès II, remportèrent des victoires qui leur ouvrirent le chemin deJérusalem-Al Qods; elles y entrèrent, y commirent destructions et vols,laissant l’église du Saint Sépulcre en ruines après en avoir volé les trésorset les reliques, entre autres la vraie Croix(2). Puis elles envahirent Damaset terrorisèrent ses habitants qui se virent, ainsi, exposés à la mort et à lacaptivité.

Plus tard, en 628, Héraclius, l’empereur byzantin, réussit à effacer les séquellesde cette défaite en infligeant, à son tour, une défaite aux armées persanes,et reprit la Croix. Jusqu’à ce jour la Chrétienté orientale commémore cetévénement sous l’appellation de “Fête de la Croix”.

Dans une telle conjoncture, il nous incombe de comparer le comportementdes Perses avec celui des Musulmans, vingt ans après. Ainsi, il nous seradonné de rendre justice à l’Islam et de réaliser l’ampleur de sa tolérance etde sa magnanimité.

Si, en Juillet 1099, les Croisés s’étaient rappelé le comportement d’Omar(en 638) dans l’église du Saint Sépulcre - pour ne citer que ce fait - ils seseraient certainement abstenus de se souiller les mains et les consciences,ainsi que la renommée du christianisme en entier, en envahissant la mosquéeAl Aqsa et y massacrant des centaines de musulmans, hommes, femmeset enfants qui s’y étaient réfugiés pour échapper à la mort, alors qu’ilsétaient sans armes, ne disposant, comme moyens de défense, que desexemplaires du Coran où le nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux,était cité des centaines de fois.

(1) Jérusalem se livra aux Musulmans en 638; Damas, en 635.(2) Philippe Hitti, “ ”, Dar al Qyama, 1959, Tome II.

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… Cette tolérance de l’Islam s’illustra, dans ses aspects les plus resplendissants,en Andalousie qui, à l’origine, lors de la conquête musulmane, était habitéede Chrétiens.

Des centaines d’années après cette conquête - alors que les Arabes Musulmansles gouvernaient - les Andalous étaient restés à majorité chrétienne, avecune minorité juive. Ce qui prouve que les gouvernants musulmans avaientlaissé à leurs administrés la liberté de croyance et de foi.

Will Durant écrit ce qui suit : “Jamais l’Andalousie ne fut gouvernée avectant de douceur, de justice et de sagesse que par ses conquérants arabes… Ils se comparent favorablement aux empereurs grecs de leur temps; ilsfurent certainement en amélioration sur le régime visigothique despotiquequi les avait précédés. Leur administration des affaires publiques fut lameilleure du monde occidental de cette époque. Les lois étaient rationelleset humaines et étaient mises en œuvre par un pouvoir judiciaire bienorganisé. Dans la plupart des cas, les peuples conquis, dans leurs affairesintérieures, étaient gouvernés par leurs propres lois et leurs propresfonctionnaires … D’autre part, les autorités maures accordèrent la libertédu culte à toutes les religions non musulmanes” (Histoire de la civilisation) ,Paris 1966, Tome X, pp. 501, 502, 505).

Comme nous venons de le dire, les événements se comparent et se jugentà travers leurs semblables dans le temps et l’espace : En 1492, Grenade,le dernier Etat musulman d’Andalousie disparut, et avec lui prit fin legouvernement de l’Andalousie par les Arabo-Musulmans, après environ800 ans au cours desquels Cordoue, Tolède et Grenade - pour ne citerqu’elles - scintillèrent de l’une des plus grandes civilisations que lemonde ait jamais connues.

Au lendemain de la chute de Grenade, Isabelle, la “Très Catholique” reinede Castille, épouse du “Très Catholique” roi d’Aragon, promulgua sonterrible et tristement célèbre édit qui ordonnait aux Musulmans, et aux Juifsd’Andalousie, - c’est-à-dire aux non Chrétiens - de choisir l’une des troisoptions suivantes :

1- Embrasser la religion chrétienne

2- Quitter l’Andalousie

3- La prison ou la mort

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A partir de cet “Edit”, commencèrent les malheurs des Juifs et desMusulmans d’Andalousie, auxquels le fanatisme espagnol aveugle proposatrois verres dont le plus doux est d’un goût amer humainement insupportable.

Sans nul doute, les Juifs de ces temps-là firent, en leur âme et conscience,une comparaison entre la tolérance arabe musulmane et le fanatisme chrétienespagnol, et réalisèrent l’énorme distance qui les sépare.

… Et si, au fil des siècles, certains gouvernants musulmans prirent à l’encontredes Gens du Livre, chrétiens et juifs, des mesures discriminatoires etcontraignantes, c’est parce que, sans le savoir, ils se sont comportéscontrairement à l’esprit de l’Islam, enfreignant ses traditions tolérantes, etignorant, ou feignant d’ignorer les Commandements de Dieu - ce qu’Il apermis et ce qu’Il a interdit - ainsi que la Sunna du Prophète et la conduitede ses successeurs directs, les Califes al Rachidines.

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Chapitre X

L’être humain est fait de corps et d’esprit

Ce que j’apprécie beaucoup dans l’Islam et m’attire à lui c’est l’équilibrequ’il préconise entre l’esprit et la matière, ou entre l’âme et le corps : entrece dont l’âme a besoin en sa qualité d’émanation de Dieu auquel, en finde périple, elle reviendra, et entre ce dont le corps, de son côté, a besoin.

L'homme est fait de corps et d’âme, de matière et d’esprit, deux élémentsinterdépendants, qui se complètent et s’aident mutuellement, dans unéquilibre indispensable à son épanouissement.

Si l'un des deux l’emporte sur l’autre, l’équilibre, dans l’être humain, estrompu.

Dieu, qui créa les mondes, tous les êtres et toutes les choses, a créé pourl’âme un corps qu’elle habite pour un temps. Il n’est point permis à l’hommede mépriser son corps et de le négliger, car le contenant doit être digne ducontenu.

Pour cette raison, nous constatons que la plupart des églises possèdent lesplus beaux calices faits en or massif et sertis de pierres précieuses, ou envermeil émaillé de couleurs, afin de s’en servir dans ce que les Chrétiensappellent le “Sacrifice divin”.

De même, nous constatons que l’art musulman resplendit et atteint le summumde la beauté et de la créativité dans les mosquées, chefs-d’œuvre d’architecture,de gravure, de calligraphie, de dessins abstraits, de marbre, de mosaïques,baignant, tous, dans l’or et l’argent, et sertis de pierres précieuses, car cesmosquées sont des lieux où on invoque le nom de Dieu, et on lui adresse leslouanges et les prières, et vers Lui se dirigent les regards et les consciences.

Et parce que la mosquée est la maison de Dieu, rien n’a été épargné pourque la résidence soit digne du Résident.

Telle fut, avant l’Islam et après lui, la conception de la chrétienté qui, dansce contexte, nous légua des églises et des cathédrales qui représentent des

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chefs-d’œuvre uniques dans les domaines de l’architecture et des arts mineursqui lui sont associés, et auxquels nous avons fait allusion ci-dessus, carl’église, comme la mosquée, est la maison de Dieu.

Le corps est la maison de l’âme; il doit en être digne.

Dieu, cependant, dans Son Livre, a tenu à faire comprendre aux Croyantsque l’au-delà est préférable à notre monde. Celui-ci disparaîtra un jour, alorsque l’autre - le Royaume de Dieu - est voué à l’immortalité. Et si l’équilibreentre les besoins du corps et ceux de l’âme est indispensable à la stabilitéde l’homme et à son épanouissement, l’âme toutefois, dans son essence, estplus digne du corps et supérieure à lui. Le corps fait partie des créatures deDieu, alors que l’âme fait partie intégrante du Créateur; elle participe de sonessence; elle émane de Lui, et à Lui elle revient, après la dissolution du corps.

L’objectif fondamental et ultime que le Croyant aspire à atteindre c’estl’au-delà, à travers une vie qu’il aurait vécu ici-bas, dans la modération etdont il aurait joui décemment. Se priver des beautés du monde et de sesmerveilles n’est guère une condition pour gagner l’au-delà.

Meurtrir son corps n'est pas une condition à l’épanouissement de l’âme :

- “Et recherche, en ce que Dieu t’a apporté, la Demeure dernière,et n’oublie pas ton lot dans le monde, et fais le bien, commeDieu a été bienfaisant envers toi”, [Le Récit : 77].

- “L’au-delà est meilleur pour toi que la vie d’ici-bas”, [Le pré-crépuscule (Al Doha) : 4].

Et si “l’argent et les enfants sont l’ornement de la vie ici-bas”, il y en a,cependant, de plus digne et de plus noble : “Les justes actions durables sontplus rétribuées par Dieu, et l’objet de plus d’espérance”, [La Grotte : 46].

De même : “Et cette vie ici-bas n’est qu’amusement et jeu; et la Dernièredemeure dispense la vie, s’ils le savaient”, [L’araignée : 64].

De même aussi : “Et il fut dit à ceux qui pratiquèrent la piété : “Qu’est-ceque votre Seigneur a fait descendre ?” Ils dirent : “Le bien pour ceux quiont fait le bien dans cette vie”. Et l’au-delà est meilleur; et qu’elle estagréable la demeure des pieux!”, [Les Abeilles : 30].

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De même encore et encore : “Et la miséricorde de Ton Seigneur est meilleureque tout ce qu’ils amassent”, [L’Ornement : 32].

A travers ces versets et d’autres nous constatons qu’il y a un rappel permanentdes Croyants que l’au-delà est, pour eux, meilleur que ce monde, et qu’onpeut atteindre l’autre monde (l’au-delà) par la pratique du bien et de l’aumône,et par l’aide que l’on accorde à ceux qui en ont besoin; en un mot, par labonne action : “Que celui qui espère rencontrer son Seigneur-Dieu fasseune bonne action”, [La Grotte : 110].

L’Islam est la religion du réalisme et du possible : il impose à l’être humaince que sa nature peut endurer, dans des limites que Dieu a fixées depuis laCréation.

Dieu - qui sait tout - connaît les possibilités de l’homme et sa capacitéd’endurance. A partir de là, Il juge l’homme, lui faisant assumer laresponsabilité de ses actes.

Il serait utile, ici, de faire une rapide comparaison entre les obligations quel’Islam et le Christianisme, chacun de son côté, imposent au croyant.

Le Christ, paix et prière sur lui, a édicté des principes et des enseignementsmoraux tellement rigoureux et idéalistes que le Croyant, humainementincapable de mettre en pratique, se voit plier sous leur poids.

De ces enseignements nous choisissons quelques-uns qui prouvent lavéracité de ce que nous venons de dire :

- “Aimez vos ennemis. Bénissez ceux qui vous maudissent. Priezpour ceux qui vous persécutent”, [Matt., V : 44].

- “Quelqu’un te donne-t-il un coup sur la joue droite, tends-luiencore l’autre”, [ibid : 39].

- “Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà, dansson cœur, commis l’adultère”, [Ibid : 28].

- “A qui veut te citer en justice et prendre ta tunique, laisse-luiencore ton manteau”, [Ibid : 40].

- “Quelqu’un te requiert-il pour un mille, fais-en deux avec lui”,[Ibid : 41].

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Les Chrétiens sont actuellement plus d’un milliard. Nous ne pensons pasque, parmi eux, se trouverait un seul qui, frappé sur la joue droite, tendraitl’autre joue à celui qui l’aurait frappé, afin qu’il en reçoive encore unegifle!

Quant à l’amour des ennemis et à la bénédiction des “maudisseurs”, et à laprière pour les persécuteurs, ce sont là des enseignements sublimes etadmirables mais dont la teneur idéaliste dépasse les limites de la capacitéhumaine.

L’amour des amis n’est pas sûr et garanti. Que serait-il de celui des ennemis!

Ce que nous avons vu, et que nous voyons sur les deux scènes internationaleet arabe, ainsi que les événements qui se sont succédés, à l’échelle internationale,depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, nous portent à dire quel’histoire des peuples et des nations - spécialement en Europe d’avant laseconde guerre mondiale - n’est en réalité que l’histoire de leurs guerres.

En effet, jusqu’à 1940, les guerres en Europe chrétienne, plus particulièremententre la France et l’Allemagne, ou entre l’Espagne et la France, ou entrel’Autriche et l’Italie, ou entre la Russie et la Pologne, n’ont pas cessé …

Nul ne se hasarderait à dire que les guerres sont l’expression de l’amouret du pardon.

Dans ce contexte prennent place les “guerres de religion” qui enflammèrentl’Europe durant des siècles.

En France même, qu’il nous suffise de rappeler le massacre de la SaintBarthélémy - redevable de son appellation à l’un des douze apôtres du Christ,car il eut lieu le jour de sa fête - ce jour noir au cours duquel les Chrétienscatholiques se ruèrent sur les Chrétiens protestants et en tuèrent, à Paris enune seule nuit, près de trois mille, pendant que les cloches de Saint-Germainsonnaient le glas qui rappelait les lamentations des mères meurtries par laperte de leurs enfants massacrés.

Quant aux guerres menées ou bénies par les papes, au fil des ans, contre lesOttomans musulmans, elles n’ont guère besoin d’être citées nommément,parce que notoires.

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Si le pape, tête de l’Eglise et son pasteur, n’a pu aimer ses ennemis, commentla masse des chrétiens, gens communs et ordinaires, le pourraient-ils ?

Ces enseignements, magnifiques dans leur idéalisme, restèrent, dès leurannonce, de “l’encre sur du papier”, une encre rouge, assez souvent teintéedu sang de ces “ennemis, maudisseurs et persécuteurs”.

De l’amour, passons à un autre sujet : à l’adultère.

Le Christ, paix sur lui, dit - nous l’avons déjà rapporté - que “tout homme quiregarde une femme avec convoitise a déjà dans son cœur commis l’adultère”.

Ainsi, nous constatons que l’homme, qui regarde une femme et la désire,est assimilé à un homme qui, effectivement, a commis l’adultère. De là, ilnous est possible d’évaluer le nombre des adultères.

… Ces exemples donnent au lecteur une idée des enseignements du Christ,qui dépassent l’endurance des hommes et leur capacité de s’y conformer :la nature humaine a des limites que Dieu connaît. Pour ces motifs, il imposeà l’homme - dans la religion islamique - un poids que ce dernier seraithumainement capable de porter.

D’un autre côté, nous constatons que l’Islam permet au Croyant de favoriserson corps, en mangeant les bonnes choses accordées par Dieu, et en n’oubliantpas sa part dans ce monde, à condition de ne pas exagérer et de rester dansles limites du raisonnable, faisant preuve de modération, afin que ses actesn’enfreignent pas les règles des bonnes mœurs et de la morale publique.

- “O les Croyants! N’interdisez pas les bonnes choses que Dieua rendues licites pour vous; et ne soyez pas malveillants; Dieun’aime pas les oppresseurs. Et mangez de ce que Dieu vous aprocurés de licite et de bon; et craignez Dieu en qui vous croyez”,[Table servie : 87-88].

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Chapitre XI

La polygamie

J’ai maintes fois entendu et lu des critiques, quelquefois franches et directes,d’autres fois, feutrées et tacites, émanant de milieux Chrétiens occidentauxnon dénués de science et de connaissance. Ces critiques se résument en ceque la religion islamique, prêchée et répandue après le judaïsme et lechristianisme, c’est-à-dire en des temps relativement modernes, autorisela polygamie qui , comme on le sait, permet légalement à l’homme d’épouserplus d’une femme à la fois, jusqu’à quatre.

L'Islam est, donc, dans ce contexte, “régressif et rétrograde” et ramène l’hommeaux sociétés et aux temps primaires.

C’est, pour moi, l’occasion d’attirer l’attention sur le verset coranique quiautorise la polygamie jusqu’à quatre : le verset 3 de la sourate “les Femmes”.

Ce verset est toujours cité, amputé de sa première phrase. Cettte amputationle rend mal compris par les Croyants qui, induits, ainsi, en erreur, lui donnentun sens différent de son sens réel et véritable. Voici ce verset dans sonintégralité :

“Et si vous craignez de ne pas être équitables envers les orphelins,épousez des femmes, autant que cela vous est agréable, deux, troiset quatre. Mais si vous craignez de ne pas les traiter égalitairement,alors n’en épousez qu’une, ou ce que vous possédez (commeesclaves); cela vous impose moins de charges familiales”.

De ce texte, il ressort clairement que la polygamie (quadrilitère) a un butdéfini par Dieu : assurer l’équité et l’aide aux orphelins que Dieu, dans plusd’un verset du Coran, a privilégiés de sa miséricorde et de sa bienveillance,exhortant les Croyants à les traiter avec mansuétude, bonté et générosité.

Il serait d’un grand intérêt de souligner que le verset susmentionné fut“descendu” (révélé) au lendemain de la bataille d’Ohod au cours de laquelle,comme nous le savons, tombèrent de nombreux Croyants, martyrs de leurfoi, qui laissèrent des veuves et des orphelins, dont la plupart étaient sansressources.

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Pour cette raison, Dieu a permis aux Croyants aisés désireux de faire du bienet de pratiquer la justice et l’équité - au cas où ils redouteraient de ne pasêtre justes et équitables - d’épouser les veuves, mères des enfants orphelins,afin d’empêcher que ces derniers ne soient réduits à la mendicité et ne points’exposer aux avanies et à la déchéance qui l’accompagnent.

De là, il ressort clairement que la polygamie, à son origine, est un acted’abnégation et de sacrifice, et non point un désir charnel et une course auxplaisirs et à l’assouvissement de l’instinct animal de l’homme.

Tel est le verset, dans son esprit et dans sa lettre. Comme tous les versetsdu Coran, il est constitué de phrases et de mots interdépendants, soudés lesuns aux autres, et qu’il n’est point permis de dissocier ni de fractionner ni,surtout, de s’éloigner - dans sa mise en application - des causes originellesde sa révélation.

Observons, aussi, que Dieu, dans ce même verset, a prévu une autre condition,en disant : “Mais si vous craignez de ne pas les traiter égalitairement,alors n’en épousez qu’une”.

Ainsi, s’il apparaît à l’homme - qui connaît ses propres possibilités mieuxque quiconque - qu’il lui est impossible d’instaurer l’équité et la stricte égalitéentre ses épouses, il est de son devoir de s’abstenir (de la polygamie) et den’épouser qu’une seule femme.

Du moment que le but fondamental de la polygamie est l’équité, ce buts’annule de lui-même si cette équité n’est pas assurée.

Il nous semble, sur la base du texte du verset en question, que la polygamiedans l’Islam, est une exception imposée, à l’origine, par des circonstancesexceptionnelles inhérentes aux séquelles de la bataille d’Ohod, comme nousl’avons déjà signalé.

La règle, donc, est l’unicité des épouses et non leur multiplicité, la monogamieet non la polygamie.

… Les auteurs musulmans, dans leur quasi totalité, pensent que “l’Islama prôné le principe de la pluralité (des épouses) parce qu’il tend vers un butd’une portée profonde dans la réforme sociale : aux hommes qui s’avèrentincapables d’assouvir leurs appétits sexuels, il a permis la pluralité, nonseulement pour leur assurer un échappatoire, mais aussi pour défendre lesfemmes contre un mal extrêmement grave.

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“Dans les sociétés occidentales chrétiennes, où la pluralité (desépouses) est interdite, de tels hommes prennent des maîtressesprivées de tous les droits matrimoniaux.

“Le tort subi par la femme, du fait de cet engagement coutumier,n’a point de limites. Le but de l’Islam est d’empêcher la femmede tomber dans un état de pauvreté qui la prive de toutes lesgaranties sociales et l’entraîne vers la déchéance. Il veut que lafemme soit traitée, dans tous les cas de figure, comme une épouselégale jouissant des droits légitimes. Laquelle de ces deux situationsest plus utile à la femme, et plus garante de sa dignité ? Qu’elledevienne la seconde épouse d’un homme duquel elle peut, éven-tuellement, réclamer sa pension alimentaire et celle de ses enfantset - au cas où il mourrait avant elle - d’en hériter, ainsi que sesenfants qu’elle eut de lui ? Ou bien de faire partie des personnesbanalisées privées de tout droit, ne pouvant, juridiquement etlégalement, rien réclamer de son amant, ni en hériter, ainsi queles enfants qu’elle eut de lui, et d’être ainsi, réduite à un état demisère qui fait d’elle un fardeau social ?”(1)

Avec toute notre estime pour l’auteur qui a écrit ces lignes, ainsi que poursa science, nous nous devons de signaler que le verset 3 de la sourate “LesFemmes” ne contient, ni expressément, ni tacitement, ni de près ni de loin,des considérations de ce genre. L’auteur les a formulées, non point pourexpliquer les causes pour lesquelles la polygamie fut autorisée, mais pourla motiver et en faire apparaître les bienfaits et les côtés positifs.

Du reste, par la suite, l’auteur, prenant en compte l’esprit du verset en question,déclare : “De là, il ressort clairement, et sans abus d’interprétation, quele texte coranique rétrécit, à l’extrême, le cercle d’autorisation de lapluralité, parce qu’il fait de la simple peur de l’injustice, une cause d’inter-diction de la pluralité, et une obligation de se limiter à une seule épouse”,(Ibid, p. 375).

… L’Islam n’autorise la pluralité qu’exceptionnellement, et dans le but depratiquer le bien et de faire des œuvres pies.

(1) Afif Tabbara, “L’esprit de la religion islamique” (en arabe), 1977, pp. 272-273.

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Chapitre XII

Le mariage et le divorce dans l’Islam

Au VIIe siècle apr. J.C. l’Islam comprit ce que l’Occident mit des centainesd’années à comprendre : il décida que le mariage est un engagement et unpacte entre les deux époux, c’est-à-dire un contrat comme tous les autres,conclu entre l’homme et la femme, par lequel ils expriment leur accord mutuel,sans cérémonie religieuse, ni la présence des religieux.

Ce contrat est conclu auprès d’un “ma’azoun” - personnage laïc agréé - enprésence de deux témoins, à l’instar de ce qui se passe de nos jours, enOccident chrétien, avec des nuances et des détails qui n’entament pasl’essentiel.

En France, par exemple, le mariage civil est conclu auprès du maire, ou del’un de ses adjoints, en présence de deux témoins, sur la base d’un contratagréé par les futurs époux et signé par chacun d’eux, ainsi que par les deuxtémoins, et portant le sceau et la signature de l’Officier civil sus-mentionné(maire ou adjoint).

Cet acte - le mariage civil - est le seul officiellement et légalement reconnu,et le seul qui, du fait de cette reconnaissance, produit des effets légaux.

Toutefois, dans l’Islam, il puise dans la religion - Coran et Sunna - ses règleset sa légalité, alors que le mariage civil, en Occident, les puise dans le droitpositif en vigueur dans chaque pays, et qui émane des autorités législativescompétences.

… A l’origine, en Occident chrétien, le mariage était religieux; il avait lieuauprès d’hommes d’Eglise (prêtre ou évêque), et par ses offices; car lemariage était - et reste, dans l’acception des autorités religieuses - unSacrement, dans le sens dogmatique du terme.

Au Liban, chez les communautés chrétiennes, le mariage reste ce qu’il futdès l’origine : un Sacrement, qui ne peut être dévolu que par un Religieux,homme d’Eglise. Telle fut la situation en Europe pendant des siècles.

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Parmi les effets du mariage religieux, plus particulièrement chez lescommunautés catholiques et certaines composantes de l’Eglise protestante,notons qu’il est indissoluble; il ne prend fin que par la mort de l’un desdeux époux; car le divorce est interdit : “Ce que Dieu a uni, l’homme nepeut le séparer”.

Qu’il nous suffise de rappeler que l’Angleterre se sépara de l’Eglise Romaineet que, en 1534, elle constitua sa propre Eglise, l’Eglise anglicane, à causedu refus du pape Clément VII (1523-1534) de prononcer le divorce du roiHenri VIII de son épouse espagnole, Catherine d’Aragon qu’il voulaitrépudier afin d’épouser l’Irlandaise Anne Boleyn.

Cependant, le temps, dans son évolution inéluctable, détermina l’Europe àpasser d’une législation à une autre et, ainsi, à autoriser le divorce qui, àl’origine, était strictement interdit, dans le droit canon catholique et qui,par la suite, devint, dans la législation civile, une affaire banale et routinière,étant données les conditions faciles imposées au conjoint demandant ledivorce, ou aux deux, simultanément.

Si la Chari’a (législation) islamique autorise l’époux à divorcer de sa femme,cette même Chari’a a, en même temps, et en contrepartie, garanti à l’épousedes droits matériels l’aidant à se défendre contre les méfaits du temps et lesinjustices du destin.

L’Islam impose à l’époux de donner à l’épouse ce que le Coran appelle“sadouka” que nous traduisons par dot, ou indemnité, ou quelque chose desimilaire : “Et donnez aux épouses leur salaire légitime; si elles en abandonnentune part pour vous, utilisez-le, alors, pour manger et boire dans la quiétudeet la satisfaction”, [Les Femmes : 4]. Cette indemnité est la propriété exclusivede l’épouse, il est interdit à l’époux ou au responsable des intérêts de l’épouse,d’en user ou d’en profiter sans l’autorisation personnelle de l’épouse.

Quoiqu'il en soit, l’Islam - qui autorise le divorce - n’y encourage guère.Bien au contraire, comme l’a dit le Prophète, “Parmi les choses licites ledivorce est en tête de celles que Dieu déteste”.

Du reste, le Prophète, dans plus d’un “Hadith”, recommande aux époux detraiter leurs épouses avec tendresse et bonté. Il en est de même du Coran

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qui, dans de nombreux versets, engage les Croyants, dans leurs relationsavec leurs épouses, à faire preuve de magnanimité, de générosité et decourtoisie.

- “Comportez-vous convenablement avec elles”, [Les Femmes : 19].

De même : “Conservez-les (les épouses) selon les convenances, ou répudiez-les selon les convenances”, [La Vache : 231].

De même aussi : “Que celui qui est aisé, dépense aisément (sur les épouses); etcelui à qui il fut donné avec mesure, dépense de ce que Dieu lui a donné; Dieun’impose à l’homme que dans les limites de ses moyens”, [Le Divorce : 7].

En fait, et contrairement à ce que semblent penser les Occidentaux, ledivorce en Islam n’est pas laissé à l’arbitraire de l’époux pour en disposercomme bon lui semble.

Dans son esprit, l’Islam n’autorise pas l’époux à se comporter, avec sonépouse, tel un seigneur avec son esclave. Le Coran, dans le verset 35 dela sourate “Les Femmes”, instaure dans un cas déterminé, une parfaiteégalité entre l’homme et la femme.

En Islam, le divorce devient permis, et peut-être même fatal et inéluctable,lorsque les relations entre les deux époux atteignent un tel degré d’inimitiéet de discorde, qui rendent la vie commune insupportable et impossible et,ainsi, font du mariage un enfer alors que Dieu, à l’origine, en a voulu faireun paradis de bonheur.

Si les époux, dans leurs relations réciproques, atteignent un tel état - que leCoran appelle “Chiqaq” (implosion) - le divorce, nonobstant cela, n’est permisqu’après des tentatives sérieuses tendant à faire arrêter cette implosion :

- “Si vous craignez une implosion entre eux (les deux époux),mandatez un arbitre de sa famille (à lui), et un arbitre de safamille (à elle); S’ils veulent (les époux) la réconciliation, Dieules réconciliera; Dieu sait et comprend”, [Les Femmes : 35].

Ainsi, nous constatons, comme nous l’avons déjà signalé, que dans ce casdéterminé, le Coran traite l’homme et la femme sur le même pied d’égalité,

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et que, si les deux arbitres réussissent à rapprocher les deux époux, l’un del’autre, et que ces deux derniers désirent l’entente, Dieu les réconcliera. Ceque Dieu peut, l’homme en est incapable.

Et si l’Islam confère à l’homme uniquement le droit de décider du divorce,il a, d’un autre côté, autorisé la femme à s’adresser au juge et à lui demanderde prononcer ce divorce, dans des conditions et des circonstances déterminéesque nous ne pouvons ici citer et détailler sans dépasser les limites imposéesà notre ouvrage.

Concernant le droit du mari, Dieu lui interdit de l’exercer avec précipitation,et lui conseille patience et retenue :

- “Comportez-vous convenablement avec elles. Si vous avez del’aversion pour elles, il se peut que vous ayez de l’aversion pourune chose où Dieu met beaucoup de bien”, [Les Femmes : 19].

De même, Dieu ordonne au mari, avant de décider le divorce, de faire appelà des témoins justes :

- “Prenez à témoins des gens justes de votre part, et établissez letémoignage pour Dieu”, [Le Divorce : 2].

La présence de deux témoins justes pourrait porter le mari à revenir sur sadécision ou, au pis aller, à se donner plus de temps et, ainsi, à traiter laquestion avec calme et sérénité.

Pour terminer, disons que l’Islam autorise le divorce par consentementmutuel des deux époux : si tous deux désirent le divorce, ils seront exaucés.

A ce résultat, que l’Islam a préconisé au VIIe siècle, est arrivé l’Occident(en Europe et en Amérique) après plus de 1.200 ans au cours desquels ilparcourut un long chemin semé d’obstacles …

Ainsi, nous constatons que, dans ce dernier contexte aussi, l’Islam fut leprécurseur.

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Chapitre XIII

L’Islam est une école de charité

Ce qui m’a, aussi, fait aimer l’Islam c’est le fait d’être une école de charitéqui encourage au bien, dans son sens universaliste et humaniste, et quiordonne, entre autres, de pratiquer la charité aux multiples faces et auxobjectifs divers, et fait de cette vertu la merveille des merveilles.

La charité, dans le sens large du terme, c’est la bonne action. Toutefois, àtravers la coutume et l’entendement des hommes, elle acquit le sens strictde l’aumône, c’est-à-dire l’obole que l’homme donne aux pauvres, auxdémunis, aux déshérités, afin d’alléger leurs souffrances et le poids deleur pauvreté.

Dans son essence et sa finalité, la charité c’est l’allègement, par le donneur,de la souffrance du pauvre, de ses avanies et de sa misère.

C’est, aussi, l’expression, de la part de l’homme, de sa solidarité humaineenvers l’homme, son frère qui, de ce fait, ne se sent plus seul au monde, etqu’il y compte des frères qui partagent sa peine et sa joie.

La charité fait du musulman, qui se comporte selon les commandements desa religion, l’associé de tout miséreux dans ce monde.

Le plus grand Bienfaiteur c’est Dieu. Vers Lui - béni soit son nom - sedirigent les cœurs et les consciences, toutes les fois que la misère et lasouffrance s’abattent sur les gens, et que l’injustice et la tyrannie s’acharnentsur eux.

Dieu a ordonné la charité non seulement dans l’intérêt de celui qui reçoit,mais aussi dans celui du bienfaiteur, de celui qui donne :

- “Et sois charitable (bienfaisant) comme Dieu a été charitableavec toi”, [Le Récit : 77].

- “Si vous faites le bien (la charité) c’est envers vous-même quevous la faites. Et si vous faites le mal, c’est envers vous-mêmeaussi”, [Le Voyage nocturne : 7].

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- “Dieu ordonne la justice et la charité et l’aide aux parents, et ilinterdit la turpitude, le péché et l’injustice”, [Les Abeilles : 90].

Signalons que le Coran fait de la charité la plus grande des vertus dont peuts’orner l’âme humaine :

“Et qui, en religion, est meilleur que celui qui se soumet à Dieuet fait la charité”, [Les Femmes : 125].

Le Musulman bienfaiteur (charitable) est placé au plus haut degré de l’échellequi rapproche de Dieu et de la porte du Ciel.

Le verset qui suit confirme le précédent : “Et celui qui se soumet à Dieuet fait la charité détient l’anse la plus solide”, [Louqmane : 22].

L’anse la plus solide - “al ourwat al wouçqa” - c’est celle qui lie fortementle Créateur à la créature qui jouit, ainsi, de Sa miséricorde et de Sabénédiction.

Afin d’encourager les Croyants à faire la charité, Dieu dit : “Celui qui ferala charité en sera récompensé au décuple”, [Les Bestiaux : 160].

Il va - beni soit son nom - plus loin et dit : “Quiconque fait la charité recevramieux qu’elle, et ils seront garantis contre toute crainte”, [Les Fourmis : 89].

Dix fois le montant de leur bienfait sur terre, et quiétude et récompense auCiel, telle est la récompense des bienfaiteurs. Quel est, après cette promessevenant de Dieu Lui-même, le Musulman qui ne se sent pas porté à pratiquerla charité ?

A cela s’ajoute que le Coran, en magnifiant les bienfaiteurs et en énumérantleurs qualités, en fait l’élite des gens justes et pieux :

- “Les pieux sont parmi les jardins et les sources, prenant ce queleur donne leur Seigneur; ils étaient, auparavant, des bienfaiteurs;ils dormaient peu la nuit; et à chaque aube ils demandaientpardon; et dans leurs biens le mendiant et le déshétité avaientun droit”, [Les Eparpilleuses : 15-19].

Comme nous l’avons déjà dit au début du présent chapitre, la charité a uneportée bien plus large et plus profonde que celle qu’on lui attribue dans lapratique quotidienne.

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Ainsi, à titre d’exemple, la lutte dans le sentier de Dieu est une charité :

- “Et ceux qui ont lutté pour Nous (c’est Dieu qui parle) Nous lesguiderons dans Notre sentier, et Dieu est avec les bienfaiteurs”,[L’Araignée : 69].

Ainsi, celui qui lutte pour la gloire de Dieu et le triomphe de la Foi, pourrépandre le bien, la justice, le droit et la miséricorde, est recencé parmi lesbienfaiteurs et reçoit de Dieu ce qu’Il a promis à ces derniers dans ce mondeet dans l’au-delà.

Telle est aussi la condition de ceux qui marchent dans le chemin tracé parle Prophète de Dieu et son Messager. Ce sont des bienfaiteurs :

- “Et celui qui a apporté la vérité (càd. Mohammad), et y a cru(càd. les Musulmans qui l’ont suivi), ceux-là sont les pieux. Ilsont de leur Seigneur ce qu'ils désirent; telle est la récompensedes bienfaiteurs”, [Les Groupes : 33-34].

Le pardon aussi est charité :

- “Et pardonnes-leur, Dieu aime les bienfaiteurs”, [Table servie : 13].

Il en est de même de la patience :

- “Et sois patient; Dieu n’omet pas la récompense des bienfaiteurs”,[Houd : 115].

Cette répétition de la bénédiction de Dieu pour les bienfaiteurs - “Ils ontde leur Seigneur ce qu’ils désirent”, “Dieu n’omet pas la récompense desbienfaiteurs” - est, sans nul doute, le mobile fondamental qui encourageles Croyants à pratiquer la charité, étant convaincus que, en échange d’elle,ils obtiendront la bénédiction de Dieu, c’est-à-dire la plus grande récompenserêvée par les Croyants.

La bénédiction - ou l’agrément - de Dieu, comme il ressort clairement desversets, englobe le monde d’ici-bas, et l’au-delà. Car Dieu, béni soit sonnom! est le Seigneur des mondes, Détenteur du Jour du Jugement, et versLui le retour.

Le Coran a choisi des catégories de gens qui, mieux et plus que les autres,méritent la charité, et les recommande particulièrement aux Croyants.

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Les parents - père et mère - viennent en premier. Ils sont le tronc, et leursenfants, des branches qui s’alimentent de ce tronc et en sucent la sève, puiscroissent et grandissent, donnant des feuilles et des fruits, puisant leur forcedu tronc enfoui sous terre, y enfonçant ses racines profondes. Sans le tronc,point de branches; et sans les sacrifices des parents, les enfants ne pourrontpas croître et grandir : les parents sont la source, la cuirasse et la lumière.

Dieu dit dans Son Livre : “Et ton Seigneur a décidé de n’adorer que Lui,et de bien traiter les parents (père et mère); si l’un d’eux, ou les deux,atteignent la vieillesse, chez toi, ne leur dis pas le moindre mot blessant,et ne les réprimande pas, et dis-leur des mots affectueux et généreux; etbaisse, pour eux, l’aile de la miséricorde, et dis : O mon Dieu, sois miséri-cordieux avec eux, comme ils m’ont élevé, depuis ma tendre enfance”,[Voyage nocturne : 23-24].

Ainsi, nous constatons que la charité faite aux parents - c’est-à-dire le faitde les traiter avec amour et déférence - vient juste après l’adoration de Dieu,et peut-être même vient-elle en même temps que cette adoration.

Nous ne pensons pas que, dans le monde actuel, se trouve un Etat ou unenation qui, dans le domaine de “l’honoration” des parents, ait préconiséplus beau et plus sublime que ce que l’Islam a préconisé depuis plus de1.300 ans.

Dans les Dix Commandements révélés par Dieu à Moïse, paix sur lui!, surle Mont Sinaï, se trouve un - le 4ème ou le 5ème dans l’ordre énumératif- qui dit textuellement : “Honore ton père et ta mère, afin que tu aies unelongue vie sur la terre que te donne le Seigneur, ton Dieu”, [L’Exode, XX, 13].

Relevons la brièveté de ce commandement, c’est-à-dire le fait d’être vide detoute explication et de tout commentaire; et remarquons qu’il parle “d’honorer”les parents et non point de les traiter charitablement et généreusement.

Le Coran a humanisé “l’honoration”, en en faisant un acte de charité etd’amour prenant sa source dans le cœur et la conscience simultanément,ainsi que de la foi du Croyant assoiffé de miséricorde divine et inquiet surson sort, après sa mort.

La récompense dans la Bible se limite à ce monde d’ici-bas : la longue viesur terre …

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Dans le Coran, cette récompense est octroyée sur terre et dans le Ciel; labénédiction de Dieu y occupe une large place.

Quant aux détails - que l’on observe dans le Coran, et qui sont absents dela Bible - qu’il nous suffise de signaler ce qui suit :

- Il est interdit au Musulman un mot dont pourrait émaner le moindre relentde plainte. Même le mot “ouf” - qui se situe au bas de l’échelle des plaintes -lui est interdit, comme lui est interdit, naturellement, de heurter ses parentspar la moindre parole; bien au contraire, Dieu lui ordonne de leur dire desmots généreux et affectueux.

Quant au summum de la beauté et de l’humanisme, on le trouve dans lesmots suivants : “… et baisse, pour eux, l’aile de la miséricorde et dis : Omon Dieu! Sois miséricordieux avec eux, comme ils m’ont élevé depuis matendre enfance”.

Tout commentaire de ces mots, si éloquent soit-il, leur fera perdre la beautéqui les auréole, ainsi que le scintillement qui en jaillit. L’avilissement, enIslam n’est permis, ou toléré, que pour un fils envers ses parents, parce que,dans un tel cas, il atteint le paroxysme de la miséricorde.

A mesure qu’un enfant s’avilit et s’humilie, par miséricorde pour sesparents, à mesure qu’il s’élève dans l’échelle de la fierté et de la grandeur.

… Dans la caravane des personnes auxquelles Dieu a ordonné de faire lacharité viennent - après les parents - les parents, dans le sens large du terme,“les orphelins, les miséreux, le voisin-apparenté, et le voisin-étranger, leproche-compagnon, l’enfant de la route, et tout ce que possèdent (commeesclaves) les Croyants”, [Les Femmes : 39]

Dans cette caravane arrêtons-nous chez les orphelins, les miséreux, “l’enfantde la route”, et les esclaves.

Les orphelins

En Islam - Coran et Sunna - les orphelins occupent une place privilégiée.

Faire le bien à un orphelin, le prendre en affection et le traiter avecmiséricorde, ce sont là des obligations qui font presque partie des piliersde l’Islam.

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C’est que l’Islam, dans son esprit et sa lettre, est la religion de la miséricordeémanant de Dieu, le Miséricordieux.

L’orphelin c’est l’enfant qui a perdu son père, et dont la mère, devenueresponsable de lui, assume l’éducation et assure la subsistance. Si la mèrene dispose pas des moyens matériels susceptibles de l’aider à s’acquitterde ses obligations envers ses enfants orphelins; et si, dans les domaineséducatif et social, elle n’est pas capable d’assumer de telles responsabilités,la charité envers ses enfants devient du devoir des Musulmans.

La charité, ici, ne se limite pas au secours matériel; elle le dépasse pourenglober la bonne action - ou l’œuvre pie - dans tous les domaines, afinque le poids de la douleur des orphelins devienne de moins en moins lourd;ainsi ils trouvent leur consolation dans la tendresse que leur manifestentles Croyants et dans le secours que ces derniers leur fournissent dans lesdomaines matériel, moral, social et autres.

Cela évite aux orphelins de s’éloigner du droit chemin et de patauger dansla boue de l’ignorance, et de se noyer dans les marécages des vices. Ainsi,ils ne seront pas, pour la société, un poids mort, ni des éléments de tumulte,de corruption et d’atteinte à l’ordre public.

Les versets qui ordonnent de faire le bien aux orphelins sont nombreux.Nous en citerons, ci-dessous, quelques-uns :

- “Et donnez aux orphelins leurs biens, et ne remplacez pas le bonpar le mauvais, et n’ajoutez point leurs biens à vos biens”, [LesFemmes : 2].

- “Ceux qui volent (mangent) injustement les biens des orphelins,ne font que manger du feu dans leurs ventres, et seront brûléspar le feu de l’enfer”, [Les Femmes : 10].

- “Ne vous a-t-il pas trouvé orphelin et vous a abrité … Quant àl’orphelin, jamais tu n’opprimeras …", [Les Soleil levé : 6 et 9].

Les miséreux et les passants ("enfant de la route”)

Quant aux miséreux, victimes de l’injustice du destin et de la cruauté deshommes, ils méritent, comme les orphelins, la commisération des Croyantset leur aide.

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Leur faire l’aumône est un devoir qui prend sa source dans la substance del’Islam et dans son esprit, au même titre que le passant et l’esclave.

Le passant c’est l’étranger en voyage, qui retourne dans son pays, ou quien vient vers un autre pays et qui, en chemin, a perdu tout son argent avantd’atteindre son but.

Cet étranger, appelé “enfant, ou fils de la route”, parce que la route estdevenue son refuge et sa patrie - est assimilé aux parents, lorsqu’il perd sonargent. Son secours par les Croyants devient une obligation dictée par lareligion elle-même.

Lorsque “l’enfant de la route” trouve, auprès des gens, affection et secours,il s’abstiendra, pour avoir l’argent dont il a besoin, de tout acte interdit parDieu, comme le vol, l’escroquerie ou l’atteinte aux propriétés des gens, ouà leur vie. Bien au contraire, il remerciera ses bienfaiteurs et poursuivra“sa route” en louant Dieu et ses créatures.

Quant à l’esclave, le meilleur bien qu’on puisse lui faire c’est de l’affranchir,c’est-à-dire de lui rendre sa liberté.

Dans le contexte de l’esclavage, la bonne action est à multiples degrés qui,cependant, tournent autour d’un même axe : Bien traiter l’esclave et respecterson “humanité” - sa qualité d’être humain - de laquelle il est redevable àDieu seul, le Miséricordieux, et non à quiconque d’autre, si haut placé etsi puissant soit-il.

Si le Coran ne contient pas de textes prohibant expressément l’esclavage,les dispositions dont il est jalonné, relatives aux esclaves et à l’obligationde les traiter convenablement et dignement, de les prendre en affection etde les affranchir, nous autorisent à affirmer que, dans l’Islam, il n’y pas deseigneur et de manant, mais des Croyants, frères entre eux et égaux, “le plusproche d’entre eux de Dieu est le plus pieux”.

Quant au Prophète, le seul mot d’esclave le faisait souffrir. Pour cette raison,ses comportements, ainsi que ses paroles - ses faits et gestes - tendaientnettement vers l’affranchissement et la libération : “Celui qui frappe sonesclave peut se faire pardonner en l’affranchissant”. “Craignez Dieu dansce que vous possédez. Donnez-leur de votre nourriture, habillez-les de ce

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que vous vous habillez, et ne les grevez pas de travaux dont ils seraientincapables … Ne faites pas souffrir les créatures de Dieu. C’est Dieu quivous en a rendus maîtres. Et s’Il l’eût voulu, ils eussent été, eux-mêmes,vos propres maîtres”.

Ce sont là des mots qui ploient sous le poids de la miséricorde, et qui sontempreints d’une forte dose de sagesse : “Et s’Il l’eût voulu, ils eussent été,eux-mêmes, vos propres maîtres”.

Un jour, un Croyant vint trouver le Prophète et lui dit : “O Messager deDieu! indique-moi une œuvre qui me rapproche de Dieu et qui m’éloignede l’Enfer”. Le Prophète lui répondit : “Libère le souffle (de la vie) etaffranchis le cou”.

Un tel Hadith souffre-t-il de commentaire ?

Quant aux versets qui conseillent de bien traiter l’esclave et de l’affranchir,ils sont nombreux. Citons-en quelques-uns :

- “Dieu ne vous tiendra pas rigueur de la futilité de vos engagements(serments), mais il vous tiendra responsables de vos sermentscontractés délibérément. L’expiation en sera de nourrir dixpauvres de ce dont vous nourrissez habituellement vos parents,ou de les habiller ou de libérer un esclave”, [Plateau servi : 89].

- “Quiconque tue un Croyant par erreur devra (comme châtiment)affranchir un esclave croyant, et payer à ses parents le prix dusang”, [Les Femmes : 92].

… Oussama bnou (ben) Zaïd était l’esclave du Prophète. Décelant en luides qualités et des capacités de commandement, il en fit le commandantde l’une des armées musulmanes dans les rangs de laquelle se trouvaientAbou Bakr et Omar (futurs Califes) en simples soldats, sous les ordresd’Oussama!

Tel est l’Islam, dans son esprit.

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Chapitre XIV

La Guerre

Jadis et naguère, et même de nos jours, mais la plupart du temps, indirec-tement, l’Islam fut la cible de ses ennemis déclarés et non déclarés. Leursattaques étaient centrées sur une seule et unique idée qui se résume en ceque l’Islam est la religion de la violence et de la contrainte, et que sapropagation par le fil de l’épée est du devoir du Musulman.

Dans leur campagne de dénigrement, ils se fondèrent sur certains versetsdu Coran, ainsi que sur des événements qui accompagnèrent et suivirentles débuts de l’Islam. Ainsi, ils contraignirent les textes en leur imposantdes sens qu’ils ne revêtaient pas à l’origine, ne se privant pas d’interpolerles événements et de les commenter au gré de leur fantaisie, laissant lavérité dans le noir, et projetant la lumière sur le faux.

De nos jours émergèrent du monde de l’Islam des courants et des mouvementsreligieux que les Occidentaux appellent fondamentalisme et intégrisme, ouquelque chose de similaire.

Nul doute que les courants sus-visés se sont distingués, dans leurs faits etgestes, ainsi que dans leurs idéologies, par l’extrémisme et la violenceétrangers à l’Islam traditionnel que les Croyants ont hérité du Prophète, deses Compagnons et des Califes Rachidines, ainsi que des oulémas et desjuristes de la Chari’a à travers les siècles.

Les ennemis de l’Islam - qui appartiennent à diverses religions - ne seprivèrent pas d’exploiter ce fait - celui de l’extrémisme - en organisantune campagne de dénigrement contre l’Islam, à travers leur campagne contreles actes de “terrorisme” entrepris par les milices et les formations se réclamantdu “fondamentalisme”.

Cette campagne contre le “terrorisme-fondamentalisme” poursuit un objectifclair et précis qui n’échappe pas aux gens avisés : dénigrer l’Islam et leprésenter comme la religion de l’extrémisme et du fanatisme, ainsi, etsurtout, que du “terrorisme”.

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Nous ne cherchons pas ici à défendre le “fondamentalisme” ou l’extrémisme,ni à les critiquer, mais à défendre la vérité et le droit.

De l’aveu même de la communauté internationale, représentée par les NationsUnies, Israël occupe, par la force des armes, des territoires du Liban, de laSyrie et de la Palestine.

Le “terrorisme” des fondamentalistes n’est, dans la plupart des cas, qu’uneréaction contre l’injustice.

Le contexte moyen-oriental n’a pas besoin d’être expliqué.

Le peuple palestinien est un peuple vagabond et errant.

Le Golan est occupé.

Une partie du Sud Liban et de la Békaa est occupée.

Nonobstant tout ce qui précède, nous considérons de notre devoir enversla vérité de dire ce qui suit :

Les religions révélées successivement sont trois : le Judaïsme, le Christianismeet l’Islam.

La Bible - qui, à l’origine, est le Livre des Juifs - est descendue (révélée)par Dieu, au même titre que l’Evangile et le Coran.

Les guerres menées par les Juifs, ou les Hébreux, à la suite de leur sortied’Egypte et leur marche sur le pays de Canaan, c’est-à-dire la Palestine,sont détaillées dans certains Livres de la Bible, tels ceux de l’Exode, desNombres, du Deutéronome …

A l’instar de l’Evangile et du Coran, la Bible est très largement répandue.En plusieurs langues et en des millions d’exemplaires, elle se trouve entreles mains des gens, juifs et chrétiens, comme entre les mains des non-juifset des non-chrétiens.

En nous référant aux Livres susmentionnés (Exode, Nombres, Deutéronome),nous découvrons des faits et des événements qui intriguèrent les historienset les chercheurs qui, de ce fait, posent, à leur sujet, plus d’un point d’interro-gation et d’exclamation.

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Ce qui augmente leur embarras, et multiplie ces points d’interrogation etd’exclamation, c’est le fait de constater que Yahwé, dieu des Juifs, et, par lasuite, Dieu des mondes, conduit lui-même ces Juifs aux combats collectifs,comme nous allons, sitôt, constater.

Voici, pour la gouverne des lecteurs, quelques exemples choisis textuellementdans la Bible(1) :

“L’Eternel dit à Josué : Vois je livre entre tes mains Jéricho et sonroi, ses vaillants soldats … Le peuple (hébreu) monta dans la ville(Jéricho). Ils s’emparèrent de la ville et ils dévouèrent par interdit,au fil de l’épée, tout ce qui était dans la ville, hommes et femmes,enfants et vieillards, jusqu’aux bœufs, aux brebis et aux ânes. Ilsbrûlèrent la ville et tout ce qui s’y trouvait. Ce fut, alors, queJosué jura, en disant : Maudit soit devant l’Eternel l’homme quise lèvera pour rebâtir cette ville de Jéricho! L’Eternel fut avecJosué”, [Josué, VI, 2-27].

De même :

“L’Eternel dit à Josué. Prends avec toi tous les gens de guerre,lève-toi, monte contre Aï. Je livre entre tes mains le roi d’Aï etson peuple, sa ville et son roi. Quand vous aurez pris la ville,vous y mettrez le feu; vous agirez comme l’Eternel l'a dit. Israëlles battit sans leur laisser un survivant, ni un fuyard. Il y eut autotal douze mille personnes tuées ce jour-là, hommes et femmes,tous gens d’Aï. Josué brûla Aï et en fit à jamais un monceau deruines, qui subsiste encore aujourd’hui”, [Josué, VIII].

… Ce fut, exactement ce qui advint - massacres collectifs et incendies surl’ordre exprès du Dieu d’Israël, et avec son secours - à de nombreusesaures villes :

“Ils firent ainsi et lui amenèrent les cinq rois, qu’ils avaient faitsortir de la caverne, le roi de Jérusalem, le roi d’Hébron, le roide Jarmuth, le roi de Lakis, le roi d’Eglon. Josué dit aux chefsdes gens de guerre : Approchez et mettez vos pieds sur les cous

(1) “La Sainte Bible”, Louis Segond, Alliance biblique française, Paris, 1961.

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de ces rois. Ne craignez point et ne vous effrayez point; c’est ainsique l’Eternel traitera tous vos ennemis contre lesquels vouscombattez. Après cela, Josué les frappa et les fit mourir; il lespendit à cinq arbres. Josué prit Makkéda le même jour et la frappadu tranchant de l’épée. Il n’en laissa échapper aucun. Puis, ilpassa à Libna et l’attaqua. L’Eternel la livra aussi entre les mainsd’Israël et la frappa du tranchant de l’épée, elle et tous ceux quis’y trouvaient. Puis Josué passa à Lakish. L’Eternel la livra entreles mains d’Israël et la frappa du tranchant de l’épée, et tousceux qui s’y trouvaient”, [Josué, X].

Ainsi, aussi, se comporta Josué avec les villes de Guézer, Eglon, Hébronet Débir … :

“Josué battit tout le pays, la montagne, le midi, la plaine et lescoteaux, et il en battit tous les rois; il ne laissa échapper personne,et il dévoya, par interdit, tout ce qui respirait, comme l’avaitordonné l’Eternel, le Dieu d’Israël. Josué prit aussi toutes lesvilles de ces rois, et tous leurs rois, et il les frappa du tranchantde l’épée; parce que l’Eternel, Dieu d’Israël, combattait pourIsraël”, [Josué, X].

- “Dieu dit à Moïse : Ne le(1) crains point; car je le livre entre tesmains, lui et tout son peuple, et son pays … Et ils le battirent, luiet ses fils et tout son peuple, sans en laisser échapper un seul;et ils s’emparèrent de son pays”, [Nombres, XXI, 34-35].

- “Ils (les Hébreux) s’avancèrent contre Madian, selon l’ordre del’Eternel à Moïse, et ils tuèrent tous les mâles. Ils firent prisonnièresles femmes des Madianites et leurs petits enfants, et ils pillèrenttout leur bétail et toutes leurs richesses. Ils incendièrent toutesles villes qu'ils habitaient …", [Nombres, XXXI].

- “Maintenant, tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toutefemme qui a connu un homme en couchant avec lui”, [Nombres,XXXI].

(1) Le roi de Basan.

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- “Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : Lorsque vous aurez passéle Jourdain et que vous serez entrés dans le pays de Canaan(Palestine), vous chasserez devant vous tous les habitants du pays.Vous prendrez possession du pays et vous vous y établirez; carje vous ai donné le pays pour qu’il soit votre propriété”, [Nombres,XXXIII].

- “L’Eternel, notre Dieu, nous livra Sihon, roi de Hesbon, et nousle battîmes, lui et ses fils, et tout son peuple. Nous prîmes toutesses villes et nous les dévoyâmes par interdit, hommes, femmes etenfants, sans en laisser échapper un seul”, [Deutéronome, II].

- “L’Eternel, notre Dieu, livra encore entre nos mains Og, roi deBasan, avec tout son peuple; nous le battîmes sans laisser échapperaucun de ses gens. Nous prîmes toutes ces villes, et il n’y en eutpas une qui ne tombât en notre pouvoir : soixante villes. Nous lesdévoyâmes par interdit comme nous l’avions fait à Sihon, roi deHesbon; nous dévouâmes toutes les villes par interdit, hommes,femmes et petits enfants”, [Deutéronome, III].

… Ces passages que nous venons de reproduire textuellement prouvent,jusqu’à plus ample informé, que les Hébreux venant d’Egypte se sont livrés,non seulement aux meurtres collectifs, aux incendies et aux destructions,mais qu’ils ont anéanti des peuples, complètement et totalement.

A travers ces passages, nous nous sommes rendus compte que les villes queles Hébreux ont envahies, détruites, incendiées et entièrement effacées dela surface du globe, sont nombreuses et citées nommément; entre autres :Jéricho, Jérusalem, Hébron et Ajloun, lesquelles sont notoirement connuesde nos jours, car elles portent, aujourd’hui comme naguère, les mêmes nomset sont, dans leur totalité, situées en Palestine …

Les années passent, et les siècles … Nous voici en 638 : l’armée musulmane,comme nous l’avons déjà rapporté (chap. IX, p. 68), arrive devant Jérusalem-Al Qods et y met le siège. La Ville Sainte, peuplée en très grande partie, deChrétiens, ouvre ses Portes à Omar Ibn al Khattab, en témoignage de saconfiance en sa justice. Omar y entre et reçoit les clés de la Ville Sainte desmains de Sophrone, son patriarche, qui l’accompagne dans une tournée dansses quartiers. Alors qu’ils se trouvaient dans l’Eglise du Saint Sépulcre,

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l'heure de la prière, chez les Musulmans, arriva. Omar quitta l’Eglise et allaprier au dehors, à une certaine distance d’elle, afin, dit-il, “que les Musulmans,après lui, ne viennent et disent : “Ici pria Omar”, et n’y construisent unemosquée sur son emplacement”. En cette même occasion, le même Omaroctroya aux Chrétiens de Jérusalem une Charte aux termes de laquelle illeur garantit la sauvegarde de leurs églises, de leurs croix, des insignes deleur foi, et leur droit d’exercer leur culte et de dire leurs prières en touteliberté …, alors que les Hébreux, avant lui, quand ils prirent Jérusalem etles autres villes - comme nous le savons déjà - se gardèrent de faire allianceavec ses habitants … mais renversèrent leurs autels, brisèrent leurs idoles,et abattirent leurs forêts … Ils les tuèrent et il n’en resta personne …

Il est notoire, et nous l’avons déjà dit, que les Hébreux vinrent d’Egypte ets’abattirent, telles des bêtes féroces, sur des nations et des peuples qui neles combattirent pas, ne leur causèrent aucun préjudice, ne les chassèrentpoint de leurs pays, et ne leur déclarèrent pas la guerre … mais dont le grandcrime fut qu’ils (ces peuples et ces nations) vivaient sans avoir agressépersonne, sur ces terres depuis des centaines d’années … Et voici que Yahwé,le Dieu des Juifs, comme l’affirment les textes bibliques ci-haut reproduits,donne le pays (à son peuple) pour qu’il soit sa propriété, et lui ordonne dela détruire, avec tous ses habitants …

Si nous comparons ces textes bibliques avec les textes coraniques, dans lemême contexte, celui des guerres, il nous apparaîtra clairement que, parmiles religions révélées et non révélées, l'Islam est, sans nul doute, la religionla plus tolérante, la plus miséricordieuse et la plus encline à la paix.

En voici quelques exemples :

- “Ceux qui ne vous ont pas combattu en religion, et ne vous ontpas chassé de vos demeures, Dieu ne vous interdit pas de leurfaire du bien et d’être justes avec eux, Dieu aime les justes”,[L’Examinée : 8].

- De même :

“S’ils vous laissent tranquilles et ne vous combattent pas et vousoffrent la paix, Dieu ne vous ouvre pas voie contre eux”, [LesFemmes : 90].

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- De même aussi :

“O les Croyants! Entrez tous dans la paix”, [La Vache : 208].

- Encore et encore :

“Et s’ils inclinent à la paix, incline, toi-même, vers elle”, [LeButin (les dépouilles) : 61].

Il est de notre devoir envers la vérité de signaler que l’Islam ne recommandela guerre qu’en extrême urgence : afin de se défendre contre les attaques,et de défendre la religion et les Croyants. Toutes les guerres menées parle Prophète étaient, dans leur réalité, défensives. Même les “offensives”,d’entre elles, étaient défensives.

Durant des années, le Prophète, en exécution des ordres de Dieu, prêchala nouvelle religion sans recourir aux combats, malgré que Qoraïche à laMecque, et les Juifs à Yathreb, aient persécuté les premiers Croyants etleur aient porté de graves préjudices, et qu’ils aient, par tous les moyens,essayé d’étouffer la nouvelle religion dans son berceau.

Maintes fois les Croyants venaient voir le Prophète et lui exprimer leursplaintes, leurs doléances, et leur désir de combattre leurs ennemis afin demettre fin à leurs abus et à leurs injustices. Mais le Prophète leur répondaitinvariablement : “Patientez, Dieu ne m’a pas donné l’ordre de combattre”.

Du reste, l’Hégire - l’émigration du Prophète de la Mecque à Médine(Yathreb) - ne fut, de sa part, qu’une initiative dont le but était de se sauverlui-même et de sauver la nouvelle religion des griffes de ses ennemisperfides et tyranniques.

Et lorsque la violence des Mouchrikines et des Juifs contre les Croyantsdevint insoutenable, Dieu les autorisa à combattre : “L’autorisation (decombattre) a été donnée à ceux qui sont combattus, parce qu’il leur a étéfait du tort, et Dieu est capable de les aider - ceux qui furent expulsés de leursfoyers injustement, seulement pour avoir dit : Dieu est notre Seigneur …",[Le Pélerinage : 39-40].

Lorsque les Croyants furent victorieux, ils ne tuèrent pas, ils n’incendièrentpas, ils ne détruisirent pas, ils ne démolirent pas les autels, comme firentles Hébreux. Bien au contraire, ils répandirent le bien :

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“Dieu viendra au secours de ceux qui, si Nous les établissons dansle pays, seront assidus à la prière, pratiquent l’aumône, ordonnentce qui est bien et interdisent ce qui est mal; et c’est à Dieuqu’appartient l’avenir …", [Le Pélerinage : 41].

L’ordre de Dieu au Prophète est clair : le combat est un devoir pour repousserl’oppression : “Et combattez, dans le sentier de Dieu, ceux qui vouscombattent, et ne prenez pas l’initiative du combat; Dieu n’aime pas lesagresseurs; et tuez-les (les agresseurs) où que vous les rencontriez, etchassez-les d’où ils vous ont chassés … Mais s’ils cessent (le combat),Dieu est indulgent et miséricordieux”, [La Vache : 190-192].

Rien, dans le Coran, qui ressemble, de près ou de loin aux textes bibliquesque nous avons reproduits, et par lesquels le Dieu des Juifs déclare qu’illeur a livré des villes, des nations et des peuples afin de les occuper, de lesincendier et de les anéantir, et de poser leurs pieds sur les têtes de leurs rois.Bien au contraire, nous entendons des paroles imprégnées de pardon et demiséricorde, telles les suivantes :

“Dieu est indulgent et miséricordieux” [La Vache];

“qui ordonnent le bien et interdisent le mal”, [Le Pélerinage];

“autorisation de combattre est accordée à ceux qui furent traitésinjustement”, [Le Pélerinage];

“N’agressez pas, Dieu n’aime pas les agresseurs”, [La Vache].

A l’armée qui se préparait à combattre lors de la “journée” de Moqta, leProphète donne les conseils suivants : “Ne tuez point de femmes, ni d’enfants,ni de vieillards; ne brûlez point de palmiers, n’arrachez point d’arbres, nedétruisez point de maisons”; alors que nous lisons dans les textes bibliquesce que nous avons déjà rapportés : “Et ils brûlèrent la ville et tout ce quis’y trouvait … Ils la frappèrent du tranchant de l'épée, avec tous ceux quis’y trouvaient … Douze mille, hommes et femmes … Il n’en laissa échapperpersonne, et dévoua, par interdit, tout ce qui respirait, comme l’avaitordonné l’Eternel, Dieu d’Israël … Et vous couperez leurs forêts … ettoutes leurs villes brûlez-les … Et maintenant tuez tout mâle parmi les petitsenfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui… Et nous avons dévoué, par interdit, toute ville, ses hommes, ses femmes,ses petits enfants; nous n’en laissons échapper personne”.

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Alors que, pour les Musulmans, Dieu s’incarne dans la miséricorde et lepardon, nous le voyons se présenter aux Juifs comme le Dieu de la vengeanceet du massacre : “Si j’aiguise l’éclair de mon épée, et si ma main saisit lajustice, je me vengerai de mes adversaires et je punirai ceux qui me haïssent;mon épée dévorera leur chair; et j’enivrerai mes flèches du sang desblessés et des captifs, et des têtes des chefs de l’ennemi”, [Deutéronome,XXXII].

Parmi les recommandations du Prophète aux commandants de ses armées,nous relevons : “Combattez au nom de Dieu dans le sentier de Dieu;combattez ceux qui ne croient pas en Dieu; ne commettez pas d’abus, nide perfidie, et ne châtiez pas, ne tuez pas un nouveau-né”.

Si les ennemis commettent à l’encontre des Musulmans des actes excessifset abusifs, ceux-ci seraient en droit de leur rendre la pareille, s’ils le peuvent.Mais l’Islam préfère et privilégie la patience à la vengeance : “Et si vouspunissez, punissez comme vous avez été punis vous-mêmes : mais si vousêtes patients (si vous endurez), cela est meilleur pour les patients. Soispatient; et ta patience n’est qu’en Dieu”, [Les Abeilles : 126-127].

Ces deux versets furent révélés (descendus) après la journée d’Ohod, aucours de laquelle les Associateurs (al mouchrikines) châtièrent abusivement(le corps de) Hamza bin Abdel Mouttaleb, oncle du Prophète, et d’autresCroyants; le Prophète en fut très contrarié et très peiné; il résolut de se vengerdes mouchrikines et de les traiter comme ils traitèrent son oncle et lesCroyants. Dieu, toutefois, lui recommanda la patience, laquelle, dans lareligion islamique, est préférable à la vengeance.

Parmi les recommandations d’Abou Bakr (Ier Calife Rachidi), la chroniquenous a conservé les suivantes : “Ne commettez point de trahison, ni d’excèset d’abus, ni de perfidie, ni de châtiments abusifs et excessifs; ne tuez pointde petits enfants, ni de vieillards, ni de femmes; ne coupez point de palmiers,et n’en brûlez point, ni d’arbres fruitiers; n’égorgez point de mouton, nide vache ni de chameau, sauf pour en manger”.

Quant aux prisonniers - les prisonniers de guerre - Dieu recommande de lestraiter avec mansuétude, à l’égal des orphelins et des pauvres : “Et qui donnentde la nourriture, par amour pour Lui (Dieu), aux pauvres, à l’orphelin etau prisonnier; (en disant) : Nous vous nourrissons pour plaire à Dieu; nousne désirons de vous ni récompense ni remerciement”, [L’homme : 8-9].

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Des questions indispensables

Les passages bibliques - Josué, Nombres, Deutéronome - que nous avonsreproduits, expriment-ils une réalité matérielle ? Parlent-ils d’événementsqui se sont réellement passés ? Ou bien ont-ils un sens symbolique et figuréqui exprime des états d’âme, et reflète un cas de conscience ?

Nous nous posons ces questions parce qu’il nous est difficile - voire impossible -de croire que le peuple juif - avec l'aide de son Dieu et de son Créateur, leDieu Unique, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob - ait pu commettre detelles tueries, et anéantir des peuples et les effacer complètement de lasurface du globe, avec tout ce qu’ils possédaient.

C’est que - si nous exceptons ce qui est advenu aux peuples cananéen etautres, au lendemain de la sortie des Hébreux d’Egypte, comme cela estrapporté en détails dans les passages bibliques sus-mentionnés - les guerresdes Juifs, en général, furent défensives, et ne furent qu’exceptionnellementoffensives.

Dans ce contexte, il serait utile de signaler que la loi de Moïse - œil pourœil, dent pour dent … - est, dans son essence et sa réalité, une loi défensiveet non offensive qui recommande à l’agressé de répondre à l’agresseur parune égale agression; elle ne recommande pas aux Juifs d’attaquer, et d’agresserles autres.

Quant aux Dix Commandements, qui furent révélés à Moïse sur le Mont Sinaï,comme cela est traditionnellement connu, et qui sont considérés comme lespierres fondamentales de la Loi hébraïque, ils interdisent catégoriquementde tuer : “Tu ne tueras point”.

Du moment que Dieu, dans ses Commandements, a catégoriquement interditau peuple juif de tuer, comment, dans ce cas, expliquer ces tueries collectivescommises par les Hébreux avec l’aide de Dieu lui-même, contre ces peuplesqu'ils anéantirent complètement ?

Si nous explorons l’Histoire, dans le passé et de nos jours, nous n’y trouverionspoint que les Juifs se sont distingués par cet esprit ravageur et destructif.

Les Juifs d’aujourd’hui et de naguère ne se différencient, généralement pas,de leurs contemporains. Ils menèrent des guerres, en gagnèrent certaines,en perdirent d’autres; ils se comportèrent, avec les peuples qu’ils ont vaincus,comme se comportèrent avec eux les peuples qui les ont vaincus, à leur tour.

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Le souci de la vérité et le respect du droit nous dictent de dire que lesAssyriens et les Babyloniens, pour ne citer qu’eux, infligèrent aux Juifsvaincus un traitement qui se distingue par la brutalité, l’injustice et labarbarie : ils en tuèrent des milliers, capturèrent des milliers et bannirentdes milliers - notamment à Babylone - après avoir pris Jérusalem et l’avoircomplètement détruite.

Les rédacteurs des Livres bibliques - dont nous avons cité des passages -les auraient-ils voulu, à l’origine, des symboles abstraits représentés etprésentés par des faits et des données matérielles concrètes afin de lesrendre intelligibles au lecteur .

Ces rédacteurs - qui, naturellement, sont juifs - ont-ils voulu, par là, affirmerque le peuple juif s’acquitte d’une mission unicitaire et unitaire catégoriqueet tranchante, ne souffrant pas de discussion et n’admettant aucune formede paganisme; et, à partir de là, ils anéantirent totalement ces peuples païens,afin qu’il ne reste ni païen, ni idole, et que, seul Dieu l’Unique règneéternellement ?

En d’autres termes, les Hébreux, par ces guerres, ont-ils voulu anéantir lepaganisme à travers l’anéantissement de ces peuples qui le pratiquaient ?

Ce génocide fut-il symbolique et figuré ? ou bien effectif et réel .

Question dont nous laissons la réponse aux spécialistes versés dans de telsdomaines.

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Chapitre XV

La guerre sainte (al jihad)

“Al Jihad”, ou guerre sainte, c’est le combat dans le sentier de Dieu, c’est-à-dire la défense de la religion de Dieu et ce qu’elle représente comme valeurs,spécialement la justice entre les hommes. La défense de la justice impliquela répression de l’injustice et l’oppression.

La guerre sainte n’a pas pour objectif d’imposer l’Islam par la force et lacontrainte, mais de défendre l’Islam et les Musulmans contre l’injustice etl’oppression :

- “Et combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent,et n’agressez point; Dieu n’aime pas les agresseurs” - verset quenous avons déjà reproduit.

De là, nous constatons que le combat dans le sentier de Dieu n'est guèreune attaque, ou une agression, mais un moyen de repousser cette attaque,ou cette agression; ce combat n’est point offensif, mais défensif.

L’Islam autorise la guerre, voire il l’ordonne : “Combattez dans le sentierde Dieu, et sachez que Dieu entend tout, et sait tout”, [La Vache : 244].

De même

“Combattez pour Dieu avec force et conviction”, [Le Pélerinage :78].

Ce jihad - cette guerre sainte - a un seul et unique but : exhausser la parolede Dieu, c’est-à-dire secourir le droit et repousser l’injustice.

Les versets qui appellent au combat dans le sentier de Dieu et pour l’au-delà,sans le moindre objectif terrestre, sont nombreux. Nous en citeronsquelques-uns :

- “Que ceux qui combattent dans le sentier de Dieu vendent la viede ce monde (d’ici-bas) pour l’au-delà; et si celui qui combat dansle sentier de Dieu est tué, ou est victorieux, Nous lui accorderonsune magnifique récompense”, [Les Femmes : 74].

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D’un autre côté, l’Islam interdit le combat pour aider l’injustice et la tyrannie :

- “Les Croyants combattent dans le sentier de Dieu, et ceux quimécroient combattent dans le sentier du Taghout (Démon, faussedivinité, tyran). Combattez (donc) les suppots de Satan; les rusesde Satan sont faibles”, [Les Femmes : 76].

Le Taghout, littéralement cité ci-haut, représente la tyrannie. La tyrannie(toughyane) c’est le dépassement des limites, dans le mal, la corruption etl’injustice.

Nous avons déjà dit que le Prophète a envoyé aux rois, princes et gouverneurs,des lettres les exhortant à embrasser l’Islam, considérant que, ce faisant, ilexécute l’ordre de Dieu qui lui a ordonné de répandre et communiquer cequi lui a été descendu (révélé). Il choisit les méthodes pacifiques.

La guerre dans la chrétienté

Les experts en religion et les commentateurs sont unanimes à dire que lareligion chrétienne n’autorise pas la guerre, mais l’interdit catégoriquement.Ils se basent, en cela, sur certains propos du Christ, ainsi que sur sesrecommandations aux Apôtres et aux disciples et aux foules.

En fait, le christianisme n’a interdit ni permis la guerre; il n’en parle point,ni dans un sens ni dans l’autre.

Il est de commune renommée que le Fils de Marie fut l’apôtre de la charité,de la bonté et du pardon.

De ses paroles, répandues et connues, dans le contexte qui nous intéresse,nous citerons ce qui suit, afin d’éclairer le lecteur. (La plupart de ces proposchristologiques ont été reproduits dans des chapitres précédents de notreprésent ouvrage) :

- S’adressant à Pierre, Prince des Apôtres, il lui dit :

“Remets ton glaive à sa place, car tous ceux qui prennent le glaivepériront par le glaive”, [Mat. XXVI].

- De même : S’adressant, cette fois, aux Apôtres et aux disciples :

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“Moi je vous dis de ne pas tenir tête au méchant. Au contraire,quelqu’un te donne-t-il un coup sur la joue droite, tends-luiencore l’autre. A qui veut te citer en justice et prendre ta tunique,laisse-lui encore ton manteau”.

- De même aussi :

“Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent”,“et bénissez ceux qui vous maudissent”, [Ibid : V].

Dans ces propos, nous observons que le Christ a traité les relations deshommes entre eux, en tant qu’individus composant une société d’humains,chacun d’eux étant responsable de ce qui le concerne personnellement, etnon point en ce qui concerne la société, dans son ensemble, ou le peuple,ou la nation à laquelle appartient chacun de ces individus.

L’individu frappé sur sa joue droite est personnellement atteint par un telacte. Il lui appartient de répondre au mal par le mal, ou de pardonner à celuiqui l’a offensé : de même, il lui appartient d’aller plus loin dans son pardon,du moment que la question le concerne personnellement, et n’a aucunrapport avec sa foi et sa religion et ses dogmes, qui, tous, appartiennent àsa nation et non point à lui-même exclusivement.

Telle est, aussi, la situation de l’individu par rapport à sa tunique et à sonmanteau. De tels objets et d’autres du même genre n’ont aucune relationavec la religion, la foi et les dogmes.

Quant à Pierre et à son épée, il est nécessaire que le lecteur sache que leChrist était décidé, de sa propre initiative et de son propre gré, à se livrer àceux qui étaient venus pour l’arrêter; et que toute résistance - indépendammentde son ampleur et de son origine - aboutirait à l’inverse de ce qu’il avait,lui-même, résolu de faire

La preuve de la véracité de ce que nous avançons, nous la trouvons dans lespropos du Christ lui-même : “Comment, donc, s’accompliraient les Ecrituresselon lesquelles il doit en advenir ainsi ?” c’est-à-dire selon lesquelles ildoit être arrêté et conduit au Tribunal et à la mort.

Le Christ, en tout cas, eut d’autres attitudes différentes, dans leur essence,de l’attitude ci-haut mentionnée, toutes les fois que la question concernaitla foi, les mœurs et les valeurs spirituelles qui embrassent et régissent lasociété dans son ensemble.

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Au lecteur quelques exemples : La veille de Pâques (La Pâque Juive), leChrist entre au Temple, à Jérusalem Al-Qods. Il fut consterné par ce qu’ilentendit et vit : des cris, des marchandages et des discussions entre lespélerins, d’une part, et, d’autre part, les agents de change, les commerçantset les vendeurs, entourés de vaches, de moutons, de pigeons et de tablessur lesquelles étaient étalées les diverses monnaies. Entre ceux qui voulaientvendre aux plus hauts prix, et ceux qui voulaient acheter aux plus bas, lesdiscussions allaient crescendo, à tel point que le Temple avait l’allure etl’aspect d’un bazar, un “souk” à la criée, où la vente, l’achat et lestransactions allaient bon train.

Face à ce spectacle, aussi honteux que scandaleux, la colère du Fils de Marieexplosa. “Se faisant un fouet avec des cordes, il les chassa tous du Temple,ainsi que les brebis et les bœufs, envoya promener la monnaie des changeurset renversa leurs tables. Et à ceux qui vendaient les colombes, il dit : Enlevezça d’ici; cessez de faire de la Maison de mon Père, une maison de commerce”,[Jean, II, 11-16].

- Le Christ observa que les Scribes et les Pharisiens allaient trop loin dansle chemin de l’hypocrisie et du mensonge : “Ils disent et ne font pas. Ilslient de pesants fardeaux et les mettent sur les épaules des gens, alorsqu’eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt” … Il ne leur pardonnapoint leur persistance à égarer le peuple et à porter atteinte à l’esprit de lareligion et aux traditions reçues en héritage, et à déformer les vérités, lesvaleurs et les mœurs. Il en fut très contrarié et s’abattit sur ces hypocritespar des invectives et des malédictions que le temps nous a conservées etdont ne jaillit aucun rayon de pardon, de mansuétude et de paix, mais quiexhalent l’odeur de la colère, de la vengeance et des menaces des pireschâtiments :

“Malheur à vous scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez leRoyaume des Cieux devant les hommes; vous-mêmes n’y entrez pas,et ceux qui voudraient y entrer, vous les empêchez d’entrer!”(1)

(1) Il serait utile de signaler ici les paroles de Dieu (dans le Coran) adressées aux enfants d’Israël(Bani Isra’il) : “N’habillez pas la vérité avec la fausseté, et ne cachez pas la vérité, quandvous la connaissez … Ordonnerez-vous aux hommes d’être pieux et vous oublierez-vous vous-mêmes ? Vous lisez le Livre; ne le comprenez-vous pas ?”, [La Vache : 42-44].

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“Malheur à vous, qui courez mers et continents pour gagner nefut-ce qu’un prosélyte et, quand il l’est devenu, vous en faitesun fils de géhenne deux fois plus que vous!”

“Malheur à vous, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouilet du cumin, et vous avez laissé de côté les points les plus gravesde la Loi : la justice, la miséricorde et la bonne foi! Guides aveuglesqui filtrez le moucheron et avalez le chameau!”

“Malheur à vous qui purifiez l’extérieur de la coupe et du plat, alorsque l’intérieur est plein de rapines et d’intempérance!”

“Malheur à vous qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au dehorsils paraissent beaux, mais au dedans ils sont pleins d’ossementsde morts et d’impuretés!”

“Serpents, engeance de vipères, comment pourriez-vous voussoustraire au châtiment de la géhenne ?”

… En fait, le Christ a déclaré une guerre sans merci aux scribes et auxPharisiens, et à leurs homologues, les menteurs et les hypocrites. Que l’armeutilisée dans cette guerre fût l’épée, comme celle de Pierre, ou des parolesdures et tranchantes, telles les malédictions ci-dessus reproduites, ce quiest important ce ne sont pas les moyens mais les intentions et les objectifs,ainsi que l’esprit qui s’est manifesté dans ces moyens qui constituentl’expression criante de la colère du Fils de Marie contre ceux-là qui portèrentatteinte à la religion, à la foi et aux valeurs de justice, de vérité et de bien …

- Dans une autre occasion, s’adressant aux Apôtres et aux foules, le Christdit : “Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjàil fût allumé! … Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix surla terre ? Non, je vous le dis, mais la division”.(1)

La vie du Christ, comme celle de Mohammad, après lui, - paix et prière deDieu sur eux - fut une lutte dans le sentier de Dieu, c’est-à-dire une guerrecontre le mal, sous ses divers aspects, comme le mensonge, l’hypocrisie,la tyrannie, l’exploitation des faibles, des déshérités et des pauvres, ainsique la négation de la foi et des valeurs qu’elle personnifie, les abus desorgueilleux outranciers, dont le souci permanent est d’asséner au droit, àla justice et à la vérité des coups meurtriers.

(1) Luc, XII, 49-51.

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Et si, comme nous l’avons dit, le Christ recommande le pardon, l’Islam, deson côté, dans le Coran et la Sunna, en fait de même, encourageant lesCroyants, dans maints versets et Hadiths, à le pratiquer; ce que, du reste,nous avons déjà rapporté.

… Les guerres - les guerres de la foi, ou “les guerres de religion”, commeles historiens les appellent - que mena le christianisme offensivement, furentnombreuses, tout au long de l’Histoire.

Dès leurs premiers pas, les Croisades (guerres de la Croix) furent offensives,en ce sens que la première d’entre elles (1095-1099) s’ébranla de l’Europeà la suite de l’appel du pape Urbain II, depuis la ville de Clermont, en 1095.

La défense des Lieux Saints de Palestine, et dont le plus illustre fut le SaintSépulcre situé à Jérusalem-al Qods, était l’objectif principal de ces “guerresoffensives”. L’Islam, depuis son apparition, jusqu’à nos jours, n’a pointentrepris des guerres aussi importantes, dans leurs dimensions, leur genre,leur envergure et leurs prolongements dans le temps.

Et si les Croisades furent dirigées contre l’Islam, ou contre les responsablesmusulmans - Fatimites, Seldjoukistes, et Ayyoubites … - qui gouvernèrentsuccessivement ces régions, d’autres guerres religieuses furent menées pardes Chrétiens contre des Chrétiens, et dont les plus célèbres furent les guerresfrançaises qui eurent lieu au cours du XVIe siècle (1562-1598) entre lesCatholiques et les Protestants, connues par les “guerres de religion” et quiatteignirent, un degré de violence défiant toute imagination :

“… Jamais, au cours de toute son histoire, cette nation (la France),qui, volontiers, se tient pour sage et modérée, ne donna pareilexemple de violence déchaînée et de férocité inhumaine. Assassinats,achèvement des blessés, massacres des populations après la prisedes villes, de part et d’autre … Là où le Huguenot est maître, ildétruit toutes les images, démolit les sépulcres et les tombeaux,pille tous les biens sacrés. En contrepartie, le Catholique tue,meurtrit, noie tous ceux qu’il connaît de cette secte, à tel pointque les rivières en regorgent”. (Daniel-Rops, “L’histoire del’Eglise”, T. VI, pp. 161-162).

Et si l’Evangile ne contient pas de texte autorisant la guerre ou l’interdisant,l’Eglise, de son côté, ne prit aucune décision interdisant les guerres; bienau contraire, nous la voyons, assez souvent, encourager les guerres et, dans

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certains cas, présider à leur organisation, patronnant les Accords (ouEntentes, ou Ligues) conclus dans l’intention de les déclencher contre l’Islamet les Musulmans, ou, certaines fois, contre des Etats chrétiens.

Le Pape Jules II (1503-1515) présida la Ligue de Cambrai contre Venise,en 1508, puis la Sainte Ligue contre le France (1511-1512).

Quant à Pie V (1566-1572), il bénit et patronna la guerre contre l’EmpireOttoman, qui prit fin avec la bataille navale de Lépante le 7 octobre 1571,où la flotte alliée remporta une victoire décisive sur la flotte ottomane.

Une pléiade d’historiens affirment qu’à la suite du décès de Pie V, le Sultanottoman décrèta trois jours de réjouissances!

Ainsi, le combat dans le sentier de Dieu n’est pas l’apanage de l’Islam; deson côté, la Chrétienté, l’a, assez souvent, pratiqué, aussi bien contre lesMusulmans que contre les Chrétiens eux-mêmes.

Et si la Chrétienté engagea les Croisades contre l’Islam, ou contre lesgouvernants musulmans, il y a, au moins, deux guerres qu’elle engagea contredes Chrétiens, avec une violence rare dans les annales de l'Histoire.

La première de ces guerres eut lieu en 1204, lorsque les Croisés prirent d’assautByzance, la capitale de l’Empire d’Orient, et y commirent destructions etrapines; ils pénétrèrent dans Sainte-Sophie, l’une des plus illustres églises dela Chrétienté en ces temps-là, et peut-être même, la plus illustre absolument,la saccagèrent, la profanèrent, déstruisirent ses autels, ses icônes, ses crucifixet ses reliques, et volèrent ses trésors inestimables, y commettant l’abominationavec les filles de joie, tuant, enlevant et déportant, tout ceci parce que lesCroisés, du point de vue de la foi et des dogmes, appartenaient à l'Egliseromaine et latine, et que, de leur côté, l’empereur de Byzance, ainsi quele patriarche, les évêques, le clergé et le peuple se réclamaient de l’Eglisegrecque orthodoxe “séparée” de Rome.

La deuxième “Croisade” fut celle menée, en 1209, par la chrétienté occidentalesur l’ordre du pape Innocent III (1198-1216) contre une secte chrétienne- les Cathares, ou Albigeois - que l’Eglise de Rome considérait commehérétiques. Partant de là, elle décida de les anéantir. Il fut fait selon sa volonté.

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Si, dans ce domaine précis, celui de la guerre sainte, ou “al jihad”, nousprocédions à un parallèle entre le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam,nous constaterions que l’Islam, dans la réalité, dans les faits et dans lestextes, est plus modéré, plus tolérant et plus miséricordieux que les deuxautres religions.

Qu’il nous suffise ici de rappeler l’opinion d’un illustre et célèbre historienchrétien, que nous avons déjà reproduite dans un précédent chapitre de notreprésent ouvrage, et à laquelle nous prions le lecteur d’y revenir. (Chap.IX, p. 70).

Si nous scrutions attentivement les événements de l’Andalousie, nous ydécouvrirons, dans son éclat, la vérité suivante, reconnue par tous leshistoriens, quelle que soit leur nationalité, leur religion et leur confession :

Quand l’Andalousie était gouvernée par les Arabes Musulmans, un climatde tolérance, de liberté et de justice y régnait, qui en fit le paradis de Dieusur la terre de Dieu.

Au lendemain de l’effondrement définitif de l’autorité musulmane, à la suitede la chute de Grenade en 1492, la situation se renversa de pied en cap : lefanatisme aveugle s’abattit sur la population. Le Christianisme - à l’origine,religion de la charité, de la miséricorde et de l’amour des ennemis - jouale rôle le plus abominable de toute son histoire.

Si dans ces circonstances déterminées, l’Islam a autorisé la guerre, ou l’arecommandée, ou ordonnée, ce ne fut point dans l’intention de contraindreles peuples vaincus à embrasser la religion islamique, ni d’empêcher cespeuples de pratiquer leur religion et leur foi. Nous en avons pour preuve cequ’écrit Philippe Hitti dans son “Histoire détaillée des Arabes” (Edition de1949, T. II, p. 96) : “La plupart des peuples de Syrie, d’Irak et de Persen’ont adopté la religion islamique qu’à partir des IIe et IIIème siècles del’Hégire. Le nombre des Musulmans en Syrie, lors du premier siècle quisuivit la conquête, ne dépassait probablement pas deux cent mille sur untotal évalué à trois millions et demi d’habitants”.

D’un autre côté, comment pourrait-on accuser les Musulmans d’avoir vouluimposer l’Islam par l’épée, quand nous nous rappelons qu'Omar ibn AlKhattab, après que Jérusalem-al Qods lui ouvrit ses portes, accorda à ses

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habitants chrétiens une Charte leur garantissant la sauvegarde de leurs églises,et leurs libertés de culte et de prière … et quand nous nous rappelons queKhaled ibn al Walid fit la même chose avec les habitants des villes syriennesqu’il conquit, et quand nous nous rappelons l’accord que conclut Amr ibnal ‘Ass, à la suite de la conquête de l’Egypte, avec le patriarche d’AlexandrieBenjamin, qui stipulait que les propriétés de l’Eglise copte confisquées parles Byzantins lui seront rendues et que, de son côté, le patriarche s’engageaà soutenir, lui-même, ainsi que sa communauté, l’autorité des Musulmans.(Daniel-Rops, op. cité, III, 284).

En fait, une grande partie des peuples syrien et égyptien, notamment lesJacobites de Syrie, trouvèrent dans les conquérants arabes des sauveteurs(ou sauveurs) qui les libérèrent de la tyrannie byzantine. C’est ce que, àtitre d’exemple, déclare Bar Hébraüs, leur porte-parole : “Le Dieu de laVengeance nous a envoyé les Arabes pour nous sauver des Romains”,(propos que nous avons déjà rapportés au Chapitre IX, page 68).

Nous devrions, toutefois, reconnaître que certains gouvernants musulmans,tout au long des siècles, se distinguèrent par un fanatisme en contradictionavec l’esprit de l’Islam et des commandements du Coran, ainsi que desrecommandations du Prophète et de ses successeurs directs, Al Rachidines.

Ces gouvernants, ceux de la dynastie abasside, et le fatimite Al Hakem biAmr Illah, se comportèrent contrairement à l’esprit de l’Islam et à la Sunnadu Prophète, exactement comme ce fut le cas de quelques rois et princeschrétiens qui oublièrent, ou feignirent même d’oublier les recommandationsdu Christ qui, maintes et maintes fois, prêcha la charité, le pardon et lamiséricorde, recommandant aux Apôtres et aux foules d’aimer leursennemis, de bénir leurs “maudisseurs” et de prier pour leurs persécuteurs.

Il est difficile, voire impossible, de trouver dans l’histoire des Musulmans,un événement qui donne les frissons comme celui qui eut lieu lors de lapremière Croisade, dans la Mosquée Lointaine (Al Masjid Al Aqssa) aulendemain de la prise de Jérusalem-al Qods, en 1099, et que nous avonsévoqué dans un précédent chapitre (Chap. IX).

Les historiens et les chroniqueurs chrétiens eux-mêmes n’ont pu retenirleur indignation et leur condamnation de ce carnage que commirent, au nom

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de la Croix, voire au nom du Christ, ces Croisés déchaînés, à l’intérieurd’un lieu de prière et de culte dans lequel se réfugièrent les Musulmans,vieillards, femmes et enfants, et combattants sans armes.

Les Croisés, brandissant leurs épées et leurs poignards, s’abattirent sur cespauvres réfugiés, les égorgèrent et les anéantirent jusqu’au dernier. Il n’enresta pas âme qui vive. Les chroniqueurs chrétiens, témoins occulaires,affirment que le sang couvrit la grande salle de la Mosquée, arrivant jusqu’auxchevilles!

Et quand nous nous rappelons que la mosquée Lointaine n’est pas éloignéede l’église du Saint Spulcre, où le Calife Omar ibn al Khattab refusa de prierafin que les Musulmans, après lui, ne la transforment en Mosquée, nousconstaterons la grande différence entre les deux comportements musulmanet chrétien.

D’un autre côté, cependant, quand nous nous rappelons ce que commirentles Croisés, en 1204, dans l’église de Sainte-Sophie de Byzance - et nousavons déjà évoqué ce terrible événement - force pour nous sera de constaterque le fanatisme chrétien, en ce temps-là, ne fut pas exclusivement dirigécontre l’Islam et les Musulmans, mais aussi contre les Chrétiens eux-mêmeslorsque leurs thèses, dans le domaine dogmatique et doctrinal, se trouventêtre en contradiction avec celles de leurs adversaires.

Telle, exactement, sera notre réaction quand nous nous rappelons la guerrequ’engagea l’Eglise (romaine) contre les Chrétiens-Cathares dans le Sudde la France, et que nous avons déjà évoquée.

De nombreuses guerres eurent lieu aussi entre les Musulmans, ainsi que desévénements douleureux dont nous citerons, à titre d’exemples, les guerresentre l’Imam Ali et Mouawiyah, ainsi qu’entre le quatrième Calife (Ali) etles Khawarejs; de même Karbala, la page rouge dans le Livre noir.

Citons, aussi, avec peine et affliction, les guerres de Tal’at et d’Al Zoubair,ainsi que l’invasion de la Mecque, de la “Mosquée Sacrée” et de la Kaaba,dont la sainteté fut profanée et souillée par des Musulmans agresseurs.

L’histoire de l’Europe chrétienne, pendant de nombreux siècles, ne fut quel’histoire de ses guerres qui opposèrent des Chrétiens de toutes tendanceset de toutes confessions.

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Le monde musulman, dans le dernier quart du XXe siècle connut des secousseset des séismes.

Tout cela - qui eut lieu dans les deux mondes chrétien et musulman - estrejeté et désapprouvé aussi bien par la religion chrétienne que par lareligion musulmane.

Toutefois, l’équité et le respect de la vérité et du droit nous dictent decondamner et de réprouver ce que des plumes chrétiennes et sionistesattribuent, de bonne ou de mauvaise foi, à l’Islam, déclarant qu’il est lareligion de la violence, de l’épée et de la contrainte, et qu’il a cherché etcherche toujours à s’imposer au monde par la force des armes.

Nous réprouvons cela et nous le condamnons, parce qu’il est contraire àla vérité, laquelle, d’une manière générale, est le contraire de ce quedéclarent et ont déclaré les plumes sus-visées.

Dans son esprit et son essence, l’Islam est la religion de la miséricorde etdu pardon. Comme tel, il se manifeste et s’exprime tous les jours dans lestermes par lesquels le Musulman salue les gens à quelque religion qu’ilsappartiennent, en disant : “La paix soit sur vous”; ou, répondant à leursalut, il leur dit : “Et sur vous, la paix, la miséricorde de Dieu et sesbénédictions”.

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Chapitre XVI

Le Tribut

Quant au tribut - al jizya - qui souleva et continue de soulever de nombreuxcommentaires entachés, la plupart du temps, d’ignorance et de bonne foi,et, quelque fois, de mauvaise foi et de calomnie, il est de notre devoir d’endire un mot.

Conformément aux recommandations de leur religion interdisant la contrainte,les Musulmans laissaient aux habitants des pays conquis la liberté de conserverleur foi, en payant un tribut en contrepartie duquel ils les protégeaient contretoute attaque d’où qu’elle provienne, et leur garantissaient le libre exercicede leur culte.

Cependant - disent certains - ce tribut n’est-il pas un moyen de coercisionqui détermine le Chrétien à embrasser l’Islam afin de ne pas le payer ?

A cette question la réponse est simple et facile : Il est impensable qu’Omaribn al Khattab et Khaled ibn al Walid, par exemple, aient eu l’intentiond’utiliser le tribut comme moyen de contraindre les Chrétiens de Jérusalemet de Damas à embrasser l’Islam et, qu’en même temps, ils leur accordentdes chartes garantissant la sauvegarde de leur vie, de leurs biens, de leurscroix, de leurs églises, et de lier cette Charte à la promesse de Dieu, ainsiqu’à la caution du Prophète, de ses successeurs et des Croyants.

Il nous suffit, ici, de reproduire ce qu’écrit Philippe Hitti, dans son ouvrage- Histoire de la Syrie, du Liban et de la Palestine, T. II, p. 3 - dont nousavons cité plusieurs passages au chapitre IX de notre présent ouvrage :

“Après une guerre de six ans au cours desquels il subit certainsrevers, Héraclius, en l’an 628, réussit à récupérer la Syrie et laville d’Al Raha, qui était tombée entre les mains des Perses.Chosroés II l’avait dévastée (600-614) et y avait accumulé lesruines et la désolation, après l’avoir entièrement saccagée. Ilavait envahi Damas et soumis sa population à la terreur, tuantet pillant. A Jérusalem, il avait totalement détruit l’église du

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Saint Sépulcre et s’était emparé de tous les trésors et de tousles chefs-d’œuvre qu’elle contenait, y compris le bois de lavraie Croix.”

Là apparaît évident - du point de vue de la tolérance religieuse - la différenceénorme entre les conquérants musulmans et entre les autres, dans la mêmepériode, c’est-à-dire dans la première moitié du VIIe siècle.

Omar Ibn al Khattab s’est abstenu de prier dans l’église du Saint Sépulcre,afin que les Musulmans, après sa mort, ne la transforment en mosquée; ilaccorda aux Chrétiens de Jérusalem une Charte leur garantissant la sauvegardede leurs églises et de leurs croix; alors que, de son côté, Chorsoès II laissacette même église en ruines, après avoir volé ce qu’elle contenait.

Les Chrétiens jouissent, donc, de la protection de l’Etat musulman qui laleur dispense en échange d’un tribut qu’ils payent et qui remplace la dîme(al zakate) que payent les Musulmans. Ils sont appelés “zimmiyines” ougens de la zimma (Ahl az-zimma), parce que la garantie, ou la sauvegarde,qui leur est accordée est fondée, comme nous l’avons dit plus haut, sur lacaution morale (ou conscience) du Prophète et des Califes.

A l’instar de la dîme, le tribut est une taxe personnelle. Signalons qu’ellen’est pas perçue des pauvres ou des personnes sans revenu; de même qu’ellene grève pas les femmes et les enfants, ni les aveugles sans métier, ni leschômeurs, ni les handicapés en difficulté, ni les moines des monastères, àmoins qu’ils soient aisés.

Quant au montant du tribut, il est hors de douze qu’il fut inférieur à ce quepayaient les Chrétiens comme impôts aux autorités byzantines, avant laconquête musulmane.

Du reste, ce tribut n’était légalement et légitimement dû qu’en échange dela protection effective et réelle que les responsables musulmans assuraientaux Chrétiens résidants sur les territoires gérés par lesdits responsables.Point de tribut sans protection.

Dans son ouvrage “al Kharaje”, Abou Youssouf écrit qu’Abou Oubaïda(l’un des chefs militaires musulmans), après avoir conclu la paix avec lesDamascènes et perçut d’eux le tribut et les taxes foncières, apprit que les

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Byzantins s’apprêtaient à attaquer. Se trouvant dans l’impossibilité deporter secours aux Damascènes, et aux habitants des autres villes aveclesquelles il conclut la paix, il en fut très contrarié et écrivit à ses Walisdans les villes susvisées, leur ordonnant de restituer aux Chrétiens ce qu’ilsavaient déjà payé au titre de tribut et de taxes foncières, et de leur dire :“Ayant appris qu’on s’apprêtait à nous attaquer sur plusieurs fronts, avecdes forces supérieures; et comme vous nous avez payés à condition devous défendre contre toute attaque; et comme nous nous trouvons dansl’impossibilité de le faire, nous vous rendons ce que nous avons perçu devous; en vous assurant de rester fidèles au pacte conclu entre nous, si Dieunous accorde victoire sur eux”. Quand les Walis leur dirent cela, et leurrestituèrent ce qu’ils avaient perçu d’eux, les Chrétiens leur dirent : “QueDieu vous ramène chez nous et vous accorde victoire sur eux”, (A. Tabbarah,op. cité, p. 406).

L’histoire des Musulmans prouve que leur législation autorise le non-Musulmanà attaquer en justice le plus noble et le plus éminent d’entre eux et d’enobtenir dédommagement.

Dans ce contexte précis, nous avons déjà rapporté, au chapitre consacré àl’égalité, deux événements : l’un entre Ali et un Juif; l’autre entre un Copteet le fils d’Amr ibn al ‘Ass; et que le Calife Ibn al Khattab eut à juger cesdeux cas. (chap. VII, p. 60).

De l’aveu de la grande majorité des historiens occidentaux (chrétiens),l’Islam, tout au long de l’Histoire, fut la plus tolérante des religions.

Les faits qui le prouvent sont légions. Nous en citerons quelques-uns :

- “Jamais l’Andalousie ne fut gouvernée avec tant de douceur, dejustice et de sagesse que par ses conquérants arabes … Les loisétaient rationnelles et humaines … Dans la plupart des cas, lespeuples conquis, dans leurs affaires intérieures, étaient gouvernéspar leurs propres lois et leurs propres fonctionnaires … Lesautorités maures accordèrent la liberté de culte à toutes lesreligions non musulmanes” (Passages déjà reproduits au chapitreIX, p. 70. Nous les reproduisons ici, de nouveau, étant donnéleur utilité et leur opportunité instructives).

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- “Saladin persécuta les “hérétiques” musulmans. Mais il traitales Juifs et les Chrétiens avec une bonté et une tolérance quisuscitèrent l’admiration des historiens byzantins” (op. cité, p. 322).

- Concernant Baïbars, en personne, (1263-1277), un historien chrétiencontemporain le décrit comme suit : “En temps de paix, il était sobre, chaste,juste pour son peuple, miséricordieux pour ses sujets chrétiens” (op. cité, 323).

A cet Islam authentique, noble de race, qui prend sa source dans la Sunnadu Prophète, et dans les faits et gestes de ses successeurs “al Rachidines”,et qui resplendit et rayonne du Livre de Dieu, le Clément, le Miséricordieux,nous souhaitons revenir, tous, Musulmans et Chrétiens, et de ses eaux ilnous est agréable de nous désaltérer.

Ces anciens Musulmans, ces Califes Rachidines, notamment Omar et Ali,ont bu directement de la Source; ils enrichirent l’humanité de gestes quiresteront, éternellement, le symbole de la tolérance, de la magnanimité etde la générosité.

Quant aux anciens oulémas, ils n’ont guère méconnu les droits des “Zimmis”(gens du Livre : Chrétiens et Juifs); ils préconisent - telle une obligation -de les traiter avec bonté et douceur, et de repousser toute agression contreeux. Ainsi, Al Chihab al Qarafi - l’un des éminents juristes de l’Islam - dansson célèbre ouvrage “al fourouq”, écrit : “Le pacte avec les “Zimmis” leurattribue des droits sur nous; car ils sont dans notre voisinage, et sous notreprotection, et sous la caution et garantie de Dieu et de Son Messager, etde l’Islam”.

De son côté, l’imam Ibn Hazm, dans son “maratib al ijmah”, dit : “Si desguerriers viennent dans notre pays dans l’intention d’attaquer et de porterpréjudice aux Zimmis, il est de notre devoir d’aller les combattre et demourir plutôt que de les livrer et de faillir à nos obligations” (Tabbara, 287).

… Si les gouvernants musulmans, notamment les Rachidines et les premiersOmayyades, réservèrent aux Chrétiens un traitement de faveur, et firentpreuve d’affection et de mansuétude à leur égard, ces derniers leur rendirentla pareille et les servirent avec fidélité.

Il nous suffit, dans ce contexte, de citer les faits suivants :

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1- Dans l’armée qu’envoya Yazid, fils de Mouawiya (680-683) contre Ibnal Zoubaïr, un grand nombre des Bani Taghleb - qui étaient chrétiens -s’y enrolèrent de leur plein gré, et partirent au combat, avec enthousiasme,portant la croix et arborant l’étendard de Saint Serge. ("Les cavaliersd’Allah”, J. et J. Tharaud, Plon, 1953).

2- En 696, Abdel Malek (685-705) envoya contre le port de Carthage uneflotte guerrière dont les commandants et les marins étaient des Chrétiensde Syrie. (Ibid. 111)

… A travers les comportements du Prophète, de ses Compagnons et desCalifes Rachidines, ainsi qu’à travers les textes, surtout dans leur esprit,il nous est possible de dire que, d’une manière générale, l’Islam n’eut pas,à l’encontre des Chrétiens, une attitude d’inimitié, et ne les priva pas desdroits reconnus aux Musulmans eux-mêmes.

Toutefois, des Califes et des rois - dont les plus célèbres furent Omar benAbdel Aziz, Haroun al Rachid et le sultan fatimite d’Egypte, Al Hakimbi-amr-illah - imposèrent aux Chrétiens des liens et des servitudes quiportèrent atteinte à leurs libertés et à leurs droits.

En réalité, la situation des Chrétiens - bonne ou mauvaise - dépendait desdifférents gouvernants musulmans.

A ce qui précède ajoutons que le tribut n’est pas une invention musulmane;il est aussi ancien que la Bible, et peut-être même davantage : “Quand tut’approcheras d’une ville - [ces paroles sont adressées à Moïse, paix surlui] - pour l’attaquer, tu lui offriras la paix. Si elle accepte la paix et t’ouvreses portes, tout le peuple qui s’y trouve te sera tributaire et asservi”,[Deutéronome, XX, 10-12].

Mais la différence entre les deux tributs est grande. Ici tribut avec contrainteen religion, voire plus que contrainte : obéissance et asservissement : “Tesera tributaire et asservi”. Cela signifie que le peuple vaincu, auquel letribut est imposé, perd sa liberté et devient l’esclave de Moïse …

Omar imposa le tribut aux Chrétiens de Jérusalem; mais, en échange de cetribut, il les protégea et leur garantit leurs libertés et l’exercice de leurs cultes.… S’adressant à eux, dans son discours, il leur dit : “O Habitants d’Ilya(1),vous avez les mêmes droits que nous, et les mêmes obligations”.

(1) Aelia Capitolina fut le nom de Jérusalem, en ces temps-là. Les Romains lui donnèrent ce nomà la suite de la révolte de Bar Kochba qui se termina dans un bain de sang en 135.

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De tels propos, aucun vainqueur ne les adressa à un vaincu, tout au longde l’Histoire.

Ces Chrétiens jouirent de la Charte omarienne; ils se sentirent rassurés surleur sort, et confiants en leur avenir, quant à leur existence même et à leurfoi. Eux-mêmes et le Calife étaient liés par la “promesse et la caution deDieu et de Son Messager”. Quant aux Hébreux, leur comportement étaità l’opposé de celui des Musulmans :

“Lorsque l’Eternel, ton Dieu, t’aura fait entrer dans le pays donttu vas prendre possession, et qu’il chassera devant toi beaucoupde nations . Lorsque l’Eternel, ton Dieu, te les aura livrées et tules auras battues, tu les dévoueras par interdit; tu ne traiteraspoint d’alliance avec elles, et tu ne leur feras point grâce … Vousrenverserez leurs autels; vous briserez leurs statues; vous abatterezleurs idoles”, [Deutéronome, VII].

De même :

“Voici, je chasserai devant toi les Amoréens, les Cananéens, lesHittites, les Parthes, les Hourites et les Jébuséens. Garde-toi defaire alliance avec les habitants des pays où tu dois entrer … Aucontraire, vous renverserez leurs autels, vous briserez leursstatues et vous abatterez leurs idoles …", [Exode, XXXIV].

Alors qu’Al Farouq (Omar ibn al Khattab), s’adressant aux habitants deJérusalem, leur dit qu'ils ont les mêmes droits et les mêmes obligations queles Musulmans, nous entendons le Dieu des Hébreux dire à son peuple;“Tu dévoreras tous les peuples que l’Eternel, ton Dieu, va te livrer; tu nejetteras pas sur eux un regard de pitié”, (Deutéronome, VII]. De même :“Tu domineras sur beaucoup de nations, et elles ne domineront pas surtoi”, [Deutéronome, XV].

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Chapitre XVII

Al Amâne (la sécurité-protection)

Ce mot “al amâne”, est typiquement musulman, et très certainement d’originearabe, c’est-à-dire préislamique. Il serait utile, dans le contexte qui nouspréoccupe, celui de la guerre, d’en dire un mot.

“Al Amâne” connut un grand rayonnement dans les sociétés musulmanes,comme dans les sociétés chrétiennes qui cohabitaient avec l’Islam, ou qui,durant certaines périodes de leur histoire, se sont trouvées gouvernées par lui.

Dans divers récits d’origine arabe ou islamique, nous entendons un hommes’adresser à un roi musulman et lui dire : “Donnez-moi l’amâne, sire”.Quand le roi lui répondait par ces trois mots : “Vous avez l’amâne”, celasignifiait que l’homme en question est garanti de ne plus être inquiété danssa vie, sa liberté et ses biens. Ni le roi ni aucune autre personne dépendantdu roi ne lui portera le moindre préjudice.

L’origine de l’amâne nous la trouvons dans le verset coranique suivant :“Si l'un des “mouchrikines” (associateurs) te demande asile, accorde-lelui afin (ou jusqu’à ce) qu’il entende la parole de Dieu, pui fais-le parvenirà son lieu de sécurité”, [Le Repentir : 6].

Comme il apparaît clairement, Dieu s’adresse au Prophète en personne. Cequ’Il lui dit est sans la moindre équivoque : Si l’un des mouchrikines arecours au Prophète, lui demandant de le défendre et de lui garantir sasécurité (ou son immunité), le Prophète se doit de l’aider et de le secourir,c’est-à-dire d’empêcher qu’on lui porte préjudice, ou qu’on attente à sa vieou à ses biens. Par la même occasion, le Prophète se doit de lui faire entendrela Parole de Dieu, de lui expliquer la nouvelle religion et d’éclairer saconscience par la lumière de la Vérité. Si ce mouchrik (cet associateur) estédifié et marche dans le droit chemin (celui de l’Islam), ce serait très bien;mais s’il n’est point convaincu, il est du devoir du Prophète de l’aider àatteindre le lieu où il se sentirait en sécurité.

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Ces gens qui sollicitent le secours des Croyants deviennent, de ce fait, sousla protection de l’Islam. Les Musulmans seront dans l’obligation de lesprotéger, de leur garantir leur sécurité, tant qu'ils se trouvent sur la “Terrede l’Islam”.

… Les années passent. L’amâne s’inscrit dans les traditions de l’Islam quiouvre sa porte à deux battants afin qu’y pénètrent les chercheurs d’asile,(ou les solliciteurs de protection). De cette manière, les Musulmans aurontl’occasion de leur prêcher la nouvelle religion, dans le calme et la sérénité,loin de toute contrainte, selon l’esprit de l’Islam exprimé par les parolesdivines suivantes adressées à Mohammad lui-même : “Appelle dans la voie(ou le sentier) de Ton Seigneur-Dieu par la sagesse et les bons sermons”.

Avec le temps, chaque Musulman acquit le droit d’accorder son secours etson “amâne” à celui qui les sollicite. Sa propre parole, son propre engagementdevenait obligatoire pour les Musulmans, car “la caution (le pacte, la protection)des Musulmans est une, et s’en acquitte le plus humble d’entre eux”, commedit le Prophète.

En Islam, la promesse, ou l’engagement, revêt un caractère sacro-saint,abondamment loué par les Occidentaux qui ne cachaient pas leur admirationet leur considération pour cette valeur rare parmi les hommes, surtout dansla société chrétienne errant dans l’obscurantisme du Moyen-Age.

L’amâne est une promesse, un engagement. Dieu ordonne aux Musulmansde s’en acquitter et de l’accomplir : “Et remplissez vos engagements;l’engagement est une responsabilité (dont on devra se rendre compte),”[Voyage Nocturne : 36].

Le Musulman ne serait pas un homme de vérité s’il ne remplissait pasl’engagement pris : “… et ceux qui remplissent leurs engagements … ceux-làsont les héritiers, qui hériteront du Paradis …", [Les Croyants : 8-9].

Plus que cela : Ceux qui ne respectent pas leurs engagements sont assimilésaux méchants et aux infidèles (renégats) :

- “Les pires des bêtes, aux yeux de Dieu, sont ceux qui … lorsquetu as conclu un pacte avec eux, rompent chaque fois leursengagements, et ne craignent pas Dieu”, [Les Butins : 55-56].

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Le respect de l’engagement, de la parole donnée, atteint, en Islam, unesainteté qui le hisse au dessus de la solidarité musulmane elle-même. Bienque le Coran considère les Musulmans - quels que fussent leurs nationalitéset leurs pays - comme une seule nation, et qu’une attaque contre une partiede cette nation est assimilée à une attaque contre la nation entière, il considère,d’un autre côté, que le respect de la parole donnée passe avant le devoir desolidarité et de secours.

- “Ceux qui croient (les Musulmans) et n’ont pas émigré (de la Mecque àMédine) n’auront aucune part à cette parenté, jusqu’au jour où ilsémigreront. Et s'ils implorent votre aide (secours) pour cause de religion,venez à leur secours, à moins qu’il ne s’agisse d’un peuple entre lequelet vous il existe un pacte”, [Les butins : 72].

… Après les versets précédemment cités à titre d’exemples, les accusationsportées contre l’Islam - par lesquelles leurs auteurs cherchent à le présentercomme la religion de la contrainte et de la coercition et, à partir de là,présenter les Musulmans comme des gens qui ont imposé la religiond’Allah par l’épée - tombent d’elles-mêmes.

Si l’historien passe des années entières à scruter l’histoire des Musulmans,il n’y trouvera pas des crimes contre l’humanité semblables à ceux quecommirent les Espagnols du temps de Christophe Colomb, de Cortès, dePizarro et des autres dans les pays d’Amérique qu’ils découvrirent, conquirentet exploitèrent et dont ils transportèrent en Espagne les trésors et lesrichesses, après s’être abattus, avec leurs canons et leurs armes à feu surles peuples de ces régions armés de javelots et d’armes blanches primaires,en en tuant des dizaines de milliers, et capturant des milliers, et avilissantet humiliant d’autres milliers, les traitant comme des animaux auxquelsils reniaient la qualité d’êtres humains dotés d’une âme immortelle.

… Si de nombreux historiens et chercheurs se sont dépensés à calomnierl'Islam et à le présenter sous un faux visage qui n’est pas le sien, d’autreshistoriens, faisant partie de l’élite occidentale intellectuelle, lui ont rendujustice, en en disant les plus belles paroles. Concernant ces derniers, nousrenvoyons aimablement le lecteur à notre ouvrage “Sur les pas deMohammad”, (pp. 413-465).

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Chapitre XVIII

La femme en Islam

De nombreux écrivains occidentaux critiquèrent l’attitude de l’Islam parrapport à la femme et à son rôle dans la société, ainsi qu’aux droits qui luisont reconnus, en comparaison avec les droits de l’homme, et avec ceuxd’autres femmes appartenant à d’autres sociétés ne professant pas l’Islampour religion.

Quelle est, en réalité, l’attitude de l’Islam par rapport à la femme ?

Nous référant aux textes coraniques, nous constatons :

- Que la femme, comme l’homme, est, dans l’au-delà, récompensée pourle bien qu’elle fait dans ce monde : “Et quiconque - homme ou femme -fait de bonnes œuvres, et qui est croyant, entrera au Paradis et ne serapas lésé d’un brin de paille”, [Les Femmes : 124].

De même aussi - et la répétition systématique des deux genres masculinet féminin n’est pas dénuée d’intérêt : “Les soumis et les soumises, lesMusulmans et les Musulmanes, les pieux et les pieuses, les loyaux et les loyales,les patients et les patientes, les humbles des deux sexes, ceux et celles quipratiquent l’aumône, les chastes, hommes et femmes, les invocateurs et lesinvocatrices du nom de Dieu, Dieu leur a réservé pardon et magnifiquerécompense”, [Les Coalisés : 35].

- A l’égal de l’homme, la femme jouit du droit d’”engagement” (promesse,ou obligation d’allégeance envers le Prophète). Celui-ci, en effet, prit pourligne de conduite de demander aux hommes, ainsi qu’aux femmes, de luipromettre obéissance et respect des dispositions de la Chari’a (Loi islamique) :“O Prophète! Si les Croyantes venaient à toi, s’engageant à ne rien associerà Dieu, à ne pas voler, à ne pas commettre d’adultère, à ne pas tuer leursenfants … accepte leur engagement et implore pour elles le pardon de Dieu;Dieu est pardonneur et miséricordieux”, [L’Examinée, ou l’Epreuve : 12].

- A l’égal de l’homme, la femme participe aux activités sociales et y jouele rôle qui lui est imparti : “Les Croyants et les Croyantes sont les amis

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les uns des autres; ils ordonnent de faire le bien, et interdisent de faire lemal; ils pratiquent la prière, payent la dîme, et obéissent à Dieu et à sonProphète; Dieu leur fera miséricorde”, [Le Repentir : 71].

Ainsi, la femme et l’homme s’entraident, à parts égales, dans l’accomplissementde tout ce qui est bénéfique à eux, ainsi qu'à la société. La femme, commel’homme, a le droit d’interdire le mal et d’ordonner le bien, c’est-à-direqu’elle a le droit de traiter des problèmes des gens, de les guider, afin qu’ilsmarchent dans le droit chemin et qu’ils fassent des œuvres pies. Dans lasociété, elle ne fait pas figure de membre insignifiant et rejeté, vivant enmarge de cette société. A l’instar de l’homme, elle descend dans l’arène.

Il est de commune renommée que certaines tribus arabes de la périodepréislamique recouraient, pour plus d’un motif, à l’enterrement des fillesnouvellement nées; comme si les filles n’avaient pas droit à la vie, à l’égaldes garçons! L’Islam interdit cette pratique criminelle.

“Et si on annonce à l’un d’eux la naissance d’une fille, son visagedevient sombre et noir, comprimant sa colère. Il se tient loindes gens à cause de la mauvaise nouvelle qu’il a reçue. Doit-il lagarder avec la honte, ou bien l’ensevelir ? Ah combiendétestables sont leurs jugements!”, [Les Abeilles : 58-59].

Quelquefois, la pauvreté était en tête des causes de cette pratique del’enterrement des filles “nouveau-nées”, les parents se trouvant dansl'impossibilité de subvenir aux besoins de leurs enfants au cas où ils seraientnombreux. L’Islam est venu rappeler à ces parents pauvres que Dieu étaitlà pour y subvenir :

- “Et ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté. Nouspourvoirons (à leurs besoins), avec vous. Les tuer est une grandefaute”, [Le Voyage Nocturne : 31].

- Avant l’Islam, les femmes arabes étaient exclues de tout héritage.L’Islam est venu réparer cette injustice, en fixant à la femme - épouse,mère, sœur et fille - sa quote-part :

- “Aux hommes une part de ce qu’ont laissé les père et mère etles proches; et aux femmes une part de ce qu’ont laissé les pèreet mère et les proches; que cela soit peu ou beaucoup, une partdéterminée”, [Les Femmes : 7].

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- Les Arabes héritaient les femmes (les recevaient en héritage) avec répugnance;ainsi l’ayant droit héritait la femme (veuve) de cujus comme il héritait deses biens; elle devenait sa propriété dont il usait à son gré, comme il usaitde ce qu’il a hérité et de ce qui lui appartenait : il l’épousait, s’il le voulait;il la mariait, s’il le voulait, retenant pour lui sa “dot”; et s’il le voulait, illui interdisait tout mariage, pensant, ainsi, qu’elle se libérerait en échanged’une somme d’argent qu’elle lui payerait, ou qu’elle mourrait, et, ainsi,il hériterait d’elle.

Tout cela fut interdit par l’Islam : “O les Croyants! il ne vous est pas permislicitement d’hériter de (vos) femmes contre leur gré; ne les empêchez pasde se remarier afin de vous emparer d’une partie de ce que vous leur avezdonné”, [Les Femmes : 19].

- Certains Arabes héritaient (recevaient en héritage) les épouses de leurspères, comme un objet parmi d’autres laissés par le défunt; elles devenaient,ainsi, leurs épouses. L’Islam interdit cela catégoriquement :

“Et n’épousez pas les femmes que vos pères ont eues pour épouses- excepté ce qui est déjà accompli - c’est une abominationdétestable et un acte condamnable, et une mauvaise conduite”,[Les Femmes : 22].

- Le Coran considère l’homme et la femme sur un même pied d’égalité; ilssont égaux devant Dieu qui instaura, entre eux, l’affection et la miséricorde,et créa, pour les Croyants, des époux(1) choisis parmi eux, afin qu’ils ytrouvent paix et miséricorde : “Et l’un de ses Signes est d’avoir créé pourvous, de vous-mêmes, des époux(1), afin que vous trouviez confiance etquiétude auprès d’eux; et Il a établi entre vous affection et miséricorde;en cela il y a des Signes pour les gens bien pensants”, [Les Byzantins : 21].

En Islam se noue entre les deux époux une relation qui prend sa source, nonpoint dans des intérêts matériels terre à terre, ni dans des appétits sexuelset corporels, - lesquels, tous, sont voués à disparaître avec le temps - maisune relation, d’affection et de miséricorde qui, au fil du temps, devient deplus en plus forte, comme tout ce qui est précieux et cher.

(1) Maris et femmes - Note du traducteur.

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La grandeur de cette affection et de cette miséricorde réside dans le faitqu’elles sont un don de Dieu, le Miséricordieux, le Clément. C’est Lui -béni soit son nom - qui instaure entre eux affection et miséricorde, et nonles simples mortels.

Et c’est Dieu, loué soit-il, qui créa pour l’homme une épouse de lui-même,c’est-à-dire de la même nature et de la même essence que lui, afin d’y trouverun refuge de paix morale, et de quiétude intellectuelle et sentimentale.

Elle est, par rapport à son mari, un havre de sécurité dans lequel il jettel’ancre de son propre être, afin de le soustraire au tumulte des vagues, età la colère des ouragans et des orages.

Dans le verset 187 de la sourate “La Vache”, Dieu fait des deux époux deuxégaux, à travers des termes admirables dans leur simplicité et leur forceévocatrice profonde : “Elles sont pour vous un vêtement, et vous êtes pourelles un vêtement”.

L’habit (le vêtement) couvre le corps et le met à l’abri des souillures; il luiconfère beauté et splendeur, et le protège contre toute attaque, ou touteagression, de quelque nature qu’elle soit.

Le sens du mot “vêtement”, dans ce verset, est large et profond : c’est aussiune cuirasse sur laquelle se casseront les flèches du destin et de l’homme.

Il est de commune renommée, dans les sociétés des humains, que l’hommeest la cuirasse protectrice de la femme, ainsi que son “vêtement” et sondéfenseur … Mais, dans ce contexte et d’autres, l’Islam met la femme aumême niveau que l’homme.

Dans l’Islam, le principe c’est l’égalité entre les époux, en droits et enobligations, avec une prééminence pour l’homme en sa qualité de chef defamille; ce qui est naturel.

- “Et elles (les épouses) ont des droits équivalents à leurs obligations,et les hommes ont le pas sur elles (littéralement : et aux hommessur elles un degré)", [La Vache : 228].

Il est clair que la femme jouit des mêmes droits que l’homme, et qu’elle estsoumise aux mêmes obligations; l’homme ne peut imposer à sa femme cequ’il ne s’impose pas à lui-même.

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Quant au degré (ou échelon), il est dévolu à l’homme en sa qualité de chefde famille, comme il est coutume de l’appeler, étant donné qu’il est responsable,par son argent et son travail, de l’entretien de sa famille. C’est lui qui enassume les dépenses; il est tout à fait naturel qu’en échange de cela, il luisoit reconnu le droit de contrôle : “Les hommes sont supérieurs aux femmespar le fait qu’Allah en a élevé plusieurs au-dessus des autres; et par le faitqu’ils dépensent de leur argent”, [Les Femmes : 34].

- Physiologiquement, la femme est autrement constituée que l’homme; elleconçoit, porte son enfant dans son sein; elle enfante et elle allaite. Ce sontlà des particularités et des spécialités naturelles inhérentes à ladite constitution,et qui prennent une bonne partie de son temps, sans parler des perturbationsphysiologiques auxquelles elle est confrontée et soumise, pendant quelquesjours, tous les mois, jusqu’à un âge relativement avancé.

Du point de vue de l’Islam, l’homme n’est pas, mentalement, intellectuellement,corporellement, supérieur à la femme. Toutefois, la réalité sociale, dans lemonde entier, et tout au long de l’Histoire, depuis ses origines intelligibles,démontre qu’il y a des missions, ou des charges assumées par l’hommeexclusivement (sans la femme), avec, bien entendu des exceptions quin’altèrent point la force probante du principe.

Si nous observons les pays les plus évolués du monde, comme l’Europe etl’Amérique du Nord, par exemple, où les hommes et les femmes sont àégalité numérique, nous constaterons ce qui suit :

1- Les Assemblées nationales et les Sénats comptent une majorité d’hommesdépassant quelquefois 90% de la totalité de leurs membres respectifs.Dans l’avant dernière Assemblée Nationale française élue en avril 1993,on dénombrait 35 femmes sur un total de 577 députés, c’est-à-dire 7%environ.

2- Les effectifs de l’armée française, depuis le sommet de la pyramide jusqu’àsa base, sont composés dans la même proportion, au delà de 95% d’hommes.

3- Il en est de même des Forces de la Sécurité intérieure : police, gendarmerie,pompiers …

4- De même aussi dans la magistrature(1) et les administrations publiques.

(1) En juin 1993, le président Clinton proposa la nomination d’une femme comme membre de laHaute Cour de Justice; les milieux politiques et de l’information parlèrent de cela commed’un événement extraordinaire : Ce fut la première femme à occuper un tel poste, durant toutel’histoire des E.U.A.

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5- La proportion des femmes est grande - elle dépasse celle des hommes -dans les besognes relativement faciles, qui ne requièrent pas des effortsphysiques importants, comme les vendeuses des magasins de toutescatégories, les secrétaires des sociétés et des entreprises, les employéesde banques, les dactylos et similaires, les standardistes … Ceci constitueun aveu indirect de la part de ces pays “évolués”, de l’inégalité de l’hommeet de la femme dans plusieurs domaines, comme ceux que nous avonsci-haut énumérés, à titre d’exemples, et non restrictivement.

L’Islam, Coran et Sunna, recommande de bien traiter la femme : “Et vivezen bons rapports avec elles”, [Les Femmes : 19].

De même : “Gardez-les (vos épouses) convenablement, ou répudiez-lesconvenablement”, [La Vache : 231].

L’Islam impose à l’époux d’entretenir, avec largesse, son épouse et sesenfants, “sans parcimonie, mais sans outrance” :

“Que celui qui est dans l’aisance dépense selon son aisance; etque celui qui n’a que le strict nécessaire, dépense de ce que Dieului a donné; Dieu n’impose à l’homme que dans les limites de cequ’Il lui a donné”, [Le Divorce : 7].

Un verset du Coran autorise l’époux - dans des cas exceptionnels - à frapperson épouse : “Et celles dont vous craignez l’infidélité, sermonnez-les etabandonnez-les dans les chambres à coucher, et frappez-les; si elles vousobéissent, ne cherchez plus à les maltraiter”, [Les Femmes : 34].

Ce verset - comme on devait s’y attendre - suscita plus d’une question; voireplus d’une critique. Il a même déterminé certaine presse à mener unecampagne de calomnie contre l’Islam, et à le présenter comme la religiondu régressisme.

Tout en faisant remarquer que de nombreux pays évolués ont, assezlongtemps, autorisé une telle pratique, puis l’ont interdite pour être enconformité avec l’évolution sociale imposée par sa propre logique, il estde notre devoir d’attirer l’attention sur ce qui suit :

- Le verset en question commence par conseiller le “sermon” : Sermonnez-les,c’est-à-dire que l’homme, qui craint l’inconduite (l’infidélité) et son épouse,se doit de commencer par la sermonner afin de la convaincre, par la parole

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édifiante, de marcher dans le droit chemin. Après le sermon vient l’abandonde l’épouse, toute seule, dans la chambre conjugale; ce qui, pour la femme,constitue une peine d’un impact violent, car elle atteint une arme des plusincisives que possède la femme : l’arme de la séduction, de l’excitation etde la tentation piégeante.

L’abandon dans le lit nuptial n’est point seulement une peine à caractèresexuel qui prive la femme d’une jouissance physique; elle est plutôt unepeine psychologique et morale qui atteint la femme dans sa féminité, sonorgueil et son capital-prestige.

Après cette peine - qui, sans conteste, est la plus sévère des peines que puisseencourir une femme encore jeune et possédant ses atouts séducteurs - vientla peine de la “frappe”.

La femme, insensible aux sermons et à l’abandon, fait, sans nul doute, partiedes “poids lourds” que l’homme ne peut, sans faillir, porter et supporter;il ne lui reste, dans pareil cas, que de recourir à une mesure dissuasive :ou bien il frappe son épouse, espérant que cela sauvera son mariage - carfrapper est moins pire que divorcer - ou, alors, recourir au divorce.

Faisons observer au lecteur que l’Islam n’autorise pas la “frappe” commesi elle était une mesure légale. Le Prophète a critiqué et détesté une tellemesure; il ne l’a, d’ailleurs, jamais pratiquée avec ses épouses. Il a faitcomprendre aux Croyants qu’elle était, comme le divorce, la mesure légalela plus détestée de Dieu. Aussi a-t-il dit : “Les meilleurs d’entre vous nefrapperont pas … N’avez-vous pas honte de frapper vos épouses commesi vous frappiez vos esclaves! Vous les frappez le matin et vous couchezavec elles le soir!”

… A l’orée de 1993, un organisme approprié publia les résultats d’une étudegénérale effectuée en France, et qui nécessita un temps assez long, afin dedéterminer, approximativement, le nombre de femmes frappées par leursépoux, une fois ou plus, durant une année. Il s’avèra que leur nombre dépassaitdeux millions. Les responsables de l’organisme en question sont persuadésque ce nombre est au-dessous de la réalité, et qu’il friserait très vraisembla-blement les trois millions, étant donné que de nombreuses femmes frappéesrefusent de le reconnaître, de honte, ou par pudeur.

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Les législations en vigeur en France, en Europe et aux Amériques ne permettentpas à l’homme de frapper sa femme; ni celle-ci de frapper son époux. Maisles lois naturelles diffèrent des lois votées par les humains, car les premièresprennent en considération la nature humaine et sa complexité.

Il serait dans l’intérêt de la femme et pour son bien de savoir que la loi, dansses cas exceptionnels, autorise son époux à la frapper. Car, ainsi, elles’abstiendra de se mal conduire, et évitera tout comportement que l’hommene pourrait supporter; et cela de peur que l’époux n’use de son droit de lafrapper, alors qu’elle ne disposerait, contre lui, d’aucun recours judiciaire.

Il en est autrement si la femme sait que la loi interdit à son époux de lafrapper et que, s’il le fait, il s’expose à une condamnation pénale. S’il lafrappe, elle le poursuivra devant la juridiction compétente afin d’obtenirsa condamnation.

On pourrait rétorquer, a contrario, que l’interdiction de frapper porteraitl’époux à penser et à repenser la chose avant de passer à l’action, de peurd’être poursuivi et condamné. Cela est vrai virtuellement. Mais, dans laréalité, il n’a pas empêché que trois millions d’épouses françaises aient subicet affront au cours d’une seule année, malgré que la loi française l’interdit.

Cette arme, entre les mains de l’homme, constitue le plus souvent, dansla Chari’a islamique, un moyen de dissuasion, et non de répression. Et là,dans l’autorisation de “frappe”, nous décelons la sagesse divine, telle qu’ellese manifeste dans le verset sus-mentionné.

En Grande Bretagne, jusqu’à ce jour, une seule et unique femme occupale poste de premier ministre : Madame Thatcher.

Il en est de même en France, le pays de l’”égalité”, depuis 1789 : une fois,Madame Cresson.

Face à cela, dans les pays musulmans : une fois au Pakistan, et une fois enTurquie.

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Chapitre XIX

Le Voile

Comme ils se sont comportés à l’égard de la “frappe”, en la condamnant etcalomniant, ainsi fut le comportement des ultras en Occident vis-à-vis duvoile, déclarant qu’il constitue une preuve, entre autres, de l’esprit rétrogradede l’Islam.

En fait, entre l’Orient et l’Occident, dans le contexte moral, il y a unedifférence et un différent.

L’Eglise elle-même, avec tous les moyens dont elle dispose, a cherché etcherche toujours à freiner la course de ses adeptes aux cupidités et aux vices,voire à la licence dont le danger augmente terriblement avec la proliférationde la télévision et sa très grande disponibilité. Il y a des films qualifiésd’érotiques, et d’autres, pornographiques. La projection de tels films auxtélespectateurs, adultes fussent-ils ou mineurs, ouverts ou complexés,constitue, dans l’entendement oriental, un coup presque mortel asséné àl'humanité de l’homme et à sa moralité, ainsi qu’à son respect de lui-mêmeet des autres, et à sa conviction d’être au-dessus du niveau de l’animal.

Dans certains milieux occidentaux, il ne reste plus trace de ce qui s’appellebonnes mœurs et valeurs sociales, ni le moindre respect des vertus préchéespar toutes les religions, révélées ou non révélées. Une course, voire unecompétition, est engagée vers les vices et les turpitudes.

Il suffit à une quelconque personne d’apparaître les cheveux hirsutes, labarbe non rasée, sans cravate, portant une chemise au col sali par le temps,et un cou en mauvais termes avec l’eau et le savon, les habits non repassés,les chaussures non cirées, fumant cigarette après cigarette évoluant entredeux lèvres malodorantes cachant des dents couvertes d’une nicotine jaunenoire; il lui suffit de fredonner une chanson dont les paroles et la musiquene répondent à aucun barème connu, et de marcher, en se dandinant, secouépar l’alcool à brûler; il lui suffit cela, voire un petit peu de cela, pour qu’onlui colle l’étiquette “Grand Artiste”, ou même “Grand Génie”, Unique dansson genre.

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Il n’est point étonnant qu’un Occident de cette trempe trouve dans le voileun signe de régression et une preuve de réaction.

Une jeune fille étendue sur une plage grouillante de badauds, les seinsnus, le corps couvert d’une feuille de vigne, comment peut-elle avoirpour le voile la moindre attirance, la moindre sympathie ?!

Dans de telles conditions, le voile est un soufflet asséné à sa joue, voirela colère de la décence contre l’indécence.

Hâtons-nous de dire que le voile recommandé par le Coran est tout autreque le “tchador” qu’une multitude de gens ont eu l’occasion de voir à traversles divers moyens d’information visuels et écrits, et que des milieux déterminés,sournoisement guidés par le sionisme international, ont pris pour prétexte,avec d’autres mesures imposées dans ce même contexte par des Etatsmusulmans, afin d’attaquer l’Islam et de le dénigrer.

L’Islam recommande le voile dans le verset suivant :

- “Et dis aux Croyantes de baisser leurs regards, et de préserverleur chasteté, et de ne laisser voir de leurs ornements que ceuxqui sont extérieurement visibles, et de couvrir de leurs voilesleurs seins …", [La Lumière : 31].

De ce verset arrêtons-nous aux propos divins suivants : “et de ne laisservoir de leurs ornements que ceux qui sont extérieurement visibles”. Afinde résumer et de simplifier, nous dirons que l’Islam n’ordonne pas à lafemme de cacher, ou de couvrir, son visage et ses mains. Concernant sescheveux, point d’unanimité préconisant de les couvrir. Les laisser découvertsn’est pas un péché.

Il est absolument interdit que la femme musulmane découvre son corps, àl’exception de ce qui est ci-dessus cité, devant les étrangers, parce que lesimple fait de regarder des parties de son corps est un premier pas versl’adultère et la débauche.

Dieu, dans son omniscience, sait que l’être humain, homme fût-il ou femme,est une créature faible, parce que l’appétit sexuel est un instinct naturel,pour ne pas dire animal, en lui, et qu’ils ne sont pas nombreux ceux quirésistent à la tentation.

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Il n’est point sage, de même qu’il n’est point dans l’intérêt de la société,ni de sa stabilité, moralement et humainement, que les femmes aient recours,directement ou indirectement, à la séduction des hommes, à leur excitationet à leur tentation.

L’épouse est l’apanage légitime de son mari, exclusivement. Quant à lafemme non mariée, elle n’est, légitimement, l’apanage de personne. Cesprincipes, pourtant élémentaires, il ne semble pas que, d’une manière générale,l’Occident y attache la moindre importance. La société occidentale, saufexception, s’est désagrégée. Les maîtresses sont presque du même nombreque les épouses. De son côté, le mariage libre, ou la cohabitation, est surle point de devenir la règle.

Quant aux relations sexuelles contre-nature, telles les relations entre hommes,nombreux sont les pays occidentaux qui les ont légalisées, posant, ainsi, surles fronts des homosexuels, des couronnes de lauriers dont ces derniers seglorifient et se vantent, sillonant les rues dans des manifestations, réclamantleurs droits!

En résumé, nous pouvons dire, sans être taxés d’exagération, que l’Islam- dans son souci de préserver les bonnes mœurs, son zèle à protéger les“honneurs féminins” qui sont sacrés, et son application à ce que la sociétéhumaine se maintienne à un niveau minimum de respect de soi-même etde l’”humanité” de l’homme, et de se soumettre aux Commandements deDieu dans ses Livres révélés - est une école de morale dont nous souhaitonsla multiplication de ses élèves, de ses étudiants et de tous ceux qui secomportent selon ses enseignements. Dans son esprit - et l’esprit est plusimportant que la lettre - l’Islam est une cuirasse contre laquelle se brisentles assauts des débauchés et des dévergondés licencieux.

La protection des mœurs est impossible sans des mesures capables de limiterle potentiel séducteur de la femme … Si la femme s’exhibe nue devant leshommes, quel profit la société peut-elle en tirer ? Quel profit pourrait-elle,elle-même, en tirer ? L’unique profit c’est le réveil des appétits sexuels chezles hommes, voire le réveil des instincts bestiaux chez eux. C’est ici quecommencent les problèmes qui, en définitive, portent atteinte à la dignitéde la femme et à celle de son mari, ainsi qu’à la solidarité du mariage et lastabilité de la société.

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Si la nudité de la femme est une preuve de civilisation, d’évolution et deprogression, ou une preuve de libération, comme il plaît aux Occidentauxde déclarer, l’Islam, quant à lui, voit la civilisation, l’évolution, la progressionet la libération dans la reconnaissance à la femme de droits familiaux, sociauxet politiques, qu’elle exercerait dans les limites de la pudeur et de la politesse,dans le respect d’elle-même, de son mari et de la société dans laquelle elleévolue, et dans le fait de ne point se jeter sur les hommes, et dans la résistanceà ses appétits sexuels.

L’Islam ne reconnaît pas l’excès, l’extrémisme, la violence, le fanatisme,le régressisme et l’obscurantisme. Il en est aussi éloigné que la terre l’estdu ciel.

L’Islam ne connaît pas le terrorisme. Il en est à l’antipode. Mais l’Islam sedéfend, afin de repousser les attaques des oppresseurs, irrespectueux desdroits de l’homme et des peuples, sur la terre de Palestine, du Golan et duSud-Liban.

Sans la tyrannie d’Israël et son despotisme, sans l’injustice du sionisme etson oppression, sans son irrespect de la légalité internationale, il n’y auraitpoint eu de “terroristes” attaquant Israël, ni rien de semblable.

Mais le sionisme international est très fort dans le domaine de l’information.Aux Etats-Unis et dans certains pays d’Europe, il a la mainmise sur laplupart des moyens d’information, audiovisuels, parlés et écrits.

Pour cette raison, le célèbre dicton s’y applique qui dit : “Le scélérat criardmange l’argent du commerçant paisible”, étant donné que le sionismeinternational a renversé la situation de pied en cap, faisant du bourreau lavictime, et de la victime, le bourreau.

Dans un tel contexte, le sionisme international déclenche attaques aprèsattaques, directement ou indirectement, sur l’Islam et sur ce qui, au nomde l’Islam, se passe dans certains pays arabes et musulmans.

L’Islam a un allié naturel dans le christianisme conservateur représenté parl’Eglise romaine et les autres Eglises qui rejettent tout compromis relatifaux sacrements et aux principes essentiels qu’elles considèrent intouchableset “immodifiables”.

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J’ai été ambassadeur de mon pays près du Saint-Siège, ou Etat du Vatican.

Toutes les fois que les ambassadeurs devaient assister à une réunion, unerencontre ou une réception en présence du Pape, ou des cardinaux, ou desévêques ou des hommes de religion, nos épouses devaient obligatoirementporter des robes noires longues, et couvrir leurs têtes de mantilles noires,et ne laisser apparaître, de leurs corps, que les visages et les mains.

Durant les trois années que j’ai passées là-bas, je n’ai jamais vu une femme,ne fut-ce qu’une fois, découvrir sa tête, ou une quelconque partie de soncorps, à l’exception de son visage et de ses mains.

Dans ce contexte, l’Islam et le Vatican - ou ce qui serait plus juste, l’Eglise- se rencontrent : La femme ne découvre que son visage et ses mains. Nimaquillage, ni parements, mais austérité, pudeur et respect de soi-mêmeet d’autrui.

Tout ce que la société chrétienne a, par la suite, fait au nom de l’évolutionet du progressisme est en contradiction avec l’esprit de la religion chrétienneelle-même, ainsi qu’avec les recommandations de l’Eglise qui, au fil dutemps, s’est vue incapable d’imposer sa volonté émanant des principes dela religion.

Dans ce domaine et dans d’autres, nombreux, le Christianisme et l’Islamse trouvent sur la même longueur d’onde.

Tous deux cherchent à protéger les bonnes mœurs et la moralité de la société;tous deux visent à freiner la propension des croyants vers la débauche etl’impudisme.

L’Islam, en tout cas, est la religion du réalisme. Il sait que l’être humain, depar sa constitution physiologique et naturelle, mâle fût-il ou femelle, estfaible et incapable, dans certains cas, de résister au mal. Pour cette raison,le Prophète, dans un de ses Hadiths, fait aux Croyants la recommandationsuivante : “Si vous êtes accablés par la turpitude, faites cela en secret, loindes yeux des gens”.

Pour ces motifs, la femme doit se voiler - se cacher - ainsi que l’homme,et ne point aller loin dans le chemin de la turpitude …

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Quant au “fondamentalisme”, tel que nous le voyons, et tel que nous enentendons parler, et tel qu’il est pratiqué par certains pays arabes et musulmans,ou par des courants et des partis, l’Islam ne s’y reconnaît pas.

C’est que l’Islam est miséricorde, paix, patience, pardon, ouverture, évolutionet progression, avec la préservation de l’humanité de l’homme, de sesmœurs et des valeurs et vertus sans lesquelles la société deviendrait unejungle et un marché de débauche.

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Chapitre XX

Le Vol

“Et le voleur et la voleuse coupez-leur la main, en représaillesde ce qu’ils ont gagné (illicitement)", [Table servie : 38].

Tel est le verset qui détermina, et ne cesse de déterminer, certaines plumesà accuser l’Islam d’être “la religion de l’ère primaire représentée par la pierre”,lui attribuant, à cette occasion, l’incapacité d’évoluer et d’accompagnerla société des humains dans “l’humanisation” de sa législation. Certainscritiques ne s’empêchent pas, dans ce contexte, de qualifier l'Islam de religionde la barbarie.

Nous nous devons - au début de notre commentaire - de dire, en clair, quela “coupe de la main” ne peut être décidée sans que soient réalisées certainesconditions fondamentales que nous citons ci-après :

- Que le voleur soit adulte et sain d’esprit.

- Que le voleur s’empare du bien d’autrui dans lequel il ne possèdeaucune part.

- Que le voleur vole l’objet du délit d’un endroit où cet objet étaitconservé.

- Que le vol ne soit pas motivé par un besoin pressant, telle la faimcontraignante.

… Pendant de nombreux siècles, l’Occident condamnait une catégorie decriminels aux peines les plus atroces, réellement barbares.

De ces peines, citons celle connue par le “supplice de la roue”, qui consistaità briser les os du condamné, encore vivant, de lui trancher les membres,pendant qu’il hurlait de douleur; et ne rendait le dernier soupir qu’aprèsêtre devenu un amas de chair mélangée à ses os, et baignant dans le sang!

Citons aussi la peine qui consistait à brûler vif le condamné : on le juchaitsur un bûcher, en lui liant mains et pieds sur une colonne; puis on mettait le

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feu au bûcher dont les flammes se mettaient à lui manger le corps puis levisage, alors qu’il fondait en une graisse informe … Tel fut le sort de Jeanned’Arc en France, de Savonarole à Florence, et de Bruno en Italie.

… La peine de mort est toujours en vigueur dans de nombreux pays européenset américains. Les instituts de sondage affirment que le peuple français, parexemple, au cas où un référendum sur ce point précis était organisé, voterait,dans sa majorité, en faveur de la restauration de la peine de mort. Tel aussisera le cas d’autres pays occidentaux.

Quant aux tribunaux d’inquisition, notamment en France, en Espagne et enItalie, naguère composés de religieux exclusivement, et dont les mesures,les initiatives et les jugements étaient inspirés de la religion, ils n’ont jamaisété égalés dans le domaine de la torture, de l’injustice, de l’obscurantismeet du fanatisme : on brûlait les gens encore en vie; on leur coupait les membres,on leur broyait les os. Ils n’avaient d’autres armes que leurs cris de douleur!

Avant de parler, particulièrement, de la peine de “coupe” de la main, passonsen revue, successivement, l’attitude de principe de l’Islam relativement auxdélits et aux peines.

Lorsque le Coran fut révélé (descendu) au cours du VIIe siècle, le monde,d’une manière générale, dans le contexte pénal - délits et peines - différaitde ce qu’il est de nos jours.

Si nous nous référons au droit romain - qui fut à la base de la plupart deslégislations des pays les plus évolués - nous constatons qu’il pratiquaitl’apartheid, divisant le peuple en deux catégories : les patriciens, d’unepart, et les plébéiens, de l’autre. Ceci en plus de la classe des esclaves quine jouissaient d’aucun droit.

En droit civil, les patriciens avaient des droits non reconnus aux plébéiens.

En droit pénal, il n’y avait point d’égalité entre eux. A titre d’exemple : siun patricien viole une vierge, la peine qu’il encourt est la confiscation dela moitié de sa fortune. Si un plébéien commettait le même crime, il étaitfouetté et banni.

Il en était de même, en cas de meurtre ou d’assassinat. La peine différaitselon qu’il s’agissait d’un patricien, d’un plébéien ou d’un esclave. Pour

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le patricien, c’était le bannissement; pour le plébéien, on lui tranchait la tête;pour l’esclave, la crucifixion ou la pendaison. Telle était la situation enFrance avant la révolution de 1789 qui, comme on le sait, prit pour devisesles trois illustres mots : liberté, égalité, fraternité.

Le mot “égalité” indique clairement ici que l’ancienne législation - antérieureà la Révolution - adoptait et pratiquait l’apartheid qui est le contraire del’égalité.

L’Assemblée nationale, aux prérogatives restreintes, était composée de troisclasses dont chacune constituait, à elle seule, un parlement : la noblesse,le clergé, le tiers état. Quant ces trois classes se réunissaient, elles étaientappelées “Parlement général”.

Les membres de ces trois parlements n’étaient pas élus au suffrage universel,le droit de vote étant l’apanage d’une partie de la population. L’égalitéreconnue et instaurée par l’Islam au VIIIe siècle, ne le fut, par les pays lesplus “évolués” qu’à la fin du XVIIIe siècle, à partir de la Révolution françaisesusmentionnée qui s’étendit sur d’autres peuples et d’autres nations.

Lorsque l’Islam apparut et que le Prophète commença à s’acquitter de lamission à lui dévolue par Dieu, les Arabes de la Presqu’île vivaient leursiècle d’ignorance “al Jahiliyya” : au cas où un meurtre était commis, etque la victime appartenait à une tribu forte, qu’il en était le chef ou unmembre influent, cette tribu, conformément aux us et coutumes du temps,s’abstenait de tuer le tueur, s’il appartenait à la classe des manants; à saplace, elle tuait un membre de la tribu égal, en notoriété, à sa propre victime;ou bien elle tuait le tueur et quiconque il lui plaisait de tuer, avec lui, afind’étancher sa soif de vengeance et de se faire payer sa dette.

Ainsi, les innocents payaient de leurs vies le prix de l’injustice et de l’inégalité;et les véritables criminels échappaient, quelquefois, sinon la plupart dutemps, à toute peine.

Il est clair que de telles mesures étaient en contradiction avec les principesde justice et d’équité.

Dans sa législation relative au meurtre, l’Islam stipule ce qui suit : “O lesCroyants! La loi du Tallion vous est prescrite pour le meurtre : l’hommelibre pour l’homme libre, l’esclave pour l’esclave, la femme pour la femme.

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Quant à celui qui est pardonné de la part de son frère, on doit user à sonégard de bon traitement, et lui allouer une aide, ceci est un allègement dela part de votre Seigneur et un effet de Sa miséricorde. Celui qui, aprèscelà, transgresse, il lui sera réservé un châtiment douleureux. Vous avez,dans le châtiment, une vie O vous qui comprenez le fond des choses, peut-être finirez-vous par craindre Dieu”, [La Vache : 178-179].

L’Islam laisse aux parents de la victime toute latitude de pardonner à l’assassin,s’ils le désirent. Dans ce cas, ce dernier est redevable de l’indemnité qu’ildevra payer aux parents de la victime. Et l’affaire s’arrête là.

Ainsi, nous constatons que l’Islam n’avive pas dans le cœur du parent de lavictime le sentiment de haine; et ne nourrit pas en lui le désir de vengeance,mais l’encourage, ne fut-ce qu’indirectement, au pardon. Le plus sublime,dans les deux versets ci-dessus reproduits, c’est que le “pardonneur” y estappelé “frère”, en référence à la fraternité humaine qui l’a déterminé àpardonner au tueur qui, à l’origine, est son frère, car tous deux - tueur etparent de la victime - appartiennent à la grande famille humaine.

Quant aux termes “ceci est un allègement de votre Seigneur et un effet deSa Miséricorde”, ils montrent et démontrent que l’Islam est miséricordeavant d’être vengeance. Le pardon est un “allègement” pour le tueur quiéchappe à la peine et se contente de payer l’indemnité. Il est aussi miséricordepour le parent qui pardonne, car le feu de la vengeance et de la haine s’estéteint dans son cœur; il se sent, ainsi, submergé par la grande béatitude queDieu réserve à ses pieux adorateurs.

La législation islamique est, parmi les législations, la seule qui, après avoiradopté le principe, ou la Loi du Tallion, recommande à celui qui a subi undommage, de pardonner à son agresseur.

“La sanction d’un mal est un mal égal”, [La Consultation : 40]. Tel est leprincipe général. Mais ce principe n’est point absolument obligatoire; bienau contraire, Dieu lui préfère le pardon : “Celui qui pardonne et agit bientrouvera sa récompense auprès de Dieu”, [Ib. 40]. En Islam, le but recherchéà travers le châtiment, ou la peine, n’est pas de punir le criminel, mais plutôtde le dissuader et de le décourager en l’avertissant que, s’il commet uncrime, il sera puni. Ainsi, la punition est dissuasive : “Vous avez, dans lechâtiment, une vie, O vous qui comprenez le fond des choses; peut-êtrefiniriez-vous par craindre Dieu”.

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La punition - le châtiment - est “vie” parce que celui qui sait que, s’il tue,il sera tué, s’abstiendra de tuer. Ainsi, le tueur en puissance préservera sapropre “vie” - car, n’ayant pas tué, il ne subira pas de châtiment - et celuiqui devait être tué sera, à son tour sauvé de la mort et, ainsi, restera en “vie”.

… Revenons, à présent, au vol et à la “coupe” de la main du voleur. “Couperla main” est, sans nul doute, une peine sévère. Du moins, elle apparaît ainside prime abord.

Mais la plupart des peines, sinon toutes, sont sévères si nous prenons encompte que le monde dit civilisé et évolué tend continuellement à “humaniser”les peines et à alléger de plus en plus leur impact sur les condamnés. D’unemanière générale, les travaux forcés sont abolis; la peine de mort s’acheminevers sa disparition. Il ne reste que l'emprisonnement où les “novateurs-humaniseurs” s’évertuent à faire de la prison un lieu de divertissement et dedétente pour les prisonniers; partant du fait que le prisonnier qui a assassinédes enfants après les avoir torturés et porté atteinte à leur chasteté; qui aenlevé puis tué des otages; qui a attaqué des banques et des organismessimilaires, tuant leurs employés et volant leur argent, utilisant les fusilsmitrailleurs et les explosifs, mérite la compassion de la société représentéepar les gouvernants, et aura le droit de vivre en prison, entouré d’égards,et dorloté!

Ce penchant à traiter les condamnés-prisonniers commes s’ils étaient eux-mêmes les victimes et non les bourreaux, et cette course compétitive à leuraccorder les circonstances atténuantes qui, assez souvent, aboutissent à unepeine allégée qui ne s’accorde guère avec le crime commis, aboutit, avecle temps, à une sorte de relâchement général qui a encouragé les criminelsà aller, avec insouciance, plus loin dans leurs entreprises criminelles, sachant,au préalable, que les autorités, toutes appellations confondues, compatissentavec l’assassin et non avec les parents de la personne assassinée, avec levoleur et non avec le volé, et avec le bourreau et non avec la victime. C’estce qui explique la prolifération des vols de tous genres dans la plupart despays dotés de régimes dits libéraux-démocratiques.

Les statistiques ont démontré que la Côte d’Azur, dans le Sud de la France,- à titre indicatif et non restrictif - est devenue le théâtre quasi-ouvert auvol : vol des voitures devant les résidences; vol de l’argent et des objets d’art,

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des bijoux, des tableaux à l’intérieur des maisons, voire des églises, avecescalade et effraction, malgré toutes les mesures prises par les propriétairesafin de préserver ce qu’ils possèdent.

Cet excès de liberté - excès de liberté dans le vol - et cette propension à lecommettre et à s’y aventurer le plus loin, sans la moindre retenue, est due,en grande partie, au fait que les voleurs et leurs complices échappent, laplupart du temps, aux poursuites, à cause de l’incapacité des autorités àles découvrir ou, au cas où ils sont repérés et identifiés, à cause des peines“humanisées” qu’on leur inflige et qui prennent en considération lescirconstances dans lesquelles se trouvent les voleurs plutôt que celles danslesquelles se trouvent les victimes dont les demeures ont été volées et lespropriétés, attaquées, et l’argent qu’ils ont passé leur vie à amasser, adisparu! De telles sociétés, marchant dans un chemin qui, fatalement, aboutiraen fin de périple, à “l’arrestation de la dépouille mortelle et à la fuite del’assassin”, ils n’est pas étonnant qu’elles élèvent la voix pour condamnerla peine de la “coupe de la main” du voleur, la vilipender, et remuer contreelle ciel et terre, attribuant à l’Islam “régressisme” et “arriérisme”, voire mêmeprimitisme et barbarie, sans se rendre compte que, par de telles attaques,elle exauce les vœux des ennemis de l’Islam, qui n’ont pas besoin d’êtrenommés - car ils sont connus - et de creuser leurs tombes de leurs propresmains, à travers l’encouragement qu’elles prodiguent indirectement auxcriminels, plus particulièrement aux voleurs.

Notre devoir envers la vérité nous dicte d’envisager cette question - la coupede la main du voleur - avec calme et sérénité, afin que nous puissions, libérésde toute passion, émettre un avis objectif la concernant.

Rappelons que l’application de cette peine est liée à des conditions que nousavons énumérées au début du présent chapitre.

Indépendamment de ce qui précède, l’expérience a prouvé que la peined’emprisonnement - stipulée par les lois en vigueur dans le monde - n’a pasabouti au moindre résultat dissuasif.

Les vols, hélas! sont en recrudescence, en quantité et en qualité. Ce que l’onappelle “les grands vols”, telles, par exemple, l’attaque des fourgonstransportant des fonds publics et privés, et l’attaque des banques, se répètent

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sur une grande échelle, selon des procédés évolués qui donnent du fil àretordre aux autorités responsables de la sauvegarde des biens et despropriétés des contribuables.

Dans de telles conditions, la société devra choisir entre deux attitudes :

L’attitude “humanisée” prônée par les champions des civilisations “progresso-libéralo-démocratiques”, comme ils se plaisent à se nommer, et qui consisteà condamner les voleurs à une peine d’emprisonnement, et qui a fait failliteet prouvé son incapacité à endiguer ce fléau social.

- L’attitude ferme et rigoureuse qui consiste à couper la main du voleur, selonles conditions déjà énumérées.

A titre d’exemple, disons que l’Arabie Saoudite - qui pratique la Chari’aislamique - a réussi à extirper ce fléau depuis ses racines, et cela à traversdes jugements peu nombreux mais qui se sont avérés suffisants à dissuaderles criminels.

Si nous faisons un parallèle entre ce que fut la situation, dans ce contexteprécis - celui des vols perpétrés en Arabie Saoudite avant l’application dela Chari’a islamique, et entre ce qu’elle est devenue après l’application deladite Chari’a - nous constaterons que la différence est très grande. Ce payss’est radicalement transformé : d’une quasi-jungle il devint un quasi-paradissur terre.

Ainsi le Royaume aura payé, pour prix de cette sécurité sans pareille, quelquesmains, celles des voleurs-criminels qui, arbitrairement et abusivement,s’étant approprié les biens d’autrui, ont été sévèrement mais justement punis.Ils cessèrent leurs rapines, devenant un exemple pour une société entièrede dix millions d’êtres humains ayant pris pour guides, le Coran, le Prophèteet ses pieux compagnons. Il est de commune renommée que les Etats Unisd’Amérique détiennent de haute main - et en sont toujours détendeurs - lamédaille d’or dans le domaine des vols.

Dans certains quartiers de New York et de Chicago, par exemple, les gensn’osent s’aventurer la nuit; car, s’ils le font, ils n’en reviendront que lespieds devant. Et s’ils en retournent, vivants, c’est les poches vides, et lesblessures, ainsi que les hématomes, au visage.

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Les mains des criminels qui empestent ces quartiers et qui y pratiquent, telun métier, le vol, les agressions et le brigandage, comme s’ils faisaient unepromenade, sont des mains sales, souillées et criminelles, qui constituentune honte pour l’humanité. Ce ne sont point les mains de Picasso, de Dali,de Miro et de peintres illustres; ni celles de Abdel Wahhab, des Rahabinas,d’Oum Kalthoum et de Fayrouz et des autres grands compositeurs et musiciens,ni celles de l’abbé Pierre et de sœur Thérésa, et des missionnaires de laCroix Rouge, et du Croissant Rouge.

Si les autorités américaines sacrifiaient le dixième de ces mains criminellesqui infestent les quartiers de ses grandes villes, elles sauveraient une sociététoute entière, voire un pays tout entier habité par plus de deux cents millionsd’êtres humains désireux de vivre dans la paix et la sécurité, leurs bienspréservés, et leurs propriétés à l’abri de toute attaque.

Les législations positives que le monde a adoptées afin de punir les criminelset de mettre fin aux vols ont fait piteusement faillite. D’un autre côté,l’application de la Chari’a islamique qui, selon des conditions déterminées,stipule la “coupe de la main du voleur”, a obtenu les meilleurs résultats enArabie Saoudite où la justice suit son cours, selon un critère qui allie lamiséricorde au devoir de responsabilité de la sécurité des gens, de leurs bienset de leurs droits

… Si l’on se réfère à l'Evangile, on constate que le Christ, paix et prière surlui, dit un jour aux Apôtres et aux foules : “Et si ta main droite te scandalise,coupe-la et jette-la loin de toi; car il est préférable pour toi que périsseun seul de tes membres et que ton corps tout entier ne s’en aille pas dansla géhenne”, [Matt., V, 30].

N’est-il pas dans l’intérêt de la Société que certaines mains - les mains duscandale et du mal - en soient coupées, plutôt que d’aller, toute entière, àla perdition ?

Ces propos émanant de l’Apôtre de la charité et du pardon nous portent àréfléchir et à méditer ce verset révélé par Dieu relativement à la “coupede la main du voleur”. Si nous nous référons à l’esprit de l’Islam, nousdécouvrirons que la peine de la “coupe de la main” est, dans sa réalité,“allègement de Dieu et miséricorde”, surtout quand nous nous rappelonsque le verset 179 de la sourate “La Vache”, que nous avons déjà reproduit,émet la réflexion suivante : “Vous avez dans le châtiment une vie”.

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Cela signifie que la “coupe de la main du voleur” aboutira, en fait, à mettreun terme aux vols, ou à les rendre extrêmement rares; seule une infimeminorité de gens continueront à voler, alors que la très grande majorités’abstiendront de commettre un tel acte odieux, et vivront en paix et ensécurité, à l’ombre et sous la protection de la Chari’a islamique émanantde Dieu, non des simples mortels qui se comportent au gré de leurs propresintérêts qui, la plupart du temps, sont en contradiction avec l’ordre publicet l’intérêt général.

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Chapitre XXI

Le Paradis en Islam

On a trop écrit et dit - dans le contexte du dénigrement de l’Islam - sur les“houris”(1), les éphèbes éternellement jeunes, le lait, le miel, et les “délicesdu corps”, ainsi que sur tout ce qui a trait au paradis des sens et de la matière,autant de choses étrangères à la béatitude spirituelle qui, dans la religionchrétienne, est le symbole du Ciel.

En fait, le Paradis, ou “jardin d’Eden” - al Janna - en Islam, est tout lecontraire de ce que l’on a répandu et continué de répandre. Revenons auCoran et passons successivement en revue ce qu’il dit à ce propos, précisément :

- “Entrez au Paradis, vous et vos épouses, et réjouissez-vous. Desplats d’or et des coupes leur seront présentés à la ronde, quicontiennent ce que désirent les âmes et ce qui fait les délicesdes yeux; et vous restez là éternellement. Et ce Paradis qui vousa été donné en héritage, en récompense de vos (bonnes) actions,vous y trouverez beaucoup de fruits dont vous mangerez”,[L’Ornement : 70-73].

- De même :

“Exemple du Paradis qui a été promis aux pieux : Des fleuvesd’une eau non fétide, et des fleuves d’un lait dont la saveur n’apoint changé, et des fleuves de vin, délices des buveurs, et desfleuves de miel limpide; et ils y ont de tous les fruits, et pardonde leur Seigneur”, [Mohammad : 15].

- De même aussi :

“Ceux-là ont pour eux les Jardins d’Eden sous lesquels coulentles fleuves; ils s’y pareront de bracelets d’or, et revêtiront deshabits verts en soie fine et en brocart; ils y reposeront sur destrônes; belle récompense, et belle commodité!”, [La Caverne : 31].

(1) “L’idéal féminin du Paradis; être sans péché, perfection de beauté physique et morale”, ("LeCoran”, Edward Montet, Payot 1998, T. II, p. 304).

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Faisons remarquer, de prime abord, que, contrairement à ce que l’on répand,le Coran ne cite pas les femmes de petite vertu, ni les prostituées, ni aucunecréature humaine féminine chez lesquelles les hommes, depuis la nuit destemps jusqu’à nos jours, ont pris l’habitude de rechercher une sourcesusceptible d’étancher leur soif corporelle, et leurs appétits sexuels.

Comme on l’a constaté, le Coran cite les épouses et les compagnes légitimes(azwajoukoums - vos épouses), avec, ici, une remarque qui s’avère nécessaire :les épouses visées ne sont pas celles qui, sur terre, vivaient avec leurs maris,mais des épouses nouvelles et jeunes : “Nous les avons créées, et Nous lesavons faites vierges, de même âge (ou de même charme), et de race arabe”,[L’Evènement : 35-37].

Quant aux “houris” et aux éphèbes (éternellement jeunes), voici ce qu’il enest dit :

“Dans les jardins des délices (le Paradis) se trouveront de nombreuxanciens (premiers) et un petit nombre des autres (derniers ounouveaux) sur des lits (ou trônes) ornés de pierreries, accoudésdessus, les uns face aux autres, et parmi eux circuleront des éphèbes(éternellement jeunes) leur offrant des coupes, des aiguières et unverre d’eau de source dont ils ne seront point séparés, et qui neseront point taris; et des fruits qu’ils choisiront, et de la vianded’oiseaux qu’ils désireront, et des “houris” aux grands yeux,pareilles aux perles bien serties, tout cela en récompense desœuvres pies qu’ils accomplissaient”, [L’Evènement : 12-34].

- De même :

“Les pieux auront pour récompense des jardins, des vignes, et desvierges aux seins arrondis, de même âge (qu’eux) et des coupesremplies”, [La Nouvelle : 31-34].

Ce paradis sensuel indique-t-il, peut-il indiquer une réalité palpable etperceptible par les sens, tels la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher ?L’âme, après la mort, et après s’être libérée du corps, et retournée à sonCréateur et être entrée dans Son Paradis, peut-elle goûter et ressentir des chosesmatérielles qui, dans leur essence, constituent une nourriture physiologique,corporelle, voire terrestre, consubstantielle au corps ?

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Il n’est point difficile de répondre à cette question. L’âme, dans son essence,est une. Elle est la même dans toutes les religions. Elle est une émanation deDieu. De Lui, elle puise son éternité. Sa nature est celle de Dieu, telle unegoutte d’eau par rapport à la source.

La béatitude de l’âme est spirituelle, parce que l’âme est esprit. Toutefois,Dieu, le Puissant, le Sage, a eu recours à l’image et la métaphore, en citantdes choses tant convoitées par les habitants de la presqu’île arabique etd’autres : Tels l’eau limpide et pure, l’air revigorant, les fleuves bordés d’arbreset de verdure, le lait frais, le miel filtré, les coupes, les aiguières et les platsen or, les oiseaux, les perles, les éphèbes et les “houris”, tout en spécifiant,en tout cas, que ces derniers sont un plaisir des yeux, et pas davantage.

Toutefois, on ne devrait perdre de vue que tout cela n’avait qu’un seul etunique but : déterminer les Croyants à marcher dans le droit chemin, à fairele bien, à accomplir les œuvres pies, à s’éloigner du mal, à interdire tout cequi déplait à Dieu, afin de gagner, en récompense, le Ciel, le Paradis oùl’âme connaîtra une grande béatitude spirituelle qui rappelle ce que le corpsressent lorsqu’il lui est donné de boire l’eau pure et fraîche, le lait doux; demanger du miel filtré, et des fruits exquis; de s’adosser sur des coussins dumeilleur tissu, portant des habits verts tissés dans la soie fine et le brocart;de porter des bracelets d’or, et d’être servi par des éphèbes à l’éternellejeunesse, et des “houris” … autant de choses convoitées par les humains,en tous temps et en tous lieux.

Si la religion chrétienne, par exemple, a représenté l’enfer en un feuincondescent, éternel, consumant et brûlant, elle ne voulait point, en cela,dire que l’être humain, après sa mort, allait, à travers son corps, souffrir etse tordre de douleur physique, en punition des crimes et des péchés qu’ila commis, et du mal qu’il a fait.

Le corps, comme cela est connu, se réduit, après la mort, en poussière; iln’en subsiste que les os oubliés dans l'obscurité du tombeau; tel est sonultime destin, qu’il soit le corps d’un Chrétien, d’un Musulman, d’unJuif, d’un Hindou ou d’un Bouddhiste, sans la moindre différence entrecelui-ci et celui-là.

Le Christianisme a cherché, et cherche à dire que l’âme, après s’être libéréedu corps, souffrira spirituellement et moralement; elle ressentira les douleursque l’homme, encore vivant, ressent à la suite d’un malheur qu’il aurait

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subi : un feu intérieur lui brûle le cœur et la conscience; il criera de douleur,bien que celle-ci ne soit pas une douleur corporelle et physique, maispsychologique et morale.

La Géhenne de l’Islam, comme celle du Christianisme, est un feu qui brûlel’âme, comme la brûle la douleur morale et physique, et comme le remordsbrûle la conscience, et comme les malheurs brûlent le cœur. Ce sont, tous,des feux spirituels, psychologiques, moraux, sentimentaux et affectifs …

Quoiqu’il en soit, l’Islam affirme et réitère des fois et des fois que la GrandeRécompense c’est la rencontre de Dieu, et que le Paradis, dont nous venonsde citer quelques aspects, n’est, dans sa réalité, qu’un miroir qui, à traversles détails, réfléchit le Tout Indivisible : le retour de l’âme à Dieu, c’est-à-direle retour de la goutte à la source, du détail à l’ensemble, de la partie au Tout :

- “Et Dieu appelle au Séjour de la Paix (au Paradis), et guide quiIl veut dans le droit chemin; à ceux qui ont fait le bien, et encoredavantage; ni la poussière qui souille, ni la honte ne couvrirontleurs visages; ce sont eux qui demeureront au Paradis éternelle-ment”, [Jonas, : 25-26].

Dans ce verset, le mot “davantage” indique “la contemplation du visagede Dieu”.

Quant au verset 72 de la sourate “Le Repentir”, il est plus expressif et plusrévélateur :

- “Dieu a promis aux Croyants et aux Croyantes des jardins souslesquels coulent des rivières; ils y demeureront éternellement; ilsauront d’excellentes places aux jardins d’Eden; mais la satisfaction(l’agrément) de Dieu est plus grand que tout. Telle est la grandevictoire”.

Ainsi, il apparaît clairement que la satisfaction de Dieu, c’est-à-dire le faitque Dieu soit satisfait de nous, de nos comportements et de notre conduite,et nous comble de Sa Miséricorde et de Son Pardon, est plus grand et plusimportant que tous ces paradis et jardins et de tout ce qu’ils contiennent.C’est Lui, donc, que devront satisfaire les Croyants.

La bonne action, l’œuvre pie, à laquelle l’Islam exhorte continuellement, aune récompense supérieure à toute autre absolument : la rencontre de Dieu :

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- “Quiconque aspire à rencontrer son Seigneur-Dieu, qu’il fassele bien …", [La Grotte : 110].

De même :

- “Dieu est le patron de ceux qui ont cru; Il les fait sortir des ténèbresà la lumière …", (La Vache : 257].

- “O les Croyants! Invoquez souvent le nom de Dieu, et chantezses louanges matin et soir; c’est Lui - et Ses Anges - qui vousbénissent et prient sur vous afin de vous faire sortir des ténèbresà la lumière; et c’est Lui, le Miséricordieux pour les Croyants”,[Les Coalisés : 41-43].

- “Nous laissons ceux qui n’espèrent pas Nous rencontrer,s’aveugler dans leur rébellion”, [Jonas : 11].

- “Ceux qui n’aspirent pas à Notre rencontre, et se sont contentésde la vie d’ici-bas, et s’en sont réjouis, et qui ignorent Nos signes,ceux-là finiront dans le feu en échange de ce qu’ils ont gagné”,[Jonas : 7-8].

- “Et il en est qui disent : O Notre Seigneur! Donne-nous des biensdans ce monde et des biens dans l’autre, et préserve-nous duchâtiment du feu; ceux-là auront la part qu’ils ont méritée; Dieuest rapide dans le réglement des comptes”, [La Vache : 201-202].

- “Et craignez Dieu et sachez que par Lui vous serez jugés”, [Ib. 203].

… Dans son essence et son fondement, l’Islam est, avant tout, la religionde l’au-delà où l’âme du Croyant rencontre le visage de son Dieu et sera,pour l’éternité, dans son Paradis spirituel.

Pour cette raison, l’Islam sublime “les œuvres justes et bonnes, les valeurscélestes et les spiritualités”, et minimise les “matérialités” et les bienstemporels, voire même il les interdit la plupart du temps :

- “Des gens que ni commerce, ni trafic, ne distraient de l’invocationdu nom de Dieu, ni de l’observance de la prière et de l’acquittementde la dîme …", [La Lumière : 37].

De ce verset, il ressort, indirectement mais clairement, que l’Islam n’encourageguère “l’amassement” des fortunes, mais l’évocation du nom de Dieu, laprière et la dîme, qui sont plus importants et plus sublimes.

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Quant à la corruption sur terre, voici ce qui est dit à son sujet :

- “Parmi les générations qui vous ont précédés, il y eut quelquespersonnes qui combattaient et interdisaient la corruption surterre; ce sont celles que Nous avons sauvées, mais ceux quipratiquaient l’injustice et jouissaient exagérément et abusivementde leurs richesses, suivirent leurs méfaits; ce sont des criminels”,[Houd : 116].

Il est clair que Dieu traite de criminels ceux qui jouissent exagérément deleurs richesses.

- De même : “Et lorsque Nous avons voulu détruire une cité, Nous avonsordonné à ses habitants exagérément riches : ils y commirent des actesimpis et immoraux; alors la sentence contre elle fut prononcée; et Nousla détruisimes complètement”, [Le Voyage Nocturne : 16].

Ainsi, l’impiété (l’immoralité, la vie licencieuse …) et la richesse exagéréesont synonymes (sœurs jumelles). La richesse, donc, ou l’exagération dansla richesse, entraîne à la perdition - la perdition de l’âme - et suscite lacolère de Dieu; alors que la miséricorde de Dieu est la sublime richesse :“Et la miséricorde de ton Dieu est meilleure que tout ce qu’ils amassent”,[L’Ornement : 32].

La richesse peut éloigner de Dieu : “Ce n’est point par vos richesses, ni parvos enfants que vous serez proches de Nous, (Sera proche de Nous) celuiqui croit et fera le bien; ceux-là auront pour récompense le double de cequ’ils auraient entrepris, et seront en sécurité au Paradis”, [Saba : 37].

Ainsi, la foi et la bonne action sont préférables (chez Dieu) à l’argent et auxenfants. Celui qui espère de Dieu une récompense, qu’il fasse le bien ets’éloigne du mal, et ne perde pas son temps à amasser des fortunes; carles fortunes peuvent ne pas rapprocher de Dieu, et ne réservent pas à leurspossesseurs une place au Paradis. Tandis que les Croyants qui font œuvrepie sont en sécurité au Paradis.

Voici, dans le même contexte, certains versets plus clairs et plus décisifs :

- “L’amour des désirs, tels que les femmes, les enfants, les trésorsentassés d’or et d’argent, les chevaux superbes, les troupeaux,les campagnes, tout cela paraît beau aux hommes; mais ce nesont là que des jouissances temporaires de ce monde; mais laplus belle retraite est auprès de Dieu”, [Al Imrâne : 14].

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Cela signifie, sans ambage, que “les trésors d’or et d’argent” ne sont quedes biens de ce monde voué, un jour, à une disparition fatale; ils n’ouvrentpas à leurs détenteurs les portes du Paradis. La fortune inusable, éternelle,c’est la miséricorde de Dieu, c’est le retour à Lui, c’est l’éternité dans SonEternité.

De même : “Dis : Vous annoncerais-je meilleur que cela ? A ceux qui ontcraint leur Dieu seront dévolus des jardins sous lesquels coulent des rivières;ils y demeureront éternellement; de même que des femmes purifiées, et lasatisfaction de Dieu. Dieu connaît bien ses adorateurs”, [Al Imrâne : 15].

La piété - la crainte de Dieu - est meilleure que tout cela : que l’or, l’argent,les chevaux … elle est plus précieuse que les biens de ce monde. Celui quiespère et désire le Paradis pour ultime repos se doit de ne point amasser l’or,l’argent, les chevaux … mais d’être pieux, de craindre Dieu, de faire le bien,d’accomplir les œuvres pies, de prier, de payer la dîme, de ne point repousserun mendiant, de ne point maltraiter un orphelin, mais de toujours louer sonSeigneur, et parler de Ses Grâces et de Ses bienfaits.

Pour cette raison, Dieu rappelle aux Croyants que tout dans ce mondedisparaîtra et qu’à leur Dieu ils retourneront : “A ton Seigneur est le retour”,[La Sangsue : 8].

- “Et à ceux qui ont craint (Dieu) on demanda : “Que fit descendrevotre Seigneur ?” Ils répondirent : “le bien à ceux qui, dans cemonde, ont fait une bonne action”. Mais la demeure de l’au-delàest meilleure; Combien est agréable la demeure des pieux!”,[Les Abeilles : 30].

De sa première page à la dernière, le Coran appelle continuellement lesCroyants à la piété, au bien, à tel point qu’il nous est permis de dire que les“œuvres pies”, le bien, est la condition fondamentale d’obtenir la miséricordede Dieu et de gagner Son Paradis. Que le lecteur médite :

- “Ceux qui ont cru et fait œuvres pies. Nous ne négligerons jamaisla récompense de quiconque fait le bien”, [La Grotte : 30].

- “Et adorez votre Seigneur, et faites le bien. Vous aurez tout espoirde réussir”, [Le Pélerinage : 77].

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- “Quant à ceux qui ont cru et fait œuvres pies, ils seront heureuxdans un parc (Paradis)", [Les Byzantins : 15].

- “Ceux qui ont cru et fait œuvres pies auront les jardins duParadis”, [Louqmane : 8].

- “Et quant à ceux qui ont cru et fait œuvres pies, ils auront lesjardins du Paradis (Refuge)", [Le Prosternement : 19].

- “Quant à ceux qui ont cru et fait œuvres pies, Dieu les fera entrerdans Sa Miséricorde”, [L’Agenouillée : 30].

- “Et qui croit en Dieu et fait le bien, Dieu le fera entrer dans desjardins sous lesquels coulent des rivières”, [Le Divorce : 11].

Les versets ci-dessus reproduits sont un bouquet qui exhale le parfum dubien. Le Coran contient de nombreux bouquets pareils à ceux-ci. L’Islamest la religion de la piété et du bien; de la richesse spirituelle et nonmatérielle :

- “Il en est de ceux qui dépensent leur argent, et font largessede leurs biens dans le sentier de Dieu, comme d’un grain qui aproduit sept épis, et dans chaque épis cent grains; et Dieu donnele double à qui Il veut …", [La Vache : 261].

Il est difficile, et peut-être même impossible de trouver dans une religion,révélée ou non, une telle fixation sur la piété, les œuvres pies, le mépris desbiens de ce monde, comme l’ont exprimé les versets que nous venons dereproduire, et qui ne sont qu’une goutte dans une mer.

Une religion comme celle-ci, ayant atteint une telle dimension spirituelle,il est inconcevable de la considérer comme la religion des “houris”, deséphèbes, du lait et du miel, lesquels, tous, sont, comme nous l’avons déjàdit, des métaphores et des images figurées.

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Chapitre XXII

L’Islam, soutien du Christianisme

Un lot de présomptions et d’indices laissent supposer que la société humaine,dans le domaine moral, s’achemine vers la décadence, voire vers la dissolution.

A ce propos, nous limiterons notre réflexion aux relations sexuelles contrairesà la nature humaine, telle que Dieu l’a conçue et créée. Dans les payschrétiens, ou à majorité chrétienne, tels la Grande Bretagne, la France, lespays scandinaves et les E.U.A., entre autres, nous constatons un penchant,ou une déviation évidente, voire impertinente, vers les relations sexuellesentre hommes, que nous appelerons, par convenance, “anomalie sexuelle”;et nous appelerons ceux qui la pratiquent des “anormaux”.

Autrefois, les hommes atteints de ce fléau - ou “anomalie” - se cachaient,évitant d’être reconnus et de devenir la cible des critiques et l'objet du méprisdes autres, les normaux.

Au fil du temps, l’opinion de la société occidentale et son attitude vis-à-visde ce fléau-anomalie ne cessaient d’évoluer pour aboutir, en fin de périple,à un renversement total de la situation en faveur des “anormaux” : Ceux quien sont atteints relèvent la tête et s’en glorifient. Ils sont partout reçus avecégard et respect, devenant, ainsi, les “préférés” et les “protégés” de laditesociété. Ceci les enhardit; ils devenaient de plus en plus nombreux ets’organisaient en ligues et clubs; au besoin, ils se déployaient enmanifestations, remplissant les rues, réclamant des droits et des privilègesqu’ils considéraient légaux et légitimes.

Autrefois, dans les pays ci-dessus énumérés, l’anomalie sexuelle étaitconsidérée comme un délit infamant puni par la loi; celui qui perpétrait “l’acteanormal” était pousuivi et condamné.

De nos jours, “l’anomalie”, chez ces vénérables “anormaux” est devenuepain quotidien : ils agissent, subissent, et s’entre-desservent “anormalement”sans le moindre souci ni le moindre risque d’être inquiétés. Bien au contraire,ils s’en vantent, criant leur joie, sauf lorsque le sida s’abat sur eux et lesporte à méditer sur leur sort et sur celui de la société des humains.

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Contre cette décadence morale et cette déchéance humaine, l’Eglise prit uneattitude ferme; elle les condamna catégoriquement sans la moindreambiguïté, et chercha, par tous les moyens dont elle dispose, à y mettrefin ou, au moins, à en limiter la prolifération.

Toutefois, l’Eglise, depuis quelques siècles, a beaucoup perdu de son aurad’antan; elle ne dispose plus des moyens qui lui permirent, naguère, d’imposersa volonté et d’infliger des châtiments à ses adeptes qui déviaient du droitchemin et suivaient celui des vices et des turpitudes qui menacent la foidans ses fondements.

Dans le passé, l’Eglise détenait une arme terrible : quand la nécessité sefaisait sentir, le pape - et le détenteur du pouvoir spirituel - fulminaientl’excommunication sur tout Chrétien (catholique) ayant dévié du chemin dela foi. Les excommunications produisaient des effets extrêmement graves;elles plaçaient l’excommunié hors de l’Eglise et de la communauté desfidèles, avec tout ce que cela entraînait comme conséquences terribles : Al’agonie, il ne recevait pas l’extrême onction; ses péchés n’étaient paspardonnés. Et s’il meurt, c’est dans le péché; il ne reçoit pas des funéraillesreligieuses pour le salut de son âme.

Encore en vie, et à partir de la bulle d’excommunicatin, il devenait comme unétranger dans la société où il vivait et évoluait. S’il appartenait à la noblesseféodale, ses privilèges et des droits sur ses sujets tombaient ipso facto.

L’excommunication était une mort avant la lettre. Depuis des siècles, cettearme terrible n’a plus le moindre impact, ni les moindres conséquences surles Chrétiens.

Dans le carquois de l’Eglise, il ne subsiste, actuellement, que les sermons,l’orientation et l’instruction spirituelles. Celui qui contrevient à ses comman-dements est recensé parmi les pécheurs; mais, en définitive, il sera absouset lavé de tous ses péchés, s’il fait acte de contrition sincère et réelle.

Quant aux gouvernements dans les pays sus-visés, ils sont allés trop loindans le chemin du relâchement, à tel point qu’ils sont presque devenus lescomplices de leurs administrés dans leurs turpitudes : “l’anomalie sexuelle”est non seulement tolérée, mais elle est permise et autorisée, en fait, pourne pas dire en droit, à tel point qu’il nous serait permis de dire, sans

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exagération ni abus, que certains gouvernements encouragent cette “anomalie”,d’une manière indirecte, et contribuent, ainsi, sans le savoir et vouloir, àla déchéance de l’homme et à sa chute au plus bas niveau jamais atteintpar lui : le “pataugement” dans la boue des saletés morales, de la pourriturecorporelle, couvertes par toutes les catégories des virus et des microbes.

… Le dimanche 26 avril 1993, des milliers d’“anormaux” américainss’attroupèrent autour de la Maison Blanche à Washington et se mirent àcrier, demandant au Président Clinton de se joindre à eux dans une marche-manifestation qu’ils avaient prévue et organisée dans les rues de la capitaleafin de réclamer des droits qu’ils considéraient avoir sur l’Etat et la sociétésimultanément.

Le lendemain, les journaux et les divers moyens d’information publièrentet émirent des séquences de leur manifestation qui donnent la chair depoule : un homme enlaçait et cajolait un autre homme, l’embrassant surla bouche ou sur sa nuque, comme s’ils étaient homme et femme, et nondeux hommes!

Comme le Président américain était absent de la Maison Blanche, il serattrappa en leur adressant un message de sympathie et de solidarité diffusépar haut-parleurs!

Est-il imaginable qu’une telle manifestation puisse avoir lieu dans un paysmusulman ? Est-il imaginable que la société islamique puisse tomber aussibas ?

Nous ne prétendons pas que le Musulman est blindé contre cette abomination.Nous disons, cependant, que le climat moral, l’environnement religieux etles traditions humaines dans la société islamique n’encouragent pas une telle“déviation”, mais lui font barrage, empêchant sa prolifération et limitant,d’une façon catégorique, tout désir “anormal” susceptible de se manifesterdans les rangs des Croyants.

Les législations en vigueur dans les pays musulmans - que ce soit la chari’aislamique elle-même, ou les lois s’inspirant d’elle - font obstacle à cettedéchéance sociale et humaine et constituent un solide moyen de dissuasionpour ceux dont l’imagination serait hantée par de tels rêves.

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La différence entre le Chritianisme et l’Islam, dans ce contexte, réside dansle fait que le Christianisme ne dispose plus contre ce fléau que de l’armede la parole : les sermons, orientations et instructions spirituelles; alors quel’Islam demeure, avec l’aide de Dieu, nanti de moyens de dissuasion et depoursuites judiciaires.

L’anomalie sexuelle, tout comme l’adultère, est appelée “turpitude” parl’Islam.

Cette turpitude s’est répandue dans la tribu de Loth. Le verset suivant y faitune allusion claire : “Et Loth, quand il dit à son peuple : Vous commettez uneturpitude que personne au monde n’a commise avant vous”, [L’Araignée : 28].

Concernant la peine (ou le châtiment) : “Nous ferons descendre sur leshabitants de ce village une colère du ciel à cause de leur vie licencieuse”,[Ib. 34].

Comme nous l’avons déjà dit, les “anormaux sexuels” pratiquent, entre eux,réciproquement, l'acte “anormal”. Aux yeux de l’Islam, ces gens commettentla turpitude (l’abomination). Sur eux Dieu a fait descendre la “colère du ciel”.

Dans la chari’a islamique, selon certains oulémas, la peine de “l’anomaliesexuelle” est la même que celle de l’adultère. Dans tous les cas, la peine -obligatoire - est décidée par le juge dans l’intérêt de la société qui devrarester libérée de ces turpitudes et abominations.

… Ce relâchement, ce pourrissement moral dans les sociétés occidentaleschrétiennes, nous les constatons dans un autre domaine : celui du mariage.Les évaluations crédibles et précises ont prouvé que le pourcentage de ceuxet celles qui se détournent du mariage, lui préférant l’union libre - la coha-bitation - est en perpétuelle augmentation. Ainsi, la cohabitation qui, naguère,était légalement interdite, et socialement rejetée, est devenue, de nos jours,légale et légitime, produisant, comme le mariage, des effets légaux.

Depuis quelque temps, il semble que certains pays scandinaves(1), ainsi quela Grande Bretagne, aient voté des lois autorisant les hommes à cohabiterentre eux et à se comporter comme mari et femme!

(1) Il est établi que le Danemark et la province du Québec, au Canada, autorisent légalement leshommes à vivre ensemble, comme maris et femmes. (!)

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Une telle cohabitation est condamnée par la religion chrétienne. Cependant,à cause de la situation de l’Eglise, dont on a déjà parlé, cette dernière se trouvedans l’impossibilité de prendre contre elle la moindre mesure prohibitive.

L’Islam, comme le Christianisme, condamne une telle cohabitation. Mais,à l’inverse du Christianisme, il dispose des moyens susceptibles de l’interdireet d’infliger des peines dissuasives aux personnes qui se permettent de lapratiquer.

Les sociétés européenne et américaine, qui représentent l’Occident, dansle sens large du terme, - à majorité chrétienne - s’acheminent, à pas lentsmais sûrs, vers une désagrégation morale entière. Sans l’Eglise et son clergé,de tout niveau, disséminés dans ces sociétés, la situation aurait été pire.

S’il est vrai que, depuis quelques siècles, l’Occident chrétien est à l’avant-garde de la civilisation du monde, et paraît, certainement, plus évolué etplus en avant dans les domaines scientifiques, que la société musulmane,la situation est à l’inverse dans le domaine moral.

Les sociétés orientales, à majorité musulmane, n’ont point connu, et neconnaîtront jamais “l’anomalie sexuelle” qui secoue la société occidentalechrétienne, et qui est étalée sur les toits et sur les places publiques, et réclameà haute voix ses droits légitimes …

Cette compréhension, voire cette tolérance dont font preuve les gouvernementsoccidentaux à l’égard des “anormaux sexuels” qui ont traîné la dignitéhumaine dans la boue, seront, un jour, la cause principale de l’effondrementterrible des sociétés chrétiennes.

A ce moment là, l’Islam apparaîtra comme l’unique recours religieux, socialet pédagogique susceptible de sauver ce qui subsiste des bonnes mœurs, etd’aider l’Eglise, si elle le désire, à s’acquitter des devoirs qui - s’ils étaientassumés dès l’origine - auraient empêché la société chrétienne de sombrerdans ce lugubre précipice vers lequel elle s’achemine fatalement.