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Mesures d’atténuation du changement climatique et eau 6

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mesures d’atténuation du changement climatique et eau

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couches encaissantes non efficaces, pourrait détériorer laqualité des eaux souterraines, et la libération de CO2 dansl’atmosphère pourrait également entraîner des problèmesdesantéetdesécuritéauniveaulocal.[CCSRID,5.RE]

Il est important de noter que, à l’heure actuelle, nousne disposons pas d’indications suffisantes sur l’utilité,les conséquences, prévisibles ou non, de ce concept depiégeageducarbone.Pouréviterouatténuerlesincidences,il conviendrait de choisir soigneusement un site, d’assurerun suivi réglementaire efficace, d’élaborer un programmedesurveillanceadéquatetdemettreenœuvredesprocédésde correction pour interrompre ou contrôler les émissionsdeCO2.[CCS5.RE,5.2]

�.2.2 cultures bioénergétiques 2)

Labioénergiecontribueauxeffetsbénéfiquesde l’atténua-tion en modifiant l’utilisation de combustibles fossiles.[LULUCF 4.5.1] Cependant, la production de carburantà grande échelle pose divers problèmes, concernant enparticulier lesbesoinsenengraisetpesticides, lecycledeséléments nutritifs, le bilan énergétique, les incidences surla biodiversité, l’hydrologie et l’érosion, les conflits avecla production d’aliments et les subventions financièresindispensables. [LULUCF 4.5.1] La production d’énergieetlespotentielsd’atténuationdesGESdesculturesénergé-tiques spécifiques dépendent de la disponibilité de terres,mais doivent également répondre aux demandes de nour-riture, à la volonté de protection de la nature, de gestiondurabledes terresetdes réserveseneau, et àd’autrescri-tèresdedurabilité.Plusieursétudesontaboutiàdeschiffresdifférentsencequiconcerne lacontributionpotentielledela biomasse aux approvisionnements mondiaux en énergiedans l’avenir, la fourchetteallantdemoinsde10OEJ/anàplus de 400EJ/an en 2050 (Hoogwijk, 2004;Hoogwijket al.,2005;Simset al.,2006).Smeetset al.(2007)indiquentque lepotentiel techniqueultimedesculturesénergétiquessur les terres agricoles actuelles, compte tenu des progrèstechnologiquesprévusdanslesdomainesdel’agricultureetdel’élevage,pourraitpermettred’atteindreplusde800EJ/an sans nuire à l’approvisionnement alimentaire mondial.Ces différences entre les études peuvent être en grandepartie attribuées à l’incertitudequant à ladisponibilitédesterres,auxrendementsénergétiquesdesculturesetauxhy-pothèsessur l’évolutionde l’efficacitéagricole.Lesétudesqui ont prévu le potentiel le plus élevé se sont fondéessur une utilisation non seulement des terres dégradées ouexcédentaires, mais également des terres actuellementcultivées pour la production d’aliments, y compris lespâturages (hypothèse partagée par Smeets et al., 2007).[GTIII8.4.4.2]

Les pratiques agricoles favorisant l’atténuation des GESpourraient, dans certains cas, augmenter la consommationd’eau et ainsi réduire l’écoulement fluvial ou les réservesd’eaux souterraines (Unkovich, 2003; Dias de Oliveira

�.1 introduction

La relation entre les mesures d’atténuation du changementclimatiqueetl’eauestunerelationréciproque.Lesmesuresd’atténuation peuvent influencer les ressources en eauet leur gestion, et il convient d’en tenir compte lors de lamiseenplaceetdel’évaluationdesolutionsd’atténuation.Par ailleurs, les politiques et les mesures de gestion del’eau peuvent influencer les émissions de gaz à effet deserre (GES) et, par conséquent, les mesures d’atténuationsectorielles correspondantes; intervenir dans le systèmed’eau peut s’avérer inefficace en termes d’atténuation duchangementclimatique.

Le sujet de l’atténuation est abordé dans la contributionduGroupedetravailIIIauquatrièmeRapportd’évaluationdu GIEC («Atténuation»), dans lequel sont évoqués lessept secteurs suivants: approvisionnement énergétique,transport et infrastructuresde transport, bâtiments résiden-tiels et commerciaux, industrie, agriculture, sylviculture etgestion des déchets. Étant donné que les problèmes liés àl’eau ne constituaient pas le thème central de ce volume,seules y ont été mentionnées ses relations générales avecl’atténuation du changement climatique, essentiellementdupointdevuequalitatif.Cependant,d’autres rapportsduGIEC (notamment le troisième Rapport d’évaluation)contiennentégalementdesinformationssurlaquestion.

Les mesures d’atténuation propres à un secteur peuventavoirdifférentesrépercussionssurl’eau.Cesrépercussionssont indiquées dans les paragraphes ci-dessous (voir aussile tableau 6.1). Les nombres entre parenthèses dans lestitresdessous-sectionscorrespondentauxpratiquesouauxsolutionsd’atténuationpropresàunsecteurdécritesdansletableau6.1.

�.2 atténuation par secteur

�.2.1 piégeage et stockage du dioxyde de carbone (ccs) (voir 1), tableau �.1)

Le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone (CO2)sont des procédés qui consistent à extraire le CO2 prove-nant de sources industrielles et en rapport avec l’énergie,à le transporter vers un lieu de stockage et à l’isoler del’atmosphèrependantunelonguepériode.LeCO2introduitdans l’espace interstitiel et les fractures d’une formationperméablepeutdéplacerlefluide in situ; ilpeutégalementse dissoudre dans le fluide, se mélanger à lui ou réagiravec les particules minérales, voire intervenir dans unecombinaison de ces processus. Au fur et à mesure que leCO2traverselaformation,ilsedissoutenpartiedansl’eauqu’ellecontient.Lorsqu’ilestdissout,ilesttransportédansleseaux souterraines régionales.La fuitedeCO2despuitsd’injection,despuitsabandonnés,àtraverslesfaillesetles

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Tableau 6.1: Influence (ou conséquences) des solutions d’atténuation par secteur sur la qualité, la quantité et le niveau des eaux. Les effets positifs sur l’eau sont indiqués par [+], les effets négatifs par [-] et les effets incertains par [?]. Les chiffres en exposant font référence aux notes qui figurent sous le tableau, ainsi qu’aux sous-sections correspondantes du paragraphe 6.2.

aspect de l’eau énergie Bâtiments industrie agriculture Forêts déchets

Qualité

chimique/biologiques

CCS1) [?] Biocarburants2) [+/-]Énergie géothermique5) [-]Pétrole non conventionnel13) [-]

CCS1) [?] Traitement des eaux usées12) [-] Électricité issue de la biomasse3) [-/?]

Changement d’affectation et gestion des terres 7) [+/-] Gestion des terres cultivées(eau)8) [+/-]

Boisement (puits)10) [+]

Gestion des déchets solides;Traitement des eaux usées12) [+/-]

température Électricité issue de la biomasse3) [+]

Gestion des terres cultivées (réduction du labour)9) [+/-]

Quantité

disponibilité/demande

Énergie hydraulique4)

Pétrole non conventionnel13) [-]Énergie géothermique5) [-]

Utilisation de l’énergie dans les bâtiments6) [+/-]

Changement d’affectation et gestion des terres 7) [+/-] Gestion des terres cultivées(eau)8) [-]

Boisement10) [+/-]Déboisement évité/réduit11) [+]

Traitement des eaux usées12) [+/-]

traitement des eaux usées

Biocarburants2) [+/-] Énergie hydraulique4) [+/-]

Gestion des terres cultivées (réduction du labour)9) [+]

niveau des eaux

eaux de surface Énergie hydraulique4) [+/-]

Changement d’affectation et gestion des terres7) [+/-]

eaux souterraines

Énergie géothermique5) [-]

Changement d’affectation et gestion des terres7) [+/-]

Boisement10) [-]

Notes:1) Le piégeage et le stockage (CCS) souterrain du carbone représentent des risques potentiels pour la qualité des eaux souterraines; le stockage en eaux profondes dans la mer (à une profondeur supérieure à 3 000 m et sous une couche de sédiments de plusieurs centaines de mètres) semble être la solution la plus sûre.2) L’extension des cultures et des forêts bioénergétiques peut avoir des incidences négatives telles une augmentation de la demande en eau, la contamination des eaux souterraines et l’encouragement au changement d’affectation des terres, qui sont susceptibles d’avoir des effets indirects sur les ressources en eau, ou des incidences positives via une réduction du lessivage des éléments nutritifs, de l’érosion des sols, du ruissellement et de l’envasement en aval.3) Électricité issue de la biomasse: en général, une augmentation de la quantité d’énergie renouvelable (par rapport aux centrales à combustibles fossiles) signifie une réduction du déversement d’eau de refroidissement vers les eaux de surface.4) Les incidences (positives ou négatives) sur l’environnement et les avantages multiples de l’énergie hydroélectrique doivent être pris en considération dans tout projet de développement donné.5) L’utilisation de l’énergie géothermique peut entraîner une pollution, une subsidence, et dans certains cas, une consommation des ressources en eau disponibles.6) La consommation d’énergie dans le secteur du bâtiment peut être réduite via diverses approches et mesures, avec des incidences positives ou négatives.7) Les changements d’affectation et la gestion des terres peuvent influencer la qualité des eaux de surface et des eaux souterraines (notamment par l’augmentation ou la diminution du lessivage d’éléments nutritifs et de pesticides) et le cycle hydrologique (local) (par exemple, par une consommation d’eau accrue).8) Les pratiques agricoles pour l’atténuation peuvent avoir des effets positifs et négatifs sur la conservation et la qualité de l’eau.9) Une réduction du labour permet d’améliorer le rendement hydraulique.10) Le boisement améliore généralement la qualité des eaux souterraines et réduit l’érosion des sols. Il influence tant le bassin hydrographique que les cycles hydrologiques régionaux (hydrogramme régulier avec une réduction du ruissellement et des inondations). Il permet généralement d’améliorer la protection des bassins versants, mais au détriment du rendement des eaux de surface et de la recharge de l’aquifère, ce qui peut être problématique dans les régions semi-arides et arides.11) L’arrêt ou le ralentissement du déboisement et de la dégradation des forêts permettent de conserver les ressources en eau et de prévenir les crues, de réduire le ruissellement, de contrôler l’érosion et de diminuer l’envasement des rivières.12) Les diverses technologies de gestion des déchets et de contrôle et de traitement des eaux usées peuvent permettre de réduire les émissions de GES et avoir des effets positifs sur l’environnement, mais elles peuvent entraîner une pollution aquatique si les installations ne sont pas correctement conçues ou gérées.13) Au fur et à mesure de la raréfaction des réserves de pétrole conventionnel et de l’augmentation du coût d’extraction, les carburants liquides non conventionnels deviendront plus attractifs économiquement, mais les coûts pour l’environnement seront supérieurs (demande en eau et coûts d’assainissement élevés).

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et al., 2005). Par exemple, les cultures à haut rendement,à feuillage persistant et à racines profondes consommentdavantage d’eau que le couvert terrestre qu’elles viennentremplacer (Berndes et Börjesson, 2002; Jackson et al.,2005). Certaines pratiques peuvent influencer la qualitéde l’eau via un lessivage des pesticides et des élémentsnutritifs (Machado et Silva, 2001; Freibauer et al., 2004).[GTIII8.8]

Les pratiques agricoles d’atténuation qui détournent desproduits pour d’autres utilisations (par exemple, les cul-tures bioénergétiques) peuvent par ailleurs favoriser laconversion de forêts en terres cultivées. À l’inverse,l’augmentation de la productivité des terres cultivéesexistantes peut permettre d’épargner quelques forêts oupâturages (West etMarland, 2003; Balmford et al., 2005;Mooney et al., 2005). L’effet net de tels compromis surla biodiversité et d’autres écoservices n’a pas encore étépleinementquantifié(HustonetMarland,2003;Greenet al.,2005).[GTIII8.8]

Si les plantations bioénergétiques sont judicieusementplacées, conçues et gérées, elles sont susceptibles deréduire le lessivage des éléments nutritifs et l’érosiondes sols, et de générer des services environnementauxsupplémentaires,telsquel’accumulationdecarbonedanslesol, l’augmentationdelafertilitédusolet l’éliminationducadmium et d’autres métaux lourds du sol ou des déchets.Elles peuvent également favoriser la recirculation des élé-mentsnutritifset le traitementdeseauxuséesetdesbouesriches en éléments nutritifs, et fournir des habitats pouraccroître la biodiversité dans le paysage agricole (Berndeset Börjesson, 2002; Berndes et al., 2004; Börjesson etBerndes, 2006). [GTIII 8.8]Dans le casde plantationsdeforêts destinées aux biocarburants, il est possible d’éviterles incidences négatives sur l’environnement grâce à unebonneconceptionduprojet.Lesavantagesenvironnementauxsont notamment la réduction de la dégradation des sols,du ruissellement de l’eau et de l’envasement en aval et lepiégeage du ruissellement agricole polluant. [LULUCFfiched’information4.21]

�.2.3 électricité issue de la biomasse3)

Les technologies d’approvisionnement en énergie renou-velablenonhydroélectrique,enparticulierl’énergiesolaire,éolienne, géothermique et l’énergie issue de la biomasse,contribuent actuellement peu au réchauffement mondialet à la fourniture d’électricité, mais elles progressent trèsrapidement. L’augmentation de l’électricité issue de labiomasseest limitéeen raisonde soncoût etdesbarrièressociales et environnementales. [GTIII 4.RE] Dans ce casparticulier de production d’électricité, toute biomassenécessaire en sus des résidus de l’agriculture et des forêts[GTIIIchapitres8et9]devraêtrecultivéedanscebut,etpourrait donc être limitée par la disponibilité des terres etde l’eau.L’incertitudeestconsidérable,mais laproduction

devrait être suffisante dans toutes les régions poursatisfaire cette génération de bioénergie supplémentairede432TWh/anà l’horizon2030,d’après lesprévisionsdecette analyse. [GTIII 4.4.4] En général, la substitution decombustibles fossiles par la biomasse pour la productiond’électricité permettra de réduire les déversements d’eauderefroidissementdanslescoursd’eaudesurface.

�.2.4 énergie hydraulique4)

Les systèmes d’énergie renouvelable, comme l’énergiehydrauliquepeuventcontribueràsécuriserl’approvisionne-mentenénergieetàprotéger l’environnement.Cependant,laconstructiondecentraleshydroélectriquespeutégalementavoiruneincidenceécologiquesurlespêcheriesetleséco-systèmesfluviauxexistants,dufaitdeschangementsdedébit(hydrogramme)etdespertesd’eauparévaporation(danslecasdecentralessurdesbarrages).Onpeutégalements’at-tendreàuneperturbationsociale.Enfin, ladisponibilitéeneaupourletransportfluvial(profondeurd’eau)peutégale-mentposer problème.Les effets positifs sont la régulationdel’écoulement,lamaîtrisedescrues,ainsiqueladisponi-bilitéeneaupourl’irrigationpendantlessaisonssèches.Deplus,l’énergiehydrauliquenenécessitepasd’eaupourlere-froidissement(àl’inversedescentralesthermiques)nipourlaproduction,commedanslecasdesbiocarburants.Environ75%desréservoirsd’eaudanslemondeontétéconstruitsà des fins d’irrigation, demaîtrise des crues et d’approvi-sionnement des villes en eau, et bon nombre d’entre euxpourraientfairel’objetd’uneremiseàniveauenvued’unegénérationd’énergiehydroélectrique,sansaucuneaugmen-tationdesincidencesenvironnementales.[GTIII4.3.3]

Les systèmes hydroélectriques de grande taille (>10MW)ont généréplusde2800TWhd’énergiede consommationen2004etont fourni16%de l’électricitémondiale (90%d’électricité renouvelable). Les projets hydroélectriquesen cours de construction pourraient augmenter la part del’hydroélectricitéd’environ4,5%dès leurmiseen serviceetdenouveauxprojetspourraientvoir le jourpour fournir6000TWh/an supplémentaires ou plus d’électricité à bonmarché,principalementdanslespaysendéveloppement.Larénovation des centrales existantes avec des turbines plusefficacesetpluspuissantespeutêtrerentable,quellequesoitlatailledelacentrale.[GTIII4.3.3.1]

Les systèmeshydroélectriquesdepetite (<10MW)ou trèspetite (<1MW) taille, généralement situés au fil de l’eau,fournissent de l’électricité à un grand nombre de commu-nautés rurales dans les pays en développement tels que leNépal.Leurproductionactuelleestméconnue,maislespré-visions la situent approximativement de 4 à 250TWh/an(soit9%delagénérationtotaled’énergiehydraulique).Lepotentieltechniquemondialdescentralesdepetiteetdetrèspetitetaillesesitueauxalentoursde150à200GW,lesres-sourcesétantinexploitéesdansunegrandequantitédesitesdisponibles.[GTIII4.3.3.1]

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Dans le cas d’un projet de développement donné, il estindispensable d’évaluer les principaux avantages del’hydroélectricité, notamment l’irrigation et la création deressources d’approvisionnement en eau, la réponse rapideauxfluctuationsdedemandeduesàdespicsouàl’intermit-tencedessourcesd’énergierenouvelable,lesplansd’eaudeloisirset lamaîtrisedescrues,ainsique les inconvénients.[GTIII4.3.3.1]

�.2.� énergie géothermique�)

Les ressources géothermiques sont utilisées depuis long-tempspourl’extractiondirectedechaleuràdesfinsdechauf-fageurbain,de traitement industriel,dechauffagede l’eauetdesespacesdomestiques,deloisirsetdebalnéothérapie.[GTIII4.3.3.4]

Les champs géothermiques de vapeur naturelle sont rareset laplupartd’entreeuxcomportentunmélangedevapeuret d’eau chaude nécessitant des systèmes de vaporisationsimples ou doubles pour isoler l’eau chaude, qui peut êtrealors utilisée dans des centrales binaires oupour le chauf-fagedirect.Laréinjectiondesfluidesmaintientunepressionconstante dans le réservoir, et permet donc d’augmen-ter la durée de vie du champ et de réduire les incidencesenvironnementales.[GTIII4.3.3.4]

Les problèmes de durabilité liés à l’affaissement des sols,aux taux d’extraction thermique supérieurs au réappro-visionnement naturel (Bromley et Currie, 2003), à lapollution chimique des cours d’eau (notamment parl’arsenic) et aux émissions de CO2 associées ont entraînéle refus d’octroi d’une licence d’exploitation à plusieurscentrales géothermiques. Les techniques de réinjectionpermettraient de faire face à ces problèmes, du moins enpartie. Une technologie de forage plus profond pourraitégalement permettre d’exploiter des roches chaudes etsèches très abondantes là où l’eau est injectée dans desroches artificiellement fracturées et où la chaleur est ex-traite sous forme de vapeur.Cependant, cela signifie aussiune consommation des ressources en eau disponibles.[GTIII4.3.3.4]

�.2.� consommation d’énergie dans les bâtiments�)

En tant que mesure d’atténuation, le refroidissement parévaporation permet de faire chaque année de grandeséconomies d’énergie pour la climatisation des résidences.Cependant, ce type de refroidissement exerce des con-traintessupplémentairessurlesressourceseneaudisponibles.Pour la climatisation des bâtiments, la consommationd’énergie peut être réduite de différentes manières,notammentparuneconceptionetuneorientationdubâtimentpermettant de réduire sa charge calorifique. Lorsque lerefroidissementimpliquel’utilisationd’eau,cetteréduction

de consommation d’énergie entraîne une diminution de lademandeeneau.[GTIII6.4.4]

�.2.� changement d’affectation et gestion des terres�)

Selon lesrecommandationsduGIECenmatièredebonnespratiquespourlerapportspécialsurl’utilisationdesterres,les changements d’affectation et la foresterie, il existesix grandes catégories d’affectation des terres possibles:forêts, cultures, pâturages, zones humides, établissementshumainsetautres.Leschangementsd’affectationdesterres(notammentlaconversiondeculturesenpâturages)peuvententraîner des changementsnets dans les stocksde carboneet différentes incidences sur les ressources en eau. En cequi concerne les changements de l’affectation des terresautres que la conversion de terres en forêts (sujet abordéau paragraphe 6.2.10), les documents antérieurs du GIECcontiennenttrèspeuderéférencesàleursincidencessurlesressources en eau. Le rétablissement des zones humides,l’unedesprincipalespratiquesd’atténuationenagriculture[GTIII8.4.1.3],permetd’améliorerlaqualitédel’eauetdediminuer les inondations. [LULUCF tableau4.10]Lamiseenjachère,uneautrepratiqued’atténuationidentifiéeparleGroupedetravailIII,peutavoirdesincidencespositivessurlaconservationetlaqualitédeseaux.[GTIIItableau8.12]

Les pratiques de gestion des terres mises en œuvre pourl’atténuationduchangement climatiquepeuvent égalementavoir diverses incidences sur les ressources en eau. Ungrandnombredepratiquespréconiséespourlaconservationdu carbone du sol (réduction du labour, augmentation dela couverture végétale, plus grande utilisation de culturesvivaces) permettent également de prévenir l’érosion etd’améliorerlaqualitédel’eauetdel’air(Coleet al.,1993).Cespratiquespeuventaussiavoirdeseffetsindésirables,dumoinsdanscertainesrégionsetdanscertainesconditions.Onpeuttrouverparmiceseffetspossiblesuneaugmentationdelapollutiondeseauxsouterrainespardesélémentsnutritifset des pesticides via le lessivage dans des conditions deréductiondu labour (Coleet al., 1993; IsenseeetSadeghi,1996). Cependant, ces éventuels effets négatifs n’ont pasété largement confirmés ni quantifiés, et la mesure danslaquelle ils sont susceptibles de compenser les avantagesenvironnementaux du piégeage du carbone est incertaine.[GTIIITRE4.4.2]

Legroupedepratiquesconnusouslenomd’intensificationdel’agriculture(Lalet al.,1999;Bationoet al.,2000;Rescket al.,2000;Swarupet al.,2000),notammentlespratiquesquiaugmententlaproductionetl’apportderésidusd’originevégétale dans le sol (rotations des cultures, diminutiondes jachères nues, cultures de protection, variétés à hautrendement, gestion intégrée des parasites, fertilisationadéquate,engraisorganiques,irrigation,gestiondelanappephréatique, gestion adaptée aux sites et autres), présentent

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denombreuxavantagesaccessoires,dont leplus importantest l’augmentation et le maintien de la production d’ali-ments. Les avantages environnementaux peuvent être lecontrôledel’érosion,laconservationdel’eau,l’améliorationde la qualité des eaux et la réduction de l’envasement desréservoirs et des cours d’eau. La qualité des sols et del’eau est diminuée du fait de l’utilisation indiscriminéed’apportsagricolesetdel’eaud’irrigation.[LULUCFfiched’information4.1]

Lagestiondes éléments nutritifs pour l’utilisation efficacedesfertilisantsades incidencespositivessur laqualitédeseaux. [GTIII Tableau 8.12] De surcroît, les pratiques quiréduisent l’émission de N2O améliorent souvent l’effica-cité de l’utilisation de l’azote à partir de ces sources etd’autres (notamment le fumier), et permettent donc de ré-duirelesémissionsdeGESprovenantdelafabricationdesfertilisants et d’éviter l’effet délétère des polluants azotéssurlaqualitédeseauxetdel’air(Dalalet al.,2003;Paustianet al., 2004; Oenema et al., 2005; Olesen et al., 2006).[GTIII8.8]

Les systèmes agroforestiers (plantation d’arbres dans lesterrescultivées)peuventprésenterdesavantagesmultiples,notamment la fourniture d’énergie aux communautés ru-rales, avec des synergies entre le développement durableet l’atténuation desGES. [LULUCF4.5.1]Cependant, cessystèmes peuvent avoir des incidences négatives sur laconservationdel’eau.[GTIIItableau8.12]

�.2.8 Gestion des terres cultivées (eau)8)

Les pratiques agricoles qui préconisent l’atténuation desgazàeffetdeserresontsusceptiblesd’avoirdesincidencespositives et négatives sur la conservation et la qualité del’eau. Lorsque les mesures mettent l’accent sur le rende-ment hydraulique (notamment grâce à la réduction du la-bour), elles sont potentiellement avantageuses. Maisdans certains cas, les pratiques peuvent intensifier laconsommationd’eauetdece fait réduire l’écoulementflu-vial et les réserves d’eaux souterraines (Unkovich, 2003;DiasdeOliveiraet al.,2005).Lagestiondurizagénérale-mentdesincidencespositivessurlaqualitédeseauxvialaréduction de la quantité de polluants chimiques dans l’eaudedrainage.[GTIIItableau8.12]

�.2.9 Gestion des terres cultivées (réduction du labour)9)

Letravaildeconservationdusolestuntermegénériquequiinclutune largegammedepratiquesde labour,notammentletravailauchisel,letravailsurbillon,lelabourenbandes,le paillis et l’absence de labour (CTIC, 1998). L’adoptiondu travail de conservation du sol présente de nombreuxavantages accessoires. Parmi ces avantages, les plusimportants sont le contrôle de l’érosion par l’eau et par

le vent, la conservation de l’eau, l’augmentation de lacapacitéde rétentiond’eau, ladiminutionde lacompacité,l’augmentation de la résilience du sol aux apports chi-miques, l’augmentation de la qualité du sol et de l’air,l’augmentation de la biodiversité du sol, la réduction dela consommationd’énergie, l’améliorationde laqualité del’eau, la diminution de l’envasement des réservoirs et descours d’eau et la possibilité de doubles cultures. Danscertainesrégions(notammentenAustralie),uneaugmentationdu lessivage résultant d’une augmentation de la rétentiond’eau due à un travail de conservation du sol peut fairediminuerlasalinisation.[LULUCFfiched’information4.3]Certainsdesavantagessecondairesimportantsdel’adoptionde ces mesures sont la diminution de l’érosion des sols,l’amélioration de la qualité de l’eau et l’augmentation durendement des carburants et de la production des récoltes.[LULUCF4.4.2.4]Lagestionde labour et des résidus ontdesincidencespositivessurlaconservationdel’eau.[GTIIItableau8.12]

�.2.10 Boisement ou reboisement10)

Il est prévu que les forêts consomment généralement unvolume d’eau plus important (somme de la transpirationet de l’évaporation de l’eau interceptée par le couvertd’arbres) que les cultures, les pâturages ou la végétationbasse naturelle. Cet effet, qui se produit dans des terressujettesauboisementouaureboisement,peutêtreliéàuneaugmentation des pertes par interception, en particulier làoùlecouvertd’arbresesthumidependantunegrandepartiedel’année(Calder,1990),ou,danslesrégionsplussèches,audéveloppementdesystèmesradiculairesplusimportantsquipermettent l’extractionet l’utilisationde l’eaupendantlessaisonssèchesprolongées.[LULUCF2.5.1.1.4]

Lespertesparinterceptionsontplusélevéesdanslesforêtsquiontdegrandessurfacesfoliairestoutaulongdel’année.Ainsi,detellespertesonttendanceàêtreplusélevéesdansles forêts sempervirentes que dans les forêts de feuillus(Hibbert,1967;Schulze,1982)etrisquentd’êtreencoreplusélevées dans les forêts à croissance rapide avec stockagedecarboneélevéquedans lesforêtsàcroissance lente.Enconséquence, le boisement de terres non forestières avecdes conifères à croissance rapide diminue généralementl’écoulement de l’eau des bassins hydrographiques etpeut entraîner une pénurie d’eau pendant les périodes desécheresse (Hibbert, 1967; Swank etDouglass, 1974). Parexemple,Vincent (1995) a démontré que lamise en placed’espècesdepinsgrandsconsommateursd’eaupourrétablirlesbassinsversantsthaïlandaisdégradésanettementréduitl’écoulementfluvialpendantlasaisonsèche,parrapportauxforêtsdefeuillusinitiales.Bienquelesforêtsdiminuentlesdébitsmoyens,ellessont susceptiblesde réduire lesdébitsde pointe et d’augmenter les débits des saisons sèches,car les terres forestières ont généralement une meilleurecapacité d’infiltration et une grande capacité de rétention

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d’eau (Jones et Grant, 1996). Les forêts jouent égalementunrôleimportantdansl’améliorationdelaqualitédeseaux.[LULUCF2.5.1.1.4]

Dans un grand nombre de régions dumonde où les forêtspoussent au-dessusdenappesphréatiques salinesde faibleprofondeur, la diminution de l’utilisation de l’eau suiteà un déboisement peut entraîner une montée de la nappephréatique et faire remonter le sel en surface (Morris etThomson,1983).Dansde tels cas, unegrande consomma-tiond’eauparlesarbres(c’est-à-direvialeboisementoulereboisement)peuts’avérerutile(Schoield,1992).[LULUCF2.5.1.1.4]

Dans les régions tropicales sèches, les plantations deforêts consomment souvent plus d’eau que la végétationbasse, car les arbres ont accès à de l’eau plus profonde etévaporent ainsi davantage d’eau interceptée. Des forêtsnouvellement plantées peuvent consommer un volumed’eau (par transpiration et par interception) supérieur àceluidesprécipitationsannuellesenpompantl’eaustockée(Greenwood et al., 1985). Un boisement ou reboisementextensifdans les régions tropicales sèchespeut alors avoirune incidencegravesur les réservesd’eauxsouterrainesetles débits des rivières. Toutefois, l’effet du remplacementdes forêts naturelles par des plantations, même par desessencesexotiques,surl’augmentationdel’utilisationd’eaudans les régions tropicales, en l’absence d’une différencede la profondeur de l’enracinement ou du comportementstomatiquedesespècesd’arbresn’estpasaussiclair.Dansla région sèche de l’Inde, la consommation d’eau par lesplantations d’eucalyptus est comparable à celle de la forêtsèchecaduqueindigène:lesdeuxtypesdeforêtconsommentpratiquement la totalité du volume des précipitationsannuelles(Calder,1992).[LULUCF2.5.1.1.4]

Le boisement et le reboisement, tout comme la protectiondes forêts, peuvent présenter des avantages hydrologiques.Dans les régions humides, après le boisement, le ruissel-lement direct diminue rapidement, puis se stabiliseprogressivement et le débit de base augmente lentementavec l’âge du peuplement, jusqu’à maturité (Fukushima,1987;Kobayashi,1987),cequisuggèrequelereboisementet le boisement permettent de réduire les inondations etd’améliorer la conservation de l’eau. Dans les régionsdont la quantité d’eau est limitée, le boisement, et enparticulier la plantationd’espèces à fortedemande en eau,peut entraîner une réduction significative de l’écoulementfluvial et influencer la population du bassin (LeMaitre etVersfeld,1997),réduirel’écoulementdel’eauversd’autresécosystèmes et rivières, et donc influencer les aquifèreset leur alimentation (Jackson et al., 2005). En outre, lespropriétés du sol peuvent connaître certains changementscauséspour l’essentielpar leschangementshydrologiques.Il pourrait être utile d’évaluer individuellement lesavantages hydrologiques du déboisement pour chaque siteconcerné.[GTIIITRE4.4.1]

Les avantages socioéconomiques tels que la création derichesses ou d’emplois doivent être compensés par laperte de bien-être résultant de la réduction de ladisponibilité en eau, des pâturages, des ressourcesnaturelles et de terres cultivées. Le boisement de terresauparavant érodées ou autrement dégradées peut avoirune incidence environnementale positive; dans les bassinshydrographiques où l’apport d’eau est important ou quine sont pas fortement exploités, la réduction de l’écoule-mentfluvialpeutnepasêtrecritique.[LULUCF4.7.2.4]

�.2.11 déboisement évité ou réduit11)

L’arrêt ou le ralentissement du déboisement et de ladégradation des forêts (perte de densité de carbone) et lagestion durable des forêts peuvent contribuer signifi-cativement à éviter les émissions, à conserver lesressourceseneau,àempêcher les inondations,à réduire leruissellement, à contrôler l’érosion, à diminuer l’envase-ment des rivières, ainsi qu’à protéger les pêcheries et lesinvestissements dans des centrales hydroélectriques, toutenpréservantlabiodiversité(Parrotta,2002).[GTIII9.7.2]

La conservation des forêts permet de conserver les res-sourceseneauetd’empêcherlesinondations.Parexemple,les dommages occasionnés par les crues en Amériquecentrale suite aupassagede l’ouraganMitch ont apparem-mentétéaggravésdufaitdelapertedeforêts.Enréduisantleruissellement,lesforêtspermettentdecontrôlerl’érosionet la salinité. Par conséquent, leur maintien permet deréduirel’envasementdesrivières,deprotégerlespêcherieset l’investissement dans des centrales hydroélectriques(ChomitzetKumari,1996).[GTIIITRE4.4.1]

Le déboisement et la dégradation des bassins hydrogra-phiques des hauts versants peuvent perturber les systèmeshydrologiques, en remplaçant les débits d’eau annuelsréguliersdans lesrégionsenavalpardesrégimesdecrueset de sécheresses (Myers, 1997).Bienqu’il existe souventdessynergiesentre l’augmentationdustockagedecarbonevia les activitésdeboisement, reboisement et déboisement(BRD) et d’autres incidences associées souhaitables,aucunerèglegénéralenepeutêtreappliquée;lesincidencesdoiventêtreévaluéesaucasparcas,pourchaquesite.Lesincidences associées peuvent souvent être significativeset influer sur le bien-fondé global d’activités de BRDspécifiques.[LULUCF3.6.2]

�.2.12 Gestion des déchets solides et traitement des eaux usées12)

Les décharges contrôlées (avec ou sans récupération etutilisationdugaz)permettentdemaîtriseretderéduire lesémissionsdeGES,maisellespeuventavoirdes incidencesnégatives sur la qualité des eaux, lorsque les sites ne sontpas correctement gérés. Ceci est également vrai pour letraitement biologique aérobie (compostage) et anaérobie

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(digestion anaérobie). Le recyclage, la réutilisation etla réduction au minimum des déchets peuvent nuire àleur enlèvement dans des décharges ouvertes, dont lapollutiondeseauxestuneéventuelleconséquence. [GTIIItableau10.7]

Lorsqu’elles sont appliquées avec efficacité, les tech-nologies de transport et de traitement des eaux uséespermettent de réduire ou d’éliminer la génération et lesémissions de GES. De plus, la gestion des eaux uséesfavoriselaconservationdel’eauenévitantlapollutiondesdécharges non traitées vers les eaux de surface, les eauxsouterraines, les sols et les zones côtières, réduisant ainsile volume de polluants et diminuant le volume de l’eauàtraiter.[GTIII10.4.6]

Les eaux usées traitées peuvent être réutilisées ouévacuées, mais la réutilisation est la meilleure solutionpour l’irrigation agricole et horticole, la pisciculture, lareconstitution artificielle d’aquifères ou les applicationsindustrielles.[GTIII10.4.6]

�.2.13 pétrole non conventionnel13)

Aufuretàmesuredelararéfactiondesréservesdepétroleconventionnel et de l’augmentation du coût d’extraction,les combustibles liquides non conventionnels deviennentplus attractifs économiquement, mais les coûts pourl’environnement sont supérieurs (Williams et al., 2006).L’extraction et la valorisation des sables et des schistesbitumineux nécessitent de grands volumes d’eau. Lestechnologies de récupération des sables bitumineuxincluent l’exploitationouverteensurface,oùlesgisementssont peu profonds, ou l’injection de vapeur dans despuits in situ pour réduire la viscosité du pétrole avant sonextraction. Le processus d’extraction nécessite environquatrelitresd’eaupourproduireunlitredepétrole,maisleproduitextraitest raffinable.Leprocessus in situ nécessiteenviron deux litres d’eau pour un litre de pétrole, maisle produit très lourd obtenu doit être nettoyé et dilué enraffinerie(généralementavecdunaphta)outransportéversune unité de valorisation pour donner du brut synthétiqueavec un rendement énergétique d’environ 75% (ONE,2006). Le rendement énergétique de la valorisation dessables bitumineux est d’environ 75%. L’extraction desablesbitumineuxlaissederrièreelledesgrandesquantitésde polluants et de vastes superficies de terres perturbées.[GTIII4.3.1.4]

�.3 effets des politiques et des mesures de gestion de l’eau sur les émissions et l’atténuation des Ges

Comme indiqué précédemment, les pratiques d’atténuationdu changement climatique dans divers secteurs peuvent

avoiruneincidencesurlesressourceseneau.Inversement,les politiques et les mesures de gestion de l’eau peuventavoiruneinfluencesurlesémissionsdeGESassociéesauxdifférents secteurs, et donc sur les mesures d’atténuationcorrespondantes(tableau6.2).

�.3.1 Barrages hydroélectriques1)

Environ 75% des réservoirs d’eau dans le monde sontconstruits à des fins d’irrigation, de maîtrise des crues etd’approvisionnement en eau des villes. Les émissions degaz à efet de serre varient en fonction de l’emplacementdu réservoir, de la densité de puissance (capacité éner-gétiqueparsurfaceinondée),dudébitetdutypedecentrale(barrage ou au fil de l’eau). L’empreinte des gaz à effetde serre des réservoirs hydroélectriques a été récemmentremise en question. Certains réservoirs absorbent le dio-xydedecarboneàleursurface,maislaplupartémettentdefaibles quantités de GES, étant donné que l’eau transportele carbone dans le cycle naturel du carbone. De fortesémissions de méthane ont été enregistrées dans certainsréservoirs tropicaux peu profonds de type plateau, où lecycle naturel du carbone est le plus productif, tandis queles émissions des réservoirs profonds sont moins éle-vées. Le méthane émanant des zones humides et desterres inondables naturelles peut être éliminé si celles-ci sont inondées pour former un nouveau réservoir, étantdonné que le méthane est oxydé au fur et à mesure qu’ilremonte la colonne d’eau. La formation de méthane eneau douce implique la présence de composés carbonés(acidesphénoliqueethumique)quipiègentefficacementlecarboneenquestion.S’agissantdesréservoirstropicauxpeuprofonds, il est nécessaire d’approfondir les recherchespour définir dans quellemesure ils peuvent augmenter lesémissionsdeméthane.[GTIII4.3.3.1]

L’émission de gaz à effet de serre par des réservoirsattribuable à la décomposition de la végétation et auxapports de carbone du bassin hydrographique est uneincidence récemment identifiée des barrages sur l’écosys-tème. Ceci remet en cause les connaissances convention-nelles selon lesquelles l’énergie hydraulique n’a que deseffets atmosphériques positifs (notamment des réductionsdes émissionsdeCO2 et d’oxydenitreux), par rapport auxsources de production d’énergie classiques (Commissioninternationaledesgrandsbarrages,2000).

Les évaluations du cycle de vie des projets hydro-électriques disponibles au moment de l’élaboration duquatrième Rapport d’évaluation ont montré de faiblesémissions nettes globales de gaz à effet de serre. Étantdonné l’incertitude de mesure des émissions anthro-piques croissantes des réservoirs d’eau douce, le Conseilexécutif de la CCNUCC a exclu les grands projetshydroélectriques dotés d’un stockage d’eau conséquent deson Mécanisme pour un développement «propre» (MDP).[GTIII4.3.3.1]

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�.3.2 irrigation2)

Environ18%des terrescultivéesdans lemonde reçoiventactuellement de l’eau d’irrigation (Évaluation desécosystèmes pour le millénaire, 2005a, b). L’extension decette superficie (lorsque les réserves en eau le permettent)ou l’utilisation demesures d’irrigation plus efficaces peutaméliorer le stockage de carbone dans les sols, via desrendements et un retour des résidus accrus (Follett, 2001;Lal, 2004). Cependant, certains de ces avantages peuventêtrecompensésparledioxydedecarboneissudel’énergieutiliséepourfournirl’eau(Schlesinger,1999;Mosieret al.,2005)oulesémissionsdeN2Oissuesdel’augmentationdesapportsd’humiditéetd’engraisazotés(Liebigetal.,2005),bienquecederniereffetn’aitpasfait l’objetdemesuresàgrandeéchelle[GTIII8.4.1.1.d].L’extensiondelasuperfi-ciederizièresenzoneshumidespeutégalementaugmenterles émissions de méthane par les sols (Yan et al., 2003).[GTIII8.4.1.1.e]

�.3.3 retour de résidus3)

La compétition des mauvaises herbes pour l’eau est unecause importante de mauvaise récolte ou de diminutiondesrendementsdesrécoltesdanslemondeentier.Lespro-grès réalisés dans lesméthodes de contrôle desmauvaises

herbeset l’outillageagricolepermettentàprésentdeculti-ver un grand nombre d’espèces avec un minimum de la-bour (réduction du labour), voire sans labour du tout. Cespratiques, qui maintiennent les résidus de culture à lasurface du sol et évitent donc les pertes d’eau par évapo-ration sont de plus en plus utilisées dans le monde entier(par exemple Cerri et al., 2004). Étant donné que laperturbation des sols a tendance à stimuler les pertes decarbone du sol via une augmentation de la décomposi-tion et de l’érosion (Madari et al., 2005), la réduction oul’absence de labour entraîne souvent un gain de carbonedans le sol, quoique ce ne soit pas toujours le cas (Westet Post, 2002; Alvarez, 2005; Gregorich et al., 2005;Ogle et al., 2005). L’adoption de ces pratiques peutégalement influencer les émissions de N2O, mais les ef-fets nets sont irréguliers et mal quantifiés à l’échellemondiale (Cassman et al., 2003; Smith et Conen, 2004;Helgasonet al.,2005;Liet al.,2005).L’effetde la réduc-tion du labour sur les émissions de N2O peut dépendre dusoletdesconditionsclimatiques:danscertaines régions laréduction du labour favorise les émissions de N2O, tandisquedansd’autresellepeutréduire lesémissionsounepasavoird’influencemesurable(Marlandet al.,2001).Desur-croît,lessystèmessanslabourpeuventréduirelesémissionsde dioxyde de carbone liées à la consommation d’énergie(Marlandetal.,2003;Kogaet al.,2006).Lessystèmesqui

Tableau 6.2: Influence de la gestion de l’eau sur les émissions de GES par secteur. L’augmentation des émissions de GES est indiquée par [-] (car elle implique une incidence négative) et la réduction des émissions de GES est indiquée par [+]. Les chiffres en exposant font référence aux notes qui figurent sous le tableau ainsi qu’aux sous-sections correspondantes du paragraphe 6.3.

secteur Qualité Quantité niveau de l’eau

chimique/biologique

température demande moyenne Humidité du sol

eaux de surface eaux souterraines

énergie Énergie géothermique7) [+]

Barrages hydroélectriques1) [+/-]Irrigation2) [-]Énergie géothermique7) [+]Dessalement6) [-]

Barrages hydro-électriques1) [+/-]

agriculture Barrages hydroélectriques1) [-]

Irrigation2) [+/-] Retour des résidus3) [+]

Drainage des terres cultivées4) [+/-]

déchets Traitement des eaux usées5) [+/-]

Notes:1) L’énergie hydroélectrique ne nécessite pas de combustibles fossiles et est une source importante d’énergie renouvelable. Cependant l’empreinte des gaz à effet de serre des réservoirs hydroélectriques a été remise en question récemment. Le méthane est particulièrement visé.2) L’application de mesures d’irrigation plus efficaces peut améliorer le stockage de carbone dans les sols via des rendements et un retour des résidus accrus, mais certains de ces avantages peuvent être compromis par les émissions de CO2 provenant de l’énergie utilisée pour la fourniture de l’eau. L’irrigation peut également entraîner des émissions supplémentaires de CH4 et de N2O, dans des cas spécifiques.3) Le retour de résidus au champ pour améliorer la capacité de rétention de l’eau va permettre de piéger le carbone via une augmentation de la production des cultures et une réduction de la respiration du sol.4) Le drainage des terres agricoles dans les régions humides peut favoriser la productivité (et donc le carbone dans le sol), voire éventuellement supprimer les émissions de N2O en améliorant l’aération. Toute perte d’azote par le drainage peut cependant se produire sous forme de N2O.5) En fonction de la conception et de la gestion des installations (technologies de traitement des eaux usées et de purification de traitement), des émissions plus ou moins élevées de CH4 et de N2O (les principales émissions de GES des eaux usées) peuvent se produire à toutes les étapes, depuis la source jusqu’à l’évacuation; dans la pratique, cependant, la plupart des émissions se produisent en amont du traitement.6) Le dessalement implique une consommation d’énergie et génère donc des émissions de GES.7) L’utilisation d’énergie géothermique à des fins de chauffage ne génère pas d’émissions de GES, comme dans le cas des autres procédés de production d’énergie.

Page 11: mesures d’atténuation du changement climatique et eau fr/chapter_6_fr.… · 140 mesures d’atténuation du changement climatique et eau section Tableau 6.1: Influence (ou conséquences)

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retiennent les résidus des cultures ont tendance à augmen-ter la quantité de carbone dans le sol, car ces résidus sontles précurseurs de la matière organique du sol, principaleformedestockagedecarbonedanslesol.Lefaitdenepasbrûlerlesrésidus(notammentparlamécanisationdelaré-colte de la canne à sucre et la suppression de la nécessitédebrûlagepréalableàlaculture;Cerriet al.,2004),permetégalement d’éviter l’émission d’aérosols et de GES géné-rés par le feu, bien que les émissions de dioxyde de car-boneprovenantdes carburantsutiliséspuissent augmenter.[GTIII8.4.1.1.c]

�.3.4 drainage des terres cultivées4)

Le drainage des terres cultivées dans les régions humidespeut favoriser la productivité (et donc le carbone dans lesol),voireéventuellement supprimer lesémissionsdeN2Oenaméliorantl’aération(Montenyet al.,2006).Touteperted’azote par le drainage peut cependant se produire sousformedeN2O(Reayet al.,2003).[GTIII8.4.1.1.d]

�.3.� traitement des eaux usées�)

En ce qui concerne le CH4 des décharges (plus grandesource d’émissions deGES des déchets), les émissions sepoursuiventpendantplusieursdécenniesaprèsl’évacuationdes déchets, et l’estimation des tendances d’émissionnécessite donc des modèles qui tiennent compte destendancestemporelles.LeCH4estégalementémispendantle transport des eaux usées, les processus d’épuration deseauxuséesetlesfuitesdeladigestionanaérobiedesdéchetsou des boues des eaux usées. Les principales sources deN2Osont les eauxd’égout et le traitementdes eauxusées.[GTIII10.3.1]

Les émissionsdeméthanedes eauxusées seules devraientaugmenterdepresque50%entre1990et2020,enparticulierdanslespaysendéveloppementrapidedel’Asiedel’Estetdu Sud. Les estimations des émissions mondiales de N2Odes eaux usées sont incomplètes et fondées uniquementsur le traitement des eaux usées domestiques, mais ellesindiquent une augmentation de 25% entre 1990 et 2020.Il est important de souligner cependant que ces scénariossont classiques et que les émissions réelles pourraients’avérer bien inférieures si des mesures supplémentairesétaient mises en place. D’autres réductions des émissionsdu secteur des déchets dépendront en partie de la dispo-nibilité après 2012 des mécanismes de Kyoto tels que leMDP.[GTIII10.3.1]

Dans les pays en développement, en raison de la crois-sance démographique rapide et de l’urbanisation sans ledéveloppement simultané d’infrastructures pour les eauxusées, lesémissionsdeCH4etdeN2Odeseauxuséessontgénéralement supérieures à celles des pays développés.L’examen des émissions de méthane et de N2O estimées

pour1990etdes tendancesprévuespour2020àpartirdeseauxuséesetdeseauxd’égoutconfirmecetteobservation.[GTIII10.3.3]

Bien que les émissions de GES des eaux usées soientaujourd’hui inférieures à celles des déchets, il est reconnuque les estimations actuelles ne quantifient pas une partieimportante des émissions, en particulier celle des fossesseptiques, des latrines et des rejets non contrôlés dansles pays en développement. Les processus de traitement«naturels» et décentralisés, ainsi que les fosses septiquesdans les pays en voie de développement peuvent êtreresponsables de fortes émissions de méthane et de N2O,en particulier enChine, en Inde et en Indonésie.Dans lespays en développement, les égouts à ciel ouvert ou lesretenuesd’eauxuséessansautorisation formelleentraînentbien souvent des rejets non contrôlés dans les rivières etles lacs, et une augmentation rapide des volumes d’eauxusées parallèlement au développement économique. D’unautre côté, des toilettes peu consommatrices d’eau (de 3à 5litres) et des méthodes d’assainissement écologique(notammentlestoilettesécologiques)oùlesélémentsnutritifssontrecycléssansdangerdansagricultureproductiveetdansl’environnementsontactuellementutiliséesauMexique,auZimbabwe,enChineetenSuède.Ellespourraientégalementêtreutiliséesdansungrandnombredepaysdéveloppésetendéveloppement, en particulier lorsqu’il existe des pénuriesd’eau ou des approvisionnements en eau irréguliers, oulorsqu’ilestnécessairedemettreenplaced’autresmesurespour la conservation des ressources en eau. Toutes cesmesures encouragent également l’utilisation de stationsde traitement des eaux usées de plus petite taille avec descharges réduites d’éléments nutritifs et des émissions deGESproportionnellementinférieures.[GTIII10.6.2]Sommetoute, la quantité des eaux usées recueillies et traitéesaugmentedansungrandnombredepaysafindemainteniretd’améliorerlaqualitédel’eaupotable,etàdesfinsdesantépubliqueetdeprotectiondel’environnement.Enparallèle,lesémissionsdeGES issuesdeseauxuséesvontdiminueren fonction des augmentations futures des volumes decollecteetdetraitementdeseauxusées.[GTIII10.6.2]

�.3.� dessalement�)

Danslesrégionspauvreseneau,l’approvisionnementeneaupeut se faire en partie par le dessalement de l’eau de mer.Un telprocédénécessitede l’énergieet impliquedoncdesémissionsdeGESsi l’onutilisedescombustibles fossiles.[GTII3.3.2]

�.3.� énergie géothermique�)

L’utilisation d’énergie géothermique à des fins de chauf-fage ne génère pas d’émissions de GES, au contraired’autres procédés de production d’énergie (voir égalementleparagraphe6.2.5).

Page 12: mesures d’atténuation du changement climatique et eau fr/chapter_6_fr.… · 140 mesures d’atténuation du changement climatique et eau section Tableau 6.1: Influence (ou conséquences)

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�.4 Conflits potentiels entre adaptation et atténuation pour les ressources en eau

D’éventuels confits entre l’adaptation et l’atténuation pourles ressources en eau peuvent surgir. Les quelques étudesréalisées (notammentDang et al., 2003) indiquent que lesrépercussionsdel’atténuationsurl’adaptation,etviceversa, sontmarginalesàl’échellemondiale,bienqu’ellespuissentêtre significatives à l’échelle régionale. Dans les régionsoù le changement climatique déclenchera des décalagesimportants du régime hydrologique,mais où les potentielspour l’énergie hydroélectrique existent encore, celaaccroîtra la concurrence autour de l’eau, en particulier siles efforts d’adaptation au changement climatique sontmisenœuvredansdiverssecteurs(àsavoir laconcurrencepour les ressources en eau de surface entre l’irrigation,pour faire face aux incidences du changement climatiquesur l’agriculture, l’augmentation de la demande en eaupotable et l’augmentation de la demande en eau de refroi-dissementpourlesecteurénergétique).Celavientconfirmerl’importance des stratégies intégrées de gestion desterres et de l’eau dans les bassins fluviaux pour garantirl’affectationoptimalederessourcesnaturellesrares(terres,

eau). En outre, l’atténuation et l’adaptation doivent êtreévaluées en même temps, avec des compromis explicites,afin d’optimiser les investissements économiques touten encourageant le développement durable. [GTII 18.8,18.4.3]

Plusieurs études confirment l’éventualité de conflitsentre l’approvisionnement en eau, la maîtrise des crues,l’énergiehydroélectriqueetunécoulementfluvialminimal(indispensableàdesfinsécologiquesetdequalitédel’eau)dansdes conditions climatiques ethydrologiquesvariables(Christensen et al., 2004; Van Rheenen et al., 2004).[GTII18.4.3]

L’adaptation à une disponibilité en eau et à des régimeshydrologiques variables nécessitera également des apportspermanents d’énergie supplémentaire. Dans les régionspauvres en eau, l’augmentation de la réutilisation deseaux usées et le traitement correspondant, le pompage enpuits profonds et en particulier le dessalement à grandeéchelle, augmenteront la consommation d’énergie dans lesecteur de l’eau (Boutkan et Stikker, 2004) et générerontdoncdesémissionsdeGES,àmoinsd’utiliserdesoptionsd’«énergie propre» pour produire l’énergie nécessaire.[GTII18.4.3]