Lignes au carré CAROLE MORIN l’artiste qui danse sur la toile PEA.pdfPierre Béland, notaire...

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Pour Carole Morin, la peinture ne sert pas uniquement à traduire des émotions, mais aussi à véhiculer des sensations. Et l’expression de celles-ci passe par le contact avec la matière, qui se situe au cœur de son processus créatif. C’est en se lançant dans la pratique de la gravure, en parallèle avec celle de la peinture, que l’artiste est parvenue à cette évidence : l’importance de la matérialité dans ses toiles. « Je ne me pose pas la question du “quoi peindre”, mais plutôt celle du “comment peindre”. En fait, la peinture est mon sujet », explique-t-elle dans un texte portant sur sa démarche. Ce travail sur le matériau se concrétise par des agencements de différentes matières et textures, qu’elle intègre de manière toute naturelle à ses peintures acryliques : papiers, journaux, fils, rubans adhésifs, etc. UNE FEMME EN MOUVEMENT « Ce que je fais est tout le contraire de l’art conceptuel. Peindre, pour moi, n’est pas une idée, mais un acte, pour reprendre les mots d’Aline Apostolka, dans un texte qu’elle a écrit à mon sujet. » Pour l’artiste, la création se réalise dans l’expérience du geste pictural. « Quand je peins, c’est comme si je dansais sur la toile », explique- t-elle. Si elle est arrivée tardivement dans la vie de Carole Morin, la peinture s’inscrit dans une longue suite de mouvements qui ont tracé sa trajectoire, en particulier la danse. Pendant son enfance, l’école des Grands Ballets Canadiens tente d’ailleurs de recruter la petite Carole, qui rêvait de devenir ballerine. Mais ses parents s’y opposent, aspirant plutôt à ce que leur fille exerce une véritable « profession » plus tard. Ce vers quoi elle se dirigera d’abord… À la suite d’un séjour de trois ans à Aix-en-Provence, durant lequel elle complète une maîtrise en psychologie de l’enfance, elle revient travailler au Québec en tant qu’agent de recherche. Alors au début de la trentaine, elle recommence aussi à danser plusieurs fois par semaine. « À l’époque, je me disais que j’aurais dû être danseuse dans la vie. » Quelques années plus tard, cette envie irrésistible de bouger l’amène à tout quitter pour aller suivre une série de formations en danse contemporaine, théâtre et improvisation au célèbre Moving Center de New York. Au cours de son passage de trois ans dans la Grosse Pomme, Carole Morin renoue avec une autre passion de jeunesse, elle aussi trop longtemps refoulée : le dessin. C’est une révélation. Lors de son retour à Montréal, il est clair pour elle que la voie à suivre est celle des arts visuels. En plus de commencer à peindre, elle entame un baccalauréat en arts plastiques, qu’elle ne terminera toutefois jamais. L’encadrement académique, trop balisé pour elle, est un obstacle à sa liberté d’expression, allant jusqu’à couper son fil créateur : « Je ne trouvais plus de sens dans ce que je faisais. J’avais perdu contact avec moi-même. » À tel point que l’artiste ne touchera plus à un seul pinceau pendant près de dix ans. Durant cette période, elle occupe un poste de conseillère au Directeur général à la Commission scolaire de Montréal. Mais elle danse toujours, pour contrer l’inertie. ATTEINDRE L’ÉQUILIBRE Puis, un jour, à la fin de la quarantaine, Carole Morin se remet à la peinture, sans toutefois pouvoir mettre le doigt sur ce qui a été l’élément déclencheur. Il s’agit sans doute d’un nouvel élan, ce mouvement, plus fort que tout, qui est inscrit en elle depuis toujours. Elle est aussi propulsée par les enseignements en créativité de Seymour Segal, un artiste-peintre montréalais qui sera son mentor durant six ans. « Jusqu’à ce que mes côtés rationnel et irrationnel apprennent à travailler ensemble », précise-t-elle. « Longtemps, j’ai eu l’impression qu’ils entraient en conflit quand je peignais. » Avec la série Lignes au carré (2008), « j’ai senti en moi le virage », dit-elle. Désormais, l’artiste parvient à harmoniser les éléments dichotomiques dans ses œuvres. De celles-ci, elle explique « qu’il s’agit toujours d’un problème à résoudre, jusqu’à ce que tout s’équilibre. » Méthodique, elle donne d’abord une direction à ses toiles à l’aide du fusain. « Avant de peindre, j’inscris toujours des lignes, à partir desquelles je construis. » Elle laisse ensuite le rythme de son instinct créatif la guider dans l’assemblage de ses compositions : « J’essaie de faire en sorte que ça soit un chaos, mais un chaos organisé », résume-t-elle au sujet de sa démarche. De ce chaos naissent des univers à la fois abstraits et étudiés, propices à toutes les interprétations, voire à une totale désorientation du spectateur. AVANCER CONTINUELLEMENT Carole Morin dit toutefois s’être réellement trouvée en tant qu’artiste avec les Coloraines de Poblenou, ses tableaux les plus récents, réalisés lors d’un séjour à Barcelone. « Cette série est très authentique. C’est celle qui me ressemble le plus. C’est moi. » Peut-être parce que le geste y est plus maîtrisé, le mouvement plus assumé, mais aussi, selon l’artiste, parce que la coloriste en elle s’y est révélée. En font foi des combinaisons de couleurs improbables, inspirées de Poblenou, le quartier fort contrasté qu’elle a habité, tout comme la luminosité méditerranéenne dont elle réussit habilement à imprégner ses œuvres. Ce travail exceptionnel de la couleur, donnant lieu à ce que Carole Morin qualifie de véritables « délires visuels sur toile », a de son avis renforcé son identité artistique. Après 15 ans de pratique, bien que son art soit parvenu à une certaine maturité, Carole Morin aspire encore à le faire évoluer. Car c’est dans sa nature, dit-elle, « de toujours vouloir aller plus loin ». Pour illustrer son parcours professionnel, elle emploie d’ailleurs une figure de la mobilité, de la progression : « J’ai toujours cheminé en escalier, en prenant appui sur mes acquis antérieurs. Je n’ai jamais fait de rupture complète. » Au moment d’écrire ces lignes, l’artiste se préparait à bouger, à Barcelone de nouveau, où désormais elle retourne chaque année. Elle y passera trois mois afin de peindre une seconde série de tableaux, tirée encore une fois de ses impressions de l’atmosphère catalane qu’elle affectionne tant. Et elle me confiait réfléchir, déjà, à la manière dont elle pourrait surpasser le travail des Coloraines. Pour gravir une marche de plus, et ainsi demeurer dans le mouvement. PAR MARIÈVE K. DESJARDINS Arts & Culture Arts & Culture Carole Morin se décrit elle-même comme « une personne en mouvement, de toutes les façons. » Que ce soit par le biais de la danse, de ses séjours à l’étranger ou même de la peinture, elle ne s’épanouit que lorsqu’elle se sent mobile. CAROLE MORIN l’artiste qui danse sur la toile Assurance offerte conjointement par Compagnie d’assurances FCT Ltée et Compagnie d’assurance titres First American. Services par Compagnie de titres First Canadian Ltée. La compagnie de services n’offre pas de produits d’assurance. Ce document n’a pour but que de fournir des renseignements généraux. Pour connaître la couverture et les exclusions exactes, reportez-vous à la police. Des exemplaires sont disponibles sur demande. Certains produits et services peuvent varier selon la province. Les prix ainsi que les produits et services peuvent changer sans préavis. MD Marque déposée de First American Financial Corporation. Dans le paysage québécois depuis 1994 Une équipe complète dédiée et sensible aux particularités du marché québécois : PRIMEUR – Polices d’assurance commerciale révisées conforme au droit civil u Émission des polices par une équipe spécialisée supervisée par des juristes u Service de souscription chevronné u Service de réclamations avec un expert en sinistre u Expertise en assurance titres et en droit immobilier développée au fil des ans u Groupe chargé du développement des affaires Associez-vous à FCT et communiquez avec nous dès aujourd’hui Pierre Béland, notaire 514.744.8963 | [email protected] u FCT.ca COLORAINES DE POBLENOU NO 51 COLORAINES DE POBLENOU NO 24 COLORAINES DE POBLENOU NO 18 64 65 FÉVRIER-MARS 2015 PREMIÈRES EN AFFAIRES

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Page 1: Lignes au carré CAROLE MORIN l’artiste qui danse sur la toile PEA.pdfPierre Béland, notaire 514.744.8963 | pbeland@fct.ca uFCT.ca CS Quebec ad - 1/3 page.indd 1 14-05-07 1:32 PM

Pour Carole Morin, la peinture ne sert pas uniquement à traduire des émotions, mais aussi à véhiculer des sensations. Et l’expression de celles-ci passe par le contact avec la matière, qui se situe au cœur de son processus créatif. C’est en se lançant dans la pratique de la gravure, en parallèle avec celle de la peinture, que l’artiste est parvenue à cette évidence : l’importance de la matérialité dans ses toiles. « Je ne me pose pas la question du “quoi peindre”, mais plutôt celle du “comment peindre”. En fait, la peinture est mon sujet », explique-t-elle dans un texte portant sur sa démarche. Ce travail sur le matériau se concrétise par des agencements de différentes matières et textures, qu’elle intègre de manière toute naturelle à ses peintures acryliques : papiers, journaux, fils, rubans adhésifs, etc.

UNE FEMME EN MOUVEMENT« Ce que je fais est tout le contraire de l’art conceptuel. Peindre, pour moi, n’est pas une idée, mais un acte, pour reprendre les mots d’Aline Apostolka, dans un texte qu’elle a écrit à mon sujet. » Pour l’artiste, la création se réalise dans l’expérience du geste pictural. « Quand je peins, c’est comme si je dansais sur la toile », explique-t-elle. Si elle est arrivée tardivement dans la vie de Carole Morin, la peinture s’inscrit dans une longue suite de mouvements qui ont tracé sa trajectoire, en particulier la danse. Pendant son enfance, l’école des Grands Ballets Canadiens tente d’ailleurs de recruter la petite Carole, qui rêvait de devenir ballerine. Mais ses parents s’y opposent, aspirant plutôt à ce que leur fille exerce une véritable « profession » plus tard. Ce vers quoi elle se dirigera d’abord…

À la suite d’un séjour de trois ans à Aix-en-Provence, durant lequel elle complète une maîtrise en psychologie de l’enfance, elle revient travailler au Québec en tant qu’agent de recherche. Alors au début de la trentaine, elle recommence aussi à danser plusieurs fois par semaine.

« À l’époque, je me disais que j’aurais dû être danseuse dans la vie. » Quelques années plus tard, cette envie irrésistible de bouger l’amène à tout quitter pour aller suivre une série de formations en danse contemporaine, théâtre et improvisation au célèbre Moving Center de New York. Au cours de son passage de trois ans dans la Grosse Pomme, Carole Morin renoue avec une autre passion de jeunesse, elle aussi trop longtemps refoulée : le dessin. C’est une révélation.

Lors de son retour à Montréal, il est clair pour elle que la voie à suivre est celle des arts visuels. En plus de commencer à peindre, elle entame un baccalauréat en arts plastiques, qu’elle ne terminera toutefois jamais. L’encadrement académique, trop balisé pour elle, est un obstacle à sa liberté d’expression, allant jusqu’à couper son fil créateur : « Je ne trouvais plus de sens dans ce que je faisais. J’avais perdu contact avec moi-même. » À tel point que l’artiste ne touchera plus à un seul pinceau pendant près de dix ans. Durant cette période, elle occupe un poste de conseillère au Directeur général à la Commission scolaire de Montréal. Mais elle danse toujours, pour contrer l’inertie.

ATTEINDRE L’ÉQUILIBREPuis, un jour, à la fin de la quarantaine, Carole Morin se remet à la peinture, sans toutefois pouvoir mettre le doigt sur ce qui a été l’élément déclencheur. Il s’agit sans doute d’un nouvel élan, ce mouvement, plus fort que tout, qui est inscrit en elle depuis toujours. Elle est aussi propulsée par les enseignements en créativité de Seymour Segal, un artiste-peintre montréalais qui sera son mentor durant six ans. « Jusqu’à ce que mes côtés rationnel et irrationnel apprennent à travailler ensemble », précise-t-elle. « Longtemps, j’ai eu l’impression qu’ils entraient en conflit quand je peignais. »

Avec la série Lignes au carré (2008), « j’ai senti en moi le virage », dit-elle. Désormais, l’artiste parvient à harmoniser les éléments dichotomiques dans ses œuvres. De celles-ci, elle explique « qu’il s’agit toujours d’un problème à résoudre, jusqu’à ce que tout s’équilibre. » Méthodique, elle donne d’abord une direction à ses toiles à l’aide du fusain. « Avant de peindre, j’inscris toujours des lignes, à partir desquelles je construis. » Elle laisse ensuite le rythme de son instinct créatif la guider dans l’assemblage de ses compositions : « J’essaie de faire en sorte que ça soit un chaos, mais un chaos organisé », résume-t-elle au sujet de sa démarche. De ce chaos naissent des univers à la fois abstraits et étudiés, propices à toutes les interprétations, voire à une totale désorientation du spectateur.

AVANCER CONTINUELLEMENTCarole Morin dit toutefois s’être réellement trouvée en tant qu’artiste avec les Coloraines de Poblenou, ses tableaux les plus récents, réalisés lors d’un séjour à Barcelone. « Cette série est très authentique. C’est celle qui me ressemble le plus. C’est moi. » Peut-être parce que le geste y est plus maîtrisé, le mouvement plus assumé, mais aussi, selon l’artiste, parce que la coloriste en elle s’y est révélée. En font foi des combinaisons de couleurs improbables, inspirées de Poblenou, le quartier fort contrasté qu’elle a habité, tout comme la luminosité méditerranéenne dont elle réussit habilement à imprégner ses œuvres. Ce travail exceptionnel de la couleur, donnant lieu à ce que Carole Morin qualifie de véritables « délires visuels sur toile », a de son avis renforcé son identité artistique.

Après 15 ans de pratique, bien que son art soit parvenu à une certaine maturité, Carole Morin aspire encore à le faire évoluer. Car c’est dans sa nature, dit-elle, « de toujours vouloir aller plus loin ». Pour illustrer son parcours professionnel, elle emploie d’ailleurs une figure de la mobilité, de la progression : « J’ai toujours cheminé en escalier, en prenant appui sur mes acquis antérieurs. Je n’ai jamais fait de rupture complète. » Au moment d’écrire ces lignes, l’artiste se préparait à bouger, à Barcelone de nouveau, où désormais elle retourne chaque année. Elle y passera trois mois afin de peindre une seconde série de tableaux, tirée encore une fois de ses impressions de l’atmosphère catalane qu’elle affectionne tant. Et elle me confiait réfléchir, déjà, à la manière dont elle pourrait surpasser le travail des Coloraines. Pour gravir une marche de plus, et ainsi demeurer dans le mouvement.

PAR MARIÈVE K. DESJARDINS

Arts & Culture Arts & Culture

Carole Morin se décrit elle-même comme « une personne en mouvement, de toutes les façons. » Que ce soit par le biais de la danse, de ses séjours à l’étranger ou même de la peinture, elle ne s’épanouit que lorsqu’elle se sent mobile.

CAROLE MORIN l’artiste qui danse sur la toile

Assurance offerte conjointement par Compagnie d’assurances FCT Ltée et Compagnie d’assurance titres First American. Services par Compagnie de titres First Canadian Ltée. La compagnie de services n’offre pas de produits d’assurance. Ce document n’a pour but que de fournir des renseignements généraux. Pour connaître la couverture et les exclusions exactes, reportez-vous à la police. Des exemplaires sont disponibles sur demande. Certains produits et services peuvent varier selon la province. Les prix ainsi que les produits et services peuvent changer sans préavis.

MD Marque déposée de First American Financial Corporation.

Dans le paysage québécois depuis 1994 Une équipe complète dédiée et sensible aux particularités du marché québécois :

PRIMEUR – Polices d’assurance commerciale révisées conforme au droit civil u Émission des polices par une équipe spécialisée supervisée par des juristesu Service de souscription chevronnéu Service de réclamations avec un expert en sinistre u Expertise en assurance titres et en droit immobilier développée au fil des ansu Groupe chargé du développement des affaires

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