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Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 Lire en Vendée le REFUGE n° 21 juin 2010 - décembre 2010 Échos Musées expositions, nouveau musée des enfants les lettres de Chaissac Abonnez- vous pour 5 € à GRASLA du LIVRE 17, 18 juillet

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Lire en Vendée

le Refuge

n° 21juin 2010 - décembre 2010

Échos Muséesexpositions, nouveau musée des enfantsles lettres de Chaissac

Abonnez-

vous

pour 5 €

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du livRe

17, 18 juillet

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ÉditorialLa Société des écrivains de

Vendée s’efforce toujours de rem-plir sa mission en faveur des lettres vendéennes et de l’encouragement à la lecture et à l’écriture. L’année 2009 a été une année féconde dans les diverses activités dans lesquelles nos adhérents se sont

engagés. Les salons du livre sont nombreux en Vendée et les écrivains vendéens y participent en rangs serrés, que ce soit individuellement comme à Saint-Gervais, Aizenay, Fontenay-le-Comte, Luçon, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Maulévrier, La Meilleraie-Tillay, Noirmoutier et autres ou sous la bannière des Écrivains de Vendée comme à Montaigu et à Grasla.

Quatre auteurs, Jean-Claude Lumet, Gilles Bély, Claude Mercier et Jean de Raigniac se sont envolés pour participer au Salon international du Livre de Québec en avril et ont dignement représenté la Vendée, la Région et la France ; ils y ont noué des contacts avec l’association Québec-France, le consulat de France, diverses person-nalités et les écrivains québécois venus en 2008 à Grasla. Ces échanges, également sous la houlette de l’association Vendée-Gaspésie, se sont poursuivis avec l’envoi de deux autres auteurs vendéens, François Bossis et Bernard Bru-nelière, en juillet en Gaspésie pour les festivités liées à la commémoration du 475ème anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier en cette région. Ils continuent encore avec à nouveau l’accueil d’écrivains gaspésiens à Noir-moutier en juin 2010.

Claude Mercier a été au salon de Grasla un conteur chaleureusement fêté pour une nouvelle animation de ce salon consacrée à ceux qui savent aussi dire les histoires ; Christophe Prat et Eveline Thomer ont convaincu Wil-frid Montassier et Yves Viollier de lancer un appel à l’écriture pour donner naissance en 2010 à un nouveau recueil de nouveaux contes sur la Vendée.

Deux nouvelles associations se sont créées en 2009 pour perpétuer la mémoire des œuvres et de la vie de deux auteurs importants, avec les amis de Jean Huguet et ceux de René Bazin. Notre société participe et soutient les premiers élans de ces associations de la même façon qu’elle met tout en œuvre pour aider la Maison des écri-vains de la mer en lui réservant les pages nécessaires au compte-rendu de ses activités et à l’annonce des publi-cations des auteurs marins dans sa revue Lire en Vendée.

René Moniot-Beaumont, Yves Viollier et Jean de Rai-gniac participent régulièrement aux émissions littéraires de RCF Vendée et de nombreux auteurs y sont reçus comme les récipiendaires des prix, et dernièrement Eve-line Thomer et Roland Mornet.

Rappelons aussi la participation active d’Yves Viol-lier et de Michel Chamard à l’organisation des salons

de Noirmoutier et de Montaigu (et René Moniot-Beau-mont pour Noirmoutier). Yves Viollier, Gilles Bély et Jean de Raigniac participent avec assiduité aux jurys des prix littéraires décernés à Montaigu, Grasla et bien sûr au prix des écrivains de Vendée qui a couronné en 2009 deux auteurs de talent avec l’écrivain chevronné Yves Bulteau, pour Les chants de la lune noire et le premier roman d’Anne Tallec, Le Maître et le Violoncelle.

Bertrand Illegems s’est aussi particulièrement distin-gué en 2009 en recevant à Nantes le prix du Lion’s Club des audio-lecteurs et en lançant une petite maison d’édi-tion, Les Chantuseries, qui a publié comme premier livre un recueil de nouvelles policières imaginées par les 14 membres de son atelier d’écriture. Joël Bonnemaison a réédité avec succès son festival de théâtre en novembre à La Tranche-sur-Mer.

Revenons à notre revue Lire en Vendée. Notre dernier numéro a bénéficié d’apports nombreux et exceptionnels qui lui ont donné une aura particulière. Il nous montre aussi à l’évidence que c’est le niveau auquel il faut se maintenir pour que la revue et notre association tiennent la place que nous nous sommes assignée. Cela suppose la mobilisation de tous nos membres pour la préparation des articles, la recherche, la participation et la mise en valeur des événements littéraires et la diffusion d’une re-vue suffisamment étoffée pour nous valoir une attention et un intérêt croissants de nos lecteurs, libraires et parte-naires. En 2009 nous avons pu rendre compte et faire la critique de plus de 100 nouvelles publications de Ven-déens ou sur la Vendée. C’est dire à la fois l’importance de la tâche à accomplir et peut-être déjà l’importance de notre contribution à l’épanouissement de la littérature vendéenne.

Tout cela est possible aussi grâce à la bienveillance active de ces partenaires et sponsors publics et privés, la Région des Pays de la Loire, le Département de la Ven-dée, le Crédit Mutuel Océan, l’Imprimerie Offset’5 et les Amis de l’Historial de la Vendée avec lesquels nous réu-nissons nos moyens pour augmenter la portée de notre revue. Enfin, la rédaction et la mise en page sont mainte-nant assurées par nos membres bénévoles avec pour effet immédiat d’augmenter notre réactivité et notre implica-tion dans cette parution.

Les auteurs nous envoient leurs livres, nous en ache-tons directement aussi et constituons ainsi une biblio-thèque que nous souhaitons pérenniser et fixer en un même lieu accessible à tous. Des contacts sont en cours qui pourraient permettre à notre société de disposer bien-tôt d’un tel local. Dernière satisfaction : nos adhérents sont plus nombreux, avec donc des possibilités d’action plus fournies, un renouvellement de nos membres et, financièrement, de nouvelles cotisations qui participent aussi à la bonne santé de notre société d’écrivains.

2009 aura donc été un bon cru pour et grâce à nos écrivains, nos adhérents, nos lecteurs et nos partenaires ; ils peuvent se féliciter de l’action entreprise et, bien sûr, se mobiliser plus encore pour les années à venir.

Jean de Raigniac

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2 Éditorial

3 Assemblée générale des écrivains de Vendée

4 Roger Martineau

5 Le roman de la Vendée

6 Charles-Édouard Gallet, poète

7 Fiers d’être paysans 5

8 Horizons d’Ouest, association disparue 9 Les salons

15 « Échos-Musées » Historial

16 Les lettres de Chaissac

22 le Musée des enfants, expositions à l’Historial, ancienne peinture du Puy du Fou

26 Nos sélections

27 La page Offset’5

37 Autres parutions

39 Les écrivains de la mer

sommaire

Assemblée générale

Notre assemblée générale s’est tenue à Montaigu à la veille du Printemps du livre le jeudi 8 avril.

Nous étions une trentaine, accueillis à la Mairie par Alexandre Durand, responsable du patrimoine, pour une visite à pied des richesses de cette cité médiévale, puis au Parc des Rochettes à la Maison des associations par le maire, Antoine Chéreau.

Nous les remercions vivement pour la qualité de leur réception et de la bienveillance des propos qu’ils y ont tenus quant à une collaboration accrue avec notre association pour le Printemps du Livre.

Notre assemblée s’est ensuite déroulée en ville, avec lecture du rapport moral, texte repris supra, du rapport financier saluant l’équilibre maintenu malgré la valorisation et la multiplication des actions entre-prises. Les nouveaux membres ont été également écou-tés et... adoptés.

Rendez-vous était pris pour les salons à suivre, notre déjeuner estival, et la remise des Prix des écri-vains de Vendée en décembre, avec la sortie de notre prochain numéro de Lire en Vendée.

appel à candidaturePrix des écrivains de Vendée

Les écrivains vendéens ou les écrivains écrivant sur la Vendée désireux de poser leur candidature, pour un ouvrage paru en 2010, sont priés de se manifester au-près de notre association, à notre adresse à La Ferrière (voir en dernière page de cette revue).

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Enfant de Vix, tu es né en juin 1918 pour un long passage sur la terre de plus de 91 ans d’une vie bien remplie. Ton enfance au Pont aux Chèvres a été celle d’un enfant de paysans attachés à la terre des marais.

Quand débute la Seconde Guerre Mondiale, tu as 20 ans. A peine engagé, tu es fait prisonnier de guerre à Rennes, le 23 juin 1940. Embarqué en Allemagne en janvier 1941, tu vis la tragédie du Stalag XI B à Fal-lingsböstel. En 1942, un conseil de guerre décide de te transférer au camp de Celle, où tu es désigné pour un commando de désamorçage des bombes à Hanovre. Puis tu es envoyé dans plusieurs camps. Tu dois fa-rouchement te battre pour tenir, résister pour survivre. Tu puises durant ces années noires une force détermi-nante pour ta vie. Tu es enfin libéré par les armées des Alliés au camp de Grafentona, le 2 mars 1945.

La guerre et les nazis t’ont volé ta jeunesse... et comme bien d’autres, tu as du enfouir ces terribles an-nées au fond de ton âme et de ta mémoire. Ce n’est que bien plus tard, que tu as pu évoquer pour nous, avec une forte émotion, cette époque traumatisante.

Soldat avant la guerre, tu poursuis après dans cette voie. C’est aussi après la guerre que tu rencontres et épouse Marcelle Bobineau. Vous aurez quatre enfants.

Ta carrière militaire est marquée par de nombreux déplacements et aussi des séparations avec ta famille. Il y a d’abord Idar Oberstein en Allemagne, puis le retour à Bordeaux, l’expédition en Indochine avec son lot d’émotions fortes. Après une nouvelle étape en Al-lemagne à Coblence, un temps en Tunisie et un bref passage en Algérie... tu décides de changer de cap et de revenir au pays après tant d’années au service de l’armée. Tu as été récompensé par de nombreuses dis-tinctions militaires.

En 1959, tu décides de prendre un portefeuille d’agent d’assurances, tu t’installes à Vix et à Fontenay et ensuite à Rennes. Tu travailles beaucoup. Ce métier te plait et tu réussis bien.

Maire de Vix en 1965, et à nouveau en 1971, tu contribues avec beaucoup d’enthousiasme et de

conviction, à la renaissance de la commune selon ton expression. La commune compte de nombreuses réali-sations qui ont ta marque.

Puis à l’heure de ta retraite, c’est le retour aux ra-cines. Tu nous surprends encore, lorsque tu te pas-sionnes pour l’histoire de notre marais et que tu te lances dans l’écriture et la publication de plusieurs ou-vrages. Tu passes de longs moments à lire, à faire des recherches aux Archives à La Rochelle ou à La Roche-sur-Yon, à rédiger dans ton bureau, dont les murs se couvrent de livres, de documents, de photos sur le ma-rais. Tu aimais y accueillir tes hôtes. Te voilà auteur-éditeur, ce sont d’abord les trois tomes de Villages de France au Marais Poitevin.

Deuil

Roger Martineau, passager singulier sur la terre, mon père

Suivent les publi-cations de l’Histoire des Marais Poitevins, de La Rochelle à Niort, de Vix-Vendée, le pa-trimoine au cours des âges. Les Mémoires de Guerre, de l’Allemagne à l’Afrique du Nord re-tracent ton itinéraire. Tu avais en prépara-tion bien d’autres pro-jets dont une biogra-phie intitulée Passage

sur la Terre et un Gaston Chaissac. Car c’est aussi à ce moment que tu redécouvres avec intérêt l’œuvre de ton presque voisin Gaston Chaissac, dont tu as perçu l’originalité plasticienne et la profonde humanité

Généreux, tu t’es souvent mis à Vix à la disposition d’autrui, en ouvrant ton bureau à ceux qui cherchaient un conseil, un soutien, à la fois comme un écrivain public et un avocat des causes difficiles. Tu te sentais proche des défavorisés, de ceux que la société oublie ; les injustices te révoltaient.

Les années s’empilent, mais à la fin du mois d’août 2008, la maladie enlève ta mobilité. Et, avec Maman, tu dois quitter votre maison, la Roseraie, la mort dans l’âme. Puis les problèmes de santé s’enchaînent.

Nous garderons de toi le souvenir d’un passionné. « Ton passage sur cette terre» est une histoire peu ba-nale et hors norme, qui a côtoyé de près la grande his-toire du 20ème siècle.

Françoise Chérel

En 1990, tu es récompensé par le prix Audubon de la société des écrivains de la Vendée, dont tu deviens membre avec fierté

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Le Roman de la VendéeGilbert ProuteauGeste Éditions, 296 p., 20 €

Il faut se méfier des a priori et tourner sept fois la langue dans sa bouche si l’on ne veut pas tomber dans la gueule du loup. Je m’en suis rendu compte récemment à mes dépens.

J’avais ainsi un a priori contre Gilbert Prouteau.Il avait réussi à me dresser contre la peinture de Jean Chevolleau ; la véhémence de son discours lors de la présentation de l’œuvre de son ami à Fontenay-le-Comte m’avait désorienté. Résultat, je n’avais été conquis ce soir-là par aucun de nos deux héros.

J’avais pu ensuite réviser mon jugement sur Jean et sur sa peinture qu’il avait eu la gentillesse d’expo-ser chez nous à Bonnefonds.

Pour Monsieur Prouteau, je n’ai pas eu l’honneur de le revoir très souvent, même chez mon com-père André Hubert Hérault lorsqu’il publiait, il y a quelques années, un recueil de ses poèmes ; j’avais seulement, anonymement, réalisé la mise en page des vers qui lui avaient été confiés.

Cela s’était gâté lorsque j’avais réalisé une étude sur la famille du Puy du Fou ; il m’avait semblé que Monsieur Prouteau avait adopté un peu trop faci-lement la thèse faisant descendre cette famille de l’illustre lignée des vicomtes de Thouars détenteurs du Bas-Poitou pendant tout le Moyen-Âge : j’avais ajouté : en écorchant quelques noms et en en décalant quelques autres.

faits que la majorité des Vendéens découvriront dans ce livre.

Emporté par le lyrisme et le style flamboyant de l’auteur, on est plus fier encore, si c’est encore pos-sible, d’être Vendéen. C’est le livre qu’il faut lire, vous le ferez sans peine, pour pouvoir bien parler de votre Vendée, le livre à offrir. Il remplit à lui seul la mission que s’est assignée en littérature la Société des Écrivains de Vendée : faire connaître, faire aimer notre département.

Les lecteurs avisés reconnaîtront les facéties de l’auteur avec, par exemple, la reprise de sa réhabi-litation de Gilles de Rais, farce monumentale qu’il avait su monter avec des comparses de haute volée et dont, assure Philippe Gilbert, il s’amuse encore !

Il n’y avait que lui pour reprendre la tentative de réhabilitation publiée en 1921 à la Bibliothèque des curieux par Ludovigo Hernandez et pour cla-mer encore, avec la mauvaise foi la plus naturelle du monde, que Charles VII avait réhabilité Gilles de Rais à Montauban, un an après sa mort.

Gilbert Prouteau, Dieu merci, est assez icono-claste pour ne pas se soucier du jugement du vul-gaire ni s’arrêter à des détails. Lui seul peut, dès la première page de son livre, faire de Mélusine de Lusignan une comtesse de Thouars, seigneurie qui n’a jamais été qu’une vicomté promue beaucoup plus tard en duché pour les La Trémoïlle, et qui n’a jamais appartenu ni aux Lusignan ni aux Chabot, famille de Mélusine.

La Chase Gallery de la Vendée

M. Prouteau enjolive, transforme, se joue, séduit. De « belles infidèle », aurait dit mon professeur de latin

A priori, le dernier livre de Monsieur Prouteau se présente comme un énième livre à la gloire de la Vendée et je m’étonnais qu’on se commette encore à un si vil exercice. Je n’avais pas prêté attention à l’avertissement au lecteur de Philippe Gilbert ni à la préface de Jean Delannoy qui situent ce dernier mes-sage de l’auteur. J’apprenais aussi l’existence d’une association des amis de Gilbert Prouteau, associa-tion que la Société des Évrivains de Vendée salue modestement, comme elle l’a fait dans notre précé-dent numéro pour les amis de Jean Huguet et ceux de René Bazin.

Or donc, le livre s’ouvre sur une première approche chronologique, suivie de l’évocation des personnages qui font la Vendée. Le choix des dates et des hommes est révélateur des goûts et des juge-ments de l’auteur. Il est très précieux ; il y a en fait beaucoup à apprendre sur des personnages et des

l’Histoire reste belle, plus belle encore

Pour Gilles de Rais et la pseudo lettre de réhabili-tation de Charles VII, le livre de Jacques Heers publié en 1994 donne l’explication, que Gilbert Prouteau ne peut pas ne pas avoir lue : une procédure entamée par le roi à la suite d’une tentative d’appel de l’ac-cusé. La déclaration de l’innocence du maréchal y est certes proclamée, mais par le requérant, que cite le roi dans sa lettre patente. La procédure s’arrêtera là et Charles VII fera justice en confisquant à son tour les biens des Rais au duc de Bretagne pour les rendre à la fille de Gilles.

Où est le problème ? L’Histoire reste belle. Cela a un autre mérite : nous apprendre à nous méfier des a priori. Il est légitime de se poser la question sur les motivations réelles du procès de Gilles et sur la validité des pièces, mêmes officielles.

Il faut donc lire Le Roman de la Vendée, mais sans mettre votre main à couper si un détracteur conteste quelque détail que vous y auriez puisé. Renvoyez ce grincheux à la taille du nez de Cléopâtre ; ne muselez pas votre plaisir, continuez à voir la face du monde avec la faconde de Gilbert Prouteau.

J. R.

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Charles-Édouard Gallet, poète oublié

Mémoire

Qui de nous à vingt ans n’a placé sur son cœur Et couvert de baisers cette charmante fleur D’un pâle bleu de ciel, aux feuilles d’un vert sombre Qui, sur le bord de l’eau, s’épanouit dans l’ombre, Et se laisse bercer à chaque mouvement De l’onde qui se ride au caprice du vent ? Cette modeste fleur, en nous disant tout bas : «Pensez à moi toujours et ne m’oubliez pas.»

Le nom de cette fleur dans la langue allemande Lui vient d’une bien triste et touchante légende. Charmé de ce récit plein de simplicité De la traduire en vers je me suis efforcé.

Beaucoup de maisons d’édition doivent se résigner ; la production littéraire réserve une bien modeste place à la poésie. Dans une librairie, le rayon poésie, s’il existe, est toujours bien effacé. Et pourtant, à un moment ou un autre, quelle qu’en soit la forme de l’expression, qui n’a exprimé ses sentiments en utilisant la forme poétique ?

Très souvent la modestie des auteurs réserve leur création à un public très confidentiel. Tel est le cas d’un poète du pays de Monts, disparu en 1911, Charles-Edouard Gallet qui, avec talent, savait expri-mer ses observations de la vie, de la nature. La mort l’a empêché de voir ses poésies publiées, mais un de ses amis, Charles Grelier, prêtre de Challans, a réalisé son désir. Ainsi parut en 1913 une modeste brochure, Essais Poétiques, qui connut au moins trois éditions.

Dans Le Myosotis, cité en tête, l’auteur, en 56 vers, nous conte l’aventure amoureuse de Marie et Henri. Henri, pour plaire à son amour, va cueillir cette fleur bleue mais tombe à l’eau. Marie en voulant recueillir le bouquet de son aimé tombe à son tour et se noie.

Charles-Edouard Gallet est né en 1832 à Beau-voir-sur-Mer. Après des études au séminaire des Sables d’Olonne, puis aux Couëts, près de Nantes, il entra dans l’administration des Douanes, où il fit toute sa carrière. II occupa plusieurs postes dans la région mon-toise avec le titre de Receveur, à La Barre de Monts de 1856 à 1872, puis à Bouin, à Beauvoir-sur-Mer et à Saint-Nazaire. Contrôleur à l’Entrepôt de Saint-Na-zaire en 1893 jusqu’à sa retraite en février 1899, il y décéda le 7 avril 1911.

Quand il était en poste à La Barre-de-Monts, il s’intéressa en particulier à l’histoire du marais du nord-ouest vendéen, sans oublier une activité littéraire, avec les prémices d’un roman et l’écriture de poèmes. Il fut membre de nombreuses associations culturelles régio-nales.

Charles Grelier, par fidélité, fit éditer ses poèmes écrits dans un fort volume relié, dont de nombreuses pages étaient restées vierges. Le succès de cette bro-chure de poèmes de 102 pages fut incontestable, puisque nous avons entre les mains la 3° édition, pu-bliée deux ans après la mort de Charles Gallet.

Cette édition porte la liste des souscripteurs qui sont au nombre de 143, avec la présence de 32 Ven-déens, de 13 Nantais, et la rédaction de 10 revues, sans négliger 17 religieux. L’ouvrage, qui contient 50 pièces, est préfacé par Lucien Lécureux, archiviste pa-léographe, agrégé de lettres. De ce texte nous avons extrait ces lignes : On peut leur (aux poésies) promettre de nombreux lecteurs, car elles possèdent les meilleures qualités pour plaire.

Ce ne sont point, comme dit l’autre, de grands vers pompeux, mais d’aimables causeries d’un honnête homme qui a de l’esprit, la rime facile et le style juste.

Et un peu plus loin, on lit sous sa plume : cet écri-vain resté si français d’esprit et de style, malgré ses exal-tations romantiques, le spirituel « amateur » a gagné d’écrire toujours dans un style simple et sobre.

On trouve parmi ces poèmes, Un Ouragan du 28 décembre 1859, vraie chronique d’un désastre écono-mique au marais vendéen du nord-ouest.

Un poète vendéen du XIXème siècle à redécouvrir. Guy Perraudeau

Qui, à un moment ou un autre, n’a exprimé ses sentiments en utilisant la forme poétique ?

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Ils vivaient dans un monde verrouillé aux struc-tures sociales d’ancien régime. Les traumatismes de la Révolution les avaient placés sous la dépendance des curés et des propriétaires. Roger Albert et Gilles Bély ont rassemblé une somme impressionnante de témoignages auprès des principaux acteurs de la JAC et de la JACF. Mais ils ne se contentent pas de nous les communiquer pour écrire l’histoire de ce grand mouvement d’action catholique, qui a été, les témoins le disent, leur université populaire. Ils les mettent en perspective et nous donnent à lire la révolution silen-cieuse de la Vendée pendant la deuxième moitié du XXème siècle, ce qu’on continue d’appeler son « miracle ».

Miracle, le mot est juste. Portés par une foi pro-fonde, ils découvraient avec les jeunes prêtres issus de leurs rangs et encouragés par leur évêque, une forme de « théologie de la libération » bien exprimée par l’une des leurs : J’ai découvert Jésus-Christ… je ne connaissais que Dieu. Ils ont mis en œuvre leur idéal évangélique. Et leur bel élan humaniste, social, solidaire, a ébranlé leur univers conservateur et l’a amené à trouver des solutions nouvelles à ses difficultés

Ils ont découvert la force du syndicat, ont inven-té les CUMA, les GAEC et autres coopératives. Ils se faisaient un devoir d’agir sans jalousie ni haine de classe. Cela n’a pas été sans conflits avec les anciens. Ils contestaient l’autorité et les pratiques des patriarches. Ils refusaient la salle commune, voulaient amener l’eau courante, imposer l’ensilage. « Votre premier champ d’action et d’apostolat, c’est votre famille. » Ils ont été les « pèlerins du changement ».

En agissant ainsi, ces jeunes Vendéens et Ven-déennes trouvaient une fierté, non pas un orgueil, la fierté d’une tâche accomplie au service de leur fa-mille et de toute la population. Ils se sont voulus exemplaires. Souvent, ils l’ont été. Ils n’étaient plus les « péquenots » incultes, retirés de l’école à douze ans. Ils apprenaient à parler dans leurs réunions et leurs fêtes. Certains ont eu, et ont encore, des responsabilités au plus haut niveau. Au bout du compte, ils ont décou-vert une idée neuve : le droit au bonheur.

Le livre de Roger Albert et Gilles Bély insiste avec raison sur le formidable enthousiasme et la foi en l’ave-nir de ces jeunes de la JAC. « Fiers, purs, joyeux et conquérants », c’était leur devise. Alors qu’aujourd’hui on parle des « champs de la colère », on est impres-sionné par l’élan chrétien positif de ces hommes et de ces femmes du XXème siècle, leur solidarité inventive joyeuse, leur esprit d’initiative, leur audace, leur enga-gement. Pour reprendre une formule de Michel Deba-tisse, l’un de leurs grands compagnons de route : de la solitude à l’espoir.

Des portraits de quelques jacistes emblématiques illustrent la dernière partie de Fiers d’être paysans : Au-guste Grit, Marcel Briffaud, Joseph Gaborit, Berna-dette Martineau… Ce livre est passionnant parce qu’il n’est pas seulement un document historique puisé aux sources mêmes, d’une variété et d’une richesse inouïes –il se lit comme un roman de la Vendée ! Il nous pose des questions sur l’état de la Vendée aujourd’hui, ses réussites, ses difficultés, sa foi. Mine de rien, il trace des perspectives et nous interroge : Est-ce que notre

société individua-liste et désespérée ne devrait pas se ressourcer à la foi exaltante en l’avenir de ses aînés ?

Il y a eu Le ma-laise paysan de Jean Yole. Il y a main-tenant, dans un tout autre registre, Fiers d’être paysans de Roger Albert et Gilles Bély. Ce livre de témoins est porteur d’une géné-reuse espérance.

Yves Viollier

Il se lit comme un roman de la Vendée !

Fiers d’être paysansla JAC en Vendée

Roger Albert et Gilles BélyCentre Vendéen de Reherches Historiques, 368 p., 23 €

Auguste Grit et Michel Debatisse

Fête des jeunes à Saint-Fulgent (1964)On les a appelés « les communistes blancs »Ils chantaient : « Nos sacrifices construiront un monde plus beau. Nous referons chrétiens nos frères »

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Horizons d’Ouest En 2007, les Recherches Vendéennes ont publié un dos-

sier sur Jean Rivière. Lire en Vendée en a fait mention dans son numéro 17. Évoquons l’engagement de l’écri-vain dans une association aujourd’hui bien oubliée.

Jean Rivière s’est toujours intéressé au devenir de la Vendée et, peu après avoir reçu le Grand Prix catholique de littérature, il a rejoint une association régionale qui s’était créée en 1969 : Horizons d’Ouest. Celle-ci avait fait sienne une phrase de Jean Yole : Une région ne se délimite pas, elle s’enfante !

C’est l’époque où la régionalisation occupait les esprits. Les élites locales ont vu dans la création d’une nouvelle organisation territoriale l’occasion de revita-liser nos régions dans la perspective européenne. L’idée première d’Horizons d’Ouest provient de l’équipe de la Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l’Ouest et, en par-ticulier, de Louis Chaigne. Mais ce dernier considérait que c’était à la jeune génération de prendre l’initiative de se lancer dans cette aventure. C’est donc son fils Louis-Marie qui en prit la présidence, le secrétariat général étant assuré par son cousin, l’architecte Léon Chaigne.

Ses statuts définissaient ses ambitions : regrouper les responsables civiques ou culturels, sociaux ou écono-miques -et leurs familles- ayant des attaches avec les pays d’Ouest (Pays nantais, Maine, Anjou, Vendée, Poitou, Charentes), organiser des rencontres, débats et confé-rences, colloques et séminaires, manifestations cultu-relles et de propagande en faveur des richesses régionales, contribuer à la formation de l’unité régionale afin de pré-parer la régionalisation...

Le comité de patronage comportait, parmi les nom-breuses personnalités, les présidents des conseils géné-raux de Loire-Atlantique, Vienne et Deux-Sèvres, les maires de Nantes et d’Angers, le docteur Merle et Michel Sy, président des Angevins de Paris. Les Vendéens étaient nombreux. Citons parmi eux Paul Caillaud, maire de La Roche-sur-Yon, Pierre Epron, maire de l’Orbrie, André Forens, conseiller général, André Burgaud, président des Vendéens de Paris, Louis Chevalier, Alain du Fon-tenioux, la Maréchale de Lattre de Tassigny, Maurice Leroux, compositeur, Henri Rochereau, ancien ministre et Pierre-Henri Simon.

Pendant trois ans, le bureau s’est réuni théorique-ment le premier lundi de chaque mois. il a organisé une douzaine de réunions publiques à Paris (avec le préfet Maurice Doublet et Marcel Gabilly, rédacteur en chef du Figaro), à Nantes, à Fontenay-le-Comte en particulier. C’est dans cette dernière ville qu’a été défini le désir de voir se développer une grande région de l’Ouest Atlan-tique où il existe une communauté de problèmes : Sans remettre radicalement en cause les délimitations actuelles, le vœu a été émis d’instituer une coordination interrégionale entre la Bretagne, les Pays de Loire et le Poitou-Charentes. Cette position a été défendue dans un bulletin, paru en octobre 1972. La solution proposée correspondait aux

perspectives que le président Félix Gaillard avait l’inten-tion de soutenir et sa tragique disparition nous a privé d’un appui essentiel. En effet, quelques mois plus tard, la loi sur les conseils régionaux était votée et entrait en vigueur le 1er Juillet 1973. Horizons d’Ouest était un groupe de réflexion destiné à orienter la rédaction de la législation. Le texte définitif qui avait été adopté ne cor-respondait pas à nos souhaits. L’association n’avait plus de raison d’être et sa dissolution s’est faite très naturel-lement. Trente ans plus tard, les infrastructures souhai-tées alors ont été réalisées, du moins en Vendée, mais les actions communes sont encore à organiser.

Horizons d’Ouest a été l’occasion de réunir des bonnes volontés et de se faire rencontrer des personnali-tés d’exception parmi lesquelles Jean Rivière a été une des plus intéressantes. Ses interventions ont été fidèles à son image, discrètes mais toujours pertinentes.

Michel Dillange

Poésies Nomades : quatrième saison

Imaginées  en 2007 par Rolande Haugmard et Gérard Glameau, avec Jean-Pierre Majzer, porter la poésie vers de nouveaux publics dans un environnement original.

5 soirées à 20 h 30, gratuites, en 2010 :- Lundi 21 juin : Aizenay, La Liberté- Lundi 19 juillet : plage du Boisvinet, à Saint-Gilles-

Croix-de-Vie, La Nuit- Lundi 26 juillet : lac du Jaunay, La Chapelle Her-

mier, Le Vent - Lundi 2 août  : plage du Boisvinet, à Saint-Gilles-

Croix-de-Vie, L’Aventure- Lundi 23 août : soirée de clôture, la Conserverie à

Saint-Gilles-Croix-de-Vie, La Musique

Sur accompagnement musical, évocation de poètes majeurs, intervention de poètes régionaux. Claude Cailleau, Monik Guibert, Chantal Massé, Sylvie Brous-saud-Bonnafi, Yves Moulet, Jocelyne Le Mellec, Gil-bert Belsoeur, Roger Driez, Gérard Glameau et Rolande Haugmard, de spectateurs et des plus jeunes.

Ouvertes à tous, renseignements :02 51 34 71 15/ [email protected] 06 07 50 60 13/ [email protected]

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Salons

...mais le beau linge est content de prendre des odeurs de violette dans les herbes du square et la foule ne renâcle pas à remplir les allées et les sacs. Le Prin-temps du livre fait toujours recette à Montaigu.

Les écrivains vendéens s’étaient mis en dimanche pour l’occasion ; ils n’ont pas eu peur de s’asseoir à la table. Gants blancs et service à la page pour tous les convives venus présenter leurs produits les plus frais sur le carreau.

Ils avaient une tribune officielle, comme l’an passé, entre le pesage et le rond des courses, s’étaient distri-bués les rôles pour ne rien perdre du spectacle, faire bonne figure pour la galerie. Les habitudes se pren-nent, la place se joue à coudes serrés.

D’autres s’étaient disséminés dans d’autres écuries, et frimaient tout autant. Chacun sa casaque, l’essentiel est de participer, de coller au train sinon d’être dans les prix.

Il en étaient encore d’autres venus en solo, sélec-tionnés par de menus éditeurs locaux habilités.

Les derniers s’étaient fondus dans la foule, tour-naient sans relâche.

Finalement, tous étaient dans la course, vantaient leur salade, se pavanaient gaiement.

Parade réussie ! La fête a battu son plein pendant les trois jours ; les boxes n’ont pas désempli.

C’est la magie de cette ronde effrénée où chacun se doit de tenir sa place sans démériter. Certains auteurs n’écrivent certainement que pour cela, pouvoir encore dire en crânant : Montaigu, j’y étais !

Nous reviendrons, Messieurs, reprendrons la plume la toque et la casaque, quand vous remettrez le couvert.

J. R.

Montaigu, nous y étions !

Montaigu, ce n’est pas pour les gueux, rien que du beau monde, pas des bouseux,plein les poches, plein les yeux...

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La peine du menuisierMarie Le Gall (Phébus)

La quête du père commande aussi l’intrigue de ce premier roman - très remarqué par le jury - de Marie Le Gall. L’his-toire se passe en Bretagne, du côté de Brest, dans les années cinquante. C’est le récit très

sombre d’une relation impossible entre une adoles-cente et son père, toujours silencieux qui travaille à l’arsenal de Brest. Les ombres de la mort tissent la toile de fond du roman, comme les visages des défunts qui tapissent les murs de la maison de famille.

Le fils du terre-neuvasYves Jacob (Presses de la Cité)

Écrivain confirmé, chantre de la mer et de la Bretagne, Yves Jacob compose un roman certes très classique, mais dont l’inté-rêt ne se départit pas. Pour trois raisons essentielles. La descrip-tion du métier pénible et dange-reux des marins qui vont pêcher

la morue sur les bancs de Terre-Neuve. L’époque, au début de la Seconde guerre mondiale avec les sous-marins allemands qui rodent dans l’Atlantique. L’in-trigue enfin, qui mêle un naufrage dramatique et les amours compliquées de la belle Angélique et du fils du terre-neuvas.

Sur le bord de l’inaperçuMichel Guillou (Gallimard)

S’il y avait à Montaigu un prix de l’insolite, le livre de Michel Guillou l’aurait obtenu. Ce n’est pas un roman à pro-prement parler, mais une suite de petits tableaux censés nous apprendre les mœurs très parti-culières des Baldéens qui habi-

tent un pays aux frontières inexistantes. Il faut accepter d’entrer dans ce monde invraisemblable, abracada-brant, au-delà de toute réalité, qui secrète finalement un art de vivre et une certaine sagesse. Dérangeant et très étonnant, mais une immense virtuosité dans les jeux de mots et de l’esprit.

Gilles Bély

Ils étaient dans la sélection du Prix Ouest

L’article de la mortÉtienne de Montety (Gallimard)

Ce premier roman d’Étienne de Montety, directeur du Figaro littéraire, a été le concurrent le plus sérieux du livre de Sorj Chalandon. Il emmène aussi à la découverte d’un destin équi-

voque, celui de Charles-Élie Sirmont, un homme poli-tique à la mode, connu pour ses opérations humani-taires très médiatisées. Avec des clins d’œil appuyés aux milieux du pouvoir et de la presse parisienne, Étienne de Montéty se passionne – et nous passionne – pour ce personnage ambigu dont un journaliste, Moreira, est chargé d’écrire par avance la notice nécrologique...

La légende de nos pèresSorj Chalandon (Grasset)

En 2008, Sorj Chalandon (prix Médicis 2006 pour Une promesse) nous a donné un superbe roman sur la dupli-cité : Mon traître, une intri-gue douloureuse autour de la tragédie irlandaise. Il récidive sur le même thème avec La légende nos pères mais, cette fois, cela se passe en France dans l’univers de la Résistance. Il fait peut-être mieux encore en nous plongeant dans une

histoire de héros qui n’a d’héroïque que le nom. Beu-zaboc (c’est son nom) a entretenu sa fille dans le culte de ses exploits. Elle va s’adresser à un écrivain public pour qu’il rédige la « légende » de son père. Et, peu à peu, au fil de l’enquête, le rédacteur va s’apercevoir qu’il n’y a rien à raconter puisqu’il ne s’est rien passé… Ce qui est fort dans le roman de Sorj Chalandon c’est que, malgré tout, on s’attache à son héros menteur et, même, on l’aime. On se demande si, dès le départ, les dés n’étaient pas pipés, si sa fille ne savait pas que son père lui avait menti ! C’est écrit dans une langue sèche, sobre, qui n’empêche pas l’émotion. Un excel-lent roman de journaliste qui a bien mérité le Prix Ouest 2010.

Yves Viollier

Le prix Ouest

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Jean-Jacques Brot, préfet de la Vendée, amoureux fou des livres

Quelle littérature vous intéresse ?

Toutes ! J’ai toujours plusieurs livres sur ma table de chevet. Proust, peut-être, est mon favori. La phrase proustienne est pour moi le summum. Tout me plaît chez Proust, l’auteur français par excellence, son ana-lyse, sa concision, sa cruauté, son humour caustique. J’ai eu la chance, en Eure et Loir, de fréquenter la mai-son de tante Léonie où Proust passait ses vacances. J’y ai accompagné un juge de la cour suprême des Etats-Unis qui avait fait spécialement le déplacement. Nos compatriotes ignorent l’importance des littératures qui véhiculent les pensées humanistes universelles qui sont les nôtres. J’aime Chateaubriand, De Gaulle. Ce qui me fascine chez De Gaulle, c’est qu’il est pro-fondément politique, militaire, écrivain.

Quelle place pour la littérature vendéenne ?

Je vois une vie littéraire que j’ai envie de décou-vrir. Je sens un foisonnement, n’en suis qu’aux pré-misses. La tragédie que nous venons de vivre suscite aussi une curiosité professionnelle. Les zones noires ont été construites à partir des sources historiques des archives de la Vendée. Nous avons, par exemple, trouvé une lettre d’un dénommé Fèvre sur le cordon dunaire de la Belle Henriette au XIXéme siècle. Clemen-ceau m’intéresse. J’attaque sa biographie par Duro-selle. Je découvre l’esthète japonisant, l’ami de Monet et l’écrivain. Notre première visite a été, le 27 février, à la maison de Clemenceau à Saint-Vincent-sur-Jard. Le contraste a été saisissant entre ce moment de pro-fonde culture française et la tragédie qui nous atten-dait, tout près, quelques heures plus tard.

Écrivez-vous, vous-même ?

Je regrette de ne pas avoir écrit. On est à l’époque du téléphone et de l’Internet. J’ai eu la chance de servir à l’étranger et sur de nombreux territoires de la métro-pole. J’aurais dû tenir un journal de bord. Je m’oblige à envoyer chaque jour des cartes postales qui me forcent à composer. Mon voisin du Lot écrit. Il est éleveur. Nous échangeons une correspondance régulière. Il ne fait pas une faute d’orthographe. Cela fait partie des caractéristiques d’une vieille civilisation. J’aurais dû vous parler de ma passion pour les biographies histo-riques, L’Histoire de France de Bainville, mes tocades pour Sissi impératrice, la reine Elizabeth, les littéra-tures des pays où nous avons voyagé…

Nous sommes restés longtemps autour de la table de verre de la préfecture à évoquer nos plaisirs com-muns de lecture, Baudelaire, Les lettres persanes… à dire combien est difficile l’art d’écrire. Nous nous sommes donné rendez-vous au salon du Livre de mer de Noirmoutier. Jean-Jacques Brot y sera.

Propos recueillis par Yves Viollier

Intervention

L’événement méritait d’être marqué d’une pierre blanche : pour la première fois, un préfet était présent à l’inauguration du Printemps du LivreÀ la tribune, il a tenu un discours remarqué et enthousiaste en faveur de la manifestation et de la lecture Nous sommes allés le rencontrer

Quelle a été votre impression, Jean-Jacques Brot, à la découverte du Printemps du Livre ?

J’en avais déjà entendu parler par mon oncle, Claude Michelet, qui a été président d’honneur du salon, il y a trois ans. Je connaissais son excellente réputation. J’ai apprécié d’y trouver tous les genres dans l’ambiance bon enfant d’une authentique mani-festation populaire qui contribue à la culture auprès du plus grand nombre. J’ai déambulé au milieu d’une foule nombreuse qui venait faire son marché. J’y ai rencontré des auteurs heureux : Eric Zemmour, alors sous les feux de l’actualité ; Christian Signol, un très proche voisin de notre maison du Lot, dont nous sommes des lecteurs assidus ; Jean Raspail, qui m’a fait l’honneur de me nommer consultant aux affaires poli-tiques de son gouvernement de Patagonie dont je garde le drapeau sur mon bureau ; des auteurs et des édi-teurs régionaux… J’aime cette ambiance des salons du livre. Ma femme est briviste. Elle est une habituée de la foire de Brive. Nous croyons beaucoup à la diffusion de la culture par le livre. Et j’ai le regret que la DRAC n’ait pas accompagné la manifestation de Montaigu. J’espère convaincre le préfet de région et la DRAC, compte tenu des auteurs et de la fréquentation, de changer d’attitude à l’avenir…

Quelle place accordez-vous à la lecture ?

La première. Le livre est la clé de mon épanouis-sement, mon bonheur et ma vie professionnelle. Pas un jour sans une demi-heure ou une heure de lecture. D’origine très modeste, la lecture a été pour moi un moyen très important de formation personnelle. Elle m’a apporté ce substrat culturel indispensable pour me mettre au niveau de mes condisciples. Je le disais à mon épouse en quittant Montaigu : j’aurais aimé aussi être professeur de Lettres. Peut-être ai-je une vocation ratée de littéraire. Le goût des livres m’a rapproché de ma femme qui est d’une famille d’écrivains : Claude Michelet, Xavier Pattier, le frère de ma femme, sa mère aussi qui avait rempli sa salle à manger de livres.

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Le prix Ouest Jeunesseà Montaigu

Le cours Michel Ragonà Montaigu

© Stéphane Audran

Parallèlement au Prix Ouest qui récompense un écrivain confirmé, un concours intitulé Prix Ouest Jeunesse a été organisé. Tous les élèves, du CM1 à la terminale, étaient concernés.

Le palmarès a été proclamé et les prix remis sur le salon par Jean-Louis Pesch, président de ce Prix et auteur de nombreuses bandes dessinées. On lui doit, entre autres, d’avoir repris, en 1956, à la mort de M. Cuvillier, les fameux personnages de Sylvain et Sylvette, prolongeant le succès inaltérable de leurs aventures.

Les candidats à ce Prix Jeunesse 2010 étaient répar-tis en trois catégories : Primaire, Collège et Lycée. Ils conccurraient sur les thèmes suivants : Une rencontre étonnante, un livre extraordinaire.

Dans la catégorie Primaire, la lauréate fut Virginie Goimet. Ses dauphines s’appellent Marie Avril (2e) et Alexandra Rousseau (3e).

Pour les Collèges, Quitterie Bruneau () devança Lisa Laurent (2e) et Lauriane Boudeau (3e).

Catégorie Lycée, la palme revint à Marie Bureau, devant Hermines Mares (2e) et Aurore Revercez (3e).

Félicitations à toutes ces demoiselles, en souhaitant que les garçons relèvent le gant l’an prochain !

Jacques Bernard

Le salon du livre vendéenà Graslales 17 et 18 juillet 2010

Nous attendons les Bordelais à Grasla cet été. Ils mettront autant d’ambiance que Jean-Pierre Soisson et les Bourguignons en 2009.

Nous attendons aussi avec impa-tience le livre de contes pour lequel l’association du Refuge de Grasla avait lancé un appel à l’écriture. Près de 200 contes lui sont parve-nus. Trente ont été retenus dans un recueil à sortir pour le salon.

Nous attendons encore le lauréat du prix Charette à choisir parmi les quatre livres nomminés, Sang et or de Henry Bourgenay, La Rochejac-quelein de Thérèse Rouchette, Fiers d’être Paysans de Roger Albert et Gilles Bély, et L’incendie du Hilton de François Bon.

Ce rendez-vous estival du livre vendéen sera une fois encore l’occa-sion d’écouter les conteurs, de parti-ciper à des conférences, des débats et à de nombreuses animations.

Espace Jeunesse.

Renseignements : www.refugedulivre.fr02 51 42 96 20

Michel Ragon, président du Prix Ouest, nous a fait une petite coquetterie ce printemps et n’a pu assister au salon ni à l’inauguration et à la découverte de la plaque du cours qui porte maintenant son nom à Montaigu.

La plaque était bien là, les invités et les riverains aussi, mais notre président a eu un malaise cet après-midi du 9 avril et n’a pu honorer de sa présence la cérémonie préparée à son attention.

Michel Ragon va mieux, nous pourrons peut-être, là aussi, reprendre ce cours l’année prochaine. Nous comptons bien sur lui pour inspirer le jury et motiver toutes les parties prenantes du salon. J. R.

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Le beau temps n’a pas chassé la bonne humeur et Saint-Gervais a réuni, avec une chaleur accrue elle aussi, un nombre croissant d’au-teurs, de lecteurs et d’acheteurs.

Les fidèles ont accueilli les nou-veaux ; les absents ont eu tort, comme toujours ; la verve de Claude n’a pas

tari et dans une cour dédiée cette année au canard du marais, des plumes de toutes sortes volaient dans tous les sens, ébouriffées, joyeuses.

Cancanaient et nasillaient gaiement les volatiles, à l’affût les chasseurs d’images et de bons mots.

Ils ont vu Claude Mercier décerner le prix du Héron Cendré aux revues trimestrielles et annuelles de deux sociétés d’Histoire et de Patrimoine méritantes, celles de Noirmoutier et de Challans.

Claude Mercier, qui a récemment mis le dernier point à sa célèbre revue mensuelle La fin de la rabinaïe, sait le mérite nécessaire à de telles entreprises et c’était un bonheur de voir la surprise et la joie des lauréats.

C’était donc la 17ème version de ce salon qui abrite de ses ailes généreuses des auteurs à découvrir ou à retrouver ; les visiteurs n’ont pas manqué le rendez-vous, la chine a été fructueuse, loin des cancans de la grande ville. J. R.

Jard-sur-Mer,1er mai 2010Une réussite pour

cette deuxième édi-tion du salon de Jard sur Mer ! Il y eu de belles rencontres car il y avait pléthore de visiteurs heureux

de rencontrer trente-cinq écrivains de Vendée sur leur promenade face à une mer sage, ce samedi 1er mai. Le soleil était au rendez-vous, le public aussi. A noter l’accueil convivial des organisateurs de la mai-rie de Jard et l’originalité pour les auteurs de profiter du spectacle de la marée au gré des heures entre les «vagues» des promeneurs. Eveline Thomer

Noirmoutier11, 12, 13juin 2010

Bon vent au 4ème salon du livre de mer qui s’ouvre à Noirmoutier le jour de la mise à flots de ce dernier numéro.

Tout semble avoir été fait pour pérenniser sa réussite ; nous en rendrons compte dans notre prochaine édition.

Saluons les trois auteurs venus spécialement de Gaspésie à cette occasion et réservons leur le meilleur accueil. L’association Amitié Vendée-Gaspésie s’est particulièrement investie dans les échanges littéraires. Elle a facilité la venue d’auteurs gaspésiens au Salon du Livre de Grasla et, en 2009, des missions d’auteurs vendéens au Salon du Livre de Québec et en Gaspésie.

Amitié Vendée-Gaspésie invite cette année trois au-teurs de la Belle Province à Noirmoutier.

Jean-Marie Fallu est historien et rédacteur en chef de la revue Magazine Gaspésie qui paraît depuis 47 ans. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, comme La Gas-pésie, Le Québec et la guerre (1860-1954), Le Saguenay et le lac Saint-Jean.

Josée Kaltenbach est la coordinatrice de la manifes-tation Livres en fête en Gaspésie qui réunit le quart des 100 000 habitants de la région. Elle a écrit Les plages et les grèves de Gaspésie, un livre devenu classique qui présente dans le détail les 600 km du grand tour de la péninsule gaspésienne.

Damien Grelon, auteur et réalisateur de films, est un spécialiste des mammifères marins qui croisent dans l’estuaire du Saint-Laurent et sur les rivages de la Gaspésie. G. B.

L’Épine, 6 et 7 août 2010

Saint-Gervais

La mare aux canards à la Bernuzière

Autre salon littéraire à Noirmoutier, Eveline Tho-mer nous en rendra compte dans le prochain numéro.

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Vaste programme que s’est assignée la Région avec la création de ce nouvel organisme.

C’est aussi le but que nous poursuivons en Vendéee et nous nous réjouissons d’avoir ainsi un recours supplémen-taire à la Région.

En complément de la revue Encres de Loire, ce pôle d’acteurs pour le livre se fera l’écho de la vie du livre en Pays de la Loire. Tout en proposant des ressources, des services, des outils d’analyse et de conseil, il mènera une action de valorisation des publications et des actions ligériennes.

Il disposera également d’un centre de documentation. J. R.

Hôtel des Ursulines, 14 avenue François Mitterand, 72000 Le Mans. 02 28 20 60 78 - [email protected]

Les Écrivains de Vendée sont heureux d’accueillir comme corres-pondant Jean-Claude VACHER, directeur et éditorialiste de la revue Administration. Ancien Préfet de la Vendée (2002 à 2005), Jean-Claude Vacher habite maintenant La Roche-sur-Yon.

Cette revue est la revue de l’Administration terri-toriale de l’État. Elle consacre chacun de ses numéros trimestriels à la présentation des objectifs, des réalisa-tions, des difficultés aussi, qui font le quotidien des administrations dans leurs relations avec les élus, les chefs d’entreprises, les associations, le public, etc…

C’est ainsi que les derniers numéros de 2010 sont consacrés successivement à :

Immigration-Intégration, Recherche-Développement, Pôles de compétitivité,

Développement durable : où en sommes-nous ? Le tourisme : nouvelles habitudes, tous domaines

dans lesquels interviennent des administrations publiques. J. R.

Bienvenue à la revue Administration

Encourager la filière livre et promouvoir la lecture

La Société des écrivains de Vendéea ses fidèles,elle accueille volontiers aussi de nouveaux membres écrivains ou correspondantsqui souhaitent suivre nos diverses activitéset nous aider de leurs comptétences

Le Centre de Ressources du Livre

La 12ème Semaine du livre jeunesse à Lu-çon s’est déroulé en mars dernier. Invitée d’honneur, Clothilde Bernos.Invités, Chris-tophe Alline, Davide Cali, Luce Guilbaud, Jean-Louis Le Craver, Brigitte Luciani, Alan Mets, Pef...

Livre Jeunesse à LuçonL’Association des amis de Jean Huguet nous commu-

nique :À vos plumes, racontez un souvenir, une histoire vécue,

un rêve ou imaginez ! Seule règle : l’enfant et la mer sont les acteurs principaux.

Date limite d’envoi de vos nouvelles : 31 janvier 2011.

La maison chaumoise, 12 rue du moulin85100 Les Sables d’Olonne

Tel : 02 51 95 24 83Couriel : amisdejeanhuguet@gmail comSite internet : amisdejeanhuguet

Concours de nouvelles : L’enfant et la mer

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Échos-MuséesLes amis de l’Historial de la Vendée

Les musées conservent et exposent les Lettres Vendéennes

L’espace culturel René Cassin de Fontenay-le-Comte a consacré en mars-avril une petite exposition très documentée aux lettres de Gaston Chaissac dont on célèbre cette année le 100ème anniversaire de la naissance. C’est l’occasion pour nous de ressortir

le catalogue de l’exposition Chaissac réalisée en juin 1991 à l’hôtel du Département par la Conservation Départemen-tale des Musées de Vendée.

Rappelons que le musée de l’abbaye Sainte-Croix des Sables d’Olonne possède un fonds important d’œuvres du peintre (qu’il présente le 12 juin 2010 une nouvelle exposi-tion dédiée aux correspondances de Chaissac) et que la ville de Sainte-Florence-de-l’Oie a également dédié un espace à Gaston Chaissac. Le Musée de Fontenay-le-Comte possède lui aussi au moins un Chaissac, nous l’avons retrouvé dans le nouveau livre de Robert Aujard.

Chaissac écrivain ? Il écrivait des lettres chaque jour, avec la même fantaisie que pour sa peinture ou pour ses sculp-tures ; ses lettres étaient souvent aussi d’ordre pictural, nous le découvrirons dans ce numéro.

Chaissac a également publié plusieurs ouvrages et main-tenant les études, recherches et expositions sur Chaissac se multiplient dans le monde entier.

N’oublions pas l’exposition consacrée aux pompiers de Vendée et le nouvel aménagement du Musée des Enfants à l’Historial, ni les deux expositions en préparation pour 2010, Madagascar et l’Agriculture.

J. R.

Les lettres de Chaissac

Permanence le mercredi

à l’Historial,

tél :02 51 47 61 77

www.ami-historial-vendee.com

e-mail :

conservation-musé[email protected]

LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉEHistorial de la Vendée, Allée Paul Bazin 85170 Les Lucs-sur-BoulogneBulletin d’adhésion année 2010

10 €/personne à adresser aux amis de l’Historial aux Lucs,

M. Mme Mlle

NOM : Prénom :Adresse :Code postal Ville

Tél : E-mail :

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16 Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010

...écrivait Gaston Chaissac à propos d’André Marchand. En parlant de son confrère, il parle aussi de lui-même, comme il en avait l’habitude. D’ailleurs n’écrivait-il pas dans une de ses lettres : J’aurais davantage d’ambition en ce qui concerne la littérature et j’éprouve bien davantage le besoin de m’expri-mer dans le langage écrit. Mais on dit que je suis mieux doué comme peintre. Voire. Sans doute notre siècle fait-il un meilleur sort à son œuvre plastique. Mais pour peu qu’on s’intéresse à quelques-unes de ses lettres, on s’aperçoit très vite qu’elles participent de la même démarche poétique : transcender l’infime ; distordre le réel le plus humble et au gré de sa fantaisie lui accorder de la noblesse ; parler avec la même langue aux gens de peu et aux gens d’importance ; se jouer du langage en usant jusqu’à l’absurde de tous les calembours et les barbarismes…

Gaston Chaissac est l’auteur d’une cor-respondance considérable dont on ne fera jamais l’inventaire. Il écrivait aussi bien à Jean Paulhan, Jean Dubuffet, Pierre Bou-jut, Michel Ragon, qu’à Monseigneur Cazaux, Léopold Marboeuf ou des voi-sins et voisines de son village de Sainte-Florence-de-l’Oie. Il n’écrivait pas pour écrire. Il avait conscience d’entreprendre une œuvre littéraire. Si j’étais riche, écrit-il à Pierre Boujut, j’aimerais construire des monuments commémorant les plus infimes événements. Mais riche, ma tournure d’esprit me donnerait sans doute de tout autres désirs. Quoi qu’il en soit, je supplée comme je peux à l’absence de monuments grandioses pour don-ner des chances à d’infimes événements de ne pas tomber dans l’oubli. On a alors envie de dire : heureusement que Gaston Chaissac n’a pas été riche !

À ce sujet, il serait peut-être utile de revi-siter la légende d’un Chaissac tourmenté et moqué au pays de la calotte vinassouse. Bien sûr, il passait chez lui pour un « origi-nal » comme on disait de ceux qui n’étaient pas dans la norme. Mais intelligent, malin, il savait en jouer pour se construire un personnage singulier. Il a eu des amis dans le clergé comme l’abbé Coutand. Il n’y a

pas eu moins solitaire que lui qui savait échanger avec tous ceux qui peignaient, créaient, écrivaient, agissaient en Vendée et partout ailleurs ! Qui lui rendaient visite ! Dubuffet lui avait offert un harmonium et il en jouait pour réveiller ses amis de passage dans sa petite maison d’école du village.

Gaston Chaissac sans la Vendée ne serait pas Gaston Chaissac. L’imagine-t-on à Paris dans les cercles de l’in-telligentsia ? Peut-être y aurait-il brillé par sa vivacité et l’originalité de son imagination. Il lui aurait manqué ce substrat qui a nourri son œuvre, ces faits divers qu’il rele-vait dans la presse ou dans le quotidien de son village : Cher ami, las de vivre Léon Brochet vient de se suicider à Mareuil sur Lay par pendaison. Le journal d’aujourd’hui 16-6-60 en parle en sept lignes page 4 au-dessus de la réclame pour la bombe néocide contre les moustiques et les mouches. Le sablais J-C. Poiraud serait un espoir du vélo. A 76 ans Marguerite Bouton a été assassinée par son concubin. Ils avaient bu tous les deux. Dans l’ensemble tout cela est plutôt triste.

De ce fatras, Chaissac a fait une œuvre poétique sin-gulière, reconnue. Il avait 41 ans lorsque les éditions Gallimard ont publié, en 1951, un recueil de correspon-dances intitulé « Hippobosque au bocage ». Depuis sa mort, on ne cesse de rechercher et de retrouver des lettres de Gaston Chaissac qu’on se communique comme des trésors. Par ses relations épistolaires, il a trouvé le moyen de renouveler un genre littéraire à sa mesure, unique, grinçant, souriant, surréaliste, une chronique extraordi-naire de la Vendée en ce temps-là.

Y. V.

Gaston Chaissac, artiste épistolier… vendéen

Il ne veut pas qu’on dise qu’il est écrivain mais il l’est et peut-être davantage que peintre, comme beaucoup de peintres d’ailleurs...

Carton de l’exposition ouverte du 13 juin au 7 novembre 2010 au Musée de l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne

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17Lire en Vendée - Échos-Musées -Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010

Gaston Chaissac, dont le talent aujourd’hui mondiale-ment connu, est longtemps resté ignoré, ne rêvait pas d’être peintre. Il voulait être jour-naliste. D’où cette frénésie d’écrire, principalement à ses pairs : 36 000 lettres, éparpillées

tous azimuts. Annie Chaissac, sa fille, en a rassemblé une petite partie.

L’ensemble de cette œuvre littéraire appelle aujourd’hui une étude qui serait passionnante.

Au bord de la Vieille Autise, la maison d’Annie Chaissac abrite des trésors - des écrits, des dessins, des objets de son père, Gaston Chaissac - mais surtout une immense piété filiale. On hésite à écrire « piété » puisque l’artiste, né dans une famille traditionaliste du Morvan, a beaucoup souffert de cette religion perver-tie et ne lui a pas ménagé sa rancœur. Mais c’est pour-tant de cela qu’il s’agit...

Artiste pour artistes

Mon père vou-lait être journa-liste, raconte-t-elle. Écrire, témoigner, c’était pour lui vital, primordial. En 1937, alors qu’il séjourne à Paris chez son frère, il rencontre Otto

Freundlich et Jeanne Kosnick, un couple d’artistes allemands bannis par le nazisme, qui pressentent son talent particulier et lui font découvrir le monde des arts et de la culture. Raymond Queneau, Jean Paulhan sont séduits par la fraîcheur et la pureté de ses dessins. Quelques années plus tard, Dubuffet, Marcel Arland remarquent Chaissac. Des dessins et des portraits, il passe aux objets bricolés, aux totems, aux collages.

Chaissac l’épistolier se met alors à écrire aux artistes et aux intellectuels. Ceux qu’il côtoie, ceux dont il relève les noms dans les catalogues et les revues cultu-relles, foisonnantes dans l’immédiat après-guerre. A partir de 1956 et jusqu’en 1962 – il meurt, amer et épuisé, en 1964 – il écrit quatre ou cinq lettres par jour. Sur les supports les plus variés, des enveloppes,

des bouts de carton, des feuilles de papier de toutes les couleurs et de tous les formats. Et sur tous les sujets. Sur l’art et les idées bien sûr, mais aussi sur ses rapports avec le monde et avec les gens.

Ces lettres n’ont pas toutes, loin de là, obtenu des réponses. Mais 400 destinataires au moins ont été recensés. Sitôt la guerre, grâce à un ami journaliste, René Bonnenfant, « Ouest-France » publiera d’assez nombreuses lettres. Au total, avoue Annie Chaissac, la correspondance de mon père demeure largement une friche qu’il faudrait explorer et déchiffrer complète-ment.

Comme la Semeuse de Larousse...

Reste évidemment une question. Pourquoi, alors qu’il était enfin reconnu et qu’il aurait pu exploiter son immense talent de peintre, Gaston Chaissac a-t-il autant sacrifié à la correspondance et à l’écriture? Peut-être parce que l’écriture était chez lui consubstantielle au dessin. Tout chez lui se chevauche, tout lui était sti-mulation, explique sa fille. La forme et le mot étaient des objets de séduction qu’il ne séparait pas.

Chaissac a grandi dans le monde de l’artisanat, parmi ces cordonniers et ces marchands de tissu morvandiaux qui s’en allaient l’hiver sur les routes pour gagner de quoi subsister. Il n’ignorait rien des ficelles de la publicité. Friand du succès, mais méfiant envers lui parce qu’il en redoutait les servitudes et les contraintes, militant jamais encarté, Chaissac aurait-il trouvé dans l’écriture la fin de sa quête et de son besoin de reconnaissance? A l’image de la célèbre Semeuse du dictionnaire Larousse qu’il affectionnait tant, l’écriture aurait-elle été le moyen de déverrouiller sa pensée et de la communiquer à un monde, si souvent hostile à sa personnalité, un monde qu’il redoutait et fuyait?

G. B.

Annie, sa fille, se souvient et raconte

Dans sa maison au bord de la Vieille Autise, Annie Chaissac ouvre les précieux cahiers où dorment quelques-unes des 36 000 lettres écrites par son père.

Gaston Chaissac, l’épistolier

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Gaston Chaissac et la Vendée

Né le 10 août 1910 à Avallon, au sein d’une famille pauvre, Gaston Chaissac, après une enfance perturbée par une santé précaire, les problèmes financiers per-manents de ses parents et leur divorce, tarde à trouver un équilibre de vie et de ressources. De 16 à 32 ans, il pérégrine de Villapourçon, dans le Morvan où sa soeur est postière, jusqu’à Saint Rémy de Provence, via Paris et alentours où la maladie le contraint à séjourner en hospice (Nanterre), sanatorium (Asnières) et centre de rééducation (Clairvivre, en Dordogne). Au cours de ces années, il effectue de nombreuses rencontres dont deux s’avèrent prépondérantes. À Paris, en 1937, il croise le chemin d’un artiste engagé, d’origine allemande, Otto Freundlich, avec lequel il acquiert rapidement une formation artistique qui lui permet de découvrir les notions fondamentales et une sorte d’éthique de l’art.

À Noël 1940, lors d’une exposition de travaux des pensionnaires, il rencontre Camille Guibert, une jeune institutrice vendéenne soignée dans un sanato-rium proche de Clairvivre. Gaston Chaissac reçoit la foudre dans le coeur. C’est juré, dès qu’elle sera guérie, il l’épousera. Il tient parole et, en novembre 1942, il vient retrouver Camille à Vix, son village natal, et ils se marient.

Le jeune couple demeure à Vix pendant un an, attendant la nomination de Camille à un poste d’ins-titutrice. La famille Guibert n’apprécie pas vraiment le mari que leur fille a choisi : Mon beau-père ne tarda pas à me dire que sa fille était trop bien pour moi, écrit Chaissac. Les autres habitants de la commune ne l’ap-précient pas davantage. Au village, j’étais un fou, un con, un cul, c’est-à-dire un malappris et ceux qui achetaient ma peinture étaient encore plus fous que moi... Selon Camille Chaissac, seule la naissance de leur fille Annie provoque chez Gaston un accès de joie et de bonheur.

En septembre 1943, les Chaissac s’installent à Bou-logne, dans le bocage, où Camille vient d’être nommée. Gaston s’occupe de sa fille, de son jardin et de l’entre-tien de la maison. Pour améliorer les finances familiales, il effectue des boulots de complément, sans pour autant abandonner la peinture, autant que sa santé chétive et ses possibilités d’achat de fournitures le lui permettent.

Grâce à Jeanne Kosnick-Kloss, veuve d’Otto Freun-dlich mort en déportation, Chaissac expose à Paris fin 1943. Les années suivantes, il participe aux Indépen-dants, puis aux Surindépendants. Chaque exposition engendre des rencontres avec des artistes, des écrivains, des journalistes. Comme il se déplace peu, Chaissac noue ses contacts et ses amitiés par une correspondance abondante. Il considère son oeuvre épistolaire comme aussi importante que ses tableaux. Elle rompt son isole-ment. Dans nos campagnes désertes, rien n’interrompt la méditation si nécessaire avant toute création artistique, et

nous ne recevons que de bien faibles échos de ce qu’on peint dans les cités prestigieuses. Quant à la vie moins intellec-tuelle et plus saine qui est la nôtre, elle favorise l’éclosion de nos créations.

En 1947, une exposition lui est personnellement dédiée à la galerie Arc-en-ciel, à Paris. Les rares ventes couvrent à peine les frais. Mais le point positif en est la rencontre avec Dubuffet dont l’amitié n’était jusqu’alors qu’épistolaire. Suite à ses déceptions parisiennes, Chais-sac décide d’exposer chez lui, dans son atelier, en Ven-dée. Pour avoir le plus grand nombre possible de visi-teurs, il opte d’effectuer sa seconde expo le jour de la kermesse des écoles libres. J’avais donc fixé le jour de cette kermesse mon vernissage et comme de bien entendu personne n’est venu. Ou plutôt si : j’étais mal fichu et j’étais monté me reposer, soudain j’entends du bruit qui me fait que quelqu’un vient tout de même et m’étant précipité à la fenêtre je n’eus que le temps de voir se sauver un chien qui emportait dans sa gueule un pain d’épices que nous consommions en minces tranches pour le prolonger.

À la demande de Dubuffet, en 1948, Mademoi-selle Marot, directrice de la galerie Michel Columb à Nantes, prend en dépôt permanent des oeuvres de Gas-ton Chaissac qui, fin septembre, déménage à Sainte-Florence-de-l’Oie où Camille vient d’être nommée. La population locale, dominée par un curé sectaire et fana-

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tique, est extrêmement hostile à l’arrivée de l’institutrice de l’école laïque et à celle de son excentrique époux, de surcroit en mauvaise santé et sans ressources. À un point tel que pen-dant plus de cinq années nul ne leur rend visite et les enfants ont inter-diction de jouer avec la petite Annie. Malgré les efforts de Gaston, l’iso-lement local ne cesse de s’accentuer. Seule, Mlle Marot, qui semble avoir bien compris l’artiste, reste proche et l’expose plusieurs fois à Nantes.

À Paris, grâce à Dubuffet (Hippobosque au bocage, recueil de lettres et de poèmes de Chaissac, paru chez Gallimard en 1951) et à quelques autres, le renom de Chaissac s’installe. En 1952, le célèbre photographe Robert Doisneau lui rend visite en Vendée. Puis Gilles Ehrmann qui inclut Chaissac dans son livre Les Inspi-rés et leurs demeures. D’autres publications suivent, en particulier Gaston Chaissac, l’homme orchestre, d’Ana-tole Jacowski et les reportages de Pierre Guéguen dans Aujourd’hui. La situation professionnelle du peintre s’améliore. Des galeries s’intéressent à lui. Le collection-neur américain Morton Neuman se déplace en Vendée pour lui acheter des tableaux.

En 1961, l’école publique de Sainte-Florence ferme, faute d’élèves. Les Chaissac retournent à Vix, dans la maison vieillotte du grand-père de Camille. Gaston quitte à regret le bocage où il effectuait de grandes marches solitaires, protégé des regards par la végétation des chemins creux. A Vix, la nudité du Marais Poitevin n’offre pas le même isolement. Il peint énormément, nonobstant le manque de confort de la maison et les aléas de sa santé chancelante. Malgré quelques visites de galeristes, de journalistes parisiens, de collectionneurs et d’amateurs d’art, la solitude de l’artiste s’amplifie. Ses tableaux se vendent bien, mais les prix demeurent modestes par rapport aux tarifs de ses confrères. Il en conçoit beaucoup d’amertume, malgré un bon contrat avec Pagani qui, pour sept oeuvres par mois, lui apporte une somme appréciable. Sa notoriété franchit les fron-tières ; il expose à Florence, à New-York.

Durant l’été 1964, Gaston Chaissac tombe griève-ment malade, alors que sa femme et sa fille séjournent en Savoie. Il est hospitalisé à La Roche sur Yon où il décède quelques semaines plus tard. Le 11 novembre, il est enterré civilement à Vix.

Aujourd’hui, grâce en particulier à la générosité de Camille Chaissac et de sa fille, Annie Chaissac-Raison, un important ensemble d’oeuvres de Gaston Chaissac siège au musée des Sables d’Olonne.

Jacques Bernard

lettre à Michel Ragon

Ste Florence, le 20-8-56

Cher Confrère,

Le temps, les années passent et je ne compte même pas de zoanthrope au nombre de mes relations. C’est à désespé-rer. Pourtant, cette année, j’ai récupéré sur un tas d’ordures nétement en contrebas un de ces abats-jour de suspension que voilà à la mode et qu’on utilise parfois comme coupe paraît-il. Et mon papiers-colés le tout dernier ne contient un peu du papier d’un paquet de tabac que j’ai trouvé en bas de notre château d’eau en construction. Oui, le temps passe et me voilà avec 46 ans d’âge. Ma mère en aurait 78. Elle était née en 1878, l’année de la mort d’un ex-avoué natif de Dordogne qui régna quelque part en Amérique sous le nom d’Orélie-Antoine 1er. Il s’appelait Antoine de Tournens, avant ça. Il est donc parti pour l’autre monde 78 ans avant cette pauvre femme qui a trouvé la mort au « Petit Brochet », de Ste florence, dans un accident d’auto. Nous savons déjà que c’est une personne qui sortait rare-ment. C’est en allant au lait que je vis en passant l’auto accidentée avec son toit fort cabossé. Un groupe de gens la regardaient.

A ma sortie de ce même 19, je vis les bonnes sœurs de l’Oie en promenade puis l’instituteur de l’Oie, au café Nicou. Cet instituteur dont le fils Jean-Louis est dernière-ment rentré de colonie de vacances avec une superbe canne à pêche qu’on lui a donné pour avoir lavé la vaisselle. Ce n’est point là un outil de sycophante et on ne pouvait faire mieux comme cadeau à un enfant.

Il y a donc deux fois 78 ans depuis l’an 1800. 78 est donc la moitié de 156.

Mon papiers-colés le dernier né est d’hier. Je l’ai exé-cuté (alors que je venais de passer sur la route diabolique) au dos d’un papier électoral du poujadisme. Et outre un fragment du paquet de tabac en question, il a un peu de feuillage de la chicorée leroux, des trèfles de la chicorée Williot. Du papier vieux rose du chocolat meunier, l’in-térieur d’une enveloppe de monsieur Anatole Jakovski, un peu de l’affiche volvic et l’image d’un petit gâteau sec figure une tête.

Je m’approvisionne en papier sur la route natio-nale. C’est pourtant dan-gereux de s’y aventurer.

Recevez mes saluta-tions.

gaston chaissac

A Ste florence (vendée)

(l’orthographe et la ponc-tuation sont de Gaston Chaissac)

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Chaissac,vous avez dit Chaissac ?

On n’y comprenait pas grand-chose. D’abord, parce

que c’était mal écrit, des pattes de mouche qui ne sui-vaient pas les lignes du papier ; on en a même vu écrites en spirale ou dessinant des bonshommes. Il n’utilisait pas de papier à lettres : souvent des pages de cahier d’écolier, des fonds de boîtes de fromage ou une de ces épaisses feuilles brunes dans lesquelles les bouchers enveloppaient la viande avant l’invention des matières plastiques.

C’était en mauvais français : fautes d’orthographe, tournures incorrectes, majuscules oubliées, mots imagi-nés. Sa femme, institutrice, devait avoir grand’ honte !

Il passait d’un sujet à un autre, racontait des choses sans intérêt, celles dont on parle entre voisins mais qui ne valent pas la peine d’être écrites ou bien des choses qu’on ne comprenait pas, où il parlait de gens connus. On ne savait pas ce qu’il avait voulu dire, on était mal à l’aise, on disait bien qu’il était fou mais on se deman-dait aussi s’il ne se moquait pas de nous. On ne le lisait pas toujours jusqu’au bout ou pas du tout ou avec des copains, pour rigoler.

Il était soi-disant artiste-peintre mais il dessinait aussi mal qu’il écrivait. On aurait dit des dessins d’en-fant, des gribouillages, des personnages tout déformés. Il employait de la bouse de vache, des épluchures. Il transformait des ustensiles, des outils hors d’usage en sculptures. Il fabriquait aussi des totems qui n’étaient autres que des planches aux bords irréguliers, peintes de couleurs crues. Il peignait sur n’importe quoi : les galets autour des parterres, les volets ou les portes, le mur des cabinets de l’école...

Naturellement, personne n’achetait ses œuvres et il n’était pas riche car c’était un bon à rien. II avait essayé plusieurs petits boulots mais ses employeurs ne le gardaient jamais longtemps. Il avait voulu s’installer cordonnier mais les clients étaient rares; il faut com-prendre, avec un gars comme ça, il faut s’attendre à tout et on ne se serait pas senti honoré s’il avait transformé nos souliers en sculptures.

Cet étranger, venu de l’Yonne, ressemblait pourtant à n’importe quel habitant de Boulogne ou de Sainte-Florence quand on le voyait déambuler avec ses sabots, son vieux paletot et sa casquette, poussant son vélo. Il connaissait les villages et les villageois avec leurs occu-

pations et leurs préoccupations, leurs habitudes, leur vie. Il était capable de comprendre ceux qui le mépri-saient.

Il avait pourtant quelques clients fidèles, quelques amis sincères qui aimaient discuter avec lui ; un ébé-niste de Chantonnay avait exposé un de ses totems dans la devanture de son magasin. Si beaucoup d’enfants se moquaient cruellement, d’autres venaient peindre avec lui, écoutaient ses conseils.

On disait, dans certains milieux, qu’il n’était peut-être pas celui qu’on croyait, qu’il jouait un ou des per-sonnages, qu’il fréquentait, à Paris, des intellectuels et des artistes célèbres.

Je garde le souvenir d’une visite que nous lui avions faite après une lettre adressée à mon mari.

Camille nous avait fait participer à un goûter de fête en l’honneur d’Annie qui venait de passer le brevet des collèges. Puis, les deux artistes discutant technique, il nous avait emmenés dans une classe désaffectée, entiè-rement peuplée de totems. Un univers. Étrange, coloré, impressionnant. Il considérait leur nombre avec une certaine amertume car les acheteurs étaient rarissimes et pourtant, il aurait bien eu besoin d’argent. Michel, lui, venait de faire, à la galerie Robin, la première expo-sition vendéenne d’art abstrait. Ils avaient l’impression d’être des marginaux, mais Michel était jeune, bien portant et combatif. Gaston Chaissac était très fatigué. Je revois un homme modeste, sans agressivité, humilié depuis longtemps mais sans révolte, résigné. Il n’avait jamais rien fait pour modifier les regards portés sur lui. Il nous avait confié, ce jour-là, qu’une grande galerie de Milan projetait d’exposer ses œuvres... On avait l’im-pression qu’il n’osait pas y croire.

Les années ont passé. Chaissac est devenu célèbre, peu de temps avant sa mort. La culture a gagné les campagnes, le regard de leurs habitants a changé. Un musée lui fut consacré à Sainte-Florence et les chiottes qui puent * accédèrent au titre de latrines. Elles sont désormais visitées par les amateurs d’art.

Lydie Gaborit

*Extrait d’une lettre de Chaissac adressée à Michel Gaborit

Dans les années cinquante-soixante, on parlait, dans le bocage, d’un original qui envoyait des lettres à n’importe qui, aussi bien au châtelain, au médecin, à l’instituteur qu’à son voisin agriculteur, artisan ou commerçant et qui s’adressait à tous sur le même ton

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Principaux écrits de Gaston Chaissac :

- Hippobosque au bocage, Paris, Gallimard, 1952. - Histoires d’un vacher, illustré par Luc Duvot, préfacé par

Jean Dubuffet, Jean Vodaine, 1952. - Très amicalement vôtre, avec un texte de Camille Chaissac,

La Louvière, Daily-Bul, 1965. - Au pays de la culotte vinassouse, par Jean le Mauve, Dam-

mard, L’Arbre, 1979. - Correspondances, Soc. et Foc, 1983. - Le laisser-aller des éliminés, Trente et une lettres à Pierre

Boujut, Lettres à Jean-Claude Roulet et lettres inédites à l’abbé Coutant, Chroppnique hippoboscalienne, Plein Chant, 1979-1984.

Quelques titres d’ouvrages consacrés à Gaston Chaissac

ANATOLE JOKOVSKl, Gaston Chaissac : l’homme orchestre, Paris, Les Presses Littéraires de France.

GILLES EHRMANN, Les Inspirés et leurs demeures, textes d’André Breton et Benjamin Péret (L’Homme du Point du Jour), Paris, Le Temps, 1962.

JEAN DUBUFFET, Prospectus et tous écrits suivants, 2t., Paris, Gallimard, 1967.

DOMINIQUE ALLAN MICHAUD, Gaston Chaissac puzzle pour un homme seul, postface de Serge Vialbos (La vie dé sultoire et la désagrégation de Dieu), Paris, Gallimard, 1974.

Iris CLERT, Iris Time, Paris, Denoël, 1978.

HENRY-CLAUDE COUSSEAU, L’œuvre graphique de Gaston Chaissac, Paris Jacques Damase Editeur, 1981.

JOHANNES GACHNANG, Chaissac, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1988.

M. RAGON, Du côté de l’art brut, Albin Michel, 1996 Collectif, Les cahiers Jules Paressant n° 2, Le Petit véhicule,

1996.M. RAGON, Le regard et la mémoire, Albin Michel, 1998

(39 p. sur Chaissac).303 n° 47: Et l’âme meurtrie ébruita le silence... 1998 (14 p.

sur Chaissac). G. CHAISSAC, Gaston Chaissac vous écrit encore, Préface

de James Sacré. Editions Le Vert sacré, 2000 S. FAUGEREAU, Gaston Chaissac : environs et apartés

Somogy, 2000.G. CHAISSAC, Correspondances, Musée de l’abbaye Ste-

Croix, 2004 E. CHEVILLARD, D’attaque, Argol, 2005.Revue Dada, n° 128, L’art brut, Mango, 2007. S. FAUCHEREAU, Gaston Chaissac à côté de l’art brut, A.

Dimanche, 2007.G. B. B. DECRON, D. SEMIN et G. TOSATTO Gaston

Chaissac poète rustique et peintre moderne, Actes sud, Musée de Grenoble, 2009.

CHAISSAC, Conseil Général de la Vendée, Éditions Génomane, 1991.

Sous la direction de C. ALLE-MAND-COSNEAU, Gaston Chais-sac : 1910-1964, Réunion des musées nationaux, 1998 (Nantes, Montpellier, Charleroi).

Catalogue de l’exposition Chaissac, Ed. du Jeu de paume, 2000.

B. DECRON, D. SEMIN et G. TOSATTO, Gaston Chaissac, poète rustique et peintre moderne, Actes sud, Musée de Grenoble, 2009.

Gaston Chaissac, Homme de lettres, catalogue de l’exposition 2005 édité en 2006 par l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts et le Musée de la Poste.

Catalogues d’exposition

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© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées

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L’agriculture en Vendée au XIXème et au début XXème

25 novembre 2010 - mai 2011

Madagascar, ces liens qui nous unissent3 juillet – 7 novembre 2010

Cette exposition qui prendra place après celle consa-crée aux soldats du feu qui se prolonge durant tout l’été offrira un panorama des spécificités de l’agriculture ven-déenne. Partant de la diversité des milieux et des sols, le parcours proposé au visiteur montera les évolutions que ce domaine a connues plus particulièrement durant la seconde moitié du XIXème siècle grâce à quelques per-sonnalités éclairées et la diffusion des techniques par le biais notamment de l’enseignement agricole.

L’accent sera également mis sur les deux systèmes de faire-valoir qui se sont longtemps opposés, entre le métayage ou le fermage qui ont donné la métairie et le faire-valoir direct qui a donné la borderie, deux systèmes très différents tant en ce qui concerne la superficie des exploitations, la quantité de main d’œuvre disponible, les bâtiments et moyens mis en œuvre.

Les différents types de cultures et d’élevages seront mis en évidence avec bien sur une place particulière réservée à l’élevage bovin et aux plantes fourragères du bocage sans oublier toutefois d’autres spécificités telles que l’élevage mulassier du sud.

Convivialité, échanges, travaux collectifs sont autant de thèmes qui seront aussi abordés. Matériel agricole, documents anciens, peintures, maquettes, films, pro-jections photographiques seront ainsi réunies à partir d’un choix difficile tant le sujet s’est avéré vaste !

Comme pour chaque exposition un ouvrage de réfé-rence faisant appel à de nombreux auteurs sera édité en lien avec cet événement tandis que des animations extérieures seront également programmées.

De Gilles de la Roche-Saint-André qui planta le dra-peau français sur le sol malgache à Monseigneur Batiot qui fit construire la cathédrale de Majunga, en passant par Paul Rouleau, conseiller du premier président de la République Tsiranana, les liens qui unissent l’ïle-Conti-nent de Madagascar à la Vendée sont nombreux.

L’exposition Vendée-Madagascar, ces liens qui nous unissent sera l’occasion de découvrir une petite partie d’un patrimoine riche et sur bien des points unique au monde, à l’instar des lémuriens, de l’arbre des voya-geurs et des nombreuses variétés de baobabs ou des

pierres précieuses extraites de son sol.

D é c o u v r e u r s , scientifiques, mis-sionnaires, ensei-gnants et coopérants constituent une liste non-exhaustive des ces personnages,

historiques ou contem-porains qui ont été les acteurs des liens qui unissent la Vendée à l’Île rouge.

Cette exposition est aussi l’occasion de mettre en avant les actions menées par les associations ven-déennes, dans le cadre de l’aide au développement et à l’éducation, ou dans le cadre de l’aide aux secours civils, avec plus particulièrement le projet développé depuis 1998 par les sapeurs-pompiers de la Vendée.

Christophe Vital

Deux nouvelles expositions à l’Historial de la Vendée :

© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées

© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées

© Conseil général de la Vendée,

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le Puy du Fou au XVIIIème siècle

En début d’année, j’ai eu la chance et la surprise de faire une découverte exceptionnelle pour la connais-sance du patrimoine vendéen, il s’agit d’un petit dessin aquarelles du château du Puy du Fou. Jusqu’à présent, nous ne connaissions aucune vue représentant le châ-teau avant sa destruction pendant la guerre de Vendée. Cette œuvre très réaliste et d’une grande précision date de la fin du XVIIIème siècle, le style ainsi que quelques personnages et un phaéton au premier plan permettent de la dater assez précisément des années 1780.

Les enseignements que l’on peut en tirer sont nom-breux, plus particulièrement en ce qui concerne la façade ruinée qui sert aujourd’hui de décor au spec-tacle et dont on connaît enfin l’élévation sur 2 niveaux surmontés d’une toiture à forte pente ornée de neuf lucarnes cintrées complètement disparues de nos jours. Cette toiture compte-tenu de sa pente était à l’évidence couverte d’ardoises comme on l’a longtemps supposé de même que l’ensemble du château. L’élévation de la façade donnant sur le grand escalier était différente de ce que l’on trouve aujourd’hui. On notera enfin que la fenêtre qui donne de nos jours sur la chapelle est une création de l’architecte nantais Fraboulet qui a restauré au XIXème le château.

Quant au pavillon d’angle qui a été entièrement reconstruit par Fraboulet, on note qu’à l’emplacement de la salle des gardes, était érigée une forte tour qua-drangulaire à trois étages couronnée par une toiture pentue également en ardoises. la base de cette tour était légèrement évasée. Ce qui est très curieux, c’est cette rupture entre les deux premiers niveaux ouverts de trois fenêtres et le dernier étage qui n’en compte que deux ménageant peut-être une terrasse donnant au midi. On voit nettement que ce pavillon d’angle était en saillie par rapport aux deux ailes de part et d’autre et repo-sait sur un soubassement qui se décroche également de la terrasse dominant les prairies (l’étang ne sera creusé qu’au XIXème siècle), le principe d’un pavillon d’angle en saillie se retrouve dans des châteaux de même inspi-ration tel Ancy-le-Franc construit par l’architecte ita-lien Serlio qui fut très certainement une référence pour le Puy du Fou. Cette partie du château avait été détruite lors d’un séisme dans la nuit du 24 au 25 janvier 1799.

Quant au long édifice qui prolonge ce premier bâti-ment, il s’agit de la galerie Nord, celle qui est ornée côté cour d’arcades en rez-de-chaussée. Ce qui est sur-prenant, c’est qu’elle disposait de deux rangées de huit fenêtres séparées par une corniche, aujourd’hui seules quelques une à l’étage subsistent. Cela signifie que la galerie à l’italienne aurait été donc initialement ouverte sur ses deux façades ; on comprend que le climat du bocage ait été peu propice à ce dispositif et qu’on ait décidé de combler ces ouvertures au XIXème siècle ! Vous

La double notion d’ex-position per-manente et d ’ e x p o s i t i o n temporaire a été bannie de l’His-torial ; tout y est conçu pour se transformer.

Ainsi le musée des enfants a été dans ce concept spécifié comme un espace d’expositions de moyenne durée, c’est-à-dire qu’il a été convenu de le renouveler totalement tous les trois ans.

Après trois années d’exploitation, c’est donc chose faite, la première exposition consacrée à l’histoire de l’alimentation qui a connu un véritable succès laisse la place à un nouveau thème : les animaux de la ferme.

Le musée des enfants est un espace muséographique entièrement dédié aux plus jeunes mais qui n’exclut pas les adultes. Bien au contraire !, il est conçu comme un lieu d’échange entre les générations, les thèmes et les activités encouragent le dialogue entre les enfants et leurs accompagnateurs. Ainsi, le musée des enfants est spécialement dédié aux visites en famille.

L’objectif est d’inculquer aux enfants la notion de chronologie, de temps qui passe, à partir d’une muséo-graphie adaptée à leur taille. Il est aussi conçu pour ini-tier l’enfant au monde des objets. À la différence des autres structures culturelles déjà existantes en France, le musée des enfants de l’Historial aborde l’Histoire ; en cela il est unique !

Dans cet espace, les enfants peuvent découvrir un monde plus ou moins familier, ses évolutions et ses caractéristiques. Ils peuvent enrichir leurs connaissances et leur vocabulaire. C’est aussi une manière d’aborder le patrimoine de la Vendée, ainsi, les animaux de la ferme prennent tout leur sens dans ce département où la rura-lité est très forte.

À chaque fois que cela est possible, il est fait allusion dans le parcours aux spécificités vendéennes, de même que des témoignages de la culture locale et du passé sont évoqués (le patois, des objets de la vie quotidienne, l’architecture, les gestes…)

Les animaux n’auraient de sens sans l’homme. Le rôle de ce dernier est également évoqué et les soins qu’il leurs prodigue. C. V.

L’une des caractéristiques de l’Historial réside dans son concept évolutif. Pour la première fois en France et sans doute en Europe, un musée n’a pas été pensé comme une struc-ture figée, il s’est au contraire donné les moyens de se renouveler régulièrement

Le Musée des Enfants

© Conservation départementale des musées

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des communs, tandis qu’à gauche, dans le prolonge-ment du grand corps de logis, on trouve la maison du régisseur. Il est également amusant de constater la pré-sence d’un moulin, plus ou moins à l’emplacement de celui qui a été érigé pour les besoins du spectacle !

L’artiste dont on ignore l’identité a de manière assez adroite et équilibrée encadré son œuvre de grands chênes aux pieds desquels paissent des vaches et un cheval blanc, évoquant ainsi la terre d’élevage du haut bocage. Les personnages du premier et du second plan qui sont certainement les la Forest d’Armaillé, proprié-taires des lieux, nous renseignent par leurs tenues vesti-mentaires sur l’époque, il s’agit bien de costumes portés à la veille de la Révolution, il en va de même de la petite voiture hippomobile, sorte de phaéton en vogue à par-tir des années 1780 formé d’une petite caisse courbe munie d’un seul siège pour deux personnes et conduite pour la promenade par son propriétaire, tandis qu’une domestique en coiffe se tient debout à l’arrière et qu’un valet semble les escorter portant un étendard. Au pre-mier plan, complétant cette scène de genre un peu pré-cieuse, deux femmes et un couple en tenues élégantes conversent tandis qu’un jeune laquais abrite ce dernier sous un ombrellino. Un autre détail stylistique permet de dater aisément cette œuvre : il s’agit du muret cou-vert de lierre du tout premier plan dans la veine « rui-niste » alors très en vogue.

En conclusion, voici comment la mise à jour d’un petit dessin aquarellé peut résoudre les questions qu’his-toriens et érudits se sont posées pendant deux siècles !

C. V.

noterez enfin que la toiture était également à forte pente, ce qui laisse supposer qu’il s’agissait alors bien d’une couverture en ardoises légitimant la présence encore de nos jours de la lucarne côté cour. Par contre l’architecte n’a pas jugé bon de créer de telles ouvertures sur une façade moins visible du château. On a longtemps pensé que cette aile avait été incendiée pendant les guerres de religion et qu’on l’avait dès lors recouverte d’un toit de tuiles, cette hypothèse doit être revue aujourd’hui au regard de ce document puisque la toiture initiale était encore là à la veille de la Révolution. En revanche il est plutôt envisageable que cette partie comme la pré-cédente fut en partie détruite lors du tremblement de terre de 1799 et/ ou lors de l’incendie de 1794.

À l’arrière de l’aile Nord, on distingue la partie dite XVème que l’on trouve aujourd’hui à gauche en entrant dans la cour. Il s’agit d’un ensemble flanqué de quatre tours aux angles (il en subsiste deux côté cour, les autres ont disparu), elles sont toutes coiffées d’une toiture conique. Quant au pavillon encadré par ces tours, il est orné d’un genre d’oculus et sommé d’une croix- s’agit-il d’une chapelle ? C’est possible. Lors de sa visite sur le site en 1810, Poëy d’Avant avait évoqué « un pavillon flanqué de tours nommé le pavillon de Renaud », sans doute s’agit-il de cet édifice qui, construit au XVème, succéda au « vieux château » qui aurait été construit par Renaud du Puy du Fou, premier du nom ; le pavillon fut peut être érigé avec des matériaux de réemploi pro-venant de l’ancien château, d’où le nom qu’on lui attribua.

On distingue enfin en arrière plan ce qui devait être

© Conseil général de la Vendée, Conservation départementale des musées

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Deux recueils de Bernard Grasset nous régalent pour ce printemps 2010. Avec Contrepoints, inspiré des peintres et des musiciens, les lignes mélodiques se superposent en harmonie dans une rythmique cadrée mais naturelle, comme une eau dans le lit de son ruisseau, murmurant la vie et jouant les sens qui s’éveillent.

Le chandelier vert A trois branches Eclaire les cimes. La fontaine murmure Le retour à la paix L’infini soudain délivre.

Dans Liturgie, la prosodie très proche du clas-sique, mais libérée de toute convention, délivre un univers poétique qui s’auréole de mystère et peut-être de sacré.

Les années passent, les années de lierre-vie Amour et semis laissent la trace d’un criLe temps, l’éternité, signe de tragédie. A. P.

Poésie

Nos Sélections

7 FemmesSéverine Mahé, textes

Elackim Terbal, photographies SOC & FOC, 48 p., 12 €

LiturgieLa Grande OurseBernard GrassetÉditions de l’Atlantique, 16 €

ContrepointBernard GrassetÉditions de l’Atlantique,12 €

Ailleurs, muses d’ici,Anne PlissonneauPublibook, 40 p., 10 €

Quand l’auteur prend sa plume, ce sont des tranches de vie qui partent en bulles, qui s’élèvent avec la légèreté de la plume dans une grande agilité et une belle élégance de l’esprit. Une limpidité qui se charge, au fil des mots, d’une certaine conscience d’être, avec ses tendresses et ses douleurs, jouant des rythmes et d’une émouvante musicalité.

Alain Perrocheau

Des mots qui s’agencent, parfois dans un désordre apparent, dont la portée peut paraître malaisée à sai-sir, mais qui transpirent toujours, à la longue, au bout des nombreux pas que suscite la marche des mots, l’émotion d’une féminité. Les superbes pho-tographies d’Elackim Terbal font miroir aux poèmes et y ajoutent les singularités de ces 7 femmes.

sans regardsun abripour s’entraîner avec soià être avecles autres.

avoir un espace viergeun local anonymeoù le je arrive sans détour

La pensée fait ses gammesEt les doigts impatientss’agitent sous la plume.»

A. P.

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Les Îles impossiblesoude l’autre côté du FleuveMonique Guibert-BécotThe Book, 92 p., 15 €

OuvertureBernard ThouzeauPublibureau, 66 p., 12 €

Premiers pasBernard ThouzeauPublibureau, 72 p., 12 €

Tisser les mots avec une infinie minutie jusqu’à retrouver la trame de l’amour au travers des rêves aussi bien qu’au travers des éléments du quotidien, pour atteindre l’essence même de la lumière. Entre pudeur et convoitise apaisée s’écoulent

Juste quelques mots en voyage Qui se posent incidemment sur le gris de la vie Et me laisse en oubli Ces quelques lignes sur la page. A. P.

Quand les déesses étaient celtesFrançoise BidoisFrancebiche, 42 p., 15 €

Ce recueil réalise une heureuse alchimie entre des espaces légen-daires, ceux de la mythologie celte, heureusement

revisitée, et ceux d’une prosodie classique où les rimes et les formes fixes comme le sonnet reprennent leurs pleins droits. Quelques dessins aux formes et aux couleurs naïves accompagnent l’ensemble.

Couronnement serein de ta dextérité Car il sera toujours pour toi grande importanceDe ménager les lois et garder l’abondance. A. P.

Le petit moulin de ChâtauneufAndrée Boivin

Utilisant une technique qui confère au recueil un certain humour, l’auteur utilise la calligra-phie pour souligner des doubles

sens et des sous-entendus, parfois difficiles à déchif-frer, parfois un peu répétitifs. Le recueil s’illustre de jolies photos qui ajoutent à la malice de l’ensemble.

E-vie-d’amant qu’ON est toujours en quête de V-en-Tavec D de-moi-z’elles descend-dans très bas.Mais le M-eu-nier, qui sait que du vent vient du couche-en,dit : «Elle ramasse une poule, La Pierre !»

A. P.

Bernard Thouzeau nous présente deux livres de poésie, non illustrés, dont la lecture nous captive peu à peu.

Premiers pas nous révèle un être sensible et qui a besoin de livrer ses émotions au fil des jours, ses 66 poèmes sont variés.

Ouverture est différent, il affirme qu’il est néces-saire de se comprendre soi-même pour mieux côtoyer les autres.

Au fil des pages il se dévoile, c’est une lecture qui vous entraîne ainsi dans une certaine nostalgie bien élaborée. Anny Launay

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Nouvelles

Amours, délices et tragédiesBernard BrunelièreDurand-Peyroles, 138 p., 15€

Félon à Rhodes, sanguinaire à la Guadeloupe, infidèle à Madagascar, en cage à Nantes ou pour

Aigues-MarinesChristoph ChabirandOrphie, 160 p.

Le second livre de Christoph est de la même veine que le pre-mier. Un style toujours aussi alerte pour des histoires, souvent

Un livre qui porte le sous-titre de Contes et nouvelles, et où le thème de la rencontre, la décou-verte de l’autre, est d’une impor-

Internet et NetFrançoise BidoisÉdilivres, 128 p., 14 €

Régine Albert nous avait donné Les Pierres de Sucre, il y a 20 ans : un recueil de nouvelles que les lecteurs de l’ouest avaient dégustées sans modération. Voici qu’elle nous revient avec Les Nouvelles Pierres. Le ton est

Les Nouvelles Pierres de SucreRégine AlbertÉcho-Optique, 128 p., 14 €

Noirmoutier, traître à Londres et triomphant en Vendée, Arlequin jettera peut-être un jour sa plume à Capoue pour que les délices l’emportent sur la tra-gédie.

Plurielles, colorées, suaves, épicées, décidées sont tour à tour ses amours ; contrariées toujours. Le chant des sirènes, douce mélopée, sourde com-plainte ou incantation sauvage, nous vient du large et des îles de la tentation. Notre chantre lui fait écho, barde inspiré ou malicieux troubadour. J. R.

courtes, parfois très libres, toujours aussi extraordi-naires, qui vous donnent le sentiment qu’elles ont été vécues, que ce sont des confidences...

C’est aussi la description du monde très coloré de La Réunion, à découvrir ou à retrouver, une île française exotique, mythique, magique, tragique, épique...

...idyllique. J. R.

tance majeure. De l’ensemble, ressort une histoire le Journal d’une rupture, rencontre insolite et pour-tant de plus en plus moderne par le biais d’Internet. C’est l’occasion d’utiliser divers types de messages : le courriel, la lettre traditionnelle, le récit classique et même le poème. Ils peuvent tous mener au tra-gique. A. P.

le même. Ce sont des histoires de la vie ordinaire, souriantes, grinçantes, voire tragiques, comme les femmes (seulement ?) s’en racontent en prenant une tasse de café. Elles nous emmènent de Vendée en Russie, jusque sur les routes du Laos. Elles sonnent juste. On y entend des tournures du pays. On voit passer la silhouette de tante Madeleine. Des instants glanés au fil des jours. Nul doute que ces « Nou-velles Pierres » devraient adoucir encore nos potions quelquefois amères. (Préface de Gilbert Prouteau) Y. V.

Une vie de chien...HeureuxRaynaldine RidelÉditions de l’officine, 38 p., 12.50 €

Jeunesse

Raynaldine Ridel nous offre son troisième recueil, à l’image des précédents, dans la douceur de sa vie quotidienne et de celle de son chien. Ils sont

seuls mais vous invitent à partager les heures heu-reuses qu’il égrènent ensemble. Les mots, les phrases et les dessins s’harmonisent tout naturellement et transmettront leur quiétude à nos jeunes lecteurs qui auront bien de la chance s’ils peuvent se les faire lire par leurs grands-parents le soir pour s’endormir ou les matins de vacances pour se lever du bon pied !

J. R.

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Jeunesse (suite)

Le secret de la ChabotterieFrançis BergeronÉditions du Triomphe, 96 p., 12 €

Le secret de Françis Bergeron, c’est de monter une petite histoire

William POIRE 4,Le retourJean-Claude LumetÉditions du Petit Pavé., 300 p., 18 €

Déjà, l’auteur est enthousiaste, et communicatif. Les fans vont se précipiter pour une petite resucée des exploits de William et avoir, en

dans un lieu très connu, une petite histoire pour un clan de tout jeunes enfants qui découvrent ce lieu, son histoire, ses héros et y démasquent de méchants trouble-fête aux allures patibulaires.

Cela fonctionne très bien et participe à la noto-riété de nos sites touristiques. Bienvenue donc au clan des Bordesoulles qui, après la plage de Boisvi-net, visite cette année la Chabotterie. Pour les tout jeunes. J. R.

fin de livre, quelques explications sur la genèse de cette aventure qui fait la joie de tous les potaches.

C’est en fait un style et un esprit parfaitement adaptés au sujet, ce qui ne surprendra pas chez un professeur devenu, comme son héros, l’amuseur n° 1 de ses congénères en son lycée.

Les fauves sont lâchés, la piste, ouverte, laissez fuser les rires, le clown n’est pas triste. J. R.

Publié en 1954 dans la célèbre collection Signe de Piste, le roman de jeunesse d’Henri Bourgenay, reparaît dans une nouvelle édition, avec une préface de Dominique Souchet. La préface originelle était signée de Louis Chaigne. C’est l’histoire romancée d’une bande de jeunes, volontaires dans les troupes insurgées contre les Bleus.

Ils combattent avec fougue sur les traces de

Sang et OrHenry BourgenayÉditions de la Licorne, 260 p., 12 €

Monsieur Henri, héros mythique du soulèvement et modèle idéal d’une jeunesse exaltée et ivre d’hé-roïsme. Panache, grandeur d’âme, nobles senti-ments, espoirs insensés et accablements dans l’hor-reur et la défaite accompagnent les héros du Bocage Vendéen à Nantes et au Parc Soubise, en passant par Londres.

Un dossier et une chronologie complètent ce roman plein d’allant et de beaux sentiments où l’on ne cherchera évidemment pas les éclairages plus récents d’une Histoire mieux comprise, ni l’objecti-vité la plus parfaite. Belles illustrations d’un artiste vendéen, Bernard Dufossé. Dominique Souchet insiste justement sur le pardon des Vendéens qui n’a rien à voir avec l’oubli. G. B.

Régionalisme

Nicolas HaxoYannick GuillouÉdisto, 292 p., 21 €

C’est un Vosgien, du même pays qu’Haxo, qui a écrit cette biogra-phie sur le plus populaire des géné-raux Bleus durant la première guerre de Vendée. Mais Yann Prouillet sait se montrer sans parti-pris sur l’histoire de ce soldat de la République tué aux Clouzeaux, dont la légende se mêle à celle de Charette. Car le général Nicolas Haxo, qui a gagné son grade lors du terrible siège de Mayence, poursuit le général blanc depuis plusieurs mois, à Bouin, Noirmoutier, Machecoul, Touvois Palluau et Beaulieu-sous-La-Roche. Et il croit tenir le

lièvre dans son gîte, en mars 1794, aux Clouzeaux, près de La Roche-sur-Yon. Mais il ne recevra pas à temps l’aide de Turreau, autre général (qui, lui, se déshon-norera en devenant tueur de femmes et d’enfants avec les Colonnes infernales). Du coup, le piège se referme sur le soldat vosgien qui tombera héroïquement, en un singulier combat contre des Vendéens de la troupe du général Joly, aussi redoutable que Charette. Ce dernier, qui n’aimait pas Joly et qui estimait Haxo comme un adversaire à sa mesure, aura ces mots: c’est bien dom-mage d’avoit tué un si brave homme.

C’est la première vraie biographie sur Haxo. Écrite avec soin et style, elle constitue un document de pre-mier choix dans la prolifique histoire littéraire consa-crée aux Guerres de Vendée.

Philippe Gilbert

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La petite MaraîchineRégine PelloquinÉditions Geste, 375 p., 22 €

Bien que les noms des person-nages et des lieux soient pour la plupart inventés, pour préserver l’anonymat de ceux qui ont inspiré son roman, Régine Pelloquin nous assure que l’histoire qu’elle raconte est vraie. Une

histoire qui ressemble à un témoignage. Le récit de l’amour d’une petite fille pour ses grands parents et pour le pays maraîchin auquel elle demeure telle-ment attachée. Un livre fait de mots simples, ceux du langage de tous les jours et qui viennent directe-ment du cœur.

Régine Pelloquin a vécu enfance et adolescence dans uns ferme familiale du Marais de Monts. Bien que très attachée à la vie rurale, elle quitte à 19 ans son marais natal pour devenir une... Vendéenne de Paris. Aujourd’hui, elle exerce la fonction d’assis-tante dans une petite société. J. B.

Expressions maraîchinesJean-Claude PelloquinÉditions Geste, 368 p., 16 €

Nouvelle édition de ces expressions maraîchines hautes en couleur. Présentées dans l’ordre alpha-bétique du mot principal, elles se lisent comme de petites histoires, très courtes ; autant d’évocations savoureuses de la vie maraîchine.

jhàu saréiz vous poules, mun jhàu ét d’épave. ou : le jhàu at chiai den l’échuéle.(le jhàu est un coq, pour le reste, explication chez

l’auteur, ou dans toutes les bonnes bourines). J. R.

L’histoire d’un fils de cheminot qui voulait être cheminot et qui a fini par être enseignant, poète et écrivain... Les trains, donc, traversent toute sa vie et ses souvenirs émergent dans les cahots des voitures de troisième classe et plus tard, beaucoup plus tard, dans le confort ouaté d’un TGV qui flirte avec la Loire.

Comme les curés et les facteurs, les chefs de gare et leur famille étaient des nomades, déménageant au

Trains de vieGérard GlameauÉditions Geste, 178 p., 22 €

bout de quelques années d’une maisonnette à une autre maisonnette. Toutes pareilles, avec les bar-rières, la salle d’attente, le logement et le jardin sur la pente du talus des voies.

Gérard Glameau raconte ainsi avec beaucoup de sensibilité le voyage initiatique de son enfance, depuis La Mothe-Achard jusqu’à Donges, en pas-sant par le Maine-et-Loire et... Aizenay où il a décidé de poser ses bagages et de servir le livre avec une passion très organisée. Les petites gares rurales de son enfance ne voient plus passer les trains. Elles demeurent pourtant bien présentes dans nos pay-sages, comme un signal familier qui rappelle encore les douceurs et les duretés des années cinquante. G. B.

La RochejacqueleinThérèse RouchetteÉditions CVRH, 128 p.,15€

Monsieur Henri est sans conteste l’icône des guerres de Vendée. Jeune, beau, intrépide, généralissime à 21 ans, tué quelques mois après, au retour de l’épou-vantable Virée de galerne, il fut l’exceptionnel meneur d’hommes d’un combat juste et désespéré. Thérèse Rouchette, auteure des biographies de Charette et de

la duchesse de Berry, dépasse ici l’image sublimée de l’archange de la Durbelière.

Henri de la Rochejaquelein est d’abord un fidèle qui voit s’écrouler autour de lui le monde des certi-tudes : Dieu, l’honneur, le Roi. Comme bien d’autres chefs vendéens, les paysans le supplient de se mettre à leur tête, le 2 avril 1793. C’est d’abord le temps flam-boyant des victoires: Les Aubiers, Cholet, Thouars, Saumur... Puis les défaites et l’anéantissement, la mort à Nuaillé le 28 janvier 1794.

Ce nouvel ouvrage de la collection Les indispen-sables, richement illustré, explique aussi pourquoi la figure du jeune héros survit tout particulièrement dans l’Histoire. Qui sait ce qu’il serait devenu ? s’est demandé Napoléon. G. B.

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Régionalisme (suite)

Fontenay-le-Comteville RenaissanceRobert AujardFrançois-Xavier GreletGeste, 176 p., 25 €

Très beau livre que ce Fontenay-le-Comte. Un guide bien conçu, bien présenté ; juste ce qu’il faut de texte, mais le texte qu’il faut, de très belles photos, même si Serge Bauchet pourrait trouver à redire sur quelques verticales plutôt obliques, un documenta-tion fouillée et choisie font de ce livre un livre d’art et de culture. Les Vendéens vont pouvoir revisiter leur ancienne capitale, redécouvrir tous ses trésors, et peut-être décider d’y revenir... un peu plus que le temps de la lecture. J. R.

La Vendée d’AntanNathalie BarbeHC éditions, 144 p., 28.50 €

Les albums de cartes postales anciennes sont légion et souvent sans grande valeur ajoutée... Ils satis-font les collectionneurs et les nostalgiques. On a plai-sir à saluer ce très bel ouvrage dense et joliment mis en page. Il explore la vie quotidienne au début du XXème siècle sur les côtes, dans les villes et les campagnes vendéennes. Les archives municipales des Sables-d’Olonne, le musée de l’abbaye Sainte-Croix et la

Société d’histoire du pays challandais ont mis à dispo-sition leurs précieux fonds iconographiques. L’ouvrage fait la part belle au littoral et aux villes, négligeant quelque peu la vie des campagnes, largement prépon-dérantes à cette époque. Mais certainement beaucoup moins photographiées...

Chose rare - et donc remarquable - dans ce genre d’ouvrage, le texte de Nathalie Barbe, journaliste et Sablaise d’adoption, agréable à lire et très documenté, apporte des explications et des commentaires, une mise en perspective très intéressante. Un joli cadeau et une belle occasion de regarder et de comprendre, au fil des visites, ce qui a changé en un siècle dans notre Vendée. G. B.

créé le Bois, les architectes des premières maisons balnéaires, les grands artistes, peintres et écrivains qui ont fréquenté les lieux, pour en arriver à l’âge d’or des villas et à l’essor balnéaire. Tous les chalets y sont décrits avec leur histoire, tous les proprié-taires y sont présentés avec leurs familles, les temps de guerre, de paix, de dévastations naturelles, de protection des sites. C’est un travail considérable illustré de nombreuses photos souvent inédites et de reproductions des peintures que le Bois a inspirées aux artistes.

C’est l’histoire culturelle, sociale, économique et touristique de ce bout de l’île, c’est l’envoûtement de ce Bois de la Chaise que l’auteur décrit avec passion. C’est un ouvrage de référence pour les chercheurs et les historiens, c’est un ouvrage de rêve pour les amoureux de ce petit paradis. Claude Mercier

Voilà un livre qui fera date dans l’histoire de l’île de Noirmoutier. A l’initiative de l’Association pour la Protection du Bois de la Chaise, Patrick de Ville-pin, docteur en histoire, s’est attaché à l’histoire de ce site idyllique de l’île et en a fait un grand-oeuvre. Partant des druides et de leur légende, des grandes figures comme Saint-Philbert et les trois Jacobsen, il présente les pionniers et les vieilles familles qui ont

Le Bois de la ChaiseLe petit Éden de l’île de NoirmoutierPatrick de Villepin avec la collaboration de Marine Mondelot et Henri Tillette de Clermont-TonnerreVendée-Patrimoine, tomes I et II, 740 pages

Guide de la Vendée pro-testantePoitou Saintonge ProtestantÉditions Geste,64 p.,15€

Pour découvrir le patrimoine pro-testant de la Vendée, à travers 12 balades : Mouchamps, Moncoutant, Sainte-Her-

mine, La Chaume, etc... Avec d’intéressants élé-ments historiques concernant la réforme en Bas-Poi-tou, les Guerres de Religion, les protestants dans la Vendée Militaire et une «plongée» de 400 ans dans des lieux chargés d’Histoire. Une mise en page dy-namique et de nombreuses illustrations.Les amateurs d’Histoire régionale, quelle que soit leur confession, apprécieront.

J. B.

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Voyages

La Vengeanceen héritageCatherine Girard-AugryL’HARMATTAN, 254 p., 24.50 €

Ce roman policier et rural se déroule dans les Mauges, un pays tout proche de la Vendée, habité par les mêmes tra-

Les amants de PachacamacJean-Michel AdrienThélès, 208 p., 15.80 €

Philippe Gilbert l’écrit dans « Ouest-France », ce livre est une splendeur, d’une plume nerveuse, inspirée. Construite comme un polar,

ditions, les mêmes comportements et le même art de vivre ensemble dans la quiétude des villages. A Montvallon, celle-ci est vite troublée par l’assassi-nat sauvage d’Audrey, puis par un second meurtre étrangement semblable au premier.

Catherine Girard-Augry mène avec talent enquête policière et introspection, sur fond de vieilles querelles de famille et de superstitions. Des longueurs, parfois inutiles, étirent un peu trop ce bon polar qui aurait sans doute gagné à plus de ner-vosité. G. B.

Escales, raids et MissionsJacques ArrignonÉdilivre, 335 p., 20 €

Après avoir narré son par-cours d’ingénieur forestier, Des volcans malgaches aux oueds algé-riens, Jacques Arrignon, auteur aussi d’Une enfance vendéenne, du côté de Mareuil-sur-Lay, raconte ici quelques-uns de ses souvenirs de missions. Il emmène ses lecteurs de façon très personnelle en Israël, au Québec et à Terre-Neuve, en Iran, en Côte d’Ivoire, en Argentine et en Chine. Et dans bien

d’autres pays. Ces carnets de route professionnels informent sur le travail des agronomes globe-trot-ters, experts internationaux qui planchent sur les rivières à saumons, l’élevage des poules ou celui de l’écrevisse en Nouvelle-Calédonie.

Davantage que les descriptions touristiques ou les avatars personnels de ces voyages au long cours, on s’intéressera aux rencontres inattendues avec les populations locales et les anecdotes, parfois saugre-nues, qui émaillent les savantes conversations des très sérieux groupes d’experts. Jacques Arrignon par-tage ce qu’il y a a pour lui de plus précieux dans les voyages : les sensations et les émotions du moment. G. B.

l’aventure démarre avec la mort d’un rebelle dans une fusillade et nous entraîne avec une étonnante aisance sur les hauteurs des Andes. Le chassé-croisé entre plu-sieurs personnages est intense, notamment entre le très intéressant colonel Diaz et Paméla la veuve du rebelle, celle qui ne voulait que rechercher ses racines péru-viennes et se retrouve en danger de mort.

Jean-Michel Adrien a reçu le Prix Corto Maltese pour son premier livre, on est en droit d’attendre avec une grosse curiosité la sortie de son prochain livre pour voir se confirmer un réel talent de romancier, ajoute Philippe Gilbert.

Sentimental parce que son auteur, très impliqué dans la vie associative olonnaise, est un amou-reux de sa ville, fantaisiste parce que sa centaine de notules relève de

Petit dictionnaire sentimental & fantaisiste des Sables d’OlonneMichel BrossardBeaupré, 216 p., 15 €

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Editionsde Beaupré

Dans son Petit dictionnaire sentimental et fantaisiste des Sables d’Olonne, Michel Brossard nous révèle des lieux mythiques ou secrets, des personnages célèbres ou inconnus, des adresses

rares et des recettes locales, des souvenirs de plage et de Remblai.

Dans son univers sablais, de l’Artémis à Xynthia, du Festival Simenon au Vendée Globe, du Pierrot au Grand Café de la Plage, le lecteur vogue de mot en mot, de venelles en ruelles, de drames en fêtes, de femmes du monde en aventurières, de peintres en romanciers, de terrasses de cafés en jardins d’hôtels, de grands trois-mâts en yachts d’artistes. Des lieux disparus - le Casino des Bains de mer, le Royal Palace Hôtel - rouvrent mystérieusement leurs portes. L’ombre de Maigret se découpe sur les façades des villas du Remblai. Alfred de Musset réclame un quai à son nom. Nina d’Asty édifie une luxueuse villa à la Pironnière. Cela fourmille de personnages, cela vibre de couleurs et de poésie, cela claque parfois comme un sabot You-You sur le pavé du port, cela coule comme les jours heureux de notre jeunesse sur la « plus belle plage d’Europe ».

Auteur vendéen, Michel Brossard a écrit en 2008 un ouvrage sur « Les Maisons d’Armateurs des Sables d’Olonne ». Il préside l’Association pour la Protection du Patrimoine du Pays d’Olonne.

Prix : 15 € TTC France

ISBN : 978-2-919154-00-5

Editions de Beaupré

MichelBrossard

Petit dictionnairesentimental

& fantaisistedes Sables d’Olonne

Michel Brossard

Couverture : Plage des Sables d’Olonneau remblai quadrillé, 1933, par Albert Marquet.Collection Musée de la Ville de Poitierset de la Société des Antiquaires de l’Ouest.© Adagp, Paris 2010© Musée de Poitiers, Christian Vrignaud

l’inattendu, ce petit dictionnaire est à l’image de son concepteur : il allie humour, efficacité et indignation. Très britannique, bien que l’Anglais ait longtemps été l’ennemi héréditaire des Sablais, Brossard relève avec un sourire en coin les petits travers, souvent sympa-thiques, de ses concitoyens. Sous un format réduit, il accumule une encyclopédie de renseignements et d’anecdotes. Sortant de sa réserve habituelle, il pousse des coups de gueule contre les prédateurs qui s’achar-nent depuis des décennies à défigurer un patrimoine séculaire. Un livre distrayant qui donne à réfléchir.

Michel Chamard

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Policiers

SidonieJoseph ViolleauÉditions Almathée, 82 p., 10 €

Pierre Deberdt

Roman

Code Stéphane

Éditions Les Chantuseries

Pierre Deberdt est né à Charleville. Son père était Flamand, sa mère Wallonne. Jeune, il a été marqué par l’atmosphère de la forêt ardennaise et la chaleur de la vie dans le Nord de la France. Admirateur des peintres impressionnistes et amateur de jazz, il est, depuis 37 ans, vétérinaire en Vendée, au Poiré-sur-Vie. Un métier qu’il a choisi par amour de la science, de la nature et des animaux.

Qui est Stéphane ? Les indices s’accumulent. Un cheveu trouvé, un livre emprunté, le mystère d’une suite mathématique... Lorsque Jérôme aura percé ce mystère, il suivra son intuition, malgré les mises en garde de ses amis, de la police. Code Stéphane est le roman de l’inattendu dans la vie. L’inattendu dans la découverte de l’autre. C’est aussi un touchant roman d’amour où les personnages se cherchent depuis l’île d’Yeu et Challans, Nantes, la Bretagne et les forêts de la Creuse. Rien ne les arrêtera. Heureuse-ment, Bastet veille.

Pierre Deberdt dépeint ses personnages avec bonheur et connivence : il les aime avec passion et nous les fait aimer, malgré leurs contradictions. Il est aussi un peintre de la nature. Il nous fait découvrir les parfums et les couleurs des sous-bois en hiver, quand l’essence des arbres devient l’essence de la vie.

Bertrand Illegems

ISBN : 978-2-9535472-0-7

Prix : 18 €

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On ne meurt jamais par hasardJean-Luc LoiretÉditions Geste, 390 p., 15 €

Jean-Luc Loiret nous livre un roman policier où la mort s’invite

à plusieurs reprises dans un cercle formé par quatre couples d’amis et sème la perturbation dans la ville. Derrière une sérénité de façade se cachent bien des passions insoupçonnées. Le style tendre et rythmé est émaillé de citations du policier philosophe chargé des investigations. Saura-t-il démêler les fils de cette enquête en allant au-delà des apparences ?

Premier Prix du salon des arts et des lettres. Eveline Thomer

Vous aviez Clochemerle, vous aurez le bourg de Sidonie, quelque part en Vendée ou ailleurs, son chat, son maire, ses sœurs, avec une enquête policière et une intrigue amoureuse. Tout cela pour un bout de gras, un bout de terrain qui déchaînent les convoitises et révèlent les mœurs et les comportements à l’échelle d’un village.

L’auteur promet d’autre tomes, et un suspense de plus en plus exaltant. Je tremble pour Sidonie ! J’espère qu’il ne la malmènera pas trop ! J. R.

La chute d’un flic poitevinJean-Luc LoiretÉditions Geste, 458 p., 12 €

J’ai dévoré le second livre de Jean-Luc Noiret. Nul doute qu’il récoltera aussi un prix quelque part.

J’ai apprécié le style, rigoureux

comme l’enquête. Tout s’enchaîne, nous entraîne et nous captive. Vous n’êtes libéré qu’à la dernière page, comme les suspects. votre souffle sera plus long à reve-nir !

Pas de fioritures, tous les mots comptent ; vous les scrutez tous, de peur qu’un indice ne vous échappe.

Beaucoup d’imagination, de construction et d’in-novation pour une série à ne lâcher sans aucun pré-texte ! J. R.

Humour et fantaisie, nous confie Bertrand qui s’amuse et nous amuse franchement, en

donnant de l’envergure à des personnages et des paysages familiers. Rythme allègre et soutenu pour

une enquête éclair. Il ne faut pas se fier aux apparences, nous lâche encore notre nouvel éditeur, qui peut ainsi nous surprendre à chaque page et nous dévoiler les dessous de faits-divers que seuls des béotiens attardés pourraient croire anodins. L’ombre plane ! J. R.

Bertrand IllegemsRoman

L’ombre chinoise

Éditions Les Chantuseries

L’ombre chinoise est le quatrième roman

que signe Bertrand Illegems. Un roman qui

distille la fantaisie dans le genre polar.

Après trente-cinq années passées comme

journaliste dans la presse quotidienne

régionale, Bertrand Illegems a trouvé, dans

l’écriture romanesque et théâtrale, puis

dans l’édition avec la création des éditions

Les Chantuseries, matière à nourrir sa passion

pour les mots, les images et les gens.

Quoi de plus tranquille qu’une maison de retraite ? Pourtant, c’est

là, aux Herbiers, à la maison de retraite des prêtres, le Bouchot, que

le drame éclate. Disparitions. Trafi cs. Cabinet secret. Explosions. Les enquêteurs

y perdent leur latin.

Cette histoire débute la nuit du 12 novembre, en pleine tempête.

Les événements s’enchaînent, tambour battant.

L’ombre chinoise plane.

ISBN : 978-2-9535472-0-7

Prix : 15 €

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L’ombre chinoiseBertrand IllegemsÉditions Les Chantuseries, 160 p., 15 €

Jérome embarque à Fromentine sur le bateau pour l’île d’Yeu où il va assister au mariage de son amie, la pulpeuse Catherine, et de Stéphane. Mais quand les gendarmes frappent à la porte de

Stéphane et demandent une Stéphane ou Stéphanie Leguen, les choses se compliquent. Qui est vraiment Stéphane ? Le mariage a bien lieu. Mais Jérôme va mener son enquête, qui va le conduire jusque dans la Creuse profonde, à la recherche des secrets intimes qui meuvent les êtres. Ce roman, plein de rebondis-sements, est une belle et émouvante enquête au cœur des hommes. Parlant de rebondissements, une chatte, Bastet y joue un rôle non négligeable. On n’oublie pas que Pierre Deberdt est vétérinaire et que la psycholo-gie animale n’a pas de secrets pour lui. Y. V.

Code StéphanePierre DeberdtÉditions Les Chantuseries, 272 p., 22 €

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Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 3535

Romans

L’enfant, le Verdon et la PrairiePatrick Durand-PeyrolesLa Découvrance, 190 p., 17 €

William Kassenefet le vaisseau truquéPatrick Durand-PeyrolesLa Découvrance, 196 p., 17 €

Les Trois FrèresRobert AudidierDe Borée, 374 p., 20 €

Une bulle de verredans l’or noirStéphane LoiseauLes 2 encres, 242 p., 20 €

Robert Audidier a déjà publié Le voyage de Pierre Angibaud et Les sentiers de traverse. Il récidive avec ce roman de terroir en temps de guerre sur la ligne de démarcation. Justin, Clément, René, trois frères, aident des Juifs à passer en zone libre. Et puis va arri-ver Marinette, qui va être comme un coin dans la fratrie. Lequel préfère-t-elle des trois ? Maupassant mêle ses vers nostalgiques à l’intrigue : La grande plaine est blanche, immobile et sans voix. Ça se ter-mine par : Tu sais…, je ne suis pas venue pour ta mai-son. Je suis venue pour toi. De qui s’agit-il ? Y. V.

Stéphane m’a donné son livre et l’article que Sté-phanie Hourdeau lui a consacré dans Le journal du Pays Yonnais. J’ai lu le livre, puis l’article, enthou-siaste, comme moi. Notre journaliste se réfère à Georges Orwell, Aldous Huxley, René Barjavel, Jules Verne, Philippe Ehly et Gattaca ; on peut rajouter Candide et Leibniz.

Certains se contentent béatement du monde qui les entoure, d’autres en imagine d’autres, Stéphane Loiseau les fait se mélanger, notre monde devient fantastique et l’imaginaire rejoint le réel. Tout cela aux rythme et style d’un polar bien écrit. Attention, vous risquez d’adorer ! J. R.

À l’abordage ! Notre jeune héros mène une double vie, celle de ses rêves, dès qu’il monte au grenier, et la vie ordinaire d’un jeune collégien de La Rochelle.

C’est très bien amené, le grenier, avec ses objets disparates, hétéroclites, et déjà un monde fantas-tique. L’imagination de notre gamin s’enflamme aussitôt et combat des pirates sanguinaires, sauve sa sœur ravie, détenue à fond de cale.

C’est très juste. Il en est peut-être qui n’ont qu’une vie, ce ne ne sera pas le cas de William et de ses lecteurs ; tans pis pour ceux qui ne savent ni voler ni voguer. J. R.

Patrick Durand-Peyroles est un nouveau venu dans l’édition et dans l’écriture. L’enfance, l’imma-ginaire, l’évasion, le merveilleux, tout cela va de pair et met un peu de fraîcheur dans le cœur.

Fraîcheur et profondeur, au-delà de l’histoire, un regard discret et clair sur les événements, les croyances et les forces qui jalonnent, ponctuent et déterminent peut-être nos existences. J. R.

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Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 201036 36

Ma paroisse.comOlivier Gaignet250 p., 18 €

À l’heure ou l’Internet menace le livre, il peut arriver aussi qu’il lui donne naissance... Le blog d’Oli-vier Gaignet, le curé-doyen de Fon-tenay-le-Comte, est ainsi devenu un livre. Le premier recueil rassemble 272 billets, lancés sur la Toile entre novembre 2007 et sep-tembre 2008. Le second, plus étoffé encore, vient de paraître. 250 à 300 internautes lisent chaque jour le blog du curé, constituant ainsi la « paroisse invisible », le peuple « hors les murs ». Pas de différence en effet pour Olivier Gaignet entre la Bible et le journal, la

chaire et l’ordinateur. Dans ce livre de méditations qui est aussi un lieu de prière, le curé de Fontenay commente la Bible et le message de l’Église, mul-tipliant, au hasard des rencontres et de l’actualité, les thèmes et les approches. Il parle de la paix et des droits de l’homme, de la santé et de l’accueil de l’étranger, des solidarités, des femmes et des prêtres, du dialogue des religions, du monde et du Pays de Fontenay, de l’art et de la politique.

Ces « billets d’humanité », toujours originaux et pleins d’humour, révèlent l’attachante personnalité d’un homme de Dieu, plongé au cœur du monde, pétri de sa terre vendéenne, mûri dans les missions du Mali. Et convaincu qu’il est aussi utile, sinon davantage, de parler de la Foi dans les bars et sur la toile qu’au micro de l’église paroissiale... G. B.

Essais

Romans (suite)

La mémoire effacéesur les pas deRichard Cœur de LionAnnie PlaitGeste, 310 p., 18 €

Est-ce cette maison dite hantée qui va propulser Amélie avec son chevalier Raoul dans l’aventure de cette troisième croisade et le sillage de Richard Cœur de Lion ? Ou Amélie n’est-elle qu’une réincarnation de la belle Emmeline du temps des croisés ? Dans ce cadre historique excessif et passionné, Annie Plait promène ses personnages à travers un dédouble-ment psychologique et une histoire d’amour inso-lite, avec une plume empreinte de connaissances et de merveilleux.

Claude Mercier

Dès la première page, on est en plein mystère, en plein suspense : où est le père de Lysia, de Marion et de Louis, disparu il y a dix ans sans laisser le moindre indice ? Qui est cet inquié-tant voisin solitaire sur le compte duquel on raconte les pires ragots ? Tandis que sa mère est mourante,

Une longue absenceÉveline ThomerGeste, 240 p., 19€

Lysia essaie de savoir, de comprendre. C’est l’histoire d’une attente, pleine de sombres pressentiments. Un jeune et lumineux commissaire cherche la vérité. Lysia suit son intuition, même lorsque cela semble déraisonnable et dangereux. Les paysages, décrits avec minutie, justesse et sensualité, composent une atmosphère où elle perçoit des messages. La nature et le temps sont des personnages, très présents, qui entretiennent le suspense. Une histoire d’amour se mêle à cette recherche. Les mystères trouvent leur explication alors que les sentiments les plus contra-dictoires atteignent leur paroxysme.

Lydie Gaborit

Passé, sous silenceou le journal d’un appeléBernard NicolasRichelieu, 285 p.,

Publié à compte d’auteur, avec une préface de Joël Gaucher, cet ouvrage restitue le journal d’un sergent appelé de 22 ans, durant la guerre d’Algérie. Il sert le devoir de mémoire de ces

jeunes gens projetés dans un monde étranger et hos-tile, et dans une guerre qui a honte de son nom. Au-delà d’un récit forcément répétitif, Bernard Nicolas restitue très exactement leur vie quotidienne, dans la peur permanente et l’attente insupportable du retour, toujours reculé, auprès de sa fiancée et des siens. Il ne tait pas son écœurement, ni son impuis-sance, face aux « corvées de bois », en réalité la mise à mort d’autres hommes, parfois innocents, ordon-née par certains officiers sans foi, sans honneur et sans loi.

G. B.

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Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 2010 37

Autres ParutionsEt si c’était vrai ?Gérard Robert CormyPlancher, 210 p., 26 €

Les dernières racines de «NOAH»Gervais Jousseaume250 p., 26 €

OxylonJeamie AudgerLes 2 Encres, 186 p., 17 €

Quand la terre se réveilleraJean-Perre Brosset136 p., 15 €

Joc partyIan R. SandersL’Harmattan, 156 p., 15.50 €

Marcel Dassault tenait sa chro-nique café du commerce dans son journal, Gervais livre aussi ses

coups de gueule en vrac. Il ne pensait pas possible un raz-de-marée quelques jours avant la tempête, il n’était malheureusement pas le seul. Nous sommes bien peu de choses. et n’avons d’ordinaire pas voix au chapitre, mais gardons quand même le droit de nous exprimer. J. R.

Mené à grand galop, ce roman à allure de polar va transporter le beau Franck dans un village étrange, dans un monde mysté-rieux de jouissance où il sera face

à son destin : la vie ou la mort. Style alerte avec quelques pages brûlantes. C. M.

Musique concrète et texte réa-liste, terre à terre, celle de Roméo et celle de Juliette, dans un monde

futur proche frappé d’une catastrophe écologique, le tout à bâtons rompus. Effeuillées les marguerites et rasées les pâquerettes, la prairie reste verte. J. R.

Les enfants du Dieu RâGilbert MontassierLes 2 encres, 20 €

Un robot, mais un homme, un criminel mais une victime, un policier, futuriste à la James Bond. On s’attendait à changer de

galaxie, on reste heureusement embossé à bon port, juste le temps de laisser passer le tournis. J. R.

On ne sait pas si c’est vrai, mais c’est explosif, on s’en doutait. C’est écrit d’un seul jet, sans cor-recteur, comme des notes rapides, pour ne rien oublier, on se laisse

prendre par cette avalanche de révélations, ce déluge de scoops. Un script qui colle bien à la peau. J. R.

Pour une poignée de pignonstome IIIJean-Paul Gayot256 p., 18 €

Ce dernier tome serait-il le cliché eschatologique que tout un chacun voudrait écrire ? Les premiers n’étaient-ils que des polars ? Le doute s’installe. C’est la force de ces nouvelles pages livrées sans détour. Innocemment ? J. R.

Poussières de FéesÉlisabet Vezin-MourcouÉdilivres, 89 p., 14 €

Victoire de La RochejacqueleinLa marquise aux pieds nusMénie GrégoireÉditions de Fallois, 229 p.,18.50 €

Livres dont nous avons eu connaissance mais qui ne nous sont pas parvenus

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Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 201038

13 mai 2010, Maison des écrivains de la mer, brillante inauguration de l’exposition en présence de Jean-François Tallec, Secrétaire général de la Mer, Madame le sous-préfet des Sables d’Olonne (sur la photogra-phie), Patrick Nayl, maire de Saint-

Gilles-Croix-de-Vie, Jean-Paul Minaud, premier ajoint, Jacques Lebrevelec administrateur des Affaires Maritimes des Sables d’Olonne, Jean-Marie Gilory, administrateur général des Affaires Maritimes, et aussi éditeur, poète. Jean Loreau, président de la section Bretagne-Sud/vendée de la Fédération nationale du Mérite Maritime et de la Médaille d’honneur des Marins, Alain Frenkel, président du jury du prix littéraire Écume de Mer...

des mers dont quelques presti-gieux passagers dont le professeur Picard, personnage qui deviendra le professeur Tournesol dans Tin-tin.

Qui se rappelle de l’auteur Edouard Peisson, notre Conrad français ? Pourtant, il est un des rares écrivains de la mer à avoir

traduit dans ses ouvrages l’esprit des équipages de ces navires. Nous vous présentons sa biographie et une courte bibliographie.

Notre association ne pouvait faire l’impasse sur les paquebots ayant porté le nom France. Le premier tran-satlantique à porter ce nom prestigieux fut construit à Penhoët en 1864, ensuite il y eu le deuxième du nom lancé aussi à Penhoët en 1912, puis il y eut notre dernier France. Ce voyage dans l’épopée des France permet d’ap-précier quelques sources d’inspiration de nos romanciers en vous promenant dans les locaux luxueux de ces grands navires et d’embarquer pour le premier voyage méditer-ranéen de notre regretté paquebot.

Même si la Compagnie Générale Transatlantique se disputait le Ruban Bleu des traversées en Atlantique Nord avec d’autres armateurs, les vitrines suivantes pré-sentent les différents armements français qui desservaient notre empire colonial d’antan.

Nous terminerons par le rêve d’un jeune garçon qui à l’instar de Jules Verne (embarqué à l’âge de onze ans pour une très courte traversée de Nantes à Saint-Nazaire sur le voilier La Coralie comme mousse) fit la une de Paris Match en 1958, en voyageant en clandestin sur un cargo vers les U.S.A. avec un retour précipité sur le paquebot America.

Victor Hugo ne m’en voudra pas d’ajouter cette phrase à son grand poème Oceano Nox :

Oh ! combien de romans maritimes sont à l’origine de nombreux destins ? Personne n’en sait le nombre.

René Moniot-Beaumont

Cette nouvelle exposition est basée sur deux opinions forgées au sein de la Maison des écri-vains de la mer : la littérature maritime a connu son apogée entre la moitié du dix-neu-vième et du vingtième siècle, avec des auteurs comme Joseph Conrad, Edouard Peisson, Her-mann Melville, Roger

Vercel, etc., curieusement, c’est aussi celle des paquebots transo-céaniques ; le rapprochement entre ces deux faits ne pou-vait pas nous laisser indifférent.

La littérature de mer est en plein bouleversement, l’aventure maritime a changé de bord, elle a quitté les marines traditionnelles, bien qu’elle existe toujours sur nos navires de guerre, de la marine marchande et de la pêche, pour embarquer maintenant sur les grands voiliers de course. Écrits de mer ou de sports nautiques, l’impla-cable critique des années en laissera-t-elle une trace dans la littérature ? Personne ne peut le dire aujourd’hui.

Les paquebots ont inspiré nos classiques de la mer, notre nouvelle exposition vous fera découvrir ce qui a attiré ces voyageurs dont la malle cabine comportait un tiroir rempli de feuilles de papier accompagnées de porte-plume. La visite commence avec le « père des paquebots », le Great Eastern. Construit sur les bords de la Tamise en 1854, par un ingénieur de génie dans la démesure, Isam-bar Kingdom Brunel. Jules Verne a effectué à son bord une traversée en 1871, il lui dédia son roman Une Ville Flottante. Victor Hugo lui rend hommage dans un des poèmes de La Légende des siècles :

Le siècle a vu sur la TamiseCroître un monstre, à qui l’eau sans bornes fut promise,Et qui longtemps, Babel des mers, eut Londres entierLevant les yeux dans l’ombre au pied de son chantier.

Effroyable, à sept mâts mêlant cinq cheminéesQui hennissait au choc des vagues effrénées,Emportant, dans le bruit des aquilons sifflants,Dix mille hommes, fourmis éparses dans ses flancs,Ce titan se rua, joyeux dans la tempête ;Du dôme de Saint-Pierre son mât passait le faîte

Ensuite nous rejoignons le Normandie construit en 1932. La vitrine vous présente les souvenirs de ce roi

L’âge d’or des grands paquebots et de la littérature maritime s’invite à Saint-Gilles-Croix-de-Vie

ExpositionPaquebots, littérature et aventures

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À Saint-Gilles-Croix-de-Vie, le 13 février 2010, salle de La Conserverie, boulevard Éga-lité, rencontre avec les écrivains et découverte des activités de la Maison des écrivains de la mer.

site internet http://ecrivains-mer.fr

La journée de la Maison des écrivains de la mer

Les MaritimesRené Moniot-BeaumontLa Découvrance, 210 p., 19.90 €

Le Peuple de la merMarc ElderLa Découvrance, 126 p., 15.90 €

Au Fil des VaguesFrançoise BidoisCarrefour du net, 96 p., 15 €

René cabote (ne cabotine pas) de page en page, de port en port et vous prend à son bord pour découvrir ses morceaux choisis du

monde et de la littérature maritimes. Croisière ini-tiatique avec un marin passionné qui nous livre les lieux et les œuvres qu’il affectionne et qui le hantent. Je ne sais si vous reviendrez à quai. J. R.

Belle pêche pour les écrivains de la mer et les éditions de la Découvrance. cette réédition du

prix Goncourt 1913. Marc Elder est un magicien qui donne une vie saisissante aux êtres et aux pay-sages de L’herbaudière et de Noirmoutier. Tout ce qu’il décrit s’anime soudain et et vous embarque au passage. Là encore, vous ne quitterez le navire qu’à la dernière escale, et prendrez votre billet pour la pro-chaine traversée. . J. R.

Pêcheur, une vie, une passionBernard GroisardHéron-Héron, 12 €

Ainsi va le flotsouvenirs de marinRoger DriezLe Jarosset, 43 p., 9 €

Souvenirs devenus recueil de poèmes, joliment illustrés de des-sins en cordages, escales maritimes ou terrestre en Sologne, la passion

partagée de la mer, Saint-Gilles toujours, et la sur-prise d’une certaine barrique échouée sur le rivage...

Le plus solide des nœuds,C’est celui avec les camarades,Que j‘ai lié avec eux,Et qu’en mémoire toujours je garde. A. L.

Recueil paru en 2007, parmi les sélections de la Maison de la Mer.

Second livre de cet ancien patron pêcheur emblématique qui avait déjà publié Cinquante années de pêche au Thon.

Les écrivains de la mer

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Lire en Vendée - juin 2010 - décembre 201040

LES AMIS

DE L’HISTORIAL

DE LA VENDÉE

LES ÉCRIVAINS

DE VENDÉE

La BD et la Vendée, suite...

Beaucoup de BD ont été consacrées à la Vendée, écrivez à la rédaction si vous en connaissez quelques-unes, nous préparons un numéro sur ce sujet. Merci d’avance.

Lire en Vendée a pour mission de faire connaître les œuvres littéraires vendéennes.

Merci de communiquer vos ouvrages à :Société des écrivains de Vendée, Bibliothèque pour tous85280 La Ferrière

Abonnez-vous à Lire en Vendée, 5 € pour 2 numéros. Envoyez votre chèque à la revue, à La Ferrière.

Lire en Vendée est une publication de la Société des écrivains de VendéeMise en pages : J.R. sur une maquette de l’I.U.T. Infocom

Impression : Offset 5, La Mothe-AchardCe numéro est tiré à 6 000 exemplaires.Site Internet : www.ecrivainsdevendee.fr

© Peintures de couverture Gaston ChaissacLes œuvres de Gaston Chaissac ici reproduites sont extraites du catalogue édité en 1991 par le Conseil général de la VendéeLa reproduction ou l’utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles, informations, illustra-

tions et photos est interdite sans la mention de la société éditrice.