élevage laitier les bonnes pistes pour un parcellaire maîtrisé

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DOSSIER ÉLEVAGE LAITIER Les bonnes pistes pour un parcellaire maîtrisé Les agrandissements successifs, la recherche de "terres à quotas" et de surfaces épandables ont progressivement déstructuré le foncier des exploitations. En production laitière, l’optimisation du parcellaire représente un enjeu majeur dans la maîtrise des coûts de production et dans l’organisation du travail par la gestion des lots d’animaux et des besoins de stocks fourragers. Coordination du dossier Chantal Pape (Terra) avec André Queffélec (pôle her- bivore des chambres d'agriculture de Bretagne). Rédaction l Pour le pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne : André Queffélec, Sophie Tirard, Ber- nard Le Lan, Philippe Cadoret. l Pour Terra : Claire Le Clève, Audrey Dibet, Hélène Bonneau, Chantal Pape. Composition : Jeanine Deshoux. Pour en savoir plus : l Voir en complément, les guides pratiques des chambres d'agriculture de Bretagne : "Produire avec de l'herbe" et "J'échange mes parcelles pour gagner". l Le thème "Parcellaire" sera l'objet du dernier cahier des fiches d'aide à la décision "Acteur en élevage laitier, j'analyse, j'agis". Il sera disponible à partir de septembre auprès des chambres d'agriculture de Bretagne.

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DOSSIER

élevage laitier

les bonnes pistespour un parcellaire maîtriséles agrandissements successifs, la recherche de "terres à quotas" et de surfaces épandables ont progressivement déstructuré le foncier des exploitations. en production laitière, l’optimisation du parcellaire représente un enjeu majeur dans la maîtrise des coûts de production et dans l’organisation du travail par la gestion des lots d’animaux et des besoins de stocks fourragers.

Coordination du dossierChantal Pape (Terra) avec André Queffélec (pôle her-bivore des chambres d'agriculture de Bretagne).Rédaction l Pour le pôle herbivores des chambres d'agriculture de Bretagne : André Queffélec, Sophie Tirard, Ber-nard Le Lan, Philippe Cadoret.l Pour Terra : Claire Le Clève, Audrey Dibet, Hélène Bonneau, Chantal Pape.Composition : Jeanine Deshoux.

Pour en savoir plus :

l Voir en complément, les guides pratiques des chambres d'agriculture de Bretagne : "Produire avec de l'herbe" et "J'échange mes parcelles pour gagner".

l Le thème "Parcellaire" sera l'objet du dernier cahier des fiches d'aide à la décision "Acteur en élevage laitier, j'analyse, j'agis". Il sera disponible à partir de septembre auprès des chambres d'agriculture de Bretagne.

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2 DOSSIER

La structure foncière est spécifique à chaque exploitation, y compris au sein d’une même zone pédoclimatique. Accessibilité aux animaux, morcellement du parcellaire, poten- tialités des terres, dimensions et formes des parcelles, présence de cours d’eau, de haies, de routes…, autant d’éléments qui différencient les exploitations.

Deux aspects sont déterminants pour l’optimisation du parcellaire en système laitier.l L’accessibilité des parcelles aux vaches laitièresElle est liée à la gestion d’animaux qui reviennent 2 fois par jour à un point fixe, pour la traite. La surface accessible détermine le potentiel de surfaces pâturables. Une acces-sibilité limitée conduit à une plus forte utilisation de stocks fourragers. Dans nombre d’exploitations, l’accessibilité reste cependant un potentiel sous-exploité.l La cohérence des îlots parcellaires Côté animal, l’exploitation gère des lots d’animaux (génisses de différents âges, vaches taries, animaux à viande) qui peuvent être éloignés du siège d’exploitation. L’enjeu sera de limiter le travail et la fréquence des déplacements d’animaux.Côté végétal, l’exploitation cherche à la fois à bien valoriser les terres obligatoires en herbe et à disposer d’îlots de culture qui permettent d’optimiser les conduites et les chantiers de récolte : formes et surfaces des parcelles, distances à parcourir.

Le parcellaire reste un élément clé de la réussite du système bovin dans un contexte économique incertain marqué par l’augmentation des coûts des intrants et de l’énergie. Sa cohérence contribue à faciliter le travail dans un contexte d’agrandissement des structures et de raréfaction de la main d’œuvre.Pour bien valoriser les terres, il est nécessaire d’analyser les potentiels des différents blocs de parcelles pour envisager les meilleures solutions d’utilisation et d’amélioration.Pour bien valoriser l’accessibilité, optimiser la place du pâturage et simplifier le travail, des aménagements sont souvent indispensables : chemins, clôtures, réseaux d’eau…Pour faciliter le travail, la cohérence des îlots parcellaires et la limitation des distances sont des points essentiels.Le souci du parcellaire doit être permanent dans les objectifs de gestion et d’évolution des structures.

André Queffélec

l valoris er l’accessibilitéles surfaces accessibles sont celles où l’éleveur accepte d’amener les animaux. l’accessibilité potentielle est souvent limitée à une distance d’environ 1 km à l’entrée de parcelle. De simples aménagements internes à la structure peuvent permettre d’améliorer l’accessibilité valorisée et concourent à la simplification du travail quotidien.

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l analys er son parcellairela bonne connaissance du parcellaire de l’exploitation, de ses contraintes et des potentialités des différentes parcelles sont des éléments importants de l’optimisation du système de production : choix du système fourrager et des conduites animales, place des cultures annuelles..

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l valoris er l’accessibilitéIl faut bien distinguer les surfaces accessibles des surfaces réellement pâturées par les vaches laitières : on peut avoir 50 ares accessibles par vache, mais en utiliser 15 ares pour le pâturage d’une laitière !Une bonne accessibilité donne le choix du système fourrager et permet les rotations culturales sur les parcelles vaches laitières. Valoriser l’accessibilité offre la possibilité d’augmenter la part de pâturage et ainsi de maîtriser le coût alimentaire et les coûts de mécanisa-tion et de bâtiment par la limitation des stocks fourragers. Le travail est faci-lité quand le pâturage est bien orga-nisé. Les animaux sont plus souvent à l’extérieur : les temps de distribution diminuent, les temps de raclage et de paillage également, les déjections en bâtiment sont moindres…

Il convient, dans chaque exploitation, de prendre les moyens de lever les freins à l’utilisation des parcelles en pâturage : chemins en mauvais état, accès directs limités, absence de réseau d’eau, clô-tures à améliorer…Dans certaines situations, la réalisa-tion de chemins, voire d’ouvrages spéci-fiques pour les laitières, des aménage-ments d’accès sont nécessaires.

en pratique : l positionner les chemins par rapport à

un schéma global d’organisation. Ne pas hésiter à aménager un chemin pour les laitières là où il en faut un !

l prendre en compte l’utilisation du par-cellaire dans la durée. Bien situer les chemins selon l’utilisation potentielle des parcelles en cultures annuelles (tailles, formes),

l réaliser de bonnes clôtures pour assu-rer la tranquillité des éleveurs !

l construire un réseau d’eau adapté à l’organisation du pâturage,

l se rappeler que les auxiliaires de pâturage (chiens, quad…) contribuent à l’accessibilité en limitant le temps et la pénibilité pour l’éleveur,

50 ares accessibles pour un troupeau de 80 laitières représentent une surface de 40 ha, soit le huitième de la surface comprise dans un rayon d’1 km autour d’un siège d’exploitation.

Sophie Tirard

l analys er son parcellaireL’analyse du parcellaire se fait d’abord de façon globale à partir des plans de l’exploitation. Il s’agit de bien définir l’accessibilité potentielle et surtout d’analyser les freins à cette accessi-bilité : présence de routes ou de cours d’eau, difficultés ou absence d’accès aménagés, parcelles imbriquées, dis-tances à parcourir…Il s’agit ensuite d’apprécier la des-tination des îlots non accessibles par rapport aux distances, aux formes, aux surfaces utilisables pour des cultures ou des lots d’animaux.La cohérence globale du parcellaire peut s’apprécier à partir de quelques repères simples :l la surface accessible par vache,l le nombre d’îlots non accessibles et la

surface moyenne par îlot,l le nombre d’îlots non accessibles

ayant une surface en herbe obligatoire et l’importance de cette surface,

l le nombre d’îlots distants (à 3 km, à 5 km…) et leur surface moyenne,

l le nombre de parcelles isolées, leur surface moyenne et la distance au siège d’exploitation.

identifier potentiels et contraintesL’analyse se poursuit à la parcelle, pour identifier les potentiels et les contraintes :

l le potentiel de rendement détermine les terres de cultures annuelles,

l la proximité de l’étable invite à desti-ner la parcelle à l’herbe,

l les sols portants autorisent le pâtu-rage hivernal et la mise à l’herbe précoce,

l la sensibilité à la sécheresse limite le pâturage d’été,

l la présence de cailloux rend plus diffi-cile le travail du sol,

l la présence de pentes, de cours d’eau, d’habitations entraîne des contraintes environnementales,

l les parcelles petites ou difformes com-pliquent les conduites des cultures annuelles.

OptimiserCes éléments sont des points essentiels à prendre en compte pour optimiser le système de production. Ils vont conduire à :l bien valoriser l’accessibilité potentielle

et à optimiser la part de pâturage dans l’alimentation des laitières,

l organiser le pâturage pour bien valori-ser l’herbe et limiter le travail,

l orienter l’utilisation des parcelles entre cultures annuelles et élevage, selon les potentialités des terres, la forme et la taille des parcelles, l’as-pect pratique des conduites et les distances,

l organiser les lots d’animaux, hors vaches traites, pour valoriser, sur les îlots non accessibles, les parcelles obligatoires en herbe et les dérobées,

l prendre en compte les éléments environnementaux dans les choix de conduites (bocages, haies, pentes, zones humides ou à contraintes).

echangerCette analyse conduit à garder en per-manence en tête le souci de l’amélio-ration du parcellaire dans les projets d’exploitation. Elle identifie les par-celles facilement échangeables parce qu’éloignées ou isolées, celles dont on accepterait de se séparer. Elle met en évidence les surfaces qui aideraient à la cohésion des îlots et de la structure lai-tière. Elle amène en parallèle à se poser la question de ses propres parcelles qui amélioreraient les parcellaires de ses voisins. Une première étape avant de discuter peut-être des échanges pos-sibles ? Elle aide enfin à être attentif à ce que les agrandissements ne soient pas déstructurants par le maintien ou l’amélioration d’une bonne accessibilité, par la création ou l’acquisition d’îlots de culture cohérents.

André Queffélec

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30 / 8 juin 2012 DOSSIER

"Faire des chemins, c'est un investissement, oui ! Mais il offre de sérieux avantages. Les vaches avancent, elles sont propres et surtout il y a bien moins de boiteries et elles ne passent plus par la route du village", inventorie Régis Le Jallé. Il est ins-tallé depuis 1984 sur cette exploitation familiale qui, de 48, est passée à 75 ha, pour une référence laitière de 405 000 litres de lait. 360 000 litres sont réalisés en bio depuis un an. "Là, au sortir de la stabulation, le chemin est large et bien stabilisé, bétonné sur 3 bons mètres de large. Il faut dire que les vaches y passent tout le temps, et moi aussi, en trac-teur", pointe Régis Le Jallé. Au delà de ces 150 mètres, et au fur et à mesure que le nombre d'entrées des par-celles s'amenuise, le chemin rétrécit. Il s’achève, au delà d'une zone humide, 150 m plus tard. "Peut-être qu'un jour, je le continuerai un peu. De toute manière, si je veux accéder à ces parcelles en

Plus loin, au fur et à mesure quele nombre d'entréesdes parcelless'amenuise, le chemin aussi.

l aménager des chemins l’emplacement et la qualité des chemins font partie des pièces maîtresses de la réussite d’une saison de pâturage. les solutions techniques d’aménagement sont choisies selon l’usage prévu et la facilité de travail.

Un chemin judicieusement positionné, qui reste en état et confor-table, permet d’augmenter la surface accessible aux vaches lai-tières. Cette surface potentiellement pâturable pourra être bien valorisée et déterminera le besoin en stocks fourragers.En améliorant les conditions d’accès au pâturage en début et fin de saison, les chemins contribuent à l’allongement de la période de pâturage. Ils doivent faciliter le déplacement des animaux et réduire les temps de trajets des éleveurs. La qualité du revêtement limite les risques de boiteries. Le temps à la traite peut également être diminué grâce à des mamelles plus propres.

Faire un plan de pâturage et de cheminsLes contraintes d’aménagement de chemins (en solidité et lar-geur) sont très différentes selon l’utilisation qui est prévue. A partir d’un plan parcellaire de l’exploitation avec les parcelles, les routes, les rivières, les chemins existants, il faut distinguer le réseau de circulation des animaux, celui des engins lourds et des engins légers pour ajuster les investissements en fonction des besoins.Le positionnement des chemins est fait de telle sorte qu’ils :l permettent un accès rapide et facile dans l’ensemble du

parcellaire,l favorisent un découpage en paddocks de forme proche du carré,l favorisent la création de blocs de parcelles de taille suffisante,

facilitant la rotation et le travail des cultures,l valorisent les abris naturels existants (haies).

Des chemins solides qui vieillissent bienLa réalisation des chemins doit être soignée. Il est préférable de réaliser les travaux par temps sec et de prendre soin de compacter à chaque couche de matériaux pour favoriser l’imperméabilisa-tion. Si les chemins sont aussi utilisés pour le passage d’engins, il faudra ajuster la largeur (4 à 5 m) et augmenter les épaisseurs d’empierrement.L’évacuation de l’eau se fait tout au long du chemin soit en créant un chemin bombé et surélevé par rapport au terrain naturel, soit en façonnant une pente latérale de 2 à 5 %. Une mauvaise éva-cuation génère des nids de poule et un mauvais vieillissement du revêtement.

Des chemins à vaches !Pour l’aménagement des chemins à vaches uniquement, d’autres solutions existent :l des chemins en béton de 50 cm à 1m 50 de large selon la dimen-

sion du troupeau et le positionnement. Dans ce cas, 5 cm de béton suffisent, mais une préparation de sol peut être nécessaire pour niveler le terrain. Ces chemins ne nécessitent pas d’entre-tien et, à terme, l’aménagement est réversible,

l la récupération des caillebotis de porcheries désaffectées. Dans ce cas, bien niveler le sol en surface avant la pose. C’est une solution Intéressante pour les chemins secondaires ou les bouts de circuits et l’aménagement reste réversible.

Bernard Le Lan

a Sulniac, à la SCea de Pessun, régis le Jallé a misé sur le confort de circulation des 60 laitières. Une priorité pour que les Montbéliades passent de l'étable à la table : 55 ha de pâtures dont 48 groupés autour du bâtiment.

Chez régis le Jallé, des pattes ménagées sur des chemins aménag és

COnFOrt De CirCUlatiOn DeS aniMaUx

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tracteur, je peux le faire de l'autre côté, par la route", explique l'éleveur.

Un système Avec l'évolution du système vers plus de pâturage, dès les années 95, l'accessibilité aux parcelles a cheminé. Une démarche entamée avec son frère, en Gaec, parache-vée en SCEA avec Nathalie, son épouse et le passage en bio en 2011. "En 1990, les 75 ha étaient là. Dès 96, nous en avions assez de faire un maïs cher à produire, assez de faire les traitements. Nous avons diminué la part de maïs pour aller vers plus d'herbe avec un chargement de 1,1 UGB/ha", raconte l'éleveur, porté dans son évolution par la réflexion du groupe monté par le GVA de Questembert. En 2000, ils signent un CTE herbe. "Le passage à la bio, c'était la suite logique, on y était presque. On tournait déjà bien techniquement. Après la crise laitière, on s'est dit on y va".

Avec de l'herbe à tous les menus (RGA, trèfle blanc, hybr ide et v io let p lus fétuque et dactyle) et une vie au grand air de mi mars à fin novembre, les laitières de la SCEA du Pessun ne retournent à la stabula-tion que début décembre jusqu'en février. Une assiette d'herbe et de foin au prin-temps et composée de 7 à 8 kg de maïs ensilage, et de foin ou d'enrubannage l'hi-ver avec 1 kg de complément azoté. Le tout pour un coût alimentaire de 70€/1 000 litres en 2009 et 83€ en 2010, avec achat de foin bio.

Une accessibilité qui chemineC'est en se déplaçant sur d'autres exploitations et à Trévarez, que les éleveurs se sont forgés leur idée. A par-tir de leur plan parcellaire, ils ont étudié, dès 2000, pas-sages et chemins, priorisant les plus fréquentés, visant l'accessibilité au maximum de parcelles. "Nous n'avons pas hésité à couper une par-

celle en deux pour gagner en accessibilité vers des parcelles plus éloignées. Nous avons aussi profité de brèches. Il faut partir de l'existant qu'on améliore". L'avantage du lieu ? "Le par-cellaire. Les 48 ha groupés autour de l'exploitation". Les accès, privilégiant le confort des animaux ont, en partie, été réalisés par leurs soins. Ils sont posés sur un empier-rement compacté, sur les-quels 7 cm de béton ont été tirés à la règle. "Le béton est peut être plus cher mais ne bouge pas. Plutôt que dépen-ser des fortunes en tracteur, ici on privilégie en premier le confort de circulation des animaux. Ce sont eux

qui font le lait et le revenu", pointe-t-il, fort d'un EBE de 92 268 euros pour l'exercice 2010-2011.Reste la répartition de l'as-solement (dont 9 ha de maïs et 11 de mélange céréa-lier). Les 48 ha proches sont réservés en priorité au pâtu-rage. Quant aux parcelles les plus éloignées, "elles sont à 1 km. On les destine aux cultures, à la fauche avec une part de fétuque plus impor-tante dans le mélange ou bien, aux génisses. Mais les vaches peuvent aussi y aller", enchaîne-t-il. Vélo pour l'éle-veur accompagné du chien dressé sont alors précieux.

Claire Le Clève

Régis Le Jallé : "nous, on a tout ce qu'il faut, des vélos et le tracteur pour se déplacer, mais les vaches, ce sont leurs pattes, et c'est elles qui font notre revenu, alors autant privilégier leur confort de circulation".

A la SCEA du Pessun, les éleveurs ont privilégié, en premier, le confort pour la circulation des animaux et l'acessibilité aux parcelles.

Chez régis le Jallé, des pattes ménagées sur des chemins aménag és Au sortir de la stabulation un chemin large

et bien stabilisé pour les vaches et le tracteur.

COnFOrt De CirCUlatiOn DeS aniMaUx

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32 / 8 juin 2012 DOSSIER

"Mes vaches sont des herbivores, pas des machines à manger du maïs", commence Robert Catheline, éleveur à Vergéal (35). Une réflexion qui l'amène à considérer avec intérêt la gestion de ses herbages et à optimiser ses aires de pâturage. Le siège d'exploitation de "La Chenevetière" est au centre des 33 ha de terres. "Une chance, j'ai toute la latitude pour sortir les animaux", reconnait l'agriculteur. Afin de maximiser la pâture, les 2/3 de la surface sont des zones de prairies. Le reste est réparti entre les cultures de blé et de maïs. "J'effectue une rotation tous les ans afin de conserver la qualité agronomique de mes sols et favoriser la pousse de l'herbe".

De l'organisation et des équipementsLes parcelles sont divisées en paddock de 80 ares. Cette année, l'exploitation en compte vingt-six. "Je change les animaux de zone tous les deux ou trois jours suivant leurs consommations. Je suis seul sur l'exploitation, je m'organise donc pour éviter au maximum les déplacements compliqués", confie Robert Catheline. Par ailleurs, l'agriculteur avoue également avoir investi dans son matériel de clôture. "Je manipule mes vaches tous les jours, je me suis donc équipé il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui, je travaille avec des fils souples, plus faciles et plus agréables à manier". De plus, chaque extrémité est reliée à un enrouleur, "un gain de temps

les clôtures comptent aussi

exploitant sur 33 hectares, robert Catheline, réserve 2/3 de sa surface au pâturage. Seul sur la ferme,

l'optimisation des pâtures et une disposition réfléchie des clôtures s'avèrent essentielles.

l Organiser le pâturage

Le découpage du parcellaire en paddocks permet de consti-tuer des avances d’herbe à pâturer et ainsi de mieux s’adap-ter aux aléas climatiques. Les paddocks étant à des stades de repousse différents, il est plus facile d’apprécier les volumes d’herbe disponibles et de décider des surfaces à faucher en cas d’excédent. De même, le découpage en paddocks est indispensable pour réaliser des stocks sur pied pour l’été.

Découper ses parcelles en paddocksLa réalisation des paddocks privilégie les parcelles homo-gènes en types de sols. Les parties très séchantes ou très humides seront menées différemment. La conduite pourra être adaptée aux conditions météo en choisissant les par-celles à pâturer quand elles sont hétérogènes en portance. En conditions défavorables, la durée de présence en parcelle sera limitée dans la journée (2-3 h/jour).Quelques règles pour la réalisation des paddocks :

l 1 are par vache et par jour correspond aux besoins fourra-gers en pleine pousse au printemps,

l 3 jours de temps de présence moyen par paddock est un bon compromis entre les performances des animaux et l’exploitation de l’herbe.

Exemple : pour un troupeau de 50 vaches, des paddocks de 1,50 ha environ,

l une forme de paddocks évitant les grandes longueurs qui favorisent le piétinement (longueur : maximum 6 fois la largeur),

l la réalisation de deux entrées/sorties par paddock permet de limiter le piétinement en conditions humides.

Quand les parcelles sont trop petites pour être découpées en paddocks, la durée de pâturage doit être bien ajustée pour éviter les pertes ou le pâturage trop ras.Exemple : 1,2 ha pour 50 vaches = 2,4 ares par vache soit 2 journées entières + 1 nuit de pâturage.

Parcelles de jour, de nuit, de week-end…La gestion de parcelles jour et de parcelles nuit est pertinente en cas de terres éloignées ou de route à traverser mais éga-lement pour l’organisation du travail.l parcelles de nuit : 0,4 are/VL/nuit et temps de séjour d’une

semaine (➙ 2,8 ares/VL),l parcelles de jour : 0,6 are/VL/jour et temps de séjour de

3 jours (➙ 1,8 ares/VL).Les parcelles proches peuvent également être priorisées pour la gestion du travail du week-end.

Optimiser l’organisation des parcelles accessibles est la condition sine qua non pour valoriser au maximum les surfaces. le pâturage tournant est recommandé à partir de 25 ares d’herbe par vache. il optimise et sécurise la gestion de l’herbe tout en limitant les besoins de fauche.

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considérable", estime Robert Catheline. Si le matériel est passé au crible, la préparation des bêtes est aussi essentielle pour l'éleveur : "déplacer des génisses qui n'ont jamais vu le jour n'est pas chose aisée… C'est pourquoi, depuis quasiment leur sevrage, les veaux sortent dans une petite prairie aux portes de la stabulation. Là aussi, j'ai découpé la parcelle ce qui permet de les changer régulièrement de place et les habituer au système de l'exploitation".

Un temps rentabilisé"Faire pâturer ses animaux, oui çà prend du temps", avoue Robert Catheline. Et d'ajouter : "cependant, il faut tout comp-ter. Le pâturage c'est aussi la récolte et la distribution !". Réfléchir dans la globalité, ce pourrait-être le leitmotiv de cet éleveur qui souhaite associer bien-être animal et renta-bilité. Pour l'agriculteur, l'autre atout du pâturage est le peu de mécanisation nécessaire. "Un système très économique", révèle-t-il.

Hélène Bonneau

Afin de gagner du temps au quotidien, Robert Catheline a investi dans des enrouleurs, placés à chaque extrémité de ses paddocks. Au cliquetis du fil, les vaches s'approchent de la barrière… "Elles savent que de l'herbe fraîche les attend !", s'enthousiasme l'éleveur.

l Clôturer efficacementBien pensées en fonction de la forme des parcelles et la taille du troupeau, les clôtures doivent aussi faciliter la gestion du pâturage et permettre de gagner en tranquillité et en sécurité, en limitant les risques de divagation des animaux.

Les types de clôtures s’adaptent à l’utilisation des par-celles, y compris quand elles sont en cultures annuelles (maïs, céréales…). On distinguera donc :l les clôtures permanentes. Posées en périphérie

des blocs de culture, elles sont faites pour durer et restent en place quand la parcelle passe en cultures annuelles. Elles sont posées sur des piquets bois. Ceux-ci, bien positionnés en fonction des formes de parcelles, peuvent être de bons indicateurs de surface pour ensuite délimiter les paddocks.

l les clôtures semi-permanentes. Elles délimitent les paddocks dans les blocs de culture et restent en place tant que la parcelle est en herbe. Les piquets flexibles en fibres de verre sont souvent utilisés.

l les fils temporaires. Ils permettent, par la pose de "fil avant" ou "fil arrière", de gérer dans le paddock les journées de pâturage ou même les repas.

en bon état de marchePour garantir le bon fonctionnement d’une clôture, cha-cun des éléments doit être bien choisi et en bon état de marche.l L’électrificateur : sa puissance doit être adaptée à la

longueur de clôture à électrifier. Visez une énergie stockée de 1 joule par km de clôture.

l La prise de terre : visez une longueur d’un mètre par joule délivré par l’électrificateur. Préférez des barres galvanisées qui ne rouillent pas.

l Les piquets d’angle et de porte supportent la plus grande traction, d’où l’intérêt d’utiliser des diamètres de 15 cm et de les fixer en profondeur à 50 cm. Le bois est un bon matériau qui dure.

l Les fils : le fer est un bon matériau, sauf s’il est rouillé ! Privilégiez un gros diamètre (2,5 mm) en départ de ligne et en périphérie de réseau.

Lors de la réalisation des clôtures, ne pas oublier les aspects pratiques.l Des ressorts de traction placés tous les 200 m et des

tendeurs tous les 400-450 m permettent de maintenir la tension du fil,

l La clôture déportée facilite l’entretien mécanique des bords de champs,

l Des accès facilités par des passages d’homme : enter-rer le fil à l’aide d’un câble doublement isolé haute tension.

l Des interrupteurs installés pour électrifier par secteur permettent d’intervenir sans arrêter l’électrificateur et de limiter les trajets.

Construite avec des matériaux solides et adaptés, la clôture doit permettre de gagner en temps de travail, en nécessitant moins de temps d’entretien et en facilitant les interventions.

Philippe Cadoret

… ou pâturage continuDans les systèmes fourragers où le pâturage tient une place réduite (moins de 25 ares d’herbe pâturée par vache), il peut être géré en continu. Dans ce cas, l’organisation du pâturage se limite à une ou quelques parcelles, sur lesquelles on cherche à maintenir une hauteur d’herbe de 6-8 cm tout au long de la saison. Il convient alors de gérer le temps de présence au pâturage (nombre de jours de pâturage à l’année) selon la surface en herbe à la disposition des vaches et le rendement obtenu pour s’assurer d’un bien-faire environnemental.

"la Chenevetière" en chiffres

l 1989, année de l'installation de Robert Catheline,

l 247 000 litres de lait,

l 35 vaches (moyenne de 8 000 litres de lait par vache),

l 33 hectares,

l Moins de 500 kg de concentré par an.

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34 / 8 juin 2012 DOSSIER

POUr gagner DU teM PS

Pourquoi pas un chien de troupeau ?

avec ses 3 lots de vaches au pâturage, la conduite de la ferme expérimentale de trévarez est un peu particulière. Une situation dans laquelle le quad a su se rendre indispensable.

"Le premier quad est arrivé il y a 5-6 ans, se souvient Pascal Le Moal, l'un des 7 salariés de la ferme de Trévarez. Avant, nous avions des VTT". Les VTT ont été remisés, le chien de troupeau a pris de l'âge... et le quad a vite su trouver sa place !

Si éduquer un chien demande du temps, il saura vite se rendre indispensable sur l'exploitation et permettra de gagner en temps et en sécurité, lors des manipulations du troupeau. témoignage à deux voix et 8 pattes.

Le chien de troupeau serait-il une passion contagieuse ? "J'ai longtemps été salarié chez Guy Martinon, éleveur mais aussi formateur, juge et président d'ABC 22, l'as-sociation Border Collie des Côtes d'Armor", raconte Fabien Pietrini qui, très vite, se prend au jeu. "Il m'a donné le virus. Et offert un chien". Un virus qu'à son tour, il transmet à Pascal Gouriou, producteur de lait en Gaec à Squiffiec (22), lors d'une démonstration chez un éleveur. "C'est impression-

a la FerMe De tréva rez

le quad, un auxiliaire précieux

Pour Dominique Rebillard, le réseau d'eau fait partie d'une réflexion globale de rationa-lisation du travail, l'optimisation sur l'exploi-tation du temps étant devenue cruciale au départ en retraite de sa mère. 50 hectares sur les 60 de son exploitation de Plancoët (22) sont maintenant raccordés au réseau, 5 hectares étant trop éloignés et 5 autres rendus inaccessibles par des habitations et une ligne de chemin de fer."Les tuyaux ont été installés avec une sous-soleuse de la Cuma. C'est très rapide et peu coûteux. Je me suis servi des ponts et des embusages existants pour traverser les routes, et fait appel à une entreprise de TP pour le fonçage à deux endroits", explique Dominique. Le réseau principal est enterré, tandis qu'une partie du réseau secondaire est aérienne du fait de certaines terres séchantes et caillouteuses. Les tuyaux font 20 de diamètre, mais l'agriculteur s'est, depuis, rendu compte que le débit est insuf-fisant pour ses parcelles les plus éloignées (plus de 1 km), d'autant que le paysage est vallonné avec quelques terres 15 mètres au-dessus du forage. Les vaches sortent ici tous les jours. L'herbe, qui constitue leur plat unique de la fin avril à la mi-août, a pris une part croissante sur l'exploitation, avec, aujourd'hui, 45 ha. La gestion du pâturage a, par ailleurs, évolué depuis l'installation du réseau d'eau, et que le remembrement a été réalisé sur la com-mune. Un déferriseur a finalement été ins-tallé sur le réseau, affectant le débit d'eau. Or, tous ces changements ont joué sur les réserves d'eau nécessaires au champ.

réfléchir au diamètre des réseaux principal et secondaire"Il aurait été préférable de concevoir un réseau principal de diamètre 25 et le réseau secondaire de diamètre 15. Cela fonctionne quand même, mais la réserve au champ doit être plus importante. A aucun moment, les bacs ne doivent être vides dans la journée, sinon les animaux jouent avec les flotteurs, déplacent les fils, c'est une catastrophe", décrit Dominique, soucieux d'adapter la contenance des bacs à la situation de la par-celle pour que la réserve se constitue com-plètement durant la nuit. "En février-mars, il y a un bac de 600 ou 1 000 litres dans chaque parcelle car les vaches pâturent sur l'en-semble de la sole (parcelles d'herbe avant maïs et dérobées entre deux maïs). L'été, les réserves d'eau doivent être plus impor-tantes. Des petits bacs de 400 ou 600 litres sont additionnés à ceux de 1 000 litres pour les vaches". Et quand, du fait d'un forage un peu décentré, les vaches et les génisses se retrouvent sur la même ligne, il faut aussi prévoir une réserve de 1 500 litres pour les génisses en bout, les vaches puisant conti-nuellement sur le réseau. Pour que le gain de temps amené ne soit pas perdu par une gestion des réserves laborieuse, Dominique a investi au fur et à mesure dans des bacs supplémentaires. Une manière de compenser un débit d'eau pas toujours suffisant, vu l'évolution de son système d'exploitation.

Audrey Dibet

rationnaliser le travail grâce au réseau d'eauDominique rebillard a installé un réseau d'eau en 1997, au moment où le forage a été réalisé sur sa ferme. indispensable pour cet agriculteur gérant seul un troupeau de 60 laitières qui sortent toute l'année, le réseau d'eau aurait pu être selon lui encore plus efficace, si les évolutions de son système avaient été anticipées.

Pour un entretien facilité,

Dominique

l Choisit des systèmes de bac avec vidange rapide : l'entre-

tien et le déplacement des bacs n'en sont que plus effi-

caces.l Utilise des raccords en plastique : un simple couteau suffit

pour le raccordement quand il fallait avant le chalumeau

pour les raccords en laiton, et il n'y a pas besoin de couper

l'eau quand il y a peu de pression dans le tuyau.

l A installé plusieurs vannes sur le réseau pour mieux dé-

tecter des fuites, faciliter les réparations ou l'installation

des bacs. l A toujours un raccord dans la boîte à outil du tracteur.

Le réseau d'eau couvre 50 des 60 hectares de l'exploita-tion de Dominique Rebillard.

Page 9: élevage laitier les bonnes pistes pour un parcellaire maîtrisé

35/ 8 juin 2012

POUr gagner DU teM PS

Pourquoi pas un chien de troupeau ?nant de voir comment un chien peut faire évoluer un troupeau, dans le calme".

Prendre son temps...Voilà un an que Gitane est arrivée chez lui. Première étape : lui construire un che-nil. "Indispensable ! Quand il ne travaille pas, le chien de troupeau ne doit pas divaguer", précise Fabien Pietrini. "Mais, dès que je peux, j'emmène Gitane avec moi, rajoute Pascal Gouriou. Y compris en voiture, pour couper du bois pendant l'hiver, ou lors des fêtes de famille". Une façon de la sociabiliser, de lui apprendre à rester à proximité de l'éle-veur. "J'en profite pour faire quelques petits réglages d'éducation".Arrivé sur l'exploitation à l'âge de 2 mois, le chien va commencer à travailler à 6 mois. "On lui apprend la laisse. Puis quelques ordres : coucher, viens...", détaille Fabien Pietrini. Puis vient le premier contact avec

les animaux. "Souvent des génisses parquées. Et cha-cun de son côté de la bar-rière". Là, il apprendra la droite et la gauche, le stop, à se coucher, à se placer... Mais difficile de donner des indications d'âge : certains chiens se déclenchent à 6 mois, d'autres à un an. "Pour bien éduquer un chien, il faut prendre son temps. Et ne pas hésiter à s'inscrire à une formation : on ne naît pas dresseur de chien". Un chien qui poursuivra son apprentissage jusqu'à l'âge de 3 ans. "En fait, on en a jamais fini, estime Fabien Pietrini. Il apprend toute sa vie". "Et il obéit aussi aux autres : à mon associé, les stagiaires...", apprécie Pascal Gouriou.

… Pour en gagnerSortir les vaches des logettes en hiver, les ramener du champ "quand il fait nuit ou qu'il y a du brouillard, sans en oublier une seule", les pousser pour sortir de la

salle de traite, changer de parcelle aux génisses, char-ger la bétaillère... Si Pascal Gouriou reconnaît gagner du temps au quotidien, le chien de troupeau lui permet aussi de nouer d'autres relations avec ses bovins. "Je suis plus proche de mes bêtes. Désormais, c'est le chien qui a le mauvais rôle. Moi, je suis le protecteur". Et elles sont plus faciles à manipu-ler. "Seul, je peux mener mes 90 vaches où je veux : plus besoin de ficelles. Et les vaches ne restent plus brou-ter au bord du chemin !" Un

seul regret, "celui de n'avoir pas acheté de chien plus tôt. C'est tellement de stress en moins !"

Chantal Pape

Chercher les vaches"Le troupeau de 140 laitières est divisé en 3 lots, pour mener à bien nos expérimen-tations, rappelle Guillaume Le Gall, l'un des vachers. Un lot à dominante maïs, avec 15 ares d'herbe par vache, un lot herbe, avec 40 ares par vache, et un lot qui sera trait au robot". 3 lots et autant d'allers-retours au champ, matin et soir, au moment de la traite. "Quand les vaches sont dans les parcelles les plus éloignées, à 1,6 km des bâtiments, un de nous est sur les chemins pendant que l'autre est à la traite". Et le quad rend alors bien ser-

vice ! "En pleine période de vêlages, nous y attelons une remorque et il nous sert à ramener les veaux au bâti-ment". Et c'est aussi en quad qu'ils vont avancer le fil pour les laitières.

10 à 15 km/jourAvec une SAU de 185 ha, le parcellaire de Trévarez est relativement éclaté. C'est donc en voiture que les sala-riés font, le plus souvent, le tour des lots de génisses. Et avec le godet du tracteur qu'ils font les clôtures. Mais, au quotidien, le quad leur fait gagner un temps précieux. "Il y a quelques années, on

avait estimé qu'il parcou-rait 10 à 15 km par jour, indique Pascal Le Moal. Depuis, je pense que ça a encore augmenté". Et, hor-mis les 3 mois d'hiver, où il reste au garage, le quad est aujourd'hui indispensable à

la bonne marche de l'exploitation. "Quand il part en révision pour un ou deux jours, il nous manque". Avec, quand même, un petit bémol ! "Il ne faut pas oublier de faire très attention : un accident est vite arrivé !"

Chantal Pape

a la FerMe De tréva rez

le quad, un auxiliaire précieux

Après l'effort, le réconfort, pour Binic ! En cette chaude journée de mai, rien ne vaut un petit bain de pattes après avoir couru après deux veaux récalcitrants !

Fabien Pietrini, salarié agricoleet Pascal Gouriou, producteur de lait, avec Binic et Gitane, la mère et la fille.

Guillaume Le Gall, l'un des 7 salariés de Trévarez, l'avoue bien volontiers, "on aurait du mal à se passer du quad".

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l Organiser les troupeaux et les cultures

La recherche de la bonne combi-naison passe d’abord par l’ajus-tement de la surface consacrée au lait : c’est la production qui dégage la meilleure valeur ajou-tée, elle est prioritaire dans la gestion des surfaces. L’accessibilité donne le choix du menu et des parts de pâture et de maïs. La gestion séparée des vaches taries peut permettre de moduler la part de pâturage dis-ponible pour les vaches traites. Une bonne accessibilité laisse la possibilité de rotations prairies temporaires/maïs/céréales favo-rables à l’expression des poten-tiels, à l’économie des intrants et à la gestion environnementale.

L’objectif est ensuite de valori-ser les parcelles obligatoires en herbe dans les différents îlots de l’exploitation (prairies, pentes, parcelles de petites tailles ou

difformes, parcelles de faible potentiel…). Les îlots parcel-laires sur lesquels on accepte de mettre des animaux sont à bien définir en tenant compte des sur-faces concernées, des distances, des points d’eau, des possibili-tés de valoriser des dérobées. L’important est alors de combi-ner les lots d’animaux pour limi-ter le nombre de fois où ils seront déplacés sur l’année. Quand les surfaces obligatoires en herbe sont supérieures aux besoins des génisses de renou-vellement, le choix d’animaux supplémentaires reste à réa-liser. Les génisses élevées au delà du renouvellement pourront être vendues en amouillantes ou servir à agrandir le troupeau si la référence laitière stable ou ponctuelle évolue. Les bœufs en complément peuvent être élevés en même temps que les génisses et valoriser plus facilement les parcelles difficiles et les déro-bées, les surplus d’herbe.

L’organisation des cultures annuelles permet de gagner en temps de travail sur les condui tes cu l tura les , les labours, les récoltes. Un par-cellaire bien structuré réduit les charges de mécanisation liées aux cultures. Si la taille des par-celles n’influence plus le temps

de travail à l’hectare à partir de 4 ha, ce temps augmente for-tement pour les surfaces de cultures inférieures à 2,5 hectares.

Quand le parcellaire est éclaté, l’organisation des cultures par secteur, facilite les conduites culturales, la gestion environ-nementale (fertilisation orga-nique, désherbage, implantation de dérobées) et les chantiers de récolte. Elle limite les temps de trajet. Quand les îlots comportent des parcelles en herbe, il est pos-sible de définir les formes des parcelles de culture : l’effet forme est important pour les machines devant travailler en lignes pour optimiser les conduites. Pour les parcelles très éloignées, il peut parfois être judicieux de déléguer les travaux de culture.

La construction de cette combi-naison optimale doit répondre aux objectifs d’entreprise et aux aspirations personnelles. Dans cette réflexion, la maîtrise des charges opérationnelles et des investissements matériel et bâti-ment demeure essentielle. Le respect du cadre environnemen-tal et la maîtrise du travail sont également prépondérants.

André Queffélec

la structure foncière est spécifique à chaque exploitation. l’éleveur devra rechercher la combinaison optimale entre les productions de lait, viande et cultures pour valoriser pleinement les surfaces disponibles, optimiser le résultat économique et faciliter le travail.

36 / 8 juin 2012 DOSSIER

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37/ 8 juin 2012

"Ici, le parcellaire n'est pas vraiment adapté aux cultures". C'est ce qui a décidé Jean-Charles Tymen et Philippe Stéphan, asso-ciés en Gaec depuis 1998, à lancer un atelier de bœufs Holstein et croisés, élevés à l'herbe. "Avec les génisses de renouvellement, ils valo-risent les parcelles les plus éloignées des bâtiments". De leur côté, les 72 à 75 lai-tières bénéficient de 33 ha facilement accessibles. "Il s'agit plus souvent de 26-28 ha, précise Jean-Charles Tymen. Car, quand on refait les pâtures, on en profite pour y cultiver du maïs ou des céréales pendant un an". Ce qui donne une surface de 35 à 40 ares/vache.

Miser sur l'herbeEngagée dans la mesure SFEI, surfaces fourragères économes en intrants, l'ex-ploitation cherche à valoriser l'herbe au maximum, sous forme pâturée ou stockée. "Le tiers de la ration hiver-nale des vaches est constitué d'herbe. De l'enrubanné l'an passé, de l'ensilage à l'au-tochargeuse cette année", détaille l'éleveur. Et, au fil du temps, le calendrier des vêlages s'est calqué sur la pousse de l'herbe. "Avant, les vêlages avaient lieu d'août à

octobre. Désormais, ils sont répartis en deux saisons : de début mars à mi-mai puis de début août à fin octobre".

4 lots au pâturageAu Gaec de Saint Avé, le pâturage est organisé en 4 lots. "Tous les animaux en première saison de pâturage, renouvellement ou viande, sont ensemble sur un îlot de 5 ha. Les parcelles y sont petites et abritées ce qui est un avantage pour de jeunes animaux. Et, quand il n'y a plus assez d'herbe, on enlève les plus âgés". Les grandes génisses et les bœufs se retrouvent, en 2 lots, sur un îlot de 15 ha. La mise à l'herbe des lai-tières a lieu entre le 10 et le 15 février. Les taries rejoignent alors le trou-peau viande. Et les vaches sont peu nombreuses, à un

moment où l'offre d'herbe est peu abondante. "Au moment de la pleine pousse, les vêlages ont eu lieu. Le troupeau viande s'est réduit. De nombreuses parcelles de l'îlot de 15 ha sont réser-vées à la fauche. Et les lai-tières valorisent toute l'herbe disponible". Quelques temps plus tard, alors que la pousse de l'herbe ralentit sur ces terres séchantes, le tarissement d'une bonne partie du trou-peau permet de diminuer la pression sur les parcelles des laitières. Et de différer le recours aux stocks. "C'est un système qui nous oblige à beaucoup travailler avec la bétaillère. Mais les animaux y sont habitués très jeunes et tout se passe bien. Souvent, d'ailleurs, un seul d'entre nous se charge des déplace-ments d'animaux".

Surveiller les génissesSi le troupeau viande ne se retrouve jamais sur les par-celles des laitières, quelques génisses y viendront en fin de saison de pâturage, afin de les nettoyer. "C'est le lot des génisses à inséminer : il est plus facile de les surveiller quand elles sont à proximité des bâtiments". Les veaux nés de mars à mai rentrent en bâtiment à l'automne. Par contre, ani-maux à viande et génisses vont passer l'hiver dehors. "Sauf celles à inséminer en janvier-février, toujours pour faciliter la surveillance". Répartis en petits lots, de 7 à 10 animaux, ils auront accès à un râtelier sur les prairies à défaire au printemps, les dérobées après céréales...

Chantal Pape

aU gaeC De Saint avé (29)

les lots s'adaptent au parcellaire

Pour valoriser au mieux un parcellaire morcelé et des terres peu propices aux cultures, le gaec de Saint avé a privilégié l'herbe. et élève tous les ans un lot de bœufs.

Tous les ans, Jean-Charles Tymen réserve un îlot éloigné des bâtiments

aux génisses de renouvellement et à quelques bœufs à l'engrais.

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