L'Innovation dans la construction d'écoles primaires...

71
RAPPORT SUR LA CONSTRUCTION SCOLAIRE 3 BUREAU REGIONAL DE l'UNESCO POUR L'EDUCATION EN ASIE El P.O. BOX 1425, BANGKOK

Transcript of L'Innovation dans la construction d'écoles primaires...

RAPPORT SUR LA CONSTRUCTION SCOLAIRE 3 BUREAU REGIONAL DE l'UNESCO P O U R L'EDUCATION EN ASIE El P.O. B O X 1425, BANGKOK

@ Unesco 1975

Srivastava, R.D. L'innovation dans la construction d'écoles primaires - une monographie sur l'Uttar Pradesh, Inde.

Bangkok, Bureau régional de l'Unesco pour l'éducation en Asie, 1975. 68 p. (Rapport SUT la construction scolaire, 3)

1. CONSTRUCTION SCOLAIRE - ECOLES PRIMAIRES. 2. ECOLE PRIMAIRE PEU COUTEUSE. 3. GESTION DE PROGRAMMES DE CONSTRUCTION. 4. PREFABRICATION. 1. Bureau régional de l'Unesco pour l'éducation en Asie, Bangkok. II. Collection.

SÎB (97) UDC 727.1 Dewey 727.1 O

Bureau régional de 1 'Unesco pour 1 'éducation en Asie Darakarn Building, 920 Sukhumvit Road

B.P. 1425 Bangkok, Thailande

BKB/7 5 / R T M / ~ ~ - 35 0

L'INNOVATION DANS LA CONSTRUCTION D'ECOLES PRIMAIRES Ir monographie sur l'Uttar Pradesh, Inde -

0

R . D . SRIVASTAVA !'

Rapport sur la construction scolaire 3 BUREAU REGIONAL DE L'UNESCO POUR L'EDUCATION EN ASIE

Bangkok, 1974

Les désignations employées dans cet ouvrage et la présentation de son contenu ne sauraient être interprétées c o m m e traduisant une prise de position de 1 'Unesco quant au statut légal d'un pays ou terri- toire quelconque ou de ses autorités, ou au tracé de ses frontières. Les opinions exprimées sont celles de 1 'auteur et ne représentent pas nécessairement celles de l'Unesco.

T A B L E D E S M A T I E R E S

Page

CHAPITRE 1 - INTRODUCTION Généralités 5

Recherches du CBRI sur la construction scolaire Groupes de développement en matiere de

Le programme de construction d'écoles

8 *

construction scolaire . 1 1

primaires en Uttar Pradesh . 12

CHAPITRE II - MISE AU POINT DES NOUVELLES ECOLES PRIMAIRES

L 'enseignement en Uttar Pradesh 17

Topographie et climat de l'Uttar Pradesh 21

Les locaux scolaires actuels 22

Recherche et développement 24

Exécution du prototype . 25

Construction des prototypes 32

Mise au point du prototype 32

Variantes du plan définitif 40

CHAPITRE III - GESTION DU PROGRAMME DE CONSTRUCTION

Généralités 47

Objectifs du projet 49

Le comité de gestion 49

Planification du projet . 50

Structures d 'exécution . 51

T A B L E D E S M A T I E R E S (suite)

Page CHAPITRE III - GESTION DU P R O G R A M M E

DE CONSTRUCTION (suite) Mise en place des structures . 52

Orientation et formation du personnel 54

Organisation des travaux et t ransmiss ion des directives 55

Préliminaires des travaux de construction . 56

Sélection et obtention des terrains . 56

Préfabrication centralisée e. 57

Adjudication des contrats de préfabrication . 57

Contrats de construction 58

Acheminement des matériaux sur les chantiers . 59

Gestion financiêre 59

Gestion du personnel . 64

Publicité 64

Autres résultats 65

ANNEXE - ANALYSE DU PRIX DE REVIENT D E S CAISSONS DE TOITURE 67

PHOTOGRAPHIES

Photo 1

Photo 2

Photo 3

Photo 4

Photo 5

Photo 6 Photo 7

Photo 8

Photo 9 Photo 10

Photo 11

Photo 12

Photo 13

Photo 14 Photo 15

Photo 16

Photo 17

Photo 18

Photo 19

Photo 20

Tableau 1

Tableau 2

Certaines écoles de l'Uttar Pradesh sont trss

Le premier prototype d'école primaire nouvelle Les éléments préfabriqués doivent être faciles 2

Les "zila parishads" ont souvent de la difficulté

Le climat de l'Uttar Pradesh est d'habitude assez

Le premier prototype . Toiture du premier prototype; on a par la suite

Les poutres de la toiture peuvent être transportées

Des ouvriers mettent en place les poutres de la toiture Vue intérieure du deuxième prototype; on remarque la

mai logées a

.

manipuler et à transporter .

à loger les $lèves .

clément pour qu'on puisse faire la classe en plein air

réalisé une toiture moins inclinée .

facilement en charrette à boeufs

nouvelle toiture (plate), les fermes composites inversées et, au centre, les deux tableaux noirs.

Solution finale adoptée pour la toiture: fermes légères en acier, préfabriquées par soudage .

Variante du prototype, conçue pour les régions montagneuses du nord de l'Uttar Pradesh .

Une école dans les contreforts de l'Himalaya: les murs sont construits en parpaings de ciment .

Aspect habituel d'une école, dans la plaine . Vue de l'arrière du bâtiment , montrant la grande resserre et le mur à claire-voie du préau

aménagé en jardin .

en acier par soudage .

avant l'expédition vers les chantiers .

prêts à être envoyés à l'entrepôt

de démouler

. Une école de la plaine: le terrain d'alentour est

Le gabarit rustique servant à fabriquer les fermes

Fermes et bâtis de portes et de fenêtres wtreposés

Linteaux/pare-soleil en béton armé préfabriqués,

Caissons de toiture, en béton armé, qu'on vient .

TABLEAUX Construction d'écoles primaires en Uttar Pradesh pendant les trois premiers Plans quinquennaux .

Effectifs inscrits, nombre d'él&es par maître et nombre d'écoles primaires en Uttar Pradesh, de 1962 à 1971

Page

6 9

10

14

20

29

29

33 33

35

36

44

44 44

45

45

60

60

61

61

13

18 3

Tableau 3

Tableau 4 Tableau 5 Tableau 6

Tableau 7

Tableau 8

Tableau 9

Tableau 10

Figure

Figure Figure Figure

Figure Figure Figure Figure

Figure

Figure

Figure Figure

Figure Figure

1

2

3 4

5 6 7 8

9

10

11

12

13 14

TABLEAUX (suite) Page .

Comparaison du coût de diverses fermes avec couverture en plaques de fibro-ciment (portée 6,56 m) .

Coût approximatif de construction des prototypes . Critiques adressées aux prototypes . Matériaux et main-d'oeuvre nécessaires pour la

Prix de revient comparés, par unité de surface, des

Prix de revient comparés du troisième prototype dans

Prix de revient comparés des élsments du prototype et de

Recrutement du personnel du projet

construction d'une école

écoles primaires dans divers pays d'Asie

huit districts de l'Uttar Pradesh . .

ceux des constructions traditionnelles en Uttar Pradesh .

FIGURES Structure de la Division d'architecture et d'urbanisme du CBRI (Institut central de recherches sur le bâtiment )

Carte des districts scolaires de l'Uttar Pradesh . Système d'enseignement de l'Uttar Pradesh Structure par âge de la population et effectifs

Nombre d'écoles nécessaires, par nombre de classes . Emploi du temps type d'une école primaire (en hiver) . Températures et pluviosité à Agra et Ailahabad Plan-type d'une école primaire en Uttar Pradesh

Ecole primaire à cinq classes, à construire en

Plan de la première tranche de la première école

Détails de construction du premier prototype . Plan de la deuxième tranche des deuxième et troisième prototypes . ,

Eléments préfabriqués du troisième prototype . L

Variante du plan-type, établie pour une école

scolaires des divers degrés .

.

(construite en 1957) .

trois tranches

prototype

de montagne

31

32 32

38

39

40

42

53

7 16 17

18 19 20

21

23

26

27 30

34 37

41

4

CHAPITRE 1

INTRODUCTION

Généralités

L'effectif des élèves inscrits dans les écoles primaires indiennes a presque triplé en 15 ans : 14 millions en 1950-51, 37 millions en 1965-66; en 1981, à la fin du sixième Plan quinquennal, on prévoit qu'il atteindra 80millions d 'élëves. Or, 30% seulement de ces écoles étaient considérées en 1966 comme ayant des locaux satisfaisants .1 La plupart étaient installées - et beaucoup le sont encore - dans des bâtiments loués ou prêtés, généralement inaptes à ser- vir d'école à cause de leurs mauvaises conditions d 'éclairage, de ventilation et d 'hygiène 2 (photos 1).

Dans son rapport de 1966, la Commission de l'éducation a indiqué com-

i) Allouer des fonds supplémentaires;

ii) Réduire le plus possible les coûts de construction;

iii) Concevoir un mécanisme approprié afin de réaliser le programme d 'une manière expéditive et économique.

ment il serait possible d 'améliorer cette situation :

Il s'est trouvé que l'un des membres du groupe de travail (de la Com- mission) sur les constructions scolaires était Sri Dinesh Mohan, Directeur de l'Institut central de recherches sur le bâtiment (Central Building Research Insti- tute, ou CBRI), situé à Roorkee . Conscient du nombre considérable d 'écoles à construire, Sri Mohan avait entrepris dès 1963 un modeste programme de re- cherches sur la conception des constructions scolaires, et le rapport de la Com- mission de 1 'éducation devait donner une importance accrue aux travaux effec- tués à Roorkee.

Le CBRI est l'un des laboratoires nationaux du Conseil indien de la re- cherche scientifique et industrielle. Fondé en 1947 à Roorkee, dans 1 'Etat d 'Uttar Pradesh, il est voisin d 'une université de génie civil qui fonctionne de- puis quelque 150 ans * Il a pour tâches :

1. India. Ministry of Education. Education and national development. Report of the Education Commission 1964-66. New Delhi, 1966.

2. Mukerji, S.N. Edueation in India toduy and tomorrow. Baroda, Acharya Book Depot, 1969.

5

Photos 1. Certaines écoles de l'Uttar Pradesh sont très mal logées

6

D'aider l'industrie indienne du bâtiment à résoudre les problemes de planification, de conception, de construction et de matériaux, afin d'accroître son efficacité fonctionnelle au niveau de la concep- tion et de la réalisation;

D 'effectuer des recherches sur la protection et la lutte contre les incendies dans les établissements scolaires;

De disséminer les résultats de ses recherches parmi les usagers potentiels, et de veiller à ce qu'ils soient appliqués rapidement et convenablement.

Ces objectifs sont réalisés grâce à l'action des sept divisions de re- cherche de

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

l'Institut, spécialisées comme suit :

Matériaux de construction; Mécanique des sols; Efficacité des constructions scolaires; Procédés de construction - chantier et productivité; Architecture et urbanisme; Protection contre 1 'incendie; Constructions en milieu rural.

Il existe aussi des services d 'information et d 'appui pour répondre aux besoins des chercheurs de L'Institut et pour assurer la diffusion des résultats auprès des entreprises de construction ainsi que leur application.

La Division d'architecture et d 'urbanisme, dont la fig. 1 montre l'orga- nisation et le personnel en 1973, s 'occupe de la construction des établissements scolaires ainsi que des programmes de recherche et de développement du CBRI relatifs aux écoles primaires. Naturellement, elle utilise aussi les résultats

obtenus par les autres divisions: c'est ainsi que les fenêtres des écoles ont été conçues d 'aprèsune méthode mise au point par les experts en éclairement de la Division pour l'efficacité des constructions scolaires, et que les conseils offerts par la Division des matériaux de construction aident à résoudre des problèmes

7

concernant les matériaux à utiliser. Au total, le personnel du CBRI qui s 'occupe des programmes de recherche et de développement en matière de construction scolaire peut compter sur la collaboration de plus de 200 experts spécialisés dans presque tous les aspects de la construction, des adhésifs à l'acoustique et de la stabilisation du sol à la céramique.

Recherches du CBRI sur la construction scolaire Au début de 1963, l'auteur de cet article, architecte appartenant à la

Division d 'architecture et d 'urbanisme, a été chargé d 'entreprendre des recher- ches sur les constructions scolaires. Au cours des années suivantes, la Com- mission de 1 'éducation ayant fortement souligné la nécessité d 'améliorer consi- dérablement 1 'infrastructure scolaire, le CBRI a intensifié ses efforts et ren- forcé son personnel.

résultats d 'une vaste enquête menée par le CBRI pour connaître la taille des en- fants ont été utilisés par 1 'Institut indien de normalisation (Indian Standards Institute) pour formuler des normes; les données recueillies ont aussi servi de base pour des recherches sur la superficie des salles de classe et la conception du mobilier scolaire .3 Parmi les autres questions mises très tôt à 1 'étude, on citera les besoins des écoles primaires en espaces de rangement, les écoles à maître unique et les rapports entre le programme des écoles primaires et leurs besoins en espace. Etant donné le sujet de la présente monographie, cette der- nière question mérite quelques développements.

économiques, chaque partie du bâtiment doit occuper la surface minimale, qu 'il faut 1 'utiliser au mieux et que le prix de revient de chaque élément de la struc- ture doit être aussi faible que possible.

En 1966, le deuxième des thèmes ci-dessus, à savoir l'optimisation de l'usage de l'espace dans les écoles primaires, a été abordé par le CBRI. L'ana- lyse des programmes primaires en Uttar Pradesh a montré que seules certaines activités demandaient des espaces abrités alors que d 'autres pouvaient être mieux conduites en plein air, dans la cour ou le jardin de 1 'école. On pouvait

4 donc, semble-t-il, réduire de 40% la surface bâtie des écoles primaires.

Les travaux ont porté d 'abord sur le milieu physique de 1 'école. Les

On sait depuis longtemps que, pour construire des locaux scolaires

3. ïndian Standards Institution. Indian Standard: 4838. Anthropometric dimensions of school children; part I (1969): age group 5-11 years; part II (1968): age group 12-16 years. Indian Standardr 4837. Recommendations for schoo 2 furniture, c Zass- room chairs and tables for use in junior schooZs; part 1-1968: age group 5-11 years; part 11-1969: age group 12-16 years. New Delhi,

New Delhi, I.S.I., 1968.

I. s. I. 1969. 4. Srivastava, R.D.: B.M. Gupta, and D.J. Vickery. A method of reducing

chssroom requiirements in pmrnary schooZs in Asia. no 13. s earch , 1967.

Occasional Paper Colombo, Asim Regional Institute for School Building Re-

8

Il importait évidemment que cette idée nouvelle soit mise en pratique : aussi a-t-on commencé en 1968 d'étudier un nouveau plan qui a abouti à ta réali- sation, en Uttar Pradesh, d'écoles dont ta description fait l'objet de la présente monographie (photo 2).

Photo 2. LG premier prototype d'école pAmaire nouvelle

En même temps que les études visant une meilleure utilisation de l'es- pace, le CBRI a commencé d 'appliquer des techniques de préfabrication partielle. L 'idée de départ était que la communauté locale désireuse d 'avoir une école se chargerait volontiers de construire les murs, les fenêtres, les portes et le plancher, à ses frais et en utilisant des matériaux disponibles sur place, si les éléments de base (fondations, piliers et toiture) pouvaient être livrés tout faits sur le chantier.

Les conditions imposées pour les éléments préfabriqués étaient : (a) simplicité d'assemblage, (b) facilité de transport par camion ou, en cas de nécessité, par charrette, et (c) légèreté pour faciliter la manipulation (photo 3). Des prototypes d 'écoles partiellement préfabriquées, conçus d 'après ces prin- cipes, ont d'abord été construits au CBRI, puis dans les Etats de Maharashtra et de Kerala; l'expérience précieuse ainsi acquise a ensuite été mise à profit en Uttar Pradesh.

La Division d 'architecture et d 'urbanisme a aussi effectué une étude relative à la conception des foyers universitaires travaux intéressant les écoles secondaires.

et, plus récemment, des

5. Inde. Central Building Research Institute. University hostels; planning considerations, Roorkee, CBRI, 1969.

9

Photos 3. Les éléments préfabriqués doivent être faci les à manipuler et à transporter

. 10

Groupes de dévelopDement en matière de construction scolaire

Ces recherches concernant la construction d 'écoles primaires ont donné des résultats prometteurs, et 1 'on peut espérer obtenir d 'importantes réductions des prix de revient grâce à l'utilisation rationnelle de l'espace, à des techniques de construction améliorées et - dès la phase d'étude des projets - à l'analyse des prix et à la planification. Les résultats obtenus ont suscité un vif intérêtau Ministère central de l'éducation (New Delhi) car ils apportaient une solution à la grave pénurie d'écoles primaires dont souffrait le pays tout entier. Le souci principal du Ministère a été, naturellement, de faire connaître ces innovations aux gouvernements des Etats et aux autres organismes qui se préoccupent de la construction scolaire en Inde .6

D'ailleurs, la Commission de l'éducation avait déjà prévu cette néces- sité de communiquer aux Etats les développement prometteurs en matière d 'étude et de construction de locaux scolaires :

". . . pour favoriser l'adoption de techniques meilleures et plus économiques, nous recommandons l'adoption des mesures supplémentaires suivantes :

i) Constitution de Groupes de développement en matière de construction scolaire

Chaque Etat devrait instituer un Groupe de développement en matière de construction scolaire . . . composé d'un architecte, d 'un éducateur, d 'un administrateur et d 'un spécialiste des études de coûts . . . et chargé d'apporter des améliorations à la planifica- tion et à la construction des établissements scolaires gouvernê- mentaux.. . 'la La Commission suggérait qu'en plus des groupes créés au niveau des

Etats, il en soit aussi constitué un auprès du Gouvernement central, qui aurait entre autres pour tâche de signaler à l'attention des premiers 'les techniques de construction et les recherches les plus récentes réalisées tant dans le pays qu'à l'étranger '1-7

6. Note: L'Inde est une union d'Etats. Le Gouvernement central est res- ponsable de la coordination des structures éducatives, de la déter- mination de normes pour l'enseignement supérieur, de l'enseignement scientifique et technique, de la recherche, de la promotion de l'hindi et du développement de toutes les langues indiennes, ainsi que de cinq universités centrales et d'autres institutions d'impor- tance nationale désignées en tant que telles par le Parlement; mais, d'une façon générale, l'enseignement relève au premier chef des Gouvernements des Etats.

7. Inde. Report of the Education C o ~ s s i o n (1966).

1 1

C'est ainsi que le Groupe de développement au niveau central a été con- stitué en 1967; il a pour président le Conseiller pédagogique du Gouvernement indien et pour secrétaire l'auteur, qui est l'architecte chargé au CBRI des pro- grammes de recherche sur la construction scolaire. Les efforts de promotion déployés par le CBRI et les activités du Groupe central on suscité la formation de groupes de développement dans les Etats de Maharashtra, Kerala, Punjab, Uttar Pradesh et Tamil Nadu et les territoires de Goa, Daman et Diu et Arunachal Pradesh .

En collaboration avec le CBRI et le Groupe de développement central, les groupes de développement des Etats ont construit plusieurs écoles prototypes; toutefois, comme ils n'ont statutairement ni budget ni personnel permanent, leur rôle principal a été jusqu'à présent de relayer dans chaque Etat les efforts d'in- formation et de promotion du Groupe national et du CBRI. L'utilité et l'impor- tance de ce rôle ont été d'ailleurs démontrées par les programmes de construc- tion réalisés en Uttar Pradesh, dont la description fait l'objet de la présente monographie.

Le programme de construction d'écoles primaires en Uttar Pradesh

Comme il est indiqué plus en détail au chapitre II, l'Uttar Pradesh est 1'Etat le plus peuplé de l'Inde (88 341 O00 habitants en 1971). D'après un article d 'Atmanand Misra paru en 1965 dans le périodique "Education Quarterly " du Ministère central de 1 'éducation, la capacité de financement de 1 'éducation (re- venu total divisé par nombre d'habitants) de 1 'Uttar Pradesh est médiocre; l'effort d 'éducation (pourcentage de la dépense d 'éducation par habitant par rapport au revenu par habitant de 1'Etat)8 est aussi très faible; par comparaison avec d 'autres Etats, le degré de scolarisation (pourcentage scolarisé de la population d'âge correspondant à chaque degré de l'enseignement) en Uttar Pradesh est insuffisant; enfin, d 'après le pourcentage d 'alphabètes dans la population totale, 1 'Uttar Pradesh est 1 'un des trois Etats où le niveau d 'instruction de la population adulte est le plus faible .9

L 'enseignement primaire en Uttar Pradesh est administré par les '%la parishads ", 10 les municipalités et certaines institutions privées. Alors que les écoles privées ne semblent pas rencontrer beaucoup de problèmes en matière de locaux, celles qui relèvent des autorités locales, notamment des 'bila parishads ",

8. Misra, Atmanand. Educai%onaZ bu Zmce-sheet of States. Education Quarterly, Ministry of Education, India. Vol. 17, no 66, June 1965, p. 64-8.

9. Paradoxalement, l'Uttar Pradesh possède plus d'universités et d'éta- blissements d'enseignement supérieur qu'aucun autre Etat du pays.

10. ZiZa parishad: Conseil de district dont les attributions, en milieu rural, sont analogues à celles d'une municipalité en zone urbaine.

12

connaissent au contraire des difficultés considérables (photos 4). Une enquête faite en 1968-69 par le Département de l'éducation de cet Etat a montré que 36% seulement des écoles primaires publiques étaient logées de façon satisfaisante.

L 'origine de cette situation mérite d 'être brièvement expliquée. Après 1 'accession â 1 'indépendance, un programme intensif d 'expansion de 1 'enseigne- ment primaire a été entrepris et l'on a ouvert une école partout où l'on a pu trouver un local temporaire. En même temps, on a construit un certain nombre d'écoles neuves. Le tableau 1 montre les progrès réalisés au cours des trois premiers Plans quinquennaux.

Tableau 1. Construction d 'écoles primaires en Uttar Pradesh au cours des trois premiers Plans quinquennaux

Plans Déficit Constructions Constructions pro jetées réalisées

Premier PLan, 1951-1956 6 925 6 002 923 Deuxième Plan, 1957-1961 9 662 7 130 2 532 Troisième Plan, 1962-1966 50 126 11 578 38 548

Total 1951-1966 66 713 24 710 42 003

- Note: D'après les renseignements communiqués 3 un séminaire du CBRI (Roorkee, 5 octobre 1971) par A.P. Malhotra, alors Directeur adjoint de l'enseignement primaire en U.P.

Au cours du quatrième Pian quinquennal, 900 écoles primaires de plus ont été construites dans des zones urbaines et rurales. Cependant, d'après les statistiques, 42 O00 des écoles fonctionnant en Uttar Pradesh manquent encore de locaux convenables.

En plus de ces 42 O00 établissements indispensables pour loger les élèves actuels de l'enseignement primaire, il en faudrait 25 O00 autres pour faire face à l'accroissement des effectifs prevu au cours des cinq années àvenir. Le nombre total d'écoles primaires à construire en Uttar Pradesh avant 1978 est donc de l'ordre de 67 O00 - ce qui est assurément considérable. Les causes principales de cet écart grandissant entre 1 'offre et la demande de locaux sco- laires sont analysées plus loin, mais il n'est pas inutile de les récapituler ici:

a) Participation communautaire inférieure au niveau espéré;

b) Utilisation insuffisante des services de construction de 1 'Etat;

c) Insuffisance des crédits alloués, eu égard à la hausse du coût de la main-d 'oeuvre et des matériaux;

d) Défaut d 'application des techniques de contrôle des prix de revient;

e) Utilisation des fonds alloués au développement local au profit de travaux plus prioritaires que la construction d 'écoles.

13

Photos 4. Les "ziZa pamkhads" ont souvent de ta difficuZté à Zoger les élèves

14

Comme on l'a dit plus haut, un Groupe de développement en matière de constructions scolaires a été créé en Uttar Pradesh en 1968; diverses études qui y ont été effectuées sont à la base des plans d 'écoles primaires mis au point pour 1 'Etat . En 1971, des représentants du Departement de 1 'éducation de 1 'Etat et du CBRI, réunis pour discuter les résultats des études accomplies, ont décidé que des crédits seraient ouverts pour construire des prototypes expérimentaux et en particulier pour faire des études de coûts. Ils ont recommandé aussi que les résultats des études du CBRI soient incorporés dans une nouvelle version du Code de la construction scolaire. Plus important encore, ils ont suggéré la constitu- tion d 'un "consortium " de la construction scolaire qui exploiterait les techniques nouvelles mises au point grâce aux prototypes, et ont souligné que les futurs programmes de construction scolaire offriraient de nombreuses possibilités d 'emploi, spécialement aux techniciens du bâtiment qualifiés dont beaucoup se trouvaient en chômage à 1 'époque.

commandations et autorisé le CBRI à construire 12 prototypes dans trois dis- tricts de l'Uttar Pradesh. Ces prototypes se sont révélés peu coûteux: 8100 roupies (environ 1 080 dollars des Etats-Unis), soit 101 roupies (13,50 dollars) par place d'élève - et rapides à construire. Le Gouvernement de 1'Etat a dé- cidé en conséquence la mise en chantier de 5 350 écoles nouvelles, à raison de 105 environ par district dans 51 des 54 districts scolaires que compte l'Uttar Pradesh. Au moment où la présente monographie sort des presses, ce program - m e de construction est plus qu'à moitié réalisé.

Le Ministère de l'éducation de 1'Etat a, par la suite, approuvé ces re-

15

HARYANA

RAJASTI

i

UTTAR PRADESH

16

CHAPTRE II

CONCEPTION DES NOUVELLES ECOLES PRIMAIRES

L 'enseignement en Uttar Pradesh D'après le recensement de 1971, la population totale de l'Uttar Pradesh

s'élevait à 88 341 141 habitants, dont 13 % vivaient dans les zones urbaines et 87 % dans les régions rurales. En 1961, cet Etat comprenait 111 722 villages, 257 468 hameaux et 486 villes. La densité est d'environ 300 habitants/kmz (il).

L 'Etat est découpé en 54 districts scolaires (voir fig. 2 ci-contre) qui, pour faciliter l'administration et 1 'inspection, sont groupés en 8 régions pour les garçons et 7 pour les filles. La figure 3 montre la structure du système d'enseignement. Le tableau 2 (page 18) indique les effectifs d'élèves, le taux de scolarisation, le nombre d 'élèves par maître et le nombre d 'écoles primaires (dont 90,5 % etaient des écoles rurales en 1970-71). La figure 4 (page 18) montre le rapport entre le nombre d 'élèves inscrits dans les divers degrés de 1 'ensei- gnement et la population totale d 'âge correspondant.

11. Les chiffres donnés dans ce paragraphe sont extraits des publications statistiques du Ministère de 1'Education et de la Prévoyance sociale du Gouvernement de 1'Inâe.

17

Tableau 2. Effectifs inscrits, nombre d’élèves par maître et nombre d’écoles primaires en Uttar Pradesh, de 1962 à 1971

par degr& - Popoht ion j +otde*y\

d%je j I

1 14 1 13”)

1 2 - m ) I

1

-.

1 PopOlo;t* ( e ~ wiilli~s) , 1 1

i S 5 4 j i i

Effectifs d ‘élèves Taux de Nombre Nombre Année (en milliers) scolarisa- d ‘élèves d’écoles

1 (7 -1’5

WCS &aires (chses ix-Xi)

-’Il6 I

I 1 1

1 I

I I ï -,IO I I --9 I

I I

--7 I I

a

6 . I I 1 2 3 4 5 6

Garçons Filles Total tion par maître primaires

1962-63 1963-64 1964 - 65 1965 - 66 1966-67 1967-68 1968-69 1969-70 1970-7 1

4 041 1300 4 422 1575 5 291 2 470 5 469 2 547 5 927 3 004 5 921 3 259 6 064 3 300 6 514 3 786 6 804 4 024

5 341 5 997 7 761 8 016 8 931 9 180 9 365 10 300 10 828

53,8 59,2 74, O 74,3 80,3 80,4 79,2 85,4 91,s

44 41 50 50 53 53 56 51 53

49 812 52 645 57 905 58 438 60 238 60 564 61 127 61 959 61 959

Bien que les études primaires durent cinq ans en Uttar Pradesh, l'habitat rural est si dispersé que 10% seulement des écoles ont besoin de cinq salles de classe. La figure 5 - dont 1 'importance a été considérable pour déterminer 1 'échelonnement du programme de construction scolaire (voir plus loin) - montre la répartition des écoles rurales d'après leur effectif d'élèves; on y a ajouté l'indication du nombre de salles de classe nécessaires.

Le programme des écoles primaires de l'Uttar Pradesh se résume

Langue régionale Deuxième langue 40 "

Etudes sociales 40

Calcul 45 Travaux manuels 40

Prières 10 "

comme suit:

45 minutes par jour 1. r v

1, 1, 1.

I I t, I t Sciences et agriculture 45

Jeux et gymnastique 45

1 1 I I I t

I t ,I I I

I I 11 ,,

,, r r

Total 310 minutes par jour Le figure 6 représente un emploi du temps type On constate qu 'en or-

ganisant certaines séances ou leçons dans la cour de l'école, on peut réduire le nombre des salles de classe nécessaires. Cela serait évidemment impossible si le climat était trop rigoureux; mais si 1 'on se reporte à la section ci-après (et à la figure 7), on verra qu'il est, la plupart du temps, assez clément.

Hombre fotd d'écoles rorcdes 1 'lx f "' { nécess~ires: 56072 3 CI. 25 % dont 16022 À 2 CIASSS

I I

ll

14018 2 3hsses

6 167 A 5 clases 8 972 À plus de 5clasgs

10043 4 ClASSeS

100 200 300 400

(nombre d'élevés p~'hle)

19

Figure 6. Emploi du temps type d'une école primaire (en hiver)

Legon ou séance pouvant avoir lieu en plein air

Photo 5. Le climat de l'Uttar Pradesh est d'habitude assez clément pour qu'on puisse faire Za cZasse en plein air

20

Topographie et climat de 1 'Uttar Pradesh

tivée comme la Nanda Devi (7 300 m); bon nombre d'écoles, décrites plus loin, sont donc construites à 1 O00 m ou plus d'altitude. Au sud, en direction de l'Inde cen- trale, le terrain devient plus accidentée

La majeure partie du territoire de 1'Etat est plate, bien drainée et cul- Le nord comprend un secteur de 1 'Himalaya, avec des pics célebres

L 'Uttar Pradesh se caractérise par la multiplicité de ses villages? dont beaucoup sont perchés sur des monticules constitués de décombres : il estdiffi- cile d 'y trouver un emplacement convenable pour 1 'école primaire qu 'il faut donc parfois construire en bordure du village.

Le climat est chaud et sec, sauf dans les districts de1'Himalaya. Dans la plaine, la température varie de 30' à 46OC et la pluviosité annuelle de 762 à 1 118 mm. Les pluies, apportées par la mousson, sont le plus abondantes en juin, juillet et août. La figure 7 indique le nombre moyen de jours de pluie en deux stations ainsi que la courbe des températures maximales. On y a porté

20°

l oo // ,/ /

'L. 1 l 1 1 I 1 Y----',

Jm. FLv. Mars ' Avr. hi Juivi Juil. ' Août Sept. Oct. Nov. D&.

21

. aussi la période des vacances scolaires: on constate qu'en dehors de cette péri- ode, l'enseignement en plein air est tout à fait possible, ce que confirme la pra- tique locale illustrée par les photos 1, 4 et 5. Le climat favorable en cours d'année scolaire a donc été un facteur déterminant quant à la conception des écoles nouvelles.

Les locaux scolaires actuels

Deux plans-types de locaux scolaires, différant seulement par la forme de la toiture, ont été établis en Uttar Pradesh dès 1931.' Ils ont été révisés en 1948 : on a agrandi les espaces d 'enseignement et supprimé le logement de l'in- stituteur, la pièce de rangement et la cuisine qu'ils comportaient auparavant. Vu le coût et la rareté des matériaux de construction dans l'après-guerre immé- diate, on a utilisé généralement la brique crue et la tuile de fabrication locale pour les murs et la toiture. Quelques autres modifications ont aussi été appor- tées suivant les conditions locales: dans l'ouest et le centre, par exemple, on a fait les toits en torchis, matériau peu coûteux et facile à mettre en oeuvre; mais dans les régions montageuses, on a préféré la tôle galvanisée pour la toiture et la pierre pour les murs. Dans les plans nouveaux, la largeur des salles de

guère sur le marché de chevrons de plus de 3 mêtres de long. Par la suite, l'entretien de ces constructions peu durables s'est révélé difficile: à la longue, beaucoup se sont détériorées et sont devenues irréparables.

- classe a aussi été réduite de 60 centimètres environ parce qu'on ne trouvait

En 1957, les plans de 1948 ont été révisés en consultation avec l'ingé- nieur en chef du Département des travaux publics de l'Uttar Pradesh, et sixplans- types nouveaux, à une ou deux classes, ont été adoptés. Ils comprennent en général :

1. Un espace d'enseignement de 3,66 mètres de largeur;

2. Un dégagement de 2,44 mètres de largeur, longeant les classes;

3. Des murs extérieurs en briques, de 35 centimètres d'épaisseur;

4. Une toiture en briques armées ou en béton armé pour les écoles de plaine, et des murs de pierre et une toiture inclinée en tôle galvanisée pour les écoles de montagne;

5. La profondeur des fondations est d'un mètre en général, avec une semelle en béton de 30 centimètres d 'épaisseur.

La figure 8 présente le modèle le plus courant: les espaces d'ensei- gnement occupent 58,7 % de la surface totale, et les circulations 30 %. qu'elles soient de dimensions suffisantes, les fenêtres ne sont pas judicieuse- ment disposées et les classes sont mal éclairées.

qu 'on y donne comporte quelques leçons du type habituel, mais surtout des séances de travaux pratiques et des activités éducatives concrètes pour lesquelles les élèves sont répartis en groupes de taille variable. Le fait que les salles de classe ne dépassent pas 3,66 mètres de largeur gêne ces activités; et leur

Bien

~ 1_ , ,. I I , - Ces écoles sont des 'lécoles de base", c'est-à-dire que l'enseignement

22

caipe A-A

clhsse 366-

1 r

salle de k e 822 X 3&6

Directeur

n

23

longueur empêche les élèves des derniers rangs de bien voir le tableau noir et de bien entendre le maître. Enfin, la hauteur sous plafond, qui est générale- ment de 3,50 mètres, pourrait être réduite à 2,90 mètres sans nuire au confort thermique.

En milieu rural, l'école est le centre principal pour maintes activités communautaires : elle sert de lieu de réunion pour le "panchayat" (conseil municipal), de salle de lecture et de centre d'instruction des adultes. Les ré- ceptions à 1 'occasion des mariages s 'y tiennent souvent aussi. Ces diverses activités demandent des espaces flexibles et, de ce fait, les écoles actuelles s'y prêtent mal.

Si l'école a conservé ainsi sa structure traditionnelle, c'est surtout parce que l'enseignement s'y dispense toujours "par la craie et la parole" et parce que les villageois n'ont aucun autre local pour les activités communau- taires. L 'école future devra donc offrir des locaux fonctionnels, permettant d'améliorer la qualité de l'enseignement et de répondre aux divers besoins de la communauté.

Ces derniêres années, en dépit de la hausse rapide du coût des maté- riaux et de la main-d 'oeuvre - et donc du bâtiment en général - les crédits alloués à la construction d 'écoles n'ont pas augmenté. Par suite, beaucoup d'écoles commencées restent inachevées : il leur manque souvent la toiture, les portes, les fenêtres ou le plancher, parfois même des murs. Celles qui ont été achevées sont souvent construites en matériaux de qualité médiocre et le travail a été bâclé. Les frais annuels d'entretien sont donc très élevés et, comme les crédits manquent généralement à cet effet, les bâtiments se dété- riorent très vite.

En somme, les écoles construites d'après les anciens plans présentent

1.

2.

les imperfections suivantes :

Elles répondent mal aux exigences de l'enseignement;

Elles n'incitent pas les instituteurs à adopter des méthodes pédagogiques nouvelles;

Elles ne permettent pas de faire travailler les élèves par tes méthodes actives;

3.

4. L 'intérieur n 'est pas rationnellement réparti en espaces d 'en- seignement et autres;

Elles ne répondent pas aux besoins de la communauté;

Elles ne peuvent être construites à peu de frais.

5.

6.

Recherche et dévelomement

L'analyse de cet état de choses a abouti à la conclusion qu'il fallait, en Uttar Pradesh, aborder d'une façon toute nouvelle le problème de la cons- truction d 'écoles primaires et qu 'en. outre, vu 1 'ampleur du programme à réaliser, la gestion de celui-ci devait être méticuleusement planifiée pour avoir des chances de réussite.

24

Aussi a-t-on décidé d'établir de nouveaux plans et, comme il fallait construire plus de 5 O00 écoles semblables, de mettre à l'épreuve toutes les idées des architectes en réalisant d'abord quelques prototypes en vraie grandeur. Avec les spécialistes de ses bureaux d'études, ses experts en diverses branches de l'art du bâtiment et ses ateliers, le CBRI était évidemment tout indiqué pour entreprendre cette tâche.

Le Département de 1 'éducation de 1 'Uttar Pradesh a formulé comme suit les conditions à remplir:

1.

2.

3.

4.

5.

6.

Chaque école aura d'abord deux instituteurs, et cinq plus tard;

L'effectif de chaque école sera d'abord de 80 élèves, mais en se développant elle devra pouvoir en accueillir jusqu'à 200;

L 'espace intérieur devra convenir pour dispenser 1 'enseigne- ment de base prescrit par le programme scolaire;

Les espaces intérieurs devront être complétés par des aires permettant de faire des leçons en plein air;

Une cuisine devra être aménagée pour la préparation du repas de midi;

Chaque école devra comprendre les aménagements nécessaires pour qu'un instituteur puisse y passer la nuit.

Aucun coût maximal n'a été imposé, mais le Département de l'éduca- tion a nettement demandé que les écoles nouvelles coûtent aussi peu que possible, et certainement moins que les anciennes. A la suite d 'une étude préliminaire des coûts et du cahier des charges, le CBRI a estimé que le prix de revient d 'une telle école, y compris l'aménagement du terrain, ne devrait pas dépasser 8 500 roupies.

Comme le bâtiment initial devait comprendre deux salles de classe et qu'il fallait pouvoir construire plus tard une ou trois autres classes si le nombre d'élèves le justifiait, on a décidé d'établir un plan réalisable en plusieurs tranches (fig. 9). La figure 10 représente le plan de la première tranche du premier pro- totype * Chacun des deux espaces d 'enseignement, séparés par une cloison amo- vible, peut accueillir 40 enfants. Il est prévu des tableaux noirs, des panneaux d'affichage, une resserre ainsi qu'un placard-cuisine à l'usage de 1 'instituteur qui doit passer la nuit à l'école. La ventilation est assurée par des soupiraux grillagés pratiqués dans les murs. L 'éclairement atteint 150 lux sur les pupitres des élèves les plus éloignés des fenêtres.

Dans la cour de l'école, on a prévu aussi un tableau noir à double face pour les leçons en plein air, ainsi qu'une petite cuisine à ciel ouvert, une pompe à main et des lieux d'aisances.

Execution du prototype

L'obligation de construire en trois ans plus de 5 O00 écoles à deux salles de classe et la diversité des emplacements, d 'accès souvent malaisé,

25

r - i r--1

.... ..... ......... ..T .. ..

.. . .

..

demandaient la mise en oeuvre de techniques de construction permettant un tra- vail très rapide. Il était aussi impératif d'utiliser les matériaux, les ouvriers qualifiés et les manoeuvres disponibles sur place

La préfabrication partielle a semblé fournir la solution du problème. Les techniques de préfabrication appliquées au bâtiment sont certes bien con- nues mais, dans les pays en voie de développement, leur intérêt majeur est qu'elles permettent de simplifier le calcul des prix de revient, les procédés d 'assemblage et les méthodes de montage, et de réduire ainsi au minimum le nombre des ouvriers qualifiés indispensables. Il a donc été décidé d'y avoir recours, sous réserve des conditions suivantes :

1.

2.

3.

4.

5.

Les éléments standard devaient être en nombre aussi faible que possible;

Les éléments en béton devaient être faciles à mouler afin de nécessiter le moins possible d 'ouvriers spécialisés;

Comme beaucoup d 'emplacements n'étaient accessibles que par des charrettes à boeufs, ces éléments devaient pouvoir être transportés ainsi;

Les éléments devaient être assez légers pour qu'on puisse les assembler sur les chantiers sans engin de levage;

Les assemblages devaient être aussi simples que possible.

La figure 11 et la photo 6 représentent la version initiale du premier prototype, dont les caractéristiques sont brièvement les suivantes :

Fondations : Socle en béton prémoulé pour les piliers; rigole remplie de béton pour les murs extérieurs

Couche d'étanchéité au sol : Béton de ciment, 2,s c m d'épaisseur. Piliers : Béton armé prémoulé

Superstructure : Murs de briques épais de 22,5 cm, au mortier de torchis, crépis sur les deux faces.

Sol : En béton ou en briques Portes et fenêtres : Bâtis en acier préfabriqués, vantaux

et volets en bois.

Toiture

F initions

: Fermes en béton prémoulé, revêtement en plaques de fibro-ciment .

: Peinture sur boiseries, jointoiement des briques, badigeonnage au lait de chaux ou à la peinture à l'eau.

La photo 7 montre la charpente et la toiture.

28

Photo 6. Le p r e ~ e r prototype

-+A k, -. - x Photo 7. Toiture du premier prototype; on a par la suite réalisé

m e toiture moins inclinée.

29

30

Les techniques et spécifications ci-dessus ont été déterminées grâce à 1 'analyse détaillée du devis et des spécifications de plusieurs formules possibles. Par exemple, le tableau 3 montre la comparaison du coût de diverses fermes avec toiture en plaques de' fibro-ciment; de même, l'analyse comparative du coût de différents éléments réalisés de diverses manières a permis de déterminer la formule la plus économique.

Tableau 3. Comparaison du coût de diverses fermes avec couverture en plaques de fibro-ciment (portée 6,56 m)

Pannes et chevrons

Fermes

Ferme simple en bois avec poinçon bois

Ferme en bois (type Kerala)

Ferme à entrait:: obliques, en béton armé prémoulé

Ferme compo- site

en bois

Béton armé pré - moulé

- id -

Espacement des

fermes (d 'axe en axe)

2,44 m

0,61m

2,44 m

2,44 m l

~-

Coût (en roupies) de cha- que

ferme

334,ll

127,22

247,17

230,46

des pan- nes ou c hev r on s par tra-

vée

494,22

28,48

294,86

294,86

Coût par m 2 (en rou - pies)

44,

36,

O

5

26,38

25, 80

E conomie par rap- port à la ferme s'im ple

Le tableau 4 ci-après indique le prix de revient de chaque école à cha- cune des trois phases de sa construction.

Tableau 4. Coût estimé de chaque tranche de construction des premières écoles prototypes, et coûts cumulatifs

Tranche Coût estimé (en roupies) Coût total (en roupies)

1 II III

8 500 (1 080 $) 4 O00 ( 540 $) 10 500 (1 417 $)

8 500 (1 080 $) 12 500 (1 620 $) 23 O00 (3 037 $)

- Note: Les chiffres entre parenthèses représentent les équivalents en dollars des Etats-Unis lors de la rédaction de ce rapport. Le prix de revient définitif d'une école à 200 places est donc de 115 roupies (15,52 $) par élève.

31

Construction des prototypes

Le premier prototype d 'école nouvelle a été réalisé en douze exem- plaires, â raison de quatre dans chacun des districts de Lucknow, d'Unnao et de Rai Barely . Le prémoulage a été effectué au chef-lieu de chaque district, les écoles étant situées dans un rayon de 16 kilomètres. En moyenne, chaque unité a été construite en 35 jours et pour 8 100 roupies.

Diverses critiques ont été formulées par les villageois, les instituteurs, les élèves, les fonctionnaires et le public; elles sont récapitulées dans le tableau 5 ci-après.

Tableau 5. Observations concernant les premiers prototypes

Source Observations

Instituteur s Mauvais confort thermique; gêne due au bruit passant par- dessus la cloison d'environ 1,90 m de haut; chaque salle de classe devrait avoir sa propre entrée; la toiture en fibro-ciment est considérée comme temporaire; le pla- card encastré devrait être remplacé par une pièce de rangement où 1 'on pourrait aussi conserver le matériel scolaire.

Elèves Mauvais confort thermique; gêne due au bruit passant par- dessus la cloison; chaque salle de classe devrait avoir sa propre entrée.

Fonctionnaires Toiture en fibro-ciment déplaisante car elle donne l'im- pression d 'être provisoire; elle risque d'être endomma- gée par les élèves et son entretien coûtera donc plus cher.

Mêmes observations que les fonctionnaires. Villageois

Les autres exigences techniques étaient naturellement respectées. La photo 8 montre que le transport en charrette des poutres de béton ne posait au- cun problème, et l'on voit sur la photo 9 qu'elles étaient très faciles à mettre en place

Mise au point du prototypes

L 'expérience acquise grâce à la construction de ces 12 prototypes a inspiré deux mises au point. Tout d'abord, pour répondre aux critiques des usa- gers, on a réalisé un toit plat (terrasse) en béton, pourvu chaque salle de classe d 'une entrée indépendante, et remplacé le placard encastré et la petite cuisine par une pièce de rangement plus grande.

32

.

.

Photo 8. Les poutres de la toiture peuvent être trmsportées facilement en charrette à boeu.fs

Photo 9. Des ouvriers mettent en p2ae.e Zes poutres de Za toiture

33

.

lors de I A 2= .. I I . +rAnche

34

La solution trouvée pour répondre aux critiques concernant le bruit gênant passant d 'une salle à 1 'autre par-dessus la cloison amovible montre bien le parti qu'on peut tirer des recherches du CBRI. Dans les premiers prototypes, comme on le voit d'après les figures 9 et 10, les tableaux noirs étaient placés aux extrêmités opposées des deux salles de classe. A la suite d 'une série de mesures, les acousticiens de 1 'Institut ont conclu que les interférences so.nores entre deux classes contiguës seraient considérablement atténuées si ces tableaux noirs - et par conséquent les deux instituteurs - étaient placés "dos à dos", de part et d'autre de la cloison.12 Cette modification a été incorporée dans les pro- totypes de la deuxième série, dont la disposition interne est illustrée par la figure 12 et la photo 10.

*

Photo 10. Vue intérieure du deuxième prototype; on remarque la nouveZZe toiture (plate), les fermes composites inversées et, au centre, Les deux tableaux noirs

D 'autre part, il est apparu que les fermes composites inversées, com- portant deux tirants en acier et trois poinçons en béton travaillant à la compres- sion, étaient beaucoup trop longues à mettre en place, ce qui rendait très coû- teuse cette formule - en soi très économique. On s'est donc efforcé de réduire la durée d 'installation, et par suite le coût de cet élément de la toiture. Comme

12. Choudhury, N.K.D. Sound diffraction around movuble partitions in teaching spaces, Educational Building Re'port No. 1. Bangkok, Unesco, 1973. 35

Photo 11. SoZution finale adoptée pour Za toiture: fermes légères en acier, préfabriquées par soudage

le montre la photo 11, le résultat est une ferme en acier soudé, légère et sobre d'aspect, qui est mise en place par 4 ouvriers en une demi-heure seulement, soit 5 heures e't demie de moins qu'il n'en fallait pour dresser l'échafaudage et assembler une ferme composite.

En fait, comparé au premier prototype, le troisième présente les diffé- rences suivantes :

1.

2.

3.

Le toit à double pente en plaques de fibro-ciment est remplacé par une terrasse en caissons de béton prémoulé reposant sur des fermes préfabriquées en acier soudé.

Les piliers et leurs socles ne sont plus en béton armé prémoulé, mais bâtis en un matériau local : briques, parpaings ou pierres taillées

La cloison amovible est remplacée par une cloison bâtie en briques, portant un tableau noir sur chaque face : de "flexible ", le bâtiment est devenu ainsi "adaptable ".13 Cette modification a été motivée par le prix très élevé du bois et le coût relativement faible de la brique en Uttar Pradesh.

13. Définitions proposées par l'OCDE: l'"adaptabilité" est essentielle- ment l'aptitude à subir des.transformations importantes mais rares, et la "flexibilité" est l'aptitude à supporter des modifications légères mais fréquentes.

36

37

4. La cuisine extérieure est remplacée par une grande pièce de range- ment intérieure.

5. On a pratiqué une deuxième porte.

Le tableau 6 ci-après indique les quantités de matériaux et la main- d 'oeuvre à employer pour un local de ce type : cela représente 85% du coût total de construction, le reste (15%) étant constitué par les frais de transport, l'amé- nagement de l'aire de moulage, la fabrication des coffrages pour les éléments préfabriqués et diverses fournitures.

Tableau 6. Matériaux et main-d 'oeuvre nécessaires pour la construction d 'une école

Désignation Unité Quantité

Matériaux

Brique Ciment Acier Gravier pour ciment Sable Chaux vive Surkhi (brique concassée) Bois

Main -d 'oeuvre

Qualifiée Non qualifiée

pièce tonne quintal (100 kg) m 3 m 3

m 3 m 3

quintal (100 kg)

journée d 'ouvrier journée d 'ouvrier

19 O00 5,l 6,91 12,45 6,80 7,62 3,44 O, 2

97 2 04

Le prix de revient des divers exemplaires du troisième prototype a évidemment variéquelque peu suivant la localité, et le tableau 7 donne, aux fins de comparaison, ces coûts dans huit districts de l'est, du centre et de l'ouest de 1 'Etat . L'annexe 1 indique comment on a calculé ces coûts, en particulier pour les caissons. On voit aussi dans le tableau 7 que le coût moyen d'une école q'élève à 8 315 roupies, soit 104 roupies (14 dollars des Etats-Unis) par place d'élève (0;72 m2), Il est instructif de comparer ce prix de revient à celui des écoles primaires construites dans d'autres pays de la région (voir tableau 8).

le coût par unité de surface dépend de facteurs variables : coût de main-d 'oeuvre, normes de construction, revêtements imposés, etc. Ce tableau 8 montre du moins qu'il est possible de construire une école en briques avec un toit de béton solide pour une dépense effectivement très faible, à la condition que 1 'on fasse une analyse serrée des coûts et qu'on les ramène, en réalisant une série de pro- totypes, à un niveau compatible avec le budget prévu.

De telles comparaisons appellent naturellement quelques réserves, car

38

v1 c)

O

.rl

LI r

m a

.d

r

.d

3 II)

G (d a al a

h

O

O

LI a

r

CI

i5 2 II) O !4

s W rn O

u II) Q) W C

O

II)

cd LI cd a O

LI .rl

U

d .3

E b 1

cd Q)

3 b

Transports

v1

:E

LI

P) '$ h43

Armatures e gravier à

béton

rw*

O -

v1 al LI i) M

cd W U C al

CI O

LI rn

.rl

U

a -

E 8,

W

E -

a W

mm

mm

cs

mm

m

k

%

39

Tableau 8. Comparaison du coût des écoles primaires dans quelques pays d'Asie, par mètre carré, en dollars des Etats-Unis

Pa y s Coût par m 2 en $ U.S.

Inde - Uttar Pradesh, 3e prototype Inde - Etat de Kerala Indonésie Iran Malaisie Pakistan Sri Lanka Thailande

14,lO 18,lO 2 1,30 70,OO 52,OO 32,30 53,30 60,OO

Moyenne pour la région 40,14

Par contre, la comparaison avec une école équivalente construite dans le même pays suivant les méthodes traditionnelles est valable à tous point de vue. Le tableau 9 met en regard les coût de construction du troisième proto- type et ceux d 'une école similaire, de construction traditionnelle, en Uttar Pradesh . Variantes du plan définitif

Deux facteurs liés à l'implantation des écoles ont conduit à établir un grand nombre de variantes du plan définitif. Le premier - et le plus important - est le climat. Comme on l'a signalé plus haut sous la rubrique "Topographie et climat de 1 'Uttar Pradesh", cet Etat, constitué en majeure partie d 'une plaine (présentant cependant bon nombre d 'accidents de terrain), comprend en effet dans le nord une partie de la chaîne de l'Himalaya: les écoles de ces districts se trouvent à une altitude de l O00 m ou plus. Non seulement il fait bien plus froid dans ces régions montagneuses, mais encore les chutes de neige y sont abondantes en hiver : ce climat exige donc un autre type de construction que dans la plaine, La figure 14 montre que, tout en gardant les principales carac- téristiques de l'école des plaines, l'école de montagne a un toit en pente facili- tant l'écoulement de l'eau provenant de la neige fondante, et des murs épais qui retiennent la chaleur par temps froid Les variantes du deuxième type consis- tent à employer certains matériaux plus faciles à trouver sur place que d 'autres. Les éléments préfabriqués sont les seuls que l'on retrouve invariablement dans toutes les écoles.

La photo 12, prise un jour de brouillard, représente la variante "mon- tagnarde ". La photo 13 est aussi celle d 'une école de montagne : la brique est remplacée par des parpaings de ciment. Les photos 14 et 16 sont cellesd'écoles de la plaine: elles montrent l'aspect ''norma1''du bâtiment.

40

COUPE. A-A

Salle

PLAN

41

% 2 5 a,

5

a k

cd w

c a, O] a,

a,

O

-0 cd k

3

2 .d

U

.3

U

2 O .ril U

2 U cn C O u cn a, 3

X 3 a, 0

a, 3

a, a, a

h

O O

k a

3

3

O]

U

U

c.'

ci

5 E 2 'a, rn a, 5

rn 'a, k

cd a O

u c a, > a,

k

a, 5

X k a

O\

3

cd a,

E U

.d

.3

E;

a,

O 6.

O

O

'a, 5

b

'E

k

a, D > O O

k D

U

U

ii i3 rn O

k

.3

t-.

-

a, 3

d

s O -0

.d

U

.d

sb, U C

O

u 3 k

O] C

.ril U

U

6 -

O]

8 .3 U cd *w

w u 'a, a cn

.3

2 O cd Oh

4_1

u \Q) a

cn

.3

U

.3

.3

42

s? 0-

Co

4

m 9

h 4

H

hi

oc,

h

8 w m w

Q) 'a, O] k

'a, > 3 a

a, 3 v k a

.- d

.3

.. .d

ER m

3

LC m

ii(

m

LC

N

00 m

rn d O d Lr,

.d

U

.r(

.d

43

m h al ?

a rn

cdcd

'M

3

cd

.rl

d .d

g; rcI

Ph.oto 12. variante du prototype, conçue pour Zes régions montagneuses du novjd de 1 'Uttar Pradesh

Photo 13. Une écoZe dans Zes contreforts de Z'HimaZaya: Zes m u ~ s sont construits en parpaings de ciment

Photo 14. Aspect habituez d'une écoZe, dans Za pZaine

44

x

Photo 1.5. Vue de l'arrière du bâtiment, montrant la grande resserre et le rm& à cZaire-voie du préau

Photo 16. Une école de Za plaine: Ze terrain d'aZentour est aménagé-en jardin

45

CHAPITRE III

GESTION DU PROGRAMME DE CONSTRUCTION

Généralités

La mise au point du prototype a convaincu le Gouvernement que les con- ditions imposées quant au plan et au prix de revient pouvaient être respectés. Restait à organiser la construction de 5 500 écoles en trois ans avec les 50 mil- lions de roupies (6,75 millions de dollars des Etats-Unis) disponibles à cette fin. Le Gouvernement a mis les crédits à la disposition des "zila parishads"(0rganes responsables de la construction des écoles dans les districts) en leur imposant d 'adopter le plan et le devis maximal de 8 500 roupies établis par le CBRI. Mais les "zila parishads" ont eu de la peine à respecter ce montant, et les premieres écoles construites ont coûté en moyenne de 25 à 40% de plus que le prototype. Ils se sont aussi heurtés aux difficultés particulières suivantes :

a) La durée excessive des démarches administratives et financières, la lenteur des procédés de construction et le manque de techniciens compétents les empêchaient d 'exécuter un programme de construction de grande série dans un délai fixé.

b) Ils n'étaient pas convaincus que la méthode de construction en grande série et les techniques de construction élaborées par le CBRI étaient économiques

c) Il y avait déjà beaucoup de projets prioritaires en cours. Il convient de signaler que s 'il y a un tel retard dans la construction

d 'écoles primaires (voir tableau 1, page 13 ), c'est en grande partie à cause des difficultés inhérentes aux procédures administratives courantes Il était évident que les "zila parishads " n'arriveraient pas à exécuter notre programme; et même si ces difficultés étaient levées, il était clair qu'ils ne pourraient construire que 25 à 40% d'écoles de moins que prévu à cause des coûts de construction.

Dans ces circonstances, il fallait choisir: (a) ou bien ajourner le pro- jet - ce qui n'était guère souhaitable à cause du besoin pressant de locaux sco- laires; (b) ou bien se résigner à ce que les écoles soient construites comme dans le passé, au risque de renouveler les erreurs antérieures; (c) ou enfin en- gager le CBRI dans la planification, la programmation et l'exécution du projet. On savait certes que le CBRI n'est pas une entreprise de construction, mais il n'en restait pas moins que s'il ne prenait pas en charge le projet, toutes ses recherches ne serviraient de rien. Faire du CBRI le maître d'oeuvre est donc apparu comme la seule solution.

47

Le CBRI est un institut de recherches relevant du Conseil de la recher- che scientifique et industrielle (CSIR), organlsme autonome financé par le Gou- vernement de l'Inde. Le CSIR fournit au CBRI ses crédits de fonctionnement, et celui-ci travaille dans le cadre des directives générales et des règlements du CSIR. Un Conseil exécutif, dont les membres sont désignés par le CSIR, arrête le programme de recherches et le budget du CBRI. Avant la mise à exécution de tout programme, les recommandations de ce Conseil exécutif doivent être examinées et approuvées par le CSIR. Le CBRI a à sa tête un Directeur, investi de pouvoirs suffisants, en matière financière et administrative, pour assurer la bonne marche de l'Institut et l'exécution de ses programmes de recherche.

L'important, en l'occurence, est que le CSIR est autorisé à accepter des projets proposés et financés par des organismes extérieurs, notamment par les départements du Gouvernement central et les Gouvernements des Etats, à la condition sine qua non que ces projets aient un rapport avec les travaux de re- cherche ou de développement en cours dans tel ou tel des laboratoires ou insti- tuts nationaux dont il se compose et que ce laboratoire ou institut ait l'équipe- ment voulu. De plus, ces organismes extérieurs doivent subvenir à toutes Les dépenses afférentes auxdits projets, afin que le laboratoire ou institut intéressé n'ait à cet égard aucune obligation. En ce domaine, les règles et méthodes comptables du CSIR doivent être appliquées; toute dérogation qui apparaît néces- saire à 1 'exécution d 'un projet particulier requiert 1 'accord du CSIR.

demande adressée par le Gouvernement de l'Uttar Pradesh touchant la construc- tion d'écoles primaires dans l'Etat, aux frais de ce dernier. Le Conseil exécu- tif en a recommandé l'acceptation, considérant que les travaux de développe- ment déjà exécutés par l'Institut profiteraient de ce fait non seulement aux vil- lages de 1 'Uttar Pradesh, mais aussi éventuellement à ceux du pays tout entier - Le Conseil a également approuvé la création des postes nécessaires pour le projet. Ces recommandations ont finalement reçu la-sanction du CSIR, et le Directeur du CBRI a été autorisé à accepter le projet et à le mettre à exécution

C'est le 5 décembre 1972 que le Conseil exécutif du CBRI a examiné la

Les problèmes à résoudre étaient les suivants :

i) Les règlements et procédures ordinaires du Gouvernement concernant la construction, et notamment en matière de gestion financière et administrative des projets, étaient excessivement lents mais on ne pouvait en aucune manière passer outre à leurs principes fondamentaux.

ii) Il n'existait pas de procédure ou de règlement applicable spécia- lement à l'administration de projets devant être exécutés dans un délai fixé et avec des fonds limités.

iii) Les programmes de construction du Gouvernement doivent obligatoirement faire 1 'objet d 'appels d 'offres auprès des entrepreneurs; or, la plupart des écoles à construire se trouvant dans des villages reculés et souvent presque inacces- sibles, où il serait difficile de se procurer des matériaux et

48

de la main-d'oeuvre ou de les y acheminer, il était à prévoir que peu d 'entrepreneurs soumissionneraient, sinon à des prix prohibitifs.

personnel compétent pour contrôler les travaux. iv) Compte tenu des délais à respecter, on ne disposait pas du

Objectifs du projet

Comme il ressort des chapitres précédents, ce projet marque 1 'abou- tissement des recherches consacrées par le CBRI aux principaux aspects de la construction scolaire : il s'agit donc plutôt de la mise en application sur une grande échelle d 'un travail de recherche que d 'un programme de construction à proprement parler.

ses grands objectifs ont été formulés comme suit : Eu égard à la nature du projet et â ses répercussions socio-économiques,

Faire connaître au grand public et aux professionnels les tech- niques de contrôle desprixélaborées par le CBRI afin qu'elles deviennent de pratique courante.

Mettre en place, au niveau local et dans chaque Etat, des organes capables de poursuivre les activités de construction du CBRI après la fin de 1 'intervention de ce dernier.

Planifier, programmer et exécuter le projet de manière que les populations locales profitent des possibilités d 'emploi ainsi créées.

Donner à la main-d 'oeuvre locale, non spécialisée ou semi- spécialisée, 1 'occasion de se perfectionner au contact du per- sonnel qualifié du projet, afin d'augmenter le nombre des travailleurs compétents disponibles au niveau local.

Intéresser l'opinion publique et associer la population â 1 'oeuvre de modernisation rurale.

C 'est avec ces objectifs en vue qu'on a planifié le projet.

Le Comité de gestion

Comme le Gouvernement de 1 'Uttar Pradesh participait directement à ce programme de construction - auquel il devait consacrer de très importants crédits - et afin d'obtenir la meilleure coordination avec les autorités de 1 'Etat, le Directeur du CBRI a décidé que le projet serait confié à un Comité de gestion composé de quatre personnes : le Secrétaire du Département de l'éducation du Gouvernement de 1 'Uttar Pradesh, le Directeur de 1 ' "enseignement de base " du Département de l'éducation, le Directeur du CBRI et le Coordonnateur du projet du CBRI relatif aux constructions scolaires (auteur de la présente monographie).

Sous l'autorité générale du CSIR et du Conseil exécutif du CBRI, le Comité dirige et contrôle l'exécution du projet. Toutes les questions touchant

49

la politique générale, 1 'exécution et 1 'administration du projet sont examinées par ce Comité, qui se réunit aussi souvent qu'il est nécessaire. . Planification du projet

Cette planification a comporté en tout premier lieu la recherche des méthodes â employer pour réaliser en trois ans seulement un programme de construction portant sur 5 O00 écoles au moins. Quelle structure convenait-il de donner aux organes de direction et d'exécution pour atteindre cet objectif? Quels échelons de contrôle seraient nécessaires pour obtenir non seulement que toutes ces écoles soient construites dans le délai fixé, mais aussi - condition également importante - que ne soient pas dépassés les devis impératifs dont la construction d 'un petit nombre de prototypes avait démontré qu'ils étaient suffisants ?

14 Pour résoudre ces problèmes, on a appliqué la méthode régressive. Puisque plus de 5 O00 écoles devaient être construites en trois ans, dans 51 des 54 districts scolaires que comprend l'Etat, l5 pour 50 millions de roupies, il fallait construire chaque année soit toutes les écoles de 17 districts, soit quel- que 1700 écoles réparties dans les 51 districts. En tenant compte des terrains, de la situation du CBRI (à proximité duquel il était plus facile de surveiller les travaux que dans des localités éloignées), et de diverses autres raisons impo- sant la construction d'écoles dans toutes les régions de 1'Etat en même temps, on a finalement arrêté le programme suivant :

lere année : travail dans 20 districts (2 O00 écoles environ) 2e année : travail dans 18 districts (1 900 écoles environ) 3e année : travail dans 13 districts (1 200 écoles environ)

Total : 5 1 districts (5 O00 écoles environ)

Une fois le programme global réparti en trois tranches et le volume de chacune d'elles fixé, il a été possible de mettre au point l'organisation et les structures nécessaires à 1 'accomplissement d 'une tranche annuelle. *

La premiëre tranche comprenait 2 O00 écoles environ dans 20 dis- tricts scolaires, soit par district une centaine d+écoles revenantaplus de 750 O00 roupies (approximativement 115 O00 dollars) Il a été décidé que ce programme

I

14. Feldman, Julian. "Organizational decision making." In Hmdbook of organizatims. Ed. James G. March. Chicago, Rand McNally, 1972. pp. 614-649.

15. Le programme ne couvre pas les districts frontaliers d'Uttar Kashi, Charnori et Pithoragarh, qui sont dans l'Himalaya et contiennent les montagnes les 'plus élevées de l'Uttar Pradesh: l'habitat y étant tout à fait particulier, le problème des constructions SCO- laires y demande des solutions spéciales.

50

pourrait être confié à une seule équipe par district, et le district est ainsi deve- nu le secteur de base pour l'opération entière. Cependant, comme il ne sem- blait pas que les travaux pourraient commencer simultanément dans tous les districts, ces derniers ont été groupés par trois : tandis que les travaux de construction seraient en cours dans l'un d'eux, on les préparerait dans les deux autres.

Structures d 'exécution

La question a examiner ensuite était celle du personnel et de l'organi- sation au niveau de 1 'exécution. Bien que le projet fût maintenant 1 'une des acti- vités de recherche et de développement du CBRI, son caractère interdisciplinaire, son énorme budget et le fait qu'il avait son propre Comité de gestion demandaient l'établissement, au sein de l'InStitut, d'une division nouvelde, mais temporaire, qui pût s 'y consacrer exclusivement. Il a donc été décidé de créer cette branche, dont le Directeur adjoint du CBRI a pris la présidence avec le titre de Coordon- nateur du projet. Ses attributions consistent à planifier et à diriger 1 'exécution des travaux dans tous les districts et à assurer l'administration courante du pro- jet. Il est assisté sur le plan technique par un sous-directeur et, pour l'admi- nistration et la comptabilité, par un administrateur et un chef-comptable, aux- quels s 'ajoutent les quelques employés de bureau strictement indispensables. Il a été décidé aussi que les fonds destinés à couvrir les frais de personnel et d 'administration du projet seraient déposés dans un compte particulier ouvert à la Banque nationale de l'Inde (succursale de l'université de Roorkee) et dont deux fonctionnaires du projet auraient la signature : cette mesure accélère les paiements et facilite la comptabilité.

principaux du CBRI l6 investis des pouvoirs administratifs et financiers néces- saires, ont la haute main sur les travaux, chacun dans un groupe de districts; chacun d 'eux est aidé par un comptable et un commis qui tiennent à jour la comptabilité relative à ce groupe de districts. Dans chaque district est affecté un ingénieur; a ce niveau, le personnel du projet comprend:

- Un ingénieur : responsable du programme de construction dans le district;

Sous l'autorité générale du Coordonnateur du projet, des ingénieurs

- Des sous-ingénieurs : chacun chargé d'un des "cantons" du district;

- Des inspecteurs : chacun chargé de cinq ou six écoles dans un canton (il y a ainsi plusieurs inspecteurs par canton);

- Des contremaîtres : chacun chargé de la construction d'une ou de deux écoles (chaque inspecteur contrôle ainsi plusieurs contremaares) .

16. Hiérarchiquement, le personnel de l'Institut central de recherches sur la construction est structuré comme suit: directeur, direc- teur adjoint, sous-directeurs, ingénieurs principaux, ingénieurs, etc. 51

Telle est 1 'organisation des échelons d 'exécution, du moins en théorie; en effet, comme on le verra plus loin, il a fallu en pratique l'adapter suivant les possibilités de recrutement du personnel.

Mise en place des structures

Le Bureau principal du projet s'est ouvert en septembre 1972 et le Co-

Ces trois fonctionnaires se sont immédiatement attaqués aux taches

ordonnateur est entré en fonctions avec son administrateur et le sous-directeur.

suivantes :

i)

ii)

iii)

iv )

vi)

vii)

viii)

ix)

x) xi)

Etablir un ordre de priorités;

Désigner les districts dont on s 'occuperait la première année;

Recruter le personnel nécessaire;

Préparer les directives destinées au personnel d 'inspection et les instructions concernant le déroulement des travaux;

Préparer un programme d 'initiation du personnel aux méthodes de construction;

Etablir la liaison avec le Gouvernement de 1'Etat et les autorités des districts afin d'obtenir leur concours pour l'achat des maté- riaux de construction et la cession des terrains;

Préparer le budget du projet, compte tenu des besoins en personnel et du versement des fonds;

Formuler des directives touchant 1 'application des rëgles en matière de finances;

Rédiger un manuel simple expliquant les procédures de travail et d 'achat;

Déterminer les conditions de travail du personnel;

Ouvrir des comptes bancaires pour les fonds alloués au projet.

Cet énorme travail a été terminé à la fin d 'octobre 1972 par la première équipe du projet avec le concours de quelques membres du personnel scienti- fique et administratif du CBRI et en ayant sans cesse présent à l'esprit le délai fixé. Vu la nécessité de respecter les règles et procédures officielles adoptées par le CSIR, ainsi que les limites financières, on a cherché avant tout à simpli- fier et à rationaliser ces règles et procédures afin de construire vite pour ache- ver le projet en temps voulu.

problëme était de recruter le personnel. Dès que la décision de mettre le pro- jet à exécution a été prise, le Directeur a ouvert les postes nécessaires, en fonction des travaux prévus dans la première tranche et compte tenu des fonds alloués pour les frais d 'établissement et de contrôle. Il faut ajouter que, dans un sou,ci d 'efficacité et d'économie, 1 'effectif du personnel de direction et d 'ad- ministration n'a cessé par la suite d'être revu et ajusté d 'après le volume des travaux et les fonds disponibles.

Une fois examinées ces questions d 'organisation, le premier ,grand

52

On a procédé au recrutement en suivant les règles de base du CSIR, c'est-à-dire par appels de candidatures, et la sélection des candidats a été assu- rée par des comités d'experts. Toutes les formalités et démarches ont été ac- complies aussi rapidement que possible. Le premier groupe de candidats aux postes d'ingénieur (de district) a été examiné en octobre 1972 et les contrats ont été offerts aussitôt; la plupart des candidats engagés étaient déjà à pied d 'oeuvre à la fin de décembre 1972. Comme il y avait, à cette époque, pénurie de tech- niciens assez compétents pour prendre en charge un projet de cette ampleur et aussi urgent, il n'a pas été possible de pourvoir d'emblée tous les postes ouverts. Les inspecteurs et les contremaîtres ontété engagés fin janvier et début février 1973, et le personnel administratif en novembre et décembre 1972. Le person- nel déjà recruté à la fin de janvier 1973 était suffisant pour ouvrir les chantiers. Pendant ce temps, le personnel de direction s'était employé, au Bureau central et dans les districts, à tout préparer de telle sorte que les travaux ont effective- ment démarré en février 1973.

L 'ampleur de ces opérations de sélection du personnel et la rapidité avec laquelle elles ont été menées à bien ressortent du tableau 10, où figure aussi le personnel subalterne dont nous n'avons pas encore fait mention.

Presque toutes les personnes engagées étaient à pied d 'oeuvre dans leurs districts respectifs en février 1973. Restaient toutefois vacants des postes d 'inspecteur et de contremaître, où 1 'on a placé des techniciens locaux rému- nérés à la journée. En principe, tous les inspecteurs et contremaîtres mention- nés dans le tableau 10 ont été affectés dans leur district de résidence afin que leur connaissance des conditions locales contribue à 1 'accélération des travaux

Tableau 10. Recrutement du personnel du projet

Nombre de Nombre de Séances des comités Nombre de

reçues convoqués retenus Postes demandes candidats de sélection candidats

Ingénieurs 2 83 105 13 oct. 72 19 14 nov. 72 10 jan. 73

Sous -ingénieurs 476 194 21 nov. 72 36

Contrôleurs 1251 83 1 nov. 72 74 jan. 73

Contremaîtres 1330 762 30 nov .72 209 1-2 déc. 72

Administrateurs 36 11 14 nov . 72 1 ~

Comptables 103 36 30 oct. 72 10 6 nov. 72

53

Tableau 10. Recrutement du personnel du projet (suite)

Nombre de Nombre de Séances des comités Nombre de

reçues convoqués retenus Postes demandes candidats de sélection candidats

Commis 71 40 20 oct. 72 11 28 jan. 73

~~ -

Secrétaires 37 12 29 oct. 72 4 5 jan. 73

Chauffeurs 13 13 3 nov. 72 4

Divers (balayeurs, 247 58 fév . /avr .73 19 plantons, etc #)

Total : 387

Orientation et formation du Dersonnel

Avant leur départ pour leur district d 'affectation, les ingénieurs et les sous-ingénieurs ont suivi au CBRI un stage de deux semaines dont le programme a comporté :

i) L 'étude critique des plans, des spécifications et des devis; ii) Des discussions sur les méthodes à appliquer pour l'exécution

des travaux; . ,

iii) L 'examen technique des éléments préfabriqués;

iv) L 'apprentissage des procédures administratives concernant la gestion du personnel, l'adjudication des contrats et le contrale desdépenses.

Pour les inspecteurs et les contremaîtres, un stage pratique a aussi été organisé, d 'abord au CBRI puis à Saharanpur, chef-lieu d 'un district voisin où l'on avait construit les prototypes et installé un chantier pour la réalisation des éléments préfabriqués.

Les membres du personnel avaient ainsi acquis les connaissances néces- saires pour remplir efficacement leurs tâches respectives, et savaient ce qu'on attendait d'eux. Le temps consacré à cette formation ayant été trës bref, on comptait sur les ingénieurs de district pour résoudre toute difficulté qui surgi- rait au cours de l'exécution des travaux. Les problèmes spéciaux seraient sou- mis au Bureau central qui donnerait les instructions et directives nécessaires.

tait une importance capitale pour 1'Etat et qu'il devait réussir. A cet effet, on On a bien précisé à tous 1e.s membres du personnel que le projet présen-

54

leur a recommandé de rechercher l'appui et le concours de la population et des autorités locales, On lès a aussi incités à montrer aux habitants des villages qu'ils auraient intérêt à entreprendre eux-mêmes des travaux aussi si.mples afin d'arriver à construire par leurs propres moyens, à l'avenir, tous les locaux dont ils auraient besoin

Organisation des travaux et transmission des directives

Comme on l'a indiqué plus haut, tous les plans et toutes les directives concernant 1 'exécution du projet émanent du Coordonnateur, responsable suprême. Ses instructions aux ingénieurs de district et aux sous-ingénieurs ont trait à de multiples questions, et notamment aux suivantes :

i) Les plans et les détails des écoles à construire;

ii) Les améliorations possibles touchant les écoles et leurs alentours;

iii) Les évaluations techniques des travaux à entreprendre;

iv) Les méthodes de choix des entrepreneurs pour l'adjudication des contrats;

v) La marche à suivre pour affecter le personnel à tel ou tel chantier suivant les besoins:

vi) Les relations à établir avec le public pour assurer le succès du projet;

vii) L 'application des règlements et procédures propres au projet;

viii) Les rapports périodiques à envoyer au Bureau central sur l'état d 'avancement des travaux et les difficultés rencontrées.

Le Coordonnateur encourage aussi les ingénieurs à proposer des amé- liorations touchant les méthodes de travail, les plans et les opérations adminis- tratives. De plus, il visite régulièrement les chantiers pour s'informer des problèmes rencontrés au niveau des villages et des districts et donner des instructions pour les résoudre. Périodiquement, il convoque les ingénieurs et sous-ingénieurs pour rechercher avec eux la solution de leurs problèmes; le Directeur profite de ces réunions pour donner des instructions générales. Les ingénieurs et sous-ingénieurs ont toujours la possibilité de faire part de leurs difficultés au Coordonnateur par lettre ou par téléphone, ou en allant le voir au Bureau central.

Les ingénieurs peuvent aussi s'entretenir avec leurs collègues des autres districts au sujet des problèmes communs et tiennent le Coordonnateur au courant de ces discussions. En fait, un excellent esprit d 'équipe s 'est instau- ré entre eux tous, ce qui permet de régler rapidement, en collaboration, tous les problèmes concernant le projet L 'administrateur assure la transmission des instructions du Coordonnateur aux ingénieurs, et donne à ces derniers des avis au sujet des problêmes d'ordre administratif.

.

55

Le Coordonnateur, aidé par le personnel du Bureau central - où toutes les archives sont rassemblées - se tient en liaison avec le Gouvernement de 1 'Etat et les autorités des districts.

Préliminaires des travaux de construction

Ces préparatifs ont été complexes et ont essentiellement comporté quatre activités :

i) Sélection et obtention des terrains où construire les écoles;

ii) Choix d 'emplacements centraux pour y préfabriquer les éléments s tanda rdi sé s ;

iii) Sélection d 'entrepreneurs ou engagement direct d 'ouvriers pour les travaux de préfabrication;

iv) Sélection d 'entrepreneurs ou engagement direct d 'ouvriers pour la construction des écoles sur les emplacements retenus.

Toutes ces activités ont dû être entreprises en premier lieu pour assu- rer le démarrage du projet, mais elles présentent aussi un caractère continu car dès qu'elles sont terminées dans un premier district et que les chantiers sont ouverts, l'ingénieur principal responsable d 'un groupe de trois ou quatre districts se rend dans le deuxième afin de mettre tout en place pour que les tra- vaux y commencent dès l'achèvement des écoles dans le premier, et ainsi de suite jusqu'au dernier district du groupe. C'est donc une activité "par roule- ment " qui progresse à la cadence d'un district (c 'est-à-dire une centaine d 'écoles) tous les trois mois. Comme il y avait au début cinq ingénieurs prin- cipaux chargés chacun d'un groupe de districts, on voit que la cadence moyenne était de 500 écoles construites par trimestre : jusqu'à la date de rédaction de la présente monographie, ce rythme a été régulièrement tenu.

Un examen plus détaillé des quatre activités préparatoires ci-dessus est toutefois indispensable à une meilleure compréhension des opérations.

Sélection et obtention des terrains

Il a fallu d 'abord négocier l'obtention des terrains. Le Gouvernement de 1 'Etat avait indiqué le nombre d 'écoles à construire dans chaque district, mais c'est aux autorités scolaires des districts qu'il appartenait de désigner l'emplacement précis dans chaque cas: il a donc fallu qu'elles négocient la ces- sion des terrains par l'entremise des chefs de village. Il y a bien eu çà et là quelques conflits, mais les terrains ont généralement été obtenus sans grandes difficultés. Dans la plupart des cas, les autorités scolaires de district ont re- tenu plus d 'emplacements qu'il n'en fallait en réalité, et l'ingénieur n'a eu qu'à choisir, en tenant compte (a) de 1 'aptitude de chaque terrain à recevoir une école, (b) de sa facilité d'accès pour la livraison des matériaux, (c) de la possibilité d 'y entreposer ces derniers sans risques, (d) de 1 'existence d 'un logement pour le contremaître et (e) de la présence dans le village d'un entrepreneur et d 'ouvriers capables. Mais surtout, il devait s 'assurer que la construction de

56

chaque école ne coûterait pas plus de 8 500 roupies : c 'est dire qu 'il devait s 'en- quérir soigneusement de la possibilité d 'obtenir sur place tous les matériaux nécessaires, et de leur prix (les éléments préfabriqués devant venir de l'ex- térieur).

La plupart des terrains propres à la construction d'une école ont été trouvés à la périphérie des villages. En effet, nous.avons déjà signalé quedans l'Uttar Pradesh - comme d'ailleurs en beaucoup d'autres régions de l'Inde - les villages se composent de maisons construites en brique crue, et leur site est généralement fort ancien. Au cours des siècles, les vieilles maisons se sont effondrées et l'on en a construit de nouvelles sus les décombres, de sorte que le sol s'est peu à peu exhaussé. Ainsi chaque village occupe-t-il aujourd'hui un tertre oh il n'y a guère de place disponible pour d 'autres édifices, notamment pour une école: c'est pourquoi il a fallu chercher en bordure des villages, géné- ralement dans la frange de terrain vague et inculte qui s'étend entre les maisons et les champs voisins. Les emplacements adéquats sont souvent de dimensions réduites, et l'un des problèmes posés à ceux qui avaient à les choisir était d'es- timer s'il y avait assez d'enfants demeurant dans un rayon raisonnable (2 km) pour justifier la construction éventuelle de la deuxième et de la troisième tranches, et si le terrain considéré serait suffisant pour une école à cinq classes.

Préfabrication centralisée

Le figure 13 représente les éléments préfabriqués : caissons en béton prémoulé pour la toiture, fermes en acier soudé, bâtis en acier soudé pour les portes et les fenêtres, linteaux de porte en béton prémoulé servant aussi de pare- soleil, vantaux et volets en bois.

La préfabrication met en jeu des techniques spécialisées; or, au début, on n'a trouvé aucun entrepreneur ayant la compétence voulue pour réaliser ces éléments suivant les spécifications et les devis imposés. Pour les chantiers de préfabrication, il fallait aussi trouver des terrains convenables et disposer d'électricité et d'eau en quantité suffisante. Dans la plupart des districts, les autorités ont mis une aire de moulage à la disposition du projet pour commencer la préfabrication. Le nombre des aires nécessaires dépend de la configuration et de l'étendue du district, mais une seule suffit dans la plupart des cas. On l'a aménagée de préférence au chef-lieu du district, ce qui permet à 1 'ingénieur, qui y a aussi son bureau, de mieux contrôler la qualité des travaux et d'être plus facilement en contact avec les fonctionnaires du district.

Adjudication des contrats de préfabrication

Le méthode normale d'adjudication des contrats, en matière de travaux publics, est celle de l'appel d'offres. Mais c'est une procédure très lente; l'ex- périence a montré que la préfabrication, en accélérant les travaux, demandait un système plus expéditif d 'attribution des contrats.

L'ingénieur responsable relève d'abord les prix courants sur le marché local, Il a donc été décidé d'accorder des contrats par voie de négociation.

57

puis prépare une analyse du coût de chaque élément préfabriqué; il calcule en- suite avec précision le prix de revient de l'école et s'assure qu'il ne dépassera pas la limite imposée. Les détails et le total du prix de revient de chaque élé- ment préfabriqué sont alors soumis pour approbation au Coordonnateur, qui au- torise enfin l'ingénieur à négocier sur cette base avec les entrepreneurs. Dans 1 'ensemble, ces derniers trouvent cette procédure acceptable et pratique; en outre, elle fait gagner du temps aux responsables du projet,

des techniques aux entrepreneurs locaux afin d 'éveiller leur intérêt. Si ces der- niers demeuraient indifférents, 1 'ingénieur faisait alors installer un chantier de préfabrication par son propre personnel et commençait la production pour mon- trer 1 'exemple. Un ou deux entrepreneurs ont fini par proposer leurs services et, au terme de négociàtions sur les prix et autres conditions, un contrat leur a été accordé. Peu ZI peu, dans presque tous les districts, d'autres ont aussi fait des offres, et finalement les contrats de préfabrication se sont trouvés ac- cordés, selon des modalités diverses : (a) soit à des entrepreneurs locaux ayant des capitaux suffisants; (b) soit à des ingénieurs sans emploi ou à des coopératives locales d 'ingénieurs et d 'entrepreneurs pouvant réunir les moyens nécessaires; (c) soit enfin, par adjudication publique, aux entrepreneurs les mieux disants.

Au commencement, les techniciens du projet ont fait la démonstration

La plupart du temps, les travaux sont adjugés par voie de négociations portant sur les prix et les autres conditions de travail. Les ingénieurs et tech- niciens assurent un contrôle strict pour s'assurer que la qualité des éléments fabriqués est celle qui a été convenue. On a remarqué avec satisfaction que les techniques de préfabrication se répandent, et 1 'on peut trouver aujourd hui bon nombre d 'entrepreneurs compétents en cette matière.

Les photos 17 à 20 donnent une idée de l'ampleur et de complexité des travaux de préfabrication dans chaque district - donc de 1 'importance d 'une bonne organisation

Contrats de construction

D'ordinaire, le contrat relatif à la construction de chaque école a été accordé à un entrepreneur local ayant une certaine expérience dans ce domaine: on s 'efforce en effet d 'encourager 1 'économie rurale en employant de la main- d 'oeuvre locale. Le montant de ce contrat n'est pas très élevé : 3 000 roupies au plus par école. Les matériaux de construction (ciment, briques, etc .) et les éléments préfabriqués sont fournis à 1 'entrepreneur, qui recrute la main- d'oeuvre. Chaque entrepreneur est chargé de construire 3 ou 4 écoles à la fois dans un même canton. Les techniciens du projet conrrôlent les travaux et donnent les conseils techniques nécessaires pour que toc$ soit exécuté comme convenu et dans les délais fixés.

Au début, il a été difficile de trouver des entrepreneurs ruraux accep- tant de construire des écoles, et les ouvriers spécialisés eux aussi étaient rares dans les campagnes. Le personnel du projet n'a épargné aucun effort pour inté- resser les habitants et leur prouver, par des démonstrations, que la construction

58

de ces bâtiments simples était à leur portée. Afin d 'attirer les entrepreneurs locaux, on a aussi amélioré les conditions de règlement des contrats. Les mé- thodes utilisées pour la construction des écoles nouvelles de village sont désor- mais appréciées par les habitants, qui n'hésitent plus maintenant à venir travail- ler sur les chantiers. Dans ces conditions, la plupart des travaux sont à pré- sent attribués par voie de négociations et non plus par appels d'offres publics : il va sans dire qu'on exige toujours de respecter le devis, le cahier des charges et le délai imposés.

En attribuant les contrats- tant pour la préfabrication de certains élé- ments que pour la construction des écoles - les responsables du projet ont par- fois des choix délicats à faire entre les entrepreneurs dont certains bénéficient de puissants appuis tandis que d'autres sont plus compétents et mieux équipés; il faut, en discutant avec eux et en s'informant à leur sujet, déterminer exacte- ment la valeur de. chacun.

'

Acheminement des matériaux sur les chantiers

Le facteur le plus important dont dépend la bonne exécution du program- m e est l'efficacité des moyens disponibles pour assurer le transport des mate- riaux de construction et des éléments préfabriqués ainsi que les déplacements du personnel d'inspection. Les matériaux de base (ciment, briques et sable) doivent être acheminés des dépôts jusque sur chaque chantier; et les éléments préfabriqués de même, depuis l'atelier central installé au chef-lieu du district. Ces transports sont malaisés, et coûteux, dans la plupart des districts, mais les ingénieurs de district ont tout fait pour obtenir l'aide de la population locale et réduire ainsi les frais de transport au maximum.

Pour assurer les déplacements rapides du personnel d 'inspection, les ingénieurs de district louent des taxis ou des jeeps. Les éléments Préfabriqués sont transportés du chef-lieu de district aux chantiers en camion ou en charrette à boeufs, selon le cas.

Dans tous les districts, les ingénieurs ont établi un planning serré afin d'éviter tout arrêt des travaux dû à un retard dans la livraison des matériaux. Ils sont autorisés à prendre toute mesure opportune à ce sujet, sous reserve de ne jamais dépasser le devis total arrêté pour chaque école. A tiire exceptionnel, dans un ou deux districts oh des difficultés spéciales sont apparues, des véhi- cules de transport ont été achetés et sont entretenus sur le budget du projet.

Gestion financière

Dans bon nombre de pays d'Asie, l'un des éléments "invisibles" du coût de construction est constitué par les intérêts que les fournisseurs et les entrepreneurs doivent payer sur les sommes qu'ils empruntent aux banques. Il faut se souvenir que, normalement, un entrepreneur n'est payé qu'à l'achève- ment des travaux (ou d'une partie s'il s'agit d'un bâtiment de grandes dimensions). Par suite, pendant la durée des travaux, il doit puiser dans sa caisse ou em- prunter à une banque l'argent nécessaire pour payer la location du matériel, les

59

Photo 17. Le gabarit mstique'servant à fabriquer les fermes en acier par soudage

" , ,

Photo 18. Fermes èt bâtis de portes et de fenêtres, gntreposés avant 2 'expédition vers Zes chantiers

60

Photo 19. Linteaux/pare-soZeiI en béton m é préfabriqués, prêts à être envoyés à l'entrepôt

Photo 20. Caissons de toiture, en béton armé, qu'on vient de démouZer

61

frais de transport, les salaires des ouvriers, le prix des matériaux, etc. Tant qu 'on ne lui a pas réglé les travaux accomplis, il ne peut rembourser ses em- prunts bancaires et continue donc à verser les intérêts. Or, pour effectuer ce règlement, 1 'organisme client s 'assure d 'abord par une inspection que les tra- vaux sont conformes au cahier des charges, et délivre ensuite un bon de paie- ment. Quant il s 'agit du Gouvernement, cette procédure peut durer des se- maines, sinon des mois; et pendant tout ce temps, l'entrepreneur paie des inté- rêts sur les sommes empruntées, qui représentent le capital même dont il a besoin pour financer le chantier suivant. Dans ces circonstances, tout entre- preneur, évaluant le délai dans lequel il sera vraisemblablement payé, calcule en conséquence le montant des intérêts et l'ajoute au montant de l'offre qu'il sou- met. En somme, plus vite on règle 1 'entrepreneur, plus intéressante est sa SOU- mission; plus on le fait attendre, plus il majorera ses prix.

Il est donc apparu que si l'on voulait exécuter le programme dans les limites de coût et de temps fixées, il fallait essentiellement payer rapidement les factures des entrepreneurs et des fournisseurs et les salaires du personnel. Pour cela, on a modifié et simplifié les règles et procédures de paiement de telle manière que toutes les factures sont réglées dans les trois jours qui suivent leur présentation. Des instructions très claires à cet effet ont été données aux ingé- nieurs de district et aux responsables des chantiers.

I

Un règlement financier général a été établi pour les besoins du projet et approuvé par le Directeur, ainsi que les pouvoirs à donner aux ingénieurs en matiêre d'autorisation de dépenses et de paiement. Ces derniers ont été invités à appliquer scrupuleusement ce règlement afin d 'éviter toute irrégularité dans les dépenses, et â effectuer les paiements sans délai comme indiqué dans ce texte.

En vue de faciliter les paiements, un compte bancaire au nom du Projet des constructions scolaires a été ouvert dans chaque district oh des travaux ont été entrepris; ce compte est utilisé par l'ingénieur du district et l'un de ses subordonnés. Les sommes avancées par les autorités du district y sont déposés et l'ingénieur, avec 1 'aide de son comptable, effectue directement les paiements concernant les travaux de construction. La comptabilité est tenue dans les formes prescrites par le Bureau central. Pour les dépenses imprévues liées au contrôle des travaux, l'ingénieur dispose d'un fonds de roulement qui est réap- provisionné, en tapt que de besoin, sur présentation au Bureau central des bor- dereaux et des pièces justificatives réglementaires. Le chef-comptable vérifie toutes ces pièces en application du règlement financier du projet, puis réappro- visionne les comptes d'avances. De leur caté, les ingénieurs doivent soumettre le 15 de chaque mois, sur les formules dont ils sont munis à cet effet, un état des dépenses qu'ils ont imputées sur les fonds placés à leur disposition à la suc- cursale locale de la Banque nationale de 1 'Inde. Ces états mensuels sont ensuite totalisés au Bureau central et débités du crédit total ouvert au titre du projet. On veille soigneusement à éviter tout découvert. A la fin de chaque mois, 1 'état général des dépenses est présenté au Coordonnateur à titre d 'information.

62

En vue d'assurer le règlement rapide des factures des entrepreneurs,

i) Etant donné qu'il s'agit de travaux normalisés et de caractère répétitif, la méthode habituelle prescrite par le Gouvernement indien pour l'enregistremwt des caractéristiques des bâtiments à construire a été modifiée afin de supprimer 1 'obligation de re- transcrire chaque contrat, dans les registres officiels, avec tous ses détails; les inspecteurs et sous-ingénieurs passent ainsi beaucoup moins de temps à tenir les registres de métrés et à établir les bons de paiement destinés aux entrepreneurs.

ii) Les paiements partiels pour les matériaux fournis ou les travaux en cours sont autorisés à concurrence de 75 % à 90% de la valeur de ces fournitures ou travaux, ce qui permet aux petits entre- preneurs de maintenir leur trésorerie à flot jusqu'à 1 'achèvement de la construction.

diverses mesures ont été prises qui simplifient et accélèrent la procédure :

iii) Des instructions très strictes ont été données au ingénieurs et aux comptables afin que les factures présentées par les entre- preneurs soient en toutes circonstances réglées dans les huit jours

iv) La durée de la période de garantie à l'expiration de laquelle a lieu le règlement définitif de 1 'entrepreneur a aussi été réduite.

Les salaires et indemnités du personnel relevant du CBRI sont payés directement par le Bureau central, qui établit les fiches de paye d'après ses listes, le 25 de chaque mois, et vire les sommes correspondantes au compte bancaire des ingénieurs de district. La pays s'effectue le premier jour du mois. Tout membre du personnel en congé a son salaire ajusté à la fin du même mois si sa demande de congé, dûment approuvée, est reçue au Bureau central avant le 15.

Les bordereaux de remboursement des frais de déplacement sont éta- blis par le Bureau central, suivant les règlements et tarifs appliqués par le Gou- vernement et au vu des rapports soumis par chaque ingénieur, auquel on envoie les fonds nécessaires qu'il remet aux intéressés. Cette méthode fonctionne de façon satisfaisante et permet à la fois de vérifier les sommes dues et de contrô- ler leur versement.

Le chef-comptable du projet assure la vérification a posteriori de toutes les dépenses. Toutes les factures acquittées lui sont envoyées après une pre- mière vérification effectuée par le comptable du district suivant les règles et procédures propres au projet. Les factures sont payées par l'ingénieur de dis- trict dès que le comptable les a contrôlées. Les livres de caisse, les registres bancaires, les bordereaux justificatifs et tous les comptes sont tenus et conser- vés en double : au Bureau central et dans chaque district. Le chef-comptable vérifié périodiquement la comptabilité de tous les districts.

63

Il a été convenu avec le Gouvernement de 1'Etat que les dépenses affé- rentes aux travaux de construction proprement dits seraient imputées sur les avances remises aux ingénieurs par les autorités des districts conformément aux règles et procédures propres au projet, et que les comptes - dûment certi- fiés par le chef-comptable - seraient, après l'achevement des travaux dans chaque district, remis par l'ingénieur aux autorités du district qui les vérifie- ront â leur tour.

Quant aux dépenses de personnel et de direction imputées sur les fonds versés par les autorités des district au Bureau central, leur vérification a été confiée au Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR).

Gestion du personnel

Actuellement, le personnel propre du projet compte 387 membres, du directeur adjoint au dernier employé (voir tableau 10). La plupart sont affectés dans les villages, Le règlement qui les régit et leurs conditions d'emploi ont été fixés en tenant compte des tâches à accomplir et des conditions de vie dans des localités reculées; ces textes ont été approuvés par le Directeur avant tout recrutement.

D'une faGon générale, sur le plan disciplinaire, on applique les règle- ments officiels du Gouvernement central. Les ingénieurs de district ont reçu à cet égard des instructions très claires : sans négliger les aspects humains du problème, ils doivent assurer du mieux qu'ils le peuvent l'assiduité de leurs subordonnés et l'accomplissement des tâches qu'ils ont à remplir. Les sous- ingénieurs ont à contrôler périodiquement les présences, et chaque ingénieur doit en outre inspecter les chantiers à l'improviste. La discipline et la conduite du personnel sont les deux eléments principaux auxquels veillent les respon- sables, mais la rigidité hiérarchique est assouplie, voire éliminée, grâce à 1 'exemple donné par les supérieurs : le Coordonnateur lui-même envoie pério- diquement des directives à ce sujet. Les actes de négligence et d'indiscipline sont sanctionnés promptement et sévèrement afin d 'écarter les éléments indé- sirables avant qu'ils ne contaminent les autres et que le projet n'en souffre.

périodiques, établis sur les formules officielles du CSIR et portant sür leur tra- vail et leur comportement. Tout rapport défavorable est communiqué à 1 'inté- ressé, que l'on invite à se corriger en conséquence. Dans 1 'ensemble, 1 'état d 'esprit et la discipline du personnel donnent toute satisfaction et 1 'on n'a pra- tiquement pas eu de difficultés sérieuses en matière de gestion du personnel. Mais les petits problèmes quotidiens sont nombreux, et réglés à l'échelon approprié.

Tous les membres du personnel font l'objet de rapports confidentiels

Publicité

S 'agissant d 'un projet hautement prioritaire dont doit bénéficier la popu- lation rurale, il est essentiel d 'avoir la coopération et 1 'assistance des habitants et des autorités locales. Les dirigeants du projet et tous les membres du per- sonnel au niveau des districts ont été invités à solliciter toute l'aidepossible des

64

chefs de village, des personnalités locales membres de 1 'Assemblée législative de 1'Etat et du Parlement national, des chefs et administrateurs de district et de tous les notables des villages et des districts. D e toutes les personnalités ainsi touchées, le projet a reçu jusqu 'à présent un soutien sans fiserve. Chaque ingé- nieur de district et chaque chef de chantier reste en contact permanent avec les villageois et les notables, et tient compte de leurs avis avant d'entreprendre les travaux. Dans la plupart des districts, les villageois s 'intéressent vivement au projet et proposent leur aide : main-d'oeuvre, logements et autres chosesnéces- saires. De leur côté, pour encourager les habitants, les responsables du projet leur expliquent les techniques de construction et embauchent sur place des entre- preneurs et de la main-d 'oeuvre non spécialisée.

Les ministres des Gouvernements des Etats et du Gouvernement central suivent avec intérêt l'exécution du projet; certains ont visité les chantiers et se sont adressés à la population rurale pour la convaincre de l'importance du projet et l'inviter à y collaborer. Le Premier Ministre et le Gouverneur de l'üttar Pradesh n'ont cessé d'encourager le personnel du projet en adressant souvent des félicitations aux responsables.

La presse indienne n'a pas tardé à saisir toute l'importance du projet et à constater la rapidité avec laquelle progresse son exécution. Très géné- reusement, elle commente souvent les travaux pour en informer les populations rurales. Cet effort de propagande a suscité des réactions favorables tant dans le public qu'au sein des Gouvernements des Etats, dont plusieurs ont demandé qu 'un grand programme de constructions scolaires soit aussi entrepris chez eux La Radiodiffusion indienne, de son côté, donne une large place dans ses émis- sions aux nouvelles relatives au projet; et le Service cinématographique indien a réalisé et distribué un film sur la préparation et l'exécution de celui-ci.

Le Directeur et les responsables se tiennent constamment en rapport avec les Gouvernements des Etats, le grand public et la presse pour les infor- mer des progrès accomplis. Ils font appel méthodiquement aux grands organes d 'information non seulement pour expliquer au public les méthodes du projet et leur intérêt pour d'autres entreprises telles que la construction de logements à bon marché dans les régions rurales, mais aussi pour soutenir le moral et l'ar- deur du personnel, des entrepreneurs et des ouvriers.

Autres résultats

Le projet a déjà eu d'heureuses répercussions dans 1'Etat. Comme les méthodes adoptées par le CBRI pour l'exécution de ce vaste programme dans un délai donné sont quelque peu différentes des procédures et des techniques habi- tuelles qu'appliquent les services gouvernementaux et les grandes entreprises de construction du pays, il y a eu inévitablement quelques réactions : certains milieux politiques et les services officiels de travaux publics ont émis des doutes quant à la validité des techniques de construction et des méthodes admi- nistratives employées. Mais 1 'achèvement d 'un millier d 'écoles en huit mois dans 1'Etat d'Uttar Pradesh a retourné la situation et mis un terme à ces critiques.

65

Les services officiels de travaux publics et les entrepreneurs privés se sont enfin décidés à étudier sérieusement les principes qui sous'tendent les méthodes et les règlements propres au projet. C'est dire que le CBRI a ainsi atteint l'un de ses objectifs premiers, à savoir démontrer la possibilité de construire bien et à bon marché dans les régions rurales reculées. Le Gouver- nement de 1'Etat d'Uttar Pradesh a récemment chargé son Département des tra- vaux publics de construire des écoles dans quelques districts en appliquant les techniques mises au point par le CBRI.

Les responsables du projet encouragent les entrepreneurs locaux à se lancer dans la préfabrication: on espère que des éléments préfabriqués seront prochainement mis sur le marché à l'intention des gens désireux de se construire une maison ou un autre bâtiment. Tout en faisant oeuvre utile sur le plan social en réalisant un nombre maximal d 'écoles primaires avec des moyens financiers limités, le projet aura contribué à donner du travail tant aux ingénieurs et aux techniciens qu 'à la main-d 'oeuvre rurale non spécialisée des villages : il aura au total nécessité environ 2,3 millions de journées individuelles de travail, dont 671 O00 de travailleurs spécialisés et 1,6 millions de manoeuvres non spécialisés.

66

Annexe

ANALYSE DU PRIX DE REVIENT DES CAISSONS DE TOITURE

Moule en bois Prix unitaire Montant a) Matériaux Quantité en roupies en roupies

Bois de cèdre 77 drn3 O, 80 6 1,60 Corniëre métallique 12,75 kg 1, 90 23,88 Vis, clous et sciage prix forfaitaire 11,OO

b) Main-d 'oeuvre

Charpentier (ouvrier spécialisé) 3 journée s 8,OO 24,OO

Manoeuvre 3 4,OO 12,OO Assembleur (ouvrier

spécialisé) 1 8,OO 8,OO Soudage prix forfaitaire 2,50

142,98

Arrondi à: 143,OO

1 1

I,

Si le moule sert 100 fois, son coût -- 143 - i,43 roupie 100 par opération s'établit à :

Chantier de préfabrication

278 m2 Aire nécessaire pour mouler 100 caissons par jour

Nivellement

Pose d'une sole en briques juxtaposées, interstices garnis de sable

Chape en ciment

Total

200,oo

1650,OO

1950,OO

3 800,OO

= 0,50 roupie Prix de revient de l'aire, par 3 800

caisson réalisé : 6 840

67

Caisson (unité)

a) Matériaux

Ciment Gravier Sable grossier Fer à béton Fil de fer recuit

b) Main-d 'oeuvre

Moûlage : Maçon (spécialisé) Manoeuvre

Ferraillage : Ferrailleur

Manoeuvre (spécialisé)

c) Frais divers

Q u m t ité Prix unitaire Montant

O, 3 sac 13,OO 3,90 38 d m 3 O, O5 1, 90 20 d m 3 O, 018 O, 36

O, 85 4,21 kg 1,75 0,28 kg 3,OO

1/8 journée 8,OO l,oo 1/4 " 4,OO 1,oo

1/10 . " 8,OO O, 80

1/10 " 4,oo O, 40

Moule (détails ci-dessus) Chantier (détails ci -dessus) Manipulation des caissons sur

Graisse pour moules Fil de laiton Vibrateur et électricité

Pour bris, ajouter 3% (sauf de 'A' qu'on récupère)

le chantier de préfabrication

Total

Eau, 2%

Frais généraux, 2,s %

Marge de 1 'entrepreneur, 10 % Total

Arrondi a :

1,43 O, 50

O, 38 O, 25 O, 10 O, 20

-120, 80

0,41 21,21 O, 53 2 1,74 2,17

23,91

24,OO roupies

68