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Les ressources en eau en Tunisie face au changement climatique
Water resources in Tunisia facing climate change
AYARI Khadija1,
1. URME, ENIT, Université de Tunis El Manar, Tunisie
Rue Béchir Salem Belkhiria Campus universitaire, BP 37, 1002, Le Bélvédère, Tunis
RESUME. Des études récentes d’évaluation de la vulnérabilité au changement climatique ont démontré que
l'Afrique du Nord est considérée comme l’une des zones les plus vulnérables aux risques climatiques à
l'échelle mondiale. Faisant partie de cette zone, la Tunisie est particulièrement touchée par les conséquences
inéluctables de ce phénomène planétaire, notamment les conséquences liées à l’augmentation des
températures moyennes, la réduction des précipitations et l’élévation du niveau de la mer. Bien que la
connaissance actuelle liée à la quantification des impacts du changement climatique sur les variables
hydrologiques reste entachée d’incertitudes, il est évident que les ressources en eau font partie des ressources
naturelles les plus vulnérables aux modifications climatiques déjà observées. Étant donné que les ressources
en eau constituent le bien économique et environnemental le plus précieux pour les pays en situation de stress
hydrique, la connaissance des impacts du changement climatiques sur ces ressources en Tunisie s'avère
primordiale. Cette connaissance permettra en effet de protéger le pays contre les dommages futurs en
s'orientant vers les mesures d'adaptation les mieux appropriées au contexte national, mais aussi de tirer profit
des opportunités offertes pour financer la mise en place de ces mesures.
ABSTRACT. Recent researches on climate change vulnerability assessment have shown that North Africa is
one of the world's most climate change vulnerable areas. As part of this area, Tunisia is particularly affected
by the inevitable consequences of this global phenomenon, including the consequences of rising global
average temperatures, reduced rainfall and rising sea levels. Although the current knowledge of quantifying
the impacts of climate change on hydrological variables remains tainted with uncertainties, it is clear that
water resources are among the most vulnerable natural resources to the climate changes already observed.
Given that water resources are the most valuable economic and environmental good for countries facing
water stress, knowing the impacts of climate change on these resources in Tunisia is essential. This knowledge
will enable the country to be protected from future damage by focusing on the adaptation measures that are
best suited to the national context, as well as taking advantage of the opportunities offered to finance the
implementation of these measures.
MOTS-CLES: Tunisie, ressources en eau, changement climatique, impact, adaptation, Finance Climat
KEYWORDS: Tunisia, water resources, climate change, impact, adaptation, Climate Finance
1. Introduction
De par sa superficie, la Tunisie, qui s’étend sur 163 610 kilomètres carrés, est le plus petit pays d’Afrique du
Nord. Elle comptait en 2018, 11,5 millions d’habitants, dont 33% vivent en milieu rural (INS, 2018). Compte
tenu de son rôle capital dans le développement et la croissance économique et sociale du pays, l’eau figure
parmi les priorités du Gouvernement tunisien. Au-delà, la nouvelle constitution tunisienne, adoptée en 2014,
consacre le droit de tous les Tunisiens à l’eau. Son article 44 stipule que : «Le droit à l’eau est garanti. Il est
du devoir de l’État et de la société de préserver l’eau et de veiller à la rationalisation de son exploitation »
(République de la Tunisie, 2014). Egalement, la Tunisie a adopté les dix-sept Objectifs de développement
2
durable (ODD), adoptés en 2015 par l'Assemblée générale des Nations Unies. L’ambition de l’ODD 6 est
d’améliorer la gestion du cycle de l’eau dans son ensemble. Il prévoit de garantir un accès universel à de l’eau
potable et à l’assainissement gérés de manière sûre d’ici 2030. En adoptant cet ODD, la Tunisie s’est engagée
à parvenir à ce que toute sa population disposera d’eau courante à domicile d’ici 2030, ainsi que d’assurer une
gestion appropriée des déchets fécaux et des eaux usées tout au long de la chaîne des services
d’assainissement.
A ce titre, il mérite d’être signalé que la Tunisie a réalisé au cours des dernières décennies des progrès
remarquables en matière d’accès aux services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement. En
effet, entre 1990 et 2017, l’accès à l’eau potable est passé de 82% à 90% de la population desservie par la
Société Nationale d'Exploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) ou par les Groupements de
Développement Agricoles (GDA), et le taux de raccordement au service d’assainissement de la population
tunisienne en milieu urbain est passé de 73% à 85,9% en 2017, ce qui porte le nombre des habitants raccordés
aux communes prises en charge à 6,5 millions d’habitants. En milieu rural, la grande majorité des foyers est
équipée de systèmes d’assainissement individuels (puits perdus ou fosses septiques), vidangés de façon assez
régulière (MARHP, 2019).
Il est à noter par ailleurs, que seulement 20% des ressources en eau exploitées en Tunisie sont destinés à l’eau
potable pour les usages domestiques, industriels et touristiques, et que l’agriculture irriguée est le secteur
économique le plus consommateur d’eau avec environ une exploitation de 80% des ressources. En effet, le
secteur agricole revêt une importance cruciale pour l’économie du pays du fait de sa contribution à la sécurité
alimentaire nationale. Il compte pour 9% de la valeur ajoutée, emploie 18% de la main-d’œuvre avec en plus
des emplois saisonniers importants, et assure un revenu permanent pour 470 000 agriculteurs, contribuant
ainsi à la stabilité de la population rurale (APIA, 2019). En 2012, le secteur agricole générait 8,5 % du PIB
national, soit 11,5 % si l’on ajoute l’agroalimentaire. L’oléiculture représentait, en 2017, 40 % des
exportations nationales et arrive juste en deuxième position derrière le secteur du textile.
Dans les circonstances actuelles, plusieurs risques menacent la sécurité hydrique en Tunisie qui, avec une
disponibilité de seulement 385 m3/an/habitant, est considérée dans une situation de stress hydrique selon les
normes internationales qualifiant les pays disposant de moins de 1000 m3/an/habitant comme étant des pays
pauvres en eau. Entre autres, la faible efficacité des usages des ressources en eau renouvelables dont la quasi-
totalité est déjà mobilisée, a conduit à une surexploitation des eaux souterraines et à une salinisation des
nappes et des sols dans plusieurs régions du pays. D’autre part, étant classée par parmi les pays à indice
mondial élevé des risques climatiques (Figure 1), les tendances de réchauffement et d'assèchement continuent
à exacerber le stress hydrique en Tunisie. L’augmentation des températures, ainsi que la diminution
potentielle des précipitations pourrait entraîner une augmentation des besoins, particulièrement pour le secteur
agricole, en parallèle à une raréfaction des ressources en eau disponibles.
Figure 1: Carte du monde de l’Indice mondial des risques climatiques 1997–2016
Source: Germanwatch et Munich RE NatCatSERVICE
2. Les ressources en eau en Tunisie :
2.1. Ressources conventionnelles :
La Tunisie est un pays à ressources en eau renouvelables relativement limitées. La distribution des
précipitations est un facteur déterminant de l’inégalité de la répartition de ces ressources entre le Nord, mieux
3
doté, et le Sud semi-aride. En effet, la Tunisie reçoit en moyenne 230 mm/an de pluie; soit 36 milliards de
m3/an. Cette pluviométrie peut cependant varier selon les années. Le volume des apports pluviométriques peut
se limiter à 11 milliards de m3/an en année de sécheresse généralisée et peut atteindre 90 milliards de m
3 en
année fortement pluvieuse. Ainsi les années de sécheresse ou d’excédent pluviométrique peuvent s’alterner ou
se succéder. La pluviométrie est en moyenne de 594 mm au Nord, de 289 mm au Centre et n’est que de 156
mm dans le sud du pays (Figure 2). Le rapport entre les précipitations maximales et minimales varie de 4,4 au
Nord à 15,8 au Sud, confirmant ainsi l’irrégularité et la variabilité d’une région à une autre (Khanfir, 2017).
La qualité des eaux de surface varie également dans l’espace : au Nord, 82% des eaux de surface ont une
salinité inférieure à 1.5 g/l, et seulement 3% au Sud (Kallel, 1994).
Figure 2 : Carte des isohyètes de l’année 2016/2017
Sur les 36 milliards de m3 d’eau de pluie que la Tunisie reçoit en moyenne interannuelle, 13% uniquement,
soit 4,8 milliards de m3, forment le potentiel annuel en eau bleue pouvant être mobilisé pour satisfaire les
besoins socio-économiques du pays. L’évaporation et les écoulements directs vers la mer et les zones humides
constituent 55% des apports pluviométriques, soit 19,7 milliards de m3. 32% de ces apports, soit 11,5 milliards
de m3, sont récupérés par les sols et constituent les réserves d’eau pour l’agriculture pluviale, les forêts et les
parcours (Figure 3), d’où l’importance du « réservoir sol » dans la disponibilité de l’eau pour la production en
mode pluvial (MARHP, 2016).
Figure 3 : Répartition des apports pluviométriques reçus par la Tunisie
Le potentiel en eau bleue est constitué à 55% d’eaux de surface, dont 74% des eaux de surface sont situées
dans le Nord, et à 45% d’eaux souterraines (Figure 4). Au total, 59% du potentiel en eau bleu sont situés dans
le Nord, 18% dans le Centre et 22,5% dans le Sud. En 2017, le taux de mobilisation des ressources en eau de
surface s’élevait à 92%. L’infrastructure hydraulique permettant la mobilisation de ces ressources est
constituée de: (i) 37 grands barrages avec une capacité de retenue totale actuelle de 2 285 Mm3, le volume de
la vase étant déduit, (ii) 257 barrages collinaires d’une capacité totale de 365Mm3, et (iii) 909 lacs collinaires
d’une capacité totale de 58 Mm3 (MARHP, 2019). L’essentiel de ces infrastructures, notamment les grands
barrages, est situé au Nord. L’eau est acheminée du Nord au Sud par un réseau de canaux et des transferts.
4
Figure 4 : Carte générale de situation (MARHP et GTZ, 2007)
Le potentiel des ressources en eau souterraines est estimé à 2,1 milliards de m3. Leurs concentrations en sels,
d’origine tellurique, sont importantes : les salinités sont pour 15% seulement inférieures à 1.5 g/l, et pour 25%
supérieures à 4 g/l. 70% de ces ressources, soit 1,5 milliards de m3, sont renouvelables et localisées dans des
aquifères totalement inclus en Tunisie. A l’inverse, près du tiers, soit 650 Mm3 sont recélées par les aquifères
sahariens partagés avec les pays voisins, aux ressources faiblement ou pas renouvelables. Leur devenir dépend
ainsi de l’usage fait en Tunisie mais aussi dans les pays limitrophes.
2190
320 190
27002875
902 1099
4875
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
Nord Centre Sud Total
Po
ten
tie
l (M
m3
)
Eau de surface Nappes phréatiques
Nappes profondes Total
Figure 5: Potentiel estimé des ressources en eau selon les régions de la Tunisie (MARHP, 2016).
L’exploitation des nappes phréatiques continue d’enregistrer une augmentation, le taux général d’exploitation
est passé de 111% en 2010 à 117% en 2015. L’exploitation se fait par le biais de 151850 puits de surface de
moins de 50 m de profondeur dont 111431 puits sont équipés. Les ressources en eaux souterraines sont
surexploitées. On recense actuellement près de 70 nappes dont le taux d’exploitation dépasse 110%, sur 226
nappes phréatiques en total. La plupart (43) sont localisées dans la région du centre (MARHP, 2019).
Tableau 1 : Ressources et exploitation des nappes phréatiques par région (Mm
3/an) (MARHP, 2019)
Région
Ressources
(Mm3)
Exploitation en 2000 Exploitation en 2005 Exploitation en 2010 Exploitation en 2015
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume (Mm3) Taux
(%)
Nord 376 405 108* 393 105 388 103 414 110
Centre 252 261 104* 299 119 349 138 355 141
Sud 139 112 81* 116 83 118 85 134 96
Total 767 778 101* 808 105 854 111 903 118
5
*Valeurs finales après correction des erreurs de calculs glissées au niveau du tableau présent dans
(MARHP, 2019)
De même, l’exploitation totale des nappes profondes de la Tunisie a atteint l’équivalent de 1895 Mm3 en
2016, ce qui 133% des ressources totales des nappes profondes estimées à 1422 Mm3. La surexploitation est
signalée surtout au niveau des nappes profondes des gouvernorats de Nabeul (195%), Kébili (171%), Gafsa
(130%), Kairouan (127%), Kasserine (120%), Sfax (117%) et Sidi Bouzid (114%). L’exploitation se fait par
le biais de 28158 forages dont 13463 de forages illicites. La part des forages illicites dans l’exploitation est
passée de 273 Mm3 en 2016 à 416 Mm
3 en 2017, soit de 16% à 22% en une année. Cette augmentation peut
s’expliquer par l’effet conjugué du rationnement imposé pour l’irrigation par les eaux de surface suite à la
succession de deux années sèches 2015-2016 et 2016 -2017, de l’accroissement des besoins en eau des
cultures et de la prolifération continue des forages illicites. L’absence des moyens de contrôle du domaine
public hydraulique est aussi un facteur important pour cette surexploitation (MARHP, 2019).
.
Tableau 2 : Ressources et évolution de l’exploitation des nappes profondes par région (Mm
3/an)
Région Ressources
(Mm3)
Exploitation en
2006
Exploitation en
2010
Exploitation en
2014
Exploitation en
2015
Exploitation en
2016
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Volume
(Mm3)
Taux
(%)
Nord 314 148 47* 170 54 251 80 218 69* 276 88
Centre 330 262 79* 310 94 397 120 364 110* 533 162
Sud 778 761 98* 799 103* 985 127* 850 109* 1085 139
Total 1422 1171* 82* 1279* 90 1633 115* 1432* 101* 1894* 133
*Valeurs finales après correction des erreurs de calculs glissées au niveau du tableau présent dans
(MARHP, 2019)
2.2. Ressources non conventionnelles :
En vue de palier les pénuries structurelles régionales dues à la variabilité spatiale et aux problèmes de qualité
des ressources locales, la Tunisie mobilise un peu moins de 100 Mm3 d’eau non conventionnelle tous les ans,
à travers :
i. Le dessalement des eaux saumâtres au sud : ceci va dans le sens de la valorisation de cette ressource,
abondante dans certaines régions (sud et zones côtières) et dont l’exploitation est moins coûteuse que
pour l’eau de mer. Les stations de dessalement d’eaux saumâtres en exploitation pour satisfaire les
besoins en eau potable ont une capacité actuelle de 17 Mm3.
ii. Le dessalement de l’eau de mer : en vue de combler le manque des ressources disponibles dans
certaines régions du pays (Djerba, Gabès, Sfax, Sousse), la SONEDE a programmé la réalisation de 5
stations de dessalement d’eau de mer dont les détails sont donnés dans le tableau 3. Ces
investissements devront permettre de sécuriser l’alimentation en eau potable des zones concernées
jusqu’à l’horizon 2030. Il est important de signaler toutefois que les coûts de production de ces eaux
sont trois fois supérieurs à ceux pour l’eau conventionnelle, ce qui pourrait à long terme impacter
négativement les équilibres financiers de la SONEDE.
Tableau 3 : Etat d’avancement des projets de stations de dessalement d’eau de mer (MARHP, 2019)
Station Capacité Mise en service prévue
Djerba 50 000 m3/j extensible à 75 000 m3/j Deuxième trimestre 2018
Sousse 50 000 m3/j extensible à 100 000 m3/j Deuxième trimestre 2019
Zarat 50 000 m3/j extensible à 100 000 m3/j Premier trimestre 2021
Sfax 100 000 m3/j extensible à 200 000 m3/j Premier trimestre 2022
Kerkennah 6 000 m3/j extensible à 9 000 m3/j 2022
6
iii. La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) : Le potentiel total de REUT en Tunisie est estimé à
environ 300 Mm3. En 2017, un volume d’environ 62 Mm
3 a été valorisé à partir des effluents de 66
stations d’épuration (STEP). La répartition de ce volume en fonction de l’usage est présentée dans le
graphique ci-dessous.
Figure 6 : Principaux secteurs de valorisation des EUT en Tunisie
3. Changement climatique et projections climatiques pour la Tunisie aux horizons 2050 et 2100 :
La Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) définit le changement
climatique, appelé aussi dérèglement climatique et parfois aussi réchauffement climatique, comme étant "les
changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la
composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée
au cours de périodes comparables". On prend généralement en compte l’impact de l’activité humaine à partir
de l’ère industrielle (moitié du XIXe siècle). Entre 1970 et 2010 par exemple, les émissions mondiales des six
gaz à effet de serre (GES) couvertes par le protocole de Kyoto, entré en vigueur en 2005, ont augmenté de
80%, principalement en raison du doublement de la consommation d’énergie dans le monde sur cette période.
La grande majorité des émissions de ces gaz, à savoir, le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d'azote
et trois substituts des chlorofluorocarbones, est liée à la combustion d’énergies fossiles. Le 5ème rapport du
Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC), publié en 2013, conclut que le
réchauffement observé depuis 1950 est "sans équivoque" et qu’"il est extrêmement probable [probabilité de
90%] que l'influence humaine sur le climat a été la cause dominante du réchauffement observé depuis le
milieu du vingtième siècle".
Bien entendu, le changement climatique est un facteur d’importance grandissante pour engendrer des
changements globaux, locaux et saisonniers de la température et des précipitations. D'après les prévisions des
scientifiques du GIEC, la température globale de la surface du globe est susceptible d'augmenter de 1 à 5°C
supplémentaires à la fin du XXIe siècle.
Quant à la Tunisie, les observations sur l’évolution historique du climat réalisées par l’Institut National de
Météorologie (INM) indiquent une tendance significative à la hausse de +1.1°C au cours du XXème siècle,
alors qu’à l’échelle globale, le Troisième Rapport d’Evaluation (TAR) de l’IPCC indique une élévation
moyenne de la température de 0.6°C. En ce qui concerne les précipitations, aucune tendance significative ne
peut être notée. Toutefois, la période climatique considérée de référence (1961- 1990) est caractérisée par une
forte variabilité si l’on compare aux périodes 1931-1960 et 1901-1930 (MEE, 2013).
7
Figure 7 : Anomalies des températures et des précipitations moyennes au cours du XXème siècle en Tunisie (MEE,
2013).
D’autre part, les résultats des projections climatiques réalisées en 2016 par l’INM pour le scénario modéré
RCP4.5 (RCP pour Representative Concentration Pathway), correspondant à un forçage radiatif de +4,5
W/m2, avec une résolution spatiale fine de 12,5km
2, annoncent une tendance à l’augmentation de la
température annuelle moyenne, oscillant entre 1°C et 1,8°C à l’horizon 2050 et entre 2°C et 3°C à la fin du
siècle. Les bordures littorales du pays au nord et à l’est de la Tunisie se réchaufferaient moins vite que la
frange ouest et l’extrême sud. Cette évolution serait également plus marquée pour les saisons d’été et
d’automne. Les résultats de ces projections montrent aussi une diminution des cumuls annuels de
précipitations aux horizons de 2050 et 2100 avec une diminution de 5 % à 10 % en 2050, qui s’aggraverait
encore en fin de siècle avec une diminution de 5 % à 20 % en 2100. Les régions les plus touchées seraient le
nord-ouest du pays et la zone désertique de la Tunisie. Concernant les extrêmes climatiques, les vagues de
chaleur pourraient s’accentuer dans le futur et davantage en termes de durée au sud du pays déjà très
désertique. De même, une tendance à l’augmentation pour le nombre de jours secs consécutifs représentant les
vagues de chaleur, et une migration e l’aridité vers le Nord du pays sont attendues (MARHP, 2019).
Figure 8 : Anomalie de la température (°C) à
l’horizon (A) 2050, (B) 2100 (MARHP,2019)
.
Figure 9 : Indice de précipitation (%) à l’horizon (A)
2050, (B) 2100 (MARHP,2019).
4. Impact du changement climatique sur les ressources en eaux en Tunisie :
Certes, la connaissance actuelle des variables hydrologiques liées aux changements climatiques reste entachée
d’incertitudes. Toutefois, sur la base d’une amorce de modélisation, on peut déduire que le changement
climatique devrait exacerber la problématique de la sécurité hydrique en Tunisie au cours des années à venir.
En effet, la baisse de la pluviométrie moyenne et l’augmentation de l’intensité et de la fréquence des périodes
sèches, conjuguées à l’augmentation de la température, devraient avoir pour impacts une baisse d’environ
28% des ressources en eau conventionnelles d’ici 2030 (MARHP et GTZ, 2007). De même, la disponibilité
des eaux de surface devrait connaitre une diminution qui avoisinera 5% à l’horizon 2030. Par ailleurs, les
pertes par salinisation des nappes phréatiques côtières due à l’élévation du niveau de la mer seraient d’environ
50% des ressources actuelles de ces nappes à l’horizon 2030, soit près de 150 millions de m3. Une
augmentation de l’évapotranspiration et une baisse de l’humidité des sols sont également attendues.
8
Tableau 4 : Projection des ressources en eau à l’horizon 2030 intégrant l’impact du changement climatique en Mm3
(MARHP et GTZ, 2007)
Désignation 2010 (en Mm3) 2020 ( en Mm3) 2030 ( en Mm3)
Potentiel
Mobilisé Exploitable Potentie
l
Mobilisé Exploitable Potentiel Mobilisé Exploitable
Grands barrages 2700 2121 1378 2700 2131 1385 2700 1890 1229
Nappes phréatiques 758 758 758 781 781 591 805 805 308
Nappes profondes 1544 1350 1350 1350 1535 1215 2079 1731 1214
Total eaux
conventionnelles
5002 4229 3486 5272 4447 3191 5584 4426 2751
Eaux usées traitées 253 99 99 400 156 156 512 292 292
Eaux dessalées 18 18 0 47 47 0 80 80
Total eaux non
conventionnelles
253 117 117 400 203 203 512 372 372
Total Général 5255 4336 3603 5672 4650 3394 4798 4798 3123
Les impacts susmentionnés devraient s’aggraver par l’augmentation croissante des besoins en eau, et ce,
conjointement à la diminution des stocks disponibles qui serait plus importante dans le Nord du pays où sont
situées 80 % des ressources déjà mobilisées, et au centre du pays où les nappes constituent la principale
ressource pour l’agriculture et l’eau potable. En effet, la confrontation entre les ressources disponibles et la
demande en eau montre que la satisfaction des besoins à l’horizon 2030 nécessite l’amélioration de la gestion
de la ressource dans différents secteurs et la mobilisation des ressources non conventionnelles (MARHP et
GTZ, 2007).
Figure 10 : Evolution pressentie des ressources et des besoins en eaux face au changement climatique en Tunisie
A l’horizon 2050, la baisse des ressources globales en eau due au changement climatique pourrait être plus
importante. On assisterait en particulier à une augmentation de la salinité des eaux des nappes et à un
assèchement des sources d’eau, principales ressources d’approvisionnement des populations et du cheptel des
zones rurales en eau potable. Ceci se traduirait par une vulnérabilité accentuée des femmes, auxquelles échoit
le plus souvent la corvée d’eau au sein du ménage. En outre, un accroissement de l’aridité pourrait altérer la
vulnérabilité des écosystèmes tunisiens (forêts, maquis, garrigues…) et augmenter le risque de grands
incendies. Les populations les plus pauvres dont celles habitant les forêts et les zones rurales devraient être
plus fortement touchées, ce qui contribuerait à intensifier les conflits entre usages concurrents de l’eau et les
crises sociales existantes entre les différentes régions du pays. Le développement de nouvelles solutions serait
par conséquent nécessaire afin d’assurer les besoins des zones vulnérables.
Egalement, le dévasement moins fréquent des retenues de barrages en période de sècheresse aurait pour effet
une réduction de la capacité de stockage des eaux de surface et une altération de la qualité des eaux stockées à
cause de l’eutrophisation. En conséquence, et en plus de la diminution de l’eau disponible pour l’agriculture,
une diminution de la production hydroélectrique serait attendue. Ces deux phénomènes sont en effet liés car
une partie de l’eau destinée à l’irrigation provient des barrages et est également turbinée. Il est à noter aussi
que l’envasement des barrages serait aussi accéléré suite à l’augmentation de l’érosion des sols, due
notamment à la possible légère augmentation de l’intensité des pluies, les inondations ne seraient a priori pas
plus fréquentes.
Le Sud tunisien constituerait la zone la plus vulnérable du pays. En effet, la demande en eau y accroîtrait en
raison de l’augmentation de la température et génèrerait une surexploitation des nappes profondes, qui
constituent les principales ressources en eau de la région. Ainsi, la diminution des niveaux piézométriques et
la dégradation de la qualité des eaux seraient attendues. Ces difficultés pourraient toutefois être compensées
9
par la création de nouveaux ouvrages de captage plus profonds, et avec le recours au dessalement, ce qui
accaparerait davantage de moyens financiers et d’énergie.
D’autre part, les conséquences macroéconomiques des impacts du changement climatique sur les ressources
en eau seraient loin d’être négligeables. En effet, le stress thermique et hydrique pourra réduire les rendements
du secteur agricole et accroitre davantage les déséquilibres de la balance commerciale, et ce, en affectant les
recettes d’exportations des principaux produits agricoles tunisiens (blé, olives, dattes, agrumes et produits de
la mer), et par une hausse des importations alimentaires. Egalement, la baisse des activités du secteur agricole
peut potentiellement induire un risque socio-politique en raison de la diminution de la disponibilité de la
nourriture, de la perte de revenus et d’emploi direct, mais aussi sur la croissance économique du pays, eu
égard à la contribution réelle de ce secteur au PIB du pays.
5. Principales mesures d’adaptation
Consciente de la menace réelle que représente ce phénomène, la Tunisie s’est engagée en faveur de la lutte
contre le changement climatique depuis 1992 par l’adoption de la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) et sa ratification en 1993. Depuis, la Tunisie a toujours rempli ses
engagements envers la CCNUCC par la soumission des communications nationales, de son premier rapport
biennal ainsi que de sa Contribution Nationale Déterminée (CDN).
A ce titre, la Tunisie a soumis à la CCNUCC le 16 septembre 2015 sa Contribution Prévue Déterminée au
Niveau National (CPDN) qui vise un objectif très ambitieux d’atténuation. Il s’agit de baisser son intensité
carbone de 2030 de 41% par rapport à celle de 2010 : une baisse de 13% de l’intensité carbone 2030 par
rapport à 2010 est engagée à titre de contribution inconditionnelle basée exclusivement sur l’effort national,
alors que la baisse des 28% complémentaires pour atteindre l’objectif national sera conditionnée par l’appui et
l’assistance de la communauté internationale en matière de finances, de transferts de technologies et en
renforcement des capacités humaines et institutionnelles. Le secteur de l’énergie est le premier contributeur à
la réalisation de cet objectif avec une baisse visée de 46% de l’intensité carbone de ce secteur en 2030 par
rapport à 2010 (MEDD, 2015).
Figure 11 : Trajectoire des emissions (MEDD, 2015).
Le 17 octobre 2016, le parlement Tunisien a ratifié l’Accord de Paris à l’unanimité des voix de ses membres
et par conséquent adopté formellement sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN). Il convient de
rappeler que dans cet Accord, tous les pays ont convenu sur le long terme, de contenir l’élévation de la
température de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre
les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, ce qui permettrait de réduire largement les risques
et les conséquences du changement climatique. La mise en œuvre dudit Accord est essentielle à la réalisation
des objectifs de développement durable, dont notamment l’ODD 13 axé sur la prise d’urgence des mesures
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pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. Elle fournit également, une feuille de
route pour les actions climatiques qui réduiront les émissions et renforceront la résilience climatique. Les
objectifs annoncés au niveau national (CDN) seront révisés d'ici 2020 puis tous les cinq ans et les objectifs de
réduction des émissions ne pourront être revus qu'à la hausse (art. 4.3). Un bilan global de l'accord sera
effectué en 2023 puis tous les cinq ans. Ce cycle de révision est toutefois susceptible de modifications
décidées dans le cadre de Conférences des parties (COP) ultérieures.
En vue de la réalisation de sa trajectoire de résilience, les mesures prioritaires prévues par la Tunisie dans sa
CDN pour l’adaptation des ressources en eau consistent essentiellement à la mise en place de projets de
transfert et de réutilisation des eaux usées traitées et le renforcement et la sécurisation de l’alimentation en eau
des grands centres urbains, notamment le Grand Tunis, le Cap-bon, le Sahel et Sfax (MEDD, 2015).
Par ailleurs, la Tunisie a œuvré depuis plusieurs années à intégrer l’adaptation au changement climatique dans
le processus de planification du développement au niveau global et sectoriel. Ainsi, différentes mesures
d’adaptation ont déjà été initiées. Parmi ces mesures on peut citer (MARHP, 2019):
- Des investissements pour une mobilisation plus importante des eaux non conventionnelles à
travers la réalisation des stations de dessalement d’eau de mer (tableau 3 plus haut) et la
valorisation du potentiel des eaux usées traitées, évalué à environ 300 Mm3, le schéma directeur
de la réutilisation des eaux usées traitées à l’horizon 2050 étant actuellement en cours de
préparation ;
- Le renforcement des infrastructures par la connexion des barrages, le dédoublement des conduites
de transfert, et la création de nouveaux ouvrages de stockage, en vue de transférer une partie des
eaux excédentaires de l’extrême nord, évaluées à 400 Mm3/an, vers le centre du pays au niveau de
Kairouan, est actuellement à l’étude ;
- Un programme national de recharge artificielle des nappes est également initié en considérant les
eaux de surface ou les eaux usées traitées ;
- L’intégration de l’impact du changement climatique sur le territoire dans la nouvelle stratégie de
conservation des eaux et du sol, tout en prenant en compte le niveau local qui revêt une
importance particulière pour l’adaptation ;
- Des mesures d’adaptation sont également initiées dans le secteur agricole pour réduire la demande
en eau, comme le recours à l’agriculture de conservation. A ce titre, il convient de rappeler qu’une
stratégie nationale d’économie d’eau d’irrigation lancée depuis 1995 a permis d’équiper plus de
80 % des périmètres irrigués de techniques d’économie d’eau, ce qui a permis de réduire la
demande en eau sur une partie des périmètres. L’efficacité de cette stratégie est cependant limitée
par la vétusté des installations. En effet, 65 % des périmètres ont plus de 25 ans.
6. Le Fonds Vert pour le Climat, une opportunité pour financer les projets d’adaptation
L’adaptation au changement climatique prend une place croissante dans les stratégies et projets des secteurs
de l’eau et de l’agriculture. Elle reste toutefois un processus continu, dont le contenu n’est pas intégralement
fixé au départ, compte tenu notamment des incertitudes sur les changements climatiques à venir : (i)
incertitude inhérente aux hypothèses socio-économiques des scénarios ; (ii) incertitude due à la modélisation
de l’atmosphère ; (iii) difficulté de descendre au niveau « local » et (iv) connaissance très imparfaite des
réponses des grands cycles naturels et écosystèmes.
Des solutions abordables et évolutives sont désormais disponibles pour permettre aux pays de passer à des
économies plus propres et plus résilientes et d’améliorer leur maitrise des phénomènes climatiques extrêmes
(surveillance précoce et plans de prévention des risques). Et pourtant, il peut être nécessaire de prendre des
décisions engageant le long terme avec la mise en place des investissements plus conséquents (infrastructures,
aménagement du territoire…). A l’instar des autres pays en développement, la Tunisie fait face à des
difficultés liées à la disponibilité des financements propres et au déficit de compétences spécifiques locales
pour réaliser ces investissements et mettre en œuvre sa stratégie nationale de lutte contre le changement
climatique. Cependant, étant membre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris, la Tunisie est éligible à
l’ensemble des fonds et sources de financement pour la lutte contre les changements climatiques, qu’ils soient
dans le cadre de la CCNUCC (Fonds Vert Climat, Fonds d’Adaptation,…) ou bien en dehors (Fonds
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d’Investissement Climat,…). L’accès à ces financements lui permettra en effet d’appuyer ses efforts
d’atténuation et d’adaptation, notamment ceux identifiés et planifiés dans sa contribution à l’Accord de Paris.
Lancé à la 16ème
Conférence des Parties (COP16) de la CCNUCC à Cancún (Mexique) en décembre 2010, le
Fonds Vert pour le Climat (FVC ou GCF pour Green Climate Fund) est désormais le principal et plus
important Fonds multilatéral dédié au climat, pour l’accompagnement de la mise en œuvre de la Convention et
de l’Accord de Paris sur le Climat. Il devrait disposer de 100 Milliards de dollars par an pour aider les pays en
développement vulnérables aux effets du changement climatique, et plus particulièrement les Pays les Moins
Avancés (PMAs), les Etats Insulaires en Développement (EIDs) et les Etats Africains, dont la Tunisie, à
limiter leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter. Il élit siège à Songdo, en Corée du Sud, depuis
2013, année de sa mise en place et début de ses activités.
Le FVC dispose d’une variété d’instruments financiers auxquels peuvent faire appels les potentiels
promoteurs de projets: (i) des dons (subventions), (ii) des prêts concessionnels, (iii) des capitaux propres et
(iv) des garanties. Ces instruments ont pour objet de répondre aux besoins et attentes des promoteurs de
projets conformément à des priorités nationales, mais aussi aux critères et conditions d’éligibilité et
d’investissement du FVC.
Il est important de mentionner également, que le FVC a dédié une ligne de crédit spécifique au secteur privé,
compte tenu de son rôle majeur dans le développement du pays, et leur potentialité d’investissements dans les
projets résilients au changement climatique. L’allocation des ressources pour l’adaptation est basée sur : (i) la
capacité de l’activité proposée à démontrer son potentiel d’adaptation aux impacts des changements
climatiques dans le contexte de la promotion du développement durable et de changement de paradigme et (ii)
les besoins immédiats et urgents des pays vulnérables, notamment les PMAs, les EIDs et et les Etats
Africains.
Consciente des opportunités de financements offertes par le FVC, la Tunisie a déjà engagé des actions dans le
cadre de sa préparation pour l’accès à ce Fonds : désignation de son Autorité Nationale Désignée (AND),
organisation d’ateliers d’échange, d’information et de formation sur la Finance climat au profit des différents
acteurs concernés à l’échelle nationale, lancement de la préparation du Programme pays (portefeuille des
projets prioritaires pour la Tunisie) et du Plan National d’Adaptation (PNA), lancement du processus
d’accréditation de l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles (APIA) auprès du FVC dans le cadre
de la facilité Adapt’action. Certaines notes conceptuelles de projets concernant la Tunisie ont été également
soumises au FVC, toutefois, la Tunisie n’a pu jusqu’à présent mobilisé aucun financement du FVC pour
concrétiser l’un de ses projets d’adaptation. Une compréhension plus claire des procédures et conditions
d’accès aux ressources de ce fonds ainsi que des règles de priorisation des projets qu’il approuve, compte tenu
de ses propres difficultés de mobilisation des fonds (100 milliards de dollars par an), pourrait être nécessaire.
7. Conclusion :
La Tunisie n’est pas à l’abri du changement climatique, et la menace que représente ce phénomène pour ses
ressources en eau pourrait être immédiate et potentiellement irréversible. En effet, la baisse de la pluviométrie
moyenne conjuguée à l’augmentation de la température et de l’intensité et la fréquence des périodes sèches,
prévues en Tunisie à cause de ce phénomène, devraient avoir pour impacts, à l’horizon 2030 : (i) une baisse
d’environ 28% des ressources en eau conventionnelles, (ii) une diminution d’environ 5% de la disponibilité
des eaux de surface, (iii) des pertes d’environ 50% des ressources actuelles des nappes phréatiques à cause de
l’élévation attendue du niveau de la mer, (iv) une augmentation de l’évapotranspiration et (v) une baisse de
l’humidité des sols.
Face à la raréfaction des ressources en eaux renouvelables et accessibles, l’Etat aura à effectuer des arbitrages
pour équilibrer l’offre et la demande et concilier les différents usages, pouvant nécessiter une réforme radicale
des modes de gestion actuelle de l’eau. De même, une mobilisation plus importante de ressources non
conventionnelles (via le dessalement et la réutilisation des eaux usées traitées) et le recours aux transferts
d’eau pourrait s’avérer inévitable pour répondre aux besoins croissants de la population et de l’économie,
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particulièrement, sur le plan de la qualité de l’eau. Ces technologies sont toutefois énergivores et le coût de
leur mobilisation est de plus en plus élevé. L’optimisation de l’exploitation du fort potentiel dont dispose la
Tunisie dans le domaine de l’énergie solaire en vue d’accroitre le potentiel des technologies susmentionnées et
de baisser les coûts de consommation d’énergie pourrait constituer la bonne voie pour maitriser les coûts
relatifs à la mobilisation des ressources non conventionnelles.
Par ailleurs, la mise en place des différentes interventions publiques requises pour l’adaptation de la Tunisie
aux impacts des changements climatiques, et notamment celles engagées dans le cadre de sa CND, offre une
bonne opportunité pour le renforcement des dispositifs de recherche et d’accès aux ressources financières
aidant les pays en développement à faire face aux défis climatiques, en particulier le FVC. La formation de
compétences nationales spécifiques dans ce domaine est fortement recommandée.
Liste de références bibliographiques
[1] Constitution de la République de la Tunisie, 2014.
[2] Kallel.R (1994) : Caractéristiques morphologiques et hydrologiques du réseau hydrographique Tunisien.
Direction Générale des Ressources en Eau-Ministère de l'agriculture; Tunis
[3] Khanfir R, 2017, Le stress hydrique en Tunisie : situation actuelle et perspectives, In La méditerranée face
à la raréfaction des ressources en eau, Tunis, Konrad-Adenauer-Stiftung.
[4] Ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche (MARHP)-République de la
Tunisie, 2019, Rapport national du secteur de l’eau année-2017.
[5] Ministère de l’Equipement et de l’Environnement (MEE)- République de la Tunisie, 2013, Seconde
Communication Nationale de la Tunisie à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques.
[6] Ministère de l'Environnement et du Développement Durable (MEDD)- République de la Tunisie, 2015,
INDC de la Tunisie.
[7] Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques (MARHP) et GTZ, 2007. Stratégie nationale
d’adaptation de l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques.
[8] Ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche (MARHP)-République de la
Tunisie, 2016, Rapport national du secteur de l’eau année-2015.
[9] WWAP, World Water Assessment Program (2009): The United Nations World Water Development
Report 3, Case Studies Volume: Facing The Challenges
[10] http://www.apia.com.tn/agriculture-tunisienne.html
[11] http://www.ins.nat.tn/fr/themes/population