l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

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Université Notre Dame D’Haïti (UNDH) Faculté de médecine et des Sciences de la santé (FMSS) Profil des cardiopathies rhumatismales à l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018 Mémoire de fin d’études médicales pour l’obtention du titre de docteur en médecine Rédigé par Osmarly SEJOUR Sous la direction du Dr Alexandra NOISETTE Soutenu publiquement le 11 Août 2020

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Université Notre Dame D’Haïti (UNDH)

Faculté de médecine et des Sciences de la

santé (FMSS)

Profil des cardiopathies rhumatismales à

l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

Mémoire de fin d’études médicales pour l’obtention du titre

de docteur en médecine

Rédigé par Osmarly SEJOUR

Sous la direction du Dr Alexandra NOISETTE

Soutenu publiquement le 11 Août 2020

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Profil des cardiopathies rhumatismales à

l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

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i

Résumé

Introduction et objectif: Dans les pays en voie de développement comme Haïti, les

cardiopathies rhumatismales (CR) sont encore endémiques et représentent une cause majeure de

morbi-mortalité. Toutefois, contrairement à nombreux de ces pays, les données sur les CR sont

quasi inexistantes en Haïti. De ce fait nous avons mené cette étude dans le but de dresser le profil

des CR à l’Hôpital Saint Damien (HSD).

Méthodologie: Nous avons analysé rétrospectivement les dossiers de patients hospitalisés ou vus

en clinique externe pour CR de 2013-2018 à l’HSD. Les patients âgés de 3-17 ans dont le

diagnostic de CR a été confirmé par échocardiographie étaient inclus. Les données ont été

analysées avec Epi Info 7 et représentées sous formes de fréquence absolue et/ou relative ou de

moyenne.

Résultats: Nos critères d’inclusion ont été remplis par 54 patients. La prévalence des CR parmi

les patients cardiaques était de 6.30%. Le sexe féminin était prédominant à 57% et l’âge moyen

était de 10.74 ans. Les patients provenaient d’un milieu socio-économique assez modeste. Les

motifs de consultation et/ou d’hospitalisation les plus fréquents étaient la dyspnée et l’œdème

des membres inferieurs (OMI) retrouvés dans 88.89% et 46.29% des cas respectivement. La

totalité (100%) des patients avaient au moins une atteinte de la valve mitrale. L’insuffisance

mitrale était l’atteinte valvulaire la plus fréquente chez 98.15% des patients. Une chirurgie était

nécessaire chez 83% des patients, mais seulement 22.22% d’entre eux ont été opérés. Les

principales complications des CR étaient: l’insuffisance cardiaque avec 74.07% et l’hypertension

artérielle pulmonaire (HTAP) avec 59.26%. Il y a eu 1 décès pendant la période étudiée.

Conclusion: De 2013-2018, à l’HSD il y a eu un nombre croissant de CR diagnostiquées. La

prévalence était aussi élevée que dans certains pays d’Afrique. Les CR étaient majoritairement

des valvulopathies mitrales et étaient souvent compliquées d’insuffisance cardiaque. Les patients

se présentaient à un stade où ils avaient déjà besoin de chirurgie réparatrice de survie. Des

mesures préventives primordiales, primaires, secondaires et tertiaires s’avèrent nécessaires pour

non seulement réduire le nombre de sujets touchés, mais aussi pour améliorer l’évolution des

CR.

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ii

Dédicaces

Je dédie ce travail:

En premier lieu à Dieu, le père tout puissant qui m’a guidé, soutenu ma vie durant et qui n’a

formé sur moi que des projets de paix.

A toute ma famille.

Mes parents Osnel SEJOUR et Margareth THALL qui m’ont élevé dans la crainte et

l’amour de Dieu ; qui dès le préscolaire m’ont appris à aimer l’école et à chercher

l’excellence, qui ne cessent jamais de me témoigner leur amour inconditionnel et

d’investir dans mon éducation.

Mes frères : Emmanuel SEJOUR et Welsley THALL, mes sœurs : Rose Landjlord

SEJOUR, Nellanda SEJOUR qui m’ont soutenu jusqu’au bout grâce à leur amour.

Au Dr Jude Hassan CHARLES qui n’a cessé de m’encourager quand je désespérais ou quand je

manquais de motivation

A tous mes amis

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iii

Remerciements

Mes remerciements et ma gratitude s’adressent :

D’abord à Dieu, le père miséricordieux qui est aux commandes de tout

A toute ma famille

A ma directrice de mémoire Dr Alexandra NOISETTE, cardiopédiatre à l’hôpital St Damien qui

avec joie et dévouement m’a encadré pour ce travail, en dépit de son emploi du temps chargé.

A mes accompagnateurs méthodologiques Dr Oriol ALABRE et Dr Floreine JOSEPH qui grâce

à leurs précieux conseils j’ai pu progresser dans ce travail.

Au président du jury Dr Elysée JOSEPH

A mon lecteur critique Dr Steeven JOSEPH

Au comité scientifique de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université

Notre Dame d’Haïti (FMSS/UNDH)

Au corps professoral et aux instructeurs cliniques de la FMSS/UNDH pour l’enseignement de

qualité que vous délivrez à vos étudiants.

A la direction médicale et au personnel des archives de l’hôpital St Damien

Au Dr Vanessa DOR, responsable du département de recherche de l’hôpital St Damien

A l’infirmière Marie Sherley SIMON de la clinique cardiologique de l’hôpital St Damien

Au Dr Jude Hassan CHARLES pour ses encouragements incessants qui m’ont été d’une aide

précieuse.

Au Dr Johanne ALIX qui a été une très bonne instructrice clinique. Avec gentillesse et

patience, elle m’a donné de précieux conseils sur mon sujet de recherche.

Au Dr Mackendy VITAL

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iv

Au Dr Bélychagard JEAN BAPTISTE

A mon major de promotion (2011-2018), l’altruiste Dr Roodolph ORESTE

A mon major de stage pratique Waldy OSTINE pour son leadership durant nos années d’étude

de médecine.

A tous ceux qui m’ont aidé d’une certaine façon et qui n’ont pas été cités

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v

Table des matières

Résumé ............................................................................................................................................ i

Dédicaces ........................................................................................................................................ ii

Remerciements ............................................................................................................................. iii

Table des matières......................................................................................................................... v

Liste des abréviations et sigles .................................................................................................. viii

Liste des figures ............................................................................................................................. x

Liste des tableaux ........................................................................................................................ xii

Introduction ................................................................................................................................... 1

Problématique ............................................................................................................................... 2

Justification ................................................................................................................................... 3

Questions de recherche ................................................................................................................. 4

Objectif principal .......................................................................................................................... 4

Objectifs spécifiques ..................................................................................................................... 4

Cadre théorique des cardiopathies rhumatismales ................................................................... 5

I- Epidémiologie générale et clinique ...................................................................................... 5

II- Généralités ...................................................................................................................... 13

A- Définitions .................................................................................................................. 13

B- Pathogenèse ................................................................................................................ 14

C- Diagnostic clinique et paraclinique ............................................................................ 15

D- Prise en charge curative et préventive ....................................................................... 18

E- Evolution ........................................................................................................................ 19

Résumé de la méthodologie ........................................................................................................ 21

Caractéristiques de l’étude ........................................................................................................ 21

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vi

Population d’étude..................................................................................................................... 21

Critères d’inclusion ................................................................................................................... 21

Critères d’exclusion................................................................................................................... 21

Variables à l’étude ..................................................................................................................... 21

Outils de collecte et plan d’analyse des données ...................................................................... 21

Résultats ....................................................................................................................................... 22

Discussion..................................................................................................................................... 37

Limites de l’étude ........................................................................................................................ 41

Conflits d’intérêt ....................................................................................................................... 41

Conclusion ................................................................................................................................... 42

Recommandations ....................................................................................................................... 43

Références .................................................................................................................................... 45

Annexes ........................................................................................................................................ 49

Méthodologie détaillée ................................................................................................................ 50

Caractéristiques de l’étude ........................................................................................................ 50

Site de l’étude ............................................................................................................................ 50

Population d’étude..................................................................................................................... 50

Critères d’inclusion ................................................................................................................... 51

Critères d’exclusion................................................................................................................... 51

Variables à l’étude ..................................................................................................................... 51

Définitions conceptuelles et opérationnelles des variables ...................................................... 52

Outils de collecte ....................................................................................................................... 54

Plan d’analyse des données ....................................................................................................... 54

Critères d’éthiques..................................................................................................................... 55

Chronogramme ........................................................................................................................... 56

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vii

Budget .......................................................................................................................................... 56

Formulaire d’enquête ................................................................................................................. 57

Convention de recherche ............................................................................................................ 59

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viii

Liste des abréviations et sigles

AHA American Heart association (Association Américaine du Coeur)

Anti DNase Anti-Deoxyribonuclease (anti-désoxyribonucléase)

ASLO Anti Streptolysine O

AVC Accident vasculo-cérébral

CR Cardite/ cardiopathie rhumatismale

CRC Cardiopathie/cardite rhumatismale chronique

EMMUS Enquête de Mortalité Morbidité et Utilisation des Services

EVCI Espérance de vie corrigée de l’incapacité

FMSS /UNDH Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université

Notre Dame d’Haïti

HSD Hôpital Saint Damien

HTAP Hypertension Artérielle Pulmonaire

HUM Hôpital Universitaire de Mirebalais

IEC Inhibiteurs de l’Enzyme de Conversion

ISFC International Society and Federation of Cardiology (Société et

Fédération Internationale de Cardiologie)

MSPP Ministère de la Santé Publique et de la Population

OMI Œdème des membres inferieurs

OMS Organisation mondiale de la santé

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ix

ONG Organisation Non gouvernementale

RAA Rhumatisme articulaire aigu

SBHGA Streptocoque beta hémolytique de groupe A

TDR Test de diagnostic rapide

WHF World Heart Federation (Fédération Mondiale du Coeur)

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x

Liste des figures

Figure 1: répartition géographique des CR ................................................................................................... 6

Figure 2: mortalité des CR Figure 3: Prévalence relative aux CR ................................ 7

Figure 4: répartition géographique des données des CR ............................................................................... 8

Figure 5: EVCI pour 100 000 habitants ........................................................................................................ 9

Figure 6: Nodule d'Aschoff dans la cardite rhumatismale aigue ................................................................ 15

Figure 7: fréquence des CR à HSD. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018 ..................... 22

Figure 8: Distribution des patients selon l'année du diagnostic. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018 ................................................................................................................................................... 22

Figure 9: Distribution des patients selon le sexe. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018 . 23

Figure 10:Distribution des patients selon le département de résidence. Source : dossiers des patients de

2013-2018 ................................................................................................................................................... 24

Figure 11: Distribution des cas en fonction de la scolarisation. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018 ................................................................................................................................................... 25

Figure 12: Distribution des patients scolarisés suivant leur niveau scolaire. Source : dossiers des patients

de l’HSD de 2013-2018 .............................................................................................................................. 25

Figure 13: Distribution des patients scolarisés selon leur progression scolaire. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018 ................................................................................................................. 26

Figure 14: Distribution des cas selon le niveau socio- économique des parents. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018 ................................................................................................................ 26

Figure 15: Fréquence des différents motifs de consultation/hospitalisation. Source : dossiers des patients

de l’HSD de 2013-2018 .............................................................................................................................. 27

Figure 16: Fréquence d'un antécédent de RAA chez les patients. Source : dossiers des patients de l’HSD

de 2013-2018 .............................................................................................................................................. 28

Figure 17: fréquence d'un antécédent de CR connu ou documenté. Source : dossiers des patients de l’HSD

de 2013-2018 .............................................................................................................................................. 28

Figure 18: fréquence des antécédents des patients. Source : dossiers des patients de l’HSD 2013-2018... 29

Figure 19: Fréquence des trouvailles de l'auscultation cardiaque. Source : dossiers des patients de l’HSD

de 2013-2018 .............................................................................................................................................. 29

Figure 20: Fréquence des trouvailles de l'auscultation pulmonaire. Source : dossiers des patients de l’HSD

de 2013-2018 .............................................................................................................................................. 30

Figure 21: Distribution des atteintes valvulaires. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018 . 30

Page 14: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

xi

Figure 22: Distribution des valves atteintes. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018 ........ 31

Figure 23: Fréquence des atteintes à l'échographie. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018

.................................................................................................................................................................... 31

Figure 24: Présence de cardiomégalie. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018 ................. 33

Figure 25: Fréquence de la prophylaxie à la pénicilline. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-

2018 ............................................................................................................................................................ 33

Figure 26: Distribution des patients selon le traitement nécessaire. Source : dossiers des patients de l’HSD

de 2013-2018 .............................................................................................................................................. 34

Figure 27: Distribution des cas selon le traitement bénéficié. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018 ................................................................................................................................................... 35

Figure 28: Distribution des patients selon les complications évolutives. Source : dossiers des patients de

l’HSD de 2013-2018 ................................................................................................................................... 36

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xii

Liste des tableaux

Tableau I: critères de diagnostic échographique des CR chez les moins de 20 ans selon la WHF en 201216

Tableau II: critères de Jones modifiés en 2015 ........................................................................................... 17

Table III: Distribution des patients selon l'âge et le sexe. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-

2018 ............................................................................................................................................................ 23

Table IV: Distribution des atteintes valvulaires selon le sexe. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018 ................................................................................................................................................... 32

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1

Introduction

Le cœur, au centre de la machinerie circulatoire assure la nutrition et l’oxygénation des différents

organes afin de maintenir le fonctionnement optimal de l’organisme. Pour accomplir sa tâche de

pompe, il est constitué d’importantes structures dont les valves auxquelles incombe le rôle de

maintenir l’étanchéité des différentes cavités cardiaques. Malheureusement, souventes fois

l’intégrité de ces valves se retrouve atteinte, entrainant un reflux ou un blocage du flux sanguin

d’une chambre à une autre. Cette atteinte de l’intégrité est liée à la présence d’anomalies

congénitales ou secondaire à des affections pathologiques, ce sont les valvulopathies. Les

étiologies pathologiques sont diverses, mais de nos jours on retient la cardite rhumatismale

chronique (CRC) comme étant la cause la plus fréquente de cardiopathies acquises chez les

jeunes de moins de 25 ans (1–3).

Classiquement, la CRC se développe comme une séquelle de la cardite aigue d’un rhumatisme

articulaire aigu (RAA) sévère ou récurrent(4,5). Le RAA est une affection multi systémique

auto-immune non suppurative survenant 2-4 semaines après une infection au streptocoque beta

hémolytique de groupe A (SBHGA) non traitée ou maltraitée(6). Le SBHGA cause le plus

souvent une pharyngite chez les enfants de 5-15 ans mais dans les pays tropicaux en

développement l’impétigo à streptocoque demeure une infection assez commune (6). Le RAA et

les cardiopathies rhumatismales chroniques (CRC) représentent deux des trois importantes

maladies auto-immunes post infectieuses déclenchées par le SBHGA(3). L’OMS dans le

« Global disease burden » classe le SBHGA en neuvième position comme cause infectieuse de

mortalité humaine, avec la majorité des décès imputables aux cardiopathies rhumatismales (CR)

qui constituent un problème de santé publique et préférentiellement dans les pays non

industrialisés(3).

Dans les pays avancés, ils sont arrivés à contrôler les atteintes cardiaques du RAA. Toutefois,

dans les pays en voie de développement comme Haïti, le RAA constitue encore un fléau. Il

représente une cause majeure de morbi-mortalité liée à l’une de ses complications qui est la

CRC (6). En dépit de cela, les études relatives aux CR sont rares, non disponibles, voir

inexistantes dans notre pays. D’où l’intérêt d’étudier le profil des CR dans un hôpital de

référence du pays, l’hôpital St Damien (HSD).

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2

Problématique

Mondialement, les cardiopathies rhumatismales sont connues pour avoir de très lourdes

conséquences surtout liées à leur taux élevé de mortalité. Avec un effectif en 2015 de plus 33

millions d’individus touchés dans la population mondiale et une mortalité imputable de 270.000,

les CR ont réellement diminué en Europe et en Amérique du nord au cours de ces dernières

décennies(7). Néanmoins, elles sévissent encore dans de nombreux pays et constituent une

importante préoccupation. Cette préoccupation est d’autant plus grande dans les pays pauvres de

l’Asie du Sud ‘Est, de l’Afrique subsaharienne. Ils ont les plus grandes prévalences et les plus

grands taux de mortalité (7). Notamment l’Inde, pays de l’Asie du Sud a eu en 2015 le plus grand

nombre de cas de CR et de décès estimés qui se chiffraient respectivement à 13.17 millions et à

119.100 mille(7) . Ce tribut relève du fait que le bas niveau socio-économique, la promiscuité, la

mauvaise nutrition, l’inaccessibilité aux soins de santé sont le lot des pays en voie de

développement (7,8). De plus, cette cause première des valvulopathies acquises de l’enfant ou de

l’adulte jeune, les prédisposent à plusieurs complications cardiovasculaires [Insuffisance

cardiaque, accident vasculo-cérébral (AVC), endocardite infectieuse] causant des décès

prématurés (5,9).

Dans certains pays d’Afrique aussi pauvres que Haïti, on retrouve les CR chez 1.5-3% des

enfants en âge scolaire (10). Elles y représentent la troisième cause d’insuffisance cardiaque

chez les adultes, et en 2005 la prévalence y a été estimée à 5.7 pour 1000 enfants âgés de 5-14

ans (11). Concernant les CR, notre pays a probablement les mêmes préoccupations et des

caractéristiques épidémiologiques similaires que ces pays frères en voie de développement. Haïti

ne se démarque pas de cette cruelle réalité de la pauvreté. La mauvaise condition socio-

économique, le faible niveau d’éducation de la population favorisent le développement

d’infection pharyngée ou cutanée à SBHGA et empêchent les patients d’avoir recours aux soins

médicaux. En outre, il n’y a pas suffisamment de services de santé disposant de professionnels

médicaux entrainés et/ou de moyens diagnostics suffisants pour desservir tout le territoire, afin

de permettre un diagnostic adéquat et une prise en charge précoce de ces infections. Selon le

rapport statistique 2017 du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP),

seulement 30.7% de la population haïtienne fréquentent les services de santé publique et privé

(12). Une densité de 6.3 professionnels de santé pour 10 000 habitants dessert la population

Page 18: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

3

(12). Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en recommande 25 pour 10 000

habitants (12). Les malades non traités ou mal traités des infections streptococciques finissent par

développer le RAA et les CR. Alors, nos médecins pédiatres, cardiologues, dans les institutions

sanitaires plus ou moins équipées reçoivent à un moment ou à un autre des enfants atteints de

cette pathologie négligée de la pauvreté. Et assez souvent à un stade déjà avancé de la maladie,

l’insuffisance cardiaque. Néanmoins, nous ne savons pas le nombre d’enfants avec CR qui ont

été amenés dans un établissement de santé et qui ont été diagnostiqués avec une

échocardiographie à l’appui. D’autant plus, que l’échocardiographie est un examen relativement

cher dans le pays mais primordial dans le diagnostic et l’évaluation des CR. Nous ne savons pas

non plus le profil des sujets diagnostiqués, ni combien ont pu recevoir le traitement nécessaire à

leur état de santé réel.

Justification

Dans de nombreux pays, il existe de bonnes données sur le RAA et les CR qui ont une grande

fréquence dans leur population et de grandes répercussions sur leurs habitants et leur société.

Haïti et certains pays voisins ont été déclarés endémiques aux CR(7). Contrairement au Cuba, à

la Jamaïque, à la République dominicaine, aucune donnée n’a pu être trouvée pour Haïti(7).

Alors qu’on sait que la pathologie existe dans notre pays, aucune donnée sur les cas mortels ou

non mortels, n’a pu être incluse dans le « Global, Regional and national Burden of rheumatic

heart disease » (7). Ce dernier est la plus récente estimation du tribut des CR mondialement.

Contrairement à certaines maladies comme le paludisme, le VIH, le diabète, l’HTA, dans la

dernière Enquête de Mortalité Morbidité et Utilisation des Services (EMMUS-VI), les CR n’ont

pas été étudiées comme cause de morbidité et de mortalité dans la population (13). En effet,

l’état des lieux sur les CR n’est pas vraiment connu dans notre pays. Les quelques études sur les

étiologies de l’insuffisance cardiaque en Haïti, ont été menées chez les adultes et ont seulement

documenté les cardiopathies du post partum, mais presque pas de description des autres causes

incluant les CR(14). Toutefois, une étude menée il y a quelques années à l’Hôpital Universitaire

Page 19: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

4

de Mirebalais (HUM) a conclu que 5% des patients adultes hospitalisés pour insuffisance

cardiaque et qui ont été échographiés avaient des cardiopathies rhumatismales (14).

Tenant compte de la supposée endémicité des CR en Haïti, de sa gravité en termes de morbidité

et mortalité dans le monde, voilà un sujet très peu ou pas documenté en Haïti et qui mériterait

qu’on s’y penche. Alors, il se révèle tout à fait important pour nous, d’établir ce profil des CR à

l’HSD. Ainsi, on se propose de donner notre contribution à la communauté scientifique haïtienne

en lui apportant ce travail de recherche sur les CR. D’une part, pour améliorer les connaissances

de la communauté haïtienne sur les cardiopathies rhumatismales dans notre pays. D’autre part

avec ce travail, on espère susciter d’autres recherches sur le sujet. Ceci pourra même constituer

une certaine base pour tout éventuel politique de prévention et de contrôle de cette maladie

évitable.

Questions de recherche

I) Les patients pédiatriques avec CR à l’HSD présentent-ils une similarité épidémiologique

avec le profil décrit dans les pays endémiques ?

II) Quel est l’état clinique qui les amène à consulter et/ou qui suscite leur hospitalisation?

Objectif principal

Décrire le profil épidémiologique et clinique des cardiopathies rhumatismales chez les

patients pédiatriques diagnostiqués à l’HSD de 2013-2018

Objectifs spécifiques

Déterminer la prévalence des cardiopathies rhumatismales à l’HSD et dans sa

population cardiaque de 2013-2018

Décrire les caractéristiques démographiques

Décrire les caractéristiques cliniques

Décrire les caractéristiques échocardiographiques

Présenter les différentes approches thérapeutiques disponibles

Page 20: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

5

Cadre théorique des cardiopathies rhumatismales

Ce cadre théorique est un résumé de l’épidémiologie et des généralités sur les cardiopathies

rhumatismales. Pour sa rédaction, les informations utilisées proviennent de journaux médicaux,

d’articles publiés sur des sites destinés aux professionnels de la santé. Nous avons

majoritairement utilisé Pubmed, Google scholar comme moteurs de recherche. Toutefois,

certains articles ont été pris directement sur le site Medscape. En outre, grâce à notre utilisation

du programme Mendeley, on nous envoie régulièrement des articles en rapport avec notre

bibliothèque, ce qui nous a grandement aidés à trouver d’intéressants articles sur le sujet. Les

mots clés qu’on a utilisé sont les suivants : rheumatic fever ou rhumatisme articulaire aigu,

rheumatic heart disease ou cardiopathies rhumatismales. Nous avons surtout utilisé des articles

qui ont été publiés à partir de 2010. Néanmoins, pour les études faisant état des cardiopathies

rhumatismales dans la Caraïbe, on a du utiliser des articles un peu moins récents car les études

n’y sont pas trop abondantes. Notre bibliographie, nous l’avons réalisée avec l’application

Mendeley selon les normes de Vancouver.

I- Epidémiologie générale et clinique

Les maladies cardiovasculaires représentent la cause la plus fréquente de décès dans le monde et

entrainent 17.3 millions de décès par an (15). La plupart des décès, soit 80% arrivent dans les

pays à faible et à moyen revenus (15). Les CR sont connues pour avoir une haute prévalence de

complications cardiovasculaires majeures (5,9) et représentent 20-25% de toutes les admissions

cardiaques à l’échelle mondiale(16).

De nos jours les CRC sont contrôlées dans les pays développés avec la quasi éradication du RAA

et l’avènement de l’échocardiographie dans le dépistage précoce des dommages valvulaires

rhumatismaux infracliniques (17). Toutefois le RAA et les CRC sont encore rampants dans les

pays en voie de développement (voir figure 1) (7). Car de manière générale, ce sont des maladies

de pauvreté liée à la surpopulation, au manque d’hygiène, et aux autres déterminants sociaux de

santé précaire (7,8). Elles touchent les communautés les plus vulnérables et répondent aux

manifestations communes de maladies tropicales négligées définies par l’OMS(1). La

Page 21: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

6

négligence se manifeste dans le manque relatif d’engagement pour le contrôle de ces maladies

par les gouvernements, les sociétés civiles, les défenseurs des patients, les bailleurs de fond (1).

Figure 1: répartition géographique des CR

Source: David A. Watkins,Catherine O. Johnson, Samantha M. Colquhoun, Ganesan Karthikeyan,

Andrea Beaton, Gene Bukhman MHF. . Global, Regional, and National Burden of Rheumatic Heart

Disease, 1990–2015. 2017;713–22. [En ligne].https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1603693.

Consulté le 15 novembre 2018

Selon l’approche conventionnelle de diagnostic clinique, la prévalence des CR a été estimée en

2015 à plus de 33 millions de cas, avec plus 270 000 décès de part le monde et majoritairement

dans les pays à faible et moyen revenus(7). La cause la plus fréquente de décès liés aux CR est

l’insuffisance cardiaque, avec un taux respectif de 25,5% et 5,3% de défaillance cardiaque

gauche et droite (7). La perte en année en Espérance de vie modifiée de l’invalidité a été estimée

à 9 millions (6,7). En dépit de ces grands nombres, de nombreuses études avec le dépistage

échographique des CR disent que les chiffres ont été sous estimés (4), compte tenu qu’elles sont

subcliniques dans un à deux tiers des cas (18). Certains praticiens ont trouvé 3 à 10 cas de CR

subcliniques pour chaque cas de CR clinique (19). En outre, il y a des preuves selon les

lesquelles l’état subclinique peut évoluer en un état clinique(19). Selon Eloi Marijon et al., ces

Page 22: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

7

cas subcliniques constituent la partie submergée de l’iceberg des CR (19). Ces études

échographiques placent la prévalence à plus de 62 millions avec près 1.4 million de décès par an

(20).

Les chiffres les plus élevés concernent l’Afrique sub-saharienne, l’Asie du Sud’ Est et la région

pacifique occidentale(6–8). Cependant, il y a également un lourd tribut en Amérique latine, au

moyen orient (6–8), (voir figures 2 et 3). En 2015 le pays avec le plus grand nombre de cas de

CR et de décès estimés était l’Inde qui se chiffraient respectivement à 13.17 millions et à

119.100 milles (7). Luttant contre les maladies non infectieuses l’objectif de l’OMS et de la

WHF (World Heart Federetion/ fédération mondiale du coeur) est de réduire la mortalité liée aux

CR de 25% d’ici 2025 (1,9,21).

Figure 2: mortalité des CR Figure 3: Prévalence relative aux CR

Source: David A. Watkins,Catherine O. Johnson, Samantha M. Colquhoun, Ganesan Karthikeyan,

Andrea Beaton, Gene Bukhman MHF. . Global, Regional, and National Burden of Rheumatic Heart

Disease, 1990–2015. 2017;713–22. [En ligne]. https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1603693.

Consulté le 15 novembre 2018

Page 23: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

8

Dans le “Global, Regional, and National Burden of Rheumatic Heart Disease, 1990–2015”,

aucune donnée sur la prévalence et la mortalité des CR en Haïti n’a pu être retrouvée (voir figure

4) (7). Toutefois, en se basant sur différents paramètres, ils ont fait une estimation de la

prévalence et la mortalité pour certains pays comme Haïti (7). Haïti a été classé parmi les pays

endémiques avec une haute mortalité et une haute prévalence parmi les enfants(7). L’endémicité

a été définie comme étant un seuil de mortalité à 0.15 mort pour une population de 100.000

enfants entre 5-9 ans (7). L’espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI) normalisée selon

l’âge était supérieure ou égale à 200 pour 100 000 (voire figure 5) (7). En comparaison à la

Jamaïque, la république dominicaine et le Cuba pour lesquels l’ECVI était de 50-99 pour 100

000 (7).

Figure 4: répartition géographique des données des CR

Source: David A. Watkins,Catherine O. Johnson, Samantha M. Colquhoun, Ganesan Karthikeyan,

Andrea Beaton, Gene Bukhman MHF. . Global, Regional, and National Burden of Rheumatic Heart

Disease, 1990–2015. 2017;713–22. [En ligne]. https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1603693.

Consulté le 15 novembre 2018

Page 24: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

9

Figure 5: EVCI pour 100 000 habitants

Source: David A. Watkins,Catherine O. Johnson, Samantha M. Colquhoun, Ganesan Karthikeyan,

Andrea Beaton, Gene Bukhman MHF. . Global, Regional, and National Burden of Rheumatic Heart

Disease, 1990–2015. 2017;713–22. [En ligne]. https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1603693.

Consulté le 15 novembre 2018

Les résultats de nombreuses études ont mis en évidence l’ampleur du RAA et des CRC dans de

nombreux pays subsahariens et des appels à l’action ont été émis. En Afrique, on retrouve les CR

chez 1.5-3% des enfants en âge scolaire(10). Avec le RAA, les CRC constituent les causes

majeures d’insuffisance cardiaque, d’accident cérébro-vasculaire (AVC), et de décès chez les

femmes africaines et les enfants(10). Les CRC y sont considérées comme la 3ème cause de

défaillance cardiaque chez les adultes(11). L’incidence de l’insuffisance cardiaque liée aux CR y

est estimée à 30 pour 100 000 chaque année pour les individus âgés de 14-19 ans (11).

Dans une étude menée par J. Mucumbitsi en 2017 dans 10 écoles Rwandaises dans les environs

de leur capitale Kigali, la prévalence des CR a été estimée à 6 ,8 pour 1000 enfants scolarisés ;

2501 enfants avaient été évalués échocardiographiquement dont 91% étaient à l’école primaire et

9% au secondaire (22). De ces enfants, 17 avaient une CR selon les critères de la WHF (22).

Parmi ces 17 cas de CR, 51% étaient de sexe féminin, l’âge moyen était de 11.2 ans, la valve

mitrale était la plus fréquemment affectée(22).

Page 25: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

10

Au Mali, dans le cadre d’un travail de recherche de fin d’études médicales, une étude prospective

a été menée par le Dr Salma MAIGA en 2010 dans un centre hospitalier sur une période de 5

mois, avec une population de 120 patients atteints de cardiopathies rhumatismales et âgés d’au

moins 3 ans et au plus de 36 ans(23). La prédominance était féminine avec 54.2% et un sexe

ratio de 0.8 ; l’infection à streptocoque a été mise en évidence chez 27.5% des enfants (23). La

tranche d’âge la plus prévalente était 11-15 ans avec 37.5% des patients et l’âge moyen était de

15.3 ans (23). La valve mitrale était la plus touchée, soit 43,3% des valvulopathies (23). La

complication la plus fréquente était l’insuffisance cardiaque, soit 74.1% des cas (23). Les

troubles du rythme et l’endocardite infectieuse représentaient respectivement 7.4% et 2.5% (23).

A noter qu’il y a eu 4.2% de décès (23). Parmi les signes fonctionnels que présentaient ces

patients, la dyspnée était en tête avec 51.7% ; suivie par la douleur thoracique avec 40%, les

palpitations avec 37.5%, le syndrome fébrile avec 36.7% et la toux avec 35.8% (23). La majorité

(84,4%) des patients avec CR avaient besoin d’un traitement chirurgical mais seulement 66.05%

de ces patients en ont bénéficié et ce à l’étranger via des organisations non gouvernementales

(ONG) (23).

En Afrique du Sud, une étude rétrospective a été menée par Z. Makrexeni et al. à l’hôpital Dora

Nginza sur le RAA et les CR de janvier 2008 à août 2015 en se servant des dossiers médicaux

des patients (24). La cohorte était constituée de 52 patients du service de cardiologie pédiatrique

dont le plus jeune était âgé de 3 ans ; 93% des patients étaient âgés de 5-15 ans et les 7% restant

de moins de 5 ans (24). En se basant sur la clinique de la maladie, il a été conclu que la grande

majorité des patients avait une CRC (24). Toutefois, 2 d’entre eux avait présenté un épisode aigu

sur fond de CRC (24). Les valvulopathies les plus fréquentes concernaient la valve mitrale et

ensuite la valve aortique (24). A noter que seulement 4 patients avaient des valvulopathies

aortiques isolées (24) .

Au Togo, une étude rétrospective sur les CR a été menée par GOEH AKUE et al. de 1993-2003

au Centre Hospitalier Universitaire Tokoin de Lomé (25). Elle regroupait 38 enfants de 4-15 ans

dont 66% étaient des filles (25). La fréquence des CR était 0.15% de toutes les hospitalisations

pédiatriques et 12.2% des enfants avec une maladie cardiovasculaire (25). Le groupe d’âge le

plus prévalent était 10-15 ans et l’âge moyen de 10.7 ans (25). Les motifs de consultation les

plus fréquents étaient la dyspnée à 52.2%, les polyarthralgies à 26,3%, l’œdème des membres

inferieurs (OMI) à 23.7% (25). Les atteintes valvulaires les plus fréquentes étaient mitrales

Page 26: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

11

isolées chez 50% des patients (25), 23.3% avaient des atteintes mitro-aortiques (25). En outre, 5

patients avaient un épanchement péricardique (25). 12 (31,5%) patients nécessitaient un

traitement chirurgical. Seulement 7 ont bénéficié de la chirurgie et ce, en dehors du pays via une

ONG (25).

Au Zimbabwe, de juillet 2012 à mai 2013, P. Gapu et al.(26) ont mené une étude prospective sur

50 enfants âgés de 1-12ans avec RAA/CR dans 2 centres hospitaliers. L’âge moyen était de 9.5

ans et 2 (4%) des enfants étaient âgés de moins de 5 ans et 64% étaient des filles (26). Les valves

mitrales et aortiques étaient les plus atteintes (26). Une atteinte mitrale a été retrouvée chez

83.87% des 31 patients hospitalisés et chez 94.74% des 19 patients vus en externe (26). Une

atteinte aortique a été retrouvée dans 35.48% en hospitalisation et dans 26.32% en externe (26).

Les complications les plus fréquentes en hospitalisation étaient l’insuffisance cardiaque

congestive (71%) et l’HTAP (41.9%) (26). La plupart des patients ont été pris en charge

médicalement (26). Un seul enfant hospitalisé a bénéficié d’une chirurgie et c’était à l’étranger.

Ils ont relevé 2 décès soit 6.5% des patients hospitalisés ou 4% des patients de l’étude (26).

A Ouagadougou, de 2012-2013, une étude prospective a été menée par G. Kinda et al.(27) sur 31

enfants avec CR dans un centre hospitalier pédiatrique. Leur âge moyen était de 9.8 ans (27).

Une prédominance féminine à 58.1% et un sexe ratio de 0.7 ont été notés (27). 93.5% des motifs

de consultation étaient la dyspnée d’effort (27). Un souffle cardiaque était présent chez 93.5%

des enfants (27). La valve mitrale était la plus touchée, avec majoritairement des insuffisances

(27). 92.8% des patients avaient une cardiomégalie et 64.51% ont fait de l’HTAP (27). Dix neuf

patients avaient besoin de chirurgie mais seulement 3 ont pu la bénéficiée (27). La mortalité s’est

élevée à 38.7% (27).

En Inde, une étude rétrospective sur les CRC a été menée sur une période de 20 ans par

Chockalingam A et al (28). Deux groupes de cas ont été inclus dont l’un avait 2910 patients âgés

de moins de 18 ans (28). Dans ce groupe, l’atteinte valvulaire dominante était l’insuffisance

mitrale avec 34.60% (28). La régurgitation tricuspidienne fonctionnelle a été observée dans

38.9% des cas et la maladie valvulaire aortique isolée dans 4,5% des cas et l’HTAP dans

42.4%(28).

Toujours en Inde Ravisha MS et al. (29) ont mené une étude rétrospective sur 550 enfants avec

RAA /CRC sur une période 31 ans (1971-2001). L’âge moyen de ces enfants était de 9.62 ans et

un sexe ratio de 1.15 (29). L’atteinte valvulaire la plus fréquente était l’insuffisance mitrale

Page 27: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

12

observée chez 150 cas soit 27.27%, suivie par la maladie mitrale chez 98 cas soit 17.81% (29).

36.54% avaient une insuffisance cardiaque et 5.45% avaient une endocardite infectieuse(29).

Contrairement à certains pays d’Afrique, de l’Asie, du moyen Orient, les littératures sur le

RAA/CR dans la région caribéenne et l’Amérique latine ne sont pas abondantes. Il existe tout de

même certaines données sur certains pays comme la Jamaïque, le Cuba, la République

dominicaine, Martinique, Guadeloupe, Nicaragua, ect.

A Cuba, le RAA a été éradiqué et il y a un contrôle des cardiopathies rhumatismales(7,10). Dans

une étude quoique pas trop récente, P. Nordet et al.(30) avaient noté un déclin de l’incidence, de

la sévérité et de la récurrence du RAA et des CR dans une province cubaine sélectionnée (Pinar

Del Rio). Ils avaient aussi noté une réduction notable de la prévalence des CR chez des enfants

scolarisés allant de 2.27 cas pour 1000 enfants en 1986 à 0.24 pour 1000 enfant en 1996 (30).

Ayant maintenu, un programme de prévention et de contrôle, actuellement les CR y sont non

endémiques(7).

A la Jamaïque, depuis 1985 un programme de contrôle du RAA/CR a été institué par l’OMS et

l’ISFC (International Society and Federation of Cardiology/ société et fédération internationale

de cardiologie) (31). Dans le cadre de ce programme, une étude rétrospective allant de 1989-

1995 a été menée par D Millard-Bullock dans 4 hôpitaux avec 512 dossiers de patients admis

(31). Le RAA a été diagnostiqué selon les critères de Jones dans 55% de ces dossiers (31). De

ces patients avec RAA, 70% ont eu une cardite et 26% ont eu une cardite sévère lors du premier

épisode (31). L’antécédent récent d’une infection au streptocoque a été mis en évidence chez

64% (31). Lors de l’attaque initiale du RAA, 82% de 119 sujets avaient entre 5-15 ans (31).

L’enfant le plus jeune était âgé de 2 ans et 9 mois et les 3 sujets les plus âgés 30 ans (31).

A la Martinique et la Guadeloupe, une étude publiée en 1996 a été menée sur une période de 10

ans (32). En 1982-1983, chez des habitants âgés de moins de 20 ans, l’incidence du RAA était

respectivement de 19.6/ 100 000 et de 17.4/ 100 000 (32). Sur 100 martiniquais et 97

guadeloupéens, il y avait respectivement 40% et 71% de cardite (sévère dans 10% et 32% des

cas) (32). Une Angine asymptomatique a été retrouvée dans 52% et 41% des cas de façon

respective (32). En 1992 le RAA avait diminué de 78% en Martinique et de 74% en Guadeloupe

(32). La fréquence des CR avait aussi diminué (32).

Au Nicaragua, en 2010 une étude d’observation menée par R. PEÑA et al. a été publiée sur la

prévalence des CR chez les enfants et les adultes jeunes adultes (33). En dehors des jeunes

Page 28: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

13

adultes, elle a été menée de 2006-2009 sur 3150 enfants âgés de 5-15 ans en provenance des

zones urbaine et rurale de la ville de LEON (33). Ils ont bénéficié d’examens cardio-pulmonaires

et échographiques (33). Au total la prévalence des CR chez les enfants était de 48/1000, dont

55% étaient de sexe féminin (33). Néanmoins la prévalence était de 34/1000 chez les enfants

urbains contre 80/1000 chez les enfants ruraux (33).

L’incidence annuelle de la fièvre rhumatismale varie de < 0.5/100 000 dans les pays très

développés à > 100/100 000 dans les pays pauvres (34). Elle est estimée approximativement à

500 000 nouveaux cas mondialement et plus de la moitié développe une cardite (34). Elle est

similaire chez le sexe féminin et le sexe masculin (6,8). Toutefois, pour des raisons non encore

élucidées, la femme est 2 fois plus enclin à développer des CR (6,8,9) et la sténose mitrale lui est

plus fréquente (35). Alors que la sténose aortique se développe le plus souvent chez l’homme

(16). Toutefois, dans les 2 sexes confondus, les lésions valvulaires mitrales sont plus fréquentes

(16). Les lésions valvulaires aortiques sont rares en l’absence d’atteintes mitrales (16). Quoique

rare, la lésion valvulaire pathognomonique des CRC est la sténose mitrale (20). Selon de

nombreuses études menées sur les CR, leur population favorite regroupe les enfants et les jeunes

adultes (36) et elles culminent entre 5-15 ans d’âge (6,16,35). Elles sont rarement retrouvées

chez les moins de 5 ans (37). La prévalence des CRC augmente avec l’âge du fait des expositions

cumulées à l’infection au cours de l’enfance et de l’adolescence (4,38). A noter que tous les

patients avec RAA sont à risque de développer des récurrences(18). Ce risque est d’autant plus

élevé chez ceux qui ont eu des manifestations cardiaques lors de la première épisode (18).

II- Généralités

A- Définitions

Rhumatisme Articulaire Aigu

Le Rhumatisme Articulaire Aigu (RAA) est une réponse auto-immune survenant tardivement

après une infection SBHGA non traitée (17). Le RAA peut impliquer le cœur, les articulations, le

système nerveux central et/ou la peau (17). Le tableau de la maladie peut être constitué d’un ou

de plusieurs signes cliniques et des symptômes suivants : fièvre , cardite, arthrite, éruption

cutanée, chorée de Sydenham et nodules sous-cutanés (17).

Page 29: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

14

Cardiopathies Rhumatismales

Les cardiopathies rhumatismales constituent des lésions valvulaires découlant d’une ou plusieurs

épisodes de RAA chez des sujets prédisposés (2,8). A la base, c’est une réaction auto-immune

secondaire à une pharyngite streptococcique bêta hémolytique de groupe A (SBHGA) (2,8).

Elles font partie des manifestations majeures du RAA et sont présentes dans 50-70% des cas

(39) et constituent de manière chronique des séquelles de cette fièvre rhumatismale (6,7).

B- Pathogenèse

Alors que l’étiologie des CR a été clairement établie, leur pathogenèse n’est pas complètement

élucidée. Certaines hypothèses ont été émises au fil du temps. Celle qui suscite de plus en plus de

recherche est un mimétisme moléculaire associé à une réponse immunitaire anormale.

Au décours d’une infection à streptocoque beta hémolytique de groupe A, un enfant peut ou ne

pas développer un RAA dépendamment de sa susceptibilité et des propriétés pathogéniques du

germe(3,6,40) . Le RAA apparait généralement 2-3 semaines après l’infection, peut toucher le

cœur et éventuellement mener plus tard aux CRC (3,5). L’interaction des différents variables

influençant ces issues peut dépendre entre autres de facteurs socio-économiques (37). Le

mimétisme moléculaire et l’auto-immunité semblent jouer un rôle essentiel dans la pathogenèse

du RAA et des CRC (3,6,40,41). Il a été démontré que la protéine M streptococcique partage une

structure alpha hélicoïdale avec certaines protéines cardiaques telle la myosine et que les

anticorps antistreptococciques ont une réaction croisée avec la protéine M mais également avec

les tissus cardiaques (3,6,40). Le rôle des collagènes n’est pas non plus sous estimé(3,6). Il

semblerait qu’une partie spécifique de la protéine M streptococcique se lie à une partie

spécifique du collagène IV, entrainant des lésions inflammatoires de ce dernier par action des

anticorps (3,6,41). D’un point de vue anapathologique, la CR aigue consiste en une

pancardite (une péricardite fibrineuse, une myocardite, une valvulite) (6,41). Elle se caractérise

surtout par des granulomes interstitiels pathognomoniques appelés les nodules d’Aschoff(3,6).

Ces nodules, se situant généralement dans le myocarde, évoluent en différents stades, sont

constitués de différents types de cellules et d’une nécrose fibrinoïde (3,6,41) (voir figure 5). Ces

modifications inflammatoires peuvent régresser sans laisser de séquelles(3,6,41). Tandis que

Page 30: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

15

celles associées aux valvulites entrainent des dommages valvulaires permanents par fibrose et

calcification(3,6,41). Ces lésions ont pour conséquences fonctionnelles des insuffisances et/ou

des sténoses valvulaires (3,6,40,41).

Figure 6: Nodule d'Aschoff dans la cardite rhumatismale aigue

Source: Harsh Mohan. Textbook of Pathology 2018; 16:462. [En ligne].

https://books.google.com/books/about/Textbook_of_Pathology.html?id=LXKSDwAAQBAJ

Consulté le 12/07/2019

C- Diagnostic clinique et paraclinique

Par le passé, l’auscultation était le pilier du diagnostic des CR dans les pays en voie de

développement, car le RAA est surtout un syndrome clinique (42,43). Cependant de récentes

études basées sur l’échographie comme moyen de dépistage, ont révélé un grand nombre de CR

infracliniques qui demeurent indétectables par l’examen clinique seul (42,43). Donc, De nos

jours le diagnostic des cardiopathies rhumatismales est clinique et paraclinique ou strictement

échographique. Ceci permet un diagnostic précoce de la maladie pour l’institution d’un

traitement efficace et adapté avant que s’installent d’importantes lésions valvulaires (4). Par

Page 31: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

16

conséquent, à côté des critères de Jones traditionnels de diagnostic du RAA, des critères de

diagnostic échographique ont été développés par la WHF en 2012 et sont censés être utilisés

dans les populations endémiques pour des individus sans histoire de RAA (42) ( voir tableau I).

L’examen échocardiographique est actuellement le principal élément de confirmation, de

diagnostic, de surveillance des lésions valvulaires au décours d’une fièvre rhumatismale,

spécialement dans les cas de cardite subclinique (34).

Tableau I: critères de diagnostic échographique des CR chez les moins de 20 ans selon la

WHF en 2012

Source: Steer AC, Zühlke LJ. Estimates of the Global Burden of Rheumatic Heart Disease.

2013;8(3):189–95. [En ligne]. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211816013001142

Consulté le 28/02/2019

Page 32: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

17

Les critères de Jones de 1944 ont même été modifiés à plusieurs reprises et plus récemment en

2015 incluant des paracliniques pour aider au diagnostic et le concept de population à bas et à

haut risque (44). Pour le diagnostic de RAA chez des sujets avec antécédents de RAA /CR,

d’infection récente au streptocoque prouvée, avec élimination des diagnostics différentiels , il

faut soit : 2 critères majeurs, ou 1 majeur plus 2 mineurs , ou même 3 mineurs (6,34) (voir

tableau II). L’antécédent de pharyngite streptococcique et/ou d’épisodes de RAA est confirmé

par des tests comme : le Test de Diagnoctic Rapide Strep A (TDR), la culture de la gorge, le

dosage d’ASLO et/ou ADNAse (16,35). Toutefois, cette confirmation de l’infection

streptococcique est possible que si l’infection n’est pas encore guérie quand le RAA se déclare

(35). Ce qui n’est pas le cas si le RAA est découvert après une longue période de latence (35).

Tel est le cas dans une cardite silencieuse ou une chorée isolée (35). Il est également à noter que

certaines études suggèrent que les CR dépistées échographiquement seulement, peuvent

s’empirer (21) et ce de manière significative sur une période de 4-5ans en CR cliniquement

diagnostiquées (37).

Tableau II: critères de Jones modifiés en 2015

Source: Beaton A, Carapetis J. The 2015 revision of the Jones criteria for the diagnosis of acute

rheumatic fever : implications for practice in low-income and middle-income countries. Heart

Asia. 2015;7:7–11. [En ligne].https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4832790/pdf/heartasia-

2015-010648.pdf Consulté le 28/02/2019

Page 33: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

18

La cardite aigue ou chronique constitue la gravité même du RAA (16,35). Cliniquement, elle

consiste généralement en une atteinte valvulaire mais peut aussi être associée à d’autres atteintes

cardiaques (une myocardite, une péricardite) (35,39,45). Elle se manifeste par une douleur dans

la poitrine et /ou des signes de défaillance cardiaque congestive (tachycardie, un troisième son

sourd, dyspnée, râles, œdème) (16,35). Les dysfonctionnements valvulaires peuvent être soit une

insuffisance valvulaire qui entraine un écoulement sanguin à contre courant, soit une sténose

gênant la circulation du sang d’une cavité à une autre, ou tout bonnement une association des

deux (35). A l’auscultation, cliniquement il y a un nouveau souffle ou une modification dans le

souffle suggérant une régurgitation valvulaire le plus souvent mitrale et/ou aortique (16,35,45).

Le souffle de la régurgitation mitrale est sifflant, holosystolique et apical (35). Alors que celui de

la régurgitation aortique quoique aigu est diastolique, decrescendo et est entendu sur l’aire

aortique (35). Néanmoins, il existe des formes infracliniques où les trouvailles de l’auscultation

ne sont pas présentes ou ne sont pas identifiées par le diagnosticien (16,35,38,42,45).

Selon l’American Heart Association (AHA) dans plus de 25 études, alors qu’il n’y a aucune

trouvaille auscultatoire, l’échographie doppler a révélé une régurgitation mitrale ou aortique(45).

Quoique très utile dans le diagnostic des CR infracliniques, l’utilisation de l’échographie doppler

est controversée du fait qu’on ne sache pas la valeur normale de la régurgitation (39). Certains

se demandent alors s’il n’y a pas un surdiagnostic de CR (39). A côté de l’échocardiographie,

l’électrocardiographie montre le premier signe de bloc cardiaque qui est un allongement du

segment PR qui normalement dure moins de 200 millisecondes (39). Toutefois, ceci ne prédit le

développement d’une CR chez le patient touché par le RAA (39).

D- Prise en charge curative et préventive

La prise en charge d’une CR aigue repose essentiellement sur le traitement antibiotique de

l’épisode de RAA avec la pénicilline, le contrôle de l’inflammation en général avec de l’aspirine

et un traitement symptomatique de la cardite (6,16,17,46). Dans les cas sévère de CR, on

contrôle l’inflammation avec des corticoïdes et on fait une thérapie conventionnelle

d’insuffisance cardiaque (6,16,17,46). Dans les cas de dommages valvulaires sévères, une plastie

ou un remplacement valvulaire peut s’avérer nécessaire (6). Dans la phase aigue, les réparations

Page 34: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

19

chirurgicales sont évitées si possible(6). A long terme, la prise en charge repose sur une

prophylaxie secondaire régulière, ainsi qu’un suivi médical régulier avec un contrôle

échographique (17). La fréquence de réalisation de l’échographie varie avec la sévérité de

l’atteinte d’au moins 1 mois à 2 ans au maximum (17).

En dépit de sa très grande prévalence mondiale les CR demeurent des atteintes évitables par la

prévention à l’échelle primordiale, primaire et/ou secondaire(1,8). Ainsi que par le dépistage

précoce à l’échographie (1). La prévention primordiale réfère à une amélioration des conditions

environnementales, sociales, économiques dans les populations à risque de RAA et de CR(1,8).

A défaut d’un vaccin efficace, le premier épisode de RAA peut être prévenu (prévention

primaire) en traitant les infections à streptocoque du Groupe A avec la pénicilline orale VK ou

intramusculaire (benzathine pénicilline G) chez les patients non compliants (1,17). Si le premier

épisode n’est pas évité, des épisodes récurrents (qui conduisent presque toujours aux CRC) ou

une aggravation des lésions préexistantes peuvent être évités avec un traitement à long terme par

la pénicilline administrée à des intervalles réguliers (1,17). Cette prévention secondaire se réfère

à une administration régulière de benzathine pénicilline G chaque 3-4 semaines pendant au

moins 10 ans ou jusqu'à l’âge de 21 ans pour la plupart des sujets et jusqu'à 35-40ans pour ceux

qui ont d’importantes lésions valvulaires (5,6,17). Ceci pour assurer un niveau sérique adéquat

de pénicilline afin de prévenir des épisodes récurrents de RAA et le développement ou la

progression des CRC (5,6,17,39). La pénicilline orale est tout aussi efficace chez les patients

compliants (5,6,17). Finalement, la prévention tertiaire se réfère au traitement médical et

chirurgical des complications du RAA et des CRC (1,46). Ceci dans le but de réduire les

incapacités et les décès prématurés (1,46).

E- Evolution

En général le RAA peut durer jusqu’à 3 mois et guérir sans traitement (16,17). Avec traitement,

les symptômes disparaissent dans 1 à 2 semaines(17). Toutefois, il peut survenir de façon répétée

chez les personnes qui, de manière continue, sont fortement exposées aux streptocoques du

Groupe A dans leur environnement (16,17). Progressivement, le RAA sévère ou récurrent peut

conduire à la cardite rhumatismale chronique(1). Avec l’évolution naturelle de la maladie, les

Page 35: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

20

valves deviennent rigides, fibreuses et ne bougent pas normalement. Finalement des réparations

chirurgicales de survie assez couteuses, peuvent s’avérer nécessaires (17).

De ce fait, non prévenues/non diagnostiquées précocement et/ou non prises en charge, les

cardiopathies rhumatismales dégénèrent en une insuffisance cardiaque ou entrainent d’autres

complications cardiovasculaires majeures (endocardite infectieuse, AVC, fibrillation auriculaire)

menant à un décès prématuré (5,9).

Page 36: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

21

Résumé de la méthodologie

Caractéristiques de l’étude

C’est une étude descriptive et rétrospective des cardiopathies rhumatismales diagnostiquées de

janvier 2013 à décembre 2018 à l’HSD.

Population d’étude

La recherche a été faite sur des enfants de 3 à 17 ans de l’HSD avec diagnostic de cardiopathie

rhumatismale.

Critères d’inclusion

Tout patient âgé de 3-17ans, vu en clinique externe et/ou hospitalisé au cours de la période de

l’étude (2013-2018), avec le diagnostic de cardiopathie rhumatismale dans le dossier.

Critères d’exclusion

Tout patient avec les critères d’inclusion :

Dont le diagnostic n’a pas été confirmé échographiquement

Dont le dossier est totalement inexploitable

Variables à l’étude

Les variables étudiées sont : l’âge, le sexe, le lieu de résidence, la scolarité, le statut socio-

économique, les antécédents, les motifs de consultation ou d’hospitalisation, les antécédents

d’infection à streptocoque, l’auscultation cardio-pulmonaire, les atteintes valvulaires, le

traitement, et les complications évolutives.

Outils de collecte et plan d’analyse des données

Notre collecte a été faite avec des formulaires remplis à partir des dossiers des patients.

L’analyse de nos trouvailles a été faite avec Epi Info 7.2.2.6, et certains graphes ont été conçus

avec Microsoft Excel. La description des données est présentée sous forme de graphe et/ou

tableau, sous forme de fréquence absolue et/ou relative ou de moyenne.

Page 37: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

22

Résultats

Pour la réalisation de ce travail, nous avons effectué des recherches dans les archives d’un

hôpital de référence qui dessert la population haïtienne, l’HSD. Nous avons trouvé un total de 54

patients avec diagnostic de cardiopathie rhumatismale correspondant à nos critères d’inclusion et

d’exclusion.

Figure 7: fréquence des CR à HSD. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018

A l’HSD, 857 jeunes patients cardiopathes ont été reçus dont 54 avec des cardiopathies

rhumastismales confirmées. La prévalence des CR sur toutes les cardiopathies dans cette

institution sanitaire est de 6.30%.

Figure 8: Distribution des patients selon l'année du diagnostic. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Il y a eu un nombre croissant de diagnostic des CR au cours des six années de l’étude.

Page 38: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

23

Figure 9: Distribution des patients selon le sexe. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018

Cette cohorte de 54 patients était constituée de 31 filles soit 57% et de 23 garçons soit 43%. Le

sexe ratio Garçon/Fille était 0.74.

Table III: Distribution des patients selon l'âge et le sexe. Source : dossiers des patients de

l’HSD de 2013-2018

A été considéré l’âge des patients au moment de la première échocardiographie. Le délai

d’attente d’une échocardiographie pouvait aller de quelques jours à plusieurs mois. Ces patients

Page 39: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

24

ont été répartis par tranche d’âge et par sexe. La tranche d’âge la plus prévalente est 11-12 ans

avec 16 cas soit 29.63%. Elle était suivie de celle de 13-14 ans avec 11 cas soit 20.37%. Le

patient le plus jeune avait 3 ans et les 2 plus âgés avaient 17 ans. L’âge moyen est de 10.74 ans.

Le sexe féminin prédominait dans tous les groupes d’âge sauf dans celui de 5-6 ans et celui de 9-

10 ans ou il y avait une prédominance masculine. Dans celui de 3-4 ans, il y avait une répartition

équitable soit 1 dans chacun des sexes.

Figure 10:Distribution des patients selon le département de résidence. Source : dossiers des

patients de 2013-2018

On a obtenu la provenance de 53 patients dont la grande majorité vivait dans le département de

l’Ouest soit 40 (75.47%). Aucun patient n’a été retrouvé pour le Nord-ouest et le Nord’Est.

Page 40: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

25

Figure 11: Distribution des cas en fonction de la scolarisation. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Nous avons pu obtenir la scolarisation pour seulement 31 patients soit 57%.

Figure 12: Distribution des patients scolarisés suivant leur niveau scolaire. Source :

dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018

La grande majorité des patients scolarisés étaient à l’école primaire soit 23 enfants (74%).

Page 41: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

26

Figure 13: Distribution des patients scolarisés selon leur progression scolaire. Source :

dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018

A été considéré comme retard scolaire tout patient âgé de plus de 2 ans que l’âge moyen de son

niveau scolaire dans le système éducatif haïtien. De ce fait, 19 (61%) des 31 patients scolarisés

avaient une progression scolaire normale/acceptable, 12 (39%) avaient un retard scolaire.

Figure 14: Distribution des cas selon le niveau socio- économique des parents. Source :

dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018

Page 42: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

27

A été considéré l’activité économique du principal parent responsable de l’enfant et on a pu

l’obtenir que pour 29 d’entre eux. Il y avait 2 salariés qui étaient des instituteurs et 27

travailleurs indépendants dont 7 vendeurs et 5 cultivateurs.

Figure 15: Fréquence des différents motifs de consultation/hospitalisation. Source : dossiers

des patients de l’HSD de 2013-2018

Parmi les motifs qui poussaient les patients à consulter ou qui suscitaient leur hospitalisation, la

dyspnée était en tête de liste avec 88.89 % soit 48 patients. Elle était suivie par l’œdème des

membres inferieurs (OMI) avec 25 (46.29%). Dans autres (22.22%), il y avait surtout des

arthralgies, douleurs abdominales, vomissements et souffles cardiaques.

Page 43: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

28

Figure 16: Fréquence d'un antécédent de RAA chez les patients. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Seulement 2 des 54 patients avaient un antécédent connu de RAA soit 4%.

Figure 17: fréquence d'un antécédent de CR connu ou documenté. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Parmi les 54 patients, 7 (13%) d’entre eux avaient déjà une cardite rhumatismale connue quand

ils ont commencé à fréquenter l’HSD.

Page 44: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

29

Figure 18: fréquence des antécédents des patients. Source : dossiers des patients de l’HSD

2013-2018

Parmi les 54 patients 7 (12.96%) avaient un antécédent de douleurs articulaires, 3 (5.56%) un

antécédent d’angine et 2 (3.70%) autres un antécédent d‘impétigo.

Figure 19: Fréquence des trouvailles de l'auscultation cardiaque. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Tous les patients avaient une auscultation cardiaque pathologique. La trouvaille la plus fréquente

était le souffle systolique avec 62.96% soit 34 patients.

Page 45: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

30

Figure 20: Fréquence des trouvailles de l'auscultation pulmonaire. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

A été considéré les trouvailles auscultatoires de la première consultation ou hospitalisation.

Quarante cinq (83.33%) patients avaient des poumons claires.

Figure 21: Distribution des atteintes valvulaires. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018

Quarante trois (79.63%) patients avaient une insuffisance d’au moins une valve cardiaque. Dix

(18.52%) avaient au moins une insuffisance valvulaire cardiaque accompagnée d’au moins une

sténose valvulaire. Un seul patient avait une sténose isolée. C’était mitrale et c’était chez une

fille.

Page 46: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

31

Figure 22: Distribution des valves atteintes. Source : dossiers des patients de l’HSD de

2013-2018

Tous les patients avaient au moins une atteinte de la valve mitrale. Un seul patient (1.85%) avait

une atteinte de la valve pulmonaire et il avait également une atteinte des 3 autres valves

cardiaques.

Figure 23: Fréquence des atteintes à l'échographie. Source : dossiers des patients de l’HSD

de 2013-2018

Page 47: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

32

Les trouvailles échocardiographiques les plus fréquentes étaient : l’insuffisance valvulaire

mitrale avec 98.15%, suivie par l’insuffisance valvulaire aortique avec 51.58%. Dans autres il y

avait juste 1 cas de persistance du canal artériel.

Table IV: Distribution des atteintes valvulaires selon le sexe. Source : dossiers des patients

de l’HSD de 2013-2018

Des 54 patients, 53 (98.15%) avaient une insuffisance mitrale isolée ou en association, dont 30

(55.56%) étaient des filles et 23 (42.59%) des garçons. Dix (18.52%) patients avec sténose

mitrale dont 6 (11.11%) filles et 4 (7.41%) garçons. Deux (3.7%) patients avec sténose aortique

dont une fille et un garçon.

Page 48: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

33

Figure 24: Présence de cardiomégalie. Source : dossiers des patients de l’HSD de 2013-2018

Pour des raisons cliniques certains patients ont bénéficiés d’un x-ray du thorax. On a retrouvé les

résultats des clichés de 7 patients soit (12.96%) de la population de l’étude. Donc, 6 (11%) des

54 patients de l’étude avaient une cardiomégalie. Toutefois si on ramène ces 7 cas ayant un X-

ray disponible à 100%, 85.71% avaient une cardiomégalie.

Figure 25: Fréquence de la prophylaxie à la pénicilline. Source : dossiers des patients de

l’HSD de 2013-2018

Page 49: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

34

A été consideré comme Non les patients qui n’avaient pas de prophylaxie notée dans leurs

dossiers. Cinquante patients étaient sous prophylaxie à la pénicilline soit 93%.

Figure 26: Distribution des patients selon le traitement nécessaire. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Le traitement différait en fonction des patients. Neuf (17%) des patients n’avaient besoin que

d’un traitement médical. Mais 83%, soit 45 d’entre eux nécessitaient une prise en charge

chirurgicale en dehors d’une prise en charge médicale supportive. Cette prise en charge

supportive se faisait surtout avec des diurétiques, des inhibiteurs de l’enzyme de conversion

(IEC), des bêta-bloqueurs et des digitaliques.

Page 50: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

35

Figure 27: Distribution des cas selon le traitement bénéficié. Source : dossiers des patients

de l’HSD de 2013-2018

Des 54 patients de l’étude, 44 (81%) ont bénéficié d’une prise en charge médicale. Donc, des 45

patients qui nécessitaient une chirurgie, seulement 10 ont pu la bénéficier soit 22.22% de ces

derniers ou 19% de la population de l’étude. Toutes ces opérations, ont été faites à l’étranger

(Iles Caïmans, Inde et aux Etats Unis), via une organisation à but non lucratif dénommé Alliance

Cardiac Haiti. Tous les autres patients de l’étude ont eu une prise en charge médicale.

Page 51: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

36

Figure 28: Distribution des patients selon les complications évolutives. Source : dossiers des

patients de l’HSD de 2013-2018

Parmi les complications évolutives des valvulopathies des patients, les plus fréquentes étaient

l’insuffisance cardiaque avec 74.07% soit 40 patients, l’hypertension artérielle pulmonaire

(HTAP) avec 59.26% soit 32 patients. Un patient (1.85%) est décédé au cours de la période de

l’étude avant d’avoir l’opportunité de bénéficier de sa chirurgie.

Page 52: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

37

Discussion

Des 54 cas de CR recensés à l’HSD, la prévalence sur toutes les cardiopathies est égale à 6.30%.

Elle est inférieure aux 12.2% de l’étude de GOEH AKUE et al. au Togo (25) et des 20.8% de G.

Kinda et al. au Burkina Faso (27). En dépit d’une certaine disparité des chiffres, notre prévalence

est tout aussi élevée que dans de nombreuses études y compris ces dernières.

On a noté une augmentation croissante des cas diagnostiqués de CR à l’HSD. Ceci pourrait être

lié au fait, que l’HSD recevait de plus en plus souvent des missions cardiologiques de

professionnels étrangers et à l’ouverture récente de sa clinique cardiologique d’une part. D’autre

part, l’HSD se faisait de plus en plus un nom pour ses soins cardiologiques. Donc, il recevait de

plus en plus des patients référés par des institutions sanitaires moins spécialisées.

La majorité de nos patients était des filles avec 57% et un sexe ratio (Garçon/Fille) de 0.74. Ce

même constat a été fait dans de nombreuses études. Nos chiffres se rapprochent des 55 % de R.

PEÑA et al. au Nicaragua (33), des 58.1% de G. Kinda et al. (27) ; en dessous des 64% de P.

Gapu et al. au Zimbabwe (26) et des 66% de GOEH AKUE et al. au Togo (25). Toutefois, c’est

contraire à l’étude de Ravisha et al. en Inde (29), qui avaient noté une prédominance masculine

avec un sexe ratio de 1.15.

Les tranches d’âge prédominantes de notre étude étaient celle de 11-12 ans avec 29.63% ans et

celle de 13-14 ans avec 20.37%. Donc les enfants de 11-14 ans représentaient 50%. L’âge moyen

des enfants était de 10.74 ans. Ceci pourrait s’expliquer d’une part par le fait que l’âge de

prédilection du RAA/CR est de 5-15ans. D’autre part, l’HSD reçoit des enfants jusqu'à 14 ans et

rarement en dessus. Néanmoins, nos résultats se rapprochent de ceux de GOEH AKUE et al. (25)

qui avaient des enfants dans les mêmes limites d’âges que nous, un âge moyen de 10.7 ans et

55% des cas âgés de 11-15 ans. Notre âge moyen est légèrement inferieur à celui J Mucumbitsi

(22) dans les écoles Rwandaises qui était de 11.2 ans et supérieur à celui de Ravisha et al. (29), à

celui de P. Gapu et al. (26), qui était respectivement de 9.62 ans et de 9.5 ans. Notre patient le

plus jeune avait 3 ans. Ce qui correspond exactement à l’âge minimal de l’étude de Z. Makrexeni

M et al. (24) en Afrique du Sud, légèrement en dessous de celui de GOEH AKUE et al. (25) dont

son plus jeune patient avait 4 ans.

Page 53: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

38

La plupart de nos patients provenait du département de l’Ouest (75.47%). Ceci pourrait

s’expliquer par le fait que l’HSD se trouve à Tabarre dans l’Ouest. Donc, la population qui

fréquente majoritairement cet hôpital de référence du pays vit dans ce département. En outre,

l’Ouest est de loin le département le plus peuplé du pays, avec 1/3 de la population nationale.

Tous les patients pour qui nous avons pu obtenir des données sur leur niveau d’étude étaient

scolarisés et 74% étaient à l’école primaire. Par ailleurs, tenant compte des tranches d’âge

adaptées à chaque niveau scolaire dans le programme haïtien, nous avons quand même constaté

un certain retard scolaire chez 39% de ces enfants scolarisés. Ce retard scolaire pourrait être lié à

l’incapacité induite par les complications des CR d’avoir une scolarité régulière et/ou au niveau

économique des parents.

Les patients pour qui on a pu avoir le statut socio-économique des parents, provenaient tous

clairement de milieu socio-économique assez modeste. Ceci est en accord avec la littérature

générale qui décrit le bas niveau socio-économique comme facteur de risque du RAA/CR (7,8).

Nous avons trouvé que 5.56% des patients avec un antécédent d’angine, 3.70% supplémentaires

qui ont eu un antécédent d’impétigo. Nos résultats sont nettement inferieurs à la plupart des

études sur les CR, tels que les 90.3% d’angine de G Kinda et al. (27). Quoi qu’assez fréquente

chez l’enfant, l’angine peut passer inaperçue. En outre, l’étude de G Kinda et al. a été

prospective. Probablement leurs interrogatoires ont été mieux conduits. Ces raisons pourraient

expliquer le fait que nous ayons trouvé ce faible taux d’angine dans notre recherche. Par ailleurs,

nous avons trouvé en plus 12.96% d’enfants avec antécédent de poly-arthralgie. Ce qui pourrait

sous entendre que ces 12.96% ont souffert du RAA et par conséquent ont eu une infection à

streptocoque. Toutefois ces chiffres sont inférieurs aux résultats de GOEH AKUE et al. (25) qui

avaient 13 cas soit 34.21% avec poly-arthralgie.

Sept (12.96%) de nos patients avaient un antécédent connu de cardite rhumatismale. Ce résultat

est encore inférieur à celui de GOEH AKUE et al. (25) qui avaient 8 (21.05%) patients.

Les principaux signes fonctionnels de nos patients étaient la dyspnée avec 88.89% et l’œdème

des membres inférieurs (OMI) avec 46.29%. Cette prédominance de la dyspnée est en accord

avec les résultats de GOEH AKUE et al. (25) et de G. Kinda et al. (27) qui étaient

respectivement de 52.2% et de 93.5%. L’OMI, notre second motif le plus prévalent, était

Page 54: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

39

également en deuxième position dans l’étude G Kinda et al. (27), mais avec 87.1%. Il a été

moins fréquent dans l’étude de GOEH AKUE et al. (25) qui avaient trouvé 23.7% et c’était en

troisième position. La prédominance de ces motifs dans notre étude, pourrait s’expliquer par le

fait que ces enfants arrivaient en consultation à l’HSD à un stade avancé de leurs maladies. Soit

après une certaine période sans aucune consultation médicale ou après avoir été dans diverses

institutions sanitaires de bas échelon.

La totalité de nos patients (100%) avait un souffle cardiaque. Ce qui sous entendrait qu’aucun de

nos patients n’avait une CR sub-clinique qui aurait été découverte fortuitement par une

échocardiographie. Donc, toutes les échocardiographies auraient été faites pour confirmation du

diagnostic et/ou évaluation des lésions valvulaires. Nos chiffres sont supérieurs aux 93.5% de

G. Kinda et al. (27).

Au reflet de la littérature générale qui présente la valve mitrale comme étant celle la plus touchée

par les CR, nous avons noté dans notre étude que 100% de nos patients avaient au moins une

atteinte valvulaire mitrale. Ces derniers se rapprochent des 93.5% de G Kinda et al. (27). Cette

prédominance mitrale a été également notée dans l’étude GOEH AKUE et al.(25), de Z.

Makrexeni et al. (24) et de P. Gapu et al.(26). De nos 10 cas de sténose mitrale, le sexe féminin

prédominait avec 6 patients. Ce qui correspond à la description de la littérature (36). Nous avons

eu 1 fille et 1 garçon avec sténose aortique, alors que la littérature rapporte une prédominance

masculine (16). En outre dans notre étude, les insuffisances valvulaires prédominaient sur les

sténoses valvulaires et ceci a été également constaté dans d’autres études (24,25,27).

Dans notre étude, 85.71% des enfants qui avaient un X-ray du thorax avaient une cardiomégalie.

Ces chiffres avoisinent les 89.47% de GOEH AKUE et al.(25) et les 92.85%. de G Kinda et

al.(27).

La prophylaxie à la PNC a été retrouvée chez 93% de nos patients contre 100% chez G Kinda et

al.(27). Nos 93% ont au moins reçu une dose de pénicilline. Toutefois, la régularité n’a pu être

mise en évidence.

La nécessité d’une chirurgie était retrouvée chez 45 (83%) de nos patients et seulement 10

(22.22%) de ces patients ont été opérés. Nos résultats ne sont pas trop éloignés de ceux de G

Page 55: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

40

Kinda et al. (27) qui ont eu 19 patients (61.3%) qui avaient besoin d’une chirurgie contre

3(15.78%) interventions chirurgicales réalisées ; de ceux de GOEH AKUE et al. (25) qui avaient

31.5% de cas avec indication chirurgicale mais 58.33% d’entre eux ont bénéficié de l’opération

chirurgicale. A l’instar de ces pays sous développés et d’autres, les chirurgies de nos patients ont

été effectuées à l’étranger par manque de structures et de personnels pour réaliser ce genre

d’intervention.

Tout comme dans de nombreuses études, l’insuffisance cardiaque était en tête des complications

de nos patients. Toutefois, nos 74.07% d’insuffisance cardiaque sont supérieurs aux 71% de P.

Gapu et al.(26) et aux 36.54% de Ravisha et al. (29). L’HTAP, deuxième complication évolutive

la plus fréquente de nos patients, a été notée dans 59.26% des cas. Ce résultat est inférieur aux

64.51% de G Kinda et al. (27) ; supérieur aux 42.45% de Chockalingam et al.(28) et aux 41.9%

de P.Gapu et al.(26) .Contrairement à G Kinda et al. (27) qui ont eu 38.70% de décès, à GOEH

AKUE et al. (25) avec 10.52%, à P. Gapu et al. avec 6.5%, à Ravisha et al. (29) avec 4.18%, 1

de nos patients est décédé en hospitalisation au cours de la période de l’étude. Notre mortalité de

1.85% est donc inférieure à celle de ces études sus-citées. Ceci pourrait s’expliquer non

seulement par le fait que les patients de l’HSD ont probablement mieux répondu aux traitements

médicaux qu’on leur avait prodigués. Mais aussi du point de vue de proximité, certains patients

ne pouvaient pas forcément se rendre à l’HSD en cas d’urgence.

Page 56: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

41

Limites de l’étude

Les principales limites de notre étude sont surtout liées à sa rétrospectivité. Il y a un manque de

données sur certains variables. Par conséquent, une étude prospective serait l’idéale pour mieux

évaluer les cardiopathies rhumatismales dans nos hôpitaux et/ou dans les populations à risque.

Conflits d’intérêt

L’auteure n’a aucun conflit d’intérêt dans ce travail de recherche.

Page 57: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

42

Conclusion

En dépit de nos limites, on a pu quand même établir le profil des cardiopathies rhumatismales à

l’HSD de 2013-2018, qui met en évidence l’importance de ces dernières. Pathologies sous

documentées en Haïti, cette étude est probablement la première étude menée sur le sujet dans le

pays.

Au cours de la période étudiée, il a eu un nombre croissant de cas de CR à l’HSD. Notre étude a

montré que les CR y ont une prévalence non négligeable parmi les différentes cardiopathies

dénombrées. Une prédominance du sexe féminin, d’atteintes mitrales, de provenance de milieu

socio-économique modeste a été relevée. Ceci rejoint les données de la littérature générale. Un

grand nombre de nos patients venait consulter avec des cardiopathies rhumatismales déjà bien

avancées. Leur tableau clinique était dominé par la dyspnée et l’OMI qui témoignaient déjà d’un

certain degré d’insuffisance cardiaque. Malgré le nombre important de cas compliqués

d’insuffisance cardiaque et/ou d’HTAP et le nombre relativement faible de patients ayant

bénéficié d’une chirurgie de survie, le taux de décès était faible.

A la lumière de nos trouvailles, nous pouvons émettre certaines conclusions. Les cardiopathies

rhumatismales constituent une cause non négligeable de consultation ou d’hospitalisation à

l’HSD. Nos résultats ont une grande similarité aux trouvailles d’autres études réalisées dans des

pays avec un niveau socio-économique comparable à celui d’Haïti. En outre, nous pouvons dire

avec certitude que beaucoup de nos patients arrivaient à un stade avancé de leurs cardiopathies

rhumatismales.

Puisse ce travail être vraiment l’un des premiers pas dans l’étude des CR en Haïti. Puisse t-il

susciter d’autres études plus exhaustives surtout prospectives sur ces maladies évitables et

négligées.

Page 58: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

43

Recommandations

Au Ministère de la Santé Publique et de la Population:

Sensibiliser la population sur les infections streptococciques (angine, impétigo) et sur la

gravité de leurs complications (RAA/CR)

Augmenter le nombre de personnels médicaux desservant la population. Afin de se

rapprocher le plus que possible des recommandations de l’OMS

Former les personnels médicaux pour reconnaitre et prendre en charge le RAA

Mettre à la disposition des institutions sanitaires surtout les plus reculées des tests de

diagnostic des infections à streptocoque et des antibiotiques pour enfants qui y sont actifs.

Octroyer des bourses pour la formation de cardiologues/ cardiopédiatres afin de mettre au

moins un dans chaque chef lieu des différents départements et les grandes villes du pays

Mettre à la disposition de ces cardiologues des appareils à échocardiographie afin de

réduire le coût des examens des patients avec CR

Mettre en place les structures et former le personnel nécessaire pour la prise en charge

chirurgicale des patients dans le pays.

Aux professionnels médicaux :

Sensibiliser la population sur les infections streptococciques et sur la gravité de leurs

complications (RAA/CR)

Assurer le diagnostic et la prise en charge précoce des infections streptococciques

(pharyngite/amygdalite, impétigo)

Assurer un meilleur interrogatoire des patients avec suspicion ou diagnostic de RAA/CR

Toujours bien informer les patients sur leur diagnostic/état de santé

Référer à temps les patients qui nécessitent des soins spécialisés

A l’HSD:

Mettre en place et utiliser des dossiers informatiques pour les patients afin d’éviter de

perdre des informations ou des dossiers complets

Page 59: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

44

Améliorer la disponibilité des données statistiques de l’hôpital en matière de morbidité

annuelle

Page 60: l’hôpital Saint Damien de 2013 à 2018

45

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49

Annexes

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50

Méthodologie détaillée

Caractéristiques de l’étude

Notre étude est une analyse descriptive et rétrospective des données relatives aux cardiopathies

rhumatismales diagnostiquées de janvier 2013 à décembre 2018.

Site de l’étude

Cette étude a été menée à l’Hôpital Saint Damien nos Petits Frères et Sœurs.

L’hôpital Saint Damien est une institution pédiatrique catholique qui dessert la population

haïtienne depuis 28 ans. Il est sur la tutelle de l’organisation « Nos Petits Frères et Sœurs ».

L’hôpital est situé à Tabarre 41 dans le département de l’ouest et non loin de l’ambassade

américaine. Il a une capacité d’accueil de 214 lits. Il offre différents services en oncologie

pédiatrique, néonatologie, gynécologie, ainsi que des cliniques sur l’anémie falciforme, la

cardiologie, la tuberculose, la néphrologie, etc. Il reçoit en général des enfants jusqu’à 14 ans.

Mais sur des critères bien définis, des exceptions peuvent être faite pour des enfants un peu plus

âgés, notamment au sein de la clinique cardiologique récemment ouverte. L’hôpital dispose de 2

blocs opératoires et environ 460 employés dont une trentaine de pédiatres, un chirurgien et une

cardiologue. Dans la clinique cardiologique, travaille une infirmière et la cardio-pédiatre. En

outre, hôpital reçoit régulièrement des prestataires de soins étrangers qui viennent pour des

missions médicales spécifiques. On y compte des neurochirurgiens, des chirurgiens cardiaques...

Population d’étude

Notre population d’étude était jeune, elle regroupait des patients âgés de 3-17 ans. Nous avions

choisi cette tranche d’âge parce que les cardiopathies rhumatismales touchent essentiellement

des sujets jeunes avec un pic entre 5-15 ans dans les pays endémiques comme Haïti. Donc, on

espérait pouvoir trouver dans ce groupe d’âge suffisamment de sujets ayant une cardiopathie post

streptococcique pour que l’étude puisse être le plus représentative que possible.

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51

Critères d’inclusion

Tout patient âgé de 3-17ans, vu en clinique externe et/ou hospitalisé au cours de la période de

l’étude (2013-2018), avec le diagnostic de cardiopathie rhumatismale dans le dossier.

Critères d’exclusion

Tout patient avec les critères d’inclusion :

Dont le diagnostic n’a pas été confirmé échographiquement

Dont le dossier est totalement inexploitable par manque d’informations majeures

Variables à l’étude

L’âge des patients

Le sexe

Le lieu de résidence

La scolarité

Le statut socio-économique (activité économique des parents)

Les motifs de consultation ou d’hospitalisation (Dyspnée (), Œdème périphérique (), toux

(), asthénie …)

Les antécédents d’infection à streptocoque (RAA, CR, douleurs articulaires,

pharyngite, impétigo)

L’auscultation cardio-pulmonaire

Les valvulopathies post rhumatismales (mitrale, aortique, tricuspide, pulmonaire ;

insuffisance, sténose)

Le traitement (chirurgical, médical ; nécessaire, reçu)

Les complications évolutives des cardiopathies rhumatismales (Insuffisance cardiaque,

endocardite infectieuse, trouble du rythme, accidents thromboemboliques, HTAP, décès)

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52

Définitions conceptuelles et opérationnelles des variables

Variables Définitions

conceptuelles

Définitions opérationnelles

Age durée écoulée

entre la

naissance et une

date donnée

Distribution des âges :

Sexe qualité

d’homme ou

qualité de

femme

Distribution des sexes :

Scolarité Etat d’un enfant

qui suit un cycle

d’études dans

un

établissement

scolaire

Activité

économique

Ensemble

d’actions que

doit accomplir

un parent pour

satisfaire les

besoins de sa

famille grâce à

la production de

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53

bien et de

service

Lieu de

résidence

(origine

départemental

e)

Correspond à

l’adresse du

domicile du

patient noté

dans son dossier

Antécédents

(ATCD)

Correspond à

l’histoire

médicale du

patient

Motifs de

consultation/

hospitalisation

Correspond aux

symptômes et

aux signes pour

les lesquels le

patient a été

amené à

l’hôpital

Auscultation

cardio-

pulmonaire

Correspond aux

trouvailles

auscultatoires

Valvulopathie

s post-

rhumatismale

Correspond aux

atteintes

valvulaires

échographiques

Traitement Correspond à

l’approche

thérapeutique

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54

dont le patient a

besoin ou a reçu

pour lutter

contre /tenter de

guérir sa CR

complications

évolutives

Correspond à

l’évolution

défavorable des

CR

Outils de collecte

Pour recueillir des données nécessaires à notre étude, nous avons utilisé un formulaire que nous

avons rempli à partir des dossiers médicaux des patients. Le formulaire est annexé à ce

document.

Plan d’analyse des données

L’analyse de nos trouvailles a été faite avec Epi Info 7.2.2.6, et certains graphes ont été conçus

avec Microsoft Excel. La description des données est présentée sous forme de graphe et/ou

tableau, sous forme de fréquence absolue et/ou relative ou de moyenne.

Nous avons effectué une analyse univariée en distribuant les cas selon :

les années de diagnostic (diagramme en bâton)

le sexe : (diagramme de camembert ou circulaire)

le lieu de résidence : (carte géographique)

leur scolarité : (diagramme circulaire)

le statut socio-économique (diagramme en barre)

les antécédents: (diagramme circulaire et en bâton)

les motifs de consultation : (diagramme en barre)

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55

l’auscultation cardiaque : (diagramme circulaire)

le type d’atteinte valvulaire à l’échographie (insuffisance ou sténose) : (diagramme

circulaire)

la valve atteinte (mitrale, aortique, tricuspide, pulmonaire) : (diagramme en barre)

le traitement nécessaire : (diagramme circulaire)

le traitement reçu : (diagramme circulaire)

prophylaxie à la pénicilline : (diagramme circulaire)

la présence ou non de complications évolutives : (diagramme en barre)

Nous avons également fait une analyse bi-variée/multi variée en croisant :

la tranche d’âge et le sexe : (tableau de fréquence)

le type d’atteinte valvulaire et la valve atteinte : (diagramme en barre)

le sexe et l’atteinte valvulaire à l’échographie (type et valve atteinte) : (tableau de

fréquence)

Critères d’éthique

Pour la réalisation de ce travail de recherche, nous avons obtenu la validation de notre protocole

de recherche auprès du comité scientifique de l’Université Notre Dame D’Haïti. Nous avons

également obtenu l’accès aux dossiers des patients auprès de la direction médicale et le

département de recherche de l’HSD. Nous avons garanti la confidentialité des données

recueillies et l’anonymat des patients en utilisant des codes lors de collecte des données.

Une copie des résultats de notre recherche sera acheminée au site de l’étude après la soutenance

de ce travail de recherche.

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56

Chronogramme

Budget

Mensuellement Total

Internet 1 500 G 15 000 G

Impression 20 000 G

Copies 2 000 G

Reliures 2 500 G

Carte téléphoniques 2 000 G

Assistance 15 000 G

Déplacement 25 000 G

Imprévues 15 000 G

Frais de présentation du

mémoire

20 000 G

Total 116 500 Gourdes

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Formulaire d’enquête

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59

Convention de recherche

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