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Libération, jeudi 05 janvier 2012, nº 9533."Bourdieu, cours toujours".Pages 2-4Merci à la "source" d'origine.

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PATRICKMESSINA.CONTOURBYGETTYIMAGESLes BeachBoys,quinquas gniesLe groupe californienftesondemi-sicle dexistenceavec unnouvel album,une anthologie remasteriseet une tourne de 50dates.PAGES 2425Enpromettant, avant mai, une loisur le financement de la protectionsociale par la TVA, le chef de lEtatcherche installer jusquauboutune image de rformateur.PAGES 1617Unfaux sale mecetlUMPperdsonsang-froidGROS MOTS Prenant pr-texte dunarticle duParisienselon lequel Franois Hol-landeauraitprononclesmots sale mec associs Nicolas Sarkozy, le parti duPrsident sest dchan hiercontre le candidat socialiste.Ce qui ntait quune parodieoffdevant des journalistesa donn lUMP lopportu-nit inespre de faire la d-monstrationde sa puissancedefeu. Nelaisser passeraucune occasion de taperHollande, telle est la doc-trine des stratges de lEly-se. Nadine Morano et Jean-Franois Cop ne se sont pasfait prier.PAGES 1011ETAUSSI : LACTUALITLITTRAIREDANS NOTRECAHIERTVAsociale, quitteoudouble lElyseBourdieu,courstoujoursLDixans aprssamort paratSur lEtat,uncours inditdusociologuePierreBourdieu,dsormaismondialementclbr. PAGES 241,50 EURO. PREMIRE DITION NO9533 JEUDI 5 JANVIER 2012 WWW.LIBERATION.FRIMPRIMENFRANCE/PRINTEDINFRANCE Allemagne 2,20 , Andorre 1,50 , Autriche 2,80 , Belgique 1,60 , Canada 4,50 $, Danemark 26 Kr, DOM 2,30 , Espagne 2,20 , EtatsUnis 5 $, Finlande 2,60 , GrandeBretagne 1,70 , Grce 2,60 ,Irlande2,35, Isral 19ILS, Italie2,20, Luxembourg1,60, Maroc16Dh, Norvge26Kr, PaysBas2,20, Portugal (cont.) 2,30, Slovnie2,60, Sude23Kr, Suisse3FS, TOM410CFP, Tunisie2,20DT, Zone CFA 1900CFA.PIERRE BOURDIEUSUR LETATCours au Collgede France 19891992Seuil, Raisons dagir,672 pages, 30 .Aujourdhuien librairies.REPRES DU BARN AU COLLGE DE FRANCE1930 Naissance Denguin (PyrnesAtlantiques). 1948 Khgne LouisleGrand puisentre lENS (Ulm). 1954 Agrgation de philosophie et inscription en thse avec GeorgesCanguilhem. Il ne soutiendra jamais. 1956 Service militaire en Algrie. 1960 Assistant de Raymond Aron la Sorbonne. 1964 Cration de sacollection Le Sens Commun aux ditions deMinuit. 1975 Cration de la revue Actes de larecherche en sciences sociales. 1981 Election auCollge de France, titulaire de la chaire desociologie. 1995 Engagement fort dans le mouvement social de novembredcembre.2002 Dcs Paris.Dixans aprs samort, lapensedusociologuedeladomination,parfois masquepar sonengagement, resurgit.Entmoignelapublicationdunlivrevnement: soncourssur lEtatauCollgedeFrance.Bourdieu,lachairdesachaireMonsieur le professeur! La voix delappariteur rsonnait fort dans legrandamphithtre de la rue Mar-cellin Berthelot, Paris Ve. PierreBourdieu y faisait alors une entre embarrassemais toujours vive, quelques dossiers ou volumessous le bras, laissant sonhexis corporelle caricatu-ralement trahir une trajectoire sociale plutt verti-gineuse. Lui, le fils de paysanbarnais devenufac-teur, lui, lancienrugbymanqui rvait dtre chefdorchestre, laissait sans crainte parler sonhabituset semblait partager avec son auditoire ce lgersentiment dhbtude qui lui faisait chaque fois sedemander par quel espce de miracle rpublicainil pouvait bien se retrouver l, en chaire: profes-seur auCollge de France. Dplaant la sempiter-nelle carafe deau, et scrutant quelques secondesle public enplissant des yeux, comme sil sagissaitdj de ltudier, il entrait demble dans le vif dusujet. Ou plutt de son objet.CASSANT. En ce mois de janvier 1990, ctaitlEtat, rien que a. Do les mises en garde, lesavertissements, les rserves, les entre guille-mets souvent signals du bout des doigts desdeuxmains. Critique, la sociologie de Pierre Bour-dieuest dabordcritique. Attentionauxprnotionsprvient de suite Bourdieu: face lEtat, le plusgrandrisque consisterait lui appliquer une pen-se dEtat, et du mme coup sinterdire de com-prendre. Sil se risque vite une dfinition, elle nesaurait tre que provisoire. De travail.Carcestbiendetravailquilsagit,etcestdabordunsociologue autravail que donne voirla premire publication, au Seuil, de ses cours auCollge de France. Sur lEtat nest pas un livrecomme les autres. Loindtre le rsultat dune re-cherche, il est lui-mme la recherche, ou pluttla trace crite de lenregistrement dune rechercheconduite endirect et enpublic. Docette trangeimpressionenparcourant ces pages dentendre savoix, de retrouver avec bonheur et motion sonstyle oral, lgrement diffrent de celui tout encir-convolutions dynamiques de ses livres crits. Encours, il tait plus humain, lcoute mmequand cest lui qui parlait. Plus cassant aussi, sepermettant, en incises afftes, des attaques envol piqu sur des collgues ouconcurrents tris surle volet (Habermas en prend pour son grade dsle premier cours de cette anne 1990).ROSEBUD. LEtat pour Bourdieuse dfinit doncprovisoirementpar la possession du monopolede la violence physique et symbolique lgitime. Ilajoute unmot, crucial, la dfinitionclassique deMaxWeber: symbolique. Unmot quonpourraitpresque considrer comme le rosebud duneuvre sociologique quon peut tout entire lirecomme une conomie symbolique. LEtat ne se r-sume pas austrict rgalien, aux ors de la Rpubli-que et ses canons. LEtat cest autant Superph-nix que les maisons Phnix nous explique aufondPierre Bourdieu en sappuyant sur lune des re-cherches empiriques quil mne lpoque sur lemarch des maisons individuelles. LEtat est tou-jours, et peut-tre surtout olonne lattendpas.Aucur des marchs par exemple. L o, de plusen plus, il sait aussi briller par son absence. LESSENTIELLE CONTEXTEDix ans aprs la mort de Pierre Bourdieu,parat un ensemble de ses cours du Collgede France consacrs lEtat.LENJEUAlors quil est considr ltrangercomme un penseur dsormais classique,il apparat encore en France surtoutcomme lintellectuel engag quil fut la finde sa vie.Par SYLVAINBOURMEAUAu Collge de France en fvrier 2001. PHOTOS SELDERS . SIPALIBRATION JEUDI 5 JANVIER 20122EVENEMENTDbat sur le mouvement social avec les cheminots de la gare de Lyon, Paris, en dcembre 1995, durant les grandes grves. PHOTOJEANFRANOIS CAMPOS . VUPar SYLVAINBOURMEAUETNICOLASDEMORANDCapitalEn mai 1968, alors queles tudiants faisaient larvolution et que la Francetait en grve, PierreBourdieu, Jean-ClaudePasseron et Jean-ClaudeChamboredon corrigeaientminutieusement lespreuves du Mtier desociologue dans les cafsdu Quartier Latin.Cette image contrasteavec celle du dernierBourdieu, surgie avecles mouvements sociaux denovembre etdcembre 1995, lorsdesquels il apporta sonsoutien aux cheminotsgrvistes la gare de Lyon.Dune crise lautre,seize ans plus tard, dix ansaprs la mort de Bourdieu,cette harangue prononceau mgaphone, commeen cho Jean-Paul Sartreperch sur un bidon deBillancourt, na pas prisune ride. Et la puissancedes outils que des militantsde tous horizonstrouvrent chez lesociologue expliquesans doute quen France,le dernier Bourdieuait quasiment effacle premier. Il restechez nous comme unintellectuel engag,lou ou profondment ha,alors quil fut dabord etavant tout un militant dela science. Un sociologueayant (r)invent cettediscipline. Un chercheurcapital dont les travauxsont cits et discuts dansle monde entier, avec uneintensit dont le grandpublic ne prend toujourspas la mesure en France,alors mme que son uvrescientifique y est aussidsormais considrecomme classique.La parution aujourdhuide Sur lEtat, des coursindits du Collge deFrance, offre une nouvelleoccasion de le lire,et mme de lentendrede nouveau tant ils sonthabits par un chercheuret un pdagogue hors pair.Une belle leon de scienceen action.DITORIALCraig Calhoun, professeur de sciences sociales NewYork, spcialiste dusociologue:Professeur NewYorkUniver-sity, CraigCalhounest lundesgrands noms de la sociologiemondiale. Prsident de-puis 1999 de lquiva-lent amricainduCNRSpour les sciences sociales, il sap-prte diriger enseptembre la Lon-don School of Economics.Dix ans aprs sa mort, quelle placeoccupe Pierre Bourdieu dans lessciences sociales mondiales?Il demeure lun des chercheurs ensciences sociales les plus influentsaumonde. Soninfluence sest mmetendue la littrature, la philoso-phie, lhistoire et dautres do-maines. Il fait dsormaispartie dunpanthonthorique qui comprendLvi-Strauss,Sartre et Mer-l eau-Pontyainsi que des figures desa propre gnration comme Fou-cault et Habermas. Ce qui veut direquil est dj devenuunclassiquece qui le chagrinerait sans doutebeaucoup. Il aurait peur de fairepartie des autorits, de ces matresque les lves doivent btement c-lbrer, il prfrerait rester une sortedenfant terrible. Si Bourdieu estaussi prcieux, cest quil traverse detrsnombreuxclivagesqui opposentlescher-cheursentreeux. Cestparticulirement vrailorsquil invite trans-cender des dualitscomme subjectif et objec-tif, ou action et structure. Ou quilrunit lintress et lapparemmentdsintress, lesocioculturel etlconomique, et donc lempiriqueet le thorique. Il sadresse ainsi di-rectement aux jeunes chercheursqui souhaitent oublier les guerresacadmiques des gnrations prc-dentes et davantage sattacher lut-ter intellectuellement contre les in-galitsqui traversent lemondeaujourdhuiEnFrance, limagepubliquedeBour-dieudemeuremarqueparses enga-gements des dernires annes, etparfois dconnecte de sonuvreBourdieu fut unintellectuel engagtout au long de sa carrire, mais defaon nettement plus visible aprslemouvementsocialde1995.Ilntait pas lunde ces diplms desgrandes coles qui courent les m-dias pour y dlivrer leurs opinionspolitiques. Il avait, lui, produit devritables recherches et ses engage-ments sappuyaient sur ce travail.Aprs ses premiers travauxsurCest le classement de Pierre Bourdieu dansle palmars ISI Web of Science de ThomsonReuters qui recense le nombre de citations dauteurs dansles publications acadmiques. Avec 2465 citations, il arrivejuste derrire Michel Foucault (2521) et devant son ami Jacques Derrida (1874).2eSES PRINCIPAUX OUVRAGESLes Hritiers. Les tudiants et la culture avec JeanClaudePasseron, Minuit, 1964 Esquisse dune thorie de la pratique,Droz, 1972 La Distinction. Critique sociale du jugementMinuit, 1979 Le Sens pratique Minuit, 1980 Les Rgles delart Seuil, 1992 La Misre du monde Seuil, 1993 Mditationspascaliennes Seuil, 1997 Esquisse pour une autoanalyseSeuil, Raisons dagir, 2004.DRIl est devenuunclassique, cequi le chagrinerait beaucoupLe 16 janvier un dbatautour de Bourdieu setiendra la Maison desMtallos (Paris XIe), et le23 janvier aura lieu uneJourne internationaledtude autour deSur lEtat la Maison dessciences de lhomme (VIe).INTERVIEWLIBRATION JEUDI 5 JANVIER 20123De luvre de Pierre Bourdieu, la philo-sophe Christiane Chauvir disait djen 1995 (Critique, n579-580) quelletait unparadigme qui forme et informe de-puis un bon tiers de sicle la pense du socialet que, comme tout modle profondmentassimil par lpoque, elle risquait de devenirinvisible force domniprsence. Il est vraiquil ya peude champs dusocial de lcole ladministration, du sport au journalisme,de lart lEtatqui naient t ensemencspar le travail de Bourdieu, et que les rcoltes,par les chercheurs daujourdhui, partoutdans le monde, sont encore en cours.Aussi est-il malais de rduire sa sociologie,expose dans plusieurs centaines de publica-tions, quelques ides ou principes direc-teurs. Pourtant Bourdieu ne sest jamais d-parti de son projet initial, qui la port situer la sociologie aucentre des sciences so-ciales et en faire la science de lconomiegnrale des pratiques: Je peuxdire que toutema rflexion est partie de l: comment des con-duites peuvent-elles tre rgles sans tre leproduit de lobissance des rgles? Tcheinfinie, que Bourdieu va mthodiquementremplir, encherchant expliciter de livre enlivre cette sorte daccordinconscient que lesagents sociaux attribuent aumonde dans le-quel ils ont t produits, et, dune certainefaon seulement, produisent.Habitus. Il la fait, dabord, enliminantles rponses fausses, incompltes ouillusoi-res apportes avant lui. Il ne congdie paspour autant hritage marxiste ou structura-lisme, dans la mesure oil estime que les no-tions de structure ou didologie, laboresde Marx Gramsci, sont souvent utiles pourcomprendre comment des pratiques humai-nes peuvent tre surdtermines ouinduites.Mais il ne retient aucunexcs, ni le sujecti-visme(dont il trouve chez Sartre lexpres-sionla plus typique), ni lobjectivisme, niune anthropologie dans laquelle lindividuseul donnerait sens et finalit au social, niune physique des faits sociaux o lindividune serait plus quunpiphnomne faonntout entier par les structures sociopolitiqueset les superstructures culturelles. Entre cesdernires, objectives, et les structuresmentales des agents sociaux, il y a interac-tions, passages, inductions rciproques. Cestce nud que va tenter de dfaire Bour-dieu. Il ne va pas le faire en se bornant undomaine particulier, par exemple celui de ladomination, de la force qui fait ployer les in-dividus sous forme de violence oude misressubies. Il se lancera, conscient de lampleurde lentreprise, dans lanalyse systmatiquedes modes travers lesquel-les se constituent les institu-tions sociales, les reprsen-tations obligesdelaralit, les formations ido-logiques, les structures tem-porelles, les catgories de laperceptionartistique, lescritres du got et les styles de vie, les dis-cours, les formes de langage, le champlitt-raire, le champjournalistique, les hirarchiessportives, sexuelles ou scolaires, les posi-tionsde la philosophie, de lconomie, dela science, de la sociologie elle-mme breftout ce qui offre une prcondition lac-tionsociale, tout ce qui, par une impercepti-ble violence symbolique, impose les cadresmentaux travers lesquels le sujet peroit lemonde social et culturel (mais la notiondesujet, il prfrait celle dhabitus: Tout ce d-pt dacquis, dapprentissages, de manires depenser, dautomatismes de pense socialementconstitus, trs profondment ancrs dans notrecorps, dans notre cerveau)Savoir et faire savoir. On na pas tou-jours apprci que Bourdieutente de savoiret faire savoir ce que lunivers du savoir ne veutpas savoir, notamment sur lui-mme, et, aulieu dobserver ce quil donnait voir, on asouponn prtentionet autoritarisme chezcelui qui faisait voir. Un peu comme si on te-nait le photographe de guerre pour responsabledes horreurs de la guerre, ironisait-il enretour (inLire les sciences sociales, de GrardMauger et Louis Pinto, Belin).Pierre Bourdieu, a crit Robert Castel, socio-logue politiquement et humainement proche,est quelquunqui acompris laduret dumondesocial et qui a essay de la penser sans conces-sions, dans toutes ses implications. Il sest in-terrog sur ce que lon pouvait faire lorsquonsavait que le monde social, cest essentiellementla contrainte sociale, mais quon ne se rsignepas clbrer cet ordre du monde.ROBERT MAGGIORIToute la pense dusociologue djoue les cadres travers lesquels chacunperoit le monde social et culturel.Dvoiler limperceptible violencele Barn et sur lAlgrie, il advelopp une sociologie critiquedes Trente Glorieuses, multipliantles travauxet les objets, de la photo-graphie aux muses en passant parlcole et luniversit, et soulignant chaque fois la reproduction deshirarchies et des statuts sociaux endpit de lexpansiondes marchs etdes institutions publiques comme delaccroissement de la participation la culture nationale des lites. Il aexplor la manire dont, souvent enfaisant de ncessit vertu, les gensintriorisent la domination, la ren-forant et lopacifiant dans le mmetemps. Durant de longues annes, ilsest attach produire des analysessociologiques de ces souffrances. Ilest intervenu ponctuellement dansles dbats publics, et a mme loc-casion travaill la demande dugouvernement socialisteenvuedamliorer la politique publiquescolaire. Mais, mme lorsquil estdevenu clbre, il sest refus de-venir un nouveau Sartre, un intel-lectuel prt donner sonopinionsurtout et nimporte quoi.Son mode dintervention tait plusproche de celui de Michel Foucault?Oui, en intellectuel spcifiquecomme disait Foucault affinant unedistinction propose par Gramsci,cest--dire enapportant aux luttessociales le fruit de sontravail scien-tifique. Ce qui a chang partir de1995, cest quil a pass davantagede temps diffuser les sciences so-ciales et ses propres recherches, plu-tt qu entreprendre de nouveauxtravaux. Il sest mis manifester etptitionner,cequilavaitjus-que-l peu fait. Mais il pensait queles questions politiques enjeutaient prcisment celles sur les-quelles il disposait de connaissancesscientifiques, sur lesquelles il avaitproduit des recherches. Et mesureque ces protestations sociales se r-duiront quelques paragraphes ounotes de bas de pages dans les livresdhistoire, luvre scientifique deBourdieudemeurera, elle, influenteauprs de ceux qui veulent com-prendre le monde social comme deceux qui entendent sappuyer surces connaissances pour mener desluttes futures.Aujourdhui parat son cours surlEtat, dans quellemesuretait-il unsociologue de la politique ?LEtat traverse lensemble de la so-ciologie de Bourdieu, mme si celanapparat pas toujours de manireaussi explicite que dans ses cours surlEtat. Lorsque Bourdieu situe deschamps sociauxenrelationauchamp du pouvoir cest dabord aurle de lEtat quil pense. La produc-tionde la socit comme unensem-ble de champs institutionnaliss t-moigne dudveloppement de lEtat.Et puis Bourdieu sest particulire-ment attach ltude dinstitutionsdEtat: de lcole auxgrandes colesen passant par luniversit.Alchelle mondiale, les trois pen-seurs les plus cits sont trois auteursfranais delammegnration: Fou-cault, Bourdieuet Derrida. Commentlexpliquer?Le fait que Bourdieu, Foucault etDerrida soient aussi connus et in-fluents renvoie la grande capacitdutrs centralis champintellectuelfranais slectionner les talents et confrer des statuts (ce qui signifieaussi tre capable dexclure). Celarenvoieaussi lapuissancedelEcole normale suprieure etdautresinstitutionsdenseigne-ment, celle des professeurs quilsont pu y rencontrer. Cela renvoie une demande sociale de grands in-tellectuels susceptibles de transcen-der les frontires professionnelles etdisciplinaires, et la capacit dusystme franais denseignement delesproduire, ladiffrencedumondeanglo-saxonplusorientvers la recherche disciplinaire. Etparadoxalement la gloire de ces troisFranais trs cits dpendtrs large-ment de leur appropriation par leschercheurs en langue anglaise etplus globalement de la mondialisa-tionintellectuelle. Cela renvoie aussi des facteurs gnrationnels: toustrois appartiennent la gnrationde la reconstruction intellectuelledaprs la Seconde Guerre mondiale,ils sont arrivs lge adulte unmoment critique et privilgi duboomdaprs-guerre et ont bnfi-ci dunnouveaupublic avideaprs 68 de perspectives critiques.Ala finde sa vie, Bourdieutait de-venuundfenseur inquiet delauto-nomiedelascience. Commentaurait-il ragi auxeffets dInternet, la monte en puissance des ama-teurs notamment?Bourdieu serait encore plus inquietde la perte dautonomie relative dutravail scientifique. Il verrait uneuniversit encrise, et pas seulementdufait des coupes budgtaires maisaussi enraisonduremplacement dujugement intellectuel par les critresdumarch. Je pense quil serait am-bivalent propos dInternet. Dunct, il yverrait unmoyende diffu-ser et demultiplier les coproductionsintellectuelles, de raliser aufondlervequil avait tentavecsonjournalinternational enplusieurs langues,Liber. Il y verrait peut-tre aussi unmode dexpressionpossible pour lamisre du monde, comme il avaittent avec des collgues de le susci-ter. Mais il ne serait pas pour autantaveugle aux autres usages dunme-diumqui peut se rvler au servicedu capitalisme mondialis commedes projets scuritaires des Etats.Vous twittez beaucoup, pensez-vousque Bourdieuenaurait fait autant ?Franchement je doute que Pierreaurait rejoint trs vite Twitter. Ilaimait les phrases plutt longues.Mais jaime cette ide de lui propo-sant des micro-analyses en 140 si-gnes ou moins. Lconomisme estune forme dethnocentrismeferaitun bon tweet.Recueilli par SYLVAIN BOURMEAUPierre Bourdieu,en juin 1988.PHOTOMARTINEFRANCK. MAGNUMJe peux dire que toute ma rflexionest partie de l: comment des conduitespeuvent-elles tre rgles sans tre leproduit de lobissance des rgles?PierreBourdieuLIBRATION JEUDI 5 JANVIER 20124EVENEMENTLecrimequi achanglAngleterreDeux des auteurs de lassassinat raciste de StephenLawrence en1993 ont pris perptuit.Il ny a strictement rien c-lbrer: le verdict de Do-reen Lawrence hier a tsans appel. Pourtant, jus-tice venait dtre rendue sonfils,Stephen, tu il y a dix-huit ans dedeux coups de couteau. Parce quiltait noir. Il aura fallu autant detemps que la courteexistence de Stephenpour que deux de sesmeurtriers, Gary Dobsonet DavidNorris, soient condamns la pri-son vie assortie de quatorze etquinze ans de sret.Ce procs marque lpilogue dunchapitre fondamental dans la so-cit britannique: celui de la prisede conscience dunracisme institu-tionnel, profondment ancr danstoutes les couches de la socit.Dix-huit annes decampagneacharne de ses parents, DoreenetNeville, trois procs, une enqutepublique rvlant lincomptenceet surtout le racisme endmique dela police, unchangement dans la loiet les progrs de la science mdico-lgale auront t ncessaires pourcondamner deuxdes meurtriers deStephenLawrence. Trois ouquatrecomplices courent toujours.VOYOUS BLANCS. Jusquau22 avril 1993, la famille Lawrencena riende particulier. Originairesde Jamaque, Doreenet Neville tra-vaillent dur, lvent leurs trois en-fants, deux garons et une fille, dumieux possible. Lan, Stephen,18 ans, russit bien lcole, rvede devenir architecte. Ce soir-l,avec son meilleur ami, il attend lebus, dans ce quartier dusud-est deLondres. Ungroupedevoyousblancs passe, abreuve les deuxado-lescents dinsultes racistes, sap-proche. Stephenscroule, mortel-lement touch de deux coups decouteaux. Tu pour aucune autreraisonque la couleur de sa peau. Enmoins de deux jours, 26 tmoigna-ges nommant 5 suspects, des peti-tes frappes racistes bienconnues duquartier, sont transmis la police.Celle-ci ne fait rien. Ousi peu. Elleplacesoussurveillancelessus-pects, mais ne bouge pas lorsquelundentre eux sort dune maisonavec des vtements dissimuls sousunsac-poubelle. Les premires ar-restations nont lieu que deux se-maines plus tard. Les preuves onteule temps de disparatre oudtrenettoyes.Devant lapparente inertie de la po-lice, les parents de Stephen se d-mnent. Enmai 1993, NelsonMan-dela, en visite Londres, apparat la tlvisionaux cts desLawrence et assne que la vie desNoirs au Royaume-Uni ressemble celle sous le rgime de lapartheidenAfrique duSud. Lopinionpubli-que est secoue, mais pourtant, unpremier procs chouelamentablement, fautede preuves directes. Enfvrier 1997, le tablodconservateur DailyMail nhsite pas pu-blier enune les photoset les noms des 5 suspects sous letitre engras: Meurtriers. Mais lajustice nagit toujours pas.La prise de conscience dpasse lesfrontires politiques. Apeine arrivau pouvoir enmai 1997, le gouver-nement travailliste de Tony Blairannonce louverture dune enqutepublique, dirige par lordMcPher-son. Les conclusions durapport enjanvier 1999sont accablantes. Len-qute met jour un large ventaildincomptence professionnelle, demanque de leadershipmais surtout deracisme institutionnel au sein de laMetropolitanpolice, le trs respectScotland Yard. La police est mmesouponne de connivence avecClifford Norris, le pre de lun descondamns, criminel notoire, chefde gang.Le choc est terrible, la socit bri-tannique, drape dans sa convic-tiondtre lune des plus tolranteset libres dumonde, se retrouve face un miroir qui lui renvoie limagedun pays o le racisme est ordi-naire, ensemencdanslaso-cit. Les gens ont oubli ce quectait devivreauRoyaume-Unien 1993, lorsquontait noir, rap-pelle ImranKhan, qui reprsentaitla famille Lawrence lenqute pu-blique. Lord McPherson propose70 rformes visant lutter contrece racisme endmique auseinde lapolice mais galement dansdautresinstitutions. Cecrimenous a tous changs, reconnat lacommissaire Cressida Dick, lunedes ttes dirigeantes de ScotlandYard. La culture interne a chang. LaMetropolitan police est aujourdhuibeaucoup plus diversifie, et elle cl-bre cette diversit.TCHE DE SANG. A sept reprises,lenqute est reprise zro. Mmela loi est modifie. En 2005, il de-vient possible de juger quelquunpour le mme crime une deuximefois, si de nouveauxlments appa-raissent. Entre-temps, la mdecinescientifique mdico-lgale a gale-ment progress de manire specta-culaire. Et, en 2008, une percepermet la police de tenter de seracheter. Une tche de sang mi-croscopique est dcouverte sur leblouson de lun des accuss. Lesanalyses ADN sont formelles, lesang appartient StephenLawrence. Unnouveauprocs peutavoir lieu, concluhier avec les pre-mirescondamnationspourcemeurtre. Si des progrs incontesta-bles ont t accomplis, le racismena bien entendu pas totalementdisparu de la socit britannique.Les Lawrence ont prfr enterrerStephen Lawrence en Jamaque,plutt que dans le pays o il taitn. ALondres, a racont Doreen, laplaque commmorative de Stephenest rgulirement dgrade etsouille. Par SONIADELESALLESTOLPERCorrespondanteLondresLa police est aujourdhuibeaucoupplus diversifie, et elleclbre cette diversit.CressidaDickcommissaireScotlandYardRCITStephen Lawrence a t poignard un arrt de bus. La culpabilit de ses agresseurs a t tablie grce des recherches ADN. PHOTOREUTERSREPRESLA VICTIMEStephen Lawrence est mort lge de 18 ans Plumstead, unquartier du sud de Londres. Iltait scolaris BlackheathBluecoat Church of EnglandSchool, o il tudiait la technologie et le design.Les gens ont oublice que ctait quede vivre enGrande-Bretagne en1993.ImranKhanavocat delafamilleLawrence, interrogausujet duracismedans lepaysMercredi 22 avril 1993, Stephen Lawrence est victimedune agression caractreraciste. Cinq suspects sontarrts puis relchs, faute depreuve. Lenqute, rouverteen 2007, met en vidence deslments accablants jusquelignors par la police.Comment pourrais-je me rjouir de cejour, qui aurait dsurvenir il ya dix-huitans, si la police navaitpas chou?LamredelavictimeLIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012MONDE56MONDELlectorat rpublicainestdeplusenplusconservateurLditorialisteE.J. Dionnedcrypte le dbutde la campagneprsidentielleamricaine alorsque loppositionsecherche unleader.Recueilli par FABRICEROUSSELOTCorrespondant NewYorkProfesseur de sciences politiques luniversit de Georgetown,E. J. Dionne est aussi ditoria-liste au Washington Post. Il estlundes commentateurs les plus afftsde la politique amricaine et analyse lesenjeux de llection prsidentielle.Dans tous les sondages, les Amricainsdisent ne plus croire enleurs politicienset en la politique. Pourquoi ce climat?Premirement, lconomieest mauvaiseenAmrique depuis plus de trois ans, etcela a videmment une rpercussionsurles hommes politiques. Par ailleurs, lepays connat lune de ses crises existen-tielles et se demande sil traverse unephase de dclin. Cela arrive priodique-ment, comme la fin des annes 70quandonse demandait si le Japonnal-lait pas nous dominer. Enfin, Washington, nous sommes confronts une radicalisationduParti rpublicainet une pousse duconservatisme qui rendquasiment im-possible tout compromis au niveau duCongrs. Le systme amricain tablipar la Constitutiona besoinduncertainconsensus politique pour fonctionnerefficacement. Or, ce consensus est atta-qu par la droite des rpublicains. LesTea Parties sont le symptme de cettepoussecontrelerledelEtat, avecunetendance conservatrice bienplus pro-nonce. Celasetraduit par unedifficult gouverner et par une frustration delopinion. Nous sommes dans un payso, lors des lections de mi-mandaten2010, une candidate comme Chris-tine ODonnell, dont la dclaration laplus intressante tait je ne suis pas unesorcire, a pu remporter les primairesrpublicaines pour unsige au SnatPourquoi est-ce si difficile pour MittRomneyde simposer comme le favoridans la course rpublicaine?Une nouvelle fois, je pense que celamontre combienllectorat rpublicainest de plus enplus conservateur. Dansdes circonstances normales, Romneyapparatrait comme unsolide candidatrpublicain. Mais le problme est aussique personne na su merger commeune alternative srieuse Romney [lirepage ci-contre]. Aunmoment, ona pupenser que RickPerry, le gouverneur duTexas, serait un choix potentiel. Il a lesoutien du sud du pays, cequi est toujours importantpour les rpublicains, et ilpouvait mettre envaleur sesrsultats commegouverneur.Mais il sest avr unmauvaisdbatteur et unmauvais can-didat. Personne ne pouvaitimaginer quHermanCainserait prsi-dent, mme chose pour Michele Bach-mann. Il y a videmment Newt Gin-grich, qui est certainement fascinant,mais qui na pas le soutiende lestablis-hment rpublicain. Reste Rick Santo-rum,lanciensnateurdePennsylvanie, qui est suffi-samment conservateur et aune certaine exprience. SiRomney dcroche linvesti-ture rpublicaine, cest aussiparcequil aurabnficidune oppositiontrs faible.Le bilande BarackObama pour ce pre-mier mandat est loindtrecatastrophi-que. Pourtant, il reste impopulaire dansles sondagesPourquoi ?En fait, Barack Obama nest pas si im-populaire. Quand on considre que letaux de chmage est 8,6% et que lePrsident rcolte prs de 50% dopi-nions favorables dans certaines enqu-tes, ce nest pas si mal. Surtout, il fautessayer de regarder ce qui sest passlanne dernire. 2011 a commenc parle triomphe des Tea Parties et la prisedu Congrs par les rpublicains. Puis,enseptembre, ona vula pousse dOc-cupy Wall Street. Et, quoi quil arrive ce mouvement long terme, il a com-pltement chang la nature dudiscourspolitique. Tout le monde dsormaisparle des ingalits en Amrique. Onest donc pass des Tea Parties OccupyWall Street, des conversations sur ledficit budgtaire aux conversationssur les 99% face aux 1% des plus ri-ches. Et on a galement observ unetransformation de Barack Obama. Sonmoment le plus faible a t les discus-sions sur le plafond de la dette, o iltaitptrififaceauxrpublicains.Mais,plustard,il estdevenuplusagressif, pour finalement imposer plu-sieurs accords en dcembre. BarackObama a fini lanne 2011 bienplus fortquil ne lavait commence. Lunde sesproblmes reste toutefois les attentesnormes quil a gnres en 2008. Sacampagne ressemblait presque unecroisade religieuse, et il tait vucommeune espce de croisement entre JsusetMose.Aujourdhui,il doitfairecampagne comme un politicien qui aplutt russi. Cest quand mme plusfacileLlectionse jouera-t-elle uniquementsur ltat de lconomie, comme sou-vent dans les scrutins prsidentielsamricains?Dune certaine manire, on pourraitdire que la chancelire allemande, An-gela Merkel, et, unmoindre degr, Ni-colas Sarkozy, sont plus importantspour la rlectionde BarackObama queMitt Romney. Ce qui va se passer enEu-rope est dterminant pour les Etats-Unis. Lconomieamricainecom-mence se redresser mais la crise euro-penne a eudes effets ngatifs. Il est ca-pital pour BarackObama que lEuropene se trouve pas de nouveau face unecrise majeure. Mais lautre lment im-portant est de savoir qui va dominer ledbat public cette anne. Dunct, lesrpublicains vont tenter de poursuivreleur effort pour rduire le poids dugou-vernement et, de lautre, BarackObamavaessayerdereprendrelamainenorientant sondiscours sur la rductiondes ingalits afinde parvenir une so-cit plus juste pour les classes moyen-nes. Cest la bataille fondamentale desmois venir. INTERVIEWUn militantrpublicain scruteles rsultats ducaucus de lIowa,dans la nuit demardi mercredi Kansas City,dans le Missouri.PHOTOCHIPSOMODEVILLA.GETTY. AFPDRLIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012MONDE7Extrmement serr, ce premier succs de lex-gouverneur duMassachusettsest capital dans la course linvestiture rpublicaine.Dans lIowa, une victoire larrach pour Mitt RomneyHuit petites voix au bout de la nuitCest par lcart le plus faible delhistoire des primaires amricainesque lanciengouverneur duMassachusettsMitt Romney a remport, dans la nuit demardi mercredi, le caucus rpublicaindelIowa, qui lanait officiellement la course la prsidentielle. Il aura fallu attendre2h30(heure locale) pour que Romneyde-vance sur le fil lex-snateur de Pennsylva-nie, le trs conservateur Rick Santorum,auteur dune remonte spectaculaire dansles sondages ces derniers jours. Pour Rom-ney, la victoire, mme obtenue larrach,est capitale. Il ya encore peu, personne nesemblait tropycroire, alors que le candidatnavait gure fait campagne dans lIowa etsemblait avoir dumal oublier sa cinglantedfaite dil y a quatre ans face au pasteurbaptiste Mike Huckabee, soutenu par ladroite chrtienne.Dynamique. Dsormais, le campde Rom-neyespre quil va bnficier dune dyna-mique qui le mnera linvestiture, alorsque ce dernier, jug trop modr par unepartie de la base rpublicaine, a dumal de-puis des mois endosser le costume de fa-vori. Lex-gouverneur avait dj les yeuxtourns vers le New Hampshire, qui ac-cueillera mardi la prochaine primaire et oil domine les sondages (40%des intentionsde vote, selon CNN). Hier, le snateur delArizona et candidat la Maison Blancheen2008, JohnMcCain, a apport sonsou-tien Romney, en estimant quil tait lemieux plac pour battre Obama.La bataille rpublicaine nest toutefois pasencoretermine. Les rsultats delIowa, quiplacent galement llulibertarienduTexas, RonPaul, entroisime position, tra-duisent combienle Parti rpublicainrestedivis et sous influence dune droite de plusenplus prsente (lire ci-contre). Pour lins-tant, Romneyna toujours pas surallier lesplus conservateurs, ni mme les militantsdes Tea Parties avec leur message antigou-vernement. Interrog hier quant ce man-que de soutiensur CNN, Romneysest con-tentdesoulignerquil avaitlammeanalyse que les TeaParties sur le fait de rduireconsidrablement la taille de lEtat fdral.Troublefte. Dans les semaines venir,la questionest donc de savoir si Santorum,53 ans, dispose des moyens ncessairespour prsenter une alternative conserva-trice Romney. Le scrutindu21 janvier enCaroline duSud, unEtat trs tra-ditionaliste, devrait tre favorable ce chantre des valeurs morales.Dautant quil devrait profiter delabandonde Michele Bachmann,llue du Minnesota, distancedans lIowa. Mais Santorumdoitimprativement rcolter des fonds.Le libertarienRonPaul peut lui aussi conti-nuer jouer les trouble-fte. Lundes l-ments cls sera la positionde lex-speakerde la Chambre des reprsentants Newt Gin-grich. Trs remont contre les groupes depressionproches de Romney, il a assur quesacandidaturetait toujours vivante, toutensuggrant quil pourrait soutenir Santo-rumsil venait abandonner.F. Ro. ( NewYork)Depuis des mois, Romney, jugtropmodr par une partie de la base,a dumal endosser le costumede favori.SIX MOIS DE PRIMAIRESLes primaires rpublicaines continuent le 10 janvier dans leNewHampshire et durent jusqujuin. Elles dsignent les dlgus laconvention qui investira le candidat.La plupart des primaires sont fermes, seuls les membres du partivotent. Au fil de la campagne, les candidats les moins populaires se retirentou se rallient un autre mieux plac.REPRESRomneya dpens delargent et dutemps courtiser les conservateurs,mais il ya comme unplafondde verre quilnarrive pas crever.BobOldendickdeluniversitdeCarolineduSud8voix seulement ont spar MittRomney, vainqueur, de lultraconservateur Rick Santorumlors du caucusde lIowa. Ils ont chacun recueilli24,5%des suffrages.LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012Par HLNEDESPICPOPOVICSur latracedes Avars,aucur dunCaucasedeguerres et delgendesLeur terre est inhospita-lire limage des pier-res sombres quilstaillent pour construire leursmaisons au pieddes monta-gnes peles du nord-est duCaucase. Leur fiert et leurindpendance sont aussi l-gendaires que leur got desftes et des chants. Pour cevoyage aupays dune mino-rit perdue au fin fond de laFdrationrusse, lethnolo-gue Vladimir Bobrovnikov,qui crit en franais, nousmne sur la trace des Avars.Ils forment la principalecommunaut duDaguestan,la montagne des langues,o lon compte encore unetrentaine de parlers issus detroisgroupeslinguistiques(turc, indo-europenet cau-casiendunord-est). Selonlalgende, un cavalier chargde distribuer leurs languesauxdivers peuples aurait tr-buch, laissant les prcieuxdialectes schapper de sonsac sur les pentes de cettemontagne. Cest ainsi queBobrovnikovnous racontelesfables, les prjugs et la ra-lit dun peuple lhistoiretourmente. Il rtablit la v-rit sur des montagnards quine sont pas arrirs commele croient souvent les gensdes villes. Ils aiment de plussemoquerdeux-mmes.Comme dans cette blague:pourquoi les Avars portent-ils des chaussettes troues?Parce quils les gardent lors-quils se coupent les ongles.Les Avars ont leurs hros. Onapprendquelelgendaireimam Chamil qui repoussalesconqurantsrussesauXIXesicle avant de succom-ber sous les coups de butoirdes armes dutsar tait avaret nontchtchne comme onlecroitdepuislesguerresrusso-tchtchnes de la findu XXe sicle. On apprendaussi quAlexandre Dumas,le plus clbre des voyageursfranais dans le Caucase, asouvent enjoliv ses rcits.Sil est intressant de savoirque les Avars ont longtempstchrtiensavantdeseconvertir lislam, il ne faitpas trop bon leur dire. Carlislam rigoureux est de re-tour. Surtout depuis que laRussiealancsesassautspour contrler largion.Ainsi lAvar a troqu sonsa-bre pour une kalachnikovouune grenade. Et ne craint pasdaller Moscou faire sauterle mtro, perptuant le terri-blecycleprovocation-r-pression qui sentretientdans tout le Caucase russedepuis plus de dix ans. EN HAUT DE LA PILERDCONGOLe signal de RFIest toujours coup, sontrai-tement de la situation post-lectoraleayant dpluaugouvernement congolais.TURKMNISTANLe prsidentBerdymoukhamedovbrigueun second mandat. Il est aupouvoir depuis 2007. Llec-tion dbutera le 12 fvrier.Prcision. Dans larticle d-di la candidature de Yous-sou Ndour, il fallait lire Ro-bert Bourgi, et non Albert.Mardi Tripoli, aprs les combats entre exinsurgs qui ont fait 4 morts. PHOTOM. TURKIA. AFPPropos alarmistes ourelle inquitude ?Moustafa Abdeljelil,prsident duConseil nationalde transition (CNT) libyen,salarmedsormaispubli-quement des affrontementsrcurrents entre les milicesarmes dployes Tripoli.Nous nous trouvons confron-ts aujourdhui deux choix.Soit nous rpondons sans fai-blessecesvnementsquientranentlesLibyensdansune confrontation militaire quenous ne pouvons accepter, soitcest la scession et la guerrecivile, a-t-il dclar mardisoirlorsdunerunionBenghazi (est de la Libye).Moustafa Abdeljelil ragissaitauxderniers combats qui ontoppos, mardi Tripoli, desex-rebelles de la capitale dautres originaires de Mis-rata (est). Les affrontements,dont les causes restent floues,ont fait 4 morts et au moins4 blesss. Il sagit du plusgrave incident depuis la mi-dcembre, lorsque des sol-dats avaient tent, sans suc-cs, de dloger les rvolu-tionnaires de Zintan(ouest)qui contrlent laroport in-ternational de Tripoli.Plus de deux mois aprs lamort de Muammar al--Kadhafi, les autorits libyen-nes ne parviennent toujourspas imposer leurs dcisionsauxkatibas (brigades) rebel-les. Celles de Zintan et Mis-rata ont refus de quitter Tri-poli le 20dcembre, commele rclamait le conseil muni-cipal de la capitale. Lesthuwars (rvolutionnaires)contrlent toujours des bti-ments de lancienne admi-nistration et continuent degrer leurs propres prisons.Ilsprocdentgalementdes arrestations. Autant deprrogatives qui exasprentla population.Srs de leur puissance et deleur lgitimit acquise durantla rvolution, les ex-rebellesont galement des exigencesau niveau politique. Sesti-mant sous-reprsentsauCNT, ils enrevendiquent d-sormais 40%des siges (Li-bration du 28 janvier).Face eux, le gouvernementprovisoire libyenna que peudemargesdemanuvre.Une optionsuivie par le CNTest de proposer aux ex-re-belles des postes au sein delarme et de la police. Pourles convaincre, le gouverne-ment mise sur Youssef al-Mangouch, nomm hier chefdtat-major, un poste va-cant depuis lassassinatdAbdelfattah Youns le28 juillet. Ancien colonel delarme libyenne, Al-Man-gouch avait rejoint la rbel-lion dans lEst libyen avantdtre arrt par les forceskadhafistes prs de Brega. Ila t libr fin aot, lors dela prise de Tripoli. Un par-cours qui, espre le CNT, lerendra lgitime aux yeux desex-rebelles.LUC MATHIEULesex-rebellessedchirent TripoliLIBYELes combats entre milices anti-Kadhafimettent endifficult le gouvernement provisoire.Depuis mardi, les internautes chinois manifestentleur colre lencontre desautorits de laroport deHaikou, dans le sud dupays. Ge Ge, inoffensifcaniche d peine plus de2 kg, y a t abattu.Le quadrupde staitchapp de sa cage etse dirigeait vers la pistedatterrissage, menaant lascurit du site. Cest cequaffirment les responsables de laroport, dclarant que la dcision detuer lanimal a t priseconformment la loi.Scandaliss, les internautesdnoncent un acte gratuitet cruel et, relatant unincident similaire survenu laroport de Manchesterau RoyaumeUni, le17 dcembre, ils dplorentque le sort de Ge Ge aitt diffrent. Le chien britannique, qui avait caus leretard dune douzaine devols, avait t rapidementrattrap, sain et sauf, parles autorits. La compagnieHainan Airlines sest excuse auprs du propritairede Ge Ge, promettantquune enqute seraitmene concernant les circonstances funestes delouverture de la cage.UNCANICHEABATTU DANSUNAROPORTCHINOISLHISTOIRELa chancelire faitentirementconfiance auPrsident pourrpondre toutes lesquestions qui restentensuspens.GeorgStreiter, porteparoleadjoint dugouvernement allemandenractionauxappels ladmissionduchef delEtatChristianWulff, clabousspar uneaffairedeprtimmobilier et depressionssur lapresseVoyage au pays des Avars,de Vladimir Bobrovnikov,Cartouche, 2011, 12 euros.Le duelUne TVA sociale permettrait de faciliter leMade in France en arrtant de faire peser toutesles cotisations sur les salaris.FRANOIS DORCIVALLes mercredis sur France infoJean LeymarieA 8h50 avecNicolas Sarkozy se lance dans un parihasardeux : il est trs difficile den mesurerlimpact sur la croissance et la consommation. paul quinioPUB_DUEL_55X6:Mise en page 104/01/1221:17Page1LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 20128MONDEXPRESSOEtudiantstrangers, lespoirdouchLinstructionauxprfetsannonce hier par le gouvernement libralise peula circulaire dorigine.Le Collectif du31 mai ne d-sarme pas. Lutter contre lacirculaire sur les tudiantstrangers, promulgue parClaude Guant en mai, sa raisondtre, est toujours de mise.Hier, les ministres de lEmploi, delIntrieur et de lEnseignementsuprieurprsentaientunnouveau texte sur le sujetaux reprsentants des uni-versits et des grandes coles. Cetteinstructionauprfet, qui sortiradans48heures,faciliteladli-vrance duntitre de sjour auxtu-diants hautement qualifis, cest--dire titulaires, a minima, dunmaster 2.ARBITRAIRE. Pourtant, il maintientle flou sur les critres sur lesquelsces titres sont dlivrs. Le commu-niqu interministriel voque descomptencesspcifiques,maislimprcisionlaisse toute leur place larbitraire des prfectures et desdirections du travail, selon le Col-lectif du 31 mai.Cemouvementrecenselestu-diants trangers qui se sont vu re-fuser des permis de travail et ontainsi perduleur embauche, promiseouacquise:1 000cassontpourlinstant enregistrs. Ils seraientpotentiellement 26000 trangersdiplms duniversit et 8500 desgrandes coles. Zeinab, Marocainede 24 ans, tudie enFrance depuisses 17 ans. Elle a perdu son emploidunesecondelautre, aprsavoir reu, le 12 dcembre, le refusde son permis de travail. Je suistrs due, et jai peur, je suiscommeemprisonneici.Fi-nancirement, cest trsjuste.Cestenremplissantunquestionnaire sur le site duCollectifdu 31 mai quelle les a rejoints.Premiers concerns, ils ntaientpourtant pas convis, hier, placeBeauvau. Pour exprimer leur m-contentement,ilstenaientdanslaprs-midi,prsdesChamps-Elyses, une confrence de presseorchestre par Fatma Chouaeb:Notre demande de retrait de la cir-culairedu31maiestrestelettremorte. Ce nouveautexte pose toujoursla question des critres selon lesquelsnos dossiers seront accepts ou non.Et quen est-il des victimes de la cir-culaire? Y aura-t-il une gnrationde diplms sacrifis?a assen ladirigeante du collectif. Du ct delUnef, cest le mme constat: Cenouveau texte revient beaucoup debruit pour des volutions mineures.Au PS, le texte dhier, cest troppeuet troptard, estime AlainClaeys,responsable de lenseignement su-prieur dans lquipe de campagnedeFranoisHollande. Troppeuparce que plus quun texte, cette cir-culaire est devenue pour des millionsdtudiants trangers lesymboledune France qui ne souhaite plus lesattirer sur son sol.FISSURE. Les reprsentants des ta-blissements dusuprieur semblent,eux, satisfaits :Lacirculairedu31 mai tait trs ferme. Ce nouveautextesemblebienplusouvert, ditPierre Tapie directeur de la Conf-rence des grandes coles. Ala fin dutexte, Claude Guant demande auxprfets de rexaminer tous les cas dedemande de changement de statut.Cest donc un texte fort et une chancepour la France. Cest la premirefissure dans une coalitionbigarrequi avait embot le pas aucollectifl or s de s a crat i on lautomne 2011: la Confrence desprsidents duniversit, la Conf-rence des grandes coles, les syn-dicats tudiants, des organisationsde dfense des sans-papiers. Nosmatiresgrisessontdetouteslescouleurs: ctait le titre de la pti-tion signe, lpoque, par30000 personnes, des chefs den-treprise, des universitaires et desintellectuels.BertrandMonthu-bert, initiateur de cette mobilisa-tion, sinscrivait lui aussi, hier, enfauxvis--vis des reprsentants dusuprieur : Cette circulaire est lebras arm en matire de politique duchiffre de baisse de limmigration l-gale. Elle encourage la mise en placedune prfrence nationale, dont laconsquence directe est la discrimi-nation lembauche.Le Collectif du 31 mai ne comptepas sarrter aucompromis dhier:il organise mardi une sance deparrainage des tudiants trangerspar des personnalits publiques. Ilsagit eneffet de rappeler quils su-bissent depuis quelques mois uneaccumulation de mesures de plusenplus dissuasives. Pour rsider enFrance, ils doivent eneffet, depuisle 6 septembre, justifier dun re-venude 620euros par mois, contre460euros prcdemment. De plus,depuis le 1erjanvier, une nouvelletaxe sur les titres de sjour est en-tre en vigueur, allant de 280 385 euros, contre 55 70 eurosauparavant. Par MARIONKREMPet ELSASABADOPhotoLIONELCHARRIER. MYOPRCITLaurent Wauquiez, ministrede lEnseignement suprieur, hierplace Beauvau, Paris.Nous voulonsque la France devienneunpays qui attireles meilleurs tudiantsdumonde entier.Nicolas Sarkozyen2007REPRESJai demand que lonrduise le nombre depersonnes admises autitre de limmigrationdutravail.ClaudeGuant le7 avril 2010,dans leFigaromagazine203017immigrs lgaux dun paystiers lUE ont t accueillisen France en 2010.Le plus grand contingent estvenu pour motif familial(84126 entres), suivi des tudiants trangers (65842).LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012FRANCE9SalemecdeHollande: lUMP enfait unfromageREPRESJobserve quebeaucoupde gensqui travaillent avec[Franois Hollande]se laissent aller des propos violents,mensongers, desinsultes.ClaudeGuant leministredelIntrieur, hierOcanAtlantiqueGIRONDE35 kmBordeauxCHAR-MARCHAR-MAR CHARDORD

LOT-ET-GARLANDESMrignacLexemple allemandLAllemagne a organis unsystme de niveau dedclarations. Le niveau 1signifie que les propos sontofficiels. Le niveau 2implique que lon cite, parexemple le ministre, maissans plus de prcision.Enfin, le niveau 3 est off.Un journaliste ayant viol largle peut tre priv devoyage avec le ministrependant un certain temps.OffOu off the record, cestune expression anglosaxonne dsignant despropos tenus lors duneconversation avec desjournalistes qui ne doiventpas tre utiliss ou, en toutcas, pas attribus celuiqui les a prononcs.A voir, la carte interactivedes dplacements deNicolas Sarkozy et Franois Hollande. Hier, cedernier se trouvait Mrignac (Gironde).A lire, le bestof des offcrams.SUR LIB.FRFranoisHollande envisite lentrepriseSerma, prs deBordeaux, hier.LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 201210FRANCELUMP voulait commencerlanne enfanfare. Cest unfeu dartifice quelle a of-fert hier son candidat,Nicolas Sarkozy. Toute la matine,les canonniers de la droite,chauffsblancparJean-Franois Cop, se sont d-chans contre Franois Hollande,coupable de stre laiss aller trai-ter le chef de lEtat de sale mec.Cest entout cas ce qui tait suggr,audtour dune phrase, dans unar-ticle du Parisien, relatant undjeu-ner de presse du candidat du PS.Les participants ce djeuner offont tous assur que Franois Hol-lande avait prononc ces mots sur letonde la plaisanterie, enles mettantdans la bouche de Sarkozy. Une pa-rodie, pas une insulte: sur ce point,les convives sont unanimes. Hol-lande sest mis dans la peau dunSarkozy se prsentant aux Franaiscomme le capitaine courage qui necraint pas limpopularit: Je suis leprsident de lchec, je suis un salemec, mais dans cette priode difficile,je suis le seul capableFAUXPAS. Quimporte. Ce salemec donnait lUMP loccasioninespre de faire la dmonstrationde sa puissance de feu. Ne laisserpasser aucune occasion de taperHollande, telle est la doctrine desstratges de lElyse. Dment brie-fe enmarge du Conseil des minis-tres, la ministre de lApprentissage,Nadine Morano, est sortie seule, surle perronde lElyse. Bouillante decolre, elle a exig des excuses pu-bliquesde Franois Hollande, dontles propos sont intolrableset in-qualifiables. Prenant sesdsirspour la ralit, lintrpide sarko-zysteasuggrquelesocialisteaurait commis une erreur fatale,comparable celle de son mentorLionel Jospin en mars 2002, lors-quil stait laiss aller sur JacquesChirac, le qualifiant de vieuxetdus. Les dirigeants de la majoritont chacunleur tour spcul sur unerptitiondufameuxfauxpasquiaurait cot sa dfaite Jospin.Inaugurant le nouveau sige pari-siende sonparti, rue de Vaugirard,lechefdelUMP, Jean-FranoisCop, avait la mine du rpublicainconstern par les insultes trs cho-quantesadresses auchef de lEtat.Face Hollande, qui manie la ru-meur et linjure, il fait, lui, le paridu dbat de fond. Pour ce faire, ilsouligne que la droite peut comptersur une nouvelle gnration rac-tive. Allusion aux snipers quelUMPenvoieaufrontcesdernires semaines.Reus deux fois par mois lElyse par Sarkozy, ces jeunes lussont galement associs aux ru-nions de la cellule riposteanimepar Brice Hortefeux. Aenjuger parleur dchanement, hier matin, ilapparat quils ne sembarrassentpas des subtilits de la riposte gra-due. Somms de montrer ce quilsont dans le ventre, les sniperstaient hier dans une surenchre to-talement assume. Battez-vous, ily en aura parmi vous qui mergeront,nous adit ensubstance NicolasSarkozy, confie lun deux.DansceconcoursdeHollande-bashing, Valrie Rosso-Debord, d-pute de Meurthe-et-Moselle, a,comme souvent, dgain la pre-mire: elle a convoqu la dmocra-tiequi, crit-elle dans uncommu-niqu, ne saccommode ni de linjureni du dnigrement. Elle a vule vraiFranois Hollande, nonpas unpe-tithommedbonnaire, maisunhomme qui insulte et mprise la fonc-tion prsidentielle. Pour le dputFranckRiester, autre cogneur de lacellule riposte, Hollande aurait faittomberlacampagneprsidentielledans le caniveauparce quil ne saitplus quoi inventer pour dtournerlattentiondes Franais de soninca-pacit formuler des propositions.SbastienHuyghe, dput UMP duNord, estime quil est tabli quelinvective constitue dsormais unevritable stratgie de campagne ducandidat du Parti socialiste. Salemec, avec ces deux mots vague-ment rapports par le Parisien, Hol-lande serait, selonle parlementaire,tomb au degr zro de la politi-que.Lequatrimesniperdeladroite, Bruno Beschizza, lu UMPdIle-de-France, dnonce des inju-res savamment orchestres. Aucundoute, daprs lui, Hollande sera lecandidat de la vulgarit.CULOT.EnvisiteprsdeBor-deaux, le candidat duPS a dnonclamanipulationdeses propos (lireci-contre).LessnipersdelUMPsurjouent les indigns, a constat lesnateur-maire de Dijon, FranoisRebsamen, soulignant le culotdeceux qui exigent des excuses publi-quesde celui quils insultent quoti-diennement depuis plusieurs mois.Sur France Inter, le dput BernardCazeneuve ne sest pas priv de rap-pelerquenma-tire dinjure,Sarkozy a plac labarre trs haut.Trs honntement,si Franois Hol-landeavait dit Nicolas SarkozyCasse-toipauvrecon, il aurait eul-gitimement les rai-sons de sen plaindre, parce que cetype de propos sont assez inconvenantset tout fait incorrects et malsants.Mais ce nest pas ce que Franois Hol-lande dit et Franois Hollande ne serapas le prsident du Casse-toi pauvrecon, a-t-il soulign.Lentourage de Hollande constatequelamajorittrahit une grande f-brilitet jure quil nya pas de cel-lules des basses uvres ni de snipersauservice dusocialiste. Et de garan-tir quauPS, il nyaurapas de off,pas de on, mais une campagne exi-geante. Prilleuse promessewww.politis.frPolitisChaque jeudi en kiosquewww.politis.frPolitisChaque jeudi en kiosqueOne more time ?SalemecdeHollande: lUMP enfait unfromageLa majorit amultipli lesdclarationsoutres, hier,aprs la saillieattribue ausocialiste contreNicolas Sarkozy.Par ALAINAUFFRAYPhotoSBASTIENCALVETRCITEnGironde, le candidat duPSadnonc les manipulations et lespolmiques lances par lUMP.La colre froidedusocialisteSi vous le voulez, je r-pondrai uneques-tion: il est 17 heures Pessac, prs de Bordeaux,et Franois Hollande ne sefait pas dillusions. Sa conf-rence de presse dans les lo-caux de Serma, une entre-prisespcialisedanslestechnologies embarques, neportera ni sur sa politique in-dustrielle ni sur linnovationtechnologique.A Paris, la mche allumepar ses propos rapports surNicolas Sarkozy a enflammlUMP (lire ci-contre). Toutela journe, lquipe de cam-pagne ducandidat socialiste lElyse a temporis pourque la riposte soit la plus so-lennelle possible: unpupitreblanc devant un fond bleufloqu dulogode campagne,et pas dimages attrapes auvol la descente davion oudans un couloir dusine.Hollande a unair courroucquon lui connat peu et selance: a suffit. Je nacceptepas les polmiques incessantesvenant de lUMP. Aujourdhui, partir dune manipulationdemes propos, hier, partir dedclarations que jai pu faire,avant-hierpartirdemespropositions.Et ne sarrteplus: Ce que jai dire de Ni-colas Sarkozy, je le dis publi-quement,directement,avecmesmotsetsansinterm-diaire, et je le dis devant lesFranais. Jenesuisjamaisdans la grossiret. Je laisse a dautres.Avant de prve-nir: Ce climat-l, cette am-biance-l, je ne souhaite pasquelle se poursuive. En toutcas, moi, je placerai le dbatpublic au bon niveau.Annonce. Mthodique-ment, Hollande mitraille lebilande la droite chmageet dette qui explosentousonprojetdeTVAsocialequinamlioreenrienlacomptitivit, mais affaiblit lacroissance et inflige encore uneingalit supplmentaire entreles Franais. Fustige leffetdannoncesur le sauvetagede loprateur de ferries Sea-Franceetjustifiesonab-sence, remarque, Amiens,hier, au procs du dlgusyndical de Continental, Xa-vier Mathieu. Les autres can-didats de gauche, Eva Joly,Jean-Luc Mlenchon, Natha-lie Arthaud et Philippe Pou-tou, y taient, eux. Je naipas le don dubiquit mais jaile devoir de solidarit, expli-que Hollande.Mdiocre. Aujourdhui,en route pour la Normandieoil doit parler de formationprofessionnelle, il fera unehalte la raffinerie Petro-plus, prs de Rouen, mena-ce de fermeture. PourBruno Le Roux, crise cono-mique et conflits sociaux lappui, preuve est faite queles socialistes nont pas be-soinde senprendre la per-sonne duchef de lEtat. D-crire la ralit du sarkozysmesuffit amplement, estime leporte-parole, qui attaque lerflexe de meutede lUMP.Tout ce qui rendlacampagnemdiocreprofiteraauxgensqui font professiondantiparle-mentarisme, salarme AlainVidalies, le monsieur em-ploi du candidat.Pour les socialistes, la pol-mique sale mecest morteet enterre mais heureuse-ment que a arrive tt dansla campagne, glisse unde sesmembres. Le prcdent Jos-pin de 2002 est dans toutesles ttes, quand il avait jugson adversaire, le prsidentChirac, us, vieilli, fatigu.Ladiffrence majeure, souli-gne BernardCazeneuve, cestque Jospin lavait dit ! Et lpoque, poursuit le porte-parole, les Franais ne pen-saient pas comme lui, alors quel, ils le pensent peut-treEnvoye spciale en GirondeLAURE BRETTONSi Franois Hollande avait dit Nicolas Sarkozycasse-toi pauvrecon, il aurait eulgitimement lesraisons de senplaindre [] MaisFranois Hollande ne sera pas leprsident ducasse-toi pauvre con.BernardCazeneuvedputmairePSdeCherbourgLIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012FRANCE11DCORATION Jack Ralite,lancien ministre commu-niste dont le nomfigurait surla liste dunouvel ande lOr-drenationaldelaLgiondhonneur, a annonc quilrefusait cette distinction. Jenai pas refus trois fois la L-gion dhonneur sous la gauchepour laccepter une fois sousla droite, a dit le snateur deSeine-Saint-Denis, 83 ans.LGISLATIVES Marie-LucePenchard, ministre delOutre-mer, pourrait trecandidate aux lections l-gislatives enGuadeloupedans la 4e circonscription,celle du dput socialiste etprsident du conseil rgio-nal, Victorin Lurel. Ellepourraitavoiraffronter,outre M. Lurel, des adversai-res de son propre camp.Je lui ai dit [ Guant] que ma candidaturentait pas uncaprice ouunmouvementdhumeur, mais le fruit de la volont desBoulonnais de choisir leur dput.ThierrySolrelerival UMPdeClaudeGuant auxlgislatives BoulogneBillancourt (HautsdeSeine)Jean-Luc Mlenchonaimerait bien que 2012ressemble 2005. Pluttquune lection majoritaire deux tours, le candidat duFront de gauche ferait bienlevu que la prsidentielle setransforme en double rf-rendum: pour oucontrelaustritet pour ou con-trelenouveautraiteuro-pen. Manire de se rappe-ler aux bons souvenirs de lavictoire du non la Consti-tution europenne pour le-quel, encore auPS, Jean-LucMlenchonavait activementmilit.Hier, pour ses vux, lex-socialistesestprsentsonsige de campagne bap-tis lUsine,commeleporte-drapeau dune quipe[] hritier[e] dune grande etbelle bataille en 2005.Cettegauche-lnevousajamais ni menti ni trahi. Ja-mais, elle na abandonn lescombats, a scand le dputeuropendevant une assem-ble compose de militants,de dirigeants des partis duFront de gauche et de jour-nalistes. Fustigeant NicolasSarkozy, responsable luitoutseul delamoitideladette du pays, Mlenchonaform le vu quen 2012le peuple franais soit con-sultsur le trait europenodieuxqui sera prsentau mois de mars. LEurope,pour faire dcoller sa cam-pagne.Candidat depuis bienttun an, Mlenchon sest sta-bilis en novembre dans lesintentions de vote autour de7%. Seules ses cotes de po-pularit en opinions positi-vesprogressent. Il comptesur ce mois de janvier pourenfin approcher les 10% etrecoller Franois Bayrou etMarine Le Pen.Pour cela, le dput euro-pen a ficel son plan com.Un dbut de semaine avecdes interviews France Info,lAFPet RadioClassique,histoire de monter en puis-sance jusqu soninvitation,jeudi prochain, lmissionpolitique de France 2,Desparoles et des actes. Ala findumois, ondevrait avoirrussi toucher un lectoratplus large, explique soncon-seiller spcial, Eric Coquerel.Et en finir aussi avec ce rledurleurquila aid pas-serlesportesdes mdias.Dans s onquipe, onaimerait quilsoit dsormais identificommelecandidat anti-austrit et le candidat qui re-donne la parole au peuple. Etpourreprendreletitredecandidat des invisiblesquela reprsentante duFront na-tional lui a piqu dans undiscours Metz en dcem-bre, Mlenchonira danscette mme ville le 18 jan-vier. Pour faire plus demonde quelle et pour montrerque ceux qui sont aux cts dela classe ouvrire, cest nous,insiste Coquerel.Usines. Comme avant les f-tes, le candidat du Front degauche compte enchaner lesvisites dusines. Hier, aprstre all soutenir lex-leadersyndicaliste des ContinentaldeClairoix(Oise),XavierMathieu, en procs Amiens, il est all rencontrerles salaris du journalParuVenduenliquidationju-diciaire. Aujourdhui, il aprvudes visites dentrepri-ses enrgionparisienne. De-main, avant un meeting Nantes samedi, il compte serendre Petit-Couronne(Seine-Maritime) sur le siteen grve de Petroplus.Enfin, pour affiner son vi-rage de campagne, Mlen-chona dcid dentermineravec les attaques enversFranois Hollande. Aucunerponse publique la lettreducandidat PSpublie mardipar Libration quand, sur sonblog, il lui a coll en 2011ltiquette de premier bn-ficiaire politiquedes truca-ges du ramassis de bour-reurs durnes de congrsquesont les socialistes de lH-rault, des Bouches-du-Rhneet du Pas-de-Calais. On amoinsintrtartillerHol-lande que de dire qutre duct du peuple est dans le codegntique de la gauche. Aprs,on laisse les gens cheminer,conseille un cadre PCF.Aprsavoirrclam,sanssuccs, undbat face Hol-lande, Mlenchon a changde tactique pour secouer lessocialistes. Fin janvier dirasi la stratgie est meilleure.LILIAN ALEMAGNAJean-LucMlenchontenteledouxpourletoutPRSIDENTIELLE Le candidat duFront de gauche amorce unviragestratgique et modre sondiscours pour largir sa base lectorale.Eva Joly (EELV), JeanLuc Mlenchon (Front de gauche),Nathalie Arthaud (LO) et Philippe Poutou (NPA) ontdfil chacun de leur ct, hier entre la gare et le palaisde justice dAmiens, o le cortge sest arrt la mijourne en attendant le dbut du procs en appel de XavierMathieu, leader CGT de lexusine Continental, Clairoix(Oise). Une amende de 1000 1500 euros sera requise,plus tard dans laprsmidi, pour refus de prlvementADN. Ct socialiste, la snatrice de lOise LaurenceRossignol tait prsente. Aprs sa condamnation 4000 euros damende par la cour dappel dAmienspour avoir particip au saccage de la sousprfecture deCompigne (Oise) en avril 2009, Xavier Mathieu avaitrefus de se soumettre un prlvement dempreintegntique. Une peine dun mois de prison avec sursisavait t requise contre lui dbut mai, mais il avait trelax. Le parquet de Compigne avait interjet appel.LA GAUCHE AVECUNEXCONTINENTALLHISTOIREHier aux Lilas, lors de la prsentation des vux du candidat. PHOTOFRANOIS MORI. APSi Jack Lang atterrit dans la 4e cir-conscription de lAisne en juin pourles lgislatives, le Front de gauchelattend de pied ferme. Hier, repre-nant linformation rvle mercredipar Libration, le numro 1 du Particommuniste, Pierre Laurent, a accusLang, lancienmissaire spcial de Ni-colas Sarkozy, davoir pour seuleambition que daller tailler des croupi-res au Front de gauche et au Parti com-muniste. La raison du courroux dePierre Laurent, contre celui-l mmequi a refus [de se prsenter devant]les militants socialistes de sa circons-cription dorigine? Le sortant sap-pelle Jacques Desallangre, membre duParti de gauche de Jean-Luc Mlen-chon, et la circonscriptiondevait trercupre par uncommuniste, Jean-LucLanouilh. JesouhaitequeladirectionduPartisocialistedmenteau plus vite cette hypothse qui nest,je nendoute pas, quunpitre rebondis-sement dunerechercheperduederlectionassure, a rclam PierreLaurent. L.A.ARETOURSURLEPARACHUTAGEDELEXMINISTRESOCIALISTEENPICARDIELePCFneveut pas deLangdans lAisneHerv Morin, le prsident du Nouveau Centre et candidat la prsidentielle, a dvoil hier son tatmajor decampagne, une quipe dune quarantaine de personnespour ce prtendant lElyse, crdit de 0 1%dintentions de votes dans les sondages. En clair, lautre reprsentant du centre, avec Franois Bayrou, a runi sondernier carr de fidles, qui sont presque autant que seslecteurs putatifs. En dcembre, une large partie descadres du Nouveau Centre, au moins aussi nombreuxque ltatmajor de campagne du candidat, a adress unelettre aux responsables dpartementaux du mouvementpour regretter une dcision engageant lensemble dumouvement, avant mme que nous ayons pu avoir undbat sur notre stratgie collective. Parmi les signatairesde cette missive en forme de missile figuraient le mairedIssylesMoulineaux, Andr Santini, ou le ministre de laFonction publique, Franois Sauvadet. Herv Morin aannonc vouloir dmultiplier sa parole pour tenter dedcoller du 1%dintentions de votes. PHOTOAFPHERV MORINRUNIT SES FIDLESDANS SONQUIPE DE CAMPAGNELES GENSLquipe de Mlenchonveutenfinir avec ce rle durleurqui la aid passer les portesdes mdias.LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 201212FRANCEXPRESSOImplants: questionssuruntimingAlertes en2009, les autorits sanitaires ont dcid de retirer dumarch les prothses PIPenmars 2010. Une chronologie sur laquelle va se pencher ce soir le comit de suivi de laffaire.Cest ce soir et pour ladeuxime fois que lecomit de suivi , autourde laffaire des prothsesmammaires dfectueuses se runitau ministre de la Sant. Une ru-nionencore dcisive. Le mois der-nier, il sagissait de voir sil fallaitdemander toutes les femmes por-teuses de ces prothses nonconfor-mes (autour de 30000) de se lesfaire explanter: la dcisiona tpositive. Aujourdhui, cest toutelaffaire qui remonte. Le directeurde lAgencefranaise descurit sa-nitaire des produits de sant (Afs-saps), Dominique Maraninchi,vient dtre charg par le ministrede la Sant, Xavier Bertrand, dtu-dier la chronologie duscandale. Onparle de lventualit dune missionparlementaire. Trois questions, entout cas, se posent.Y ATIL EU UN MANQUE DERACTIVITDES AUTORITSSANITAIRES?Sur le droulement de lhistoire, oncommence comprendre un peu cequi sest pass, nous a prcis hierDominiqueMaraninchi.Jusquprsent, lesautoritssanitairesavaient expliqu que des chirur-giens plasticiens avaient signal untaux de rupture lev de ces pro-thses, et quaussitt, cest--direen mars 2010, lAfssaps avait en-voyses enquteurs. Quelquesjours plus tard, la dcisionde retraitdumarch tait prise. De fait, il yaeuunpeude battement. Cest cou-rant 2009que lAfssaps a t prve-nue. Peut-tre a-t-on tard? sin-terrogeDominiqueMaraninchi.Mais ce qui mintrigue, cest pour-quoi ce nest quaprs le lancement delalerte que vont nous remonter lesnombreux cas de rupture. Pourquoipas avant ? Pourquoi les profession-nels de sant, qui sont tenus de dcla-rer les vnements indsirables, nelont-ils pas fait plus tt.Par ailleurs, lAFPa fait tat, end-but de semaine, de courriers inter-nes lentreprise PIP, certains da-tant de 2005, cest--dire cinqansavant le dbut de laffaire: il sagitde lettres crites par des vendeursde PIP leur direction, dans les-quelles ils sinquitent de la fabrica-tiondeces prothses. Aucunde cescourriers nest remont lAgence, entout cas pas maconnaissance, l-che le directeur de lAfssaps.Autre fait troublant : les autoritssanitaires amricaines (FDA) ontfait tat de graves violationsdansle processus de fabricationde pro-thses mammaires de la firme fran-aise PIP, et cela ds 2000. En toutcas, note le PrMaraninchi, lorsquenotre enqute aeulieu, elle sest rv-le efficace. Elle a pu rvler des con-ditions de production dplorables, etcela depuis le dbut.QUI PAIERALES EXPLANTATIONS?Volet pineux dudossier, lexplan-tation des prothses PIP, avec leurventuel remplacement chez les30000femmes concernes enFrance. Je ne sais pas ce que lon vadcider ce soir, raconte leDrGuimberteau, qui fait partie ducomit de suivi. Qui va faire lesnouvelles prothses, et qui vapayer ?Leministreaditquelescentres de chirurgie esthtique dontles actes ne sont pas rembourss parla Scu ne pourront pas procderauxexplantations rembourses. Cettedcision se discute, car ce sont cescentres-l qui ont pos plus dun tiersdes prothses PIP.De plus, lex-plantation nest pas un acte banal etanodin, rappelle le PrMaurice Mi-moun, chef de service lhpitalSaint-Louis, Paris. Le gouverne-ment reste toujours sur la ligne quesilexplantationestbeletbienrembourse par la Scu, la nouvelleprothse ne sera pas prise enchargepar lassurance maladie dans le casde la chirurgie esthtique.Entout cas, malgr la mdiatisationde laffaire, les professionnelsnenregistrent pas de chute de leuractivit: Dans monservice, onousfaisons de la chirurgie rparatrice,nous navons aucune baisse, d-taille le DrJean-Claude Guimber-teau, prsident de la Socit fran-aise de chirurgie plastiquereconstructrice et esthtique. Celane veut pas dire que lon ne nous posepas plus de questions, poursuit leprofesseur Mimoun, mais je ne croispas quil y aura moins dactes faire.Les demandes de pose de prothsesmammairesnesontpaslefaitdecoups de tte.QUELLES LEONS TIRER?Pour le directeur de lAfssaps, ilfaut peut-tre aller, pour ce type deproduits, vers une vritable certifica-tion, voire vers unprocessus dautori-sation, commepourlesmdica-ments. Laffairedesprothsesmontre que lon ne pourra plus se sa-tisfaire dun simple agrment,avanceDominiqueMaraninchi.Lentreprise PIPest alle voir unor-ganismecertificateurallemand,TVRheinland, une dmarche tout fait lgale. TVa alors effectu unsimple contrle de conformit, surla base de dclarations de PIP. Par RICFAVEREAUDCRYPTAGELe remboursement dventuelles prothses de remplacement nest pas assur. PHOTOC. ALMODOVAR. FEDEPHOTOLes autorits franaisesont dcid, le 23 dcembre, de recommander auxporteuses de se faire retirer leurs prothses PIP titre prventif, aprs quehuit cas de cancers ont tsignals. Elles invoquentdes risques bien tablisde ruptures et de ractions inflammatoires.REPRES30000Cest le nombre de femmes en France qui se sontfait implanter des prothses mammaires PolyImplant Prothse (PIP).Prs de 500000 femmesen porteraient dans lemonde.LE COMITDE SUIVIIl comprend, sous la prsidence du directeur gnralde la sant, les associationsde victimes, des chirurgienset des reprsentants desagences sanitaires.LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012FRANCE13JUSTICELex-maire de ParisJean Tiberi et son pouse,Xavire, seront jugs enap-pel du 12 au 21 novembre, adcid hier la cour dappelde Paris loccasion duneaudience de fixation. Ilsavaient tous deux t con-damns en 2009 dans laf-faire des faux lecteursdu Vearrondissement.JUSTICE Andr Ride, ins-pecteur gnral des servicesjudiciaires et suppos prochedu pouvoir, a t nomm,hier, procureur gnral prsla cour dappel de Bordeaux(Gironde). Laffaire Betten-court est instruite dans cettejuridiction.FUSILLADEUnhomme a tgrivement bless par balles,hier, dans une pizzeria deRoubaix(Nord), aucoursde ce qui pourrait tre unrglement de comptes. Tou-ch au niveau dunfmur, ila t hospitalis.Les accros duportableauvolant, qui ont la dtes-table habitude digno-rer les passages pitons et denous rouler sur les pieds, ontdu souci se faire. Dsor-mais,tlphoneravecsonappareil enmainencondui-sant devient une contraven-tiondequatrimeclasse,punie de 135euros damendeet du retrait de trois pointsdu permis de conduirecontre35eurosetdeuxpoints auparavant.Smartphone. Les rcalci-trants pourront toujours seconsoler en utilisant le kitmains libres qui reste auto-ris, mais ils devront compo-ser avec dautres rjouissan-ces contenues dans le dcretqui entre en vigueuraujourdhui. Ainsi, si vousavez lhabitude de regarderles Feux de lamour endirectdu priphrique, il vous encotera le prix de plusieursdizaines de DVD. Un con-ducteur ayant dans sonchamp de vision un cranautre que le GPSune tlvi-sionallume, une console dejeuxvidoouunsmartphoneutilis pour lire une vidocopera dune amendede 1 500 euros contre135euros prcdemmentetdun retrait de trois pointssursonpermisaulieudedeux. Lappareil pourra tresaisi,voiredfinitivementconfisqu, aprs condamna-tion du contrevenant.Vous avez galement dusouci vous faire si vous avezpris lhabitude de slalomerentre les contrles de vitessegrce une de ces petitesmachines qui vous avertit dela prsence dun radar avecune voixde speakerine lobo-tomise. Ladtention, letransport et lusage des aver-tisseurs de radars sont inter-dits. Encas de non-respect,il en cotera 1500 euros, leretrait de six points de per-mis et la saisie de lappareil.Cependant, grce des mises jour de leurs logiciels, ilspourront devenir des assis-tants daide la conduitesignalant les zones dange-reuses, o sont susceptiblesde se trouver des radars fixesmais pas forcment. Le mi-nistre de lIntrieur four-nira,courantjanvier,unecarte de ces zones dangereu-ses aux fabricants.Autre sanction alourdie,lamende rprimant la circu-lation sur la bande darrtdurgencepassede35135 euros, et une sanctionidentique est institue pourles cas de franchissement decette ligne. Les socitsdautoroutenecessentderappeler la vulnrabilit deleurs quipes en ces lieux etles accidents graves dont ilssont victimes. Enfin, le d-cret vise galement les auto-mobilistes qui voudraienttricheravecunthylotestantidmarrage. Toutcon-ducteur dun vhicule obli-gatoirement quip duntelsystme (condamns de laroute, chauffeurs dautocarsrcents) doit lutiliserpralablement audmarragedu vhicule. Les petits ma-linsquiseraienttentsdeneutraliser cet thylotest oude faire dmarrer leur voi-ture par untiers seront punisdune amende de 135 euros.La complicit est punie de lamme contravention.Vecteurs. Plusieursassociations dautomobilis-tes ont dnonc, hier, ce d-cret. Si oncontinuecom-me a, onvaavoir une oppo-sitionfarouchedes Franaisqui, dansleurgrande majo-rit, ne com-prennent plus lelien entre le tout rpressif, donton nous rabat les oreillesaujourdhui,etlobjectif desauver1 000vies,quenouspartageons, a affirm Lau-rent Hecquet, dlgu gn-ral de 40 millions dauto-mobilistes. Selonlebilanprovisoire annonc hierpar le dlgu interminist-riellaScuritroutire,3970personnes ont perdulavieen2011surlesroutesfranaises, contre 3 992en 2010.JACKY DURANDRpressionroutire:legouvernementdrouleACCIDENTSDuportablelaconduitesur labandedarrtdurgence, denouvelles sanctions entrent envigueur.Les avertisseurs de radars sont dsormais interdits. PHOTOJEANMICHEL SICOTOnva avoir une oppositionfarouche des [gens] qui [] necomprennent plus le lienentrele tout rpressif et lobjectif desauver 1000vies.Laurent Hecquet de40millionsdautomobilistesLa reproductionde nos petites annoncesest interditeLe CarnetChristiane [email protected] Pfeiffer, sa mre,Florence et Manuel, sesenfants et leurs compagnonsFrdrique, sa sur, ainsi quetous les proches,ont la douleur de faire part dudcs deMme lisabeth ALLESLa crmonie aura lieule Samedi 7 Janvier 10h,aucrmatoriumduPre-Lachaise.71, rue des Rondeaux75020PARISM GambettaJosette PECQUENARDdcde dans sa cinquantehuitime anne,le jeudi 29 dcembre 2011Josettenous a quitt pour rejoindreses parents aims aucimetirede MelunNord.Ceux qui l'ont aim enamour, enamiti, savent ceque l'onlui doit, sonsoucide l'autre, sonsens de l'aide etde l'coute, sonengagementpour ceuxqui sont diffrents.Tes pas nous ont guids.Nous continuerons marcher avec toi.Ta famille, Tes amis.Le CarnetVous organisezun colloque,un sminaire,une confrenceContactez-nousVous organisezun colloque,un sminaire,une confrenceContactez-nousVous pouvez nous faire parvenirvos textes par e.mail :[email protected] et insertionsla veille de 9h 11hpour une parution le lendemainTarifs 2011 : 16TTC la ligneForfait 10 lignes :150TTCpour une parution(15TTC la ligne supplmentaire)Abonns et associations : -10%Tl. 01 40 10 52 45Fax. 01 40 10 52 35LIB_12_01_05_CAR:LIB_AA_MM_JJ_PA 04/01/2012 16:02 Page 1Dans un moment dgarement et dennui, un magistratassesseur qui jugeait Carlos Paris a barbot une pendule ancienne dans le bureau du prsident des assises.Le prpos du palais qui remonte les horloges ayantsonn lalerte, la disparition de cet objet du Mobiliernational a suscit lmoi de la cour. Le voleur en son seina fait mine de retrouver la pendule dans un sac, salle despasperdus. Mais les camras de surveillance lont confondu. Prenant laffaire trs au srieux, Isabelle CoutantPeyre, avocate de Carlos, demande dans une lettreau prsident Degrandi de la cour dappel de lui proposerdes solutions pour rsoudre la nullit dordre public quiaffecte le verdict prononc, puisquun tel comportementest incompatible avec le droit de juger. P.T.LE JUGE, LHORLOGE ET CARLOSLHISTOIRE110124Cest, selon lInsee, le nombre dhabitants gagns en dixans par Paris, qui compte dsormais 2,2 millions dmes.Cette tendance marque un tournant, puisque dans lesannes 20, la capitale franaise tait trs peuple, frlantles 3 millions dhabitants, avant de se stabiliser jusquedans les annes 50 et de dcliner partir de 1954.Lexpatronne dAreva (1) a t entendue, hier, par la brigade de rpression de la dlinquance sur la personne,suite sa plainte pour intrusion dans sa vie prive. AnneLauvergeon et son mari, Olivier Fric, consultant dans lesecteur nergtique, pensent avoir t espionns par desenquteurs privs, en arrireplan dun rachat en 2007par Areva dune socit dextraction duraniumen Namibie, UraMin. Selon les conclusions du rapport denqutevisant le couple, rvles par le Canard enchan, lesrecherches prliminaires menes sur M. Fric nont pas permis de dmontrer quil avait pu bnficier de manireillgitime du rachat dUraMin par Areva. Aprs la plaintedu couple, le parquet de Paris avait ouvert le 21 dcembre une enqute prliminaire pour complicit et recelde violation de secret professionnel. PHOTOAFP(1) Anne Lauvergeon est prsidente du conseil de surveillance deLibration.ANNE LAUVERGEONENTENDUE APRSSA PLAINTE POUR ENQUTE ILLGALELES GENSLIBRATION JEUDI 5 JANVIER 201214FRANCEXPRESSOGrandecolrePetit-CouronneLes salaris de la raffinerie Petroplus, menace de fermeture, bloquent les stocks de produits finis.Qui est pour continuerle blocage de tous lesproduits finis ?Quelque 300 mainsselvent.Qui estcontre?reprendaumicro le dl-gu syndical CGT Jean-Luc Brou-tais. Silence. 100% pour le blo-cage.Applaudissements. 13h40,hier, devant lentre du site de lasocit de raffinage et de distribu-tion de produits ptroliers Petro-plus, Petit-Couronne (Seine-Ma-ritime), hrisse de drapeaux auxcouleursdessyndicatsCGTetCFDT lessalaris ontvot: le blo-cage de la livraisondes produits fi-nis actuellement enstocks se pour-suit, ainsi que larrt progressif detouteslesunitsdeproductiondessence, gazole, krosne, huiles,bitume, gaz et fuel. Ce nest pasjuste lavenir du site qui est en cause,maislavenirdeshuit raffineriesfranaises, ncessaires lindustrieet lindpendance nergtique denotre pays, martle YvonScornet,porte-paroledelintersyndicaleCGT-CFDT-CGC de la raffinerie.INDE. Vendredi, le raffineursuisse annonait larrt complet detrois de ses cinq sites europens:AnversenBelgique,CressierenSuisse et, en France, Petit-Cou-ronne,surlazoneportuairedeRouen. En cause: le refus de sesbanques de renouveler sa ligne decrdit (1 milliard de dollars, soit773 millions deuros), lui permet-tant de sapprovisionner enptrolebrut. APetit-Couronne, lesitetendudepuis 1925sur 225hectaresen bordure de Seine, aliment enptrole brut par unoloduc depuisle port duHavre, affiche une capa-cit de production denviron161800barils par jour. La raffineriea t rachete Shell en2008par legroupe Petroplus. Cest vrai, nousperdons de largent de-puis deux ans, recon-nat ce dlgu, mais labaissedesmargesestessentiellement due laconcurrence de produitsimportsdeChineoudInde qui nont pas noscontraintes en termes de salaires, descurit et de normes environnemen-tales. Nous demandons une politiquedgalit de traitement avec les pro-duits raffins enEurope et dquilibrernos chances.Didier Marie, prsi-dent socialiste du dpartement deSeine-Maritime, venuhier soutenirles salaris, dnonce la stratgiedes grands ptro-liers qui consiste profiter dudum-pingsocial et envi-ronnemental pourinvestir dans lesmergents et se d-sengager des payseuropens.Pour Laurent Pa-tinier, dlgucentral CFDT, la situationrelve dela responsabilit de lEtat : Nousavons travaill en 2010 avec le gou-vernement sur la ncessit de fairevoluer en France les activits de raf-finage, mais rien nest sorti de cestables rondes, no-tamment la taxedimportation sur lesproduits finis quenous avions deman-de, alors quil sagitaussi de lavenir de laptrochimie,lachi-mie, la plasturgie quiest ainsi menac.Les militants refu-sent aussi la thse de la surcapacitde raffinage. La France a import27millionsdetonnesdeproduitsen2011, soit trois fois la productiondePetit-Couronne, insiste YvonScor-net. Il faut relancer le raffinage dansce pays pour prserver son indpen-dance: demain la Libye, le Qatar etlesautresnousimposeront leursprix.Tous demandent linterven-tionde lEtat et attendent quil ap-plique sondroit de rquisitionpourreprendre le site, cherche des re-preneurs industriels et investissepour recouvrer la comptitivit.Onauraitdesmilliardspourlesbanques, [] pour la Grce, et rienpour Petroplus? interroge un re-prsentant de la Fdrationde lin-dustrie chimique, trs applaudi. Lemoyende pressionest donc le blo-cage des produits enstocks, notretrsor de guerrevalu 250 mil-lionsdeurosparlessyndicats.Dici une semaine, toutes les unitsdeproductionseront larrt.Aujourdhui, un comit dentre-priseextraordinaireaborderalechmage technique.EXIGER. Les lus socialistes dudpartement et de la rgionatten-dent un rendez-vous entrele Pre-mier ministre, Franois Fillon etlintersyndicale: LEtat doit fairepression sur les banques [], exigerun engagement moyen terme dugroupe Petroplus ou bien reprendre lesite,rsumeDidierMarie.Lescandidats la prsidentielle Jean-Luc Mlenchonet Herv Morinsontattendus sur le site demain. Le so-cialiste Franois Hollande est luiaussi attendu (lire page 10).Aumicro, hier, YvonScornet a me-nac: Onvaemmerder le gouverne-ment, on va les mettre devant leursresponsabilits.Les militants pro-mettent une initiative spectacu-lairedemainet, le 18 janvier, unegrande journe daction dans lesagglomrations de Rouen, DieppeetduHavre.LejouroNicolasSarkozy doit prcisment recevoirles syndicats pour le sommet surlemploi. Par NATALIECASTETZEnvoyespcialePetitCouronne(SeineMaritime)La France a import 27 millionsde tonnes de produits [ptroliers]en2011, soit trois fois laproductionde Petit-Couronne.YvonScornet delintersyndicaledelaraffinerieREPORTAGELes employs du sitede PetitCouronne, hier. Ilsrclament une interventiondu gouvernement pourprserver la raffinerie.PHOTOBENOT DECOUT. REAExtractiondu ptrole brutLE CIRCUITDU PTROLEStockageau portTransporten ptrolierTransformationen ranerieTransporten oloduc5REPRESMancheEURESOMMEOISESEINE-MARITIME25 km(Rouen)Petit-CouronneSEINELIBRATION JEUDI 5 JANVIER 2012ECONOMIE15TVAsociale:lultimechargedeSarkozyLe chef de lEtat est dtermin taxerdavantage la consommationpour financerla protectionsociale. Une dcisionrisque.Par GRGOIREBISEAUNicolas Sarkozy est-il en train dejouer quitte ou double avec sonprojet de TVAsociale?Entout cas,on prend un risque, reconnat vo-lontiers un conseiller lElyse. Pourquoi,alors, ne pas attendre denfaire unlmentde son futur programme de prsident sor-tant ?a fait des mois que lon parle de cetterforme. Et si on avait attendu lentre en cam-pagne, on nous aurait dit: Mais pourquoi vousne lavez pas fait avant ?Plus trange en-core, en claironnant quune loi sera voteavant la prsidentielle, le gouvernement apris le risque de braquer les organisationssyndicales alors quunsommet social doit setenir le 18janvier. Pourquoi, eneffet, organi-ser untel sommet si tout est dj ficel? Sen-tant le danger, Franois Baroin, le ministre delEconomie, a hier matinamorc unrtrop-dalage dclarant quaucunarbitrage n[tait]rendu. Et Valrie Pcresse, sa collgue duBudget, dembrayer: Ce qui est arrt, cestle principe []. Il y auraune bonne part de TVA,aprs je ne sais pas encore exactement commenton financera la protection sociale.BOUQUET. Tout cela est vrai. Beaucoup dequestions sont encore sans rponse aujour-dhui, y compris pour Nicolas Sarkozy. Etsurtout la principale: ce transfert de chargessociales sur la TVAconcernera-t-il seulementles cotisations patronales, ougalement cel-les payes par les salaris? Dans le secondcas, chacunverra sonsalaire net augmenter(un peu) sur sa fiche de paie. Certainementpas dans des proportions suffisantes pourcompenser une perte de pouvoir dachat lie la hausse de la TVA, mais un petit coup depouce qui nest pas sans intrt politique, quatre mois dupremier tour. Il y a plusieursoptions sur la table, et notamment celle de pr-server le pouvoir dachat des plus dmunis,confirme unministre. Lautre questiontech-nique est de savoir si ce transfert se fera uni-quement sur la TVA ou sur un bouquet detaxes (TVA, CSG, impt sur les socits). Etdans quelles proportions.TRINGLERIE. Mais la vraie inconnue est poli-tique. Comment les Franais vont-ils digrercette mauvaise nouvelle pour leur porte-monnaie?SelonunsondageCSApubliaujourdhui dans lHumanit, ils sont prs desdeux tiers se dire opposs la mesure. Hiermatin, au Conseil des ministres, le chef delEtat a rpt que les Franais ne sont pasdans le temps de llection, mais dans linqui-tude, dans la crise. Et donc attendent dugouvernementdesrformes.Ettant pis si enmatire de TVAsocialeils risquent de ne pas en mesurerles effets avant la prsidentielle.Cestmmeunechance: cettetringleriedefinancementdelaprotectionsociale est, de lavis desspcialistes, unimmense chantier qui nces-sitera des mois avant dtre oprationnel (lireci-contre). Au mieux, le gouvernement feravoter une loi avant finmars, quitte convierune sance extraordinaire du Parlement.Limportantestailleurs :installerlepluslongtemps possible lide dunNicolasSarkozy qui rforme. AlElyse, onest per-suad que ce Prsident qui gouverne jusquaubout est susceptible denclencher une dynamiquelectorale, selon un conseiller de Sarkozy.Tous les candidats parlent de vouloir produireenFrance, mais nous, onengage une rforme defondsur labaisse ducot dutravail. Et, dans undbat de second tour, a peut faire la diff-rence, veut croire un ministre. Avoir. Nicolas Sarkozy en visite la Compagnie franaise du parquet, Myennes (Nivre), le 7 juin. PHOTOJEFF PACHOUD. AFPUN PRINCIPE DE VASES COMMUNICANTS La TVAdite sociale estune arnaque. Le chmagene [dpendpas] duniveaudes salaires ouducotde la protectionsociale.BernardThibault secrtairegnraldelaCGT, hier sur France2REPRES Le financement de la Scuritsociale ne peut plus reposerprincipalement sur le travail []dlocalisable. Il faut allgerla pressionsur le travail et fairecontribuer les importations.Nicolas Sarkozyle31 dcembreLa vraie inconnue est politique.Comment les Franais vont-ils digrercette mauvaise nouvelle pour leurporte-monnaie?La TVA sociale consiste faire voluer le financement de la protectionsociale, en remplaant une partie des cotisations sociales payes parles employeurs (et ventuellement celles payes par les salaris) parune hausse de la TVA. Ce changement partiel de financement doitrenforcer la comptitivit des entreprises en diminuant le cot du travail. Elle vise galement soutenir la production franaise lexport,exonre de TVA, alors que les produits imports seront plus taxs.LIBRATION JEUDI 5 JANVIER 201216ECONOMIENicolas Sarkozy en visite la Compagnie franaise du parquet, Myennes (Nivre), le 7 juin. PHOTOJEFF PACHOUD. AFPPhilippe Askenazy, professeur lEcole dconomie de Paris, dnonce une propositioninjuste:Cest une mesure avant tout politique,dfendue par le patronat depuis trente ansPhilippe Askenazyest directeur derecherche au CNRS et professeurlEcoledconomiedeParis.Auteur des Dcennies aveugles(Seuil, 2011), il considre que la TVAso-ciale est foncirement ingalitaire et desurcrot inefficace.Pourquoi sagit-il dune mauvaisemesure?Elle est dabord trs ingalitaire, puis-quelle psera bienplus sur les plus mo-destes et les classes moyennes. Ce sonteux qui seront essentiellementtouchs par cette hausse de laTVA, car la part durevenucon-somm par les riches est moindre. Cecot social lev pourrait la rigueur sejustifier si cette mesure avait une relleefficacit entermes demploi. Or, toutporte croire que ce nest pas le cas.Selon vous, la TVA sociale ne cre pasdemplois?Bientroppeu. Selonles diffrentes esti-mations, la TVAsociale ne crerait quequelques milliers demplois, peut-tre20000 mais gure plus. Si lon met enbalance ces emplois crs face aux mil-lions de foyers appauvris par la haussede la TVA, onse rendcompte que la TVAdite sociale ne peut se justifier auregardde lefficience de la politique publique.Pourquoi, dans cecas, tenter delimpo-ser au forceps quelques mois de laprsidentielle?Cest une mesure avant tout politiquedfendue par le patronat depuis presquetrente ans, elle narrive pas par hasard.Elle fait partie dune vaste offensive an-tiredistributive du systme fiscal fran-ais. Elle est raccord, ce titre, avec cequi sest fait landernier avec lallge-ment de lISF. Je suis plus surpris enre-vancheparlecalendrier,quasiment impossi-ble entermes de d-lais. Commentpourrait-onmettre enplaceune TVAsociale enquelquesmois peine, alors que desrformes prpares pendantbienplus longtemps, commecelle de la taxe professionnelle, se sontrvles au final mal ficeles?Tous les secteurs ne seront pas touchsde la mme manireBeaucoup dactivits ne sont pas sou-mises TVA, cest le cas de la plupartdes autoentrepreneurs ou, surtout, desservices financiers. Dans ce dernier cas,il est vrai que labsence de TVA estcompense par une surtaxe sur les sa-laires quil faudrait donc revoir pour nepas avantager le monde de la finance.Mais comment le faire et unjuste ni-veau dans temps si bref ?Au final, cette hausse mal prpare deTVA risque surtout de creuser un peuplus le dficit et daggraver les financesde lEtat.Les exemples danois et allemandneplai-dent-ils pas pour uneTVAsocialesyno-nyme de plus de comptitivit pour lesentreprises?Ces comparaisons sont sor-ties de leur contexte. Dans lecas de lAllemagne, la haussede la TVAvisait avant tout renflouer les caisses delEtat. La modeste baisse descharges qui la accompagnenest pour riendans la bonnesant actuelle de lindustrieallemande.QuantauDanemark,labaisse des charges des entreprises pa-ralllement la hausse de trois pointsde TVA na t quun lment parmidautres du pacte social. Cette cono-mie trs ouverte et trs comptitive secaractrise par un niveau lev des r-munrations, sans commune mesureavec ce que lontrouve chez nous: prsde 90%des salaris y gagnent plus de2000 euros par mois.Peut-onattendre dune TVAsociale unsurcrot decomptitivitpour les entre-prises franaises lexport?L encore, je crois que lonse trompe desujet. Si lonprend les importations deproduits en provenance de pays bascot de main-duvre, il ny a rien attendre dune variation de quelquespoints de TVA. Ca ne se verra pas plusquune variationde quelques centimesdu cours de leuro. Si lon comparemaintenant notre comptitivit avecnotre principal partenaire allemand,quobserve-t-on? La productionfran-aise,entend-ondelautrectduRhin, a un bon rapport qualit-prixmais reste peu innovante. Notre pro-blme est plus li une question dof-fre, de comptitivit hors cot, de ca-pacit de nos entreprises se maintenirsur les marchs extrieurs. La TVAditesociale ne peut modifier cette donne.Autrement dit, la TVAsociale ne chan-gerariennotreconsommationdemade inChina et namliorera pas notrepotentiel vis--visdelAllemagne.Cest un outil idologique, qui nouscondamne au surplace et surtout oc-cultelesvraiesquestionsposeslconomie franaise.Recueilli par CHRISTOPHE ALIXCONTREDRPour lconomiste Nicolas Bouzou, cette mesure ferait baisser le cot dutravail enFrance:Si lonbaisse les charges sociales,onfavorise lemploiNicolas Bouzou est conomiste etdirecteurdelinstitutAstersfond en2006. Il est partisandelongue date dune TVAsociale, rebapti-se TVAemploiet pour laquelle