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Les troubles du comportement de la personne âgée à domicile: du diagnostic au traitement
Dr Valérie Kurtz-IlligGériatrie Saverne
EPU 15.01.09
Définitions Le trouble est un état qui cesse d’être en
ordre
Le comportement est l’ensemble des
réactions objectivement observables
Le trouble du comportement est un
comportement inadapté selon la norme
attendue
Alors qu’est ce que l’ordre, la norme?
Mode d’apparition
En fonction du mode d’apparition,
La réactivité de l’entourage
Les étiologies
La prise en charge
Et les conséquences seront différentes
Apparition brutale
En général l’entourage familial est inquiet et
contacte rapidement le médecin
Symptomatologie bruyante comme l’agressivité,
l’agitation, les hallucinations, les idées délirantes
Apparition plus progressive
L’entourage est en général plus tolérant
Les signes dits négatifs comme l’apathie,
l’indifférence, l’hypersomnie sont repérés moins
vite
Le patient peut être « oublié » et exposé
secondairement à des complications
somatiques
Que faut-il rechercher ?
Causes généralesFièvre et syndrome infectieux
Douleur avec le classique globe vésical, fécalome
Troubles hydro-électrolytiques: Na, Ca,
déshydratation
Troubles métaboliques: glycémie, urée
Dysthyroïdie
Hypercapnie
Anémie...
Que faut-il rechercher ? Causes neurologiques
L’épilepsie infraclinique et penser en particulier à la
forme temporale
La méningoencéphalite: herpès et TB
L’AVC avec infarctus multiples ou unique mais dans
des zones stratégiques: noyau caudé, thalamus
exposant à la démence vasculaire
La désafférentation sensorielle: vue,ouïe
L’HSD, la tumeur cérébrale
Raretés: Cadasil, angiopathie amyloïde
Que faut-il rechercher ?
Causes neurodégénératives
Maladie d’Alzheimer
Démence frontotemporale
Démence à corps de Lewy
Syndrome corticobasal
Etc...
Que faut-il rechercher ?
Causes toxiques
Alcool: ivresse aigue, DT
Ectasy
Amphétamines
Solvants (exposition volontaire ou accidentelle)
Que faut-il rechercher ?
Causes iatrogènesPar surdosage (volontaire ou par erreur)
Du fait des effets indésirables ou effet
paradoxal
NL, BZD, antiparkinsonien, morphine,
codéïne, dextropropoxyphène
anticholinergique, corticoïdes...
Que faut-il rechercher ?
Causes psychiatriquesApparition de novo ou sur terrain
psychiatrique
La manie ou la dépression stuporeuse
La psychose hallucinatoire chronique
La bouffée délirante d’une psychose
ancienne...
La cause trouvée
Le traitement est en général facilité La récidive est a priori évitée Le maintien à domicile reste possible,
après éventuellement une hospitalisation
Le médecin est récompensé et la famille rassurée
Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence ou SCPD
En 1996, l’Association Internationale
Psychogériatrique a regroupé les
troubles comportementaux sous la
dénomination de Symptômes
Comportementaux et Psychologiques
de la Démence ou SCPD
Les SCPD
Les SCPD
sont des signes typiques de la démence
sont parfois des signes avant-coureurs
sont souvent des signes d’évolution
Les SCPD
Leur fréquence est très importante pouvant
aller jusqu’à 90 % des patients atteints de
maladie d’Alzheimer
Elle augmente avec l’évolution de la démence
En fonction de la sévérité de la démence
certains SCPD sont prédominants
Les SCPD
Dès le début de la démence, atteinte
de l’hippocampe (mémoire),
de l’amygdale (émotions en particulier la peur et l’agressivité),
du noyau de Meynert (rôle important dans le système cholinergique)
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Les SCPD
Extension des lésions vers le cortex
frontal divisé en trois régions chacune
ayant un rôle bien défini
Les SCPD
Extension vers le striatum regroupant le
noyau caudé et le putamen impliqués
dans le contrôle moteur
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Les SCPD
Les SCPD sont classés en 4 groupes:
les troubles affectifs et émotionnels
les troubles psychotiques
les troubles du comportement
les troubles des fonctions élémentaires
Les SCPD: troubles affectifs et émotionnels
1. La dépression
surtout dans les stades de début de la démence
(conscience du déclin)
les suicides sont rares
favorise le repli sur soi et par conséquent l’évolution de la
maladie
mal tolérée par l’entourage
rend parfois difficile le diagnostic de démence
Les SCPD: troubles affectifs et émotionnels
2. L’exaltation et la désinhibition
états d’euphorie le plus souvent transitoires
associés ou non à une grossièreté du vocabulaire,
des avances sexuelles
parfois accompagnés de délires interprétatifs
(persécution, érotomanie…)
Les SCPD: troubles affectifs et émotionnels
3. L’anxiété
peut exister avant la découverte de la démence:
«je perds la tête »
attitudes de rejet de l’entourage renforce l’anxiété
l’annonce du diagnostic peut apaiser :
connaissance de l’ennemi
situation d’échec, d’abandon
stade évolué: cris, fugues etc…
Les SCPD: troubles affectifs et émotionnels
4. Les perturbations des émotions
émoussement affectif
perte de la recherche du plaisir
repli sur soi
indifférence à son entourage
incontinence émotionnelle: pleurs, rires
Les SCPD: troubles affectifs et émotionnels
5. L’apathie
est un trouble de la motivation motrice et verbale
confondue avec la dépression
entraîne une détresse de l’entourage qui ne
comprend pas l’indifférence du malade
Les SCPD: troubles affectifs et émotionnels
6. Les conduites régressives
incurie
refus alimentaire
opposition aux soins
Les SCPD: troubles psychotiques
Ils sont des facteurs
de mauvais pronostic
d’accélération du déclin
de baisse de la qualité de vie
Les SCPD: troubles psychotiques
1. Les idées délirantes (conviction inébranlable d’une
idée fausse) : vol, jalousie
2. Les hallucinations (perception sans objet):
visuelles+++
3. Les troubles de l’identification: fausses
reconnaissances, méconnaissance de son
entourage (syndrome de Capgra) voire de soi
même
Les SCPD: troubles du comportement
1.Le comportement moteur aberrant
déambulation allant jusqu’à la fugue
incapacité à rester assis ou couché
rangements et dérangements
habillage et déshabillage
peut être une manifestation anxieuse
Les SCPD: troubles du comportement
2.L’agitation
activité verbale ou motrice
inappropriée par sa fréquence, son heure, son
contexte
raison principale de placement
Les SCPD: troubles du comportement
3. Les compulsions et les stéréotypies
répétitions verbales ou gestuelles
existent à un stade évolué
mal tolérées par l’entourage
Les SCPD: troubles des fonctions élémentaires
1. Les troubles du sommeil et du rythme sommeil-veille
au début fragmentation du sommeil et réveil
précoce
éveils nocturnes sources de confusion
stade évolué: inversion complète du rythme
sommeil-veille motivant le placement en
institution
Les SCPD: troubles des fonctions élémentaires
2. Les troubles alimentaires
en général réduction de l’appétit dès le début de
la démence: trouble de la satiété, du goût voire
de l’odorat
au stade évolué, oppositionnisme
parfois boulimie dans certains types de
démence
Les SCPD: troubles des fonctions élémentaires
3.Les troubles sexuels
fréquence mal connue car sujet tabou
en général diminution de la libido: rôle important
de l’apathie
parfois perte de la décence allant jusqu’à la
désinhibition sexuelle
Attention danger !
1. Les troubles positifs
fréquente cause d'institutionnalisation par
épuisement de la famille du malade
2. Les troubles négatifs
sont repérés moins vite et le patient peut être
“oublié” pouvant entraîner des complications
somatiques comme la déshydratation
La personnalité antérieure
Pour l'introverti une tendance à l'isolement
méfiant et revendicateur ?
Pour l'extraverti une tendance à l'expression
coléreuse ?
Conséquences à domicile
Facteur majeur d’épuisement des aidants
naturels et professionnels à domicile
Première cause d’institutionnalisation
Evaluation des SCPD
Plusieurs échelles disponibles dont l’échelle NPI
ou inventaire neuropsychiatrique
La NPI analyse 12 troubles du comportement
Elle est remplie avec l’aidant (20 à 30 min)
Fréquence, gravité et retentissement des troubles
sont notés
L’appréciation du fardeau de Zarit
Signification des SCPD
Un trouble du comportement n'est jamais gratuit
Il existe en général une cause: ne pas oublier
qu’un dément peut présenter une pathologie
somatique
La prise en charge non médicamenteuse des SCPD
Rechercher des facteurs déclenchants:
changement d’environnement ou d’aidant à
domicile
bruit (penser à éteindre la TV pendant les repas)
baisse de la luminosité,
obstacle sur la zone de déambulation,
comportement inadapté de l’aidant
La dépression
Le choix de la molécule sera en fonction de l’effet
recherché:
Psychostimulant: Prozac* et Effexor* mais potentiellement
anxiogène
Sédatif de l’angoisse et de la vigilance: Norset*, Floxifral*,
Athymil*
Neutre: Zoloft*, Séropram*, Deroxat*
La dépression
Eviter les antidépresseurs ayant
Effets anticholinergiques délétères chez la personne âgée
( rétention urinaire, glaucome à angle fermé)
Effet inverse des anticholinestérasiques
L’exaltation et l’euphorie
Si d’apparition rapide rechercher une cause iatrogène:
corticoïdes, virage maniaque sous traitement
antidépresseur?
Adaptation du traitement psychotrope préalablement
prescrit
Si gênant, antihistaminiques H1,
Théralène* gouttes en dose filée durant la journée et
éventuelle majoration en début de soirée
L’anxiété
Evaluer la part de l’anxiété dans l’existence de cris,
de fugue, d’agitation motrice ou verbale...
Attitude rassurante et éviter les changements
Utiliser les BZD à demi-vie courte:
Séresta* 10 mg, 2 à 3 prises par jour
Xanax * 0,25 mg 3 prises par jour
L’anxiété
Tercian *, anxiolytique majeur mais est un NL,
à activité antipsychotique faible
avec une action antihistaminique (sédation)
Ttt de courte durée en cas d’échec des molécules
préalables
1 goutte égale à 1 mg, 10 à 20 gouttes en une fois
Ne pas dépasser 100 mg chez le sujet âgé
L’anxiété
Si la forme orale n’est pas possible,
Tranxène 20 mg IM ou Tiapridal 100 mg IM
Tercian une ampoule IM
Respecter les contre-indications en particulier prudence
chez les insuffisants respiratoires chroniques (BZD) et les
patients souffrants d’une démence à corps de Lewy (NL)
L’apathie et l’indifférence émotionnelle
Appréhender l’ambiance familiale: rejet?
Suspendre un éventuel sédatif prescrit pour une
agitation préalable
Eliminer une désafférentation sensorielle: audition,
vue?
Intérêt des IRS (Prozac* et Effexor*)
L’opposition aux soins
Analyser le contexte:
changement d’aidant familial ou professionnel
conflit familial
douche anxiogène?
Rechercher un signal d’appel: Douleur à la mobilisation?
Souhait d’un arrêt des soins?
Prescription de Séresta, de Tiapridal ou d’un IRS sédatif per os (Norset*, Athymil*)
Les hallucinations
Attention ne pas utiliser de NL dans les démences à
corps de Lewy
Ne traiter que les hallucinations gênantes pour
l’entourage et le patient
Eliminer un trouble sensoriel (vue et audition)
Secondaire à la dopathérapie éventuellement
prescrite pour le syndrome extrapyramidal?
Les hallucinations
Anxiolytiques au besoin
Préférer les neuroleptiques atypiques:
Risperdal* en démarrant par un demi cp le soir et en
augmentant progressivement par 1/2 cp sous
surveillance tensionnelle (hypotension orthostatique)
Les idées délirantes
Respecter le délire en l’absence de souffrance du
patient et de son entourage
Déculpabiliser l’entourage
Intérêt des neuroleptiques atypiques
Le comportement moteur aberrant
Protéger le patient contre lui-même en sécurisant le
lieu de vie
Proposer des sorties programmées avec l’entourage
Tenter un anxiolytique ou un IRS sédatif si anxiété
suspectée
Sinon NL atypiques
Les troubles du sommeil Respecter le fractionnement du sommeil et le réveil précoce
chez la personne âgée démente
Eviter les siestes prolongées
Eviter les contentions physiques
Penser à la pollakiurie nocturne
Traiter l’anxiété, la dépression anxieuse
Théralène* 5 à 10 gtes au coucher, hypnotiques à demi vie
courte (Stilnox* 1/2cp ou Imovane*)
Les troubles des fonctions alimentaires
Baisse de l’appétit
cause somatique? (troubles dentaires, mycose, sécheresse
buccale)
iatrogénie? (IACh, IRS anorexigène Effexor*, antibiotique,
morphine)
régime alimentaire? (diabétique, sans sel)
dépression sous jacente?
Prescrire un IRS orexigène (Zoloft*)
Proposer des compléments alimentaires
Les troubles des fonctions alimentaires
Gloutonnerie, coprophagie, pica
Se méfier des psychotropes orexigènes ou favorisant la
désinhibition
Essayer le Tiapridal* en per os
Les troubles sexuels
En général une baisse de la libido
Perte de la décence allant jusqu’à la désinhibition
sexuelle Protéger l’entourage en particulier si plusieurs générations
cohabitent
Annoncer et répéter la LOI ainsi que les règles de la maison
Tiapridal 100 mg p.o de 3 fois un demi cp à 3 cp/j
En dernier recours, Androcur*
Règles de prescription La bonne posologie et la durée adéquate du
traitement:
Pas de demi dose car personne âgée
Adapter la posologie à la fonction rénale, hépatique selon le
psychotrope (cf Vidal)
Attention à la dénutrition et au taux abaissé des protéines
plasmatiques qui vont entraîner une action plus forte du
psychotrope
Penser aux interactions médicamenteuses, aux effets
anticholinergiques ( GFA, RU, effet inverse des IAch)
Règles de prescription Eviter les neuroleptiques conventionnels
Conférence de consensus en 2004 pour l’emploi des
antipsychotiques chez le sujet âgé
Risque accru de dyskinésie tardive par rapport au sujet
jeune
Plus d’interférence avec le système cholinergique
Pas adapté si démence à corps de Lewy
Préférer l’usage de neuroleptiques atypiques, Risperdal* en
première intention à doses progressives
Règles de prescription
Les psychotropes sédatifs se donnent le soir et
évitent souvent l’hypnotique
Pas plus de trois psychotropes à la fois
Expliquer le traitement à l’aidant naturel
Savoir arrêter une molécule devenue inutile:
Ex: l’angoisse s’est amendée, on arrête l’hypnotique et
l’anxiolytique
Réévaluer le traitement à chaque visite
Les anticholinestérasiques et la mémantine
Seront prescrits après un bilan cognitif et
iconographique Ne sont pas indiqués dans tous les types de démence
L’initiation du traitement se fait par le gériatre, le
neurologue et le psychiatre
Le traitement sera renouvelé par le médecin traitant
Le malade doit être réévalué au moins une fois par an
par le spécialiste qui reconduira le traitement
Les anticholinestérasiques et la mémantine
Indication cognitive
Intérêt dans les troubles du comportement
hallucinations, idées délirantes
apathie, baisse de l’attention
anxiété liée à la baisse des performances
Coordonnées
Secrétariat ligne directe:
03.88.71.66.04
Secrétariat hôpital de jour gériatrique ligne directe:
03.88.71.66.92