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LES RUES DE QUÉBEC l'Ait J. M. LEMOINE i/xurci.YQ COPIES MONTRÉAL COMPAGNIE D'IMPRIMERIE CANADIENNE, 222, RUE NOTRE-DAME'.' ; Il . ^75 ? l . :

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LES

RUES DE QUÉBEC l'Ait

J. M. L E M O I N E

i/xurci.YQ COPIES

MONTRÉAL COMPAGNIE D ' IMPRIMERIE C A N A D I E N N E , 2 2 2 , RUE NOTRE-DAME'. ' ;

Il . 7̂5 ? l . :

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L I E S

RUES DE QUEBEC l 'Ail

J. M. L E M O I N Ë

MONTRÉAL COMI'ACNIE l / l M l ' K I M K k I K CAXADIKNNK, 222, RUE NO' 'RE DAME

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LES HUES DE QUEBEC

La Haute-Ville, avec ses grands chênes, ses noyers, ses ormes majestueux, quand elle faisait partie de la forêt primitive, a dû être un endroit fort giboyeux. Si Chainplain et son beau-frère Boullô, ainsi que ses amis de la Basse-Ville, eussent été moins ardents à pourchasser d'autres hôtes de la forêt bien plus dange­reux, au lieu do l'aire mention seulement des renards qui rôdaient autour de " l 'habitation," ils auraient noté quelques-unes des par­ties de chasse qui ont dû se faire sur les déclivités boisées du Cap au Diamant et dans les balliers du Coteau Sainte-Geneviève, surtout quand le scorbut ou la disette rendaient, indispensable l'usage des viandes fraîches ; perdrix, bécasses, lièvres, castors, renards, cari-houx, ours, ont dû fréquenter les monts et vallées de l 'antique Sladaconé.

En 1017, la chasse dut céder le pas à la cu l t u r e : le premier habitant de la Haute-Ville, l'apothicaire Louis Hébert, y établis­sait feu et lieu. Cette année là, " il commença aussitôt, dit l'abbé Ferland, à défricher le terrain sur lequel se trouvent la cathé­drale, le séminaire et cette partie de la Haute-Ville qui s'étend depuis la rue Sainte-Famille jusqu'à l'Môtel-Dieu ; il bâtit une maison (1) et un moulin, vers la partie de la rue St. Joseph où •die reçoit les rues Saint-François et Saint-Flavien. Ces édifices paraissent avoir été les premiers qui aient été élevés sur l'emplace­ment occupé par la Haute-Ville." A cette époque, il ne pouvait y avoir que des sentiers étroits, des avenues irrégulières suivant les détours de la forêt. Ces sentiers s'aplanirent, s'élargirent avec le temps. Chainplain et Kirtk s'occupèrent peu de la voierie. On

* n'avait pas encore pensé aux Grands Voyers, en ' l a Nouvelle-France.

Un des premiers soucis du gouverneur de Montmagny, après

il) L'abbé L'averdUre, an contraire, prétond <iuc la maison d'Hébert a dftêtre Initie sur le site de VéviWb* actuel. (Œuvre* do Cluimpluin, tome II.)

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avo i r fortifié la place, fut de faire p r é p a r e r u n p lan de la vi l le ,

d ' a l i g n e r , d ' é la rg i r , de redresser les r u e s ; cer tes , ce n ' é t a i t pas

s a n s besoin. S'il eû t poussé e n c o r e p lu s loin cet te u t i l e r é fo rme ,

il a u r a i t épa rgné à no t r e mun ic ipa l i t é b ien des e n n u i s , a u pub l i c

b i en des e m b a r r a s . On avait , le 17 n o v e m b r e Hi'23, p r a t i qué u n e

descen te à la Basse-Vil le , m o i n s d a n g e r e u s e q u e cel le qu i exis­

tai t déjà .

L ' é t é , l 'on v o y a g o a i t p a r e a u , d ' o r d i n a i r e en cano t s d ' écorce ; l 'h i ­

ver , on ava i t r ecour s aux raque t t e s . A quel le a n n é e r e m o n t e n t les

vo i tu r e s à r o u e s ? C'est ce qu ' i l ne n o u s a pas été d o n n é de découvr i r .

Ixî p r e m i e r cheva l , des t iné au g o u v e r n e u r do la co lon ie , a r r i va de

F r a n c e e n IliiH. Son Excel lence l ' cmployai t - i l c o m m e cheva l de

selle s e u l e m e n t ? o u b i en , q u a n d il a l la i t , au j o u r de l ' an , s a l u e r

les J é s u i t e s , les b o n n e s Dames U r s u l i n e s , leur p o r t e r l eu r s é t ron-

nes (M, se faisait-il m e n e r en c a r r i o l e , et en ca l èche p e n d a n t l a

be l le sa ison ? Voilà encore un po in t p o u r nos a n t i q u a i r e s .

Bien qu ' i l y eû t des bes t iaux à Q u é b e c en KÎ23, on se servit p o u r

la p r e m i è r e fois de boeufs pour l a b o u r e r , le 27 av r i l 1628.

Le Iti ju i l l e t 1G(»ô, (2| un n a v i r e f rançais a m e n a i t douze che­

vaux ; c 'étai t , s a n s d o u t e , des m o n t u r e s p o u r le b r i l l a n t é t a t -ma jo r

d u g r a n d m a r q u i s de T r a c y, vice-roi. Ces f r ingan t s mi l i t a i r e s d u

co lonel de Sa l iè res , cet te j eunes se d o r é e du m a r q u i s de T r a c y ,

m o n t é s s u r leurs d o u z e c h e v a u x français , q u e les abo r igènes

é b a h i s n o m m a i e n t des " o r i g n a u x d ' E u r o p e , " m e n a i e n t grand-

t ra in à Québec. Y avait-i l des tandem, des driving clubs, en

1 (Ut*» ? sabe ? Ce n ' é ta ien t pas tous des s a in t s c o m m e P a u l

D u p u y que ces mess i eu r s d u co lonel de Sa l i è re s ! Le ma jo r

Lnfredièro , par exemple , a u r a i t pu r e n d r e des poin ts au p lus

e n r a g é g a m i n q u e les (/xmrds de la r e ine Victor ia a i en t compté

d a n s la colonie deux siècles p lus ta rd .

S'il y avai t , à Q u é b e c , douze c h e v a u x de g e n t i l s h o m m e s , ils n e

passa i en t pas tou te l eu r existence à l ' écur ie . Les s en t i e r s escarpés

de la Haute-Vi l le durent , s ' ap lani r , s ' é l a r g i r ; la voie pub l ique

cessa d ' ê t r e réservée a u x piétons seu lemen t . C'est, là p r é c i s é m e n t

on n o u s en vou lons veni r .

En effet, les nu i s de Québec p r i r e n t r a p i d e m e n t de l ' impor t ance ,

en 1W>.">. Les a m é l i o r a t i o n s effectuées, p e n d a n t l ' admin i s t r a t i on

d u cheva l i e r de M o n t m a g n y , a v a i e n t é té fort, goû tées . L ' i l lu s t r e

r h e v a l i e r avait, ses rue s Sa in t -Louis , Ste.-A.nne, R i c h e l i e u , d 'Ai -

(1 ) IXJH <?tn>tittw» coiwktaiont en vin d'Espagne, tourtières, chnpwm, l ivres de piM, «'te, (l'upiVH lu Journal tien Jésuitex.

HiHloiro ilo lu colouio lninçimo au Canada, tomo III, p. !iS4.

W Hiëtoite de l'llotel-liku <k Québec, Mîsro Jnckereau, 511.

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guillon, Saint-Jean, pour honorer son roi et maître, Louis XIII , la reine Anne d'Autriche, le duc de Richelieu, sa nièce, la duchesse d'Aiguillon, le bon prêtre Saint-Sauveur.

La rue St. Louis au siècle dernier était habitée par bien des nota­bilités. Le juge en chef Sewell occupait l'Hôtel actuel du Gouver­nement : il décéda en 1839. Il y avait l'Hôtel de M. de Lotbinière, la maison de la chère amie de Bigot, Madame Péan, où le juge Emsley résidait vers 1815 : plus tard, le gouvernement l'acheta pour une caserne d'officiers ; vis-à-vis la Cour de Justice l'on voit le Kent House, où Sa Grâce le Prince Edouard séjourna 1791-4. (I) Le No. 42, la maison du tonnelier François Gobort où l'on déposa ' la dépouille du général Montgomery le 31 déc. 1775, est devenue historique.

Le sulpicien Vignal logeait dans cette rue. De nos jours, les sommités judiciaires, parlementaires et les avocats l'ont accaparée. Vous y trouvez le juge en chef Duval— les juges Tachereau, Tessier, Bossé, Caron — MM. P. Pelletier, H. Tachereau, députés— MM. Bossé, Languedoc, Hamel, Dechesne, Parkin, Dunbar, cum multis aliis, dont les clients sont aussi matinal» qu'au temps d'Horace :

" Sub cantu galli."

, l De la Basse-Ville on montait à la Haute-Ville par un chemin tortueux pratiqué entre les rochers, et sur la droite on rencontrait le cimetière. Ce chemin, qui aboutissait à l'église xiaroissiale, se divisait en deux : d'un côté, il conduisait chez les Jésuites et à l'Hôpital (Hôtel-Dieu), de l 'autre au fort des sauvages et au châ­teau Saint-Louis. Le château, ou le fort du Roi, gardé par des soldats nuit et jour, sous les ordres du gouverneur, était de forme irrégulière, flanqué de bastions armés de pièces d'artillerie, et offrait à l'intérieur plusieurs corps de logis séparés les uns des autres. A quarante toises de là environ, on voyait, du côté du midi, un petit jardin clos, à l'usage du gouverneur, et devant le château, à l'ouest^ était la Place-d'Armcs (le rond) en forme de trapèze.

" Sur l'un des côtés de cette place, l'on voyait un bâtiment attri­bué d'abord à la sénéchaussée et qui portail le nom du Palais : c'était là sans doute qu'en lGUi le conseil souTerain tenait ses séances. De la Place-d'Armes partait le grand chemin qui con-

(1) "To I.KT.—Tliat elAKiMit HoiiHfl, No. 0, Port Louis ntr«ot, lately occupiedby H. R. H. Prince Eilward, «nid at promint hy tlio Uml JiMop of Québec.

.For furtber particularn, a)»jily tu Miss M A U A N B

or to Québec 4tli Mardi IT'.H. Mc'Nlto <fc IIKI.I,," (Québec QazeMe)

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(luisait a u Cap-Rouge ; à droi te et à g a u c h e de ce c h e m i n , é t a i en t

q u e l q u e s e m p l a c e m e n t s donnés à. d e s p a r t i c u l i e r s p o u r y bâtir .

Le F o r t des S a u v a g e s 6lai t ce r é d u i t , d o n t on a pa r l é , q u i se rva i t

d 'as i le a u x tristes res tes d e la n a t i o n I m r o n n e , f o r m a n t en t o u t

q u a t r e - v i n g t s âmes , en l ' a n n é e 1665, Il c o n t i n u a d ' ê t r e occupé p a r

eux j u s q u ' à la paix faite avec les I roquo i s , après l ' a r r i v é e des t rou­

pes ; ils le «init ièrent a lo r s , pour se l i v r e r à la c u l t u r e des terres.

" O u t r e les bâ t imen t s des R R . P P . J é su i t e s , ceux des R e l i g i e u s e s

et ceux d e l 'Hôpi ta l (Hôtel -Dieni , on voyai t à la Hau te -Vi l l e u n e

ma i son s i tuée d e r r i è r e le cheve t de l 'église paro iss ia le , où hab i ­

ta i t Mgr. de Laval . C'étai t p r o b a b l e m e n t ce q u ' i l appela i t son

s é m i n a i r e , et où il faisait é lever d e s j e u n e s gens q u ' o n put p ro ­

m o u v o i r u n j o u r a u sacerdoce.

" C ' é t a i t au s é m i n a i r e q u e le p r é l a t rés ida i t avec ses prê t res , au

n o m b r e de hui t , qui composa ien t a lo r s t o u t le c l e rgé sécu l i e r de

Québec . Là étai t auss i l 'église de NOTÎIK-DAMK, en fo rme de croix

l a t i n e . " (Failkm.)

La r u e Coni l la rd rappe l le un des pe r sonnages les p lus impor­

tan t s de l ' è re de C h a m p l a i n , G u i l l a u m e Coni l la rd . Il f audra i t tou t

un v o l u m e pour r e t r ace r les inc idents h i s to r iques q u i se r a t t a c h e n t

à la G r a n d e P lace du For t , N o u s en a v o n s ind iqué u n bon n o m b r e

aux p remiè re s pages (10-16) de Y Album du Touriste. N o u s a joute­

rons à ce q u e nous avons déjà di t les dé ta i l s s u i v a n t s :

I l p a r a î t r a i t q u e là où s 'élève le Union Motel de 1804, les

b u r e a u x actuels du Journal de Québec, la g o u v e r n e u r d 'A i l l ebous t

rés ida i t vers 1650. " I l s 'était r é se rvé le 10 j a n v i e r 1649 la pièce

de terris comprise e n t r e la rue d u For t e t la rue d u Tréso r , d ' u n e

par t , et les rues B u a d e et Sa in te -Aune , de l ' au t re . A l ' e n c o i g n u r e

des r u e s d u T ré so r et de la rue B u a d e , côté ouest , J e a n Côté ava i t

u n emplacemen t . Il le d o n n a en dot , en I(MO, à sa fille S i m o n n e ,

q u i se m a r i a à P i e r r e S o u m a n d r e . "

Le t e r r a i n de l ' a r c h e v ê c h é faisai t par t ie d u clos de Con i l l a rd ,

d o n t la maison é ta i t d a n s le j a r d i n ac tue l du s é m i n a i r e , devan t la

por te q u i donne s u r la g r a n d e a l l ée : les fonda t ions en l u r e n t

r e t r o u v é e s en IH(i(i pa r l ' abbé L a v e r d i è r e .

Lava l , d 'Au teu i l , B u a d e , Ste. H é l è n e (1) r ev iven t dans les

a n c i e n n e s rues d u m ê m e nom, t a n d i s (pie F r o n t e n a c , Ibe rv i l l e ,

F i e d m o n t , se r appe l l en t à votre s o u v e n i r dans dos r u e s m o d e r n e s .

Le v ieux pilote écossais , À b i a h a m Mar t in , qu i posséda i t t rente-

deux a rpen t s de t e r re d a n s le f a u b o u r g Sa in t - Jean , b o r n a i t a u n o r d

(1) On prtfteml aniwi quo cotte rn« fut; am>«ltfo d'après l a m è i e Ste Hé lène , HuvMexius d« l'll/>t<il-l)i<'U (Dette. Rognurd Du Plessia).

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son d o m a i n e pa r la côte qu i m a i n t e n a n t porte son n o m , la côte

d ' A b r a h a m .

La m y t h o l o g i e a pré levé t r i b u t s u r une l is ière d u f a u b o u r g

S a i n t - L o u i s : le m a î t r e de l 'O lympe p a y e n a sa rue l l e , la rue J u p i ­

ter. L ' a s t r o n o m i e m o d e r n e fait ac te de p r é s e n c e d a n s la r u e

Arago (I).

L a r u e du P a r l o i r m è n e aux U r s n l i n e s ; a u c o m m e n c e m e n t d u

s iècle , le j u g e de B o n n e y rés idai t . Les Ur sn l i ne s on t n o m m é d ' ap rès

l e u r pa t ronne la rue à l 'ouest qu i coupe à a n g l e s d ro i t s les r u e s

Sa in t -Lou i s et Sa in te -Anne . L a r u e Ste . Ursu le et les env i rons sem­

b l e n t ê t re p a r t i c u l i è r e m e n t affectés à l ' a r t d ' H i p p o e r a t e . Médecins

e t c h i r u r g i e n s y pu l lu l en t ; là r é s iden t le Dr. J a m e s S e w e l l ,

son fils, le Dr. Gollin Sewel l , MM. L a n d r y , Lemieux , Bos-

we l l , Be l leau , R n s s e l l père, R u s s e l lils, B a i l l a r g e o n , L a r u e ,

R o w a n , Por t i e r , m é d e c i n s d i s t i ngués . Malgré le sé jour de tan t

d ' é m i n e n t s m e m b r e s de la faculté , le q u a r t i e r est s a i n : on y vi t

l ong temps .

Les rues Cra ig , H a l d i m a n d , Da lhous ie , H i c h n i o n d , P révos t ,

A y l m e r , pe rpé tuen t la m é m o i r e de six g o u v e r n e u r s ang la i s .

Il y a q u e l q u e s a n n é e s , le Consei l-dc-Vil le , s u r m o t i o n du con­

sei l ler K m e s t G a g n o n , dont le n o m est identifié avec nos c h a n t s

p o p u l a i r e s , en leva à la par t ie de la r u e d 'A igu i l l on , extra muros,

sa n o m e n c l a t u r e , p o u r lu i subs t i t ue r le nom de Char levo ix ; à la

sec t ion de la r u e Sa in t - Joseph , en d e d a n s des m u r s , il conféra le

n o m de l 'h i s tor ien na t iona l , F. X . G a r n e a u ; à la r u e Sa in t -F ran ­

çois, il donna le n o m d e l 'h i s tor ien F e r l a m l , et c h a c u n d ' app laud i r .

Les rue s d u P r i n c e E d o u a r d . à Sa in t -Roch et D o n n a c o u a , près

des Ur su l i ne s , n o u s r e d o n n e n t deux pe r sonnages impor t an t s d u

passé : u n p r ince de l 'Ang le t e r r e et D o n n a c o u a , u n pr ince du

C a n a d a primitif.

Le v a i n q u e u r de Montca lm, le g é n é r a l Wol fe , compte non-seu­

l e m e n t u n e s t a tue a u coin des r u e s d u Pala is e t Sa in t - J ean , cel le

q u e les frères G h a u l e t t e scu lp ta ien t en 1771, s u r les devis de

G e o r g e Hi pps, b o u c h e r ; il a e n c o r e sa rue , la r u e Wolfe . De

m ê m e son i l lus t re r i va l Mon tca lm réc l ame tout u n q u a r t i e r de

la vi l le . Kst-ee q u e l ' a m o u r e u x j e u n e cap i ta ine de VAlbemarle,

Nelson , al lai t flirter avec la s é d u i s a n t e Dlle. P r e n t i c e . en 1782,

(1) N o u s l i s o n s ( tans n u r e g i s t r e m u n i c i p a l :

' ' L a Tue Al fred sVMend d e l a R u e C o l o m b a l a r u e AVIIKO, d a n s l e fiel' Not.re-P a m o l i t » A n g e s . C e t t e rue , a ins i <jiie « e s p a r a l l è l e » : A l e x a n d r e , N e l s o n , T u r g e o n , jrfrrtin'e et, S a i n t - O u r s , e t le» t r a n s v e r s a l e s , A r a g o e t , C o l o m b , f u r e n t t r a ­c é e s e n 1845 d o 30 p i e d s d e l a n » ( l a r u e S a i n t - O u r s a y a n t HCUIO 40 pied») — par l ' i n s p e c t e u r de» c h e m i n s , M . J O B . I l a m e l , s u i v a n t l e s i n s t r u c t i o n s et, d u c o n s e n ­t e m e n t d e s D a m e s R e l i g i e u s e s d e l ' I l ô p i t a l - G é u e r a l . "

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dans la rue qui porte maintenant son nom ? Plusieurs rues dans les faubourgs Saint-Louis, Saint-Jean et Saint-Roch, portent les noms des éminents citoyens, qui en donnèrent le site, ou qui, par leur esprit public, ont laissé une mémoire aimée parmi le peuple : MM. Bertholot, d'Artigny, Grey Stewart, T.C. Lee, Buteau, Hudon, Smith, Salaberry, Scott, Tourangeau, Pozcr, Panet, Bell, Robi-taille, Ryland, Saint-Ours. La largeur de la plupart des rues de la ville varie de trente à quarante pieds ; la rue la plus spacieuse est la rue La Couronne (1). Les propriétaires ont droit à toutes nos félicitations pour les beaux arbres qu'ils y ont fait planter.

Québec comprend une dizaine de fiefs. Le Fief du Sault-au-Matelot appartient au Séminaire. Les Ursulines, la Fabrique, les héritiers Lame, l'Hôtel-Dieu, les Récollets, tous avaient leurs fiefs. La Fabrique possède un fief, en outre du Fief du Gap aux Diamants ; le Fief de la Miséricorde appartient à l'Hôtel-Dieu. Les héritiers Larue possèdent le fief de Bécancouret celui de Villeraie. 11 y a aussi le Fief Sassoville. Le fief des Récollets appartient à la Couronne.

Saint-Roch doit une dette do reconnaissance à Mgr. St. Valier, qui a laissé son nom à la rue qu'il côtoya si souvent dans ses visites à l'Hôpilal-Gônéral, où il alla clore son aventureuse car­rière. Monseigneur parait avoir eu des prédilections particulières pour cette localité. Puis vint l'intendant De Meulles qui, vers 1684, dota la pointe est du quartier d'un édifice remarquable par ses dimensions, sa magnificence, ses jardins ornés, le Palais de l'In­tendant. Où Talon avait laissé une brasserie en décadence e t " près de dix-sept arpents de terre non occupés," Louis XIV, sur l'avis de son intendant De Meulles, prodigua de vastes sommes pour y ériger un palais fastueux, où la justice française se rendait, où plus tard, sous Bigot, elle se vendait. Nos illustres ancêtres, au reste, n'étaient pas hommes à se cbagriner pour de telles vétilles. Façonnés do longue main aux ineffables douceurs du régime fV*A/l;ll C!lïW miVlîÎAl* l a c i'm>vAnt; «1 />ni; ï i i l n v n h l n c vrt ir ' i lno lâtt-urti*

de cachot, qui, au rapport de l'abbé Paillon, pouvaient au besoin atteindre mémo le clergé, que leur importait les institutions d'un peuple libre, le texte de la Grande Charte ! A cet endroit était le célèbre magasin où Bigot, Cadet et consorts revendaient à d'énor­mes profits les provisions, etc., que le roi de France envoyait à la population affamée de Québec ou 1758. Le peuple nommait la

(1) ha rue bamt-Jcan est largo de 30 pieds iniramuros et tic 46 pieds extra mm-on, en oomtàïuonce chine donation de 10 pieds do terrain, après le grand incendie de I<MS.

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maison La Friponne. Près du site de l'ancienne brasserie de Talon, où Frontenac avait interné l'abbé de Fénélon, en attendant son procès, s'élève maintenant la brasserie de M. Boswell. Aux yeux des " libres et indépendants électeurs " de la Vacherie, au siècle dernier, nul doute que le palais de l'Intendant ne semblât une hui­tième merveille. La capitulation du 18 septembre 1759 enleva vraisemblablement une notable partie de sa splendeur à la hui­tième merveille, qui subit une éclipse totale lorsque les boulets des milices canadiennes, en 1775-76, en délogeaient les envahis­seurs du sol, les sans culottes d'Arnold, comme le colonel Caldwcll l'écrivait en 1776, à son ancien chef, le général Murray. On appelait la Vacherie, les vastes pâturages au pied du coteau Sainte-Geneviève, où paissaient en été les vaches de la cité, et où maintenant se groupent tant d'orgueilleux magasins, sur les rues des Fossés, Craig, de la Couronne, etc.

Si la rue Saint-Pierre eut eu en 1775 pour voie de communica­tion avec cette " seconde Basse-Ville " la rue Saint-Paul (ouverte en 1816), nul doute que le soleil du progrès n'y eut lui près d'un demi-siècle plus tôt.

" Quelques projets d'amélioration, dit l'abbé Ferland, pour la ville de Québec furent proposés au ministre par M. de Meulles. Depuis assez longtemps l'on reconnaissait la nécessité d'obtenir un local pour la demeure de l'intendant et pour la tenue des séances du conseil, le château Saint-Louis fournissant à peine un logement convenable au gouverneur et à ceux qui composaient sa maison. M. de Meulles proposa d'acheter un grand édifice de pierre que M. Talon avait fait bâtir pour servir de brasserie, et qui, depuis plusieurs années, était resté inoccupé. Placé dans une posi­tion fort commode sur le bord de la rivière Saint-Charles et à quelques pas de la Haute-Ville, ce bâtiment, avec des réparations et des additions, pourrait fournir, outre une résidence convenable pour l'intendant, des salles et des bureaux pour lo conseil souve­rain et los cours de justice, des voûtes pour les archives et une prison pour les criminels. ^

" Auprès de l'ancienne brasserie, M. Talon possédait une étendue de terre d'environ dix-sept arpents en superficie, et dont persoiHW ne se servait. Une partie de ce terrain, dans le plan de M. de Moullés; pouvait être réservée pour les jardins et dépendances dur palais de l'intendant, tandis que le reste serait partagé en emplacements et deviendrait une seconde basse-ville qui pourrait un jour se pro» longer au pied du cap. Il croyait que si ce plan était adopté, les nouveaux quartiers de Québec s'étendraient dans cette direction^

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et n o n s u r les h a u t e u r s , presque t ou t e s occupées p a r les c o m m u ­

n a u t é s re l ig ieuses . " (1)

On voit d 'après le j o u r n a l de P a n c t q u e Sa in t -Roch existai t en

1759—quo les fournies et les enfants d u q u a r t i e r n ' é t a i e n t pas indif­

férents a u sor t de la p a t r i e aux abois .

Le m é m o j o u r (31 j u i l l e t 1759), d i t P a n e l , " n o u s e n t e n d î m e s

d a n s le q u a r t i e r S a i n t - R o c h un g r a n d cr i de f emmes et d ' enfan ts

qu i c r i a i en t " Vive le Roi !

" J e m o n t a i su r la h a u t e u r (sur le co teau Sain te-Geneviève) , e t

j e vis la p r e m i è r e f régate tout en feu ; peu de temps ap rès , u n e fumée

no i re d a n s la seconde, qu i sauta cl qu i pr i t ensui te en feu." Le 4

aoû t , on recevai t à Sa in t -Roch q u e l q u e s bombes de 80. Le 31

aoû t , on lit quo doux so lda ts , pour avo i r volé u n q u a r t d 'eau-de-vie

d a n s la ma i son do C h a r l a n d , q u a r t i e r do Sa in t -Roch , fu ren t p e n d u s

à trois h e u r e s après-midi . En ce temps- là , le g é n é r a l ou le Recorder ne b a d i n a i t pas. Qui é la i t ce C h a r l a n d de 1759 ? était-ce le m ô m e

q u i , seize a n s plus t a rd , ferrai l la i t avec D a m b o u r g è s , au Saul t -au-

Malelot. ?

Depuis l ' i n a u g u r a t i o n de la d o m i n a t i o n ang la i se , Sa in t -Roch

s'est jMHiplé d ' une m a n i è r e frappante ; on y voit u n r é s e a u de r u e s

e m b r a s s a n t en superficie p lus i eu r s l ieues .

La voie pub l ique la p lu s anc i enne d u q u a r t i e r est p r o b a b l e m e n t

la r u e Sainl-Val ier . La r u e Desfossés t i re son n o m v r a i s e m b l a

Moment des fossés qu i se rva ien t à é g o û t e r les p â t u r a g e s de l a

Vacher ie . La rue d u Vieux P o n t d a t e de la fin d u siècle d e r n i e r ;

celle de Dorel ies ter rappel le l ' a d m i n i s t r a t e u r a i m é et popu la i r e , q u i

sous le n o m do Sir G u y Car ie ton condu i sa i t les mi l ices d e Québec

à la v ic to i re en 1775.

La r u e Graig r e ç u t ce n o m de Si r J a m e s Craig, v ieux mi l i t a i r e ,

qui a d m i n i s t r a les affaires en 1807. E l le fut é largie et a g r a n d i e de

dix pieds ap rès l ' incendie de 1845. Le site du m a r c h é S a i n t - P a u l

fut acqu i s de l ' o r d o n n a n c e royale le 31 ju i l l e t 1831.

Le pon t Dore l ies te r fut M U en 1822.

La r u e Sa in t - Joseph , à Sa in t -Roch , qu i n 'ava i t d ' abord que 25

pieds de l a rgeur , pa r la l ibéral i té des pa r t i cu l i e r s fut por tée à 40

pieds.

Ceci engagea la corpora t ion à la p ro longe r au-delà des l imi tes

de la cité j u s q u ' a u c h e m i n de Lore t te et l 'a r e n d u e la p lus u t i l e

e t l ' une des plus be l les r u e s de Sa in t -Roch .

Q u a n d la plus spacieuse rue d u qua r t i e r , la r u e de la Cou­

r o n n e , la rge de so ixante pieds, reçut -e l le les c é r é m o n i e s d u bap-

Voh II, p. ) * .

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tome? à coup sur, ce dut être avant 1837, l'ère de Papineau. La rue du Roi rappelle sans doute le règne de George III ; ainsi pour la rue do la Reine. L'hon. John Riehardson, de Montréal, vers 1815, donnait son nom à la rue qui traverse les terrainsque la cou ronne venait de lui concéder pour les héritiers de l'eu William Grant, qui, lui aussi, léguait son nom à une rue avoisinante. Un Monsieur Henderson possédait des terrains dans le voisinage de l'Usine du Gaz, au commencement du siècle : il fallait donc y créer une rue Henderson. Le quai du gaz est bâti sur le site de l'an­cienne jetée, dont nous avons vu une mention vers 1720. Cette digue se composait de pierres entassées les unes sur les autres et servait à abriter le débarcadère au Palais contre le vent du nord-est. En 1815, le Col. Bouchette dit que c'était une promenade assez fréquentée; maintenant l'extension du quai n'en laisse aucune trace.

La rue de l'Église date sans doute de la construction de la belle église de Sainl-Roch, vers 1811 Le sile en fut donné par l'hon. John Mure, mort en 1823.

L'espace nous manque pour décrire convenablement nue multi­tude de localités, de rues et d'édifices de Sainl-Roch ; nous termi­nerons ces notes hâtives par quelques détails topographiques.

Saint-Roch, comme la Haute-Ville, comprend plusieurs fiefs. A partir du fief du Séminaire, à venir jusqu'au quai du gaz, les grèves avec le droit de pèche appartenaient originairement à l'Hôlel-Dieu, par concession du 21 mars lf>48. Mais elles ont été concédées à d'autres. La Couronne possède une réserve importante vers l'ouest de cette concession; puis vient la concession de 181 j ou 1815 aux héritiers do Win, Grant, occupée maintenant par plusieurs chan­tiers. Jacques-Cartier qui, en 1535-6, hivernait dans les environs de Saint-Roch, a donné son nom à toute une division municipale de ce riche faubourg, aussi bien qu'à une Halle fort achalandée.

Descendons cette antique et tortueuse côte de la Basse-Ville qui a retenti sous les pas do tant de régiments, où les Gouverneurs Fran­çais et Anglais ont tant de fois entendu leurs noms acclamés par des foules avides d'émotions, où les Vice-Rois de la Franco et de l'Angleterre, depuis le fastueux marquis de Tracy au fier comte de Durham, montaient au château SainttLouis, entourés de leurs bril­lants états-majors, au son du canon et des fanfares guerrières. Nous voilà à la principale artère du commerce dans la vieille capitale—la rue Saint-Pierre, large de vingt-quatre pieds seulement,

La rue Saint-Pierre est vraisemblablement/plus ancienne que

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sa s œ u r , la rue Sault-au-MaLelol. Là où la b a n q u e (1) de Québec

fut é r i gée en 18G2, é t a i e n t les b u r e a u x , la voûte , le q u a i de J o h n

L y m b u r n e r , m a r c h a n d bien connu . I l y avai t t rois L y m b u r n e r :

J o h n , m o r t vers 181G, M.ithew, et A d a m , le p lus l e t t r é des t r o i s : i ls

é t a i en t s a n s doute p a r e n t s . Il y ava i t p lu s que d e s soupçons s u r

la l o y a u t é d ' A d a m e n v e r s la c o u r o n n e b r i t a n n i q u e , en 1775 :

n é a n m o i n s ses t a l en t s ora to i res , ses conna i s sances en d ro i t cons­

t i t u t i onne l , le firent d é l é g u e r en A n g l e t e r r e p o u r p l a i d e r la cause

de la colonie d e v a n t les au to r i t é s mé t ropo l i t a ines ; son d iscours

est r e p r o d u i t d a n s le Canadiun lie vue., publ ié à Mon t r éa l en 1826.

Le colonel Ca ldwel l m e n t i o n n e q u e le g o u v e r n e u r G u y Car ie-

ton ava i t fait b r a q u e r u n canon s u r le q u a i de la m a i s o n de L y m ­

b u r n e r , p o u r t i rer s u r les Bos tonnais , en 1775, l o r s q u ' i l s t en tè ren t

u n e su rp r i se dans le qua r t i e r Saul t -au-Mate lo t . O n voi t encore

d a n s la ma i son vois ine , a u sud d e cet te de rn i è re , et a p p a r t e n a n t

a u x hé r i t i e r s Alk inson , de fort mass ives voûtes , d ' o r i g ine française

p robab lemen t .

S u r h; site où est le b u r e a u de M. McGio et de l'Express, il y avai t ,

eu 1751), l ' en t repôt de m a r c h a n d i s e s de M. P é r a u l t : d ' ap rè s de n o m ­

breuses let t res et f ac tu res t rouvées en ce g ren ie r , et q u ' u n an t i ­

q u a i r e n o u s a remises , M. P é r a u l t ava i t des re la t ions c o m m e r c i a l e s

fort é t e n d u e s au C a n a d a et en F r a n c e .

L a rue St. P i e r r e est devenue le q u a r t i e r - g é n é r a l d u h a u t com­

merce ; des b u r e a u x d ' a s s u r a n c e s u r la vie, c o n t r e les acc idents

pa r le f e u ; les ins t i tu t ions moné ta i r e s y t rônen t o r g u e i l l e u s e m e n t :

la B a n q u e de Mont réa l , de Québec , la B a n q u e U n i o n , B a n q u e

Na t iona le , la B a n q u e S tadacona , B a n q u e B r i t a n n i q u e .

Dans cette rue d e m e u r a i t on 1774 le Capi ta ine B o u c h e t t e qu i , l ' an­

née s u i v a n t e , d a n s son vaisseau " Le Gaspé " n o u s r a m e n a i t sain e t

sauf en dépit des Y a n k e e s , Sir G u y Car le ton , n o t r e g o u v e r n e u r . M.

B o u c h a r d , m a r c h a n d , M. Pane t , N . P . , le père de Mgr. B . C. P a n e t ,

auss i b ien que M. B o u c h e r , ma î t r e d u P o r t (Harbor Mas t e r ) , q u i

(1) Grftco il M. J. B. Afarto), sociétaire do la Commission du Havre, nous pou­vons décrire en quelques mot» lo site qu'occupe la Banque do Québec. Ce terrain, alors un lot do grève, fut concède' au Séminaire par lo marquis de Denonvil le on M87 et confirme par le roi lo lor mars 1088. Lo 35 août 1750, Messire Christophe de Lune, Directeur du Séminaire (les Missions étrangères, à Paris.... le concéda à M. Nioliohmlïéné Le Vanneur, Ingénieur, ci-dovant chef des constructions des vais-Beaux de Sa Majesté" très-chrétienne. Le 24 Juin 17(10, vente de la môme propriété à J oHopk Brassard Deschenaux, maison à deux étages ot un quai (avec les pen-t ures au-dessus do la porto). Le 8 septembre 17(14, vente à Alex MoKenzie, prix £5.800. Le 10 avril ,17(18, Joseph Deschonaux vend son hypothèque.. . . à M. John Lymburner. Le 11 août 1781, concession d e l à grève en arrière, a marée basse, par lo Séminaire, à Adam Lymburner. Lo 5 nov. 1796, vente par le Procureur d'Adam Lymburner il Mafchew Lymburner. Puis Aligna Shaw en devient pro­priétaire moyennant £4.100. Le 17 octobre 1825, vente par décret à Henry Atkiusoii, Esq.

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fu t n o m m é à ce poste par le G o u v e r n e u r R. S. Milnes , sur la r ecom­

m a n d a t i o n du D u c de Ken t , don t il ava i t pi loté le va i sseau (por­

t e u r d u 7 Régt.) de Québec à Ha l i f ax—y rés idaient .

Le b u r e a u où se r éd ige depuis 1847 le Morning Chronicle, appar­

t ena i t en<1759 à M. J e a n T a c h é , s y n d i c des m a r c h a n d s , " h o m m e

p r o b e et d ' e spr i t , " d i s en t les m é m o i r e s , u n de nos p remie r s poëtes.

I l composa u n p o è m e s u r la m e r ; c'est l ' ancê t re de Sir E. P .

T a c h é , d u r o m a n c i e r Marmet t e , etc. 11 possédai t a lo r s en out re de

g r a n d s b u r e a u x , q u e l ' incendie dévora i t en 1845 su r le quai Napo­

l é o n , e t u n e m a i s o n de c a m p a g n e s u r le c h e m i n Ste . Foye , p lu s

t a r d Holland House. Ce local , p e n d a n t p r è s d ' u n demi-siècle, fut u n

café fort a c h a l a n d é p a r les m a r i n s do long cours , sous le n o m de

Old Neptune Inn ; le D i e u de la m e r a r m é d ' u n t r iden t formidablo ,

p l acé au-dessus de la por te , m e n a ç a i t les passants . Nous n o u s

r appe lons c o m m e d ' h i e r ses formes colossales : il a d i sparu depu i s

p r è s d e t ren te ans .

P a r a l l è l e à la r u e St. P i e r r e , c o u r t la r u e N o t r e - D a m e , qu i con­

d u i t à la petite égl ise de la Basse-Ville, n o m m é e d ' abo rd Notre-Dame, delà Victoire en souven i r de la vic toire r e m p o r t é e en 1690 s u r

l ' a ss iégean t P h i p p s ; p lus t a rd Notre-Dame des Victoires, en m é ­

m o i r e de la défai te de l ' escadre de l ' ami ra l W a l k e r en 1711. Ce

co in d e la rue St. P i e r r e occupe p r o b a b l e m e n t les avenues et les

p a r t e r r e s où C h a m p l a i n cul t ivai t les roses vers 1(515. En face do

l 'Eg l i se N o t r e - D a m e des Vic to i res et su r le site occupé actuel le­

m e n t p a r l ' hô te l B l a n c h a r d , les D a m e s Ursu l ines , e n 1639, t rouvè­

r e n t u n e asile, " à u n e toute pet i te hab i t a t ion , espèce de m a g a s i n ,

a l o r s l a p ropr ié té d u S i e u r J u c h e r e a u des Châte le t s , s i tuée au pied

d u sen t i e r de la m o n t a g n e , " où le G o u v e r n e u r , M. de M o n t m a g n y ,

di t -on, l eu r e n v o y a po r t e r l eur p r e m i e r souper.

L ' e n d r o i t a e n c o r e d ' au t r e s t r a d i t i o n s , de s u a v e s m é m o i r e s : la

b o ù n e , la j e u n e , la bel le Madame de C h a m p l a i n , vers 1620, y ensei­

g n a i t le ca t éch i sme sous l ' ombrage des bois aux m a r m o t s h u r o n s q u i

s 'extas ia ient en v o y a n t leurs t ra i t s r ep rodu i t s d a n s le petit m i r o i r

q u e l e u r bienfai t r ice por ta i t su spendu à son côté.

P a r m i les n o m b r e u s e s voûtes et m a g a s i n s de la Basse-Ville, en

1682, le feu éc la ta et réduis i t en cendres u n e g r a n d e partie des

édifices. Sur u n e pa r t i e de ces d é c o m b r e s , on cons t ru i s i t p lus t a r d

Noire-Dame de la Victoire ; ouv rons le tome I I d u Cours d'Histoire du Canada, de l ' abbé F e r l a n d , e t l i sons :

" D ' a u t r e s r u i n e s se t rouva ien t (en 1684) a u cen t re des affaires

à la Basse-Ville ; c ' é t a ien t des m u r s noi rc i s et l ézardés , l ' anc ien

m a g a s i n (de C h a m p l a i n ) qu i , des m a i n s do l a compagnie , é t a i t

passé d a n s celles d u ro i ; il é ta i t res té dans l 'é ta t où l 'avai t laissé

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le g r a n d incend ie q u i , q u e l q u e s a n n é e s a u p a r a v a n t (1682), a v a i t

d é t r u i t la Basse-Ville. Mgr. de L a v a l obtint en 1684 cet emplace­

m e n t de M. de L a b a r r e , afin d 'en luire u n e chape l le succur sa l e p o u r

l ' a v a n t a g e des h a b i t a n t s de la Basse-Vil le . Ce don n e fut cepen­

d a n t ratifié q u ' u n p e u p lus l a r d e n faveur de M. de St. Val ier ; a u

m o i s d e sep tembre 1685, MM. de Denonvi l l e et de Meul les f i rent

expéd ie r la concession p u r e et s imp le de ce l i eu p o u r l ' é rec t ion

d ' u n e église, q u e le d igne é v è q u e bâti t avec le t emps sous le

n o m d e No t re - I ) ame de la Vic to i re . " Le d é b a r c a d è r e des pet i tes

e m b a r c a t i o n s , e n aval de la vie i l le ha l l e ( m a i n t e n a n t le m a r c h é

F in lay) (I) a sans d o u t e e m p r u n t é son nom L A P L A C E , d u si te

avo i s inau t , en face de l 'église N o t r e - D a m e , c o n n u e c o m m e Laplace

de Nolvc-Damc.

C'est dans ces e n v i r o n s , un peu vers l 'ouest , q u ' a v a i t l ieu en j u i l ­

let 1608, sous l ' o m b r a g e discret d ' u n bois, p r é s i d a j a rd in q u e

C b a m p l a i n s 'y faisait " a c c o m m o d e r " , l ' h i s to r ique e n t r e v u e q u i

s a u v a la colonie. Le secret en va la i t la peine : r i en de s u r p r e n a n t

si le loya l pilote de C b a m p l a i n , le capi ta ine Tes tu , j u g e a à p ropos

de c o n d u i r e le fonda t eu r de Q u é b e c à l ' écar t d a n s u n bois avois i ­

n a u t p o u r lui dévo i le r l 'odieuse t r a m e q u ' u n des compl ices , A n t o i n e

N a t e l , s e r ru r i e r , venait, de lui confier sous le p l u s g r a n d secret .

Le chef do la consp i ra t ion étai t u n n o m m é J e a n d u Val , venu en ce

pays avec C b a m p l a i n . On deva i t égo rge r C b a m p l a i n , pi l ler le

m a g a s i n , puis re jo indre les va i s seaux Espagnols et Basques à

T a d o u s s a c . G o m m e il n 'y ava i t a lo r s dans la N o u v e l l e - F r a n c e

ni c o u r d 'appel , q u ' i l n'était, n u l l e m e n t ques t i on d ' u n e C o u r

S u p r ê m e , le procès d u chef de la conspi ra t ion fut b ientôt ins t ru i t ,

et le s i eu r J e a n d u Val fut bel et b i en " pondu et é t r ang lé a u d i t

Québecq , et sa teste mise au bou t d ' u n e p ique , p o u r ês t re p l a n t é e

a u l ieu le plus é m i n e n t du fort " : ce r tes , cette l ivide tête de force­

n é , a u b o u t d ' u n e p ique , près de la rue Noire-Dame, deva i t faire u n

effet p i t toresque à la b r iman te .

Mais le brave cap i t a ine Tes tu , le s a u v e u r de C b a m p l a i n et de

Q u é b e c , qu'osl-il devenu ? C b a m p l a i n lu i fait l ' h o n n e u r de le

n o m m e r , voilà tout . Ni m o n u m e n t , n i poème, ni page d 'h i s to i re ,

r i en p o u r c o m m é m o r e r son d é v o u e m e n t . A l ' ins ta r de celle d e

l ' h o m m e i l lustre d o n t il sauva les j o u r s , sa tombe est ignorée . I l

n ' ex i s t e pe rsonne de sa descendance , d 'après l ' abbé T a n g u a y .

La p lu s vaste , la p lus r e m a r q u a b l e de ces sol ides voûtes f ran­

çaises est celle m a i n t e n a n t possédée p a r la succession Pos ton , s u r

( l ) M . Finlay, un des bienfaiteurs do la cit<5, laissa des dons quo la v i l le mploya à achulorce marché.

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le côté nord de la rue Notre-Dame, presqu'en face de l'église. On prétend que ces voûtes étaient construites non-seulement à l'épreuve du feu, mais encore à l'épreuve de l'eau, aux grandes marées du printemps et de l 'automne.

Pendant le siège de 1759 on voit, d'après le journal de Panet, que la Basse-Ville n'était qu 'un monceau de ruines fumantes ; au 8 d'août, c'était un brasier. Les bombes de Wolfe et de Sauuders avaient pénétré jusque dans les voûtes souterraines. Cette date fut fatale a bien des québecquois. " Les anglais jetèrent des pots à feu sur la Basse-Ville, dont trois tombèrent, un sur ma maison, dit M. Panet, un sur une des maisons de la place du marché et dans la rue Champlain. Le feu prit à la fois dans trois endroits. En vain voulut-on couper le feu et l'éteindre chez moi ; il ventait un petit Nord-Est, et bientôt la Basse-Ville ne fut plus qu 'un brasier ; depuis ma maison, celle de M. Desery, celle de M. Maillou, rue du Sault-au-Matelot, toute la Basse-Ville et tout le Cul-de-Sac jusqu'à la maison du Sr. Voyer, qui en a été exempte, enfin jusqu'à la maison du Sr. Voisy, tout a été consumé par le feu.

" Il y a eu sept voûtes qui ont été crevées ou brûlées ; celle de M. Perrault , le jeune, celle de M. Tachet, do M.Turpin, de M. Benjamin de la Mordic, Jehaune , Maranda. Jugez de la consternation. Il y eut 1G7 maisons de brûlées."

Cent soixante-sept maisons incendiées devaient créer bien des lacunes. On sait où était le magasin do M Perrault , jeune, de M. Taché. Mais qui nous indiquera où étaient les maisons de Desery, Maillou, Voyer, de Voisy et les voûtes de MM. Turpin, do la Mordic, Jehaune, Maranda ?

On sait que Champlain, après son retour à Québec, en 1033, avait " eu le soin de réparer une batterie placée au niveau du ileuve, près du magasin, et dont les canons commandaient le passage entre Québec et la côte opposée". (1) Or, en 1(583, " cette batterie de canons posée dans la basse-ville, environnée presque de maisons de tous côtés, était éloignée du bord de la rivière et causait de l'in­commodité an public; " l e gouverneur d'alors, Lefèbre de la Barre(2), " a y a n t reconnu un endroit bien plus avantageux vers la pointe des Roches et au bord du dit fleuve à haute marée qui, dit-il, battra bien plus avantageusement dans la rade et qui causera bien moins d'incommodités aux maisons de la dite basse-ville," jugea à propos d'y transporter la dite batterie, et les Révérends Pères de la Compagnie de Jésus s'étant offert de contribuer aux

(1) Cours d'Histoire du Canada, Forland, Vol. 1, P. 280.

(2) Concession do La Barre aux Jésuites, 10 sept. 1083.

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trais qu'il conviendrait de l'aire, il leur concéda " une partie de l'emplacement qui est au-devant du lieu sur lequel est présente­ment posée la dite batterie de canons entre la rue ou le grand chemin de charrettes venant du port (1 ) et la rue dite Saint-Pierre."

Voilà donc l'origine du quai Napoléon et une mention bien dis­tincte de la rue Si. Pierre. La maison construite près de ce site fut vendue le 22 octobre 1703 à Wm. Grant, écuyer, qui, le 19 dé­cembre 1763, achetait aussi le reste du terrain jusqu'à basse marée de Thos. Mills, écuyer, major de ville, lequel venait d'en obtenir la patente le 7 décembre 1763 du gouverneur Murray, en récompense, comme il est dit au préambule de l'acte, de ses services militaires. Cette propriété qui plus tard appartenait à M. W m . Burns, fut par lui cédée, le 16 octobre 1806, à M. J. W. Woolsey.

Le quai Napoléon acquis en 1842 de M. Buteau par feu M. Chouinard, fait maintenant partie de la succession Chouinard ; il se compose eu réalité de deux quais réunis en un seul, la partie à l'ouest se nomme Quai de la Reine. La voie qui mène du Cap vers ce quai est nommée Rue Sous-lc-Fort, à cause do sa position : elle date probablement de l 'année 1620, quand on jeta les fon­dations du Fort Si. Louis. En 1663, elle devait aboutir à la " Pointe des Roches ;" au siècle dernier la Rue Sous-le-Forl comp­tait entre autres résidences celle de Fleury Joannière, frère de Fleury de la' Gorgendière, beau-frère du gouverneur de Vau-dreuil.

Il y avait aussi dans cette rue la maison de M. Geo. Alsopp, le chef de l'opposition dans le Conseil du Gouverneur Cramahê, etc.; son voisin était M. D'Amours dos Plaines, le conseiller au Conseil Supérieur; puis ensuite la résidence de M. Cuvillier, le père de l'hon. Austin Cuvillier, le patriote le plus désintéressé qui ait vu le jour à Québec. Dans cette rue se trouvait le magasin de M. Gugnet, le fermier du domaine de Labrador.

Il ne faut pas confondre le Quai Napoléon tel que l'avait fait M. Brunei avant M. Buteau, avec le Quai de la Reine, propriété de M. Woolsey. Du Quai du Roi aux forges du Roi, dont on trouvait les masures au commencement du siècle un peu plus haut que le hangard du Roi, il n 'y a que quelques pas.

G. Bellet, M. P. P., demeurait dans la propriété de M. Choui­nard, au coin des rues St. Pierre cl Sous-le-Fort.

(1) M. de Laval, on 1061, décrivait la ville comme suit : " QuebiMsum viil^o lu superiorem dividltur ot inforiorera urbem. In inferiore

niait portUH, VttdoHU. navium ora, mercatorum apotici» ubi et morces servautur, Rotumorcium (niodlibet peruKitar publioum ot înagnus civium numorus couinio-ratur."

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Entre le quai de la Heine et la jetée à l'ouest, appartenant aux autorités impériales et nommée le quai du Roi, il y avait un enfoncement ou débarcadère, fort prisé par nos aïeux, ovi les vaisseaux côtiers et les petites embarcations de rivière se réfu­giaient, le Cul-de-Sac. Là aussi les navires, surpris par un hiver hâtif, attendaient que les soleils d'avril, vinssent rompre leurs chaînes en fondant les glaces du fleuve. On les mettait en hiver-nement sur un fonds de glaise, douillettement et en sû r e t é : les vaisseaux naufragés y venaient aussi pour recevoir (les radoubs. Le Cul-de-Sac, avec ses us et traditions marines, avait aux anciens jours son utilité dans notre incomparable port de mer. Près de cet endroit, en 1759, Vaudreuil avait établi une batterie à Heur d'eau. Sur ce site fut bâtie vers 1833 l'ancienne douane. Le Cul-de-Sac rappelle " la première chapelle qui ait servi d'église paroissiale à à Québec—celle que Cliamplain fil construire à la Basse-Ville, en 1615, dans l'anse du Cul-de-Sac, on le nom de Cliamplain est resté attaché à la rue qui aboutissait à cette chapelle. Les récollets y firent les fonctions curiales jusqu'à la prise de Québec par les Kertks—1G154629." (Laverdièrc.ï

Rien moins qu 'un besoin pressant de fournir au public un mar­ché convenable, et aux petits vapeurs côtiers des quais, ne put déterminer la municipalité d'y ériger les jetées actuelles et d'y élever en 1850, avec les débris de l'ancien Parlement, la spacieuse Halle Cliamplain que nous connaissons. Le quai du Roi et les Jiangards du Roi sur icelui, ont aussi leurs traditions marines et militaires. Quelques compagnies des Volontaires y étaient caser-nées à l'époque palpitante de 1837-8, lorsque " Bob Symes " rê­vait une nouvelle conspiration chaque nuit, et que M. Aubin préservait dans l'ambroisie du Fantasque ce loyal Magistrat.

Que de pimpantes frégattes, que de vaisseaux-amiral de la Grande-Bretagne ont attaché un canot à la rampe de ce quai ! Jacques-Cartier,Champlain, Nelson, Bougainville, Cook, Vauclain, Mont-gomery, ont tour à tour foulé cette pittoresque plage surplombée par le Cap aux Diamants. Depuis un siècle, la rue qui porte le nom vénéré du fondateur de Québec, la rue Cliamplain, oublieuse de ses anciennes traditions gauloises, est le quartier-général, exclu­sif presque, de notre population Hibernienne. Une lugubre plan­che peinte on noir, suspendue aux saillies du Cap, marque l'en­droit où l'un de leurs compatriotes, le général Richard Montgo-inery, avec ses aide-de-camp Gieeseman et McPherson, recevaient le coup de grâce pendant une tempête de neige un samedi, vers 5 heures du matin, le 31 décembre 1775. Celte malencontreuse; matinée pour nos amis les ennemis, le poslo était gardé par des

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miliciens canadiens, M M . Chabot et Picard : le capilain, '

Barnesfare, marin anglais avait pointé lo canon ; Giflia et le sor­

t e n t McQuartcis le lirèrent ; à l 'exli-ôniiné est était, selon M M .

Casgrain et Lavcrd ièro , lo tombeau de Champlain. M. S. Drapeau

dit qu ' i l n 'en est pas sur.

U n pou à l'ouest est le Cap Blanc, habité par un petit g roupe

de Canadiens-r'ran<;ais : près de là fut lancé le premier navire

b;Ui à Québec, en Hi7:i; le drapeau blanc Ilot Lait alors aux bastions

du Cap aux Diamants.

La rue Cbaiiiplaiu court presque jusqu'au Cap R o u g e , une dis­

tance de six milles. Pendant l 'h iver , les incidents les plus mar­

quant:* sont : les éboulis sur les toits de quelque avalanche dos

lianes du Ca]>—-quelquefois mort s'en suit : la pose de la qui l le

d'un grand navire dans les chantiers de MM. G i l m o u r , Dinning,

Ba ldwin , elc. Ceci r o u e t la joie au cœur des pauvres charpentiers eu

g rève , dont les blanches chaumières se groupent tout le long de la

côte. Kxooplo pendant les mois d'été, où les équipages clos nom­

breux navires en chargement le long des estacades, dansent et

chantent dans les estaminets, l 'année s'écoule paisible. A u x grands

jours de gala, au temps des élections, quelques fils de St. Patr ice

parcoureront l 'historique nie , armés de yournav-cs ou de shillaleghs

pour maintenir la paix .'

Ku somme la rue Champlain a une phys ionomie toute particu­

lière.

Pa rmi les rues de t,)uébec, les plus célèbres dans nos annales à

raison des incidents qui s'y rattachent, nommons la sale et tortueuse

voie qui circule du bas de la rue Lamootagne ( I ) . KUe court .àdeux

cents pieds sous le Cap jusqu'au sentier plus étroit encore qui corn-

menec où Unit la rue Saint-James, et mène au pied de la côte de la

Canotorie ("2) : nous avons nommé la rue Sault-au-Matolot. Kst-ce

parce qu'un matelot un peu yrigè sans doute, on est-ce parce qu'un

chieudu nom de Matelot y sauta ('.])'! consultez Du Creux. Notre ami

(1) Eu lftfrt, lartio liiimontiiKiio «lui, au rapport do l 'al ibi Lavordiere , ava i t emprunta mm nom d'un nommé LanionlnKno c | i i i résidait. K i i r s o n parcours. KUe s u nommait, la " ruo qui uni dcw-i-iid au mawisin " lo premier (Milieu «le la Ha*se-Vi l lo , bitli, comme l'on suit, par Cliauiplain.

(31 An lin* do la r.Mn do la (,'anolorio, les pères Jésuites, venant par eau de 1» Forme dus AJ>I»'ON, uttiiclioiViil leurs canols.

Klail.-i 'O lo l 'iiion do (.'liamplain, nous demande un antiquaire ? Ail luiivnm Huit aimiis 8, Lnuruntii, ad «loxtrinu S. Caroli lluviulns. Ai t

lontluentem, l 'romoiiliii ' ium assurait, Snltuuimiutm vulgo votuint, ait canis liujits nouiiuis qui KO alla» OK oo looo pi'.ci.'ipitom dodit.

(HistoriaCanadonsis, Crcuriu». V. yo4.(

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Marmotte- l'a réservée pour recevoir dans sa chute son héros/>«r du Loup. Ce - sentier plus é t r o i t " dont nous venons de p a r l e r a nom " Ruelle des chiens.' ' Ainsi le nomme le peuple: les Direc-tory le nomment " Petite Rue Sault-au-Matelot" 11 est si étroit que deux charrettes en certains angles ne pourraient s'y rencontrer. Figurez-vous qu'à venir à 1816 nos magnanimes aïeux n'avaient d'autre débouché en cette direction, à marée haute, pour péné­trer à Saint-Roeh icar la rue Saint-Paul est postérieure à 1«1<> comme M. de Gaspé nous l'a si bien dit) ! N'est-ce pas incroyable ?

Il y avait, sans doute, à chaque extrémité, comme dans certaines passes des Alpes, un gardien muni d'un porte-voix pour annoncer quand le passage était libre et pour prévenir les rencontres. Cette localité, odoriférante surtout pendant la canicule, est fort peuplé*1 : les bambins de la Verte Krin y pullulent comme lapins en garenne. Des touristes aventureux qui s'y sont risqués aux jours radieux de juillet, en sont revenus tout éblouis, abasourdis même des mer­veilles cle l'endroit. Entr'autrescuriosités indigènes, ils y ont remar­qué comme des tentes aériennes, improvisées sans doute con­tre les rares rayons du soleil du midi. Sur des ficelles tendues d 'un côté à l 'autre cle la voie, était le linge des familles mis à sécher. Quand le vent agitait au-dessus des passants toutes ces blanches chemisettes, mêlées à des caleçons masculins, et à ces fragments de toile si nécessaire au jeune âge, l'effet, dit-on, était pittoresque au suprême degré. Quant à nous, désireux dès notre jeunesse d'approfondir les moindres détails de l'histoire de notre cité et de les narrer dans toute leur pétillante actualité, pour l'édi­fication des touristes distingués de la France, de l'Angleterre, des Etats-Unis, <;a été pour nous un de nos chagrins les pins cuisants de savoir que l 'unique visite que nous ayons faite à la ruelle des Chiens ait été postérieure à la publication de VAlbum du Touriste, ce qui en explique l'omission.

Nos plus illustres touristes, le fils aine de la Reine, le Prince de Galles, ses frères, les Princes Edward et Arthur, les ducs de New castle, de Manchester, les généraux Grant, Sherman, le Prince-Napoléon Bonaparte, tous, dit-on, ont quitté Québec sans avoir visité la Ruelle des Chiens, ignorant même, il est probable, son exis tence ! Et pourtant cette rue est immensément historique. Elle a raisonné des fanfares de la guerre, du grondement du canon, d'une fusillade des plus vives : le Col. Arnold y tombait blessé au genou. On le transportait au milieu des cris désespérés de ses sol­dats, ruisselant dans leur sang, sous le sabre de Dambourgès, du féroce et colossal Charland, du brave Caldwell, secondé de son

t

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ami Nairn et de leurs ardentes mil ices. Nos amis, les annexionis-tes d'alors, était te l lement décidés à annexer Québec, qu'ils se ruaient c o m m e des possédés sur les barrières (il y en avait trois) dans la rue des Chiens et dans la rue Sault-au-Matelot : " chacun, d i t S a n g u i n e t , portant une feuille de papier sur le chef, sur laquelle était écrite/ors nul Victoria, La Mort ou la Victoire." Il y a de cela cent ans.

De nombreux cadavres jonchaient les environs : on les trans­portait au Séminaire. Vous trouverez d'amples détails sur cette g lor ieuse journée dans I 'ALHUM DU TOURISTE . On croit que la première barrière était au bas de la demi-lune en pierre où repose maintenant un canon sur les remparts ; la seconde était en arrière des bureaux de M. W . Campbell , N. P., et la troisième près des bureaux de la Banque Nat ionale , dans la rue Sault-au-Matelot.

La rue Sault-au-Matelot a perdu toute son allure militaire d'alors. A part les bureaux de M. Ledroit, du Chronick, des Mesureurs de bois (cullors), elle semble affectée à des charretiers et à la nom­breuse tribu des tonneliers, dont les futailles à certains jours cou­vrent les trottoirs. Il serait à désirer que la municipal i té entrât en arrangement avec ces honnêtes industriel» pour savoir à que l taux ils consentiraient à laisser la voie publique libre aux passants.

La rue Sault-au-Matelot ne parait pas sur le plan Je Québec de KXiG, reproduit par l'abbé Faillon.

Ce quartier de la Basse-Ville, si populeux sous le régime fran­çais et où , selon M. de Laval, il y avait en 1GG1 magnus numet-us eivium, continua jusque vers 1832 à représenter, par le toliu-bohu des affaires et les résidences des principaux négociants , une des plus riches portions de la cité. En 171)3, le père de notre Souveraine, en garnison à Québec, colonel du 7e régiment, y acceptait l'hospi­talité de M. Lytuburner, un des négociants les plus huppés de l'époque. La chère amie , qui vécut comme son épouse avec lui pendant vingt-huit ans, l'élégante baronne de Saint-Laurent, était-el le de la partie ? C'est ce qu'il nous a été impossible de constater .de notre vieil ami, l'hou. Win . Sheppard, de Woodfield, près Qué­bec, mort en 1807, dont nous tenons ce renseignement. M. Shep­pard, qui avait fréquenté les mei l leurs salons de la vieil le capi­tale, était lui-niéiue un des contemporains du généreux et. jovial Prince Edouard.

Le quartier du Saidl-au-Matdol, la rut; St. Pierre, la rue St. James à venir à l'aimée 18;!;' contenaient les résidences d'une foule de

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ramil les fort à l 'a ise : p l u s i e u r s d e nos p r e m i e r s m a r c h a n d s y rési­

da ien t . Les t r aces de luxe d a n s les salons y son t visibles j u s q u ' à

ce jou r . O n sai t q u e le d r a i n a g e é ta i t p r e s q u ' i g n o r é alors en n o t r e

b o n n e ville. L e fléau as ia t ique cet te année- là d é c i m a la popu la t ion :

'.{,500 cadavres é t a i en t a l lés d a n s q u e l q u e s s ema ines p rendre l e u r

p lace au c ime t i è r e . Cette t e r r i b l e ép idémie c a u s a p o u r a insi d i r e

u n e r évo lu t i on sociale à Q u é b e c : les t e r r a in s s u r les c h e m i n s St.

Lou i s , Ste. F o y e p r i r e n t de la v a l e u r ; la classe a isée qu i t ta la Basse

Vil le . On y faisai t ses affaires, m a i s on r é s ida i t à la c a m p a g n e ou

à la Haute-Vi l le .

Le fief du Saul t -au-Mate lo t qu i appa r t i en t m a i n t e n a n t a u Sémi ­

na i r e de Q u é b e c , c royons -nous , fut concédé à G. H é b e r t le -'•

février 1G-23 ; pu i s le d e r n i e r j o u r de févr ier 163'2, son t i t re lui fut

conf i rmé p a r le d u c de VenUtdour . S u r le t e r r a in r é c l a m é d u

fleuve, ve r s 1815, MM. M u n r o et Bel l , négoc ian t s d i s t ingués , bâti­

r e n t des q u a i s e t de g r a n d s h a n g a r d s , a u x q u e l s la r ue l l e Bell

(Bell's Lanc , a insi n o m m é e d ' après l ' honorab le M a t h e w Bell) (1), les

r u e s Sa in t - J ames , A r t h u r , D a l h o u s i e et a u t r e s conduisent . M. Bel l ,

p lus tard l ' un des locataires des forges de Sa in t -Maur ice , r é s ida i t

d a n s la m a i s o n coin de la r u e St. J a m e s et Sa in t -P ie r re , possé­

dée n i a i n t e n a i u l par M. J . G. C h a p h a m , N . P . C'étai t un c i toyen

t rès- inl luent ; il c o m m a n d a i t u n e compagn ie de cava le r ie , fort en

r e n o m p a r m i m e s s i e u r s nos pères . Il eu t u n e n o m b r e u s e fami l le

et fut par m a r i a g e lié aux Mont izamber t , aux B o w e n , etc.

L a r u e D a l h o u s i e à la Basse-Vil le date p r o b a b l e m e n t do l 'ère d u

c o m t e de D a l h o u s i e , de 1827, q u a n d le Québec Exchange (la Bourse)

fut M t i pa r u n e société de m a r c h a n d s . L ' ex t r émi t é de la Basse-

Vil le , au nord-es t , cons t i tue la P o i n t e à Ga rcy ; a u la rge , est la

j e t ée des c o m m i s s a i r e s du H a v r e , a u p r è s de l aque l le la be l le fré-

ga t t e , XAurora, capt . De H o r s e y , h i v e r n a i t en l8(i()-(>7.

L 'extens ion d u c o m m e r c e an c o m m e n c e m e n t d u siècle p résen t ,

l ' a u g m e n t a t i o n de la popu la t ion , faisaient a r d e m m e n t dés i re r des

voies de c o m m u n i c a t i o n en t r e la Basse-Ville et Sa in t -Roch , m o i n s

scabreuses q u e le t u n n e l de la rue l l e des C h i e n s et la g r è v e d u

Sa in t -Char les , à basse m a r é e . V e r s 1810, on acheva l ' ex t rémi té

no rd de la r u e r u e Sa in t -P i e r r e , qu i a lors se t e r m i n a i t par un pont

r o u g e , resté m é m o r a b l e d a n s les souven i r s popula i res . L ' apô t r e

sa in t Pau l e u t sa rue , aussi b ien que son co l l ègue , sa in t P i e r r e .

MM. Benj. T r e m a i n , Buddei i , Morr isson, P a r a n t , Al lard et a u t r e s

acquirent , des t e r r a in s s u r le cô té nord de cet te rue , y bâ t i r en t

des qua i s , des b u r e a u x , de g r a n d s magas ins .

(!) Ouverte par l'htm. Mathew Bull, eu UKli.

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La construction du chemin de fer du Nord, donnera plus tard une grand valeur à ces propriétés, dont lu majeure partie appartient _ maintenant à notre compatriote, M. J.-Bte. Renaud, qui doit sous peu, parait-il, doter cette partie de la Basse-Ville d'édifices de pre­mière classe ; le quartier, espérous-le, progressera et notre entre­prenant concitoyen n'en souffrira pas. (I)

J . M . LEMOINE.

Il) Nous empruntons au "Directory for the C i t y and Snburbs of Québec," pour l î ï i ] , par Mugli Mackay , impriméau bureau du Québec Herald, le paragraphe sui­vant :

R U E S E C A R T E E S .

" L a Cmioterio nuit la rue Sault-au-Matelot, commence h la maison de Cadet loîi M . O l , Aly wiu demeure) et continue jusqu'à la distillerie de M . Oraut : la rue St., CharleN commence Ii\et linil il l 'ouverture au-dessous de la porte <lu palais: l a rue Ht. Nicliolas va depuis la porte du palais jusqu'au bord de l'eau pas»aut par devant la veuve Lavalée, l'ancien c.liantior vis-à-vis la partie de bateaux — la rue du Cap Diamant commence au quai de Mon». Antrobus et Unit à l 'extré­mité ultérieure de celui de Mous, lhuiière, au-dessous «lu Cap Diamant, les rues Carrière. Mont Cartnel, S ic . (Jeneviere, St . Denis, des Grisons, sont toutou au-dessus de la rue St . Louis ."