Lettre des paysages · 2018. 12. 22. · [email protected] ; tel 04 73 95 32 64. 27,28,29...

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la feuille En vallée de l’Ance, et comme dans d’autres régions du Massif cen- tral, tout le paysage semble se jouer entre une alternance d’espaces ouverts et le confinement des bois, des forêts ou de ce que l’on appelle les “timbres-poste” : ces petits morceaux qui ont l’air de s’être détachés, on ne sait comment, des grands massifs boisés qui encadrent la vallée. L’ouvert, c’est là où pénètre la lumière, où le regard file au loin, d’un plan à un autre ; mais c’est aussi le lieu et l’outil de travail des agriculteurs, avec ses règles, ses qualités ou ses contraintes : c’est un parcellaire, avec ses limites, ses rigoles où l’eau circule, ses talus qui atténuent la pente, son réseau de chemins, ses haies où s’abritent les troupeaux. C’est l’herbe, sous toutes ses formes : à pâturer, à faucher. Ce qui borne le regard, bien souvent, c’est la forêt : elle souligne l’importance des reliefs, avec ses faces sombres, au nord, et des étendues plus clairsemées, au sud et dans les altitudes plus faibles. Le paysage fonctionne, plus ou moins bien, dans ce partage de l’espace : plus ou moins cohérent, morcelé, contraignant. L’homme recherche un équilibre, un rapport juste entre ces grands domaines. Il introduit aussi des faits nouveaux qui le perturbent : telle commune se découvre une appartenance à l’in- fluence d’une région urbaine ; ou bien une région de montagne sem- ble décliner, et ce déclin paraît aux uns irrémédiable quand d’autres y voient la chance d’une vie nouvelle. Mais ces enjeux, qui s’im- posent peu à peu comme une réalité qui semble parfois neuve pour les territoires ruraux, comment mieux les exprimer que lors d’un débat, entre les différentes composantes d’une population ? De ce débat, l’atelier des paysages ambitionne de pouvoir sortir les ingré- dients d’un projet : à chacun de se sentir concerné par sa mise en œuvre ! Le projet d’atelier des paysages a été initié et financé par le Conseil régional d’Auvergne, le Parc Naturel Régional Livradois-Forez et la Communauté de communes de la vallée de l’Ance, en collabora- tion avec le Ladyss, laboratoire de recherche pluridisciplinaire. Il reçoit de plus le soutien du Conseil général du Puy-de-Dôme, du programme Leader+ Livradois-Forez et des Pays du Forez. de l’atelier des paysages en vallée de l’Ance n°3 – avril 2008 L’ouvert Illustration : vue de Moncodiol, aquarelle de Muriel Poncet, étudiante à l’école d’architecture de Saint-Etienne, 2007.

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  • la feuille

    En vallée de l’Ance, et comme dans d’autres régions du Massif cen-tral, tout le paysage semble se jouer entre une alternance d’espacesouverts et le confinement des bois, des forêts ou de ce que l’onappelle les “timbres-poste” : ces petits morceaux qui ont l’air des’être détachés, on ne sait comment, des grands massifs boisés quiencadrent la vallée. L’ouvert, c’est là où pénètre la lumière, où leregard file au loin, d’un plan à un autre ; mais c’est aussi le lieu etl’outil de travail des agriculteurs, avec ses règles, ses qualités ou sescontraintes : c’est un parcellaire, avec ses limites, ses rigoles oùl’eau circule, ses talus qui atténuent la pente, son réseau de chemins,ses haies où s’abritent les troupeaux. C’est l’herbe, sous toutes sesformes : à pâturer, à faucher. Ce qui borne le regard, bien souvent,

    c’est la forêt : elle souligne l’importance des reliefs, avec ses facessombres, au nord, et des étendues plus clairsemées, au sud et dansles altitudes plus faibles. Le paysage fonctionne, plus ou moinsbien, dans ce partage de l’espace : plus ou moins cohérent, morcelé,contraignant. L’homme recherche un équilibre, un rapport justeentre ces grands domaines. Il introduit aussi des faits nouveaux quile perturbent : telle commune se découvre une appartenance à l’in-fluence d’une région urbaine ; ou bien une région de montagne sem-ble décliner, et ce déclin paraît aux uns irrémédiable quand d’autresy voient la chance d’une vie nouvelle. Mais ces enjeux, qui s’im-posent peu à peu comme une réalité qui semble parfois neuve pourles territoires ruraux, comment mieux les exprimer que lors d’undébat, entre les différentes composantes d’une population ? De cedébat, l’atelier des paysages ambitionne de pouvoir sortir les ingré-dients d’un projet : à chacun de se sentir concerné par sa mise enœuvre ! Le projet d’atelier des paysages a été initié et financé par le Conseilrégional d’Auvergne, le Parc Naturel Régional Livradois-Forez etla Communauté de communes de la vallée de l’Ance, en collabora-tion avec le Ladyss, laboratoire de recherche pluridisciplinaire. Ilreçoit de plus le soutien du Conseil général du Puy-de-Dôme, duprogramme Leader+ Livradois-Forez et des Pays du Forez.

    de l’atelier des paysagesen vallée de l’Ancen°3 – avril 2008

    L’ouvert

    Illustration : vue de Moncodiol, aquarelle de Muriel Poncet,étudiante à l’école d’architecture de Saint-Etienne, 2007.

  • Le travail engagé depuis le mois de juin 2007 par Stéphane Duprat,paysagiste-voyageur, se poursuit. Après la prise de contact, le voyageà pied (du 20 août au 7 septembre 2007), Stéphane Duprat a livré augroupe des personnes qui l’ont accueilli un premier “retour” de sesimpressions de voyage, mais aussi des idées, des préoccupationspartagées au cours de ces échanges. Ce retour s’est fait en deuxtemps : lors d’une rencontre collective au café de Saint-Romain, le 5décembre, puis au cours d’échanges individuels au mois de février2008, exploitation par exploitation.Ce temps de retour et d’échanges peut paraître long quand onpressent tous les enjeux qui planent sur l’agriculture. Mais il s’agitjustement de chercher à comprendre quels sont, aujourd’hui, les pos-sibilités dont nous disposons pour comprendre des transformations,guider celles qui peuvent l’être. L’expérience récente de la vallée amontré que l’heure n’est plus aux grandes opérations de transforma-tion du parcellaire, et la multiplication des contraintes pesant sur l’ac-tivité agricole rendra difficile toute démarche collective. Pour autant,est-on condamné à ne rien pouvoir faire ?Les agriculteurs rencontrés ont exprimé des préoccupations quidépassent leur profession, leur activité propre : l’ouverture de l’e-space et la nécessité de maîtriser l’urbanisation semblent aujourd’huides idées partagées. D’autres, agriculteurs ou non-agriculteurs, expri-ment leur désir de voir maintenir des structures paysagères (murets,chemins, haies…) et s’interrogent sur la nécessité de partager lestâches : puisque l’on vit dans un même espace, que l’on témoignepour lui d’un attachement réel. Qui sont aujourd’hui les “jardiniers”de l’espace ? Restent-ils à inventer ?Les 27, 28 et 29 juin, trois journées de marche, de lecture du paysageet de rencontres permettront de débattre, sur le vif, de ces questions.Il s’agira également de découvrir ou de redécouvrir l’espace de lavallée, et d’entendre le récit de voyage de Stéphane Duprat.

    Parmi les nombreuses photogra-phies collectées l’an dernier, unequarantaine ont été sélectionnéeset reconduites dans des conditionstechniques similaires par les pho-tographes associés au projet. Ils’agit maintenant d’examiner lesrésultats, en observant les couplesd’images produits et en s’interro-geant sur les transformations cons-tatées. Deux dates ont été fixées

    la feuille de l’atelier des paysages en vallée de l’Ance

    Voyages à la rencontre desagriculteurs de la vallée de l’Ance

    En bref, l’observatoire photographique En bref, les poirièrespour réunir le petit groupe depersonnes intéressées pourprocéder aux commentaires : le14 avril, à 20 h à la bibliothèquede Sauvessanges, et le 6 mai à labibliothèque de Saint-Anthème.Ces commentaires seront ensuitemis en forme et feront partie del’exposition : celle-ci sera présen-tée du 28 juin au 31 juillet, au col-lège de Saint-Anthème.

    Chaque nouvelle étape dans letravail engagé sur les poirières estpour les personnes qui s’y sont as-sociées une source de plaisir et derencontres inédites. L’expositioncontinue de circuler dans la vallée,après un passage par la Maison duParc Livradois-Forez. Elle sera pré-sentée au restaurant le Pont deRaffiny du 19 avril au 6 mai, et àSaint-Clément du 7 au 23 mai . Le

    29 mars, 35 personnes ont suivi la“leçon” de taille proposée par Na-thalie Batisse et Jean-Paul Cusson-net. Des greffons commencent àcirculer… d’où l’idée de proposerune initiation à la greffe à Arlanc,avant de pouvoir remonter sonarbre dans la vallée. Le travail surles poirières se prolongera aussipar la création d’un jardin par lesélèves du collège du Val d’Ance.

    les 27, 28 et 29 juin 2008

  • n°3 – avril 2008

    Comment, aujourd’hui, de jeunes architectes peuvent-ils développerune approche originale sur les territoires ruraux ? C’est en substancela question qui a été posée à deux groupes d’étudiants de l’école d’ar-chitecture de Saint-Etienne, durant un semestre entier. Entre octobre2007 et février 2008, ils ont développé, individuellement, des outilsd’analyse et imaginé des programmes, élaboré des réponses inven-tives pour penser la place de l’architecture dans la vallée de l’Ance.Ils ont d’abord séjourné dans la vallée, se confrontant aux lieux, ren-contrant des acteurs de la vie locale. Ils n’ont répondu à aucune com-mande : leur liberté est restée entière. Parfois à tâtons, parfois sur desapproches inédites, ils ont mené leur propre enquête, se faisant pein-tre, ethnologue, géographe… tout en cherchant à rapporter leurobservation à un projet. Un projet, c’est avant tout une réflexion évo-lutive, qui se nourrit, et en particulier d’autres situations, deréférences. Ils ont ainsi croisé leurs observations de terrain avec desproductions architecturales du monde entier, aidés en cela par leursenseignants, Stéphanie David et Marie Clément, et par une composi-tion du groupe très internationale. Les 29 et 30 janvier avaient lieu lesprésentations finales, en présence du paysagiste Gilles Clément. Etdepuis le mois de mars, c’est au tour des étudiants de l’école d’archi-tecture de Clermont-Ferrand de prendre pied dans la vallée pour unexercice similaire.Le vendredi 16 mai, les étudiants de l’école d’architecture de Saint-Etienne vous présenteront leurs projets : du jardin à la salle de spec-tacle (voir ci-contre), de la scierie à l’extension de bourg… même letimbre-poste est recyclé comme un support possible pour imaginer denouvelles façons de construire, d’habiter. Ces projets sont des scéna-rios, des histoires, qui réveillent le regard, donnent à voir la réalitéquotidienne dans un sens inédit.

    Les ateliers d’architecture

    Stéphanie Catinon : de l’observation des pratiques de jardinage à la conception d’unprogramme de jardins collectifs et pédagogiques.

    Benjamin Gibert : après avoir cherché toutes les manières possibles pour relier deuxvillages de la vallée, c’est la définition d’un équipement culturel et associatif qui fabriqueun élément commun,qui trouve sa place en relation à la rivière.

    En bref, le groupe paysageL’atelier des paysages n’est pas écritavant d’avoir eu lieu ; il s’invente enmarchant, en fonction des réactionsde chacun, de la réponse auxchantiers engagés. Pour adapter aumieux la démarche, s’est réuni unpetit groupe, composé de particu-liers, d’élus et des techniciens quianiment le projet : l’objectif, dresserun premier bilan, avant d’engagercette deuxième “saison” de l’atelier ;

    écologique, les haies jouent unrôle important dans la circulationdu vivant, faune en particulier. Surle plan patrimonial, la technique dela pierre sèche est en voie deraréfaction, alors que de nombreu-ses personnes reconnaissent l’im-portance de ces murs et murets.Sur le plan social, enfin, la façon des’enclore, voire de se “barricader”chez soi dit beaucoup de nos

    façons de vivre et de notre rap-port à l’autre. Il y a donc là despistes de travail nombreuses.À suivre…

    échanger autour du calendrier etde la méthode ; proposer de nou-velles actions. C’est ainsi qu’aémergé un nouveau thème detravail, qui pourrait s’ajouter auxautres, et qui concerne toutes lesformes possibles de limites : lesmurets de pierre sèche, les haiesvives ou de jardin, les façons declore un terrain… Ce thème aune triple importance : sur le plan

    le 16 mai 2008

  • l’agenda de l’atelier des paysages printemps 2008

    Manifestations organisées avec le soutien de :

    La feuille de l’atelier des paysages estéditée par la Communauté decommunes de la vallée de l’Ance à3000 exemplaires. Conception :Alexis Pernet / Parc Livradois-Forez.Impression : Chabrat à Clermont-Ferrand. Crédits photos : couver-ture Muriel Poncet ; page 2 :Stéphane Duprat ; page 3 : docu-ments Benjamin Gibert, StéphanieCatinon, Justine Guelle,Gaëlle Barry,Noémie Hilaire,école d’architecturede Saint-Etienne ; page 4 : AlexisPernet. Nous remercions vivementtoutes les personnes qui ontapporté leur aide à l’ensemble desmanifestations présentées. ContactParc :Alexis Pernet [email protected] tel 06 63 99 6866 ; CCVA : Nicolas Taillandier :[email protected] ; tel04 73 95 32 64.

    27, 28, 29 juinVoyage à la rencon-tre des agriculteurs

    vendredi 16 maiPrésentation des ate-liers d’architecture

    samedi 28 juinL’observatoirephotographique dela vallée de l’Ance Vendredi 27 juin, à Medeyrolles, 14 h :

    L’agriculture des clairièresMarche et lecture du paysage dans lebassin de l’Arzon. Récit de voyage deStéphane Duprat à 18 h à Medeyrolles.

    Samedi 28 juin, à Saint Romain, 14 h :La vallée de l’Ance et ses rebordsMarche et lecture du paysage autour deSaint-Romain. Récit de voyage deStéphane Duprat à la Buissonnière à 18 h.

    Dimanche 29 juin, au Chomet, 14 h :La montée aux jasseriesMarche et lecture du paysage de la mon-tagne de Saint-Anthème aux Hauteschaumes. Récit de voyage de StéphaneDuprat à la Jasserie du Coq Noir à 18 h.Retour en bus.

    Maison du Parc Livradois-ForezSaint-Gervais-sous-Meymont, 14 h.« Quelle est la place de l’architecturecontemporaine dans les territoiresruraux ? » Conférences et débats, enprésence d’étudiants, d’architectes,d’élus, etc.

    Saillant, salle des fêtes, 20 h.Présentation des projets imaginés pour lavallée de l’Ance par les étudiants de l’é-cole d’architecture de Saint-Etienne,suivie d’une discussion avec les élus etles habitants.

    Exposition au Collège du Val d’Ance,Saint-Anthème, du 28 juin au 31 juilletInauguration le 28 juin à 11 h.

    L’exposition présente le résultat du travailmené par l’Observatoire photographiquedes territoires du Massif central à partirdes images collectées dans les archivesprivées des habitants de la vallée de l’An-ce. Les transformations du paysage sontanalysées par les habitants eux-mêmes.

    Toutes les personnes intéressées pourcommenter les images sont invitées lemardi 6 mai à la Bibliothèque de Saint-Anthème, route de Montbrison, à 20 h.

    Toutes ces manifestationssont libres et gratuites.Renseignements au04 73 95 32 64.

    Saillant, octobre 2007. La silhouette duvillage et les timbres-poste,motifs croisés.