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LES PRATIQUES PROSTITUTIONNELLES CHEZ LES ETUDIANTS :
étudiants à la clinique du parcours de vie et de la trajectoire prostitutionnelle.
-‐ Rapport de recherche : Février 2014 -‐
-‐ Sous la direction scientifique de DAVID VAVASSORI -‐
Auteurs du rapport :
Alexandre BIGEARD, Etudiant en Master II Recherche, CCSH, LCPI, , Université Toulouse
le Mirail.
David VAVASSORI, MCU en Psychologie Clinique et Psychopathologie, Co directeur du
CCSH (CURF Albi), chercheur au LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 3
Ont participé à cette recherche
Collaborateurs professionnels :
Jean Luc ARNAUD, responsable de service
Christian AYERBE, Educateurs Spécialisés
Sybilla HELMBOLD, Assistante de direction
Gil HERISSE, Educateurs Spécialisés
Margarita HRISTOVA, Médiatrice Bulgare
Chantal LARRIEU, Assistante Sociales
Emmanuelle NICOLAS, Chargée de prévention
Nicole PASTUREL, Assistante Sociales
Madeleine ROUZIE, Agent de Service
Collaborateurs scientifiques :
Sonia HARRATI, MCU en Psychologie Clinique et Psychopathologie, Co-‐directrice du
CCSH (CURF Albi), LCPI, Université Toulouse Le Mirail.
Mathilde COULANGES, Etudiante en Master II Recherche, CCSH, LCPI, Université
Toulouse le Mirail.
Sandra DA SILVA, Doctorante en psychologie, LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Marie LEVI, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie, LCPI,
Université Toulouse le Mirail.
Collaborateurs scientifiques stagiaires :
Kathleen BEUVELET, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie,
CCSH-‐LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Sabrina CASTELNOVI, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie,
CCSH -‐LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Mathilde CERVIERES, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie,
CCSH -‐LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Laura MANAA, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie, CCSH -‐
LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Chakila MARI, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie, CCSH -‐
LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 4
Lea RENAUDET, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie, CCSH -‐
LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Alexandra ROMERO, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie,
CCSH -‐LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Rooxane WEHBE, Master Recherche de psychologie clinique et psychopathologie, CCSH -‐
LCPI, Université Toulouse le Mirail.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 5
REMERCIEMENTS
t
les professionnels qui la composent pour son soutien et sa collaboration.
Nous tenons aussi à remercier tout particulièrement Laurent, qui a accepté de partager
son histoire et son expérience prostitutionnelle, sans qui la recherche aurait pris une
toute autre orientation.
Nous remercions sincèrement les stagiaires du Centre de Criminologie et Sciences
Humaines de Midi-‐Pyrénées, pour leur efficacité dans les moments délicats.
Enfin, merci à Sandra Da Silva et Mathilde Coulanges et toutes celles et ceux qui ont
échangé avec nous tout au long de cette recherche, pour leur aide et leurs conseils
toujours précieux.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 6
SOMMAIRE Avant-‐propos ........................................................................................................................................... 8
1. Etat de la question........................................................................................................................ 9
1.1. La prostitution : définitions et étymologie ....................................................................... 9
1.2. La prostitution : un débat clivé ............................................................................................10
1.3. La prostitution : un acte (d'abord) sexuel ? ....................................................................12
2. La prostitution étudiante ........................................................................................................14
2.1 Etat de l'art. ...................................................................................................................................14
2.2 Les nouveaux rapports sociaux du monde contemporain. ......................................18 2.2.1. L'évolution d'un regard sociétal. ..................................................................... 19
2.2.2. Dynamiques psychiques de la prostitution .................................................... 19
2.2.3. Une prostitution sans (réel) tiers ? ................................................................. 20
3. Problématique .............................................................................................................................22
4. Objectifs de recherche ..............................................................................................................24
5. Méthodologie ................................................................................................................................25
5.1 ............................................................................................25
5.2 Mise en place de la recherche ...............................................................................................25
5.3 Outils : Entretien, ligne de vie, bioscopie et questionnaires. ..................................27
6. Analyse des données. ................................................................................................................29
6.1 Etude quantitative : représentations des étudiants ...................................................29 6.1.1. Connaissance et prise de connaissance de la prostitution étudiante ........... 30
6.1.2. Représentation du phénomène ....................................................................... 31
6.1.3. Activité prostitutionnelle .......................................... 33
6.1.4. Autres réponses significatives ......................................................................... 35
6.2 Etude qualitative : Analyse du cas Laurent .....................................................................36 -‐ Eléments anamnestiques : ............................................................................... 36
-‐ Eléments du parcours de vie :.......................................................................... 37
-‐ La sexualité ........................................................................................................ 38
-‐ Trajectoire prostitutionnelle ........................................................................... 38
Discussion ...............................................................................................................................................38
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 7
......................................................................................46
Conclusion ..............................................................................................................................................49
Bibliographie .........................................................................................................................................51
ANNEXES .................................................................................................................................................54 -‐ Annexe 1 : Analyse quantitative (Tableaux et représentions graphique) ... 55
-‐ Annexe 2 : Annonce, questionnaire et coupons ............................................. 69
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 8
Avant-‐propos
un accueil téléphonique et
régulière de pratiques prostitutionnelles.
brulant de notre actualité. Cette pratique alimente de nombreux débats et anime les
quasi militante. Tous les espaces sociétaux débattent sur cette dernière : politique,
sociologie, psychologie, syndicalisme ou encore éthique. Nous en déduisons un premier
point :
ce débat.
La recherche-‐
pathologisation, la criminalisation ou la défense des pratiques prostitutionnelles chez les
étudiants, mais vise plutôt la compréhension de ce qui singularise une trajectoire
prostitutionnelle en lien avec un parcours de vie chez un sujet étudiant.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 9
1. Etat de la question
La question de la prostitution est toute aussi vaste que complexe tant par son
histoire que par les différents champs d'étude qui peuvent s'en emparer. En effet, la
sociologie, la philosophie ou encore la politique ont créé réflexions et débats. Même si
les pratiques prostitutionnelles interrogent, intriguent, ou font fantasmer depuis des
, par les sciences humaines, sociales et
politiques, qui anime actuellement le débat. Alors que les pratiques prostitutionnelles
interrogent à la fois la sphère publique et intime, tr y
sont consacrées. est-‐ et de la compréhension de
ces pratiques en lien avec une trajectoire personnelle ? Et plus particulièrement de la
prostitution étudiante ? Nous allons ici faire l'état de l'art en France et en Europe sur la
question de la prostitution afin de mettre en avant ce qui fait lien et rupture dans ce
débat tout en soulignant les ambiguïtés qui peuvent exister afin d'introduire avec plus
de netteté la question de la prostitution des étudiants.
1.1. La prostitution : définitions et étymologie
La prostitution a pour étymologie latine prostitutio signifiant, entre autre,
profanation1. Par sa racine étymologique, cette pratique est portée comme un acte de
violation, de sacrilège. La prostitution est donc une activité hors du cadre commun que
« hors de la sphère privée » (Kemayou, 2011). Une de ses
définitions contemporaine est le « fait pour un individu de l'un ou l'autre sexe, de
consentir à avoir des relations sexuelles avec des partenaires différents, dans un but
lucratif et d'en faire son métier » (Kemayou, 2011)
définition (aux environs du XIXème siècle), le sens commun attribuait cet acte aux
femmes quasi uniquement, telle cette définition « [Le plus souvent à propos d'une
femme] Pratique de la débauche pour des motifs plus ou moins intéressés; inconduite où le
sentiment n'a point de part »2.
On relèvera
prostitution sacrée, soit : « fait pour des hommes ou des femmes d'avoir des relations
sexuelles dans l'enceinte d'un temple, notamment dans le cadre du culte de la fécondité.
1 2 Ibid.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 10
Dans la prostitution sacrée le don n'a lieu qu'une seule fois, comme offrande de la chasteté,
avant l'entrée en mariage. Dans le cas de la prostituée sacrée, le don se répète » »3.
Au fil des siècles la question de la prostitution a beaucoup évoluée. retrouve,
une période de rupture nette que fut la montée du christianisme accompagnée vers le
16ème siècle des grandes épidémies de syphilis. Ces événements soulignèrent, par
conviction religieuse et raison sanitaire, le danger que la prostitution pouvait induire.
à partir de tout animeront et se créeront les différents courants de la
prostitution.
1.2. La prostitution : un débat clivé
Comme nous l'avons souligné précédemment, la prostitution se caractérise par la
clivée entre une identité proprement sociologique/philosophique et
une identité politique.
En sociologie, nous retenons quatre courants majeurs : le courant abolitionniste,
le courant libertaire, le courant prohibitionniste et le courant réglementariste. Chaque
courant tire son origine des périodes historiques animées par la fin de l'esclavage, aux
environs du 18ème siècle, en passant par la fin de l'égide patriarcale, au milieu du 20ème
siècle. Pour les abolitionnistes «la prostitution est la forme paradig
que subissent les femmes de la part des hommes» (Balmer-‐Cao & Lucas, 2010). Sur une
autre facette, se distingue le courant dit libertaire. Il se caractérise, selon Milena
Chimienti (2008), par ie des prostituées. Il pose
la «
économico-‐
mariage à la prostitution ». Le versant qui suit, est le courant dit réglementariste qui se
caractérise par l'interdiction et la répression qui animent, entre autre, pendant des
siècles la France quant à la question de la prostitution où « l'obsession des maladies
vénériennes constitue peu à peu le fondement d'un système d'enfermement des personnes
prostituées, censé protéger l'ordre et la santé publique » (Legardinier, 1996). Pour finir,
se dégage le courant le plus restrictif sur la question de la prostitution, le courant
prohibitionniste. La prostitution y est vue comme inconciliable avec l'organisation
sociale lien social. La prostitution est alors considérée comme un délit, les
3
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 11
personnes qui s'y livrent, qui l'organisent ou qui l'exploitent sont réprimées
(Legardinier, 1996). On note que les pays prohibitionnistes ont une histoire religieuse
forte tels les pays d'Amérique du Nord ou encore les Etats Arabes (Gil, 2012). C'est donc
un panel assez large de courants que la sociologie extrait, mais il faut aussi y ajouter un
axe politique qui, à défaut de créer de nouveaux courants, va plutôt les définir
différemment et peser lourd dans leurs représentations.
Par convention, les courants que l'on peut juger majoritaires en politique sont
abolitionnisme, le réglementarisme et le prohibitionnisme, qui sont les trois courants
repérables également dans les théories sociologiques. C'est dans ce sens que vont se
dessiner les standards mondiaux et que des lois et protocoles vont se mettre en place4.
Cependant, nous relevons trois à quatre courants différents, selon les standards, pour
l'Union Européenne (UE), trois pour les institutions internationales comme
l'Organisation des Nations Unies (ONU). Ils ne prennent en compte que l'aspect légal ou
non de la prostitution dans un pays. La prostitution est alors quasi binaire, sous le
regard politique, en étant soit acceptée par le pays, soit refusée. L'acte prostitutionnel
est alors désubjectivé sans prise en compte du pourquoi et du comment, c'est à dire de
sa raison d'être dans un lien social. Il est alors intéressant de voir comment la politique
s'empare de cette question, qu'elle observe bien autrement, soulignant un quasi
manichéisme entre d'un côté une considération humaine et historique (par la sociologie)
et de l'autre une considération morale et pénale (par le politique).
Se posent alors de nombreuses questions : comment comprendre le débat sur la
prostitution face à quatre visions sociologiques traitant la question différemment, les
perspectives sociologiques elles-‐mêmes différentes du regard politique sur la
prostitution ? De plus, un
dimension économique e comme un
marché économique potentiel.
4 On relève par exemple que l'Organisation des Nations Unies (ONU) a depuis 1946 approuvé une convention et un protocole réprimant la prostitution La convention de décembre 1949 qui "condamne toute forme d'exploitation de la prostitution, même si la victime et consentante" (Gil, 2012). Puis ensuite, le protocole de novembre 2005 (dit protocole de Palerme) additionnel à la convention de décembre 1949 qui "vise à prévenir, réprimer et punir la traite de personnes, en particulier des femmes et des enfants [...] [et] de décourager la demande" (Gil, 2012). Ou encore une dernière convention internationale émanent du Conseil d'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (convention de Varsovie) de mai 2005, faisant suite au protocole de Palerme en y ajoutant l'interdiction de la vente d'enfants, la prostitutions des enfants, et la pornographie mettant en scène des enfants (Gil, 2012).
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Cette activité se partage, dans les discours passionnés, entre un impact sociétal
prostitué(e)s à la sécurité sociale, aux chômages, baisse de la délinquance et de la
prostitution forcée, etc) ; et un impact sociétal négatif pour des motifs eux aussi
économiques et humains (légalisation de la traite humaine, marché parallèle, dérives
sanitaires et sociales, ségrégation, marginalisation etc). Toutes ces questions, tous ces
débats, toutes ces différences, sans consensus, délitent la compréhension du fait
prostitutionnel et nous éloignent de la question de départ : pourquoi l'acte
prostitutionnel ? C'est vers ce questionnement qu'il faut alors se tourner : vers le sens de
l'acte prostitutionnel. Cela commence en s'intéressant au sens de l'acte sexuel.
1.3. La prostitution : un acte (d'abord) sexuel ?
Comment définir la prostitution sans y inclure ce qui la caractérise et qui fait sa
particularité : le "service" sexuel ? L'acte prostitutionnel est alors l'acte sexuel soit, la
capacité de prêter ses orifices contre argent. C'est ici que le tabou se révèle, dans le sens
où il peut sembler psychiquement difficile, au "commun des mortels", d'ouvrir son
intimité à des inconnus, même contre rémunération. Les questions sont alors multiples :
la sexualité est-‐elle plaisir pour les travailleurs du sexe ? Peut-‐on définir l'acte sexuel
sans notion de plaisir ? Peut-‐on bien vivre l'acte sexuel avec un(e) inconnu(e) ? Peut-‐on
monnayer l'acte de procréation, l'acte d'intimité du couple ? Peut-‐on s'offrir à un(e)
inconnu(e) sans souffrance psychique ?
Il ne faut pas se leurrer sur la question de la sexualité dans le débat sur la
prostitution, car si cette d ntiquité, si elle fait tant
controverse depuis des siècles,
pulsion propre à chaque être humain. En conséquence, la prostitution convoque la
subjectivité de chacun et
que cet acte de peut prendre. D'autant plus que l'histoire de l'occident s'est construite
sur le tabou du sexuel et ce, dû aux siècles de l'égide chrétienne. Alors les débats
gravitant autour de l'acte sexuel en sont devenus eux-‐mêmes tabous, voir interdits.
L'acte sexuel, ainsi diabolisé, a pu se développer sur le terrain fertile de l'interdit et nous
conduire, par exemple, au paradoxe historique de la prostitution en maison close. On
retiendra alors que l'interdit fait naître le désir et la sexualité n'y échappe pas non plus.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 13
C'est de cette histoire chrétienne que nous devons nous écarter afin de rappeler
que l'acte sexuel n'est pas qu'un acte mécanique comprennent une pénétration et
jouissance. Au contraire l'acte sexuel est un échange complexe dans le sens où la relation
charnelle est un échange avec un partenaire, partenaire avec qui il faut communiquer.
Cet échange et cette communication sont régentés par le désir du partenaire, sa
jouissance ou encore son angoisse. L'acte sexuel et donc bien plus vaste qu'un acte
physique, c'est un acte psychique qui sous tend une demande, une démarche, comme un
besoin. Ces éléments permettent de mettre en relief tous les tabous et toutes les levées
de bouclier qui animent le débat sur la prostitution. Le débat naissant sur la prostitution
étudiante en particulier.
Le débat sur la prostitution est extrêmement vaste, faisant appel aux sciences
humaines et sociales, à la politique, à l'économie, à l'éthique, etc. C'est un débat d'autant
plus clivé entre la question politique et la question sociologique (deux éléments
inséparables) car faisant partie de l'organisation sociale des sociétés ; mais elles sont
paradoxalement inconciliables tant leurs points de vue sur la question sont différents. Ce
clivage est d'autant plus vif si l'on souhaite rajouter que la
psychologie qui interroge la prostitution sur un aspect encore différent... Cela s'ajoute au
fait qu'historiquement la prostitution est représentée comme un acte interdit, hors
cadre faisant raisonner dans les sociétés, comme dans la psyché de chaque sujet (qui
s'imprègnent du débat) la question de la sexualité. Les fantasmes et les tabous s'y logent
naturellement tellement cette question de l'acte sexuel est intime au fonctionnement de
la femme et de l'homme. Alors face à la complexe question de la prostitution, comment
doit-‐on organiser notre approche de la prostitution des étudiants ? Comment doit-‐on la
comprendre ?
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 14
2. La prostitution étudiante
nt.
Phénomène moins pluriel que discret, il semble encore plus tabou, plus gênant et
surtout plus silencieux que la prostitution « classique ». Il est très difficile dans le travail
de préparation à la recherche, de trouver des articles permettant de relev
de cette pratique, qui n'est ni représentée par un courant, ni institutionnalisée, ni
proprement reconnue. Ici, il sera donc fait un état de l'art sur la question de la
prostitution, introduisant en prequel une réflexion sur la sexualité dans notre société
contemporaine.
2.1 Etat de l'art.
Alors que savons-‐nous de la prostitution étudiante ? La simple étude quantitative
cherchons à comprendre les parcours de vie des étudiants qui se prostituent, ce qui
implique une approche différente que nous étayerons plus tard. Au vu des recherches
précédemment réalisées nous constatons une difficulté à rencontrer cette population.
De plus, ces travaux sont majoritairement sociologiques et ne prenant pas forcément en
considération l'aspect singulier du parcours de chaque sujet. Cependant, nous retenons
de ces recherches un ensemble clé de données permettant de décrire quelques
caractéristiques d'une population difficile d'accès.
Les premières informations que nous avons trouvées
partiels5. Puis chronologiquement des articles scientifiques français (Lecuyer, 2007 ;
Clouet, 2008 ; Chimienti, 2008 ; Dequiré, 2011) et anglo-‐saxons (Raymonds & al 2001,
Raymonds & al 2002 ; Roberts, 2007) retracent ces faits, nous reviendrons dessus. Nous
obtenons alors une première information : ce phénomène existe mais dans quelle
ampleur ?
Le premier article intitulé UK students and sex work Current knowledge and
research, de Ron Roberts & al (2007) détermine la possible origine de la prostitution
sous ces conditions : «(les) circonstances économiques et sociales les ont mis en contact
direct avec l'industrie du sexe [...] Le sort des étudiants contemporains est inextricablement 5 Ampa Santimatanedol, Bangkok Post, university prostitution, students in catalogues, 1999.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 15
lié à leur situation économique »6. Ces auteurs considèrent
prostitutionnelle des étudiants anglais pour des motifs principalement économiques, ou
montante : « ces étudiants se tournent vers les voies les plus rapides pour se faire de
l'argent comme le commerce illégal ou l'industrie du sexe et ce, afin d'équilibrer leurs
finances. Un tel travail peut laisser aux étudiant plus de temps et plus d'argent pour les
études que les emplois mal payés qui sont habituellement à leur disposition »7. En effet une
précédente étude de Roberts (2000) montre que de 2 à 3 % des étudiants disent
connaitre (étude réalisée sur deux universités anglaises) des personnes se prostituant
pour des motifs financiers. La recherche de 2007 de Roberts souligne à plusieurs
: « Ces résultats, ainsi que des preuves de
plusieurs sources disparates (Chapman, 2001; Glendinning, 2004; Lantz; Sedgman, 2004;
Whitaker, 2001) sont cohérents avec l'idée qu'il y a un nombre croissant d'étudiantes
entrant dans l'industrie du sexe, afin de joindre les deux bouts. Beaucoup moins d'heures de
travail et un salaire beaucoup plus élevé, ce que l'industrie du sexe peut leur offrir, est une
option plus attrayante que les autres emplois (Sedgman, 2004), de plus le travail du sexe
est moins dissuadant que la pauvreté, les dettes graves pouvant induire une exclusion de
l'université en raison de difficultés à payer les frais de scolarité (Whitaker, 2001)»8. Des
cliniques spécialisées9 réservées aux travailleurs du sexe en Angleterre, ont vu la
s augmenter en quelques années. Les étudiants expliquent le choix
de cette activité par la suppression des es pour
6
7 ry, in order to balance their finances. Such work may leave students with more money and time for studies than the
: 8 apman, 2001; Glendinning, 2004; Lantz; Sedgman, 2004; Whitaker, 2001) are consistent withthe view that increasing numbers of female students are entering the sex industry, in order to make ends meet many seem to feel that the prospect of significantly fewer working hours and a considerably higher wage, which the sex industry can offer women, is a more attractive option than other jobs (Sedgman), and that sex work is less deterring than poverty, severe debts and perhaps facing exclusion from university becau
9 The Praed Street Project de Londres en Angleterre est la premier service d'aide clinique au Royaume Unie spécialisée dans le soin des "sex workers" pour Londres est ses environs. Ce "service" est rattaché à l'hopitâl St Mary's dans le secteur de Paddington. Il offre des services de soin divers et variés comme la vaccination, la distribution de préservatif, le dépistage de maladie sexuellement transmissible ou encore de la mission prévention sur les thèmes allant de la pratique sexuel, à la transmission des maladies sexuellement transmissibles.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 16
vendre leurs services sont variées, allant de la vente de leur virgi
débuter une activité dans un « brothels » (bordel). Il est aussi montré,
trois classique » (Moffat et Peters, 2004). Roberts & al (2007) et
Raymonds & al (2004) tendent à conclure que le choix prostitutionnel se fait surtout
pour à des fins financières dans un contexte de précarisation de la condition étudiante
en Angleterre.
Les pratiques proposées par les étudiantes prostituées sont diverses : « Ces
femmes travaillent généralement à leur domicile, dans les salons de massage et les saunas
ou encore comme escorte »10 -‐le fait que cette prostitution étudiante se
prostitutionnelle (Lantz, 2004). Il est aussi souligné que 80% de ces prostituées se
disent violentées par leurs clients, mais continuent la pratique (Raymonds & al, 2002).
Raymonds (2002) exprime son incertitude quant au fait que la prostitution puisse être
une activité enrichissante et positive d'un point de vue humain et social pour les femmes
prostituées, contrairement à la recherche d'Agustin (2004)11 et de Wahab & Sloan
(2004)12 construisant leurs réflexions plus pragmatiquement.
Enfin, l'étude de Raymonds & al de 2007 souligne les difficultés à mettre en
: « Malheureusement, un certain nombre de problèmes
méthodologiques et politiques ont surgi avec cette étude»13. Cette recherche ayant soulevé
de nombreuses problématiques politiques et éthiques, entre autre, au sein des
universités anglaises.
Dans le sens de la recherche anglo-‐saxonne de Raymonds et Roberts (2007), une
étude Française de 2007, Le monde des étudiants entre précarité et souffrance -‐ 10 ». 11 Alternate Ethics, or: Telling Lies to Researchers interroge sur la notion
victime ou déviant par la simple représentation que le travailleur social comme le chercheur va projeter : « of the mainstream what they believe they want to hear ». 12 La recherche de Wahab et Sloan (2004) souligne que la victimisation des prostituées ne met pas en
Ils contrastent dans leur propos le fait que la pratique prostitutionnelle peut être enrichissante pour certaine et po un aspect (au moins) bilatérale dans la PP: « By continuously portraying and constructing sex workers as victims, researchers do not leave a space for the possibility that sex work may be empowering for some, disempowering for others, that individuals may freely choose sex work, nor does the limited lens leave a space for multiple and contradictory experiences ». 13 « Unfortunately, a number of methodological and political problems have arisen with this work ».
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 17
Françoise Dequiré, fait le lien entre précarisation du monde étudiant et entrée
croissante des étudiants dans la prostitution afin de financer leurs études. Article ayant
pris Sud-‐Etudiant et un article rédigé par Julien
Lecuyer14. Dequiré relève cependant un propos de Bernard Lemettre du Mouvement du
Nid : « si les étudiants bas
situations. ». Dequiré relève un double mouvement, la situation financière et la
vulnérabilité propre ajoute le facteur sociologique, comme elle le
souligne : « La prostitution serait-‐elle ainsi une dérive malheureuse mais « logique » ?
Comme nous venons de le voir, il est difficile pour les étudiants de concilier travail et
études.
certains sociologues depuis longtemps ». Dans cette recherche apparaissent le problème
humain et le problème politique, où prostitution étudiante et égalité des chances ne vont
pas de pair et sont de fait tabous
recherches et travaux (Dequiré, 2007 ; Lecuyer, 2007) soulignent un questionnement
fort sur le libre arbitre et les chances de commencer une activité de prostitué(e) selon le
milieu familial, les conditions financières, ou encore la nécessité et le droit de faire des
études dans le supérieur, pour ne prendre que ces exemples.
Dequiré, en 2011, présente un second travail autour de la prostitution étudiante :
Les étudiants et la prostitution : entre fantasmes et réalité. Il nous est rappelé que le
velle culture, la
environnement relationnel, un nouveau mode de vie qui, ensemble, contribuent à bousculer
nt » (Frickley & Boyer, 2000). La
ndance et de
découverte, en soi un statu quo que seule,
Dequiré revient sur la reproduction sociale et le fardeau du poids familial (Bourdieu,
raisons financières
14 Julien Lécuyer (2007), , La Voix du Nord, 7 février.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 18
15 (2008), où il sera montré que la prostitution étudiante touche
principalement les classes moyennes et populaires. Les sujets concernés ont souvent eu
un parcours scolaire brillant, mais arrivés aux études supérieures, coûteuses, les jeunes
escorting pour financer leurs études. Prostitution plutôt occasionnelle
qui se développe principalement par internet. Dequiré (2011) qualifie alors ce
phénomène ainsi : «
leur réussite future», en soi presque une fatalité nécessaire
mais passagère. Nous nous interrogeons alors sur comment ces prostitués étudiants
peuvent psychiquement donner accès au lieu de leur sexualité ? Quelle est leur vision de
la sexualité ? Comment vivent-‐ils la relation à l'autre, l'autre le client, l'autre le
partenaire amoureux ? De ce
perspectives en lien avec notre propos. En effet comment comprendre la Pratique
Prostitutionnelle Etudiante (PPE) sans se questionner sur le fonctionnement de notre
monde contemporain ? Et plus précisément en orientant cette compréhension sur ce qui
anime ses rapports sociaux ?
2.2 Les nouveaux rapports sociaux du monde contemporain.
Comme nous avons pu le souligner à plusieurs reprises, la prostitution est un acte
sexuel physique et aussi psychologique. L'entrée dans la prostitution est assez
énigmatique, même si différentes recherches révèlent l'influence d'un poids
environnemental ou encore d'une "vulnérabilité" psychique. Pour autant, la réponse au
pourquoi n'est qu'à peine donnée, car le poids social ou la vulnérabilité psychique
peuvent conduire à beaucoup de choses, mais pourquoi la prostitution en particulier,
pourquoi au don et à la vente de son corps ? Les prémisses d'une réponse peuvent se
retrouver dans la vision contemporaine que les jeunes, en général, et les étudiants, en
particulier, ont de la sexualité... En effet, les premières générations qui ont vu et fait
émerger la prostitution étudiante, sont les enfants des années 80. Qu'a t-‐il bien pu se
passer dans ces années là ?
15 Eva Clouet, , Paris, Max Milo, 2008.
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2.2.1. L'évolution d'un regard sociétal.
En 1985, la chaîne française Canal + diffuse le premier film pornographique à la
télévision, soit le symbole de la nouvelle sexualité occidentale, la sexualité de
consommation. La société de consommation s'est emparée de la révolution sexuelle et
du développement des technologies de diffusions (Télévision, VHS, DVD, internet) afin
de créer un nouveau marché et donc un nouveau besoin : la pornographie. La recherche
de Michela Marzano et de Claude Rozier (2005) réalisée auprès de "300 adolescents âgés
de 15 à 19 ans, [souligne que] seulement 1% des garçons disent ne jamais regarder du
porno, alors qu'ils sont 35% à en regarder souvent ou très souvent"16. Comme l'exprime
Agathe Fourgnaud (2006), "les principales victimes de cette culture porno, ce sont
pourtant les nouvelles générations. Victimes d'une banalisation qu'elles n'ont pas choisi,
mais dans laquelle elles baignent depuis leur plus tendre enfance. Une vision des relations
qui leur donne à croire que c'est sur le mode consumériste que s'établissent les rapports
entre homme et femme [...] [L'autre devient] un simple outil masturbatoire"17. Cette
récente évolution sociétale, sans être une condition de la prostitution étudiante et ni un
fantasmée et violente. La sexualité se résumant dans la pornographie à une relation
2.2.2. Dynamiques psychiques de la prostitution
Dans cette perspective Laurence Trelet (2000) nous présente dans son ouvrage
des facteurs conduisant à l'acte prostitutionnel. En effet, il existe de multiples facteurs
possiblement catalyseurs d'une entrée dans la prostitution, ses facteurs sont variés et
parfois vastes, mais ils font parfaitement écho à la clinique des prostitués. Par exemple,
le vécu du viol, de la violence, ou de l'inceste transforme le rapport à l'autre, car les lieux
intimes du sujet deviennent les "lieux de jouissance de l'Autre" (Dubol, 1996)18. Ces lieux
sont alors dépossédés du sujet, "il ne lui appartiennent plus". De là, bien plus tard, ils
peuvent être vendus ou donnés comme lieux de jouissance de la personne qui les
16 Michela Morzano, Claude Rozier, Alice au pays du porno, Ados : leurs nouveaux imaginaires sexuels, 2005. 17 Agathe Fourgnaud, Les jeunes et le sexe, 2006. 18 Extrait de Prostitution des jeunes : interrogation autour d'une prévention en milieu scolaire, 1996.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 20
souhaitera, seule fonction qui leur a été attribuée. La carence affective ou encore la
défaillance des modèles parentaux sont encore d'autres facteurs qui réévaluent la
fonction de l'autre (Trelet, 2000), c'est à dire la fonction du partenaire exclusif ou de
référence. Il existe aussi l'opposition au modèle de pensée, où la prostitution devient un
outil de rupture à la culture familiale (Trelet, 2000). Nous pouvons de même retrouver
des troubles de l'identité (liés ou non à l'adolescence), allant de questionnements sur sa
sexualité, au clivage entre corps et sexe. Le sexe est considéré comme étranger au corps
et donc désinvesti d'une valence relationnelle et identitaire (Trelet, 2000). En
conséquence, pour lui donner du sens, l'acte prostitutionnel vient prendre place.
Finalement, il y a la possible entrée dans la prostitution via la situation et ce aussi bien
financière, que venant d'un isolement ou d'une recherche affective, que l'errance, la
toxicomanie ou encore que la "mise en prostitution" via autrui. Ces multiples facteurs, qui
ne sont pas tous présentés, sont autant de portes d'entrées psychiques d'une activité
prostitutionnelle. Ils interrogent tous le rapport à l'autre, le rapport à l'identité, ou
encore le rapport à l'acte sexuel, qui semblent être les trois rapports clés de la
prostitution. Ces facteurs pris dans une société totalement "décontractée" sur la
question de la sexualité, ne peuvent que s'exprimer dans leur entièreté lors des
moments difficiles d'un parcours de vie et ce d'autant plus quand on considère le
polymorphisme des traumatismes, c'est à dire ession d'un acte en différentes
formes mais égales en substance qui se répètent au cours de la vie du sujet prostitué.
2.2.3. Une prostitution sans (réel) tiers ?
Une dernière réflexion subsiste sur la question de la nouvelle sexualité, nous y
remarquons une différence dans son influence entre la prostitution étudiante et la
prostitution traditionnelle. En effet, la plupart des ouvrages qui relatent la prostitution
font le constat d'une relation triangulaire dans le fonctionnement prostitutionnel : client,
prostitué, proxénète avec une mise en relation via l'argent (Canarelli et Deschamps,
2008 ; Chimienti, 2008). Or, on retient et constate que la prostitution des étudiants se
fait sans un proxénète physique ; cet acteur de la prostitution est évincé pour se voir
supprimé (rencontre directe avec le client), ou encore virtualisé (rencontre via les
nouvelles technologies), comme si le prostitué étudiant pouvait faire sans ce tiers et
donc rentrer quasi directement en contact avec l'argent et le désir du client. Cette
constatation remet alors totalement en question le rapport à l'acte du prostitué
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 21
"classique" face au prostitué étudiant et donc la ressemblance dans l'acte de ces deux
prostitutions.
s et par ces
questions, que nous allons construire une partie de notre réflexion psychologique sur la
prostitution des étudiants. Nous y avons retenu
surtout comme féminine, placée dans un contexte de précarité sociale et justifiée pour se
international, qui est en pleine expansion et se partageant, se développant via les
nouvelles technologies (internet, réseaux sociaux, etc). Ces constations de terrain et
statistiques s'enveloppent en plus d'une révolution de la place et de la définition de la
sexualité dans le lien social capitaliste. Ces nouvelles visions de la sexualité modifient
toute la réflexion que nous devons nous faire quant à l'imprégnation de la question
sexuelle par les nouvelles générations et ce d'autant plus face à la multiplicité des
facteurs psychopathologiques pouvant conduire à l'acte prostitutionnel. Polymorphisme
et sérialité semblent se dessiner dans le parcours des prostitués étudiants, un parcours
qui semble s'animer d'un quelque chose de différent de la prostitution dite "classique".
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 22
3. Problématique
Le débat sur la prostitution est bien présent sur le plan sociétal et scientifique,
notamment sur les questions de la pénalisation de la prostitution (des personnes se
prostituant et des clients), de la réduction des risques sanitaires et des représentations
inhérentes aux pratiques. Il est moins présent dans les champs psychologiques et de la
psychopathologie, et plus particulièrement en ce qui concerne les éléments singuliers de
notre premier
questionnement a été : existe-‐t-‐il une spécificité de la prostitution des étudiants ?
Les chiffres concernant la prostitution restent flous ou inexistants 19. Ceci ne doit pas remettre en question
ces pratiques, mais orienter notre étude vers une lecture qualitative
, qui par définition, est caché et
La prostitution apparaît comme un phénomène pluriel, avec des pratiques
diverses, dans leurs fréquences (occasionnelles ou régulières), dans leurs mises en
visibilités (espace public, commercial ou privé) et dans leurs modalités (financières ou
troc) (Mousset-‐Libeau, Villerbu, 2003). La prostitution des étudiants apparaît comme
« Pratiques Prostitutionnelles Tarifées » : PPT (Mousset-‐Libeau, Villerbu, 2003).
Dans notre perspective psychopathologique, il est difficile de réduire les
raisons de précarité économique (Dequiré, 2011). Il nous semble indispensable de
mais
plutôt des étudiants ayant des Pratiques Prostitutionnelles (PP) se confronte à la
évènements de vie et de leurs impacts sur le sujet.
19 Sauf les chiffres du syndicat Sud-‐Etudiant, qui avancent que prêt de 40 000 étudiants se prostitueraient o
-‐même.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 23
Différents travaux en psychologie et sociologie sur le thème de la prostitution des
:
ceste, la violence (Chaleil, 1981 ; Welzer-‐Lang, 1994 ; Legardinier,
1994) ;
ou les deux parents (Trelet, 2000) ;
les défaillances des modèles parentaux, le statut de la femme ;
le développement psycho-‐affectifs et plus particulièrement les troubles de
1996) ;
Cependant, nous devons être vigilant, tout en prenant en compte des éléments
psychopathologiques, de ne pas réduire le sujet à des paramètres pathologisant et
stigmatisant. différents niveaux
permettant de prendre en considération à la fois les évènements de vie et leur
impact restituant ainsi à travers une
lecture synchronique et diachronique.
Plus précisément, l de nous intéresser aux parcours de
vie et aux trajectoires prostitutionnelles en prenant en compte des évènements de vie
parcours individuel, en interrogeant :
Les différentes sphères de la vie des sujets (familiale, sociale, éducative, sexuelle,
La répétition des PP, des évènements de vie et de les envisager en rapport avec
(somatique, éducatif, affectif, social,
Le rapport entre la répétition des PP le fonctionnement psychique, la
personnalité et ses aménagements : pour le sujet, la répétition peut devenir le
mode unique de réponse pour échapper aux menaces internes et externes, pour
fonctionnement psychique peut se voir ainsi figé dans la cyclicité ou la sérialité
(Harrati, Vavassori, Villerbu, 2005).
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 24
4. Objectifs de recherche
Notre problématique de recherche implique de construire une réflexion théorique et
empirique. Pour ce faire, nous souhaitons éclairer notre démarche par cinq objectifs, qui
sont :
Faire un état des lieux de la représentation de la prostitution étudiante par les
étudiants eux-‐mêmes.
Identifier les facteurs (individuels, familiaux, sociaux, environnemen
impliqués et structurant les trajectoires prostitutionnelles, et analyser leur
articulation dans les parcours de vie.
Analyser la réitération de PP
le fonctionnement psychique.
Analyser les effets de la PP : sur le parcours de vie, la trajectoire prostitutionnelle
et le fonctionnement psychique du sujet.
Travailler avec les équipes pluridisciplinaires sur les actions à mettre en
pour une prévention des PP dans le milieu étudiant.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 25
5. Méthodologie
5.1
e compréhension du sujet dans sa singularité que nous avons
réalisée lors de cette recherche. En effet, on ne peut négliger la considération du sujet
comme singulier et
dessinée afin de comprendre ce qui dans un parcours de vie guide un sujet étudiant à
, comme flirter avec la pratique prostitutionnelle. Cela sous tend l'utilisation
du paradigme qualitatif et un référentiel psychanalytique pour construire notre
réflexion, avec en conséquence la prise en compte du sujet dans sa singularité, en
laissant une place centrale au sujet par la reconstruction de son parcours de vie (récit et
étude rétrospectifs) en accord avec les objectifs de la recherche. Cependant, il nous a
paru intére ajouter les connaissances des étudiants sur ce phénomène, ce qui
nous conduit au niveau méthodologique à inclure une dimension descriptive permettant
ainsi de contextualiser notre étude.
que la recherche, ici
réalisée, est principalement exploratoire compte tenu
psychopathologie clinique.
La démarche envisagée relève de la recherche-‐action : au carrefour des
connaissances scientifiques, cliniques, et pratiques, cette étude propose un aller-‐retour
praxéologique avec les professionnels.
5.2 Mise en place de la recherche
Notre premier constat nous permet de souligner les résistances auxquelles nous
avons fait face dans la
ayant eu des pratiques prostitutionnelles. En effet, nous avons été confrontés à deux
grands obstacles, non sans conséquence, sur notre démarche.
Le premier pu, en
un an, ne rencontrer seul sujet
se penser ou se faire malgré nos tentatives ;
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 26
A cette difficulté se sont ajoutés les blocages institutionnels à l
la thématique (refus des sites de médias de diffuser une annonce, censure
des forums, intervention sous forme de « happening » de certaines
associations lors de présentations scientifiques). Il est assez rare de
rencontrer autant de résistanc
scientifique en psychopathologie, alors que notre expérience nous a
difficultés (la toxicomanie ; la dangerosité criminologique ; la pédophilie ;
les agresseurs sexuels). Ces freins inhérents à la recherche ont nécessité
une adaptation de notre démarche.
Malgré ces résistances, nous avons pu lancer la recherche grâce à trois étapes
notables (ces trois étapes nous ayant permis de faire face aux difficultés exprimées
précédemment) :
- 1er étape : Rencontre avec les professionnels pour définir la méthode et les
objectifs.
- 2nd étape : Construction méthodologique qui sous-‐tend entre autre
o
o La construction des questionnaires.
- 3ème étape : Recueil de données qui comprend
o
o La passation des questionnaires.
Cette 3ème a sous-‐structure :
Phase n°1 : « Notre équipe
mène une recherche en psychologie sur les pratiques prostitutionnelles chez les
étudiants. Dans ce cadre, nous recherchons des étudiants directement concernés
par ces pratiques (passées ou actuelles) et souhaitant témoigner. Cette étude sera
réalisée en suivant les règles d'anonymat et de confidentialité. Si vous souhaitez
participer à cette recherche vous pouvez nous contactez par mail
[email protected] ou »
trois universités de la ville de Toulouse. Les annonces ont été posées sur les
restaurants universitaires ou encore des résidences universitaires).
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 27
Phase n°2
de trois.
Phase n°3 : diffusion par voie orale entre étudiant (solution impromptue, arrivée
-‐même).
Phase n°4
prostitution étudiante, avec la possibilité pour le participant de nous laisser ses
co l est pleinement concerné par cette pratique.
Alors, dans le cadre de cette recherche les sujets devaient se présenter comme
des étudiants ayant recours, ou ayant eu recours durant études à la pratique
prostitutionnelle.
5.3 Outils : Entretien, ligne de vie, bioscopie et questionnaires.
tifs (entretien semi-‐directif, ligne de vie
et bioscopie ntitatif (questionnaire) nous a permis un recueil de
données plus rigoureux, ces outils se complétant et se compensant entre eux. Cette
trer des sujets se
prostituant. Ici, nous avons donc accès aux représentations des étudiants sur la PE pris
dans une démarche quantitative, combiné au cas singulier fait lors de notre rencontre
sous une démarche qualitative. Cette approche mixte nous donnant la possibilité de
discerner , croisé et différencié, à la
Démarche qualitative, phase clinique :
un entretien
semi-‐ entretien
semi-‐directif sur le parcours de vie. Les thèmes abordés sont alors
civil, en passant par la famille, la scolarité, la relation aux
sentimentale et sexuelle, les conduites addictives, pour finir sur les pratiques
prostitutionnelles. La ligne de vie vient étayer cet entretien, le sujet est invité au
préalable à compléter une ligne de vie vierge. Il est invité à la conserver et
à la compléter selon ses souhaits durant . Sur cette dernière, le sujet écrit selon
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 28
son envie s
relancer sur un point écrit, évoqué ou encore non écrit (telles que les périodes vides)
afin de travailler plus en détail,
souvenirs refoulés ou non élaborés du sujet.
se feront grâce à la méthode bios
faire une analyse (Tableau a).
Tableau a que bioscopique
Démarche quantitative :
La passation de questionnaires nous autorise à accéder aux représentations des
étudiants (non prostitués et prostitués) sur la question de la PPE. Ce qui nous permet
matière de travail sur la question de cette thématique peu travaillée en
psychologie. Ici, nous pouvons observer sur quelles modalités et sur quels points
semblent se construire la PPE dans le milieu étudiant. Cette démarche nous ouvre des
cheminements de pensées apportant une connaissance sur la représentation de la PPE
et donc de sa construction dans le lien social étudiant. Ce questionnaire de treize
questions va interroger plusieurs thématiques de la prostitution qui sont : la
connaissance de la PPE, le type de prise de connaissance, sa diffusion, sa justification,
, évoqué par la PPE, ses caractéristiques supposées, la
possibilité de la pratiquer, les raisons de la pratiquer personnellement. Toutes ces
thématiques permettent de confronter la représentation de la PPE sur un nombre
important de facette le thématique domine chez les étudiants.
Questions types du questionnaire diffusé :
1. Avez-‐vous déjà entendu parler de la prostitution étudiante ? OUI NON
par quel moyen ?
2. Pensez-‐vous que la prostitution étudiante soit une pratique courante ? OUI NON
3. Pensez-‐vous que ce phénomène existe depuis longtemps ? OUI NON
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 29
4. Connaissez-‐vous ou avez-‐vous connu des étudiants ayant des pratiques prostitutionnelles
? OUI NON
5. Selon vous, quelles sont les raisons qui conduisent un étudiant à se prostituer ?
6. Par quel(s) moyen(s) un étudiant pourrait-‐il se prostituer ?
7. Pensez-‐ diante et les autres
pratiques prostitutionnelles ? OUI NON
8. Pensez-‐vous que la prostitution étudiante puisse perdurer au-‐delà des études ? OUI
NON
9. Pensez-‐ ? -‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐-‐
-‐-‐-‐-‐
10. Pensez-‐vous que la prostitution étudiante induit une souffrance pour ceux qui la
pratiquent ? OUI NON
11. Que pensez-‐vous de ce phénomène ?
12. Vous-‐même, avez-‐vous déjà eu des pratiques prostitutionnelles ? OUI NON
13. Avez-‐vous déjà pensé à vous prostituer ? OUI NON
6. Analyse des données.
6.1 Etude quantitative : représentations des étudiants
Les résultats des 121 questionnaires ont été traités de manière informatique via
le logiciel SPSS. Ici, seront présentés les résultats que nous pensons intéressant pour
notre étude. Toutes les données non exposées sont disponibles en annexe.
Afin de rassembler les réponses associées à plusieurs thèmes en même temps,
pour une lecture plus simple, le thème « réponse
multiples ». e visibilité des résultats.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 30
6.1.1. Connaissance et prise de connaissance de la prostitution étudiante
Tableau 2 : Répartition des sources de connaissances de la prostitution étudiante
Les résultats apportés par la question 1 : « Avez-‐vous déjà entendu parler de la
prostitution étudiante ? », nous montrent que le phénomène de la prostitution étudiante
est connu à 69.4% (Tableau 1). Les modes de connaissances sont divers et vont de
manière croissante du thème « Relation sociales de groupes » (0.8%), aux « livres,
» (6.6%), puis aux « Relations sociales amicales » (5.8%), pour finir par les
« médias » avec 48.8%. Il y a alors une forte prise de connaissance par la télévision,
internet face à une prise de connaissance du phénomène via des conférences et débats
publics quasi inexistant (Tableau 2). Les 37% de sujets méconnaissant la PE sont à
corréler au 38% de non réponses de la question Q1+ (Tableau 2). Nous notons un bon
taux de réponses pour la question 1 et sa sous question.
Q1
Effectifs Pourcentage
Pourcentage
valide
Pourcentage
cumulé
Valide OUI 84 69.4 69.4 69.4
NON 37 30.6 30.6 100.0
Total 121 100.0 100.0 Tableau 1 : Connaissance de la prostitution par les étudiants
Q1+
Effectifs Pourcentage
Pourcentage
valide
Pourcentage
cumulé Valide Médias (TV, Internet, Radio,
Journaux) 59 48.8 48.8 48.8
Relations sociales de proximité : discussions entre amis, bouche à oreille
7 5.8 5.8 54.5
Livres, littérature, cinéma, séries TV 8 6.6 6.6 61.2
Relations sociales de groupe : discussions et débats publics (syndicat, conférences, etc)
1 .8 .8 62.0
Réponse multiple 8 6.6 6.6 68.6 Non réponse 38 31.4 31.4 100.0 Total 121 100.0 100.0
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 31
Interprétation : La prise de connaissance élevée de la question de la PE via les
médias, empêche les étudiants concernés, ou non, de participer au débat et
r la problématique de la PE.
publics invitent plus aux échanges et sont alors moins propices à la création
de clichés et de stéréotypes réducteurs de la complexité du thème. Les médias
vont favoriser la transmission ou
vont véhiculer une représentation restrictive voire idéalisée de la prostitution
étudiante. Cela interroge donc nos résultats qui soulignent que la prise de
connaissance sur la PPE est majoritairement faite par les médias et très
faiblement par les débats et échanges publics. Nous exprimons une certaine
inquiétude sur la qualité du canal principal PE.
6.1.2. Représentation du phénomène
Q5
Valeur Effectif Pourcentage Valeurs valides 1 Raisons matérielles et
financières : manque
matérielles
100 82.6%
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 32
2 Raisons personnelles et psychologiques : Souffrances psychiques et recherche personnelle
4 3.3%
3 Raisons de plaisir et/ou besoin sexuel.
0 .0%
4 Réponse multiple 5 4.1% 5 Non réponse 12 9.9%
Tableau 3 : Raisons conduisant à la PPE
Tableau 4 : Représentations de la souffrance dans la PPE, selon les étudiants.
Q11 Valeur Effectif Pourcentage
Valeurs valides 1 Jugement moral et émotionnel (triste, horrible, désolant, malheureux,...)
61 50.4%
2 Précarisation sociale hoix,
la précarité, cela se développe)
24 19.8%
3 Phénomène normal, vivable et/ou socialement reconnu. Auquel on peut prendre du plaisir, y donner un sens.
4 3.3%
4 Réponse multiple 14 11.6% 5 Non réponse 18 14.9%
Tableau 5 : Jugements ouverts sur la représentation de la prostitution étudiante Dans 82,6 % des réponses les raisons matérielles et financières sont évoquées
pour expliquer les pratiques prostitutionnelles et seulement 3,3 % des étudiants
interrogés évoquent des raisons personnelles et psychologiques (Tableau 3).
Les réponses concernant la représentation du phénomène (question 11 : « Que
pensez-‐vous de ce phénomène ? ») permettent de relever que 50,4% des étudiants
évoquent un « jugement moral » ou une « expression émotionnelle ». Le phénomène est
jugé « normal, vivable et/ou socialement reconnu » avec seulement 3.3% des réponses.
Q10
Effectifs Pourcentage Pourcentage valide Pourcentage cumulé
Valide OUI 112 92.6 92.6 92.6
NON 6 5.0 5.0 97.5
NON REPONSE 3 2.5 2.5 100.0
Total 121 100.0 100.0
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 33
Ensuite, les réponses autour du thème de la « précarité sociale
nt respectivement à 19.8% et 14.9% des réponses (Tableau 5).
Nous pouvons rapprocher les 50.4% et les 19.8% de la question 11 (Tableau 5)
au 92.6% de la question 10 induisant une association entre prostitution et souffrance
(Tableau 4).
Interprétation : La qualité des réponses sur la représentation du phénomène
autour de
la question de la PPE (Ces émotions pouvant être émotionnelles ou morales).
t
-‐à-‐dire que
PPE dans les représentations intimes de chaque
sujet suppose une mise à distance forte de la PPE (pour des raisons propres à
chacun). Cette dernière devient alors « horrible », « désolante ». Ces
résistances soulignent la place des clichés et tabou
population générale. Cela est un des éléments permettant de comprendre les
résistances dans le débat public. ssi que cette expression
d est rationnalisée, en expliquant les raisons de la prostitution pour
des motifs exclusivement matériels Ici, se dégage alors la difficulté de
travailler cette problématique par les paradoxes et les élaborations couteux
q s supposent.
6.1.3. Activité prostitutionnelle : de
Tableau 6 : Etudiants se prostituant
Q12
Effectifs Pourcentage
Pourcentage
valide
Pourcentage
cumulé
Valide NON 121 100.0 100.0 100.0
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 34
Tableau 7 : Perspectives prostitutionnelles dans le parcours étudiant
Q13+
Tableau 8 : Motivations à la pratique prostitutionnelle étudiante (tableau simplifié)
Nous ne relevons aucun sujet se prostituant dans notre panel (Tableau 6). Dans la
suite du questionnaire, sur la question 13 « Avez-‐vous déjà pensé à vous prostituer ? »,
nous obtenons 5.8% de « oui » et 94.2% de « non » (Tableau 7). Dans les réponses
associées au « oui » (sous thème de la question 13) deux réponses se dégagent de
manière assez proche, que sont les « » (42.9%) et
les « » (57.1%) (Tableau 8). La
dif
« motivations par nécessité». Nous repérons toujours la présence de réponses autour du
aspects tels que le loisir ou encore le pragmatisme.
Interprétation : étudiant non relevé dans les
questionnaires, peut
secret qui gravitent autour. Cela se confirme dans
s se prostituer ce qui montrent
PE engageante, pour différentes
modalités,
Q13
Effectifs Pourcentage
Pourcentage
valide
Pourcentage
cumulé
Valide OUI 7 5.8 5.8 5.8
NON 114 94.2 94.2 100.0
Total 121 100.0 100.0
Effectifs Pourcentage
Valide Motivé
pragmatique)
3 42.9
et/ou de conserver le rythme de vie étudiant
4 57.1
Total 7 100.0
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 35
s
voit la porosité et la faible élaboration des raisons entre les deux motivations
(Q13+).
6.1.4. Autres réponses significatives
Caractéristiques pratiques du phénomène
La PPE est caractérisée dans les réponses comme à 75.2% exclusivement
féminine. Exclusivement masculine dans 0.8% des réponses et à 21.5% pratiquées dans
les deux sexes (Question 9 : « Pensez-‐v sculine ou
plutôt féminine ? »). Dans cette continuité, la PPE est caractérisée comme non différente
de la prostitution classique dans 58.7% des réponses (Question 7 : « Pensez-‐
ait une différence entre la prostitution étudiante et les autres pratiques
prostitutionnelles ? »).
Représentations temporelles de la PPE
Les réponses autour de la représentation temporelle de la PP
régnante dans le temps (se poursuit même après la
fin des études) dans 74% des réponses (Question 8 : « Pensez-‐vous que la prostitution
étudiante puisse perdurer au-‐delà des études ? »). De plus, ces pratiques existeraient
depuis longtemps dans 76% des réponses (Question 3 : « Pensez-‐vous que ce phénomène
existe depuis longtemps ? »).
Existence et répartition de la PPE
La diffusion de la PPE est une caractéristique présente est contrastée parmi les
réponses. Nous relevons ainsi en résultats patents que la prostitution étudiante est
pratiquée par une connaissance/collègue dans 8.6% des réponses, (Question 4 :
« Connaissez-‐vous ou avez-‐vous connu des étudiants ayant des pratiques
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 36
prostitutionnelles ? ») et est observée comme non courante dans 62% des réponses
(Question 2 : « Pensez-‐vous que la prostitution étudiante soit une pratique courante ? »).
Interprétation :
importante entre prostitution classique et PPE. Nous pouvons corréler ce
résultat aux réponses massives de la PPE comme exclusivement féminine.
Nous observons ici, un point de travail important sur la formation des clichés,
mais aussi sur la place de la femme et surtout du féminin dans la
représentation de la prostitution (classique comme étudiante). En effet,
pourquoi dans le cliché, comme dans la réalité des faits, la prostitution serait
plus féminine ? Dans le processus de croisement des réponses, nous obtenons
des confrontations intéressantes. Ce phénomène dit non courant à 62% (Q2)
est pourtant connu par 69.4% (Q1) des sujets. De plus, jugée comme induite à
82.6% (Q5) par des motifs financiers propres aux études, elle est pourtant
qualifiée de prégnante dans le temps à 74% (Q8) des réponses. Finalement,
avec 92.6% (Q10) de réponses positives quand à la souffrance de se
prostituer (6 réponses « non », 3 « non réponse » sur 121 réponses), que
penser des 5.8% de sujet (Q13) qui ont déjà pensé à se lancer dans la
prostitution -‐à-‐dire 7 sujets sur 121 réponses) ?
6.2 Etude qualitative : Analyse du cas Laurent
Eléments anamnestiques :
Laurent a 22 ans. Sa famille réside
Toulouse depuis 4 ans lorsque nous le rencontrons. Il est étudiant en Sciences Humaines
et Sociales. Il habite actuellement en colocation et ce, depuis un an avec une amie.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 37
Ses parents vivent dans une maison familiale avec son frère, le cadet de la fratrie. Sa
est en couple depuis plusieurs années et vit non loin du domicile parental.
Actuellement les relations familiales sont espacées et conflictuelles.
Eléments du parcours de vie :
o
Le parcours de vie de Laurent est marqué par la présence, dès la naissance, de
moments de rupture (avec sa mère, sa grand-‐ n placement) et
des relations intrafamiliales peu investies par ses membres. Dans son récit de vie,
En écho à ce contexte, apparaît une problématique psychosomatique (asthme),
marquant semble-‐t-‐il une réponse au vécu familial insécure. Même si les grands-‐parents
paternels constit t pas suffisant pour que Laurent puisse
attaques du lien
familial, qui remettent en question sa place dans la filiation et menacent sa construction
les éléments de vulnérabilité et des angoisses qui sont difficiles à élaborer, à penser. Ses
un éloignement géographique
(plusieurs séjours en cure), mais surtout à travers une tentative de suicide à 17 ans et
des consommations de substances psychoactives (alcool et cannabis).
dalités
défensives où évitement, dénégation, clivage et identification projective dominent. Cette
configuration lui permet
surinvestissement du perceptif et du sensoriel (les consommations de substances
psychoactives augmentent).
o Des relations interpersonnelles vécues comme menaçantes au contrôle
sadique de la relation.
rupture et de rejet. Malgré des tentatives de rapprochés avec ses parents, il semble dans
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 38
questionner son inscription dans la filiation. Dans ce contexte, les processus
côté des figures parentales qui apparaissent défaillantes et quelques fois toxiques, voire
sadiques : ses parents suppriment sa chambre après son départ sur Toulouse ; son père lui
rère. Face à cette configuration Laurent a du
mal à construire un monde interne suffisamment solide pour faire face aux exigences et
aux contraintes relationnelles. Chaque relation représente potentiellement une source
de souffrance, réactivant un sentimen
de passivation. Laurent limite ainsi ses investissements affectifs aussi bien dans le temps
que dans leurs qualités. Cette problématique apparaît comme dominante dans son
fonctionnement, induisant une répétition marquée par un besoin de contrôle de toutes
les
maîtrise sadique de
relations amoureuses et sexuelles.
La sexualité
Les modalités de fonctionnement psychologique repérées chez Laurent,
endant
t
menaçante. La relation érotique couple avec le désir
de l'autre et de la rencontre avec la sexualité du partenaire amoureux n'est pas en place.
tionnels et dans sa
sexualité. S
homosexualité désexualisée, que Laurent construit son identité sexuelle, même si celle-‐
« flirts » avec des filles. Le discours de
Laurent est marqué par un dégout du rapport sexuel dans sa vie intime. Il y a peu ou pas
d'actes sexuels avec ses partenaires hommes.
Trajectoire prostitutionnelle
Il décrit sa première expérience comme une opportunité dans un contexte de
défi, non préparé. La motivation première du premier acte prostitutionnel
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 39
: sadisé et humilié.
Néanmoins, il ne se donne pas pour rien.
renversement en son contraire par le retournement incessant des tendances actives et
-‐ dances
sadiques, masochiques, en une modalité qui apparaît moins dangereuse, et succède ainsi
à une lutte anxieuse que Laurent ne parvient pas à maîtriser. En effet, les actes en
question sont destinés à conforter un sentiment de maîtrise qui fasse échec à la menace
système de survie psychique, une façon de maîtriser une
expérience de vide.
issus de la pulsion
que sadique-‐anales.
re les angoisses de
séparation.
entre réalité et fantasme, dans une mise en scène au service du déni, preuve que la
ni de la
séparation.
Le paiement se révèle comme une matérialisation de la défense en venant
satisfaire massivement et constamment un besoin de fétichisation destiné à maintenir le
service de
Le recours au paiement domine au profit du principe de plaisir, il assure une
ation entre réalité psychique et réalité
t ainsi que peuvent se
référant à la réalité extérieure.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 40
A la place, c'est une sexualité au service du client, c'est à dire une sexualité
désubjectivée qui appartient à celui qui va l'acheter. Les trous, le corps et l'esprit du
sujet seront les objets de ses clients. Et ceci prend d'autant plus de sens que les clients
deviennent « un » client de 50 ans, laissant supposer un questionnement de la figure
paternelle. Les partenaires amoureux, eux, n'auront pas le droit à cela, à la place ils
auront accès à l'oralité (les actes sexuels sont principalement des fellations) de notre
sujet, mais à rien de sa génitalité. D'ailleurs quand ses partenaires trop de
la sexualité plus poussée, il les quitte....
Dès la première expérience prostitutionnelle, Laurent prend la mesure du
un lien tout en le gardant à une distance suffisante. Il intervient comme moyen de
désaffectiver la relation. Ses différents « agirs » semblent autour de la pratique
es comme désinhibant).
Ainsi, les conduites addictives et ensuite, ses pratiques prostitutionnelles sont les
rime de
manière polymorphe, et qui est le résultat des résonances psychiques du parcours de vie
de contenir des mouvements pulsionnels, inscrivant Laurent dans un mouvement
de relation
prévalent.
Génogramme : Le parcours de vie de Laurent est marqué par la présence dès la naissance, de moments de rupture (avec sa mère, sa grand-‐mère père, placement)
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 38
Discussion
(PP) chez les étudiants. Notre réflexion nous a alors orientés
prostitutionnelles chez les étudiants en prenant en compte le parcours de vie et les
-‐ Des différentes sphères de la vie des sujets (familiale, sociale, éducative,
sexuelle, affective, somatique, psych ;
-‐ De la répétition des pratiques prostitutionnelles, des évènements de vie et de
(somatique, éducatif, affecti ;
-‐ Du rapport entre la répétition des PP et le fonctionnement psychique.
Cependant, les aléas de la recherche nous ont conduit à intégrer une nouvelle
dimension dans notre étude, permettant à la fois un regard plus général de notre objet
a population. Ainsi,
questionnaire les représentations sociales des étudiants sur «la pratique
prostitutionnelle
notre discussion.
Des représentations de la PPE sous clichés ?
Les réponses aux questionnaires nous laissent de manière répétée assez
dubitatifs sur leurs qualités stéréotypées. En effet, elles nous montrent un certain
engouffrement dans le cliché. La PE est alors majoritairement féminine, motivée par
nt, dû à la précarité sociale de notre contexte économique, etc. Nous parlons de
stéréotypes et de clichés dans la qualité des réponses en raison de plusieurs aspects. Le
premier est le paradoxe des réponses qui se contredisent. Par exemple, le contexte
, en corrélation avec les travaux de
Roberts (2007). Pour autant des réponses en contradiction
un long terme de ces pratiques. De même, sur le fait que la PPE se prolongerait après les
études alors que dans le grand pourcentage des réponses, elle est qualifiée de corrélée
aux raisons financières études. Ces points paradoxaux sont-‐ils orientés
par des clichés ? Finalement, la forte prise de connaissance par les médias, avec leurs
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 39
information juste intégrée par les
répondants, et non élaborée ou discutée aux raisons plus
Alors, l y a certainement une méconnaissance totale de la
raison profonde de la PP
reçues, des fantasmes et des impressions sous influences . Pour autant, nous ne
déqualifions pas ces réponses, qui soulignent des points importants à questionner,
réponses paradoxales. Ces clichés et stéréotypes peuvent alors être compris comme les
gardes fous de la pensée des répondants, sur un acte potentiellement difficile à
interroger
La PPE .
Nous relevons une forte valence affective dans les réponses aux questions. Ce
point est mis en avant en particulier sur les questions à réponses ouvertes. Le sujet alors
majeure partie
des questionnaires, un jugement moral fort et peu justifié. Ce phénomène laisse à
penser que les sujets se confrontent à des résistances psychique
manière complexe sur la PE. Pour rendre cela tolérable, ils exprimeraient un jugement
prenons cela comme la force de ement profond à
laquelle la PE fait appel. Cela confirme les recherches de Chimienti (2008), Dequiré
(2011), Gil (2012), qui indirectement, nous montrent le clivage du débat dans la
prostitution. Propos confirmés par Trelet (2000) et Dubol (1996) sur la place profonde
La PPE : Un acte en voie de banalisation ?
Nous avons été marqués dans les questionnaires par certaines réponses
Dans ce sens, dans les réponses
aux questionnaires, certains sujets y voient une activité tolérable, praticable et même
agréable. Ces réponses allant dans le sens de depuis les années
80 (Chimenti, 2008), mais aussi de la banalisation de la sexualité (Marzano & Rosier,
2005). De même, les réponses laissant à cet acte la possibilité de se poursuivre après la
fin des études questionnent et ce, pourcentage de connaissance
très élevé de la PP , que l
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 40
prostituant est corrélée au résultat de Roberts (2000), nous avons même des résultats
plus élevés. Il y a donc malgré des affects forts et une résistance à parler de la PPE, un
réel développement de la connaissance de celle-‐ci et de son activité. Nous pouvons nous
de savoir si elle a toujours existée et se dévoile, ou si elle se développe depuis peu ? Mais
aussi de savoir par quels biais elle se fait connaître ?
? Quelles motivations à la PPE ?
Les réponses au questionnaire soulignent une motivation importante pour les
simples motifs financiers. Ces motifs revenant bien trop souvent pour ne pas avoir de
s sous-‐
entendent : q -‐ ? Nos premières
explications peuvent faire état du trop-‐plein de jouissance qui se voit maitrisé par la
« classique ». Mais il nous faudra certainement creuser cet aspect et le mettre en lien
avec les problématiques de notre lien social contemporain.
effet, cette pratique associée à plus de 82% pour des motifs financiers liés à la situation
étudiante, est tout même vue comme prégnante à 74% et ce, même à la fin des études.
Soit il existe un fantasme sur la pratique prostitutionnelle, soit ce paradoxe exprime une
impossibilité de quitter cette pratique aussi facilement que possible, ce qui interroge
avec intérêt les aspects psychopathologiques de la problématique (avec la répétition, la
sériation et le polymorphisme) et qui nous oppose aux propos de Dequiré (2011) sur la
caractéristique passagère de la PPE. Mais nous pouvons aussi, ici, interpréter que le
questionnaire et la question en particulier ont été mal compris.
Finalement, pour les sujets pensant ou ayant pensé à se prostituer, même si les
motifs se sont différenciés en deux catégori
simplement. Cela nous ramène, une fois de plus, à notre question sur la symbolique de
nt aussi les représentations de la place de la sexualité
quand celle-‐ci peut devenir, de manière totalement pragmatique,
facile (du moins dans les réponses) à des ressources financières. Pour autant, le travail
semble complexe, quand nous prenons en considération la singularité que chaque cas
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 41
peut avoir. Cependant, il semble vraiment que la problématique matérielle englobe
e dans ces
cas là. Nous relevons donc que la question du matériel dans la PPE fait lieu de barrage
; le matériel faisant fonction de
tolérable et même de le justifier faisant écho aux propos de Bernard Lemettre sur un
système qui exploite les « vulnérabilités psychiques » et ce via .
La place du féminin
La représentation importante de la PPE comme pratiquée massivement par les
femmes nous interroge beaucoup. La réalité de ce fait est à relativiser et même à
questionner. En
homme. Serions-‐nous tombés PE pratiquée par un
homme ? Afin de mieux comprendre toute la complexité de la PPE et de la PP en
générale notre réflexion doit davantage se concentrer sur la compréhension de la place,
la PP.
En effet, il semble plutôt que la question prostitutionnelle se représente dans le fait de
prendre une position féminine avec les modalités que la psychopathologie ou encore la
psychanalyse peut entendre. Cette position pouvant être celle prise autant par une
femme que par un homme. Ici alors, se dessine un point théorique et empirique à
travailler dans une perspective de meilleure compréhen .
Cas clinique .
Notre rencontre clinique, comme les réponses au questionnaire, nous soulignent
rencontres, les modalités de pai , notre cas souligne avec beaucoup de
netteté ces points-‐là. nous éloigne du simple aspect
pas à donner comme simple
explication, les raisons financières comme motifs. S en éloignent
beaucoup. La prostitution a donc, pour notre cas,
accordée
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 42
choix. Un choix non sans difficultés et souffrances, mais un choix qui le porte dans sa vie.
Il réussit ses études, il b
vie, qui donne comme résultat la pratique. Au contraire,
e vie, qui fera résultat de la PPE ou non.
La pratique prostitutionnelle doit être prise dans une vision globale sans jamais être
réduite au simple acte prostitutionnel qui, au final,
psychique du sujet.
Dans notre rencontre clinique, nous décryptons une pratique hors cadre de la
prostitution classique, avec une auto-‐gestion e
Cette dernière servant plus à subvenir à des besoins que nous pourrions qualifier de non
vitaux et q nt plus sur des loisirs et du plaisir. Ceci nous questionne alors sur la
réelle utilité de la prostitution comme besoin nécessaire à la survie : Est-‐ce un besoin
matérielles ? Est-‐ce un besoin de se vivre comme prostitué avec
difficile à représenter ? Ce dernier questionnement faisant écho à notre sujet qui
considère ses clients avec rejet, dégout et haine.
La prostitution est donc vraiment un acte complexe
favorisée par notre lien social
consumériste, qui rend tout consommable et vendable.
très singulière, encore peu courante et peu banalisée ; l
aspects va certainement changer la donne et possiblement rendre cet acte plus
tolérance
grande prévention sur les r
pour les prostitués étudiants, afin de mieux comprendre.
Recherche-‐Action : Intérêt scientifiques et praxéologiques.
Notre démarche de recherche se caractérise par un engagement sur une co-‐
construction entre chercheurs et praticiens avec pour objectif la prise en compte, à la
fois, des connaissances scientifiques et leurs actualisations dans un contexte
professionnel. Cela nous a permis
professionnels en contact avec la population étudiée. La mise en place de ce travail
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 43
constitue le socle de la dynamique de notre recherche-‐action. Des points réguliers ont
été .
Ainsi, la construction méthodologique et l résultats ont pu bénéficier
des échanges a e du Nid
pratiques des
professionnels. régulier des données issues de la recherche a permis un
réajustement des réflexions cliniques du côté des professionnels et un réajustement des
interprétations des résultats du côté des chercheurs.
Là où certaines recherches essaient de limiter leurs impacts sur le lieu de recueil
de données, notre démarche de recherche-‐action vise la modification, par le biais
accueillies.
Ce choix méthodologique a eu plusieurs résonances sur la recherche, les
chercheurs et auprès des professionnels :
Sur la recherche : période de recueil de données ; la prise en
compte de dimensions peu développées sur le plan empirique
conceptuel descriptive à partir de questionnaires, nécessaire,
compte tenu de la sensibilité des terrains de recherches face à la thématique.
Sur les chercheurs : un travail sur les représentations, clichés et fantasmes en
lien avec le phénomène de la prostitution.
Sur les professionnels : a permis une prise de recul sur le quotidien
professionnel en confrontant avec les chercheurs les points de vue sur les étapes
et les résultats obtenues ; la prise en compte de la dimension psychologique. Cela
à également permis une actualisation des repères épistémologiques et éthiques
qui sous tendent les pratiques (exemple : la prostitution doit-‐elle être
appréhendée comme une déviance ?)
De ces échanges, nous avons aussi extrait différents points fondamentaux, tel que
le souhait premier de ne pas victimiser les prostitués. En effet, la prise en compte de la
PP comme un acte singulier et propre au sujet se révèle le
t
des mains tendues pour favoriser une sortie.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 44
De ces rencontres, nous avons constaté que leur pratique met en avant toute la
complexité de la PP, point que nous avons pu étayer à notre tour. I
prostitué(e), il y a des prostitués. Les chemins qui y conduisent, relèvent
propre à chacun .
le clivage qui anime la question
prostitutionnelle. Fait présent France, il est aussi bien
association de la
sociale de la PP face à la vision de la rencontre des professionnels de terrain.
Limites inhérentes à la recherche
La réalité du terrain et la surprenante rési le thème des pratiques
prostitutionnelles des étudiants (PPE), nous ont confrontés à de nombreuses difficultés.
A partir de ces constats, nous avons souhaité alléger notre méthode et ajuster notre
recherche à la réalité du terrain. Se dégagent alors plusieurs limites qui peuvent biaiser
nos résultats.
- Notre souhait de donner une dimension singulière et cli la
PE, nous a confrontés
puisque nous un seul étudiant pour participer à un
entretien. Notre seule rencontre, aussi riche soit-‐elle, aurait pu être
certainement complétée utres rencontres avec ce sujet. De même, la
s sujets prostitués aurait permis de
notre démarche ;
- on.
ou
suffi et montrent
us, notre manque de persistance à poster sur les
forums internet, justifiée par des retours de modérateurs, a été dommageable.
- Par rapport à notre axe quantitatif, les échanges avec les professionnels nous
ont a variable sexe dans le
questionnaire. En effet, nous avons souhaité nous éloigner de cette variable
afin ne pas influer une représentation sur
un genre. Ce souhait se faisant dans la perspective de ne pas observer les
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 45
futures propositions dans une pensée unisexe. Nous avons alors manqué
possiblement une donnée importante quant aux influences de certaines
perceptions ou même au souhait de se prostituer avec un genre en particulier.
nce de facteurs divers sur le genre.
- question importante
problématisant les représentations prenant en compte la temporalité de
,
r
, que se font les étudiants,
prostitutionnel ;
- sens que la prise en compte de variable âge et du
aurait été également intéressante. La représentation de la PPE étant peut être
influencée par ces deux variables.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 46
Propositions et perspectives
La raison principale de cette recherche reste
professionnels questionnant les caractéristiques des pratiques prostitutionnelles chez
les étudiants. A cette demande nous devons répondre avec des propositions
dont les objectifs
ayant des pratiques prostitutionnelles et faisant
susceptibles de les recevoir.
idéologie » la « rééducation »
nt qui pourrait être considéré comme déviant. Elles ont comme
intérêts de cibler les actions de prévention des risques associés à une pratique, dans un
contexte particulier
des nouvelles connaissances.
Dans ce sens, nous émettons plusieurs propositions se construisant autour de la
mise en place de stratégies individuelles et collectives sur
construite autour de deux questionnements :
- Quels accompagnements doivent être mis en place ?
- Et comment ?
Propositions :
La dimension psychologique apparaît comme insuffisamment prise en compte à
des personnes. Donc, à partir de ce constat nous proposons :
1. linique sur les cas
rencontrés pour un décryptage psychologique et psychopathologique des
situations rencontrées en ce qui concerne la prostitution des étudiants.
Objectif: Accompagner la compréhension du lien entre une dynamique
psychologique, un parcours de vie et la trajectoire prostitutionnelle.
Pour ce faire, les participants partent de situations cliniques concrètes
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 47
psychologue une réflexion approfondie sur les cas proposés afin de co-‐
construire des solutions/des propositions de travail.
2.
accompagnement psychologique des personnes qui en font la demande, au
sein des institutions concernées.
Objectif :
accompagnement psychologique intégrant à la fois une compréhension
des processus psychiques en jeu et leurs liens avec une trajectoire
psychologue perme s subjectives
de souffrances auxquelles les autres professionnels ne peuvent pas
répondre.
3. Notre travail a permis de relever le poids des clichés, tabous et fantasmes
dans les représentations des étudiants et des professionnels. Il apparaît
incontournable que se mettent en place des
encore des services de médecine préventive dans les universités, tout en
favorisant la coopération entre les universitaires et les différentes
associations.
Objectif : Apporter des informations scientifiques et praxéologiques
p des représentations sociales, des
qui en font la demande dans un contexte dédramatisé et moins
stéréotypé.
4. Proposer puis organiser des sessions de formation auprès des professionnels
concernés ou pouvant être concernés par ces problématiques de la
prostitution des étudiants.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 48
Objectif : Apporter aux professionnels un savoir scientifique et
praxéologique et proposer un
accompagnement adapté aux étudiants ayant des pratiques
prostitutionnelles.
5. Mettre en place des recherches-‐actions en psychologie clinique et
psychopathologie sur les trajectoires prostitutionnelles.
Objectif : compléter les connaissances sur un phénomène encore peu
travaillé dans le champ clinique.
Perspectives
Les résultats, les rencontres interprofessionnelles et les propositions qui
découlent de notre travail nous apportent les grandes lignes de ce que cette recherche a
pu nous apporter. De là, plusieurs projets et idées se prononcent
prolongation de la PPE intégrant également la PP en général. Cela signifie
aussi le maintien
singulière en lien avec un parcours de vie. Le peu de travaux dans le domaine de la
psychologie clinique et la psychopathologie nous incitent
recherches-‐actions sur ce thème. Cela suppose de continuer le processus de
connaissance sur la pratique et surtout de faire de cette dernière, non plu
politique et des débats sociaux, mais de réintégrer la dimension subjective de ceux qui la
vivent. En effet, la singularité de la PP, qui est réellement propre à chaque prostitué,
aire, pénal ou politique.
entre ADN et CCSH afin de poursuivre la dynamique entreprise. Des chantiers possibles
se dessinent tel que celui de travailler sur la victimisation des prostitués.
Figure 1
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 49
Conclusion
réappropriation du phénomène de la PPE
dans le champ de la psychologie que nous avons tenté de réaliser lors de ce travail. Cette
socio-‐politique auxquels nous ne pouvons, nous soustraire. Ce processus de
décentration par rapport au débat politique et sociétal nous à conduit à réintroduire au
de la banalisation, de la pathologisation ou de la victimisation.
Cette recherche en psychologie clinique et psychopathologie nous a permis de
mettre en avant toute la complexité du travail sur une thématique qui met en tension
des points de vue différents sur les questions : du normal et du pathologique ; de la
sexualité ; de la déviance.
descriptifs et le besoin de dissocier la question de la pratique prostitutionnelle de la
.
Dans ce contexte, la question de la pratique prostitutionnelle chez les étudiants se
dessine sur des modalités diverses qui nous obligent à ne pas
netteté cette réalité. Nous
constatons dans ce travail la place importante que la PP peut prendre dans la vie d un
sujet, et comment le parcours de vie peut y conduire. La prostitution est alors (au moins
.
En effet, même si les travaux empiriques permettent de relever des facteurs
sociaux, économiques voire des comorbidités psychiatriques, nous ne pouvons pas
envisager une pratique prostitutionnelle chez un étudiant, uniquement sous le prisme
descriptif ou sociologique. la singularité induite
par le parcours de vie en lien avec une dynamique psychique
prostitutionnel. La prostitution étudiante apparaît alors comme ancrée dans un
parcours singulier aux rouages complexes qui ne se soumettent pas à la simple vision
rééducative et autres procédés de normalisation. Il faut donc sortir des clichés de cette
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 50
pratique afin de mieux la comprendre et surtout de ne pas la rendre muette afin
ne tombe pas dans les dérives du silence (exploitation, violence, négation de son
existence, négation de ceux qui la pratiquent, etc).
dans un débat sociétal, notre préoccupation
s
devons accepter que cette recherche porte probablement les traces de nos
représentations, de nos aprioris moraux et de nos fantasmes. Donc, tout au long du
travail effectué en collaboration avec les professionnels en charge de ces
problématiques, nous avons mesuré régulièrement nos
pratiques et de réfléchir, en tant que chercheurs sur la construction de nos objets de
recherche. Ce lien de collaboration et de confiance avec les équipes, ouvre ici de
nouvelles perspectives de collaborations permettant de faire évoluer cette première
phase exploratoire, vers une investigation plus poussée, maintenant au centre de notre
réflexion une lecture synchronique et diachronique des pratiques prostitutionnelles
chez les étudiants.
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 51
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Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 54
ANNEXES
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 55
Annexe 1 : Analyse quantitative (Tableaux et représentions graphique)
- Résultats question 1 :
Tableau 1 : Connaissance de la prostitution par les étudiants
Nous observons en moyenne une reconnaissance de la prostitution par les étudiants à une hauteur de 70%. Cependant il existe une nette différence inter-‐faculté sur la connaissance de la prostitution étudiante. Par exemple on observe que celle-‐ci est
IFSI Carcassonne avec en moyenne plus de 75% de oui.
Figure 1 Représentation en camembert de la connaissance de la PPE par université
Figure 2 Représentation en bâton de la connaissance de la PPE
Q1
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 3
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 84 69.4%
2 NON 37 30.6% 3 NON REPONSE 0 .0%
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 56
- Résultats question 1+ :
Q1_A
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 4
Etiquette Q1+ Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 Médias (TV, Internet, Radio, Journaux)
59 48.8%
2 Relations sociales de proximité : discussions entre amis, bouche à oreille
7 5.8%
3 Livres, littérature, cinéma, séries TV
8 6.6%
4 Relations sociales de groupe : discussions et débats publics (syndicat, conférences, etc)
1 .8%
5 Réponse multiple 8 6.6% 6 Non réponse 38 31.4%
Tableau 2 : Répartition des sources de connaissances de la prostitution étudiante
A la réponse Q1 +. 50% des réponses sont sur la thématique des médias. On note une faible place des discussions et échanges avec les amis, et petits groupes. Nous pouvons
se font les étudiants de la prostitution de leurs camarades.
Figure 3 Répartition des canaux de prise de connaissance de la PPE
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 57
- Résultats question 2 : Q2
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 5
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 43 35.5% 2 NON 75 62.0% 3 NON
REPONSE 3 2.5%
Tableau 8 : La PPE une pratique courante ? 62% des étudiants interrogés ne pensent pas que la prostitution soit une pratique coura -‐faculté. Le non domine à chaque fois.
Figure 4 Représentation en bâton de la PPE comme courante
Figure 5 Représentation en bâton de la PPE comme courante par université
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 58
- Résultats question 3 :
Q3
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 6
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 92 76.0% 2 NON 27 22.3% 3 NON
REPONSE 2 1.7%
Tableau 9 PPE Ce phénomène est qualifié comme déjà ancien à 76%. Pas de différence inter-‐fac notables. Ici, nous constatons alors que pour les personnes interrogées cette activité
stricto-‐sensu à notre actualité sociale et économique.
Figure 6 Représentation en bâton de l'ancienneté de la PPE par université
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 59
- Résultats question 4 :
Q4
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 7
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 10 8.3% 2 NON 111 91.7% 3 NON
REPONSE 0 .0%
Tableau 10
prostitués. 8% en ont connu. Pas de différences inter-‐fac notables. Ceci confirme alors la présence bien réelle et non ponctuelle de cette activité.
Figure 7 Représentation de la connaissance d'un collègue PE (Répartition par faculté)
Recherche PPE ADN/CCSH : Rapport final Janvier 2014 60
- Résultats question 5 :
Q5
Valeur Effectif Pourcentage
Valeurs valides
1 Raisons matériels et financières : manque
matériel
100 82.6%
2 Raisons personnelles et psychologiques : Souffrances psychiques et recherche personnelle
4 3.3%
3 Raisons de plaisir et/ou besoin sexuel.
0 .0%
4 Réponse multiple 5 4.1% 5 Non réponse 12 9.9%
Tableau 3 : Raisons conduisant à la PPE
83% des personnes interrogées donnent une raison financière et matérielle pour
psychologiques.
favorable à des motifs personnelles ou psychologiques. Université qui se différencie des autres. Les autres donnant des réponses nulles ou inférieures à 2% sur cette modalité. Nous pouvons y comprendre une différence de représentation entre les étudiants de
Figure 8 Représentation des raisons conduisant à la PPE (représentation par université)
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- Résultats question 6 : Q6
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 9
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 Médias
(Internet, Réseau sociaux,
44 36.4%
2 Soirées et lieux festifs (bars,
1 .8%
3 Organismes spécialisés (Boites
5 4.1%
4 Par un tiers (amis, bouche à oreille,
7 5.8%
5 voie publique 1 .8% 6 Réponse
multiple 31 25.6%
7 Non réponse 31 25.6% 9 1 .8%
Tableau 11 : Les moyens de se prostituer dans la PPE Avec 36.4% de réponses sur cette thématique, nous observons une nette construction de la PPE sur PE semble alors se construire sur la base des nouvelles technologies. Les organismes spécialisés sont peu évoqués avec le pourcentage le plus bas à 4%
Figure 9 Représentation en bâton des moyens de se prostituer dans la PPE
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- Résultats question 7 et question 7+ : Q7
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 10
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 Différente 48 39.7% 2 Non différente 71 58.7% 3 NON REPONSE 2 1.7%
Tableau 12 : Différence entre PPE et PP Q7_A
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 11
Etiquette Q7+ Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 2 1.7% 2 Motivation
(aussi bien dans le choix, que dans le non choix)
18 14.9%
3 Pratique occasionnelle et/ou non pérenne dans le temps
12 9.9%
4 Organisation différente (sans proxénètes, en parallèle des études, pas à plein temps)
11 9.1%
5 Réponse multiple
2 1.7%
6 Non réponse 76 62.8% Tableau 13 : Critères de la différence entre PPE et PP
La PPE est vue comme non différente de la prostitution classique à 60%. Mais dans les 39.7% de p
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- Résultats question 8 : Q8
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 12
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 90 74.4% 2 NON 24 19.8% 3 NON
REPONSE 7 5.8%
Tableau 14 : Prégnance de la PPE après les études La PPE est vue comme prégnante dans le temps et ce même après la fin des études avec plus de 74%. On peut y interpréter une pratique comprise comme mettant le sujet sous emprise.
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- Résultats question 9 :
Figure 10 Représentation de la répartition de la PPE selon le genre
Figure 11 Représentation de la répartition de la PPE selon le genre (par université)
e comme majoritairement féminine à 75%.
es questionnaires (1 questionnaire). Il règne donc une stéréotypie quelque peu misogyne sur la problématique de la PPE.
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- Résultats question 10 :
Tableau 4 : Représentation de la souffrance dans la PPE, selon les étudiants.
La PPE se voit représentée comme causant des souffrances dans 92.6 % des réponses.
Effectifs Pourcentage Pourcentage valide Pourcentage cumulé
Valide OUI 112 92.6 92.6 92.6
NON 6 5.0 5.0 97.5
NON REPONSE 3 2.5 2.5 100.0
Total 121 100.0 100.0
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- Résultats question 11 :
Q11
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 15
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 Jugement moral et émotionnelle (triste, horrible, désolant, malheureux,...)
61 50.4%
2 Précarisation
la précarité, cela se développe)
24 19.8%
3 Phénomène normal, vivable et/ou socialement reconnu. Auquel on peut prendre du plaisir, y donner un sens.
4 3.3%
4 Réponse multiple
14 11.6%
5 Non réponse 18 14.9% Tableau 5 : Jugement ouvert sur la représentation de la prostitution étudiante
50% des personnes interrogées évoquent ce phénomène sous un jugement moral et émotionnel. Le signifiant triste rev PE est donc peu
une projection personnelle (se mettent à la place du PPE).
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- Résultats question 12 :
Q12
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 16
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 0 .0% 2 NON 121 100.0% 3 NON
REPONSE 0 .0%
Tableau 6 : Etudiant se prostituant
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- Résultats question 13 et question 13 + :
Q13
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 18
Etiquette <aucune> Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 OUI 7 5.8% 2 NON 114 94.2% 3 NON
REPONSE 0 .0%
Tableau 15 : Répondants ayant pensés à se prostituer
Q13_A
Valeur Effectif Pourcentage Attributs standard Position 19
Etiquette Q13+ Type Numérique Format F12 Mesure Nominal Rôle Entrée
Valeurs valides 1 Motivé par
rapide (réponse pragmatique)
3 2.5%
2 Motivé par la nécessité de se
et/ou de conserver le rythme de vie étudiant
4 3.3%
3 Non réponse 114 94.2% Tableau 8 : Motivation à la pratique prostitutionnelle étudiante (non simplifié)
6% des personnes interrogés ont déjà pensée à se prostituer. Nous avons ici un terrain de prévention qui se dégage.
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Annexe 2 : Annonce, questionnaire et coupons
- Annonce :
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- Questionnaire (Façade)
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- Questionnaire (intérieur)
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- Coupons (placés en façade)