Lettre d'information IDAY - Hiver 2015

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Rubriques : - Les nouvelles du réseau - Éducation et migrations en Afrique - L'entretien avec Collins Nweke - Agissons ensemble pour assurer l'éducation de la jeunesse africaine !

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NewsletterHiver 2015

- La vie du réseau IDAY- Éducation et migrations en Afrique- Entretien avec Collins Nweke- Agissons ensemble pour assurer l’éducation de la jeunesse africaine !

Rubriques

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Porte-voix pour l’éducation en Afrique

Éducation et migrations en Afrique

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www.iday.orgIDAY p. 2 / Hiver 2015

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Sommaire

2 - Mot du Président d’IDAY3 - Actualités IDAY-International4-5 - Migrations et éducation6-7 - Entretien avec Collins Nweke8 - Agissons ensemble pour assurer l’éducation de la jeunesse africaine

A propos d’IDAY

IDAY-International est un réseau de plaidoyer regroupant les associations de la société civile africaine oeuvrant pour l’éducation.

IDAY-International se bat pour le droit de tous les jeunes Africains à une éducation de base de qualité en encourageant un dialogue constructif entre la société civile africaine et ses gouvernements.

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IDAY-International 19, rue des Jambes - 1420 Braine-l’Alleud - Belgique Editeur Responsable : J-J. SchulRédacteur en chef / graphiste : L. FourmentinTél. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] bancaire : IBAN - BE 93 5230 8026 6767BIC - TRIOBEBB (TRIODOS).

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IDAY

Mot du Président d’IDAY

Chers amis et partenaires d’IDAY,

Les événements dramatiques survenus en Europe en cette fin d’année ont quelque peu éclipsé une réalité plus profonde et plus tragique : les drames migratoires venant d’Afrique sub-saharienne persistent voire s’accentuent, accompagnés de milliers de morts dans les déserts, en mer ou sur le territoire de l’Union européenne.

Ces migrants répondent au déséquilibre persistant entre l’extrême pauvreté de cette région d’Afrique et l’extrême richesse de l’Occident mais également au manque de respect des droits humains fondamentaux dans de trop nombreux pays africains.

En cette période de fin d’année qui est aussi celle de l’espoir d’un monde meilleur, espérons que les personnes de bonne volonté sauront éviter les réactions de repli sur soi et faire preuve de solidarité envers ceux qui cherchent désespérément, souvent au péril de leur vie, à faire valoir ces droits universels et fondateurs d’une société plus juste.

Que ceux et celles qui ont aidé IDAY à défendre ces principes en 2015 trouvent ici mes remerciements les plus sincères pour leur générosité. Nous espérons continuer à recevoir leurs encouragements indispensables pour poursuivre notre action avec la société civile africaine et réussir à créer un environnement favorable pour l’épanouissement de sa jeunesse.

Au nom de tous les membres et personnel du réseau IDAY, je vous souhaite un très joyeux Noël et une bonne année.

Jean-Jacques SchulPrésident-fondateur d’IDAY-International

Centre Bokolisi à Kinshasa

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www.iday.org IDAY p. 3 / Hiver 2015

Actualités / IDAY-International

Séminaire régional des travailleurs domestiques Le séminaire régional de plaidoyer en faveur des travailleurs domestiques en Afrique de l’Est et RDC a réuni des délégués de plus de 5 pays de la région, autour des questions de protection légale des travailleurs domestiques et de leur accès à l’éducation.

50 personnes ont participé à cet événement de deux jours, notamment des représentants du Ministère rwandais du Travail, la Chambre des Députés, Workforce Development Authority (WDA), CESTRAR, UNICEF, Union européenne, Transparency International, FAWE, l’Union ougandaise des travailleurs des Hôtels, Restaurants et Tourisme, ainsi que de nombreuses ONGs locales ou internationales de la sous-région, SOS Village d’enfants, Benimpuhwe, Midefehops, YWCA, Terre des Hommes, PLAN International, etc.

Les conclusions du séminaire vous seront bientôt partagées. Vous pouvez d’ores et déjà consulter les présentations nationales des résultats d’enquête (Jour 1) et les photos de l’événement sur notre site www.iday.org.

Timbres IDAYDans le cadre du projet des travailleurs Domestiques, IDAY a produit des timbres basés sur la série de photographies réalisées par Rosalie Colfs.

Vous pouvez les commander en envoyant un email à [email protected]. Le prix est de 25 € pour 20 timbres.

Visite de coordination auprès d’IDAY-Cameroun

La Coordinatrice d’IDAY a effectué en novembre la 2ème visite de coordination et suivi d’IDAY-Cameroun depuis l’adhésion de la coalition au réseau.

Elle a pu rencontrer plusieurs membres d’IDAY-Cameroun ainsi que divers acteurs des secteurs de l’éducation, de la gouvernance et de la société civile au Cameroun. Malgré la catégorisation du Cameroun comme pays non prioritaire en termes d’allocation des fonds de la communauté internationale, celui-ci fait toujours face à d’important défis, tant en termes d’amélioration de la qualité de l’éducation que de persistances des obstacles à l’éducation tels que le VIH/Sida ou la présence de Boko Haram.

IDAY-Cameroun entend aider à les relever en rassemblant les associations de la société civile camerounaise pour un dialogue constructif avec les autorités. La visite a aidé à identifier des possibles partenariats ainsi que des pistes en termes de renforcement organisationnel et stratégique afin de donner plus d’impact aux activités de la coalition.

Échanges entre jeunes pour planter de l’Artemisia annuaElizabeth Nyadimo a aidé de septembre à décembre 2015 les écoles de « Hello » et de « San Poli » au Burkina Faso combinant 520 élèves et 15 enseignants à lancer la culture d’Artemisia Annua. Malgré des débuts difficiles, les pépinières ont enfin réussies et les plants seront prochainement mis en pots pour ensuite être transplantés en champs.

Elizabeth a également participé à une formation sur l’Artemisia annua organisée par la « Maison de l’Artemisia » pour une quinzaine de personnes dont 8 d’IDAY, y compris les représentants du Bénin et du Togo. Elizabeth a pu y initier les participants à la propagation par bouture.

La culture de l’Artemisia annua est délicate et les échecs nombreux, surtout au départ. IDAY organise donc des échanges d’étudiants qui ont acquis une expérience avec cette plante pour aider les écoles durant leur première année d’expérimentation. Cette mission a été en partie financée grâce au soutien du Fonds Anton Jürgens.

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© IDAY 2015-Sénégal

IDAY p. 4 / Hiver 2015

Migrations fatales... ou vitales ?

Une coopération au développement défectueuse

Deux questions se posent immédiatement :

- Pourquoi, malgré des volumes considérables d’aide au développement octroyés aux pays d’Afrique depuis plus de 50 ans (jusqu’à 30% du PIB de certains pays), la différence de revenus par habitant entre l’Afrique et le reste du monde reste-t-elle aussi importante ?

- Pourquoi de nombreux pays sur le continent africain échouent encore aujourd’hui à assurer des services de base de qualité pour l’ensemble de leur population, malgré des taux de croissance économique appréciables et les appuis budgétaires qu’ ils reçoivent ?1

L’afflux de plus en plus massif de migrants venant de ces pays restés pauvres est la preuve tragique de l’échec de la «coopération» telle qu’elle reste pratiquée aujourd’hui :

- Comme le rappelle Otto de Habsbourg (longtemps Président de la Commission Développement du Parlement européen), on sait depuis 1962 que l’aide publique versée à des gouvernements clientélistes et peu soucieux des droits fondamentaux de leur population n’est pas seulement inutile; elle est, à de nombreux égards, néfaste. Elle maintient en place des dirigeants qui, au pire freinent, au mieux ne favorisent pas le développement équilibré de leur pays et entravent les dynamiques démocratiques indispensables à ce processus.

1 À cet égard, le bilan des Objectifs d’Éducation pour Tous qui sont arrivés à échéance cette année est très préoccupant : la grande majorité des 54 pays du continent africain ne les atteignent pas, y compris l’objectif d’éducation primaire pour tous !

- D’autre part, plusieurs économistes ont décrit le « dilemme du Samaritain » comme un autre effet contre-productif de la coopération au développement actuelle : elle décourage les gouvernements locaux à intervenir et investir dans les secteurs privilégiés par les donateurs étrangers - dont les services sociaux de base.

- Enfin, les réseaux Reality of Aid et Eurodad ont mis en évidence que plus de 2/3 de l’aide n’atteint jamais les destinataires finaux, que 70% de l’aide publique continue à soutenir des régimes non-démocratiques et que les mouvements financiers illicites font que l’Afrique exporte plus d’argent qu’elle n’en reçoit. Or, depuis 50 ans et malgré les révélations répétées d’échec, rien ne change réellement.

Philanthropie vs charitéIl en est même pour la plupart des dons privés de donateurs charitables, y compris de la diaspora africaine.

Souvent concentrés sur des projets isolés créant des îlots de mieux-être dans un contexte général d’inégalités, ces interventions émanent de bonnes intentions (et le principe de solidarité qui les sous-tend doit être encouragé), mais telles quelles, elles ne changent pas fondamentalement les conditions de vie de la majorité et peuvent même avoir de effets pervers.

Elles alimentent elles aussi une vision déformée de la réalité de l’ « autre » : ceux qui, d’un côté, n’auraient d’autre choix que de se reposer sur une aide extérieure ; et ceux qui, de l’autre, vivraient dans une société d’opulence. Ces conceptions conduisent de nombreux jeunes à « sous-estimer le potentiel de l’Afrique », selon les mots de Lionel Zinsou2 , Premier ministre du Bénin, et à voir en l’Europe la seule issue possible pour une vie meilleure.

2 Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/09/12/afrique-al-lers-retours_4754182_3232.html

En août 1999, deux jeunes Guinéens, Yaguine et Fodé, tentaient une traversée vers l’Europe cachés dans le train d’atterrissage d’un avion. Ce voyage clandestin leur sera fatal. Ils portaient sur eux le message d’une jeunesse africaine en quête de respect, d’un futur digne et appelant l’Europe à l’aide. Si ce message a ému les Nations Unies à l’époque, 16 ans plus tard, c’est par dizaines de milliers que des jeunes Africains meurent au cours de migrations périlleuses...

Cet exode sanglant fait tristement écho au massacre des jeunes de Soweto le 16 juin 1976 ; eux qui ont payé de leur vie pour mettre fin à l’apartheid. Pourquoi l’Afrique et l’Europe échouent-elles encore à répondre à cette jeunesse qui manifeste à la fois sa perte de confiance dans ses gouvernements et son refus de se résigner - souvent au prix de sa vie ?

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Europe forteresse et migrations intra-africainesFace à ce phénomène logique et inéluctable, la réaction de l’Europe et des pays « développés » en général, relève du syndrome de la citadelle assiégée. Les mouvements migratoires vers ces pays sont présentés non seulement comme une menace économique, mais aussi comme une atteinte existentielle à leur identité culturelle, politique, sociale.

C’est oublier que depuis le 16ème siècle, les Européens ont tiré des avantages incommensurables de la globalisation de l’économie et du système de marchés ouverts. Il serait donc logique que l’Europe d’aujourd’hui admette la libre circulation des personnes vers son propre territoire, en évitant l’écueil de l’immigration « choisie »3. C’est également omettre que la Déclaration Universelle des droits de l’Homme reconnait le droit fondamental à l’émigration (Article 13.2).

Soulignons enfin que la vaste majorité des mouvements migratoires de citoyens africains se font entre pays africains. L’Europe n’est la destination que d’une infime partie des migrants. Les migrations infrarégionales africaines ne sont pas que la conséquence de conflits et de catastrophes diverses. Elles sont surtout porteuses d’une dynamique générale de développement bénéfique à l’ensemble du continent - tout comme la mobilité intra-européenne pour le vieux continent.

Le philosophe John Rawls nous dit que la liberté de chacun dépend du niveau de liberté de celui ou celle qui en a le moins. Par liberté, il entend l’accès aux moyens qui permettent à chacun d’exploiter ses potentialités humaines. En d’autres mots, la liberté de chacun est nécessairement définie par le manque de liberté des plus démunis, parmi lesquels ces jeunes Africains qui quittent le continent par milliers.

Cela se constate aujourd’hui à travers la crise sécuritaire qui traverse de nombreux pays développés. Il est donc clair que les défis auxquels se heurtent la jeunesse africaine aujourd’hui sont un enjeu et une responsabilité pour l’ensemble du monde, sans quoi la liberté dont jouissent les autres pays risque de s’amenuiser.

La fraternité est la condition nécessaire pour assurer l’harmonie entre les objectifs d’égalité et de liberté qui sont le fondement d’une société mondiale juste.

3 Sélectionner les étrangers sur la base de leurs compétences comporte en effet le risque de priver les pays en développement de ressources humaines indispensables, et donc de creuser encore davantage les inégalités entre pays.

Que faire alors ? Tout d’abord, les contribuables européens doivent exiger de la coopération au développement et des actions de solidarité avec l’Afrique qu’elles s’attaquent réellement et efficacement aux problèmes. Au-delà de la lutte contre les détournements, il s’agit surtout de s’assurer que l’argent soit destiné à défendre les droits fondamentaux des populations visées et ne soutiennent pas des gouvernants qui ne démontrent pas leur détermination à améliorer le sort de leur population.

Quant aux donateurs privés, Abigail Disney4 insiste avec raison pour qu’ils cessent de s’imaginer que la solution au défi du sous-développement viendra de la charité. Pour être utile, la philanthropie doit viser les causes profondes du sous-développement sur le long terme. En particulier, renforcer la capacité de la société civile locale à décider elle-même son avenir et à exiger de ses gouvernants qu’ils travaillent à l’intérêt commun.

Le récent prix Nobel d’Économie, Angus Deaton, lui a fait récemment écho : les résultats de ses travaux démontrent que l’aide étrangère a dans l’ensemble un effet négatif sur le développement économique des pays bénéficiaires. Il en conclut que seule l’aide qui contribue à rapprocher les gens de leur gouvernement peut être utile.

Ce que demande la jeunesse Africaine, c’est le respect des solutions qu’elle veut apporter sur son continent en coopération avec ses gouvernants.

L’Afrique sera d’ici 50 ans le plus grand réservoir de jeunes au monde avec plus de 1,3 milliards de jeunes de moins de 24 ans.

Cette jeunesse n’est pas un fléau, mais au contraire le plus gros atout pour le présent et l’avenir du continent. Elle explose de créativité et d’esprit entrepreneurial, et ne devrait pas se sentir contrainte à l’émigration vers le « monde développé » pour réaliser ses ambitions.

Il est de la responsabilité des dirigeants africains de regagner la confiance de ces jeunes, en leur garantissant les opportunités et les services publics auxquels ils ont droit - à commencer par une éducation de qualité pour tous.

À ces conditions, nul doute que, comme l’affirme Lionel Zinsou, « l’Afrique va étonner le monde ».

4 Voir : http://issuu.com/iday-international/docs/newsletter-au-tomne2014-web-fr

IDAY p. 5 / Hiver 2015

Manifeste IDAY

© IDAY 2015-Afrique du Sud

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www.iday.orgIDAY p. 6 / Hiver 2015

Entretien avec Collins Nweke

Les questions de migration et d’éducation en Afrique sont liées à bien des égards : les effets des migrations intra-africaines sur les systèmes éducatifs nationaux, l’utilisation des transferts de fonds pour parrainer l’éducation des proches, la fuite des cerveaux, le retour des élites instruites...

Comment appréciez-vous l’ impact des migrations sur la réalisation d’une éducation de qualité en Afrique : est-ce plutôt une opportunité ou une menace ? Le changement démographique en Afrique provoqué par la migration, y compris la migration Sud-Sud, a un impact sur la qualité de l’éducation sur le continent. Que ce changement représente une menace ou une opportunité dépend de la façon dont il est géré. Si une approche purement réactive est adoptée par les gouvernements africains, en plus d’autres problèmes existants bien connus, alors bien sûr le continent est condamné en ce qui concerne l’éducation. Ce n’est sans doute pas ce que la majorité des gens veulent. Comment donc pouvons-nous assurer que le changement démographique actuel et inévitable, en particulier la croissance de la population, soit convertie en opportunités non seulement pour l’Afrique, mais pour la communauté internationale dans son ensemble? Une approche proactive est le message et la planification en est la clé.

Mais d’abord, penchons-nous sur les faits. Les estimations de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) montrent que d’ici la fin 2015, l’Afrique sub-saharienne sera témoin d’une augmentation de la population de 36,9 % ce qui correspond à 41,1 millions d’enfants et d’adolescents d’âge scolaire en plus. Les pays de cette région doivent non seulement permettre l’accès aux écoles et former des enseignants pour tous les enfants déjà nés, mais ils doivent également augmenter la capacité du système de formation continue pour accueillir la population en constante augmentation.

En tant que conseiller à la municipalité d’Ostende en Belgique disposant d’une infrastructure de scolaire bien développée, je sais par expérience combien nous luttons lorsque nous sommes confrontés à l’accueil de centaines de réfugiés ou de demandeurs d’asile. Je peux donc imaginer à quel point ce serait difficile si nous devions augmenter de plus d’un tiers la capacité de notre système éducatif local sur la même période de temps que l’Afrique doit maintenant le faire. Je dis cela simplement pour souligner le défi énorme mais surmontable qui est à venir.

L’investissement privé dans l’éducation pourrait être la clé pour le développement actuel de l’Afrique. Le gouvernement a le rôle le plus crucial qui soit car il doit fournir l’environnement favorable dans lequel tous les acteurs, publics et privés, peuvent fonctionner. Personnellement, je pense qu’un réacheminement de l’envoi de fonds de la diaspora, qui est

IDAY a pu s’entretenir avec Collins Nweke sur les thèmes de l’éducation et des migrations, sur le rôle de la diaspora et l’état actuel de la coopération au développement.

Monsieur Nweke a eu la gentilesse de répondre à nos questions :

source : nigeriacamera.net

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www.iday.org IDAY p. 7 / Hiver 2015

énorme et augmente chaque année, est l’un des domaines sur lequel les gouvernements africains doivent se pencher pour aider au financement de l’éducation. La mise en place d’un fond de la diaspora pour l’éducation par les gouvernements africains doit être prise en considération. La diaspora africaine va certainement apprécier l’idée de mettre en commun leurs ressources pour un fond, ce qui facilitera les investissements dans l’éducation tout en offrant des rendements modestes pour leur investissement.

En outre, je sais que certains professionnels de la diaspora africaine dans l’enseignement et la gestion de l’éducation seront heureux de passer leurs congés sabbatiques à aider et combler l’écart professionnel créé par la croissance démographique et le déficit d’enseignants. Aussi l’aide publique au développement (APD) pourrait être réorientée de telle sorte que les ONG puissent prendre en charge davantage de budgets bilatéraux et encourager les programmes d’échanges de professeurs et d’élèves entre pays développés et pays émergents ou en développement.

Inversement, est-ce que les lacunes des systèmes éducatifs de nombreux pays africains encouragent la migration massive de la jeunesse africaine hors du continent africain ? (voir l’exemple de Yaguine et Fodé)Il ne fait aucun doute que la négligence continue dans le système éducatif en Afrique par les gouvernements successifs et le manque de vision à long terme a conduit à une baisse massive de la qualité de l’éducation. Elle a également ouvert les vannes de l’investissement privé dans l’éducation pour aider à satisfaire la demande très forte des Africains pour une éducation de qualité, que malheureusement les gouvernements africains ne fournissent plus à travers les écoles publiques.

Une éducation de qualité est donc devenue indisponible et lorsqu’elle est permise par l’investissement privé, elle est inabordable pour l’Africain de de base. L’un des impacts négatifs de cette situation est en effet la migration massive des jeunes Africains qui quittent le continent à la recherche d’une éducation de qualité, mais aussi d’un meilleur avenir pour eux-mêmes. Le cas de Yaguine et Fodé reste une plaie ouverte dans la conscience de la communauté internationale.

Est-ce que le niveau d’éducation a une influence sur la décision d’émigrer? Est-il plutôt incitatif ou dissuasif ?Je ne suis pas sûr que le niveau d’éducation ait un grand rôle à jouer dans la décision de migrer hors d’Afrique. Toutefois, il est connu qu’il y a plus d’immigrants africains peu éduqués

dans les pays occidentaux que de très instruits. Mais il y a un nombre important de migrants africains instruits ici en Europe, aux États-Unis et dans les pays émergents d’Asie. Les pays occidentaux sont devenus un dépôt pour les compétences des migrants africains mieux éduqués, offrant de meilleures conditions de rémunération en particulier dans les secteurs en voie de disparition comme la santé et les services sociaux. Les personnes peu instruites ont tendance à prendre plus de risques et migrent souvent en désespoir de cause, avec des conséquences dévastatrices.

Quelle devrait être la priorité des priorités pour prévenir les migrations illégales - et souvent mortelles ? Qui est responsable pour traiter cette question ?Relever les défis de la migration doit être une responsabilité partagée. Je suis sûr que l’Europe a pris conscience de la réalité du problème : vous ne pouvez pas répondre à la migration illégale tout simplement en renforçant les lois migratoires ou en construisant au niveau des frontières des murs plus élevés. Ces mesures ne font qu’augmenter le niveau de risques que les migrants Africains encourent, comme nous avons pu voir avec Yaguine et Fodé, mais aussi avec des milliers d’autres qui ont péris en mer ou qui sont morts dans le désert du Sahara en essayant de rejoindre l’Europe. Les législateurs européens, qui partagent un idéal d’une humanité partagée, devraient se lever contre ces lois draconiennes car elles ne sont pas efficaces à long terme et, à court terme, leurs effets mortels sont évidents.

Tout comme il n’est peut être pas judicieux d’avoir une approche complètement ouverte des frontières, une politique migratoire plus claire et plus humaine est urgente. Des mesures telles que celle annoncées récemment par l’Union européenne pour soutenir financièrement les gouvernements africains avec environ 2 milliards d’euros pour traiter les causes profondes de la migration sont bonnes mais insuffisantes. Chaque pays de l’UE devraient suivre l’exemple de l’Espagne et mettre des fonds de contrepartie à disposition.

Je crois aussi que le temps est venu pour une réduction de l’aide bilatérale et l’augmentation de l’aide au développement indirect, qui est le financement des organisations non-gouvernementales qui sont connues pour être très efficaces pour relever les défis de développement en Afrique. Un exemple en est le déploiement de l’assistance technique au développement. Je suis fermement convaincu que les ONG devraient être engagés pour mener à bien des analyses des besoins approfondies afin de déterminer précisément où les fonds devraient être acheminés plus efficacement avant que les dépenses de l’APD ne soient réalisées.

Entretien / Collins Nweke

* Collins Nweke a servi comme Chef de la direction et plus tard comme Président de la diaspora nigériane en Europe. Il est analyste en affaires internationales pour plusieurs médias africains et poursuit actuellement son 2ème mandat en tant que législateur municipal au Conseil de la Ville d’Ostende en Belgique.

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T R I O B E B B

IDAY International19, rue des Jambes

N E W S 1 5

1420 Braine-l’Alleud

AGISSONS ENSEMBLE POUR ASSURER L’ÉDUCATION DE LA JEUNESSE AFRICAINE ! IDAY regroupe aujourd’hui plus de 570 organisations de la

société civile présentes dans 19 pays africains et qui œuvrent pour garantir l’accès à une éducation de base de qualité pour tous les enfants et les jeunes en Afrique.

Le réseau IDAY agit collectivement depuis la base pour encourager le dialogue et la coopération entre les citoyens et leurs autorités. Concrètement, cela se traduit par les actions de plaidoyer, des campagnes régionales (sur les travailleurs domestiques, les mineurs en prison, les jardins scolaires et l’Artemisia Annua) et des initiatives locales peu coûteuses, répondant à de réels besoins et ayant un impact durable.

Nous avons absolument besoin de votre aide pour poursuivre nos efforts en matière d’éducation.

Nous vous proposons de nous soutenir :✴De manière financière : par un don unique (20€, 50€, 100€ ou

plus*), par un don annuel ou un ordre permanent mensuel ;✴En suggérant un geste solidaire avec vos amis et vos proches ;✴En nous aidant lors de nos actions lors d’une campagne

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✴En améliorant notre visibilité, par exemple en vous abonnant àla page Facebook d’IDAY et en relayant nos messages.

N’hésitez pas à contacter l’équipe d’IDAY pour plus d’informations sur nos activités et pour contribuer à nos actions.Grâce à votre générosité, nous pourrons continuer à soutenir la scolarisation de plus de 260 000 enfants et jeunes en Afrique.

Jean-Jacques Schul Président

TOUS LES ENFANTS ONT LE DROIT D’ACCÉDER à UNE ÉDUCATION DE BASE ET DE qUALITÉ. IDAY ExISTE CAR BEAUCOUP TROP D’ENTRE EUx EN SONT TOUJOURS PRIVÉS.

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