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11 JUIN 12Quotidien Paris

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Eléments de recherche : THEATRE DE LA BASTILLE : à Paris 11ème, toutes citations

THEATREDE JEAN-PIERRE LÉONARDINI

Coquines d'hierdrôlessesd'aujourd'hui

D'après Crébillon Fils (1707-1777), Éric-GastonLorvoire ayant adapté ses Tableaux des mœurs dutemps, gentiment pornographiques, a mis en scène unspectacle intitulé te Plaisir (I). C'est une repnse avec unenouvelle distnbution, en vertu, sans doute, du succèsinitial Redécouvert avec sympathie dans les années 1960,Crébillon Fils, prolixe écrivain licencieux, tâta de la prison àVincennes et connut un soupçon d'exil pour avoir, dans leSopha, brossé en sultan grotesque le portrait de Louis XV.Ce dernier, bon prince, ne trouva nen de mieux - surconseil de la Pompadour - que de nommer censeur royalcet impertinent, qui dut donc veiller à la bonne moralitédes écrits de ses confrères i N'est-ce pas tout un art degouverner7 Cela commence par deux jeunes aristocrates enchemise, Auguste et Thérèse, l'une initiant l'autre aux suavescaresses, aux tendres morsures, à la fessée et autres délicesd'ordinaire prohibées dans les écoles religieuses

Cela se poursuit par le mariage de Thérèse avec lecomte de..., « revenu dè la première jeunesse », quandelle fait à sa mère le récit de sa nuit de noce, qui l'apassablement secouée La mère trouve les mots pourl'apaiser un peu, avant qu'on passe à l'appantion, sur uncom de sofa, de l'amant à venir puis qu'entre à nouveauen jeu la belle Auguste, devenue Madame de Rastard,toujours aussi prompte à joindre le geste insidieux àla parole libertine. Lune et l'autre se remémorent leurs

délicieuses privautés de jadisSpécialité au dortoir Ainsi, la fm rejointfrancaise d'un le début, dans un vif élan de

feu aux Joues' au sem d'un

UC l/C AVIII

ïtegime dont latrace tenace apersisté contreVents et maréeshistoriques.

préase, pointue, étmcelante,au service constant dela chair triomphant sansvergogne Échantillon jolide ce mf Slècle léëer

et caustique; spécialitéfrançaise d'un futur Ancien

Régime dont la trace tenace a persisté contre vents etmarées histonques. Sous l'apparence de Thérèse, la blondeJulie Judd (« Un beau cou ' De belles épaules ' La peaublanche et fraîche ' », est-il dit du personnage) se montreexquise comme sur une aquarelle allusive du temps

Mettant en scène /es Quatre Jumelles, de Copi(1939-1987), Jean-Michel Rabeux évoque avec ferveurdans le programme la création de la pièce par Jorge Lavelli,en 1973 (2). C'était au sous-sol du Palace, sous l'égidedu Festival d'automne. Quel choc i ll cite à juste titre lescomédiennes (DaisyAmias,Anna Prucnal, Liliane Rovère,Mynam Mézières) qui inaugurèrent avec superbe ce textelivré à la liberté folle du rêve, du désir et de la hantise Alors,presque quarante ans plus tard, nous revient cette partitiondélirante, comme d'un/untae qui n'aurait pas perdu sonsens de l'humour. Dieu sait s'il en a été doté, Copi, qui, enquèlques traits de crayon, sut inventer la mégère assise,capable d'accorder ses faveurs à un escargot Mana etLeila s'mjunent, échangent des honons, l'une ayant offertà l'autre, leur jour d'anniversaire, des chiens sauvages del'Alaska. Leila s'écroule, poignardée Surviennent Fougère etJoséphine. Sur ce, les mots obscènes, coups de sunn, coupsde feu et piqûres de morphine ne cesseront pas.. Et aussitôtmortes elles renaissent Dans la salle aménagée en cirque(décor de Pierre-André Wertz, qui signe aussi costumes etmaquillages), ils sont cette fois trois hommes (GeorgesEdmont, Marc Méngot, Chnstophe Sauger) et une femme(Claude Degliame) à remettre ça. Le travesti grotesque, enquoi Copi excella, n'assure pas la garantie automatique dequalité C'est même ici le contraire en toute pesanteur.

(1) À la Pépinière Théâtre, jusqu'au 18 août.(2) Théâtre de la Bastille,jusqu'au 23 juin.Texte chez Christian Bourgois Éditeur.