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  • 8/7/2019 les urgences endo

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    Par dfinition, du latin urgens : pressant, une thrapeutique durgence nepeut tre diffre et doit tre conduite sans dlai. De ce fait, le temps impar-ti lacte opratoire est gnralement court et non programm, imposantlacquisition de rflexes srs et fonds, tant au plan de ltablissement dudiagnostic, que de la mise en place de la thrapeutique.Les trois quarts des patients consultant en urgence pour des douleurs buc-cales ou maxillo-faciales rel-vent dune thrapeutique endo-dontique. Cest dire limportancedune parfaite matrise de la ges-tion de lurgence. Si lvolutiondes connaissances, associe

    la modernisation des conceptsendodontiques, rendent incon-tournable pour le praticien de seformer aux nouvelles technolo-gies, il est tout aussi pertinent desinterroger sur ses attitudes,voire ses habitudes, en matiredurgence.

    Dr Florence Toumelin-ChemlaM.C.U.P.H

    Facult de Chirurgie Dentaire d e Paris VDpartement dOdontologieConservatrice et Endodontie

    1, rue Maurice Arnoux, 92120 Montrouge

    Formation

    Mdico-Dentaire

    Continue

    ormat on

    Mdico-Dentaire

    Continue

    Les urgencesendodontiques

    Cahier rdactionnel

    2 Principes de base

    3 Objectifs thrapeutiques dutraitement durgence

    4 Traitement durgence despulpites

    7 Traitement durgence desncroses pulpaires

    10 Gestion des complicationspost-opratoires

    SOMMAIRE

    ENDODONTIE

    D

    ECEMBRE199

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    Principes de base

    Parler durgence oblige tout dabord

    savoir de quoi on parle exactement :

    pour cela la connaissance de la

    pathologie pulpaire, en particulier

    smiologie et diagnostic, constitue

    un pr-requis incontournable que

    nous ne dvelopperons pas dans ce

    cahier. Nanmoins, J. de La Palice

    pourrait dire que, face une situation

    clinique donne, le praticien devrait

    mettre en uvre une thrapeutiqueadapte ; plus encore, dans les situa-

    tions durgence, le paramtre temps

    impose une dmarche prcise sous-

    tendue par des objectifs thrapeu-

    tiques spcifiques.

    Dans cette perspective, il est utile de se

    rfrer une classification des pulpo-

    pathies base sur lobservation des

    signes et symptmes cliniques et per-

    mettant dorienter la thrapeutique en

    terme dobjectifs et de moyens. On

    retient encore aujourdhui la classifica-

    tion de lO.M.S, introduite par Baume

    en 1962 qui, si elle gagnerait trerevue dans une forme plus moderne,

    reste tout fait compatible avec les th-

    rapeutiques actuelles [fig. 1].

    On considrera ici les urgences

    appartenant aux catgories III et IV

    de Baume et relevant donc dun syn-

    drome pulpaire irrversible. Les pul-

    popathies des catgories I et II, tant

    justiciables de traitements conserva-

    teurs de lorgane dentino-pulpaire

    vivant (syndrome pulpaire rver-

    sible), doivent tre traites dans des

    sances programmes. Demble on

    notera qu lintrieur des catgoriesirrversibles (III et IV), qui ncessi-

    tent toutes deux un traitement endo-

    dontique, les objectifs thrapeutiques

    devront tenir compte de ltat du

    tissu pulpaire, vivant ou ncros : le

    matre mot qui dirige le traitement

    dune pulpe vivante est lasepsie,

    alors que le traitement dune pulpe

    ncrose est domin par la notion

    dantisepsie. Ces diffrences sontcapitales considrer et ce, mme

    dans le cadre du traitement de lur-

    gence, dans la mesure o lon cherche

    optimiser les rsultats attendus de

    nos thrapeutiques. En effet, dans un

    cas, labsence prsume de bactries

    intra-pulpaires oblige adopter une

    mthode de protection vis--vis

    dune contamination secondaire,

    dans lautre la thrapeutique mise en

    jeu doit en outre prserver contrelinfection en dtruisant les micro-

    organismes toujours prsents.

    2 Formation M dico-Dentaire Continue

    Nous considrons ici les urgences douloureuses relevant dune thrapeutiqueendodontique en cartant volontairement les urgences traumatiques ainsi que les

    pathologies endo-parodontales. Pour chacune des situations envisages,nous dgageons une attitude clinique : quels gestes prcis prconiser en urgence,

    quelles pharmacopes locale, voire gnrale conseiller.

    Fig. 1 - Classification symptomatique but thrapeutique des pulpopathies

    (Baume 1962)

    Classification symptomatique but thrapeutique de lO.M.S.

    Cat. I Pulpes vivantes, sans symptomatologie, lses accidentellementou proches dune carie ou dune cavit profonde, susceptibles dtreprotges par coiffages.

    Cat. II Pulpes vivantes avec symptomatologie dont on tentera - surtoutchez les jeunes - de conserver la vitalit par coiffage ou bio-pulpotomie.

    Cat. III Pulpes vivantes dont la biopulpectomie et lobturation radicu-laire immdiate sont indiques pour des raisons symptomatologique,prothtique, iatrogne ou de pronostic.

    Cat. IV Pulpes ncroses avec - en principe - infection de la dentineradiculaire, accompagne ou non de complications priapicales, exi-geant un traitement canalaire antiseptique et une obturation apicalehermtique.

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    Formation Mdico-Dentaire Continue 3

    Mme dans les situations durgence o

    la cause du problme apparat vidente,

    un diagnostic prcis doit tre tabli en

    pralable de toute intervention : entre-

    tien attentif, examen clinique et tests

    complmentaires appropris sont pri-

    mordiaux.

    Il nous semble galement important derappeler que mme si la clrit est

    apprcie en urgence, le praticien ne

    doit pas occulter lexamen de ltat

    gnral du patient. En effet cest ds la

    sance durgence que dventuelles pr-

    cautions ou contre-indications de trai-

    tement sont envisager.

    Dans loptique dune rationalisation,

    on peut schmatiquement dgager

    4 rflexes que nous considrerons en

    fonction des diffrentes situations dur-gence [fig.2].

    - 1 -

    Le matre-mot de lurgence endodon-

    tique est la surpression.

    Un des objectifs majeurs spcifiques va

    donc tre de rduire la compression des

    terminaisons nerveuses intrapulpaires

    et/ou parodontales, engendre par lin-

    flammation. La pulpe, emprisonnedans une cavit inextensible aux murs

    rigides, est caractrise par une circula-

    tion terminale. Si lon considre une

    ligne dvolution aigu du processus

    inflammatoire, les situations durgence

    endodontique correspondront la pul-

    pite aigu irrversible (qui fait suite la

    pulpite rversible ou hyperhmie), puis

    la parodontite apicale aigu dbutan-

    te ou installe, labcs priapical aigu

    ou parodontite apicale aigu suppure,

    et enfin la cellulite rvlatrice du pas-sage de linfection dans les tissus lches.

    Le terme de parodontite apicale est pr-

    fr au terme de desmodontite trop res-

    trictif et traduit bien le fait que linflam-

    mation, initialement confine la cavi-

    t pulpaire coronaire, puis radiculaire,

    stend ultrieurement dans la rgion

    pri-apicale (cment, desmodonte et

    os). Cette volution pathologique se

    traduit galement par une modification

    de la douleur ressentie.

    Dune douleur initiale viscrale diffuseet difficilement localisable par le patient

    (pulpite sans parodontite apicale), on

    passe des douleurs de type articulaire

    ENDODONTI

    Objectifs thrapeutiques du traitement durgence

    Lobjectif princeps tant de soulager le patient, 3 mots cls vont diriger lurgence :temps, diagnostic et efficacit du traitement.

    Le problme du temps, dj voqu et non spcifique lEndodontie, rside dans le faitque le problme se pose au praticien de faon inopine, souvent intercal au sein de ses

    consultations programmes. Ceci lui impose dtre capable de poser un diagnostic immdiat(positif et diffrentiel) et de raliser un traitement efficace rapidement(mais nanmoins avec rigueur) permettant la sdation de la douleur.

    Fig. 2 - Les rflexes de lurgence

    Rduire la surpression intrapulpairela pulpe est contenue dans un espace incompressible (murs de dentine)

    Iaugmentation de la PIP* comprime les terminaisons nerveusespulpaires et desmodontales

    Face un syndrome pulpaire aigu, raliser lacteclinique chirurgicalcest lacte chirurgical qui soulage le patient et non pas telle ou tellemdication...

    Choisir une mdication locale Prescrire ventuellement une mdication gnrale(*) PIP = Pression Intra Pulpaire

    Urgencetemps

    diagnostictraitement efficace

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    Traitement durgencedes pulpites

    Il sagit l dune urgence inflammatoire(pulpopathies irrversibles de la cat.III) dont lescls essentielles du diagnostic sont brivement

    rappeles sur la figure 3.

    ou osseux ds lors que les tissus pri-

    apicaux sont atteints ; les rcepteurs

    parodontaux concerns permettent au

    patient de reconnatre la dent causale,

    facilitant ainsi ltablissement du dia-

    gnostic.

    - 2 -

    Les tableaux cliniques relevant dunsyndrome pulpaire irrversible aigu

    sont gnralement svres. Aprs un

    diagnostic prcis, cest lacte clinique

    chirurgical qui soulagera le patient et en

    aucun cas telle ou telle mdication.

    Hormis certaines situations exception-

    nelles, le praticien doit donc pratiquer

    en urgence lintervention adapte la

    situation rencontre en mettant en

    uvre un protocole prcis et rationnel

    dont la standardisation garantit sansnul doute la rapidit de lintervention.

    - 3 -

    Une fois lintervention ralise, il est de

    rgle de placer dans la cavit pulpaire

    une mdication locale des fins de ren-

    forcement de lacte chirurgical et dop-

    timisation des rsultats post-opra-

    toires.Le choix dune mdication locale

    est envisager en fonction de la patho-

    logie initiale et du contexte clinique, partir du cahier des charges des pro-

    duits prconiss lheure actuelle.

    - 4 -

    Dans certaines circonstances,une ou des

    mdications gnrales peuvent tre indi-

    ques.Quil sagisse de supplance antal-

    gique,anti-inflammatoire ou anti-infec-

    tieuse, la prescription doit tre dicte par

    lanalyse prcise du tableau clinique et

    doit tre justifie, en prenant garde

    dviter toute prescription abusive.

    Attitudes

    Lobjectif global du traitement est la

    ralisation, sous champ opratoire st-

    rile, dune biopulpectomie suivie

    dune obturation canalaire herm-

    tique et dune obturation coronaire

    tanche et fonctionnelle. Le geste cli-

    nique durgence consiste, aprs anes-

    thsie, pratiquer lextirpation de tout

    (pulpectomie sur monoradicule) ou

    partie (pulpotomie sur pluriradicule)

    du parenchyme pulpaire enflamm.

    La pulpotomie est la procdure dechoix du traitement durgence dunepulpite sur pluriradicule.

    Il est important de prendre conscien-

    ce du caractre microchirurgical de

    cette intervention imposant le respect

    de principes thrapeutiques :nettoya-

    ge du site dintervention, limination

    des restaurations et des tissus infec-

    ts, mise en place dun champ opra-

    toire, accs la pulpe et prparation

    de la cavit pulpaire coronaire (cavit

    daccs) sous irrigation lhypochlo-

    rite de sodium (ClONa) [fig. 4]. La

    prise en considration de la notion

    essentielle dasepsie impose, mme en

    urgence, lisolement du site opratoi-

    re au moyen dune digue tanche. En

    4 Formation M dico-Dentaire Continue

    Fig. 3 - Pulpite irrversible : lments du diagnostic

    Pulpite irrversible : lments du diagnostic

    douleur spontane irradie intermittente hypersensibilit aux agents thermiques

    douleur rmanente > 30-60 sec

    douleur la pression :non prsente initialement (percussion -),apparat dans les stades ultimes de linflammation(percussion + si parodontite apicale associe)

    inspection visuelle : destruction coronaire (caries, fracture), dyschromiede lmail, restauration dfectueuse, surocclusion...

    examen RX : image du ligament priradiculaire normale

    ou lgrement largie

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    Formation Mdico-Dentaire Continue 5

    ENDODONTI

    cas de carie importante, la reconstitu-

    tion pr-endodontique, difficile

    raliser en urgence, peut tre avanta-

    geusement remplace par des mat-

    riaux de calfatage (Oraseal, Bisico)

    [fig. 5]. Le plus souvent, le temps

    ncessaire lisolement du champ op-

    ratoire est infrieur au temps requis

    pour lobtention de lanesthsie : ne

    pas poser la digue pour des raisons de

    temps nest pas acceptable !

    A ce stade dj on peut valuer dven-

    tuelles contre-indications locales autraitement endodontique : dents non

    restaurables, non fonctionnelles, sup-

    port parodontal dficient.

    Quelle mdicationlocale ?

    Concernant la solution dirrigation,

    qui doit tre utilise ds laccs pul-

    paire, un consensus est aujourdhui

    tabli autour de lhypochlorite de

    sodium. Classiquement on retient

    une concentration de la solution

    2,5% qui constitue un bon compro-

    mis entre proprits antibactriennes

    et toxicit tissulaire.

    Le pansement mdiat, inter-sances

    comprend la fois lventuelle mdi-

    cation locale intra-pulpaire et lobtu-

    ration provisoire coronaire, la qualit

    de cette dernire ayant sans doute

    beaucoup plus dimportance.

    Pour une pluriradicule, une fois la

    pulpotomie ralise, la mise en place

    dun hydroxyde de calcium (Ca(OH)2)dense dans la cavit pulpaire coronai-

    re prsente lavantage de concilier

    proprits anti-bactriennes et bio-

    compatibilit. La mdication est pr-

    pare partir dune poudre de

    Ca(OH)2 pure (Prolabo) mlange

    un vhicule strile, srum physiolo-

    gique ou solution anesthsique. Pour

    une monoradicule, une fois la pul-

    pectomie ralise, le Ca(OH)2 est uti-

    lis sous forme fluide et inject au

    moyen dun bourre-pte. Lefficacit

    de cette procdure est garante de suc-

    cs plus de 95% mais demande tout

    de mme suffisamment de temps.

    Pour pallier cet inconvnient, elle

    peut tre envisage en faisant appel

    des formes commerciales du produit,

    plus rapides demploi mais plus on-

    reuses (Calxyl France OCO,

    Calasept Scania Dental, Hy-Cal

    Pierre Rolland, Endocal Septodont).

    Dans la mesure o lacte chirurgical a

    pu tre correctement men, on peut

    galement opter pour un pansement

    plus simple associant un coton secstrile ou imbib de ClONa plac

    sous une obturation coronaire

    tanche (IRM).

    En cas de manque de temps rel ou de

    difficult danesthsie, le recours

    une mdication sdative, Eugnol ou

    spcialit type Pulperyl (Septodont),

    utilise avec parcimonie sur un coton

    exprim, au contact de la pulpe expo-

    se aprs curetage de la carie, peut se

    justifier. Toute autre mdication est

    proscrire, lutilisation danhydride

    arsnieux tant condamnable. Dans

    Fig. 4 - Conditions de lacte microchirurgical :

    champ opratoire et irrigation

    Fig. 5 - Etanchification extemporane de la digue au

    moyen dun matriau de calfatage (Oraseal, Bisico)

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    6 Formation M dico-Dentaire Continue

    Fig. 6 - Cas clinique :pulpite sur 36a : clich radiographiquepropratoire : prsencedune carie rcurrentesous la restauration lamalgame de 36.Noter le dbutdlargissementligamentaire pri-radiculaire.b : saignement louverture de la cavitpulpaire coronaire.c : cavit daccs etpulpotomie ont tralises sous irrigation lhypochlorite desodium 2,5%.d, e : mise en place dun

    Ca(OH)2 dense(Hy-Cal P.Rolland)dans la cavit pulpaire.f : obturation coronairetemporaire (1 semaine) lIRM.g, h : pulpectomie etobturation canalairesont ralises au coursdu rendez-vousprogramm, 8 joursplus tard (prparation

    canalaire Pro-FileMaillefer et obturation laide du systmeThermafil, Maillefer).La reconstitutionprothtique dfinitivedoit intervenir au plustt pour optimiser lesrsultats du traitementendodontique.

    a b

    c d

    e f

    g h

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    Formation Mdico-Dentaire Continue 7

    tous les cas, un grand soin doit tre

    apport lobturation coronaire tran-

    sitoire afin dviter quune pathologie

    initialement inflammatoire nvolue

    vers un processus infectieux.

    Cas clinique pulpiteIllustration du temps par temps op-

    ratoire. [Fig. 6a, b, c, d, e, f, g, h].

    Quelle mdicationgnrale ?

    En principe le seul traitement local

    chirurgical permet la sdation des

    symptmes et nappelle pas de pres-

    cription gnrale.

    Dans certains cas nanmoins, une

    mdication gnrale peut tre indi-

    que :

    - pulpite avec parodontite apicale

    Nombre de ncroses pulpaires sont

    asymptomatiques, quil y ait ou non

    une lsion priapicale associe, sui-

    vant une ligne pathognique chro-

    nique : ncrose asymptomatique>

    parodontite apicale chronique avec

    ou sans suppuration. Lurgence infec-

    tieuse concerne la parondontite api-

    cale aigu installe, avec ou sans sup-

    puration (abcs pri-apical ou alvo-laire aigu) qui peut aller jusqu la

    cellulite par diffusion de linfection,

    travers los, dans les tissus lches.

    associe (linflammation dborde sur

    le parodonte apical, douleur la per-

    cussion): en fonction de la svrit du

    tableau clinique initial, on peut avoir

    recours une prescription antalgique

    ou antiinflammatoire pour diminuer

    les risques dexacerbation de la dou-

    leur en post-opratoire.

    > douleur faible : antalgique pur :paractamol

    > douleur plus importante : anal-

    gsique anti-inflammatoire : acide ac-

    tylsalicylique ou ibuprofne (mieux

    tolr) : 1,2 2,4 g/J. Donner 1g

    immdiatement aprs le soin.

    - obligation de surseoir : doit tre

    exceptionnel.

    Il peut sagir par exemple dun pro-

    blme danesthsie, parfois difficile

    obtenir rapidement du fait de lin-

    flammation, ou dun problme rel

    de temps : recours lassociation

    paractamol + codine (Efferalgan

    codine, Codoliprane 120mg/j), ou

    paractamol+ dextropropoxiphne

    (Di-Antalvic 150mg/j).

    Ce type de prescription doit tre

    exceptionnel et de trs courte dure ;

    il faut revoir le patient ds que pos-sible pour raliser lacte chirurgical.

    - lantibiothrapie na dans ce cadre

    aucune justification hormis chez les

    patients susceptibles dendocardites

    bactriennes (porteurs de valves).

    Pour ces derniers les recommanda-

    tions de lANDEM font rfrence :

    Amoxicilline 3g per os 1h avant le

    geste ou, en cas dallergie la pnicil-

    line, Clindamycine 600 mg per os 1h

    avant le geste (Dalacine).

    ENDODONTI

    Traitement durgence des ncroses pulpairesavec complications priapicales

    Il sagit l dune urgence infectieuse (pulpopathies irrversibles dela cat. IV) dont les cls essentielles du diagnostic

    sont brivement rappeles sur la figure 7

    Fig. 7 - Ncrose pulpaire avec parodontite apicale aigu : lments du diagnostic

    Ncrose pulpaire avec parodontite apicale aigu :lments du diagnostic

    douleur spontane, sourde, intense, continue et localise douleur la palpation, au simple contact percussion +++ pas de rponse aux agents thermiques mobilit possible inspection visuelle : destruction coronaire (carie, fracture, exposition

    pulpaire), dyschromie de lmail, restauration dfectueuse, surocclusion... examen RX : image radioclaire priradiculaire

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    8 Formation M dico-Dentaire Continue

    ratifs biologiques imposent de res-

    pecter un nettoyage progressif et

    dviter lensemencement bactrien ;

    cet effet, une mise en forme corono-

    apicale (crown-down) est recher-

    che : forets de Gates ou instruments

    endodontiques forte conicit utili-

    ss en rotation continue (orifice

    opener), puis lavage canalaire abon-dant lhypochlorite de sodium utili-

    s en seringue, ou mieux, vhicul par

    les ondes ultra-sonores (systme EMS

    par exemple). On garde lesprit que

    le classique cleaning and shaping se

    Fig. 8 - Cas clinique : ncrose sur 16

    a, b : vues cliniques pr-opratoires. Noter la prsence de tartre et linflammmation parodontale en rapport avec la rgionconcerne, la dent ne pouvant supporter le moindre contact.

    c,d : aprs nettoyage du site dintervention, drainage et dsinfection canalaire sont raliss sous digue et sous irrigation continue

    Attitudes et pharmacope sont dic-tes par les objectifs du traitement :drainage et dsinfection canalaire.Le facteur le plus important dans la

    symptomatologie de la parodontite

    apicale aigu est llvation de la pres-

    sion dans les tissus priapicaux : seuls

    le drainage et la normalisation de la

    pression tissulaire permettent la sda-tion des douleurs souvent trs vio-

    lentes.Donc l aussi le geste opratoi-

    re lemporte sur la mdication. Sans

    anesthsie, ou en injectant distance

    du foyer infectieux si ncessaire, il

    faut ouvrir et drainer. Il sagit ici

    encore dune intervention chirurgica-

    le,ncessitant aprs nettoyage du site,

    la mise en place dun champ opra-

    toire (digue) et lutilisation dhypo-

    chlorite de sodium. Une fois la cavit

    pulpaire ouverte, le drainage est

    recherch et le contenu canalaire

    aspir. Il faut laisser le tarissement dela suppuration se faire et entre-

    prendre si possible le traitement chi-

    mio-mcanique tant donn que cest

    linfection canalaire qui a caus la

    parodontite apicale aigu. Les imp-

    a b

    c d

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    Formation Mdico-Dentaire Continue 9

    ENDODONTI

    voit avantageusement remplac par

    shaping and cleaning. [Fig. 8 a, b, c,

    d] : Cas clinique ncrose.

    Le contrle de locclusion est gale-

    ment trs important : ldme pri-

    apical toujours prsent impose un

    meulage coronaire doux et slectif.

    Dans les cas o le rseau canalaire est

    inaccessible ou impntrable (canauxobturs, ancrage radiculaire), un

    drainage par voie chirurgicale sera

    recherch.

    - Cas favorable : le drainage est obte-nu et il nexiste pas de symptomato-logie loco-rgionale ni gnrale.La dent est referme aprs mise en

    place dune mdication locale anti-

    septique, Ca(OH)2 fluide dans le

    canal et plus dense dans la cavit pul-paire coronaire, associe une obtu-

    ration coronaire tanche.

    > Il faut se garder de laisser la dent

    ouverte la septicit buccale au

    risque de compliquer la suite du trai-

    tement, ceci pour plusieurs raisons :

    - contamination bactrienne suppl-

    mentaire

    - possible pntration intra-canalaire

    de dbris alimentaires

    - multiplication des rendez-vousassocie une difficult majore

    obtenir la sdation des symptmes,

    ncessaire pour loburation canalaire

    dfinitive.

    En terme de mdication gnrale,

    lantibiothrapie ne doit pas tre sys-

    tmatique mais rgie par la consid-

    ration de ltat gnral du patient et

    son pass pathologique (voir cas

    dfavorables voqus ci-dessous). Ladouleur ne constitue en aucun cas un

    critre valable pour linstauration

    dune antibiothrapie, cette dernire

    ne devant pas se substituer au dia-

    gnostic et la thrapeutique chirurgi-

    cale.

    La prescription antalgique est indi-

    que, la demande du patient. Le

    choix et la posologie de la mdicationdoivent tenir compte de la svrit du

    tableau clinique initial. La prise en

    considration, la fois de ltat pul-

    paire et pri-apical initial, et de la

    puissance antalgique des mdica-

    tions, orientera vers un antalgique

    pur (paractamol), un AINS faible

    dose (Ibuprofne 200mg) ou vers

    lassociation paractamol-morphi-

    nique mineur.

    Dune manire gnrale, on gardera

    lesprit la relation existant entre la

    douleur propratoire et la survenue

    de complications post-opratoires : la

    frquence des douleurs aprs traite-

    ment est nulle pour la pulpe saine (

    condition bien sr quil ny ait pas eu

    de manuvres iatrogniques), faible

    dans le cas dune pulpite et augmenteprogressivement avec la parodontite

    apicale chronique, pour culminer

    avec la parodontite apicale aigu et

    labcs pri-apical [fig. 9].

    - Cas dfavorables : 3 questionsessentielles doivent tre envisages : faut-il laisser la dent ouverte ?

    faut-il instituer une antibiothrapie ?

    sagit-il dune contre-indication du

    traitement endodontique ?

    Le cas idal est celui pour lequel le

    drainage est obtenu spontanment

    louverture de la dent ; parfois on

    Fig. 9 - Prvention des douleurs post-opratoires en Endodontie : reprsentation

    schmatique du choix de lantalgique en fonction du tableau clinique

    pr-opratoire

    Prvention des douleurs post-opratoires endodontiques

    Abcs priapical

    Parodontite apicale aigu

    Parodontite apicale chronique

    Pulpite

    Pulpe saine

    Ibuprophne

    Paractamol

    Paractamol + Codine

  • 8/7/2019 les urgences endo

    10/12

    10 Formation M dico-Dentaire Continue

    biologiques (mise en forme corono-

    apicale contrle sous ClONa).

    - modification de la flore bactrienneintracanalaire du fait de louverture

    de la dent ou de la dsinfection qui

    peut favoriser la virulence de cer-

    taines bactries laisses en place

    (zones cryptiques) ou le rveil de bac-

    tries quiescentes en position extra-

    canalaire.

    - patient affaibli ou malade.

    Le fait quil nexiste pas de signe

    pathognomonique avant coureur de

    ce phnomne de ractivation infec-

    tieuse dont la frquence, estime

    entre 2,5 et 25% des cas, est majore

    en cas de lsion priapicale, reprsen-

    te une difficult certaine pour le pra-

    ticien. Sil nest pas envisageable de

    prescrire une antibiothrapie syst-

    matique prventive devant toute

    lsion priapicale, on peut cependant

    la prconiser dans le cas dune lsion

    qui sest manifeste rcemment ; dansce cas, la prescription dbutera la

    veille du rendez-vous de mise en

    forme et parage. Quoi quil en soit, il

    est vivement conseill de toujours

    informer le patient du risque poten-

    tiel, et mme si elle na pas de relle

    justification scientifique, une ordon-

    nance en cas de besoin peut trou-

    ver sa place pour certains patients

    inquiets. Il est en effet curieux de

    constater quun patient prvenu et

    qui possde son ordonnance prsente

    rarement des complications !

    Recrudescence duneparodontite apicale

    chronique ou ractiva-tion infectieuse

    Cette situation se rencontre dans le

    cadre du traitement endodontique

    dune dent ncrose, prsentant ou

    non une lsion pri-apicale et initia-

    lement asymptomatique. Bien sou-

    vent cest la dcouverte radiogra-

    phique, au moment de lobservation

    clinique gnrale, qui a permis de

    mettre en vidence la pathologie et

    indiqu le traitement. Aprs la pre-

    mire sance de traitement, le patient

    revient avec tous les signes de labcs

    alvolaire aigu :mobilit, douleur la

    pression, tumfaction.

    Il sagit l dune situation particulire-

    ment frustrante, la fois pour le

    patient, qui initialement ne souffrait

    pas, que pour le praticien qui garde la

    sensation dun traitement canalairebien conduit, sans incident particulier.

    Ce phnomne peut trouver son tio-

    logie dans trois directions qui peu-

    vent parfois tre associes :

    - surinstrumention de la zone pri-

    apicale induisant le refoulement dans

    le priapex de dbris ncross, de

    bactries ou dendotoxines. Il sagit

    vraisemblablement de la cause la plus

    frquente, ce qui met laccent sur la

    ncessit dadopter une mthode deprparation canalaire atraumatique

    et rpondant au mieux aux impratifs

    Gestion des complications

    Urgence lie aux complications post-opratoiresdes thrapeutiques endodontiques

    russira lobtenir, aprs parage

    canalaire en ralisant un largisse-

    ment trs contrl de la zone apicale.

    Si le drainage na pu tre obtenu,

    bien souvent faute de temps : afin de

    soulager le patient, il est prconis de

    laisser la dent ouverte, 24 48h maxi-

    mum et dinstaurer alors une antibio-

    thrapie (Amoxicilline) associe une prescription antalgique. Le

    patient doit tre revu imprativement

    dans de brefs dlais (24h) pour

    rechercher nouveau lobtention

    dun drainage et refermer la dent. La

    suite du traitement canalaire sera

    programme, en principe en deux

    sances.

    Sil existe une symptomatologie

    loco-rgionale (cellulite, trismus), ou

    bien si l'on constate des signes gn-raux (fivre, adnopathie, asthnie) :

    dans ces conditions, et mme si lon a

    pu obtenir un drainage, le risque de

    diffusion de linfection est tel que

    lantibiothrapie simpose demble,

    avec en supplment une surveillance

    indispensable 24h pour contrler

    son efficacit.

    Un dcontracturant sera prescrit en

    cas de trismus (Decontractyl, 6cp/j).

    Chez les patients risque bactrien

    systmique : lantibiothrapie est ici

    de rgle et cest en gnral lextrac-

    tion qui devra tre programme,

    compte tenu du fait que chez ces

    patients, le traitement endodontique

    ne peut senvisager que sil peut tre

    conduit en une seule sance

    (Recommandations ANAES).

  • 8/7/2019 les urgences endo

    11/12

    Formation Mdico-Dentaire Continue 11

    la mise en place dune mdication

    intra-canalaire temporaire lhy-

    droxyde de calcium. La dent est mise

    en sous-occlusion et referme avec un

    pansement coronaire tanche pour

    prvenir toute contamination infec-

    tieuse. En fonction de la svrit du

    tableau on pourra prescrire un anti-

    inflammatoire non strodien (AINS)(ex: Ibuprofne).

    Dans le cas o la complication se pr-

    sente aprs lobturation canalaire

    dfinitive, la situation requiert alors

    une prescription AINS et la mise en

    sous-occlusion lgre de la dent avant

    de rvaluer la qualit du traitement

    endodontique (dpassement de gutta

    en particulier) dans un dlai de 15

    jours.

    Conclusion

    Encore plus que dans un traitement

    endodontique de routine, la thra-

    peutique durgence requiert une par-

    faite connaissance des pulpopathies

    et de leurs diffrents tableaux cli-

    niques. Elle impose galement dagir

    immdiatement, avec r apidit et

    mthode pour satisfaire sa mission

    essentielle, soulager le patient et opti-miser les tapes ultrieures du traite-

    ment endodontique et de la restaura-

    tion fonctionnelle de la dent.

    Lvolution des concepts et des tech-

    niques pr ivilgie aujourdhui la quali-

    t de lacte microchirurgical en lui-

    mme, limitant de ce fait considra-

    blement larsenal des mdications

    intra-canalaires encore prsentes sur

    le march et lutilisation incontrle

    des mdications gnrales, antibio-tiques en particulier.

    ENDODONTI

    Le traitement durgence est ident ique

    celui dun abcs alvolaire aigu :

    ouverture, drainage, parage ClONa,

    fermeture si possible. Cependant, la

    svrit du tableau clinique impose

    ici demble la prescription de lasso-

    ciation Amoxicilline (1,5g 2g/j) +

    Mtronidazole (1,5g/j).

    Ractivationinflammatoire

    Cette complication, qui se manifeste

    en cours ou suite un traitement

    endodontique est, la diffrence de la

    complication prcdente, toujours

    dorigine iatrognique. Elle peut tre

    occasionne soit par une surinstru-

    mentation apicale rsultant dune

    erreur destimation de la longueur de

    travail, soit par la mise en place de

    mdications intra-canalaires irri-

    tantes (phnols, solvants...) induisant

    alors une parodontite mdicamen-

    teuse.

    Le recours des mthodes rigou-

    reuses de dtermination de la lon-

    gueur de prparation (radiographie,

    localisateur dapex) et lutilisation

    contrle des mdications endodon-

    tiques (ClONa, Ca (OH)2, eugnol etsolvants utiliss avec parcimonie,

    lexclusion de tous les drivs phno-

    ls permettent de prvenir ce type de

    complications.Le traitement durgence consiste

    rouvrir la dent sous digue, ce qui

    met souvent en vidence un suinte-

    ment intra-canalaire ou une odeur

    caractristique des drivs phnols.

    Un parage par rinage soigneux

    lhypochlorite est ralis en vitant derinstrumenter les canaux jusquau

    foramen afin de ne pas exacerber la

    raction tissulaire. On procde alors

    LECTURES CONSEILLES ANDEM - Prescription dantibiotiques en

    odontologie et en stomatologie. Service desRferences Dentaires, 30 avril 1996.

    BOUILLAGUET S., CIUCCHI B. et HOLZ J. -

    Diagnostic et classification des pulpopathies.

    directives t hrapeutiques. Ralits Cliniques, 6 :

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    CIARLONE A.E. et PASHLEY D.H. -

    Medication of the dental pulp : a review and

    proposals. Endodont. Dent . Traumatol, 8 : 1-5,

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    COHEN A.G., HARTMANN A. et MACHTOU P. -

    Le traitement des urgences endodontiques.

    Ralits Cliniques, 3 : 139-151, 1992.

    DALLEL R. et WODA A. - Choix des antal-

    giques en odontologie. Ralits Cliniques, 5 :161-172, 1994.

    DUMSHA T.C. et GUTMANN J.L. - Problems

    in managing endodontics emergencies. In GUT-

    MANN J.L., DUMSHA T.C., LOVDAHL P.E.

    Problems solving in endodontics. Year Book

    Medical Publishers, Chicago : 123-137 : 1988.

    GLUSKIN A.H. et GOON W.W.Y. - Orofacial

    dental pain emergencies : endodontic diagnosis

    and management. In COHEN S, BURNS R.C.

    Pathways of the pulp. 6th ed. Mosby, St Louis :

    25-50 : 1994.

    LAROUSSE J.M., GIMENEZ G.M., ROCCA J.P.

    et GUERRI P. - Pharmacologie endodontique :volution des concepts . Ralits Cliniques, 3 :

    131-137, 1992.

    LASFARGUES J.J. - Les tr aitemen ts endodon -

    tiques durgence.2e partie. Rev. Fran. Endo., 4 :

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    en odontologie. Ed CdP, Paris : 43-82, 1997.

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  • 8/7/2019 les urgences endo

    12/12

    Gestion de lurgence douloureuse en Endodontie :

    arbre dcisionnel schmatique

    ID Formation Mdico-Dentaire Continue - 40 avenue Bugeaud - 75784 Paris cedex 16

    Tl 01 56 26 50 00 - Fax 01 56 26 50 01 - Url www.information-dentaire.com

    COMIT DITORIAL : Jean-Jacques Lasfargues, Franck Decup, Dominique Guez, Charles-Daniel Arreto

    Anamnse - Examens clinique

    et radiographique

    Crises intermittentesDouleurs spontanes

    Douleurs continues intenses

    Dent douloureuseau simple contact

    Dent insensible la percussion

    Dent sensible la percussion

    Diagnosticncrose avecabcs pri-apical

    Diagnosticpulpite

    Diagnosticpulpite avec parodontite

    apicale dbutante

    Parage - DrainageSous occlusion

    Pulpo- oupulpectomie

    PulpectomieSous occlusion

    AntalgiquesAntibiotiques si justifis

    Antibiotiques si patient risque, voire extraction programme

    Pas de prescriptionen premire

    intention

    Antalgiquesou AINS

    Rendez-vous programm 8 - 10 jours

    Poursuite du traitementendodontique

    Accidentinfectieux

    Accidentinflammatoire

    Evolutionloco-rgionale

    URGENCE DOULOUREUSE