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Thème 1 – Le rapport des sociétés à leur passé Chapitre 1 : L'historien et les mémoires de la Seconde guerre mondiale Environ 4-5heures consacrées au temps du programme d'histoire Objectifs de la séquence: - Cerner le travail de l’Historien qui interroge les mémoires Problématiques : La question des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est désormais de plus en plus dans l’histoire et, tout en conservant d’immenses enjeux politiques et éthiques, elle se libère des enjeux liés aux acteurs survivants et politiquement actifs. En quoi le contexte d’élaboration des mémoires étudiées les a-t-il déterminées (construction des mémoires) ? Quelles mémoires de ces conflits peuvent être identifiées au sein de la société française (multiplicité des mémoires) ? Comment, dans quels rythmes et dans quelles perspectives les historiens ont-ils fait de ces mémoires des objets d’histoire (historicisation des mémoires) ? PIÈGES À ÉVITER - Réifier et déifier la Mémoire, alors que seules existent des mémoires. - Confondre la démarche historique avec un « devoir de mémoire ». Aligner le raisonnement historique sur les discours et les projets d’un groupe particulier et de sa mémoire, c’est à dire confondre une mémoire avec l’histoire. Confondre le débat historiographique avec un débat éthique ou moral produisant la stigmatisation sans nuance de tels ou tels acteurs. Produire un discours sans nuance de stigmatisation des mémoires sans voir le rôle qu’elles jouent comme matériaux, sources pour l’historien et comme facteur d’intégration des sociétés.

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Thème 1 – Le rapport des sociétés à leur passé

Chapitre 1 :

L'historien et les mémoires

de la Seconde guerre mondiale

Environ 4-5heures consacrées au temps du programme d'histoire

Objectifs de la séquence:

- Cerner le travail de l’Historien qui interroge les mémoires

Problématiques :

La question des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est désormais de plus en plus dans l’histoire et, tout en conservant d’immenses enjeux politiques et éthiques, elle se libère des enjeux liés aux acteurs survivants et politiquement actifs.

En quoi le contexte d’élaboration des mémoires étudiées les a-t-il déterminées (construction des mémoires) ? Quelles mémoires de ces conflits peuvent être identifiées au sein de la société française (multiplicité des mémoires) ? Comment, dans quels rythmes et dans quelles perspectives les historiens ont-ils fait de ces mémoires des objets d’histoire (historicisation des mémoires) ?

PIÈGES À ÉVITER

- Réifier et déifier la Mémoire, alors que seules existent des mémoires. - Confondre la démarche historique avec un « devoir de mémoire ». Aligner le raisonnement historique sur les discours et les projets d’un groupe particulier et de sa mémoire, c’est à dire confondre une mémoire avec l’histoire. Confondre le débat historiographique avec un débat éthique ou moral produisant la stigmatisation sans nuance de tels ou tels acteurs. Produire un discours sans nuance de stigmatisation des mémoires sans voir le rôle qu’elles jouent comme matériaux, sources pour l’historien et comme facteur d’intégration des sociétés.

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Histoire des arts

Le cinéma est le grand art des mémoires : il en a les vertus et les vices. Il ne renseigne guère sur son sujet déclaré, mais bien plus sur le discours qui est tenu par ses auteurs sur ce sujet, et tout autant lorsqu’il prend la forme documentaire. Comme tel, il constitue une remarquable source pour identifier les mémoires et parcourir un itinéraire de leur histoire.

Ainsi, et pour les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, la Bataille du rail (René Clément, 1946), film de commande qui correspond à la période d’héroïsation de la Résistance ; Nuits et brouillards (Alain Resnais, 1955) qui participe à la construction de la mémoire publique de la déportation en limitant son récit à celle des résistants et des politiques ; le Chagrin et la pitié (Marcel Ophuls, 1969), déconstructeur de l’héroïsation et reçu, contre le projet de son auteur, comme révélateur de l’indignité générale de la population française devant l’occupation ; Shoah (Claude Lanzmann, 1985) qui témoigne de et concoure à l’arrivée sur la scène publique de la mémoire de la persécution des Juifs et du génocide. La filmographie est très large et bien d’autres oeuvres peuvent servir de support à une réflexion historique sur leur place dans l’évolution des mémoires : Paris brûle-t-il ? (René Clément, 1966) ; l’armée des ombres (Jean-Pierre Melville, 1969) d’après le roman de Joseph Kessel (1943) ; Lacombe Lucien, (Louis Male, 1974) ; Monsieur Batignole (Gérard Jugnot, 2002) ; un Village français (Lucien Triboit, 2009, série télévisée).

Pour aller plus loin

- Paxton Robert, La France de Vichy, Paris, Seuil, 1973 - Rousso Henry, Connan Eric, Vichy, un passé qui ne passe pas, Fayard, 1994. Réédition augmentée, Coll. Folio, Gallimard, 1996 - Douzou Laurent La Résistance française, une histoire périlleuse, Seuil, 2005 - Laborie Pierre, Le chagrin et le venin, La France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues, Bayard, 2011.

Aides à l’élaboration de la séquence :

- Site de l’académie de Lyon

- Valentine Rousseau.

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Introduction:

Accroche: cours dialogué sur:

la définition de la mémoire en histoire.

Comment et pourquoi est-elle sollicitée et célébrée? Exemples?

Comment définiriez-vous la discipline historique?

Reconstruction et analyse savante des évènements du passé qui vise à être objective et à faire comprendre le passé avec un recul critique.

Quels défis se pose à l'historien face au devoir de mémoire existant dans la société?

La question des mémoires de la Seconde Guerre mondiale est désormais de plus en plus dans l’histoire. D'ailleurs cette année n'a t-on pas fêté les 70 ans de la libération de Paris ou des débarquements en Normandie et en Provence ?

Mais qu'est ce que la mémoire?

« La mémoire est le présent du passé » Augustin

En histoire, elle désigne le vécu d'évènements par des individus ou des groupes d'une nation. Elle est ainsi subjective, émotionnelle et sélective. Par conséquent la mémoire est un processus de reconstruction ou d'appropriation du passé à partir de la représentation que fait une nation de ce passé et de ses intérêts actuels (Maurice Halbwachs, sociologue allemand, 1950)

Les mémoires de la Seconde Guerre mondiale sont surdéterminées par le traumatisme considérable qui en a résulté pour la population française. La défaite totale de 1940, perçue plus ou moins comme honteuse, l’armistice, la collaboration, la guerre civile, les persécutions de nombreuses victimes politiques ou raciales ont fait douter le pays de lui-même et de sa capacité morale à affronter son destin. Ni l’action de la France libre et de la Résistance, ni la victoire, obtenue grâce à des alliés infiniment plus puissants, ni l’épuration à la fois douteuse dans la violence des premières semaines et partielle dans les mois et années qui suivirent n’ont suffit à laver cette blessure pour les générations qui avaient vécu directement la guerre ou pour celles dont les récits familiaux en faisaient une vivante expérience.

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Problématiques:

Comment se construit, dès la Libération une mémoire officielle de la Seconde Guerre mondiale en France?

Comment les mémoires de la Seconde Guerre mondiale se manifestent-elles depuis les années 70 ?

I/ Le temps de la mémoire du « résistancialisme » (1945-1970)

A- Idéalisation et mythification d'une France résistante

Démarche:

projection du film de René Clément, La Bataille du rail

Capacités:

Analyser une oeuvre cinématographique en la replaçant dans son contexte historique

Critiquer l'image

Notion : résistancialisme - résistantialisme

Activité sur le fil de René Clément: La bataille du rail

(doc.1 page 66 Hachette à coller sur la fiche activité)

Questions:

1- Quels messages sur la Résistance et la corporation des cheminots pendant la guerre, le film et son affiche veulent-ils faire passer?

Pour rappel, les cheminots furent sollicités par les mvts de la Résistance afin de devenir des saboteurs, informateurs, transporteurs de la presse clandestine.

Commandité à la fois par une coopérative proche du PC et par le mouvement Résistance-

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Fer, le film montre d'abord que les cheminots - la classe ouvrière - furent admirables, puis que leurs supérieurs, et donc la SNCF tout entière, ne l'étaient pas moins. Fantasme d'une France où tout le monde aurait été résistant, oubli des convois qui emmenèrent les Juifs vers les camps de la mort. Peut-on parler de propagande ?

2- En quoi le film a-t-il une dimension idéaliste ?

La genèse de sa création est amplement révélatrice des enjeux et des ambiguïtés qui environnent ce projet artistico-patriotique. Il est le point d’aboutissement d’une double logique dont les intentions transparaissent à travers la construction même du film. La convergence de deux groupes de commanditaires distincts se traduit en effet par la juxtaposition, à l’écran, de deux discours de glorification réunis sous le patronage consensuel du CNR. Satellite du PCF, la Coopérative générale du Cinéma Français de Jean-Paul Le Chanois qui produit le film a l’ambition de célébrer l’héroïsme de la classe ouvrière à travers la métaphore prolétarienne emblématique du peuple cheminot. Pour leur compte, l’association des anciens membres du réseau Résistance-Fer et la SNCF, qui consent un généreux soutien technique, entendent valoriser une vision patriotique et résistante de leur entreprise, redorant ainsi le blason d’une firme qui n’a guère résisté, contrairement à nombre de ses agents.

Il en résulte un hymne unanimiste à la famille cheminote soudée dans la lutte : ingénieurs et régulateurs, machinistes et mécaniciens, chefs de gare et aiguilleurs, tous, jusqu’aux cheminots à la retraite, s’engagent du même élan. Dans ce climat de solidarité professionnelle et patriotique instantanée, pas de traitre ni d’agent double, aucun lâche ni dénonciateur… et pas non plus le moindre convoi de la déportation

3- Quels sont les procédés utilisés par le réalisateur pour rendre son oeuvre réaliste?

Ce film appartient au courant du réalisme qui pose pour principe que l'oeuvre d'art doit reproduire le réel avec le plus de précision possible.

Ainsi les personnages doivent adopter un langage crédible, courant en fonction de leur appartenance sociale, culturelle. Ils évoluent dans des décors naturels.

Ici le réalisme repose sur la description précise du travail quotidien des cheminots (geste, vêtements, conduite des trains..) et sur celle de leur action résistante (sabotage des voies ferrées par exemple).

A noter que la 1ère partie du film = forme de documentaire (constituée par le court-métrage : Résistance-fer) renforçant la dimension réaliste de cette fiction.

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Synthèse:

La mémoire du résistancialisme : rôle de Henry Rousso dans l’élaboration de ce néologisme

La France meurtrie de la Libération avait besoin de mythes. Le cinéma satisfait ce besoin à l'image de « La bataille du rail ». Doublement consacrée au premier festival de Cannes en 1946, ce classique du cinéma français magnifie la Résistance cheminote et s’impose comme l’emblème cinématographique du mythe résistancialiste.

B- Les mémoires silencieuses

Démarche

Cours dialogué autour des textes de Robert Aron et de Annette Wiervioka et prise de notes

Capacité

cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée

Prise de notes

Participation à l'oral. Confrontation à d'autres points de vue

Activité sur les textes de Robert Aron et de Anette Wierviocka

Doc.1

1 / Expliquez en quoi consiste la thèse du glaive et du bouclier développée par Robert Aron ? Selon Aron, le maréchal Pétain aurait protégé le territoire de l’Occupation allemande pour préparer l’action gaulliste. Pour Aron, proche de certains hommes de Vichy, Pétain n’avait pas le choix. 2 / Montrez que ce travail d’historien est au service d’une volonté d’apaiser les conflits après la SGM ? Aron, pourtant historien déforme la mémoire en cachant la collaboration de Vichy pour apaiser les conflits. Doc.2 1 / A la sortie de la guerre, les historiens ont-ils les moyens de travailler sur la Shoah ?

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Oui, de nombreux témoignages existent. 2 / Quels sont-ils ? Des survivants ont laissé des témoignages en grande quantité, il existe des livres comme celui de Primo Levi, «Si c’est un homme» paru en 1947. 3 / Qu’est ce que le «grand silence» ? La mémoire de la déportation raciale émerge difficilement car les rescapés des camps adoptent le silence face à une société qui n’est pas prête à l’entendre, Simone Veil disait «on ennuyait»! Le livre de Primo Levi sur son expérience à Auschwitz ne rencontre pas un large lectorat. Ainsi la déportation politique l’emporte sur la déportation raciale. Bunchenwald l’emporte sur Auschwitz. La mémoire de la Shoah est occultée.

Synthèse: De nombreuses mémoires ne peuvent pas apparaître: - Les soldats français vaincus de 1940 n’ont pas l’aura des poilus victorieux de 1914. - la mémoire des «malgré-nous» est aussi un tabou. En 1942, les jeunes mosellans et alsaciens sont enrôlés dans l’armée allemande et sont envoyés sur le front de l’EST. Le 10 juin 1944 où « 13 malgré-nous » de la DIVISION DAS REICH participe au massacre de 644 villageois d’Oradour-sur- Glane (20 km de Limoges) le 10 juin 1944. Le procès de Bordeaux en 1953 les condamne mais l’Etat les amnistie : polémiques. - il y a aussi des déportés raciaux sans mémoire. Les Tsiganes qui ont une tradition orale et pas écrite, ont du mal à mettre en place une mémoire spécifique. De plus les lieux d’internement ont disparu donc pas lieu de mémoire. Enfin ils sont considérés comme des mauvaises victimes (nomades et apatrides) et l’Etat pratique une politique du silence. Mais également mettre en évidence le débat historiographique à partir des travaux de François Azouvi sur le « Mythe du Grand silence »

IIII// RReemmiissee eenn ccaauussee dduu rrééssiissttaanncciiaalliissmmee eett nnoouuvveeaauuxx rreeggaarrddss ssuurr lleess ddiifffféérreenntteess mméémmooiirreess ppaarr

ll''hhiissttoorriieenn ddeeppuuiiss lleess 11997700''ss

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DDéémmaarrcchhee::

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-- PPrroojjeeccttiioonn eexxttrraaiitt pprrooccèèss EEiicchhmmaannnn

-- EExxttrraaiittss dduu ddooccuummeennttaaiirree de Marcel Ophüls, « Le chagrin et la pitié», 1971.

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Capacité

cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée

Prise de notes

PPaarrttiicciippaattiioonn àà ll''oorraall.. CCoonnffrroonnttaattiioonn àà dd''aauuttrreess ppooiinnttss ddee vvuuee

PPeerrssoonnnnaaggeess :: RRoobbeerrtt PPaaxxttoonn –– HHeennrrii RRoouussssoo –– PPiieerrrree VViiddaall--NNaaccqquueett

AAccttiivviittéé

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1 / En quoi le procès Eichmann permet la libération de la mémoire juive ?

AAddoollff EEiicchhmmaannnn eesstt uunn ccrriimmiinneell ddee gguueerrrree nnaazzii,, hhaauutt ffoonnccttiioonnnnaaiirree dduu TTrrooiissiièèmmee RReeiicchh,, rreessppoonnssaabbllee ddee llaa llooggiissttiiqquuee ddee llaa «« ssoolluuttiioonn ffiinnaallee »» ((EEnnddllöössuunngg)).. IIll oorrggaanniissee nnoottaammmmeenntt ll''iiddeennttiiffiiccaattiioonn ddeess vviiccttiimmeess ddee ll''eexxtteerrmmiinnaattiioonn rraacciiaallee pprrôônnééee ppaarr llee NNSSDDAAPP eett lleeuurr ddééppoorrttaattiioonn vveerrss lleess ccaammppss ddee ccoonncceennttrraattiioonn eett dd''eexxtteerrmmiinnaattiioonn..

Ayant réussi à échapper à la justice après la capitulation allemande, et notamment au procès de Nuremberg, retrouvé, puis capturé par des agents du Mossad en mai 1960 à Buenos Aires en Argentine, où il vivait depuis 10 ans, caché sous le nom de Riccardo Klement, Eichmann est exfiltré en Israël où il sera condamné à mort et exécuté à l'issue d'un retentissant procès tenu à partir d'avril 1961 à Jérusalem.

Le procès crée l’émotion et met fin au grand silence. Ce procès permet aux historiens de connaitre de nombreux aspects du processus de destruction des Juifs d’Europe : shoah par balles, camion à gaz, chambre à gaz... Questions sur le documentaire « Le chagrin et la pitié » d documentariste Marcel Olphüls (en fonction du temps / à l'oral) 1/ En quoi le documentaire d’Olphüls remet en cause la thèse du bouclier ? Le régime de Vichy a mis en place le statut des Juifs en 1940 sans aucune demande allemande. Le statut des Juifs est pplluuss sséévvèèrree qquuee cceelluuii ddeess nnaazziiss.. LLaa ppoolliiccee eett llaa ggeennddaarrmmeerriiee participe aux rafles, aux exécutions, la France est couverte de camps de concentration. 2 / En quoi le documentaire montre un autre visage des Français pendant la Seconde

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Guerre mondiale ? Le mythe «tous des héros» est balayé par un autre mythe «tous des salauds» notamment avec les délations. En fait, 5 % de résistants, 5 % de collabos et 90 % d’attentistes. 3 / En quoi la rafle montre le zèle du régime de Vichy ? Seuls les hommes avaient été demandés par les autorités allemandes. Laval a décidé de déporter les enfants. PPoouurr aanneeccddoottee,, ssoouuss llaa pprreessssiioonn ddee ll’’EEttaatt,, llee ddooccuummeennttaaiirree est interdit à la TV jusqu’en 1981 ! Questions sur le travail de Robert Paxton 1 / Comment Robert Owen Paxton fait-il pour étudier le régime de Vichy ? Paxton utilise les archives allemandes de la SGM conservées aux Etats-Unis. 2 / Pourquoi ne peut-il pas utiliser les archives françaises ? Les archives ne sont pas consultables pendant 30 ans et il faut une dérogation du ministère de l’intérieur pour les archives judiciaires. 3 / Pourquoi ce livre est une véritable révolution pour la recherche historique ? Le régime de Vichy a fait du zèle. Paxton se détache de la mémoire résistancialiste pour faire de l’histoire.

Synthèse: Mémoire de la Shoah vs Assassins de la Mémoire ... diapos simultanées Vidal Nacquet et de Darquier de Pellepoix

B / « Vichy, un passé qui ne passe pas. » H. Rousso, Eric Conan

Cours magistral et diffusion simultanée de diapos Le livre d’Henry Rousso et d’Éric Conan, «Vichy, un passé qui ne passe pas. » publié en 1994, montre la persistance du mythe du résistancialisme chez les élites politiques comme François Mitterrand qui refusait de reconnaitre la responsabilité de la France dans la solution finale. Pour les élites françaises l’équation de base était : La Résistance c’est De Gaulle, De Gaulle c’est la France donc la Résistance c’est la France. Cependant le livre montre aussi une résistance plus complexe notamment la présence de vichystorésistants expression forgée par Jean-Pierre Azéma qui sont des personnages ayant soutenu Vichy tout en combattant les Allemands. Ce livre montre aussi l’intervention de l’Etat pour cacher les années noires de l’Occupation. C’est le cas par ex du film « Nuit et brouillard » d’Alain Resnais en 1956. Ici un gendarme français surveille un camp de transit de Pithiviers où des Juifs sont regroupés avant d’être déportés vers les camps de la mort. Le képi est caché par une poutre fictive.

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III / L’historien devant les enjeux mémoriels.

Démarche : Cours dialogué autour des lois mémorielles comme celle de la loi Gayssot

Capacité

cerner le sens général d’un document ou d’un corpus documentaire et le mettre en relation avec la situation historique ou géographique étudiée

Prise de notes

Participation à l'oral. Confrontation à d'autres points de vue

A/ Débats autour des « lois mémorielles »

Questions

1 / Quels sont les délits punis par la loi « Gayssot » de 1990 ? La loi «Gayssot» (1990) punie toute contestation des crimes contre l’humanité commis par un groupe de personnes ou un individu. 2 / Pourquoi parle-t-on de loi mémorielle ? On parle de loi mémorielle car elle veille aux respect des mémoires. 3 / Quels sont les avantages et les inconvénients de cette loi ? Les négationistes ne peuvent plus contester les chambres à gaz. Elle fige le travail de l’historien qui ne peut plus revisiter l’histoire.

Synthèse: Avec l’arrivée de la gauche en 1981, on pense que l’Etat va reconnaitre la responsabilité de l’Etat français dans la déportation. Cependant François Mitterrand refuse de reconnaitre cette responsabilité. Cette position crée un malaise renforcée par le passé trouble de F M : participation au gouvernement de Vichy avant d’entrer dans la Résistance en 1943, diner avec Bousquet, chef de la police de Vichy dans les années 80 (jamais jugé, il est assassiné en 1993), fleurissement de la tombe de Pétain de 1984 à 1992. La rupture intervient avec le discours de Jacques Chirac en 1995 lors de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv.

Questions sur le discourss de Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv.

1 / Pourquoi le discours de Chirac est une rupture avec la mémoire de l’Occupation ?

Pour la première fois la République Française reconnait la responsabilité de la France dans la déportation . 2 / En quoi ce discours ne rompt pas radicalement avec la mémoire gaulliste ? Les résistants et les gaullistes sont célébrés. Les victimes sont associés à de nouveaux héros les Justes sauveur de Juifs pendant l’Occupation. Ainsi en 2007, les Justes de France font leur entrée symbolique au Panthéon.

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BB // LLaa ddiissttaannccee ccrriittiiqquuee ddeess hhiissttoorriieennss ff aaccee aauuxx llooiiss mméémmoorriieelllleess

Cours magistral et projection de diapos

Le devoir de mémoire est aujourd'hui volontiers convoqué dans le dessein de court-circuiter le travail critique de l'historien, au risque de refermer telle mémoire de telle communauté historique sur son malheur singulier, (…) de la déraciner du sens de la justice et de l'équité » Paul Ricoeur

« la commémoration a envahi le travail de l'historien jusqu'à l'asservir tout entier. Elle inspire sa curiosité, elle lui dicte souvent son calendrier de travail (…) elle a engendré une idéologie du « tout

mémoire » Jean-Pierre Rioux

Devant l’inflation mémorielle notamment la loi Gayssot, de nombreux historiens critiquent cette loi comme Pierre Vidal- Naquet et Max Gallo qui pensent qu’elle porte atteinte à la liberté de travail des historiens. Pour eux, il n’est pas admissible que L’Etat dicte une vision et une écriture officielles de l'histoire.

Ainsi les historiens interviennent souvent pour critiquer les excès mémoriels et l’instrumentalisation mémorielle des politiques comme Sarkozy en 2007 imposant la lecture de la lettre de Guy Môquet, résistant communiste fusillé en 1941, aux lycéens.

Bousculé par les lois mémorielles, des historiens comme Jean-Pierre Rioux publie « La France perd la mémoire » en 2006. L’historien doit tenir compte des mémoires mais il ne doit pas en être le rédacteur. Son travail est de les confronter. La transmission de la mémoire suscite l’émotion tandis que la rechercher historique privilégie la démarche scientifique. C’est le travail de mémoire qui se distingue du devoir de mémoire.

Conclusion:

C’est la nécessité de panser ces blessures qui a déterminé la construction des mémoires de la Seconde guerre mondiale.

Quel travail des historiens sur ces mémoires ?

Face à cette charge émotionnelle, le travail des historiens est utile. Son travail consiste alors à :

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examiner les mémoires avec une démarche critique historique (c’est à dire la confrontation des discours aux faits que la recherche peut établir) . C’est, par exemple, la contribution de Robert Paxton dans la révélation du rôle actif de Vichy dans la persécution des Juifs.

examiner la place que ces mémoires prennent dans l’opinion publique et dans les discours des acteurs (politiques, intellectuels, artistes, leaders de groupes d’intérêt...) Il explique pourquoi telle ou telle mémoire est sur le devant de la scène publique, avec tel ou tel discours et à tel moment. Il cherche quel rôle joue tel pouvoir ou tel groupe d’intérêt dans la construction des faits mémoriels, leur valorisation ou leur dépréciation ce sont, par exemple, les contributions de Henry Rousso (le « passé qui ne passe pas »), ou de Pierre Laborie (« le chagrin et le venin »).

Evaluation : composition ou EDC