LES TABLETTES D’EXECRATION OU DE DEFIXION · PDF fileContrairement à la magie...

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A Chamalières (Puy-de-Dôme), une tablette de défixion datée du Ier s. ap. J.-C. a été retrouvée dans une source au sanctuaire thermal gallo-romain. Le texte en langue gauloise pourrait faire allusion au dieu celtique Maponos, dieu de la jeu- nesse et du temps bien attesté en Bretagne insulaire mais peu présent en Gau- le. Il pourrait s’agir d’une défixion juridique. A Rom (Deux-Sèvres) près de Poitiers, une tablette datant de la fin du IIIème-début du IVème s. ap. J.- C. et trouvée au fond d’un puits antique portait une malédiction lancée par un mime de théâtre qui in- voque les démons Apecius, Aquannos et Divona, en leur demandant de faire délirer douze de ses collègues en citant leurs noms. A l’Hospitalet-du-Larzac (Aveyron), les « Plombs du Larzac » da- tant du Ier siècle ap. J.-C. ont été retrouvés dans une sépulture de la nécropole gallo-romaine. Ce sont des missives adressées à une divinité infernale afin de renvoyer à des sorcières le mauvais sort qu’elles ont jeté. Cette tablette interviendrait donc dans un conflit opposant peut-être deux corporations de magiciens. LES TABLETTES D’EXECRATION OU DE DEFIXION DANS L’ANTIQUITE Une pratique interdite et nocturne : le cheminement rituel Contrairement à la magie officielle, placée sous l’égide des dieux d’en haut, la magie par defixio se pratiquait à l’abri des regards, souvent de nuit, dans les forêts, à la croisée des chemins ou dans les espa- ces funéraires, comme en témoignent les auteurs antiques. Par le caractère nocturne, secret et silencieux de ces pratiques, ce type d’envoûtement maléfique inquiétait beaucoup les Romains et a été interdit et condamné du Vème s. av. J.-C. jusqu’au Bas-Empire ce qui n’a pourtant pas empêché la magie individuel- le de se pratiquer dans tout l’Empire durant toute l’Antiquité. A l’image du clou que l’on fige dans une effi- gie, le stylet grave la plaque de plomb lors du rituel d’envoûtement. Cette magie est liée à l’importance donnée au Verbe et au Nom, les Romains liaient en effet le nomen nom ») au numen puissance ma- gique »), il était donc important de nommer la victime pour pouvoir l’atteindre. La confection des tablettes proprement dite procédait de rituels de « contrainte », la malédiction antique reposant sur deux notions : la ligature et la dévotion. On entrave celui à qui l’on veut nuire puis on le livre aux puissances infernales. L’in- cantation gravée sur la tablette décrit donc dans le détail cette opération. Généralement écrit à la première personne, le texte comporte le nom de la victime, suivi parfois de sa filiation par la mère, la seule fiable dans l’Antiquité. Elle porte les noms des divinités invoquées et la liste des malédictions et des maux à infli- ger. Il arrive parfois que le rituel d’envoûtement ne nécessite pas la gravure d’une lamelle de plomb. L’effi- cacité de la contrainte repose alors entièrement sur la puissance accordée à la parole, considérée comme agissante, et résulte de la simple prononciation de l’incantation. C’est là une illustration supplémentaire de la magie du verbe si souvent rencontrée chez les sorciers gréco-romains. Lieu de dépôt des tablettes et divinités invoquées Une fois le rituel accompli, les defixiones, sorte de contrats passés avec les puissances infer- nales étaient ensuite déposées dans des puits, des tombes ou de simples fosses, dans un sanc- tuaire ou encore confiées à une rivière. Les divinités invoquées provenant tout aussi bien des pan- théons grecs, romains, celtes ou même orientaux, étaient généralement des puissances chtonien- nes assimilées aux enfers ; le lieu d’enfouissement n’était donc pas choisi au hasard. La requête pouvait être confiée à un mort, intercesseur privilégié pour toucher ces divinités. De même on ne trouve pas des tablettes dans tous les sanctuaires. Ceux des divinités souterraines étaient de loin les préférés. La rivière, voire la source, devait emporter le mal au loin (désenvoûtement), alors que le puits présentait la caractéristique d’ouvrir sur le domaine chtonien et de comporter de l’eau. En résumé, les tabellae sont déposées dans des puits, dans des sépultures, des sources ou enco- re des fosses qui sont des voies d’accès traditionnelles à l’Autre Monde, par lesquelles on peut communiquer avec les divinités du monde souterrain. Les différents types de malédiction Les envoûtements en Gaule romaine sont sensiblement les mêmes que dans le reste du monde gréco-romain. Suivant le contexte dans lequel elles sont usitées, plusieurs catégories de tablettes de défixion peuvent être distinguées, une typologie des buts pratiques a donc pu être éta- blie suivant 5 grandes catégories de texte se rapportant à des antagonistes différents : La partie adverse d’un procès (defixiones judicariae) Un rival en amour ou une personne désirée (defixiones amatoriae) Le domaine du spectacle, du cirque (defixiones agonisticae ) Un concurrent « sportif » ou économique Un voleur ou un calomniateur La pratique de l’envoûtement par defixio répond à un état de crise ; l’utilisation de ce type de ma- gie s’effectue toujours dans une situation d’affrontement qui n’a pas encore trouvé sa résolution. Ces tablettes nous offrent donc le reflet d’une société qui avait fait de l’envoûtement le moyen le plus sûr de neutraliser de potentiels adversaires dans tous les domaines de la vie quotidienne. Origine et diffusion des tablettes de défixion Les pratiques magiques et la divination faisaient partie du quotidien des Grecs et des Romains, de nombreux documents l’attestent. Parmi elles celle du defixio, c’est-à-dire de l’envoûtement, pouvait être pratiquée par tous. Importées par les colons grecs, ces pratiques par defixio se sont ensuite diffusées avec l’expansion de l’Empire romain. Les régions méditerranéennes et de manière générale la Gaule méridionale présentent un grand nombre de ces tablettes magiques. Elles se sont prolongées sur une large période, du VIe siècle avant jusqu’au VIe siècle après J.-C., mais la majorité sont datées des alentours de la fin du Ier siècle après J.-C. ; cette pratique était donc largement diffusée au début de l’Empire. Qu’est-ce qu’une défixion ? Supports privilégiés de la malédiction, les tablettes dites « de défixion » (du verbe defigere, « fixer en bas »,« transpercer ») étaient le plus souvent destinées à immobiliser un adversaire pour le punir et entraver ses actions. En usant d’un tel procédé, le jeteur de sort espérait soumettre la personne visée toute entière à sa propre volonté et en faire ainsi le jouet de sa malveillance. Ces intentions criminelles s’exprimaient symboliquement au moyen d’un clou enfoncé dans la tablette pour mieux transpercer l’âme de la victime désignée. Le defixio est donc avant tout un rite d’envoûtement. Le particulier qui veut agir contre un adversaire conclut avec les divinités souterraines une sorte de pacte : il leur « donne » son adversaire et prie alors ces divinités d’accomplir ce qu’il ne peut faire lui-même. Le plomb, infernal et malléable L’utilisation du plomb sans être exclusive (des exemplaires de défixions en bronze, étain, pierre, argile ou mê- me papyrus en Egypte sont également connus) était préférée à tout autre matériau pour la confection de ces ob- jets magiques et cela dans une double logique : pratique et symbolique. Métal sombre et froid passant pour être en rapport avec le monde chtonien*, le plomb est aussi malléable, facile à graver et permet au texte qu’il porte de se conserver dans le temps. Tout ceci en faisait donc le support idéal d’imprécations vouées à l’éternité ! *chtonien : lié aux divinités infernales BIBLIOGRAPHIE AUGEL C., « Rapport d’interventions, Conservation-restauration d’un defixio en allia- ge base plomb », Recherches sur l’urbanisme antique du site de Barzan, un aperçu d’une rue et de ses abords au lieu-dit « le Trésor », Document Final de Synthèse de fouilles programmées 2001-2002 sous la responsabilité de Laurence Tranoy. BAY C., « Astrologie et sorcellerie dans l’Antiquité », Archéologia n°=457, juillet-août 2008, p. 64-69. BAY C., CHEW H., GARSSON M., MARTIN M., Magie, astrologie et sorcellerie dans l’Antiquité, Musée d’Argentomagus (Saint-Marcel), catalogue d’exposition, 2008. GAILLET C., « Une approche des tablettes magiques en Gaule romaine », Ephesio Grammata, 1, 2007 Varia [http : // www.etudesmagiques.info/varia/EG_varia-01.pdf] LEJEUNE M. (dir.), Le plomb magique du Larzac et les sorcières gauloises, Paris, Editions CNRS, 1985. MARTIN M., « Monde aquatique et tablettes de défixion », Ephesia Grammata, 1, 2007, varia [http :// www.etudesmagiques.info/2007/EG_2007-03.pdf] CREDITS ICONOGRAPHIQUES Tablette de plomb de Rom (Deux-Sèvres). Photo© Musée d’Archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye. Plombs du Larzac. Photo© Vernhet A. [http://blog.saintpauldesfonts.fr] Tablette de plomb de Chamalières. Photo© Musée Bargoin, Clermont-Ferrand.

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A Chamalières (Puy-de-Dôme), une tablette de défixion datée du Ier s. ap. J.-C.

a été retrouvée dans une source au sanctuaire thermal gallo-romain. Le texte en

langue gauloise pourrait faire allusion au dieu celtique Maponos, dieu de la jeu-

nesse et du temps bien attesté en Bretagne insulaire mais peu présent en Gau-

le. Il pourrait s’agir d’une défixion juridique.

A Rom (Deux-Sèvres) près de Poitiers, une tablette

datant de la fin du IIIème-début du IVème s. ap. J.-

C. et trouvée au fond d’un puits antique portait une

malédiction lancée par un mime de théâtre qui in-

voque les démons Apecius, Aquannos et Divona,

en leur demandant de faire délirer douze de ses

collègues en citant leurs noms.

A l’Hospitalet-du-Larzac (Aveyron), les « Plombs du Larzac » da-

tant du Ier siècle ap. J.-C. ont été retrouvés dans une sépulture de

la nécropole gallo-romaine. Ce sont des missives adressées à une

divinité infernale afin de renvoyer à des sorcières le mauvais sort

qu’elles ont jeté. Cette tablette interviendrait donc dans un conflit

opposant peut-être deux corporations de magiciens.

LES TABLETTES D’EXECRATION OU DE DEFIXION DANS L’ANTIQUITE

Une pratique interdite et nocturne : le cheminement rituel

Contrairement à la magie officielle, placée sous l’égide des dieux d’en haut, la magie par defixio se

pratiquait à l’abri des regards, souvent de nuit, dans les forêts, à la croisée des chemins ou dans les espa-

ces funéraires, comme en témoignent les auteurs antiques. Par le caractère nocturne, secret et silencieux

de ces pratiques, ce type d’envoûtement maléfique inquiétait beaucoup les Romains et a été interdit et

condamné du Vème s. av. J.-C. jusqu’au Bas-Empire ce qui n’a pourtant pas empêché la magie individuel-

le de se pratiquer dans tout l’Empire durant toute l’Antiquité. A l’image du clou que l’on fige dans une effi-

gie, le stylet grave la plaque de plomb lors du rituel d’envoûtement. Cette magie est liée à l’importance

donnée au Verbe et au Nom, les Romains liaient en effet le nomen (« nom ») au numen (« puissance ma-

gique »), il était donc important de nommer la victime pour pouvoir l’atteindre. La confection des tablettes

proprement dite procédait de rituels de « contrainte », la malédiction antique reposant sur deux notions : la

ligature et la dévotion. On entrave celui à qui l’on veut nuire puis on le livre aux puissances infernales. L’in-

cantation gravée sur la tablette décrit donc dans le détail cette opération. Généralement écrit à la première

personne, le texte comporte le nom de la victime, suivi parfois de sa filiation par la mère, la seule fiable

dans l’Antiquité. Elle porte les noms des divinités invoquées et la liste des malédictions et des maux à infli-

ger. Il arrive parfois que le rituel d’envoûtement ne nécessite pas la gravure d’une lamelle de plomb. L’effi-

cacité de la contrainte repose alors entièrement sur la puissance accordée à la parole, considérée comme

agissante, et résulte de la simple prononciation de l’incantation. C’est là une illustration supplémentaire de

la magie du verbe si souvent rencontrée chez les sorciers gréco-romains.

Lieu de dépôt des tablettes et divinités invoquées

Une fois le rituel accompli, les defixiones, sorte de contrats passés avec les puissances infer-

nales étaient ensuite déposées dans des puits, des tombes ou de simples fosses, dans un sanc-

tuaire ou encore confiées à une rivière. Les divinités invoquées provenant tout aussi bien des pan-

théons grecs, romains, celtes ou même orientaux, étaient généralement des puissances chtonien-

nes assimilées aux enfers ; le lieu d’enfouissement n’était donc pas choisi au hasard. La requête

pouvait être confiée à un mort, intercesseur privilégié pour toucher ces divinités. De même on ne

trouve pas des tablettes dans tous les sanctuaires. Ceux des divinités souterraines étaient de loin

les préférés. La rivière, voire la source, devait emporter le mal au loin (désenvoûtement), alors

que le puits présentait la caractéristique d’ouvrir sur le domaine chtonien et de comporter de l’eau.

En résumé, les tabellae sont déposées dans des puits, dans des sépultures, des sources ou enco-

re des fosses qui sont des voies d’accès traditionnelles à l’Autre Monde, par lesquelles on peut

communiquer avec les divinités du monde souterrain.

Les différents types de malédiction

Les envoûtements en Gaule romaine sont sensiblement les mêmes que dans le reste du monde

gréco-romain. Suivant le contexte dans lequel elles sont usitées, plusieurs catégories de tablettes

de défixion peuvent être distinguées, une typologie des buts pratiques a donc pu être éta-

blie suivant 5 grandes catégories de texte se rapportant à des antagonistes différents :

La partie adverse d’un procès (defixiones judicariae)

Un rival en amour ou une personne désirée (defixiones amatoriae)

Le domaine du spectacle, du cirque (defixiones agonisticae )

Un concurrent « sportif » ou économique

Un voleur ou un calomniateur

La pratique de l’envoûtement par defixio répond à un état de crise ; l’utilisation de ce type de ma-

gie s’effectue toujours dans une situation d’affrontement qui n’a pas encore trouvé sa résolution.

Ces tablettes nous offrent donc le reflet d’une société qui avait fait de l’envoûtement le moyen le

plus sûr de neutraliser de potentiels adversaires dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Origine et diffusion des tablettes de défixion

Les pratiques magiques et la divination faisaient partie du quotidien des Grecs et des Romains, de nombreux

documents l’attestent. Parmi elles celle du defixio, c’est-à-dire de l’envoûtement, pouvait être pratiquée par tous.

Importées par les colons grecs, ces pratiques par defixio se sont ensuite diffusées avec l’expansion de l’Empire

romain. Les régions méditerranéennes et de manière générale la Gaule méridionale présentent un grand nombre

de ces tablettes magiques. Elles se sont prolongées sur une large période, du VIe siècle avant jusqu’au VIe siècle

après J.-C., mais la majorité sont datées des alentours de la fin du Ier siècle après J.-C. ; cette pratique était donc

largement diffusée au début de l’Empire.

Qu’est-ce qu’une défixion ?

Supports privilégiés de la malédiction, les tablettes dites « de défixion » (du verbe defigere, « fixer en

bas »,« transpercer ») étaient le plus souvent destinées à immobiliser un adversaire pour le punir et entraver ses

actions. En usant d’un tel procédé, le jeteur de sort espérait soumettre la personne visée toute entière à sa propre

volonté et en faire ainsi le jouet de sa malveillance. Ces intentions criminelles s’exprimaient symboliquement au

moyen d’un clou enfoncé dans la tablette pour mieux transpercer l’âme de la victime désignée. Le defixio est

donc avant tout un rite d’envoûtement. Le particulier qui veut agir contre un adversaire conclut avec les divinités

souterraines une sorte de pacte : il leur « donne » son adversaire et prie alors ces divinités d’accomplir ce qu’il ne

peut faire lui-même.

Le plomb, infernal et malléable

L’utilisation du plomb sans être exclusive (des exemplaires de défixions en bronze, étain, pierre, argile ou mê-

me papyrus en Egypte sont également connus) était préférée à tout autre matériau pour la confection de ces ob-

jets magiques et cela dans une double logique : pratique et symbolique. Métal sombre et froid passant pour être

en rapport avec le monde chtonien*, le plomb est aussi malléable, facile à graver et permet au texte qu’il porte de

se conserver dans le temps. Tout ceci en faisait donc le support idéal d’imprécations vouées à l’éternité !

*chtonien : lié aux divinités infernales

BIBLIOGRAPHIE

AUGEL C., « Rapport d’interventions, Conservation-restauration d’un defixio en allia-

ge base plomb », Recherches sur l’urbanisme antique du site de Barzan, un aperçu

d’une rue et de ses abords au lieu-dit « le Trésor », Document Final de Synthèse de

fouilles programmées 2001-2002 sous la responsabilité de Laurence Tranoy.

BAY C., « Astrologie et sorcellerie dans l’Antiquité », Archéologia n°=457, juillet-août

2008, p. 64-69.

BAY C., CHEW H., GARSSON M., MARTIN M., Magie, astrologie et sorcellerie dans

l’Antiquité, Musée d’Argentomagus (Saint-Marcel), catalogue d’exposition, 2008.

GAILLET C., « Une approche des tablettes magiques en Gaule romaine », Ephesio

Grammata, 1, 2007 Varia [http : // www.etudesmagiques.info/varia/EG_varia-01.pdf]

LEJEUNE M. (dir.), Le plomb magique du Larzac et les sorcières gauloises, Paris,

Editions CNRS, 1985.

MARTIN M., « Monde aquatique et tablettes de défixion », Ephesia Grammata, 1,

2007, varia [http :// www.etudesmagiques.info/2007/EG_2007-03.pdf]

CREDITS ICONOGRAPHIQUES

Tablette de plomb de Rom (Deux-Sèvres). Photo© Musée d’Archéologie nationale,

Saint-Germain-en-Laye.

Plombs du Larzac. Photo© Vernhet A. [http://blog.saintpauldesfonts.fr]

Tablette de plomb de Chamalières. Photo© Musée Bargoin, Clermont-Ferrand.